Avec un taux d’électrification de moins de 20%, le Niger traine encore un gros handicap qui freine son effort de développement. Et c’est pourquoi, le développement des infrastructures économiques, y compris celles de l’énergie, constitue le 5ème axe de la Déclaration de politique générale du gouvernement (DPG), elle-même issue du Programme de Renaissance Acte 3 mis en œuvre par le Président Mohamed Bazoum. Même s’il est très tôt de faire le bilan dans le secteur, on peut toutefois apprécier les progrès réalisés en un an de gestion. Ainsi, entre 2020 et 2021, le taux d’accès des ménages à l’électricité s’est amélioré passant de 14,7% à 15,5%.

Ce bon qualitatif est à mettre à l’actif des réformes, des initiatives et des actions engagées dans le secteur à travers le ministère du Pétrole, de l’Energie et des Energies Renouvelables. Ces réformes et actions s’inscrivent elles-mêmes dans le cadre de la Stratégie nationale d’accès à l’électricité (SNAE) et la Politique nationale de l’électricité (PNE) à travers lesquelles le gouvernement s’est fixé un cap et des objectifs clairs. En effet, la SNAE vise à porter le taux d’accès à l’électricité à 60% à l’horizon 2030 et à 80% à l’horizon 2035. Pour y arriver, un investissement de l’ordre de 1.100 milliards de FCFA ou 1,5 milliards d’euro est nécessaire. Et la démarche consiste, en plus des efforts propres de l’Etat, à mobiliser le secteur privé aussi bien national qu’étranger, à investir dans le développement des moyens de production pour accélérer l’électrification du pays et l’accès des populations à l’électricité.

Après un an de gestion, il est aisé de constater des procès appréciables dans le secteur. Selon le rapport de la CAPEG, la puissance installée a été augmentée de 2,55 MW pour s’établir à 412,55 MW en 2021. De même, le réseau de distribution a été renforcé par la réalisation de 1.764 km de ligne Basse Tension, 329 km de ligne Moyenne Tension et l’installation de 125 postes de distribution. De même, dans le cadre du Partenariat Public Privé (PPP), une puissance de 89 MW thermique au pétrole brut a été installée à Goudel (Niamey). Ces efforts ont permis de réaliser une production locale de 493 GWh répartie en 232 GWh par la Société Nigérienne d’Electricité (NIGELEC), 192 GWh par la Société

Nigérienne du Charbon (SONICHAR) et 69 GWh de l’énergie solaire.

Plus concrètement, 127 localités dont 9 localités par les systèmes autonomes ont été électrifiées. De même, 52.962 nouveaux abonnés ont été raccordés au réseau électrique. En outre, la stabilité du réseau s’est également améliorée. A titre illustratif, l’indice de fréquence des coupures (SAIFI) s’est établi pour le cas de Niamey à 160 contre 184 en 2020. De même, l’indice de durée moyenne de coupures (SAIDI), affiche une durée totale de 127h17mn contre 159 h18mn en 2020.

Le Solaire, une composante essentielle

Ces efforts d’électrification du pays passent aussi par l’électrification des centres communautaires et des ménages à travers la promotion des énergies renouvelables. C’est ainsi que la localité de Angoual Roumdji a bénéficié de l’installation de 120 kits solaires. De même, 6 autres localités de la région de Maradi (Dan Hadjara, N’wala, Dan Sofoua, Guidan Oumarou, Dantchili et Gangara Chaibou) ont bénéficié de la distribution des kits solaires. En plus, les installations d’éclairage public solaire des villes de Dosso et de Birni N’Konni ont été réhabilitées. En outre, 300.000 ménages ont bénéficié de la distribution des kits individuels dans le cadre de la pré-électrification des villages de Adehar, Tounfaminir et Issari. Ces villages ont également bénéficié del’électrification de 6 centres de loisir et l’installation des lampadaires solaires.

