Cette vente de l’école Terminus n’est qu’un cas

La vente de l’école publique Terminus II est un scandale de plus. Un scandale qui ne fait pas frémir ceux qui sont derrière. Car, note-t-on, ce n’est pas la première fois que les gouvernants actuels agissent de la sorte vis-à-vis de l’école publique. En 2017, Karidio Mamadou, ancien ministre de la Défense nationale, ancien président de la Haute cour de justice et actuel ministre des Transports, a fait main basse sur l’école publique de Kalley Plateau. Une école publique (jardin d’enfants et école primaire) formellement créée par son homologue de l’Enseignement primaire, Daouda Mamadou Marthe, les classes en paillottes construites, le personnel enseignant affecté, le drapeau national planté. L’ouverture des classes était prévue pour le mois d’octobre 2017.

Face à l’opposition énergique des habitants du quartier, Karidjo a dû employer les gros moyens. C’était quatre véhicules bourrés de policiers qui sont alors envoyés sur le terrain pour veiller à ce que des gorilles acheminés sur place démantèlent tout ce qui indique qu’il y a là une école publique. Les classes sont défaites, le drapeau aussi, sous le regard impuissant des populations et des enseignants de l’école. Motif : Karidjo Mamadou aurait des papiers en bonne et due forme qui feraient de lui le légitime propriétaire du terrain. En réalité, ce sont des papiers qu’il s’est fait faire pour le besoin de la cause. Le terrain lui a été attribué le 9 novembre 2017 alors que la rentrée scolaire est intervenue pour le primaire le 2 octobre 2017. Usant sans doute de son influence au sein de l’appareil d’Etat, Karidjo a utilisé tous les moyens dont il dispose pour se faire attribuer un terrain public qui est réservé pour la construction d’une école publique. Et il l’obtient officiellement des services du ministre de l’Urbanisme un mois après la rentrée scolaire et après que le ministère de l’Enseignement primaire a créé l’école et affecté le personnel enseignant. Karidjo a donc, en utilisant la force publique et d’autres moyens frauduleux, réussi à se faire attribuer l’espace dédié à une école publique pour ses intérêts personnels.

Ceux qui ont vendu l’école Terminus II ne sont-ils pas les mêmes qui ont acheté l’école Terminus ?

Aujourd’hui, c’est une autre école publique qui a formé pas mal de cadres nigériens qui est cédée à des investisseurs privés dont on ignore tout de l’identité véritable. Selon des sources crédibles, il faut se demander si ce ne sont pas ceux qui ont vendu l’école Terminus II qui ont acheté l’école Terminus. Quoi qu’il en soit, céder une école publique à des investisseurs privés, quel que soit le motif et la finalité, relève de l’incurie politique. Pourtant, jusqu’à preuve du contraire, l’on n’a entendu aucun syndicat d’enseignants dénoncer ce deal. Quant au ministère de l’Enseignement primaire, on doute fort qu’il dise un mot sur cette affaire qui l’engage en premier. Comme dans le cas de l’école primaire de Kalley Plateau, Daouda Mamadou Marthé a-t-il fait encore profil bas devant la cupidité d’un autre collègue ou a-t-il marché dans la combine ? Pour le moment, les populations environnantes dont les enfants vont devoir aller plus loin dans d’autres écoles, n’ont pas réagi. Et de source crédible, le Courrier a appris que des démarches seraient en cours pour doucher, par l’argent, toute tentative d’opposition et de contestation éventuelle.

Laboukoye