Le Conseil des ministres du jeudi 3 novembre 2022 a procédé à un bouleversement localisé au sein de la hiérarchie de l’administration régionale. Le réaménagement a concerné uniquement la région de Diffa où le gouverneur Issa Lémine a perdu son poste au profit de M. Smaine Younoussi et le préfet de MainéSoroa Nouhou Boukar perd son poste au profit de M. Ibrahim Elhadj Ousmane. Si concernant l’ancien gouverneur Issa Lémine, le communiqué indique qu’il est appelé à d’autres fonctions, tel n’est pas le cas du préfet Boukar à qui l’on a dénié même cette formule de politesse qui signifie que la personnalité a été tout simplement congédiée sans grand espoir de retrouver un autre poste de responsabilité par décret de sitôt. Mais dans les deux cas, c’est le congédiement des rouages de l’Etat pour les deux personnalités d’autant plus que ‘’l’appelé à d’autres fontions’’ Issa Lémine aussi n’a pas systématiquement bénéficié d’un nouveau décret à l’issue du Conseil des ministres qui l’a limogé. Ce qui n’a pas manqué d’ailleurs de susciter des interrogations au sein de l’opinion nationale. Quelle faute administrative lourde Issa Lémine a-t-il commise dans l’exercice de ses fonctions de gouverneur de Diffa pour mériter une telle sanction ? Pour sûr, c’en est une à partir du moment où il est le seul gouverneur visé par le limogeage du ministère de l’Intérieur et de la décentralisation. N’y a-t-il pas un lien entre son limogeage et ses sorties médiatiques le plus souvent tonitruantes, sur les bords critiques vis-à-vis du gouvernement. C’est quelqu’un qui n’a pas sa langue dans la poche, c’est qu’il a envie de dire ; il le dit de manière directe, sans aucun détours. Quitte à déplaire à celui à qui il s’adresse. Il n’y a pas longtemps encore, quand la crue de la rivière Komadougou a inondé une bonne partie de l’axe routier reliant Diffa à N’Guigmi, Issa Lémine a vertement critiqué le laxisme du ministère de l’Equipement pour avoir négligé les travaux de réfection de l’axe dont le coût n’atteignait même pas 10 millions de francs CFA en ce moment, selon lui. Avec les eaux qui ont littéralement endommagé la voie, les travaux de reprise coûteront désormais des dizaines de millions de francs, a-t-il fulminé. Tout récemment encore, parlant de la gestion de la crise sécuritaire dans la région caractérisée par les attaques de la secte Boko Haram, Issa Lémine n’a pas manqué aussi d’égratigner les interventions de l’armée sur le terrain notamment à l’occasion des poursuites infructueuses. C’est possiblement ce franc-parler, sa propension à dire les choses crûment quel que soit l’interlocuteur en face de lui, qui lui a coûté le poste. Issa Lémine est du genre qui marchande ses convictions profondes, sa fierté, lorsqu’il s’agit de faire valoir ses opinions.

Tawèye