Interview

KADI-ABDOULAYE-MINISTRE-DE-L-EQUIPEMENT-NIGERMonsieur le ministre, le Niger est engagé depuis quelques années dans une politique hardie d’équipement du pays en routes, ponts et échangeurs voire en travaux connexes : quel est le coût de ces investissements et surtout quel est leur impact sur les échanges nationaux et internationaux du Niger voire sur le bien-être des Nigériens ?

Durant les huit ans de mise en œuvre du Programme de la Renaissance Actes 1 et 2, d’importants investissements ont été réalisés par l’Etat et ses partenaires dans le cadre du développement des infrastructures de transport. Les principaux résultats enregistrés sont les suivants : la construction de 985,13 km de routes bitumées, la réhabilitation de 648,36 km de routes bitumées et la réalisation de 1.986,5 km de routes rurales. A cela s’ajoute la réalisation des grands ouvrages dont la construction de trois échangeurs (Mali Béro, Rond-point des Martyrs et Diori Hamani) ainsi que l’exécution en cours des travaux du 3ème pont sur le fleuve Niger à Niamey et du pont Farié. Il faut aussi noter la construction de la liaison ferroviaire Niamey-Dosso longue de 140 km. Dans le cadre de la modernisation des villes, des voiries urbaines ont été réalisées dans les grandes villes de notre pays.

Toutes ces infrastructures réalisées à grands frais contribuent à l’objectif stratégique de mon département ministériel qui est la poursuite du désenclavement interne et externe du pays ainsi que l’amélioration de la mobilité urbaine. Ces différentes réalisations ont permis d’augmenter significativement la taille du réseau routier national et d’améliorer certains indicateurs comme la densité routière, la disponibilité routière et l’indice d’accessibilité rural.

Qu’en est-il des travaux des routes Agadez-Tahoua et Agadez- Zinder ?

Les travaux de réhabilitation de la section Tahoua-Agadez ont été subdivisés en trois lots, à savoir le lot N°1 Tahoua-Tamaya long de 205 km qui n’a pas encore bénéficié de financement, le lot Nº2: Tamaya-Embranchement In Gall long de 85 km attribué à l’entreprise SIGMA2 et enfin le lot Nº3: Embranchement In Gall-Agadez long de 106 km attribué à l’entreprise MBC sous financement ORANO (anciennement AREVA).

Notons que l’exécution des travaux sur les lots 2 et 3 a connu des difficultés financières dues au non-paiement des entreprises et missions de contrôle, conduisant ainsi à l’arrêt complet des chantiers. Ce problème de paiement est dû essentiellement à la suspension du financement par AREVA pour des raisons liées à la non application de

certaines clauses de l’accord de partenariat stratégique (APS) conclues avec l’Etat du Niger d’une part et le problème du contentieux avec la société AFRICARD CO LTD, tranché par les tribunaux de Paris où les revenus du Niger auprès d’AREVA ont fait l’objet de saisine, d’autre part.

Cependant, avec la résolution des problèmes liés à la non application de certaines clauses de l’accord de partenariat stratégique (APS) et du contentieux avec la   société AFRICARD CO LTD, l’Administration a négocié et obtenu le retour de ORANO (anciennement AREVA) pour la reprise du financement. Les entreprises ont été invitées à reprendre les travaux et vous pouvez le constater, la réhabilitation de section embranchement In Gall-Agadez a démarré depuis octobre 2018 et avance normalement et la deuxième est en cours de démarrage.

Quant à la route Agadez-Zinder, nous avons, dans le cadre du programme routier du Fonds Européen de Développement (FED), réhabilité la section Agadez-Tiguidit (62km) ; la section Zinder-Tanout (138 km) est en cours de réhabilitation. Nous sommes en négociation avec le FED et d’autres bailleurs de fonds pour le financement de la section Tanout-Takoukou-Silika-Pk 233 (90,76km).

Nonobstant l’organisation matérielle de la « fête tournante » du 18 décembre dans les chefs-lieux de région, est-ce que cette politique d’équipement tient compte du nécessaire aménagement du territoire national dans son ensemble par la desserte tous azimuts de toutes les régions car il est de notoriété publique que certains élus du peuple mettent parfois à mal la « carte routière » ou les tracés dument élaborés par les autorités compétentes ?

Les réalisations effectuées dans le cadre du Programme de la Renaissance ont concerné toutes les régions du pays.

La réalisation de certains équipements est parfois tributaire de l’endettement du Niger ou du partenariat Public/Privé : quels en sont les risques et les avantages pour les « générations futures » ?

Plusieurs infrastructures ont été réalisées sur fonds propres de l’Etat (Echangeurs Mali Béro et Place des Martyrs, route Loga-Baleyara, route Moujia-Illéla- Badaguichiri; d’autres avec l’appui des partenaires soit sous forme de subventions (UE : Tsernaoua-Madaoua-Guidan Roumdji , Zinder-Guidimouni, Zinder-Magaria- Frontière Nigéria , Baleyara-Filingué, Agadez-Tiguidit, Zinder-Tanout (qui est en cours) ou sous forme de prêt.

D’autres réalisations sont faites dans le cadre de partenariat public privé. Toutes ces réalisations doivent bénéficier aux générations actuelles et permettre le développement socio-économique de notre pays pour les générations actuelles et futures.

Je dois indiquer que l’Etat a une politique d’endettement responsable (avec l’appui d’institutions comme le FMI).

Monsieur le ministre, l’entretien ou la maintenance de nombre de ces équipements pose problème autant que la dégradation volontaire dont ils sont parfois l’objet lors d’accidents ou de manifestations sur la voie publique : que font les pouvoirs publics pour y remédier ?

Notre pays a adopté le 24 Mai 2018 la loi N° 2018-32 déterminant le patrimoine routier national et fixant les règles de sa protection. Le décret d’application de cette loi est en cours d’élaboration par mes services techniques. Il est prévu dans le cadre de ce dispositif des sanctions appropriées à l’encontre des usagers ou des riverains qui dégradent volontairement les infrastructures routières.

Monsieur le ministre, vous étiez récemment en visite officielle en République Algérienne Démocratique et Populaire où vous avez notamment participé au salon international des travaux publics et des Transport : où en sont les relations entre l’Algérie et le Niger surtout quant à la construction de la route transsaharienne ?

Le ministère de l’Equipement du Niger et son homologue algérien ont signé depuis 2010 un mémorandum d’entente. Dans ce cadre, Le laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment (LNTP/B) et le Centre de Perfectionnement des Travaux Publics (CPTP) ont conclu des protocoles d’accord avec des partenaires algériens en vue des échanges techniques. Nos deux administrations ont aussi un cadre d’échanges : le Comité Technique Mixte qui se réunit annuellement au Niger ou en Algérie ainsi que le

Comité de liaison de la route transsaharienne (CLRT) qui regroupe six pays membres dont l’Algérie et le Niger.

Quant à la réalisation de la route transsaharienne, la section de Arlit-Assamaka-Frontière de l’Algérie (225 km) est en cours d’aménagement et de bitumage. Les travaux avancent normalement et devraient être réceptionnés d’ici la fin de l’année 2019 conformément au planning actualisé du groupement d’entreprises.

Enfin, le conseil des ministres avait décidé en fin 2018 d’ouvrir un cycle de formation aux métiers du rail au sein du centre de perfectionnement des travaux publics de Niamey : quels en sont, monsieur le ministre, les objectifs ?

Notre pays est engagé à la promotion de tous les modes de transport dont le transport ferroviaire. Avec le démarrage de la construction ferroviaire au Niger, il est apparu nécessaire de former les jeunes nigériens aux métiers du rail et ainsi développer progressivement une expertise nationale dans ce domaine.

Réalisé par Sani Soulé Manzo (ONEP)

26 avril 2019
Source: http://www.lesahel.org

Kadidjatou Moumouni, présidente de l’Association nationale des albinos du Niger : «Nous voulons une société inclusive, qui prend en compte la question des droits des personnes atteintes d’albinisme en vue de leur inclusion sociale»Mme Kadidjatou Moumouni, présidente de l’Association nationale des albinos du Niger Dans beaucoup de sociétés, l’albinisme demeure encore un sujet de curiosité. La méconnaissance de ce problème de santé a conduit à des actes souvent cruels sur les personnes souffrant d’albinisme. Au Niger, même si la discrimination est moins prononcée contre les albinos, ceux-ci font toutefois face des difficultés certaines. Depuis 2013, l’Association nationale des albinos du Niger, essaie de trouver des solutions aux difficultés auxquelles ils font face. Dans cet entretien, Mme Kadidja Moumouni, s’exprime sur les ambitions de l’organisation ainsi que sur les activités prévues dans le cadre de la 4ème édition de la journée internationale de sensisibilisation à l’albinisme célébrée ce 13 juin.

Mme Kadidja, vous êtes présidente de l’association des albinos, pourquoi une association des albinos au Niger ?

L’association nationale des albinos du Niger a été créée en fin 2013 (parce que nous avons obtenu notre arrêté d’agrément en fin 2013) et nous avons commencé nos activités en 2014. L’association a été créée pour essayer de rechercher des solutions aux difficultés auxquelles font face les personnes vivant de l’albinisme. Nous avons été guidés par la nécessité de nous retrouver autour d’un cadre pour réunir nos forces et chercher ensembles des solutions aux problèmes que nous rencontrons ; pour relever les barrières auxquelles nous faisons face. Des barrières qui résultent effectivement de l’interaction entre les difficultés liées à l’albinisme et la société.

On sait que dans certaines sociétés, les albinos sont victimes de préjugés et même d’actes répréhensibles comme la sorcellerie, est-ce le cas au Niger ? Et quelles sont les principales difficultés auxquelles ils font face ?

Heureusement, au Niger ça va ; Alhamdullillah. Je peux affirmer avec réserve que dans la société nigérienne, nous ne connaissons pas ces genres d’actes graves. Mais nous ne pouvons toutefois ignorer qu’il y’a des cas isolés. Par exemple en 2015, on a enregistré l’enlèvement d’un jeune homme atteint d’albinisme âgé de 21 ans au quartier Dar-es-salam. Ce garçon n’a jamais été retrouvé jusqu’à ce jour. C’est donc le lieu de mentionner un cas très récent qui s’est passé au Mali où une fille atteinte d’albinisme Ramata Diarra, âgée seulement de cinq (5 ans) a été assassinée le 13 mai passé. Si on prend en compte tous ces paramètres, je pense qu’on est en droit d’émettre des inquiétudes quant à la situation des albinos. Toutefois, il faut se féliciter qu’au niveau de la société nigérienne, nous n’avons pas des cas d’attaques et d’atteintes systématiques à la vie des personnes souffrant d’albinisme. Les difficultés que nous avons au Niger, sont surtout celles liées à la protection sociale.

Depuis quelque temps, on enregistre une montée progressive de thermomètre dans certaines zones de notre pays et notamment à Niamey. Qu’est-ce-qui explique cette situation ?

