Alors qu’il ne lui reste plus qu’une dizaine de jours pour remettre les clés du palais présidentiel à un nouveau Président, Mahamadou Issoufou ne fait que collectionner des prix et des titres don il a visiblement tant besoin. Ainsi, après le prix Mo Ibrahim, le titre de «l’Émir du Sahel», il vient d’être auréolé du prix de «l’Africain de la décennie». Ce dernier prix, qui pourrait être suivi par d’autres, lui ont été attribué par des organisations de la société civile africaine réunies à Ouagadougou. On ne sait pas trop quels ont été les critères qui ont prévalu à la sélection des lauréats pour que le Président sortant du Niger remporte un tel prix. Peut-être, tout comme pour le célèbre prix Mo Ibrahim, le fait que Mahamane Issoufou n’ait pas cherché un troisième mandat a été un facteur déterminant. Tout compte fait, beaucoup d’observateurs s’interrogent aussi sur la crédibilité d’un tel prix, surtout lorsqu’il est attribué par des organisations de la société civile dont tout le monde connaît le mode de fonctionnement en Afrique. Ces observateurs se sont étonnés que ces organisations de la société civile réunies à Ouagadougou n’aient trouvé rien à redire sur les multiples interdictions des manifestations dont la société civile nigérienne a été victime durant les dix ans de la gouvernance du Président Mahamadou Issoufou, ainsi que les arrestations et emprisonnements de certains acteurs de cette société civile.

Aussi curieux que cela puisse paraître, les membres de la société civile réunis à Ouagadougou ont déjeuné et dîné avec le journaliste Baba Alpha, lui-même participant à la rencontre, qui a été chassé du Niger sous le régime du même Mahamadou Issoufou consacré «l’Africain de la décennie ». Il y a de ces prix et des titres, qu’on attribue en Afrique, qui ne concordent pas souvent avec le contexte de leur attribution et qui mettent très mal à l’aise même leurs bénéficiaires. pays colonisés par l’Angleterre s’épanouissent tant du point de vue de leur développement économique que de l’exercice de la démocratie, on est tenté de donner raison à ces citoyens des pays francophones.

Hamidou Bello