A tort ou à raison, non sans vanité, le parti d’Issoufou Mahamadou pouvait dire qu’il serait le parti le plus solide, le seul qui ait pu conserver sa cohésion, malgré les aléas traversés et les socialistes s’en flattaient surtout quand, usant de débauchages, à coups d’argent, à coups de promesses de nominations, ou de promesses d’impunité, ils pouvaient réussir, à travers son opération de concassage, à déstabiliser bien de partis politiques de l’échiquier. Malheureusement, les bases sur lesquelles certains hommes ont été arrachés à leurs partis politiques ne sont pas de nature à renforcer la démocratie, la cohésion nationale, la nation elle-même aujourd’hui gravement fracturée. Le PNDS oubliait que le mal que l’on veut pour un autre, finira par se retourner contre soi et il peut aujourd’hui réaliser à quel point, il doit payer pour le comportement qui avait été le sien, depuis plus d dix ans qu’il gouverne.

Peut-être aussi que le parti socialiste nigérien ne pouvait pas comprendre que s’il est resté relativement soudé, c’est bien parce qu’il n’avait pas encore gouverné. On peut s’entendre plus longtemps lorsqu’il n’y a pas de grands enjeux, sur tout sauf sur le pouvoir et ses enjeux qui ne peuvent provoquer des clivages, constituer des groupes d’intérêt divergents. A l’épreuve du pouvoir, qu’on le reconnaisse pou non, le parti d’Issoufou, aujourd’hui, montre quelques fissures qui risquent, à terme, de le fragiliser, et sans doute aussi, de le porter à son éclatement inévitable, proche et prochain. Cela fait déjà des semaines que la presse rapporte des dissensions à l’intérieur du pouvoir et du parti présidentiel, des incohérences qui ne peuvent qu’entamer la cohésion du parti.

D’abord entre les deux têtes de proue du parti et du régime – Issoufou et l’homme qu’il plaça à sa place pour un troisième mandat qu’il pouvait gérer au moyen d’une télécommande qui lui sert à manipuler son dauphin, les relations, quoi qu’on dise ne sont pas au beau fixe. Depuis cette histoire de méchouis qui a fait rire le monde entier avant d’être démentie mais sans convaincre pour autant, et de personnalités controversées imposées dans le nouveau système, même si les deux hommes font semblant d’évoluer en harmonie autour d’un pouvoir que le premier ne veut céder totalement à son successeur, l’on sait qu’on a beau aimer sauver les apparences, les relations entre les deux hommes ne sont que très difficiles. Bazoum a sans doute conscience aujourd’hui que la médiocrité qu’on lui impose pour composer avec elle à gérer le pouvoir, ne peut l’aider à avoir les résultats auxquels il pourrait légitimement prétendre. Les mêmes qui ont mis ce pays en faillite ne peuvent pas le relever de ses échecs. C’est une question de bon sens.

Il y a quelques jours, les propos que tenait l’ancien ministre de la Défense, et actuellement député au titre du parti présidentiel, dénotent de la réalité de ces malaises dans le parti et dans le pouvoir. Et l’on se demande, jusqu’à quand, le PNDS va-t-il contenir tant de colères et tant de frustrations afin de mettre le parti à l’abri d’un séisme qui risque d’être ravageur. Il faut craindre le grand déballage à l’intérieur d’un parti où, les complicités ont été d’autant complexes que dans le mal, chacun, d’une manière ou d’une autre, a pu jouer sa partition pour être comptable des crimes pour lesquels le nouveau président est interpellé à sévir sans faiblesse. Personne ne peut accepter de payer seul quand chacun sait ce que l’autre a commis comme actes répréhensibles. Pour le moment, ne vont en prison que les « sans parents politiques », les seuls que Bazoum Mohamed peut brandir comme des trophées de sa politique d’assainissement qu’il a promise mais qu’il ne peut toujours pas mettre en place, manquant d’audace et finalement aussi de volonté politique, les conditions de son élection lui commandant une certaine gratitude à l’égard de la pègre qui l’a installé au pouvoir.

Par ailleurs, la dernière décision du Conseil des ministres qui démettait le Haut Commandant de la Garde nationale de ses fonctions n’était pas du goût de certains milieux du parti de Bazoium Mohamed et l’on peut entendre sur les réseaux sociaux, des supposés militants s’en plaindre, s’attaquant ouvertement à Bazoum qui ferait, selon eux, ce que voudrait l’Opposition. Indépendamment de ce que cela provoque d’autres colères dans le parti, l’on peut noter que ce qu’on donne aux Nigériens à comprendre dans cette affaire est que l’homme dont il est question – le patron de la garde nationale – serait d’un bord politique et notamment du PNDS. D’ailleurs, n’avait-on pas vu, sous Issoufou, quand le parti tenait des manifestations à Niamey, des bus rentrer dans le camp militaire des gardes nationaux pour y prendre des militants ? C’est donc là où le PNDS a conduit le pays, en amenant, après l’école et la justice, la politique dans les casernes. Il n’en reste plus rien pour que notre société s’effondre. Quand des militaires sont obligés de faire de la politique…

Puis, comme pour justifier ces clivages, l’on lit au cours de la semaine une lettre, n°0086-2022/PCEN du 21 juin 2022 adressée à Ali Bossoma, signée des mains de Foumakoye Gado, le haut représentant d’Issoufou Mahamadou – pardon du président de la République – qui détrônait le président de la Fédération du parti au niveau de la région de Diffa, ce pour avoir intenté une motion de défiance contre le maire de la ville. On peut lire à la fin de la lettre qu’ « Au vu de tous ces faits, le Comité Exécutif National a décidé en application de l’article 7 du Règlement Intérieur du Parti, de vous [Bossoma] destituer de votre poste de Président du Bureau Exécutif Fédéral de Diffa à compter du 19 juin 2022.

Mais si l’on peut s’étonner de la facilité avec laquelle au PNDS on peut « destituer » l’on ne peut pas ne pas comprendre que cela, chez les autres, ne soit pas facile, conduisant toujours à des procès interminables. Ce président de fédération peut-il être rien pour le détrôner d’une telle manière ? De qui peut-il être plus proche dans le patronat socialiste pour que cela lui arrive ?

Accumulant les maladresses et les colères, le PNDS crée lui-même les conditions de sa propre désagrégation. La situation ne peut alors qu’aller de mal en pis quand on sait la montagne de scandales sous laquelle croule aujourd’hui le parti, presque rattrapé par sa gestion et par l’Histoire. La plainte de Kaocen Maiga contre Issoufou et l’intervention d’Ali Idrissa sur TV5 la semaine dernière, ne sont pas de nature à arranger les choses.
Et ça devient irrespirable au Guriland…

Hassane Sou