Concernant cette montée de température, il faut tout d’abord noter que c’est la période qui l’explique. En effet, les mois d’avril et de mai sont les plus chauds chez nous. Pour expliquer ces périodes de chaleur, il faut remonter aux explications des saisons. Ainsi, c’est l’inclinaison de l’axe des pôles, de plus de 23°, combinée à la révolution de la Terre autour du Soleil, qui fait qu’il se produit une alternance des saisons qui proviennent de la variation d’ensoleillement induite par l’orientation changeante vis-à-vis du rayonnement solaire.

Donc, l’alternance des saisons est due à l’inclinaison de l’axe de la Terre durant sa rotation. C’est-à-dire que durant une période, l’hémisphère Nord recevra une quantité plus importante de rayon du Soleil que l’hémisphère Sud (d’où une température plus élevée) : ce sera donc l’été au Nord et l’hiver au Sud. Chez nous actuellement, on fait face au soleil, d’où les températures élevées que nous enregistrons ces derniers jours. L’entrée du Front Inter Tropical (FIT) et celle de la mousson, sur la boucle du Niger, contribuent aussi à faire monter, encore plus, les températures. En effet, l’humidité qu’apporte cette mousson fait encore monter le mercure. Elles varient donc de 41 à 45 °C, selon les localités. Rien qu’à Niamey, la température monte jusqu’à 42 à 43 °C. Il faut noter que globalement l’année dernière, à cette même période il a fait moins chaud. Pour se protéger de l’intense chaleur, le corps humain dégage naturellement de la sueur. Ce stress thermique provoque un malaise, surtout chez les personnes âgées, les malades chroniques et les enfants. En plus avec le carême, la sensation de chaleur est encore plus intense. Cette sensation de chaleur s’étend à Niamey, Tillabéry, Dosso et une partie de la région de Tahoua. Cette année, le mois de ramadan intervient dans une période de grande chaleur. Cela implique que les gens doivent se protéger et ne pas s’exposer au soleil, au risque de déshydrater le corps et de tomber malade. En résumé, la chaleur, la déshydratation, la hausse de température, l’humidité font beaucoup souffrir le corps humain, qui en plus doit faire face au carême.    

Du point de vue météorologique, cette situation est-elle normale ?

En effet, du point de vue de la météorologie, cette situation  est tout à fait normale au vue des différentes raisons que nous avons évoquées ci-haut. En plus, elle peut perdurer jusqu’à fin mai début juin. D’ailleurs, d’autres zones seront aussi impliquées par cette vague de chaleur et d’humidité. Avec la faiblesse des vents, que nos récentes analyses nous ont montrée, ce qui aère moins les gens et ne permet pas aux températures de baisser. Du point de vue de la santé humaine, cette situation est plus que préoccupante.

Nous sommes, depuis quelques années, dans une réalité de changement climatique. Quelle peut être la responsabilité de ce changement climatique sur ces séries de canicules au Niger ?

On sait que l’atmosphère de la Terre laisse passer la lumière du soleil qui réchauffe la surface du globe. La chaleur qui s’élève de la surface est en partie absorbée par les gaz et la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère – on appelle ce processus naturel «effet de serre». En l’absence de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et oxyde nitreux (N2O)), la plus grande partie de la chaleur pénétrant dans l’atmosphère terrestre serait directement réémise dans l’espace, et la température moyenne de la Terre serait de -18 °C au lieu de 15 °C. Au cours des 10 000 dernières années, la quantité de ces gaz à effet de serre présents dans notre atmosphère est demeurée relativement constante et a permis à la Terre de conserver un climat relativement stable. La concentration de ces gaz a commencé à grimper avec l’avènement de l’industrialisation, la hausse de la demande en énergie, la croissance démographique et les changements dans l’utilisation du territoire. L’expérience, qui a donc débuté avec l’industrialisation, consiste donc à maintenir l’augmentation dans la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre en brûlant d’énorme quantité de combustibles fossiles (charbon, pétrole et gaz naturel qui génère d’importante quantité de CO2) et en poursuivant la déforestation (la forêt débarrasse l’atmosphère de CO2). L’accroissement des concentrations de gaz à effet de serre accentue l’effet de serre naturel et fait monter la température moyenne de la surface du globe. Ce réchauffement de la planète cause des changements climatiques pour l’ensemble des paramètres du climat car il déclenche une modification des circulations atmosphériques et des autres sous-systèmes du système climatique. Lorsque l’on en parle aujourd’hui, il s’agit du phénomène d’augmentation des températures qui se produit sur Terre depuis 100 à 150 ans. Depuis le début de la révolution industrielle, les températures moyennes sur terre ont en effet augmenté plus ou moins régulièrement. En 2016, la température moyenne sur la planète terre était environ 1 à 1.5 degrés au-dessus des températures moyennes de l’ère préindustrielle (avant 1850). De façon plus précise, lorsque l’on parle du réchauffement climatique, on parle de l’augmentation des températures liées à l’activité industrielle et notamment à l’effet de serre : on parle donc parfois du réchauffement climatique dit “d’origine anthropique” (d’origine humaine). Il s’agit donc d’une forme dont les causes ne sont pas naturelles mais économiques et industrielles. De nombreux scientifiques étudient ce phénomène et tentent de comprendre comment les activités des sociétés humaines provoquent ce réchauffement. Ces scientifiques sont regroupés au sein du GIEC (Groupe International d’Experts sur le Climat), et ils publient régulièrement des rapports étudiant l’évolution du réchauffement climatique. Dans les années 60, plusieurs scientifiques vont montrer que les présomptions sur l’effet de serre s’avèrent en fait réelles. Les scientifiques commencent à se préoccuper de plus en plus du réchauffement climatique, et de ce fait, la société politique va commencer à prendre en compte ce problème. En 1971, le premier Sommet de la Terre évoque pour la première fois dans une grande conférence internationale la définition du réchauffement climatique et ses conséquences. Pendant encore plus d’une décennie, les preuves s’accumulent dans la communauté scientifique au point qu’au milieu des années 1980, les 7 plus grandes puissances économiques mondiales (le G7) demandent à l’ONU de créer un groupe d’experts chargés d’étudier la question. C’est la première fois qu’il y a une vraie prise en compte et une vraie définition du réchauffement climatique comme problème public par les institutions internationales. Selon nos analyses, à la météorologie Nationale, au Niger, c’est à partir de 1996-97 que nous avons constaté que jamais les températures enregistrées, au niveau de toutes nos stations, ne sont descendues en deçà de la moyenne. Cependant, en 2008, la température avait quand même chuté un peu. Les études faites autour des jours chauds ont montré qu’en 1960 ces jours étaient au nombre de 10 ou 15 jours mais aujourd’hui,  les jours chauds se comptent à 30, 40 voire 50 par an. Donc, de plus en plus, le nombre de jours chauds augmente sur notre planète et cela est indéniablement lié au changement climatique. 

Le forum de prévisions climatiques, qui se tient chaque année dans un pays africain, permet à la Direction de la Météorologie Nationale d’avoir un aperçu des informations, de façon consensuelle, dans le Sahel et spécifiquement sur le Niger. Qu’en est-il de ce forum cette année ?

Vers la fin du mois d’avril et début mai de chaque année, l’ensemble des services de météorologie de l’Afrique de l’ouest, nous nous réunissons, chacun avec son outil de prévisions nationales pour faire des analyses, des prévisions et de se préparer par rapport à la saison d’hivernage. Cela fait deux ans, la pandémie de la Covid-19 exige, nous travaillons en ligne. Actuellement, nous sommes là-dessus. En effet, nous procédons à des prévisions pour anticiper afin de voir quelle sera la quantité de pluie qui va arroser nos pays. Pour voir d’abord si le cumul pluviométrique va être moyen, excédentaire ou déficitaire. Nous travaillons aussi sur le paramètre agro-climatique. Ces données sont utilisées dans le cadre de la sécurité alimentaire et les catastrophes.  Ce qui nous permet de voir le profil de la saison. Cela est indispensable surtout justement à cause du changement climatique. Les saisons de pluie n’étant plus ce quelles sont, avec des pluies insuffisantes, qui viennent aussi souvent en retard et qui sont mal reparties, ces informations sont nécessaires pour chaque pays, car le rendement des cultures s’amenuisent de plus en plus. D’après nos recherches, nous avons constaté que le profil de la saison est impacté par ce changement climatique. Ainsi, avec le centre régional Aghrymet, nous avons initié les prévisions des dates de démarrage, de fin de saison et les pauses pluviométriques prolongées, les jours successifs  sans pluies à l’intérieur de la saison. Pour se faire une idée de comment vont se passer tous ces évènements, en dehors du cumul qui va tomber. Afin de savoir si les pluies vont tomber à temps, ou en retard, ou précocement. En fonction de ces prévisions, on peut choisir les semences qu’il faut utiliser pour la saison. Nous avons constaté que dans plusieurs régions de notre pays, le démarrage de la saison est toujours problématique. Au vu de l’importance de ces prévisions, l’accent doit être mis sur la sensibilisation. Nous envisageons de créer une plateforme avec des structures comme l’INRAN, pour donner les outils et les informations nécessaires à l’Etat, afin de l’aider à prendre en compte ces aspects dans le cadre de sa politique de sécurité alimentaire. Nous devons, tous ensemble, lancer un véritable programme de sensibilisation, pour expliquer qu’il y a des structures qui produisent des variétés de semences adaptées, selon les saisons, afin de promouvoir le rendement des cultures.

Réalisé par Mahamadou Diallo(onep)

07 mai 2021
Source : http://www.lesahel.org/

M. Sédiko Douka, Commissaire de la Cedeao chargé de l’Energie et des Mines M. Sédiko Douka, Commissaire de la Cedeao chargé de l’Energie et des Mines Quels sont les principales missions du Département chargé de l’Energie et des Mines dont vous avez la charge ?

Avant tout, permettez-moi de remercier les Hautes Autorités de la République du Niger pour avoir soutenu ma candidature au poste de Commissaire chargé de l’Energie et des Mines de la CEDEAO. Je ne ménagerais aucun effort pour rehausser l’image du Niger et apporter ma modeste contribution au processus d’intégration régionale. Aussi, parlons brièvement du fonctionnement de notre institution communautaire, cela pour dire que la Commission de la Cedeao opère comme un gouvernement. C’est pourquoi nous avons un Président, un Vice-président et quinze Commissaires qui sont comme des ministres régionaux en charge d’un secteur bien déterminé. La CEDEAO a aussi d’autres Institutions et Agences spécialisées qui agissent dans divers domaines spécifiques. Pour ce qui est du département Energie et Mines, sa principale mission consiste à coordonner, faciliter et harmoniser les politiques régionales en matière de mines et de l’énergie et la mise en œuvre des programmes et projets régionaux dans le cadre du développement des ressources énergétiques et minérales. Il faut savoir que les politiques régionales sont adoptées à travers une, démarche consensuelle impliquant tous les Etats membres à travers leurs Experts, Ministres et Chefs d’Etat et de Gouvernement.