Au plan juridique, des réformes ont été engagées à travers la signature des arrêtés portant sur les modalités et conditions d’obtention, de renouvèlement et de retrait de l’agrément dans le domaine des énergies renouvelables, la procédure de demande d’exonération des droits et taxes d’entrée sur les équipements et matériels à énergies renouvelables et l’octroi d’agrément dans le domaine de l’énergie électrique.

Dans le domaine de la promotion de l’énergie propre de cuisson, les actions ont porté sur l’implantation des plateformes multifonctionnelles, la promotion du Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) et la vulgarisation du charbon carbonisé. D’après le rapport de la CAPEG, il a été ainsi installé quelque 46 Plateformes Multifonctionnelles. A cela, il faut ajouter l’organisation de plusieurs campagnes de promotion et de vulgarisation du GPL suivies de la vente de 31.092 tonnes et la vente de 1.092 tonnes du charbon carbonisé en vue d’encourager la substitution au bois de chauffe.

Le secteur pétrolier, moteur de la forte croissance prévue en 2022-2023

En lien avec l’objectif d’augmentation de la production des hydrocarbures, les travaux de recherche et d’exploitation pétrolière se sont poursuivis. Ils comprennent la réalisation de 469,61 km² de lignes 3D sur le bloc de Bilma et 71 forages (21 d’exploration et 50 de développement) pour des prévisions respectives de 500 km² et 79. A cela s’ajoutent l’attribution de 2 Autorisations Exclusives de Recherche (AER), l’adoption du décret sur le marquage des produits pétroliers en République du Niger et la construction des centres emplisseurs de GPL. Les AER concernent les contrats de partage de production (CPP) avec SONATRACH (bloc Kafra) et SAVANNAH Energy Niger (bloc R1234). Par ailleurs, dans le cadre du projet de construction du pipeline pour l’exportation du pétrole, 70 kilomètres de tuyau ont été réalisés.

En termes d’apport financier, les revenus tirés de l’exploitation pétrolière sont estimés à 111,27 milliards de FCFA. Cette contribution au budget de l’Etat, consécutive à l’augmentation de la production des principaux produits pétroliers, se répartit en 89 milliards du secteur amont et celles 21,86 milliards du secteur aval, soit des augmentations respectives de 41,84 et 3,08 milliards par rapport à leur contribution de 2020.

Cette place prépondérante de l’exploitation pétrolière dans l’économie nigérienne a d’ailleurs été confirmée par la Banque Mondiale. En effet, le dernier rapport Global Economic Prospects cite le Niger comme étant le champion africain de la croissance en 2022 et 2023. D’après ce rapport, le Niger devrait afficher les meilleures performances économiques du continent africain avec un PIB devant croitre de respectivement 6,2% en 2022 et 9,4% en 2023. Le Niger partage cette position de ‘’champions africains de la croissance’’ avec quatre autres pays à savoir, le Rwanda, le Mozambique, le Sénégal et Seychelles. Toutefois, si les catalyseurs de cette forte croissance varient d’un pays à l’autre, pour le cas du Niger ce sont les hydrocarbures qui vont tirer la croissance du pays, surtout à partir de 2023 avec l’achèvement de l’oléoduc et la mise en service des exportations de pétrole. En effet, notre pays est en train de construire un pipeline de 2.000 km reliant Agadem (sud-est du pays) à la côte béninoise de l’océan Atlantique. Un investissement qui va permettre au pays de faire passer sa production de 20.000 barils par jour actuellement à plus de 100.000 barils par jour. Avec la mise en service de ce pipeline, la contribution du secteur des hydrocarbures au PIB sera multipliée par six (6) passant de seulement 4% en 2017, désormais à 24% à l’horizon 2025.

Quelques dates marquantes pour le secteur de l’énergie

Après un an de gestion par le président Bazoum, quelques dates marquantes sont à retenir dans le secteur de l’énergie. Ainsi, le 03 août 2021, le Chef de l’Etat avait, en marge de la célébration, de la fête de l’arbre, posé la 1ère pierre pour la construction d’une centrale thermique de 22 mégawatts à Zinder. Cette centrale qui fonctionnera au pétrole brut, au fioul lourd et au diesel est réalisée dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP) avec une société mauritanienne ISTITHMAR West Africa. Installée sur le site Nigelec Zinder 2, cette centrale a un coût total de 66 milliards 251 millions 657 mille francs CFA. D’après le Président Directeur général de ISTITHMAR West Africa, les travaux de construction devront être achevés avant ce mois du ramadan étant entendu que les moteurs, les équipements, toute la logistique et les équipes étaient déjà sur le site de Zinder. Une fois réalisée, cette centrale thermique fera de Zinder une région autosuffisante en électricité.

