Ces derniers temps, les choses semblent bouger du côté du régime de la renaissance Acte III de Mohamed Bazoum avec l’accélération dans la transmission à la Justice des dossiers d’investigation de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA). Après la Douane Nationale et la Direction Régionale des Impôts de Dosso, c’est au tour de la Police Nationale de recevoir la visite de l’oeil inquisiteur de l’institution dirigée par ce sheriff du Sahel, Maï Moussa Basshir, président de la HALCIA. Pour l’instant, d’après certaines sources proches du dossier, plusieurs Commissaires communaux auraient été entendus sur un certain nombre de prestations payantes délivrées par les services de Police. Il semblerait que ce n’est pas la grande opacité qui présiderait à la collecte de ces ressources publiques qui iraient, le plus souvent, ailleurs que dans les caisses de l’Etat. N’essayez surtout pas de vous faire une petite idée du montant de cette évasion financière, au risque de vous donner le tournis, car ce sont des sommes astronomiques sur une période donnée ! Déjà, par le passé, des inspections d’Etat diligentées au niveau des services de la Police Nationale avaient révélé de graves irrégularités dans la collecte des recettes issues des verbalisations pécuniaires, des légalisations d’authenticité, de la délivrance du certificat de résidence, des déclarations de perte et autres prestations payantes des services de Police. Evidemment, si de graves manquements ont pu être commis au détriment de l’Etat, c’est que, quelque part, l’Etat lui-même est fautif pour n’avoir pas mis en place un système de contrôle financier qui aurait permis de surveiller, en permanence, la collecte de ces ressources publiques dans une relative transparence. Mais, non, l’on aura simplement démissionné de ses responsabilités en laissant à ces services le loisir de faire ce qu’ils voulaient de ces fonds publics, en violation flagrante de l’orthodoxie budgétaire et financière instituée en matière de perception de ressources pour le compte de la collectivité publique. Cependant, le plus grave dans cette histoire, c’est que ces rapports d’inspections étaient restés lettre morte et les mêmes pratiques devaient se perpétuer. Cette fois-ci, c’est la HALCIA qui s’est jetée à l’abordage en convoquant dans ses locaux plusieurs Commissaires de Police d’Arrondissements communaux.

Comme on le voit, la machine de l’assainissement et de la moralisation de la vie publique nationale semble inarrêtable, filant à près de 200 km/h dans les rues étroites et bosselées de la capitale. En effet, depuis plusieurs semaines, le Président Bazoum le martelait haut et fort, en déclarant avoir donné carte blanche au ‘’Sheriff’’ Maï Moussa Basshir et ses équipes pour traquer et faire traduire devant la Justice tous les délinquants publics. Il en avait déjà fait la promesse aux Nigériens, à l’occasion de sa prestation de serment, le 02 avril 2021. Mais, connaissant, d’ordinaire, le personnage pour sa propension aux effets d’annonce, aux formules à l’emporte- pièce, à l’emphase stylistique et à la bourde langagière, grand monde n’accordait le moindre crédit à cet engagement qui ressemblait davantage à une simple déclaration de bonnes intentions, comme on en voit souvent chez des démagos aux petits souliers, du genre Issoufou Mahamadou. L’on était fondé légitimement à émettre des doutes sur ces discours mielleux auxquels nous avait habitués, durant une décennie, son prédécesseur et mentor politique qui était, d’ailleurs, l’inspirateur principal et le créateur attitré de la HALCIA, mais qui n’avait jamais été animé d’une réelle volonté politique de mettre cette institution au service des fins pour lesquelles elle avait été destinée, à savoir la lutte contre la corruption et autres déviances financières dans la société nigérienne. Durant les deux précédents mandats, malgré la pile de dossiers traités par la HALCIA et transmis, rien, strictement rien n’avait été entrepris dans ce noble chantier d’assainissement et de moralisation de la vie publique nationale, à cause sans doute de l’impunité érigée en règle d’or de gouvernance. Pourtant, c’était-là une des grandes promesses électorales du candidat Issoufou Mahamadou qui faisait de la bonne gouvernance son cheval de bataille. Mais, une fois installé au pouvoir, quand il n’en était pas lui-même à l’origine, il cautionnait ou fermait les yeux très souvent devant toutes ces pratiques illégales et rétrogrades de cas de corruption et de détournements de deniers publics, par son nombrilisme primaire à protéger ses proches et son clan politique à tout prix. En réalité, Issoufou Mahamadou était plus un chef de clan qu’un véritable et authentique homme d’Etat, se souciant plus de ses propres intérêts et de ceux de son clan politique que des intérêts supérieurs de la nation nigérienne. Ceux qui l’ont approché souvent racontent que vous pouviez dérober tout l’argent du Trésor Public sous son règne sans vous en inquiéter, pourvu que vous ne l’eussiez pas insulté pas personnellement ! C’est-là, manifestement, une caractéristique fondamentale relevée très souvent chez tous les dictateurs politiques, en proie un égocentrisme confinant à un narcissisme destructeur. Un complexe freudien par essence ! Voilà pourquoi il n’avait jamais daigné mener ce combat patriotique salutaire, car là n’était pas, véritablement, l’objectif recherché par lui en politique, mais bien l’accomplissement d’un pur pouvoir personnel pour assouvir des fantasmes mégalomaniaques !

Aujourd’hui, en décidant d’aller plus vite dans la voie de l’assainissement et de la moralisation de la vie publique nationale, le Président Bazoum jouerait gros dans cette entreprise périlleuse pour la stabilité de son pouvoir assis confortablement sur tous les dénis de justice dont le régime de la renaissance se serait rendu coupable durant une décennie. L’enfant-prodige de Tesker aurait-il, enfin, réussi à briser les chaînes de la vassalité d’avec son prédécesseur et ancien mentor politique afin que toute la lumière soit faite sur certains dossiers de malversations financières longtemps couvertes par l’impunité affichée par le régime précédent ? Car, les dossiers traités par la HALCIA, ces derniers temps, remontent, pour la plupart d’entre eux, au règne d’Issoufou Mahamadou.

Cependant, le Président Bazoum pourrait rendre une meilleure copie dans cette direction de ‘’salubrité publique’’, si, en plus de revisiter le passé récent, il se faisait une petite violence sur luimême pour commencer par balayer, d’abord, devant sa propre devanture, comme l’on dit. En effet, les Nigériens seraient davantage convaincus si tous les cas de mauvaise gestion relevés par la Cour des Comptes dans son Rapport général 2022, concernant des ministres actuellement en activité coupables d’attribution de marchés publics irréguliers, étaient transmis à la Justice. Pourtant, les ministres épinglés dans ce Rapport continuent, paradoxalement, de trôner sur ces ministères en toute tranquillité !

Quel assainissement, alors, à géométrie variable, serait-on tenté d’observer !

Adamou maiga