Quels sont les défis qui se posent aujourd’hui à notre région dans le domaine de l’Energie ?

Les défis existent ; ils sont réels et de plusieurs ordres. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de potentialités, malheureusement peu sont exploitées. Beaucoup de nos Etats regorgent de fortes potentialités en énergie solaire notamment les pays de la bande sahélo-saharienne ; en éolienne pour les îles (Cap Vert).Ces deux sources d’énergie représentent moins de 2% de la production régionale. Dans le domaine de l’énergie hydraulique, nous avons un potentiel de 26 gigawatts ou 26.000 mégawatts, dont seulement 16% sont exploités. Pour vous donner une idée, retenez que toute la puissance installée actuelle des 15 Etats de la Cedeao est de seulement 20.000 mégawatts alors que nous avons 26.000 mégawatts de potentiel inexploité rien que pour l’hydro-électricité. Un autre défi, ce sont les tarifs qui sont parmi les plus chers au monde : plus de 100FCFA le Kwh, ce qui n’est pas facilement abordable vue le niveau de vie des populations de notre espace communautaire. En outre, notre système énergétique est trop envahi par la consommation en biomasse (+75%). Ce qui a un impact sur l’environnement. Un autre défi c’est l’échange d’énergie entre les Etats qui est de seulement 20% actuellement. Ce qui est largement inférieur à celui des autres communautés économiques régionales (UMA, SADC, EAC). Aussi le taux d’électrification ou d’accès à l’électricité reste encore faible dans notre espace, seulement 42% avec des disparités énormes parce que ce taux est à peine de 8% en zone rurale alors que dans l’Union du Maghreb arabe (UMA), ce taux est de plus de 90% y compris en zone rurale. La demande globale d’énergie est satisfaite a seulement 55%.

Abdoul Kader Harouna 01Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?
Je me nomme Abdoul-Kader Harouna Souley. Je travaille actuellement chez Oracle Canada à Québec. J’ai fais mes études primaires (école mission) et secondaire (CEG Goudel suivi du lycée Mariama) à Niamey. Après mon BAC (Série C) en 1998, j’ai poursuivi mes études au Maroc dans le domaine des réseaux télécoms. C’est en 2003 que j’ai rejoint le Canada en m’inscrivant à une Maîtrise (Master) en réseaux mobiles à l’université de Sherbrooke. Mais avec le déclin des télécoms (faillite Nortel Canada) et ma passion pour l’informatique,  j’ai entamé des études en Doctorat en génie logiciel en 2005, avant de décider finalement de me lancer deux ans plus tard,  comme consultant informatique  pour développer des solutions web (surtout Java open source). Après 8 ans de consultations dans des PME, j'ai rejoint en 2013 Oracle Canada, Numéro 2 mondial du logiciel juste après Microsoft.

Pouvez-vous nous parler de vos actions nationales et internationales?
Ma principale tâche est de développer des solutions logicielles dédiées aux entreprises afin  qu’elles bénéficient de tous les avantages des nouvelles technologies et augmenter leur productivité. En une dizaine d'années, j'ai travaillé activement sur plus d'une vingtaine de projets informatiques majeurs dans divers domaines comme la gestion de personnel, la finance, la santé, la sécurité et l'audit. Mon portfolio de clients comprend plusieurs institutions gouvernementales du Québec (Ministère de la santé, Ministère de la sécurité publique, Université du Québec),  aussi dans le domaine de l’assurance (Group SSQ)  et les banques (Caisses Desjardins).

Adamou Garba 001Monsieur le Président, Parlez-nous de vous ! Qui est Adamou Garba ? Votre parcours professionnels ? 
Merci beaucoup pour l’intérêt que vous portez à ma carrière et surtout à mes engagements politiques. En fait, j’ai suivi mes études secondaires au Lycée Issa Korombé de Niamey. Ensuite, j’ai poursuivi mon cursus universitaire à l’Université de Lomé, puis de Poitiers et enfin à Paris2 à l’Institut Français de Presse. En résumé, je suis juriste de formation de base et journaliste de profession. J’ai fait mes premiers pas au sein de l’équipe de rédaction des journaux « Le Sahel » et au « Sahel Dimanche » avant se poursuivre ma carrière dans les institutions nationales. J’ai été Conseiller en communication dans l’une des Institutions puis Conseiller technique et spécial au Cabinet du Premier à deux reprises. J’ai également eu la chance de participer à l’élaboration de deux Constitutions de mon pays sous les périodes de transition. J’ai enfin terminé ma carrière administrative en accédant à la plus haute fonction administrative à laquelle pouvait prétendre un haut cadre de l’administration au Niger et ce au ministère en charge de la communication et des relations avec les institutions.

Au niveau de la vie associative, j’ai également participé depuis 1992 au processus de mise en place des structures des Verts à l’échelle mondiale, continentale (Afrique) et sous régionale (Afrique de l’Ouest). De même que j’ai à participé à plusieurs rencontres internationales de haut niveau au sein du réseau des Verts mondiaux ainsi qu’à l’échelle du continent Africain. Actuellement, je suis membre du Conseil d’Administration de Global Greens (Verts mondiaux), de la Fédération des Verts d’Afrique ainsi que de la Fédération des partis écologistes et verts d’Afrique de l’Ouest. Voici de manière succincte ce que je eux dire.

Moussa Mazou 01Bonjour M. Moussa MAZOU Comment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora

Je suis MOUSSA MAZOU président de l’ONG la VIE EN VERT

Parlez-vous de votre ONG

La VIE EN VERT est une ONG qui œuvre pour le développement durable en militant pour un environnement sain.

Notre équipe est composée des jeunes ambitieux et soucieux du développement durable, des jeunes issus de différent domaine : eau-environnement, hygiène-assainissement, la finance, le marketing et la communication.

Pouvez-vous nous parler de vos actions nationales et internationales ?

Nous avons mené plusieurs actions dont entre autres :

  • le projet un « élevé un arbre » qui consiste à planter 200 000 arbres par les jeunes scolaires dans les huit (08) régions du Niger sur la période 2017-2022, il a été lance le 24 avril 2017.
  • le projet de plantation des arbres dans la région de Niamey sur le tronçon tondibia-Goudel-Francophonie. Il est nommé action de civisme et de citoyenneté ; il consiste en la plantation des arbres sur la voix permettant aux piétons d’être sous l’ombre et de diminuer l’impact de la chaleur accablante qui les Séville.
  • le projet de salubrité urbain qui consiste à l’enlèvement des ordures dans les quartiers par des journées de salubrité (journées propres).
  • et le désensablement du fleuve Niger, un vaste projet qui nous tient à cœur ; s’assagissant de ce projet colossale qui requiert des moyens monumental, nous sommes actuellement en train de faire la sensibilisation de la population au risque majeur qu’elle encourt.

Vous aviez lancé le projet « un élève un arbre » à l’école primaire Goudel II pour la sauvegarde de l’environnement à travers le reboisement, peut-on avoir un retour de l’avancé de ce projet ?

La vie en vert Ong Moussa Mazou SouleyLe projet un élevé un arbre a été un succès, nous avions eu l’appui du Ministre de Environnement et du développement Durable ALMOUSTAPHA GARBA ainsi que le soutien de plusieurs personnalité.

Nous effectuons un suivi en plus des soins prodigués par les élevés car il ils prennent très au sérieux leur rôle de protecteur et amis de leur arbre, les images en témoigne.

Ou en êtes-vous avec un de vos plus grands projets qui est le « programme de lutte contre l’ensablement du fleuve Niger » ?

Le désensablement, est un de nos défis majeurs, le fleuve Niger étant la principale cours d’eau du Niger (le lac Tchad en voie de disparition).

Rappelons que le fleuve Niger long de 4 200 KM tire sa source en Guinée Conakry dans le Fouta Djalon, traversant la Guinée, le Mali, le Nord Burkina Faso, le Niger et Nigeria ou il se jette dans l’océan Atlantique.

Ce fleuve est aujourd’hui sérieusement menacé, si on ne prend pas vite des mesures conséquentes il risque de disparaitre.

Nous envisageons de concentrer toute notre énergie pour la réussite de ce projet d’envergure ; nous ambitionnons de travailler avec l’Etat du Niger, les organisme et organisation comme l’autorité du Bassin du Niger (ABN), UEMOA, FEM, PNUD, AFD, GIZ etc.. Afin de trouver des solutions adéquates.

Avez-vous des projets environnementaux pour le Niger ?

Bien sûr nous avons plusieurs projets environnementaux, nous pouvons citez entre autres :

  • la multiplication et le renforcement des ceintures vert,
  • la promotion du gaz domestique et du biogaz,
  • la réalisation des latrines publiques dans les quartiers périphériques,
  • les journées propres, pour ne citer que cela.

Votre Mot de Fin.

Nous lançons un appel à l’endroit du gouvernement Nigérien et les partenaires techniques et financiers de prendre la menace au sérieux et conjuguer leurs effort pour la sauvegarde de ce patrimoine mondiale qu’est notre fleuve Niger très cher à nos yeux nous jeune de l’ONG la VIE EN VERT.

Moussa MAZOU  m.mazou60@gmail.com

Réalisée par Boubacar Guédé
26 mai 2018
Source : http://nigerdiaspora.net/

 

Pr Antoinette Tidjani Alou Pr Antoinette Tidjani Alou L’Université Abdou Moumouni organise au nouvel espace « Arts et Culture » des ateliers pré colloque du 3 au 6 février 2018, une « Journée Labo » le 6 février 2018 et, du 7 au 8 février 2018, un colloque international sur le thème : « Les Arts et la Culture : quels impacts politiques, économiques et sociaux ? » et des soirées spectacles et scènes ouvertes et des projections de films des étudiants le 7 et 8 février respectivement, à partir de 20h à la FLSH. On dirait vraiment que vous mettez le paquet et que vous grandissez par bonds depuis la création de la Filière en octobre 2014. Effectivement, on ne lâche rien ! Mais c’est un effort conjoint, immense, de longue haleine, qu’il faut accompagner avec persévérance par la pensée et l’action, les deux ensemble, se renforçant. La filière “Arts et Culture” prend sa source dans l’université même qui l’a appelé de ses vœux afin de réaliser la vocation culturelle, inscrite dans les statuts de l’institution. C’était d’abord le vœu d’étudiants voulant étudier les arts et la culture dont ils étaient passionnés, acquérir un bagage intellectuel et pratique, sanctionné par des diplômes. Puis celui de l’institution toute entière. Il fallait donc, enfin, donner forme et réalité à cette vocation culturelle de l’université, l’honorer et la mettre en œuvre par un programme universitaire, couvrant tous les niveaux : Licence, Master et Doctorat (LMD). Cette formation théorique et pratique inclut et dé- passe les arts de la scène, d’où la nouvelle dénomination plus juste de filière “Arts et Culture”. Les équipes rectorales et décanales, celles qui nous ont vus naître et qui nous ont portés sur les fonts baptismaux et celles qui veillent actuellement sur notre bon ancrage, ont fait et font montre d’une ouverture d’esprit et d’un dynamise sans pareil qui permettent à l’Université Abdou Moumouni et au Niger, par conséquent, de prendre de l’avance sur les universités de la sous-région dans ce domaine. Déjà les étudiants arrivent du Benin, du togo, du Mali, du tchad... Mais rien ne se fait sans argent. Et la formation professionnelle demande des fonds substantiels pour une mise en place conforme. C’est le lieu de remercier la Suisse qui nous aide dans cette phase d’ancrage par un effort substantiel dans le cadre du projet PADEC.