Un autre événement marquant pour le secteur de l’énergie, c’est le lancement, le 22 février 2022,  par le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Mohamed Bazoum,  des travaux du Projet Dorsale Nord d’interconnexion électrique 33Kv à Gorou Banda, à la périphérie de Niamey. Le projet régional d’interconnexion électrique Dorsale Nord de Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain (EEEOA-CEDEAO), vise à relier les cinq pays, ci-dessus désignés, par une ligne de transport à haute tension 330 KV, afin de faciliter le commerce de l’électricité dans la sous-région et d’étendre l’accès à l’électricité aux populations situées le long de la ligne de transport. Ce projet permettra également un échange d’énergie initiale estimée à environ 430 MW, qui pourrait attendre plus de 600 MW, cinq à dix ans après sa mise en service. Le coût de sa réalisation est de 692 millions USD supporté par plusieurs partenaires notamment la Banque Africaine de Développement (BAD), l’Agence Française de Développement (AFD), la Banque Mondiale (BM), l’Union Européenne, le Gouvernement Fédéral du Nigeria et le NEPAD-IPFF. Vue son importance pour la région, le projet a été lancé par le Chef de l’Etat Mohamed Bazoum et le Président Ghanéen et Président de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, M. Nana Akuffo Ado. Au Niger, cette dorsale aura un impact social avantageux sur 432 villages à électrifier, 2.100 ha seront affectés au niveau de 80 villages et 231 maisons seront relocalisées. Les travaux seront achevés en 2024.

Et le gouvernement poursuit son offensive dans le domaine de l’énergie solaire. Ainsi le lundi 28 mars 2022, le ministre du Pétrole, de l’Energie et des Energies Renouvelables, M. Mahamane Sani Mahamadou a procédé, dans l’enceinte du Parlement britannique à Londres, à la signature d’un mémorandum d’entente avec Savannah Energy pour la réalisation du 1er parc éolien au Niger. D’une capacité de 250MW, le Parc Éolien de la Tarka viendra renforcer la production électrique au Niger.

Le 08 mars, un accord de financement a été signé entre les gouvernements du Niger et de l’Italie. A travers, cet accord, l’Italie finance un Projet d’électrification rurale photovoltaïque au Niger (Départements de Keita et Illéla) doté d’une subvention de 3 millions d’Euro, soit 1.967.871.000 FCFA.

Déjà, le 14 juin 2021, le gouvernement nigérien et la Société financière internationale (IFC) ont convenu d’un partenariat dans le cadre du programme ‘’Scaling Solar’’ du Groupe de la Banque mondiale pour développer jusqu’à 50 mégawatts d’énergie solaire connectée au réseau.

Dans le domaine gazier, le Niger, le Nigeria et l’Algérie ont décidé de relancer le projet du gazoduc transsaharien et de l’accélération de sa mise en œuvre. Un accord tripartite a été signé à cet effet le 16 février 2022 à Niamey.  Le ministre du Pétrole, de l’énergie et des énergies renouvelables du Niger, M. Mahamane Sani Mahamadou, le ministre fédéral des Ressources pétrolières du Nigeria, M. Timipre Sylva, et le ministre de l’Energie et des mines de l’Algérie, M. Mohamed Arkab, qui ont paraphé le document d’accord ont affiché la volonté des trois pays de mener à bien ce projet stratégique commun. Cette signature est intervenue en marge des activités du premier jour du 3ème forum-exposition des mines et du pétrole de la CEDEAO (ECOMOF 2022) tenue dans la capitale nigérienne.

Par Siradji Sanda(onep)