Le Parti Nigérien pour la Démocratie et le socialisme bat de l’aile. Au coeur d’incertitudes multiples, le parti de Bazoum Mohamed, trop soumis à l’influence d’Issoufou et à ses visées monarchistes, vit des moments de doute, le monarque Issoufou 1er ne pouvant pas accepter de s’effacer pour laisser le parti survivre à la volonté de ses militants, tenant à le régenter pour continuer à le dominer, et à travers lui, le pays entier comme si le Niger devenait la propriété de son clan. La semaine dernière, des confrères, dans leurs parutions, à tort ou à raison, ont vu des têtes qui émergent, toutes aspirant à prendre la tête du parti, mais sans doute pour des agendas différents. Si la première personnalité en vue pour diriger le parti, celle de Hassoumi Massaoudou notamment, peut se comprendre en ce qu’elle rentre dans l’ordre logique et naturel de la promotion normale des leaders au sein du parti, chacun devant, potentiellement, être promu à une certaine ascension au regard de son investissement, de ses combats pour l’émergence du parti, pour sa fidélité aux idéaux poursuivis. De ce point de vue, comme certains l’ayant déjà pensé avant les élections de 2021 pour provoquer sa candidature à porter les couleurs du parti aux élections présidentielles alors en vue, l’on peut comprendre, qu’après lui avoir joué le sale tour que l’on sait, l’heure est venue de réparer le tort qu’on lui a fait, à moins que d’autres considérations ne rentrent en jeu pour l’écarter de cet autre round sur les rings du prochain congrès qui sent déjà le souffre. Logiquement, sensément, la candidature de l’ancien ministre des Finances est la plus raisonnée surtout quand en plus, l’homme, parmi la horde d’hommes compromis que le parti compte aujourd’hui, reste l’un des moins trempés, en tout cas l’un des plus rigoureux, mais hélas aussi, l’un des plus méchants pour n’avoir pas de coeur à faire ce qu’il veut faire, notamment contre un adversaire politique. Son séjour au ministère de l’Intérieur laisse les plus mauvais souvenirs aux Nigériens. Et l’homme continue encore de tenir une parole peu fine, très peu diplomatique aujourd’hui où il gère pourtant la diplomatie du pays. Mais l’a-t-on poussé à jouer les mauvais rôles pour le griller définitivement, et lui barrer la route pour toute éventuelle ascension quand, de telles remarques peuvent objectivement aider à bloquer son aventure et ses ambitions politiques ? En politique, il est important pour chacun, de savoir ce qu’il doit dire et ce qu’il doit faire. Nos actes et nos paroles, en politique, nous poursuivent toujours. Alors que Bazoum, pour son image souffre plus de ses paroles peu raffinées d’une époque, celle d’Issoufou, en souffre par les actes qu’il posés depuis qu’il est arrivé au pouvoir et ne serait-ce qu’en se servant de ses ouvriers politiques. Mais l’image de Hassoumi Massaoudou souffre des deux : son discours arrogant et ses actes pétris de cynisme. L’autre – Pierre Foumakoye Gado – on le voit, à la faveur de son statut sur mesure arrangé de Haut représentant du président de la République par qui on sait, déjà qui trône comme patron du parti, animant son cabinet comme le centre névralgique des décisions du pouvoir et du parti. D’ailleurs, les observateurs sont nombreux à ne voire partout où passe l’homme que l’image envahissante de l’ancien président dont l’ombre trop pesante plane toujours sur le nouveau pouvoir que Bazoum Mohamed peine à prendre, ne servant que de figurant, peuvent plaindre les détracteurs, et ce pour le grand bonheur de son prédécesseur trop enquiquinant. Cette candidature, si elle venait, ne peut que confirmer ce qui se susurre depuis des années : une monarchie rampante et sournoise est en téléchargement depuis que, coaché par Papa et Tonton, le Fils, jouant les grands rôles, stratégiquement, comme en héritage, est mis à la place de Tonton, à la tête du ministère juteux du pétrole pour avoir les moyens de son futur combat.
Rumeurs ?
Pour le moment, rien ne peut créditer ces candidatures qu’une certaine rumeur annonce, car officiellement, rien ne peut filtrer du parti même si l’on sait, par certaines indiscrétions du sérail du pouvoir et du parti, que ça grouille dans le parti, et que des camps se forment et se renforcent. Le premier pouvant plus compter sur le pouvoir que sur l’argent, quand l’autre, celle de Pierre Foumakoye Gado précisément, tente de jouer sur l’influence de l’ancien président et surtout sur la fortune amassée en dix années de « Wassosso », en vue d’une part de protéger leurs arrières et d’autre part, d’ouvrir la voie à la monarchie rêvée et pour laquelle l’Enfant serait positionné dans les starting-blocks du parti.
