Les évènements tragiques du 10 avril 2017, survenus sur le campus universitaire, en violation flagrante des franchises universitaires, suffisent, pour tous ceux qui ne sont pas aveugles, que Mahamadou Issoufou est à la base des problèmes qui minent le Niger.
Alors qu’il refuse de prendre la moindre mesure visant à réduire le train de vie de l’État, il coupe les budgets des secteurs sociaux de base.
Alors qu’il couvre de sa protection directe des présumés délinquants impliqués dans de graves scandales, il veut soumettre des étudiants, par ailleurs victimes d’exactions des Forces de l’ordre qui ont violé les franchises universitaires et en a massacré beaucoup, à la justice.
Peut-il être acceptable de faire passer des étudiants tragiquement agressés devant la justice, alors que Sani Atiya, publiquement accusé de trafic de drogues par le pouvoir et déporté à Agadez, a été libéré, SANS JAMAIS ÊTRE JUGÉ pour les faits qui lui sont reprochés, aussitôt que Ibrahim Yacouba a décidé de soutenir Mahamadou Issoufou à l’élection présidentielle de février-mars 2017 ?
La volonté de juger les étudiants est d’autant plus inacceptable que, ce faisant, on veut ainsi légitimer la version d’une « manifestation scolaire illégale réprimée avec professionnalisme » par des Forces de l’ordre qui auraient simplement fait leur boulot, dans les règles de l’art. Mais, où, donc, ont-elles trouvé ces étudiants ? N’est-ce pas sur le campus universitaire ?
Or,
Une mosquée a été brûlée ; une bibliothèque et des restaurants ont été saccagés ; des chambres d’étudiants ont été dévastées et pillées ; des ordinateurs appartenant à des étudiants ont été subtilisés ; des motos et véhicules ont été vandalisés ; des billets de banque ont disparu, etc. Or, il y a eu surtout un mort et de très nombreux blessés, certains étant dans une situation critique.
La déclaration de la MRN est par conséquent une HONTE et une INSULTE AU PEUPLE NIGÉRIEN. Elle l’est et les auteurs de ladite déclaration s’en sont certainement rendu compte. Elle n’est visible nulle part. Ni sur les sites d’information sur le Niger, ni sur le site du Pnds Tarayya, la locomotive du train, encore moins sur les pages facebook des grandes figures qui défendent becs et ongles, le régime. La déclaration de la MRN est « portée disparue », comme si, quelque part, on s’est rendu compte qu’il s’agissait d’une bêtise et qu’instruction a été donnée d’en bloquer la diffusion. Aucune trace de cette déclaration insensée et irrespectueuse de la vie humaine.
On parle d’étudiants sauvagement agressés sur leur campus, traqués, pourchassés et pris comme de vils malfrats, battus et torturés, des gens, qui ont manifestement perdu « la raison du pouvoir au service du peuple » nous parlent de Forces de l’ordre sans reproches et qui auraient agi avec professionnalisme. On nous parle de mort d’homme et de blessés graves, des individus nous parlent d’argent investi dans le secteur. Quelle indécence et quel manque de pudeur ! Encore qu’il y a une contradiction flagrante entre la MRN qui parle de «professionnalisme» des Forces de l’ordre et la Direction générale de la Police qui parle de graves manquements à la déontologie. La HONTE est surtout pour ces partis alliés du Pnds Tarayya qui sont manifestement prêts à tout pour satisfaire les desiderata de Mahamadou Issoufou, y compris dans des situations aussi graves ? N’est-ce pas faire plaisir au Pnds Tarayya et préserver ses intérêts pécuniaires que de convenir de faire une telle déclaration, au lendemain de ce qui s’est passé au campus universitaire, le 10 avril 2017 ? Et puis, entre nous, les vautours sont-ils ailleurs que là où des hommes acceptent de «manger» sans se préoccuper de ce qu’ils mangent ?
À l’exception de 1990, tous les cas de morts dans les rangs des étudiants et scolaires nigériens sont intervenus sous Mahamadou Issoufou. 1994, c’est lui. À Gaya, c’est encore lui. À Zinder, c’est toujours lui. Le 10 avril 2017, ce n’est encore personne d’autre, mais lui. S’il promet de régler les doléances des étudiants, par ailleurs connues de longue date, et qu’il dilue cette surprenante «volonté» dans des réunions entre ces derniers et Brigi Rafini, c’est qu’il joue encore la carte de la diversion et du « paraître ». S’il s’accroche à ce que les leaders étudiants soient d’abord entendus par la justice, c’est qu’il n’a, en vérité, aucune volonté d’apaiser la situation. Le cas Sani Atiya est là pour le prouver. S’il refuse de sanctionner Mohamed Ben Omar ainsi que tous les responsables de cette sauvage répression pour se contenter de quelques boucs émissaires (les trois policiers), c’est qu’il entend prendre fait et cause pour les Forces de l’ordre à qui, peut-être, d’éventuels appels à répression seront lancés. Mettons les points sur les Ý et le Niger irait mieux.
Par Mallami Boukar
19 avril 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui