Interview
Couvrant une superficie de 360 km2 pour une population de 63.875 habitants selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2012, la commune urbaine de Gaya est située dans l’extrême sud de la région de Dosso. Elle est limitée au sud-ouest par la République du Bénin en l’occurrence la commune de Malanville, au sud-est par la commune rurale de Tounouga, au nord par les communes rurales de Bengou, Bana et Yélou et à l’ouest par la commune rurale de Tanda. Gaya est une ville qui fait peau neuve depuis l’arrivée de la nouvelle équipe du conseil municipal dirigé par le maire Elhadj Mounkaïla Boureima élu le 25 mai 2021.
Monsieur le maire, le 8 décembre 2021 vous avez tenu votre session budgétaire. Quel bilan pouvez-vous faire à l’issue de cette session ?
Le 8 décembre 2021, nous avons tenu notre session budgétaire au titre de l’année 2022. Il s’était agi pour nous, de nous pencher sur deux points à savoir le bilan de l’exécution du budget 2021 et les prévisions budgétaires au titre de l’année 2022.
Par rapport au bilan du budget 2021, nous pourrons retenir qu’il n’y a aucun problème dans le recouvrement des taxes fiscales. A titre d’exemple, le recouvrement au titre de l’année 2021 s’élève à 192.464.428 francs dont 58.229.747 francs du 1er juin 2021 au 30 novembre 2021 qui concerne notre gestion. Ces recettes ont permis beaucoup de réalisations parmi lesquelles on peut citer le paiement régulier des salaires. Il faut rappeler qu’à notre arrivée à la tête de la commune, nous avions hérité de six mois d’arriérés de salaires. Nous avons pris l’engagement de ne plus faire d’arriérés de salaires et d’assurer la régularité de salaires pour la remise au travail des agents.
Ainsi, à la date du 8 décembre, jour de l’ouverture de notre session budgétaire qui coïncide avec notre septième mois à la tête de la mairie, nous avons payé 7 mois de salaires et la masse salariale mensuelle s’élève à 4.601.675 francs soit 32.211.725 francs qui ont été payés au titre de salaires. Toujours dans le domaine des réalisations, nous avons pu négocier le rétablissement de la fourniture d’eau et d’électricité qui étaient suspendues. C’est ainsi qu’avec la NIGELEC, nous avons obtenu le retour de l’électricité sur la base d’un échéancier mensuel de l’ordre de 500.000 francs.
Nous avons initié dans la même lancée des opérations de grandes envergures de salubrité, d’évacuation des ordures ménagères, de déchets solides et plastiques. C’est le lieu pour nous de remercier très sincèrement les partenaires qui nous ont appuyés dans l’évacuation de ces ordures ménagères principalement la commune de Kamba au Nigéria et les grandes sociétés de la place à l’image de SOGBA, MOREY, SATOM qui nous ont appuyés en engins dans cette opération de salubrité de la ville de Gaya. Pour celui qui connaissait Gaya, il serait aujourd’hui frappé par la propreté qui règne au niveau des deux morgues dont les devantures étaient auparavant jonchées d’immondices.
D’autres actions ont également vu le jour au nombre desquelles la réparation de notre benne et tracteur qui étaient sur cale. Une extension du réseau d’eau jusqu’au cimetière a été faite pour assurer l’accès à l’eau aux populations. La commission foncière communale a, de son côté, bénéficié de la réparation d’un véhicule pour assurer le déplacement de ses membres dans le cadre du règlement des litiges champêtres. Par rapport aux taxes des marchés, une organisation a été mise sur pied dans la collecte. Cela a permis de multiplier par cinq le recouvrement qui était de l’ordre de 300.000 francs grâce à l’appui de la Police et de la Garde nationale auxquels je tiens à exprimer mes remerciements. Le curage des caniveaux avec l’aide inestimable de la FADA KOKARI, la réalisation du mur de clôture du marché central de Gaya figurent également en bonne place des réalisations de la mairie.
Quelles sont les actions que vous comptez réaliser en 2022 ?
Nous avons fait des prévisions au titre de l’année 2022. Les investissements se résument à une extension du réseau d’eau et d‘électricité, des travaux de lotissement, la réalisation des ouvrages de franchissement, la construction de cuvettes, le réaménagement du parking de gros porteurs pour faire face au problème de parking anarchique qui cause beaucoup de dégâts dans la ville. Les actions porteront aussi sur l’achat de poubelles mobiles qui seront placées le long des grandes artères de la ville, le tout pour un coût de 398.598.000 francs.
La commune de Gaya a également prévu dans son budget 2022 la construction d’une case de passage pour les personnalités, la réalisation de magasins pour le stockage de matériels vétustes. A cela s’ajoute la réfection de la mairie pour une somme de 31.776.716 francs. Le village de Wadata bénéficiera de branchement d’eau et la réhabilitation du point d’eau de Koira-Tondi, des ouvrages hydrauliques qui coûteront 9.418.345 francs.
Dans le domaine de l’éducation, il s’agit pour la commune urbaine de sécuriser les établissements scolaires qui ne sont pas clôturés. Il s’agira aussi de construire des classes dans certaines écoles et de réparer des tables-bancs pour une enveloppe de 29.875.000 francs. Sur le plan sanitaire, la commune urbaine de Gaya va appuyer l’hôpital de district et les centres de santé intégrée pour une enveloppe de 3.449.000 francs.
Cette année, la commune a décidé d’effectuer un recensement administratif: les chiffres actuels ne reflètent plus la réalité car cela fait dix ans qu’il n’y a pas eu de recensement administratif. La formation des élus locaux figure aussi en bonne place dans le programme 2022 de la mairie. D’autre part, la commune envisage l’achat d’un véhicule pour une somme de 11 millions de francs.
Sur le plan de l’environnement, les fiches d’opération ont prévu la lutte contre les feux de brousse. Dans le domaine de l’élevage, la santé animale a été prise en compte. Ainsi le budget titre 1 s’élève à une enveloppe de 304.623.642 francs. Le budget d’investissement au titre 2 lui s’élève à une somme de 535.329.503 francs. C’est donc un total de 839.942.845 francs qui représente le budget de la commune urbaine de Gaya pour l’année 2022.
M. le maire, la sécurité dit-on n’a pas de prix. Comment parvenez-vous à assurer la sécurité des populations ?
Dans le domaine sécuritaire, la mairie apporte ses modestes moyens en appuyant les forces de défense et de sécurité pour faire face à l’insécurité résiduelle. Par rapport à l’insécurité dans la région, nous saisissons cette opportunité pour remercier les autorités de la 7ème République au premier rang desquelles le Président de la République Mohamed Bazoum et le Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou pour les efforts inlassables qu’elles déploient pour faire face à la situation.
M. le maire, quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des populations de la Commune de Gaya ?
Je saisis l’opportunité que vous m’offrez pour demander aux chefs coutumiers et aux populations d’apporter leur contribution dans la dénonciation des cas suspects car sans la sécurité, aucun développement n’est possible. J’invite les populations à conjuguer leurs efforts pour la construction de leur commune car personne ne peut le faire à leur place.
Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso
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Comme on le sait, la SONICHAR, dont vous assurez les fonctions de Directeur Général, est un maillon important du dispositif énergétique de notre pays. Pour créer cette société de grande envergure, il a fallu une volonté politique affirmée, mais surtout des investissements colossaux. Comment se présente aujourd’hui la SONICHAR, après plus de quarante ans d’existence?
D’abord, je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour parler de SONICHAR. En effet la SONICHAR, comme vous l’avez si bien dit est une société très importante et stratégique pour le pays car étant la seule source d’énergie fiable dans la zone Nord du pays non connectée du réseau électrique national.
Rappelons que sa création en 1975, procède d’une vision et d’une volonté politique extraordinaires, d’autant plus qu’à l’époque l’énergie électrique produite par les groupes électrogènes coutait beaucoup moins chère. C’est un complexe industriel comportant une mine à ciel ouvert de charbon et une Centrale thermique à charbon de deux tranches de 18,8MW chacune. La première tranche a été mise en service le 27 avril 1981 et la deuxième tranche le 4 octobre 1982 ; le tout conçu pour une durée de vie de 25 ans. Précisons qu’en raison de la qualité médiocre de son charbon, la Centrale SONICHAR est un prototype construit pour consommer ce charbon de teneur faible. Ce complexe a couté 65 Milliards FCFA comme investissement initial. Cette dette rétrocédée aurait pu être épongée n’eut été la dévaluation de 1994.
Pour répondre précisément à votre question, vos constatez aisément que cette Centrale a plus de 40 ans de fonctionnement alors que conçue pour 25 ans d’où sa très faible santé mécanique. Elle est donc vétuste aujourd’hui et peut s’arrêter à tout moment. Elle tient grâce à l’expertise de son personnel qui est 100 % Nigériens et un plan de maintenance et d’entretien très rigoureux.
Du point de vue santé financière, après avoir traversée des années difficiles durant lesquelles, elle a vu son capital social de 19,730 millions FCFA s’effondrer pratiquement de moitié, SONICHAR depuis 2012 a reconstitué complétement ce capital et a commencé à payer les dividendes à ses actionnaires pour la première fois de sa vie et aussi à primer son personnel à partir de 2013. Actuellement, ses capitaux propres sont passés de 18 milliards FCFA à plus de 25 milliards FCFA de 2011 à fin 2021.
Quels sont les résultats réalisés de nos jours par la SONICHAR en termes d’exploitation du gisement de charbon et de production d’énergie électrique?
Pour produire l’énergie électrique, nous utilisons 3 matières premières : le charbon, l’eau et l’air. Ainsi de 1980 à 2021, 7 577 569 tonnes de charbon et 66 141 589 mètres cube de stérile ont été extraits, 108 717 614 mètres cubes d’eau ont été consommés dont 49% par la Centrale et 51% gratuitement par la population, le maraichage et l’élevage pour une production de 6 590 997 MWh d’électricité avec une disponibilité des tranches thermiques supérieure à 97%.
Quelles sont les difficultés majeures qui entravent le fonctionnement à plein régime de la SONICHAR?
En effet, face à une demande d’énergie en constante évolution et face au vieillissement de la centrale actuelle qui est hors limite d’âge, la difficulté majeure réside dans la continuité à assurer la production d’énergie électrique dans la Zone Nord du Niger non interconnectée au reste du réseau. À cela s’ajoutent : l’arrêt de la COMINAK en Mars 2021, un client majeur qui faisait 40% de son chiffre d’affaires. Bien que la mise en œuvre du plan de sauvetage 2021-2023 conclu entre l’Etat, les Miniers (SOMAIR, COMINAK), NIGELEC et SONICHAR, ait été bien respecté en 2021, il demeure fragile pour les années 2022 et 2023 en raison de la flambée des prix des pièces de rechange et des matières ; la difficulté d’approvisionnement et la hausse significative des coûts des pièces de rechange et de certains produits du fait de la pandémie de la COVID-19 et de la guerre en Ukraine.
Il y a aussi d’autres difficultés liées au problème sécuritaire de la région et la COVID19 qui limitent la venue des prestataires étrangers dans le cadre des révisions annuelles programmées des installations ; à la saturation des deux (2) lignes de 20 kV de NIGELEC alimentant la ville d’Agadez en énergie électrique ; au renouvellement des installations actuelles dû à la difficulté de trouver le financement pour les projets d’accroissement de la capacité de production composés de la construction d’une centrale thermique au charbon de 2 x 25 MW et de la construction d’une centrale photovoltaïque de 10 MW dont les études de faisabilité ont été achevées respectivement en 2013 et en 2017. Ces difficultés de financement sont liées aux considérations environnementales dont notamment la COP21 à Paris (2015), le sommet du G20 à Rome (2021) et la COP26 à Glasgow (2021).
La SONICHAR doit sa création à un besoin réel de faire profiter notre pays de ses énormes potentialités en charbon, notamment au niveau du gisement d’Anou-Araren. Quel est l’état du potentiel de charbon dont renferme son sous-sol nigérien?
Les réserves prouvées de charbon sur la concession de Tefereyre (SONICHAR) sont estimées au 31 décembre 2021 à environ 15,46 millions de tonnes. Ce qui permettra encore à SONICHAR de fonctionner pendant plus de 60 ans au rythme actuel de production. À ces réserves viennnent s’ajouter des réserves probables de 9 millions de tonnes du périmètre Tarouadji5 concédé par l’Etat. Il y’a également des indices prometteurs de charbon de bonne qualité à Asoloumi à quelques 20 km au Nord-Est de Anou-Araren, mais qui n’ont pas fait l’objet d’exploration donc d’évaluation.
Quelle estimation peut-on faire aujourd’hui des richesses générées par la SONICHAR en termes d’apport pour l’économie nationale?
A défaut de vous donner des chiffres, on peut qualitativement citer les points suivants : la valorisation des ressources minérales et l’allégement de leur coût de production; la contribution à l’indépendance énergétique et l’amélioration de la balance commerciale; le transfert de technologie ; la création d’emplois directs et indirects et la maîtrise d’une technologie de pointe ; la contribution à l’amélioration du taux de couverture à l’accès à l’électricité ; des appuis significatifs pour la consolidation de la paix et de la sécurité ; la lutte contre la déforestation par l’utilisation domestique du charbon carbonisé produit par la société SNCC à Tchirozérine.
S’ajoutent aussi des appuis aux secteurs sociaux de bases dont la construction des salles de classe pour l’éducation et la prise en charge gratuitement des populations pour la santé (environ 80% des coûts par an soient plus de 329 millions FCFA en consultation, examens, soins, hospitalisations et évacuations) ; fourniture gratuite de l’eau à la population urbaine de Tchirozérine, aux villages et campements environnants, aux maraîchers pour le jardinage et aux éleveurs pour leurs troupeaux à travers 10 abreuvoirs sur une distance de 30 kilomètres (51% de la production totale en eau) ; des appuis multiples à l’administration et collectivités ; contributions aux activités culturelles et sportives.
En conclusion, les dépenses relatives à la responsabilité sociétale de SONICHAR s’élèvent en moyenne par an à plus de 895 millions FCFA durant les 10 dernières années.
Monsieur le Directeur Général, le contexte international n’est plus favorable à l’exploitation du charbon, avec à la clé l’interdiction de tout investissement dans ce domaine. Pensez-vous qu’avec tous les défis énergétiques auxquels notre pays est confronté, et au regard des toutes les potentialités dont il dispose, il serait possible pour le Niger de tourner la page de cette énergie fossile?
En effet, le contexte international marqué par les enjeux environnementaux pénalise grandement les activités de SONICHAR surtout dans la mise en œuvre des projets d’accroissements de la capacité de production dont je parlais tantôt. Au vu des énormes potentialités de charbon que possède le Niger et de la compétitivité qu’offre l’énergie thermique à charbon par rapport à l’énergie produite par les groupes électrogènes, il serait difficile pour le Niger de se priver de cette source d’énergie fiable et disponible. Les énergies renouvelables présentent des alternatives intéressantes, mais sont des sources d’énergie intermittentes et dépendent beaucoup des aléas climatiques. D’ailleurs, nous notons que les positions à l’échelle mondiale sont en train d’évoluer avec la guerre en Ukraine et la crise énergétique qui secouent les Etats Européens, qui aujourd’hui sont obligés d’utiliser les énergies fossiles pour atténuer les effets de cette crise énergétique.
Quelles sont, aujourd’hui, les perspectives et les solutions qui se présentent pour la SONICHAR ?
La reprise du marché de l’Uranium va permettre l’installation de nouvelles sociétés minières dont GLOBAL ATOMIC, GOVIEX et IMOURAREN qui viendront se connecter sur le réseau électrique dont déjà la demande est supérieure à l’offre.
La seule solution à court terme pour SONICHAR est la mise en œuvre rapide des projets d’accroissement de sa capacité de production. Ainsi les besoins de NIGELEC et des sociétés minières seront satisfaits à travers ces projets qui consistent à l’hybridation de la centrale actuelle et à mettre l’accent sur le mix énergétique et sur les énergies renouvelables.
Par conséquent, les projets de construction d’une centrale thermique à charbon de 2 x 25 MW et d’une centrale photovoltaïque de 10 MW dont les études de faisabilité ont été faites, seront remplacés par une centrale photovoltaïque de 50 MW et une tranche thermique à charbon de 32 MW. Il serait suicidaire pour SONICHAR, voire même pour notre pays, d’abandonner brutalement et totalement la production de l’électricité à partir des énergies fossiles. Actuellement, la zone Nord isolée ne peut pas se passer de SONICHAR à court terme pour son développement, car n’ayant aucune unité de production d’énergie d’origine non fossile.
Quel plaidoyer voudriez-vous lancer en faveur d’une relance des activités de la SONICHAR?
Le principal plaidoyer que nous voulons lancer:
- À l’endroit de l’État et des partenaires techniques et financiers : le financement rapide des projets SONICHAR pour remplacer et ou renforcer la capacité de la Centrale actuelle vétuste en vue de satisfaire les besoins en énergie électrique de la région d’Agadez ;
- À l’endroit de la NIGELEC : la construction d’une ligne de 132 kV Anou-Araren-Agadez et des lignes MT permettant le raccordement de la ligne 132 kV Anou-Araren-Arlit aux nouvelles sociétés minières en instance d’exploitation dans la zone ;
- À l’endroit de la population de la région d’Agadez : l’accompagnement et la compréhension de SONICHAR dans la réalisation de sa mission stratégique de producteur indépendant d’énergie qu’elle assure depuis sa création.
Par Assane Soumana(onep)
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«Pour passer du manque d’énergie à la solution, il faudrait que notre pays unisse les efforts publics-privés»
Notre pays a accueilli la semaine du 16 février la 3ème édition du forum des mines et du pétrole de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (ECOMOF 2022) à laquelle vous avez pris part en tant qu’acteur de la société civile nigérienne. Pouvez-vous nous parler de ce forum ?
J’ai effectivement pris part à l’ECOMOF 2022, non seulement comme conférencier, mais en tant que participant et visiteur des stands. Toutes les conditions ont été réunies pour faire de cette 3ème édition, une véritable réussite. C’est ce travail qui, à mes yeux, a permis au forum, placé sous le thème : « Intégrer les industries minières et pétrolières dans le développement des chaînes de valeur régionales », de gagner son pari. Comme vous l’avez constatez, les travaux ont débuté le mercredi 16 février 2022 au Centre international Mahatma Gandhi. Satisfaction et confiance, car le forum a pris la forme d'un grand marché international. Ces résultats encourageants couronnent les efforts déployés par la Ministre en charge des mines, Mme Ousseini Hadizatou Yacouba, le Ministre du Pétrole, de l’énergie et des énergies renouvelables, M. Mahamane Sani Mahamadou et le Commissaire en charge des mines de la CEDEAO, M. Douka Sidikou. C’est l’une des plus belles rencontres que la CEDEAO n’ait jamais organisée, et ce n’est pas que mon avis. Ce forum fait suite à la 2ème édition organisée à Abidjan et reste l'une des plus grandes rencontres des miniers en Afrique de l'Ouest. Cette rencontre a vu la participation de 60 exposants, 115 conférenciers, des délégations de 25 pays, 28 sponsors, 600 délégués et 900 visiteurs. Il y a eu des débats dans les coulisses et une veille marketing permanente. Je dirai que la rencontre de Niamey est originale, plus conviviale que les précédentes. De nombreuses animations ont rythmé les trois jours des travaux. D’importants sujets d’intérêt majeur pour les sous-secteurs minier et pétrolier ont été abordés par des experts et officiels gouvernementaux, mais aussi par des professionnels de l’industrie minière et pétrolière venant du monde entier. Ce Forum a surtout servi de cadre de collaboration et de dialogue pour soutenir les efforts de mise en place d’une architecture régionale dans le secteur géo-extractif. L’honneur m’a été fait d’animer la session 9A sur le thème : « Comment répondre à la demande énergétique croissante ? ». J’ai beaucoup aimé cette initiative puisque les débats sont venus renforcer notre espace commun, attestant que notre sous région a de l’avenir dans les secteurs stratégiques. Cet événement aura aussi permis aux investisseurs de rencontrer les délégations de plusieurs pays africains et occidentaux. Une initiative très appréciée par le public nigérien qui a répondu présent à tous les rendez-vous. Les expositions ont également régalé le public par leur qualité et leur originalité. Du coup, cette 3ème édition a remporté un franc succès et a attiré un large public très passionné par les industries extractives. Les Nigériens de tous bords garderont longtemps en mémoire ce forum, une vitrine pour notre riche patrimoine minier, pétrolier et gazier. La réussite était à tous les niveaux. C’est pourquoi, je ne peux que faire un bilan plus que positif de l’ECOMOF 2022 par rapport à l'organisation, mais aussi à l'ambiance du travail. En effet, malgré la très lourde charge de travail, une ambiance conviviale a régné tout au long des travaux. La sécurité était également très importante, en raison de la pandémie et des attaques terroristes sur les trois frontières. Toutes les entrées sont vérifiées. Cette organisation minutieuse a permis de pouvoir gérer efficacement les conférences. Je saisis cette occasion pour féliciter M. le Ministre Mohamed Saidil Moctar, Directeur Général de l’Agence Nationale de l’Economie des Conférences (ANEC), car l’avenir s’annonce plus que jamais radieux dans notre capitale Niamey.
Au regard des objectifs assignés à ce forum, on peut dire que son agenda est très chargé ?
Bien sûr, c’est un agenda très chargé parce qu’il se focalise sur le potentiel des chaînes d’approvisionnement régionales, la perspective d’harmoniser les éléments essentiels des cadres de politique fiscale du secteur géo-extractif dans la région, appréhender la problématique des investissements dans les industries extractives, examiner les questions de conformité et de gestion environnementale, les politiques de contenu local et les stratégies en matière des sciences et de l’innovation. C’est dire qu’il n’y a rien de plus gratifiant que d’aller jusqu’au bout des rêves des Etats africains. Les participants se sont longuement penchés sur des thématiques telles que : la transformation des produits extraits, la prise en compte du genre pour une gouvernance inclusive du secteur extractif, la sensibilité des questions énergétiques, la responsabilité sociétale des entreprises et le développement durable. A l’agenda de l’ECOMOF 2022, figure aussi l’examen du potentiel géologique de certains Etats membres, etc…
Quel profit doit tirer un pays organisateur comme le nôtre, producteur d’uranium, d’or, de charbon et de pétrole?
D’une manière générale, il est définitivement admis que notre pays dispose d'abondantes ressources primaires énergétiques : uranium, charbon fossile, pétrole, gaz naturel, soleil, bassins hydrauliques, vents, sans compter la biomasse, les déchets urbains et les résidus des cultures. Il a un potentiel énorme et peu exploité. Cela lui donne la possibilité de passer aux systèmes énergétiques inclusifs, décentralisés et moins polluants sans se restreindre des combustibles fossiles et des systèmes énergétiques centralisés et néfastes pour l’environnement. De ce fait, ce forum permettra au Niger, à l’instar de certains pays de la CEDEAO, de valoriser son secteur extractif pour créer de nouvelles industries extractives en prélude à son développement économique et social. Pour mémoire, depuis son accession à l'indépendance en 1960, les capacités de production et de valorisation des ressources minières et énergétiques du Niger sont restées limitées, faute d'avoir défini une politique clairvoyante et volontariste qui permettrait d’accéder à une véritable autonomie énergétique. Les conséquences néfastes de cette situation sont le fait que la population nigérienne consomme le moins d’énergie au monde, 80% de la population vit sans électricité, un habitant sur quatre a accès à l’électricité, 5% seulement des zones rurales avec moins de 5% d’habitants sont reliés au réseau électrique… Toutes ces insuffisances pousseront le Niger à prendre véritablement son destin en mains, conscient des enjeux globaux.
Et comment le Niger pourra-t-il accéder à un véritable développement minier et énergétique?
C’est une question difficile au moment où il est question d’examiner l’étude tarifaire 2023-2027 de la concession Nigelec avec tous les risques d’augmentation des tarifs de l’électricité. A l’heure où je vous parle pour disposer de meilleures chances d’accès à un véritable développement minier et énergétique, notre pays doit se poser une question simple qui comporte deux fenêtres : Comment initier des choix de nouveaux partenaires à un coût accessible à tous ? Comment entreprendre des actions qui vont permettre de palier les handicaps auxquels le sous-sol nigérien est actuellement confronté ? La réponse à cette question se trouve dans la volonté affirmée de nos autorités qui consiste à entreprendre la diversification des investissements intelligents et conséquents ; à accroître des projets miniers et l’offre énergétique dans le secteur rural dans l’espoir qu’une plus grande consommation d’énergie puisse impulser l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations ; à investir dans l’exploration et la modernisation des unités de productions énergétiques existantes ; à réfléchir sur l’indispensable question d’économie d’énergie, à l’intégration des sources d’énergies renouvelables ; à créer des unités modernes de production qui reposent sur la consommation d’énergie solaire et éolienne ; et à démontrer à nos interlocuteurs que le Niger est désormais attentif vis-à-vis de tous ses partenaires qui resteraient transparents et coopératifs.
En effet, toutes ces options doivent permettre à notre pays de faire attention au gaspillage des ressources, de viser la qualité, de sauvegarder l’environnement et de protéger les intérêts nationaux.
Dans ce cadre, quelles sont les opportunités qui peuvent s’offrir au Niger pour résorber le récurrent problème d’énergie?
Pour passer du manque d’énergie à la solution, il faudrait que notre pays unisse les efforts publics-privés. En pareille circonstance, je pourrais dire que les hauts dirigeants et les chefs d’entreprises énergétiques doivent converger ensemble dans l’objectif d’intérioriser l'idée que notre force et notre salut résident dans la construction et la consolidation d'une solidarité nationale bâtie sur la confiance mutuelle et la mise en commun des outils de développement. Dans ce pays, le problème énergétique se ressent au niveau de la population rurale où seulement 2% de celle-ci ont accès à l’électricité. Pour beaucoup d’experts à très court terme, voire très urgemment, il faut fournir à tous de l’électricité à un prix accessible. Pour cela, il faut que le gouvernement choisisse de s’ouvrir à la diversité dans la manière de produire et de distribuer de l’électricité. Partant de cette conviction et considérant le potentiel énergétique dont dispose notre pays, il y a lieu dès à présent de mettre en place des systèmes technologiques d’exploitation énergétique qui constituent une alternative pérenne à savoir les mini-réseaux, les stations d’énergies renouvelables solaires ou éoliennes, les centrales au fuel, charbon ou au gaz qui peuvent produire de l’électricité en permanence. La situation est favorable à l’accès à l’électricité à tous comme les Nations Unies ont mis en place en 2012 un ambitieux programme d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030 (Sustainable Energy for All ou SEforAll). Pour saisir cette opportunité, le Niger doit prendre des dispositions en vue de parer aux dysfonctionnements et contraintes tant politiques et structurelles, qu’humaines et psychologiques. Toujours est-il que l’accès à l'énergie passe également par la maîtrise de la production qui nécessite la formation de cadres scientifiques et technologiques de hauts niveaux. Il est inconcevable que nos universités et grandes écoles ne forment pas assez d'ingénieurs dans le domaine après 60 ans d'indépendance. Il faut retenir que la voie du développement durable passe par la prise en compte de l’électricité urbaine et villageoise indispensable pour l’industrialisation, l’irrigation, l’éclairage et les techniques de productions agricoles capables de promouvoir la résolution des problèmes alimentaires. Concernant les anciennes installations électriques, la modernisation doit se poursuivre. En résumé, nous pouvons dire que les opportunités dont dispose notre pays pour résoudre le problème énergétique sont l’existence des organisations économiques sous régionale comme la CEDEAO, l’UEMOA, la disponibilité des Nations Unies et des banques à soutenir nos Etats, la permanence des ressources énergétiques, la capacité des sociétés à former des cadres dans le domaine énergétique, et nos bonnes relations de coopération bilatérale avec certains pays comme le Nigéria, la Chine, la France, la Turquie, les Etats-Unis d’Amérique, l’Inde, le Japon, etc…
En d’autres termes, comment répondre à la demande énergétique croissante au Niger?
A mon humble avis, les défis à relever sont nombreux. Ce n’est malheureusement pas aussi simple pour un pays pauvre. Aujourd’hui, la consommation d’électricité a explosé dans les villes. Le secteur industriel fait face à des difficultés d’approvisionnement récurrentes et à des problèmes de stabilité du réseau. Pour garantir la sécurité d’approvisionnement de notre pays à moyen et à long termes, il faut un réseau stable, suffisamment d’énergie et une coopération avec les pays membres de la CEDEAO, notamment le Nigéria. En ce sens, pour répondre à la demande énergétique croissante, les contraintes techniques de stabilité du réseau électrique imposent de disposer d'une réserve de puissance énergétique rapidement mobilisable en vue de pallier la défaillance éventuelle des unités de production. Dans ce cadre, notre pays doit tendre vers la diversification des
productions énergétiques, ce qui contribuera à sécuriser les approvisionnements et la dépendance exclusive des populations rurales au bois de chauffe. Concrètement, dans la situation actuelle, pour être en mesure de satisfaire les besoins énergétiques de nos populations, l’Etat doit obligatoirement mutualiser ses efforts avec les entreprises nationales et internationales, afin de s’engager ensemble dans la construction d’une centrale nucléaire commune et encourager les privés à construire des centrales thermiques à charbon et à gaz dans chaque région. Jusqu’à présent, plus de 80% de nos populations rurales dorment dans le noir et 70% de notre production électrique provient de l’Etat Fédéral du Nigeria. Vous convenez avec moi, que cette situation met notre pays et notre peuple dans une situation inconfortable et nous interpelle tous ! À l’heure actuelle, presque rien ne fonctionne sans électricité. Société, communication, transports, soins médicaux, industrie et commerce : aucun domaine ou presque ne peut s’en passer ! La disponibilité de l’énergie en qualité et en quantité suffisante, et à moindre coût apparaît donc comme l’une des conditions sine qua non pour notre développement économique et social. Pour cela, il va falloir construire rapidement le barrage de Kandadji, car l’hydroélectricité demeure une donnée à prendre en compte dans le développement industriel, malgré des dommages écologiques et humains élevés qu’elle peut engendrer. Aussi, l’explosion démographique, l’essor des classes moyennes, la croissance économique et le développement de la mobilité sont des facteurs pouvant encore générer une augmentation de la demande énergétique. Par conséquent, la maîtrise de cette situation passe par une amélioration des performances des entreprises publiques existantes, une pratique d'une bonne gouvernance, une refondation de l'école, une volonté politique inébranlable, une vraie indépendance économique, une existence d’un cadre sous régional et régional de coopération et, enfin une politique réelle de souveraineté monétaire.
Par Oumarou Moussa(Onep)
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Mme la Directrice Générale, la Haute autorité du Waqf a mis en place au mois de mars dernier, un fonds waqf destiné aux-ayant droits des agents des Forces de Défense et de Sécurité décédés ou disparus en service commandé. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le fonds Waqf et d’où émane l’idée de la création du fonds Waqf ?
Merci de nous recevoir et de nous donner l’opportunité d’apporter des informations supplémentaires et complémentaires par rapport à la Haute Autorité du WAQF et de ses actions de façon générale. En vérité, La Haute Autorité du Waqf n’a pas mis en place le fonds waqf destiné aux ayants-droits des FDS au cours du mois de mars 2021.
En réalité, le Fonds avait été annoncé par le Chef de l’Etat le 17 décembre 2019 et le décret le mettant en place date de février 2020. Ce qu’on a fait en mars c’est le lancement officiel de la phase de transition de ce fonds. Cela me ramène à expliquer ce qu’est le principe du Waqf. Qu’est-ce que c’est que le Waqf ? Le Waqf dans le droit Islamique c’est un bien dont la jouissance est mise à la disposition soit d’un bénéficiaire public en ce qui concerne le Waqf public, soit d’un bénéficiaire privé. Traditionnellement, c’est quelqu’un qui met à disposition un bien dont il permet la jouissance aux membres de sa famille, on appelle cela le Waqf de famille. Il peut aussi décider que la jouissance peut bénéficier et aux bénéficiaires publics et aux bénéficiaire privés, ce qu’on appelle Waqf mixte. Il peut aussi décider que le Waqf va bénéficier à la protection de l’environnement par exemple ou tout autre objet licite. Alors le Fonds Waqf dont vous parlez au profit des ayant-droits des FDS décédés ou disparus sur le champ d’honneur est un projet parmi tant d’autres des projets dont s’occupent la Haute Autorité. Les missions de la Haute Autorité de Waqf se résument en gros à trois ou quatre points. Le premier c’est la gestion de tout projet de Waqf public. Le deuxième, c’est la supervision et le contrôle des autres types de Waqf. Le troisième, c’est la mobilisation des ressources pour le financement des Waqf public. Et enfin, le quatrième que j’aimerais ajouter c’est la promotion et la vulgarisation ou la démocratisation du concept de Waqf au Niger qui existait déjà parce que le Niger est un pays de tradition musulmane. J’aurais appris que par exemple dans l’Aïr on l’appelle le « Habouss ». C’est le même terme qui est utilisé au Maghreb pour désigner les Waqf. Au Maroc c’est bien connu, il y’a même un ministère des Habouss qui dépend de la Cour Royale. Donc il en existe au Niger et traditionnellement ce sont des champs et des terres agricoles que les riches mettent à la disposition des populations plus vulnérables.
Depuis l’installation de ce fonds, pouvez-vous nous dire Madame, quelles sont concrètement les actions que vous avez menées au-delà de l’assistance alimentaire ?
La particularité de ce fonds Waqf c’est que c’est un Waqf indirect. Ça veut dire qu’il s’agit d’un fond d’investissement dont les bénéfice et profits vont à la cible désignée, en l’occurrence les ayant-droits des FDS. Qui dit investissement dit un processus de mise en place qui prend du temps. C’est ce que le chef de l’Etat a remarqué lorsqu’il a convoqué en octobre 2020 une réunion spéciale du Conseil de Sécurité sur la mise en œuvre de ce Fonds Waqf. Il a alors insisté qu’on devait tout faire pour que les familles puissent commencer à jouir de ce Waqf le plus tôt possible. Et il a ainsi instruit de procéder en deux phases. Une phase de transition d’un an pour lequel un montant de 500 millions de francs CFA a été alloué pour apporter une assistance immédiate aux familles en attendant qu’on mette en place un mécanisme d’investissement avec le reste de fonds et les ressources qu’on devrait mobiliser. La mise en œuvre de cette phase de transition est assurée par un comité dirigé par la Haute Autorité du Waqf et dans lequel siègent les représentants de tous les corps des FDS ainsi que les représentants des familles des FDS. Ensemble on a identifié les besoins à couvrir immédiatement et on a aussi arrêté les modalités de mise en œuvre. Parmi ce qui a été décidé c’est d’apporter une assistance financière trimestrielle aux familles. Au début il était convenu que ce serait mensuel, mais c’est très difficile d’être ponctuel dans la mise en œuvre du fait que les familles sont éparpillées sur tout le territoire et un mois ça passe très vite. Une autre partie du montant a été alloué aux familles parmi les bénéficiaires qui ont été victimes des inondations des mois de mai et juin de l’année dernière. Puis il y’a eu aussi une partie qui a été dédiée pour aider les familles des FDS qui font face à des situations d’éviction pour des impayés des loyers. Il a été décidé aussi l’allocation d’une partie du fonds comme une assistance scolaire pour payer la scolarité des enfants à la rentrée et enfin un petit fonds est alloué aux activités d’autonomisation et de renforcement des capacités productives des familles, pour celles qui exercent déjà une activité productive. L’objectif pour moi c’est vraiment de contribuer à toute action qui vise à préserver la dignité des familles. C’est l’orientation générale qu’on a donné à ce fonds. On a demandé aussi au gouvernement de nous octroyer des terrains pour accompagner les familles à acquérir un logement dans le long terme. Ainsi nous avons obtenu 550 terrains à Niamey qui seront mise à disposition des familles. Ceci a également fait l’objet d’une annonce en mars lors du lancement du fonds.
Par ailleurs, on mobilise des ressources auprès de nos partenaires qui ont acceptés de prendre en charge plus de 300 orphelins avec de bourses mensuelles.
Pouvez-vous nous donner quelques statistiques concernant le nombre de ménages qui ont bénéficié de ces pécules ainsi que la scolarité des enfants ?
La première activité qu’on a essayé de faire pour être le plus efficace possible pour l’assistance qu’on veut apporter aux familles, c’est le recensement de celles-ci. Les corps de FDS ont des chiffres. Il faut les mettre à jour pour avoir une base de données assez fiable. En plus les familles sont malheureusement sur tout le territoire national. Il va falloir faire l’effort de les atteindre tous. Quant à l’assistance scolarité, ce sera déroulé à la rentrée de septembre 2021.
Concrètement madame comment sont identifiés les personnes bénéficiaires de ce fonds-là ?
Les bénéficiaires sont prévus par les textes de lois en vigueur. L’assistance du Waqf est destinée uniquement aux « Ayants droits FDS décédés en service commandé avec engagement ou ayant succombé de suite des blessures survenues sur le champ d’opérations a tombées ou blessées grave sur les champs d’honneur) tels que définis par le décret n°2020-142 /PRN/MF du 07 février 2020 et selon les textes en vigueur notamment le décret N :2013-214/PRN/MI/SP/ D/AR/MDN/MH/E/MF du 7 juin 2013.
Comme je l’ai dit, l’armée a ses bases de données. Pour le moment c’est cela notre base pour identifier les familles.
Cette opération envers les FDS est l’une de grandes opérations que vous avez menée…
En effet, c’est le projet phare de l’institution parce que le décret créant ce Fonds Waqf a été pris le même jour que le décret créant la Haute Autorité de Waqf elle-même. On a commencé presque en même temps. Maintenant, il y a d’autres projets sur lesquels on travaille comme le projet de modernisation de la morgue.
Est-ce que la collecte des fonds servant à la pratique de vos activités se fait au niveau national ?
En créant la Haute Autorité de Waqf, on a mis en place une vision stratégique pour définir l’orientation qu’on souhaitait donner au Waqf au Niger. Moi, je le considère comme un secteur économique à part entière. On a le secteur public et le secteur privé et ce troisième secteur hybride qui peut combler le gap entre les deux. Ainsi nous travaillons à faire du Waqf l’outil principal de promotion de l’inclusion socioéconomique des couches vulnérables au Niger et du financement des secteurs sociaux. C’est pourquoi, en développant notre document d’orientation stratégique on s’est aligné sur les objectifs du développement du Niger à savoir l’inclusion financière et économique car le Waqf est un outil de mobilisation de ressources. Pour le moment la plupart des ressources sont mobilisées à l’extérieur. Toutefois, il y a des volontés sur le plan national mais il faudrait trouver des mécanismes pour permettre à ceux qui veulent contribuer aux projets d’intérêt national de le faire. En quelque sorte il faut qu’on organise le secteur. Je vous rappelle que le Waqf se repose sur deux piliers, l’investissement qui finance l’action sociale. Cela sous-entend que nous devons nous focaliser sur les investissements pour pouvoir dégager assez de ressources pour financer les secteurs sociaux. Le travail qu’on est en train de faire à l’heure actuelle, c’est d’identifier les projets d’investissement les plus bancables au Niger afin de les proposer aux investisseurs qui sont intéressés à ce type d’investissement.
La caractéristique du Waqf c’est que, c’est le seul investissement égoïste que la personne fait pour elle-même et pour l’éternité, parce que, que la personne soit en vie ou pas, le Waqf continue à travailler pour la personne et rempli sa balance des bénédictions.
Qui parle de gestion et de contrôle, parle de défis et de difficultés, alors quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté?
Je n’aime pas parler de difficultés, si c’était facile on n’aurait pas eu besoin d’un cadre règlementaire et institutionnel pour gérer les Waqf. Toute difficulté fait partie d’un processus de mise en œuvre, donc pour moi il n’y a pas de difficultés, c’est des challenges qu’il faut résoudre par des outils appropriés.
La difficulté que j’ai c’est peut-être le temps, je me mets personnellement beaucoup de pression. Je veux attendre des objectifs et des résultats concrets et ça va nous prendre du temps parce qu’il faut retravailler les textes et tout le cadre règlementaire. On a fait beaucoup de travail de cadrage stratégique pour nous tracer une voie à suivre. Il y a tellement de choses à faire pour assurer l’appropriation de l’outil du Waqf dans notre pays et moi je veux qu’on avance avec des pas sûrs. Alhamdulillah, les gens ont accueilli le Waqf favorablement et c’est une chance pour nous que d’autres pays n’ont pas eue. On a également le soutien des autorités, donc tout ce qu’il nous faut c’est de travailler.
La grande difficulté, s’il y a une, c’est la modélisation des projets Waqf propre au contexte du Niger. Et c’est ça pour moi le plus grand défi. Il faut qu’on puisse monter des projets types pilotes qui marchent, qui nous encouragent, qui nous montre que cet outil est vraiment efficace et contribue aux objectifs de développement de notre pays. L’autre challenge c’est la mobilisation des ressources qui a été rendue difficile par le contexte du Covid-19 car toutes les ressources des bailleurs ont été dirigés à la lutte contre la pandémie.
Quels appels avez-vous à lancer aux autorités et à la population relativement aux activités que vous menez?
L’appel que j’aurai à lancer aux autorités c’est de nous soutenir davantage et de s’approprier davantage de l’outil du Waqf et de développer de façon générale la finance sociale islamique parce qu’elle siet comme réponse aux défis de lutte contre la pauvreté dans notre pays. Si on décide d’être aujourd’hui d’être le centre d’excellence de la finance sociale islamique en Afrique de l’ouest on a tout ce qu’il faut. On a une population 99% musulmane qui demande cette offre de produits financiers conforme à ses valeurs morales et spirituelles, on a une université islamique qui forme des cadres compétents dans le domaine de la finance islamique et des banques commerciales islamiques sur place. On a aussi des partenaires techniques et financiers qui nous font confiance comme la BID et sont prêtes à accompagner nos efforts dans ce sens.
À la population de s’approprier de l’outil du Waqf et de comprendre que toute personne peut contribuer à faire un Waqf
Est ce qu’on peut identifier le Waqf à la Zakat?
Non, C’est deux choses différentes. La Zakat est un des 5 piliers de l’islam. Le Waqf est une aumône surérogatoire, donc pas une obligation religieuse, c’est d’ailleurs pour ça qu’un État laïc comme le Niger peut avoir une loi sur le Waqf.
Par Fatouma Idé et Oumar Issoufou(onep)
28 mai 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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La convention Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de 2003 propose aux Etats parties un modèle de fiches standards pour enregistrer et classer leur PCI. Ce modèle a pris en compte cinq (5) champs, notamment les traditions et expressions orales, y compris la langue comme vecteur de Patrimoine Culturel Immatériel, les arts des spectacles, les pratiques sociales, rituelles et évènements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers et le savoir-faire lié à l’artisanat traditionnel. M. Haladou Mamane, Coordonnateur du Projet Patrimoine Culturel Immatériel (PCI), nous explique dans cet entretien que le Niger, à l’instar des autres pays, est en train de scruter d’autres répertoires. Selon lui, le Patrimoine Culturel Immatériel (PCI), au-delà de sa fonction sociale et culturelle, peut être aussi un outil de développement.
Monsieur le Coordonnateur, pouvez-vous nous présenter brièvement le Projet de sauvegarde du PCI, notamment son cadre stratégique ?
C’est un projet qui est né au terme d’une convention signée par le ministre en charge de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale le 12 juillet 2018. Ce projet a comme activités principales la sauvegarde du patrimoine culturel dans des contextes d’urgence et pour une résilience des populations déplacées avec Diffa et Tillabéry comme phase pilote et comme actions déjà annoncée, une carte stratégique en cinq ou six points. La première phase est terminée. Elle a porté d’abord sur l’installation du projet qui a également un certain nombre de missions de sensibilisation et de mise en place des structures, des organes qui représentent le projet à l’intérieur du pays. Pour ce faire, nous avons pensé à des hommes qui peuvent faire des missions de sensibilisation, ce qui nous a amené à aller à Abala dans la région de Tillabéry et vers Ayorou dans cette même région. Au-delà de cette mission de sensibilisation, nous avons mis en place un certain nombre de structures notamment un comité départemental à Ayorou, où vous avez un camp de réfugiés qui compte dix (10) mille réfugiés. Ce comité départemental est composé de structures telles que la société civile, les structures féminines, les jeunes, la chefferie traditionnelle, la mairie, les représentants même du camp de réfugiés. Bref, tous les partenaires de la vie sociale sont présents dans ce comité. Idem à Abala qui dispose d’un centre de déplacés où, en plus du comité départemental, nous avions pensé à mettre en place une équipe d’inventaires. Qui dit ‘’patrimoine culturel dit inventaire différent du recensement. Le recensement c’est à titre indicatif avec toutes les coordonnées, les détails techniques. A Ayorou, il y a une équipe de seize (16) jeunes et une autre de seize (16) jeunes au niveau d’Abala qui vont nous épauler lorsque la phase active du projet va commencer. Ils vont aider l’équipe à formuler des inventaires participatifs pour connaitre en fait la valeur de ce patrimoine culturel immatériel pour en faire un outil de résilience.
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Les maladies tropicales négligées sont un groupe de maladies causées par divers virus et bactéries. Depuis plusieurs années les autorités nigériennes mènent une lutte farouche contre les MTN. En ce sens, une structure dénommée ‘’Programme National de Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées’’ a été créée afin de mettre la population à l’abri de ces maladies pernicieuses. Pour faire le point et les contours de la lutte contre les MTN au Niger, nous avons échangé avec la coordonnatrice adjointe du Programme National de la Lutte contre les Maladies Tropicales Négligées, Dr. Alambeye Aminatou.
Mme la coordonnatrice, qu’est ce qu’on entend par Maladies tropicales négligées et quelles sont les formes les plus récurrentes au Niger ?
Pour parler des Maladies tropicales négligées il faut dire que l’OMS a identifié 20 maladies à travers le monde, mais le Niger en a ciblé 10 qui sont une réalité pour notre pays. Parmi ces 10 maladies nous avons deux catégories, à savoir les maladies tropicales à chimiothérapie préventive, c’est-à-dire les maladies pour lesquelles on donne les médicaments pour se prémunir. Ces maladies sont au nombre de 5 à savoir le trachome, la bilharziose, les vers intestinaux, l’onchocercose, la filariose lymphatique. Pour ces maladies, on organise chaque année des campagnes de distribution de médicaments. Lorsqu’on prend correctement ces médicaments on peut être à l’abri de ces maladies. Et la deuxième catégorie est constituée de maladies à prise en charge de cas. Ça veut dire que c’est quand la personne est atteinte de ces maladies qu’on la prend en charge. Elles sont aussi au nombre de 5 à savoir le ver de Guinée, la lèpre, la rage, la leishmaniose et la trypanosomiase humaine africaine (maladie du sommeil).
Quelle est la situation actuelle des Maladies Tropicales Négligées au Niger ?
La situation actuelle des MTN est appréciable positivement. Nous avons eu beaucoup d’avancées par rapport à cette lutte. Pour parler des maladies tropicales à chimiothérapie préventive (la première catégorie) on doit se dire qu’au début de la lutte intégrée qui a commencé en 2007, pratiquement tous les districts sont endémiques à au moins une maladie tropicale négligée. Ça veut dire que nul n’était à l’abri au Niger de ces maladies. Mais actuellement avec tout ce qui a été fait comme efforts à savoir les campagnes de distribution de masse des médicaments, nous sommes vraiment satisfaits. Prenons l’exemple du trachome. Au début, il y avait 62 districts sanitaires sur les 72, à travers le Niger qui étaient endémiques au trachome mais maintenant il y a 54 districts sanitaires qui ont pratiquement fini avec le trachome. Il n’y a que 8 districts qui vont continuer la distribution de médicaments contre le trachome en 2022. Pour la filariose lymphatique, il y avait 54 districts qui étaient endémiques à la filariose lymphatique. Actuellement il n’y a qu’un seul district qui va distribuer les médicaments contre la filariose lymphatique en 2022. Ce sont des progrès considérables qui sont faits dans le cadre de la lutte contre ces maladies. C’est le lieu de saluer les efforts des distributeurs communautaires qui font le porte à porte pour donner ces médicaments à la population et la population elle-même, qui accepte favorablement ces médicaments. Au niveau du politique aussi il faut noter un engagement très fort des autorités, parce que depuis quelques années, la lutte contre les Maladies tropicales négligées est une priorité du Gouvernement de la République du Niger avec l’appui de ses partenaires.
C’est une tradition pour le Niger de célébrer le 30 janvier de chaque année, la journée mondiale de lutte contre les maladies tropicales négligées. Quelles sont les principales activités qui ont été menées au cours de cette édition ?
Les actions sont surtout en lien avec la sensibilisation. La règle d’or et le maitre mot de la lutte contre les maladies tropicales négligées, c’est la sensibilisation. Parce qu’il faut que la population comprenne d’abord c’est quoi ces maladies, quelles sont leurs conséquences et comment se protéger. Il faut que les populations sachent que ces maladies ont des complications désastreuses. Les MTN sont des maladies évitables et qu’on peut prévenir. On fait un tapage médiatique pour que tout le monde s’approprie de cette lutte. Nul n’est à l’abri de ces maladies quand on sait qu’elles sont causées par des moustiques, des mouches, ça veut dire qu’on vit avec ces maladies. Le ministre de la Santé publique, de la Population et des Affaires sociales a également livré un message la veille de la Journée Mondiale de la lutte contre les MTN. Il y a eu des débats télévisés mais aussi nous sommes partis au-devant de la communauté pour échanger par rapport à ces maladies. Et la lutte continue. En perspective on compte aller au niveau des écoles pour échanger avec les scolaires par rapport à ces maladies.
Placée sous le thème : «Atteindre l’équité en santé pour mettre fin aux négligences à l’égard des maladies liées à la pauvreté», comment le Ministère en charge de la Santé, à travers votre institution, notamment le Programme National de Contrôle et d’Elimination des MTN, compte traduire ce thème en acte concret ?
Le thème retenu par l’OMS cette année cadre parfaitement avec ce qu’on est en train de faire ici. Pourquoi, parce que ces maladies touchent les populations les plus vulnérables, marginalisées, défavorisées et les plus pauvres. Et nous faisons de notre mieux pour aller vers ces populations pour leur apporter les médicaments dont ils ont besoin. L’équité dont parle le thème de cette journée c’est de donner le soin qu’il faut à la personne qu’il faut quand elle en a besoin. C’est de s’assurer que chacun reçoit des soins de qualité et obtient les meilleurs résultats possibles. Donc on fait de notre mieux pour aller aux fins fonds du Niger pour donner les médicaments, à travers des distributeurs communautaires qui sont recrutés localement. Il y a aussi la prise en charge des morbidités. Quand la personne est atteinte de ces maladies, elle sera entièrement prise en charge gratuitement dans les centres de santé publics. Il y a des camps de chirurgie d’hydrocèle et de trichiasis qui sont régulièrement organisés pour prendre en charge des gens qui sont atteints de ces maladies. Les équipes vont jusqu’au village pour recenser ces malades, les inciter à aller dans les camps et les opérer afin qu’ils puissent retrouver la santé. Depuis le début de cette lutte le Niger contribue toujours à concrétiser en action ce thème que l’OMS a choisi.
Quelles sont les autres activités que vous menez pour lutter efficacement contre les Maladies tropicales négligées localités et comment les patients sont-ils pris en charge ?
Pour l’essentiel, ce sont des camps de chirurgie ou audiences foraines d’hydrocèle et de trichiasis qui sont organisés fréquemment dans pratiquement toutes les régions du Niger, particulièrement dans les districts sanitaires où le besoin se fait sentir. Il me sera difficile de lister les localités ça serait beaucoup. Comme je l’ai dit, il y a des équipes qui vont dans les villages pour sensibiliser la population pour lui parler de ces camps de chirurgie. Une fois les malades recensés en fonction de leur nombre, des camps sont organisés avec l’appui des partenaires. Aussi en dehors de ces camps, en routine, dans chaque district disposant d’un bloc opératoire, les patients souffrant d’hydrocèle sont également pris en charge. De même ceux qui souffrent de trichiasis sont pris en charge au niveau des CSI où les responsables des CSI sont formés à cet effet. Toutes les interventions de ces morbidités se font gratuitement.
La prise en charge et la lutte contre ces Maladies tropicales négligées, demandent beaucoup des moyens et l’implication de plusieurs acteurs. Quel est l’apport des partenaires techniques et financiers pour accompagner l’Etat dans ce sens ?
Par rapport à la lutte contre les Maladies tropicales négligées, ces partenaires donnent gratuitement des médicaments, financent l’acheminement de ces médicaments du niveau central jusqu’au niveau des CSI. Les coûts opérationnels de la distribution sont également pris en charge par les partenaires. Ainsi que la prise en charge des morbidités comme on vient de le voir plus haut. Voilà un peu en gros, l’apport des partenaires sans oublier l’assistance technique.
L’objectif de l’OMS est d’arriver à l’éradication des MTN à l’horizon 2030. Pensez-vous que le Niger pourra réaliser cet objectif pour lequel, le gouvernement s’est d’ailleurs engagé ?
Oui ! L’OMS a fixé l’horizon 2030 pour venir à bout de toutes les MTN. Le Niger à l’instar des autres pays s’est engagé à éliminer les MTN en tant que problème de santé publique. Comme je l’ai dit, il y a des maladies comme le trachome et la filariose lymphatique dont le Niger s’est engagé à éliminer avant même 2030. Le Niger s’est engagé à contrôler aussi la bilharziose et les vers intestinaux. Mais la bonne nouvelle c’est qu’il y a une maladie, notamment l’onchocercose dont le Niger est sur le point d’être certifié indemne. Le dossier est pratiquement ficelé pour la certification de l’onchocercose. C’est comme le cas du ver de Guinée qui est une maladie tropicale négligée pour laquelle le Niger a eu la certification. C’est dire qu’il est possible d’éliminer ces maladies en tant que problème de santé publique et bien avant 2030 si tout le monde contribue. Parce que ce sont des maladies qui sont liées à l’hygiène et à l’assainissement. La crainte et le risque c’est de voir ces maladies ressurgir en cas de déficit d’hygiène ou d’assainissement et revenir à la case départ. Pour ce faire, il faut que tout le monde se sente concerné par la lutte contre les MTN.
Avez-vous un message à l’endroit de la population pour prévenir le MTN ?
Oui ! Comme je l’ai dit ce sont des maladies qui sont liées à l’hygiène et à l’assainissement. Alors mon message à l’endroit de la population c’est pour dire qu’on peut éliminer les MTN. Comme j’ai dit nul n’est à l’abri de ces maladies comme elles sont transmises par des mouches, les moustiques etc. Donc si chacun doit pouvoir garder un minimum d’hygiène, on peut y arriver. Par exemple, on peut se protéger en se lavant les mains avant et après le repas, avant et au sortir des toilettes, prendre soin des enfants en leur lavant le visage, éviter de faire les besoins dans les cours d’eau, éviter de rester dans l’eau pendant longtemps, utiliser et entretenir les toilettes, dormir sous une moustiquaire. Tels sont les gestes simples et quotidiens qui contribuent à lutter contre ces maladies.
Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)
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L’artiste Oumarou Issoufou dit Pheno, connu avec la formation Kaidan Gaskia, l’un des groupes précurseurs du Hip-Hop nigérien dans les années 2000, est désormais à la tête de l’Association Nigérienne des Artistes-Compositeurs-Interprètes de la Musique Moderne (ANACIMM), pour un mandat de 4 ans. L’association créée par des grandes figures de la musique nigérienne parmi lesquelles l’illustre Elhadj Taya, feu Maman Garba, et la légende vivante Maman Sani le pianiste, est ainsi reprise par Pheno afin dit-il, de redynamiser le cadre de référence de la musique nigérienne et de contribuer au développement du pays.
Bonjour M. Pheno, vous voilà à la tête d’une grande association culturelle qui doit se remettre d’un dysfonctionnement pour le rayonnement de la musique nigérienne. Comment comptez-vous redynamiser cette structure?
Les défis qui nous attendent sont multiples et multiformes. Mais ils ne sont pas impossibles à relever. Ce n’est pas parce que c’est difficile que c’est impossible. Nous avons fondamentalement l’obligation de nous unir. Si l’ANACIMM a eu 32 ans de vie et qu’il n’y a eu juste que 4 présidents, ça veut dire qu’il y a eu une désunion au sein de la structure. Le premier défi à relever c’est donc l’union de tous les artistes. Amener les artistes à regarder dans la même direction, à se compléter, à composer ensemble au besoin dans la joie et dans un esprit patriotique. C’est un défi, pour nous de marcher ensemble. Tout les nigériens aiment voir les artistes marcher et chanter ensemble. Je pense que c’est beaucoup plus ces éléments que nous allons mettre en avant.
{xtypo_quote}« La musique est une école ; ici on s’y met, généralement, par passion. Nous devons donc, reconnaitre nos insuffisances et apprendre comment l’industrie marche », estime Issoufou Oumarou dit Pheno. {/xtypo_quote}
Vous conviendrez avec nous qu’au Niger, il n’y a pratiquement aucune maison de production ou label proprement dit, à même de faire signer les artistes et gérer professionnellement leurs carrières musicales. La plupart de nos artistes s’auto-produisent. Alors, dans ce contexte, peut-on parler d’industrie musicale ou du métier de l’artiste ?
Nous dévons d’abord accepter ce que nous sommes, identifier nos insuffisances, accepter qu’il nous faille de formations continue et d’accompagnement. Nous avons certes des studios pour le minimum de travail mais, nous connaissons des gens de l’extérieur, si réellement nous sommes décidés à industrialiser mieux notre musique. Et pour que l’artiste puisse vivre de son art, les médias ont aussi une partition importante à apporter. Nous ne leur demandons pas de ne pas jouer les musiques d’ailleurs mais, de prioriser les nôtres. Nous avons besoin davantage de visibilité pour que nous ayons une identité, une référence. C’est le problème qui se pose d’ailleurs, nous n’avons pas de référence.
Aussi, avec l’évolution des TIC, certains fans téléchargent gratuitement les albums, d’autres se les transfèrent simplement. Quel en est l’impact sur l’industrie ?
Il y’a à priori la part de responsabilité de l’artiste. Certains, par manque de formation et la non maitrise de l’outil informatique, aussitôt qu’ils finissent leur œuvre, se précipitent à la diffuser banalement. Alors que, lorsqu’on s’organise, nous pouvons avoir des licences avec YouTube par exemple, par l’intermédiaire du « Droit d’auteur ». Et à partir de là, la plate-forme peut commencer à « monétiser »... Malheureusement, beaucoup n’ont pas pris conscience de cette nouvelle forme d’industrie. Les artistes nigériens nous ne sommes pas suffisamment informés et imprégnés des réalités techniques du moment. En effet, l’industrie est désormais plus digitale que physique. Pour vendre sa musique, c’est soit par YouTube, Deezer et plein d’autres plateformes numériques. Au niveau de ANACIMM nous avons maintenant une personne ressource en la matière, Lawan Aboubacar le Chargé à l’extérieur qui s’en charge. C’est sûr qu’il va œuvrer pour structurer et organiser la vente en ligne des musiques nigériennes. Pour ce faire, nous avons besoin de la complicité des artistes.
L’engouement du public nigérien par rapport aux spectacles semble de plus en plus timide. Bien avant cette histoire de la COVID-19, des concerts ont échoué. On parlait des « concert-potos ». Quelle lecture faites-vous de cette tendance qui n’honore pas les artistes ?
Je trouve que les artistes sont souvent pressés d’organiser des concerts, sans tenir compte de certains paramètres importants. Pour réussir un concert, il faut convaincre le public, avoir des fans bien au-delà de ses parents-amis-et-connaissances, participer à des grands concerts en guest star. Aujourd’hui, après deux passages aux plateaux de télés, deux passages à la radio, l’artiste se surestime populaire. Nous, à l’autre époque, bien qu’il n’y’avait pas tellement de médias, on a dû participer à des grands concerts qu’organisait l’Etat et autres grands promoteurs. Nous avons pris le temps de faire les scènes en guest star, convaincre le public et avoir l’expérience des concerts. Je pense qu’aujourd’hui il est beaucoup plus facile de se faire un large public avec la douzaine de chaines de télévision que nous avons. On ne peut pas réussir un concert sans être connu. Tous les artistes qui ont fait les « potos » n’ont pas suffisamment fait leur promotion.
Et, au niveau de l’association comment et par quel moyen comptez-vous amener les artistes nigériens à avoir des carrières professionnelles ?
Nous avons tout un cahier de charge. Il y’a des formations que nous allons initier jusqu’à l’intérieur du pays. Nous allons essayer de fédérer, mettre à niveau toutes les structures d’artistes et avancer ensemble. Mais il faut que les gens acceptent qu’il nous faut apprendre comment faire certaines choses et qu’ils acceptent nous voir collaborer avec les structures des autres pays afin de partager des expériences. C’est ainsi que nous allons développer notre secteur. Dans cette démarche, nous avons le soutien des autorités. Nous sommes en bonne collaboration avec le ministère de la Renaissance Culturelle. Nous avons leur confiance ainsi que leur soutien. Il y’a également le président de la délégation spéciale de la ville de Niamey qui a envie de voir la musique nigérienne s’exprimer en toute aisance qu’il faut. Heureusement jusqu’à la primature, les artistes nigériens sont soutenus. C’est vrai, nous n’avons pas encore pris contact avec le nouveau Bureau de l’ANACIMM mais, ils savent ce que nous faisons. Je suis sûr que les portes nous sont ouvertes et qu’ils vont accompagner davantage cette dynamique.
Le premier moyen que nous avons d’abord, c’est la volonté. Je ne suis pas seul, je suis avec bon nombre d’artistes nigériens qui ont la volonté et la détermination de travailler. Il y a toute une équipe passionnée de faire parler du Niger et de ses artistes. Il y avait huit (8) mois seulement que nous avions décidé de redynamiser cette structure. Nous sommes partis de rien, et avec tous les artistes nous nous sommes réunis pour réfléchir sur comment redynamiser notre cadre organisationnel. Nous nous sommes dits qu’il faut être financièrement posés et stables. En ce sens, nous avons initié des concerts, des animations pour avoir un budget et commencer. Après ce budget, nous avons dépêché une mission conduite par Yacouba Denké-Denké et Ali Maliki pour sillonner toutes les régions du Niger afin d’assister les autres artistes à mettre en place les bureaux régionaux. Après la mise en place de ces bureaux, nous avons travaillé ensemble sur les textes fondamentaux de l’association et décider de la date qui a abouti à l’assemblée générale où j’ai été élu président. Dès au départ j’étais le candidat de tous les artistes du Niger. Certes ça n’a pas été facile pour nous, mais vu qu’il y a la volonté et des hommes qui sont engagés et déterminés nous avons pu relever ce premier défi.
Avez-vous un appel à l’endroit du public et aussi des artistes nigériens ?
Je souhaite que les gens nous (ANACIMM), nous comprennent et nous accompagnent. Nous ne pouvons pas tout de suite être bien, c’est évident qu’on fasse des erreurs, qu’ils n’hésitent pas à nous interpeller et surtout à faire des propositions. Nous en sommes très ouverts. A nos médias, de privilégier la musique nigérienne même s’il faut sélectionner les bonnes œuvres. L’artiste se doit d’être jaloux de lui-même. La musique est une école. Ailleurs les gens vont dans des écoles de musique afin d’avoir une carrière d’artiste. Ici on s’y adonne, généralement par passion. Nous devons donc, reconnaitre nos insuffisances et apprendre comment l’industrie marche.
Entretien réalisé par Abdoul-Aziz Ibrahim Souley et Ismaël Chékaré(onep)
1er septembre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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Le paludisme demeure encore un problème de santé publique au Niger. Cette année 2020, l’on observe une augmentation des cas dans notre pays. Dans cet entretien, la coordinatrice du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP), Dr. Djermakoye Hadiza Jackou explique les causes du nombre croissant de cas du paludisme ; les différentes formes de paludisme ; le protocole de traitement adapté au Niger. La coordinatrice du PNLP a également fourni des éclaircissements sur les actions menées à titre préventif dans la lutte contre le paludisme. Enfin, la coordinatrice du PNLP a dressé un aperçu sur le plan stratégique national (PSN) 2017-2021 de lutte contre le paludisme.
Comment se présente la situation de l’épidémie de paludisme au Niger ?
Maladie parasitaire, le paludisme constitue un problème majeur de santé publique, il représente le premier motif de recours aux soins et la première cause de décès. Les statistiques sanitaires ont montré une réduction de l’incidence du paludisme dans la population générale qui est passée de 92 cas pour 1.000 habitants en 2016 à 69 cas pour 1.000 habitants en 2019. Cependant, nous enregistrons cette année une augmentation des cas avec une incidence de 85 pour 1.000 Habitants. Cette augmentation des cas de paludisme est due à la pluviométrie exceptionnelle enregistrée et qui a occasionné la stagnation d’eau et la prolifération des moustiques, vecteurs de paludisme. En 2020 on observe une augmentation de l’incidence du paludisme de l’ordre de 30% au plan national. Cette augmentation varie de 11% dans la région de Tillabéri à 75% dans la région d’Agadez. Le nombre de décès enregistré est de 2.499 en 2020 contre 1.929 en 2019 pour la même période soit une augmentation de 570 décès. Quant au taux de létalité, il est sensiblement égal à celui enregistré en 2019 pour la même période (0,1%). Il est de 0,2% dans la région d’Agadez. du 1er Janvier au 04 octobre 2020, la situation se présente comme suit Agadez : 40.537 cas avec 89 décès en 2020 contre 23.195 avec 33 décès en 2019 ; Diffa : 53.123 cas avec 49 décès contre 31.563 cas avec 17 décès en 2019 ; Dosso : 339.778 cas avec 247 décès contre 243.160 avec 235 décès en 2019; Maradi : 412.542 cas avec 548 décès contre 293.933 cas avec 414 décès en 2019 ; Niamey : 169.019 cas avec 180 décès contre 149.747 cas avec 128 décès en 2019 ; Tahoua : 473.266 cas avec 612 décès contre 359.034 cas avec 449 décès en 2019 ; Tillabéri : 462.001 cas avec 425 décès contre 414.501 cas avec 369 décès en 2019 ; Zinder : 499.592 cas avec 349 décès contre 369.344 cas avec 284 décès en 2019. A ce jour, nous avons 24 districts sur les 72 qui ont dépassé le seuil épidémique. Nous faisons un suivi hebdomadaire de ces districts, ce qui nous permet de diligenter des investigations afin de prendre les décisions qui s’imposent.
Quelles sont les différentes formes de paludisme qu’on enregistre chez nous ?
Retenons que le paludisme est une maladie parasitaire causée par le Plasmodium falciparum transmise, lors de son repas sanguin, par un moustique du genre anophèle femelle. Il existe deux formes de paludisme, le paludisme simple et grave. En ce qui concerne le paludisme simple, il est défini par tout accès palustre sans aucun critère de gravité tel que défini par l’OMS, et confirmé biologiquement par la microscopie ou le Test de Diagnostic Rapide (TDR). Les principaux signes cliniques sont la fièvre, les céphalées, les malaises, les frissons, les sueurs, les douleurs articulaires, les courbatures, l’asthénie, les douleurs abdominales, les nausées, les vomissements et les diarrhées. Le paludisme grave est quant à lui représenté par tout accès palustre à Plasmodium falciparum confirmé biologiquement par la microscopie ou le TDR, avec la présence d’au moins un des critères de gravité tels que définis par l’OMS (les convulsions, l’anémie, le coma, la détresse respiratoire, l’hypoglycémie, l’insuffisance rénale, la prostration).
{xtypo_quote}«Nous avons distribué gratuitement 8.005.656 moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée d’action avant la période de haute transmission», déclare Dr. Djermakoye Hadiza Jackou{/xtypo_quote}
Quelle est la forme la plus fréquente ? Et quelle est la catégorie d’âge vulnérable à cette forme ?
La forme la plus fréquente est le paludisme simple et les cibles les plus vulnérables sont les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes. En l’absence d’un traitement correcte et rapide, le paludisme peut se compliquer en paludisme grave avec convulsion, anémie, coma, hypoglycémie et autres signes de gravité représente 6% des cas enregistres.
Qu’est ce qui explique le nombre croissant de cas de paludisme cette année au Niger ?
L’augmentation des cas en 2020 s’explique par la forte pluviométrie enregistrée sur la quasi-totalité du pays. La température, l’humidité relative sont des paramètres climatiques favorables au développement du vecteur de transmission du paludisme à savoir l’anophèle femelle. Il existe aussi malheureusement des comportements néfastes en faveur de la lutte contre le paludisme par la population à savoir le manque d’hygiène, la mauvaise utilisation des moustiquaires, et surtout le non-respect de la prise des médicaments de prévention chez les enfants de moins de 5 ans. Le nombre des cas croissant s’explique aussi par le non-respect des mesures de prévention, le non-respect du calendrier de vaccination des consultations prénatales, le non-respect des prescriptions médicales, le recours tardifs aux soins, le non-respect des normes et protocoles en cas de paludisme et grossesse.
En quoi consiste le protocole de traitement adapté au Niger?
Au Niger, la prise en charge du paludisme simple confirmé se fait dans les formations sanitaires et au niveau communautaire après confirmation du paludisme par la microscopie (GE) ou le Test de Diagnostic Rapide (TDR). Pour le traitement du paludisme simple, les Combinaisons Thérapeutiques à base d’Artémisinine (CTA) suivantes sont utilisées : Artéméther + Luméfantrine (AL) ; Artésunate + Amodiaquine (AS-AQ) ; Dihydro-Artémisinine+Pipéraquine (DHA PPQ) ; Artésunate + Pyronaridine (PA). L’artésunate injectable est le médicament de première intention pour le traitement du paludisme grave. Si l’artésunate n’est pas disponible ou en cas d’intolérance à l’artésunate, il est recommandé d’administrer de l’artéméther injectable ou de la quinine injectable.
Quelles étaient les dispositions prises par le Programme avant la saison pluvieuse pour prévenir le pic du paludisme ?
En terme de prévention nous avons organisé : une campagne de distribution gratuite de 8.005.656 moustiquaires imprégnées d’insecticide de longue durée d’action avant la période de haute transmission en juin 2020. Cette campagne a couvert 13.994.681 personnes dans 44 districts sanitaires de 6 régions de notre pays. Il ya aussi la mise en place de 915.893 moustiquaires dans les 72 districts au profit des femmes enceintes qui se rendent à la 1er consultation prénatale et des enfants de moins d’un an lors de la vaccination contre la rougeole. Nous avions également organisé une campagne de chimio prévention du paludisme saisonnier chez les enfants âgés de 3-59 mois qui consiste à administrer des médicaments à cette tranche d’âge chaque mois (passage) de juillet à octobre. Cette année, 4.289.250 enfants ont bénéficié de trois passages. A cela, il faut ajouter les activités de sensibilisation sur les mesures de prévention menées par les agents de santé au niveau des formations sanitaires, mais également à travers les radios communautaires, les affiches et les crieurs publics. Par rapport à la prise en charge des cas de paludisme, il y’ a eu la mise à niveau de 300 agents sur la prise en charge du paludisme ; la mise en place 3.511.340 tests de diagnostics rapide ; la mise en place de 2.749.385 traitements des cas de paludisme.
En quoi consiste le plan stratégique national (PSN) 2017/2021 de lutte contre le paludisme ?
Le Niger a souscrit à tous les engagements internationaux de lutte contre le paludisme. Au titre des nouvelles initiatives, on peut retenir l’initiative d’Élimination du Paludisme dans le Sahel (SaME), l’outil Malaria Match Box, la campagne «Zéro Palu Je m’Engage» et l’approche «d’une charge élevée, à un impact élevé» ou «High Burden to High Impact (HBHI)». En ce qui concerne le Plan stratégique 2017/2021, nous avons procédé en début d’année à la revue à mi-parcours de ce plan et à des réajustements pour nous permettre d’étendre ce PSN à la période 2017/2023. Les changements majeurs prévus dans cette planification sont : l’extension de la campagne de distribution de moustiquaires à toute la région d’Agadez ; l’extension à 6 nouveaux districts d’Agadez et de Tahoua pour les campagnes de la CPS chez les enfants de moins de 5 ans ; l’introduction pour les campagnes à venir des moustiquaires de dernières générations appelées IG2 et PBO dans les districts ayant enregistré des résistances aux insecticides utilisés pour l’imprégnation des moustiquaires ; l’extension à 9 nouveaux districts de l’approche communautaire pour la prise en charge des cas de paludisme à domicile par les relais communautaires dans les villages distants de plus de 5 km d’une formation sanitaire.
Propos recueillis par Issoufou A. Oumar(onep)
13 octobre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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M. le président du conseil régional, en tant que principal organe de développement économique, social et culturel, quel est l’impact de la fermeture de la frontière du Nigeria, il y a de cela un an, sur les activités économiques de la région?
Le Conseil régional de Maradi, au même titre que les autres conseils régionaux, a été installé depuis 2011. La principale mission du conseil régional est le développement social, économique et culturel de la région. Depuis un peu plus d’un an, le Nigeria a fermé sa frontière. Comme vous le savez, Maradi, c’est d’abord le commerce qui s’effectue essentiellement avec notre voisin du sud, le Nigeria. Du coup, la fermeture de la frontière va sans doute et inévitablement avoir des répercussions importantes sur les activités économiques de notre région. Pratiquement, 80% de nos échanges commerciaux se font avec le Nigeria. Imaginez un tant soit peu, du fait de la fermeture de la frontière, qu’il n’est plus possible pour nos commerçants de se rendre à Katsina, à Kano, à Lagos, etc., et qu’il n’est plus question pour nos partenaires du Nigeria de venir à Maradi pour des échanges commerciaux. Cela a drastiquement ralenti les activités économiques de la région. Les conséquences sont énormes, les prix des produits ont grimpé. Toutes les activités qui permettaient aux gens de travailler et avoir des ressources sont presque à l’arrêt ou au ralenti. Les recettes fiscales, depuis la fermeture de la frontière, en ce qui concerne le Conseil régional, notre part était réduite au 1/3. Ceci a gravement réduit notre capacité d’intervention et d’investissement au profit des secteurs sociaux de base de la région.
Alors, comment se présentent les secteurs sociaux de base (santé, éducation, les pistes rurales…) dans ce contexte de fermeture de la frontière du Nigeria, d’inondations enregistrées cette année, de pic de paludisme qui sévit dans notre pays.
La région de Maradi a une population estimée à 4 millions 500 habitants dont 80% ont moins de 25 ans. Concernant les secteurs sociaux de base, on est certainement la région qui a plus de pression. Par exemple, dans le secteur de l’éducation, au niveau secondaire, cette année notre région a présenté un nombre important de candidats aux examens du baccalauréat qui équivaut au nombre de candidats des régions de Tahoua et Zinder. Quant aux examens du BEPC, notre région a présenté plus de candidats que toutes les autres régions. Nous avons une population galopante, très jeune qui a besoin d’encadrement, d’infrastructures et des enseignants. Mais malheureusement, de la façon dont notre population croît, dont le besoin croît, nous n’arrivons pas à suivre cela au niveau des infrastructures en particulier dans le domaine de l’éducation. Comme conséquence, on a un énorme déficit d’enseignants. Rien que pour la rentrée 2019-2020, nous avons enregistré un déficit de 1073 enseignants au niveau secondaire. Pour les infrastructures, l’État et ses partenaires et aussi le Conseil régional s’activent à investir, mais nous sommes très loin de répondre aux besoins par faute de moyens.
Dans le domaine de la santé aussi, la situation est pratiquement dramatique dans toutes les formations sanitaires de la région, pour insuffisance de capacités. Pour y remédier, je pense qu’il faut une intense campagne de communication sur un changement de comportement pour amener les populations à utiliser les moustiquaires, à assainir leur milieu car il n’y aura jamais suffisamment d’agents de santé et de produits. La solution est d’éviter de tomber malade.
Par rapport aux pistes rurales, (toute la bande sud- centre de Maradi est une zone de production agro-pastorale et toute la bande nord est une zone pastorale), nous avons l’appui du PRODAF qui réalise et qui a réalisé beaucoup de pistes rurales. La région de Maradi est divisée en pole économiques. Au niveau de chaque pôle économique, nous organisons des marchés de demi-gros, de transit et nous essayons de désenclaver ces marchés par les pistes rurales. Dans ce secteur, des efforts ont été faits, ces 2 dernières années, pour relancer le circuit économique, notamment en ce qui concerne la production agro-sylvo-pastorale de la région.
Durant le mandat du conseil que votre équipe préside, quelles étaient les actions menées en matière de renforcement de capacités et de promotion des services sociaux ?
Pendant bientôt 10 ans de notre mandat, et conformément à notre vocation de promotion du développement socio -économique et aussi conformément à la loi qui nous a transféré un certain nombre de compétences dans certains domaines, à savoir l’éducation au niveau secondaire, la santé en ce qui concerne le centre hospitalier régional (CHR) et le centre mère et enfant; l’environnement et hydraulique pastorale. Concernant la santé, pendant ces 10 ans, conformément à nos moyens, nous avons appuyé particulièrement le CHR et le centre mère et enfant ainsi que le centre de transfusion sanguine. Des bâtiments sont construits et d’autres sont aménagés. Le Conseil régional a également assuré la fourniture de certains produits pharmaceutiques sur fonds propres du conseil. C’est une action récurrente que nous menons chaque année. Il ya aussi le recrutement d’un certain nombre d’agents (manœuvre pour le centre mère et enfant). Mais nos actions sont assez limitées dans ce contexte de fermeture de la frontière avec le Nigeria.
Au niveau de l’éducation secondaire et de l’enseignement professionnel et technique, un certain nombre de salles de cours ont été construites par le Conseil régional. En moyenne, chaque année, 3.000 à 4.000 tables bancs sont fournies par le Conseil régional. Par rapport au développement rural, nous apportons un appui à l’agriculture à travers l’approvisionnement en produits phytosanitaires, un appui dans l’organisation de plusieurs foires régionales pour promouvoir la vente des produits agro-sylvo-pastoraux. Dans le volet de l’environnement, tous les espaces pastoraux de la région sont sécurisés par des actes administratifs pris par les préfets. Nous avons également balisé l’essentiel des espaces pastoraux, par exemple la forêt de la Tarka est totalement balisée sur des dizaines de km. C’est l’un des plus grands travaux réalisés par le Conseil régional avec l’appui de la coopération suisse. Et aussi les aires de pâturages sont sécurisées et protégées.
En matière d’hydraulique pastorale, nous venons, avec l’appui des partenaires, de terminer 17 puits pastoraux. C’est un investissement énorme qui est reparti le long de certains couloirs internationaux de passage qui descendent depuis le nord jusqu’ à la frontière du Nigeria et qui traversent le Niger jusqu’en Centrafrique. Des stations de pompage ont été construites et réhabilitées avec toujours l’appui des partenaires. Ainsi, 3 stations ont été construites et 5 autres sont réhabilitées. Dans le budget de 2021, il est prévu la construction de 2 nouvelles stations et la réhabilitation de 7 autres.
Réalisé par Issoufou A. Oumar,Envoyé spécial
11 novembre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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M. le Directeur général du Patrimoine culturel, des Arts et de l’Economie Culturelle, l’art culinaire fait partie du patrimoine culturel immatériel. Parlez-nous du potentiel de la gastronomie nigérienne.
L’art culinaire est partie intégrante de nos pratiques sociales, et donc du patrimoine culturel immatériel riche et diversifié au Niger. C’est un moyen de communication et d’expression des savoirs et savoir-faire de la gastronomie culinaire. Au Niger, la gastronomie est un art qui va au-delà du goût, et intègre le choix des aliments et ingrédients, la manière de cuisiner, la présentation, les couverts, le cadre etc.
Au regard de la diversité de nos traditions, de nos pratiques sociales et de nos habitudes alimentaires, la gastronomie culinaire occupe une place de choix dans les activités familiales et sociales mais aussi économiques dans notre pays.
Existe-t-il un répertoire des différents mets traditionnels qui composent l’art culinaire nigérien ?
Je n’ai pas connaissance de l’existence d’un répertoire formel de mets traditionnels nigériens, mais, il faut souligner que le patrimoine culinaire a fait l’objet de plusieurs travaux d’étude pour mieux cerner le potentiel gastronomique du Niger. Aujourd’hui, beaucoup reste à faire d’où la nécessité de poursuivre le travail d’identification, d’inventaire et de documentation des éléments de notre patrimoine culinaire.
Au Niger, il existe une diversité de mets traditionnels, témoins de notre identité culturelle, entretenus et développés au sein de différents groupes et sous-groupes ethniques dans notre pays. On peut citer en exemple : Le Tchoukoubouss qui est une boule traditionnelle à base du mil, des dattes et du fromage par les femmes touarègues de l’Aïr ; Le Taguilguilé, un met à base de niébé d’origine touareg ; le Touyo ou pâte préparée à base de plusieurs céréales mil, sorgho, riz, maîs, etc.), l’Alkaki, biscuit traditionnel à base de mil et du sucre en milieu haoussa, le Kilichi, viande séchée ; le Brabouskou chez les Kanouri, etc.
Aujourd’hui, l’art culinaire crée de l’emploi. Avez-vous une idée de l’apport de ce secteur à l’économie du Niger ?
Aujourd’hui, à travers le monde et au Niger, l’industrie gastronomique constitue un domaine qui contribue fortement à la création d’emplois directs et indirects et donc au développement social et économique dans nos pays. Une étude s’avère nécessaire pour déterminer à travers de données fiables, le nombre d’emplois créés en lien avec la gastronomie au Niger.
Il y a beaucoup de retombées économiques autour de l’art culinaire.
Existe-t-il un cadre réservé aux professionnels de la gastronomie au niveau de la tutelle pour valoriser l’art culinaire nigérien afin de booster l’économie nationale ?
Au Niger, l’existence des Restaurants du tourisme, l’Agence Nigérienne de Promotion du Tourisme et de l’Hôtellerie, ainsi que les différents hôtels agréés, constituent de notre point de vue, des outils qui concourent à la promotion de l’art culinaire et à la création de richesse dans notre pays. A cela s’ajoutent les concours, les festivals et autres rencontres qui sont régulièrement organisées pour la promotion et la valorisation de la gastronomie nigérienne.
La consommation de produits alimentaires importés est une réalité au Niger avec la floraison de restaurants spécialisés dans des plats des autres pays. Est-ce qu’il existe des initiatives au niveau de la tutelle pour valoriser l’art culinaire nigérien et en quoi consistent-elles concrètement ?
Pour véritablement promouvoir l’art culinaire nigérien, notre pays doit mettre en œuvre une stratégie axée sur la communication, la sensibilisation et la formation, pour le développement de la gastronomie culinaire et favoriser la consommation des mets traditionnels au Niger. L’inscription de certaines spécialités nigériennes au patrimoine culturel immatériel de l’humanité comme le Thiéboudienne du Sénégal ou le repas gastronomique des français, pourrait être une opportunité pour sauvegarder et valoriser durablement l’art culinaire nigérien.
Avez-vous un message particulier à l’endroit des professionnels de l’art culinaire et de la population en général ?
Les nigériens doivent croire et investir pour développer l’entreprenariat gastronomique pour la promotion de l’art culinaire nigérien, facteur de création d’emploi et de revenus appréciables au profit des acteurs concernés. La gastronomie est un domaine porteur aux effets multiples, qui mérite le soutien et l’investissement de l’Etat et du privé pour sa transmission aux générations et son rayonnement dans notre pays.
Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)
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Ville cosmopolite et chef-lieu de la région, la commune urbaine d’Agadez est située dans le département de Tchirozérine. Elle a une superficie de presque 900 km 2 et une population estimée à 160.000 habitants en 2020 selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2012. La commune d’Agadez abrite presque le tiers de la population de la région et la proportion des jeunes (40 %) est assez forte avec un âge compris entre 15 et 39 ans. Elle compte 62 quartiers et villages administratifs avec une densité moyenne de 333,33 habitants au km². Véritable carrefour caravanier, de commerce et d’échanges culturels, la ville d’Agadez a connu son essor avec l’installation du Sultanat Touareg de l’Aïr au début du 15 ème siècle, alors que sa sécurité était assurée par les guerriers fournis par les confédérations du pacte Sandal. Ce processus étant encouragé par le Sultan et par les possibilités offertes par son essor économique. La ville recevait, de plus en plus, de caravanes. Le commerce transsaharien devenait très avantageux pour ses différents acteurs. Aujourd’hui, Agadez reste encore un carrefour malgré les multiples défis du moment. Dans cet entretien le président du Conseil municipal et maire d’Agadez, M. Abdourahmane Aboubacar Touraoua nous parle des potentialités de cette ville ‘’Porte du désert’’, ainsi que des défis auxquels Agadez est confrontée, la gestion du budget communal et les perspectives.
Monsieur le maire, pouvez-vous nous dire les potentialités que cette ville historique d’Agadez regorge ?
Je dois d’abord dire en plus du rôle historique du passage, de transit et de destination des nombreuses caravanes, Agadez a été et demeure une ville de commerce, d’échanges culturels, de tourisme dont l’hospitalité, les potentialités et l’historicité ont fait sa renommée sur le plan national, régional et international. Le centre historique de la ville d’Agadez communément appelé ‘‘vieille ville’’ est composé de onze anciens quartiers, qui sont Katanga, Obitara, Amdit, Hougberi, Founamé, Amarewat, Akanfaya, Oumourdan Magas, Oumourdan Nafala, Agargarin Saka et Oungoual Bayi. Leur fondation remonte au 11ème siècle. Ainsi, le 22 juin, la 37ème session du comité du patrimoine mondial de l’UNESCO, qui s’est tenue à Phonom Penh, au royaume du Cambodge, a inscrit ce centre historique d'Agadez sur la prestigieuse liste du patrimoine mondial. C'est la première fois que ce label est conféré à un site culturel nigérien. Seuls deux sites naturels du pays avaient jusque-là rejoint la prestigieuse liste, peut-on rappeler. Appelée, la porte du désert ou carrefour du commerce caravanier, la vieille ville d'Agadez abrite des sites qui remontent aux XVe et XVIe siècles. Sa grande mosquée coiffée d’un imposant minaret de 27 mètres entièrement bâti en terre crue, constitue l'un des phares du tourisme au Niger. Agadez est aussi une des plus anciennes cités du Niger dont l'origine remonte au début du XVe siècle. Elle a été une plaque tournante du commerce transsaharien et un centre de rayonnement de l'Islam au Soudan central.
La ville riche de monuments historiques, a été construite selon un schéma architectural unique.
Agadez, c’est aussi un passage pour les migrants en partance vers le Magrheb et l’Europe?
En effet, aujourd’hui, la ville d’Agadez constitue un carrefour central des flux migratoires. L’agglomération accueille annuellement plusieurs milliers de migrants nationaux et sous régionaux, ce qui amène la proportion de la population induite à porter au double la population réelle obligeant la commune à dépasser largement les programmations annuelles. Le flux migratoire conjugué à la croissance démographique naturelle de la population urbaine ne cesse de provoquer une urbanisation rapide de la ville et à une détérioration du cadre de vie des populations. Réellement, la ville compte plus de 300.000 habitants avec le flux migratoire et un taux d’accroissement naturel de 3,6%.
La Commune regorge d’importantes potentialités jusqu’ici non exploitées et qui peuvent révolutionner la vie des populations. Nous pouvons citer entre autres : l’agropastoralisme avec les productions maraîchères, l’arboriculture fruitière et l’élevage; la position géostratégique permettant la création de port sec ou des grands corridors d’échange entre les produits nationaux de l’Algérie, de la Libye, du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Ghana…, l’artisanat, la culture et le secteur touristique avec des visites permanentes pour le tourisme intérieur et une saison de 3 mois pour le tourisme extérieur ; la fête de Bianou qui fait de la ville une destination mondiale ; la vieille ville classée patrimoine mondial de l’UNESCO offrant une grande opportunité touristique ; les opportunités de création des PME et PMI sur les potentiels minier, artisanal, culturel et agropastoral, ainsi que l’existence d’importantes infrastructures économiques (banques, hôtels, campings, marchés, aéroport, gares routières…) sociales (centres sanitaires, éducatifs, sportifs, culturels, artistiques…) et sécuritaires.
Quels sont, à présent, les défis auxquels cette ville historique fait-elle face ?
Les défis de la commune d’Agadez sont aujourd’hui nombreux et énormes. Cependant, je vais vous en citer quelques-uns. Tout d’abord, il y a la question de la bonne gouvernance administrative, financière et domaniale de la commune ; la mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre du Plan de gestion des déchets; le manque de planification réaliste, la nécessité d’un renforcement de capacitations des réseaux de desserte en eau et en électricité. A cela s’ajoutent, le besoin de création des centres économiques avec des PME et PMI, pour circonscrire les problèmes de la pauvreté et de l’emploi; la nécessité d’accompagner significativement les besoins d’importants appuis aux secteurs sociaux de base, à savoir l’éducation, la santé, l’hydraulique et l’environnement.
Sur la question migratoire, il faut reconnaître que, ce phénomène a toujours constitué l’activité principale sur le plan économique depuis que le tourisme a cessé, surtout au niveau de la jeunesse. La migration a toujours été considérée comme une activité licite à Agadez. Donc avec la loi, il fallait créer des mesures compensatrices pour tous ces acteurs qui ont toujours vécu de la migration, c’est-à-dire qu’il faut un plan de reconversion de ces acteurs pour lutter contre la migration. C’est pour cette raison qu’on a tiré la sonnette d’alarme afin que des mesures urgentes et conséquentes puissent être trouvées très rapidement. Car, sans accompagnement économique local, l'activité des passeurs ne pourra pas être enrayée. Néanmoins des pistes pour relever ces multiples défis existent. Nous suggérons la révision du Plan de développent communal (PDC) et de l’adapter aux orientations du Conseil municipal ; la révision du Plan d’Investissement Annuel (PIA); l’organisation d’une table ronde des partenaires et investisseurs. Nous proposons aussi l’organisation des missions de prospection; l’invitation et la réception des missions des partenaires et la redynamisation du circuit de la diplomatie.
Dans le cadre de la lutte contre la migration clandestine, le Niger a bénéficié de plusieurs appuis des partenaires. Quel est l’impact de ces appuis sur la commune?
Objectivement, nous voyons des Organisations Internationales dans le domaine de la migration et ses effets connexes. Nous avions eu des foras et autres rencontres des acteurs de la migration, mais la commune d’Agadez ne fait que continuer à endosser les coups du flux migratoire qui a fait doubler sa population. Nous avons des projets qui attendent avec l’OIM. Ainsi, la commune d’Agadez a ficelé plusieurs projets de développement, nous attendons encore les partenaires notamment l’OIM et l’UNHCR. Le Conseil municipal de la commune urbaine d’Agadez a tenu les 13, 14, 15 et 16 décembre 2021, dans la salle de réunion de la mairie d’Agadez a adopté les budgets et le PIA exercice 2022. Ainsi le budget général est d’un milliard quatre cent soixante-quatorze millions cent mille francs (1.474.100.000) FCFA; le budget d’investissement est deux milliards deux cent soixante-quinze millions huit cent quatre mille cinq cent quarante francs (2.275.804.540) FCFA et un Plan d’Investissement Annuel (PIA) de dix–huit milliards trois cent quarante-deux millions trois cent trente-huit mille francs (18.342.338.000) FCFA. Notre Conseil Municipal a 23 grandes orientations qui sont en cours de mise en œuvre ou en traduction en stratégies. Nous attendons vivement l’accompagnement de l’Etat, des populations, des investisseurs et des partenaires au développement pour un développement harmonieux de la commune d’Agadez.
Interview réalisée par Mahamadou Diallo (Envoyé Spécial ONEP)
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Monsieur Garba, vous êtes fonctionnaire nigérien expatrié en Mauritanie. Depuis votre arrivée à Nouakchott vous consacrez votre temps libre à la communauté nigérienne en Mauritanie. Qu’est-ce qui a motivé cet activisme ?
Quand je suis venu en 2014, j'ai trouvé une communauté nigérienne dans laquelle, on peut dire, vivent deux sous-groupes. D'un côté les commerçants ultra- majoritaires et de l’autre les fonctionnaires qui étaient une dizaine. Au sein de cette communauté des fonctionnaires il y avait un certain M. Maï, un grand rassembleur qui travaille à l'UNICEF. Ce monsieur a consacré lui aussi une partie de son temps au profit de cette communauté dans sa globalité. Après une année il a quitté. Il n’y avait aucun problème de cohabitation entre les deux sous-groupes. Mais ils ne se fréquentaient pas régulièrement. Donc pendant son séjour, M. Maï a fait de son mieux pour créer les conditions de retrouvailles et de rapprochement des nigériens en Mauritanie en général et à Nouakchott en particulier.
Ainsi, après son départ, j’ai pris le relais. En réalité j’ai été touché, personnellement, ce qui m’a poussé à m'impliquer dans la consolidation et la promotion des acquis laissés par monsieur Maï. C’est ainsi que je me suis engagé aux côtés de la communauté des commerçants pour les rapprocher des fonctionnaires et vice versa. Donc avec l’appui des autres commerçants et fonctionnaires nous nous sommes battus pour établir un lien entre les deux. En réalité les commerçants ont appris les problèmes que certaines communautés rencontrent notamment, entre les deux sous-groupes. Donc c’est cette situation qui a inquiété les commerçants nigériens de s’éloigner des fonctionnaires. Nous nous sommes investis pour créer la confiance entre les commerçants et les fonctionnaires. Donc nous avons travaillé pour montrer à tous la nécessité de rester ensemble parce qu’à l’extérieur nous sommes une famille. Dans cette démarche nous avions bénéficié du concours du Consul honoraire.
Aujourd’hui comment se porte cette communauté ? Est-ce qu'il y'a une Association formelle qui vous réunit?
Par rapport à l’Association, les expatriés n'ont pas une organisation formelle à Nouakchott. Par contre il y'a un bureau de l'association des Nigériens qui résident à Mauritanie. Je suis le seul fonctionnaire expatrié qui siège dans ce bureau en tant que Secrétaire Général. Ma principale mission consiste à renforcer le rapprochement entre les deux sous-groupes. Aujourd’hui, ça se passe vraiment très bien. On n’a jamais eu de problèmes entre Nigériens. Certes il ne manque pas des petites incompréhensions qui se règlent facilement entre nous. Donc par la grâce d’Allah tous se passe bien.
Monsieur Garba est-ce que vous avez une estimation du nombre des Nigériens résidant en Mauritanie ou à Nouakchott ?
En 2017 dans la perspective de la participation aux élections qui se dessinaient pour 2020-2021, on avait estimé les Nigériens résident en Mauritanie à peu près 2700 personnes réparties dans toutes les régions du pays.
Quels sont les principales activités exercées par les Nigériens en Mauritanie ?
Les Activités dépendent des localités de résidence des personnes. Les principales activités dont personnellement je suis au courant sont de toutes sortes. A Nouakchott par exemple, la capitale politique, il y'a toute sorte d'activités. Particulièrement on trouve beaucoup de frères dans la boucherie, dans laquelle les Nigériens excellent. C’est vraiment très apprécié ici à Nouakchott. Beaucoup de Nigériens ont réussi à s’installer dans plusieurs quartiers. Partout où vous entendez parler de méchoui haousa, les gens apprécient non seulement la qualité de la viande mais aussi l'hygiène.
L’hygiène et la propreté sont l’un des aspects que les Mauritaniens apprécient chez les Nigériens dans leur lieu du commerce. Donc c'est la première activité que je peux dire. L’autre activité, c’est la vente des bijoux et articles précieux, mais aussi les herbes les plantes médicinales. Il y'a aussi ceux qui font du commerce général sans oublier les vendeurs des pièces détachées. D’autre part, il y’a des zones fréquentées par les Nigériens dans leurs aventures pour chercher de l'or. A l'intérieur du pays, il y a ceux qui vendent des habits et généralement les Nigériens s’accommodent à l'activité principale de leur région hôte.
Alors comment se passe la cohabitation avec la population du pays hôte ?
Les Mauritaniens et la communauté nigérienne cohabitent dans l’harmonie totale. Tout se passe à 99℅ dans de très bonnes conditions. Avant tout le Niger est un pays ultra musulman et la Mauritanie est une République Islamique. Cela facilite beaucoup la cohabitation. Aujourd’hui je peux vous l’affirmer, à notre connaissance il n’y a aucun Nigérien en prison ou en garde à vue en terre mauritanienne. Vous pouvez faire le tour des différents commissariats ou des différentes prisons de ce pays vous ne trouverez aucun Nigérien. Ça c'est un point que même les autorités mauritaniennes apprécient et le disent à nos autorités à chaque fois qu’elles sont en mission en Mauritanie ou au Niger. Les quelques fois qu'on apprend qu’un Nigérien est au commissariat, je peux aussi vous le dire, c’est un problème d’incompréhension et ça finit toujours par se régler. Même par mal chance si un Nigérien se trouve dans les mains d’une autorité, rassurez-vous que ce n’est pas lié à un délit. La communauté Nigérienne est l’une des plus disciplinées et respectueuses en Mauritanie. Nous vivons en parfaite cohésion avec le peuple mauritanien qui est un peuple frère.
Avez-vous des difficultés particulières que vous souhaitez faire connaitre ?
Les problèmes que les Nigériens rencontrent généralement sont liés aux papiers, notamment la carte de séjour. C’est pourquoi, nous plaidons pour la création d’une ambassade ici ou d’un consulat de plein pouvoir. C’est cette fameuse carte de séjour qui pose beaucoup plus de problème.
Je vais ouvrir une parenthèse parce que de nos jours tous nos pays sont des pays de passage pour la migration. Connaissant les risques liés à la traversée de l'océan de manière illégale, l’association des Nigériens qui résident en Mauritanie a depuis 2016 et ce malgré ses moyens limités (cotisations entre nous), mené une sensibilisation de proximité et a réussi à dissuader des candidats à la traversée de l’océan. On a réussi à les retenir, à les installer et à les intégrer. Aujourd’hui beaucoup d’entre eux ont trouvé un métier. L’Association a loué un appartement avec trois chambres pour que tous les nouveaux venus puissent être hébergés pendant deux à quatre semaines. Nous profitons de ce moment pour les sensibiliser et les assister aussi à intégrer leurs frères Nigériens.
Dans d’autres pays des Nigériens s'adonnent par exemple à la mendicité ; est-ce qu'en Mauritanie on trouve des nigériens dans ce genre d'activité ?
Certes dans toute population, il ne manque pas de personnes nécessiteuses ou vulnérables du fait de plusieurs conditions. Mais je peux dire Alhamdoulillah pour le cas de la Mauritanie. Ici à Nouakchott où on trouve le plus grand nombre de Nigériens, il n'y a aucun mendiant nigérien. Malgré la situation de vulnérabilité et de précarité pour d’autres, les gens s'organisent à l'interne pour s’entraider autant qu’ils le peuvent. Mieux, à cause de la Covid19, nous expatriés avec quelques commerçants avons l'habitude à chaque veille de ramadan de faire des cotisations pour cibler les Nigériens les plus vulnérables à qui nous apportons des aides.
Avez-vous un message particulier ou un appel ?
Je vais commencer par le niveau inférieur pour nous qui sommes ici. C’est un appel à l’union des forces et à la solidarité. Nous qui sommes déjà là, il faut qu'on sache que nous sommes dans un pays étranger et nul n'est censé ignorer la loi. On doit tous œuvrer au respect la loi du pays hôte. A l'endroit des expatriés, c’est de continuer à comprendre davantage nos frères qui sont généralement illettrés pour les aider à respecter la loi du pays d’accueil. A l'endroit de l'État c’est de trouver les moyens pour simplifier la tâche aux Nigériens par rapport à l'obtention de la carte de séjour. Ça sera un grand soulagement pour la population nigérienne résidant en Mauritanie. Et je ne finirai pas sans souhaiter vraiment la paix pour tous les pays en difficultés particulièrement le Niger.
Propos recueillis par Ali Maman(onep), envoyé spécial
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Président de l’ONG Alternative Espace Citoyen
De parents paysans kanouris, Moussa Tchangary est né à Nguimi en 1969. Bac littéraire en poche, il fait des études de philosophie à l’université de Niamey et milite dans le mouvement Organisation révolutionnaire pour la démocratie au Niger.
Puis il devient journaliste à LaTribune du peuple et à la gazette satirique Moustique. C’est dans les locaux d’Alternative Espace Citoyen, le mouvement de la société civile qu’il dirige, qu’il nous a reçu.
JEUNE AFRIQUE: Quel bilan faites-vous de la gouvernance de Mahamadou Issoufou?
MOUSSA TCHANGARY: Je déplore le bradage de notre souveraineté. Je suis indigné que nos richesses profitent d’abord à de grands groupes extérieurs. Et le pouvoir est de plus en plus confisqué par un seul homme!
Il y a pourtant des élections libres, une opposition?
Le Niger est une démocratie encore très superficielle, qui n’est pas achevée. L’opposition est à la peine, elle essaie de se battre, mais le régime tente de la diviser.
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Professeur pour parler des villes, on constate que Niamey, la capitale du Nigerconnait une urbanisation accélerée ces dernières années. Quel commentaire vous inspire cette situation ?
Une des problématiques des villes africaines, surtout des villes capitales, c’est la rapidité de leur croissance démographique et spatiale. A titre illustratif, en 1960 Niamey ne comptait que 30.000 habitants et couvrait une superficie de 860 ha. Aujourd’hui, c’est-à-dire 62 ans plus tard, elle compte, selon les statistiques de l’INS, plus de 1.300.000 habitants, voire davantage selon d’autres sources. Aujourd’hui son espace urbain s’étend sur 30.000 ha. Elle a donc dépassé la surface attribuée à la ville qui est de 237 km2. Autrement dit en 62 ans, la population a été multipliée par 43 et l’espace urbain par 35. C’est un rythme trop rapide pour doter notre ville capitale de l'ensemble des infrastructures collectives nécessaires à la vie quotidienne des Niaméens.
Et qu’est-ce qui explique cette croissance fulgurante ?
Plusieurs facteurs expliquent cette croissance démographique. Il ya dans un premier temps l’exode rural qui est un flux continue de jeunes qui quittent leurs villages pour venir s’installer en ville. A ce flux s’ajoute un deuxième facteur qui est aujourd’hui le plus important. Il s’agit de la croissance démographique naturelle qui est aussi élevée à Niamey qu’à l’intérieur du pays. Elle est de l’ordre de 3,9% par an. Le troisième facteur, c’est que dans son extension, Niamey annexe les villages périphériques. Ce sont ces trois facteurs surtout qui contribuent à augmenter la population et la surface. Notons aussi que l’étalement urbain est aussi dû au mode de construction qui est horizontal, c’est-à-dire qu’on a surtout des maisons à rez-de-chaussée qui consomment beaucoup d’espace. La densité de population est de ce fait est très faible. Ce qui entraine un étalement urbain et une occupation de l’espace qui n’est souvent pas très rationnelle. Voilà en résumé ce qui explique l’étalement de la ville de Niamey.
Professeur pouvez-vous revenir sur les critères ou les conditions qu’il faut réunir pour qualifier une entité de ville ?
Les critères pour définir une ville, c’est d’abord une agglomération des personnes. Selon l’INS, peut être qualifiée de ville toute agglomération d’au moins 2000 habitants. A ce critère de population, on en ajoute d’autres critères tels que les fonctions, la morphologie, etc. Pour l’ONU la ville doit compter au moins 10.000 habitants. Ce seuil n’est pas respecté à l’échelle des pays. La définition de la ville dépend aussi des domaines de formation, par exemple pour les sociologues c’est un lieu de maximisation des relations, pour les géographes c’est la locomotive dans l’aménagement d’un espace, pour les économistes, c’est un marché. Donc les critères sont définis selon les domaines de formation.
S’il y’a une problématique qui préoccupe les citoyens de nos jours, notamment à Niamey, c’est cette question de viabilité de la ville en général et des quartiers en particulier. Selon vous qu’est-ce qu’il faut pour rendre ses quartiers plus viables ?
Au début je disais il y’a la rapidité de la croissance démographique et spatiale. Par exemple, une ville comme Niamey double sa population tous les 15 ans, c’est un rythme qui est trop rapide. Cela veut dire que tous les 15 ans, il y‘a un nouveau Niamey qui se construit tout autour de l’ancien Niamey. Autrement dit, si on veut garder le même taux de scolarité, il faut créer le même nombre d’infrastructures qu’il y’a dans l’ancien Niamey tous les 15 ans. S’il ya aujourd’hui 100 écoles primaires dans la ville, dans les 15 ans à venir il faut en créer 100 autres dans le nouveau Niamey, sans penser à améliorer le taux de scolarisation. Parce que si on veut améliorer ce taux au lieu de 100 on doit construire 150 ou 200. C’est la même réflexion à faire pour la santé, pour l’approvisionnement en eau potable, en électricité, pour les routes. Cette projection n’aborde pas la réhabilitation de l’existant qui a aussi un coût.
Quel sera selon vous l’impact d’un tel investissement ?
Le rôle de la municipalité, c’est d’offrir à sa population un bon cadre vie nécessaire à son épanouissement. Ce cadre de vie doit être agréable donc viabilisé. C’est un droit du citoyen d’avoir de bonnes routes, des collecteurs d’eau fluviale, des centres sanitaires de proximité, des écoles et des centres de formation de proximité et de qualité. Ces infrastructures de proximité vont diminuer la mobilité et donc la congestion du centre-ville. Parce que ce qui se passe ici, toute la ville, le matin, se dirige vers le centre-ville, ce qui crée des embouteillages qui ont un coût pour les ménages et pour la ville. Ces embouteillages engendrent aussi de la pollution, des accidents, etc. La ville de Niamey doit nécessairement effectuer des investissements démographiques (écoles, santé, logement, marchés, routes, etc.) pour offrir à sa population un meilleur cadre de vie surtout à la population résidant dans ses périphéries.
Professeur, revenons aussi à cette actualité qui est la récurrence des inondations dans la ville de Niamey. Qu’est-ce qu’il faut selon vous pour améliorer cette situation ?
La première chose, c’est de respecter le fonctionnement des sous bassins. Par exemple quand vous prenez «Gountiyéna» qui draine une quantité importante d’eaux pluviales vers le fleuve, dans les années 1960 jusqu’à fin 1980, il y’avait des jardins dont l’avantage était de fournir des fruits et légumes mais également de la fraîcheur et de pomper des eaux de sous-sol et avec lesquelles on arrosait les arbres fruitiers. Par la suite les autorités municipales ont empêché le jardinage à cause des maladies hydriques qu’on peut contracter en consommant les légumes produit dans ce talweg. Après avoir interdit cette activité, la vallée du «Gountiyéna» fut morcelée. Aujourd’hui la nappe ne désemplie plus. Ceux qui ont construit dans le lit sont inondée chaque année pendant plusieurs mois. Sur la rive droite la population a construit sur les voies de l’eau. Elle a donc pris le risque de provoquer ce qui est beaucoup plus forte qu’elle car elle (l’eau) reprendra tôt ou tard son dû.
Professeur est-ce que vous-êtes associé dans toutes ces réflexions qui visent l’amélioration du cadre urbain ?
Nous à l’Université, nous menons nos réflexions sur les préoccupations des populations pour produire de la connaissance à travers nos articles scientifiques qui sont disponibles à l’Université mais également sur internet. Mais la ville nous associe rarement à ses réflexions. Mes collègues de l’IRSH ont une fois, officiellement, bénéficié d’une étude sur la toponomie de la ville. Mais de manière générale les autorités de la ville font appel à des cabinets d’études pour leurs réflexions. Nos réflexions ne sont malheureusement pas concertées. C’est dommage car nous avons des Enseignants-chercheurs et des étudiants qui, dans le cadre de leur mémoire de licence, de master et de doctorat, peuvent contribuer à la connaissance des enjeux urbains au Niger. Pour l’instant nos réflexions sont guidées parce que nous voyons, nous constatons. Les résultats de ces réflexions sont disponibles à l’Université Abdou Moumouni. La ville peut les exploiter.
Enfin, quelles sont selon vous les perspectives pour la ville de Niamey ?
Je crois que Niamey est une belle ville. Il faut réfléchir ensemble pour savoir quel est le modèle de ville que nous voulons pour le futur. Parce que penser qu’on va faire de Niamey Paris est une utopie car elle n’aura pas d’âme. On a besoin de réfléchir ensemble avec les populations pour définir ce que nous voulons comme ville. Pour la mobilité par exemple j’ai l’impression qu’on a choisi la facilité en optant sur le tout automobile et moto. Or le tout automobile nécessite beaucoup d’espaces en termes de voix de circulation et de parking. Est-ce qu’il n’est pas mieux d’essayer le transport en commun et en profiter pour mieux organiser le transport collectif traditionnel actuel, afin que beaucoup plus de personnes puissent se déplacer sans beaucoup de difficultés, dans de meilleures conditions et à un coût beaucoup plus abordable ?
Propos recueillis par Ali Maman(onep)
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Dans le souci de donner une bonne visibilité à l’action gouvernementale, mais aussi pour lever l’équivoque sur certaines questions brûlantes de l’actualité, le Premier ministre, Chef du gouvernement, SEM. Ouhoumoudou Mahamadou, a accordé, vendredi dernier, une interview aux Rédactions de Télé Sahel (ORTN) et à l’ONEP. Dans cette grande interview qui aura duré 1 heure 17 mn d’horloge, le Chef du Gouvernement a répondu, sans ambages, aux questions des deux journalistes de Télé Sahel et de l’ONEP sur presque tous les domaines de la vie socio-économique et politique nationale, ainsi que sur certaines questions qui dominent la chronique.
C’est ainsi que le Premier ministre a largement abordé des questions ayant trait aux principales réalisations faites par le gouvernement dans le cadre de la mise en œuvre de sa Déclaration de Politique Générale inspirée du Programme de renaissance Acte 3 du Président de la République, mais aussi les défis rencontrés dans la mise en œuvre de ces actions. Des points aussi importants que celui de la bonne gouvernance ont été également au centre de cet entretien. Il s’agit notamment de la lutte contre la corruption et l’impunité, avec en toile de fond le traitement de grands dossiers comme celui du Ministère de la Défense Nationale et l’affaire dite ‘’Ibou Karadjé’’.
Dans le domaine économique, le Premier ministre s’est exprimé sur les nouvelles initiatives prises en matière de mobilisation des ressources internes dont l’instauration de la facture certifiée, ainsi que sur la mise en œuvre des grands projets structurants comme la construction du pipeline Niger-Bénin, le Projet Kandadji et la construction des centrales thermiques et photovoltaïques, etc.
S’y ajoutent d’autres questions d’importance capitale relatives aux secteurs sociaux comme l’éducation, la sécurité, la santé, les actions entrant dans le cadre des préparatifs et le suivi de la campagne agricole en cours, la gestion de la période de soudure et des inondations, la dynamisation de l’administration publique etc...
Sur les questions politiques, le Premier ministre a éclairé l’opinion nationale sur la volonté du gouvernement de créer les conditions d’un climat politique apaisé. Ce qui l’a amené à se prononcer sur cette rumeur persistante faisant état d’éventuelles négociations en cours entre le PNDS Tarayya et le parti Moden FA Lumana, voire entre le Président de la République, SEM. Mohamed Bazoum et M. Hama Amadou.
(Nous reviendrons avec l’intégralité de cette grande interview dans nos prochaines éditions).
Assane Soumana(onep)
27 septembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Monsieur le président de la Délégation Spéciale, la ville de Maradi a évolué ces dernières années. Quelles sont ses particularités actuelles?
En termes d'évolution Maradi a toujours été une ville commerciale. De ce point de vue, ça a toujours été une tradition. Au-delà de cette activité, il y'a l'agriculture et l'élevage. Depuis notre installation, on s'est attelé à privilégier les autres activités que sont l'agriculture et l'élevage. De ce point de vue, c'est assez particulier de ce qui se faisait dans le passé.
Dernièrement, le grand voisin du Sud qu'est le Nigeria a décidé de fermer unilatéralement sa frontière avec le Niger. Quelles sont les conséquences de cette fermeture sur les activités économiques de la ville?
Les conséquences de cette fermeture sont évidentes et très perceptibles. Evidentes en ce sens que par rapport à l'activité économique, on sent une différence nette entre le moment où les frontières étaient ouvertes et maintenant. Le niveau d'activités est relativement bas, ça c'est un aspect physique et observable. Le deuxième aspect de la ville est certainement les commerçants ou bien les opérateurs économiques qui voient leurs marges de bénéfices réduites et la ville qui observe une diminution drastique de ses recettes fiscales en lien avec cette baisse importante de l'activité économique.
Cela a-t-il une conséquence sur les prix des denrées de premières nécessitées?
Effectivement! A partir du moment où le Nigeria a fermé ses frontières et du fait de la fermeture des frontières avec les autres voisins du Niger pour cause sanitaire, il n'y a plus d'entrées constantes des marchandises, malgré l’autorisation dont elles bénéficient. La baisse de l'offre sur le marché crée une incidence financière sur le coût des denrées alimentaires.
A un moment, une partie de Maradi a connu des périodes d'insécurité. La ville de Maradi a-t-elle ressenti les conséquences de cette insécurité et comment s'est-elle organisée pour y faire face?
Nous n'étions pas directement concernés par cette insécurité, mais avions souffert des conséquences indirectes de cette situation sécuritaire. Les conséquences se ressentent moins à Maradi, sur le plan sécuritaire. C'est surtout en termes de dépravation des mœurs, aussi bien pour les filles que les garçons, que cela se ressent dans la ville de Maradi à cause du désœuvrement de la jeunesse. A part quelques faits sporadiques qui troublent l'ordre public, la ville de Maradi n'a pas de situation sécuritaire particulière.
Qu'est-ce qui explique cette dépravation des mœurs et quelles sont les dispositions prises pour y remédier?
Il y'a un certain nombre de causes qui explique cela. La première cause reste la fuite de responsabilité des parents. A l'époque, un voisin peut régler un contentieux entre des enfants du quartier sans se soucier de ce que penseraient leurs parents. Aujourd'hui, les parents eux-mêmes n'arrivent pas à remettre leurs enfants, au cas où ils s’y écartent, sur le droit chemin, à plus forte raison le voisin du quartier. Vous comprendrez que dans ces conditions, les enfants sont devenus quasiment leurs propres maîtres. C’est de ce point de vue qu'il y'a une conséquence négative qui accentue la dépravation des mœurs.
Le deuxième aspect est l'éducation: plus vous avez la chance de perdurer dans le système éducatif, plus vous avez des chances de vous comporter correctement dans la société. Et vice versa. Ceux qui n'arrivent pas à s'accrocher au système éducatif sont laissés à eux-mêmes, malgré les efforts des autorités, des ONG et des projets pour récupérer les nombreux enfants déscolarisés. Cette offre étant minime par rapport aux besoins réels, on ne ressent pas sur le terrain les résultats de ces actions et cela pénalise la société.
De notre côté, notre stratégie consiste à aller vers les parents pour dialoguer avec eux et d'agir pour que les écoles de formations professionnelles puissent récupérer ces enfants afin de leur offrir un cursus autre que celui ordinaire enseigné dans les établissements scolaires.
La région de Maradi est citée en exemple dans la gestion de la pandémie à coronavirus COVID-19. Quelles sont les mesures adoptées par la ville pour prévenir cette maladie?
Il y'a d'abord eu un effort régional soutenu par les autorités administratives, coutumières et sanitaires. La ville constitue une sorte de centre névralgique de la région, à partir de laquelle un phénomène peut être amplifié pour atteindre les départements. On a donc mis l'accent sur le contrôle sanitaire des frontières de la ville de Maradi, en plus du contrôle des frontières régionales mis en place par les autorités régionales. Il y'a aussi eu un suivi efficace des contacts liés aux premiers cas de la COVID-19. Ce suivi strict et très poussé des contacts a permis de contenir très rapidement la propagation de la maladie.
Les autres aspects sont liés à la sensibilisation et à la gestion sociétale de la ville au cours de cette période qui, je rappelle, n'est pas derrière nous. On a mis à profit aussi bien les leaders religieux que les chefs traditionnels avec lesquels on a constitué une équipe, sous l'accompagnement des forces de défense et de sécurité. On a ainsi mis en place un système de sensibilisation permanente des populations sur les risques liés à la propagation de la COVID-19. La ville de Maradi a aussi été très stricte sur la mise en œuvre des mesures prises par le gouvernement, ce qui nous a permis de juguler l'évolution de la maladie.
D'un autre côté, on a mis en avant le dialogue dans nos activités de sensibilisation. Grace à un dialogue franc, nous avons fait intervenir le maximum de parties prenantes. Cette expérience nous a démontré, une fois de plus, que si les gens ont droit à la parole alors, ils sont plus susceptibles de contribuer à trouver une solution globale. C'est en réalité la conjugaison de tous ces efforts qui est à la base de la maitrise de la situation sanitaire dans la ville de Maradi en particulier, et dans toute la région en général.
Dernièrement, la ville de Maradi est devenue un pôle d'attraction pour les institutions d'enseignement supérieur. Qu'est qui pousse les universités à s'installer surplace?
La première fois où j'ai été surpris, c'est lorsque le Gouverneur disait qu'il existe 155 complexes scolaires privés rien que dans la ville de Maradi, en dehors des complexes scolaires publics et des autres établissements publics d'enseignement. En dehors de l'université Dan Dicko Dan Koulodo, il y'a également un certain nombre d'universités et d'instituts de commerce,
d'administration et d'écoles professionnelles. Nous sommes en contact actuellement avec des partenaires du Nigeria pour l'installation d'une université bilingue. Curieusement, on était en contact avec un autre partenaire du Nigeria pour la création d'une école bilingue pour les niveaux élémentaire et secondaire.
L'un des aspects particuliers de la ville est la demande en enseignement supérieur. En plus de cela, nous nous battons chaque jour, en tant qu'autorité de la ville, pour appuyer le système scolaire dans la mesure de nos prérogatives et pour accompagner le développement socioculturel de Maradi.
La fraude des hydrocarbures est très présente dans la ville de Maradi. Quelles sont les dispositions prises pour y remédier?
C’est malheureusement un problème extrêmement sérieux. Elle n'est pas spécifique à la ville ou à la région de Maradi, mais à l’ensemble du pays, de par sa disponibilité. Les solutions à apporter ne sont pas forcément locales. On est confronté à un dilemme: "organiser un peu" ces commerçants qui vivent de la fraude ou prendre des dispositions contre eux au risque de les retrouver plus tard en train d'animer l'insécurité. A mon avis, la solution à ce problème se trouve à un niveau supérieur où le prix du carburant doit être en quelque sorte le régulateur de cette fraude. Tant que la marge entre le prix à la pompe et le prix sur le marché est extrêmement élevée, je pense que ça va être difficile de combattre la fraude.
Votre mot de la fin?
Le plus grand problème de toutes les communes du Niger, depuis la période de la démocratie jusqu'à nos jours, est l'incivisme fiscal. On a beau dire à la population que nous gérons leurs ressources financières le mieux possible et de façon stricte en les investissant dans des zones ou dans des domaines d'importance générale qu'ils choisissent eux-mêmes, on a toujours des difficultés à faire évoluer la mentalité des populations. Je pense que c'est un véritable problème pour les futures autorités municipales.
Face à la persistance du phénomène de l’incivisme fiscal, l'Etat doit accompagner les communes à avoir un mécanisme efficace de prélèvement des impôts et taxes, jusqu'à ce que les gens comprennent qu'ils ont l'obligation morale de contribuer à leur propre bien-être. C'est avec leurs impôts qu'on construit la ville, qu'on cherche des financements ailleurs, etc. Il faut nécessairement que les mentalités changent et qu'on trouve un mécanisme de fidéliser la population pour qu'elle se prenne en charge par rapport à son propre destin. Le reste, c'est vraiment du ressort du contrôle pour assurer une utilisation rationnelle et orthodoxe de cet argent dans le cadre d'une bonne gestion des autorités de la ville.
Réalisée par Souleymane Yahaya, envoyé spécial(onep)
30 octobre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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La fraude est juridiquement une infraction assimilée à la corruption selon l’ordonnance n°96-27 du 6 juin 1996 déterminant et réprimant les fraudes aux examens et concours au Niger. Dans cette interview, le président de la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA), M. Abdourahamane Gousmane, a tout d’abord rappelé les sanctions prévues par la loi en cas de fraude aux examens et concours avant d’évoquer les actions que comptent mener l’Institution pour juguler ce phénomène afin de garantir une transparence à l’admission des examens et concours.
Monsieur le président, qu’est- ce qu’on entend par fraude plus précisément en milieu scolaire ?
Sont considérés comme fraudes dans les examens et concours les actes suivants : la livraison ou la communication, avant ou pendant les concours et examens du sujet de l’épreuve ou de son corrigé, à toute personne non autorisée ; l’appropriation par fraude, achat ou effraction, avant ou pendant le concours ou l’examen du sujet de l’épreuve ou de son corrigé ; l’usage des pièces fausses ou falsifiées telles que les diplômes, attestations, certificats de scolarité, extraits de naissance ou de jugements supplétifs en tenant lieu, certificats de nationalité, pièces d’identité ou toutes autres pièces exigées. Il y a aussi la substitution d’une tierce personne au véritable candidat; la substitution d’une copie à une autre ; la consultation de tout document non autorisé ou de copie d’un autre candidat pendant le déroulement des épreuves ; toute marque ou signe particulier facilitant l’identification du candidat par le correcteur ; la falsification de la note obtenue par un candidat ; la communication ou l’appropriation des codes d’anonymat par des personnes non autorisées ; la falsification des résultats des délibérations des jurys.
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Le Vice-président de la Société Financière Internationale (SFI), M. Sergio Pimenta, a effectué une mission de 72 heures au Niger où il a procédé, le mardi 14 septembre dernier, à l’inauguration d’une représentation permanente de la SFI au Niger. Dans cette interview exclusive qu’il a accordée à l’ONEP, M. Sergio Pimenta dresse le bilan de sa mission au Niger. Il évoque aussi les relations entre la SFI et le secteur privé nigérien. L’appui au relèvement des économies africaines post-Covid, les critères d’accès aux prestations de la SFI, l’impact de la situation sécuritaire sur le secteur privé, les changements attendus et les opportunités qui se profilent pour le secteur privé nigérien avec l’ouverture de la représentation permanente de la SFI à Niger, sont entre autres les questions abordées dans cet entretien.
Vous venez d’effectuer une visite de travail au Niger où vous avez eu des échanges avec les autorités au plus haut sommet de l’Etat. Quelles sont les principales conclusions qu’il faut retenir de cette mission ?
Je suis très heureux de revenir à Niamey où j’ai eu une visite très fructueuse. En effet, j’étais déjà venu ici, il ya trois ans. Depuis lors, je n’ai pas pu revenir au Niger à cause de la pandémie de la Covid 19. La Société Financière Internationale est membre du Groupe de la Banque Mondiale qui se focalise sur le secteur privé. Je suis donc venu pour voir dans quelles conditions la SFI peut aider le secteur privé nigérien. Le but de cette mission est aussi de voir comment nous pouvons accroître nos engagements, accroître nos opérations et notre impact à travers le soutien du secteur privé nigérien. J’ai eu l’opportunité de rencontrer le Chef de l’Etat, M. Mohamed Bazoum, le Premier ministre, différents membres du gouvernement ainsi que les acteurs du secteur privé et les partenaires de développement avec qui nous avons fait le point sur nos engagements, sur nos opérations et voir comment nous pourrons soutenir davantage le Niger.
Pour aider les Nigériens à mieux connaître votre institution est-ce que vous pouvez nous la présenter davantage et surtout nous édifier sur vos domaines d’intervention et les conditionnalités d’accès à vos services?
Comme je l’ai dit, la Société Financière Internationale est un membre du Groupe de la Banque mondiale. Nous sommes donc une institution de développement qui apporte des financements aux entreprises du secteur privé et qui apporte également des solutions de conseil et d’assistance technique au secteur privé, mais également au gouvernement sur les questions de développement du secteur privé. Nous apportons donc du financement à long terme. ça peut être des prêts, des investissements en capital, des garanties et d’autres instruments dans le but d’aider au développement des entreprises du secteur privé afin qu’elles puissent créer des emplois, de l’activité économique, des opportunités pour les Nigériens et les Nigériennes.
«L’ouverture de notre bureau permanent à Niamey va fortement augmenter notre présence en termes d’opérations, d’impacts et de créations d’emplois qui constituent nos priorités ici au Niger»
Par le passé, nous avons soutenu par exemple un certain nombre de banques nigériennes avec des lignes de partage des risques qui sont destinées aux petites et moyennes entreprises (PME). Grâce à ces opérations nous avons pu soutenir presque 400 PME nigériennes qui ont bénéficié de nos appuis. Nous avons également déployé de l’assistance technique par exemple dans le secteur de l’irrigation pour aider les agriculteurs à mieux exploiter leurs terres et donc à améliorer la productivité de leurs cultures. Nous avons aussi soutenu le gouvernement au niveau des réformes du climat des affaires pour encourager à avoir un secteur privé qui peut se déployer de façon plus performante dans le pays.
Vous avez inauguré, le mardi dernier, votre bureau au Niamey. Qu’est-ce qui a motivé le choix de la SFI à ouvrir une représentation permanente au Niger et qu’est ce qui va changer dans vos interventions ?
Un des points clés de ma visite au Niger était effectivement l’ouverture de notre bureau permanent ici à Niamey. J’étais très heureux d’être là pour cette opportunité. Le bureau de Niamey est dirigé par Mme Awa Coulibaly qui est notre représentante ici. A travers ce bureau, nous voulons avoir une présence sur place. Cela va permettre de faciliter le dialogue avec les entreprises privées. De par le passé les entreprises privées qui voulaient travailler avec nous étaient contraintes de prendre contact à Dakar, à Accra ou dans d’autres capitales où nous sommes présents parce que justement il n’y avait de représentation à Niamey.
C’est dire donc qu’avec un guichet ouvert ici à Niamey, il sera plus facile pour ces entreprises nigériennes d’entrer en contact avec nous. Cela va permettre également d’accroître le dialogue avec les autorités, avec les partenaires de développement, avec la société civile de manière à ce qu’on puisse être justement plus présent, plus proche de nos opérations. Et je pense quel’ouverture de notre bureau permanent à Niamey va fortement augmenter notre présence en termes d’opérations, en termes d’impacts et en termes de créations d’emplois qui constituent nos priorités ici au Niger.
Au Niger comme partout en Afrique, le secteur privé a été durement impacté par la pandémie à Covid 19. Existe-t-il au niveau de la SFI des initiatives particulières qui ont été prises pour aider au relèvement de ce secteur ?
Comme on le sait, cette pandémie a eu des impacts, non seulement au niveau sanitaire, mais également des impacts économiques directs et indirects. Il y’a eu des impacts au niveau de la chaine de distribution, sur les importations, sur les accès aux produits et matières premières, etc. Et ces impacts ont été considérables. A la SFI nous avons, dès mars 2020, déployé un certain nombre d’outils pour répondre à cette crise. Le premier outil que nous avons déployé était une facilité de 8 milliards de dollars américains pour apporter immédiatement de la liquidité à nos partenaires existants en vue de les aider à répondre à cette crise. Le deuxième outil que nous avons déployé était une réponse de stabilisation pour aider les entreprises à se stabiliser. Nous avons ensuite beaucoup travaillé sur ce que nous appelons une phase de reconstruction, donc une phase de redémarrage pour aider les économies africaines à se redéployer.
J’aimerai citer ici deux axes qui sont extrêmement importants. Il ya la santé où nous avons investi, pendant l’année fiscale dernière, un (1) milliard de dollars américains en Afrique, y compris pour le soutien au développement de vaccin sur le continent africain. Nous avons également fourni de gros efforts dans le développement de l’économie numérique où nous avons investi plus d’un (1) milliard de dollars dans le secteur des télécommunications et des industries des nouvelles technologies. Cela parce que c’est une grosse nécessité pour les entreprises d’avoir accès à une économie numérique dans un contexte où les gens sont obligés de rester plus chez eux et ont moins la possibilité de se rencontrer.
Quels sont les critères d’éligibilité aux appuis de la SFI ?
Le premier critère pour une entreprise, c’est qu’il faut être du secteur privé. Elle peut être nationale, régionale, ou étrangère. Nous sommes ouverts à différents types de sociétés. Ensuite, les entreprises doivent avoir des projets d’investissement, de développement qui soient des projets qui répondent aux critères financiers. Il faut qu’elles soient des entreprises qui ont une vision d’être stables dans la durée, mais également qui soient prêtes à se conformer aux questions environnementales et sociales. Bref des entreprises qui remplissent nos critères de qualité.
Nous savons très bien que ces critères ne sont pas toujours faciles à atteindre. Donc nous travaillons avec les entreprises pour qu’elles se développent et qu’elles atteignent ces critères là. Il ne faut donc pas attendre que tout soit selon les critères exigés, mais on peut commencer un dialogue et on peut aider les entreprises à développer leurs critères environnementaux, sociaux, leur gouvernance, la tenue de leurs comptes, etc. Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir des entrepreneurs qui soient dynamiques et motivés, qui veulent créer des emplois et qui veulent créer de l’activité économique. Si c’est cela leurs intentions, nous sommes là pour les soutenir.
Comment voyez-vous l’évolution du secteur privé nigérien et comment la SFI entrevoit les perspectives dudit secteur?
Dans des pays comme le Niger, je vois de grandes opportunités de développement et en particulier celui du secteur privé. Le Niger est un pays qui a de nombreuses ressources et qui a une capacité de se développer. Nous savons pertinemment qu’il y a des grands besoins. Mais je sais qu’il ya de réelles opportunités et je pense qu’avec le bon climat des affaires, avec le développement d’un dialogue fort entre le secteur public et le secteur privé, on peut transformer ces opportunités. Nous venons par exemple de lancer un appel d’offre pour un projet Scaling Solar qui va apporter de l’énergie renouvelable au Niger à un coût très bas. Ces genres de projets d’amélioration des infrastructures vont permettre un meilleur développement du secteur privé nigérien. Donc je vois des opportunités et la SFI est là pour soutenir les entreprises privées nigériennes.
Les objectifs de développement dans les pays du Sahel sont contrariés par la situation sécuritaire actuelle. Quelle réponse la SFI compte-elle apporter au regard de ce contexte difficile ?
Un aspect important justement de nos engagements ici, c’est la dimension régionale. Nous voyons que les défis que le Niger rencontre sont semblables à ceux des autres pays du G5 Sahel. C’est pourquoi nous avons entamé, avec nos collègues de la Banque mondiale, un effort particulier pour soutenir les pays du Sahel. Nous connaissons la situation sécuritaire et nous croyons qu’un développement économique et social fort va permettre de créer des opportunités pour que les populations du Sahel puissent avoir une qualité de vie qui continue à s’améliorer et qui soit un bon résultat du développement. Nous nous focalisons sur l’aspect du développement économique pour contribuer à répondre à la problématique sécuritaire du moment.
Réalisée par Assane Soumana et Siradji Sanda(onep)
16 septembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Quels ont été, selon vous, les points saillants des relations Niger-Chine jusqu’à présent et comment aimeriez-vous voir cette relation se développer à l’avenir?
Les points saillants des relations Niger-Chine s’articulent autour de trois points essentiels à savoir : les relations politiques bilatérales caractérisées par des échanges de haut niveau ; les relatons économiques et commerciales ainsi que la coopération technique entre les deux parties ; les échanges et coopération en matière culturelle, éducative, sanitaire et médiatique et enfin les conventions et dossiers bilatéraux et même à certains égards multilatéraux dans le cadre du Forum de coopération sino-africaine et les affaires internationales.
En effet, depuis juillet 1974 date de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et le Niger, presque tous les grands projets du Niger sont réalisés par la Chine. L’on peut citer entre autres : le stade omnisport de Niamey qui est une réalisation emblématique de la coopération chinoise; le pont de l’amitié Chine-Niger (2ème pont) ; les échangeurs ; les routes annexes ; l’hôpital général de référence, deuxième (02) pont sur le fleuve Niger à Niamey en cours de réalisation, l’approvisionnement en eau potable dans la ville de Zinder, un projet de ligne d’extension électrique Soraz-Zinder, Maradi Malbaza, construction de logements sociaux.
La visite d’Etat effectué par SEM le Président de la République a donné la couleur. La signature du mémorandum d’entente entre les Gouvernements nigérien et chinois sur la promotion conjointe de la ceinture économique de la route de la soie et de la route de la soie maritime du 21ème siècle, le mémorandum d’entente sur la mise en œuvre des initiatives économiques et commerciales dans le cadre des huit initiatives majeures annoncées lors du sommet de Beijing du FOCAC sont autant de leviers pour le renforcement des relations de coopération entre les deux pays en terme de perspectives. Ces initiatives concordent parfaitement avec le plan de développement du Niger, le PDES 2017-2021.
Vous savez que l’initiative de la ceinture et la route est devenue un véritable pont mondial visant à intégrer les économies de manière globale, de manière à permettre de réaliser un destin commun pour l’humanité.
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A l’occasion de ce 59ème anniversaire, madame la ministre, quel est votre message à l’endroit du Personnel et des auditeurs de la Voix du Sahel ?
A l’endroit du Personnel tout d’abord, c’est un message de félicitations et d’encouragements. Car le travail remarquable que ce personnel abat quotidiennement, avec professionnalisme et dévouement, mérite bien d’être salué. Surtout au regard aussi du rôle prépondérant que joue la Radio nationale, à savoir porter le plus loin possible la communication publique du gouvernement afin d’amener les populations à adhérer massivement au programme de développement mis en œuvre par le gouvernement. Aujourd’hui, la Radio nationale, qui a vu le jour voici presque 60 ans, a bien évolué et son champ de couverture va au-delà de nos frontières, avec un nombre important d’auditeurs dans des pays comme le Nigéria, la Côte d’Ivoire ou encore le Cameroun. C’est dire que la Voix du Sahel constitue un outil essentiel pour la mise en œuvre du Programme de Renaissance Acte II.
Madame la ministre, vous avez tout récemment affiché vos ambitions pour promouvoir les organes de presse publics ; qu’en est-il de l’ORTN précisément ?
Les organes de presse publics, notamment l’ORTN, prennent une part active, aux côtés de la presse privée, des médias communautaires et de la presse en ligne, à l’information et à la sensibilisation de l’opinion, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre du Programme de Renaissance Acte II, à travers la sensibilisation des acteurs pour un changement social. Il est évident que ce changement attendu ne peut s’opérer sans l’information, la sensibilisation, l’éducation et la mobilisation de tous les citoyens, par le canal des médias essentiellement. En effet, les médias, publics notamment, continueront à être pleinement associés dans la mise en œuvre des actions majeures qui sont menées, en matière de changement social, tant en ce qui concerne le renforcement des capacités, la mobilisation sociale que la communication de proximité. Et cette contribution des médias s’inscrit parfaitement dans le cadre du plan de communication stratégique du ministère en charge de la Renaissance culturelle et dont la mise en œuvre se fait non seulement avec les médias, mais aussi avec les Administrations de l’Etat, les Partenaires de développement, les ONG et Associations, les Artistes et les Communautés de base. C’est pourquoi, le gouvernement entend poursuivre son programme d’investissement et de soutien de toute nature en faveur des médias en général, notamment ceux du secteur public, de façon à mieux renforcer leurs capacités en vue de leur faire jouer davantage leur rôle dans l’œuvre de construction nationale.
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Monsieur le Ministre, le développement et la promotion du sport en général fait partie sûrement de votre cahier des charges. Concrètement qu’est-ce que vous envisagez de faire afin que le sport nigérien puisse retrouver ses lettres de noblesse sur le plan national au regard de la léthargie dans laquelle végètent certaines Fédérations Sportives ?
Je remercie d’abord l’ONEP pour l’opportunité qu’il nous offre afin de parler du Secteur de la Jeunesse et du Sport. Pour que le Sport retrouve ses lettres de noblesse sur le plan national et international, il faut tout simplement le repenser et lui donner la dimension qui est la sienne. Dans, cette perspective, le Gouvernement a décidé dans la Déclaration de Politique Générale d’étendre les avantages de la pratique du Sport à toute la population à travers la pratique du Sport de Masse et de Haut Niveau.
Sur la base de cette directive, nous nous engageons à élaborer et faire adopter un document de Politique Nationale de Sport qui va désormais recadrer les interventions des différents acteurs du secteur du Sport.
Mais avant, les causes essentielles de notre contre-performance dans le domaine du sport ont été identifiées et portent essentiellement sur l’insuffisance des moyens et nos faiblesses en matière d’organisation.
C’est pourquoi, quelques jours après notre prise de fonction, très rapidement, nous avons demandé à l’ensemble des Fédérations Sportives à des degrés divers bien entendu, de baser leurs programmes d’activités pour l’année 2022 sur : la stratégie de détection et de formation des jeunes talents ; la vulgarisation de la pratique du Sport de Masse et du Sport en Milieu Scolaire ; l’amélioration des mécanismes de financement du Sport entre autres.
Le Stade Général Seyni Kountché ne répondant plus aux exigences de l’instance faitière du football mondial, est suspendu de toutes les compétitions internationales du Football. Quelles sont les mesures prises par votre département ministériel pour que le Niger soit mis dans ses droits et pouvoir organiser des rencontres internationales ?
La première mesure prise suite à la suspension du Stade Général Seyni Kountché par la Confédération Africaine de Football (CAF) et la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a été d’informer les plus hautes autorités de notre pays à travers une Communication en Conseil des Ministres.
Ensuite, le Ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération Nigérienne de Football se sont penchés sur les principaux griefs de ces instances faitières du Football africain et mondial qui portent essentiellement sur les vestiaires des joueurs, le Centre opérationnel du site (COS), le Centre anti-dopage, la pelouse, les bancs de remplaçants, les chaises et sanitaires pour les spectateurs. Actuellement, les travaux sont en cours aussi bien sur les vestiaires, le COS, le Centre Anti-dopage et les bancs de remplaçants. Nous osons espérer qu’à la prochaine visite des experts de la CAF prévue en juillet, après avoir constaté les efforts déployés par le Gouvernement lèveront la sanction et permettre à notre Equipe Nationale de jouer ses matches à domicile.
Monsieur le Ministre de la Jeunesse et du Sport, il a été constaté des constructions aux alentours de certaines infrastructures sportives, est-ce que ces réalisations cadrent avec les normes internationales en matière sécuritaire et la pratique du sport en général ?
Vous faites bien de poser cette question qui nous donne l’opportunité de dire aux responsables des autres infrastructures sportives qu’en matière de construction d’infrastructures sportives, les normes de sécurité sont fondamentales et ne peuvent faire l’objet d’aucune négligence. les constructions anarchiques aux alentours des infrastructures sportives non seulement déforment la physionomie de nos infrastructures, mais aussi et surtout offrent la possibilité à des délinquants de tout acabit de roder autour et menacer la sécurité des paisibles usagers. C’est pourquoi, le Gouvernement a décidé d’y mettre fin en démolissant les constructions aux alentours de l’arène et du Stade Général Seyni Kountché.
Vous venez d’organiser une rencontre avec les partenaires techniques et financiers concernant l’importance du fonctionnement des centres de Promotion des jeunes ; quelle est la pertinence de cette rencontre et vos attentes vis-à-vis des partenaires ?
Je remercie tous les partenaires techniques et financiers pour l’intérêt qu’ils accordent à la jeunesse. La pertinence de cette rencontre réside d’abord dans le profil démographique qui fait du Niger l’un des pays les plus jeunes au Monde. Cette situation rend les défis sociaux économiques plus cruciaux. Il convient de développer une approche holistique innovante à travers de nombreuses interventions destinées aux jeunes leur permettant d’acquérir des compétences indispensables pour la vie afin de participer activement aux activités socio-économiques et au développement de leur communauté. C’est en cela que réside toute l’importance des centres de promotion des jeunes qui sont des lieux par excellence de mobilisation, d’éducation, de formation, d’orientation et d’accompagnement des jeunes. Ils s’inscrivent aussi dans la démarche qui vise « le développement des capacités intellectuelles, physiques et morales, l’amélioration de la formation en vue d’une insertion sociale et professionnelle et le plein exercice de la citoyenneté ».
Malheureusement, ces centres sont confrontés à d’énormes difficultés qui sont : l’insuffisance des infrastructures par rapport à la demande de la formation qui s’accroit chaque année ; le manque criard de matériel et de ressources humaines qualifiées pour assurer les formations ; les difficultés liées au fonctionnement des centres émanent de plusieurs facteurs dont entre autres la pauvreté, l’insécurité alimentaire, la faible qualité de l’éducation le sous-emploi, le chômage etc.
Il nous incombe à nous tous d’investir davantage dans les jeunes car cet investissement assure non seulement leur épanouissement, mais leur autonomisation ainsi que le bien-être de leurs communautés et la prospérité du pays. Nous attendons des partenaires des appuis multiformes pour accompagner le Ministère de la jeunesse dans l’accomplissement de ses missions en général, et le renforcement du cadre institutionnel et organisationnel des centres des jeunes en particulier.
Je ne doute point de l’engagement des partenaires à nous accompagner pour le développement de la jeunesse.
Monsieur le Ministre quelles sont vos ambitions de façon spécifique en matière de promotion de la Jeunesse et dans le domaine du sport ?
Nos ambitions de façon spécifique en matière de promotion de la jeunesse sont de : faire de la jeunesse non scolarisée et déscolarisée une composante éduquée, formée et préparée à son autonomisation ; renforcer les capacités des jeunes par des initiatives créatrices des richesses en mettant en valeur les ressources disponibles ; mobiliser les jeunes dans des activités de développement du capital humain et promouvoir leur participation dans les activités de construction de la paix et la prévention de la violence ; faire de la jeunesse une composante saine, pacifique, solidaire et responsable. Dans le domaine du Sport, nous nourrissons l’ambition de faire du sport dans notre pays, un facteur de création de richesses, d’amélioration du bien-être de la population et de promotion du Niger au plan international par la qualité de ses sportifs. Et je fini avec ce slogan : « Le Sport, un Formidable Accélérateur de Développement pour un Pays ».
Réalisée par Laouali Souleymane
23 juillet 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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« Après mon huitième film, j’arrête », avait dit Djingarey Maïga, à la sortie en 2016 de « Cerveau noir». Mais, une autre histoire, celle des femmes albinos l’a fait repousser sa retraite, peut être aux calendes grecques. Aujourd’hui âgé de 78 ans, ce doyen qui est dans le domaine du 7ème art depuis 1961, est en train de finir le montage de «Un coin du ciel noir», son neuvième film de fiction d’une durée de 90mn. Dans cet entretien, Djingarey Maïga parle de ce film, de la référence avec le noir dans sa riche filmographie, des difficultés que rencontrent les réalisateurs nigériens, du problème de la production, etc.
Monsieur Djingarey Maïga, comme les autres, votre 9ème film dont vous êtes en train de terminer le montage, parle aussi du « noir », comme le dit son titre «Un coin du ciel noir». Qu’est ce qui explique cette curieuse et constante référence au noir dans le titre de vos films ?
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La production du charbon à partir du bois vert est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur au Niger. En effet, les conséquences de la carbonisation du bois sont déjà visibles un peu partout au Niger. Elles se traduisent par la dégradation des ressources forestières, la perte de la diversité biologique et le déséquilibre écologique au niveau de l’écosystème forestier. Faute de statistiques fiables, ce sont des milliers d’arbres qui sont froidement abattus chaque année pour servir de charbon de bois dans un pays où l’avancée du désert est inexorable. Dans cet entretien, le Directeur général des Eaux et Forêts, le colonel Major Moussa Iro Morphi attire l’attention des dirigeants et des populations par rapport au phénomène de la fabrication du charbon à l’aide du bois vert. Si rien n’est fait pour mettre fin à cette pratique, les ressources forestières vont davantage s’amenuiser.
Au Niger, le charbon de bois est utilisé à des fins domestiques dans plusieurs foyers aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural, quelles sont les conséquences de la surexploitation de cette ressource forestière ?
La fabrication du charbon à partir du bois vert constitue aujourd’hui une véritable menace pour les ressources forestières. Cette pratique contribue inexorablement à la destruction de maigres et fragiles ressources forestières et du capital productif. En effet, la carbonisation du bois (fabrication du charbon à partir du bois vert) a comme conséquences la dégradation des ressources forestières, la perte de la diversité biologique et le déséquilibre écologique au niveau de l’écosystème forestier. En outre, en raison des revenus qu’elle procure aux acteurs de la chaine de carbonisation du bois, l’activité est en train de prendre une grande proportion en s’étendant dans les champs de cultures, les sites restaurés, les sites de RNA et même les plantations d’ombrage et d’alignement, où les arbres sur pied sont coupés et transformés en charbon de bois. Après avoir coupé les arbres sur pied, ces acteurs retournent déterrer les souches pour les carboniser. Comme conséquence on peut observer à perte de vue des champs de cultures, sans un arbre sur pied. Ainsi ces vastes étendues de champs se trouvent exposées aux érosions éolienne et hydrique, et s’en suivent la dégradation des terres et les déficits agro-pastoraux chroniques.
Quelles sont les statistiques que vous disposez par rapport à ce phénomène ?
Nous venons juste de commencer à rassembler les statistiques compte tenu de l’ampleur que ce phénomène prend sur l’ensemble du territoire national, alors que les textes règlementaires l’interdisent. Ce qui est sûr, la production locale et celle importée sont importantes, en témoigne les différents points de vente à Niamey et les chargements de camions de fraude qui viennent de l’extérieur.
Est-ce que la vente du charbon de bois telle qu’elle se passe actuellement respecte véritablement la réglementation en vigueur ? Que dit d’ailleurs cette réglementation?
C’est ce à quoi, nous nous sommes attelés pour vraiment comprendre l’origine du charbon de bois vendu à Niamey. Il semble qu’au niveau des points de vente, il existe deux stocks de charbon de bois, celui du Niger et celui provenant du Nigéria. Pour le charbon de bois fabriqué au Niger, la vente est illégale, car la production est interdite sur l’ensemble du territoire national conformément à l’article 118 du Décret d’application de la loi 2004-040 du 8 juin 2004, portant régime forestier au Niger). Concernant le charbon importé du Nigéria, il n’y a aucun problème, si l’origine est avérée, mais les investigations se poursuivent pour s’en assurer.
Certes, il existe des moyens de substitution tels que le charbon minéral et le gaz, pensez-vous que ces moyens sont accessibles aux populations rurales ?
Il faut un appui de l’Etat et de ses partenaires techniques et financiers pour que l’énergie de substitution au bois énergie et au charbon de bois, soit accessible au monde rural. En outre pour le charbon minéral, des efforts doivent être fournis pour améliorer le produit et l’allumage.
Quel est le rendement en charbon de bois par rapport au bois carbonisé ?
Des études ont montré que la qualité du charbon de bois est fonction de la qualité du bois, de la technique de fabrication et donc de la température de carbonisation qui peut atteindre jusqu’à 700°C dans la charbonnière. Autrement dit moins la température est basse de l’ordre de 300 °C, plus le rendement en charbon de bois est important mais de faible qualité (beaucoup d’impuretés). Par ailleurs, plus la température est haute (700°C), moins le rendement en charbon de bois est faible, mais avec une très bonne qualité. Donc partant de ces observations et pour la fabrication du charbon du bois de bonne qualité, il faut de 5 à 7 kilogrammes de bois vert pour obtenir 1 kilogramme de charbon de bois de qualité soit un rendement de 14 à 20%.
A long terme comment pensez-vous, mener la conscientisation des Nigériens surtout ceux qui vivent en milieu rural pour qu’ils abandonnent cette violence exercée sur les arbres ?
Nous sommes en train de mettre en œuvre le plan de communication de la DGEF, à travers l’axe n°1 intitulé ‘’Communication pour un changement de comportement et une action concertée’’. A cet effet, il est prévu la conception et la réalisation d’un film documentaire et d’un spot en français, en Hausa et en Djerma ainsi que des affiches, pour sensibiliser et informer les groupes cibles. A ce titre toutes les stations de radio et de télévision seront mises à contribution pour porter le message, partout où de besoin. Sur le terrain aussi la sensibilisation et la surveillance des ressources se poursuivent par les agents à tous les niveaux.
Vos services procèdent souvent à la saisie de quantité non négligeable de charbon de bois, quelles sont les statistiques par rapport à ces saisies ?
A l’approche de la fête de Tabaski, il a été organisé une opération coup de poing par la Direction en charge de la Protection de la Nature et la Direction Régionale de l’Environnement de Niamey, pour veiller au respect de la règlementation en matière d’exploitation, de transport et de commercialisation des produits du secteur. Ce qui est important de savoir, au vu de la qualité du bois saisi (petit diamètre et espèces protégées de valeur), le potentiel ligneux est entamé autrement dit les ressources forestières sont surexploitées et menacées. En outre, il a été constaté que les sacs de charbon de bois localement fabriqués, sont dissimilés dans les camions de transport de bois, pour parvenir à Niamey. A ce titre, je lance un appel pour que conformément aux dispositions des articles 35 de la loi fondamentale et 2 de la loi portant régime forestier au Niger, que chaque citoyen puisse contribuer d’une manière ou d’une autre à la protection et à la sauvegarde de ces ressources pour le bien des générations présentes et futures.
Hassane Daouda(onep)
26 août 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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Interview du Maire de la Commune urbaine de Birni N’konni « La Commune regorge de beaucoup de potentialités mais qui sont mal exploitées », déclare Dr Samaila Ousmane Avec un conseil municipal composé de 23 élus, la commune urbaine de Konni à une population de 117.956 habitants. Elle est limitée à l’Est par la commune rurale de Tsernaoua, à l’Ouest par la commune rurale de Bazaga, au Sud par la République fédérale du Nigeria et au nord par le département d’Illela. La population mène essentiellement des activités l’agriculture, l’élevage, le commerce et l’artisanat.
Monsieur le maire, en septembre dernier, l’Etat central a décidé de vous transférer un certain nombre de compétences notamment dans quatre (4) domaines comment appréciez-vous cette nouvelle étape du processus de la décentralisation dans notre pays ?
La notification des actes de transfert de compé tence a eu lieu en septembre dans quatre domaines à savoir la santé, hydraulique, l’environnement et l’éducation. A notre avis c’est un acte salutaire, car ça prouve que l’Etat est plus que déterminé pour le processus de la décentralisation.
De manière générale, les communes du Niger sont confrontées à d’énormes difficultés dans la mobilisation des ressources fiscales, estce que vos administrés s’acquittent convenablement de leur devoir citoyen?
Comme toutes les autres entités administratives du pays, la commune urbaine de Konni ne fait pas exception relativement à cet épineux problème d’incivisme fiscal. Le Conseil municipal fait de son mieux pour sensibiliser les populations sur la nécessité pour elles de s’acquitter des impôts et taxes. Les gens doivent savoir que les premières ressources de la commune doivent provenir de la commune ellemême et que les investissements pour améliorer leur cadre de vie dépendent aussi de leur civisme.
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La question de l’assainissement est revenue au premier plan de l’actualité depuis la visite inopinée effectuée, il y a quelques jours, par le Président de la République dans la ville de Niamey. Les autorités régionales de Tillaberi ont depuis longtemps pris la question à bras le corps à travers plusieurs activités menées dans cette entité administrative. C’est pour expliquer la question de la salubrité dans la ville que le Maire de Tillaberi, Oumarou Kaboyé, a accordé un entretien à La Nation.
Quelles sont les mesures prises par la Mairie de Tillabéri pour assainir la ville en cette saison hivernale ?
Avant de parler des mesures prises, il faut d’abord éclairer vos lecteurs sur la complexité de l’assainissement en milieu urbain. En effet, il comporte, la gestion des déchets solides, la gestion des déchets liquides, l’évacuation des eaux pluviales et la lutte contre les vecteurs de maladies et bien sûr tous les autres aspects connexes. Donc, en parlant des mesures prises en cette période hivernale, il y a d’abord la programmation de ces activités dans la partie investissement du budget communal. Ce qui est fait depuis le mois d’octobre de l’année 2016 et pour un montant de 23.173.500F CFA.
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Le 10 juillet 2020, le Conseil des ministres a adopté certaines réformes dans le domaine du Tourisme, dont la transformation du Centre Nigérien de Promotion Touristique (CNPT) en Agence pour le rendre plus efficace car il est le bras opérationnel du Ministère. Il s’agit d’un établissement Publique à caractère administratif doté de l’autonomie Financière. Son directeur nous parle de ses missions et de la situation du secteur touristique au Niger à l’heure de l’insécurité et de la Covid 19.
Le Niger est un pays de Tourisme, qui possède une diversité de produits touristiques. Cependant, depuis quelques années, l’insécurité qui prévaut dans certaines zones a touché le secteur touristique. Quels en sont les réels impacts?
Notre Pays, à travers ses huit régions renferme des richesses culturelles, fauniques, des vestiges historiques, archéologiques et de magnifiques sites touristiques, notamment les déserts du Ténéré, du Termit, du Tal ; le cimetière des dinosaures ; la vallée du fleuve Niger ; le Parc du W ; les derniers spécimens des girafes de l’Afrique de l’Ouest ; les rites culturelles ; l’artisanat et l’architecture traditionnelle. Cette gamme de produits diversifiés prédestine le Niger au rang d’une destination internationale d’avenir pour la pratique de toutes les formes de tourisme. La pratique touristique dans sa conception traditionnelle a été malheureusement impactée par l’insécurité depuis les premières rebellions armées jusqu’à l’avènement de la vague terroriste, qui déferle actuellement sur le monde et au sahel en particulier. Les impacts de cette situation sont liés à l’arrêt des vols charters et le départ de certains opérateurs du tourisme international comme « Point-Afrique » et l’imposition de mesures drastiques aux agences qui contribuent à amener des touristes au Niger, sans oublié le récent classement de l’ensemble du pays en zone rouge, sauf Niamey la Capitale, par certaines chancelleries qui déconseillent totalement à leur ressortissant de fréquenter la destination Niger. Je rappelle cependant que l’insécurité avait failli plomber le secteur mais le Gouvernement sous l’impulsion du chef de l’Etat, S.E Mahamadou Issoufou avait trouvé une stratégie de contournement de la menace par le développement du tourisme d’affaires notamment en positionnant le Niger comme un centre d’excellence pour l’organisation des manifestations internationales comme les conférences, les compétitions sportives comme U19, les festivals et les fêtes tournantes du 18 décembre. Ces évènements ont boosté le chiffre d’affaires des professionnels du secteur. Le sommet de l’UA 2019 à lui seul a drainé plus de 7 000 personnes, ce qui représente une manne financière importante pour l’économie de la ville de Niamey. En termes de visibilité ce n’est pas négligeable pour notre capitale et notre pays, souvent confondu avec le Nigéria. Aujourd’hui l’image du Niger se confond moins parce que durant ces quelques jours les caméras du monde étaient braquées sur Niamey. Notre pays a été au centre de l’actualité internationale. Nous avons enregistré en 2019 un taux d’accroissement des recettes touristiques de 37, 87% contre une prévision de 18,34%. En effet, Les recettes touristiques sont passées de 169 milliards FCFA en 2018 à 233 milliards en 2019. Et cela sans tenir compte des recettes des Agences de voyages, de restauration, des transports touristiques et des achats de souvenirs. Cependant, malgré la baisse de la fréquentation occasionnée par les effets de l’insécurité au sahel. Ce qui démontre que le Niger est très attractif et que si nous réglons les contingences défavorables à la fréquentation, la destination se vendra facilement. Nous étions donc en train de juguler les effets de l’insécurité sur les entreprises du secteur, quand s’est abattue sur le monde la pandémie de la COVID-19….
Justement cette maladie planétaire a aussi eu des conséquences dans ledit secteur. Dites-nous quelles en sont-elles?
Comme partout dans le monde, le secteur du tourisme a été le plus touché et le Niger n’a pas fait exception. Les mesures salutaires que les gouvernements ont été contraints de prendre pour protéger la population, ont eu des effets désastreux sur les entreprises du secteur qui, pour la plupart, étaient restées fermées et les effets se sont fait sentir sur le Tourisme, un mois avant que le premier cas soit déclaré au Niger. En effet, dès le début de l’année 2020, les voyages s’étaient estompés car c’est le principal vecteur de propagation du coronavirus. Il résulte de cette situation : un manque à gagner pour les opérateurs du secteur, mais également au niveau de tous les autres maillons de la vie socio – économique qui profitent du secteur du tourisme, (commerce, artisanat, transport, énergie) ; des recettes (taxes et impôts) de moins pour l’Etat ; la mise au chômage des employés dans plusieurs entreprises touristiques et hôtelières
estimés à près de 14.000. Ainsi, l’Association Nationale des Professionnels du Tourisme(ANPTH) évalue le manque à gagner au niveau des établissements tourisme, à près de 11 milliards 292 millions 140 francs CFA. Dans le domaine de l’hôtellerie et de la restauration, l’ANPTH considère qu’entre mars et juin 2020, plus de 80% des établissements sont en cessation d’activité. En valeur absolue, cela représente par exemple 158 établissements d’hébergement ; 64 restaurants modernes ; 101 agences de voyages ; 45 agences de location de véhicules. Le personnel mis en chômage technique représente le même taux. Ce qui équivaut à plus de 14.000 emplois permanents. Il faut aussi noter des difficultés financières pour faire fonctionner les entreprises qui sont restées ouvertes (entretien des locaux et du matériel, paiement des salaires, des factures d’électricité, d’eau et de téléphone, et les taxes et impôts). Il y a les difficultés à payer des cotisations sociales au niveau de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), sans oublier des difficultés à respecter les échéances de remboursement des crédits contractés auprès des banques commerciales, pour ne citer que cela. Cependant, il faut reconnaitre que le gouvernement a pris des mesures d’atténuation des effets de cette pandémie sur les entreprises notamment en ramenant par exemple le taux de la TVA qui était de 19% à 10% et en mettant en place un fonds de cent cinquante (150) milliards FCFA, pour appuyer les entreprises à surmonter les effets induit par la crise de la COVID-19. Il faut souligner que le secteur du Tourisme avec celui du Transport ont été les plus touchés et qu’il ne sied pas qu’ils soient sur le même pied d’égalité que les autres secteurs car ils sont grands pourvoyeurs d’emplois. Le secteur touristique aura besoin d’un accompagnement beaucoup plus important et plus adapté à la circonstance. Par exemple, on pourrait envisager l’application de tarifs préférentiels en matière d’eau, d’électricité et de téléphone jusqu’à la fin de l’année ; la réduction, voire annulation, au titre de l’année 2020, de certains impôts et taxes ; la réduction du coût de l’énergie (carburant, gaz, etc.) ; la restructuration du crédit bancaire : différer les échéances de remboursements des créances, sans intérêts ; et mettre en place de nouvelles lignes de crédits adaptées à la situation ; la prorogation de la durée de validité des exonérations accordées par le code des investissements etc. Ces mesures auront pour effet de préserver des milliers d’emplois et d’en générer de nouveaux.
Quelles sont les dispositions que l’APTN prend pour pallier aussi bien cette situation, que pour faire en sorte que la destination Niger soit encore fréquentable et pour que le pays retrouve son rang de destination internationale?
Pour que le Niger redevienne une ‘‘grande destination internationale’’, il faudrait que le contexte mondial change et que la situation sécuritaire générale au sahel s’améliore. Nous demeurons cependant conscients, qu’Il faut une synergie de tous les acteurs et institutions concernées en vue de rebondir sur la crise à travers des actions ciblées et harmonisées visant à promouvoir et à développer le tourisme interne comme levier pour la reprise économique du pays. Il nous faut aussi actualiser et adapter nos stratégies et plans d’actions face au nouveau contexte qui est en train de s’imposer. Les nigériens voyagent beaucoup et pour preuve, nous avons près d’une vingtaine de compagnies de transport terrestre qui sont en bonne santé économique. Il nous reste à capitaliser ce potentiel. Actuellement, 78% des clients de nos structures d’hébergement sont constitués d’étrangers en séjour ou de passage au Niger. Notre stratégie vise à casser cette dépendance en favorisant le développement d’un tourisme domestique. Il s’agit d’amener les Nigériens à visiter leur pays. Nous comptons, à travers des actions ciblées et harmonisées, promouvoir et développer le tourisme interne comme levier pour la reprise économique du pays. Pour cela une stratégie doit être mise sur pied, en synergie avec tous les acteurs du secteur ou concernés. Il s’agit des privés pour concevoir une offre et une stratégie attractive aux nationaux et à l’Etat pour trouver des mesures d’accompagnements aux privés pour qu’ils adaptent leurs offres à la bourse des Nigériens. Il y a aussi la synergie à créer entre les institutionnels comme les Ministères de la Renaissance Culturelle pour les évènements et patrimoines culturels ; de l’environnement pour les parcs et réserves naturelles ; de l’intérieur et de la sécurité publique pour les facilités de déplacement et la sécurité ; du transport ; de la jeunesse et sport pour les manifestations sportives internationales ; de l’Agence Nigérienne pour l’Economie des Conférences (ANEC) et de l’Agence de Promotion Touristique du Niger (APTN) pour la stratégie de marketing et de la promotion de la destination Niger. Il s’agira pour nous de nous conformer à la recommandation de l’OMT (Organisation Mondiale du Tourisme), qui préconise le changement d’indicateurs de réussite touristique qui sont à présent focalisés sur le nombre d’arrivées de touristes internationaux. Cela pourrait être remplacé par de nouveaux paramètres (tels que les taux de dépenses touristiques ou de remplissage des hébergements) qui permettraient de recentrer le cœur de l’activité sur le local et le régional plutôt que sur l’extérieur. Nous comptons aussi mettre sur pied une stratégie de communication efficace sur le Niger et ses merveilles touristiques. Cette offensive se fera en direction de nos compatriotes pour surmonter certaines lourdeurs culturelles et les incompréhensions sur le tourisme. Nous ciblons aussi le tourisme intérieur et intra régional en Afrique, afin de réduire la vulnérabilité et la dépendance des marchés internationaux et développer des produits innovants à circuit court qui remettent les communautés locales au cœur de la réflexion et valorisent la diversité du continent.
Réalisée par Mahamadou Diallo
29 janvier 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Le Premier ministre du Niger accepte de s’exprimer sur tous les sujets sensibles: la recherche des 39 otages de Boko Haram, le projet du président français Emmanuel Macron de bloquer les migrants au Nord-Niger et la polémique sur la démographie galopante en Afrique.
RFI : Le 2 juillet dernier, 33 femmes et 6 enfants ont été enlevés par Boko Haram à Ngalewa dans le sud-est du Niger. Avez-vous des nouvelles de ces 39 otages ?
Brigi Rafini : Hélas, nous n’avons pas de nouvelles précises. Nous sommes effectivement dans une grande tristesse pour ces compatriotes, pour la plupart des femmes et des enfants, et nos forces de défense et de sécurité sont en train de tout faire pour repérer et retrouver ces personnes.
Avez-vous eu des signes de vie de ces 39 personnes ?
Non. A ma connaissance pas encore.
Plusieurs organisations féminines de la région de Nguigmi, dans le sud-est, disent leur colère et leur indignation face à ce qu’elles appellent le faible niveau d’engagement des autorités en vue de la libération de ces otages...
Nous comprenons leur réaction. Mais je pense que c’est méconnaître les efforts qui sont déployés jour et nuit par les autorités compétentes. Nous souhaitons simplement que nous puissions avoir la possibilité de retrouver ces personnes saines et sauves. La zone dans laquelle se déroulent ces événements est assez complexe et pour ne pas mettre en danger la vie de ces personnes, nous devons agir avec méthode.
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Le Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, M. Yahouza Sadissou, a procédé hier matin, au Collège Mariama de Niamey, au lancement officiel des épreuves écrites du Baccalauréat session 2020. Cette année, ils sont au total 71.990 candidats répartis dans 179 centres à l’échelle nationale, qui se lancent à la conquête du parchemin qui ouvre les portes des études supérieures. Il était accompagné notamment dans ce déplacement du président de la HALCIA, du Gouverneur de Niamey, du Directeur de l’Enseignement Supérieur et du Directeur de l’Office du Baccalauréat du Niger (OBN).
Avant l’ouverture de l’enveloppe scellée contenant la 1ère épreuve de cet examen et la distribution des copies, le ministre de l’Enseignement Supérieur a confié être satisfait du bon démarrage de ces épreuves écrites. Il a rappelé que malgré la pandémie de la Covid-19, le gouvernement a décidé que les examens se tiennent aux dates programmées. A cet effet, l’Etat a pris toutes les dispositions pour que ces examens se déroulent dans de bonnes conditions. «Le gouvernement a mis tous les moyens nécessaires à la disposition de l’OBN pour son baptême de feu et pour lui permettre de réussir l’organisation de cet examen », a déclaré M. Yahouza Sadissou. Le ministre a tenu à prodiguer de sages conseils aux candidats et candidates. «Ne comptez que sur vos propres efforts. Seuls votre travail et votre volonté peuvent vous aider à franchir cette étape et vous permettre d’obtenir ce diplôme qui va vous ouvrir la voie aux études supérieures. Je souhaite à toutes et à tous bonne chance», a-t-il lancé.
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Quelle est votre appréciation de l’organisation de ces Jeux Olympiques de Tokyo 2020 ?
Cette organisation a répondu à nos aspirations ; elle a été parfaite, et cela malgré la crise liée au COVID 19 qui a freiné beaucoup de choses, il y a eu une participation assez massive des pays. Dans l’ensemble tout s’est bien passé.
Le Niger a marqué sa présence à Tokyo avec sept athlètes en lice. Etes-vous satisfaits de la prestation que vous avez vue à Tokyo?
Je suis très satisfait de cette prestation parce que c’est la première fois que je viens à une compétition internationale et que j’entends que les gens craignent le Niger. Habituellement on dit que c’est le pays faible, et qu’il faut le donner à tout le monde. C’est d’ailleurs le cas illustratif avec notre Taekwondoiste Tekiath Ben Youssef. On lui a donné une athlète du pays organisateur, le Japon. Elle a éliminé la Japonaise. Et quant à Alfaga, tout le monde le craignait; personne ne voulait tomber sur Alfaga. Mais malheureusement je crois qu’il ya eu beaucoup de pression sur ce garçon-là, que ça soit ici, au pays, et même aussi les adversaires. Vous savez seuls les champions perdent. Alphaga a encore de l’avenir devant lui. Il n’a que 25 ans, il est encore jeune. Dans trois ans il aura 28 ans, ce qui veut dire qu’il peut encore conquérir un autre titre. Mais cela dit, nous devons mettre l’accent sur la formation à la base pour que nous puissions faire sortir d’autres champions encore. Tout ce que je peux dire, c’est que dans le sport il faut toujours fournir des efforts. Ce n’est pas de la magie; le sport, c’est le travail. Je sais qu’ils sont dans de bonnes mains et ils travaillent. Mais en sport comme on le dit, il ya toujours un vainqueur et un perdant.
Au vu des prestations de haut niveau ici à Tokyo, quelle est la leçon que vous, en tant que ministre de la Jeunesse et du Sport, vous tirez de ces événements ?
Vous savez, ici c’est ce qu’on appelle le haut niveau. Et les leçons que je tire, consistent à dire à nos athlètes de travailler. Il n’y a que le travail qui paye. Le sport, ce n’est pas de la magie. Le sport c’est le travail, et un peu de chance. Mais il faut mettre le travail à l’avant. C’est ce que je recommande à tous nos athlètes, pas seulement aux Taekondoistes, mais à tous. Parce que les Jeux Olympiques, c’est un autre niveau. C’est la compétition qui regroupe les meilleurs sportifs du monde. Donc, il n’y a que le travail qui peut vous distinguer des autres.
Propos recueillis à Tokyo par Oumarou Moussa(onep)
25 août 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Diplomate chevronné au parcours riche, M. Maman Sambo Sidikou quitte ce samedi le Secrétariat Exécutif du G5 Sahel pour une nouvelle mission de représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel. Fin connaisseur de la bande sahélo-saharienne, M. Maman Sambo Sidikou qui a marqué ses collaborateurs au siège du G5 Sahel, revient sur les 3 ans qu’il a passé en terre mauritanienne au service d’une nouvelle forme de diplomatie sous régionale alliant sécurité et développement.
Vous arrivez au terme de votre mandat de Secrétaire Exécutif du G5 Sahel, quel bilan faites-vous après plus de 3 ans à la tête de cette organisation ?
En 2018, je suis devenu le deuxième secrétaire permanent d’un mécanisme de coopération créé quatre ans plus tôt par cinq États (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad).
Avec un siège à Nouakchott (Mauritanie) et un double mandat (développement et sécurité), il a d’abord fallu identifier notre capacité à « faire la différence » dans un vaste espace (5 millions de kilomètres carrés) où vivent près de 80 millions d’habitants (weblink, film institutionnel du G5 SAHEL).
Les priorités définies, nous avons ciblé les vecteurs d’intégration régionale. Notre autonomie opérationnelle tout d’abord, avec la création d’un instrument financier dédié à notre coopération dans le domaine de la défense. Il s’agit du fonds fiduciaire dédié à la Force Conjointe, qui est hébergé par la Banque centrale de Mauritanie.
La formation, ensuite – notamment avec le Collège de Défense de Nouakchott, où des officiers mis à disposition par les Etats-majors de nos Etats apprennent à travailler ensemble pour la stabilité de notre région.
Il faut aussi investir dans nos infrastructures – ce que nous avons fait pour chaque pays. En Mauritanie, nous avons contribué à sécuriser le financement de la route Tidjikdja – Boumdeid – Kankossa – Sélibaby (d’une longueur de 350 km).
Mais tout cela n’est rien sans un travail opiniâtre, dans les zones frontalières entre nos Etats, afin que confiance et coopération entre administration et citoyens renforcent une « sécurité de proximité ».
C’est le travail que nous avons initié dans nos Etats-membres, en particulier à Gogui Zemal et Gogui, à la frontière entre Mauritanie et Mali.
Je crois d’ailleurs que vous aviez relayé le film en six langues sahéliennes (arabe, bambara, français, hassanya, pulaar, soninké et wolof), que nous avions publié à cette occasion (weblink).
Cet effort a été accompli avec nos Etats et les organisations (régionales/continentales) dont il sont membres – il est essentiel et vise à nous approcher des Sahéliens, de leurs besoins et de leurs aspirations légitimes en faveur d’une prospérité partagée (weblink, « programme » publié sur Jeune Afrique, 22 mai 2018)
– Le déploiement et l’opérationnalité de la Force Conjointe ne sont-ils pas menacés avec la reconfiguration de l’opération Barkhane ?
La reconfiguration de Barkhane est une opportunité pour que la Force Conjointe joue pleinement son rôle – avec ses alliés, au sein de la Coalition pour le Sahel.
Mais votre question m’offre l’opportunité de poursuivre le travail de pédagogie qui doit nécessairement accompagner le renforcement de cette initiative sans précédent.
En 2017, nos Etats membres ont soumis leur projet de création d’une coalition militaire au Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine – qui a approuvé son mandat et l’a reconduit, depuis, chaque année.
Le quartier-général de la Force Conjointe se trouve à Bamako – ce que les militaires appellent un « poste de commandement interarmées de théâtre (PCIAT).
A ce jour, elle a mené un peu plus de 21 opérations militaires dans ses fuseaux « ouest » (Mali/Mauritanie : DAREA), centre (Burkina Faso/Mali/Niger : PAGNALI 2-3/SAMPARGA 3 / SAMA 1-2) et « est » (Niger/Tchad : AMANE 2/OBANNA 1-2-3).
Indice de l’importance de son œuvre, les Chefs d’Etat ont allongé la durée du mandat de son responsable – passée d’un à deux ans.
Et le Président en exercice du G5 SAHEL – le Général Mahamat Idriss Déby Itno – vient de décorer le Général Oumarou Namata Gassama (Niger) pour sa contribution à la montée en gamme soutenue de notre Force Conjointe.
Cette dignité marque la fin de son mandat et souligne le fort soutien politique dont jouit cet outil de défense collective.
Les opérations militaires se poursuivent – car il y va de la capacité de nos pays à ne pas céder devant les escarmouches, embuscades, mines anti personnelles et autres attaques d’autant plus fulgurantes qu’elles sont parfois menées par des « bombes humaines » mues par des pulsions suicidaires.
Elles ont un prix humain effroyable, pour nos soldats, leurs familles et les citoyens. Je me suis incliné sur les tombes de certains, ai visité des blessés et sais que cette guerre est avant tout un drame pour nombre de Sahéliens.
Elle coûte cher aux finances de nos Etats. A la demande du Conseil des Ministres (3 février 2019), le G5 SAHEL a réalisé une « étude sur les dépenses de sécurité et leurs effets d’éviction sur le financement des investissements notamment au niveau des secteurs sociaux ».
En effet, nous devons expliquer aux Sahéliens que ces sacrifices visent à les protéger. C’est pourquoi le G5 SAHEL a mis sur pied une « composante police » et un « Mécanisme d’Identification, de Suivi et d’Analyse des Dommages causés aux Civils ».
Car, croyez-moi, le respect des civils est une valeur fondamentale qui ne doit souffrir aucune exception. Permettez-moi une citation.
En 1751, dans un ouvrage intitulé « Les biographies des pachas du (blad as-) Soudan [Kitāb Tadhkirat al-nisyān fī akhbār mulūk al-Sūdān], il est question d’‘Ughmar b. Alad (m. 1755), un chef de guerre qui « annonça à tous ses hommes qu’aucun d’entre eux ne doit faire le moindre mal aux habitants de Tombouctou ».
On dit qu’«il savait que ceux qui étaient restés dans la ville étaient les juristes, les étudiants, les commerçants, les pauvres et les femmes. Seuls les brigands et les guerriers avaient abandonné la ville et il s’apprêtait à les combattre ».
Par conséquent, protéger les civils dans l’espace G5 SAHEL n’est rien d’autre qu’une mise en conformité avec notre histoire et nos valeurs.
– De l’intérieur de l’organisation vous avez vu ses forces et faiblesses, alors selon vous comment devrait évoluer le G5 Sahel pour relever les défis multidimensionnels à venir ?
Des efforts sont en cours – comme la réforme du Secrétariat exécutif, au terme d’une évaluation et avec l’accompagnement d’un cabinet de conseil. C’est aussi le cas de la Stratégie pour le développement et la sécurité, adoptée voici cinq ans – lors de la précédente présidence tournante du Tchad (2016) – et que l’organisation met actuellement à jour.
Le G5 SAHEL n’a pas vocation à remplacer les efforts, considérables, des Etats et des Sahéliens – en tant que citoyens, entrepreneurs ou membres de la société civile.
Conformément à notre principe du « faire-faire », dans les zones frontalières, il faut obtenir un impact en recourant au « contenu local » – de la conception des interventions jusqu’à leur mise en œuvre.
Lors du sommet de Nouakchott (2 juillet 2018), le G5 SAHEL a décidé que le Programme d’urgence pour la stabilisation des espaces frontaliers (PDU) appuie « les communautés et institutions locales dans (…) le renforcement de la cohésion sociale ».
Ceci suppose financement, assistance technique et capacité de mise en œuvre. Notre coopération avec l’UEMOA et une association d’élus burkinabè, maliens et nigériens a permis la réussite d’un projet pilote investissant dans l’économie agropastorale et la santé.
A l’heure actuelle, il s’ancre dans les espaces transfrontaliers, soutient les collectivités décentralisées et finance des PME et des associations « efficaces ».
C’est ce que je retiens de mes années (passées à toute allure), mais je préfère laisser le soin aux Etats-membres, aux Sahéliens et à mon successeur – l’ambassadeur TIARE YEMDAOGO Eric – d’évaluer le travail accompli et de trouver des solutions aux défis existant – et à venir.
– Prêt de 65% des populations du G5 Sahel, soit plus de 50 millions d’individus, ont moins de 30 ans, et ce sont les plus perméables au discours terroriste, alors comment faire d’eux les moteurs du changement ?
La confiance entre générations est importante – et je parle en tant que grand-père – mon expérience mis à part, mes petit-enfants et mes enfants m’éclipsent dans bien des domaines, notamment ceux liés au monde digital.
Pour revenir à votre question, notre travail a consisté à donner aux jeunes les outils pour s’informer, échanger entre eux et avec les autres et de révéler leurs potentiels.
Avec les organisations internationales dont nos Etats sont membres, nous avons conçu et mis sur pied la Radio Jeunesse Sahel – lancée voici quelque mois ainsi qu’un projet d’appui à l’esprit d’entreprise.
Ce travail est en cours, avec le concours de l’OIF et de la BAD. Nous espérons qu’il portera ses fruits.
Je suis persuadé qu’une partie de la réponse à l’instabilité que nous connaissons réside dans notre capacité à rectifier des disparités qui mettent en péril la stabilité et la pérennité de nos sociétés.
Le meilleur investissement contre le terrorisme est la prévention. Je la comprends comme la capacité de bien former filles et garçons, de créer des emplois utiles et d’investir pour réaliser l’important potentiel de notre région.Tout cela doit se nourrir de valeurs ancrées dans notre culture et conformes aux défis d’aujourd’hui et demain. Ce n’est pas simple, mais c’est la tâche exaltante qui attend votre génération …
– Que retenez-vous de la Mauritanie après y avoir passé plus de 3 ans ?
Je retiens d’abord la remarquable hospitalité d’un peuple riche de sa diversité – un accueil conforme au Coran (s. 51, v.24-27) et à la Sounna.
Cette terre a d’ailleurs accueilli avant moi un de mes regrettés oncles, El hadj Omar Amadou (m. 2009), qui a étudié à Boutilimit alors que la Mauritanie n’était pas encore indépendante.
Pour le G5 SAHEL, la Mauritanie est plus qu’un pays fondateur, c’est celui où se trouve le siège de notre institution – ce qui confère à Nouakchott un rôle d’importance régionale de l’Atlantique au bassin du lac Tchad.
J’en veux pour preuve le protocole d’accord signé voici quelques jours avec le patronat mauritanien – qui assume la présidence (tournante) du secteur privé sahélien.
Je retiens aussi le leadership des régulateurs et des opérateurs mauritaniens vers la suppression des frais d’itinérance (roaming) pour les consommateurs de nos Etats membres.
C’est pourquoi l’important appui fourni par les autorités, la société civile et les habitants de ce pays resteront dans mon cœur. J’ai eu plaisir à travailler ici, pour le G5 SAHEL et ses citoyens.
Enfin, dans ce pays au « million de poètes », réputé pour ces villes où commerce et recherche/partage du savoir prospéraient au niveau international, permettez-moi de citer quelques conseils d’un homme de droit de l’époque des Almoravides.
Le cadi d’Azougui, al-Imam al-Hadrami (1020-1095) est assurément un important contributeur de la « bonne gouvernance » saharo-sahélienne – et j’ai plusieurs fois médité ses conseils durant mon séjour parmi vous.
« Que le dirigeant aborde son ennemi par la souplesse, la conciliation, le sacrifice, la recherche de la communication et le calme. (…) Il ne doit décider de lui faire la guerre qu’une fois toutes les ruses épuisées. Les sages ont dit : « (…) dans la guerre on dépense la vie, et dans les autres choses on dépense l’argent » […] Sache que la réconciliation est une forme de guerre qui permet d’empêcher les ennemis de faire le mal. (…) il se peut que ton ennemi obtienne par sa taille modeste ce dont est incapable son adversaire avec sa grandeur, comme l’épée qui tranche la tête tout en étant incapable de coudre – comme l’aiguille ».
Le temps me semble venu d’investir (plus) dans la cohésion sociale, pour renouer le fil de nos relations et rendre au Sahel la prospérité qui a fait sa grandeur.
C’est d’ailleurs ce que le G5 SAHEL a tenté de faire en appuyant les initiatives sahéliennes, tel « Hottungo » une manifestation rassemblant éleveurs et agriculteurs du Niger et soulignant l’importance économique de la chaîne de valeur agropastorale reliant la bande saharo-sahélienne à l’Afrique de l’ouest et du centre.
Propos recueillis par Diallo Saidou
14 juillet 2021
Source : https://kassataya.com/
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Une mission de la Direction Générale du Patrimoine de l’Etat au Ministère des Finances composée de M. Zakari Tidjani et M. Ali Amadou ont animé une formation du 10 au 11 Mars 2022 sur la tenue de la Comptabilité des Matières d’une part et la maitrise de la procédure du recensement administratif des domaines bâtis et non bâtis de l’Etat et de ses démembrements d’autre part à Diffa. La formation a regroupé les directeurs régionaux et les chargés de la gestion des biens des directions régionales, départementales et communales. En marge de la formation, le chef de la mission M. Zakari Tidjani a expliqué les objectifs de ladite formation.
Quel est l’objectif de votre mission dans la Région?
L’objectif de la formation est d’outiller les responsables régionaux et leurs chargés de gestion des biens pour une réelle tenue régulière de la Comptabilité Matière et aussi maitriser toutes les étapes de la procédure du recensement administratif des domaines bâtis et non bâtis (Bâtiments administratifs).
Comment avez vous trouvé l’état d’esprit des participants ?
Nous avons trouvé des cadres régionaux qui ont favorablement accueilli la formation sur la procédure de gestion des biens de l’Etat. Ces cadres ont apprécié la démarche pédagogique de la formation. Ils ont contribué efficacement pour l’amélioration de la qualité des outils. A travers les échanges, nous avons constaté l’engouement des participants à s’approprier ces outils pour rendre leur gestion très fluide. Aussi, nous avons écouté avec intérêt les préoccupations des uns et des autres pour pallier les difficultés rencontrées souvent dans la gestion des biens. Et sur ce point nous avons suggéré l’examen des textes en vigueur régissant les différents domaines de gestion des biens de l’Etat.
Avez-vous un message particulier à l’issue de la mission que vous venez de conduire ?
Je voudrais remercier l’ONEP pour cette opportunité qui m’est offerte de m’appesantir sur l’objectif de notre mission dans la région du Manga. Aussi, je voudrais remercier très sincèrement les autorités régionales pour leur forte implication dans l’organisation de la formation et remercier les responsables régionaux pour leur disponibilité constante. Enfin, je lance un pressant appel à tous les acteurs de s’impliquer pleinement pour la réussite de cette opération de recensement.
Propos recueillis par Mato Adamou ONEP Diffa
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Monsieur le Directeur comment se porte le secteur du transport routier au Niger ?
Le transport routier, comme principal mode de transport au Niger, se porte bien. Il est en pleine reforme et en perpétuelle mutation. S’agissant de cette mutation et de ces réformes, nous avons élaboré une stratégie 2017-2025 qui est en cours d’exécution. Nous avons aussi élaboré plusieurs textes dans le cadre de la refonte d’une industrie de transport au Niger. Donc voilà ce qu’on peut dire du comportement et de la santé du transport routier au Niger.
Dans sa politique de modernisation du transport terrestre routier au Niger le gouvernement s’est montré favorable à la libéralisation de ce secteur. Et depuis quelques années on constate la création de sociétés de transport interurbain au Niger.
L’impact de la libéralisation du secteur ne peut être que positif. C’est un impact positif parce que tout simplement en libéralisant le transport on crée la qualité, on crée la concurrence, donc il y’a l’amélioration de la qualité du service. C’est dans ce sens que l’Etat a fait des efforts pour la création des gares modernes. Avec la création de ces gares modernes on a donné la possibilité au consommateur de choisir la compagnie de son choix. Puisque le transport est libéralisé, donc même le prix est libéralisé et la concurrence est aussi créée. Ce qui fait la différence des prix d’une compagnie à une autre. Cela, crée aussi, déjà le choix et chacun en fonction de ses moyens pouvais prendre la compagnie de son choix.
Aujourd’hui nous avons deux types de transport, il y’a des artisans transporteurs et des transporteurs qui sont organisés en ce qui concerne le transport des personnes. Autrement dit, nous avons le transport de marchandises qu’il soit public ou privé et nous avons le transport des personnes qu’il soit aussi public ou privé. A l’intérieur de chaque sous composante, nous avons des transporteurs qui sont organisés et régis par un régime normal, c'est-à-dire des sociétés qui sont très bien organisées, qui font leur déclaration, qui tiennent leur comptabilité et qui sont vraiment professionnelles. Les artisans transporteurs, c’est ceux qui sont soumis à un régime qui n’est pas normal du fait de la déclaration fiscale, c’est ceux qui payent la taxe synthétique et c’est eux aussi qui sont mal ou peu organisés.
En ce qui concerne le transport de personnes, le Niger fait aujourd’hui partie des pays les plus en chantier dans l’Afrique de l’Ouest du fait de la structure organisationnelle et de la modernisation dudit secteur. Pour arriver à ce niveau, c’était un combat mené par la société civile, qui défend les intérêts des consommateurs nigériens, et l’Etat qui a décidé de réorganiser le secteur pour créer la qualité.
De ce fait, pour encourager les investisseurs nationaux à s’investir dans le secteur, le code des investissements, qui offre beaucoup plus d’avantages, a été amélioré. Ce code a permis d’attirer beaucoup de partenaires nigériens à s’intéresser au secteur du transport, notamment le transport interurbain. Aujourd’hui on compte au moins 18 sociétés de transport interurbain créées, organisées et opérationnelles. Ces sociétés ont créé beaucoup d’emplois, elles font leur déclaration, elles sont sous un régime normal et elles offrent des services réguliers, c'est-à-dire elles ont l’autorisation de quitter Niamey à une heure fixe déterminée. Autrement dit, que le bus soit rempli ou pas, vous avez l’obligation de démarrer et de quitter, c’est ce qu’on appelle service régulier. A telle heure vous devez quitter, vous allez quitter. Ces sociétés continuent à servir les Nigériens et c’est de la qualité qu’elles offrent. Aujourd’hui, avec ces compagnies, chaque jour que Dieu fait la qualité s’améliore parce qu’il y’a la concurrence. Vous avez aujourd’hui des bus à l’intérieur desquels vous avez le wiffi et d’autres conforts. C’est cela le fruit de la concurrence. Ce qu’on n’avait pas auparavant.
De l’autre côté, on a les artisans transporteurs qui ne sont pas très bien organisés. Dans l’exploitation c’est le tour de rôle. C'est-à-dire, si le tour d’un véhicule arrive quel qu’en soit son état vous devez rentrer. C’est ce qui se passe dans les gares routières. Alors qu’on ne peut pas imposer à un consommateur le produit qu’il ne veut pas. La conséquence, en termes de perte de productivité de service, c’est que le transporteur ne peut pas rentabiliser ses investissements comme il le souhaite. En tout cas pas tout de suite. Parce que, s’il achète, il doit suivre le régime normal de dédouanement, c'est-à-dire qu’il ne bénéficie pas des avantages liés au code des investissements, parce que pour bénéficier de ces avantages il faut remplir un certain nombre de conditions. De l’achat, de la mise en consommation et de l’exploitation du véhicule, pour rentabiliser l’investissement et dégager une marge bénéficiaire, ça va prendre du temps. Le cout d’exploitation d’un véhicule est un problème. Aussi, ils n’ont pas de comptabilité, les conducteurs ne sont pas professionnels et la pluspart de nos transporteurs sont des analphabètes. Or on ne peut pas rentabiliser un véhicule quand on ne connaît pas son compte d’exploitation. C’est pour ces raisons, d’ailleurs qu’au Niger les banques sont réticentes à financer le renouvellement de la flotte nigérienne.
Le transport classique lui n’a pas connu de changement jusque là. Quels sont les efforts fournis en vue d’améliorer les conditions et la qualité dans le secteur des transports terrestres ?
Par rapport au transport terrestre les autorités de la 7ème République ont mis en avant l’intérêt de désenclaver les zones les plus éloignées à travers la construction des routes et l’amélioration de la qualité de service fourni sur ces tançons.
Le gouvernement a décidé, à travers le décret N°2019-270, d’encadrer la profession de transporteur routier ainsi que l’exercice des activités connexes au transport, notamment les intermédiaires, (les transitaires et autres). C’est un décret d’accès aux conditions de transport. Il définit les conditions de l’exercice de la profession. Il définit des curricula, des modules de formations à l’endroit des transporteurs routiers et des intermédiaires pour qu’ils soient tous professionnels. Tout ce beau monde doit s’enregistrer pour avoir les autorisations d’exercer de la profession.
A la fin de chaque année, il y’a un bilan à faire pour que l’Etat sache ce qu’ils font. Le décret définit aussi les conditions de mise à niveau pour qu’on puisse capitaliser l’expérience de ceux qui ne sont pas instruits. Voilà ce dans quoi nous sommes et c’est pour cela que j’avais tantôt indiqué que le secteur est en pleine reforme pour aboutir à une industrie de transport de qualité, une industrie fiable. A travers ce décret, l’Etat veut permettre aux transporteurs de rentabiliser leurs investissements et dégager une marge bénéficiaire.
En prenant ce décret, l’Etat est conscient et a l’obligation de permettre à ceux qui investissent de rentabiliser leurs investissements. C’est pour cela que le Ministère des Transports a pris d’importantes initiatives. Nous avons comme base ce décret d’application de l’ordonnance 2009 qui a été modifiée en 2010 et qui a fait une ouverture en créant d’un fonds universel. Ce fond est géré par l’Autorité de régulation du secteur de transport. C’est cette autorité créée par l’Etat qui doit veiller à l’application et au respect des cahiers de charges, qui doit veiller à l’égalité d’exercer cette profession. Au-delà, ce fonds est collecté par l’autorité et est utilisé pour corriger certaines imperfections du fait soit de l’éloignement de certaines zones ou du mauvais état des routes ou pour des zones qui sont mal desservies. L’autorité peut utiliser ce fonds pour compenser et permettre de créer la qualité sur le tronçon. Si par exemple les coûts de transport sont élevés pour une localité quelconque, l’autorité peut regarder et prendre une partie de ce fonds pour compenser et permettre à certains transporteurs de desservir cette localité. Mais, je rappelle que la gestion des gares routières publiques, de part du code des collectivités territoriales, a été désormais confiée aux collectivités territoriales.
Le renouvellement du parc auto nigérien qui est très vieillissant est une des politiques à laquelle le gouvernement met l’accent, qu’en est-il aujourd’hui ?
On est obligé de toucher au renouvellement de parc. Et c’est pour cela que l’Etat a depuis un certain temps institué le contrôle technique automobile. Il s’agit de moderniser ce contrôle, pour contrôler l’âge du véhicule et la pollution, parce que tous ces éléments ont un impact sur la santé humaine. Aussi, l’Etat a créé une Agence nigérienne de la sécurité routière pour lutter contre les accidents de la route. Ainsi, c’est un ensemble de paquet des reformes que le ministère a engagé pour la modernisation du secteur. Le renouvellement du parc est d’actualité. Il y’a même un projet de renouvellement du parc qui a été créé et qui est en train de se mettre en place pour pouvoir, d’abord réorganiser les transporteurs afin de penser à regrouper toutes ces personnes pour qu’elles puissent se présenter auprès du guichet de financement pour pouvoir renouveler leurs flottes. Telle est l’objectif du Ministère des Transports. Au niveau du transport voyageur il y’a une grande avancée, avec les sociétés modernes qui, presque chaque année, renouvellent leurs parcs, parce que les responsables bénéficient des avantages du code des investissements. Maintenant en ce qui concerne les artisans transporteurs, il faut les regrouper, les réorganiser et le renouvellement du parc va s’imposer de lui-même. Je pense qu’en termes du renouvellement nous sommes là-dessus, l’Etat est conscient de cela, et l’Etat va pour pouvoir aboutir au renouvellement du parc auto. C’est d’ailleurs dans cet esprit que la loi 2014 portant code de la route a prévu à son article 5 que l’âge du véhicule à l’importation sera limité. Donc la limitation de l’âge interviendra et c’est dans le souci de corriger non seulement ou de palier les différents accidents et renouveler la flotte nigérienne.
Réalisée par Ali Maman(onep)
09 octobre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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La Caisse Autonome des Retraités du Niger qui a été créé il y a quelques années, semble être aujourd’hui fonctionnelle. Pouvez-vous nous rappeler les raisons fondamentales qui ont motivé sa création?
Merci de nous donner l’occasion de nous entretenir avec vous sur la Caisse Autonome des retraités du Niger, la CARENI. Pour rappel, la CARENI a été créée par la loi N° 2012-69 du 31
décembre 2012. Ses statuts ont été approuvés par le décret N° 2014-490/PRN/MFP/RA/MF du 22 juillet 2014. Ces textes ont transféré à ladite Caisse les attributions de liquidation, de concession et de paiement des pensions de retraite des fonctionnaires affiliés à l’ex Fonds National des Retraites (FNR), exercées précédemment par le Ministère en charge des finances depuis 1961. Elle a le statut juridique d’Etablissement Public à caractère social. Sa création a pour objectif général d’améliorer la gestion administrative des pensions des fonctionnaires civils, des militaires, des paramilitaires et de leurs ayants droits.
De manière plus précise la CARENI a été créée pour alléger les souffrances des retraités mais aussi et surtout pour combattre toute forme d’inégalité soulevée dans le cadre de la question des pensions. En effet, c’est dans le souci d’améliorer significativement les conditions de vie de cette frange vulnérable de la société constituée par les retraités que le gouvernement de la 7ème République a engagé la réforme ayant débouché sur la création de la CARENI. Il s’agissait de faire face aux nombreux disfonctionnements apparus dans la gestion administrative et financière des pensions de retraite et leurs accessoires pour les travailleurs fonctionnaires civils et militaires ainsi que leurs ayants droits.
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Monsieur le gouverneur, quel est l’état des préparatifs de Tahoua Sakola ?
Merci, il faut dire ici que la fête , c’est dans presque une semaine, puisque les activités, culturelles, démarreront le 9 décembre vous voyez la fête est déjà là .Au plan organisationnel nous sommes à pieds d’œuvre pour achever les différents chantiers. Comme vous le savez la région est chargée du premier niveau de responsabilité. Le deuxième, relève du niveau central .Aussi toutes les commissions travaillent à plein temps pour mieux exécuter leurs cahiers de charges. .
S’agissant précisément, d’infrastructures d’accueil nous sommes optimistes à présent. Après les visites effectuées le 30 novembre on a pu constater avec satisfaction par exemple, que la case présidentielle sera prête , il en sera de même pour les villas ministérielles, autant du côté de 40 villas de Elh Adoua où il ne reste plus que le mobiliers. Pendant ce temps, la voirie urbaine se poursuit avec succès ; transformant ainsi de manière éclatante le visage de la capitale de l’Ader .
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Professeur, le Niger fait face à un blocus financier et aussi de mouvement de la part de la CEDEAO et de l’UEMOA à la suite des événements du 26 juillet 2023. Ces sanctions prises contre le pays et sa population se justifient-elles dans les chartes fondatrices de ses deux organisations ?
Avant de revenir sur les sanctions prises par la CEDEAO et l’UEMOA contre le Niger, permettez-moi d’abord d’évoquer le contexte dans lequel les événements du 26 juillet 2023 sont intervenus. Nous savons tous que le Niger fait face, depuis des années à une crise sécuritaire majeure due au terrorisme qui a d’ailleurs occasionné le déplacement massif des populations des zones affectées vers les grandes villes. Depuis plus de dix (10) ans en effet, le Niger est en guerre contre le terrorisme : d’abord à l’Est contre Boko Haram qui avait déstabilisé la région de Diffa, ensuite à l’Ouest, la zone des trois frontières dans la région de Tillabéri qui est devenue une zone de non droit où la population, laissée pour compte, est rançonnée, tuée et obligée de payer les impôts par des terroristes sans foi ni loi.
Pour revenir aux sanctions, il faut rappeler qu’elles ont été prononcées suite aux événements du 26 Juillet dernier, par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) tenue le 30 Juillet 2023 qui a demandé aux militaires de restaurer l’ordre constitutionnel en rétablissant Mohamed Bazoum dans ses fonctions. Cette décision était accompagnée d’un ultimatum de sept jours (du 31 juillet au 06 Août 2023). Bien évidemment, il s’agit de sanctions inédites et d’une extrême gravité à divers égards contre notre pays. Elles sont illégales car dépourvues de tout fondement juridique. Au total, neuf (9) sanctions ont été prises en bloc parmi lesquelles on peut citer la fermeture des frontières terrestres et aériennes entre les pays de la CEDEAO et le Niger; la suspension de toutes les transactions commerciales et financières et celles de service entre les Etats membres de la CEDEAO et le Niger. Non seulement, ces sanctions sont illégitimes, inappropriées et inacceptables, mais elles ont aussi des conséquences graves sur les populations durement éprouvées par des années d’insécurité. En plus elles n’ont pas été prises par graduation comme le préconise le protocole additionnel de la CEDEAO. Et d’ailleurs la CEDEAO est une organisation régionale qui œuvre pour la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux conformément à l’article 2, 3 et 6 de son Traité. Au lieu d’œuvrer pour la promotion de la suppression des obstacles entravant cette liberté de circulation, c’est elle-même qui entrave cette liberté. Cela constitue une violation du droit communautaire de la CEDEAO par la Conférence des Chefs d’Etat.
Y’a-t-il des solutions légales pour contourner ses sanctions financières ?
Il n’y a pas que les sanctions financières, il y aussi les autres sanctions notamment les suspensions des transactions commerciales et des transactions de prestations de service qui ont des conséquences graves sur la population.
Pour faire face dans l’immédiat aux diverses sanctions financières imposées par l’UEMOA et la CEDEAO, les autorités nigériennes devront penser à la création d’une monnaie locale virtuelle dans le cadre du Pan-African Payment and Settlement System (PAPSS) pour régler ses transactions. Il fait partie d’un marché régional et continental ouvert, il pourra donc utiliser cette monnaie virtuelle pour conclure des transactions.
Pour remédier dans l’immédiat aux suspensions des transactions citées plus haut, notamment la privation d’électricité car vous n’êtes pas sans savoir que le Nigeria a suspendu la fourniture d’électricité en méconnaissance du contrat de prestation de service qui le lie avec l’Etat du Niger, il est urgent d’avoir une politique locale de production de l’énergie alternative (solaire, électrogène) et inciter la population à réduire sa consommation en électricité. Parallèlement, les autorités doivent accélérer la finition du barrage de Kandadji et étudier la possibilité de construction d’une centrale nucléaire civile pour garantir aux générations futures une souveraineté énergétique.
Pour les produits alimentaires de première nécessité et les produits pharmaceutiques qui commencent à manquer, des solutions immédiates doivent également être trouvées et cela devrait commencer par la sécurisation des voies avec les pays voisins qui ont manifesté leurs soutiens au Niger notamment le Burkina Faso et le Mali afin de faciliter la circulation des biens et des personnes et donc l’acheminement de ces produits vers le Niger. La question de la sécurisation des voies dépendra des dispositifs sécuritaires mis en place de part et d’autre. Dans le même sens, les commerçants nigériens pourront faire passer leurs marchandises par le port de Guinée. Le Mali l’avait fait lorsqu’il était sous embargo.
‘’L’option d’une intervention militaire n’est prévue ni par le Traité révisé de la CEDEAO de 1993, ni par son protocole additionnel de 2001, en l’occurrence le Protocole A/SP1 :12/01’’
La menace d’intervention militaire brandie par certains pays de la CEDEAO est-elle défendable légalement au vue des textes qui fondent la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ?
L’option d’une intervention militaire de la CEDEAO contre le Niger n’est pas défendable du point de vue juridique. Car, faut-il le souligner, il s’agit d’une option illégale et inappropriée. Elle est illégale car elle n’est prévue ni par le Traité révisé de la CEDEAO de 1993, ni par son protocole additionnel de 2001, en l’occurrence le Protocole A/SP1 :12/01 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance Additionnel au Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la sécurité du 10 Décembre 1999. Aussi, la CEDEAO aurait dû s’inspirer des sanctions contenues dans ses textes notamment l’article 45 du protocole précité qui dispose : « 1. En cas de rupture de la Démocratie par quelque procédé que ce soit et en cas de violation massive des Droits de la Personne dans un Etat membre, la CEDEAO peut prononcer à l’encontre de l’Etat concerné des sanctions.
2. Lesdites sanctions à prendre par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement peuvent aller par graduation : l Refus de soutenir les candidatures présentées par l’Etat membre concerné à des postes électifs dans les organisations internationales ; l Refus de tenir toute réunion de la CEDEAO dans l’Etat membre concerné ; l Suspension de l’Etat membre concerné dans toutes les Instances de la CEDEAO ; pendant la suspension, l’Etat sanctionné continue d’être tenu au paiement des cotisations de la période de suspension ».
C’est dire ici qu’une intervention militaire ne fait pas partie des sanctions prévues par les textes de la CEDEAO. Au surplus, l’article 58 du Traité révisé de cette organisation fait obligation aux Etats d’œuvrer à la préservation et au maintien de la paix, de la stabilité et de la sécurité dans la région en privilégiant le dialogue, la consultation, la conciliation, la médiation et autres modes de règlements pacifiques des différends (cf. alinéa 2 (e) de l’article 58). En somme la voie diplomatique doit être privilégiée dans cette situation.
Quelles sont les moyens légaux dont disposent le Niger pour tenir responsables, devant les juridictions internationales, une organisation ou un pays qui intenterait à sa souveraineté ou à son intégrité territoriale ?
La CEDEAO est une organisation régionale dotée d’une Cour de Justice qui a notamment comme missions le maintien d’un environnement juridique favorable à la réalisation des buts et objectifs de la communauté et plus précisément la promotion de l’intégration socio-économique des Etats membres à savoir la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. Les sanctions imposées par cette organisation au Niger asphyxient économiquement le pays. Il s’agit là d’une violation du droit communautaire qui ouvre la possibilité pour l’Etat du Niger d’engager des poursuites contre la Conférence des Chefs d’Etat pour les décisions qu’elle a prise, mais aussi contre les Etats membres appliquant ces sanctions. C’est l’article 9 du protocole additionnel A/P.1/7/91 de la Cour de Justice de la Communauté. Le Niger peut aussi engager des poursuites contre le Bénin et le Nigeria qui ont suspendu les contrats de prestations de service les liant à l’Etat du Niger. Dans ce sens la Cour Internationale de Justice peut être saisie. Mais si dans les contrats de prestations de service, les juridictions compétentes ont été désignées pour régler ces différents, ce sont ces juridictions-là qui seront saisies ; à défaut de choix, dans chaque cas d’espèce c’est le contrat qui nous renseignera sur la juridiction à saisir.
La posture adoptée par la CEDEAO aura-t-elle un impact sur la lutte contre le terrorisme et la protection des droits des civiles en zones de conflit ? Si oui, que faut-il faire pour préserver les droits des populations ?
Bien évidemment, la posture va-t’en guerre de la CEDEAO qu’on observe depuis quelques années ne résoudra aucun problème politique ou démocratique et n’aura certainement pas d’impact sur la lutte contre le terrorisme. Au contraire, une fois que la guerre aura éclaté personne ne pourra assurer la protection des populations civiles et pire le terrorisme profitera de cette situation pour prendre de l’ampleur. En somme, l’option d’une intervention militaire risquerait de plonger la sous-région dans une instabilité profonde avec des conséquences désastreuses et inestimables comme l’ont prédit la plupart des experts en sécurité. Et lorsque cette guerre sera déclenchée, on ne le souhaite pas, la CEDEAO ne contrôlera rien du tout. A ce moment-là certains pays viendront jouer les pompiers alors même que ce sont eux qui ont attisé le feu.
Professeure, Quel impact durable aura l’attitude des instances communautaires vis-à-vis du Niger sur l’harmonisation des textes et procédures légales en Afrique de l’Ouest ?
La première conséquence et le risque pour ces instances c’est de pousser le Niger et tous les autres pays d’ailleurs qui ont connu le même sort, à quitter cette organisation puisqu’au lieu de défendre les intérêts de ses Etats membres, cette organisation défend d’autres intérêts. Et pire encore, elle fait subir des souffrances atroces aux populations nigériennes. Sinon, comment comprendre cette volonté farouche des Chefs d’Etat de la CEDEAO de vouloir affamer et asphyxier le peuple pour faire pression sur les autorités militaires. C’est absurde. S’agissant de la légalité de ses textes, la CEDEAO doit tout simplement réviser ses textes et y inclure les actes qu’elle voudra appliquer dans l’avenir, il y va de sa légitimité.
Quel type de Gouvernance préconisez-vous pour surmonter cette période de crise au Niger?
Aujourd’hui, le Niger est en train d’écrire une page de son histoire, celle de reconquérir sa souveraineté, son indépendance effective et son autonomie stratégique vis-à-vis de l’impérialisme occidental et de celle-ci dépendra l’avenir du peuple nigérien dans son ensemble.
La Communauté internationale, les associations et ONGs nationales, sous régionales et régionales et les syndicats demandent le retour à un ordre constitutionnel normal. Il est primordial de rappeler ici la nécessité de respecter les principes fondamentaux de l’Etat de droit ainsi que le respect de la souveraineté et l’autodétermination du peuple nigérien. Ce qui implique alors une transition devant conduire au rétablissement d’un mode de gouvernance choisi et voulu par le peuple nigérien. Dans ce sens, il faut noter que le protocole additionnel de la CEDEAO de 2001 prévoit toujours en son article 45. 3 que cette institution « doit continuer de suivre, d’encourager et de soutenir tout effort de l’Etat membre suspendu aux fins de retour à la vie institutionnelle démocratique normale ». Il est important de souligner que depuis les événements du 26 juillet 2023, les autorités militaires bénéficient du soutien populaire et qu’aucune crise sociale n’a été constatée. Au contraire, les manifestations se sont multipliées en leur faveur. C’est dire qu’après la mise en place du gouvernement le 10 Août dernier, les autorités doivent aller vers une consolidation des instances nationales avec la mise en place d’un cadre de concertation national. Pour un retour à la cohésion sociale, il est important de rendre effectif le cadre de concertation national qui est le Conseil Consultatif National prévu par l’ordonnance n°2023-02 du 28 Juillet 2023, qui à mon avis devra être inclusif. Cet organe devrait réunir tous les fils et les filles du pays, toutes les corporations au sein d’un organe pour discuter et décider ensemble des solutions pour la remise sur les rails d’un Niger démocratique. Cette étape cruciale pour la consolidation des instances nationales doit être rapidement mise sur pied car comme on l’a vu, cette crise politique a mis à jour et le ras le bol de la société nigérienne face à la gestion autoritaire du pouvoir déchu.
Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)
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On parlera économie à votre forum, en marge d'un G5 centré sur les questions militaires. Quel message voulez-vous faire passer ? Il s'agit de promouvoir auprès de nos partenaires privés, bailleurs de fonds et ONG, notre Programme de développement économique et social (PDES) 2017-2021, qui vise à accélérer la croissance du Niger. Il repose sur deux piliers. La transformation du milieu rural tout d'abord, qui concentre 80 % de la population, avec le programme inédit Initiative 3N (les Nigériens nourrissent le Niger) fondé sur l'irrigation pour étendre la production agricole sur toute l'année, alors qu'elle se concentre actuellement sur les trois mois de la saison des pluies, où il tombe autant d'eau qu'à Paris en un an. Nous perdons 100.000 hectares par an du fait de la désertification, notre objectif est d'en reconquérir 200.000 chaque année par une meilleure gestion de l'eau, la plantation d'arbres, etc. La hausse de la production agricole permettrait en outre de fixer dans leurs localités les jeunes scolarisables, qui sinon migrent vers les pays voisins, voire plus loin. Autre exemple, nous voulons amener l'électricité dans mille villages.
Deuxième pilier, le développement du secteur privé, auprès de qui nous pouvons faire valoir un bond de 30 places en cinq ans du Niger dans le classement Doing Business de la Banque mondiale. Les opportunités sont considérables dans l'énergie, le numérique, l'agro-alimentaire. Le Niger dispose de ressources naturelles, d'une main d'oeuvre jeune, est membre de deux espaces économiques intégrés, l'UEMOA, qui assure une monnaie convertible, et la CEDEAO, pesant 300 millions de consommateurs. On peut aussi venir chez nous pour exporter vers le Nigeria, 180 millions d'habitants à nos portes. Nous disposons aussi des garanties qu'apporte le fonds de la Banque Mondiale pour les pays les plus pauvres, IDA 18. C'est essentiel, car notre pays subit trois chocs, climatique, sécuritaire et lié au reflux des cours des matières premières.
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Kadidja Moumouni vous êtes la présidente de l’Association Nationale des Albinos du Niger. Quel est l’état des lieux relativement à la situation des albinos dans notre pays ?
Tout d’abord la journée du 13 juin est célébrée suite à une résolution des Nations Unies qui a institué cette journée en 2014. Nous sommes actuellement à la troisième célébration. Concernant la situation des personnes atteintes de l’albinisme au Niger, je dirai que de manière globale les albinos dans notre pays ont un problème de prise en charge. Surtout en ce qui concerne la protection de la peau et de la vision. Ces deux problèmes de peau et de vision sont les principaux soucis des albinos. Sur le plan de l’éducation, les albinos rencontrent aussi des difficultés du fait de leur basse vision. Pour ce qui est de la stigmatisation, je dirai, que la société nigérienne est très tolérante. On ne rencontre pas de discrimination. Sauf au niveau des écoles primaires où les albinos font face à des taquineries de la part de leurs camarades.
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Le samedi 21 avril 2018, le Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD Nassara) a célébré le 27ème anniversaire de sa création. A cette occasion, le journal « La Nation » a tendu son micro à l’honorable Maman Mourtala Mamouda, membre du Bureau Politique National du Parti et Président du Groupe parlementaire « Rassemblement des démocrates-MNSD Nassara).
Bonjour honorable. Le samedi dernier, votre parti a commémoré au Palais du 29 juillet, le 27ème anniversaire de sa création. Que peut-on retenir de cette célébration ?
La commémoration de ce 27ème anniversaire est couplée au forum des jeunes et des amazones. Ce forum est placé sous le thème suivant : rôle et responsabilités des jeunes dans le processus électoral. Ce fut également l'occasion pour le parti de rappeler aux responsables des organes et structures de participation le mot d'ordre de leur renouvellement en prélude au congrès de 2018.
Vous avez vu la mobilisation et la ferveur à cette commémoration. Cela donne la mesure de la force politique que représente notre parti, le MNSD Nassara sur l'échiquier national.
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Mr le secrétaire général à quelques battements d’ailes, l’USTN fêtera ses 60 ans d’existence. Qu’elle est la genèse de cette union et qu’est ce qui a été concrètement entrepris à l’endroit des travailleurs par rapport à sa devise « la défense des intérêts matériels et moraux»?
Merci de m’avoir donné l’opportunité de parler de l’USTN dans les colonnes de votre auguste journal aussi légendaire que notre organisation. L’USTN est héritière de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique noire créée en 1957 à Cotonou par les leaders de la lutte pour l’indépendance des pays d’Afrique francophone. Au lendemain des indépendances toutes les centrales syndicales furent reconstituées sous forme d’organisation unique rattachées au parti politique au pouvoir. Au Niger, il fut créé le 25 septembre 1960 l’Union Nationale des Travailleurs du Niger (UNTN). Les responsables syndicaux étaient en même temps membres du Bureau politique du parti au pouvoir ; ce qui explique la conduite syndicale dite de syndicalisme d’intégration. A la chute du régime du parti unique suite au coup d’Etat militaire de 1974, les responsables syndicaux tombent en disgrâce. La nouvelle génération, sous la pression des militaires au pouvoir, décide de changer de ligne politique et adopte le syndicalisme de participation responsable.
En 1976, la centrale change de dénomination et devient l’Union des Syndicats des Travailleurs du Niger pour des raisons organisationnelles. Cette conduite syndicale sera maintenue jusqu’en 1987 avec la disparition du Général Président, à qui succède un autre militaire cette fois débonnaire qui proclame la politique de décrispation.
L’USTN a donné naissance à plusieurs centrales syndicales, pourtant au sortir des élections professionnelles elle s’est retrouvée en 3ème position au lieu de la première ; le commun des mortels a des difficultés à comprendre cette mésaventure et se demande les mobiles ?
L’USTN est la centrale syndicale qui a revendiqué l’organisation des élections professionnelles pour mettre de l’ordre dans le monde des organisations syndicales créées depuis l’avènement de la démocratie dont elle a aussi été un acteur majeur dans son instauration. On a ainsi assisté depuis un certain temps à la création des organisations syndicales tout comme des partis politiques pour la plupart des cas liés à des intérêts personnels. Nous avons activement participé à l’organisation de ces élections et nous nous félicitons des résultats pour d’une part l’avancée qu’a enregistrée notre pays dans ce domaine, mais aussi la place de notre centrale sur l’échiquier syndical national. Les raisons pour lesquelles nous occupons la troisième place nous les connaissons, nous les gardons pour nous en vue de préparer les prochaines élections.
Est-ce la résultante de la fin de la lune de miel qui aurait caractérisé les relations entre l’USTN et le pouvoir ?
Il n’ya jamais eu de lune de miel entre l’USTN et le pouvoir, il faut plutôt vous référer aux différents ouvrages sur l’histoire de l’USTN écrits par d’éminentes personnalités. Ainsi que les différentes déclarations et prises de position de l’USTN.
D’aucuns disent que la colonne vertébrale syndicale de l’USTN malgré qu’étant la centrale mère reste toujours la même : ateliers, séminaires, colloques tout comme les autres centrales. Mais à quand l’USTN doit- elle se démarquer de ce cliché syndical pour une autre stratégie de formation ?
La formation est l’une des principales fonctions syndicales. Toute organisation qui ne met pas à jour les connaissances de ses membres est appelée à disparaitre. Autant les travailleurs sont appelés à faire valoir leurs droits à la retraite, autant nous sommes tenus de renouveler les dirigeants syndicaux par les jeunes générations. Donc il faut les former il n’y a rien à faire puisqu’on ne peut pas réinventer la roue.
Toujours les mêmes revendications, condamnations… qui laissent visiblement indifférent le pouvoir, et la centrale qui ne réagit point, même en cas de non satisfaction de quelques points contenus dans le cahier de doléances. Monsieur le Secrétaire Général à quand la fin de ce théâtre syndical pour une véritable prise de conscience ?
La ligne politique de l’USTN est le « syndicalisme de développement», donc nous continuons à négocier et renégocier tant que le partenaire ne ferme pas la porte avant de faire recourt à l’arme ultime. Et puisque l’injustice ne finira pas totalement sur notre planète, les syndicats n’ont pas le droit de disparaitre. La prise de conscience sera effective lorsqu’il y’aura un ras-le-bol généralisé et que les travailleurs comprendront que la division ne les arrange pas.
Si tous les syndicats affiliés (une cinquantaine) s’acquittent de leurs cotisations, l’USTN aura-t-elle besoin d’une quelconque subvention de l’Etat et d’autres appuis des partenaires ?
Même si tous les affiliés payent régulièrement leurs cotisations, l’USTN aura toujours besoin de l’appui de tous ses partenaires ; c’est d’ailleurs un devoir pour eux d’appuyer les partenaires sociaux. Il y’a trop de choses à faire aux syndicats donc beaucoup de moyens sont nécessaires.
A l’heure actuelle qui finance l’USTN ?
L’USTN est financée tout naturellement par ses affiliés, l’Etat et les partenaires extérieurs.Mais aussi à travers certaines activités non négociantes menées çà et là.
En 60 années d’existence, l’USTN évolue dans le même bâtiment. Ce qui n’honore pas d’ailleurs, partenaires et autres visiteurs étrangers, vous avez un mot?
Nous nous estimons heureux d’avoir ce patrimoine que certains syndicalistes après avoir créé leur centrale ont pensé que l’USTN devrait le partager avec eux. L’USTN est la seule à posséder des bâtiments et terrains à travers tout le pays. Nous sommes en train de réfléchir à la construction d’un nouveau siège et même la mise en valeur des autres terrains à l’intérieur du pays.
Visiblement le monde féminin des travailleuses ne s’occupe que des femmes intellectuelles en milieu urbain, et les autres travailleuses qu’en dites-vous ?
Là je réponds que c’est une affirmation gratuite car à l’USTN nous avons avec nos partenaires un projet pour le secteur informel où se retrouvent les femmes de toutes les couches socioprofessionnelles. Le seul problème est que le syndicalisme est avant tout une question d’engagement et de disponibilité. Ceci est valable aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Lorsque quelqu’un n’est pas engagé à faire quelque chose personne ne peut l’obliger à le faire encore moins à sa place. Les femmes sont confrontées aussi à d’autres problèmes notamment la stigmatisation liée aux coutumes surtout lorsqu’elles sont mariées. Pour pallier à tout cela, nous sommes obligés de mener des campagnes de sensibilisation.
Comment peut-on qualifier vos rapports avec les autres centrales que l’USTN a accouchées ?
Nos rapports avec les autres centrales sont bons puisque l’USTN en tant que centrale mère comme vous le dites, nous n’avons aucun complexe de tout mettre en œuvre pour rassembler tous les acteurs pour une unité d’action pour le bien être des travailleurs.
Correspondance particulière
Dubois Touraoua
23 septembre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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Monsieur le Ministre, vous avez il y a quelques jours, présidé à Diffa une réunion de partage de bilan des interventions des ONGs et Associations de développement. A combien peut-on estimer aujourd’hui le nombre d’ONGs et Associations nationales œuvrant sur le territoire du Niger ?
Il faut souligner que c’est sur la base des agréments délivrés par le Ministre en charge de l’Intérieur que les ONGs sont enregistrées dans la base de données du Ministère du Développement Communautaire et de l’Aménagement du Territoire qui assure la tutelle du secteur au Niger. A la date du 31/12/2019, le Nombre d’ONGs au Niger était de 3.169. Par typologie, on a recensé 261 ONG étrangères et 2.908 ONGs nationales.
Quelles sont généralement les domaines et les lieux d’intervention des ONG/AD au Niger ?
Les domaines d’interventions des ONGs au Niger sont variables et dépendent déjà de ce qui est prévu par les statuts de chacune d’entre elles. Sur la base des activités qu’elles mènent, il y’a des ONGs qui sont dans l’éducation, la santé, l’Environnement, la culture, le développement social, le développement intégré et dans l’humanitaire. En termes de lieux d’intervention, il faut noter que ça dépend de ce que l’ONG a prévu dans son projet. Mais de manière générale, les ONGs interviennent sur toute l’étendue du territoire national.
Monsieur le Ministre, pourquoi votre département ministériel a décidé seulement maintenant d’élaborer une stratégie de maitrise des interventions des ONG/AD au Niger?
L’élaboration d’une stratégie de maitrise des interventions du secteur des ONG/AD devait d’abord permettre à l’Etat d’emmener les ONGs vers la qualité dans ce qu’elles font et par la suite de capitaliser les acquis de leurs interventions. Il a été constaté à la suite d’un diagnostic, une faible maitrise de ce que font les ONGs. Ceci s’explique d’une part, par le non-respect et le vieillissement des textes qui encadrent le secteur et d’autre part, par une insuffisance du suivi évaluation et contrôle du secteur par l’Etat. C’est depuis 2017 que l’Etat a décidé du chantier d’assainissement du secteur et dont l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie devaient permettre d’y arriver. C’est un chantier qui est en exécution.
Quels sont les résultats enregistrés depuis l’adoption de cette stratégie ?
Alors, les résultats, il faut le dire sont de deux niveaux : intermédiaires et finaux. On peut à cette date parler de résultats dès lors que le chantier est en exécution mais plutôt de résultats intermédiaires. Il faut souligner que dans ce cadre, plusieurs activités devaient permettre d’atteindre des résultats intermédiaires. On peut citer les assises nationales sur le recadrage du secteur, le renforcement de la communication par le Ministère, le suivi évaluation et le contrôle du secteur.
En ce qui concerne les assises nationales, le premier niveau du travail a été fait. Il s’agit des assises régionales dont les conclusions sont déjà disponibles et doivent permettre de passer à l’étape suivante qu’est la réunion des assises nationales. Cette dernière phase dépend également de travaux préliminaires qui sont en cours. A la fin de ces travaux d’experts, la grande réunion aura lieu. Ces assises devaient permettre d’obtenir comme résultat intermédiaire, une proposition du nouveau cadre juridique, une proposition d’un cadre approprié de suivi évaluation et contrôle du secteur, une stratégie de financement du secteur et un cadre de partenariat Etat-ONG.
En ce qui concerne l’aspect communication, des efforts ont été fournis et ont permis aux ONGs de connaître les textes existants, leurs obligations et les sanctions qu’elles encourent en cas de manquement. On peut dire que des résultats sont obtenus à ce niveau puisque le nombre d’ONGs qui transmettent leurs rapports a augmenté sur les trois dernières années. Les ONGs connaissent de plus en plus l’importance et les avantages liés au respect des textes ; Pour ce qui est du suivi évaluation, vous pouvez déjà constater que nous sommes de plus en plus présents sur le terrain ces dernières années. Les ONGs sollicitent le Ministère dans pratiquement tout ce qu’elles font. Il y’a un cadre qui est prévu pour la planification du processus de suivi des projets exécutés par les ONGs. En effet, pour tout projet qu’elles doivent exécuter, les ONGs signent un Protocole de Mise en exécution avec notre département ministériel et c’est dans le cadre de ce protocole que sont prévues et effectuées les Missions de suivi évaluation.
Pour ce qui est du contrôle des ONGs, depuis 2018, des opérations de contrôle ont lieu au niveau des sièges des ONGs par les cadres du Ministère. Ces opérations concernent aussi bien les ONGs nationales qu’étrangères. Les manquements constatés lors de ces opérations ont fait l’objet de recommandations et d’avertissements aux ONGs fautives.
Monsieur le ministre, quelle (s) appréciation (s) faites-vous du nombre et des différentes interventions des ONG/AD au Niger ?
Il est évident qu’avec 3.169 ONG agréées au Niger, on s’attend à mieux en termes de contribution au développement du pays. Nous pouvons dire que les ONG contribuent certes mais elles peuvent faire mieux. Certaines ONG créées ne sont pas opérationnelles parce qu’elles n’arrivent pas à mobiliser les ressources pour exécuter des projets. D’autres mobilisent des ressources mais elles ne les injectent pas conformément aux conventions signées avec les bailleurs. C’est ce dernier cas que nous décrions et qui doit faire l’objet de sanctions. Globalement nous estimons qu’il y’a trop d’ONGs au Niger parce que la liberté d’association le permet mais leurs interventions ne sont pas de qualité. Elles peuvent mieux faire et c’est ce qu’attend le gouvernement.
D’aucuns disent que certaines ONG/AD ne respectent pas les textes en vigueur dans notre pays ?
Il est vrai que certaines sinon la plupart des ONGs ne respectent pas les textes au Niger. Elles doivent savoir que des sanctions sont prévues en la matière.
Quelles sont Monsieur le ministre, les sanctions qui peuvent être appliquées à ces ONG/AD ? Avez-vous eu des cas?
les sanctions qui peuvent être appliquées aux ONGs sont prévues par le Chapitre VI du Protocole d’Accord Type 2016-2020 qui définit les fautes et leur régime de sanctions applicables aux ONGs. On peut citer : L’article 43 qui stipule que «les manquements constatés, lors des contrôles et évaluations entrepris par l’Administration ou inopinément, sur les obligations de l’ONG/AD stipulées aux articles 4 et 5 concernant l’accompagnement sincère des efforts de développement de l’Etat, ou l’implication et le soutien transparents des populations, sont passibles de l’avertissement écrit, de l’arrêt momentané ou définitif des activités en cours, de la suspension ou du retrait pur et simple de l’agrément, suivant la gravité et l’étendue des fautes commises » ;
L’article 44 qui stipule que « l’ONG/AD qui ne respecte pas les dispositions du présent PAT, ou qui méconnait les dispositions sociales concernant l’embauche, la répartition de travail, la formation professionnelle, la promotion, la rémunération et l’octroi d’avantages sociaux, peut être déclarée non éligible au PAT, ou exclut du bénéfice du droit à l’exonération pour une durée n’excédant pas deux (2) ans, si dans ce temps elle se conforme aux prescriptions légales en la matière » ;
L’article 45 qui stipule que « Tout dossier incomplet soumis pour l’obtention du PAT ou du bénéfice du régime des exonérations, sera purement et simplement rejeté si à l’issue du délai accordé par l’Administration pour compléter les pièces manquantes, l’ONG/AD ne s’est pas exécutée. Le rejet du dossier est notifié à l’ONG/AD concernée par l’autorité compétente ». l’article 46 qui stipule que «lorsqu’à l’occasion de la constitution des dossiers pour le bénéfice des avantages précisés à l’article ci-dessus, l’ONG/AD introduit une pièce fausse, ou fait des déclarations ou des insertions mensongères; celle-ci peut être exclue du bénéfice du PAT ou de l’exonération pour une période allant de un (1) à trois (3) ans, sans préjudice des poursuites pénales ou des sanctions administratives prévues par des textes spécifiques. Les administrations fiscale et douanière sont habilitées à constater le manquement et proposer au Ministre des Finances des mesures de suspension des avantages fiscaux, sans préjudice du paiement des droits compromis ou éludés, et des amendes et pénalités. Le Ministre en charge de la tutelle des ONG/AD est informé immédiatement de toute sanction prise dans ce cadre ». L’article 47 qui stipule que «toute ONG/AD/RLR dont la responsabilité est établie dans un détournement d’objectif d’un bien ou article exonéré, ou qui aura permis, facilité ou encouragé des personnes membres ou non à servir de cette possibilité d’exonération à des fins personnelles ou privées sans rapport avec son objet, sera exclue pour une période de dix (10) ans du bénéfice du PAT et du régime des exonérations ; sans préjudice des poursuites pénales contre les personnes impliquées. En cas de récidive, l’ONG/AD sera définitivement exclue, et le Comité Paritaire ou le Ministère de tutelle saisit le Ministère de l’Intérieur pour demander le retrait d’agrément de l’ONG/AD/RLR coupable de ces faits » ;
L’article 48 qui stipule que «les sanctions prévues par le présent PAT, relatives à la privation du droit au bénéfice des avantages concédés par l’Etat, sont prononcées par le Ministre en charge des ONG/AD après avis du Comité Paritaire lorsqu’elles ne sont pas déjà prononcées par les administrations fiscales. En dehors des projets dont la dévolution des biens à la fin de leur période est prévue dans une convention particulière, en cas de retrait d’agrément ou de cessation d’activités, tous les biens de l’ONG/AD sont affectés à une œuvre similaire dans le respect de la réglementation nigérienne en vigueur et de ses statuts » ;
Comme vous pouvez le constater il existe des sanctions prévues par les textes. Il y’a eu un cas en 2020. Il s’agit d’une ONG dont la responsabilité a été établie dans le détournement des biens exonérés. Cette ONG a fait l’objet du retrait de son Protocole d’Accord Type avec le Gouvernement et il a été demandé au Ministère de l’Intérieur de procéder au retrait d’agrément de ladite ONG.
Réalisée par Fatouma Idé(onep)
02 octobre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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Abdou Harouna, 49 ans, marié et père de cinq enfants, tout nouveau directeur général de NIGER TELECOMS, a la lourde responsabilité de gérer cette entité. Avec plus de 19 ans d’expérience dans divers postes à responsabilités techniques et managériales aux USA, au Moyen-Orient et en Afrique, le nouveau patron de Niger Télécoms dispose de nombreux atouts, ainsi que d’une large connaissance en Lean Enterprise et en concepts de Six-Sigma, en finance, en achats, en Supply Chain, en systèmes de distribution, en planification stratégique et des opérations ; et un leadership et une expertise avérés dans des entreprises industrielles, d’aéronautique, de télécommunications et de mines.
Après l’obtention de son Ingéniorat en Technologie avec option Eaux et Forêts obtenu en 1997 à l’université de technologie de Minna, au Nigeria, il poursuit son cursus académique aux USA où il obtint un Master et un Doctorat en Gestion des entreprises dans les universités de Averett en Virginie et l’université de Michigan.
Il est aussi détenteur de plusieurs certificats d’études supérieures en logistique et gestion de la chaîne d’approvisionnement de l’université du Michigan obtenu en 2006 et des cours de certification Six-Sigma Green Belt de la même université la même année. Enfin, en 2007, il décroche dans le Massachusetts à la faculté de droit de Harvard, un certificat qui valide sa réussite au programme de négociation pour les cadres supérieurs.
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Fervent acteur de la paix, le Sultan de l’Air a séjourné récemment avec plusieurs de ses pairs africains aux Etats -Unis, en Italie et en France. Ces rencontres ont donné aux participants l’occasion de partager l’expérience de leurs pays en matière de consolidation de la paix, de lutte contre l’extrémisme violent.
Honorable vous venez d’effectuer un séjour aux Etats -Unis, en Italie et en France ou l’expérience de notre pays en matière de consolidation de la paix a été beaucoup appréciée.
Effectivement j’étais aux USA pour représenter le Niger par rapport aux questions de l’extrémisme violent. Nous étions 11 pays africains dont le Niger que nous avions représenté. Aux USA nous avons été reçus au département d’Etat. Après Washington nous nous sommes rendus en Louisiane où nous avions rencontré les responsables fédéraux de la police qui se trouvent confrontés aux questions de l’extrémisme violent. Au regard de nos expérience au Niger nous avions échangé et conjugué nos efforts communs pour arriver à des solutions durables pour la paix sur le sol américain plus particulièrement dans l’Etat ou nous avions été invités et notamment la paix pour tous nos Etats.
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Présente à la 27ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), avec son film, " Zinder" en compétition officielle dans la catégorie documentaire long métrage, la réalisatrice Aicha Macky a raflé deux prix spéciaux, plus une mention spéciale du jury prix du Conseil de l’Entente. Dans cet entretien, Aicha Macky, exprime sa joie pour ses récents succès, parle de sa nouvelle mission d’ambassadrice de la paix, l’annonce par le Chef de l’Etat d’un financement pour le cinéma nigérien,…
Quel sentiment vous anime après votre remarquable participation au FESPACO où votre film Zinder a permis au Niger d’être en bonne place avec deux prix spéciaux et une mention spéciale du Jury ?
C'est une immense joie qui m'anime pour cet honneur fait au Niger et ma modeste personne avec le Prix spécial de « la femme ambassadrice de la paix » initié par l'Agence française de développement, d'un montant de 7millions de francs CFA ; le Prix de « la meilleure réalisatrice de l'Afrique de l'Ouest» de la CEDEAO doté de 10 millions de francs CFA, une marque de reconnaissance. A ces deux prix s’ajoute la mention spéciale du Jury du Conseil de l’Entente. J'étais très émue de voir tout l'engouement et la joie que ces distinctions ont mis dans le cœur des Nigériens et même au delà des frontières. C'est aussi une responsabilité énorme que de porter ces titres sur mon épaule.
Désormais, je me dois d'être plus créative et de redoubler d'efforts pour le volet transmission à travers les formations que je donne aux plus jeunes afin d'assurer la relève.
Le Prix femme ambassadrice de la paix est accompagné d’une convention avec l’AFD ; cette distinction vous investit d’une mission spécifique ? Laquelle précisément ?
Ce titre vient me donner raison pour tout ce que j'avais l'habitude de dire à certaines personnes qui trouvaient que j'étais naïve quand je faisais du volontariat avec PDEV et Search For Common Ground. J'étais formatrice des formateurs en CVE (comment contrer l'extrémisme violent) et comment amener les communautés en conflit à être résilienter. Je n'avais pas gagné d'argent mais cette expérience de presque 10 ans m'a ouvert des portes blindées que l'argent ne pouvait ouvrir.
J'ai bénéficié de plusieurs programmes, comme le YALI, le PIPA, Saheli.ne.s 2040,... Être choisie parmi tant d'autres femmes cinéastes pour être ambassadrice de la paix me donne comme mission de perpétuer le message de la Paix dans mes films. C'est aussi de pouvoir rassembler les cinéastes au Niger et partout dans le monde car sans cohésion il n’y a pas de développement.
L’audience avec le Président de la République Mohamed Bazoum était, pourrait-on dire, une belle occasion de plaidoyer pour plus d’appui en faveur du cinéma et de la culture au Niger ; espère-t-on une annonce dans ce sens ?
J'étais émue de lire la joie sur le visage du Président de la République, SE Mohamed Bazoum qui me félicitait avec un large sourire et une chaude poignée de main. Il nous a marqué sa joie pour l'honneur fait à la nation à travers ses trois distinctions. Nous avons plaidé pour un fonds démocratique de cinéma qui permettrait à tout Nigérien du secteur qui le mérite d'avoir accès à un financement. Au nom de l’Etat, le Président de la République a pris l'engagement de mettre un milliard de Francs CFA dans le cinéma et de prendre en charge d'autres difficultés au niveau du Ministère de la culture et du centre national de la cinématographie du Niger. Je crois avoir accompli ma mission ce jour-là…
Avec une dizaine d’années d’expérience en tant que réalisatrice, pensez-vous que le développement du cinéma au Niger est lié seulement à la question de financement ?
Il n’y a pas que l'argent, mais c'est le nerf...Le cinéma c'est un art de prestige qui demande énormément d'argent. On fait appel à tous les techniciens des différents mailons : réalisation, production, scénarisation, prise de vue, prise de son...Il est la sommation de tous les arts dont il met en lumière. Adaptation d'un roman, portrait des artistes (musiciens, peintres...) sa lumière éclaire tout sur son passage.
Un pays où il n’y a pas de fonds pour le cinéma reste toujours à la traîne et n'arrive pas à placer ses techniciens, puisque les États qui financent les projets ont une stratégie pour faire ramener leur argent en demandant à ce que les techniciens de chez eux soient engagés et payés sur les fonds. Cela empêche d'avoir une industrie de cinéma et c'est une économie qui échappe à nos États puisque chaque technicien engagé c'est un emploi de plus qu'on procure et un chômeur de moins...
L'exemple du Sénégal que nous citons toujours est la preuve. De la création du FOPICA à aujourd’hui, les cinéastes du pays ont avancé de façon incroyable et ils sont comptés désormais dans toutes les grandes rencontres.
Avec déjà le chemin parcouru, quel appel avez-vous à l'endroit des cinéastes et acteurs culturels du Niger ?
C'est le moment de s'unir davantage pour la pérennité du fonds que l'Etat décide de mettre à la disposition du cinéma. Et je souhaite que l'État en fasse un fonds permanent pour que notre cinéma rayonne et fasse flotter le drapeau du Niger dans les grandes rencontres du cinéma d'ici et d'ailleurs.
Entretien réalisé par Souley Moutari
29 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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La ministre nigérienne du Plan revient pour Jeune Afrique sur les défis face auxquels le pays se trouve confronté : la démographie, le dérèglement climatique et la question de la démocratie.
À l’issue de la conférence de la Renaissance, organisée à Paris les 13 et 14 décembre 2017, bailleurs de fonds internationaux et investisseurs privés ont promis au Niger 23 milliards de dollars pour financer son Plan de développement économique et social (PDES) 2017-2021. Une manne supérieure aux 17 milliards espérés, dont la ministre du Plan, Aïchatou Kané, explique comment elle sera utilisée.
Jeune Afrique : Quels sont les défis que vous entendez relever ?
Aïchatou Boulama Kané : D’abord celui de la sécurité, que nous avons intégré dans notre PDES. Nous nous sommes adaptés à cette guerre asymétrique et la menons avec le concours de la société civile, en particulier de la chefferie traditionnelle, qui travaille avec l’administration pour retrouver nos valeurs – qui ne sont pas féodales.
Autres défis : la démographie, dont la hausse doit être en phase avec notre croissance, et le changement climatique, qui pèse sur notre économie – d’où notre engagement dans la COP21 [Conférence de Paris de 2015 sur le climat].
{xtypo_quote}Nos défis : la démographie, le dérèglement climatique et la consolidation de la démocratie{/xtypo_quote}
Il nous faut aussi modifier nos mentalités et consolider la démocratie à notre manière. La cellule familiale doit être centrale afin que notre développement mette en valeur le groupe plutôt que l’individu.
Quels sont les objectifs du PDES ?
Il met l’accent sur la dynamisation de notre croissance économique, que nous voulons faire passer de 5 % à 7 % par an d’ici à 2021. Nous tablons sur une réduction du taux de pauvreté, de 45 % à 41 %, et une baisse de la natalité, de 7,6 à 5,06 enfants par femme.
En outre, notre PDES ne se contentera plus de gérer les urgences, comme l’immigration ou les inondations, ce qui avait tendance à reléguer le développement au second plan. Nous anticiperons mieux.
Comment y parvenir ?
Par la transformation du monde rural, qui assure 40 % de notre PIB et où vivent 80 % de la population. Pour cela, nous accélérerons le développement des villages, conforterons l’agriculture pluviale et électrifierons au moins 1 000 villages pour leur permettre d’accéder aux nouvelles technologies. Nous avons libéralisé le secteur de l’électricité, donc n’importe quel investisseur peut la produire dans un village et la revendre à notre société nationale.
Mais mobiliser les ressources en eau, distribuer des semences adaptées et désenclaver les villages avec de nouvelles pistes ne suffiront pas : il nous faudra transformer la production et privilégier l’agro-industrie pour créer le maximum de valeur chez nous.
Enfin, pour disposer d’une main-d’œuvre de qualité, nous faisons passer la part consacrée à la formation professionnelle et technique dans notre budget de l’éducation nationale à 40 %, contre 25 % en 2015.
Quelle place réservez-vous au secteur privé ?
Il est le moteur incontournable de notre développement. Et le second pilier, après la transformation du monde rural, sur lequel s’appuie notre PDES.
Nous avons désormais plus d’une centaine de projets auxquels nous souhaitons l’associer, nous avons créé un guichet unique pour les investisseurs étrangers, et nous avons modernisé nos codes minier et de l’investissement.
>>> À LIRE – Économie : comment Niamey résiste aux chocs
Cela nous a valu de progresser de 32 places en cinq ans dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale [144e sur 190 pays classés en 2018]. Investir au Niger n’est plus risqué comme par le passé.
04 mars 2018
Source : http://www.jeuneafrique.com/
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Du 17 au 20 juin dernier, le Président de la République, Chef de l’Etat, SE. Issoufou Mahamadou, a effectué une visite de travail et d’amitié en Italie. Dans la capitale italienne Rome, le Président Issoufou a été l’invité d’honneur de la session annuelle du Conseil d’administration du PAM, il a rencontré des responsables des agences onusiennes en charge du développement agricole (PAM, FAO, FIDA). Le Chef de l’Etat a également été reçu avec tous les honneurs au Palais Chigi par le Président du Conseil italien, M. Giuseppe Conte, avec qui ils ont échangé sur la coopération bilatérale. Dans cet entretien réalisé à Rome, le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, M. Albadé Abouba, revient sur les principaux aspects de cette mission de travail du Chef de l’Etat.
Monsieur le ministre d’Etat, quels sont les principaux actes de la mission de travail et d’amitié du Chef de l’Etat en Italie ?
Il faut d’abord retenir que le Président de la République était l’invité d’honneur de la session annuelle du Conseil d’administration du Programme alimentaire mondial (PAM) en sa triple qualité de Chef de l’Etat du Niger pour les efforts qu’il déploie en matière de lutte contre l’insécurité alimentaire ; ensuite, en sa qualité du président en exercice du G5 Sahel pour les efforts dans la lutte contre l’insécurité et pour les questions de développement et enfin en qualité de président de la Commission climat de la zone Sahel qui regroupe 17 pays de la sous-région ouest africaine. C’est parce que toutes ses préoccupations sont liées les unes aux autres que le Président de la République a été l’invité d’honneur de cette prestigieuse organisation avec laquelle le Niger a une tradition de coopération depuis des décennies. A l’occasion, le Chef de l’Etat a fait une importante intervention qui a été vivement ovationnée par l’ensemble des participants à cette session.
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Monsieur le Maire est-ce que vous pouvez nous présenter la commune rurale de Damagaram Takaya dont vous avez la charge?
La commune rurale de Damagaram Takaya se trouve à 70 km à l’Est de Zinder, et elle couvre une superficie de 2.140km2 avec une population estimée en 2012 à 61.580 habitants. Nous avons 49% d’hommes pour 51% de femmes. Notre commune est limitée au Nord par la commune de Kagna Wamé, à l’Est par les communes de Garazou, et Gamou, au sud par la commune de Guidimouni et une partie de la commune de Guidiguir, au sud- ouest par la commune de Mazamni, et à l’ouest par la commune d’Albarkaram. Le taux de croissance de la population est de 5,6% alors qu’au niveau de la région il est d’environ 4%. C’est donc une population qui grandit vite. Au niveau de notre commune, il ya lieu de distinguer trois grandes zones. Il ya la zone Nord, le Centre et la zone Sud. Dans la partie Nord, la commune est surtout constituée de dunes de sable, mais des dunes vives et fixées. C’est la zone par excellence de l’agriculture et de l’élevage. Le centre est la partie du socle, où nous avons là aussi des agro pasteurs. Par contre le Sud est la partie dunaire au sol lessivé, mais qui a beaucoup de cuvettes. Les dunes sont mortes. Quatre ethnies cohabitent dans la commune rurale de Damagaram Takaya. Il s’agit des Kanouri qui constituent 60% de cette population, les Haoussa 30%, les Toureg 6%, et les Peuls 4%.
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Le Système National de la Recherche Agronomique (SNRA) du Niger comprend les institutions de recherche, les universités publiques, le Centre de multiplication du bétail, le laboratoire central de l’élevage (LABOCEL), les institutions régionales (Centre AGRHYMET) et internationales (ICRISAT). A celles-là, s’ajoutent les entreprises du secteur privé, les ONG et des organisations de producteurs. A côté de cette diversité d’acteurs scientifiques et techniques, il existe une diversité d’acteurs du monde rural, de plus en plus importante et demandeurs de résultats de la recherche agricole. C’est dans ce contexte et dans un souci de faire face à la diversité des acteurs, des demandeurs et des problématiques, que le Niger s’est doté d’un organe d’orientation politique de la recherche agronomique, à savoir, le Conseil National de la Recherche Agronomique (CNRA), présidé par le Premier Ministre, Chef du gouvernement et comprenant les ministères techniques en charge du secteur rural, les facultés d’agronomie des Universités publiques, les organisations paysannes. Le Responsable de l'Unité Suivi-Evaluation et Gestion des bases de données du CNRA, le sociologue et Expert en Management des Projets de l’Agriculture Protégée, M. Ali Moussa nous parle ici de cette importante structure stratégique de coordination, d’orientation et de décision en matière de recherche agronomiques
Pouvez-vous nous présenter le CNRA?
Le Conseil National de la Recherche Agronomique (CNRA) est une structure d'orientation politique et de décision en matière de recherche agronomique. C'est une structure qui est chargée d'assister le gouvernement dans l'élaboration de la politique nationale de la recherche agronomique (stratégie et financement) et dans le suivi de sa mise en œuvre. A ce titre, le CNRA est chargé de proposer au gouvernement un document définissant la stratégie nationale en matière de recherche agronomique (programme de recherche, vulgarisation et appui conseil). Il est également chargé de proposer au gouvernement des mécanismes internes et externes de financement efficace et durable de la recherche agronomique. Mais aussi de veiller à la cohérence des actions et à l'opérationnalisation du Système National de la Recherche Agronomique, de contrôler et évaluer les activités et centraliser les résultats de la recherche agronomique, de promouvoir et renforcer les résultats de coopération entre les institutions de recherche agronomique sur les plans national, régional et international, d'instruire les propositions de décision du Secrétariat Permanent et de contrôler le fonctionnement du Secrétariat Permanent. Le CNRA est aussi obligatoirement ampliataire des rapports d'activités de la recherche agronomique effectué sur le territoire national. Il est rattaché au Cabinet du Premier ministre, qui en est le président. Le CNRA regroupe une dizaine de ministères sectoriels ainsi que des Instituts de recherche et des structures étatiques. Le CNRA sert aussi d'interface entre les structures de recherche agronomique, l'Etat et les utilitaires des résultats de la recherche. Nous proposons également au gouvernement les mécanismes internes et externes de financement, pour que la recherche soit indépendante et autonome et pour que les recherches tiennent compte des réalités et des priorités nigériennes. Les chercheurs doivent traiter des problèmes réels, locaux et relatifs aux producteurs de notre pays. Le CNRA essaye aussi de promouvoir et de renforcer les relations de coopération entre les institutions de recherche (nationales et internationales) et introduire les propositions de décisions. Cela se passe au cours des deux sessions ordinaires annuelles qui réunissent les membres.
Qu’est-ce-qui justifiait la présence du CNRA à la Semaine de paysan, ayant eu lieu à Margou Béné, du 22 au 25 novembre dernier ?
La deuxième édition de la semaine du paysan qui s’est déroulée du 22 au 25 Novembre 2021, s’est tenue à un moment où la recherche se propose de vulgariser les nombreuses technologies générées par les chercheurs et d’identifier des thèmes de recherche à la base. C’est pourquoi le CNRA, a fait venir toutes ses structures de mise en œuvre sous forme de journée du CNRA afin de mettre en évidence la nécessité d’accroitre les investissements dans la recherche agronomique au regard des besoins continus de nouvelles technologies et techniques afin de suivre l’évolution de la demande croissante en aliments (produits de l’agriculture et de l’élevage, produits halieutiques et forestiers) accessibles aux populations et à des prix soutenables et préservant les ressources naturelles et de l’environnement. Le CNRA est convaincu qu’un secteur agricole en bonne santé est une garantie nécessaire pour la croissance économique, la fourniture d’aliments, de revenus et d’emplois pour les plus pauvres et pour l’amélioration de la conservation des ressources et de la protection de l’environnement.
Quelles sont les stratégies que vous adoptez et développez dans le cadre de l'accomplissement de toutes les missions du CNRA ?
Au niveau du CNRA, nous ne faisons pas la recherche, en tant que telle. Nous agissons au niveau stratégique. Ainsi, au niveau du CNRA, nous traduisons les priorités du gouvernement en programme, sous forme de plans d'actions. Nous avons ainsi un plan d'actions triennal compilé. Donc, nous coordonnons les activités des différentes structures de recherche agronomique. Par exemple, il y a les mêmes structures qui utilisent les mêmes technologies, sur le terrain,, souvent avec des méthodes différentes, avec des techniques contradictoires, alors nous essayons de créer une cohérence et faire en sorte que chacune de ces structures fassent correctement son travail selon ses compétences. Je prends l'exemple de l'ICRISAT, qui souvent mène des activités un peu contradictoires avec celles de l'INRAN, ce qui nous a amené, depuis un moment à recadrer toutes ces actions. Et chacune des structures sait maintenant de manière claire et précise ce qu'elle doit faire sur le terrain et à quel niveau le faire. Ainsi, le plan d'actions triennal nous permet de renforcer la recherche et le conseil agricole et surtout de coordonner les actions de recherche agronomique dans notre pays, afin de créer les conditions de mettre durablement les populations nigériennes à l'abri de la faim et de la malnutrition et leur garantir les conditions d'une pleine participation à la production nationale et à l'amélioration de leurs revenus. Et tout cela, à travers la mise en œuvre d'une stratégie de recherche-formation-innovation en agriculture. La forte et ferme volonté politique qui anime les plus hautes Autorités nigériennes, depuis 2011, contribue beaucoup à nous aider, à nous faciliter l'atteinte des objectifs assignés au CNRA et à promouvoir (en matière de lisibilité et visibilité) la recherche agronomique au Niger. Pour la première fois nous avons au niveau de la Primature une ligne de crédit dédiée uniquement à la recherche agronomique et cela en plus de ce qui est prévu au niveau du FISAN. Crédits que nous sommes en train d'utiliser à travers des projets compétitifs, après analyse et évaluation du comité scientifique du CNRA. Nous venons présentement de sélectionner huit (8) projets de recherches agronomiques, qui seront financés, à 100% par le budget national.
Quelles perspectives envisagez-vous pour le CNRA ?
Il faut faire en sorte que toutes les structures de recherche agronomique soient plus viables, plus visibles. Notre pays possède beaucoup de potentialités, des technologies existantes et/ou générées mais qui demeurent méconnues, donc non utilisées par la population. Les tiroirs de nos chercheurs regorgent de technologies extraordinaires qui font la fierté des peuples dans certains pays mais qui sont méconnues par nos propres populations. Au CNRA nous disons qu'il va falloir vulgariser toutes ces technologies très pertinentes, aussi bien traditionnelles que modernes et faire en sorte que nos paysans se les approprient, pour booster notre agriculture. Pour cette vulgarisation, c'est l'APCA (Agence pour la Promotion du Conseil Agricole), qui en est le chef d'œuvre. Au CNRA, nous générons les technologies, l'Etat à créé cette structure qui s'occupe de leurs vulgarisation, à travers leurs dispositifs régionaux et locaux, en rapport avec le CNRA. Mais aussi, il va falloir que les thèmes des recherches soient ceux qui proviennent de la base. Ce n'est plus les temps où le chercheur se met de côté imagine et créé une technologie, qui a elle-même des problèmes à s'adapter. Non les temps changent, le climat avec et l'agriculture doit s'adapter. Il faut maintenant aller rencontrer et écouter le producteur connaître ses besoins, ses défis, les réalités du changement climatique auxquelles il fait face, en vue d'y apporter des réponses. Il est nécessaire aussi de mettre à jour certaines technologies devenues vétustes et caduques.
Concrètement, quel rôle le CNRA a-t-il joué dans l’organisation de la semaine du paysan ?
En tant que structure de recherche agronomique, le Conseil National de la Recherche Agronomique (CNRA) a participé pleinement à l’organisation de la semaine du paysan qui s’est tenue à Margou Béné, en mobilisant toutes ses structures nationales (INRAN, LABOCEL, CMB, les Facultés d’agronomie des universités publiques) et internationales (ICRISAT, AGHRYMET, IRD, ACMAD, IRI) de mise en œuvre. A travers ses structures de recherche, le CNRA a présenté le résultat de la recherche agronomique. Ce sont des technologies générées par les institutions de la recherche. Ce sont surtout des technologies éprouvées en productions animales, en gestion des ressources naturelles et en productions végétales. Elles sont stratifiées en domaines et sous-domaines, dont, sans être exhaustif nous pouvons citer : le domaine des Productions animales (aviculture, halieutique, ruminants, etc) ; gestion des ressources naturelles (agroforesterie, technologies éprouvées en régénération naturelle assistée, système de cultures, conservation des eaux et du sol, restauration des sols) ; productions végétales (technologies éprouvées sur les techniques culturales, technologies éprouvées sur les variétés, etc). Le CNRA a accepté d’assister à la semaine du paysan parce que c’est quand même un cadre annuel de rencontre entre les producteurs, les chercheurs et les décideurs. C’est, par conséquent l’idéale opportunité de présenter aux producteurs ces diverses technologies générées par la recherche mais qui sont méconnues. Cet évènement a été l’occasion pour discuter directement avec les utilisateurs des résultats et d’identifier des réels thèmes à la base.
Réalisée par Mahamadou Diallo(onep)
03 décembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Monsieur le ministre, le Niger a de 2011 à aujourd’hui produit plusieurs réformes relatives à l’amélioration du climat des affaires : pouvez-vous nous faire l’état des lieux de ces réformes ?
L’amélioration du climat des affaires et la création des conditions favorables au développement du secteur privé nigérien ont toujours été une préoccupation majeure du Président de la République. L’Etat, ne pouvant plus à lui tout seul assurer la croissance et le développement du Niger, il est temps de donner au secteur privé toutes ses chances pour qu’il soit le véritable moteur de la croissance économique, de la création des valeurs ajoutées et de la création d’emplois. C’est donc conscient de tout cela, que le Gouvernement du Niger, de concert avec le secteur privé, et sous l’impulsion de son Excellence Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l’Etat et du Premier ministre, Chef du Gouvernement, S.E Brigi Rafini, est engagé depuis 2011, dans un large processus de prise et de mise en œuvre des réformes d’amélioration du climat des affaires. Il est à noter que la Banque mondiale, à travers le Projet d’Appui à la Compétitivité et la Croissance (PRACC), et la Coopération danoise appuient fortement le Gouvernement du Niger dans ce chantier.
En termes de bilan, de 2011 à 2016, 15 réformes ont été prises et mises en œuvre au Niger. Ces réformes ont permis de fluidifier les processus de création d’entreprises et d’exercice pour les opérateurs du secteur privé. Elles ont aussi permis la facilitation des échanges commerciaux entre le Niger et le reste du monde. Divers outils de modernisation et de facilitations des rapports des transactions tels que le Tribunal de commerce de Niamey ont été mis en place.
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La Commune de Gaya a été créée par la loi 2002 du 14 juin 2002 portant création des communes et fixant les noms des Chefs-lieux des communes. Située à l’extrême sud de Dosso, Gaya s’étend sur 360 km2, pour une population estimée à 63.000 habitants. Outre le centre urbain, la commune comprend 18 quartiers, 5 villages administratifs et 43 villages traditionnels ou hameaux et 3 tribus peuples ou rouga. La commune abrite 7 groupes ethniques dont les Dendis, les Zarmas, les Haoussas, les Peulhs, les Touaregs, les Yoroubas et les Gourmantchés. Trois (3) principales activités occupent ces populations : il s’agit du commerce, de l’agriculture et de la pêche.
Concernant l’agriculture, le Département de Gaya est la zone la plus arrosée du Niger, ce qui permet de promouvoir les activités agricoles qui occupent une bonne partie de la population et qui lui permet de tirer l’essentiel de ses revenus.
Monsieur le maire, quelles sont les potentialités dont regorge Gaya ?
Outre la culture des céréales (mil, sorgho, maïs, etc.), les gens pratiquent le jardinage et les cultures de contre saison. Nous produisons beaucoup de Tanjalons, des mangues ainsi que d’autres fruits et légumes, ce qui permet de ravitailler d’autres localités et même Niamey, la capitale. Il y a aussi nos rôneraies qui, en plus d’être des lieux touristiques, jouent un grand rôle dans l’alimentation, l’habitation, le soin de certaines maladies et la lutte contre la désertification, tout en procurant d’importants revenus à nos populations.
Quels sont les avantages que Gaya tire de sa proximité avec le Bénin et le Nigeria ?
Le département de Gaya fait frontière non seulement avec le Bénin mais aussi avec le Nigeria. L’un des avantages de cette proximité est le mixage. Nous avons des échanges socioculturels et surtout économiques. Par exemple avec les habitants des villes proches de Gaya, nous sommes devenus presque des parents. Ainsi, à Malanville, qui est située à quelques encablures de Gaya, il y a des gens qui parlent la langue Dendi plus que nous et nous nous côtoyons régulièrement. D’un côté comme de l’autre, les habitants se rendent dans les différents marchés. Il y a aussi les transactions commerciales qui nous lient. Du Bénin, nous importons du maïs, de la farine de manioc, de l’igname. Nous leur fournissons en retour nos produits locaux comme des fruits et certaines denrées. D’ailleurs avec les Béninois, nous avons même créé un cadre de concertation nommée le ‘‘Dendi Ganda’’. C’est un cadre qui réunit toutes les communes, avec lesquelles nous avons les mêmes coutumes. Nous nous réunissons aussi pour échanger par rapport à la vie de nos communes. Dans ce même cadre, nous avons reçu une visite, au cours de laquelle il a été décidé de la construction d’une route qui va rallier Gaya à Dolé, une localité partagée entre le Niger et le Nigéria. Quant au Nigéria, nous y exportons et/ou importons du bétail, des fruits. Nous nous approvisionnons aussi en produits manufacturés. Par exemple, pour mon mouton de Tabaski, c’est à Kamba, au Nigéria, que je l’ai acheté.
Une localité frontalière fait forcement face à des contraintes. quelles sont les contraites auxquelles Gaya est confronté ?
La contrainte la plus virulente et pénalisante est l’incivisme. Nos populations ne perçoivent pas l’intérêt et la nécessité du paiement des impôts. Ici, l’incivisme fiscal fait école, c’est difficile, les gens ne payent pas les impôts. ». En effet, comme les recettes d’une commune viennent principalement des taxes et impôts de ses habitants, il est difficile d’imaginer son fonctionnement sans cette source de revenus. La richesse d’une commune, ce sont les taxes municipales et les autres taxes et nous, c’est avec ça que nous travaillons. Ce manquement aux impôts est devenu un problème aigu, qui pénalise le fonctionnement de la commune. Nous avons sensibilisé mais cela continue à être un calvaire pour nous. Mais parfois, les paysans disent que, eux, ils payent. Ce que les citoyens payent comme impôts, nous en faisons des réalisations et ils voient. Et quand le paysan sait où va son argent, je crois qu’il ne doit pas avoir des difficultés pour s’acquitter de ses impôts. Les séances de sensibilisation qui sont faites à l’endroit des citoyens commencent à porter leurs fruits. Car on constate une amélioration dans la mobilisation des recettes. Ainsi, nous devons continuer à aller vers ces populations pour leur expliquer le bien fondé et la nécessité des taxes. Car, sans ces taxes de voiries, une commune ne peut pas s’en sortir et être bien gérée. Une autre contrainte majeure est la sécurité. Outre les deux frontières que Gaya possède, il y a une autre frontière insaisissable qui est le fleuve. C’est par ce fleuve que toutes les transactions s’effectuent depuis la fermeture des frontières. C’est pour cela que nous nous mobilisons pour sécuriser nos concitoyens et leurs biens.
Le Niger à l’instar des autres pays d’Afrique est touché par la pandémie de la Covid-19. Quelles en sont les conséquences sur le plan socioéconomique ?
Les conséquences sont aussi diverses que nombreuses. Vu qu’avec nos voisins du Bénin et du Nigéria, nous entretenons plusieurs activités, il faut dire que l’apparition de cette maladie a mis un frein à ces échanges. D’abord, les gens sont déconnectés de leurs parents se trouvant de l’autre côté des frontières. Les échanges des biens se sont brusquement arrêtés. Déjà avant la pandémie, le Nigeria voisin avait pris la décision de fermer ses frontières, ce qui a significativement réduit les échanges, la Covid-19 est venu mettre à terre les échanges entre nos pays. Une grande partie de nos activités commerciales est traitée avec le Nigeria ; donc, il est clair que la situation de la fermeture des frontières a bloqué beaucoup de choses et rien ne bouge, certaines personnes ont même envisagé de quitter Gaya, pour d’autres horizons. En plus, cette situation a beaucoup promu la fraude. Car les gens contournent et prennent d’autres voies pour s’adonner à leurs activités, ce qui cause, bien entendu, beaucoup de problèmes. Il passe aussi par le fleuve, ce qui engendre des accidents, avec des pirogues qui chavirent et tuent des personnes, comme c’est le cas récemment, avec des dizaines de morts au fleuve. Ils passent aussi vers le Nigéria, où ils se font attaquer et dépouiller par des bandits dans la brousse.
En dépit de tous ces défis que vous venez d’énumérez, quelles peuvent-être les perspectives pour la Commune de Gaya ?
Nous nous concertons régulièrement pour voir, avec tous les acteurs, quelles dispositions prendre pour sortir de cette situation et améliorer les conditions de vie de nos concitoyens. Par ailleurs, nous sollicitons aussi nos divers partenaires, pour leur expliquer la situation, ainsi que les efforts que l’Etat et nous déployons pour améliorer la situation et décliner nos attentes et nos besoins, pour qu’ils nous viennent en aide. Déjà, quelques-uns de ces partenaires ont commencé à se manifester et nous fondons l’espoir que des appuis nous parviendrons pour circonscrire cette triste situation. Nous osons espérer que certaines de nos attentes seront satisfaites, notamment la réhabilitation du marché à bétails, qui nécessite des investissements costauds. Notre partenaire FRAZIA, qui intervient dans le domaine de l’eau et de l’assainissement, nous vient aussi en aide. Nous attendons donc que l’Etat et des partenaires nous appuyent dans la gestion et la sortie de cette situation. Vue sa position géographique, Gaya doit être la vitrine en matière de collaboration.
Réalisée par Mahamadou Diallo, Envoyé Spécial(onep)
28 août 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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«L’assainissement du secteur des ONG et Associations de Développement consistera en une application optimale des dispositions juridiques régissant les ONG/AD, puis à la mise en œuvre des mesures idoines pour un meilleur recadrage de leurs interventions»
Monsieur le Ministre, le Communiqué portant sur les résultats de la réunion du Conseil des Ministres en date du 16 juin 2017 a évoqué l’audition par le Conseil d’une communication de votre département ministériel sur l’assainissement du secteur des ONG et Associations de Développement. Pouvez-vous, Excellence, nous en dire davantage pour assouvir la curiosité des acteurs concernés et du grand public?
Merci pour l’occasion que vous me donnez de m’exprimer davantage sur cette décision qui consacre la volonté du Gouvernement de jouer pleinement son rôle consistant à créer et veiller au respect d’un cadre favorable à un développement sain de l’initiative associative, qui comme vous le savez est un droit garanti par la Constitution de notre pays. Il est cependant évident, qu’autant la constitution a garanti des droits pour les citoyens ; autant elle permet à la loi d’encadrer de façon saine, l’exercice de ces droits.
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Qui est Abdou Djibo ?
Je suis un ancien cycliste Nigérien, et je suis né vers 1957 à Talladjé Ko-bontafa. Mais je suis du quartier Saga. Nos parents possèdent des champs dans toute cette zone et chaque année, ils quittent Saga pour aller cultiver leurs champs. Au fil du temps, ils ont fini par s’installer là-bas.
Comment êtes-vous arrivés au cyclisme, je vais parler de vos premiers pas dans la ‘’petite reine’’ ?
Je me souviens bien qu’à l’époque, nous avions des vélos ordinaires sur lesquels nous faisions des compétitions entre amis. Et à chaque compétition, je terminais premier. La seule fois où j’ai fini deuxième de la compétition, c’était à cause d’un problème technique, car la chaine de mon vélo n’arrêtait pas de sortir, me provoquant ainsi de nombreux arrêts. C’est ainsi qu’un jour, à l’issue d’une de nos compétitions, un ressortissant européen du nom de Brandao m’a remarqué parmi les meilleurs coureurs et m’a offert un vrai vélo de course. Et j’ai été ainsi sélectionné pour courir avec les grands cyclistes nigériens de l’époque. Il s’agit de Abass Ousmane, Garba Madé dit « Madja », Sido Noufou, Souley Sanda, Younoussa Sabo, etc. Ils étaient nombreux à l’époque. J’ai donc commencé à m’entraîner avec ces grands coureurs. Moins d’un an après ma sélection, j’ai commencé à m’imposer devant ces grandes figures du cyclisme en les battant dans les compétitions.
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Monsieur le Gouverneur, du 13 au 17 mars 2018 et, plus récemment, du 26 au 29 mars dernier, vous avez organisé des rencontres internationales. Quelle est la nature de ces évènements ?
C’est avec enthousiasme que la famille rotarienne du Niger a abrité la 5ème Assemblée de formation du District 9102 Afrique de l’Ouest du Rotary International couvrant le Bénin, le Ghana, le Niger et le Togo, à Niamey. Un événement de très grande importance, pour faire le point de l’état de notre District et préparer une nouvelle année par la formation de nos dirigeants de District et des clubs, et les vendredi 16 et samedi 17 mars 2018 la Conférence de District, la grande retrouvaille de l’amitié, du partage et de l’approfondissement de notre engagement rotarien.
La conférence était placée sous le haut patronage de SEM. Mahamadou Issoufou, Président de la République, Chef de l’Etat. La 5èmes Assemblée et la Conférence de District 9102 Afrique de l’Ouest du Rotary International tenues à Niamey nous ont permis de consolider définitivement notre District en termes d’effectif, de développement de l’action humanitaire et de promotion de l’image du Rotary.
C’est également une occasion intense et rare qu’aucun rotarien ne veut manquer pour découvrir notre pays, le Niger, qui reçoit pour la première fois en 50 ans d’implantation du 1er club Rotary, et faire la connaissance de Niamey, une ville cosmopolite, traversée par le fleuve Niger, encore majestueux en ce début de saison sèche. Ils étaient 530 hôtes venus de la sous-région Ouest Africaine, de l’Afrique Centrale et de l’Océan indien. Il est important de souligner que la clôture de la 5ème Assemblée et Conférence du District a été présidée par Hadjia Aissata Issoufou, Première Dame, marraine du Gouvernorat 2017-2018.
A peine les rideaux se sont refermés sur les assises de la 5èmes Assemblée et Conférence de District tenues à Niamey du 15 au 17 Mars 2018, que nous avons accueilli 164 jeunes de 14 à 30 ans des quatre pays membres du District 9102 en Séminaire rotarien de formation des jeunes à la responsabilité, à l’éthique et au leadership, en anglais « Rotary Young Leadership Awards » ou RYLA . Ces jeunes, durant une semaine, se sont exercés à la gestion de la chose commune et développer leur leadership à travers une série de formations, de visites d’entreprises et d’excursions.
Le RYLA et l’ACD de nos jeunes s’inscrivent dans la droite ligne du programme de notre District, essentiellement destiné aux jeunes, c’est-à-dire l’avenir du Rotary et pourquoi pas l’avenir du monde. Il faut préciser que l’édition 2018 du RYLA, organisée à Niamey, est la 3ème du District 9102.
Pour ces jeunes participants aux séminaires RYLA, il s’agit d’une occasion d’être familiarisés à des situations variées, d’échanger des idées avec d’autres jeunes du District, de rencontrer des dirigeants locaux et d’acquérir des compétences professionnelles et de s’épanouir. Le RYLA Niger 2018 dont le thème est ‘’les jeunes générations pour un impact réel du Rotary’’ coïncide avec le cinquantenaire du Programme Rotaract (Rotary en Action).
Un nombre varié d’activités ont été développées notamment des ateliers et des conférences sur les thèmes tels que : Relation Famille, emploi et clubs services ; Développement du leadership au quotidien ; le projet professionnel, une nécessité aujourd’hui ; la gestion du temps ; la méthodologie pour l’identification et le choix de l’idée projet d’entreprise, son financement ; l’initiation et la réalisation de projets dans le domaine environnemental ; l’intégration de la jeune génération dans le développement économique et social local durable.
Cette formation a été ponctuée par des visites d’entreprises, touristiques, une action commune et la camaraderie sous la conduite d’encadreurs qualifiés. Ces rencontres ont permis de consolider davantage notre District en développant le partenariat avec les jeunes dans l’action humanitaire et la promotion de l’image publique du Rotary.
Monsieur le Gouverneur, pouvez-vous nous faire une présentation de votre organisation, notamment à travers ses objectifs ?
Le Rotary est une organisation internationale humanitaire, apolitique et non confessionnelle, présent dans plus de 200 pays et Etats à travers ses 35.000 clubs dans toutes les grandes villes du monde. Les rotariens, dont le nombre avoisine 1.234.000, appartiennent aux clubs et sont issus du monde des affaires, des professions libérales en activité ou à la retraite et du monde civique. Ils mettent leur compétence au service de leur collectivité et à travers le monde.
La devise du Rotary, ‘’Servir d’abord’’, se fonde sur ses cinq (5) valeurs fondamentales que sont : la Camaraderie, l’Intégrité, la Diversité, le Service et le Leadership. Ses actions découlent de six (6) axes stratégiques. Il s’agit de : la Paix et l’Entente Mondiale ; la Prévention et le traitement des maladies ; la Santé de la mère et de l’Enfant ; l’Eau et l’Assainissement; l’Alphabétisation et l’Education de base, et le Développement économique local.
L’on ne peut parler du Rotary sans parler de la Fondation Rotary qui est une organisation à but non lucratif dont la mission est de permettre aux Rotariens de promouvoir l’entente mondiale, la bonne volonté et la paix en œuvrant dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la lutte contre la pauvreté. Ce qui caractérise la Fondation Rotary, c’est une gestion financière rigoureuse, un classement exceptionnel de 4 étoiles parmi les organisations caritatives et un modèle de financement unique depuis 10 ans : autant de facteurs qui optimisent les contributions des rotariens et de ceux qui les soutiennent.
Le Rotary International a consacré plus de 1,2 milliard de dollars, sans compter le travail de ses bénévoles, pour vacciner plus de deux milliards d’enfants de moins de 5 ans qui, grâce à cet effort, échappent à la paralysie causée par la poliomyélite.
Le Rotary a été introduit au Niger le 31 Juillet 1967 avec la création du 1er club, le Rotary club Niamey par des leaders représentant leur profession tant du Public que du Privé, civile comme militaire, qui donnent de leur temps et de leurs ressources au service de la communauté. Je dois avoir une pensée pieuse pour son premier président, le Général Yacouba Henri Dupuis et saluer ses premiers compagnons, Dr Mahamane Annou et M. Boureim Kossomi.
La famille rotarienne du Niger est encore composée seulement d’une centaine de rotariennes et rotariens au sein de 4 clubs, le Rotary Club Niamey, le Rotary Club Niamey Croix du sud, le Rotary Club Niamey Gaweye et le Rotary Club Niamey Elite et de sa jeunesse en action que sont les rotaractiennes et rotaractiens (âgés de 18 à 30 ans) dans trois clubs Rotaract et un Club Interact. C’est en leur nom à tous que j’ai pris les charges de Gouverneur du District 9102.
Quelles sont les actions qu’on peut mettre à l’actif du Rotary au Niger, et quelles en sont les perspectives?
Les actions des Rotary clubs du Niger s’inscrivent toutes dans les objectifs du Rotary International et se fondent sur les 6 axes prioritaires de la Fondation Rotary que j’ai cités plus haut. Le Programme Phare du Rotary, tant au Niger que dans beaucoup de pays, reste la lutte contre la poliomyélite. Le Rotary a investi à ce jour plus de 16 milliards de Francs CFA à travers l’OMS et l’UNICEF depuis 1996, pour soutenir le Ministère de la Santé Publique dans les campagnes de vaccination contre la Polio. Cette année encore, la Fondation Rotary vient de faire don d’environ un Milliard de Francs CFA à travers l’OMS, pour soutenir la lutte contre la poliomyélite au Niger. Les clubs ont réalisé des projets dans tous les domaines humanitaires tant à Niamey que dans des villages des autres régions du pays.
Les Rotary Clubs du Niger ont à leur actif plusieurs actions dans les domaines sociaux et éducatifs ces dernières années. On citera, entre autres, le relogement des victimes des inondations à l’arrondissement communal de Niamey 5 sous des tentes Shelterbox ; la distribution des produits pharmaceutiques et 3.300 moustiquaires imprégnées pour lutter contre le paludisme ; la mise à la disposition du CERMES d’une plateforme technique pour la recherche d’un vaccin contre le paludisme depuis 2010 ; la réalisation de plus de 200 forages équipés dont la maintenance et la gestion sont confiées à des comités locaux créés par les Communautés bénéficiaires ; la dotation en tables-bancs de salles de classes des écoles des départements de Torodi, Kolo et du quartier de Koira Tegui, Commune de Niamey 1 ; la contribution à l’amélioration du revenu monétaire des femmes des zones rurales et périurbaines à travers des opérations de micro-crédit ; et la lutte contre la cataracte dans la région de Diffa.
Récemment encore, il y a eu des dons en équipements et matériels médico hospitaliers dont 3 appareils de dialyse au Ministère de la Santé Publique. Dans la durée, ils ont contribué avec des clubs partenaires du nord et la Fondation du Rotary à mettre en place une plate-forme de recherche de vaccin contre le paludisme en collaboration avec les instituts Pasteur et le CERMES et le soutien au Centre de formation professionnelle du Musée National Boubou Hama.
Qu’attendez-vous des populations et des autorités nigériennes dans le cadre de la poursuite de vos activités ?
Notre pays a été amené à recevoir quelques Six Cents dirigeants rotariens dont le Représentant Spécial du Président du Rotary International, les hauts dignitaires de notre District 9102 et des Districts voisins et les dirigeants des 92 clubs du Bénin, du Ghana et du Togo.
Cela a été une bonne opportunité pour la promotion de notre pays et dans la tradition de notre District de bénéficier du très haut patronage de l’évènement par les plus hautes autorités nationales. C’est ainsi que nous avons sollicité et obtenu le parrainage de notre Gouvernorat par la Première Dame Hadjia Aissata Issoufou. En effet, les responsabilités liées à la charge de Gouverneur qui nous incombent dépassent les capacités des seuls rotariens et nous avons ainsi sollicité le soutien moral, financier et matériel du gouvernement et des sponsors publics et privés et des bénédictions de nos leaders religieux et de nos populations. Nous rendons grâce à Allah que toutes ces rencontres se soient bien passées et nos hôtes sont rentrés chez eux, très satisfaits.
Le Togo, pour une population de 7, 5 millions d’habitants, a 15 clubs Rotary, 288 rotariens, le Bénin pour une population de 11 millions a 26 clubs et plus de 600 rotariens, le Ghana pour une population de 24 millions d’habitants a 48 clubs et 1400 rotariens. Ceci nous interpelle, nous nigériennes et nigériens avec 18 millions d’habitants. C’est cet écart qui m’a amené à avoir des ambitions pour les années à venir d’engager la renaissance du Rotary au Niger, de nous investir dans son expansion. Nous entendons recréer le Rotary Club à Agadez, créer un Rotary Club à Zinder, chantier bien avancé, un à Maradi, pourquoi pas Tahoua, Dosso et Tillabéry ; Niamey la capitale, avec plus d’un million d’habitants, peut accueillir son 5ème Club Rotary et même un 6ème Club.
Réalisée par Assane Soumana(onep)
13 avril 2018
Source : http://lesahel.org/
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Le ProDAF a été mis en vigueur en septembre 2015, pouvez-vous d’abord nous rappeler la vision de votre programme ?
Merci de l’opportunité que vous m’offrez pour présenter le ProDAF. En effet, la vision du ProDAF est de faire émerger des Pôles de Développement Economiques (PDE) à travers lesquels les producteurs ruraux soutenus par leurs organisations et les collectivités locales s’organisent, aménagent et exploitent de manière rationnelle et durable les bassins de production en vue d’alimenter les marchés ruraux et les centres de consommation urbains et même transfrontaliers. Pour faire de cette vision une réalité, le ProDAF mobilisera sur une période de 8 ans (2015-2023) plus de 110 milliards de FCFA grâce aux Accords de financement que le Gouvernement a déjà signé avec le FIDA, le FEM, l’OFID et la Coopération Italienne. Le ProDAF interviendra dans la bande centre sud des régions de Maradi, Tahoua et Zinder avec comme objectif général de contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations rurales autour de 21 Pôles de Développement Economique.
Quelles sont les réalisations envisagées sur le terrain aux profits des populations de la zone d’intervention du ProDAF?
De manière concrète, les interventions du ProDAF couvriront sept domaines, notamment, i) la gestion durable des terres avec des actions de Conservation des Eaux du Sol et Défense et Restauration du Sol (CES/DRS) sur 20 750 ha pour une protection efficace des bassins de production, ii) la mobilisation des eaux avec la réalisations de 150 ouvrages dont 149 seuils, 7 mini barrages et 4 mares pour renforcer et consolider le potentiel en petite irrigation sur 7 500 ha, iii) le renforcement des capacités de 30 000 producteurs à travers la mise en place et l’animation de 1 750 Champs Ecoles Paysans (CEP) en cultures pluviales et irriguées, 210 Démonstrations d’Initiatives Paysannes en Elevage (DIPE), la promotion de la Régénération Naturelle Assistée (RNA) sur 190 000 ha, la mise en place de kits d’intrants agricoles et 13 500 kits de petits ruminants, de 90 greniers féminins de soudure et 240 Activités Génératrices de Revenus (AGR) au profit des ménages vulnérables, iv) l’aménagement des infrastructures de marchés dont 18 marchés de demi-gros, 20 centres de collectes et une trentaine de plates forme de services intégrés (maisons du paysan), v) la construction et réhabilitation des pistes sur un linéaire de plus de 1 300 Km, vi) le financement à coûts partagés (subvention adossée à un crédit) en collaboration avec les Institutions Financières au profit des promoteurs de la petite irrigation et les microentreprises rurales (MER) notamment des jeunes promoteurs intervenant en amont et aval de la production agricole et vii) la promotion des échanges transfrontaliers à travers trois corridors reliant les marchés des régions de Tahoua, Maradi et Zinder à ceux des Etats du Nord Nigéria.
A défaut de présenter les détails au niveau des sept axes d’intervention du ProDAF, pouvez-vous nous donner les détails sur un des axes d’intervention pour mesurer l’ampleur de vos interventions sur le terrain. Par exemple qu’est ce qui se fait au tour de la construction et réhabilitation des pistes rurales ?
Sur l’ensemble des sept axes d’intervention, le ProDAF travaille sur la durée et en réalisant des investissements conséquents et intégrés au sein des 21 PDE retenus, ce qui permet d’avoir les effets et impact recherchés. Pour s’en convaincre, au niveau de l’axe d’intervention relatif aux routes rurales, il est envisagé de réaliser dans chacune des trois régions, un linéaire de l’ordre de 400 à 500 km pour relier les bassins de production aux marchés ou des bassins de production à la frontière du Nigéria pour faciliter l’exportation des produits agro-pastoraux.
En considérant la période de 2011 à 2023(date d’achèvement du ProDAF), en terme de réalisations au titre de tous les projets fédérés par le ProDAF, nous dénombrons un linéaire de 1 305Km dont 391 Km déjà réalisés dans le cadre des projets PUSADER, PASADEM, PPI Ruwanmu et PUSADER+ sur financement du FIDA, OFID et Coopération Espagnole , 335 Km en cours d’études techniques dans le cadre des projets PAMIRTA et ProDAF sur financement de la Coopération Italienne, du FIDA et de OFID, 267Km au stade de lancement des études techniques sur financement de la Coopération Italienne et du FIDA et 312 Km en phase d’identification sur financement du FIDA. La répartition par région donne la situation suivante.
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Le samedi 7 Juillet dernier, le ministre d’Etat chargé de l’Intérieur et président du principal parti au pouvoir, le PNDS-Tarayya et de la Mouvance pour la renaissance du Niger (MRN), était l’invité de l’émission ‘’Grands dossiers’’ de la radio nationale, ‘’La Voix du Sahel’’, animée par notre confrère Alio Ibrahim. Entre autres sujets abordés au cours de cet entretien diffusé en direct, il y avait tout naturellement la question relative au processus électoral dans notre pays qui constitue une sorte de pomme de discorde entre la majorité et l’opposition. Aussi, nous publions ci-dessous, un extrait de cette émission scripté et publié par ‘’Niger Inter’’.
La Voix du Sahel : Monsieur le ministre d’Etat certains partis politiques critiquent le caractère non consensuel du code électoral. Ce code électoral est-il adapté selon vous ?
Bazoum Mohamed : Très certainement, et ce code électoral, il faut vous en souvenir, avait été rédigé à l’issue de deux séminaires organisés sous l’égide de la commission nationale indépendante qui avait organisé les dernières élections de 2016. Après plusieurs contacts internationaux, un certain nombre de constats, des lacunes sur le code électoral avaient été répérés par les experts de l’OIF qui étaient venus faire l’audit de notre fichier électoral mais qui, à l’occasion, ont pu donner leur point de vue sur des dispositions du code électoral qui détermine d’ailleurs certains aspects du fichier électoral. C’étaient des séminaires parrainés par le NDI (National Démocrate Institute) des Etats-Unis et l’OIF (l’Organisation Internationale de la Francophonie).
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La Direction générale de la protection des végétaux (DGPV) est un service rattaché au ministère de l’agriculture dont la mission principale est de protéger, au nom de l’Etat, les cultures sur l’ensemble du territoire. En cette période d’hivernage couplé aux effets du changement climatique, la DGPV est sur tous les fronts pour combattre les ennemis des cultures, avant qu’ils ne s’attaquent aux récoltes des cultivateurs. Pris entre la rareté des financements en faveur des produits chimiques et la nécessité de mener des recherches sur des solutions innovantes, équilibre ses interventions en soutien à la productivité agricole et à la protection des végétaux.
Monsieur le Directeur, cette année, on a assisté à d’importantes invasions des criquets dans certaines parties du contient, notamment en Afrique de l’Est et même en Inde. Est-ce qu’il y a des risques que cela arrive dans la région du sahel et au Niger en particulier.
Nous suivons cette situation de très près car la menace pour les pays du sahel aussi existe. Mais pour cette question précise, vous voudriez bien vous adresser au Centre National de Lutte Antiacridienne (CNLA) qui a pour mission la gestion spécifique de ce fléau.
A l’étape actuelle de la campagne agricole d’hivernage, est-ce qu’il y a des menaces qui ont été signalées ou détectées par vos services ? Si oui, dans quelles zones du pays ?
Actuellement, on assiste à une persistance d’attaques de sautériaux sur le mil dans les régions de Diffa et Zinder, des attaques d’insectes floricoles sur le mil dans les régions de Maradi, Tahoua, Dosso et la Communauté Urbaine de Niamey, des attaques de criocères et cicadelles sur le mil et le sorgho dans les départements de Takiéta et Aderbisnat.
On observe aussi une pression de chenilles défoliatrices sur le mil, le maïs, le niébé et le sésame dans les régions de Diffa, Dosso, Maradi, Zinder et dans la Communauté Urbaine de Niamey, ainsi que des infestations de pucerons et punaises sur le niébé dans les régions de Diffa, Tahoua et Zinder et des manifestations d’oiseaux granivores dans le département de Abala, dans la région de Tahoua. La dernière activité recensée des ennemis des cultures à l’heure actuelle est la présence de la chenille mineuse de l’épi de mil dans les régions de Tahoua, Tillabéry, Maradi, Diffa, et Zinder.
Comment reconnaître les menaces sur les cultures ? Quelle attitude adopter et quelle est la procédure à suivre par les producteurs dans ce cas ?
Les producteurs sont les premiers à faire les déclarations d’attaques aux brigadiers phytosanitaires les plus proches qui vérifient ensuite cette présence et décident de l’opportunité de traiter ou pas. C’est lorsque les capacités du brigadier sont dépassées que le Chef de District Agricole ou le responsable communal de la zone organise un chantier de traitement sous sa supervision. C’est seulement quand l’ampleur des infestations dépasse las capacités des agents à la base que les niveaux départemental et régional viennent en appui avec des moyens plus importants. Enfin, le niveau central vient en appui aux régions en cas de traitement de grande envergure.
Il se trouve, Monsieur le Directeur, que le secteur de Protection des Végétaux est mal connu par nos concitoyens. A quoi consiste la mission de la DPV ?
La Direction générale de la protection des végétaux (DGPV) est créée par loi N°2015-35 du 26 mai 2015 qui abroge l’ordonnance N°96-008 du 21 mars relative à la protection des végétaux et donne obligation à l’Etat de protéger les cultures sur l’ensemble du territoire national. Les missions assignées à la DGPV dans cette loi sont la protection des végétaux et des produits végétaux par la prévention et la lutte contre les organismes nuisibles dans le respect de l’environnement, la promotion de la protection intégrée des cultures contre les déprédateurs pour un développement durable des productions nationales, la mise en œuvre d’une politique nationale de gestion des pesticides, notamment le contrôle de l’importation, de la fabrication, de l’homologation, du suivi post-homologation, de l’utilisation, du stockage et de l’élimination des produits dans le souci du respect de la santé humaine, animale et de l’environnement, et enfin la promotion de la qualité sanitaire des végétaux et des produits végétaux à l’exportation.
Quel est le maillage territorial de votre direction et quelles sont ses grandes orientations à l’heure actuelle ?
Pour mener à bien sa mission, la Direction générale de la protection des végétaux est organisée en quatre (4) Directions centrales chargées entre autres de concevoir et superviser les interventions phytosanitaires sur l’étendue du territoire national, de huit (8) Services régionaux de protection des végétaux (SRPV) qui sont chargés de la mise en œuvre de la politique de protection des végétaux à l’échelle régionale, et des Services Départementaux (APV) qui sont chargés de l’exécution des interventions phytosanitaires au moyen des appareils autoportés et un réseau de Brigadiers Phytosanitaires pour des traitements localisés. Nous nous appuyons sur le dispositif d’encadrement de base de notre Ministère de tutelle, à savoir les Chefs de Districts Agricoles (CDA) pour assurer l’organisation, le suivi et l’évaluation des traitements phytosanitaires effectués.
Le facteur climat devient de plus en plus imprévisible dans notre zone sahélienne avec des cycles récurrents de sècheresse et d’inondations. Quel est l’impact de ces aléas climatiques sur la protection des végétaux au Niger ?
Les changements climatiques constituent effectivement une menace supplémentaire pour la production agricole et son environnement. Ils sont aussi l’une des causes de la résurgence et de la prolifération des ravageurs. Ils créent aussi de nouvelles conditions biologiques aux ennemis des cultures qui favorisent leur prolifération jusqu’à un seuil de nuisibilité pour les cultures et l’apparition de nouvelles zones d’infestation parasitaire.
De ce fait, les impacts des changements climatiques sur les ennemis des cultures sont étroitement liés à l’augmentation ou à la baisse de la température, de l’humidité et du vent. La fluctuation de ces éléments entraine le changement du comportement alimentaire et la prolifération des ravageurs. La conséquence de ces changements, en plus des ravageurs locaux, a entrainé l’arrivée de certains ravageurs invasifs au Niger comme la chenille mineuse de la tomate (Tutaabsoluta) en 2012, qui attaque toutes les solanacées (tomate, pomme de terre, aubergine, piment) et dont l’infestation est observée dans toutes les régions du Niger, à l’exception de Diffa, et la chenille légionnaire d’automne (Spodopterafrugiperda) inféodée au maïs en 2016, qui attaque toutes les graminées et son infestation a été notée dans toutes les régions. Les dégâts de cette chenille sont actuellement observés sur le sorgho et de manière isolée sur le mil. On note aussi l’arrivée sur notre sol de la mouche de fruit de mangue (Bactrocerainvadens), détectée dans les régions de Tillabéri, Niamey, Dosso, Tahoua et Maradi, ainsi que celle de la mouche de fruit (Drosophila uzuki) inféodée aux agrumes dans la région d’Agadez.
En somme, le facteur climat joue un rôle prépondérant dans les infestations des ennemis de cultures. A l’avenir, la production agricole dépendra de la mesure avec laquelle le système de défense des cultures pourra innover et gérer les infestations des ravageurs dans le contexte du changement climatique qui entraine plus d’imprévisibilité et de variabilité.
Avec plus de 2/3 du territoire occupé par le désert, la protection des végétaux fait partie des priorités des autorités. Quelles sont les recherches menées par la DGPV et les résultats innovants et adaptés à notre pays auxquels elle a abouti ?
Au sein de la DGPV, nous avons une direction qui s’occupe de la recherche appliquée en matière de gestion des ennemis de cultures. Cette recherche est menée à la fois en laboratoire et sur le terrain. Parmi les résultats innovants adaptés à nos réalités, on peut citer la production en masse de Habrobracon hebetor, un parasitoïde utilisé dans la lutte contre la chenille mineuse de l’épi du mil. De la phase expérimentale, nous sommes aujourd’hui à la mise à l’échelle de cette technologie. Les techniques utilisées au laboratoire sont en train d’être transférées au niveau des producteurs pour que ces derniers s’approprient de la technologie et contribuer à la défense des cultures de leurs terroirs. Cette technique est en train d’être expérimentée sur les cultures maraîchères dans la lutte contre la noctuelle et la mineuse de la tomate ainsi que dans la lutte contre la chenille du Moringaoleafera.
Il y a aussi la promotion des bios pesticides dans la lutte contre les ravageurs des cultures par l’utilisation des extraits aqueux des plantes (neem, tabac, piment, ail, etc.) dans la lutte contre les ravageurs des cultures. L’utilisation de ces bios pesticides éviterait l’utilisation abusive des pesticides. Et enfin, nous avons la pulvérisation de Metarhiziumacridum dans la lutte contre les acridiens. Ce mycopesticide agit par épizootie et empêche la prolifération des acridiens dans leurs aires de multiplication.
Quelles sont les actions entreprises pour faire de la DGPV une direction performante et résiliente ?
Nous observons de plus en plus une rareté des ressources pour soutenir la lutte chimique au moyen des pesticides, malgré que les interventions de la Direction générale de la protection des végétaux respectent les mesures de sauvegardes environnementales en utilisant des pesticides homologués, en respectant les paramètres de traitement, en formant les acteurs, en respectant les zones tampon, etc.
C’est tenant compte de ces aspects qu’à la DGPV, nous nous penchons de plus en plus sur la gestion intégrée des ennemis des cultures en associant l’utilisation de la lutte biologique et les autres alternatives de lutte. La DGPV développe aussi des actions de partenariat dans ce domaine avec d’autres institutions de recherche telles que l’INRAN, l’AGRHYMET, les Universités, etc.
Réalisée par Souleymane Yahaya
16 octobre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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Monsieur le Directeur général, il y a quelques jours de cela, un véhicule citerne accidenté au quartier Aéroport de Niamey, a provoqué la mort de plusieurs dizaines de Nigériens venus siphonner le carburant qu’il contenait. Est-ce qu’on peut dire que les mesures de sécurité ont été respectées à cette occasion pour éviter la survenue de ce drame ?
Je me réjouis de l’opportunité que vous nous donnez de parler de ce problème et d’apporter notre modeste contribution à la sécurité des nigériens par rapport aux risques hydrocarbures. Aussi je me permets de rappeler que nous avons dès 2014 rédigé un dossier de sept (7) pages sur la question dans le bulletin de liaison et d’information des Forces Armées Nigériennes « Béret Vert» numéro 20 de décembre 2014. Ce dossier est intitulé «Le Niger face à son destin de producteur/Le Sapeur-Pompier face à son nouveau type de catastrophe.Quelle est la situation en matière de sécurité face aux risques hydrocarbures, suite à la mise en service de la SORAZ ?». Il aborde d’abord les risques liés à la distribution des hydrocarbures ceux liés au transport et propose des solutions. Les accidents de transport des hydrocarbures sont devenus un casse-tête, pour les unités de Sapeurs-Pompiers du Niger, à partir de novembre 2011, suite à la mise en service de la Société de Raffinage de Zinder (SORAZ). En effet, si avant cette date, les camions citernes transportant les hydrocarbures sur les routes nigériennes avaient pour vocation de satisfaire la consommation nationale, désormais ceux-ci prennent en compte aussi les besoins du Nord Nigeria, du Mali et du Burkina Faso. Ainsi on assiste à la mise en circulation d’un nombre important de camions citernes immatriculés au Benin, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Nigeria. Aussi, cette augmentation de trafic et la qualité déplorable du matériel et des conducteurs constituent des motifs d’inquiétude pour la sécurité des personnes, des biens et de l’environnement. En outre, bon nombre de camions citernes usagés importés sont dans un état mécanique navrant pendant que certains sont fabriqués çà et là à Niamey par des soudeurs dont la qualification n’est pas garantie.
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Créée en 1995 pour suivre la mise en œuvre des accords de paix de 1995 et des autres protocoles additionnels à ces accords intervenus en 1998, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), qui est rattachée à la Présidence de la République, est chargée entre autres de l’analyse prospectrice, de la prévention et de la gestion des crises et des conflits. Dans cette interview réalisée à moins d’une semaine de la célébration de la Journée Nationale de la Concorde, en souvenirs des accords cités ci-haut, le président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, le Colonel Major Mahamadou Abou Tarka, revient sur le sens de la journée du 24 avril, la question de l’unité nationale, les activités de la HACP en faveur de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits, etc.
Monsieur le Président, sous quel signe est placée, cette année, la Journée Nationale de la Concorde que le Niger célèbre chaque 24 avril ?
La fête de la Concorde est une fête nationale qui aura lieu partout, je tiens à le préciser. Toutes les communes, tous les départements, toutes les régions, ainsi que les administrations, sont appelés à célébrer la fête du 24 avril. Cette année, sous le haut patronage du Premier ministre, nous allons organiser des activités à Tchintabaraden dans la région de Tahoua. L’édition 2017 de la fête de la concorde est placée sous le signe de ‘’La Paix et l’Unité Nationale’’. Je voudrais rappeler que chaque année, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix se déplace dans une des 76 communes cibles pour une grande cérémonie. Nous avons 76 communes que nous couvrons depuis Bosso jusqu’à Bankilaré, et cette année, nous avons reçu les instructions du Président de la République et du Premier ministre pour organiser la fête à Tchintabaraden. Et à cette occasion il y aura un forum dont le thème est ‘’La paix et l’unité nationale’’.
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- Catégorie : Interview
On constate dans certains endroits de Niamey des jeunes filles qui s’adonnent à la délinquance avec notamment la prostitution et la consommation des stupéfiants. Mme la Commissaire Principale, quels sont les indicateurs qui attestent de l’ampleur de ce phénomène de dépravation des mœurs ?
Les indicateurs du phénomène de la dépravation des mœurs sont entre autres : les cas de harcèlement sexuel, de détournement de mineur (suivi parfois de grossesse), d’attentat à la pudeur, de proxénétisme et d’incitation à la débauche, les cas de viols concernant surtout les mineurs ; les cas de fugue des jeunes filles, etc. Plusieurs autres situations désagréables sont gérées au niveau de la Division de la Protection des Mineurs et des Femmes de la DSP. Ainsi, les statistiques générées démontrent nettement l’existence de ce phénomène à tous les niveaux et l’ampleur que ça prend au sein de notre société ces dernières années.
A titre d’exemple, on peut citer, 524 agressions sexuelles, dont 304 cas de viols, enregistrées à l’échelle nationale au courant de l’année 2022.
Tous ces cas de délinquance juvénile, enregistrés par la Division de la Protection des Mineurs et des Femmes constituent des indicateurs alarmants tout d’abord pour nous institution étatique et acteurs de protection de la jeunesse et ensuite pour toute la communauté Nigérienne. Sur la période allant du 1er janvier au 29 septembre 2022, nous avons enregistré 857 cas des mineurs impliqués dans différentes infractions pénales dont 16 cas de tentatives de viol, 48 cas de viol sur mineures et 137 cas de détournements de mineures. Ces chiffres sont alarmants et constituent une menace à la protection des mineurs et des femmes au Niger.
Quelles sont, selon vous, les causes de la recrudescence de ce phénomène de dépravation des mœurs ?
Les causes de cette dépravation de nos mœurs sont multiples, nous pouvons citer entre autres, la démission de certains parents : il n’est un secret pour personne que de nos jours plusieurs parents ou familles ont démissionné de leurs responsabilités d’éducation de leurs enfants. Ce sont, ces enfants-là qui sont toujours pris par la police dans les affaires de vol, de consommation des stupéfiants, d’agressions etc. La majorité des enfants en conflit avec la loi ou victimes, après investigations, sont des enfants non accompagnés par leurs parents se trouvant très souvent dans la rue. Ces derniers sont issus soient de parents, divorcés, décédés ou pauvres, n’ayant pas les moyens suffisants de subsistance. Ainsi des témoignages, recueillis auprès de ces enfants, il ressort que leurs parents profitent aussi des fruits de ces actions illicites ce qui les encourage à persévérer dedans.
Il faut aussi dire que la non pénalisation de la prostitution au Niger est un facteur déterminant dans cette dépravation des mœurs. Dans les dispositions du Code Pénal du Niger, la prostitution n’est ni prévue ni condamnée. C’est plutôt le racolage, le proxénétisme, l’excitation à la débauche, l’outrage public à la pudeur et l’attentat à la pudeur qui sont prévus aux titres des atteintes aux mœurs.
Il y a aussi l’analphabétisme et la pauvreté de certains parents : A travers les cas de détournement de mineure et des violences conjugales gérés par notre service, nous avons constaté que beaucoup des parents ignorent les défis de la vie en milieu urbain. Il y a également des milieux familiaux qui sont violents et ne favorisent pas l’épanouissement de l’enfant. Ce qui pousse l’enfant à la fugue pour chercher son bien être ailleurs. Il y’a aussi des parents qui exposent la fortune aux enfants puisqu’ils sont des familles aisées et les laissent faire ce qui leur semble bon. Nous avons interpellé plusieurs parents sur ces faits. Ces enfants qui s’adonnent à des activités de vol et de recel sont très souvent âgés de 13 à 17 ans. Cette situation montre l’absence de suivi des enfants à l’école et à la maison. La DPMF se déplace souvent pour chercher les parents des enfants afin de les sensibiliser sur leurs obligations à éduquer et à protéger les enfants.
Quelles sont les mesures prises au niveau des services de la Police Nationale pour combattre ce fléau social ?
S’agissant des mesures il y’a des actions de prévention d’une part et des actions de répression d’autre part.
Pour les actions préventives, la Police Nationale à travers la DPMF/DSP anime et conduit toujours des sensibilisations sur la délinquance juvénile et autres phénomènes qui mettent à nue la protection des personnes vulnérables.
C’est à cause de ces phénomènes de délinquance tels que la consommation des stupéfiants, la prostitution des jeunes filles, les détournements des mineurs, l’exploitation et la traite des enfants, la pornographie infantile, la pédophilie, le viol sur mineurs, les agressions physiques, etc. que la Police Nationale a réalisé une vaste campagne de sensibilisation sur la délinquance juvénile en milieu scolaire et dans les groupes des jeunes de la ville de Niamey « FADA ».
Outre cette vaste campagne de sensibilisation, nous avons la participation de la division aux débats radio télévisés pour sensibiliser la population sur la protection de l’enfant et autres formes de violences faites aux femmes dans nos communautés. Nous occupons le terrain à titre dissuasif lorsque nous remarquons des groupements de jeunes à des lieux de loisirs ou d’épanouissement en vue de signaler notre présence qui les dissuadent très souvent à adopter des mauvais comportements.
Les mêmes activités sont réalisées à l’intérieur du pays par les brigades de protection des mineurs et des femmes. La division compte à ce jour 100 brigades dont 17 à Niamey.
En ce qui concerne les actions répressives, il s’agit de la poursuite pénale des auteurs, coauteurs et complices de la commission des infractions à la loi pénale. C’est là qu’intervient notre rôle en tant que service d’enquête.
Pour appréhender les auteurs et leurs complices, nous organisons sur le terrain des interpellations, des opérations de rafles et descentes de police dans les lieux ciblés ou réputés criminogènes afin d’interpeller le maximum des personnes se livrant aux actes de délinquance. Il faut noter en ce qui concerne les mineurs, la garde à vue est le dernier recours. A cet effet, si les parents ou les assistants sociaux sont accessibles nous privilégions la mise à disposition pour une protection de l’enfant.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face dans la lutte contre la dépravation des mœurs ou la prise en charge des mineurs qui sont dans la délinquance ?
La division de la protection des mineurs et des femmes fait face à certaines difficultés dans l’accomplissement de ses missions, ce qui n’est pas sans conséquence sur les résultats.
Il s’agit entre autres de l’absence d’une brigade d’intervention propre à la division pour les interpellations rapides et promptes, la conduite des suspects ou mis en cause, le déferrement, etc ; l’insuffisance d’effectif et du matériel roulant pour toutes les interventions de terrain sur toute l’étendue du territoire national en vue de lutter efficacement contre la délinquance juvénile sous toutes ses formes ; l’insuffisance de la prise en charge des enfants égarés qui peuvent rester plusieurs jours au commissariat avant de regagner le milieu familial ; la complexité de gestion des cas concernant les enfants de la rue qui n’ont pas de domicile fixe et ne sont pas accompagnés de personnes adultes ; timidité des rencontres avec les autres acteurs de la chaine de protection comme les leaders traditionnels, les associations et ONG œuvrant dans le domaine de la protection de l’enfant, les directeurs des établissements scolaires… d’où l’insuffisance de la synergie d’action entre ces acteurs ; la réticence de la population par rapport aux dénonciations de certaines situations pouvant dégénérer et troubler l’ordre public en contribuant à la dégradation des mœurs.
Les missions de prévention et de répression de la Police Nationale sont limitées par certaines insuffisances dans la règlementation applicable (cas du mariage d’enfant), ce qui favorise quelque part cette délinquance.
Il nous faut une loi claire et précise qui ne laisse aucun vide dans son application sur toute l’étendue du territoire national pour bien réprimer la consommation de la CHICHA qui est très souvent à la base de la délinquance des jeunes nigériens. En ce qui concerne l’utilisation abusive des réseaux sociaux, il est important d’élargir expressément, par des dispositions particulières, la sanction à tous les autres actes de délinquance que commettent certaines personnes par voie électronique tel que le chantage, les appels et messages malveillants, etc.
C’est dans un cadre juridique bien défini et précis que la DPMF/DSP mène une lutte sans merci envers tous ces phénomènes de délinquance.
Que prévoit la loi pour combattre la prostitution et la délinquance juvénile ? Dans quel cas les dossiers concernant les personnes accusées d’actes de dépravation des mœurs sont transmis à la justice ?
Il faut savoir que le Code Pénal du Niger n’a ni prévu ni puni la prostitution en tant qu’infraction pénale. La loi pénale étant d’interprétation stricte et conformément au principe de légalité des délits et des peines, aucun fait ne peut être sanctionné s’il n’a pas été préalablement prévu par la loi ainsi que sa sanction. Face à ce vide juridique relatif à la prostitution, nous ne pouvons pas poursuivre les personnes se livrant à cette activité dans un endroit clos et inaccessible aux mineurs.
Par contre lorsque ces mêmes personnes se livrent à cette pratique sur la voie publique, nous avons plusieurs infractions y relatives pour les poursuivre mais la prostitution des mineurs est une interdiction.
En ce qui concerne la délinquance juvénile, la loi prévoit un régime juridique de protection des mineurs. Conformément à ce dernier, les enfants victimes des actes de délinquance par autrui sont protégés de manière efficace par la loi. Aussi, même les enfants auteurs des infractions de délinquance bénéficient d’un régime juridique spécial de prise en charge.
En effet, selon ces assouplissements de la procédure pénale impliquant les mineurs, ces derniers ne sont pas poursuivis comme les majeurs ayant commis les mêmes faits. Parmi ces spécificités de la procédure contre les mineurs nous pouvons citer entre autres, la mesure de la garde à vue qui est le dernier recours pour gérer leur situation. Ensuite, même si elle est prise à l’encontre d’un enfant, il doit être âgé de 13 ans à plus car l’enfant de moins de 13 ans est pénalement irresponsable. A l’expiration du délai légal de garde à vue, le mineur doit être soit déféré ou mis à la disposition d’un parent ou assistant social pour son suivi et sa protection.
Les cas dans lesquels les personnes mises en causes relativement à la dépravation des mœurs, peuvent être poursuivies et déférées au parquet sont les cas prévus au chapitre VIII du Code Pénal intitulé « ATTENTATS AUX MŒURS ».
Toute personne impliquée dans les infractions appelées atteintes aux mœurs peut être poursuivie et déférée au parquet selon le résultat de l’enquête sur les faits qui lui sont reprochés et lorsque des mineurs sont utilisés pour la commission de ces infractions, cela devient une circonstance aggravante pour la personne adulte qui les utilise.
Propos recueillis par Aminatou Seydou Harouna(onep)
Source : http://www.lesahel.org
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C’est le pays le plus fécond du monde. Mais, depuis 2007, les contraceptifs sont gratuits et les consultations confidentielles, rappelle Hassane Atamo, responsable au ministère de la santé.
Sept enfants par femme. Vu d’Europe, ce chiffre peut donner le tournis. Au Niger, c’est la norme. Avec en moyenne 7,6 enfants par femme et 13,6 par homme, selon la dernière étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) parue mercredi 18 octobre, ce pays est le champion du monde de la fécondité. La différence de fertilité entre homme et femme s’explique, notamment, par « les écarts d’âge entre époux qui sont importants et la polygamie qui est fréquente », relève le rapport de l’INED.
La croissance démographique du Niger est aussi la plus élevée du continent et du monde. De 18,8 millions d’habitants en 2017, le Niger pourrait voir, selon la présidence du Niger, sa population quasiment tripler d’ici à 2050, passant ainsi à près de 55 millions d’habitants.
Lire aussi : Achirou, pourquoi as-tu fait quatorze enfants ?
Avec une population dont l’âge moyen est de 15 ans, le Niger est au début de sa transition démographique. Une étape cruciale où le nombre et la jeunesse de la population peuvent devenir un instrument au service de la croissance, mais aussi une épine dans le pied du développement économique.
Pour le docteur Hassane Atamo, chef de la planification familiale au ministère de la santé, l’éducation et le changement des mentalités est crucial si le Niger veut tirer profit de ce tournant démographique amorcé. Le médecin, qui exerce au planning familial de Niamey, revient sur les fondements de cette natalité exceptionnelle.
Pourquoi les Nigériens font-ils autant d’enfants ?
Hassane Atamo Chez nous, avoir beaucoup d’enfants est un signe de puissance et de richesse. Cela vient de nos traditions. A l’époque, il fallait avoir beaucoup d’enfants pour labourer la terre. Mais beaucoup de choses ont changé, et la plupart des arguments qui poussaient les Nigériens à avoir beaucoup d’enfants ne tiennent plus aujourd’hui.
Même au village ?
En ville, personne ne regarde le nombre de tes enfants. Mais au village, il est vrai que les hommes subissent des pressions. Si un Nigérien a une femme et deux enfants, sa famille va le pousser à prendre une deuxième, une troisième, une quatrième femme… La polygamie joue un rôle important. Quand un Nigérien a plusieurs femmes, une compétition s’installe entre les épouses. Chacune veut donner le maximum d’enfants au mari.
Mais les mentalités changent. L’exode rural est très prononcé, les jeunes viennent en ville et ne restent plus au village pour labourer la terre. Cela pose la question de l’emploi qui est offert à ces jeunes. Il n’y en a pas assez. Les Nigériens ayant la chance d’avoir un revenu mensuel stable sont très peu nombreux.
Est-il vrai que, pour les Nigériens, faire beaucoup d’enfants est aussi l’assurance d’en avoir un qui devienne fonctionnaire ?
Absolument. Beaucoup de familles nigériennes espèrent avoir un fonctionnaire, car c’est une source de revenus assurée.
Lire aussi : La population de l’Afrique va-t-elle quadrupler d’ici la fin du siècle ?
La procréation semble être une protection pour les Nigériens. Est-ce le signe qu’économiquement, le pays va mal ?
Même dans les pays développés, le taux de chômage est impressionnant. Chez nous, c’est très difficile aussi. La fonction publique recrute peu, le système privé est encore trop faible. Les institutions ont un faible taux d’absorption des diplômés et le système éducatif produit plus de non-diplômés que de diplômés…
Le Niger est bien conscient du défi démographique qui s’impose à lui. Le taux de mortalité infantile a baissé, notamment grâce aux avancées de la médecine. Cette transition épidémiologique, également liée au recul des maladies infectieuses, fait que la démographie est effectivement galopante au Niger. Cela pose beaucoup de problèmes pour notre agriculture. La pression démographique est telle que les terrains agricoles sont de plus en plus divisés et que la qualité des sols ne suit plus.
Quelles sont les solutions pour faire baisser le taux de natalité ?
La première arme, c’est l’éducation. Il est prouvé qu’au sein d’une famille où le niveau d’éducation est acceptable, ses membres ont moins d’enfants. Cela vaut encore plus pour les filles. Une jeune fille qui va à l’université se mariera plus tard et aura moins d’enfants. Alors qu’aujourd’hui, l’âge moyen du premier mariage au Niger est de 15 ans. Imaginez une fille qui n’a jamais été à l’école… Elle a toutes les chances de se marier à 13 ou 14 ans !
La deuxième arme, c’est la planification familiale. Il faudrait que les femmes l’utilisent plus tôt. Mais le plus important, et le plus difficile aussi, reste le changement des mentalités. Il faut quitter le comportement pronataliste pour aller vers un comportement raisonnable.
Lire aussi : « Le Sahel est une bombe démographique »
Ce comportement est-il lié au fait que les Nigériens pensent que c’est à Dieu de décider des naissances ?
Oui. Tant qu’on continuera à penser que c’est Dieu qui décide, que c’est le destin, le comportement ne changera pas. Il faut que l’on comprenne que l’être humain est responsable de son destin. En réalité, la religion n’est pas contre le changement !
Expliquez-vous cela lors de vos consultations ?
Absolument, et le planning familial n’est pas le seul à le faire. Les religieux font des prêches pour expliquer que la religion n’interdit pas aux familles d’espacer les naissances, au contraire. Dans le Coran, il est dit qu’il faut laisser l’enfant prendre le sein jusqu’à 2 ans. Ce qui fait qu’en respectant la religion, on doit avoir entre 30 et 33 mois entre deux naissances, minimum. Ce que la religion interdit, ce sont les mots tels que « limitation des naissances » ou « stérilisation ».
En juillet, en marge du G20, le président français Emmanuel Macron a eu cette phrase maladroite sur la démographie africaine et la limitation des naissances : « Quand des pays ont encore aujourd’hui sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. » Comment les Nigériens ont-ils réagi ?
Beaucoup se sont sentis insultés, et pas seulement les Nigériens. Vous savez, nous sommes habitués à ce genre de déclarations. Ça n’a pas tellement fait l’objet de débats. Ce qu’il a dit, c’est son affaire. Ce n’est pas ça qui va faire que nous allons avoir moins d’enfants. Le Niger a sa politique bien déterminée, ses objectifs, réunis dans un plan, le plan de planification familiale 2013-2020.
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L’objectif de ce plan est de faire passer le taux de prévalence contraceptive de 12 % actuellement à 50 % d’ici à 2020. Comment faire ?
Il y a eu une avancée majeure dans ce domaine : la gratuité des produits contraceptifs. C’est effectif depuis 2007 dans toutes les structures publiques. Les centres de santé, publics comme privés, offrent la planification familiale aux femmes.
Votre salle d’attente est-elle pleine ?
De plus en plus. Les femmes choisissent elles-mêmes leur produit contraceptif. Les injections intramusculaires, tous les trois mois, sont le moyen de contraception le plus utilisé. Le dispositif intra-utérin commence aussi à l’être, de plus en plus.
Que pensent les hommes de ces consultations ?
Là aussi, il y a eu une grande avancée : les consultations se font en toute confidentialité. Avant, il fallait une autorisation écrite du mari et sa pièce d’identité, ou sa présence, pour que la femme puisse obtenir un contraceptif. Depuis 2008, les textes ont supprimé ces barrières.
18 octobre 2017
Source : http://www.lemonde.fr/afrique/
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Pouvez-vous nous faire succinctement la présentation de votre entité administrative ?
Nous vous remercions de l’intérêt que vous accordez à notre département à savoir le département de Magaria. Notre entité administrative se situe dans la bande Sud de la région de Zinder couvrant une superficie de 3.699 km2. Sa population est estimée à 579.181 au Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2012 avec une densité de 158 habitants/km2. Le département de Magaria est limité à l’Ouest par le département de Kantché, à l’Est par le département de Doungas, au Nord par le département de Mirriah, et au Sud par la République Fédérale du Nigéria. Sur le plan administratif, le département compte sept communes au nombre desquelles la commune urbaine de Magaria et six communes rurales à savoir Bandé, Dantchiao, Kwaya, Sassoumbroum, Wacha et Yékoua. Le département comprend quatre cantons notamment celui de Bandé, Dantchiao, Wacha et Magaria. Il comprend trois groupements nomades dont celui de kakitama, Maïdamoussa et celui de Sassoumbroum. Le département se trouve dans la zone sédentaire. Les principales activités des populations sont l’agriculture, l’élevage et le commerce. La population est essentiellement composée de haussas, de touarègues et de peulhs qui vivent en parfaite cohésion.
Quelles sont les relations que vous entretenez avec les localités frontalières de la République Fédérale du Nigéria ?
Nous pouvons vous rassurer que nous entretenons des bonnes relations avec nos voisins du Sud. Dans le cadre de la CEDEAO, il a été mis en place le corridor permettant de garantir la libre circulation des personnes et des biens entre nos localités respectives. Nous travaillons parfaitement à travers ce corridor avec les localités de Babura et Daoura. Nous avons une patrouille frontalière de la police frontalière de Tinkim qui œuvre bien avec la patrouille frontalière de Babura en vue de coordonner et de maîtriser la situation tout au long de la frontière. Nous avons récemment rendu une visite de courtoisie au premier responsable de Babura avec qui nous avons passé en revue la question sécuritaire. Nous avons décidé à cet effet de conjuguer nos efforts tout au long de la frontière pour endiguer le banditisme résiduel. Les résultats sont aujourd’hui satisfaisants.
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En marge de l’atelier de vulgarisation de la loi n° 2019-33 portant Répression de la cybercriminalité au Niger organisé par le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) à Diffa, nous avons rencontré Dr Kabir Sani, Président de l’Institution pour échanger sur les axes essentiels de ladite mission.
Quelle importance vous accordez à cette mission à la veille de la fin de votre mandat ?
Votre question est pertinente car elle englobe de manière générale l’axe central du thème de cette vulgarisation. En effet, la protection des plateformes numériques est devenue très fragile du fait des attaques incessantes des cybercriminels. Ces attaques constituent un frein énorme pour l’économie numérique des pays et pour l’économie de manière générale. Aussi, l’autre préoccupation que nous partageons avec les participants à cette rencontre en particulier les journalistes, c’est l’importance de la carte de presse du Journaliste Professionnel qui est le moyen le plus adapté pour faciliter aux journalistes l’accès à l’information. La carte est en effet peu connue ou peu utilisée par les professionnels des média. Son importance est aussi mal connue par les Administrations et les FDS.
Monsieur le Président, pouvez-vous décliner l’objectif de cette mission qui sillonnera toutes les régions ?
L’objectif principal de cette mission est donc de vulgariser la loi portant répression de la Cybercriminalité, ses textes modificatifs subséquents et la carte de presse du Journaliste professionnel. Il s’agira de faire connaitre la loi portant répression de la Cybercriminalité et ses textes modificatifs subséquents; de rationaliser l’utilisation des réseaux sociaux et des blogs; de réduire les plaintes contre les activistes des réseaux sociaux et des Bloggeurs; de faire connaitre l’utilité et les avantages de la carte de presse; de faciliter l’accès à l’Information aux journalistes ; et d’inciter les journalistes à se procurer la carte de presse.
Monsieur le président, quelle a été votre perception de l’intérêt qu’ont accordé les différents acteurs sur les thématiques que vous avez tantôt évoquées ?
Je voudrais souligner que malgré l’adoption par le Parlement en Juin 2019 de la Loi n°2019-33 portant répression de la Cybercriminalité au Niger, celle-ci est restée méconnue du grand public. Aussi, au Niger comme partout ailleurs dans le monde, la régulation des réseaux sociaux demeure un défi énorme face auquel les Etats poursuivent des réflexions en vue de l’encadrement de la liberté d’expression sur ce support. Je voudrais aussi dire que j’ai hautement apprécié la présence effective des acteurs clés de cette question à savoir les journalistes, les représentants des Organisations de la Société Civile, des ONG et des administrations civiles et militaires. Enfin, je voudrais rendre un hommage appuyé à l’ensemble des autorités régionales particulièrement au Gouverneur pour la qualité de l’accueil chaleureux et l’hospitalité légendaire dont nous avons fait l’objet tout au long de notre séjour.
Propos recueillis par Mato Adamou ONEP Diffa
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Une mission composée de Conseillers Spéciaux à la Présidence de la République, à savoir Messieurs MAI ABDOU MAI SALE et DIAOUGA HAMIDOU respectivement Conseiller à la Cellule Gouvernance et Conseiller Spécial à la Cellule Agriculture et Elevage de la Présidence a séjourné dans la Région de Diffa du 27 au 30 Juin 2022. La mission a eu une rencontre avec les Directeurs Régionaux en présence du Gouverneur, du 1er Vice-Président du Conseil Régional, des Secrétaires Généraux du Gouvernorat, du Préfet, du 1er Adjoint au Maire. En marge de cette rencontre, notre Correspondant s’est entretenu avec Monsieur MAï ABDOU MAï SALE, Conseiller Spécial à la Cellule Gouvernance de la Présidence sur l’objectif de la mission, les différents acteurs concernés par le message et aussi les dispositions prises pour une parfaite opération de distribution, de vente à prix modéré des divers produits.
Quel est l’objectif primordial de votre mission dans la région ?
L’objectif de notre mission est de s’assurer que la confiance placée au Préfet par le Président de la République dans le Cadre de la Gestion de la Crise Alimentaire est bien méritée. Et cela à travers les opérations de vente à prix modéré de céréales, de sucre et d’aliments bétail et les opérations de soutien de la CCA Kit Caprin récupération de terre, fixation de dunes. Voilà le cahier de charge de la mission confiée à nous par les plus hautes autorités de la République.
Votre message s’adresse à quelle catégorie d’acteurs impliqués dans ces opérations ?
Le message est d’abord destiné aux Responsables de mise en œuvre, les membres des Comités Sous-Régionaux à leur tête les Préfets des Départements. Au cours des différentes rencontres, nous avons expliqué clairement avec des vocables appropriés les tenants et aboutissants de ces opérations qui sont d’une haute valeur aux yeux des Autorités de la 7ème République au premier rang desquelles Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat.
Quels sont les mécanismes prévus pour garantir la parfaite réussite de ces opérations ?
Les mécanismes prévus pour la réussite des opérations, c’est d’abord le respect de la note de cadrage du dispositif, ensuite le respect des règles de fonctionnement de l’Administration.
Avez-vous une appréciation particulière au sujet de votre mission Monsieur le Conseiller Spécial ?
Je voudrais tout d’abord remercier l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP) à travers vous pour cette bonne opportunité que vous m’offrez de m’appesantir sur l’objectif de notre mission. Aussi, je voudrais dire que la mission est satisfaite des prestations faites par les Responsables régionaux et elle continuera dans les chefs-lieux des Départements pour les éventuelles vérifications.
Enfin, je voudrais saluer, remercier les Autorités Administratives pour leur forte implication dans l’organisation des différentes rencontres apportant ainsi un précieux appui à la Mission .
Propos recueillis par MATO ADAMOU / ONEP DIFFA
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Au Niger, selon certaines sources, plus d’un million d’enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. Qu’est-ce que la malnutrition, est-ce vrai que cette maladie touche plus les enfants ?
Il existe plusieurs définitions de la malnutrition mais la plus utilisée dit que : « la malnutrition est la manifestation ou la conséquence d’un déséquilibre entre les apports alimentaires et les besoins nutritionnels ». Partant de cette définition on peut distinguer la malnutrition par défaut ou sous nutrition et la malnutrition par excès ou surnutrition. Il est évident et compréhensible que dans des pays comme le Niger, les problèmes de sous-nutrition préoccupent davantage les autorités. Cependant, le "double fardeau de la malnutrition" qui voit la coexistence à la fois de la sous nutrition et la surnutrition est une réalité. Pour ce qui est de la sous nutrition, le problème touche toutes les catégories d’âge, mais effectivement les enfants compte tenu de leur vulnérabilité en sont particulièrement touchés. En ce qui concerne la malnutrition (sous nutrition) aigue (entrainant un retard de poids par rapport à la taille), les enquêtes effectuées chez les enfants de moins de cinq ans montrent des taux supérieurs au seuil d’alerte (élevé) de 10%. L’enquête nutritionnelle de 2020 a montré qu’au plan national, la prévalence de la malnutrition aigüe chez les enfants de moins de 5 ans était de 12,7%. Parmi eux, la prévalence de la malnutrition aigüe sévère était de 2,6% (supérieur au seuil critique de 2%). La prévalence de la malnutrition aigüe globale est plus élevée chez les enfants les plus jeunes avec une valeur 18,1% dans la tranche des 6-23 mois et 9,1% chez ceux de 25-59 mois. La prévalence variait de 9% à Dosso et Tillaberi à 19,3% à Diffa. L’instabilité sécuritaire étant une source d’exacerbation de la malnutrition. Pour ce qui est de la malnutrition chronique (entraînant un retard de taille par rapport à l’âge), c’est pratiquement un (1) enfant sur deux qui en est atteint. En effet, selon toujours cette enquête de 2020, la prévalence sur le plan national est de 45,1% (supérieur au seuil très élevé de l’OMS) dont 20% de cas sévère. La prévalence variait de 19,7% à Niamey à 55,8% à Zinder et 58% à Maradi (les causes durables de la malnutrition expliquant en partie cet état de fait). Pour ce qui est de l’insuffisance pondérale (entrainant un retard de poids par rapport l’âge), la prévalence sur le plan national était de 33,4% chez les enfants de moins de cinq (ans) dont 10,7% de cas sévère. La prévalence variait de 16% à Niamey à 41,5% à Zinder et 42,2%. Pour ce qui est de l’anémie (carence en Fer) c’est près de 2/3 des enfants de moins de cinq ans qui en étaient touchés, la prévalence étant de 63,3% en 2020 dont 2,5% de cas sévère.
Concrètement, comment est-ce que la malnutrition se caractérise-t-elle ?
La malnutrition peut être diagnostiquée à partir d’un certain nombre de paramètres. Ce sont les mesures anthropométriques (poids, taille et circonférence du bras etc.), les signes cliniques (œdèmes, maigreur, pâleur de la paume de la main ou celle des conjonctives etc.) et par les examens biologiques (taux d’hémoglobine par exemple). Des informations supplémentaires comme l’âge sont également utiles dans le cadre du diagnostic de la malnutrition. A partir de ces paramètres, on peut distinguer plusieurs types de malnutrition. Le premier type, c’est la malnutrition aigüe. Cette malnutrition aigüe va se manifester par un déficit de poids (par rapport à la taille notamment). Lorsque ce déficit de poids est important, cela conduit au marasme (enfant le plus souvent représenté pour caractériser la malnutrition avec le visage ridé, les yeux enfoncés et fonte musculaire avancée). Mais, il peut y avoir des œdèmes conduisant au Kwashiorkor. Cette malnutrition aigüe a des causes qui sont souvent ponctuelles. L’individu est exposé sur une courte durée aux facteurs de risque comme les maladies (paludisme, diarrhées, infections, etc.) et une ration alimentaire inadéquate. Cette malnutrition est prise en charge dans les unités de soins appelées centre de récupération nutritionnelle (CRENAM, CRENAS, CRENI) se trouvant dans les CSI et les hôpitaux. Le deuxième type est la malnutrition chronique. Elle est aussi appelée retard de croissance. Elle se manifeste chez les enfants par un déficit de taille par rapport à l’âge. C’est une malnutrition qui s’installe progressivement chez l’individu lorsqu’il est exposé aux facteurs de risque (évoqués pour la malnutrition aigüe), de façon répétitive sur une longue durée. Le troisième type de malnutrition est l’insuffisance pondérale qui se caractérise par un déficit de poids par rapport à l’âge. On distingue également les carences micronutriments. Celles qui constituent un problème de santé publique au Niger sont la carence en Fer, en Iode et en vitamine A. Ces carences peuvent entraîner des troubles visuels (carence en vitamine A) ; le goitre et des troubles psychiques (carence en iode) et fatigue, difficulté respiratoire, pâleur (carence en Fer). Mais à côté de ces problèmes de sous nutrition, il ne faut pas sous-estimer les problèmes de sur nutrition chez les enfants que l’OMS a qualifié de "cauchemar explosif" car ¼ des enfants obèses se trouverait dans les pays pauvres. Ce qui expliquerait pourquoi dans les prochaines années, les maladies chroniques non transmissibles (diabète, maladies cardiovasculaires etc.) seront la principale cause de mortalité chez les adultes dans les pays comme le Niger.
Dans un pays comme le Niger, quelles sont les causes de la malnutrition qui touche beaucoup d’enfants ?
Les causes de la sous nutrition chez les enfants au Niger sont nombreuses. En premier lieu, une ration alimentaire inadéquate chez l’enfant peut favoriser la survenue de la malnutrition. Au Niger, la ration alimentaire chez les enfants est peu diversifiée et, est composée quasi exclusivement de féculents (céréales riches en énergie). Les céréales représentent plus de 70% de la ration. Mais, les aliments riches en protéines, en vitamines et en sels minéraux sont sous consommés. Pourtant le Niger dispose de potentialités alimentaires intéressantes pouvant permettre de satisfaire au mieux les besoins nutritionnels des enfants. C’est le cas du moringa à la fois riche en protéines, en vitamines et en sels minéraux et des autres aliments locaux disponibles (yalo, gourgi etc.). Cette inadéquation de la ration s’explique aussi par l’occurrence des pratiques alimentaires inappropriées. Le taux d’allaitement maternel exclusif est bas (27%), l’arrêt de l’allaitement (communément appelé sevrage) se fait de façon brusque et avant la durée recommandée des 24 mois, les interdits alimentaires sont persistants, les bouillies ne sont pas enrichies, la fréquence des repas est insuffisante etc. Ces pratiques inadéquates sont aussi dues à des connaissances insuffisantes sur l’alimentation des enfants qui sont fortement influencées par le niveau d’instruction bas surtout chez les femmes. Mais ces pratiques inadéquates sont également en rapport avec le faible pouvoir d’achat des ménages accentué par la taille des ménages (plus de 7 enfant par femme au Niger), la pauvreté, la famine (due notamment à la production alimentaire insuffisante). Le contexte insécuritaire dont les victimes notamment les déplacés sont devenus vulnérables sur le plan alimentaire amplifie forcement cet état de fait. En deuxième lieu, la malnutrition est due aux maladies. Le paludisme, les diarrhées, les infections respiratoires sont des maladies encore trop présentes chez les enfants au Niger qui favorisent la survenue de la malnutrition et vice versa. Malgré les efforts faits par les autorités pour que des centres de santé fonctionnels (avec les ressources humaines et matérielles) soient plus disponibles sur l’étendue du territoire, les recours aux structures de soins n’est toujours pas la première option pour bon nombre de nigériens. Ce qui est un facteur limitant. En plus de cela, les pratiques d’hygiène inadéquates caractérisées par le fait que le lavage des mains avec du savon (qui peut permettre de réduire significativement l’ampleur des maladies diarrhéiques) n’est pas une évidence chez la plus part des nigériens dont les mères chargées de l’alimentation des enfants. Ceci favorise la survenue des maladies et de la malnutrition. A ce titre, la dynamique de l’appropriation du lavage des mains impulsée notamment par la Covid 19 doit être maintenue (au-delà de la crise).
Comme on peut s’y attendre, les conséquences de la malnutrition sont énormes ?
Les conséquences de la malnutrition sont multiples et variées. Ses répercussions sont individuelles et collectives, à court, moyen et long terme. La malnutrition affecte le système immunitaire de l’état qui devient fragile et la cible des maladies. Selon les statistiques, la malnutrition est responsable directement ou indirectement de 60% des décès infantiles.
L’autre impact de la malnutrition sur le plan individuel c’est qu’elle affecte les capacités physiques et intellectuelles de l’enfant. En effet, la malnutrition peut avoir un effet négatif sur la croissance et le développement de l’enfant. Mais la malnutrition peut favoriser des déficiences mentales. C’est le cas de la carence en Iode qui peut affecter le quotient intellectuel et pire entrainer une déficience sévère connue sous le nom de crétinisme. La carence en Fer entraîne des difficultés à l’effort, ce qui affecte les aptitudes physiques de l’enfant et sa productivité. La malnutrition en affectant les facultés cognitives de l’enfant entraîne des difficultés d’apprentissage et les échecs sont plus nombreux chez les enfants malnutris. Sur le plan collectif, la malnutrition a un effet sur la santé, l’éducation et l’économie d’une communauté et d’une nation. A ce titre une simulation faite par une équipe pluridisciplinaire de chercheurs nigériens composés de nutritionnistes, médecins, planificateurs, spécialistes de l’éducation, statisticiens a montré que les pertes occasionnées par les différents types de malnutrition sur la période 2006-2015 seraient estimés à 1500 milliards (Profiles Niger).
Malgré les efforts consentis par l’Etat en collaboration avec ses partenaires notamment les ONG depuis des années, le problème persiste. Selon vous qu’est ce qui manque dans la lutte contre la malnutrition au Niger ?
Les efforts consentis par l’Etat et ses partenaires dans la lutte contre la malnutrition sont louables. La situation sera certainement plus critique sans ces efforts. Les efforts ont permis notamment de réduire la morbidité et la mortalité associées à la malnutrition. Ces efforts ont permis une amélioration des indicateurs de nutrition. Mais, il est quand même opportun de se poser la question sur ce que nous pouvons mieux faire. En augmentant le budget consacré aux activités de la nutrition avec une part plus importante aux activités de prévention (la part consacrée aux activités curatives représente environ 2/3 du budget alloué à l’engagement relatif à la santé dans la politique nationale de sécurité nutritionnelle 2017-2025). La lutte contre la malnutrition est une "guerre" qui nécessite que chaque fils de la nation fasse preuve de "patriotisme alimentaire" en ayant des comportements "nutri responsables", en changeant de mentalités, en bannissant les pratiques inopportunes et les interdits alimentaires, en œuvrant pour l’hygiène collective, en consommant ce que nous produisons et en produisons ce que nous consommons. A ce titre nous pouvons faire mieux en renforçant les activités de communication en faveur de la nutrition. Les grands événements populaires comme le championnat de lutte doivent des fenêtres d’opportunité pour sensibiliser la communauté sur la malnutrition et ses enjeux. Nous pouvons faire mieux en sensibilisant les enfants sur la malnutrition. Ceci passe notamment par l’introduction de la nutrition dans les curricula de formation (même d’enseignement général). Nous pouvons faire mieux en diversifiant nos sources de production pour ne pas dépendre que de la production hivernale. La part des cultures irriguées doit être considérablement augmentée. Nous pouvons faire mieux en améliorant la disponibilité des aliments en disposant des unités de conservation et de transformation des aliments. La malnutrition n’est pas une fatalité même dans les pays pauvres.
Réalisée Par Fatouma Idé et Oumar Issoufou
07 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/
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Dr Aboubakary Moukimou est, entre autres, président de l’Association Nigérienne des Experts Agréés(ANEXA), vice-président de l’Union Africaine Pluridisciplinaire des Experts Agréés (UNAPEA). Dans cet entretien il parle des processus de la mise en place de l’Ordre des Experts Agréés du Niger ; de l’Ordre des Experts et Consultants pour le Développement de l’Afrique ainsi que des objectifs poursuivis à travers ces structures.
Dr Aboubakary Moukimou, vous êtes à la tête de l’Association Nigérienne des Experts Agréés(ANEXA) et votre ambition est d’aboutir à la mise en place de l’Ordres des Experts agréés au Niger. Qu’en est-il de ce processus ?
Je suis effectivement le président de l’association Nigérienne des Experts Agréés en abrégé (ANEXA) couvrant toutes les compétences nigériennes pluridisciplinaires qui interviennent devant les Cours et Tribunaux du Niger. Au Niger nous avons eu la première liste nationale des experts judiciaires pluridisciplinaire depuis 2001. Nous travaillons activement pour sa mise à jour de temps en temps avec l’arrivée des nouveaux experts. Mieux, nous avons eu récemment avec le Ministre de la justice, M. Ikta Abdoulaye Mohamed son engagement et son accord pour la mise en place d’un ordre national des experts judiciaires du Niger. Le projet est actuellement en étude avec les services techniques du Ministère de la Justice. Nous pensons que très bientôt nous aurons notre ordre des Experts Agréés Nigériens.
Depuis plus d’un an vous êtes sur un vaste projet de réseautage visant à mettre en place l’Union des Compétences africaines où tous les experts africains peuvent être membres. En quoi consiste cette démarche ?
Pour mieux répondre, je dois vous parler de mon parcours professionnel d’expert au Niger et à l’international. J’ai prêté serment le 27 août 1993 près les cours et tribunaux du Niger en qualité d’expert en risques technologiques et assurance. Nous avons mis en place la première liste des experts judiciaires du Niger en 2001. Dix après, en 2011, les experts du Niger assermentés ont créé l’association Nigérienne des Experts Agréés ANEXA dont je suis président. En 2013, j’ai intégré l’ordre des Experts internationaux de Genève où j’ai obtenu mon titre d’expert international, diplôme de conférencier en risques technologiques et assurances à Genève (OEI) qui est devenu l’ordre mondial des experts internationaux dont je suis membre. C’est donc tout à fait logique pour moi qu’avec mes confrères africains, nous avons pensé à créer notre propre organisation africaine pluridisciplinaire.
Ainsi, le 15 février 2020 les associations nationales d’experts du Niger, d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie ont créé à Hammamet l’Union Africaine Pluridisciplinaire des Experts Agréés (UNAPEA). Lors de cette rencontre le poste de vice-président chargé de la promotion de l’expert africain, de sa qualité et de son intégrité a été accordé au Niger, à travers ma personne. Le Niger était représenté par une délégation forte de 4 membres de l’UNAPEA : Dr Adiza Ousmane Bagnan Médecin spécialiste, Mahaman Moustapha Abdou Ali, Expert Automobile, Ahmadou Youssoufou Tidjani Expert en gestion des entreprises et organisations et moi-même. Ainsi chaque pays fondateur a 4 membres dans le bureau de l’UNAPEA mis en place et dont la présidence a été confiée au frère tunisien Mohamed Sebri.
Quelle est maintenant la suite du processus ?
Après l’UNAPEA nous avons jugé utile pour avancer et créer une Union des Compétences Africaines, qui va regrouper tous les experts. Au sein de cette Union nous allons également créer un Ordre des Experts et Consultants pour le Développement de l’Afrique (ODECA). Nous souhaitons qu’elle soit une ONG qui va s’occuper de la mise en place des ordres professionnels, de la formation, pour permettre à ce que les africains contribuent davantage au développement du continent. Je me suis déplacé pour la mise en place des bureaux de l’ODECA des zones Afrique de l’Ouest avec siège à Dakar ; Afrique du Nord avec siège à Nouakchott ; Afrique du Centre à Yaoundé ; de la Diaspora à Genève. Il reste les bureaux des zones Afrique de l’Est avec pour siège Addis-Abeba et Australe à Johannesburg où les contacts sont déjà pris. Pour le reste nous sommes en train d’avancer pour mobiliser et fédérer le maximum possible des personnes et de pays.
Une fois que tout cela sera fini, nous comptons mettre en place le bureau et la présidence qui sera tournante entre les membres fondateurs. Nous souhaitons avoir la confirmation de nos pairs experts et expertes de l’Afrique pour le siège du Secrétariat Permanent Continental de l’ODECA à Niamey.
Quel rôle vous comptez faire jouer à cette ambitieuse structure pour laquelle vous vous battez, dans le cadre du développement du continent, notamment dans le contexte de la ZLECAF ?
Si je me réfère au contexte dont vous parlez, je peux dire que c’est un projet qui vient à point nommé. Ça va faciliter les transactions. En cas de problème ou litige, il peut y avoir des experts médiateurs pour pouvoir les gérer. Nous aurons affaire avec des structures organisées ; si une société d’un pays a un problème avec celle d’un autre pays, on aura des experts qui peuvent intervenir pour gérer la situation au niveau arbitrage, médiation d’abord… Pour cela nous voulons à terme que chaque pays ait son Ordre d’Experts et Consultants pour le Développement. Nous pensons qu’avec les outils que nous avons on peut rapidement installer 35 ordres sur les 55 pays. Nous voulons une Afrique de compétences africaines. Pour cela nous faisons des efforts pour expliquer, sensibiliser, mobiliser les uns et les autres sur la démarche, les ambitions que nous portons.
Avez-vous, en tant que structure africaine des experts, des relations avec les pouvoirs publics dans les différents pays du continent ?
Nous travaillons avec des associations nationales d’experts agréés ; toutes les personnes engagées dans le processus sont des membres des associations reconnues dans leurs pays. Pour le cas du Niger, nous avons l’accompagnement du ministère de la justice, je l’ai dit au début de cet entretien.
Au niveau national quel sera l’apport de l’ordre des Experts Agréés Nigériens ou de l’ANEXA pour la formation, l’intégration des jeunes, bref pour le développement du pays ?
On intervient dans les cours et tribunaux, auprès des compagnies d’assurances et d’autres structures qui ont besoin d’expertise. Déjà de 2011 à ce jour, nous avons appuyé à travers l’information, des conseils, beaucoup de nigériens dans les cohortes qui ont été en Inde, en Chine pour des formations. Aussi, avec l’accord de partenariat que nous avons déjà signé avec l’ordre des experts internationaux américains nous comptons former les experts au niveau national et international. Il y a également la volonté de signer avec l’ordre mondial une convention de formation des formateurs. Nous voulons d’une Afrique développée par les africains pour occuper notre jeunesse, notre relève s’il plait à Dieu. Etant Commandeur de l’Ordre de Mérite du Niger et Chevalier de National, je suis engagé pour la promotion de la relève, et dans mes domaines d’expertise je fais beaucoup de bénévolat, notamment dans la formation.
Par Souley Moutari(onep)
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M. le Directeur, le Niger compte aujourd’hui beaucoup d’écoles de santé publique, quels mécanismes encadrent le fonctionnement de ces écoles ?
Effectivement depuis 2002 le foisonnement des écoles et instituts de formation en santé est devenu une réalité qui ne cesse de croitre au Niger. En réalité il faut distinguer deux (2) blocs : l’un qui regroupe les établissements publics et l’autre les établissements privés. En terme de fonctionnement chaque établissement dispose d’un mécanisme interne qui lui est propre et qui concoure à l’atteinte d’un objectif, sous le contrôle bien sûr de certains Ministères, notamment de la Santé Publique (MSP), de l’Enseignement Secondaire et des Enseignements Supérieurs ,de la Recherche et de l’Innovation afin de mener à bien leur mission de formation initiale et continue, de spécialisation et de recherche. Seuls les établissements du secteur public, gérés par un Président du Conseil d’Administration (PCA) et un Directeur Général (DG) nommés par Décret pris en conseil des ministres, ont pour unique tutelle le Ministère de la Santé Publique.
Chaque école doit disposer d’un curriculum adapté et spécifiquement conçu pour une formation qu’elle offre. Par exemple, pour le Centre d’excellence régional de l’Etat, l’Ecole Nationale de Santé Publique Damouré Zika de Niamey, la mise en œuvre des curricula est en parfaite cohérence avec la Politique Sanitaire Nationale, le Plan de Développement des Ressources Humaines du Ministère de la Santé Publique et les directives de l’Organisation Ouest Africaine de la Santé (OOAS). Pour se financer, les écoles et instituts de santé utilisent leurs fonds propres générés par les frais de formation payés par les élèves et les étudiants. Ils se financent aussi grâce à l’appui de certains partenaires et, pour le secteur public, a la subvention de l’Etat.
Avant la libéralisation du secteur, la formation en santé se déroulait exclusivement dans les ENSP de Niamey et de Zinder jusqu’en 2002 et exclusivement à la Faculté des Sciences de la Santé de l’UAM dans une certaine mesure. Cette libéralisation a permis de mettre sur le marché une grande quantité de ressources humaines en santé. Comme vous le savez le secteur de la santé dans nos pays fait face à plusieurs défis dirigés essentiellement vers la lutte contre la maladie et la réduction de la mortalité maternelle et néo natale. En terme d’opportunités les écoles et instituts de santé restent à promouvoir afin qu’ils puissent doter notre système de santé d’un personnel motivé, disponible, compétent en nombre et en qualité en même capable de servir efficacement à tous les niveaux de la Pyramide sanitaire afin de relever les défis.
Une réévaluation des curricula enseignés dans les écoles de santé publique s’impose-t-elle au Niger ?
Plusieurs rencontres professionnelles font effectivement cas d’une révision des curricula au niveau des écoles et instituts de formation pour tenir compte de nos besoins réels en santé publique au Niger. Avec le recul, l’une des principales réformes initiées par le Ministère en charge de la santé publique remonte à 2008 avec le nouveau programme harmonisé portant sur la formation des Agents de Santé de Base, une création a l’époque, accessible à partir du BEPC, et pour le niveau supérieur, des Infirmiers Diplômés d’Etat (IDE), Sage Femmes Diplômées d’Etat (SFDE), Laborantins Diplômés d’Etat (LDE) et Techniciens de Développement Social Diplômé d’Etat (TDSDE), accessibles après l’obtention du baccalauréat. De mon point de vue, la réévaluation de ces curricula sous-entend l’implication à grande échelle de tous les acteurs de la formation en santé, tels que les décideurs, les communautés bénéficiaires, les diplômés, les parents d’élèves, les étudiants, les partenaires, les institutions de soins, les écoles et instituts de formation, la FSS, les collectivités, etc. Une telle consultation jettera les bases d’une nouvelle conception du secteur avec comme objectif, de favoriser une formation qualitative des ressources humaines en santé publique.
C’est dans cette perspective que l’OOAS a initié à partir de 2007 au sein de ces pays membres francophones, en ce qui concerne la formation initiale, un processus d’élaboration de curricula harmonisé dont la mise en œuvre est intervenue à partir de 2012 et qui porte sur la formation des IDE, SFDE et LBM selon le système LMD.
Il convient également de noter que, toujours dans la même logique, le ministère de la santé publique est à pied d’œuvre quant à l’accompagnement régulier des écoles et instituts de formation en santé car. il a une obligation d’un droit de regard. Cependant, il est temps de réévaluer la mise en œuvre des programmes par l’organisation d’un grand forum qui regrouperait l’ensemble des acteurs afin de redéfinir les grands axes de la formation en santé dans notre pays.
Le comportement peu orthodoxe de certains agents de santé en fonction, surtout en matière de relation contact avec les patients, est-il lié à l’appauvrissement des contenus enseignés dans les écoles, comme le pensent les plus anciens du métier ?
Ne perdez pas de vue que plusieurs facteurs, intrinsèques ou extrinsèques, rentrent en jeux dans ce cas précis. Notre prototype de modelage de comportement est basé sur l’assimilation des compétences. L’apprenant est suivi jusqu’à la maîtrise parfaite de compétences comme le savoir, le savoir-faire et le savoir être qui agissent sur les propres capacités de l’étudiant. La maitrise de ces compétences est une condition essentielle pour l’obtention d’un diplôme en santé.
Certes, les études comportementales ont révélé certaines anomalies dans la pratique. Ces errements professionnels, qui sont d’ailleurs moindres, ne sont nullement liés aux contenus enseignés mais peut être au suivi et la qualité de la mise en œuvre des curricula. Le contexte de précarité joue également un grand rôle dans cet état de fait, pour des apprenants qui financent eux-mêmes leurs formations dans le but de décrocher un boulot et non par vocation.
M. le Directeur, Malgré la ruée sans précédent des étudiants vers les écoles de santé publique, on constate que peu d’entre eux ont l’amour d’exercer dans ce domaine. Qu’est-ce qui explique cette situation ?
Comme je l’ai dit plus haut, la vocation est l’une des premières qualités pour exercer la profession de santé, celle-ci est enseignée en déontologie dès la rentrée en première année. Souvent les parents imposent à leurs enfants une formation sans demander leur avis. En pareilles circonstances, les établissements de formation arrivent à convaincre certains parents d’élèves réceptifs, à accepter la réorientation de leurs enfants. Il s’agissait dans le temps, d’une orientation de l’Etat qui prend en compte la fiche de choix remplie et signée conjointement par l’étudiant et ses parents. Il va donc de soi que ceux d’entre eux à qui la famille a imposé un cursus, ne soient pas aussi puristes que ceux qui sont venus par choix personnel et par vocation.
La recherche de stages académiques de qualité devient de plus en plus difficile eu égard au nombre élevé d’étudiants. Quelles sont les pistes de solutions à prospecter selon vous ?
Très difficile de répondre à votre question. C’est une réalité évidente. Cependant je pense que le secteur privé doit s’impliquer aussi à accueillir ces apprenants parce que le devoir de formation et d’encadrement des apprenants leur incombent aussi. En plus de cela, il faut aller vers la création de plusieurs Centres Hospitaliers Universitaires (CHU).
Les différents ordres créés çà et là sont-ils capables d’insuffler une nouvelle dynamique au secteur de la santé publique ?
Absolument ! à présent on note plusieurs Ordres professionnels créés dans le secteur de la santé. Mais vous conviendrez avec moi que l’efficacité d’une instance dépend de la dynamique des acteurs sensés la faire fonctionner mais, cela aussi est tributaire des moyens dont ils disposent.
C’est une très bonne chose que de disposer de plusieurs Ordres professionnels qui constituent des acteurs clés de promotion du secteur de la santé publique. Ils ont essentiellement pour rôle de veiller au strict respect de l’éthique et de la déontologie, toute chose qui permet d’améliorer significativement la qualité de l’accueil, la prise en charge et la gouvernance au sein du secteur de la santé.
Propos recueillis par Souleymane Yahaya(onep)
12 février 2021
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Monsieur le directeur général, la campagne agricole 2021-2022 s’installe timidement sur toute l’étendue du territoire national, quelles sont les dispositions qui ont été prises par l’Etat pour accompagner les producteurs ?
Comme les années précédentes, le Ministère de l’Agriculture élabore un plan pour la campagne agricole qui s’articule sur les activités suivantes : le renforcement du dispositif d’encadrement des producteurs ; le renforcement et la mise en état du parc auto/moto pour améliorer les prestations de services des agents d’appui conseil ; le renforcement de la capacité des producteurs par la mise en place de semences de variétés améliorées ; la disponibilité des engrais en quantité et en qualité dans le cadre de l’intensification des productions végétales ; l’appui à l’opérationnalisation de la Maison du Paysan ; la protection des cultures ; la mise en œuvre du programme annuel de vulgarisation pour renforcer les capacités techniques des producteurs ; le suivi et évaluation de la campagne agricole (notamment l’exécution de l’EPER, des missions de suivi et supervision ainsi que la production des bulletins décadaires).
La mise en œuvre effective de ces activités permettra de produire de 6. 227. 768 tonnes de céréales et 3.785. 729 tonnes de cultures de rente, projection issue du plan d’actions de l’initiative « 3N » qui prévoit un taux d’accroissement de 10,5 % pour les céréales sous pluie et de 4,1 % pour les cultures de rente.
Je peux vous rassurer que d’importants appuis en semences de variétés améliorées certifiées ont été mis à la disposition des populations vulnérables, les engrais sont disponibles et accessibles, les pesticides et les équipements de traitement sont placés dans l’ensemble des régions pour faire face à toute infestation de ravageurs de cultures, les maisons de paysan sont ravitaillées en intrants divers, le renforcement du dispositif d’encadrement et des capacités des producteurs sur les techniques de production résilientes au changement climatique à travers les champs écoles producteurs se poursuivent, etc…
Pour revenir à l’installation de la campagne d’hivernage 2021, elle a effectivement démarré à partir de la première décade du mois de mai, occasionnant des semis partiels de mil au niveau de 17 villages du département de Falmey dans la région de Dosso. Malheureusement, ces semis ont souffert d’une longue rupture de pluie provoquant la perte des semis. A la suite des précipitations enregistrées entre la 2e décade de mai et la 3e décade de juin 2021 et les 2 décades de juillet, les semis se sont poursuivis au niveau de l’ensemble des régions. Au 20 juillet 2021, ce sont 12 531 villages qui ont semé soit un taux de 96%. Ce pourcentage est identique à celui enregistré en 2020 à la même période. L’installation de la campagne n’a pas été timide, nous assistons juste à un décalage de la saison.
Certes des progrès ont été enregistrés dans la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaine de l’Agriculture, mais l’insécurité alimentaire et nutritionnelle est toujours d’actualité au Niger. Quelles sont les grandes actions contenues dans la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre ?
Dans la déclaration de Politique Générale de SEM le Premier Ministre Chef de Gouvernement, les grandes actions dans le domaine de l’agriculture ont été développées au niveau de l’axe 4. Il s’agit de la modernisation du monde rural. Avec un RETEX de la mise en œuvre de l’I3N des défis majeurs au niveau de différents segments des filières agro-sylvo-pastorales à travers la chaine de production, de conservation, de transformation, de commercialisation et la mobilisation du financement seront relevés.
Relativement à la production, les principaux défis à relever sous-tendent l’amélioration de la productivité des terres et du cheptel ainsi que la résilience des systèmes de production.
Plus spécifiquement pour la production agricole, les actions vont porter sur : l’appui à la production par la mise à disposition d’intrants de qualité et de matériels adaptés ; la réalisation et la réhabilitation des aménagements hydro-agricoles et périmètres irrigués ; l’adoption d’une politique appropriée pour renforcer la sécurisation foncière ; la réhabilitation des terres dégradées pour accroitre la disponibilité des terres exploitables; le financement de l’entreprenariat agricole.
La campagne agricole 2021-2022 intervient dans un contexte où le pays fait face à des multiples crises : sécuritaire, alimentaire, sanitaire et le choc climatique. Comment le gouvernement compte s’y prendre pour juguler toutes ces crises qui pourraient impacter les activités pluviales ?
Pour ce qui est des crises alimentaires et les chocs climatiques, toutes les dispositions ont été prises par le Gouvernement pour les juguler. Comme vous le savez, la pandémie COVID 19 a limité les échanges commerciaux avec la longue période de fermeture des frontières. La migration de fin de campagne d’hivernage qui permet aux bras valides de pratiquer des activités diverses pendant la saison sèche s’est estompée privant ainsi beaucoup de ménages des ressources complémentaires pour faire face à la campagne d’hivernage et à la période de soudure.
Le gouvernement a solutionné ce manque à gagner des ressources générées par la migration à travers l’intensification des cultures irriguées, les cultures de décrue, la promotion de l’entreprenariat des jeunes et évidemment les appuis multiformes (intrants agricoles, vente à prix modéré, cash for work, cash for food, distribution gratuite de vivres, etc.).
Toutes ces interventions vont permettre à nos vaillantes populations de mener à bien les travaux champêtres.
Dans un passé récent, le gouvernement avait introduit une réforme dans le domaine de l’engrais qui place désormais le secteur privé au cœur de cette réforme, est-ce que l’engrais sera disponible partout au Niger à un prix raisonnable pour les producteurs ?
La réforme du secteur des engrais a été introduite pour la principale raison que la subvention des engrais réalisée pendant plus d’une décennie ne profitait pas aux véritables bénéficiaires. En plus, le monopole de la vente d’engrais était détenu par l’état. Les quantités importées ne couvraient pas les besoins du pays. La réforme initiée a pour objectif de : accroître la disponibilité des engrais au Niger ; améliorer l’accès des producteurs et le niveau d’utilisation des engrais pour accroître la productivité agricole ; libéraliser l’importation et la distribution des engrais en passant du système étatique de la CAIMA à un système plus efficace et plus efficient animé par le secteur privé; proposer un nouveau mécanisme de distribution des engrais subventionné ciblant les agriculteurs à faibles revenus et leur permettant d’avoir les engrais à moindres coûts et au bon moment ; rendre plus performant les secteurs privés.
Comme toute réforme, le début n’est pas facile, mais je peux vous rassurer que les engrais sont disponibles au Niger, et ils le seront davantage car chaque jour nous enregistrons des demandes d’agréments d’importation d’engrais ainsi que les demandes d’autorisation y afférentes. L’Etat est également en train de prendre les dispositions à très court terme pour que le Niger produise des engrais pour couvrir les besoins nationaux et même exporter car vous n’êtes pas sans savoir que le Niger dispose de toutes les matières premières requises pour fabriquer tous les types d’engrais.
Les organes de la réforme ont été mis en place pour également veiller sur les prix pratiqués des engrais.
C’est une bonne chose de mettre le secteur privé au cœur des initiatives pareilles, mais le risque, c’est qu’il faut craindre l’entrée dans le pays de toute sorte d’engrais, quelles sont les dispositions prises par l’Etat pour assurer le contrôle de la qualité de ce produit chimique ?
Le commerce des engrais est régi à travers la règlementation harmonisée de la CEDEAO relative au contrôle de qualité des engrais dans l’espace communautaire (Règlement C/REG.13/12/12 et ses règlements d’application).
Au Niger, tous les textes règlementaires et les lois nécessaires pour l’instauration d’un environnement juridique et institutionnel favorable au commerce et contrôle des engrais, ont été élaborés et adoptés.
Réalisée par Hassane Daouda
30 juillet 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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M. le Conseiller, l’économie rurale est une des pierres angulaires de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement. Qu’est-ce qu’englobe ce terme et pourquoi l’économie rurale a autant d’importance pour les autorités ?
L’économie rurale, de manière générale, c’est l’ensemble des sciences sociales qui s’occupent, qui étudient la vie rurale et tout ce qui la rythme, l’anime. Et quand on parle de la vie rurale, il faut la situer dans l’espace, donc dans des territoires qui ont comme principales activités l’Agriculture, avec grand A. Donc, une vie autour de l’activité principale du pays qui est l’agriculture, mais également les autres activités connexes comme l’élevage, la pisciculture, l’apiculture, tout comme ça peut-être tout simplement des voies qui entourent les gens. En tout cas, c’est un cadre de vie qui est rural et qui est essentiellement garni de toutes les ressources naturelles.
Quand on parle d’une vie en pleine nature, avec autant de ressources naturelles, il y’a un besoin de les mettre en valeur, de les exploiter et surtout, de faire en sorte que ça crée une plus-value à l’être humain afin de lui permettre d’améliorer ses conditions de vie. Ces ressources se trouvent à l’état brut, donc elles ne sont pas mises en valeur. Alors, l’économie rurale, non seulement s’occupe de cette vie rurale et tout ce qu’il y’a dans ce monde rural, mais également elle va étudier les comportements des acteurs qui sont dans ce milieu et les relations qu’il y’a entre eux et tout ce qui va aller dans le sens de promouvoir ces relations. C’est cela qui donne aussi la possibilité à l’économie rurale d’aller étudier par exemple les différentes activités, les marchés, les relations entre les acteurs, que ça soit des relations de travail, commerciales, de complémentarité ou même de substitution.
Dans le cadre de la DPG, qu’est-ce qui est fait au Niger pour une plus grande résilience de l’économie rurale, surtout après les fléaux climatiques qui ont négativement impacté l’économie agricole du pays, premier secteur d’occupation des populations ?
L’économie rurale c’est avant tout 80 voire 85% de la population active qui est dans ce secteur. C’est la principale source de revenus d’abord, mais également de richesse pour les populations, les 85% de la population qui vit en milieu rural, qui est rurale, qui pratique des activités rurales.
Donc c’est tout à fait normal que les autorités lui accordent une place de choix dans leurs politiques, dans leur gouvernance. C’est en cela que les autorités actuelles ont carrément décliné un axe, d’abord c’est un grand chapitre dans le programme de renaissance acte III du Président de la République, Chef de l’Etat. C’est un grand chapitre qui est dévolu au développement rural et la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Ce chapitre a été décliné de manière opérationnelle dans la déclaration de politique générale du Premier ministre, Chef du gouvernement, et a un axe spécial, le numéro 4 qui vise la modernisation du monde rural. Donc, ça c’est vraiment la grande place qu’occupe l’économie rurale dans les grandes orientations, dans les grands cadres institutionnels de notre pays et de la gouvernance actuelle.
Pour être plus concret, dans cette Déclaration de politique générale, d’abord tout en consolidant et en avançant, nous avons 7 programmes phares. Ces programmes phares sont porteurs et ont des avantages comparatifs en termes de développement rural et de modernisation du monde rural. Ces 7 programmes phares sont le programme riz, niébé, canne à sucre, oignon, moringa et bétail/viande et volaille/pintade. Voilà les 7 grands programmes phares sur lesquels les autorités actuelles se basent pour la conduite de la gouvernance rurale, de la gouvernance agricole de notre pays pour ce mandat du Président de la République, Chef de l’Etat. Les autorités actuelles accordent beaucoup d’intérêt et d’attention au secteur du monde rural, un secteur précurseur, pourvoyeur de richesses, d’emplois, et surtout de prospérité pour nos populations, surtout les plus nombreuses qui sont les populations rurales.
En tant que chef du département économie et environnement au cabinet du Premier ministre, quelle appréciation faites-vous du développement des pôles agro-industriels en cours au Niger ?
C’est une variante de toutes les orientations données par les autorités actuelles. Les pôles agro-industriels par essence, c’est un certain nombre d’activités qu’on aimerait développer et qui vont inclure plusieurs maillons complémentaires qui permettent d’avoir une plus-value. Ici, l’ingénieuse idée est d’aller vers l’implication, à la fois des ruraux, mais aussi du secteur privé et de l’Etat qui va veiller à ce que les différents maillons à travers les différents acteurs, se complètent et mutualisent leurs expertises, leurs connaissances, et surtout leur savoir-faire pour développer des chaines de valeur et gagner en revenus, en bénéfices, en développement, mais surtout aussi de créer des cadres de vie meilleurs et des conditions de vie favorables à un développement durable.
Est-ce, pour vous, la réponse adéquate aux impératifs actuels et futurs de maîtrise et de modernisation des sols fertiles et des ouvrages hydro-agricoles au Niger ?
Bien sûr! Bien sûr! Mais il n’y a pas que ça. Les pôles agro-industriels, c’est d’abord le fait d’aller relever le petit producteur ou le petit éleveur dans ce qu’il a déjà comme résilience, dans ce qu’il fait comme activité. C’est de le relever et de le pousser à produire plus pour profiter au mieux de sa propre production. C’est aussi une manière de l’intégrer dans le circuit commercial. Aujourd’hui, vous savez très bien que nous ne devons pas nous contenter seulement de produire pour subvenir à nos besoins alimentaires. Nous avons besoin de faire une agriculture qui soit un métier, qui produise de la richesse et qui permet donc à celui qui la pratique de vivre dignement de ce qu’il fait comme métier.
Nous devrons aller vers une activité qui soit rentable à tout point de vue. Qu’elle soit rentable d’abord pour l’environnement, parce qu’il ne sert à rien aujourd’hui de perpétuer cette pratique d’agriculture extensive à la daba. Nous avons besoin de produire en qualité, mais aussi en quantité, non seulement pour satisfaire nos propres besoins, mais également dégager des excédents qui vont nous permettre de rentrer dans le processus de transformation, d’industrialisation, et faire en sorte que ce que nous avons dans nos terroirs, soit aussi recherché et soit envié par d’autres. Les pôles agro-industriels sont avant tout des ouvertures pour que nous incitions nos producteurs à transformer leurs pratiques agricoles.
Quelles sont les mesures prises pour faire bénéficier le monde rural, de ces investissements publics et privés surtout les zones affectées par la crise sécuritaire ?
Les zones qui vont être mises en valeur, de manière efficace, seront certainement des zones de grande sécurité. Les gens auront plus d’assurance à aller travailler que d’aller dans une zone où il n’y a rien comme activité. Donc, l’implémentation des pôles agro-industriels est certainement un élément qui va permettre davantage de sécuriser nos zones rurales. Bien sûr qu’à travers les zones agro-industrielles, nous avons peut-être besoin de gros investissements. Mais je pense que même sur la base des catégories de producteurs que nous avons actuellement, qui sont majoritairement des exploitations familiales, nous pouvons aussi mettre en place les premiers maillons agro-industriels. C’est de là qu’on peut partir en impliquant ces producteurs avec leur savoir-faire dans des mécanismes qui vont leur permettre de mutualiser leurs efforts et de créer de grands cadres. Ce qui permettra non seulement d’aller vers l’autosuffisance alimentaire, mais surtout et aussi de reverser l’excédent vers la transformation et le développement agro-industriel.
Quelle sera la principale orientation de l’économie rurale en général, et de l’économie agricole en particulier, en cette nouvelle année budgétaire 2023 ?
Ce qui est important c’est de voir comment est-ce qu’il y’a une anticipation par rapport à toutes ces perspectives heureuses et ce que les autorités ont inscrit dans leurs programmes. Je voudrai saluer ici les initiatives qui sont prises par le gouvernement en ce qui concerne, par exemple, l’importation de matériels agricoles et des intrants. Le dernier budget de l’Etat contient des mesures incitatives pour aller vers cette modernisation du monde rural avec des mesures de détaxation qui ont été prises. C’est salutaire parce que notre agriculture a besoin de gros investissements, surtout dans l’acquisition de matériels.
Par Souleymane Yahaya(onep)
Source : http://lesahel.org/
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La COP 15 vient de se tenir à Abidjan en Côte d’ivoire. Quels sont les thèmes phares qui ont été débattus au cours de cette rencontre ?
Permettez-moi de prime abord, de vous remercier de l’occasion que vous m’offrez pour entretenir le grand public sur la COP15 de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre Désertification (CNULCD). Je voudrais en profiter pour relever cette redondance pour dire que « COP » est une abréviation de l’expression anglaise « Conference Of Parties » en français « Conférence des Parties » en abrégé « CdP ». Le mot partie désigne tout pays ayant signé et ratifié la Convention. Le chiffre 15 indique le nombre de fois que la COP/CdP s’est tenue depuis la mise en œuvre de la Convention. Cela vaut la même chose pour les Conventions sur les Changements Climatiques, la Diversité Biologique et autres Accords Environnementaux Multilatéraux.
Ceci dit, pour vous répondre, l’une des premières questions à traiter lors d’une COP est le bilan de la mise en œuvre de la COP précédente, ensuite viennent d’autres sujets d’intérêts majeurs. Pour le cas présent, il s’agit entre autres des prochaines étapes pour faire progresser la neutralité en matière de dégradation des terres (NTD) en tant que solution importante pour le développement durable pour tous et dans le contexte de la Décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes ; des sécheresses : l’évolution du programme de lutte contre la sécheresse de la CNULCD ; les outils de soutien technique et financier, cadres politiques/juridiques, collaboration interinstitutionnelle et orientations scientifiques et politiques ; du renforcement du lien entre la mise en œuvre de la Convention et les mesures visant à lutter contre les changements climatiques, la perte de biodiversité, la sécurité alimentaire, les liens entre zones urbaines et rurales, la création d’emplois et la consommation et la production durables ; des ressources notamment financières pour la préparation et la mise en œuvre de la Convention notamment les cadres stratégiques efficaces et efficients de lutte contre la désertification et les sécheresses ; du genre, particulièrement la feuille de route pour la mise en œuvre du plan d’action sur le genre de la Convention et la poursuite de l’intégration de la dimension de genre dans les activités de la désertification, la dégradation des terres et les sécheresses (DDTS) ; du régime foncier notamment les engagements volontaires à intégrer les considérations relatives au régime foncier dans les projets et plans de la DDTS en plus de la sensibilisation et l’orientation pour l’intégration des considérations foncières dans les activités de la DDTS ; des tempêtes de sable et de poussières tellement importants pour la santé, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, etc., la mise au point d’outils et la collaboration pour lutter contre ces phénomènes à l’échelle nationale et régionale ; des voies pouvant faciliter davantage la participation des Organisation de la Société Civile (OSC) et le développement d’une stratégie jeunesse pour la mise en œuvre efficace de la Convention ; de la participation du secteur privé dans la mise en œuvre de la Convention : mise en œuvre continue de la stratégie du secteur privé ; de la promotion d’emplois décents liés à la terre; de la promotion de l’utilisation durable des terres et des chaînes de valeur.
Le Niger a marqué sa présence de manière significative à cette rencontre, avec notamment une allocution du Chef de l’Etat. Quelle importance revêt ce rendez-vous pour notre pays?
Ce rendez-vous revêt une telle importance pour notre pays qu’il a suscité le déplacement de Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat. Plus que nous, le Président de la république a décrit les enjeux pour notre pays dans son discours prononcé à Abidjan le 9 mai 2022 lors de la COP15. En effet, le Président de la république disait à l’occasion : « Le thème central de la COP15 à savoir « Terre. Vie. Héritage : de la rareté à la prospérité », appelle donc de notre part à plus d’engagement et de prise de conscience, pour adopter des modes de production et de consommation solidaires et durables afin de léguer aux générations futures des terres fécondes, productives et porteuses de vie. Mon vœu le plus ardent est de voir le présent Sommet proposer des solutions outillées en vue de donner plus de sens et de contenus opérationnels à la « Décennie de la Restauration des Ecosystèmes 2021-2030 » adoptée par les Nations Unies. L’Initiative de la Grande Muraille Verte, à cet égard est une opportunité pour contribuer efficacement à la réalisation des ambitions de la « Décennie de la Restauration des Ecosystèmes 2021-2030 » et de la Table Ronde de Paris de janvier 2021. A cet effet, j’encourage fortement la mutualisation des efforts de l’Agence de la Grande Muraille Verte et de la Commission Climat pour la Région du Sahel, que le Niger a l’honneur de présider, dans le cadre de la lutte contre la désertification, le changement climatique et de préservation de la biodiversité. »
La dégradation des terres est une préoccupation planétaire. Quel est l’ampleur de ce phénomène au Niger?
Effectivement la désertification, la dégradation des terres et les sécheresses demeurent une préoccupation planétaire. Ce sont des problèmes d’envergure mondiale aux dimensions naturelles et humaines qui menacent un tiers de la superficie des terres émergées du globe soit plus de 4 milliards d’hectares, et pourraient affecter les moyens de subsistance d’environ 1.2 milliard de personnes (soit 20% de la population mondiale) qui dépendent de la terre pour la plupart de leurs besoins et qui appartiennent aux classes sociales les plus pauvres et les plus vulnérables au monde.
On observe actuellement une tendance haussière de l’ampleur de la désertification avec presque 12 millions d’hectares qui sont perdus annuellement à travers le monde (ce qui correspond à 23 hectares chaque minute). Ce qui génère d’énormes pertes financières qui s’estiment à une valeur égale à 42 milliards de dollars américains par an. Aussi, on prévoit dans les décennies à venir la migration forcée de près de 200 millions de personnes sous les effets combinés de la dégradation des terres et les changements climatiques avec pour corollaire le déclenchement des rivalités et conflits ainsi que l’aggravation de l’insécurité.
C’est dans ce sillage que les débats se sont déroulés durant la COP 15 et se sont articulés autour du thème « Terres, vie et patrimoine : de la rareté à la prospérité », avec une attention particulière sur la lutte contre les sécheresses et la réhabilitation des terres dégradées.
Selon certaines données scientifiques, notre pays perd chaque année environ 100 000 hectares de terres cultivables. Cette perte est principalement causée par l’ampleur de la croissance démographique qui nécessite une augmentation sans cesse de la surface d’occupation du territoire conjuguée à d’autres phénomènes pernicieux comme la désertification, les sécheresses et les changements climatiques.
Quelles sont les solutions que la COP15 envisage pour remédier à ce problème de dégradation des terres?
En résumé la COP15 de la CNULD a adopté 38 décisions pour améliorer la résilience aux sécheresses, réduire la dégradation des terres et investir dans les efforts de restauration des terres. Plus spécifiquement, les parties se sont accordées à accélérer la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées d’ici 2030 grâce à l’amélioration de la collecte, de la surveillance et de la communication des données ; à renforcer la résilience à la sécheresse en améliorant un nouveau modèle de partenariat pour les programmes d’investissement intégrés à grande échelle dans le paysage ; à améliorer les politiques nationales et l’alerte précoce, le suivi et l’évaluation, en particulier en ce qui concerne les tempêtes de sable et de poussière et la sécheresse ; à améliorer les efforts autour du renforcement des capacités, du partage des connaissances et des leçons, et de la coordination de ces efforts au niveau régional ; à établir un groupe de travail intergouvernemental sur la sécheresse pour 2022-2024 afin de soutenir le passage d’une gestion réactive à une gestion proactive de la sécheresse ; à améliorer la participation des femmes à la gestion des terres en garantissant un régime foncier sûr et en collectant des données ventilées par sexe sur les impacts de la désertification, de la dégradation des terres et de la sécheresse ; à élaborer des politiques visant à réduire l’impact et l’occurrence des tempêtes de sable et de poussières grâce à l’alerte précoce, à l’évaluation des risques et à la réduction des causes d’origine humaine ; à assurer de plus grandes synergies entre les trois Conventions de Rio, y compris des complémentarités dans la mise en œuvre de ces traités grâce à des solutions fondées sur la nature et à la définition d’objectifs au niveau national et à renforcer la participation des organisations de la société civile et des jeunes aux travaux et aux réunions de la CNULCD.
D’autre part, une Déclaration dite Initiative d’Abidjan a été adoptée lors du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernements tenu le 9 mai. Cette Déclaration qui s’articule autour de quatre axes, vise à mobiliser 1,5 milliard de dollars américains sur cinq ans afin de lutter contre la déforestation, restaurer les forêts dégradées et promouvoir l’agroforesterie ; d’assurer la sécurité alimentaire par une intensification durable de la production alimentaire ; de rendre les chaînes de valeur existantes plus durables sans désertification et d’identifier de nouvelles chaînes de valeur résilientes au changement climatique.
Qu’est-ce qu’il faut faire au niveau local pour endiguer ce phénomène ?
Au plan national, le Niger a élaboré plusieurs documents de politique, stratégies, plans et programmes conformément aux Accords Multilatéraux sur l’Environnement (AME). Au niveau local, ces initiatives se traduisent par la mise en œuvre des programmes, projets et actions de développement, de la résilience socio environnementale à travers l’amélioration de la production agrosylvopastorale et halieutique et de restauration, de conservation et de sécurisation foncière des terres.
Pour être plus concret, le Président de la République, Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM a manifesté une forte volonté politique, a tracé le cap et fixé les indicateurs : planter 500 millions d’arbres chaque année et de restaurer 1 million d’hectares de terres dégradées, en vue de séquestrer 2,5 millions de Tonnes Equivalent Carbone.
Aussi, notre pays a signé la lettre politique en matière de Neutralité de la Dégradation des Terres (NDT) dans laquelle il s’engage à atteindre d’ici à 2030, la NDT, à réduire les superficies dégradées de 9% à 5% et augmenter de 17% à 19% la couverture végétale en vue d’améliorer de façon durable les conditions de vie des populations. De manière spécifique, il s’engage à restaurer 44% (4 440 000 ha) sur environ 10 760 000 ha de terres dégradées ; à réduire à 2% (252 000 ha) la superficie des terres cultivées présentant une tendance négative de productivité primaire nette ; à réduire de 1% (100 000 ha) à 0% le taux annuel de conversion des forêts/savanes/zones humides en d’autres types d’occupation ; à mettre un terme à l’ensablement et l’érosion hydrique (ravinement) le long du fleuve Niger ; à séquestrer 292 000 tonnes de carbone dans le sol et/ou la biomasse par les bonnes pratiques agro-forestières (brise vent, haies vives, régénération naturelle assistée, banque fourragère, banque alimentaire, etc.).
Par Oumarou Moussa(onep)
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Monsieur le Directeur est-ce que vous pouvez rappeler à nos lecteurs les missions assignées à l’Institut National de la Recherche Agronomique du Niger ?
D’abord avant de répondre à votre question, je voudrais rappeler qu’après les sécheresses des débuts des années 70, l’Etat du Niger a décidé de la création en 1975, de l’Institut National de la Recherche Agronomique du Niger (INRAN) pour pallier les crises alimentaires récurrentes qui sévissaient à l’époque. Cette institution venait ainsi remplacer l’institut français de recherche en agronomie tropicale (IRAT). L’institut est passé d’Etablissement Public à caractère Administratif (EPA) en Etablissement Public à caractère Scientifique, Culturel et Technique (EPSCT) par l’ordonnance N°2010-12 du 1er avril 2010, modifiée et complétée par la loi N°2016-23 du 16 juin 2016 pour permettre l’accomplissement de sa mission de recherche agronomique dans les conditions de rendement optimales.
Ainsi, les missions consacrées par l’Ordonnance N°2010-12 du 14 avril 2010 portant création d’un Etablissement Public à caractère Scientifique, Culturel et Technique dénommé « Institut National de la Recherche Agronomique du Niger (INRAN) » sont entre autres de contribuer à la définition et à la mise en œuvre de la politique de recherche au service du développement rural ; d’élaborer et mettre en œuvre des programmes de recherche agronomique ; d’apporter un appui scientifique et technique au développement rural ; de contribuer à la formation et à l’information scientifique et technique des acteurs de la recherche et du développement rural ; d’assurer le progrès de la connaissance, de la formation scientifique, culturelle et technique dans le secteur rural ; de procéder à la mise au point des technologies appropriées pour l’accroissement et l’amélioration de la productivité du secteur rural ; de contribuer à la diffusion des résultats expérimentaux de recherche auprès des services et organismes intéressés ; de fournir des prestations de services dans les domaines de sa compétence ; et d’assurer la coordination du système national de la recherche agronomique au Niger.
Depuis la création de l’INRAN, quelles sont les recherches agronomiques que l’institut a pu mener avec succès dans le domaine agricole ?
Les activités de recherche de l’INRAN couvrent l’ensemble des domaines en lien avec la sécurité alimentaire et nutritionnelle durable. Elles sont menées sur toute l’étendue du territoire national par les chercheurs et ingénieurs de recherche qui sont dans les cinq (5) Centres Régionaux de Recherche Agronomique (CERRA). Ces recherches portent notamment sur la sélection variétale, les productions animales et l’agro-pastoralisme, la protection des cultures, l’irrigation, la gestion des ressources naturelles et agronomie, l’économie, la sociologie rurale et le transfert des technologies, et aussi sur la transformation et la valorisation des productions agro-sylvo-pastorales. Et, dans tous ces domaines de recherche, l’INRAN a des résultats très intéressants et ce depuis sa création. L’Etat et ses partenaires y ont fortement contribué. Le temps ne suffira pas pour vous parler de façon exhaustive des résultats obtenus par l’Institut depuis sa création. Toutefois, je me limiterai uniquement à ceux obtenus en 2020 : au niveau de la sélection variétale, nous avons homologué 4 nouvelles variétés de riz qui portent d’ailleurs le nom d’un village du Niger à savoir Sébéri. Ces variétés de riz ont un cycle végétatif situé entre 100 et 125 jours et des rendements qui se situent entre 6,5 et 7,5 tonnes par hectare. Sur l’arachide qui est une culture de rente, nous venons de sortir de quatre (4) fiches techniques de nouvelles variétés d’arachide candidates à l’homologation dans les prochaines semaines et qui doivent servir à la vulgarisation. Elles ont un cycle cultural qui varie entre 85 et 90 jours et des rendements qui vont de 2 à 3 tonnes par hectare. Sur le niébé, une autre culture de rente au Niger, nous avons dans le circuit d’homologation une dizaine de nouvelles variétés avec des rendements qui se situent entre 0,7 et 1,2 tonnes par hectare. Sur le maïs, nous avons des résultats très intéressants avec des nouvelles variétés hybrides comme « NAGODE » avec des cycles culturaux très intéressants, moins de 100 jours et des rendements de 2000 kg/ha, 3500 kg/ha, 4500 kg/ha voire 8000 kg/ha. Sur le sorgho des variétés très intéressantes ont été créées par l’INRAN dont deux (2) déjà homologuées et inscrites au catalogue national des espèces et variétés végétales et actuellement nos recherches portent sur des variétés précoces, productives et résistantes au Striga. Nous pensons pouvoir les sortir très bientôt. Idem pour le mil où les recherches sur les hybrides sont très promoteuses et doivent nous amener à sélectionner des hybrides de mil productifs et aussi résistants au mildiou. Au niveau des productions animales, nous avons des résultats très intéressants sur l’évaluation du potentiel fourrager au Niger. C’est avec nos recherches que pour la première fois nous avons la classification phylogénique des plantes des parcours de Zinder ; nous avons procédé à la classification phylogénétique de la flore des parcours de la région, les différentes unités taxonomiques de la flore, accompagnées des formes biologiques des espèces et de leur distribution phytogéographique. Nous avons également procédé à l’étude sur le potentiel germinatif des graines de certaines espèces fourragères comme le Cenchrusbiflorus, de l’Andropogon gayanus exemple. Nous avons des résultats très intéressants sur la production d’une variété de sorgho sauvage pour la production fourragère.
Concernant la nutrition animale, nous avons des résultats très intéressants avec certains aliments concentrés en embouche bovine et ovine et aussi pour la production du lait. Même chose en aviculture. Nous sommes aujourd’hui arrivés à caractériser les poulets et pintades du Niger avec des résultats qui peuvent aider à mieux valoriser les potentiels des différentes races. En santé animale, nous avons mené une étude ethno-vétérinaire des plantes médicinales utilisées dans le traitement des parasites internes et externes des petits ruminants domestiques dans les régions de Maradi et Zinder. C’est une avancée pour la science. Nous avons mis en œuvre un projet qui nous a permis de développer et tester un outil participatif holistique de suivi et d’évaluation de la dégradation des pâturages et des espaces pastoraux, d’analyser les pratiques de gestion durable des terres pour une identification des bonnes pratiques applicables aux pâturages et aux espaces pastoraux.
Dans le domaine de la protection des cultures, nous avons contribué à élargir la gamme des produits phytosanitaires utilisés au Niger notamment en travaillant sur de nouvelles formulations d’herbicides et de fongicides.
Une étude très intéressante a montré des taux d’aflatoxine sur certains produits attirant donc notre attention sur le danger de leurs consommations.
Nous avons participé à une enquête sur la prévalence et l'incidence des maladies foliaires et paniculaires du sorgho en milieu paysan au Niger. Cette étude est significative car pour la première fois, elle fournit, aux chercheurs, partenaires financiers et agences gouvernementales du Niger, un guide sur l'occurrence, la distribution, prévalence et « points chauds » des maladies du sorgho. Nous avons mené une étude sur l’effet combiné de lâcher de parasitoïde larvaire H. hebetor et d’un parasitoïde des œufs, Trichogrammatoideaarmigera dont l’objectif est d’améliorer la méthode de lutte biologique contre la MEM par les lâchers combinés des parasitoïdes ophages et larvaires.
Nous avons des résultats très intéressants d’une enquête sur l'utilisation des pesticides de synthèse auprès des utilisateurs de pesticides dans les villages des régions de Tillabéri, Dosso et Maradi. Dans le domaine de l’irrigation, de la gestion des ressources naturelles et l’agronomie les travaux sur les bassins de collectes des eaux de ruissellement pour une irrigation de complément en saison des pluies et aussi sur le système de riziculture intensive ; ce qui a donné de très bons résultats. Nous sommes aujourd’hui dans une perspective de mise à l’échelle sur plusieurs zones de ces technologies. Nous avons également travaillé sur les engrais et de nouvelles recommandations sur les doses et les modes d’applications ont été proposés pour plusieurs espèces végétales. En Economie, sociologie rurale et transfert de technologie, des études ayant porté sur la rentabilité de différentes formules d’alimentation font des propositions très intéressantes selon l’espèce animale concernée.
Il y a quelques années, l’introduction des OGM dans notre agriculture a suscité des remous au sein de la société civile. Est-ce que cette question des OGM a connu une évolution significative au Niger ?
Par définition, l’Organisme Génétiquement Modifié (OGM) est toute entité biologique ou organisme dont le matériel génétique a été modifié par le recours à la biotechnologie moderne. Il y a aussi l’Organisme vivant modifié (OVM) qui est tout OGM sous sa forme vivante et capable de se reproduire et de se propager naturellement dans l’environnement. Les OGM ont donc des avantages et des inconvénients.
Le 17 octobre 2019 la loi fixant les principes fondamentaux de prévention des risques biotechnologiques en République du Niger a été adoptée. Cette loi a pour objet d’assurer la biosécurité et l’éthique dans la recherche et le développement en matière de biotechnologie moderne, de la procédure du mouvement transfrontalier et de la communication des organismes vivants modifiés (OVM) et/ou de leurs produits dérivés. Elle permettra également de pourvoir un mécanisme pour l’évaluation, la gestion, la communication et le contrôle des risques inhérents à la mise au point, l’utilisation et le mouvement transfrontalier des organismes vivants modifiés ou d’autres produits issus des biotechnologies modernes. Cette loi répond à la convention des Nations Unies sur la diversité biologique (CDB) adoptée en juin 1992 au Brésil. Il reste l’adoption rapide des textes d’application et assurer le renforcement des capacités des différents services chargés de leur application. Le processus est en cours.
Monsieur le Directeur général, comment se fait la vulgarisation des recherches au niveau de l’INRAN ?
La transmission des technologies mises au point par l’INRAN se fait par l’intermédiaire de La Cellule de Liaison Recherche-Vulgarisation (CLRV). Cette cellule a été mise en place depuis les années 90. L'objectif visé lors de sa création était d'amorcer un DIALOGUE et une COLLABORATION EFFICACES entre la recherche et les structures de développement utilisatrices des résultats de la recherche. En effet, il faut noter que les fonctions de la recherche et de la vulgarisation sont complémentaires et interdépendantes. D’une part la recherche a besoin d'adopter ses résultats à la diversité des conditions socio-économiques et agro-écologiques de production. D’autre part, elle doit s'appuyer sur le retour (Feed-back) des informations sur les productions en provenance des vulgarisateurs qui sont en contact permanent avec les producteurs. Et, l'efficacité de la vulgarisation dépend largement des messages techniques élaborés par la recherche. Il incombe alors à la vulgarisation de formuler ces informations techniques dans un langage compréhensible par les producteurs et de déterminer les moyens et les mécanismes de leur transmission. La collaboration entre la recherche et la vulgarisation est donc une nécessité absolue et passe inévitablement par la mise en œuvre d'une stratégie commune d'intervention dans la génération et la diffusion des progrès techniques. Cela implique nécessairement une parfaite coordination de leurs activités qui, si elles se veulent durables, doivent se réaliser dans un cadre institutionnalisé.
Nous avons connu une certaine léthargie dans le fonctionnement de cette liaison malgré les nombreux résultats de recherche disponibles à notre niveau. Certes les technologies vont en direction du monde rural mais pas comme nous l’aurions souhaité. C’est pourquoi nous sommes en train de réactiver la CLRV et la rendre plus opérationnelle afin que ce rôle de transfert soit plus effectif.
Depuis quelque temps, la recherche agronomique semble avoir du plomb dans l’aile à l’INRAN. Quelles sont les difficultés auxquelles votre institut fait face actuellement ?
Vous avez parfaitement raison. C’est une évidence, et depuis un certain temps, la recherche agronomique n’a pas les moyens de sa politique. L’institut fait face à d’énormes difficultés parmi lesquelles une insuffisance notoire de la subvention d’équilibre, la lenteur et la faiblesse du taux de sa libération ; une insuffisance de disponibilités financières (recettes propres) à l’institut pour le bon fonctionnement des activités de la recherche agronomique ; une diminution drastique des ressources financières émanant des projets dits « collaboratifs » qui ne sont autres que des ressources provenant des conventions avec les partenaires de l’institut. Ces fonds extérieurs ne contribuent pas toujours aux dépenses de souveraineté de la recherche agronomique ; l’occupation des domaines affectés à la recherche, ce qui pose le problème de la sécurisation du patrimoine foncier, etc.
Comment faire pour sortir l’INRAN de ses difficultés et lui permettre de jouer pleinement son rôle de moteur de croissance pour le monde rural ?
Au même titre que la sécurité d’un pays, sa sécurité alimentaire doit être aussi une priorité des autorités politiques. C’est cela l’agenda du Président de la République, et de toutes les autorités de la 7ème République. Autant on dégage les ressources nécessaires pour assurer la première, autant il devrait en être de même pour la seconde. Si tant est que la sécurité alimentaire est tributaire de la recherche agricole, des enseignements en agriculture et de la vulgarisation agricole, alors les ressources mises à la disposition de l’INRAN, qui est la principale institution en charge de la recherche agricole au plan national, doivent être suffisantes pour qu’il puisse assurer correctement les missions qui lui sont assignées. Le gouvernement est unanime là-dessus : il faut soutenir l’INRAN.
Il est attendu de l’Etat d’augmenter significativement la subvention d’équilibre afin d’assurer au moins les charges du personnel et un minimum de fonctionnement et d’investissement ; d’appuyer l’INRAN afin qu’il puisse augmenter ses prestations de service. A l’instar de l’arrêté N°29/MAG/DGA du 29 février 2016 donnant mandat au laboratoire des sols de l’INRAN, signé par le Ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, un arrêté similaire pourrait être pris donnant mandat à l’INRAN sur toutes les études pédologiques préalables aux aménagements hydro-agricoles entrepris par l’Etat. A cet effet, une convention de collaboration pourra être signée entre l’INRAN et la Direction générale du génie rural comme c’est le cas actuellement entre l’INRAN et la CAIMA. En outre, il faut confier des études ou autres prestations de services à l’INRAN au regard des compétences humaines (experts qualifiés) que regorgent cet institut. Il faut aussi recruter du personnel car le personnel de l’institut est vieillissant. L’INRAN, pour sa part se devra d’augmenter substantiellement ses recettes propres à travers la mobilisation effective des frais de gestion des projets collaboratifs, l’élaboration des méga projets, la participation aux études, les analyses d’engrais, etc. Si l’Etat arrive à concrétiser davantage son investissement, si à l’interne on se dresse debout, et en convainquant les partenaires par un bon programme de recherches, grâce à des projets collaboratifs, on peut venir à bout de nos problèmes et booster la sécurité alimentaire au Niger
des informations sur les productions en provenance des vulgarisateurs qui sont en contact permanent avec les producteurs. Et, l'efficacité de la vulgarisation dépend largement des messages techniques élaborés par la recherche. Il incombe alors à la vulgarisation de formuler ces informations techniques dans un langage compréhensible par les producteurs et de déterminer les moyens et les mécanismes de leur transmission. La collaboration entre la recherche et la vulgarisation est donc une nécessité absolue et passe inévitablement par la mise en œuvre d'une stratégie commune d'intervention dans la génération et la diffusion des progrès techniques. Cela implique nécessairement une parfaite coordination de leurs activités qui, si elles se veulent durables, doivent se réaliser dans un cadre institutionnalisé.
Nous avons connu une certaine léthargie dans le fonctionnement de cette liaison malgré les nombreux résultats de recherche disponibles à notre niveau. Certes les technologies vont en direction du monde rural mais pas comme nous l’aurions souhaité. C’est pourquoi nous sommes en train de réactiver la CLRV et la rendre plus opérationnelle afin que ce rôle de transfert soit plus effectif.
Depuis quelque temps, la recherche agronomique semble avoir du plomb dans l’aile à l’INRAN. Quelles sont les difficultés auxquelles votre institut fait face actuellement ?
Vous avez parfaitement raison. C’est une évidence, et depuis un certain temps, la recherche agronomique n’a pas les moyens de sa politique. L’institut fait face à d’énormes difficultés parmi lesquelles une insuffisance notoire de la subvention d’équilibre, la lenteur et la faiblesse du taux de sa libération ; une insuffisance de disponibilités financières (recettes propres) à l’institut pour le bon fonctionnement des activités de la recherche agronomique ; une diminution drastique des ressources financières émanant des projets dits « collaboratifs » qui ne sont autres que des ressources provenant des conventions avec les partenaires de l’institut. Ces fonds extérieurs ne contribuent pas toujours aux dépenses de souveraineté de la recherche agronomique ; l’occupation des domaines affectés à la recherche, ce qui pose le problème de la sécurisation du patrimoine foncier, etc.
Comment faire pour sortir l’INRAN de ses difficultés et lui permettre de jouer pleinement son rôle de moteur de croissance pour le monde rural ?
Au même titre que la sécurité d’un pays, sa sécurité alimentaire doit être aussi une priorité des autorités politiques. C’est cela l’agenda du Président de la République, et de toutes les autorités de la 7ème République. Autant on dégage les ressources nécessaires pour assurer la première, autant il devrait en être de même pour la seconde. Si tant est que la sécurité alimentaire est tributaire de la recherche agricole, des enseignements en agriculture et de la vulgarisation agricole, alors les ressources mises à la disposition de l’INRAN, qui est la principale institution en charge de la recherche agricole au plan national, doivent être suffisantes pour qu’il puisse assurer correctement les missions qui lui sont assignées. Le gouvernement est unanime là-dessus : il faut soutenir l’INRAN.
Il est attendu de l’Etat d’augmenter significativement la subvention d’équilibre afin d’assurer au moins les charges du personnel et un minimum de fonctionnement et d’investissement ; d’appuyer l’INRAN afin qu’il puisse augmenter ses prestations de service. A l’instar de l’arrêté N°29/MAG/DGA du 29 février 2016 donnant mandat au laboratoire des sols de l’INRAN, signé par le Ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture, un arrêté similaire pourrait être pris donnant mandat à l’INRAN sur toutes les études pédologiques préalables aux aménagements hydro-agricoles entrepris par l’Etat. A cet effet, une convention de collaboration pourra être signée entre l’INRAN et la Direction générale du génie rural comme c’est le cas actuellement entre l’INRAN et la CAIMA. En outre, il faut confier des études ou autres prestations de services à l’INRAN au regard des compétences humaines (experts qualifiés) que regorgent cet institut. Il faut aussi recruter du personnel car le personnel de l’institut est vieillissant. L’INRAN, pour sa part se devra d’augmenter substantiellement ses recettes propres à travers la mobilisation effective des frais de gestion des projets collaboratifs, l’élaboration des méga projets, la participation aux études, les analyses d’engrais, etc. Si l’Etat arrive à concrétiser davantage son investissement, si à l’interne on se dresse debout, et en convainquant les partenaires par un bon programme de recherches, grâce à des projets collaboratifs, on peut venir à bout de nos problèmes et booster la sécurité alimentaire au Niger.
Réalisée par Oumarou Moussa
26 mars 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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- Catégorie : Interview
Un accident vasculaire cérébral (AVC) est la conséquence de l’interruption de la circulation sanguine vers le cerveau. Il se produit soit lorsqu’un vaisseau sanguin est obstrué (AVC ischémique), soit par déchirure d’un vaisseau sanguin provoquant une hémorragie (AVC hémorragique). Environ 60 % des AVC sont ischémiques en Afrique subsaharienne.
Selon Dr Zakaria Mamadou, médecin neurologue à l’Hôpital Général de Référence de Niamey, la sévérité́́ d’un AVC est variable, allant des accidents ischémiques transitoires (AIT) qui régressent en quelques minutes à quelques heures sans laisser de séquelles à des AVC conduisant au décès.
Pour améliorer la prise en charge des AVC au Niger, Dr Zakaria Mamadou a annoncé la création d’une filière de prise en charge autour d’une unité de soins intensifs neurovasculaire à l’Hôpital Général de Référence de Niamey.
Docteur, quelle est la prévalence des AVC ?
Il s’agit du premier motif d’hospitalisation en neurologie. Un AVC se produit toutes les 5 secondes dans le monde. L’OMS parle de pandémie et projette une augmentation de l’incidence des AVC passant de 16 millions en 2005 à 23 millions en 2030. Les AVC sont graves car c’est la première cause de handicap moteur de l’adulte jeune et deuxième cause de démence dans le monde, et aussi deuxième cause de mortalité́ selon l’OMS. La conséquence d’un AVC est que les cellules du cerveau ne reçoivent plus l’oxygène et les nutriments dont elles ont besoin pour fonctionner normalement. Certaines sont endommagées et d’autres meurent.
Quels sont les facteurs de risques de la survenue d’un AVC ?
Les facteurs de risques permettent d’identifier les patients à risques de développer un AVC. Ils sont divisés en facteurs non modifiables et modifiables. Parmi les facteurs non modifiables, l’on peut retenir l’âge. En effet, après 55 ans, le risque d’AVC double chaque décennie. L’antécédent familial d’AVC constitue un facteur de risque d’accident vasculaire cérébral. L’appartenance à la race noire est aussi un facteur. L’incidence d’un AVC est deux fois plus élevée chez les individus d’origine africaine et hispanique que chez les caucasiens. Le sexe masculin est également un autre facteur de risque.
S’agissant des facteurs modifiables, le facteur de risque le plus puissant est l’hypertension artérielle. Il faut noter que l’augmentation de la pression artérielle (PA) systolique de 20 mmHg ou de la PA diastolique de 10 mmHg est associée à un doublement du risque d’AVC. L’hypercholestérolémie, c’est-à-dire l’élévation du mauvais cholestérol appelé LDL, est associée à une augmentation du risque des AVC ischémiques.
Le diabète de type 2 multiplie le risque d’AVC allant de 1.8 à 6.0 fois. Le tabac multiplie 2 fois le risque de survenue d’AVC. L’alcool, la drogue, l’obésité, la ménopause et le traitement hormonal substitutif sont des facteurs de risques d’AVC. Aussi, le manque d’activité physique est un facteur de la survenue d’AVC.
À ces facteurs s’ajoutent d’autres appelés facteurs précipitants. Ce sont des facteurs qui précipitent la survenue d’AVC chez des patients avec ou non des facteurs de risques.
La prise aiguë d’alcool, l’accès de colère-stress, les évènements de vie sévère, la pollution atmosphérique, la variation importante de la température extérieure, l’arrêt de l’aspirine chez un patient avec un antécédent d’AVC sous aspirine.
Quels sont les signes d’alerte d’un AVC ?
D’abord, il faut savoir que l’apparition des symptômes est brutale sans prodrome en général. Devant l’installation brutale des signes suivants, il faut penser à un AVC et conduire rapidement le patient dans un hôpital, car chaque minute qui passe compte car il s’agit de la mort de deux millions des neurones d’où le slogan ‘’time is brain’’.
Les signes suivants doivent alerter. Il s’agit de la paralysie ou trouble de la sensibilité d’une moitié du visage, paralysie du corps, faiblesse ou trouble sensitif, le plus souvent d’un côté du corps. Trouble de la parole, c’est à dire difficulté à parler ou à comprendre ce qui est dit. Trouble de la vue. Perte de la vision (d’un œil ou d’un côté) ou vision double. Des vertiges, maux de tête soudains et/ou vertiges violents avec déséquilibre.
Comment se fait la prise en charge d’un AVC ?
En cas d’accident vasculaire cérébral ischémique, le traitement réalisé en milieu hospitalier consiste à dissoudre le caillot qui bouche l’artère cérébrale en perfusant un médicament par intraveineuse, la thrombolyse. En l’absence de contre-indications, la thrombolyse doit être réalisée dans les 4h 30 suivant l’apparition des premiers symptômes. Elle permet de rétablir la circulation du sang et l’apport en oxygène au cerveau, et donc de limiter la lésion cérébrale et ses séquelles. Plus ce traitement est mis en place rapidement, moins les séquelles de l’accident vasculaire ischémique seront importantes.
Depuis 2015, un second traitement est possible lorsque l’obstruction concerne une grosse artère. Il s’agit de la thrombectomie. C’est un acte réalisé́ dans un bloc de neuroradiologie interventionnelle qui consiste à extraire le caillot de façon mécanique avec un dispositif médical spécifique, par voie endovasculaire. La thrombectomie peut être pratiquée dans un délai plus étendu que celui de la thrombolyse dans les 6 à 24 heures suivant le début des symptômes avec une efficacité́ certaine. En cas d’AVC hémorragique, la prise en charge est basée surtout sur la baisse intensive des chiffres tensionnels dans l’heure qui suit l’hospitalisation et d’autres soins plus spécifiques selon les cas.
Quelles sont les causes des AVC ?
Les causes sont multiples ; il faut surtout retenir les causes selon le type d’AVC. Connaitre la cause de l’AVC permettra de mieux adapter le traitement pour prévenir les récidives. Nous avons les causes d’origines cardiaques- arythmie cardiaque type fibrillation atriale, certaines insuffisances cardiaques tels que les cardiomyopathies dilatées, atteintes des valves cardiaques, valvulopathies mitrales, les tumeurs cardiaques, sans oublier une malformation congénitale cardiaque appelée foramen ovale perméable (FOP). Il y’ a aussi les causes artérielles-dissection des artères à destinées encéphalique, le rétrécissement des artères par le mauvais cholestérol appelé sténose athéromateuse…et les causes sanguines -élévation du taux de l’hémoglobine ou des plaquettes, la drépanocytose.
Les AVC hémorragiques dans 80% des cas sont liés à une complication chronique de l’hypertension artérielle appelée maladie des petites artères. Nous pouvons rapidement citer les causes vasculaires comme les malformations artério-veineuses et thromboses veineuses cérébrales.
Que penser des croyances selon lesquelles l’AVC est d’origine mystique ?
À ce sujet, j’aimerai dire qu’il s’agit d’une maladie neurologique et qu’elle n’a rien de mystique.
Quels sont les moyens de prévention contre la survenue d’un AVC ?
Une proportion importante des accidents vasculaires cérébraux pourrait être évitée grâce au contrôle des cinq principaux facteurs de risque modifiables : l’hypertension artérielle, le tabagisme, le diabète, la sédentarité́ et une alimentation défavorable à la santé.
Si dans la majorité́ des cas, les patients souffrant de diabète ou d’un problème cardiaque sont suivis par un médecin, la moitié des hypertendus ignore qu’ils le sont alors même que l’hypertension est le principal facteur de risque d’AVC. Donc il est nécessaire de faire un contrôle strict de l’HTA, du diabète, d’avoir une alimentation saine, et de faire une activité physique régulière.
En perspectives, quoi faire pour améliorer la prise en charge des AVC au Niger ?
Pour améliorer la prise en charge des AVC au Niger, c’est d’abord la sensibilisation de la population sur les mesures préventives et aussi faire connaître les signes d’alerte et quoi faire devant ces signes. C’est pour ça que nous portons un projet pilote de création d’une filière de prise en charge des AVC autour d’une unité de soins intensifs neurovasculaire. Il s’agit d’une unité spécialisée dans la prise en charge des AVC avec des médecins neurologues et des paramédicaux bien formés. Ce projet pilote va être réalisé à l’Hôpital Général de Référence de Niamey.
Réalisé par Oumar Issoufou(onep)
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Pour soustraire les jeunes aux aléas du chômage et de la précarité de l'emploi, les Autorités de la 7ème République ont décidé de marquer, dans leur programme de gouvernance politique, leur engagement à mettre en cohérence les différents segments du système éducatif nigérien et le cadrage macroéconomique du Plan de Développement Economique et Social (PDES, 20172021), pour faire de l’éducation et de la formation, la priorité du gouvernement.
C’est ainsi que le Projet de Développement des Compétences pour la Croissance (PRODEC) a été initié – avec l’appui financier de la Banque mondiale pour stimuler, entretenir et renforcer la capacité des jeunes, peu ou pas scolarisés ou encore en chômage, à travers la mise en œuvre des trois composantes.
La première composante porte sur «l’amélioration de l’efficacité de la formation formelle» par la satisfaction de la demande de compétences dans les secteurs de l’économie à fort potentiel de croissance. Elle comprend deux sous-composantes dont la première «Approche axée sur la demande de la formation professionnelle formelle» et la seconde sur «l’amélioration du passage de l’école au monde du travail».
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- Catégorie : Interview
Notre pays se prépare à accueillir les assises de la 47e session de la Conférence des ministres des Affaires Etrangères des pays membres de l’Organisation pour la Coopération Islamique (OCI) qui se tiendront du 27 au 28 Novembre prochain. Sachant que vous avez occupé pour deux mandats successifs le poste de Secrétaire Général de l’OCI, pouvez –vous nous faire une présentation de cette organisation ?
L’Organisation de la Conférence Islamique est une institution qui a été créée pour booster la coopération entre les pays islamiques sur tous les plans, à savoir économique, culturel, et civilisationnel. Pour présenter l’OCI, rappelons d’abord que c’est une institution qui comprend actuellement 57 Etats membres. C’est une grande organisation. Je pense qu’après l’ONU, elle doit être l’organisation qui a le plus grand nombre de membres. Cette institution couvre tous les pays membres de la ligue arabe, beaucoup de pays africains et asiatiques, bref tous les pays musulmans qui sont dans les différents continents du monde sont membres de l’OCI. Du point de vue historique, l’OCI a été créée suite à l’incendie de la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Vous vous souvenez, il y a quelques années, il a été enregistré un incendie criminel ayant affecté cette mosquée. C’est suite à cet incendie que les pays musulmans ont pris conscience de l’importance de s’organiser en mettant en place une organisation qui défendra les intérêts du monde islamique. A cet effet, le premier Sommet de l’OCI a été tenu à Rabat au Maroc. Le Sommet a regroupé une trentaine de membres fondateurs de l’organisation. Il faut préciser que le Niger a été toujours parmi les pays fondateurs. Cette institution s’est organisée au niveau politique en tenant des Sommets, des conférences des ministres des Affaires Etrangères, des réunions d’experts sur les différents sujets. Ajoutons aussi qu’elle a créé des institutions au nombre desquelles la Banque Islamique de Développement (BID), le Fonds de Solidarité Islamique (FSI). Elle comprend également d’autres organes qui y sont affiliés à savoir le Centre d’Istanbul qui s’occupe de l’histoire et de la culture, le Centre de Bangladesh qui a été transformé en une école, puis en une Université. Sur le plan culturel, l’OCI a créé des institutions comme l’Université Islamique du Niger et celle d’Ouganda. Notons que la Banque Islamique de Développement finance entre autres des projets dans tous les pays sous-développés, et le Fonds de Solidarité Islamique intervient également pour le financement de l’Université Islamique de Say au Niger et de toutes les Universités qui sont mises en place par l’OCI. Pour ce qui est du siège de l’institution, il se trouve à Djeddah en Arabie Saoudite. Il est important de préciser que les réunions sont toujours l’occasion pour les Etats membres de faire le point des problèmes qui assaillent le monde islamique, soit des problèmes entre Etats membres, soit des problèmes entre pays membres et d’autres Etats. Le Secrétariat avec l’appui des Etats essaye de proposer des solutions pour régler les différents conflits.
En tant qu’ancien Secrétaire Général de l’OCI, comment accueillez-vous la tenue de cette 47e session de la Conférence de l’organisation à Niamey ?
La tenue de la Conférence est salutaire pour notre pays du fait que le Niger a été toujours reconnu comme membre fondateur de l’OCI. Le Niger a été toujours actif dans le cadre des activités de l’organisation. C’est une manifestation de la participation du Niger dans les activités de l’OCI qui donnera l’occasion à tous les pays membres de se retrouver afin d’échanger sur les différents problèmes. Le Niger qui est toujours considéré comme un pays important fera de son mieux pour que la rencontre soit une réussite. Je souhaite que le Niger puisse réussir cette conférence. Après cette session, les gens garderont les bonnes images du Niger comme un pays musulman, fondateur de l’OCI qui est capable de jouer sa partition dans le monde islamique.
L’organisation de cette importante rencontre est confiée à l’Agence de l’Economie des Conférences (ANEC) qui a fait ses preuves lors de la tenue du Sommet de l’Union Africaine au Niger. Etes-vous optimiste quant à la bonne organisation de cette conférence de l’OCI à Niamey ?
Je suis optimiste quant à la capacité de l’ANEC à gérer confortablement cette rencontre de Niamey. Je pense que la création de cette structure est une bonne chose pour notre pays. Le Niger est devenu émergent dans l’organisation des grandes internationales. L’ANEC a enregistré des succès à travers les réunions et autres rencontres de portées internationales qu’elle a organisée.
On sait que notre pays a tiré d’énormes avantages des apports de l’OCI. Pouvez-vous nous donner une idée des réalisations de l’OCI en faveur du Niger ?
L’un des exemples le plus important est celui de l’Université Islamique de Say. Elle est aujourd’hui une grande institution regroupant des étudiants venus de tous les pays musulmans de la région. A travers la Banque Islamique de Développement, il a été financé beaucoup de projets. Je me souviens encore du projet d’irrigation de Birni Konni. C’est l’un des premiers projets financés par la BID. Même le projet Kandadji, la BID figure parmi les bailleurs. Il y a aussi plusieurs routes qui sont financées par la BID de concert avec d’autres bailleurs. Dans les domaines de l’agriculture et de l’élevage, ce sont des projets que la BID a financé au Niger en vue d’accompagner les programmes de développement du Niger. La BID qui est une institution affiliée à l’OCI est intervenue presque dans tous les secteurs au Niger. Le Fonds de Solidarité Islamique a également investi des ressources remarquables en finançant plusieurs projets. Par ailleurs, le Fonds continue à œuvrer pour le bon fonctionnement de l’Université Islamique de Say à travers de financement adéquat du fait que la gestion de l’Université est coûteuse.
Votre élection au poste de Secrétaire Général de l’OCI, c’est l’histoire d’une grande prouesse pour un pays comme le nôtre. Quels sont les grands souvenirs que vous gardez du processus ayant conduit à votre élection à ce prestigieux poste ?
A l’OCI, le poste de Secrétaire Général est pourvu de façon rotative par les différents groupes de pays, à savoir le groupe arabe, le groupe africain et le groupe asiatique. Les Secrétaires Généraux se relaient. Au moment de mon élection, c’était le tour de l’Afrique. Il s’est agi pour le groupe africain de présenter le Secrétaire Général parmi les africains. Nous avons présenté notre candidature aux côtés d’autres candidatures. Nous étions entendus au niveau du groupe africain pour présenter un seul candidat. Ce n’était pas du tout facile sachant qu’il y a d’autres qui voulaient des candidatures parallèles. A l’issue des consultations, c’est le Niger qui a été retenu. Le Chef de l’Etat Ali Saibou a envoyé une forte délégation ayant entrepris des démarches et des consultations diplomatiques pour défendre la candidature du Niger. La délégation a été active dans la prise de contact ayant conduit à l’aboutissement de notre dossier. La candidature du Niger a été appréciée pour avoir présenté un ancien Premier ministre. Cela a aussi joué dans le choix de notre pays.
Quels ont été les grandes actions et les défis que vous avez affrontés dans la conduite de l’organisation ?
Au sein d’une organisation, il y a des pays riches et des pays pauvres. L’un des premiers défis de toutes les organisations internationales, c’est d’abord la situation financière sachant que tous les pays n’arrivent pas à s’acquitter de leurs contributions à temps. Il y a des pays qui sont riches qui payent régulièrement leurs contributions. Cela nous a permis de créer l’équilibre. Nous avons tenu à travers des actions ayant permis d’assurer le fonctionnement de l’institution afin d’atteindre nos objectifs. A cet effet, si vous avez constaté, tous les grands conflits qui sont gérés dans le monde prennent un peu leurs sources dans les pays islamiques. Lorsque nous avons pris fonction, nous avions en charge le dossier afghan. A cette époque, l’Afghanistan était sous occupation de l’URSS. Il fallait entreprendre des démarches pour engager une lutte de libération. Pendant une période, l’URSS a quitté le pays. Après d’autres problèmes compliqués sont venus s’ajouter parmi lesquels l’histoire des talibans. Nous avons également investi pour gérer le conflit entre l’Iran et l’Irak. C’était une période difficile, mais finalement la guerre a pris fin. Il y a également le problème de l’invasion de Koweït par l’Irak. L’OCI a joué un rôle majeur dans le règlement de ce problème. Le Koweït a, par la fin, retrouvé sa souveraineté. Notre organisation a intervenu dans certains Etats du monde pour résoudre le problème de minorité islamique. Il existe beaucoup de minorités islamiques de par le monde qui ne sont pas membres, mais qui sont des observateurs. Quand ils ont des problèmes, ils se référent à l’OCI pour qu’ils soient protégés. C’est le cas de la minorité islamique au Philippines. Il a fallu des interventions, de prise de contact, des accords pour pouvoir calmer la situation. Il y a aussi le problème de Cachemire entre l’Inde et le Pakistan. L’OCI a usé de ses moyens pour défendre la minorité islamique. Nous avons également intervenu dans le problème de Rohingyas qui sont opprimés en Birmanie, bien que nous n’ayons pas trouvé une solution définitive. Quand il y a des problèmes entre un pays islamique et un autre pays, nous avons manifesté notre solidarité à l’endroit des pays musulmans. Ce fut le cas de Bosnie-Herzégovine, après la dislocation de l’ex-URSS, après la dislocation de la Yougoslavie. Ce sont des conflits au cours desquels nous avons essayé de calmer certains, tandis que d’autres n’ont pas trouvé des suites favorables. Précisons qu’il y a des problèmes de développement qui se posent au niveau de l’espace commun. La BID intervient pour accompagner les Etats en difficulté, mais il y a aussi des Etats riches qui apportent leur assistance à des pays victimes par exemple de sécheresse, des inondations, de tsunami. D’autres pays riches apportent des contributions spéciales pour soutenir des pays comme ceux du sahel. Nous avons agi pour faire ce que nous pouvons faire, mais le problème de ce monde ne s’arrête jamais : vous réglez un, d’autres se créent.
Selon vous, quel rôle l’OCI pourrait jouer dans l’enracinement de la culture islamique, au moment où l’on assiste à la montée du phénomène de l’islamophobie dans certaines parties du monde ?
Sur le plan culturel, il y a des réunions qui se tiennent en général entre les oulémas, parfois avec des représentants de gouvernements pour essayer de montrer le vrai visage de l’islam. Il faut montrer que toutes ces crises qui se créent à partir d’une fausse interprétation de l’islam, ne cadre pas avec la perception de l’islam sachant que le vrai islam, c’est la paix. On ne peut pas concevoir que ce sont les musulmans qui perpétuent le terrorisme dans le monde. Il faut essayer au niveau des Etats d’étouffer ces mouvements, et mener une campagne au niveau international pour montrer ce que ces minorités veulent propager comme islam, ne cadre pas avec le vrai islam. C’est pourquoi, au niveau des certains centres, il est animé souvent des conférences afin d’expliquer le vrai islam.
Réalisée par Laouali Souleymane
27 novembre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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Monsieur le Président, voilà un an que vous êtes à la tête du Conseil Supérieur de la Communication (CSC). Pouvez-vous nous donner un aperçu sur les principales actions que vous avez entreprises durant cette année ?
Il est très tôt pour tirer un bilan, mais nous pouvons tout de même relater quelques actions qui ont été engagées depuis lors. Je voudrais d’abord préciser que la nouvelle équipe du Conseil supérieur de la communication a pris fonction dans un contexte de rareté de ressources financières de l’Etat. Cette contrainte a été aggravée par l’inexistence de ressources complémentaires en provenance des partenaires en raison de la fin de tous les projets mis en œuvre par le CSC. En dépit de cette situation, la nouvelle équipe s’est vite engagée dans sa mission, grâce à un appui exceptionnel de S.E.M le Président de la République qui a été attentif et compréhensif face à nos difficultés. Je profite de cette occasion pour remercier encore une fois le Chef de l’Etat pour cette bienveillance à l’endroit du CSC.
Dès notre prise de fonction, nous avons poursuivi l’adoption des textes réglementaires, notamment des délibérations pour se conformer aux modifications liées à la nouvelle loi portant composition, attributions, organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication, ainsi que celles liées à l’adoption de la nouvelle loi sur la communication audiovisuelle.
C’est ainsi qu’une dizaine de délibérations ont été examinées et adoptés portant notamment sur le règlement intérieur et le règlement administratif, les montants des redevances et des autres frais connexes pour l’exploitation d’un service de radiodiffusion ou de télévision national et international, les modalités de la saisine d’office et la procédure de traitement des plaintes et recours soumis au CSC, les conditions d’attribution, d’annulation et de retrait de la carte de presse de journaliste professionnel, les conditions d’éligibilité au fonds d’aide à la presse et les modalités de son attribution, etc.
Par ailleurs, le CSC a mis en place un groupe de travail qui a élaboré un avant-projet de loi portant principes fondamentaux de la liberté de la presse. C’est le lieu ici de rappeler que plusieurs autres textes importants sur la communication ont été élaborés par le CSC et proposé au gouvernement pour adoption depuis bientôt trois ou quatre ans.
De son installation en avril 2018 à la date d’aujourd’hui, le Conseil a régulièrement tenu ses sessions mensuelles. Au total, ce sont 13 sessions ordinaires et deux (2) sessions extraordinaires qui ont été tenues pour discuter sur plusieurs questions relatives à la régulation de la communication au Niger.
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Monsieur le Coordonnateur, quelle est la mission assignée au Projet Jeunesse-Diffa-BANA?
La République du Niger a sollicité et obtenu de l’Agence Française de Développement(AFD), une subvention de dix millions d’euros destinée en partie au financement du Projet Jeunesse Diffa. La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), a mis à la disposition d’un consortium d’ONG internationales avec CARE France comme chef de file, une partie de la subvention afin de financer les composantes 1 et 2 du Projet Jeunesse Diffa. Le consortium constitué par CARE France, Plan International, Aides et Actions et leurs partenaires locaux KARKARA, AREN et NIGETECH, a été sélectionné par la HACP dans le cadre d’un appel à projets. Une Unité de Gestion (UG) du projet, regroupant toutes les expertises clés rendues nécessaires pour le bon fonctionnement du projet est mise en place à Diffa.
La Composante 3, mise en œuvre par la HACP en collaboration avec le Conseil Régional de Diffa, est destinée à renforcer les capacités de pilotage de la HACP et du Conseil Régional afin de renforcer la légitimité de l’Etat, la coordination des acteurs et le développement économique et social de la région. La HACP assure la maitrise d’ouvrage, la supervision générale et la coordination du projet.
Pour répondre à votre question, je dirais que l’objectif général du projet BANA est de contribuer à la restauration de la paix et au renforcement de la stabilité sociopolitique et économique dans la région de Diffa. Le Projet rejoint l’ambition des acteurs gouvernementaux et de la Société Civile qui se mobilisent et agissent aujourd’hui pour soutenir la région de Diffa dans son retour à la stabilité et vers le développement durable.
L’objectif spécifique du projet est de réhabiliter et aider à institutionnaliser des espaces de dialogue et d’échanges incluant la transformation de la société civile locale et le développement d’opportunités de formation et d’insertion socioprofessionnelles pour 13.176 jeunes pauvres et vulnérables dont 60% de femmes dans les 12 communes de la région de Diffa. C’est un projet sur quatre ans (2018-2021), qui intervient sur l’ensemble des douze communes de la région.
Monsieur le Coordonnateur quelles sont les actions que vous avez pu réaliser depuis la mise en place de ce projet dans la région de Diffa ?
Après son lancement officiel le 20 février 2018, le projet s’est engagé dans une phase de diagnostic qui a duré 6 mois, et qui lui a permis de faire une mise à jour des analyses faites pendant la phase de conception et de réviser des documents essentiels du projet . Cette phase a permis la mise en place et la tenue des assisses régulières des organes de gouvernance, notamment trois réunions du comité de pilotage national sous l’égide de la HACP, les réunions de la commission permanente et du comité technique régional sous le leadership du Conseil Régional de Diffa et celles du Cadre de Concertation des Organisations du Consortium (CCOC) qui est composé des leaders au plus haut niveau des 3 organisations membres du Consortium BANA et de leurs 3 organisations locales partenaires.
Pendant cette phase, plusieurs études et ateliers de réflexions, de planification et de formation ont été organisés et ont permis de faire une mise à jour de l’analyse du contexte et d’adapter les activités et faire une revue complète de l’ensemble des documents du projet. C’est au cours de cette phase aussi que toutes les conventions entre partenaires impliqués (membres du consortium, partenaires locaux, autorités, etc.) ont été signées et tous les circuits de versement des fonds de rapportage technique et financier ont été validés.
En termes d’activités opérationnelles du projet jeunesse Diffa BANA on peut noter, des actions visant la création et le renforcement d’espaces socio-éducatifs et récréatifs pour les jeunes. Dans ce domaine, le projet a accompagné la mise en place de 57 Associations Sportives et Culturelles (ASC) et de 12 cadres de concertation et suivi des activités sportives et culturelles au niveau des 12 Communes . Au niveau institutionnel le projet a apporté un appui aux Services Techniques Déconcentrés (STD) régionaux et départementaux de la Jeunesse, Sport et Culture par l’achat et la mise en place du matériel après un état des lieux, une priorisation et planification des besoins par lesdits services techniques. Aussi, il faut noter l’accompagnement de la Région dans l’organisation de 4 événements d’envergure régionale et nationale (Fête Tournante du 18 Décembre, Championnat National de lutte traditionnelle, Championnat de Pétanque, la commémoration de la Fête Nationale de la Concorde) ; des actions visant le redressement économique des ménages les plus pauvres parmi les ménages avec la conduite de diverses activités à Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO) .
C’est ainsi que 500 jeunes de 6 quartiers de Diffa, ont été mobilisés pour une opération de salubrité pendant 4 jours ; 240 jeunes mobilisés pour la construction d’un dortoir à Foulatari ; 240 jeunes mobilisés pour la construction d’une case de passage à N’Guelbeyli ; 400 jeunes ont participé à la construction de 8 Magasins et 8 Cantines des Ecoles de 8 Villages de la Commune de Chetimari ; 24 animateurs et 2 superviseurs ont été formés sur le guide MMD, en prélude à la mise en place de groupements MMD autour des activités HIMO ; des actions visant la formation professionnelle, l’insertion et la réinsertion socioprofessionnelle des jeunes leaders porteurs de projets ; 850 jeunes qui bénéficieront des formations professionnelles sont sélectionnés dans les 12 Communes. Les formateurs nécessaires sont également formés. Les résultats des études de marché ont été partagés avec les jeunes à travers des missions conjointes impliquant les plates formes et les établissements de formation qui ont permis d’organiser 19 foras d’échange avec la participation de 989 jeunes en vue de la présentation et discussions sur les créneaux porteurs de chaque localité. Pour renforcer les infrastructures au niveau des établissements de formation, les sites de construction de 10 ateliers de formation (4 à Goudoumaria, 2 à Mainé-Soroa et 4 à N’Guigmi) et des plateformes d’orientation des Jeunes à N’Gourti et Bosso ont été implantés et remis aux Entreprises.
Il faut noter également des activités de renforcement d’espaces communaux de dialogue pour l’inclusion des jeunes et des organisations de la société civile locale, avec la formation sur la bonne gouvernance, la citoyenneté et la gestion de conflits de 360 jeunes dont 216 jeunes filles des douze communes. Cette formation est assurée par l’Université de Diffa, sur la base d’une convention qui lie l’Université au consortium. Aussi, une compétition intercommunale sur la bonne gouvernance et inclusion des jeunes a été organisée afin d’inciter les communes à créer les espaces de dialogues et d’inclusion des jeunes.
Quelles sont les perspectives du projet ?
En termes de perspectives pour les six mois à venir, le projet prévoit de continuer à soutenir la pratique du sport et de la culture par l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan régional Sport et de la Culture et d’un plan de communication pour la promotion des activités sportives et culturelles. La structuration des jeunes sera poursuivi à travers l’accompagnement des ASC et le suivi et la dynamisation des 12 cadres de concertation déjà en place. Pour renforcer les infrastructures sportives et culturelles, le projet envisage aussi la construction de 2 plateformes multisport (Mainé-Soroa et N’Guigmi) ; la réhabilitation d’une plateforme multisport à Diffa ; la construction de 3 maisons des Jeunes à N’Gourti, Goudoumaria et Bosso ; la création de 6 espaces jeunes dans les 6 autres communes rurales à savoir, Chétimari, Foulatari, N’Guelbeyli , Gueskérou, Kablewa et Toumour ; et la construction et la réhabilitation de 11 terrains de football. Les activités à Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO) seront poursuivies soit pour construire les infrastructures dans les Communes de N’Gourti, Gueskérou, Bosso , Kablewa, Mainé-Soroa ou sous forme de HIMO hygiène assainissement à N’Guigmi et HIMO fixation des dunes à Goudoumaria. Autour de ces activités HIMO, les jeunes seront organisés en groupements d’épargne et de crédits. Nous prévoyons de mettre en place 120 groupements type MMD cette année.
Dans le domaine de la formation professionnelle, le projet prévoit, le branchement des CET des 6 départements et des CFM de Diffa et de Goudoumaria au réseau Eau. Les travaux de construction de 4 Ateliers de Goudoumaria, les 4 à N’guigmi et les 2 ateliers de Mainé-Soroa vont se poursuivre. Les 850 jeunes sélectionnés seront formés aux métiers de leur choix et bénéficieront des allocations pendant ces formations. Les matières d’œuvres seront mises à la disposition des 20 Ecoles au prorata de leurs effectifs et deux plateformes d’orientations des jeunes seront conduites et équipées à N’Gourti et à Bosso.
Aussi, les activités de renforcement d’espaces communaux de dialogue pour l’inclusion des jeunes et des organisations de la Société Civile locale vont se poursuivre avec le financement des prix des Communes lauréates de l’Edition 2018 des compétitions intercommunales, la formation pour de groupes mixtes (jeunes leaders, élus communaux et régionaux) sur la bonne gouvernance, la gestion des conflits, la citoyenneté au profit des femmes des réseaux femmes élues et organisations de femmes, la mise en réseau et organisations de femmes, la mise en réseau et financement du plan d’action des jeunes, l’accompagnement spécifique à la construction citoyenne (Alphabétisation à base des NTIC, naissance, identité, nationalité, mariage) au profit des jeunes. Des missions de sensibilisation sur la citoyenneté, la bonne gouvernance, la cohésion sociale, le leadership féminin et VBG seront également conduites.
Avez-vous un message particulier à l’issue de cet entretien ?
Je remercie l’ONEP qui m’offre cette occasion de parler de ce projet tout en expliquant ses objectifs essentiels. Aussi, je voudrais remercier les autorités régionales, ainsi que les responsables des Services Techniques , les jeunes pour leur compréhension, leur appui multiforme, leur disponibilité qu’ils apportent dans le cadre de la réussite du Projet. « Tout début est difficile » a-t-on coutume de dire. Le Consortium est conscient des retards accusés dans la mise en œuvre de certaines activités. Je tiens à rassurer la jeunesse de Diffa de la détermination du Consortium de mettre tout en œuvre pour atteindre les objectifs du projet dans les délais impartis. Je leur demande un peu de patience et de s’engager davantage et saisir positivement les opportunités de formation et d’insertion socioprofessionnelle, de création de revenus par la participation aux activités HIMO, les opportunités de participation aux espaces de dialogue et de prise de décision et de pratique sportive et culturelle saine, intégratrice, axée sur la paix, qu’offrent le Projet Jeunesse Diffa
.Réalisée par Mato Adamou
ONEP Diffa
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" L'issue des luttes légitimes pour la sauvegarde de l'État de droit est par essence toujours victorieuse. Lorsque vous avez la certitude d'avoir dans votre camp la justice, la vérité et l'espoir, la victoire est toujours au rendez-vous. La toutepuissance affichée par le régime de Issoufou Mahamadou est une puissance de façade, c'est en réalité un régime faible qui se maintient par l'usage de la force. "
L'Éclosion : qui est Adal RHOUBEID ?
Dr. Adal RHOUBEID : je suis né le 1er janvier 1975 à Agadez, où j ai fait toute ma scolarité jusque au Baccalauréat. J'ai ensuite poursuivi mes études supérieures à la faculté des sciences de la santé de l'Université Abdou Moumouni de Niamey, puis en France et aux USA. De retour au Niger, j'ai ouvert ma clinique et je suis devenu le promoteur de la première clinique médicale de la Région de Tahoua.
Durant toute cette période, j'ai été très actif dans le secteur associatif mais je n'étais pas encore personnellement impliqué dans l'action politique. Mon engagement dans le combat politique a débuté lorsque que j'ai réalisé sur le terrain, l'extrême précarité dans laquelle vit une grande majorité de mes compatriotes lors de caravanes médicales organisées dans les villages reculés du Niger.
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Le médaillé d’argent aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro 2016, Abdoul Razak Issoufou Alfaga, continue sa saga chevaleresque sur les grands tatamis mondiaux de Taekwondo. Et cela, en dépit d’une série de blessures, qui depuis deux ans, tente de perturber son agenda international. Il a récemment donné la preuve en Russie, en se hissant dans le Top 5 des meilleurs combattants du monde, décrochant ainsi sa qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder il évoque sa préparation pour les JO et ses ambitions pour le Niger.
Vous vous êtes qualifiés pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020. Quels sont les efforts que vous avez fournis depuis la dernière olympiade pour assurer cette qualification?
Je me suis qualifié pour les Jeux Olympiques de Tokyo parmi le Top 5 au monde. C’est un travail qui a commencé depuis décembre 2016, jusqu’en 2017 où j’ai décroché la médaille d’or du championnat du monde. Et après, j’ai participé à de nombreuses compétitions partout dans le monde, les Opens G1 et G2 qui me permettent d’avoir des points pour pouvoir me classer sur le plan mondial. Après le championnat du monde de juillet 2017, je me suis classé 1er mondial jusqu’en décembre 2017, où j’ai été victime d’une blessure au Grand prix final en Côte d’ivoire. Je me suis fait opérer en Allemagne, en février 2018. Et jusqu’en fin 2018, je n’ai pu participer à aucune compétition parce que j’étais en train de me rétablir pour revenir dans la compétition. En février 2019, j’ai repris la compétition en Turquie où je me suis classé troisième. Après cela, j’ai participé à l’Open de Luxor en Egypte, et j’ai remporté la médaille d’or; ensuite j’ai été à l’Open de Grèce et au championnat d’Europe des clubs, où j’ai décroché des médailles d’or. Après cela j’ai fait l’Open d’Allemagne où j’ai aussi décroché la médaille d’or. On s’est par la suite rendu au Maroc pour la Coupe, et c’est là où je me suis blessé à nouveau sur l’autre genou. Cette blessure m’a empêché de participer au championnat du monde. Pour moi, les Jeux Africains sont très importants pour mon pays. Mon centre a tout fait pour que je sois en forme pour ces jeux, à l’occasion desquels j’ai doublé ma médaille d’or. Et Ismael, mon compatriote a également remporté une médaille d’or. Après ces jeux, je n’ai fait que participer à des grands prix. Je n’étais pas en forme pour remporter des médailles mais il me fallait continuer à participer à ces compétitions pour garder mon rang qui va me permettre de me qualifier parmi les cinq meilleurs au monde. Au Grand prix final, je me suis blessé à nouveau, mais j’ai pu décrocher ma qualification pour Tokyo en me classant 4ème malgré mes deux années de blessure. Je me suis battu pour me qualifier parmi le Top 5 mondial. Le champion olympique ne s’est pas qualifié. Sur le podium de Rio de Janeiro, je suis le seul athlète qui a pu se qualifier parmi le Top 5 mondial. Et cela grâce aux prières des Nigériens.
Quel sera votre objectif à Tokyo 2020?
Pour moi l’essentiel est fait parce que si je ne me suis pas qualifié on ne parlera même pas de Tokyo. Je me suis battu corps et âme pour me qualifier pour mon pays, et pour montrer à la jeunesse nigérienne que quand on veut, on peut. J’ai pu avoir cette qualification sur le plan mondial, et Incha-Allah, je me donnerai encore plus à fond pour décrocher la médaille d’or qu’on a manquée à Rio.
Vous avez bénéficié d’un programme de préparation spécifique pour les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro en 2016; comment se passe votre préparation pour les prochains jeux olympiques de Tokyo ?
En effet, avant d’aller à Rio, j’étais en Allemagne. Le COSNI m’a donné une bourse qui m’a emmené en Allemagne pour préparer les jeux olympiques. Donc c’est là que je me suis qualifié pour la première fois. Après je n’ai fait que remporter des compétitions partout dans le monde. Le Président de la République a envoyé le ministre de la Jeunesse et des Sports en Allemagne pour s’enquérir de mes conditions de préparation et d’entrainement. Et c’est à partir de là que le Chef de l’Etat m’a pris en charge jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio. Dès mon arrivée de Rio, le Président de la République a annoncé que le gouvernement va m’accompagner jusqu’à Tokyo. Donc c’est grâce à ces prises en charge que je me suis classé parmi les cinq meilleurs au monde. Parce que j’ai tous les moyens qu’il me faut pour faire les déplacements partout dans le monde, et représenter dignement mon pays. C’est vraiment ce soutien du Président de la République, qui m’a donné le courage, et qui m’a permis d’être dans le Top5 mondial.
Est-ce que vous avez le sentiment que votre pays vous soutient dans le cadre de toutes ces grandes compétitions mondiales ?
Vraiment mon pays me soutient. C’est cela même ma force. Quand j’ai une compétition dans le monde, je regarde dans les réseaux sociaux comment les gens sont mobilisés derrière Alfaga; parfois j’ai même peur parce que je me dis que pour eux Alfaga va gagner tout le temps. Et je mets ça dans ma tête. Et comme mes concitoyens veulent et pensent qu’Alfaga va gagner, il faut que je gagne pour rendre mon peuple heureux.
Vous êtes victime de plusieurs blessures depuis deux ans, pensez-vous que vous que cela va entamer votre moral ?
C’est ce que mon coach me dit tout le temps. Je n’ai jamais baissé les bras parce que les blessures font partie de notre sport. Les grandes stars se blessent aussi tout le temps. Je sais pourquoi je me blesse ; c’est parce que je me suis sacrifié pour que je puisse être parmi le Top 5 mondial. Quand je me suis blessé la première fois, mon coach m’a dit qu’on doit prendre le temps pour me guérir. J’ai dit non; pour moi, avec la prise en charge que le Président de la République m’a donné, je n’ai pas droit à l’erreur. Je dois me qualifier sur le plan mondial pour montrer au Chef de l’Etat qu’on a pu atteindre notre objectif. Donc je me suis sacrifié, malgré les blessures pour être dans le Top5. Après les Jeux Olympiques je prendrai mon temps pour me soigner et continuer ma carrière. Jusqu’aux Jeux Olympiques de 2028, je ne ferai que hisser le drapeau du Niger partout dans le monde.
Vous avez initié le Tournoi international dénommé «Coupe Alfaga» de Taekwondo. Quel était l’objectif que vous visiez à travers ce tournoi? Etes –vous satisfait du chemin parcouru depuis la première édition?
Pour moi depuis la tenue de la première édition de la Coupe Alfaga à Maradi, c’est de faire une compétition qui va réunir les Nigériens entre eux, et leur permettre de s’affronter. Parce qu’il n’ya que les athlètes de Niamey qui ont le niveau. Donc je voulais vraiment les rassembler chaque année pour qu’ils puissent s’affronter entre eux. Après, les athlètes de la sous région m’ont dit qu’eux-mêmes, ils souhaitent participer à cette compétition. Je me suis alors dis pourquoi ne pas faire une compétition internationale qui va réunir la sous région au Niger, et qui va permettre aux Nigériens d’avoir le niveau africain. C’est pour cela que dès la deuxième édition, la Coupe Alfaga est devenue une compétition internationale. J’ai beaucoup apprécié ces différentes éditions, car j’ai vu des jeunes, des cadets qui ont vraiment le niveau international. En tant qu’athlète de haut niveau, je me suis dit que nous avons le championnat d’Afrique cadet, nous avons le championnat du monde cadet, pourquoi ne pas appuyer les enfants pour qu’ils puissent représenter le Niger comme nous le faisons actuellement. C’est cela qui m’a poussé à organiser la Coupe Alfaga. Et dès la troisième édition, les techniciens ont apprécié les cadets. Avec la Fédération Nigérienne de Taekwondo, et le Ministère en charge des Sports, nous allons essayer de voir comment appuyer ces cadets et les amener au championnat d’Afrique cadet et au championnat du monde cadet pour représenter dignement notre pays.
Réalisée par Oumarou Moussa(onep)
15 février 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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La phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) Cameroun 2021 a été lancée le Dimanche 9 janvier 2022 à Yaoundé. Dans son dispositif organisationnel, la Confédération Africaine de Football (CAF) a mis en place plusieurs structures et services de gestions de cette compétition. La communication et l’information occupent une place de choix dans ce dispositif. C’est pourquoi des responsables en charge des médias ont été installés pour chacune des poules en vue de mieux gérer l’aspect communication et information en lien avec les médias. Ainsi, notre compatriote, Abdel Malik Aboubakari Koudizé, journaliste professionnel, spécialisé sur le sport, notamment le football, a été désigné Media Officer pour s’occuper de ce volet au profit de la poule A, composée du Cameroun, Burkina Faso, l’Ethiopie et Cap-vert. Ce jeune compatriote de 25 ans aura pour tâche essentiellement, de conduire et de superviser les opérations médias dans le nouveau stade d’Olembé. Dans cet entretien Abdel Malik, nous parle de son parcours et se dit fier de représenter le Niger à ce rendez-vous continental.
Pouvez-vous nous expliquer le processus ayant abouti à votre désignation, en qualité de média officer, par la CAF ?
Je vous transmets mes meilleurs vœux pour la nouvelle année qui démarre. En toute humilité, je dirai que c'est une suite logique. Je suis à ma sixième année d'expérience dans le domaine journalistique. Guidé par la passion, j'ai pu couvrir quelques-uns des plus grands événements sportifs avec notamment une Coupe du Monde U17 en 2017, deux (2) éditions de la Coupe d’Afrique des Nations en 2017 et 2019, deux (2) saisons de UEFA Champion’s League et de Championnat de France aux côtés du Paris Saint-Germain et évidemment une belle expérience avec les 8ème Jeux de la Francophonie à Abidjan en 2017. Avec la CAF, ma première désignation est arrivée en mars 2021 pour la CAN U17 et aussi à la 42ème Assemblée générale de l'institution tenue au Maroc. J'ai donc eu l'opportunité de préparer la première conférence de presse du président nouvellement élu. Cette désignation pour la CAN Total Energies, Cameroun 2021 ouvre le bal pour la nouvelle année et je la mets sous le compte de l'apprentissage qui ne finit jamais.
Quelles sont vos activités dans l'accompagnement de cette mission ?
Je suis en charge des opérations médias du groupe A dans le nouveau stade d'Olembé. Ma mission consiste donc à superviser et coordonner les activités médiatiques dans ce stade qui a accueilli la cérémonie d'ouverture et sera le théâtre de la grande finale de cette CAN le 6 février prochain.
Qu'est-ce qu'une telle promotion apporte pour un pays comme le Niger ?
C'est déjà une première ! C'est la première fois qu'un Nigérien est désigné pour mener cette opération avec l'instance faîtière du football continental. Pour mon jeune âge, le plus important c'est d'apprendre, de continuer à apprendre. C'est donc une expérience avec beaucoup de choses à apprendre et que je partagerai par la suite avec mes confrères nigériens et surtout les jeunes journalistes sportifs en herbe. Je serai moi très heureux dans les prochaines années de compter par dizaines les jeunes compatriotes dans les instances sportives. Tout y va de la volonté, de l'abnégation et surtout de l'ambition de chacun. Et je pense qu'il y a énormément de talents journalistiques qu'il va falloir bien orienter, guider et encadrer.
Quelles sont vos attentes vis-à-vis des Nigériens en général et de vos confrères en particulier ?
Pas véritablement une attente, mais c'est plutôt un souhait de voir mes confrères et mes compatriotes sur le devant de la scène. Je ne suis peut-être pas le meilleur du domaine et je m'en voudrais de le réclamer avec toute la qualité qu'il y a dans la presse nigérienne. C'est surtout d'oser, de croire en nous, en nos capacités, de sortir de sentiers battus pour porter haut notre pays au-delà de nos frontières. Dans le métier que nous avons choisi d'exercer on doit être prêt à faire face aux doutes et à s’ouvrir pour mieux comprendre l’autre. La quête de soi est à mon sens illimité dans le temps et dans l’espace.
Journaliste, professionnalisé dans le sport, pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
Pour le parcours, il est assez particulier je l'avoue ! Je suis né d'un père journaliste qui m'a à coup sûr transmis cette fibre et cette passion. J'ai grandi en apprenant à beaucoup lire et écrire, à manier un magnétophone, à me mettre devant une caméra... et surtout à taper un ballon, donc c'est de là que ça vient ! Je me suis aussi formé à ce métier en y passant mes diplômes. Je m'apprête aujourd'hui pour ma rentrée doctorale en science de l'information et de la communication. Professionnellement, j'ai fait mes débuts au groupe de presse Liptako en 2015 avant de rejoindre la FENIFOOT un an après. En 2018, je démarre une belle aventure avec l'Organisation Internationale de la Francophonie en qualité d'assistant communication des Jeux de la Francophonie. Pour la prochaine édition en août 2022 en RD Congo, je suis coopté par le Comité International des Jeux de la Francophonie comme Expert Média et Digital.
Propos recueillis par Ali Maman(Onep)
13 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/
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Rappel historique …
« il vous souviendra qu’avant les élections 2015-2016, l’opposition politique a, à maintes reprises, écrit et demandé au Premier ministre, Président du CNDP (ndlr, Conseil national de dialogue politique), une réunion du CNDP sur plusieurs questions et cela, plusieurs fois (…) A aucun moment il n’a été fait droit à notre requête. Pire, le président de la République lui-même et le ministre de l’Intérieur de l’époque, ont eu, à travers les médias internationaux, à dire qu’il n’y aura pas de CNDP. Tout cela présageait, bien évidemment, du hold-up électoral. En ce moment, ceci n’était pas perçu mais le temps a fait le reste. »
« Après les élections de 2010-2011, plusieurs décisions avaient été prises par la classe politique dans son ensemble dont celle de faire un fichier biomé- trique. A la date d’aujourd’hui, il n’y a pas de fichier biométrique au Niger. »
La nécessité d’une CENI indépendante …
« il vous souviendra qu’au sortir de la conférence nationale, personne n’avait confiance en l’autre. Et dans les grandes démocraties, vous savez, les élections sont organisées par le ministère de l’Intérieur. Comme nous n’avions pas confiance les uns aux autres, nous avions décidé qu’il faut une CENI neutre pour organiser des élections neutres et transparentes auxquelles tout le monde adhérerait. Voilà l’origine de la création des CENI. A la date d’aujourd’hui, cette confiance n’existe toujours pas. »
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« Les Nigériens doivent désormais compter sur leur propre force dans le cadre de la relance économique à travers le développement à la base »
Très vite après les évènements du 26 juillet dernier et la reprise en main effective de sa propre destinée par le peuple souverain, certaines organisations régionales, sous la pression d’une puissance étrangère au continent, imposent des sanctions tous azimuts contre le Niger et son peuple. Contre toute attente, l’économie nigérienne montre une résilience satisfaisante face à ces actions hostiles qui ont pour but d’affamer les populations. Pour comprendre la résilience du pays et de son peuple, l’hebdomadaire Sahel Dimanche s’est entretenu avec Dr Siradji Chaiyabou, expert et consultant en économie et gestion des entreprises. Il est également coach en création et gestion des entreprises et membre de l’Union des consultants indépendants du Niger. Dr Siradji Chaiyabou est l’actuel Directeur Géneral de l’Institut IFAC et Président de l’association nigérienne des centres, écoles et instituts professionnels et techniques (ANCEIPT).
Docteur, depuis plus de trois mois, le Niger fait face à une série de sanctions adoptées par la CEDEAO, l’UEMOA et certains de ses alliés occidentaux. Comment s’organise aujourd’hui l’économie nigérienne ?
Ces sanctions prises par la CEDEAO, l’UEMOA et certains pays occidentaux sont d’ordre économique et financier. C’est une façon d’étouffer le Niger pays de l’Afrique de l’ouest à économie fragile suite à un coup d’Etat justifié et la prise de pouvoir par les militaires. Il me plait de rappeler l’objectif de la création de la CEDEAO, ainsi que de sa mission. Ainsi la CEDEAO aspire à promouvoir la coopération et l’intégration économique entre les pays membres. Partant de ce principe elle vise, à long terme, la création d’une fédération des Etats de l’Afrique de l’ouest avec un parlement, une cour de justice, un Secrétariat exécutif et un conseil économique et culturel. Dans cette perspective, les membres doivent accepter la suppression des droits et taxes à l’importation et à l’exportation, l’élimination des restrictions sur le commerce intracommunautaire, la mise en place progressive d’un tarif douanier et d’une libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux, l’harmonisation des politiques économiques, industrielles, agricoles, monétaires, et celles concernant les infrastructures. Elle a mission principale de promouvoir l’intégration économique notamment dans le domaine de l’industrie, le transport, les télécommunications, l’énergie, l’agriculture, les ressources naturelles, le commerce ainsi que les questions monétaires et financières, etc.
Sur le plan sécuritaire, de sa création en mai 1975, la CEDEAO a connu plusieurs dysfonctionnements, dont des cas de transition démocratique difficile en Guinée 2009 et en côte d’ivoire 2010, l’apparition de groupes terroristes qui constituent aux 21ème siècle la première menace sécuritaire de la région. Aussi, lorsqu’en 2012, différents groupes armés ont pris le contrôle du nord Mali, on a assisté à une réponse très lente de la part des Etats membres. Néanmoins un élan de solidarité a vu le jour. Ainsi des pays comme le Niger et le Tchad se sont battus aux côtés de l’armée malienne et de la France. Enfin, pour le cas du Nigéria, nous pouvons dire qu’aucune réponse militaire commune n’a été mise en place contre l’insurrection djihadiste du mouvement Boko Haram de 2009.
Paradoxalement nous assistons à un embargo sur les transactions commerciales que subit le Niger par certains pays de la CEDEAO et les avoirs du Niger se trouvant à la BCEAO sont gelés. Cela a provoqué une crise financière, une inflation sur le prix des produits de première nécessité et la rareté même de ces produits avec l’épuisement des stocks d’approvisionnement chez les grossistes. Face à cette situation notre première arme c’est le sacrifice que doit consentir tous les Nigériens dans la consommation des produits nationaux et le calcul des couts d’opportunité sur la consommation des autres produits venant de l’étranger, et à la recherche d’une solution pérenne afin d’assurer notre liberté et notre indépendance vis-à-vis de certaines menaces étrangères. Alors, le pays s’active, par la volonté de ses dignes patriotes, à trouver des solutions dans le domaine énergétique, tout en développant certaines activités agricoles et la production du riz du Niger, la recherche des nouveaux partenaires pour mener à bien la vente de nos ressources naturelles ainsi que pour d’autres transactions entre nos agents économiques résidents et non-résidents.
Quels sont les perspectives pour le pays au vu des actions de réorganisation entreprises pour aboutir à une gestion saine de la chose publique et des entreprises publiques et privées ?
Les perspectives sont de plusieurs ordres. Tout d’abord, il faut amener les Nigériens à une prise de conscience dans la mise en œuvre d’un système de création de richesse par la production nationale et la valorisation de nos ressources naturelles, ainsi que la gestion rigoureuse de nos entreprises publiques et privées. Le Niger doit développer des partenariats gagnants -gagnants à travers la diversification des partenaires. Il y’a lieu également de mettre en avant une politique protectionniste sur certaines productions locales afin d’encourager la consommation locale et de garantir l’indépendance économique.
Pour vous, quel(s) model(s) de gestion doit intégrer le pays et ses entreprises pour capitaliser l’expérience actuelle ?
Le Niger doit adopter un mode de gestion basé sur la planification des activités économiques. De façon spécifique, un changement de paradigme s’impose pour la production et la commercialisation des produits agricoles. Les Nigériens doivent désormais compter sur leur propre force dans le cadre de la relance économique à travers le développement à la base tout en évitant de se focaliser sur toute aide budgétaire sous contrainte.
Les nouvelles autorités ont créé un Fonds de solidarité chargé de mieux coordonner les contributions des populations en faveur des secteurs de la défense, de la sécurité, ainsi que de la réinstallation des déplacés internes. Ce Fonds « souverain » peut-il être présenté comme un exemple d’autofinancement du développement au Niger ?
A l’image des autres pays qui sont dans la même situation, comme le Mali et le Burkina, le fonds de solidarité peut être une solution car il doit servir d’un fonds d’aide, de solidarité envers les FDS, pour la relance des activités économiques et également pour le fonctionnement du budget de l’Etat et la création des revenus à certaines couches sociales défavorisées. Avec ce fonds, on peut soutenir le pouvoir d’achat de beaucoup de Nigériens issus de ces ménages de FDS tombées sur le champ d’honneur afin d’assurer les dépenses de souveraineté. Le fonds de solidarité vient en contribution pour renforcer la sécurité : il peut servir non seulement à entretenir nos forces de défense et de sécurité mais également à l’achat d’armements sophistiqués pour combattre sans grandes difficultés les ennemis du Niger.
Quelle peut être la contribution des experts et consultants indépendants nationaux dans la sauvegarde de la souveraineté du pays ?
La contribution des experts nigériens et consultants indépendants nationaux doit tout d’abord se faire sentir dans le cadre des réflexions à mener sur comment trouver des fonds d’investissement et la création des richesses à partir de nos propres matières premières. Ils doivent contribuer à rentabiliser la production agricole pour une production importante aboutissant à une économie d’échelle. Les experts et consultants indépendants doivent également penser à une contribution financière afin de participer à l’aide sociale à l’endroit de certaines couches vulnérables.
Quelle leçon faut-il tirer de l’expérience de la situation actuelle particulière sur le plan de l’approvisionnement du pays ?
Nous pouvons dire que cette situation peut être considérée comme un effet d’expérience et même d’apprentissage pour que dorénavant on assiste à un approvisionnement important en produits de première nécessité et la constitution d’un stock de sécurité abondant. Les Nigériens doivent cesser de croire à l’amitié de certains pays de la CEDEAO, mais également avec certains pays occidentaux, comme la France qui vient de nous prouver son fameux discours de tous les jours : la France n’a pas d’ami mais n’a que des intérêts.
Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org/
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Monsieur le ministre vous avez accompagné le Chef de l’Etat au 11ème Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernements des pays membres de l’Union Africaine tenu du 17 au 18 novembre dernier à Addis-Abéba en Ethiopie. Pouvez-nous tirer un bilan sur ce sommet qui a traité des révisions de ses réformes institutionnelles?
Merci de m’avoir offert l’occasion de parler des réformes de l’Union Africaine qui a fait couler beaucoup d’ancre et de salive. Je dois rappeler que cette réforme a été décidée au 27ème sommet de Kigali 2017 où le Président du Rwanda, Paul Kagamé, Président en exercice de l’institution a été chargé avec un certain nombre de Chefs d’Etat pour conduire le travail. Il a été champion tout comme, le Président Issoufou Mahamadou a été désigné, Champion de la Zone de libre échange continentale (ZLECAf). Auparavant, il faut rappeler que, depuis 2016, ils ont mis en place plusieurs comités de réflexion qui ont soumis des rapports pertinents à toutes les instances de l’Union Africaine. A la conférence de Nouakchott on devrait se prononcer sur l’ensemble de ces questions, malheureusement, l’ordre du jour était si chargé qu’on n’a pu consacrer beaucoup de temps à la question. Finalement la conférence des Chefs d’Etat avait décidé de la tenue d’une conférence extraordinaire qui ne discuterait que des réformes. C’est pourquoi, on a retenu d’organiser un sommet extraordinaire qui doit plancher sur les propositions qui ont été faites jusqu’à présent en ce qui concerne la restructuration.
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«L'un des quatre objectifs de la COP26 est de susciter des engagements en faveur de l'objectif de 100 milliards de dollars par an pour le financement du climat. Le Royaume-Uni s'est déjà engagé à verser 11,6 milliards de livres pour la période 2021-2025 », déclare S.E.Mme Catherine Inglehearn
Excellence, la 26ème Conférence des Parties à la convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) se tient du 1er au 12 novembre 2021 à Glasgow. Pouvez-vous décrire le contexte dant lequel s’annonce cette conférence ?
2019 a été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée dans le monde et la fin de la décennie la plus chaude (2010-2019) jamais enregistrée. Le changement climatique touche tous les pays sur tous les continents. Il perturbe les économies nationales et affecte les vies. Les régimes climatiques changent, le niveau des mers s'élève et les phénomènes météorologiques deviennent plus extrêmes. Si nous n'agissons pas immédiatement, d'ici la fin du siècle, nous réchaufferons la planète d'au moins 3 degrés Celsius. Cela entraînerait des inondations catastrophiques, de la pollution, des phénomènes météorologiques extrêmes et la destruction d'espèces. Ensemble, nous devons œuvrer pour empêcher que les températures mondiales ne dépassent 1,5 degré Celsius afin de protéger notre planète contre les effets croissants du changement climatique.
Le Niger est l'un des pays du monde les plus touchés par le changement climatique. En septembre 2020, le Niger a connu ses pires inondations depuis 60 ans, suite aux pluies de juillet et août. 329 000 Nigériens ont été touchés par ces inondations et beaucoup ont dû quitter leur domicile. Cette année, suite à des pluies moins abondantes que prévues, les récoltes sont menacées et nous voyons déjà de plus en plus de Nigériens en souffrir.
L'imprévisibilité croissante des saisons des pluies et des saisons sèches, causée par le changement climatique, rend les périodes de plantation incertaines et met en danger les cultures essentielles. Elle crée une concurrence pour les ressources naturelles, notamment l'eau, et contribue aux conflits. La déforestation à travers le Niger, qui affaiblit la capacité du sol à retenir l'eau et l'expose aux intempéries, exacerbe ces problèmes. Quatre personnes employées sur cinq au Niger dépendent de l'agriculture, avec moins de 1 % des terres arables irriguées. Plus de 3,5 millions de personnes au Niger ont aujourd'hui besoin d'une aide humanitaire en raison du conflit et des chocs climatiques.
Quelles sont les attentes et les grands défis inscrits à l’agenda de cette Conférences ?
Les dirigeants du monde entier se réuniront lors de la COP26 à Glasgow, en Écosse (Royaume-Uni), le 1er et 2 novembre 2021, dans le but de convenir des mesures pour faire face à la menace urgente que représente le changement climatique mondial. Les équipes techniques de chaque pays resteront à la COP26 jusqu'au 12 novembre pour négocier les mesures nécessaires à cet effet. La COP est la conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, à laquelle 197 pays sont des parties, dont le Niger. Le Royaume-Uni et l'Italie assureront la coprésidence de la COP26 jusqu’à la prochaine COP qui se déroulera dans un pays africain.
La COP26 visera à atteindre quatre objectifs principaux, dont le premier est de parvenir à un "net global zero" d'ici 2050. Cela signifie que chaque pays est appelé à réduire de manière drastique ses émissions de gaz à effet de serre, afin d'éliminer de l'atmosphère terrestre autant d'émissions que nous en produisons, et de garder à portée de main la possibilité de limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 degré. Pour atteindre ces objectifs, les pays devront accélérer l'abandon du charbon, freiner la déforestation, accélérer le passage aux véhicules électriques et encourager les investissements dans les énergies renouvelables. Le Royaume-Uni a été le premier pays à prendre l'engagement juridiquement contraignant de parvenir à un " net zero" national d'ici à 2050.
Le deuxième objectif est de soutenir les mesures d'adaptation au changement climatique afin de protéger les communautés et les habitats naturels. Lors de la COP26, tous les pays doivent travailler ensemble pour permettre et encourager les pays touchés par le changement climatique, comme le Niger, à protéger et restaurer les écosystèmes, à construire des défenses, des systèmes d'alerte et des infrastructures et une agriculture résiliente afin d'éviter la perte d’habitats, de moyens de subsistance et de vies.
Troisièmement, l'objectif est de mobiliser auprès des pays développés 100 milliards de dollars de financement climatique par an par le biais des gouvernements et du secteur privé. Cette somme sera essentielle pour atteindre les deux premiers objectifs, et notamment pour aider les pays les moins développés et les plus vulnérables à s'adapter au changement climatique.
Enfin, le quatrième objectif consiste à renforcer la collaboration entre les gouvernements, les entreprises et la société civile afin d'accélérer les actions visant à lutter contre la crise climatique. Sur ce point, nous visons à finaliser le "Paris Rulebook" - les règles détaillées qui rendront opérationnel l'Accord de Paris, de la COP21 de 2015 à Paris.
Du point de vue organisationnel, quelles sont les attentes en termes de participation ?
Plus de 130 chefs d'État ou de gouvernement sont attendus à Glasgow pour le sommet des dirigeants mondiaux, au début de la COP26, dont le président Bazoum du Niger. Ce sera la plus grande conférence mondiale que le Royaume-Uni ait jamais accueillie et les défis logistiques sont immenses. La pandémie de la COVID19 a davantage compliqué la logistique, car des mesures strictes ont été mises en place pour tous les participants, y compris les dirigeants mondiaux. La COP26 était initialement prévue pour 2020 mais a été retardée d'un an en raison de la pandémie de COVID.
Le gouvernement britannique a choisi d'accueillir la COP26 en Écosse, l'une des quatre nations du Royaume-Uni (Angleterre, Écosse, Pays de Galles, Irlande du Nord), afin de s'assurer que les possibilités sont réparties plus équitablement dans notre pays et notre économie.
Quelles sont les opportunités qui s’offrent à un pays comme le Niger, qui fait face à des multiples défis dont celui du changement climatique, dans un contexte sécuritaire tendu ?
En tant que l'un des pays les plus vulnérables du monde, le Niger doit clairement souligner l'impact du changement climatique, notamment en tant que facteur d'exacerbation des conflits et des migrations irrégulières. Lors de la COP26, le Niger doit exiger que les plus grands émetteurs mondiaux prennent des mesures urgentes pour réduire les émissions et contribuent à limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5 degré.
Le Niger peut s'associer à l'appel en faveur d'un financement climatique accru et plus accessible, tant pour l'atténuation des émissions que pour l'adaptation au changement climatique. Le Niger devrait rechercher des financements climatiques pour développer davantage son important potentiel solaire et améliorer la capacité du réseau à absorber les énergies renouvelables variables. Cela permettrait d'améliorer l'accès de la population à l'électricité et de réduire la nécessité de brûler du charbon, le combustible fossile le plus polluant. Le financement climatique devrait également être disponible pour soutenir les mesures d'adaptation, notamment l'amélioration des méthodes agricoles et de l'utilisation des terres et le soutien à la reforestation.
L’une des questions qui revient lors de toutes les conférences qui se sont succédée, c’est le financement des projets et programmes dans les pays qui subissent les conséquences du réchauffement de la planète. La COP26 va-t-elle poursuivre ce plaidoyer ?
L'un des quatre objectifs de la COP26 est de susciter des engagements en faveur de l'objectif de 100 milliards de dollars par an pour le financement du climat. Le Royaume-Uni s'est déjà engagé à verser 11,6 milliards de livres pour la période 2021-2025. Mais nous savons aussi que l'accès à ces financements est complexe et souvent hors de portée des pays les moins avancés. C'est pourquoi la Journée des finances du 3 novembre mettra l'accent sur l'accès au financement. Il s'agira notamment de la ‘’Task Force on Access to Finance’’ sur l'accès au financement par laquelle six pays vulnérables pilotent une initiative visant à améliorer l'accès au financement, et dont nous espérons que le Niger bénéficiera à l'avenir.
Que fait le Royaume-Uni pour améliorer l'accès au financement climatique et soutenir les pays les plus vulnérables?
En tant que président de la COP26, nous tenons à ce que les voix des pays les plus vulnérables au climat soient entendues à la COP26. L'Afrique étant le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique, le Royaume-Uni fera pression pour que de nouveaux engagements soient pris afin d'aider les communautés à risque des pays africains à s'adapter à l'impact des conditions météorologiques extrêmes et des chocs climatiques. Au Sahel, nous travaillons avec l'Office météorologique britannique pour améliorer notre compréhension collective des dernières modélisations et impacts du changement climatique afin de mieux informer les nouveaux programmes. Entre 2014 et 2020, le Royaume-Uni a contribué à hauteur de 50 millions de livres sterling pour aider les gouvernements sahéliens à répondre aux chocs climatiques en utilisant des transferts d'argent et des données météorologiques améliorées, et nous avons dépensé 140 millions de livres sterling pour piloter des mesures de renforcement de la résilience et de l'adaptation à travers le Sahel entre 2014 et 2019.
Quel est votre message final à la délégation nigérienne qui participe à la COP26 ?
Cette COP26 est un moment important pour le Niger pour se faire entendre en tant que pays vulnérable au climat, d'appeler à un plus grand soutien, et de rejoindre de nouvelles initiatives notamment sur l'énergie solaire. Mais le vrai travail viendra après la COP26, en maintenant la dynamique de changement réel et en intégrant la réponse au changement climatique dans toutes les politiques nigériennes. Le Royaume-Uni et l'Italie, en tant que coprésidents de la COP pour l'année à venir, travailleront en étroite collaboration avec le gouvernement et d'autres partenaires internationaux pour y parvenir.
Propos recueillis par Ali Maman
1er novembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Chaque année, le Niger célèbre le 3 août, l’anniversaire de son indépendance. Depuis quelle date cet anniversaire a-t-il été couplé à la plantation des arbres, et quelle est la philosophie qui sous-tendait cette initiative des autorités de l’époque ?
La fête de l’arbre a été célébrée pratiquement depuis notre indépendance en 1960. D’ailleurs même avant cette date, tous les pays membres de la FAO (organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) avaient été sensibilisés par cette institution internationale au cours des années 50, afin qu’ils consacrent au moins une journée symbolique pour la promotion de l’arbre. En effet, on a constaté depuis les années 30, une amorce de la diminution du couvert végétal, notamment dans les pays où la population a nettement augmenté, avec son corollaire de consommation de bois et de dégradation du couvert végétal. Donc si jamais rien n’est fait pour compenser la ponction de ce bois, les formations boisées allaient disparaître complètement. Voilà pourquoi la FAO a fait instituer cette fête de l’arbre. Cette fête, la plupart des pays l’ont couplée avec un événement important. Et l’événement important de l’époque pour nous à partir de 1960, ne peut être mieux que notre jour d’indépendance. Voilà pourquoi l’anniversaire de notre indépendance est devenu, chaque année, le jour du démarrage de la plantation massive car par un heureux hasard de calendrier, c’est une date favorable à la plantation d’arbres. Rituel désormais respecté par chaque chef de l’Etat. Les services compétents transportent sur les lieux de la cérémonie des plants distribués gratuitement et ce dans tous les chefs lieux de départements et arrondissements (actuellement régions et départements respectivement). Et la semaine qui suit est également consacrée à la promotion de l’Arbre, ce qui permet à tout le monde de se consacrer à la plantation. Le choix du 3 août pour reboiser abondamment trouve sa justification empirique d’abord, puis scientifique par les résultats de recherches dans le domaine, qui ont démontré qu’à partir de la mi-juillet, il pleut régulièrement. Il a même été établi qu’à partir du 10 juillet toute hauteur de pluie qui dépasse 20ml est bonne pour une plantation.
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Boubé Hama est né à Arlit en 1980, ville située dans la région d’Agadez au Niger. Après avoir été scolarisé dans les écoles primaires et secondaires d’Arlit, il poursuit ses études à Niamey et obtient un baccalauréat littéraire en 2001. Il obtient également une maîtrise en Gestion des Entreprises, option Management, en 2006, à Ahmadu Bello University (ABU) au Nigeria. Il est en outre détenteur d’un BTS Informatique (progiciels) et a été professeur d’anglais (collèges et lycées). Boubé Hama travaille actuellement en tant que chargé des Ressources Humaines dans une entreprise de Niamey.
Ecrivain : poète, nouvelliste et romancier, il est l’auteur de trois ouvrages, Ah ! L’Afrique, un recueil de poèmes, Le Bac, un guide pour les bacheliers, Afrique, pleure…, recueil de poèmes, publiés tous chez Édilivre à Paris. Il est président de l’Association Poétique et Littéraire du Niger (APOL-Niger), délégué de l’association Rencontres Européennes-Europoésie (REE) au Niger et membre de plusieurs associations en France et au Niger. Il est surtout un infatigable activiste culturel.
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Le sous-secteur agricole demeure la source presque exclusive des aliments et nutriments consommés par les Nigériens. Malheureusement, la forte sensibilité des activités agricoles aux risques multiples fait que le Niger n’assure pas une alimentation suffisante à l’ensemble de la population. La performance du secteur agricole est instable du fait de sa forte exposition aux changements climatiques. Le Niger importe presque tous les produits de consommation pour subvenir aux besoins de la population. Et à certaines périodes de l’année, comme c’est le cas actuellement, les produits de première nécessité connaissent une hausse des prix sur les marchés. Dans l’interview qui suit, l’honorable Mahamadou Bachir Harouna Hambali nous parle de la dynamisation du secteur de l’agriculture, de la mécanisation agricole par la création d’unités de transformation des produits agricoles et le développement des chaines de valeur.
Honorable Chef de canton, la majorité de la population nigérienne considère l’agriculture comme un travail réservé aux paysans, sinon aux pauvres. Que pensez-vous une telle affirmation ?
On peut le dire oui ! Parce que l’agriculture paysanne propose des solutions afin que plusieurs paysans puissent vivre de leur travail et en retrouvent le sens. En effet, le paysan produit pour se nourrir et non pour des fins commerciales. Aujourd’hui, notre population évolue, nous devons abandonner la houe en faveur des technologies modernes, qui sont beaucoup plus efficaces. Il faut reconnaitre que, le secteur agricole est le vecteur potentiel d’énormes progrès sociaux en termes de réduction de la pauvreté. Au Niger, la saison des pluies s’étend de juin à septembre, soit seulement trois mois. L’accès à l’eau est donc un défi majeur pour les cultivateurs, qui doivent trouver d’autres façons d’exploiter leurs terres. Le soutien aux agriculteurs et aux agricultrices améliore la sécurité alimentaire, stimule les économies locales et renforce la résilience des communautés. Pour ce faire, l’Etat doit soutenir et appuyer les producteurs pour développer ce secteur.
Par exemple dans les années 1990, il y avait eu l’introduction de tracteurs en irrigué, mais 10 ans après, cette initiative était abandonnée à cause des petites superficies cultivées et par manque de maintenance. Par contre, en 2014, l’Etat a tenté d’intégrer la mécanisation mais sans succès, car la plupart des tracteurs sont utilisés pour la préparation du sol.
Je pense que cette fois-ci, l’Etat doit impliquer la chefferie traditionnelle pour montrer l’exemple et sensibiliser les paysans à aller vers les pratiques culturales modernes. Les niveaux de mécanisation des exploitations agricoles sont très faibles ou n’existent pas. Cela concerne toute l’Afrique subsaharienne. Selon les experts du Centre Africain pour la Transformation Economique basé au Ghana, le nombre de tracteurs varient de 1,3 par kilomètre carré au Rwanda à 43 en Afrique du Sud, contre 128 en Inde et 116 au Brésil. Selon également l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), spécialisée dans la lutte contre la faim, l’Afrique compte globalement moins de deux tracteurs pour 1 000 hectares de terres cultivées. Ce nombre est de 10 pour 1 000 hectares en Asie du Sud et en Amérique latine. Cela dit que, l’Etat doit encourager, la pratique de l’agriculture intensive et motorisée. La mécanisation de l’agriculture ne sert pas seulement à labourer la terre, mais aussi à planter, récolter, transformer et stocker des produits. Je tiens beaucoup à la promotion des chaines de valeur au Niger, en produisant, transformant, vendant et consommant les produits locaux.
Pour rappel, le Gouvernement a rencontré les opérateurs économiques du Niger au sujet de la cherté des produits de première nécessité à la veille du mois béni de Ramadan. Comment le Niger peut-il échapper à une telle situation et réduire les importations de certains produits ?
Vous savez, environ 80% de notre pays est sans littoral. Notre population est plus de 23 millions d’habitants vivant dans les régions du sud et de l’ouest propices à l’agriculture. Nous savons bien que la population est fortement dépendante des activités agricoles et de cultures de subsistance comme celles du maïs et du sorgho. Le réchauffement climatique accentue les difficultés que rencontre le paysan, faisant peser une menace permanente sur la sécurité alimentaire, le développement durable et la croissance économique.
Le Niger dépense par an, plusieurs milliards de Francs CFA dans l’achat des produits alimentaires, alors que nous pouvons produire au pays. La tendance doit changer. Nous devrions être le grenier de plusieurs pays de la sous-région. Je suis sûr que, ça va changer, si nous rendons notre agriculture mécanisée. Le seul problème, c’est que nos opérateurs économiques sont des importateurs, non des producteurs. C’est ce qui nous amène ce problème. Les commerçants doivent retrousser leurs manches pour se donner au travail de la terre. Ensuite l’Etat doit aussi penser à l’accès aux offres de financement des activités agricoles et les adapter aux contextes socioéconomique et agricole. On doit soutenir, l’émergence de nouvelles entreprises agricoles capables de relever les défis de la sécurité alimentaire et nutritionnelle répondant au développement économique du pays.
Par exemple, nous devons également valoriser l’agriculture intensive qui vise à produire le maximum sur un terrain restreint. Ce mode d’exploitation exige alors un travail acharné, des outils mécaniques efficaces et l’utilisation d’engrais et de produits chimiques variés. Ce type d’agriculture se pratique sur de très grandes surfaces divisées en sections.
Cette initiative fait partie du programme de renaissance acte III du Président de la République, Mohamed Bazoum. Pour rappel, lors de sa campagne présidentielle et récemment son dernier passage à Dioundiou, il a expliqué à la population qu’il va promouvoir l’agriculture dans cette zone. Je le cite ‘’: J’envisage dans le programme de renaissance acte III pour participer à transformer notre agriculture. Je tenais beaucoup au projet de canne à sucre et sa transformation à travers la promotion des chaines de valeur dont nous avons besoin pour faire en sorte que, tout reste dans notre pays. Nous produisons, nous transformons, nous vendons et nous consommons. Je pense également à la construction d’une route, absolument indispensable de Dioundiou à Bouremi pour écouler les produits’’. Fin de citation.
Pour me résumer, notre seule alternative est de nous mettre au travail de la terre tout en le modernisant.
Pensez-vous que, le développement des chaines de valeur agricoles dans notre pays peut-il pour répondre à l’autosuffisance alimentaire ? Peut-il concrètement créer d’emplois aux jeunes nigériens ?
Bien sûr que oui ! Le Niger doit mettre en place un plan national d’investissement dans la mécanisation agricole. C’est une étape cruciale pour accroître la productivité. Ainsi, nous devons promouvoir l’émergence d’un secteur privé qui soit pourvoyeur des emplois pour les jeunes, créer de la richesse et contribuer à l’autonomisation des femmes surtout en milieu rural, non seulement dans le domaine de la production, mais également de la transformation, et de la promotion des produits locaux. Si on met à la disposition des producteurs et promoteurs ruraux des infrastructures et des dispositifs cela permettra de mettre progressivement en place de véritables pôles d’activités en zone rurale. Avec ces genres d’initiatives, nous allons maintenir l’ambition de moderniser nos pratiques et de transformer non seulement l’agriculture, mais au-delà même les systèmes alimentaires pour s’adapter aux enjeux de l’avenir. Quand on développe les chaines de valeur dans ce domaine, il y aura une nette progression en matière de création d’emplois.
Le Niger dispose d’espaces cultivables, quels sont les produits agricoles qui peuvent aujourd’hui faire l’espoir des Nigériens, si leur exploitation est développée?
Les principales cultures pratiquées en saison pluviale sont le mil, le sorgho, l’arachide, le riz et le niébé. Quant aux cultures maraîchères, elles concernent les légumes (chou, poivron, laitue, oignon, tomate etc.), les tubercules (manioc, pomme de terre) et la canne à sucre. Parmi tous ces produits, seul l’oignon est exporté. On doit l’accompagner une fois de plus en utilisant de nouvelles techniques de production avec l’usage des machines, des insecticides et en favorisant une importante quantité de production. Tout en fournissant moins d’effort, l’agriculteur emblave beaucoup de superficies. Cela permet de booster le rendement pour se faire d’importants revenus.
Ensuite, la canne à sucre aussi peut se produire en quantité et se transformer en chaine de valeur pour que le Niger dispose de son sucre ‘’made in Niger’’. L’Etat doit redynamiser la transformation agroalimentaire à grand échelle. Avec une mobilisation de l’eau, l’agriculture nigérienne sera moins dépendante des aléas climatiques, la restauration des terres et la gestion durable de l’environnement pour contrer les effets du changement climatique. On doit penser aux plateformes de services intégrés de proximité pour les producteurs afin de réduire les vulnérabilités structurelles et conjoncturelles des populations. Il y a également, la promotion des techniques et technologies adaptées aux changements climatiques et l’exploitation des opportunités du développement pour transformer notre agriculture en portant surtout le choix sur des produits très consommés au Niger et à l’international.
Que pensez-vous de l’avenir des systèmes agro-alimentaires au Niger ?
L’agenda 2030 de l’Union Africaine pour le développement durable souligne la nécessité de mettre en place des systèmes alimentaires plus durables pour faire face à des défis tels que la malnutrition, la pauvreté, la perte de la biodiversité végétale, la dégradation des écosystèmes et le changement climatique. En développant la production agricole et les filières agroalimentaires, cela permettrait de stimuler la transformation de l’agriculture et la création d’emplois. Ce qui offrira aux jeunes des activités valorisantes dans des conditions décentes. La valorisation du système présente de faibles niveaux techniques. Or, le secteur agroalimentaire offre un potentiel substantiel pour la création de nombreux emplois productifs.
Ainsi, nous devons promouvoir l’émergence du secteur privé qui soit pourvoyeur d’emplois pour les jeunes et créateur de richesses. Comme le système encourage la transformation, et la promotion des produits. Notre pays pourra se positionner parmi les pays de la sous-région qui s’investissent dans les secteurs agro-industriels.
Quel appel avez-vous à lancer aux plus hautes autorités et aux populations au sujet de la modernisation et du développement de l’agriculture au Niger ?
L’appel que j’ai à lancer aux autorités, est de mettre en place des mesures incitatives au profit des opérateurs économiques pour faciliter l’industrialisation dans le domaine de l’agriculture et la transformation des produits locaux pour une meilleure compétitivité. Il va de soi de rendre compétitifs les produits par l’allègement du coût de production, notamment, la fiscalité, l’énergie, les équipements, l’hygiène sanitaire, l’emballage, la normalisation. Il faut aussi dynamiser le secteur privé à travers la mécanisation agricole à grande échelle avec la création d’unités de transformation des produits agricoles, et d’appui à l’émergence de prestataires de services en matière de mécanisation agricole.
Je demande aux bras valides de s’intéresser à l’agriculture. Nous avons de l’eau, il suffit de se donner au travail en créant des entreprises privées. L’Etat ne doit pas recruter tout le monde à la Fonction Publique. Les Chefs traditionnels, les ingénieurs agronomes, les opérateurs économiques, tout le monde doit se mettre au travail pour une l’agriculture performante et créatrice d’emplois au Niger.
Enfin, j’en appelle aussi aux partenaires et aux investisseurs à accompagner les producteurs. En ma qualité de Chef de canton, je puis assurer qu’au niveau du canton de Dioundou, nous sommes prêts à accueillir et même donner des terres à tous ceux qui veulent investir dans l’agriculture et produire sur place.
Interview réalisée par Seini Seydou Zakaria(onep)
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La première session ordinaire de la 3ème législature de la 7ème République de l’Assemblée Nationale au titre de l’année 2021 dite session des lois s’est achevée lundi 05 juillet 2021 a adopté la satisfaction générale des parlementaires. La fin des travaux de la session coïncide avec la commémoration des 100 jours du Président de la République SE. Mohamed Bazoum à la tête de l’Etat. Cette session a été surtout consacrée à la finalisation de l’installation des organes et instances indispensables au fonctionnement de l’Assemblée Nationale. C’est aussi l’examen et le vote des lois soumis par le Gouvernement à la représentation nationale. Dans l’interview qui suit, le Président de la Commission des Affaires Générales et Institutionnelles (CAGI) nous parle des travaux abattus par les députés nationaux pendant les 90 jours qu’a duré la session.
Monsieur le président, comme l’avait annoncé le Président de l’Assemblée Nationale à l’ouverture de la première session ordinaire au titre de l’année 2021 dite session des lois, l’ordre du jour des travaux de la session a été consacré à la finalisation de l’installation des organes et instances indispensables au fonctionnement de leur institution. C’est ainsi que votre commission fut mise en place. Quel est le rôle de votre commission et ses compétences ?
Depuis l’installation de l’Assemblée Nationale suite aux élections générales passées, les six (6) groupes parlementaires et le bureau de l’Assemblée nouvellement installés se sont attelés à mettre en place les autres organes du travail parlementaire. Ce sont les sept (7) commissions générales, les réseaux parlementaires, les groupes d’amitié et les organisations inter parlementaires. La dernière structure importante mise en place demeure la Haute Cour de Justice.
La Commission des Affaires Générales et Institutionnelles (CAG/I) est l’un de ces organes. Elle est compétente en matières des droits de l’homme et des libertés individuelles et collectives, des lois organiques sur les institutions constitutionnelles et électorales, en matière de justice et de l’organisation judiciaire, en matière de législation civile, administrative et pénale, de l’administration publique de l’état et des collectivités territoriales, des règlements de l’assemblée et de l’immunité parlementaire, etc. Ce sont là les domaines des compétences définis par le règlement intérieur de l’Assemblée elle-même. Notre commission serait, au dire des connaisseurs, l’une des plus importantes commissions permanentes de l’Assemblée nationale et réaliserait plus de 80% du travail parlementaire. C’est un honneur et une lourde responsabilité d’en être membre.
Pour cette première session ordinaire qui vient de s’achever, durant les trois mois, les députés ont examiné et voté des projets de propositions de lois qui leur sont transmis par le Gouvernement. Pouvez- vous nous dire combien de lois votre commission a fait l’objet de saisie au fond ?
Cette session a été presque exclusivement consacrée à l’installation des institutions et des organes. Le Président de l’Assemblée l’avait d’ailleurs rappelé dans son discours de clôture des travaux. Les seuls textes examinés ont été des ordonnances relatives aux conventions des prêts et à la prorogation de l’état d’urgence. Le document de la programmation budgétaire et économique pluri annuelle a aussi été discuté. Mais ce sont les ordonnances et les lois sur la prorogation de l’état d’urgence qui ont demandé un avis au fond de la commission des affaires générales et institutionnelles compétentes en matière de droits de l’hommes et des libertés. Les discussions sur ces ordonnances et lois avaient suscité un intérêt certain auprès des députes (en commissions comme en plénière) tant et si bien que l’Assemblée Nationale a décidé de la réactualisation du bilan d’impact de ces mesures d’exceptions imposées par les impératifs de sécurités de notre pays. L’assemblée avait même dépêché des missions parlementaires dans les zones concernées par la mesure. Un rapport de la mission parlementaire est disponible. Il sera bientôt discuté en plénière, en présence de tous les acteurs du domaine. A l’occasion de ce débat, les différentes suggestions et conclusions seront exposées. Il est cependant important de rappeler que les rigueurs de l’état d’urgence sont fonction des zones et de la gravité de leur problème de sécurité. Nulle part, dans aucune région, le principe de l’instauration de l’état d’urgence n’a été contesté. Preuve s’il en était jamais besoin, de la prise de conscience de tous sur la nécessité des sacrifices et la collaboration de tous afin de favoriser et d’accélérer la victoire dans la lutte contre les djihadistes et les bandits armés.
« Il est souhaitable qu’ils (les députés) mettent l’essentiel de leur énergie dans des propositions d’alternatives plutôt que des dénonciations puériles et politiciennes »
En quoi, votre commission va-t-elle assurer l’information de l’Assemblée Nationale pour lui permettre d’exercer un contrôle sur la politique du Gouvernement ?
La principale source d’information de la Commission des Affaires Générales et Institutionnelles reste et demeure le citoyen d’abord : Les citoyens individuels, les citoyens organisés en association et groupes d’intérêts. Parce que, comme définie plus haut, notre commission est compétente en matière de droit et libertés. Or il s’agit-là, en régime de démocratie, d’un domaine extrêmement important pour le citoyen. Le respect des droit set libertés dans la mesure où il favorise l’épanouissement du citoyen est un indicateur de performance du gouvernement. Notre source d’information sera aussi le gouvernement à travers des interpellations et des rencontres régulières. Pas seulement, il y’a aussi d’autres institutions de la république qui concourent à la bonne information de notre commission et de l’Assemblée Nationale. Le gouvernement et les institutions de la République seront des partenaires importants pour notre commission. Notre ouverture aux citoyens de toute condition, les visites de terrain, les échanges avec d’autres parlements et le partenariat responsable avec les institutions de notre pays, en premier chef le gouvernement, feront de nous un bon outil de travail parlementaire. Nos rapports et nos avis seront très interessants et les débats à l’Assemblée y seront en toute connaissance de cause. C’est notre souhait, c’est notre programme.
Au niveau de votre commission, est ce que vous envisagez de faire des propositions de lois à la prochaine session ?
Oui. Nous avons d’ores et déjà des propositions de lois initiées par des députés déposés sur le bureau du gouvernement. La procédure suit son cours normal. D’autres projets suivront, je n’en doute pas. Comme vous le savez, l’initiative des lois appartient au gouvernement concurremment avec les membres de l’Assemblée Nationale. Il n’y a donc en principe aucun problème pour nous d’initier des projets de textes que le gouvernement amendera avant de les renvoyer au parlement, de la même manière que les députés amendent les siens avant de les adopter.
Monsieur le Président, à la fin de cette première session ordinaire qui a surtout engagé votre commission, quelle satisfaction tirez-vous en terme organisationnel du calendrier et du déroulement des travaux ainsi que de la participation des députés aux débats contradictoires et de la prise de position ?
Vous savez, même si je ne suis pas à ma première participation à l’Assemblée, c’est quand-même la première fois que je participe trois (3) mois durant a ces travaux en tant que parlementaire. Je ne suis donc pas bien placé pour en apprécier les performances. Il n’y a cependant pas de doute que l’Assemblée actuelle est composée de femmes d’hommes engagés à réussir leur mandature. J’étais surtout particulièrement satisfait de voir comment les élus de l’opposition se mettaient avec ceux de la majorité pour voter unanimement des textes. De même comment les élus de la majorité rejoignaient ceux de l’opposition pour critiquer les textes introduits par le gouvernement et formuler des recommandations acceptées de tous.
Quel est le mot d’ordre que vous pouvez lancer à vos collègues relativement à leurs occupations pendant la période d’intersession ?
L’intersession est le moment du retour au bercail afin de renouer avec les électeurs et les citoyens de façon générale. La fin de nos travaux de cette session coïncide avec l’installation de la saison des pluies. Je souhaite que pendant qu’ils prennent le pouls du pays, que l’élu prêche par l’exemple en s’adonnant aux travaux champêtres avec les moyens modernes que lui permettent ses revenus. Que dans ces échanges avec les citoyens, que le député promeuve le respect des lois et la participation à l’effort de sécurisation de notre pays, de ses populations et de ses biens. Je souhaite que le député ne perde jamais de vue qu’il est trop facile de critiquer et qu’il y’a de très loin plus de citoyens ordinaires pour critiquer et dénoncer mais la force de propositions est l’apanage d’un petit nombre, dont eux les députés. Il est donc souhaitable qu’ils mettent l’essentiel de leur énergie dans des propositions d’alternatives que des dénonciations puériles et politiciennes.
Par Seini Seydou Zakaria(onep)
12 juillet 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Les villes du Niger ont bénéficié, sous la renaissance, d’importants investissements. Quelles sont les réalisations faites à Goudoumaria ?
A l’instar des autres communes du pays, la nôtre a effectivement eu plusieurs projets structurants. D’abord, dans le cadre d’un programme d’électrification de 50 communes de quatre régions Niger, à Goudoumaria 10 villages en ont bénéficié et un 11ème est en phase de l’avoir. A travers le projet filets sociaux, la commune a eu plus de 170 millions de FCFA et de multiples opérations de vente à prix modéré de céréales et de distribution gratuite ciblée des vivres.
Dans le domaine de l’élevage, nous avons eu 21.022 tonnes d’aliment bétail de 2015 à aujourd’hui. Nous avons aussi bénéficié de campagnes de vaccination, pour l’amélioration de la santé animale. Ce qui a consisté à immuniser contre certaines maladies, 68.498 bovins, 129.930 ovins, 72.287 caprins. Nous avons pu bénéficier de 2.650 kits petits ruminants, entre 2015 et 2019. Dans le même ordre, l’on note la réhabilitation et la construction des marchés de bétail à Goutti et à Kilakam; la construction de quatre couloirs de vaccination, sans oublier la mise en place des champs agro-éleveurs et la construction d’une case de santé vétérinaire. Il a été réhabilité deux parcs couloirs de vaccination et deux banques d’aliments bétail ont été construites.
Sur le plan de l’environnement, nous avons d’importantes superficies des dunes fixées, des plants produits et plantés. Dans le domaine de l’hydraulique, nous avons 49 puits cimentés. Nous avons eu également 49 forages dotés de pompes à motricité humaine. Goudoumaria dispose désormais de 18 postes d’eau autonomes, avec des minis AEP et une station de pompage autre que celle réhabilitée. Huit forages ont été réhabilités, le tout pour un coût total de près de trois milliards FCFA.
Monsieur le maire, il y’a quelques années l’Etat du Niger a transféré un certain nombre de domaines de compétence. Comment la commune de Goudoumaria assume-t-elle ces nouvelles responsabilités ?
Certes, ce transfert a été effectif, sur les quatre domaines qui ont été confiés, à savoir: la santé, l’éducation, l’hydraulique et l’environnement, mais les ressources n’ont pas suivi. Avec nos maigres ressources, si nous prenons le cas de l’éducation, nous nous occupons du transport des enseignants et des fournitures. Nous appuyons l’organisation des CAPED et des formations. Nous appuyons également le fonctionnement de l’administration scolaire puisque nous apportons du matériel. Nous avons réhabilité des classes et construit des nouvelles.
Sur le plan sanitaire, nous construisons des cases de santé et nous nous occupons de l’entretien de toutes les formations sanitaires.
En ce qui est de l’hydraulique, il nous a été confié la gestion-déléguée des ouvrages, et nous mettons cela en œuvre. Nous faisons aussi la réhabilitation et la réalisation d’infrastructures, comme des puits et ouvrages d’assainissement.
Par rapport à l’environnement, nous mettons en œuvre des opérations de restauration des terres, du reboisement et nous sensibilisons les populations pour un changement de comportement quant aux pratiques agissantes sur l’environnement.
Des localités de la région de Diffa font face à l’insécurité liée aux attaques de la secte terroriste Boko-haram. Qu’en est-il réellement au niveau de la commune de Goudoumaria?
Nous ne pouvons que remercier Dieu. Comparativement de la situation dans d’autres communes de la région, la situation est beaucoup plus stable et rassurante chez nous. Il n’y a pas un jeune de Goudoumaria dans les rangs des combattants terroristes de Boko-haram. Néanmoins, nous avons des soucis de cohabitation. Ici, l’insécurité est d’ordre foncier. Nous avons des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs. Sur ce, les différentes autorités administratives et coutumières sont toujours ensemble pour sensibiliser les populations afin d’assoir la cohésion sociale.
Pour ce qui est des attaques de Boko-haram, aucun village de Goudoumaria n’a été victime.
Cette année, il a particulière plu au Niger. Il y’a eu même des inondations un peu partout dans le pays. Que peut-on retenir de la campagne agro-sylvo-pastorale ?
Les inondations, il y’en a eu, avec des maisons effondrées comme c’était le cas au village de Batchalori où nous avons assisté la population sinistrée. Sur un ensemble de trois villages touchés dans la commune, il n’y’a eu aucune perte en vie humaine. Globalement, la campagne a été meilleure que celle de l’année précédente. Mais l’irrégularité des pluies dans le temps a créé quelques poches de sécheresse.
Monsieur le maire, l’un des défis majeurs des collectivités territoriales réside dans la capacité de celles-ci à mobiliser des recettes fiscales. Comment vous vous y prenez ici?
Nous avons demandé la collaboration des chefs traditionnels qui nous appuient à améliorer le recouvrement. Et nous aussi, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous nous sommes mis à sensibiliser les populations à cultiver le civisme. La question de la fiscalité souffre généralement de la réticence des populations par méconnaissance de son importance pour la communauté. Raison pour laquelle, nous privilégions la sensibilisation pour amener les contribuables à comprendre l’intérêt. Il y va de leur bien être. Ce dernier est le but ultime de tout Plan de développement communal dont la mise en œuvre repose essentiellement sur les recettes propres de la commune d’abord. C’est ce que nous faisons à chaque occasion.
Par Ismaël Chékaré, Envoyé Spécial
02 mars 2021
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Le Ministère des Finances a organisé, la semaine dernière à Diffa, une formation sur la Comptabilité Matières. Cette formation assurée par une mission spécialement dépêchée de Niamey a concerné les acteurs en charge de la gestion des biens et de la tenue de la Comptabilité des Matières des Institutions publiques et des collectivités territoriales. En marge de cette formation, le Chef de division en charge des études, normes, et réglementation des matières au Ministère des Finances qui conduisait la mission, s’est confié à notre correspondant local. Dans cet entretien M. Talba Idi Issa revient sur les objectifs de la mission les contenus de la formation ainsi que les attentes au sortir de cet exercice.
M. le Chef de division, quel est l’objectif de votre mission à Diffa ?
Cette mission entre dans le cadre de la formation des acteurs en charge de la gestion des biens et de la tenue de la Comptabilité des Matières. En l’espèce, il s’agit d’outiller les gestionnaires des biens de la région, des structures étatiques, des collectivités territoriales et des établissements publics soumis aux règles de la comptabilité publique à mieux prendre en charge les biens qui sont mis à leur disposition.
Comment avez vous apprécié l’intérêt que portent les participants ?
L’état d’esprit des participants à travers leur engouement à participer à la formation nous a beaucoup impressionné car, nous avons trouvé des gestionnaires très engagés à se perfectionner pour une meilleure gestion des biens. Les participants méconnaissent, pour la plupart, ces nouvelles normes de la gestion des biens et de la tenue de la Comptabilité des Matières conformément à la directive communautaire n°03/2012/ CM/UEMOA portant comptabilité des Matières au sein de l’Union. C’est d’ailleurs pourquoi, ils sont très satisfaits de cette initiative qui leur permet désormais d’assumer leurs responsabilités par rapport à la gestion efficiente des biens dont ils ont la charge.
Avez-vous un message particulier à l’adresse des gestionnaires des biens et des citoyens de manière générale ?
Je voudrais vous remercier pour cette opportunité d’être dans vos colonnes pour expliquer toute la portée de la Comptabilité des Matières dans la gestion des biens de l’Etat. Par rapport aux acteurs, il y a lieu de préciser qu’à titre principal, nous avons les ordonnateurs à savoir les présidents des Institutions, les ministres, les directeurs généraux des établissements publics soumis aux règles de la Comptabilité Publique, les responsables des collectivités et les comptables des Matières. Les autres acteurs sont les détenteurs des biens à savoir les chefs de service, les magasiniers et l’utilisateur final des biens de l’Etat qu’il s’agisse des fonctionnaires ou du citoyen tout court. Vous constatez que chacun de nous utilise le bien de l’Etat que nous nous devons de protéger. Concernant les employés de la Fonction Publique, tout agent est responsable de biens qui sont placés sous sa responsabilité et répondra de sa bonne ou mauvaise gestion. Pour le commun des citoyens, très bientôt une loi interviendra pour réglementer la protection du patrimoine de l’Etat. Cette loi déterminera aussi les différentes sanctions relatives à la mauvaise la gestion des biens publics.
Réalisé par Mato Adamo, ONEP- Diffa
24 février 2021
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« Après mon huitième film, j’arrête », avait dit Djingarey Abdoulaye Maïga, en 2016 à la sortie de son long métrage "Cerveau noir". Mais dira-t-il, touché par l’histoire des filles albinos, la stigmatisation dont elles font l’objet dans la société, Djingarey Maïga en a fait le sujet de "Un coin du ciel noir", son 9ème long métrage de fiction sorti en 2018, auquel il enchaine "La femme noire du village" également un long métrage de 120 minutes, qu’il vient de terminer et dans lequel la femme joue aussi le rôle central. Dans cet entretien Djingarey Abdoulaye Maïga revient sur sa longue et riche carrière, évoque le sujet du film "La femme noire du village" ainsi que les difficultés auxquelles sont confrontés les cinéastes au Niger.
Vous venez de terminer votre 10ème long métrage dont l’avant première a eu lieu le 5 septembre dernier ; où trouvez-vous la motivation et les ressources pour continuer à sortir des films, vu les conditions dans lesquels les artistes travaillent au Niger?
C’est vraiment une très bonne question, parce que c’est difficile d’être motivé dans les conditions dans lesquelles nous sommes aujourd’hui dans notre pays. Nous avons beaucoup de problèmes qui nous empêchent de nous mettre pleinement au travail, de nous mobiliser pour faire un film. D’ailleurs, en 2016, quand j’ai fait mon film, "Cerveau noir", je me suis dit que j’arrête, puisqu’étant fatigué de faire des films, sans moyens. J’avais donc décidé d’arrêter. Je l’ai dit à tout le monde, avec ce huitième film là j’arrête ! Mais après j’ai réalisé un autre film, "Un coin du ciel noir" et aujourd’hui je viens de terminer mon dixième long métrage.
Je dirai que c’est une question de passion. Comme j’ai eu à le dire plusieurs fois, depuis mon jeune âge, je ne voulais faire que du cinéma. Quand j’ai quitté l’armée en 1960 à partir de Maradi, tout ce que je faisais c’est lire dans les rares journaux que je trouvais, les informations sur le cinéma. De retour à Niamey, j’ai travaillé temporairement dans une usine avant d’être employé à l’Institut de Recherche en Sciences Humaines(IRSH) /CELTHO. Je consacrais tout mon temps à étudier le cinéma à ma façon. Et en 1964 j’ai lu dans un journal que des français allaient venir tourner un film à Niamey. Dès leur arrivée je suis allé les voir et tout de suite la dame qui était la productrice a décidé de me faire jouer un petit rôle. Plus tard, à tout hasard, avec un ami français, à la cinémathèque de Paris je suis tombé sur le film là dans lequel j’ai joué pour la première fois. C’était l’une des plus belles surprises de ma vie ! Bref, les circonstances de la vie ont fait que j’ai travaillé aux cotés de Moustapha Alassane à l’IRSH, avec l’aide de feu Djoulde Laya.
Et je me suis donc lancé dans la réalisation avec un documentaire fiction, "le Ballon" 35 mn sorti 1971. Ce qui m’a permis à l’époque d’avoir un peu de moyens et j’ai commencé l’écriture de mon premier long métrage de fiction, « L’Etoile noire » sorti en 1973. Mais je dois dire que s’il n’y avait pas Djouldé Laya à l’époque, je n’aurai pas pu progresser dans le cinéma, car il m’a beaucoup aidé, ainsi que quelques bonnes volontés qui m’ont appuyé au CELTHO, à la télévision scolaire. J’ai fait ce long rappel pour expliquer que le cinéma est ma passion depuis ma jeunesse; on fait un film avec la tête et le cœur. J’ai vécu beaucoup de situations dans ma carrière, des gens m’ont joué de sales tours, mais tout cela ne m’a pas découragé ; je suis resté assidu et persévérant dans mon travail, c’est cela ma force, c’est ce qui fait que j’arrive à faire toujours des films.
Qu’est ce qui justifie le rôle central de la femme dans l’ensemble de votre oeuvre cinématographique ?
Je réfléchi toujours sur un sujet avant de l’écrire. Pour ce qui est de ce dernier film que je viens de finir, "La femme noire du village", tout est parti d’une idée qui m’est venue en voyant une belle femme qui est ce qu’on appelle communément « bonne » ou travailleuse domestique. J’ai posé alors la question à mon épouse, lui disant : si l’homme chez qui cette dame travaille décide de la marier qu’est ce qui va se passer ? Mon épouse m’a répondu : mais, ce genre de cas est déjà arrivé ! Et elle m’a rapporté quelques histoires ; j‘ai ainsi décidé d’écrire mon scénario, que j’ai enrichi avec ses contributions, et celles d’autres personnes. C’est un peu comme ça pour les sujets de mes autres films comme "Aube noire". Mais pour la place de la femme dans mes films, c’est la réalité qui l’impose, car aujourd’hui ou hier, la femme est liée à tout ce que l’homme fait, même si elle est aussi celle qui perd, ou souffre dans cette interaction. On le voit dans "La femme noire du village" avec cette dame qui fuit la violence conjugale chez son mari au village pour se réfugier en ville où elle sera d’abord « bonne » avant de devenir l’épouse du patron, mais en endurant d’autres épreuves.
Cependant, ce n’est pas parce que je choisis délibérément de défendre la femme dans mes films. Je donne peut être l’occasion aux femmes de s’affirmer, se défendre, même si je constate que chez nous elles ne sont pas très cinéphiles ; elles ne se disent pas : ce cinéaste là fait des films pour nous, il faut le féliciter, ou l’encourager…je crois qu’il y a un problème de culture du cinéma, de motivation, de regard critique sur les films.
Vous assurez vous-même la production de vos films; pourquoi vous ne travaillez pas avec des producteurs professionnels ?
Les gens pensent que je ne veux pas de producteur ! Je me suis fait avoir par tous les producteurs que j’ai approchés, en Afrique et au-delà, j’ai même dû porter plainte contre certains. J’ai été victime d’escroquerie, de gens qui n’honorent pas leurs engagements. Ici au Niger, je vais vers les institutions, mais rien ne vient d’elles. Dans ce dernier film, il n’y a pas la participation de ces institutions sur lesquelles les cinéastes doivent compter. Pour les producteurs, on n’en a pas vraiment ici, mais il y a des gens qui promettent et qui ne tiennent pas parole, j’en ai vu beaucoup.
Vous arrivez quand même à sortir vos films…
En réalité, moi, mon seul « producteur », ces dernières années c’est le président Mahamadou Issoufou ; avant qu’il ne soit au pouvoir, je ne connais pas un autre président qui m’a soutenu. Il m’a vraiment aidé. J’ai aussi quelques personnes qui m’encouragent et je travaille avec des jeunes qui me font confiance. Concernant la diffusion, pour ce nouveau film, j’ai des contacts avec la salle Canal Olympiya de Niamey. Il y aura des diffusions et peut être que le film sera dans d’autres salles.
En tant que doyen des cinéastes nigériens comment appréciez-vous aujourd’hui la situation du cinéma dans le pays, et quels genres de rapports avez-vous avec les jeunes qui sont dans ce domaine ?
Il faut dire que la situation n’est pas du tout bonne ; actuellement les cinéastes sont confrontés à de multiples difficultés et ne savent sur quelle structure compter. Personnellement je me base sur mes relations. Pour les jeunes, c’est à eux de venir vers moi ; et je travaille avec eux. On apprend les uns des autres, et ces jeunes ont aujourd’hui plus d’opportunités avec les outils et moyens techniques modernes qui facilitent le travail.
Entretien réalisé par Souley Moutari(onep)
15 septembre 2020
Source : http://www.lesahel.org/
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Chapeau A Diffa, Il y a une satisfaction générale par rapport aux résultats atteints par le programme SECURISER. Mais les efforts doivent se poursuivre. D’ores et déjà, nous travaillons avec l’Union Européenne et l’Agence Française de Développement (AFD) sur la prochaine génération de projets à développer au profit des populations de Diffa.«A Diffa, les forces armées ont empêché Boko Haram d’avoir un sanctuaire et le programme SECURISER a posé les jalons d’une stabilité durable», estime le Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix
Pouvez-vous nous présenter la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, sa mission et ses objectifs?
La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) est une institution nationale, rattachée à la Présidence de la République. Elle est animée par des cadres civils et militaires. Elle est chargée de la prévention des conflits et de la mitigation des impacts de ces conflits quand ils se déclarent. Elle travaille également à permettre aux Forces Armées d’évoluer dans un contexte favorable avec le soutien des populations. C’est ce qu’on appelle l’approche globale dans les conflits. Cette approche nous permet de répondre aux crises avec une vision globale. Car, dans une crise, il y a généralement plusieurs dimensions ou facteurs : économiques, sociaux, facteurs liés à la gouvernance, aux croyances….Tenant compte de ces aspects, même face à des crises telles que, celle que cause Boko Haram, nous considérons que la réponse ne doit pas être seulement militaire. La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix fait donc de la gestion de crise de manière non létale, en utilisant d’autres instruments, tels que : la création d’opportunités économiques, la sensibilisation, la formation, l’écoute et l’accompagnement des communautés.
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Le Niger dispose désormais d’une Stratégie Nationale de Sécurité Intérieure (SNSI) qui, vise à faire de notre pays un espace de paix, de sécurité et de stabilité favorable au développement durable. Pour élucider et décortiquer cette stratégie nous avons échangé avec le Commissaire Général de Police Kaka Abdoulaye, inspecteur général de services de sécurité en mission à Tillabéri dans le cadre de la vulgarisation de la SNSI. Dans cet entretien, le commissaire général Kaka Abdoulaye évoque l’intérêt d’une telle stratégie dans un contexte marqué par l’insécurité grandissante ainsi que le rôle des différents acteurs.
Commissaire Kaka, vous êtes à pieds d’œuvre pour dévoiler les contenus des Stratégies Nationales de Sécurité Intérieure. Pourquoi ces stratégies ?
La stratégie nationale de sécurité intérieure est le cadre de référence général en matière de sécurité au Niger. Elle couvre tous les domaines de sécurité de manière générale. Elle a trois axes notamment l’adaptation des forces de sécurité intérieure aux nouvelles menaces, la consolidation des forces de sécurité intérieure et les relations de confiance entre les forces de sécurité et les populations.
Quelles sont les différentes activités prévues dans le cadre de la mise en œuvre de ces stratégies ?
Chacune des stratégies a, ce qu’on appelle, des plans d’actions. Ces plans d’actions sont déclinés en programmes et les programmes en actions avec des budgets pour pouvoir faire face à la situation. Le troisième axe que j’ai tantôt évoqué est si important, qu’il a été spécialement développé. En effet, les relations de confiance avec les populations, c’est-à-dire la stratégie nationale de la sécurité de proximité fait partie de la stratégie nationale de sécurité intérieure. Ainsi, mais compte tenu du fait qu’il s’agit d’une matière spéciale qui en fait une police locale, une police de proximité elle a été érigée elle-même comme une stratégie spéciale. La stratégie nationale de sécurité de proximité est, en d’autres termes, une stratégie de sécurité contextualisée adaptée au contexte de nos régions. Ce qui veut dire que chaque région aura son propre plan qui est adapté à ses réalités. D’une région à une autre, d’une commune à une autre, les plans ne seront pas les mêmes. Cette stratégie va nous éviter de travailler dans des généralités.
Quels sont les acteurs pour la mise en œuvre de ces stratégies?
Les acteurs c’est pratiquement tous les principaux responsables des Forces de Défense et de Sécurité, toutes les forces que ça soit de défense ou intérieures sont prises en compte. Il y a aussi les autorités administratives et politiques, les gouverneurs, les préfets, les maires, les responsables communautaires, les chefs traditionnels, les associations des jeunes, des femmes et des commerçants, les chefs religieux de toute obédience, les acteurs de la la société civile.
Dans quelle condition ces stratégies ont-elles été élaborées ?
C’est une méthode inclusive et participative.On n’a oublié personne. Tous les principaux acteurs dans une localité donnée sont pris en compte. C’est une nouvelle méthode qui est la coproduction de la sécurité.Désormais, la sécurité ne sera plus seulement une affaire de spécialistes traditionnels mais plutôt l’affaire de toute la population, de toutes les composantes de la société.
Mon commissaire, concrètement quel est l’intérêt de ces stratégies pour notre pays ?
L’intérêt c’est que désormais on a un document unique de référence en matière de sécurité. D’abord pour la SNSI, elle constitue cette fois-ci un cadre unique de référence. Chaque responsable en faisant sa programmation doit se référer à ce document unique. D’autre part, si nos partenaires extérieurs viennent, nous allons leur dire de se référer à ce cadre de référence alors qu’avant, ce n’était pas comme ça. Cette fois-ci on a une stratégie unique, précise pour tous les Nigériens. Le plus important est que cette stratégie a été érigée en loi, c’est-à-dire que tous les gouvernements qui vont se succéder vont se référer à ce document jusqu’à 2035. Cela va nous éviter d’aller de gauche à droite. Maintenant on a une vision claire et cohérente, une ligne bien tracée dans cette matière-là. Désormais, on n’aura pas besoin d’aller dans des éternels recommencements.
Quels sont les facteurs qui dégradent la situation sécuritaire dans notre pays ?
Nous avons identifié 11 menaces importantes qui dégradent la situation sécuritaire de notre pays. La menace numéro 1 et la plus importante qui plane sur notre pays c’est le terrorisme. Il y a aussi la criminalité transnationale organisée, c’est-à-dire les trafics du carburant, de drogue, de cigarettes, d’êtres humains, etc. Toutes les différentes formes de trafics sont des menaces pour notre sécurité, car ce sont ces activités qui alimentent le terrorisme ; c’est avec ces trafics que le terrorisme arrive à s’autofinancer. Il y a aussi les nouvelles menaces telles que la cybercriminalité, les menaces traditionnelles telles que les accidents de la route qui tuent énormément. Au-delà de ces menaces nous avons ce qu’on appelle les vulnérabilités, c’est-à-dire des faiblesses que nous avons.Parmi ces faiblesses, il y a l’immensité du territoire. Quand vous prenez la frontière avec l’Algérie, il n’y a qu’un seul poste de police à Asmaka. Quand vous prenez la frontière avec le Tchad vous n’avez qu’un ou deux postes. C’est extrêmement insuffisant pour contrôler le maillage et c’est ce vide-là qui est utilisé par l’ennemi. Il y a que 20% du territoire qui est dansement peuplé. Sinon les 80% sont désertiques. Il y a peu de population et les terroristes utilisent justement ces endroits vides pour pouvoir prospérer. Il y a aussi l’insuffisance des Forces de Défense et de Sécurité, parce que le ratio universel c’est un soldat pour 100 personnes. Au Niger, nous sommes à un soldat pour 600 personnes. Donc nous sommes très loin du ratio.
La SNSI propose-t-elle des solutions à toutes ces menaces et vulnérabilités évoquées ?
En effet! Cette stratégie a tout pris en compte. C’est pourquoi on va développer un maillage stratégique. Nous allons essayer d’occuper davantage le terrain. Ainsi, le Gouvernement s’est engagé à doubler dans les 5 ans à venir les effectifs des Forces de Défense et de Sécurité pour améliorer le maillage et aussi pour rapprocher la justice des justiciables. On va créer des nouveaux commissariats, de nouvelles brigades, de nouvelles unités, etc. Il y aura également beaucoup de tribunaux. Il faut que l’administration soit proche de la population, les services de base en matière de la sécurité vont être rapprochés des populations. Concernant les accidents de la route, nous allons faire en sorte que les infrastructures routières soient améliorées mais également travailler sur les comportements des Nigériens au volant.
Qu’est-ce qui est attendu des populations et des acteurs de mise en œuvre de ces stratégies ?
Nous plaidons pour le changement des mentalités sur les questions de sécurité et en général sur les comportements citoyens. D’abord, il faut que les autorités traditionnelles que sont les responsables des forces de défense et de sécurité puissent se rapprocher davantage des populations, parce que sans la population toutes les missions seront vaines. Il faut que les autorités locales fassent le nécessaire pour s’intégrer au comité de base et que les communautés de base à leur tour changent de comportement vis-à-vis de ces autorités. Nous sommes tous citoyens et frères. Les agents de forces de défense et de sécurité ne sont pas des gens venus d’ailleurs. Par conséquent ils sont là pour travailler au profit des populations. C’est dans ces deux sens-là qu’il doit y avoir un changement de mentalité. Il ne s’agit pas seulement de réclamer ses droits mais il faut accepter de faire face à ses obligations. Nous demandons un changement de comportement à tous les niveaux. Il faudrait que les citoyens s’approprient de ces différents textes.
Réalisé par Abdoul-Aziz Ibrahim, ONEP Tillabéri
Source : http://www.lesahel.org
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Créé en 1968 à Niamey au Niger, le Centre de Recherche et de Documentation pour la Tradition Orale (CRDTO) fut intégré en 1974 dans l’organigramme de l’Organisation de l’Unité Africaine sous le nom de Centre d’Etudes Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO). Ce Bureau Spécialisé de l’Union Africaine installé à Niamey est considéré comme un des deux bras qui aident la Division de la Culture de la Commission de l’Union Africaine basée à Addis-Abeba à embrasser l’ensemble du secteur culturel africain ; le second étant l’Académie Africaine des Langues (ACALAN) basée à Bamako au Mali. Dans cet entretien, le Coordonnateur du CELHTO, M. Komi N’Kégbé Fogâ TUBLU souligne la pertinence du choix du thème «Arts, culture et patrimoine : levier pour l’édification de l’Afrique que Nous Voulons » par l’UA pour l’année 2021. Il annonce les activités prévues par leCELHTO dans le cadre de la mise en œuvre de cette thématique. M. Komi N’Kégbé Fogâ TUBLU évoque aussi les divers appuis qu’apporte le CELHTO aux organisations et acteurs du domaine de la culture.
