« À l’endroit de M. Bazoum, il remarquera que le Gouvernement de la Transition n’a pour le moment jamais réagi à ses propos injurieux pour deux raisons cumulatives. La première raison tient au respect de l’héritage laissé par nos ancêtres, qui consiste à ne pas répondre aux injures par les injures. La seconde raison relève de l’identité de M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger. Nous savons que le peuple nigérien frère, se distingue par des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très riches. M. Bazoum n’est pas un nigérien, son comportement nous réconforte totalement dans notre constat ». Ces propos sont du Premier ministre par intérim du Mali, M. Abdoulaye Maïga. Il les a tenus le samedi dernier, lors de son discours à la 77ème Assemblée de l’Organisation des Nations Unies (ONU) à New York.
Depuis la sortie de ces propos du chef du gouvernement malien, on assiste à un véritable tollé de protestations dans les rangs du pouvoir de Niamey. Des personnalités et militants du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTARAYYA), des acteurs de la société et même des journalistes se trouvant ou cherchant à être dans les bonnes grâces du régime de Bazoum Mohamed s’agitent dans tous les sens, traitant le Premier ministre malien et ses collègues de la Transition de tous les noms d’oiseaux. Certains parmi eux, qui ignorent tout de la diplomatie et des principes des relations internationales, appellent même à une rupture des relations diplomatiques entre le Mali et le Niger. Mais ces «avocats » de Bazoum Mohamed oublient que c’est d’abord du Niger que le débat sur sa nationalité est parti lors des dernières élections que certains parmi eux, qui ne croyaient pas à la possibilité du même Bazoum de devenir Président de la République, se réjouissaient de la contestation de sa nationalité nigérienne par des candidats à l’élection présidentielle. En outre et ça aussi les «souteneurs» agités de Bazoum feignent de l’ignorer, le Premier ministre par intérim malien n’a fait que réagir aux multiples provocations son pays est l’objet de la part des autorités nigériennes. Le monde entier a entendu ces propos totalement orduriers du ministre nigérien des affaires étrangères du Niger Hassoumi Massaoudou qui, lors d’une conférence de presse à Paris, avait qualifié le patriotisme des dirigeants maliens de «frelaté». Combien de fois lui-même le Président Mohamed Bazoum ne s’était-il pas ouvertement attaqué aux dirigeants de la Transition malienne pour sans doute faire plaisir à la France ? Deux jours seulement avant le discours du Premier ministre malien, dans une interview accordée aux médias français RFI et France 24, il avait qualifié de «totalement absurde» l’arrestation des soldats ivoiriens accusés d’être de mercenaires au Mali. Comme s’il en était le porte-parole, Bazoum est allé jusqu’à dire que le Président ivoirien Alassane Ouattara est victime d’ingratitude de la part des autorités maliennes car il aurait défendu leur cause lors des discussions pour la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Mali. En quoi ce problème entre la Côte d’Ivoire et le Mali concerne directement le Niger pour que lui Mohamed Bazoum se considère en devoir de réagir là dessus ? La Côte d’Ivoire manque- t-elle des hommes et des femmes qui ne maitrisent pas bien le Français pour avoir besoin de son service ? Pourquoi tous les autres Chefs d’Etat des pays de la CEDEAO qui ont assisté aux débats sur la levée des sanctions contre le Mali et qui sont témoins de la position du Président ivoirien n’ont pas jugé utile d’aller sur les médias dénoncer «l’ingratitude» des autorités maliennes à son égard ?
Les uns et les autres doivent mettre de côté leur appartenance politique et leur quête effrénée des prébendes pour voir la réalité en face : le Mali a trop reçu des coups ces derniers mois de la part du Niger qu’il a même mis du temps à réagir. Nous avons aussi des responsables au plus haut sommet de l’Etat qui, non seulement, parlent pour un oui ou pour non – surtout quand ce sont les médias français qui les sollicitent -, mais qui ne sont pas aussi soucieux et respectueux des principes élémentaires de la diplomatie. Espérons que cette riposte du Mali – qui a visiblement fait très mal – servira de leçon à nos autorités pour remuer deux fois leur langue avant de parler de la situation de d’autres pays.
Amadou Madougou