Deux jours plus, il est placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt de Niamey où il se trouve toujours. Lui aussi est accusé d’avoir tenu des propos que les tenants du pouvoir ne voulaient pas entendre. Le samedi 20 Mai, c’est au tour de l’acteur de la société civile Ali Idrissa d’être interpellé et conduit dans les locaux de la Police judiciaire où il a été longuement auditionné. Contrairement à Abdourahamane Insar et Amadou Ali Djibo, lui n’a pas été placé en détention. Ainsi, il a été relaxé après son audition et convoqué de nouveau le lundi 22 Mai, avant encore d’être laissé libre de ses mouvements. Il reste tout de même poursuivi pour «incitation à la révolte». Selon de nombreux analystes, les interdictions systématiques de manifestations et les arrestations des opposants et des acteurs de la société civile – auxquelles le régime du Président Issoufou Mahamadou a de plus en plus recours ces derniers temps – ne sont, ni plus ni moins, que les signes d’une dictature qui est en train de se mettre en place au Niger. En effet, on ne peut parler de démocratie lorsque des droits élémentaires comme ceux de manifestation et d’expression sont régulièrement bafoués, pour quelque motif que ce soit. Or, tous les observateurs ont remarqué que depuis les dernières élections contestées de février et mars 2016, à l’issue desquelles le Président Issoufou Mahamadou s’est présenté seul devant les électeurs, pendant que son challenger Hama Amadou était gardé en prison, toute manifestation de contestation contre le pouvoir est systématiquement interdite. La moindre critique contre ce même pouvoir est vite assimilée à un «complot» visant à le renverser. Les médias publics ne sont accessibles qu’aux acteurs politiques et de la société civile qui applaudissent et chantent pour les tenants du pouvoir.

25 mai 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui