Le dimanche déjà, le ministre promettait de dissoudre, et le matin, aussitôt arrivé à son service, la décision est prise : ACTICE est dissoute, par les soins et les colères non maitrisées du ministre. Nous sommes au Niger en 2017. Les étudiants avaient cassé et brûlé, mais avait-on pour autant dissout l’USN ? Pourquoi donc une décision radicale, extrême pour des problèmes réels qu’on pose, et contre cette association qui prend en charge les problèmes des Nigériens ? Est-ce pour intimider les autres et étouffer le poussin dans l’œuf ? Ce n’est sans doute pas la solution, faut-il encore le rappeler. Une telle décision, quand on sait la profondeur des malaises, ne peut qu’en rajouter aux colères, aux frustrations. Ce n’est pas une faiblesse que de comprendre qu’il y a problème quand des gens, posent de tels actes, à tout le moins condamnables, pour appeler au dialogue fécond, en envoyant au peuple des signes d’apaisement qui rassurent et rapprochent les hommes. Il est dommage qu’un grand philosophe de sa trempe ne puisse agir avec mesure, car chaque fois qu’il ose une communication, l’on voit que par les choix inconsidérés de ses mots, il ne fait que monter la température.

Ce pays va mal ; c’est la seule vérité et sans doute que Nouhou Arzika qui avait été sur le terrain, avait vu les regards profonds des hommes qui marchaient, presque absents et désemparés. Ainsi que l’a dit l’acteur de la société civile, il est urgent d’apaiser, de réconcilier ce peuple, aujourd’hui gravement divisé et opposé par une politique du harcèlement et de l’exclusion. L’on entend d’ailleurs des mots qui reviennent. Quand on sait que ces mots sont trop chargés, il faut que l’on fasse attention. Le Niger est sur une pente et le président Issoufou, est aujourd’hui interpellé. Les Nigériens ne peuvent donc plus voir Bazoum, ni Hassoumi Massaoudou, ni Iro Sani, ni un autre qui tiennent toujours ces discours va-t-en-guerre. « Exterminer » que l’on entend si souvent, rappelle dans l’histoire récente en Afrique et ailleurs plus loin de nous, de tristes souvenirs des barbaries humaines. Il faut s’en méfier. On ne joue pas avec le destin des peuple. Dans ce pays, nous sommes déjà allés trop loin.

Regardons, notre pays, regardons nos enfants, pour leur laisser un pays vivable. Il y a trop de colères dans ce pays. C’est une vérité et il est dommage que Bazoum ne puisse pas les voir, pour avoir l’attitude plus responsable qu’il faut. Prions pour le Niger…
ISAK
02 novembre 2017
Source : Le Nouveau Républicain