Pour y revenir, pourquoi ce nouveau colloque ? Expliquez nous le choix de cette thématique.
Ce colloque de 2018 poursuit le dialogue déjà entamé par les colloques de 2014 et de 2016. Ceux-ci s’étaient focalisés sur des problématiques fondamentales : "L'Art et la Culture vus d'Afrique. Réalités et perspectives contemporaines", thème du colloque de 2014, a examiné le contexte dans lequel la filière est née et dans lequel elle avait à s’ancrer et grandir. Les panels se sont penchés sur les concepts et conceptions, acteurs et pratiques des domaines pertinents. Le but était de mesurer les défis et potentiels d’un programme théorique et pratique, ambitieux et durable à travers, en arts et culture, le questionnement suivant : Qu’est-ce que l’art ? Qu'est-ce que la culture ? Qui dé- cide ? Quels sont arts et cultures qui émergent dans les jeunes générations ? Qui en sont les acteurs ? Comment opèrent-ils ? Quelles sont leurs relations avec les politiques, les professionnels de la culture et les chercheurs ? Quels sont les rapports entre les patrimoines et les arts contemporains en Afrique ? Comment les enseignants universitaires conçoivent-ils l’art et la culture, comment l’enseignent-ils, comment ‘l’utilisent’-ils ? Le développement par l’art et la culture, quels en sont les enjeux ? Quelles dé- rives ? Qui mène la danse ?

Inna Karanta Ramatou SalifouMme. Inna Karanta Ramatou SalifouComment vous présentez-vous aux internautes de Nigerdiaspora ?
Inna Karanta pour les internautes, je suis activiste-web
On nous qualifie d’agent de changement mais je dirais plutôt réformateur ; nous (membres du groupe Nigérien Cyber citoyen) sommes des réformateurs et nous usons des réseaux sociaux pour faire passer le message du ‘Nouveau Nigérien’

Pour nous, l’utilisation d’internet et des réseaux sociaux peut faire naitre un espoir.

Nous nous sommes engagés dans le combat citoyen afin de réussir un changement de comportements et de mentalités ensemble avec nos concitoyens présents sur le net surtout et au-delà.

Nous pensons que les efforts doivent être multiples et divers et nous avions choisi d’exploiter positivement l’espace que nous donne la toile afin de tirer la sonnette d’alarme sur nos mauvais comportements et surtout nous amener à changer.


Si vous devez présenter l’association NCC, que direz-vous d’elle ?
Nigérien-cyber citoyen est une plate forme sociale qui regroupe les citoyens nigériens. Plus qu’une association c’est un mouvement qui s’est fixé comme objectif de dénoncer, agir et faire agir les autorités sur des situations diverses (insalubrité, catastrophes naturelles, sinistre, cas sociaux…)

L'Observateur du Maroc & d'Afrique Alphadi J'ai toujours milité pour une Afrique unieConnu pour ses créations audacieuses mêlant tradition et modernité, le précurseur de la mode africaine, fondateur du FIMA et président du jury de l’African Fashion Talents, nous explique comment la mode et la culture sont des industries qui peuvent hisser l’Afrique au rang des nations prospères.

 Vous êtes président du jury de la 1èreédition de l’African Fashion Talents organisé à Casablanca. Quel est votre sentiment ?

Je suis ravi d’être président du jury de cette édition qui regroupe à la fois de jeunes designers et des grands créateurs, et qui démontre que la création africaine existe bel et bien. Avec ce genre d’événements, le rêve que je faisais il y a 20 ans lorsque j’ai créé le FIMA (Festival International de la Mode Africaine) à Dakhla, est devenu une réalité. Mon combat a toujours été celui de l’Unité Africaine, c’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai été choisi comme ambassadeur et artiste pour la paix à l’UNESCO depuis 2 ans. Au-delà des partenariats, j’accompagne les jeunes marocains dans leurs démarches réelles, car aujourd’hui, en plus de la nécessité de financer la culture, il faut d’abord éduquer des générations. Les gens n’y croient pas, le monde est devenu tellement vorace que l’esprit européen vole notre âme, notre esprit, nos valeurs et on ne peut pas continuer comme ça ! Il faut qu’on soit une unité, une Afrique unie. C’est d’ailleurs la vision du roi Mohammed VI et je suis heureux, avec toutes ces années de création, d’amener les enfants à comprendre que c’est en étant ensemble culturellement qu’ils deviendront les grands de demain. Le Maroc est un pays où la productivité existe. Les pays africains comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Niger ou le Mali ont de la main d’œuvre de qualité et de vrais créateurs et partagent désormais la même vision. Le Maroc est un tremplin entre l’Europe et l’Afrique.Tous les grands financiers marocains croient en l’art et en la création africaine, du coup, ils peuvent sponsoriser la création c’est pour cela que j’y crois énormément.

Que cherchez-vous chez un créateur ?

Un créateur doit présenter un produit portable, vendable, un produit mettant en valeur la matière africaine, qui peut être l’image du continent, l’inspiration de la culture africaine. Une dimension particulière est donnée à la bijouterie, à la maroquinerie, à la matière produite sur le contient africain. D’ailleurs, le thème du FIMA cette année c’est : l’Afrique, sa création, ses valeurs. Les modèles doivent certes contenir des motifs d’inspiration africaine, mais, on leur donne quand même libre cours pour avoir de bons créateurs qui peuvent travailler à New York ou à Paris. On ne leur impose pas le caftan ou boubou africain, mais des produits portables, vendables et commercialisables.

Véritable mer intérieure et mère nourricière pour près de cinquante millions d’habitants répartis entre le Cameroun, le Niger, le Nigeria, le Tchad et la Centrafrique, le lac Tchad n’est plus aujourd’hui que l’ombre de lui-même. Démographie, pauvreté, sécheresses, changement climatique, insécurités, faiblesse de la gouvernance, pandémie du COVID, etc, menacent de ravaler aujourd’hui cet espace vital pour des populations composées à majorité d’agriculteurs, d’éleveurs, de chasseurs et de pêcheurs. Loin de baisser les bras, les Etats membres riverains de cette précieuse ressource, réunis au sein d’une structure commune – la Commission du bassin du bassin du lac Tchad – tentent d’y faire face avec une détermination et un engagement qui forcent l’admiration. Entretien avec le premier responsable d’une organisation pour qui fraternité, complémentarité et solidarité ne constituent pas un vain mot ! 

 Excellence Monsieur le Secrétaire Exécutif, vous séjournez à Niamey dans le cadre des activités de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT). Pouvez-vous nous expliquer les objectifs de cette rencontre de Niamey ?

Nous sommes de nouveau réunis dans cette belle capitale nigérienne dans le cadre de la Sixième réunion ordinaire du Comité régional de pilotage du PRESIBALT (Programme de réhabilitation et de renforcement de la résilience des systèmes socio-écologiques du bassin du lac Tchad). Sixième réunion du COPIL du PRESIBALT que nous avons bien voulu coupler avec la toute première réunion du Comité de pilotage du PARSEBALT (Programme d’appui à la réinsertion socio-économique des groupes vulnérables dans le bassin du lac Tchad), un tout nouveau programme, pour des raisons évidentes d’efficience et d’économie d’échelle, les deux programmes ayant pratiquement les mêmes membres statutaires.

Le PRESIBALT constitue l’un des programmes phares de la CBLT. Il est financé à hauteur de 64 milliards de francs CFA, par le groupe de la Banque africaine de développement et le Fonds mondial pour l’environnement. Il a été lancé en 2016, en pleine crise Boko Haram et concerne directement quatre de nos six pays membres : Cameroun, Niger, RCA, et Tchad. Il vise entre autres la réduction de la pauvreté des populations vivant des ressources du bassin du lac Tchad, à travers le renforcement de la résilience des systèmes socio-écologiques, la préservation des écosystèmes et la valorisation des principales productions. D’une durée de cinq ans, le PRESIBALT concerne directement plus de quinze millions de bénéficiaires (dont 52 % de femmes) vivant autour du lac Tchad. Intervenu en pleine crise sécuritaire, le programme a ainsi pâti de contraintes et de difficultés de tous ordres, résultant entre autres des exactions du groupe Boko Haram. Nonobstant ces difficultés qui ont émaillées sa mise en œuvre, le PRESIBALT a tout de même enregistré des résultats appréciables. Rien que pour le Niger, ce sont près de dix milliards qui ont été ou sont en train d’être investis sous forme de d’infrastructures socio-économiques telles que les salles de classes, les marchés, les points d’eau modernes, la formation ou le renforcement de capacités de certaines catégories socioprofessionnelles telles que les femmes et les jeunes.

Nous sommes donc réunis dans le cadre du Comité régional de pilotage du PRESIBALT pour la sixième et dernière année. Comme vous le savez aussi, les comités de pilotage constituent des cadres de référence où les différents membres statutaires se réunissent, mesurent les progrès accomplis, partagent des connaissances et des expériences, prennent connaissances des bonnes pratiques et des leçons apprises et repartent gonflés à bloc, afin de corriger les lacunes et de mieux faire. Le COPIL du PRESIBALT ne déroge point à cette règle.

Afin de faire d’une pierre, deux coups, nous avons jugé utile de coupler ce COPIL du PRESIBALT avec celui du tout nouveau programme PARSEBALT.  Lequel vise l’amélioration des conditions de vie dans le bassin du Lac Tchad, par la réinsertion sociale et économique des populations les plus affectées par l’insécurité et les aléas climatiques dans la région, notamment à travers la lutte contre le chômage et l’oisiveté des jeunes, l’amélioration de l’offre de formation et son adéquation avec les besoins économiques locaux, la redynamisation des activités économiques dans la région, la promotion et l’accompagnement des groupements économiques des femmes et des jeunes et le renforcement des capacités de résilience et d’adaptation aux changements climatiques des populations, etc. Au-delà du PRESIBALT et du PARSEBALT, il est aussi judicieux et nécessaire de se retrouver de temps en temps dans les différents pays membres, pour échanger, recueillir les avis et les opinions de nos responsables et de nos populations parce qu’au bout du compte, c’est à leur profit exclusif que nous œuvrons !

Excellence, quels sont les plus grands défis auxquels fait face la CBLT ? Et quel rôle joue-t-elle dans la lutte contre l’insécurité et dans l’amélioration de la résilience de la population ?

