À la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), l’heure est à la remise en cause. Les charges et soupçons qui pèsent sur la Ceni sont énormes. Elle est carrément accusée de parti pris et laisser libre cours à cet esprit jusqu’au second tour est probablement porteur de germes de contestations dont on ne peut imaginer à l’avance l’étendue et les contours. C’est en vue de prévenir ces risques dommageables à la tenue d’élections crédibles et apaisées que la Ceni a organisé, les 20 et 21 janvier 2021, à l’hôtel Bravia de Niamey, une rencontre d’information, de partage d’expériences et d’évaluation des élections locales du 13 décembre 2020 et du premier tour de l’élection présidentielle coupée aux législatives du 27 décembre 2020. À l’issue des échanges qui ont ponctué ces deux jours de partage d’expériences, la Ceni a convenu de procéder au remplacement de tous les présidents des Ceni décentralisées qui ont été reconnus indélicats et/ou défaillants. La mesure est ressortie dans les recommandations de la rencontre, ce qui rassure quelque peu les partis politiques de l’opposition qui ont dénoncé la compromission de nombre de présidents de Ceni déconcentrées. Selon une source politique crédible, quelques heures auparavant, le candidat Mahamane Ousmane, lui-même, a adressé au président de la Ceni une lettre dans laquelle il l’invite à des mesures à prendre pour le second tour de l’élection présidentielle. Dans cette lettre, Mahamane Ousmane a indiqué, de prime abord, que le double scrutin du 27 décembre 2020 a été marqué de graves irrégularités et que « si cela n’a pas engendré des conséquences fâcheuses, c’est parce que, malgré tout, un deuxième tour s’est imposé et que la chance est de nouveau offerte aux Nigériens de faire leur choix ». Pour que ce choix soit respecté, a souligné Ousmane, il faut, entre autres mesures, que la Ceni remplace nécessairement certains présidents de Ceni décentralisés.

Voici la liste des présidents de Ceni décentralisées récusés par le candidat Ousmane pour indélicatesse. Il s’agit de :

  • Région de Tahoua : Abalak, d’Allakaye, Azèye, Bagaroua, Bouza, Ibohamane, Tamaské, Tassara, Tillia, Garhanga, Tamaya, Tchintabaraden.
  • Région de Zinder : le président de la Ceni régonale et des communes de Doungou, Ichirnawa, Kolléraù, Tesker.
  • Région de Maradi : Bermo, Gadabéji, Guidan Sori, Korahane, Tagriss - Région de Dosso : Zabori
  • Région d’Agadez : Dahaga, Dannet, Fachi, Gougaram, Tchirozérine, Timia
  • Région de Tillabéry : Namaro, Inatès, Djagourou

Outre le remplacement des présidents communaux et régionaux indélicats qui serait en voie, le candidat Ousmane demande à la Ceni de faire déployer l’armée pour assurer la sécurité des électeurs dans les zons de grande insécurité, notamment au nord Tillabéry, au nord Tahoua, au nord Maradi, au nord Zinder et au nord Diffa pour éviter la réédition des attaques perpétrées au premier tour à Tagriss, à Tassara, à Guéladjo et autres enlèvements d’urnes et de braquages. « Ces mesures, a-t-il indiqué, sont indispensables pour que le scrutin du 21 février 2021 soit transparent, honnête, sans bourrages d’urnes et usage d’armes à feu et que le président élu puisse jouir d’une légitimité incontestable ».

Doudou Amadou