Bazoum Mohamed est au pouvoir, par la volonté d’Issoufou, dira l’empire que gère Issoufou, et par la volonté de Dieu, diront les plus fatalistes des Nigériens. Arrivant à la tête du pays à un moment crucial de son histoire, Bazoum fait aujourd’hui face à de multiples défis que son bienfaiteur n’aura jamais été capable de relever, laissant tout entiers ceux qu’il créaient par ses mégalomanies et ses zèles, mais aussi ceux qu’il trouvait lorsqu’il arrivait au pouvoir en avril 2011. Et c’est à juste titre que l’on se demande quel pays « fabriquait »-il avant de s’en aller, vantant sans mérite son règne désastreux ?
Un pays exsangue…
Bazoum Mohamed est l’héritier d’un chaos qu’Issoufou, sorti milliardaire du pouvoir, lui et certains de ses proches, lui laisse pour trouver la ruse de s’abriter derrière lui, en lui faisant la faveur calculée de devenir président du Niger, son protecteur par devoir de gratitude, comptant sur un certain devoir d’alliance que sa générosité en sa faveur impose. Depuis la faveur généreuse, l’homme a cru qu’il pouvait ad vitam aeternam compter sur les soumission préréglées de son successeur qui ne pourrait avoir d’autres choix que d’obtempérer à ses injonctions, sinon à ses en face du peuple et de Dieu, et ce par le serment prêté face à l’Histoire, la main tremblante sur le Noble Coran, un instant grave de sa propre histoire. Et il le faisant seul, jamais aux noms de deux, engageant sa seule et unique responsabilité.
Issoufou, pendant dix ans, a piétiné les lois et les règlements, gouverné comme bon lui semble, détruit le tissu social et les parti politiques, déréglé la démocratie, bousculé la cohésion nationale, défaisant tout ce que des Nigériens, âprement, pendant de longues décennies, bâtissaient sans relâche pour fonder la nation, et construire un Niger qui puisse réclamer sa place dans le concert des nations. C’est avec lui que l’insécurité s’est installée dans le pays, avec des hécatombes que les populations et l’armée ont vécues ; c’est avec lui que le trafic de drogue a pris de l’ampleur avec des magnas du narcotrafic employés à la présidence, à la primature, à l’assemblée nationale, souvent intouchables si ce n’est un autre qui, dans son business a été pris en Guinée, en flagrant délit de contrebande, où il garde prison pour 15 ans, ainsi que l’a décidé la Justice du pays. Et l’on se demande comment un homme qui a des accointances aussi douteuses et pour lesquelles, dès son premier mandat, l’Amérique le mettait en garde, la France s’évertue à le présenter au monde comme un modèle de vertu et de grandeur ? La France, en défendant l’imposture et trompant le monde entier sur la stature d’un homme qui a fait le mal, pendant dix ans, sans arrêt à son peuple et à la démocratie, à la vérité et à la justice, se rend coupable des souffrances qu’endurent les Nigériens depuis onze années de socialisme de pacotille ?
C’est donc un pays où tout est à faire ou à refaire qu’il laisse au président-philosophe d’autant plus contrarié dans son action et dans ses volontés qu’au même moment où il aspire à gouverner mieux, à incarner le vrai socialisme, un autre le tire par le bas, ne voulant pas qu’il fasse mieux.
Après avoir défait l’administration, politisée à outrance, et gangrenée par la corruption et l’affairisme, il a fini par la rendre clanique avec aujourd’hui une sociologie qui en dit long sur la conception qu’Issoufou peut avoir de l’Etat : une affaire de familles, sinon de clans, de camarilla mafieuse. L’audit des recrutements dans certaines administrations et dans certaines sociétés d’Etat pourrait révéler toute la monstruosité d’un tel choix en contradiction avec les valeurs de la République et de la nation, de la démocratie et de l’équité.
En son temps, l’administration est devenue paresseuse, moins efficace depuis que des clans s’en accapa- désirs, oubliant, l’obligation de résultats qu’il a désormais raient, non pour travailler mais pour profiter d’activités, souvent sans importance s’il arrivait qu’elles soient réellement menées, promouvant la médiocrité et la misère administrative où il n’y a plus de travail que pour les parvenus, ceux qui ont la faveur du système. En tout cas, les hommes qui s’en accaparent, ne cherchent que profit, les moyens par lesquels, ils peuvent amasser de l’argent, ériger quelque part, pour leurs vanités, des étages et une polygamie pour perpétuer la nouvelle race.
Que laisse-t-il dans la société ?
Il ne laisse que la mendicité, souvent exportée pour exposer ailleurs notre misère, mais aussi de la misère urbaine dans des villes où, les familles ne peuvent plus s’assurer les trois repas quotidiens, obligées d’en supprimer au moins un pour la survie.
On ne trouve partout, en ville comme en campagne, que des ménages paupérisés, que de la prostitution, du vol, de l’insécurité urbaine, du grand banditisme, une pègre qui séquestre la ville, empêche d’y vivre paisible depuis que les rues, les quartiers, le jour comme la nuit, sont devenus dangereux, de vraies jungles. Et les 3N se sont révélées un gros mensonge, un autre espace pour enrichir une clientèle politique, quand rien de ce qu’elles font, ne change la vie des Nigériens. Certains n’ont d’ailleurs pas tort de caricaturer pour dire que c’est une arnaque par laquelle « des Nigériens se nourrissent des Nigériens ». Bazoum ne peut avoir d’avenir en marchant sur les pas échoués de son prédécesseur. Il peut d’ailleurs comprendre, par la ferveur qu’il trouve dans le pays, par le style de gouvernance qu’il imprimait, pour comprendre l’esprit de tolérance qui caractérise les Nigériens pour ne pas lui en vouloir par ce qu’ils peuvent penser de lui il y a quelques mois avant qu’il ne soit au pouvoir.
Comment en sortir ?
Pas aucun autre moyen sinon qu’avec de l’audace. Mettre le clignotant à Gauche, pour aller au vrai socialisme et réincarner l’Etat, et surtout l’Etat de droit dans un pays fait d’injustices. Cela voudrait dire que Bazoum doit donner un contenu pratique à sa parole qu’il donnait le 2 avril 2021, lorsque, prêtant serment, il entrait en fonction en déclinant par le discours courageux qu’il eut, ce que devrait être sa gouvernance. Tant qu’il ne se défera pas du chantage que peuvent exercer sur lui, certains milieux qui gravitent autour de l’ancien président et qui ont des soucis à se faire par rapport à leur gestion, il ne pourra jamais s’émanciper et prendre son pouvoir. Peut-il d’ailleurs plus longtemps, avec le risque de ne pas avoir de résultats à faire valoir en face du peuple à la fin de son mandat, supporter d’être malmené, dirigé par un autre, contre le pays, et contre ses promesses de justice ? C’est le moment où jamais, de prendre une décision.
Mairiga