Cette année, l’Union Africaine a choisi pour thème «Arts, culture et patrimoine : levier pour l’édification de l’Afrique que Nous Voulons». Monsieur le Coordonnateur du CELHTO quelle appréciation portez-vous sur ce choix ?
Merci de me donner l’occasion d’entretenir vos lecteurs sur la thématique choisie cette année par l’UA qui est la suivante : «Arts, culture et patrimoine : levier pour l’édification de l’Afrique que Nous Voulons».
Il faut d’abord rappeler que lors de la 24ème session ordinaire de la Conférence de l’UA qui s’est tenue à Addis-Abeba en Ethiopie, les 30 et 31 janvier 2015, les chefs d'État et de gouvernement avaient adopté l’«Agenda 2063 : L’Afrique que nous voulons». Ce document est le cadre stratégique du continent qui vise à atteindre son objectif de développement inclusif et durable afin de devenir une puissance mondiale à l’horizon 2063.
Dans cet Agenda, il est défini une vision et sept aspirations qui sont les piliers qui doivent soutenir cette Afrique que nous voulons. L’aspiration 5 est celle d’"une Afrique dotée d'une identité, d'un patrimoine commun, de valeurs partagées et d'une éthique culturelle forte".
En choisissant donc le thème de cette année, l’UA entend mettre pleinement les arts, la culture et le patrimoine à contribution pour hâter l’édification de cette Afrique que nous appelons de tous nos vœux. C’est donc un choix en parfaite adéquation avec l’Agenda 2063.
En ce qui concerne le CELHTO qui est partie prenante dans la mise en œuvre du plan d’actions de l’UA sur cet ambitieux thème, quelles sont les actions prévues ?
Pour la mise en œuvre de cette thématique, une feuille de route a été adoptée par les Chefs d'État et de gouvernement de l'UA. Le Centre d'Études Linguistiques et Historiques par Tradition orale (CELHTO) qui est un Bureau Spécialisé de l’UA basé à Niamey mettra en œuvre des activités parmi lesquelles : le lancement le 15 février 2021 de l’appel à contributions du numéro 7 de la Revue scientifique «Les Cahiers du CELHTO» ; le lancement le 30 mars de deux études sur les mécanismes endogènes de prévention, de gestion et de résolution de conflits en Afrique centrale et de l’Est ; l’organisation le 9 avril de l’Atelier virtuel de validation des statuts du CELHTO ; le 18 avril, célébration de la Journée internationale des Monuments et des Sites en partenariat avec le Ministère nigérien en charge de la culture ; le 23 avril, Journée internationale du livre : organisation d’une journée porte ouverte du CELHTO dénommée "UN VISITEUR, UN LIVRE" ; la Présentation le 29 avril du numéro 6 de la revue scientifique du CELHTO consacré à la question de la restitution des biens culturels africains. Pendant le mois de mai, à partir du 5, il y a la célébration de la Journée du patrimoine mondial africain en partenariat avec le Fonds du patrimoine mondial africain ; le 18 mai, célébration de la Journée internationale des musées en partenariat avec le Musée National Boubou Hama de Niamey ; le 25 mai, célébration de la Journée de l’Afrique par la participation à un webinaire organisé par le Bureau UA de Bruxelles. Le 20 novembre est prévue la publication de l’étude sur les mécanismes endogènes de prévention, de gestion et de résolution des conflits en Afrique de l’ouest.
Selon vous, peut-on véritablement espérer grand-chose concernant les objectifs visés par l’UA en voulant faire des arts, de la culture et du patrimoine, un levier pour l’édification de l’Afrique, quand on sait que le secteur en question est le parent pauvre des politiques publiques dans la plupart des pays du continent ?
Il est vrai que le secteur de la culture ne bénéficie pas de toute l’attention dans les politiques publiques des États membres. Et c’est justement une des raisons qui fondent le choix de ce thème. Il s’agit, entre autres, d’inciter les décideurs politiques à accorder plus d’importance à la culture, en allant au-delà des discours et des slogans. À cet effet, l’UA a organisé, le 25 mars dernier, le deuxième forum des Ministres africains en charge de la culture, des arts et du patrimoine qui a permis de présenter aux États la note conceptuelle du thème de l’année ainsi que sa feuille de route et d’échanger sur les activités à mettre en œuvre dans les pays.
Est-ce qu’il y aura des actions déterminantes dans les pays africains en vue de la mise en place de véritables industries culturelles et créatives pour accompagner ce regain d’attention pour le secteur de la culture dont ils semblent faire montre aujourd’hui ?
Bien évidement. L’UA travaille ardemment à cela et dispose, à cet effet, de deux outils essentiels : la Charte de la Renaissance culturelle africaine et le plan d’action sur les industries culturelles et créatives dont la version révisée a été adoptée par les États membres le 30 mars 2021. En outre, les États ont été exhortés, durant le deuxième forum des ministres, à œuvrer pour faire des industries culturelles et créatives des leviers importants du développement.
«Il s’agit, entre autres, d’inciter les décideurs politiques à accorder plus d’importance à la culture, en allant au-delà des discours et des slogans», affirme M. Komi N’Kégbé Fogâ TUBLU
Monsieur le Coordonnateur, au-delà de la question du thème de l’UA pour cette année, quels sont les rapports que le CELHTO entretient avec les acteurs du domaine des arts et de la culture des différents pays, à commencer par le Niger où vous êtes basés ?
Nous avons l’habitude de dire que le CELHTO est un des deux bras qui aident la Division de la Culture de la Commission de l’Union Africaine basée à Addis-Abeba à embrasser l’ensemble du secteur culturel africain ; le second bras étant l’Académie Africaine des Langues (ACALAN) basée à Bamako au Mali.
A cet effet, le CELHTO a trois cœurs de cible que sont : les institutions culturelles étatiques, les milieux universitaires et la société civile culturelle de l’ensemble du continent. Avec chacun d’eux, nous avons des rapports étroits de collaboration et d’accompagnement.
Par exemple, pour les institutions culturelles étatiques, nous apportons des appuis techniques et/ou financiers ; pour les milieux universitaires, nous organisons régulièrement des rencontres scientifiques permettant de faire le point sur des thématiques de recherches et nous disposons aussi d’une revue scientifique qui offre un espace de réflexion et de publication aux chercheurs. Nous avons aujourd’hui, à notre actif, environ 150 publications scientifiques. Nous offrons aussi des subventions aux jeunes chercheurs dans le cadre de leur master ou thèse.
En ce qui concerne la société civile culturelle, nous faisons des renforcements de capacités aux acteurs et donnons également des appuis techniques et/ou financiers à des manifestations culturelles.
Au Niger spécifiquement, nous avons développé des partenariats avec les ministères en charge de la culture, du tourisme, de l’enseignement supérieur et des langues nationales.
En ce qui concerne le milieu universitaire nigérien, le CELHTO a signé un accord-cadre de coopération avec quatre des huit universités publiques nigériennes et met en place divers accompagnements des filières, des laboratoires ainsi que des associations d’étudiants. Le CELHTO met aussi à la disposition des chercheurs son centre de documentation disposant de ressources énormes.
Le CELHTO est aussi partenaire technique et/ou financier de divers festivals et activités culturelles du Niger : Parole de femmes, Sahel Hip Hop et Musiques du monde, RIR à Niamey, Festival Galgajia de Mayahi, Festival de l'Aïr.
C’est depuis le Niger que nous rayonnons sur l’ensemble du continent.
Entretien réalisé par Souley Moutari
08 avril 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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L’Agence Nationale de la Propriété Industrielle et de la Promotion de I’Innovation (AN2PI), créée par la loi N°2012-25 du 02 mai 2012, est un établissement public à caractère professionnel sous la tutelle du Ministère en charge de l’Industrie. Elle est née ainsi de la volonté des autorités de promouvoir la protection de la propriété industrielle et d’encourager l’innovation technologique à travers le système des brevets ou tout simplement l’exploitation de la documentation brevets. Dans cet entretien exclusif, le Directeur Général de ladite agence, M. Yambèye Ibrahima nous parle de la mise en œuvre de la politique nationale en la matière.
Monsieur le Directeur Général, l’AN2PI met en œuvre la politique de l’Etat en matière de propriété industrielle et de promotion de l’innovation. Voudriez-vous nous parler des mécanismes de sa mise en œuvre ?
Je vous remercie d’abord de l’intérêt que vous accordez à notre institution en me donnant l’occasion de parler de notre principale mission qu’est la mise en œuvre de la politique nationale en matière de la propriété industrielle et promotion de l’innovation.
L’AN2PI dispose d’une unité chargée de la protection des créations techniques (brevets d’invention...), d’une unité chargée de la protection des créations commerciales (marques, noms commerciaux, dessins et modèles...), d’un centre de documentation en propriété intellectuelle et d’un centre d’appui à la technologie et à l’innovation. Nos missions consistent à promouvoir la protection et l’utilisation de la propriété industrielle; promouvoir les activités en matière d’innovation et de développement technologique; lutter contre la contrefaçon; assurer le relai de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI); appuyer les utilisateurs pour la formulation de leur demande de protection; sensibiliser les chercheurs, industriels, opérateurs économiques et artisans sur la protection de leurs créations et le respect des droits de propriété industrielle; vulgariser la propriété industrielle au niveau national; renforcer l’application des droits et lutter contre la contrefaçon en coopération avec la justice, la douane et la police; promouvoir l’innovation; recevoir les demandes d’assistance et d’intervention des titulaires des titres de propriété industrielle pour faire respecter leurs droits et agir à cet effet, de concert avec les administrations compétentes.
Quel est l’état de la mise en œuvre de cette politique et quel est son apport dans la promotion de la technologie industrielle au Niger ?
Nous venons d’élaborer un Plan National de Développement de la Propriété Intellectuelle et de l’Innovation financé par l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) dont l’objectif principal est de contribuer au développement économique et social du Niger à travers l’utilisation du système de la PI qui est un puissant catalyseur de développement technologique.
Le développement rapide de certains pays d’Asie est en grande partie fondé sur une utilisation stratégique su système de la Propriété Industrielle. Ce plan qui sera bientôt adopté par le Gouvernement est décliné en six (6) axes prioritaires: renforcement institutionnel et juridique; promotion de la protection et de l'utilisation de la Propriété intellectuelle; réforme de la recherche scientifique et technique; protection des indications géographiques; valorisation des actifs de la propriété intellectuelle; médiatisation de la propriété intellectuelle. Pour le moment, nous mettons en œuvre le plan stratégique 2018-2022 de l’Organisation africaine de la Propriété Intellectuelle qui vise les mêmes objectifs. La mise en œuvre de ce plan et de quelques actions financées par la subvention de l’Etat ont permis de rehausser nos indicateurs en termes de demandes de titres déposées à l'AN2PI et de titres délivrés par l’OAPI en brevets d’invention, marques, noms commerciaux, indicateurs géographiques etc. Ce qui nous a permis d’ailleurs d’occuper en 2019 la 2ème place parmi les 17 Etats membre de l’OAPI sur le plan de la bonne gestion et la mise en œuvre efficace du plan stratégique.
En termes de propriété industrielle, quelles sont aujourd’hui les inventions phares qui honorent notre pays ?
Les inventeurs nigériens, malgré leurs moyens limités arrivent à mettre au point des inventions pertinentes. Nous avons aujourd’hui dans notre base de données 53 inventions de nigériens dont 23 sont exploitées pour lesquelles des brevets d’invention ont été octroyés par l’OAPI. Sans occulter les autres inventions, je vais juste souligner les exemples d’inventions ci-dessous qui peuvent apporter une grande amélioration dans le contexte du développement économique de notre pays. Il s’agit de: « Procédé amélioré de construction de bâtiments et de piédroits d’ouvrages hydrauliques (caniveaux, dalots) en dur à l’aide de briques fourchues aux parois transversales échancrées sans mortiers de pose ni coffrage ni serre-joints » de Mr Moussa Habou; de l’ « Arrosoir goutteur à programmation semi-automatique » de Monsieur Hassane Bissala; du « Support de moustiquaire en tubes encastrables, extensible et compressible pour servir à toutes les dimensions de lit » de Dr Hassane Idrissa; de l’ « Appareil de mesure piézométrique, de paramètres physico-chimiques et de détermination de métaux lourds » de l’Université Abdou Moumouni de Niamey; du « Système de télé irrigation » de Abdou Maman; et du « tuteur arboricole » de Hassane Bissala Yahaya.
Y a-t-il des contraintes à l’invention technologique au Niger ?
Les contraintes, il n’en manque jamais. Je voudrais juste parler ici du manque d’investissement dans la recherche développement et de l’absence d’un cadre d’écosystème d’innovation qui prendra en compte tous les acteurs. Plusieurs solutions ont été proposées dans le document du plan national de développement de la propriété intellectuelle.
A l’ère de la Zone de libre-échange continental africaine qui s’ouvre, nos industries se doivent d’être suffisamment compétitives, donc innovantes. Sont-elles à la hauteur ou peuvent-elles l’être, selon vous ?
Je suis d’avis avec vous. Dans le cadre de la mise en œuvre de la ZLECAf nos entreprises, à l’instar des entreprises de beaucoup d’autres entreprises auront des défis énormes. Elles doivent être encore plus compétitives pour que leurs produits et services soient acceptés par les consommateurs. Je pense que pour cela, l’Etat doit les accompagner dans développement des infrastructures appropriées, des unités industrielles, la création des chaines de valeurs et l’application des normes de qualité.
Que faut-il entendre de la propriété intellectuelle et quel est son cadre législatif ?
La propriété intellectuelle, relève des œuvres d’art et d’invention qui naissent de l’esprit humain. Elle se divise en deux parties : la propriété Industrielle dont nous avons en charge régie par la Convention de Paris de 1883 et la propriété littéraire et artistique gérée par le BNDA régie par la convention de Berne de 1886. La Propriété industrielle comprend les créations industrielles et les créations commerciales. L’accord de Bangui est la législation nationale en matière de propriété industrielle.
Avez-vous quelque chose d’autre à ajouter ?
Je demande aux plus hautes Autorités du Niger d’accorder plus de priorité au secteur de l’industrie tout en mettant l’accent à l’utilisation stratégique du système de la Propriété Intellectuelle pour le développement économique et social du pays.
L’exemple de la Chine est, à cet égard, éloquent. En effet, grâce à la mise en œuvre de la stratégie nationale de propriété intellectuelle, les entreprises chinoises font partie du top 10 des plus gros déposant de brevets d’invention au Monde.
Par Ismaël Chékaré(onep)
04 juin 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Depuis 2017, le processus de restitution des biens culturels africains se trouvant en France notamment, est en marche avec la volonté exprimée dans ce sens par le président français Emmanuel Macron. A ce sujet, un rapport publié en 2018, par l’universitaire sénégalais Felwine SARR et son homologue de la France Bénédicte SAVOY, fait état de dizaines de milliers d’objets d’art d’Afrique subsaharienne dans les collections publiques françaises. Statuettes, bijoux, masques, peintures et même 518 volumes à la Bibliothèque nationale. Ces biens culturels se sont retrouvés en France comme butins des conquêtes coloniales ; legs de "particuliers", héritages de familles des colons, suite à des missions ethnographiques ou des achats pas toujours légaux sur le marché de l’art.
Le vote d’une loi par l'Assemblée nationale française le 6 octobre 2020, sur la restitution avec transfert de propriété de biens culturels au Sénégal et au Benin constitue un palier important dans la concrétisation de cette volonté exprimée de part et d’autre.
En ce qui concerne le Niger, cette question est abordée dans cet entretien avec le Directeur Général du Patrimoine Culturel, des Arts et de l’Economie Culturelle, M. Danladi Adamou. Sont évoqués, entre autres, la quantité des biens concernés, la démarche en vue de leur restitution; la question de la conservation des objets qui seront restitués et en général du patrimoine matériel et immatériel du Niger.
Le processus de restitution par l’Occident des biens culturels aux pays africains est en cours. Pour ce qui est du Niger quels sont, M. le Directeur Général, les biens qui constituent le patrimoine concerné par cette restitution ? Et dans quels pays occidentaux se trouvent ces objets ?
Le processus de restitution des biens culturels africains dans leurs pays d’origine a été véritablement déclenché depuis l’annonce le 28 novembre 2017 à Ouagadougou, du Président de la République française, Emmanuel Macron, de s’investir pour la restitution temporaire ou définitive du patrimoine africain gardé en France. Dans cette perspective, deux experts M. Felwine SARR, Professeur à l’époque à l’Université Gaston-Berger de Saint-Louis (Sénégal) et la française Mme Bénédicte SAVOY, Professeure d’histoire de l’art à la Technische Universität de Berlin (Allemagne) ont été commis pour évaluer les biens culturels africains gardés en France dont le rapport transmis le 23 novembre 2018 fait état de 66.980 biens culturels identifiés dans les institutions muséales françaises et particulièrement au Musée de Quai Branly. Dans ce rapport, le Niger compte 1.615 objets de divers types couvrant la période de 1884 à nos jours. Ces données concernent pour le moment les biens référés uniquement en France en attendant de poursuivre l’identification dans les autres pays occidentaux.
{xtypo_quote} «Le Ministère en charge de la Culture envisage la mise en place d’une commission spécialisée pour la communication et le travail technique et scientifique pour un retour réussi des biens culturels nigériens détenus en France et ailleurs», annonce M. Danladi Adamou{/xtypo_quote}
Est-ce que le Niger a manifesté la volonté de récupérer ses biens qui sont dans les pays occidentaux ?
La 54ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, tenue le 22 décembre 2018 à Abuja au Nigéria, a adopté une Déclaration de Politique sur le retour des biens culturels africains dans leurs pays d’origine. Cela prouve que le Niger est engagé et partie prenante dans cette dynamique africaine de restitution des biens culturels. Aussi, notre pays participe à tous les échanges sur la question en témoigne sa participation en 2019 à l’atelier des directeurs généraux du patrimoine et à la réunion des ministres de la Culture de l’espace CEDEAO en vue d’élaborer et adopter le plan stratégique à mettre en œuvre concernant le retour, la conservation et la valorisation des biens culturels qui seront restitués.
Quelles sont alors les démarches effectuées par les autorités nigériennes en vue du rapatriement du patrimoine en question ?
Le Niger respecte et contribue à la mise en œuvre des décisions prises au plan africain ou communautaire concernant le retour des biens culturels dans leurs pays d’origine. Il faut noter aussi, le renforcement du cadre juridique amorcé par notre pays à travers le processus engagé d’adhésion à la Convention d’UNIDROIT de 1995 concernant les biens culturels volés ou illicitement exportés. C’est un instrument normatif efficace qui facilite les cas de restitution de biens culturels. En outre, le Ministère en charge de la Culture envisage la mise en place d’une commission spécialisée pour la communication et le travail technique et scientifique pour un retour réussi des biens culturels nigériens détenus en France et ailleurs.
Est-ce que le Niger dispose d’un cadre adéquat pour conserver ses biens culturels qui se trouvent dans les musées et d’autres institutions des pays occidentaux ?
Le Niger est doté d’institutions de conservation et de recherche notamment les musées, les centres de documentation et d’autres structures de production et diffusion qui jouent un grand rôle dans la conservation du patrimoine culturel. Mais, pour disposer d’un cadre approprié devant accueillir, mieux conserver et gérer de manière durable les biens culturels qui seront restitués, des mesures doivent être prises pour renforcer les capacités techniques des institutions muséales ou assimilées et identifier à cet effet des ressources humaines.
Comment se fait actuellement la conservation et la valorisation du patrimoine matériel, immatériel qui se trouve sur le territoire national ?
Au Niger, la conservation et la valorisation des biens matériels et immatériels se passent dans des conditions difficiles liées principalement à l’insuffisance des moyens et du personnel qualifié, mais aussi à l’absence de système performant de documentation des biens identifiés. Aujourd’hui, la priorité principale est de développer les inventaires systématiques du patrimoine culturel dans une approche participative et de créer une base de données afin d’assurer durablement la sauvegarde et faciliter l’exploitation des ressources patrimoniales matérielles et immatérielles à des fins de recherche, d’éducation et de production.
Entretien réalisé par Souley Moutari(onep)
19 mai 2021
Source : http://www.lesahel.org/
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Au cours du mois de décembre dernier, la ville de Dosso a été secouée par une vague d’actes criminels ayant fait plané une atmosphère d’insécurité au sein de la Cité des Djermakoye. En effet, des conducteurs de taxi moto ou Kabou Kabou ont déjà perdu leur vie dans cette situation. Le dernier meurtre est le cas d’une jeune femme de 23 ans qui a été assassinée dans un établissement scolaire. Face à cette insécurité, les forces de défense et de sécurité ont été mobilisées pour permettre à la population de la ville de vivre en toute quiétude. Le directeur régional de la police nationale de Dosso, le Commissaire principal de police Moutari Mamadou Doumbia évoque dans cet entretien les dispositions prises dans ce sens.
Monsieur le Directeur régional de la police nationale de Dosso, comment réagissezvous face à cette vague d’actes criminels qui fait planer l’insé curité au sein de la ville de Dosso ?
Nous avons déjà pris des dispositions au niveau de la région parce que nous avons un cadre de concertation qui est le conseil régional de sécurité qui réunit les différents responsables de la sé curité et des structures de l’administration dont la justice et le gouvernorat. Régulièrement on se réunit autour du gouverneur qui préside le conseil dont je suis le coordonnateur pour parler des questions de sécurité. Chacun donne son point de vue et on prend les dispositions qui s’imposent.
À l’issue de notre dernière réunion du conseil de sécurité, il a été envisagé d’intensifier la patrouille. C’est ainsi qu’on a sollicité et obtenu de la collectivité un appui conséquent indépendamment de l’appui traditionnel que nous recevons de nos institutions.
Durant dix jours, du 20 au 31 dé cembre, les forces étaient en patrouille mixte nocturne renforcée de 22 heures jusqu’au petit matin pour ramener la tranquillité dans la ville de Dosso. Indépendamment du conseil régional de sé curité, nous avons un cadre de concertation qui concerne uniquement les responsables de la sécurité de la région. D’autre part, nous avons des services techniques spécialisés de la police qui nous appuient lorsqu’on est confronté à une situation assez délicate. Cela a été le cas lors de la dernière affaire d’assassinat d’une jeune femme à Dosso.
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Jeu traditionnel en léthargie pour ne pas dire en voie de disparition, le langa est, du jour au lendemain, en train d’être réhabilité à l’occasion des différentes fêtes nationales. En effet, depuis la création de la Fédération nigérienne du langa, ce jeu traditionnel est désormais inscrit sur la liste des activités socioculturelles et sportives. A l’occasion des grandes manifestations nationales comme la célébration des fêtes de la République ou les semaines scolaires, ce jeu traditionnel est inscrit dans les activités culturelles. Cela à l’image de la lutte traditionnelle, le Dambé, le Faka, le Charro et bien d’autres, etc. Dans cet entretien le Directeur Technique National du Langa, M. Bassirou Dan-Guéda explique les caractéristiques du jeu, ses règles mais aussi son importance dans la formation des jeunes.
Monsieur le Directeur, le Langa retrouve de plus en plus une place dans l’organisation des grands événements socioculturels et sportifs au plan national. Qu’est ce qui explique ce regain d’intérêt pour ce sport traditionnel ?
Il faut rappeler que le langa est un jeu traditionnel. Il est pratiqué dans toutes les régions de notre pays depuis la nuit des temps à la place publique du village où les jeunes faisaient la démonstration de leur force physique, de leur bravoure et de leur technicité, dans la joie, le fair-play et sous le regard des anciens et souvent sous les applaudissements et les youyous des jeunes filles. Malheureusement, ce jeu combien important pour la cohésion sociale tend à disparaitre. Mais au regard de son importance dans la société et pour la jeunesse, les autorités ont, après plusieurs réflexions, décidé de lui redonner toute son importance et sa place dans notre société. C’est pourquoi, aujourd’hui, ce jeu retrouve petit à petit ses lettres de noblesse.
Comment se pratique aujourd’hui ce jeu ? Est-ce qu’il y’a une différence avec la façon dont il se jouait par le passé dans nos villages ?
La seule différence fondamentale, c’est par rapport à la modernisation du jeu. Comme avec la lutte traditionnelle, il y’a la mise en place des principes du jeu et la limitation de l’espace, l’ère du jeu ou le terrain. Le jeu se pratique en duel ou de manière collective, le plus généralement en deux équipes de 6 joueurs chacune. Comme vous le savez, le jeu consiste à prendre un des pieds avec une des mains dans le seul but d’avoir un pied comme support et une main pour la défense. Le joueur se tient en cloche pied. Dans le principe du jeu, il est donc formellement interdit au joueur de marcher sur ses deux pieds. Lorsqu’il se joue entre deux équipes, il y’a dans l’une un roi ou «sarki» en haoussa. Donc pour marquer des points, l’équipe où se trouve le roi doit se battre avec l’équipe adverse pour créer un chemin qui va conduire le roi à son trône ou dans la maison du camp adverse. Dans le cas où le roi se fait tomber ou neutraliser, les points reviennent à l’autre équipe.
Dans sa forme actuelle ou modernisée, le langa se joue sur un terrain d’une dimension de 40m de longueur et 20m de largeur. Il est surveillé par 3 arbitres, dont un arbitre central et deux arbitres de touche, et une table technique qui supervise tout ce qui se passe. Mais le nombre de joueurs par équipe peut varier. Il peut-être de 6 à 10 en fonction de la catégorie des joueurs. Il faut aussi noter que chaque équipe dispose des remplaçants et le remplacement se fait comme dans certains sports, suite à une blessure ou à la fatigue.
Quelle appréciation faites-vous du niveau des jeunes dans cette reforme ou modernisation du jeu ?
Je suis très ravi du niveau des joueurs. Je trouve que le niveau est acceptable. Seulement il y’a nécessité de former les encadreurs en vue de rehausser leur niveau pour la formation des jeunes. Il faut que la formation à la base soit renforcée pour permettre à ces jeunes d’avoir le temps nécessaire de pratiquer et d’apprendre les principes du jeu.
En tant que technicien, de quoi avez-vous besoin alors pour aller vers la professionnalisation de ce jeu ?
Le principal besoin c’est toujours le renforcement des capacités des jeunes joueurs. Donc notre ambition, c’est de voir au niveau des régions la mise en place des équipes dans plusieurs catégories de compétition, en homme et en dame. Aussi, il va falloir s’orienter vers la création des clubs en nombre et en qualité à tous les niveaux, communal, départemental et régional. Cela permettra d’avoir beaucoup de compétitions dans la discipline et susciter l’institutionnalisation d’un championnat national et d’une coupe nationale. Pour cela, l’accompagnement de l’Etat au plus haut sommet est une nécessité. C’est dans cette condition que le langa pourra susciter un engouement comme la lutte traditionnelle. Sinon, ce jeu risque de retomber dans une autre léthargie qui conduira peut-être à sa disparition.
Quels peuvent être les autres avantages de ce sport selon vous ?
Toute activité physique et sportive est une bonne chose pour la santé. Donc le langa ou la pratique du langa permettra aux jeunes dès le bas âge de se développer et de maintenir un état de santé propre. Le langa est avant tout un jeu, donc il permet de créer les conditions du brassage, des liens, de solidarité et de l’unité entre les filles et les fils du pays. Le langa a besoin d’être perfectionné afin de se développer au Niger, on peut s’en servir en vue de renforcer la cohésion sociale entre les filles et les fils de la nation.
Propos recueillis par Ali Maman(Onep)
13 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/
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En prélude à la deuxième réunion interministérielle sur le pipeline export Niger-Bénin qui s’est tenue du 9 au 11 mars 2023 à Agadem, le gouverneur de la Région de Diffa M. Smaine Youssousse avait entrepris une série de campagnes de sensibilisation dans le département de N’Gourti. Pendant ce périple, le gouverneur a échangé avec les communautés issues des villages, tribus, groupements et campements sur la sécurité, la cohésion sociale, le rapport entre les sociétés chargées de l’exploitation pétrolière et les populations locales, les questions de l’emploi des jeunes, de la santé, de l’hydraulique, de l’environnement etc. Dans cet entretien, le gouverneur de Diffa nous décline l’objectif de cette tournée de sensibilisation.
Monsieur le gouverneur, vous avez entrepris une série de campagnes de sensibilisation dans la partie nord du département de N’Gourti où se trouve d’ailleurs les installations pétrolières de notre pays, quel est concrètement l’objectif de cette tournée ?
Je vous remercie beaucoup de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer par rapport à un sujet aussi important qui concerne la vie des populations particulièrement celles qui vivent là où les différentes sociétés chargées de l’exploitation pétrolière sont implantées. Cette visite a été initiée par le Ministère du Pétrole qui m’a contacté pour me demander d’effectuer une visite de terrain en prélude à la réunion interministérielle sur le pipeline export Niger-Bénin. Au regard de l’importance de cette visite conjointe Niger-Bénin, il fallait que je devance les ministres sur le terrain pour prendre contact avec les populations, les informer de l’arrivée de cette délégation à Agadem et leur présenter le cadre dans lequel se situe cette visite. C’est ainsi que nous avons profité de cette occasion pour sensibiliser les populations par rapport à la latitude qu’il faille avoir en contact avec les sociétés implantées dans la zone. En plus, j’ai expliqué à ces populations que les installations pétrolières sont les leurs. Elles doivent participer à leur sécurisation et leur protection. Ces sociétés pétrolières font quand même un excellent travail qui, à moyen et long terme, fournira de l’emploi aux jeunes.
Et quelle a été la réaction de la population au cours des échanges que vous avez eus avec elle ?
Les populations ont soulevé un certain nombre de préoccupations liées aux questions de l’eau, de l’éducation, de la santé (notamment les longues distances à parcourir pour l’évacuation des patients), de l’emploi des jeunes, de l’environnement etc. Nous avons échangé avec les différents hameaux; tribus et villages sillonnés. Je pense bien que nous nous sommes compris pour aller avec ces populations vers des solutions durables et des projets qui impactent véritablement la vie de ces populations. La zone pétrolière du département de N’Gourti, c’est-à-dire le bloc d’Agadem est une zone extrêmement difficile d’accès. Il s’agit justement de trouver des réponses efficaces à toutes ces préoccupations soulevées par les populations. D’ores et déjà, nous avons tracé une feuille de route avec les populations au cours des échanges. La substance de nos échanges avec les populations a été transmise aux différentes sociétés pétrolières et au ministre du Pétrole qui semble être attentif, soucieux par rapport à toutes les préoccupations qui concernent ces populations. Le déplacement du ministre du Pétrole avec son homologue du Bénin est une visite de haut niveau dans la mesure où ils sont venus voir de visu l’évolution de la construction du pipeline, échanger directement avec les responsables des sociétés, rencontrer les employés nigériens afin de s’enquérir de leurs conditions de travail et dégager les perspectives liées à l’exploitation du Pétrole. Le travail qui est en train d’être fait à Agadem va certainement permettre à notre pays d’amorcer un développement durable. Agadem est aujourd’hui une zone d’avenir et les jeunes de la Région ont des raisons d’espérer par rapport aux retombées et à l’impact de la présence de ces sociétés pétrolières et de l’exploitation.
Le chantier du pipeline est un ouvrage de grande envergure pour le Niger en général et particulièrement pour la région de Diffa, quel sera l’impact environnemental de ce projet sur les populations et leurs biens ?
L’impact environnemental est surtout perceptible au niveau des camelins qui constituent l’animal dominant de la zone, la reproduction des camelins, caprins et ovins. Aujourd’hui, par rapport aux chameaux qui sont la plus grande richesse au niveau de cette zone, on constate un ralentissement de la reproduction comparativement aux années antérieures. Avant, les chamelles se reproduisent annuellement. Ce qui n’est plus le cas ici. Une chamelle peut aujourd’hui faire quatre (4) ou cinq (5) sans mettre bas. Peut-être que cela est dû à la dégradation de l’environnement. Mais nous sommes en train de voir avec nos partenaires qui exploitent le pétrole sur place et le Ministère du Pétrole comment les populations qui vont être impactées seront appuyées afin d’atténuer les effets liés à l’impact environnemental. Cette année, la saison des pluies n’avait pas répondu aux attentes du monde pastoral dans cette zone. C’est la raison pour laquelle, nous avons demandé à ce qu’il soit mis à la disposition des éleveurs des aliments bétail afin que les animaux puissent supporter et traverser sans grande difficulté cette période de crise pastorale. Pour les populations, compte tenu des distances qui séparent les différents hameaux des marchés et autres, nous avons recommandé à ce que la vente à prix modéré soit effective partout dans la région afin que des populations puissent accéder aux vivres à des prix modérés.
Lors de la visite des différents chantiers du pipeline, vous aviez insisté sur le fait que l’électricité produite par les sociétés puisse bénéficier aux campements et villages environnants, est-ce que ce paramètre sera réellement pris en compte ?
Effectivement, notre souhait est que cela soit pris en compte. La production de l’électricité va attirer les populations vers les sites pétroliers. Les villages et hameaux vont vouloir venir s’installer tout autour. Ce scénario nous rappelle le peuplement de la ville d’Arlit qui avait commencé exactement dans les mêmes conditions. D’une petite ville, ce site va progressivement évoluer jusqu’à devenir une grande ville. Et les populations ont besoin d’un certain nombre de services tel que l’électricité qui fait partie de la sécurité. Je l’ai rappelé aux membres du comité interministériel sur le pipeline afin qu’ils puissent réfléchir de façon stratégique sur cet aspect qui est extrêmement important. Ce site ne restera pas toujours désert. Un jour, il sera une grande ville et toutes les populations qui viendront s’installer tout autour auront besoin de l’électricité. Cette dernière contribue au pouvoir économique des communautés qui profiteront pour faire du commerce.
Il y a eu récemment dans la ville de Diffa un regain d’insécurité qui s’est traduit par des enlèvements des personnes, quelles sont les dispositions qui ont été prises pour ramener la sérénité dans une zone déjà meurtrie ?
Ce sont des enlèvements des personnes qui n’ont pas prospéré parce que nous avons vite agi. Dès mon arrivée à Diffa comme Gouverneur, j’ai pris des arrêtés pour règlementer la circulation des tricycles à Diffa qui étaient impliqués dans les enlèvements. Nous avons juste demandé aux conducteurs des tricycles de se mettre en règle en ayant au moins les pièces nécessaires à la mise en circulation de ces engins-là. Ce qui est une bonne chose car, il est tout à fait normal que l’autorité marque sa présence en règlementant ce secteur pour qu’il n’y ait pas de pagaille, de désordre dans un contexte d’insécurité. Nous n’avons pas empêché aux tricycles de circuler, mais c’était juste pour ordonner les choses et faire en sorte que la loi soit respectée. Comment peut-on expliquer que des gens viennent dans la ville de Diffa enlever des personnes et qu’on dise que des tricycles sont impliqués ? Finalement, j’étais obligé d’immobiliser les tricycles au regard de la recrudescence des enlèvements. Actuellement, nous sommes dans le processus de filtrage de ces tricycles et de leurs conducteurs afin de s’assurer désormais que celui qu’on va autoriser à conduire dans la ville de Diffa soit discipliné et qu’il ne nous cause pas de problème par rapport à tout ce qui s’est passé auparavant. La situation sécuritaire de Diffa est calme parce que les Forces de Défense et de Sécurité maitrisent complètement la situation. La preuve, c’est que nous n’avons aucun élément de Boko Haram sur nos frontières. Les terroristes sont même en débandade.
Quel message particulier avez-vous à lancer à l’endroit de la population ?
Tout ce que je vais demander aux populations de la région de Diffa, c’est d’être patientes et résilientes parce qu’il y a de très belles perspectives. Il ne faut pas qu’elles se mettent dans le désarroi. Il faut qu’elles évitent de céder aux intoxications, qu’elles protègent les installations pétrolières qui sont les leurs. Les entreprises sont venues travailler ici, elles ont un contrat avec le Niger. Elles finiront par partir et la gestion de ces entreprises sera assurée par des Nigériens lorsqu’ils auront développés une expertise. C’est pourquoi, les populations ont intérêt à protéger ces infrastructures.
Réalisé par Hassane Daouda, Envoyé Spécial
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« Au cours de la période du 12 au 13 août, l’Unicef a organisé une campagne de distribution de la MILDA. Plus de 128 000 élèves ont bénéficié de cette action dans les départements d’Illéla et de Madaoua »Dans le cadre de ses appuis au gouvernement nigérien, l’Unicef a organisé en début du mois d’Août un voyage de presse dans les régions de Tahoua et Agadez. Au cours de cette mission, l’équipe de Tahoua s’est entretenu avec le gouverneur de cette région, M. Issa Moussa. Des échanges axés essentiellement sur le paludisme au sujet duquel le gouverneur nous a fait part de la situation dans son entité en évoquant notamment les différentes actions menées par les services compétents avec le soutien des partenaires. Au nombre de ces actions, la sensibilisation de la population pour le respect des règles d’hygiène et l’utilisation des moustiquaires surtout en cette saison pluvieuse. Par ailleurs, le gouverneur Issa Moussa a invité les partenaires de continuer à appuyer notre pays pour l’amélioration des conditions de vie des populations.
M. le gouverneur, le paludisme constitue une préoccupation majeure dans le monde, en Afrique subsaharienne et au Niger. D’ailleurs, le Niger est cité parmi les pays qui enregistrent un fort taux de mortalité. Quelle appréciation faites-vous de cette situation dans votre région?
Je vous remercie infiniment de m’offrir cette occasion de m’adresser à la population de notre pays en général et surtout à la population de Tahoua en particulier que j’ai la lourde et exaltante mission de diriger. Comme vous le savez, le paludisme est une maladie tropicale causée par un moustique qu’on appelle l’anophèle. Cette maladie a une haute prévalence surtout en cette période de pluies propice au développement des moustiques. En effet l’eau qui ruisselle laisse des flaques et favorise la pousse des végétations un peu partout et cela combiné au manque d’hygiène donne les meilleurs gites larvaires au moustique, agent causal de cette maladie. Le taux d’humidité, la cohabitation hommes animaux d’élevage en milieu urbain, les caniveaux qui ne sont pas régulièrement curés, tout cela concoure à la prolifération des moustiques et par ricochet la forte prévalence du paludisme.
M. le gouverneur, quelles sont les dispositions que vous êtes en train de prendre pour lutter efficacement contre cette maladie dans cette région?
D’abord, nous organisons des campagnes de sensibilisation à l’endroit de la population sur le respect des règles d’hygiène. A travers cette campagne nous rappelons à la population les règles de prévention comme le fait de contribuer à la disparition des flaques d’eau dans leurs concessions et aux alentours, puis d’évacuer les tas d’immondices de leurs habitations et aux alentours. Compte tenu de la présence des moustiques en dépit de toutes ces actions, nous recommandons aux populations d’utiliser les moustiquaires pour se protéger et protéger les enfants. C’est conscient du danger que le gouvernement fait de son mieux dans cette lutte. Les partenaires l’accompagnent dans ce sens. Le paludisme continue certes à faire des ravages en gardant sa première place en termes de mortalité dans notre région, toutefois, l’on enregistre ces dernières années un certain recul de cette maladie grâce aux efforts de l’Etat et de ses partenaires.
Pour abonder dans le même sens, nous remarquons que beaucoup de partenaires interviennent dans cette lutte contre le paludisme en particulier l’Unicef. Quel commentaire faites-vous des appuis de ces partenaires ?
Nous apprécions positivement leurs actions en faveur de la population de notre pays. Si je prends l’exemple du Fonds des Nations unies pour l’Enfance ou UNICEF, nous remarquons que cette agence de l’Organisation des Nations unies (ONU) mène un combat intéressant dans la lutte contre le paludisme. C’est ainsi qu’au cours de la période du 12 au 13 août, l’Unicef a organisé une campagne de distribution de la MILDA. Plus de 128 000 élèves ont bénéficié de cette action dans les départements d’Illéla et de Madaoua. Nous espérons que ce geste est à son début et sera suivi par d’autres actions. Nous souhaitons aussi qu’à partir des résultats enregistrés de cette expérience, d’autres départements seront concernés. Ce geste permettra de sécuriser nos élèves de cette maladie. Nous sommes tout à fait satisfaits des appuis de l’Unicef et de bien d’autres partenaires qui nous soutiennent comme le Programme alimentaire mondial (PAM) dans le cadre de la protection des enfants.
M. le gouverneur, la région dispose d’une zone pastorale et agricole, quelle différence peut-on observer entre ces zones en termes de taux de paludisme ?
Bien sûr, la région de Tahoua est repartie en deux grandes zones. Nous avons une zone pastorale qui est au nord où la pluviométrie n’est pas tellement abondante. Dans cette zone, il ne se forme pas beaucoup de flaques d’eaux. Donc, les moustiques sont moins endémiques dans cette zone. Tandis que dans la zone sud notamment dans les départements regroupant les départements d’Illéla, de Konni, de Bouza, de Malbaza, de Madaoua jusqu’à Keita où l’on enregistre une forte pluviométrie, le paludisme est très prégnant.
Quel message particulier avez-vous à lancer à l’endroit de votre population bénéficiaire de l’appui en MILDA offert par l’Unicef?
L’appel que j’ai, c’est surtout à l’endroit des parents d’élèves de faire une bonne utilisation de ces moustiquaires imprégnées. De préférence, dès le coucher du soleil, il faudrait installer ces moustiquaires, puis faire en sorte que dès que l’enfant a envie de dormir, on l’introduit dedans. Par ailleurs, ceux qui n’ont pas eu cette chance d’avoir cet outil je leur conseille d’en acheter dans le but de protéger leur progéniture de la piqûre des moustiques. Je rappelle que le paludisme est une maladie très dangereuse qui, lorsqu’elle se complique, peut conduire à l’anémie. Or, il n’est pas toujours évident que le patient trouve du sang conforme surtout pour certains groupes sanguins. Nous souhaitons aussi que les autres partenaires du Niger continuent à nous appuyer en fonction de nos besoins et de nos priorités.
Par Mamane Abdoulaye(onep), envoyé spécial
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Monsieur le maire, dans la mise en œuvre du programme de renaissance, d’importantes réalisations ont été faites dans quasiment toutes les collectivités territoriales du Niger, quelles sont concrètement les actions menées dans votre entité administrative ?
Beaucoup de choses ont été faites. Sur le plan environnemental, plusieurs centaines d’hectares ont été traités ou fixés. En effet, les champs de culture ou les cuvettes qui étaient jadis menacés ont pu être stabilisés pour que la population s’adonne aux travaux agricole. Il y a des cuvettes qui ont été aménagées avec des installations de maitrise de l’eau de sorte que les producteurs se retrouvent. C’était des cuvettes abandonnées, il y a de cela 30 ans. En ce qui concerne le volet élevage, la commune de Mainé Soroa dispose de plusieurs installations d’aliments bétail. Nous avons aussi bénéficié de la construction des cases de santé vétérinaires qui n’existaient pas dans le temps et qui sont actuellement fonctionnelles. Ce sont des dispositifs extrêmement importants pour la commune dans la mesure où ils contribuent à l’amélioration de la santé animale. Par ailleurs, sur le plan sanitaire, la commune urbaine de Mainé Soroa qui, par le passé ne disposait que trois ou quatre centre de santé intégré, est désormais dotée d’une quinzaine de CSI. Beaucoup de cases de santé ont été transformées en CSI dans le seul but d’améliorer la santé des populations.
Il y a eu aussi beaucoup d’activités d’assistance en l’occurrence les activités génératrices de revenus qui ont été vulgarisées à l’échelle de la commune urbaine de Mainé Soroa. Faute d’avoir le nombre de jeunes et femmes ayant bénéficié de cette assistance, nous disons simplement qu’une bonne partie de cette frange de la population exerce des activités pour sa propre autonomisation. Dans certains cas, ce sont de kits d’animaux qu’on distribue surtout aux femmes pour leur permettre d’être autonomes. S’agissant de la sécurité alimentaire, il faut reconnaitre que l’Etat procède chaque année à la mise à disposition des populations de céréales à prix modérés. Ceci pour permettre aux populations d’avoir accès aux céréales à prix minutieusement étudiés. Sur le plan hydraulique, les efforts du gouvernement ont permis la réalisation de plusieurs stations de pompage (Postes autonomes d’eau; pompes à motricité humaine etc.) dans plus d’une cinquantaine de villages. En perspective, il ya d’autres réalisations qui viendront étoffer l’existant.
Par rapport aux infrastructures routières, Mainé Soroa a bénéficié de cinq (5) km de voirie urbaine et 2000 m d’extension du réseau eau et électricité en 2020. Il ya aussi la réalisation en cours de la route Mainé Soroa Guédam. En ce qui concerne l’éducation, la commune urbaine de Mainé Soroa a bénéficié de la construction de beaucoup de classes en matériaux définitifs. Auparavant, nos salles étaient pour l’essentiel des paillottes ou en banco. Bref, sur les dix (10) ans de mise en œuvre du programme de renaissance, la commune urbaine de Mainé Soroa a bénéficié d’importantes réalisations.
Il y a quelques années, l’Etat central a décidé de transférer aux communes quatre domaines de compétences en l’occurrence, la santé, l’éducation, l’hydraulique et l’environnement, comment assumez vous sur le terrain cette nouvelle responsabilité ?
Le transfert n’a pas été accompagné des ressources. Malgré tout, dans la commune urbaine de Mainé Soroa, nous faisons la politique de nos moyens en inscrivant tous les domaines de compétence dans le budget communal. Par exemple, sur le plan éducatif, avec la redevance pétrolière, nous avons injecté près de 20 millions de FCFA au titre de la commune urbaine de Mainé Soroa. Pour les autres secteurs, nous avons prévu d’injecter des ressources financières dans la mesure du possible. On ne saurait pour l’instant se prononcer sur l’effectivité de ce transfert de compétence sur le terrain au regard des ressources limitées des collectivités territoriales de manière générale et particulièrement pour ce qui est de la commune urbaine de Mainé Soroa. Certes, il y a eu le transfert, mais la mise en œuvre est vraiment timide sur le terrain en raison de manque d’accompagnement adéquat.
Les ressources de nos communes ne peuvent pas couvrir l’ensemble des activités programmées dans le cadre du Plan de Développement Communal (PDC). Néanmoins, pour chacun de ces domaines, la commune prévoit un montant dans le programme annuel d’investissement. Tout ce que nous faisons est l’émanation du plan de développement communal. Rien ne se fait au hasard. Aujourd’hui, les projets qui interviennent dans les communes s’appuient toujours sur le plan de développement communal. A Mainé Soroa, nous avons beaucoup de projets qui se retrouvent dans le plan de développement communal. Ce dernier a été élaboré en 2019. La validation finale de notre PDC n’a même pas eu lieu parce que chaque partenaire veut qu’on prenne en compte ses axes prioritaires d’intervention. Il y a des partenaires qui ont décidé de nous aider pour organiser une table ronde autour de notre plan de développement communal pour réorienter nos objectifs. Le PDC est un outil de référence en manière de développement communal. Il est étalé sur cinq (5) ans.
Toute la région de Diffa a fortement souffert de l’insécurité résultant des agressions de la secte terroriste Boko Haram, comment se présente la situation sécuritaire dans votre commune ?
Depuis 2015 avec l’avènement de Boko Haram, la commune urbaine de Mainé Soroa n’a pas connu les mêmes exactions que les autres communes sœurs de l’Est. Certes il y a eu quelques exécutions sommaires jusqu’à deux ou trois fois. Ce sont des exécutions de règlement de compte entre les enfants du même terroir. Lorsqu’un jeune du même terroir sollicite son collègue qui décline l’offre. Celui-ci s’expose à l’assassinat. Nous avons enregistré quelques cas d’enlèvements contre rançons. Mais par la suite, nous avons démantelé le réseau des petits voyous armés. On peut dire que la sécurité est revenue. Il y a de cela plus d’un mois que la zone de la Komadougou dite zone rouge appartenant à la commune urbaine de Mainé Soroa, on organise des séances de lutte traditionnelle entre les enfants nigériens et nigérians. L’organisation de cette lutte traditionnelle a permis à certaines populations de retourner exploiter les champs et les jardins qu’ils ont abandonnés. Il y a vraiment une accalmie sur le plan sécuritaire dans toute la commune urbaine de Mainé Soroa. Maintenant, l’insécurité à laquelle nous assistons est résiduelle. Il s’agit de petits voleurs armés et quelques fois le conflit entre agriculteurs et éleveurs.
Est-ce que la commune urbaine de Mainé Soroa accueille des déplacés internes et ou des refugiés ?
Oui, aujourd’hui, la commune urbaine de Mainé Soroa accueille 6000 refugiés et déplacés internes et retournés. Ce chiffre est fluctuant. Ceux qui sont déplacés se trouvent le long du goudron sur la route en allant à Diffa. Il y a des déplacés internes qui ont été enregistrés. Ils viennent de la zone de Toumour. Ils sont au nombre de 2700 personnes. Le flux ne s’est pas arrêté. La prise en charge est assurée par le Haut Commissariat aux Refugiés (HCR) et quelques ONG qui gèrent les urgences telles que l’eau ; l’abri, les kits de non vivres etc.
L’un des défis majeurs des collectivités territoriales du Niger réside dans la difficulté de celles-ci à mobiliser les recettes fiscales, est-ce le cas dans votre commune et que faites-vous pour améliorer l’assiette fiscale ?
L’amélioration de l’assiette fiscale a été beaucoup plus sentie et au niveau de recouvrement des taxes et impôts après que les communes ont été dotées de la Police Municipale. Le recrutement de cette force au niveau des collectivités territoriales s’inscrit dans le cadre du rehaussement des recettes fiscales de la municipalité. Cette police n’est certes pas armée, mais elle est une force de dissuasion pour contribuer à rehausser les recettes fiscales. Nous avons commercé à sensibiliser les chefs des tribus et chefs des villages pour collecter les impôts auprès de leurs administrés et amener à la mairie. Certains d’entre eux ont compris la nécessité de restituer les impôts et de les reverser à la mairie. C’est avec ces ressources que nous accompagnons les projets et les ONG d’investissement qui souhaitent aider les populations. Sur les cinq (5) dernières années, nous n’avons même pas recouvré 15% des taxes. Ce taux de recouvrement n’est guère reluisant. Mais nous continuons à sensibiliser les populations pour qu’elles se ressaisissent. D’ores et déjà, nous avons organisé une réunion autour du préfet pour élaborer les rôles parce qu’on nous reproche d’avoir retardé ces rôles-là. L’expérience nous a montré que lorsqu’on confie à chacun son rôle juste après les récoltes, les taxes peuvent être recouvrées sans problème.
Réalisé par Hassane Daouda, Envoyé spécial
25 février 2021
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Le secteur de l’artisanat constitue un des domaines qui contribue au développement socioéconomique de notre pays. En ce sens, l’artisanat contribue beaucoup à la création des richesses pour les artisans, à la lutte contre la pauvreté et le chômage des jeunes ainsi qu’à la promotion du pays à travers le monde. Ces dernières année, ce secteur a connu un développement sans précédant, tant du point de vue de la valorisation des produits artisanaux que de celui de la structuration du secteur, la réorganisation des artisans, l’institutionnalisation d’une structure en charge de la promotion du secteur et le développement d’un partenariat à grande échelle. Malgré, la volonté politique des plus hautes autorités d’investir dans ce secteur pour en faire une vitrine de l’économie nationale et l’existence des partenaires, l’artisanat rencontre encore quelques difficultés. Dans cet entretient, le président de la Chambre d es Métiers de l’Artisanat du Niger (CMANI) M. Moussa Ibrahim nous parle du secteur, ses potentialités, les opportunités qu’il offre mais aussi les défis qu’il est appelé à relever.
Monsieur le président, le secteur des métiers d’artisanat était il y a peu de temps rattaché à la Chambre du Commerce. Aujourd’hui vous êtes une chambre à part entière. Quelles sont les motivations qui ont conduit à la création de la CMANI ?
C’est en application d’une des recommandations de l’UEMOA qui veut que chaque Etat membre soit doté d’une Chambre des Métiers de l’Artisanat que le Niger, à l’instar des autres pays s’est doté en 2012 d’une Loi N°2012-33 du 5 Juin 2012 portant création de la Chambre des Métiers de l’Artisanat du Niger (CMANI) et du Décret N°2012-447/PRN/MT/A du 9 Octobre 2012 portant approbation des statuts de la CMANI. Grâce à l’appui du Gouvernement de la République du Niger et de l’UEMOA, il a été procédé à l’élaboration des statuts de la CMANI qui ont fait l’objet d’une mission de sensibilisation suivie de la mise en place des Chambres Régionales de Métiers de l’Artisanat. L’élection et l’installation du bureau actuel de la Chambre Nationale des Métiers de l’Artisanat du Niger (CMANI), a eu lieu le 8 juillet 2014, avec la participation effective de six (6) délégués par Région. Cette étape a consacré définitivement le retrait de l’Artisanat, de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Artisanat du Niger, avec la mise en place du bureau actuel de la CMANI. Elue donc depuis le 8 Juillet 2014, la CMANI est un établissement public à caractère professionnel, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière et de gestion. Etablissement public, la CMANI l’est car elle est investie d’une mission de service public pour la satisfaction de l’intérêt général dans le secteur de l’artisanat. Etablissement professionnel, la CMANI l’est également, car elle doit être animée et gérée par les seuls professionnels du secteur de l’artisanat.
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La Croix-Rouge nigérienne a tenu, cette année, sa 11ème Assemblée Générale à Maradi. A cette occasion, d’importantes résolutions ont été adoptées par ladite instance. Aussi, le bureau présidé par M. Bandiaré Ali, a soumis à l’appréciation de l’Assemblé Générale le bilan des activités pour le compte du mandat passé. Dans cet entretien, le président de la Croix-Rouge nigérienne revient sur les points forts de ces assises et sur les nouvelles orientations de la structure.
Monsieur le président, votre organisation a tenu, du 26 au 27 Janvier 2022, son Assemblée Générale statutaire à Maradi. Quels sont les points inscrits à l’ordre du jour de ces assises?
Permettez-moi, au nom du Comité de Direction de la Croix-Rouge nigérienne de vous adresser mes sincères remerciements pour nous avoir donné cette opportunité d’informer le public sur les activités de notre organisation. Je saisis également cette occasion pour remercier le Gouverneur de la région de Maradi pour avoir présidé l’ouverture de nos assises. Mes remerciements et félicitations vont enfin au Comité régional Croix-Rouge de Maradi pour la réussite de l’organisation des travaux de notre réunion statutaire et pour la qualité de l’accueil réservé aux différentes délégations.
Conformément aux dispositions statutaires de la Croix-Rouge nigérienne, après chaque mandat effectif de quatre ans, il est procédé au renouvellement des structures de notre société nationale. Mais avant tout, il était un devoir pour nous de faire le bilan des activités mises en œuvre par notre instance. Il s’agit principalement des efforts que nous avons entrepris en faveur des populations vulnérables durant notre mandat qui vient de s’achever.
Monsieur le président vous avez parlé du bilan des activités de votre mandat. Quels sont les principaux aspects qu’il faut retenir ?
Il s’agit du bilan des activités réalisées conformément à la mise en œuvre de la vision de notre organisation. Il est important de rappeler que cette vision constitue un point de départ pour notre société nationale vers une structure humanitaire forte et capable de faire face aux nouveaux défis humanitaires actuels. Cette vision est ainsi bâtie sur quatre domaines prioritaires à savoir le renforcement et le développement des ressources humaines, la mobilisation des ressources financières internes, la poursuite de la construction et du développement des infrastructures et enfin, le renforcement et l’élargissement du partenariat par la diplomatie humanitaire. Ces axes constituent, à n’en point douter, l’ossature sur laquelle reposent, depuis un certain temps, toutes les actions humanitaires que la société nationale et ses partenaires du Mouvement sont en train de mettre en œuvre pour le développement des activités de la Croix-Rouge au Niger. Sur le plan du renforcement des capacités de la société nationale, 209 agents ont été recrutés ces quatre dernières années toutes catégories confondues tandis que d’autres sont actuellement en cours. Sur le plan de la mobilisation des ressources financières internes, des efforts indéniables ont été réalisés. Il s’agit des ressources générées par les établissements scolaires et autres prestations de service tant au niveau du Siège qu’à celui des branches. Cependant, des réformes en profondeur sont en cours qui nous permettront de mieux engendrer des ressources financières capables de prendre en charge certaines activités de souveraineté. Une stratégie de mobilisation des ressources financières est déjà en cours de réflexion pour permettre à la société nationale de mieux gérer et contrôler efficacement ses ressources. D’ores et déjà, une commission nationale chargée de la gestion, du suivi et de l’évaluation des activités génératrices de revenus (AGR) a été mise en place, en collaboration avec les partenaires du Mouvement.
S’agissant de la poursuite de la construction et du développement des infrastructures, la Croix-Rouge nigérienne peut s’enorgueillir d’être parmi les rares sociétés nationales africaines à disposer sur l’ensemble du pays des structures adéquates au niveau national, régional, département et communal. Cependant, le cap doit être maintenu et les efforts renforcés afin que les autres localités qui n’en disposent pas puissent en bénéficier. Dans le cadre du renforcement et de l’élargissement du partenariat, un travail remarquable a été réalisé à ce niveau. En effet, avec l’offensive diplomatique que nous avions engagée, plusieurs sociétés nationales se sont installées à nos côtés afin de nous aider à développer non seulement notre société nationale mais surtout de nous permettre à relever certains défis humanitaires auxquels notre pays fait face actuellement.
C’est le cas tout récemment des sociétés nationales d’Italie et de la Finlande qui sont déjà avec nous tandis que d’autres comme la Croix-Rouge canadienne et la Croix-Rouge américaine s’activent pour s’installer dans notre pays sans oublier la Croix-Rouge suédoise qui soutient la société nationale à travers un programme de quatre années sur la protection. En ce qui concerne la mise en œuvre des projets et programmes, la Croix-Rouge nigérienne et ses partenaires ont investi plus de 50 milliards de francs CFA au bénéfice des populations vulnérables ces quatre dernières années. Ce qui a permis d’améliorer considérablement leurs conditions de vie et d’existence. Dans le même ordre d’idées, plusieurs stratégies sectorielles ont d’ores et déjà été élaborées. Il s’agit des stratégies de communication, de premiers secours, de volontariat, de migration, de sécurité alimentaire et de gestion de catastrophes. D’autres sont actuellement en cours d’élaboration.
Monsieur le président, après ce bilan visiblement satisfaisant, quelles sont pour le mandat à venir les perspectives ou les ambitions que vous vous êtes fixées?
En termes de perspectives, nous allons poursuivre la mise en œuvre de notre vision bâtie sur les quatre axes prioritaires que j’évoquais tantôt. Nous avons déjà engagé, avec nos partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge présents au Niger, des échanges sur la mise en commun des Services Finances, de la Logistique et de la Politique des Ressources Humaines afin d’aboutir à une vision commune et concertée des objectifs dans ces domaines. Par ailleurs, un département du Développement Organisationnel a été créé et sera renforcé afin de permettre à la société nationale de disposer d’un instrument institutionnel capable de l’aider à élaborer des documents techniques pour son fonctionnement.
Monsieur le président, avez-vous un message particulier à lancer ?
Je lance un appel à toutes les bonnes volontés pour qu’elles continuent à soutenir la Croix-Rouge nigérienne afin qu’elle puisse continuer elle aussi à assister les communautés vulnérables de notre pays.
Ali Maman(Onep)
07 février 2022
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«Selon les informations à notre disposition, il y a plus de mille (1000) conseillers à l’Assemblée nationale, le Mnsd-Nassara 500 conseillers, 300 pour le Pnds-Tarayya et le reste entre les partis de la mouvance au pourvoir. Si nous prenons un salaire moyen de 300.000 Fcfa multipliés par mille ça nous fait 300 millions/mois et si nous le ramenons à l’année, ça fait 3,600 milliards de Fcfa. Combien de classes on peut construire en matériel définitif pour éviter que nos enfants meurent dans les classes en paillote»
Si vous devez peindre la situation du Niger, quelle couleur mettriez-vous ?
Omar Hamidou Tchana dit Ladan : le tableau ne peut être que noir. Depuis que le président Mohamed Bazoum a usurpé le pouvoir, le pays est complètement à genou. On a plus de valeur, plus de repère. Chacun fait ce qu’il veut dans ce pays, il n’y a plus d’autorité, le pays n’est pas tenu, donc le tableau du Niger est complètement noir. Bazoum est président de la République depuis bientôt on va dix mois, diriez-vous donc qu’il ne porte pas très bien le boubou ? Ça c’est vous qui dites qu’il est président de la République. Vous savez nous, nous ne reconnaissons pas comme président de la République, les chiffres sont là, le président Mamane Ousmane a gagné, mais ses amis ont utilisé les institutions de l’Etat pour usurper le pouvoir. Mais nous continuons à nous battre, il y a eu le procès récemment de la Cour de Justice de la CEDEAO qui a mis son délibéré pour le 31 mai et nous continuons à espérer. Nous sommes sereins, parce que nous avons les vrais chiffres, nous savons ce qui a été fait. Les nigériens ont voté massivement Mamane Ousmane, parce qu’ils en avaient assez de la politique mise en oeuvre par le Pnds-Tarayya.
Vous savez que l’épilogue de la CEDEAO ne va rien changer ?
Peut-être, mais nous sommes déterminés. Vous savez on a l’habitude de dire partout où il y a la volonté, il y a toujours un chemin. Nous ne laissons pas Bazoum usurper le pouvoir. Donc vous ne l’appelez pas président de la République ?
Puisque le président n’est jamais été élu.
Officiellement il a été déclaré gagnant par la Cour Constitutionnelle ?
Par sa Cour Constitutionnelle.
Monsieur le président parlons maintenant de sécurité, ou d’insécurité c’est selon. On va dire que le Niger prend l’eau de toute part depuis temps, les plaies sont béantes partout, à l’exception de Zinder qui est relativement épargnée. Donc cette question de sécurité ou d’insécurité, qu’est ce que le régime n’a pas vu ou bien il refusait de voir selon vous ?
Cela traduit les origines même du Pnds, ce qui les intéresse c’est juste d’arriver au pouvoir, pas le bonheur des nigériens. Il y a peu de solutions. On aurait pu prendre le devant pour éviter aux nigériens de souffrir de l’insécurité, mais ce qui les intéressait ce n’est PAS la sécurité des nigériens, mais plutôt l’économie de la guerre. On a vu ce qui est advenue de l’affaire du ministère de la Défense nationale et ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Le Pnds- Tarayya est incapable d’assurer la sécurité des nigériens depuis quelques temps.
Le pays souffert beaucoup, vous avez une pensée pour la population ?
Bien sûr pas seulement pour la population de Tillabéri, mais tous les nigériens qui soufrent. Il y a environ cent mille (100.000) enfants qui ne vont pas à l’école, il y a les classes qui sont fermées. Dans le Sahel il y a près de 23 millions de personnes qui sont dans une situation alimentaire difficile, il y a environ 3,500 millions déplacés. C’est l’échec même de la politique socialiste. Quand vous regardez ces trois (3) pays qui souffrent le plus de l’insécurité sont le Mali, dirigé le RPM du feu Ibrahim Boubacar Keïta, le Burkina Faso où le MPP du Jean Marc Christian Kaboré était aux affaires et le Niger de Mohamed Bazoum du Pnds- Tarayya, qui sont tous des partis membres de l’International socialisme. Le socialisme a vécu et porte ses valeurs ne fait qu’exacerbé la situation.
Vous avez déclaré que c’est la fin de la solidarité ouest-africaine ?
Mais bien sûr ça a commencé avec Laurent GBAGBO qui après avoir été battu, a refusé de rendre le pourvoir, puis leur ami Ibrahim Boubacar Keïta, ensuite Alpha Condé et le quatrième Rock Marck du Burkina et Bazoum Mohamed.
Monsieur le président à la crise sécuritaire s’est greffé le trafic de tout genre : de personnes, de la drogue, de carburant, d’armes, de l’or, de médicaments. Comment vous vous allez expliquer la vitesse et la permanence avec laquelle le Niger est devenu un couloir de passage de choix pour les trafiquants. Comment est-ce qu’on en est arrivé là ?
Vous savez les fleurs et les plantes ne poussent que sur une terre fertile. C’est parce qu’ils ont des amis dans les plus hautes sphères de l’Etat. Voila la raison. Aujourd’hui on sait qui ces trafiquants soupent ; on sait avec qui ils vont en voyage ; on sait avec qui ils passent les vacances vacances. Ce sont leurs amis du Pnds. Qu’on ne cherche pas ailleurs. Jamais le Niger n’a été aussi impliqué dans tous ces types de trafics et c’est ça la conséquence de l’insécurité.
Donc c’est parti pour durer ?
Bien sûr. Tant qu’on laissera le Pnds au pouvoir, jamais ces gens ne voudront résorber cette crise. Ils en profitent. Ils profitent de l’économie de la guerre. Qui fournit les armes ? Ce sont les militants du Pnds, nous savons que ce ne sont pas les militants de Lumana. ils sont tous des militants du Pnds-Tarayya. C’est pas pourquoi ni le Pnds, ni le président Bazoum n’ont pas la capacité de résoudre certains de leurs problèmes, les plus simples, les plus basiques.
Selon les experts l’ampleur de la fraude aux hydrocarbures devient persistante, on sait la proximité avec le Nigeria voisin, la hausse du prix à la pompe. Que diriezvous par rapport à ça.
Il y a deux phénomènes : le premier les raisons de la fraude, c’est le reversement. Le carburant qui est prévu pour être exporté, en hors taxe, est revendu à leurs amis du Pnds-Tarayya qui le revendent sur le marché, c’est ça le problème. Qu’on ne cherche pas à casser le sucre sur le dos du Nigeria.
La deuxième raison est que le Niger est producteur de pétrole, ils continuent à vendre ça à la pompe plus chère. Il est inadmissible qu’on paye le litre à 540F/L. Nous devons faire des efforts, parce qu’avant tout c’est le pétrole du Niger. Mais savez quand un gouvernement socialiste augmente le prix du pain, on ne peut pas attendre quelque chose de lui.
Monsieur le président, le Niger vit dans sa vie la plus chère. Les prix des denrées, des produits de première nécessité ne font qu’augmenter au quotidien. Que dites-vous par rapport à tous ça ?
Comment je le disais tantôt, la baguette de pain se vend aujourd’hui à 225, 250 voir 300 FCFA en certains endroits de la ville. De toute façon eux ça ne leur coûtent rien, eux et leurs amis.
Est-ce que c’est la faute du Niger, ce n’est pas une inflation mondiale ?
Vous qui êtes un journaliste, avec l’expérience, le terrain ou la parcelle qui se vendait, 3 à 4 millions, est acheté par ces gens à 10 millions. La maison qui se vendait à 30 à 40 millions, qui aujourd’hui est achetée à 70, 80 voir même à 100 millions parce qu’ils ont de l’argent et cet argent provient d’un système mafieux.
Mais justement à un moment vous faisiez partie de ce système. Qu’en est-il exactement ?
Oui tout à fait. Attention, je faisais parti d’un gouvernement pas du système. Il faut que les gens le comprennent, que ça soit bien clair : je faisait parti d’un gouvernement pendant presque sept (7) ans, parce que mon parti le Lumana, dont j’étais le Secrétaire général a aidé le Pnds à venir au pouvoir et c’est dans ce cas que je suis devenu ministre. D’ailleurs j’entends sur les réseaux sociaux certains de leurs militants qui leur reprochent cela. On peut bien sûr faire partie d’un système dont on n’est pas d’accord avec lui. Et tout récemment il y a un scandale à l’Assemblée nationale.
Monsieur le président on va parler de notre organisation, on va parler de l’Opposition. Le Niger semble être malheureusement l’un des rares pays au monde où l’opposition constitue un frein, un obstacle à la vie démocratique. Que pouvez-vous dire à cela ?
Non, je ne pense que ça soit le cas. C’est le pouvoir en place qui nous l’empêche, vous savez l’opposition essaie de se battre face à un pouvoir usurpé qui fait de la dictature aujourd’hui. C’est vrai que l’arrestation du président Hama Amadou nous a affaibli et ébranlé certains de ses militants, mais nous sommes en train de nous organiser, parce que justement Mohamed Bazoum et ses amis usent des moyens de l’Etat pour acheter des gens, intimider les opposants à travers la police, la gendarmerie et la garde nationale. Dans tout ça il y a la justice qui est utilisée par le pouvoir pour les déporter. Aujourd’hui, comme dans toutes les oppositions il y a deux catégories, dont la première que j’appellerais des résignés, les adeptes de la Fathia ou bien ceux qui sont décrispés qui participent nuitamment à réunions avec le régime et la journée ils sont parmi nous : la 2e c’est ceux qui sont qui déterminés pour qu’il ait un changement dans le mode de gouvernance de notre pays. Parce qu’il n’est plus question aujourd’hui pour laisser le Niger, si riche, tombé encore dans plus bas.
Les nigériens sont entrain de vous indexer de complices par rapport à cette mauvaise gestion du pays. Que répondiez-vous M. le président ?
C’est la méthode du Pnds-Tarayya, enfermé les opposants avec leurs épouses, avec leurs enfants, vous imaginez un peu ce que c’est. Comment est-ce qu’on traque le président Hama Amadou, est-ce que c’est ça la politique ? Bien sûr non !
Le président Issoufou Mahamadou est un homme politique beaucoup plus habile.
Ce n’est pas lui qui tirait les ficelles Mahamadou Issoufou ?
C’est Bazoum qui a plus besoin de Mahamadou.
Vous savez moi et mon parti on combat ces genres de méthodes, vous sommes des républicains.
C’est le choix de Mahamane Ousmane après la proclamation des résultats, soit descendre dans la rue, ou aller devant les juridictions compétentes, il a choisi d’aller devant les juridictions compétentes de la CEDEAO.
Pour cette question de Lumana, je pense qu’il faut la poser à Lumana qui peut bien répondre à ça.
Par rapport à ce pléthore de conseillers au cabinet du président de l’Assemblée nationale, dont certains sont de l’opposition. Où en est-on ?
Selon les informations à notre disposition, il y a plus de mille (1000) conseillers à l’Assemblée nationale, le Mnsd-Nassara 500 conseillers, 300 pour le Pnds-Tarayya et le reste entre les partis de la mouvance au pourvoir. Si nous prenons un salaire moyen de 300.000 Fcfa multipliés par mille ça nous fait 300 millions/ mois et si nous le ramenons à l’année, ça fait 3,600 milliards de Fcfa. Combien de classes on peut construire en matériel définitif pour éviter que nos enfants meurent dans les classes en paillote ; combien de puits ou de forages on peut creuser pour donner de l’eau à boire à nos compatriotes et les animaux ; combien de cases de santé on peut construire pour soigner les nigériens ; combien de recrues pour les forces de défense et de sécurité pour juguler l’insécurité. Je pense ce qui se fait à l’Assemblée est une faute politique. je dois d’ailleurs interpeller pour lui dire un mot au président de l’Assemblée nationale pour qui j’ai de l’estime pour lui dire que c’est sa responsabilité. Il doit se rappeler de ce qui s’est passé en France à la Mairie de Paris où Alain Jupé a payé, c’est ce qui est en train de se passer en France avec François dans le cadre des emplois fictifs. C’est sous leur responsabilité politique que ces emplois fictifs sont créés, et ça constitue un frein à la loi pénale. Je vais demander d’ailleurs à l’Assemblée nationale de donner la liste du personnel pour que les nigériens sachent exactement ce qui se passe au sein de l’Assemblée nationale. Il n’est que question d’être complices à un détournement des biens publics, l’article 41 est claire, les biens publics sont sacrés. Chaque personne à l’obligation de les préserver et les protéger, pour nous cette question est inadmissible. On na reproduit ce qui se passe à la présidence de la République dont la masse salariale est de 5 milliards de nos francs, c’était ce qui se passait à la primature, donc on dénonce le gouvernement de Bazoum comment il gaspille les deniers publics du Niger.
Interview de Niger 24, Scriptée par Arouna Yacouba
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