Pour bien de nigériens, y compris dans le camp du pouvoir actuel, il serait temps de libérer les centaines de manifestants arrêtés en février 2021, suite à la proclamation des résultats globaux provisoires du second tour de l’élection présidentielle par la Commission électorale nationale. Parmi ces prisonniers, il y a SEM Hama Amadou, le Général à la retraite Moumouni Boureima et Seydou Tahirou Mayaki, président de la coordination régionale Lumana Tillabéri. Notre pays fait face à de multiples défis dont l’insécurité qui n’épargne personne, tous les nigériens sont visés. Presque dans toutes régions, les attaques terroristes sont quotidiennes et de plus en plus meurtrières. Pour endiguer ce fléau qui plombe tout effort de développement, il faut certes des moyens financiers et matériels, une armée soudée qui a le soutien de son peuple, mais également un grand mouvement de solidarité nationale qui nécessitera de mettre de côté les susceptibilités et les divergences politiques. Qui plus est, cette insécurité est adossée aux autres difficultés récurrentes que vivent les nigériens bien avant, auxquelles s’ajoute un malaise social généralisé causé par 10 ans de gestion calamiteuse du pays par Mahamadou Issoufou. Une gestion que les nigériens ne sont pas près d’oublier, parce qu’elle a détruit les bases séculaires sur lesquelles notre société est fondée. Indignité politique, perversion des valeurs sociales et principes démocratiques, prédation sans précédent des deniers publics, mise en péril des intérêts vitaux du Niger au profit des intérêts d’une « camarilla » comme dirait l’autre, catégorisation des nigériens, instrumentalisation de la justice, caporalisation de toutes les institutions de la République mises au service d’un seul homme : telles sont quelques-unes des multiples façades de la gouvernance de la renaissance I et II. Pour bâtir un Niger nouveau, juste et prospère, uni et solidaire, il est urgent de s’arrêter un moment pour voir le chemin parcouru. Est-ce que nous devons continuer à faire ce que nous avons l’habitude de faire, et de la même manière ? Tous savent que c’est ce que nous avons l’habitude de faire, et de la même manière, qui a conduit notre pays dans le gouffre actuel. Dernier régulièrement pendant 10 ans, incapable de se nourrir, et d’assurer sa propre sécurité, le Niger est devenu la risée du monde entier. Va-ton continuer à se manger le nez pendant que les autres (terroristes et impérialistes) nous mangent crus ou s’assoir ensemble pour réfléchir ensemble sur nos difficultés afin d’envisager ensemble les actions à mener pour les résoudre ? Car, au finish tout comme a priori, c’est aux nigériens de construire leur pays comme font les autres. Les français, les américains, les russes, les italiens, les chinois ne viennent au Niger que pour les intérêts de leurs pays respectifs, et généralement au détriment des intérêts du Niger et de son peuple. Ce n’est pas si difficile à comprendre. Les nigériens ne peuvent pas continuer à vivre dans la méfiance et la tension permanentes devant tant de défis qui nous assaillent. C’est pourquoi il est de bon ton d’envisager l’élargissement des prisonniers politiques, et partir sur de bases plus saines, de bases nouvelles.

Bisso