Le clash tant redouté par certains analystes politiques à l’occasion du 8e congrès ordinaire du parti rose n’a pas eu lieu. Les délégués des 8 régions du pays et ceux de la diaspora ont échangé dans la ‘‘sérénité’’ les 24 et 25 décembre 2022 dernier dans l’antre du Palais des Sports de Niamey pour aboutir sur les grandes décisions du parti rendues publiques à la clôture du conclave rose. Il n’y a pas de tiraillements dans le déroulement des travaux encore moins par rapport à la répartition des postes au sein du Comité exécutif national (CEN). Comme pressenti, Foumakoye Gado, le viceprésident du parti, qui a géré par intérim les affaires de la structure depuis le départ de Mohamed Bazoum du poste suite à son élection à la tête du pays, a été plébiscité comme président attitré du parti rose. Son camarade Massaoudou Hassoumi l’assiste comme viceprésident et Kalla Hankaraou se retrouve lui avec le poste de secrétaire général du parti. Limitons nous juste à ces trois premières personnalités phares, le nouveau bureau exécutif national étant tellement pléthorique qu’il serait difficile de le dérouler à travers cet article. La sérénité a prévalu, il est vrai, lors des travaux du congrès mais est-ce une vraie sérénité, sans poudre, ou juste une apparence pour faire croire à l’opinion nationale que la famille rose est unie et solide comme du roc ? Le premier constat qui saute à l’oeil et qui laisse croire à un arrangement entre camarades roses pour faire taire d’éventuelles contestations, c’est d’abord cette rétrocession des postes de président et 1er vice-président du parti à la même région. Foumakoye et Massaoudou sont tous de la même fédération régionale de Dosso, ce qui est surprenant quand on sait que généralement c’est le principe de l’équilibre qui est observé en pareille circonstance ?

Qu’est-ce qui a pu se passer pour que le parti rose passe outre cette règle qu’il a respectée jusqu’ici ? Pour sûr, cet arrangement n’est pas passé inaperçu au sein d’une bonne frange de l’opinion, qui continue de croire dur comme fer que la sérénité ayant prévalu à l’occasion des assises nationales du parti rose n’est que de la poudre aux yeux. Les observateurs pensent cela à la lumière notamment de certaines contestations de coulisses qui sont remontées en surface après les travaux du congrès.

A ce propos il se raconte, par exemple, que Massaoudou Hassoumi n’a pas manqué d’exprimer sa désapprobation vis à vis de la façon dont l’ancien président et Manitou des roses, Issoufou Mahamadou, a voulu régenter les assises pour imposer aux congressistes sa seule volonté. Venant de Massaoudou, cette posture rebelle n’est guère surprenante, surtout lorsqu’on sait qu’il avait déjà nourri en amont l’ambition de se présenter à la présidence du parti contre Foumakoye, le candidat imposé d’Issoufou Mahamadou. Il n’a certainement pas digéré sa mise à l’écart de la compétition une nouvelle fois, après avoir déjà connu un premier désaveu cinglant à l’occasion du congrès d’investiture du candidat du parti aux élections présidentielles de 2020-2021, quand il avait voulu notamment porter le flambeau rose pour la compétition. C’est dire que le discours de l’ancien président de la République à l’endroit des camarades roses sur l’union et le renforcement de la cohésion interne n’est pas gratuit, le choix du thème de l’unité autour duquel a été structuré le discours répond à un souci de colmater le mur qui commence à présenter des traces de fissures. Le mouvement Hamazari qui était en gestation pour soutenir les actions du président Bazoum Mohamed, mais qui a été stoppé net dans son élan par les caciques du parti en constitue une preuve irréfutable. Les frustrations au sein du parti de voir l’ancien président Issoufou continuer à faire de l’ombrage pour le président Bazoum alors qu’il devait normalement se mettre à l’écart pour le laisser travailler librement sont réelles pouvoir. A travers son discours sur l’unité, la cohésion interne des militants, l’on a le net sentiment qui Issoufou continue encore de considérer le parti comme son affaire personnelle et qu’il entend gérer selon sa volonté, frustrant certainement au passage de nombreux camarades roses qui ont aussi mouillé le boubou autant que lui pour le parti. Nous en voulons pour preuve l’entrée de son fils dans le CEN du parti à l’issue du 8e congrès de Niamey. Certes, il n’est pas aux premières loges dans le nouveau bureau, mais de quel parcours peut-il logiquement se prévaloir pour mériter cette promotion fulgurante dans le parti ?

C’est la question que nombre d’observateurs se posent aujourd’hui quand on sait que c’est à l’entame de son deuxième quinquennat qu’Issoufou a fait appel à son fils en le bombardant directeur de cabinet en second à la présidence. Avant de faire de lui ministre du Pétrole sous ce règne Bazoum. Du jamais vu dans l’histoire politique de notre pays ! A leur corps défendant, les Nigériens souffrent malheureusement de ces incongruités depuis l’avènement des renaissants au pouvoir.

O.I