A cheval entre le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad, la région du lac Tchad est confrontée à une conjugaison d’obstacles structurels de longue date qui se dressent contre son développement. A ces défis s’ajoute un ensemble complexe de problèmes aggravants tels que le changement climatique et les conflits violents. Il en résulte une situation de fragilité aiguë où les quelques 50 millions d’habitants de la région, pris au piège d’un cercle vicieux où pauvreté, violence, conflits, émigration, déplacements, dégradation des terres, aliénation des jeunes et un sentiment général d’insatisfaction se conjuguent sans fin. L’exacerbation de la violence armée, notamment des groupes terroristes Boko Haram, apparu au Nigeria en 2009, puis étendu aux autres Etats riverains du lac Tchad, a engendré, entre 2009 et 2021, la mort de 33 000 personnes, entraîné le déplacement d’environ 2,7 millions d’autres et conduit plus de 12 millions d’autres à tendre la main pour survivre…

A tous ces défis pressants est venu s’ajouter la pandémie du COVID 19. Laquelle depuis mars 2020, et au-delà de nos Etats membres respectifs impacte aussi la bonne marche de l’organisation régionale.

En tant qu’organisation régionale chargée par ses Etats membres pour réglementer l’utilisation des eaux du bassin et d’autres ressources naturelles, la CBLT, nonobstant la faiblesse de ses moyens, est sur tous les fronts afin d’endiguer non seulement la menace des groupes terroristes mais aussi pour remédier à la dégradation des conditions climatiques dans ce bassin hydrographique de près de 50 millions d’âmes, renforcer leur résilience et leur donner les moyens de subvenir décemment à leurs besoins. Dieu merci, comme le montre l’accalmie sur le front sécuritaire et les défections de plus en plus importantes des éléments des groupes terroristes, même si cela ne veut nullement dire la fin des attaques terroristes, nous sommes confiants que ces défis conjoncturels vont bientôt s’estomper. Nous n’aurons alors qu’à nous focaliser sur les défis structurels pressants que sont les différents facteurs de fragilité dans le bassin du lac Tchad.

Justement, l’on ne saurait parler du bassin du lac Tchad sans évoquer ce projet de transfert d’eau interbassins. Qu’en est-il de ce projet de transfert d’eau que qui focalise tant les attentions ?

Ce projet de transfert d’eau interbassins trouve ses prémices dans la grande sècheresse des années 70, date à laquelle surgit « l’idée de reverdir le Sahel ». Grosso modo, il consiste à creuser un canal d’environ 2500 km, qui partirait de la République démocratique du Congo, passerait par la Centrafrique pour se jeter dans le Lac Tchad.  Le canal ainsi creusé permettrait de pomper une infime quantité de cette eau qui se jette dans l’océan pour l’acheminer vers le fleuve Oubangui et jusqu’au Chari et Logone qui alimentent le lac Tchad. Bien mené, un tel projet offre l’avantage de servir de catalyseur au développement économique et à l’intégration régionale en permettant une grande agriculture irriguée, la production d’hydroélectricité, le lien par voie navigable entre le bassin du Congo, le bassin du Tchad et le bassin du Niger, ainsi l’essor des échanges commerciaux, etc.

Dans cette optique, la Commission du bassin du lac Tchad a mandaté une société canadienne pour réaliser une étude de faisabilité. Elle a abouti à des propositions tenant sur deux variantes de transferts : par pompage à ou par gravité. Afin de faire taire les voix dissonantes et convaincre les plus sceptiques, une nouvelle étude plus approfondie est confié en 2017, au groupe italien Bonifica, porteur du projet d’origine. Ce dernier s’associe, pour la circonstance, au géant chinois de l’énergie Power China, qui a déjà construit plusieurs barrages hydroélectriques sur le continent. Alors que les conclusions n’ont pas encore été finalisées, survient la Conférence internationale sur la sauvegarde du lac Tchad. A cette conférence de haut niveau, tenue à Abuja en 2018, les Chefs d’Etat des quatre pays riverains du lac Tchad (Nigeria, Niger, Tchad et Cameroun), aidés par une pléiade de chercheurs et de scientifiques, planchent sur de potentielles solutions pour stopper l’assèchement du bassin, également menacé par l’insurrection des groupes terroristes. 

Cette rencontre recommande une démarche par paliers, comme par exemple la possibilité d’améliorer l’hydraulicité du Chari-Logone, lutter contre l’érosion des berges, l’ensablement et l’envasement du bassin du Chari-Logone. C’est d’ailleurs l’option préconisée par plusieurs chercheurs comme ceux de l’Institut de recherche en développement (IRD) qui estiment que le désensablement du Chari- Logone, ainsi que du lac Tchad lui-même permettrait de relever le niveau du lac d’un mètre supplémentaire, c’est-à-dire pratiquement l’équivalent du même volume d’eau qui serait obtenu par le projet de transfert d’eau interbassins. Nous sommes à ce stade aujourd’hui. Peut-être que l’amélioration de l’hydraulicité du Chari-Logone nous épargnera-t-elle de ce projet que beaucoup trouvent irréaliste. L’avenir nous le dira.  

A l’image du projet de transfert d’eau interbassins, la mise en œuvre des actions entreprises par votre institution nécessite de gros moyens notamment financiers. En dehors de la contribution individuelle des Etats membres, de quels autres moyens dispose la CBLT pour accomplir sa mission ?

En effet, le budget de la CBLT dépend quasi exclusivement des contributions des Etats membres, et pour certains projets et programmes de financement des bailleurs de fonds. En raison des fortunes que connaissent tous ces Etats aujourd’hui en butte à des tensions de trésorerie et à la grave récession économique mondiale, il en découle des retards de paiement et des arriérés de paiements qui impactent gravement la conduite sereine de nos activités. Pour une institution confrontée à des défis multidimensionnels complexes dont je faisais cas tantôt, vous conviendrez avec moi, que de telles difficultés financières, sont de nature à compromettre gravement les ambitions et les missions qui sont les nôtres.

Bien évidemment que nous ne restons pas les bras croisés. Ainsi, dès la fin des années 2000, la CBLT a amorcé un processus de consolidation et de refonte totale. C’est ainsi qu’elle s’est doté d’une vision (Vision 2025), d’une stratégie (Programme d’Action Stratégique - PAS), de Principes communs de gestion de l’eau (Charte de l’Eau et ses Annexes), d’une gestion axée sur les résultats, de l’approche Programme et, last but not least, elle a mené une étude stratégique sur les mécanismes de financement autonome de ses activités. Cette étude est pratiquement achevée. Elle propose plusieurs pistes de solutions, dont entre autres les contributions des Etats membres, les financements sous régionaux, les prélèvements communautaires, la gestion des fonds à capitaux régionaux, la taxation sur l’exportation des ressources minières, la rémunération pour maîtrise d’ouvrage, les rémunérations des activités du guichet unique de la CBLT, les financements liés à des services rendus aux usagers finaux de la ressource en eau avec des redevances de service, etc. Toutes ces propositions sont sur la table, il ne nous reste plus qu’à réunir pour décider ensembles de la meilleure piste susceptible de permettre à notre organisation commune de poursuivre sereinement ses activités.

Qu’en est-il aussi de la stratégie régionale de stabilisation des zones du bassin du lac Tchad affectées par la crise Boko Haram, lancée, si mes souvenirs sont bons, en août 2018 ?

Comme je l’affirmais tantôt, depuis bientôt d’une décennie, les pays riverains du lac Tchad subissent de plein fouet les exactions des groupes terroristes. Cela a entrainé de graves conséquences pour la vie des populations de cette zone, en particulier sur celle des communautés du nord-est du Nigeria, des régions voisines du Cameroun, du Tchad et du Niger riveraines du lac Tchad. Afin de répondre de manière globale, inclusive et participative aux causes profondes du sous-développement et à tous ces facteurs de fragilité dans le bassin du lac Tchad, la CBLT et ses Etats membres ont convenu d’une Stratégie régionale pour la stabilisation, le relèvement et la résilience (RSS) des zones affectées par Boko Haram dans la région du bassin du lac en août 2018.

Reposant sur 9 piliers d’intervention, 40 objectifs stratégiques, elle concerne notamment les États de Borno, Yobe et Adamawa au Nigeria, la région de Diffa au Niger, la région du Lac et la région de Hajder-Lamis au Tchad et la région de l’Extrême-Nord et du Nord du Cameroun.

Une phase initiale de démarrage de cette stratégie de stabilisation a été lancée en juillet 2019, avec le lancement du Fonds d’appui à la stabilisation du bassin du lac Tchad, financé par l’Allemagne, la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et l’Union européenne. Elle a concerné la reconstruction des services de base, la relance des activités génératrices de revenus et le renforcement de la cohésion sociale grâce au retour de la présence de l’Etat dans les zones ciblées.

Aussi bien au Cameroun, au Tchad, au Nigeria et au Niger, après 24 mois de mise en œuvre, les résultats se passent de tout commentaire. Les diverses interventions (amélioration de la sécurité, accès aux services de base et aux moyens minimums de subsistance dans les zones libérées du joug des extrémistes, redéploiement de l’autorité de l’État, réhabilitation des services publics de base tels que les écoles, les cases de santé, les points d’eau modernes…) donnent des réels motifs d’espoir. Au regard de ces réussites, sur la base des retours d’expériences, afin de poursuivre cette dynamique vertueuse, il ne reste plus qu’à s’attaquer véritablement et résolument aux maux qui ont dressé le lit de l’extrémisme violent dans la région du bassin du lac Tchad. 

Le mot de la fin, monsieur le secrétaire exécutif ?

Comme le proclame la « Vision 2025 » de la CBLT, mon rêve, c’est de voir le lac Tchad redevenir cet espace de vie, ce bassin nourricier susceptible d’assurer durablement les moyens de subsistance aux populations qui y vivent et même au-delà.

Ce rêve peut rapidement se traduire en réalité si les pays du bassin du lac Tchad maintiennent et entretiennent davantage les liens séculaires de fraternité, de complémentarité et de solidarité unissant depuis la nuit des temps les populations riveraines de ce bassin de vie. Cela est aussi possible, si et seulement si, la communauté internationale intensifie son soutien à la mise en œuvre de la stratégie régionale pour la stabilisation, le redressement et la résilience des zones affectées par Boko Haram dans la région du bassin du lac Tchad. Une stratégie régionale, globale, inclusive et participative qui, en sus, de s’attaquer aux causes profondes de la crise, répond surtout aux besoins des communautés touchées, notamment les femmes et les jeunes, empêchant ainsi leur radicalisation et leur enrôlement par les groupes terroristes. Mais, il ne faut point se voiler la face. Nonobstant leur bonne volonté, les pays de la région, à eux seuls, n’ont pas les moyens financiers d’entreprendre ces énormes projets. Il faut alors accroitre et intensifier le soutien international aux efforts nationaux et régionaux visant à éradiquer définitivement ces maux. Il faut, par exemple, doter la FMM et les différentes armées nationales concernées de moyens financiers, logistiques et techniques susceptibles de mener à bien leurs missions. Le soutien de la communauté internationale est également nécessaire pour mettre en œuvre et réussir les opérations de désengagement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) des repentis de Boko Haram.