Mais pour certains analystes avisés, tout ceci n’est qu’une façon pour le PNDS qui en l’expertise et qui coutumier de ses manipulations, de divertir les Nigériens pour détourner leur attention de l’essentiel, des urgences, des questions qui pourraient les mobiliser et les pousser à les mettre en travers de leur pouvoir. Il ne faut donc pas compter sur ces informations peu crédibles qui ne visent qu’à manipuler les consciences et pour cela, il ne faudra pas s’étonner que demain, quand ledit congrès se sera tenu, de les voir, toujours sous l’autorité d’Issoufou et son allié dans les intrigues, Pierre Foumakoye Gado en l’occurrence, ensemble, taisant leurs différends, et de voir le parti parvenir à un consensus qui, en réalité, n’est que forcé, imposé par un clan qui joue ses intérêts, non ceux du parti et du pays. Mais pour qui connait Issoufou, Foumakoye et leurs complicités, pour les observateurs les plus avertis, le derby politique annoncé n’est qu’une fausse alerte pour dérouter des adversaires internes et tromper l’opinion nationale sur les enjeux réels du prochain congrès. C’est pourquoi l’on pense, à juste titre, que le combat politique fratricide annoncé, en réalité, en cache un autre plus sérieux et plus complexe. Le parti de Bazoum Mohamed, en vérité, après plusieurs années de traversée du désert, et une gestion du pouvoir qui a créé et entretenu bien de courants en son sein, est aujourd’hui à la croisée des chemins, dubitatif à affronter son avenir on ne peut plus hypothétique.
Tournant décisif…
Aujourd’hui forcément, le PNDS – et c’est vrai pour beaucoup d’autres partis politiques – fait face à une transition générationnelle qu’un processus dynamique naturel explique. Mais la tentation de ses « dinosauriser », à la tête du parti est réelle surtout quand on peut voir, comment, en dix années de gouvernance sous Issoufou, la vieille garde vachement enrichie et s’est incrustée au pouvoir, occupant tous les espaces, ne laissant aucune chance aux jeunes d’émerger si ce n’est les filles et les fils du patronat socialiste auxquels, l’on tente, sournoisement, de préparer l’héritage du parti pour en assurer la pérennité au clan. C’est sur une telle perception que des gens s’appuient à dire que le PNDS n’est pas un parti politique mais une organisation mafieuse. Une génération doit monter et elle ne doit pas être forcément, celle qu’incarnent les enfants biologiques des leaders car l’on ne peut pas assurer à un parti politique une gestion clanique et une succession biologique, héréditaire. Les enfants des autres ne peuvent pas être que des suivistes dans le parti, même si ceux-ci peuvent ne pas sortir de Harvard. C’est donc l’enjeu majeur de ce prochain congrès qui vise à trouver et à placer à la tête du parti, un nouveau président, l’ancien étant devenu président de la République et ne pouvant pas de cet fait cumuler les deux rôles surtout quand la Constitution le met au-dessus de la mêlée pour savoir gouverner pour tous et être le « Président de TOUS les Nigériens », toute chose difficile pour des socialistes.
Un troisième larron ?
On sait que pour certains, le parti socialiste nigérien se limite à une région et pour cela, tout devrait lui revenir ainsi que cela a été la règle pendant dix ans sous Issoufou. Dans une telle lecture étriquée, l’on pourrait s’attendre à voir un troisième larron entrer en jeu, pour jouer à l’arbitre dans la lutte des deux protagonistes annoncés et dire ainsi que le troisième candidat tardif pourrait dissiper les dissensions et rassembler mieux le parti. On pourrait d’ailleurs se fonder sur le caractère taciturne de l’homme pour justifier le choix du nouvel homme. Ouhoumoudou Mahamadou – c’est de lui qu’il s’agit – pourrait être, selon certaines autres lectures plausibles de la crise latente au PNDS, le carte Joker que « l’opposition interne à Bazoum » dans le parti pourrait jouer pour lui imposer un parti et un homme qu’il ne contrôle plus pour ne plus avoir la maitrise de son destin politique et notamment de ses ambitions à l’orée des prochaines élections où il pourraitêtre tenté de briguer un second mandat qui pourrait mettre en retard la marche monarchique rêvée, sinon, à des contingences qui pourraient détourner d’un tel objectif devenue obsédante chez l’ancien président, accusent certains observateurs.
Dans la posture actuelle, personne ne saurait donc dire, qui prendra la tête du parti à l’issue du prochain congrès. Le consensus aurait-il raison des extrémismes affichés des uns et des autres ? Rien n’est moins sûr.
Bazoum, face à lui-même….
Pour survivre à ces intrigues politiques en vue, Bazoum Mohamed n’a de choix que de mettre dans la balance le pouvoir qu’il tient – en tout cas théoriquement et constitutionnellement – pour mettre les chances de son côté en faisant en sorte que le contrôle du parti, échappe à la vieille garde qui ne rêvent que de « régionaliser » un parti qui se prétend être un parti national. Ceux qui le soutiennent de manière sincère et qui continuent de souffrir de son pouvoir quand même, en principe, c’est lui qui est censé être au contrôle de tout, ne doivent pas rater la prochaine confrontation pour avoir le contrôle du parti qui est, en principe, la propriété de tous, non d’un clan qui joue sur des résultats truqués aux élections pour s’imposer au parti. Si les jeunes – pas les enfants des caciques du parti – ne se battent pas, ils n’auront pas d’avenir dans le parti.
C’est l’enjeu. Tant pis pour ceux qui ne l’auront pas compris.
Par Waz-Za