Depuis le 21 août, à 7h50, écrit Samira Sabou sur sa page facebook, le Mont Greboun (avion de la République du Niger) est au Gabon. « Pourquoi faire alors que l’avion venait à peine d’être révisé ? », s’interroge-t-elle. Pour appuyer sa révélation, Samira Sabou a même publié les coordonnées du vol à l’arrivée au Gabon. Déjà, le 3 août 2020, date anniversaire de la proclamation de l’indépendance du Niger, avant de voir le Président Issoufou l’emprunter pour aller à Agadez, de nombreuses voix se sont élevées pour s’interroger sur le sort de l’avion présidentiel, invisible auparavant sur le tarmac de l’aéroport Diori Hamani de Niamey. Mystère et boule de gomme ! Aucune réponse à ce jour. Ni au lendemain du 3 août où personne n’avait connaissance de son lieu de présence, ni après ce déplacement au Gabon sans son passager officiel. Pour qui l’avion présidentiel peut-il être vu dans le ciel alors que le président de la République est à Niamey ? Le mystère se poursuit puisque le 22 août 2020, à 8h 52 minutes, note Samira, le Mont Greboun s’est envolé du Gabon vers une destination inconnue. Aujourd’hui, 27 août 2020, l’on ne sait toujours rien de l’avion présidentiel qui semble en service sans le Président Issoufou.
Pour le compte de qui et quels usages l’avion présidentiel nigérien est-il dans les airs sans Issoufou Mahamadou ?
Les interrogations et les supputations vont bon train. Et dans le doute total, l’on imagine toutes hypothèses. La saisie du Mont Greboun par la société Africard, à un moment de son contentieux avec l’Etat du Niger, revient à l’esprit. Pour le compte de qui et quels usages l’avion présidentiel nigérien est-il dans les airs sans Issoufou Mahamadou ? Les Nigériens devisent d’autant sur l’affaire qu’à une certaine époque, l’avion présidentiel d’un pays ami a été utilisé à des fins mercantiles. Certains n’hésitent pas à avancer la possibilité d’une telle éventualité au regard de l’étendue des scandales financiers qui n’ont même pas épargné le secteur de la défense du pays. Un débat qui remet au goût du jour la question de l’achat de cet avion qui a coûté extrêmement cher au Niger.
Un autre scandale dont le maître d’oeuvre était Hassoumi Massoudou, à l’époque, tout puissant directeur de Cabinet du Président Issoufou.
L’avion présidentiel a coûté plus cher que l’appareil à l’état neuf
Acheté à partir d’un arrangement douteux dans un paradis fiscal, l’avion présidentiel nigérien a coûté au trésor nigérien plus que le prix de l’appareil neuf. C’est la société Afribdridge Capital FZ LLE de Dubaï qui a arrangé l’acquisition de l’avion d’occasion pour le compte de l’Etat du Niger. Non seulement l’acquisition de l’appareil, mais également la coordination de son inspection, de sa maintenance, l’achat des pièces détachées, la formation du personnel et les autres services devant rendre l’avion prêt pour utilisation. Au prix d’achat d’environ 19 500 000 000 FCFA, il faut agréger les services d’Afribdridge estimés à 1 250 000 000 FCFA, les frais juridiques qui s’élèvent à 75 000 000 FCFA, les frais de séquestre, 25 000 000 FCFA ainsi que la commission de financement fixée à 37 500 000 FCFA.
Au total, la transaction a coûté 41 775 000 dollars US, soit 20 887 500 000 FCFA. Un montant faramineux pour un avion d’occasion qui a plus de 15 ans de vols commerciaux.
L’avion présidentiel, acheté à crédit alors que plus de 45 milliards étaient disponibles pour son acquisition
Alors que 21 milliards de francs CFA ont été prévus dans le budget national pour l’achat de l’avion présidentiel et que le gouvernement a reçu un «cadeau » de la firme Areva (actuelle Orano) d’un montant de 35 millions d’euros, soit un peu plus de 23 milliards de francs CFA, l’appareil va tout de même être acheté à crédit sur le dos du contribuable nigérien. Le deal convenu est que l’acheteur, c’est-à-dire l’Etat du Niger, va contribuer à hauteur de 22 millions de dollars sur fonds propres et le reste, couvert par le financement arrangé par Afribdridge. Et ce financement consiste en un prêt de deux (2) ans au taux d’intérêt de 6% par an, avec des garanties comprenant une garantie souveraine et une prise de sûreté sur l’avion.
Laboukoye