Pour finir, il faut non seulement continuer à exercer une pression constante sur les reliquats de groupes terroristes mais aussi s’attaquer résolument aux questions à l’origine des problèmes dans le bassin du lac Tchad, tels que la sécheresse, l’assèchement du lac, la pauvreté endémique et le chômage des jeunes. Si nous arrivons à faire taire les armes, nous serons alors en mesure de nous attaquer résolument aux questions de développement.

Réalisée par Ali Maman(onep)

Maimouna-GaziboComment voudriez-vous, vous présenter aux internautes de Nigerdiaspora ?

Je suis titulaire d’une maitrise en Sciences Economiques et Juridiques de l’université du Mali, Magistrat, diplômée de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature du Niger, et de l’Ecole Nationale d’Administration de France. Je suis la Directrice Générale de l’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes dénommée ANLTP-Niger.

L’ANLTP est un service rattaché au Ministère de la Justice. Elle a été créée par décret en 2012. Mais elle est opérationnelle depuis juin 2013. Elle a pour mission de sensibiliser les couches vulnérables, de former les magistrats, les officiers de la police judiciaire, les journalistes, les acteurs de la société civile et bien d’autres sur les phénomènes de la traite des personnes et le trafic des migrants.

Actualité oblige, pourquoi le Niger lutte il contre la migration ?
Permettez-moi d’abord de corriger une petite incompréhension qui sème la confusion et dénature le débat.
Le Niger ne lutte pas contre la migration. Le Niger lutte contre des trafiquants qui font des migrants, des êtres humains comme vous et moi, un fonds de commerce qui leur procure des revenus exorbitants, lesquels revenus ne profitent d’ailleurs qu’à une petite partie de la population.
En effet, ces revenus illicites profitent en réalité aux passeurs et leurs complices. S’ils étaient destinés à l’ensemble de la population, avec les sommes considérables, qu’engendrent le trafic des migrants, il n’aurait pas de ménages pauvres dans la ville et les environs d’Agadez.
En réalité, la population ne profite que des échanges et des petits achats de produits de première nécessité par les migrants en transit. Par ailleurs, beaucoup de personnes tentent de nous convaincre que les personnes qui exercent le trafic des migrants sont pauvres et que l’économie de la Région d’Agadez repose sur le trafic de migrants. Et que par conséquent, mettre fin à la criminalité ruinerait les ménages de la région.
Alors je pose la question à ces personnes, faut-il laisser tous les pauvres qui volent parce qu’ils sont pauvres et que voler est la seule activité qu’ils ont pu trouver pour nourrir leurs familles ?
Faut-il arrêter de traquer les trafiquants de drogue parce que la drogue brasse beaucoup d’argent et permet à beaucoup de famille de ne pas mourir de faim ? Faut-il garantir l’impunité aux individus responsables de la mort de tant de personnes dans le désert, simplement parce que les passeurs doivent nourrir leurs familles et n’ont pas d’autres activités ? Faut-il laisser les terroristes en prison parce que la vente d’arme brasse beaucoup d’argent ?

Goge Maimouna Gazibo 002Alors que faut-il entendre par " migration légale et migration illégale “ ?

De manière synthétisée, nous avons une migration dite « économique » dont les motivations se fondent sur la quête d’un mieux-être.

Les candidats à la migration économique sont le plus souvent les jeunes sans emploi, les étudiants et les jeunes sans diplômes. Cette forme de migration se déroule pour beaucoup dans des conditions régulières et sécurisées. La diaspora issue de cette migration concourt significativement au développement économique d’un Etat.

Malheureusement pour beaucoup d’autres migrants, l’aventure se déroule dans un drame ou une catastrophe en raison des moyens illégaux utilisés pour franchir des frontières à risque élevé ou encore des bateaux ou embarcations de fortune. Le plus souvent, le fait de voyager sans documents notamment les pièces d’identité, ou des visas pour les pays qui l’exigent, fragilise un migrant et le met en situation d’extrême vulnérabilité. En plus les personnes qui se déplacent avec des faux documents pour franchir une frontière commettent une infraction contre l’Etat d’accueil ou de transit. On fait allusion à une « migration légale ou régulière », lorsque le migrant remplit juridiquement les conditions pour entrer dans un Etat dont il n’est ni ressortissant, ni résident permanent. On qualifie la migration d’illégale ou irrégulière quand le migrant voyage ou tente de voyager sans les documents nécessaires ou avec des documents frauduleux. Il est à noter que dans le cadre de la migration, le migrant peut être victime de pratique illicite, on parle alors de trafic de migrants, qui consiste pour une tierce personne à faciliter l’entrée illégale d’une personne dans un Etat dont elle n’est ni un ressortissant ni un résident permanent, moyennant un avantage financier ou matériel. C’est cette forme de migration irrégulière qui relève de la compétence de l’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes.

Comment œuvrer au respect de la dignité des migrants ?

L’application effective de la loi 2015-36 permet de garantir l’ensemble des droits du migrant. En effet, sur la base de ce texte, aucun migrant même en situation irrégulière ne saurait être poursuivi parce qu’il a simplement tenté de franchir illégalement une frontière. Le migrant reste vulnérable hors de chez lui et c’est la raison pour laquelle le Niger a pris des dispositions pour garantir la sécurité des migrants en transit dans (ou à destination de) notre pays ; pour leur permettre de saisir les juridictions compétentes pour porter plaintes contre les passeurs en cas de maltraitance ; pour leur offrir la possibilité d’entrer en contact avec leur ambassade en cas de difficultés, de bénéficier au même titre que les Nigériens d’un certain nombre de droits fondamentaux comme l’accès aux soins en cas de maladie, par exemple.

Mieux, l’Etat pour prévenir d’éventuels manquements, ne cesse de mener des actions de sensibilisation et de formation au profit des magistrats et des officiers de police judiciaire sur les droits des migrants et des réfugiés.


Le Niger a connu des drames effroyables dans son désert. Plusieurs migrants illégaux ont trouvé la mort dans des conditions qui choquent la conscience humaine ; abandonnés sans aucun secours par des passeurs. Est-ce que la nouvelle loi qui a été adoptée a produit des effets bénéfiques pour protéger les migrants ?

Effectivement le Niger a enregistré plusieurs morts dans le désert, ces dernières années. D’ailleurs, en mémoire de ces nombreuses victimes, mortes dans des conditions effroyables, l’Etat a décrété une journée nationale de mobilisation contre la traite des personnes en 2014. Le Niger est le seul pays de l’espace CEDEAO qui a consacré une journée spéciale le 28 Septembre de chaque année pour commémorer les victimes du ‘désert et des criminels’

Nonobstant ce décret, face à l’insuffisance des instruments juridiques pour punir les auteurs de ces abandons de migrants dans le désert, le Niger s’est résolu à légiférer pour protéger les droits des migrants qui transitent par son sol pour rejoindre le Maghreb et d’autres Etats. Ainsi la loi 2015-036 vise à protéger d’abord le migrant. Ensuite elle permet de poursuivre et traduire les passeurs et leurs complices devant les juridictions compétentes. Enfin elle permet à l’Etat de gérer le flux de migrants irréguliers. Il est important de souligner en effet que les malfaiteurs profitent de la vulnérabilité d’hommes et de femmes en quête d’un lendemain meilleur pour les transformer en fonds de commerce, en les aidant à franchir illégalement la frontière dans des conditions inhumaines et dégradantes. Beaucoup meurent de soif ou de faim.

Goge Maimouna Gazibo 003Le territoire nigérien est un axe privilégié pour le trafic de migrants en partance pour l'Europe via la Libye. Comment contribuer à relever les défis que pose la gestion de ce phénomène ?

Il faut nécessairement mettre à contribution l’ensemble des couches socioprofessionnelles, former et sensibiliser l’ensemble des acteurs intervenants dans les investigations, la poursuite, la condamnation et enfin doter la chaine de prise en charge, de beaucoup de moyens. Il faut réprimer les auteurs de trafic mais il faut aussi offrir des perspectives aux candidats au franchissement illégal des frontières.

Selon vous, pourquoi une part importante de la migration internationale se déroule hors des voies réglementaires ?

Plusieurs raisons justifient cette situation. Les difficultés pour obtenir un visa pour beaucoup de pays. En plus n’oublions pas que la migration est un phénomène naturel. L’absence de politique migratoire est une autre raison pour beaucoup d’Etats. Car les conditions d’accès aux documents de voyage sont lourdes et les procédures lentes et souvent coûteuses. Les nombreuses tracasseries découragent beaucoup de candidats qui finissent par prendre la route avec tous les risques y afférents.

Quels sont les avancées du Niger dans la gestion des flux irréguliers surtout en ce qui concerne le trafic de migrants ?

La situation est actuellement stable. Presque plus de morts de migrants depuis que des mesures ont été prises pour contrôler la frontière. Actuellement pour la seule région d’Agadez nous avons au tribunal 14 dossiers devant le juge d’instruction avec 19 passeurs inculpés, 3 dossiers sont ouverts contre X. 20 personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel pour être jugées ; 8 personnes ont déjà été jugées, une personne a été relaxée et déjà deux véhicules ont été confisqués sur l’ensemble des véhicules immobilisés.

Réalisée par Boubacar Guédé
28 février 2017
Source : http://nigerdiaspora.net/

Aicha Macky Cineaste NigerDepuis plusieurs années, à force de travail et d’abnégation, elle fait rayonner le cinéma nigérien à l’international. On retrouve toujours ses productions avec autant de perfectionnisme et de bonheur sur les écrans. Elle, c’est Aïcha Macky ; née en 1982 à Zinder, cette jeune femme peut sembler aujourd’hui avoir beaucoup gagné. Plusieurs distinctions et récompenses et sans doute, sûrement encore plusieurs années de succès au compteur de sa carrière. Elle vient de créer sa propre entreprise de production dénommée ‘’Tabous Productions’’.

Comment êtes-vous venue au cinéma?

La première fois que je suis montée sur un podium, j’avais 6 ans, j’étais en classe de Cours d’ Initiation (CI).J’ai été sélectionnée par feu Issa Cherif, alors instituteur, qui parcourait les écoles à la recherche d’un (e) élève qui a une voix sinusoïdale pour être porte-voix des scolaires de la région de Zinder à travers une chanson dénommée Zinder, région de mon enfance. C’était à l’occasion de la visite du Président Ali Saibou qui coïncidait avec les festivités de fin d’année académique. Depuis ce temps, je ne me suis jamais arrêtée. Au Lycée Amadou Kouran Daga, j’étais une des animateurs du club culturel dudit lycée. Je m’intéressais à tout ce qui est art du spectacle. J’ai évoluée au Club UNESCO et au niveau de la commission des Affaires culturelles de l’Université de Niamey et ce, jusqu’à ma maîtrise. J’ai présidé plusieurs activités culturelles à l’Université dont la semaine des scolaires nigériens.

