Il est indéniable que le ministre nigérien des affaires étrangères, M. Hassoumi Massaoudou, a tendance à laisser libre cours à son naturel en se laissant aller à des déclarations imprudentes et déplacées. En effet, il y a quelques mois déjà, M. Massaoudou avait qualifié de "patriotisme frelaté" la croisade entreprise par les autorités maliennes de transition vis-à-vis de la France, suscitant ainsi la réprobation et l'indignation de ces dernières. On aurait pu croire que cet épisode aurait servi de leçon à M. Massaoudou et qu'il prendrait désormais soin de peser ses propos avant de s'exprimer publiquement, mais il semble que cela n'ait pas été le cas. En effet, lors de son récent voyage au sommet USA-Afrique, M. Massaoudou n'a pas hésité à aborder de nouveau la situation au Mali, sans y être obligé, profitant d'une déclaration du président ghanéen relative à la présence du groupe russe Wagner au Burkina Faso pour évoquer la présence de ce même groupe au Mali. Cette déclaration inopportune risque de provoquer une nouvelle brouille diplomatique entre le Mali et le Niger, et il serait souhaitable que M. Massaoudou apprenne à mieux maîtriser ses propos afin de ne pas mettre en péril les relations entre ces deux pays.

Il est vrai que les meilleurs diplomates savent se faire discrets et agissent en coulisses pour tisser des réseaux efficaces grâce au lobbying, comme en témoigne l'exemple de l'ancien ministre des affaires étrangères du Burkina Faso, M. Djibril Bassolé, qui a su faire du Burkina Faso un pays attractif et propice aux rencontres en Afrique de l'Ouest. Le Niger et ses citoyens attendent de leur ministre des affaires étrangères qu'il œuvre de manière discrète et efficace pour promouvoir leur pays plutôt que de gaspiller son temps et sa crédibilité en accordant des interviews peu pertinentes.

Amadou Madougou