Tout est parti d’une leçon tirée de ce qui s’est passé en 1999. Daouda Malam Wanké était acquis à Issoufou Mahamadou qu’il voulait aider à accéder au pouvoir. Mais il a dû se tenir à carreau, d’autres officiers acteurs de la Transition ayant décidé que l’armée ne prenne pas partie dans le jeu électoral. Un communiqué rendu public va d’ailleurs le consacrer. En outre, l’ambassade des Etats Unis d’Amérique va corroborer cette position républicaine de l’armée nigérienne en rendant, également, un communiqué demandant une stricte neutralité de l’institution militaire. En 2010, lorsque Djibo Salou, sous la pression et les bons offices de certains parents proches du Pnds Tarayya, a définitivement acté le soutien à Issoufou Mahamadou et au Pnds Tarayya, les choses vont rapidement s’emballer. Il fallait, à tout prix, éviter le fiasco de 1999 en neutralisant tous ceux qui, civils comme militaires, pourraient menacer ce dessein. Le gouvernement est alors formé, à hauteur de 98%, d’hommes et de femmes dévoués au Pnds Tarayya et prêts à tout pour que ce parti arrive au pouvoir. Cissé Ibrahima Ousmane faisait partie des hommes placés à des stations stratégiques afin d’oeuvrer dans ce sens. Fin limier nommé à la tête du ministère de l’Intérieur, il va jouer sa partition à la perfection. Ce sont ses services qui vont incriminer les victimes perçues comme des obstacles éventuels. Et selon toute vraisemblance, la liste est arrêtée à l’avance. Dès le 5 mai 2010, soit deux mois après le coup d’Etat qui a emporté la 6e République anticonstitutionnelle de Tandja Mamadou, une note de police est sortie avec en objet « d’un sabotage de la transition en cours ». Il y est rapporté que « des officiers supérieurs membres du CSRD solliciteraient le service des maîtres de la science occulte pou affaibli le président Salou Djibo afin qu’il désiste volontairement à sa mission ». Et comme il n’y a pas deux sans trois, la note d’information apporte la précision pour agir. « L’on citerait, entre autres, le SP/ CSRD (très ambitieux pour le fauteuil présidentiel), le colonel Diallo et le général Maï Manga Oumara. Le Secrétaire permanent du CSRD, l’instance de direction de la transition militaire de 2010, était à l’époque le colonel Badié Abdoulaye.

En octobre 2010, les choses vont s’accélérer pour ceux qui étaient déjà considérés dans les notes de police comme des conjurés. Le 7e jour de ce mois qui rapproche les Nigériens de la phase ultime de la Transition, une note d’information sort. En objet, on indique « A/S d’une conspiration visant l’élimination du chef de l’Etat ». Non moins que ça. Le document indique qu’un groupe d’officiers fomenteraient d’éliminer le chef de l’Etat.

Ce groupe serait composé du général Moumouni Boureima, du colonel Abdoulaye Badié, du colonel A. Sanda, du colonel Adamou Garba, du colonel Abdou Sidikou et du colonel Mahamadou Mounkaïla dit Limbo. Autant dire une liste de cadres de l’armée à neutraliser sans tarder. La transition tend à sa fin et les élections pointent. Il faut aller vite, sinon l’objectif ultime ne serait pas atteint. Deux autres officiers sont épinglés à cette liste. Il s’agit d’Altiné Bello et de Soumaïla Garba. Selon la note de police, les « conjurés » estimeraient leur complicité vitale pour le succès de leur opération.

Emanant des services de Cissé Ibrahima Ousmane, la note fait la part belle à ce dernier, le présentant comme l’unique obstacle qui empêcherait aux officiers listés de réaliser leur dessein. Le 2 juin 2010, à mi-chemin de la transition militaire, le sort qui a frappé le colonel Badié et ses camarades d’infortune va se préciser. Une note porte en objet « Du SP/CSRD ». Une note qui souligne que le colonel Badié chercherait à tout prix un mécanisme lui permettant de mettre en danger le président du CSRD. Et pour couronner le tout, les limiers font une mention en NB en indiquant qu’il est fort à craindre que l’intéressé utilise son arsenal d’escorte pour tenter de changer la tendance actuelle. La note du 7 octobre 2010 préfigure la purge programmée. Le 10 octobre, le poste de numéro 2 qu’occupait le colonel Badié au sein du CSRD, a été supprimé. Et le 13 suivant, dans l’après-midi, il a été arrêté à son domicile. L’élection présidentielle était fixée pour le 3 janvier 2011.

A suivre !

Laboukoye