Mais, le cinéma, c’était grâce au Forum Africain de films documentaires initié par SEM Inoussa Ousseini Sountalma. J’étais stagiaire pendant des années. En 2011, il avait demandé une liste de tous les stagiaires qui ont un diplôme leur permettant de faire un Master. On était 3 parmi les stagiaires. Ramatou Doullah Harouna, Boka Abdoulaye et moi-même. Il nous a octroyé des bourses d’étude pour faire un Master Réalisation qui venait d’ouvrir à l’Université Abdou Moumouni en collaboration avec l’Université de Grenoble et le réseau des documentaristes dénommé AFRICADOC. C’était le début d’une belle et incroyable aventure cinématographique qui m’a amenée jusqu’au Festival de Cannes.

binta tini farandole livres niger librairie 01Dans l’assurance depuis, 1993, Binta Tini a créé la librairie la Farandole des Livres par passion et sous l’impulsion de ses filles (élèves au lycée la Fontaine) Raïssa et Tisna. Elles étaient alors âgées respectivement de 16 et 13 ans, en 2007. « C’est en raison de leur goût très marqué pour les livres qu’a germé cette idée de créer une librairie Jeunesse à Niamey », explique la libraire.

ActuaLitté : Quelle est l’histoire de votre librairie, comment l’avez-vous créée ?

Binta Tini : Mon époux Armand et moi, nous nous sommes lancés dans cette aventure. Nous avons commencé par acheter un petit terrain de 15 min 2 s, situé en face du Lycée la Fontaine de Niamey (Rue de la Cure Salée) sur lequel nous avons construit un bâtiment ; 5 ans plus tard avons pu acquérir un local contigu de 75 m2, ce qui nous a permis de faire ainsi du premier bâtiment, le local de stockage.

Le Niger et le Cameroun tentent de s’attribuer la paternité de cette fameuse escalope de viande séchée popularisée par les Haoussas. Seule sa reconnaissance transnationale pourrait permettre de désamorcer la crise qui couve.

Le kilichi est une très fine escalope de viande séchée, marinée, encore séchée et enfin grillée au feu de bois. Généralement fait à base de viande de bœuf, de chèvre, de dromadaire et d’une marinade composée de pâte d’arachide et d’épices, ce mets est une spécialité culinaire haoussa.


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Les Haoussas sont un peuple d’Afrique de l'ouest que l’on retrouve principalement au Nigeria et au Niger. Leurs qualités de grands commerçants se déplaçant sur de longues distances ont conduit, au long des siècles, à l’éparpillement d’importantes communautés au Cameroun, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Soudan, au Togo, au Burkina Faso, au Gabon, au Bénin et au Ghana. Cette dispersion de part et d’autre de l’Afrique a fortement contribué à ériger le haoussa en l’une des langues les plus véhiculaires du continent, selon l’Atlas des peuples, édition 2018.

Par  Téguia Bogni

07 mai 2021
Source :  https://www.jeuneafrique.com/1156833/politique/tribune-la-guerre-du-kilichi-aura-t-elle-lieu/

.Djamila Ferdjani (experte du Cijf): ‘’Abidjan va donner une meilleure dimension aux Jeux’’ Depuis quelques semaines, vous participez de manière active à la préparation logistique des Jeux de la Francophonie. Que peut-on retenir de votre présence dans l’organisation de ces huitièmes Jeux ?
Je peux d’emblée vous dire que nous arrivons à point nommé dans l’organisation. Vu que nous avons participé aussi à la visite qu’a effectuée le vice-Président de la Côte d’Ivoire sur les sites qui vont accueillir l’évènement. C’est avec satisfaction que nous nous sommes rendu compte de l’engagement de tout l’Etat ivoirien dans la réussite de ces Jeux. Au niveau du Comité international des Jeux de la Francophonie (Cijf), nous sommes donc déjà heureux de voir cet engouement en Côte d’Ivoire autour de cette fête pour la jeunesse africaine. On a vu le 14 juillet le vice-Président Daniel Kablan Duncan, sur le terrain pour suivre la fin de tous les travaux. Nous sommes vraiment impressionnés et encouragés à aider l’organisation locale, à pouvoir bien engager les Jeux de la cérémonie d’ouverture à la clôture le 30 Juillet. Il est aussi important pour nous d’encourager les autorités ivoiriennes et les organisateurs à accélérer les travaux de reconstruction et de réhabilitation afin de les achever dans le temps imparti. Avec tout ce que nous avons pu constater, les Jeux vont se dérouler dans de très bonnes conditions.

 M. le Consul, présentez-nous votre aire géographique de compétence?

L’aire de compétence du Consulat du Niger à Douala est principalement la région du Littoral avec Douala comme centre névralgique, et la région du  Sud-ouest, de Boya jusqu’à la frontière avec le Nigeria.

Qu’en est-il du nombre de nigériens vivant à Douala ?

Vous savez, les nigériens sont nombreux ici, mais je peux vous dire sur la base des cartes consulaires qui sont établies, que nous comptons plus de 12.000 ressortissants. Mais il faut dire que ce nombre n’indique que ceux qui sont détenteurs de la carte consulaire parce que vous savez bien que certains de nos ressortissants ne cherchent un papier que lorsqu’ils éprouvent la nécessité de le faire, c'est-à-dire généralement en cas de problème. Il nous est arrivé plusieurs fois d’intervenir pour des compatriotes qui arrivent ici sans aucun document ; sans passeport, sans carte d’identité nationale, sans acte de naissance, sans certificat de nationalité. Pour ces cas précis nous nous référons très  souvent aux représentants des communautés pour les identifier avant de leur établir une carte consulaire.

 M. le Consul, quels sont les principaux domaines d’activités des nigériens vivant dans la région du Littoral et principalement à Douala?

Les nigériens vivant ici exercent dans le domaine du commerce. Au niveau des deux grands marchés de la ville de Douala, et principalement au niveau du Marché Central de Douala les nigériens sont propriétaires de 30 à 50% des boutiques existantes. Il en est de même au niveau des marchés de friperie de la ville où ils sont largement majoritaires. En dehors de ceux qui sont dans les principaux marchés, il ya d’autres commerçants nigériens, à peu près au nombre de 3000, qui possèdent des boutiques d’alimentation, de pâtisserie, et autres un peu partout en ville.

Quels sont les services pour lesquels les ressortissants nigériens sollicitent le concours du Consulat?

Les ressortissants nigériens à Douala sollicitent le Consulat pour l’obtention de documents que l’Etat nous autorise à leur fournir. Il s’agit de la carte consulaire, de la carte noire, du laissez-passer en cas de voyage, du carnet de voyage de l’espace CEDEAO, la procuration, le certificat de mariage. Il ya aussi pour les enfants qui naissent ici un registre pour l’obtention de leurs actes de naissance de  0 à 1 mois. Nous ne pouvons pas  faire le Certificat de nationalité et le passeport.  Mais nous pouvons faire toutes les formalités  afférentes au passeport et les envoyer au Ministère des Affaires Etrangères pour l’établissement du passeport.

Le Président de la République a toujours soutenu que la diaspora nigérienne a un rôle éminemment important à jouer dans l’avenir du pays. Quel est le message que vous relayez à la communauté nigérienne vivant à Douala sur cette question ?

A chaque fois que nous rencontrons nos ressortissants, nous leur adressons cette même préoccupation du Chef de l’Etat. Nous leur disons qu’ils doivent garder à l’esprit qu’ils sont à l’extérieur, et qu’ils doivent, pour leurs grands investissements, les faire au pays. Nous devons d’abord penser à construire notre pays. C’est pour cela d’ailleurs que le climat des affaires a été nettement amélioré au Niger ; et il favorise les investissements. Nous leur disons qu’il est de leur intérêt d’investir massivement au Niger car c’est chez eux.

Quelles sont les difficultés majeures que les ressortissants nigériens vous évoquent dans leur vie quotidienne ici à Douala ?

Les problèmes ne manquent jamais. Mais vous savez ici les autorités camerounaises sont conscientes de l’apport des communautés étrangères dans l’économie du pays, dans les recettes de l’Etat, dans le développement du pays en général. Et elles font tout pour protéger les droits de chacun, notamment des étrangers, et permettre leur plein épanouissement au Cameroun. Le Consulat a d’excellentes relations avec toutes les autorités régionales, et cela nous facilite beaucoup de choses. Les ressortissants nigériens vivent en toute quiétude ici dans la région du Littoral et nous remercions les autorités de la région pour leur soutien.

Réalisée à Douala par Oumarou Moussa

19 février 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le Directeur Général, les examens du BTS d’Etat ont commencé depuis hier, pouvez-vous rappeler à nos lecteurs, le processus qui a abouti à cette étape ?

Pour rappel, cette année, les candidats composeront dans 19 filières ; ils sont repartis dans quatre (4) centres à savoir Maradi, Niamey, Tahoua et Zinder. Les candidats ont eu jusqu’au 13 juillet pour déposer leurs dossiers. Les épreuves de pratique informatique ont eu lieu en début août. C’est donc les épreuves écrites et orales ainsi que les travaux en ateliers qui ont commencé hier 27 août.

En amont, les directions techniques ont travaillé d’arrache-pied, chacune en ce qui la concerne et sous la supervision de la direction générale, pour une bonne organisation de la session 2018 à l’instar des sessions précédentes. C’est ainsi que la Direction des Examens et Concours du Supérieur (DECS) a imprimé les formulaires d’inscription et mis à la disposition des écoles et instituts de formation professionnelle et technique de Niamey comme ceux de l’intérieur du pays et aux candidats libres. Les formulaires ont été placés au niveau de l’ONECS, à Niamey, et à l’intérieur du pays auprès de nos points focaux sis dans les universités de région.

Peut-on avoir une idée de l’organisation que vous mettez en place pour gérer l’avant et l’après examen ?

Chaque direction technique a un plan annuel d’activités qui incorpore la période des concours et l’examen du BTS d’Etat. Ainsi, des comités sont mis en place avec des consignes précises liées à l’organisation soit d’un concours ou l’examen du BTS d’Etat ; avant, pendant et après l’examen ou concours.

Monsieur le Directeur Général, la campagne agricole 2018 s’annonce avec des quantités de pluies enregistrées dans certaines zones de notre pays. Quelles sont les dispositions prises par votre Direction pour faire face aux ennemis des cultures qui peuvent tenter de réduire à néant les efforts des paysans ?

Je vous remercie pour l’occasion que vous me donnez de faire le point sur les préparatifs de la campagne d’hivernage 2018, notamment en ce qui concerne la protection et la défense des cultures. Mais avant de répondre à votre question, permettez-moi de rappeler pour la circonstance, les missions de la Direction Générale de la Protection des Végétaux ( DGPV) et ses méthodes d’intervention.

