Contre la loi des finances 2018 : la société civile en rangs dispersés Si, en 2005, contre la loi des finances, la société civile nigérienne avait parlé d’une même voix, cela ne semble pas être le cas présent où, selon toute évidence, elle part en rangs dispersés. Dans les lignes qui suivent, l’ambiance d’une veille de lutte dite citoyenne.

Si pour certaines organisations de la société civile, la date convenable d’une entrée en scène est le 11 novembre 2017, pour les autres, il faut battre le macadam dès le 29 octobre prochain. Ce sont là, pour l’instant, les deux agendas tracés par la société civile nigérienne en prélude à la lutte dite citoyenne contre la loi des finances 2018. Dans les coulisses des « bonnets blancs » (acteurs de la société civile), on évoque l’éventualité d’un troisième mouvement en gestation. Manifestement, la balkanisation de la société civile nigérienne se confirme. Si en 2005, la convergence a été possible, qu’est-ce qui peut bien empêcher aujourd’hui un même cadre fédérateur. Surtout que les acteurs semblent avoir la même lecture sur la loi des finances. Dans les discours et les publications des animateurs de la société civile, ce sont sensiblement les mêmes critiques et les mêmes griefs à l’encontre des mesures fiscales contenues dans la loi des finances 2018 avec, il faut le reconnaitre un peu plus de zèle et de confusion dans les explications fournies par le groupe de la société civile proche de l’opposition politique. C’est sans doute cette catégorisation qui crée la méfiance entre les différents « bonnets blancs » et qui empêche toute convergence dans la lutte. Si par exemple, le Mouvement Patriotique pour une Citoyenneté Responsable (MPCR) de Nouhou Arzika et la dynamique dite « Révolution Démocratique » d’Abdoul Moumouni Ousmane, tous versés dans la société civile Anti-Renaissance sont ouvertement hostiles à toute instrumentalisation de leurs actions citoyennes à des fins politiques, le groupe appelé « Résistance Citoyenne » sous la houlette du coordonnateur du ROTAB, Ali Idrissa, est, lui, accusé d’intelligence avec l’opposition FRDDR avec laquelle il a signé un pacte dans le cadre de la restauration de la démocratie tandis qu’Alternative Espace Citoyens de Moussa Tchangari est qualifié de mouvement de tendance anarchiste. En fouillant dans les actions citoyennes récentes, on trouvera ensemble Tchangari, Ali Idrissa et, dans une certaine mesure Abdoul Moumouni Ousmane, Nouhou Arzika faisant cavalier seul. Cette fois, c’est toute une autre dynamique. Car le 29 octobre prochain, c’est le trio Nouhou-Ali Idrissa et Abdoul Moumouni Ousmane qui s’apprête à monter sur scène, le 11 novembre 2017 étant la date donnée par les oracles d’Alternative Espace Citoyens. Une véritable recomposition des feelings ! A moins que certaines figures ne cherchent à jouer sur les deux tableaux, celui du 29 octobre et celui du 11 novembre. Voilà l’état de préparation de la lutte citoyenne contre la loi des finances 2018 sur fonds de divergences et de problèmes de leadership, chacun cherchant à ravir la vedette à l’autre. Bien évidemment, dans ces conditions un remake du 15 mars 2005 parait difficile.

Oumarou Kané

 27 octobre 2017
Source : La Nation