Directeur de cabinet du président Issoufou à l’époque des faits, c’est le nom de Bazoum Mohamed (président du PNDS Tarayya) qui est cité dans la délivrance du passeport nigérien à un libyen, ceux de Brigi Rafini (Premier ministre) et de Gandou Zakara (SG du gouvernement) dans le marécage dénommé Affaire AFRICARD tandis que Mme Ali Mariama (1er Secrétaire Adjoint à l’Environnement et au Cadre de Vie du PNDS Tarayya) est embourbée dans l’histoire des Etablissements Bedir. L’affaire des containeurs de la SORAZ implique plusieurs personnalités du parti au pouvoir. L’obscure prêt d’EXIMBANK de Chine dans lequel jusqu’à présent les Nigériens ne savent pas si c’est 500 ou 1 000 milliards que le pays a emprunté auprès de celui de Mao. Quant au locataire du ministère de l’Energie et du Pétrole, Pierre Foumakoye Gado, Vice-président du PNDS Tarayya, qui est subitement devenu richissime homme politique jusqu’à offrir des véhicules 4x4 à son parti politique. Pour quelqu’un qui mordait la poussière et tombait en panne d’essence dans les ruelles de Niamey, il y a seulement 6 ans, l’on peut se demander où est-ce qu’il a eu tout cet argent.
Dès lors, on comprend bien pourquoi, Bazoum Mohamed s’est empressé de vociférer que son camarade Massoudou ne démissionnera pas ; pas plus qu’il ne sera pas démis de ses fonctions à cause de l’affaire des 200 milliards de la SOPAMIN. Si chacun a ses sales dossiers, il est clair que nul ne peut souhaiter voir « le feu » à la barbe de l’autre.
Ces sales affaires qui se succèdent sans se ressembler viennent conforter la conviction que le président de la République, Issoufou Mahamadou, a toujours eue : le Niger n’est pas pauvre mais il est mal géré ! Ça, c’était ses paroles d’opposant. Pourtant, depuis six ans qu’il est aux commandes de l’État, la mal gouvernance n’a fait que s’accentuer, se généraliser, se pérenniser pour devenir presque anodin, presque normal. Il ne peut en être autrement lorsque l’État de droit se résume à tolérer les manquements aussi graves soient-ils dans la gestion des affaires collectives pour autant qu’ils mettent en cause l’entourage du président de la République. A la veille des éclaboussures de l’uraniumgate, les publications proches du régime annonçaient une pile de dossiers transmis à la justice et l’imminence d’interpellations tous azimuts. Mais depuis que les Nigériens ont découvert le pot aux roses, l’opération Maïboulala s’est subitement estompée. Et pour cause ? L’examen, au fond de certains dossiers, risque fort d’aboutir à des conclusions qui impliqueraient des personnalités « intouchables » et les alliés reprennent de plus en plus du poil de la bête devant l’ogre rose. C’est ce qui explique la sortie médiatique, la semaine dernière, du président du Conseil de ville de Niamey, Assane Saïdou. Accusé par le puissant ministre des Finances, par ailleurs SG du parti au pouvoir, il a cru être en devoir de dire ses vérités. Ȧ peine 72 heures après, des inspecteurs sont lancés à ses trousses pour certainement trouver de quoi lui faire boucler le bec ou au pire des cas, le dégager de son piédestal. Cela est non seulement une punition contre « l’arrogant » maire, mais c’est aussi et surtout une leçon à tous les autres qui seraient tentés de se défendre lorsque les camarades socialistes auront envie de les utiliser comme boucs émissaires. Voilà le visage hideux de la Renaissance du président Issoufou Mahamadou. Gare à l’allié qui osera élever de la voix.
Ibrahim A. YERO
14 mars 2014
Source Le Canard en Furie