Gagner de l’argent à n’importe quel prix et Mahamadou Issoufou l’a compris. Et si l’acte que vient de poser Mahamadou Issoufou est inqualifiable, même de la part d’un putschiste qui a conquis le pouvoir par la force de la baïonnette, il reste que le silence acheté de tous ces gens qui sont investis d’un quelconque pouvoir d’Etat, mais qui semblent avoir vendu leur devoir d’ingratitude vis-à-vis de Mahamadou Issoufou pour se plier à ses quatre volontés, l’est encore plus. Seïni Oumarou, Hamid Albit, Cheffou Amadou peuvent-ils convaincre les Nigériens qu’ils ne sont pas corrompus par Mahamadou Issoufou ? Peuvent-ils expliquer pourquoi laissent-ils Mahamadou Issoufou poser tant d’actes de défiance vis-à-vis de la République sans réagir ? Si la politique se résume à cette vaste conspiration contre son propre peuple, alors la politique est dégoûtante.

Le Niger n’a jamais connu une telle déconfiture. Seïni Oumarou, qui s’est trouvé un job bien rémunérateur auprès de celui dont il qualifiait la gouvernance de satanique, est celui dont le cas est le plus pathétique. Affublé d’un titre loufoque, « haut représentant de Mahamadou Issoufou », il s’en tire néanmoins avec un beau pactole de 500 millions gagnés sans rien faire. En reniant ses principes et l’idéal démocratique qu’il prétendait défendre, Seïni Oumarou a sans aucun doute fourni à Mahamadou Issoufou, moyennant argent et privilèges, l’ultime clé qu’il cherchait. Hamid Algabit, lui, est un homme acquis à la cause dès le début et Mahamadou Issoufou a beau mettre le feu au Niger, il ne bougerait pas le petit doigt. Cheffou Amadou cherche à manger, en maintenant son train de vie à un niveau qu’il ne tolérera pas de perdre. Quant à Moussa Moumouni Djermakoye, il a galvaudé la mémoire de son prédécesseur de frère et assassiné en lui le soldat qu’il est pour faire naître un autre homme méconnu des Nigériens. Il n’y a rien à attendre de ces gens-là. Les partis politiques dont ils sont les leaders ? Ils les gèrent comme leurs boutiques, avec un modus operandi qui consiste à caser les plus emmerdants. C’est dans cette optique Seïni Oumarou a constitué un cabinet de 21 personnes qui n’ont rien d’autre à faire que de regarder le temps passer et d’empocher ce qui est prévu pour eux à la fin du mois.

Si, donc, Mahamadou Issoufou s’est cru en mesure de décider de l’agenda électoral comme bon lui semble, c’est qu’il sait que ces leaders politiques ne sont plus que des laudateurs cherchant à gagner quelques subsides. Ce sont eux qui ont apporté caution et encouragement à tous ceux qui, à la tête d’institutions constituant des gardefous à des dérives éventuelles à la tête de l’Etat, ont laissé faire et/ou comploté pour mettre le Niger dans cette situation désastreuse inédite. Il est évident que « Mahamadou Issoufou n’est pas seul ». Autrement, il ne pourrait pas se permettre autant d’audace et de défiance vis-à-vis de son peuple. Il a tissé autour de lui, à l’intérieur et à l’extérieur du Niger, une toile de complicités honteuses qui ont permis de démanteler la société civile et les centrales syndicales, mis les libertés publiques en veilleuse, organisé un hold-up électoral, instrumentalisé la justice, etc. Le Niger de Mahamadou Issoufou est tout simplement une HONTE.

Mallami Boucar

23 juin 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui