Bazoum Mohamed, presque tout le monde, le soutient, n’a pas d’autre alternative que de piocher là où ça fait mal ; là où Issoufou Mahamadou a sarclé et semé. Pour lui-même et pour son clan et non pour le Niger et son peuple. Il le sait de toute évidence. À peine deux mois après son investiture, il a commandité une enquête croisée et concertée Douanes-Halcia-Impôts afin de se faire une idée précise des créances de l’Etat. Eh bien, c’est fait désormais. Le 11 juin 2021, Ghousmane Abdourahamane, président de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées a animé un point de presse sur ce sujet. A l’occasion, il informe que ce sont 234 milliards de francs CFA (droits de douanes et impots) qui sont en attente de recouvrement dont 224 milliards d’impôts. Certaines sociétés, rapporte le président de la Halcia, totalisent à elles-mêmes, plus de 40 milliards de francs CFA de droits non versés. Une situation qui sent la corruption à plein nez, la Halcia révélant que des contribuables qui sont en contentieux avec l’Etat depuis 2002, ont même quitté le territoire national. Détail important, Ghousmane fait remarquer que la Halcia mène cette mission avec l’appui total du président de la République, Mohamed Bazoum, et du gouvernement ». Fait insolite qui tend à prouver la véracité du propos du président de la Halcia, le ministre d’Etat à la présidence, Rhissa Ag Boula, était présent à ce point de presse.

Issoufou Mahamadou a acheté, par personne interposée, un terrain appartenant à l’Etat

Ce point de presse augure des combats à venir pour Bazoum Mohamed qui a dit et répété qu’il mènera une lutte implacable contre la corruption et les infractions assimilées. Une perspective obscure pour Issoufou Mahamadou et tous ses semblables, impliqués et/ou cités dans des scandales financiers de grande ampleur. Si des sociétés refusent ou traînent les pieds pour s’acquitter de leurs obligations fiscales estimées à des dizaines de milliards de francs CFA, c’est sûrement, pensent nombre de Nigériens, dû au climat de corruption et d’impunité ambiante qui a prévalu au cours des années Issoufou. L’affaire du terrain de la Société nationale des transports nigériens (Sntn), une société d’Etat, dont Issoufou Mahamadou a acheté, par personne interposée, le terrain sis à Tahoua, d’une superficie de de 15 000 mètres carrés, est assurément le début de la fin pour l’ancien président nigérien. Rattrapé par cette affaire, Issoufou Mahamadou risque d’être poursuivi pour violation de la constitution. L’article 52 indique que « durant son mandat, le président de la République ne peut, ni par lui-même, ni par autrui, rien acheter ou prendre en bail qui appartienne au domaine de l’Etat ou de ses démembrements ».

Nul n’est au-dessus de la loi, y compris Issoufou Mahamadou

Issoufou Mahamadou est, donc, sous le coup de l’article 52. Il ne peut ni bénéficier de circonstances atténuantes, ni être épargner alors que d’autres sont traînés devant la justice. L’application stricte de la loi vis-à-vis de l’ancien président est d’autant plus indiquée qu’elle procède d’abord d’une démarche pédagogique tendant à faire comprendre que nul n’est au-dessus de la loi et que la reddition des comptes est inévitable. C’est ce qu’il a promis. Il s’agirait, dit un partisan farouche de Bazoum, de « frapper les morts pour faire peur aux vivants ». À l’en croire, la récréation serait terminée. Dans maints dossiers de scandales, Issoufou Mahamadou a été l’artisan du blocage de la manifestation de la vérité L’affaire du terrain de la Sntn est peut-être le côté visible de l’Iceberg. Si Issoufou n’a pas pu s’empêcher de mettre le grappin sur un terrain de l’Etat alors qu’il était en fonction, il y a fort à douter qu’il n’ait pas trempé ses doigts dans le cambouis d’affaires scabreuses. Au regard des scandales dont il a été l’artisan du blocage de la manifestation de la vérité, il n’est pas si risqué de parier que l’affaire du terrain de la Sntn représente très peu de choses dans l’océan des scandales qui pourraient lui être opposés. Outre le scandale de la Soraz dans lequel il a pratiquement soustrait le principal auteur, actuellement député, à la justice, il existe d’innombrables dossiers dans lesquels il pourrait, pour le moins possible, être poursuivi de complicité passive.

Le problème d’Issoufou réside là : Bazoum, qui a la clé de la décision, sait mieux que quiconque que son prédécesseur n’est pas clean et qu’il faut nécessairement qu’il rende gorge.

Certainement inquiet de la tournure que prend la lutte contre la corruption que Bazoum entend mener sans faiblesse, Issoufou Mahamadou a enfourché son cheval de récipiendaire de la fondation Mo Ibrahim. Espère-til en faire un paravent pour échapper à la justice de son pays ? Des observateurs estiment qu’il essaie, en lançant subitement les activités de la fondation qu’il a créée, il y a peu, Issoufou Mahamadou compte probablement rester impuni pour le restant de ses jours en imposant à Bazoum le respect de l’image qu’il s’est fait concocter mais qui ne saurait être plus fausse. Le problème d’Issoufou réside là : Bazoum, qui a la clé de la décision, sait mieux que quiconque que son prédécesseur n’est pas clean et qu’il faut nécessairement qu’il rende gorge.

Dans le cercle proche de Bazoum en revanche, l’on ne comprend pas ce dessein morbide de maintenir le Niger dans cette voie suicidaire de la prééminence de la corruption et des détournements des deniers publics.

Bazoum Mohamed est à coup sûr face à son destin. Soit, il s’attaque résolument et sans faiblesse au fléau qu’il dit être son cheval de bataille et dans ce cas, Issoufou Mahamadou ne peut que connaître le sort d’un certain Abdelaziz de Mauritanie ; soit, il tergiverse ou fait dans la dentelle et là, il se casse la figure. Selon des sources concordantes, Issoufou Mahamadou serait très remonté contre Bazoum Mohamed qui est ouvertement accusé dans son entourage de trahison pure et simple. Sa volonté de faire passer les intérêts de l’Etat avant ceux des clans et des individus est platement interprétée comme un coup de poignard dans le dos d’Issoufou. Dans le cercle proche de Bazoum en revanche, l’on ne comprend pas ce dessein morbide de maintenir le Niger dans cette voie suicidaire de la prééminence de la corruption et des détournements des deniers publics.

Doudou Amadou