La DGPV est responsable de la conception et la mise en œuvre de la politique nationale de protection des végétaux. A ce titre, elle est entre autres chargée d’assurer la protection phytosanitaire sur l’ensemble du territoire national ; de contribuer à la déclinaison, à la mise en œuvre et au suivi évaluation de l’Initiative 3N  « les Nigériens nourrissent les Nigériens » ; de participer à l’élaboration en relation avec les Directions, les Institutions spécialisées concernées des lois et textes réglementaires en matière de lutte phytosanitaire ; d’établir, en rapport avec la Direction Générale des Ressources, le projet de budget de sa Direction et des Directions nationales correspondantes et assurer le suivi de l’emploi des différents crédits ainsi que la gestion du

personnel et du matériel sous sa responsabilité ; d’assurer la programmation et le suivi régulier des campagnes phytosanitaires en rapport avec les Directions concernées ; d’élaborer, en relation avec les structures nationales, régionales et internationales concernées, les stratégies de promotion de lutte alternative et procéder à leur diffusion au niveau des producteurs ; d’assurer la tutelle ou la correspondance des projets, des organismes régionaux et internationaux dont la Direction Générale a la charge ; et de superviser et coordonner les activités des Directions placées sous sa responsabilité.

Le Haut Commandant de la Gendarmerie Nationale du Niger : «Les actions de la Gendarmerie Nationale s'inscrivent non pas dans le cadre de la gloire personnelle mais plutôt dans celui de la grandeur de la Nation Nigérienne», déclare le Général de Brigade Sa

La Gendarmerie Nationale du Niger est une force de défense et de sécurité qui s'est illustrée à plusieurs reprises dans l'accomplissement de ses missions de défense et de sécurisation du pays. Dans l'une de ses rares sorties médiatiques, le Haut-commandant de la Gendarmerie Nationale du Niger, le Général de Brigade Salifou Wakasso s'est confié à l’ONEP. Dans cet entretien, il revient sur les missions assignées à la Force polyvalente qu'il commande, sa restructuration ainsi que sur sa propre vision pour l'Institution et la mise en place d'un Commandement des Opérations Spéciales de la Gendarmerie Nationale (COS/GN).

Le Haut Commandant, quelles sont les missions statutaires assignées à la Gendarmerie Nationale du Niger ?

De par le Décret n068-86/PRN/MDN du 21 Juin 1968, la Gendarmerie Nationale est une Force Instituée pour veiller à la sureté publique (elle renseigne, alerte et porte secours), pour assurer le maintien et le rétablissement de l'ordre public et l'exécution des lois sur toute l'étendue du territoire, ainsi qu'aux armées, afin de protéger les Institutions, les personnes et les biens. Par ailleurs, elle participe à la Défense Opérationnelle du Territoire national (DOT).

Quelles que soient les circonstances (paix, crise et guerre), son action s'exerce sur l'ensemble du territoire national ainsi qu'aux armées et au profit de tous les départements ministériels, particulièrement ceux en charge de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice. En outre, elle prête son concours aux différents ministères et à certains grands services publics à travers ses missions de police administrative, de police judiciaire et de police militaire.

En quoi consiste ces trois missions de police que vous venez de citer ?

La police administrative est préventive. Elle a pour objet la sécurité, la tranquillité et la salubrité du pays, le maintien et le rétablissement de l'ordre, l'exécution des lois et règlements du Niger et ceux que notre pays a ratifiés. Les mesures prescrites pour assurer la police administrative émanent du ministère de l'Intérieur et des autorités territoriales ainsi que des autres ministères, selon leurs sollicitations. Pour assurer cette mission, la Gendarmerie Nationale mène des actions de surveillance continue au cours de ses tournées et patrouilles, et pendant « le service à la résidence ».

La police judiciaire, contrairement à la police administrative, se rattache à la mission répressive de la Gendarmerie. Elle cherche les crimes, les délits et les contraventions ; rassemble les preuves et délivre les auteurs aux tribunaux chargés de les juger. Cette police est exercée par les officiers et agents de police judiciaire sous la surveillance du Procureur Général, le contrôle de la chambre d'accusation et enfin sous la direction du Procureur de la République.

La dernière, qui est la police militaire, s'exerce sur les militaires et les paramilitaires et de ce fait rentre dans les attributions de la police militaire judiciaire. Elle vise le double objet de police générale, qui vise à prévenir le désordre et à maintenir la discipline au sein des différents corps de l'Armée, et de police judiciaire militaire, chargée de constater les infractions relevant de la compétence du tribunal militaire et des tribunaux ordinaires.

Suite à cette restructuration, comment le commandement parvient-il à assurer les missions de la Gendarmerie Nationale?

La restructuration du Commandement est basée sur l'organisation interne de la Gendarmerie Nationale, régie par le Décret n° 20 19-445/PRN/MDN du 13/08/2019. On a le Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale et les deux (2) subdivisions d'Arme que sont la Gendarmerie Territoriale et la Gendarmerie Mobile, avec leurs implantations sur l'ensemble du territoire national. Il y'a aussi les Directions centrales et les services spécialisés, tout cela en adéquation avec le découpage administratif et la carte judiciaire du pays.

Votre Institution exerce aussi bien dans le domaine de la défense que celui de la sécurité, et cela en zones urbaines, périurbaines, rurales et en zones inhabitées. Qu'est-ce qui explique cette transversalité de la Gendarmerie Nationale et sa capacité d'adaptation ?

Cela s'explique par le statut du Gendarme qui fait de lui un militaire et un agent de la force publique en même temps. La Gendarmerie Nationale assure la continuité de l'action de l'Etat par sa présence sur l'ensemble du territoire. Par son organisation, l'étendue de ses compétences, son implantation sur l'ensemble du territoire national, les moyens dont elle dispose et l'autorité dont elle jouit, elle assure de nombreuses autres missions qui intéressent plus ou moins directement l'ordre public.

Ainsi, la Gendarmerie Nationale participe de façon active et permanente aux missions de défense nationale, notamment par le déploiement de ses hommes sur les théâtres d'opération et la collecte de renseignements. De par son appartenance aux forces de sécurité intérieure, elle se trouve aussi au cœur du système de défense civile et économique et apporte son concours aux diverses administrations de l'Etat, chaque fois que de besoin.

Le contexte sécuritaire actuel a mis au-devant de la scène certaines unités d'élite de la Gendarmerie Nationale, tel que le Groupe d'Action Rapide de Surveillance et d'Intervention au Sahel (GARSI-Sahel Niger) capable de garder son sang-froid en situation de combat et de faire la différence entre ennemis-combattants et civils. Qu'est-ce- qui est à la base de cette performance?

Le Groupe d'Action Rapide, de Surveillance et d'Intervention au Sahel (GARSI-Sahel Niger) contribue à la sécurisation de l'ensemble du territoire de la République en luttant contre toutes les formes de criminalités transnationales et les migrations illégales. Grâce à ses capacités opérationnelles, il exerce le contrôle effectif du Territoire et imprime l'action de l'Etat de Droit dans les zones reculées. Il intervient en cas de menaces ou d'incidents graves sur la sécurité ou sur l'ordre public nécessitant l'utilisation de techniques et de moyens spécifiques.

Cette performance est basée sur la formation militaire et professionnelle, accompagnée d'une éducation spécifique, donnée au gendarme, quel qu'en soit son grade. Il a ainsi la conviction d'appartenir à un corps d'élite dont le rôle est capital au sein de la Nation. En plus, tout chef de formation de Gendarmerie veille à ce que la valeur morale de ses hommes ne soit atteinte ! Pour le cas du GARSI-Sahel Niger, il convient de retenir que c'est une unité de la Gendarmerie Nationale née de la volonté des autorités du pays au plus haut niveau avec l'appui des partenaires techniques et financiers.

Quelles sont les difficultés auxquelles votre Institution fait face?

Comme pour toute Institution, des difficultés demeurent, nonobstant les efforts consentis par les autorités de la République. Elles se résument entre autres à l'insuffisance des ressources humaines au regard des multiples sollicitations auxquelles les gendarmes sont tenus d'apporter des réponses promptes et adéquates. Il y'a aussi la vétusté des infrastructures servant de logements et de locaux de service qui datent, pour l'essentiel, de la période coloniale. Il y'a enfin l'insuffisance des moyens roulants pour la mobilité et la projection des unités, ainsi que celle du matériel et des équipements spécifiques majeurs qui concourait à accroitre notre capacité opérationnelle. En un mot, la logistique nous fait défaut !

En termes de perspectives pour l'Institution Gendarmerie Nationale, qu'envisagez-vous?

Notre priorité, tout d'abord, est d'œuvrer au renforcement des capacités des unités et services de la Gendarmerie Nationale afin de mieux faire face aux nouvelles formes de menaces dont la criminalité transnationale, la cybercriminalité, le trafic des êtres humains, la migration clandestine entre autres. Dans le contexte actuel, le relèvement du niveau des Unités en matière de maintien de l'ordre, d'intervention et de protection des personnes et de leurs biens s'impose. Ensuite, nous envisageons la transformation des Unités Spéciales d'Intervention de la Gendarmerie Nationale en Commandement des Opérations Spéciales (COS), ainsi que la création d'un certain nombre d'écoles et centres de formation pour Officiers, Sous-officiers et Gendarmes. Enfin, pour relever le niveau d'instruction du personnel, nous envisageons la création d'un Commandement des Ecoles de la Gendarmerie Nationale (CE/GN).

Quel est votre message à l'endroit de la population civile et des hommes qui sont sur le théâtre des opérations ?

Mon message consiste à demander aux populations leur implication dans la gestion de la sécurité et leur franche collaboration par le partage de renseignements avec les forces de défense et de sécurité. Quant à ces derniers, nous leur demandons de faire preuve d'engagement, de professionnalisme et d'accessibilité envers la population civile à travers les actions que mènent les hommes en matière de police de proximité ou police communautaire. Notre rôle est éducatif et protecteur et il se base sur une coproduction de la quiétude sociale et de la sécurité qui implique la participation des citoyens. De ce fait, la Gendarmerie Nationale, comme j'ai l'habitude de le dire, est une amie de la communauté sans pour autant remettre en cause son autorité dissuasive. Les actions de la Gendarmerie Nationale s'inscrivent, non pas dans le cadre de la gloire personnelle, mais plutôt dans celui de la grandeur de la Nation Nigérienne. C'est cela la satisfaction du Gendarme, de son Institution, de la population et des autorités.

Propos recueillis par Souleymane Yahaya(onep)

23 octobre 2020

Source : http://www.lesahel.org/  

Monsieur le Médiateur de la République, sur la thématique de la lutte contre le mariage des enfants, vous avez été particulièrement actif pendant votre mandat. Vous avez fait à maintes reprises le tour de toutes les régions du pays pour sensibiliser les masses populaires sur la question. En juin 2019 vous avez même organisé un forum à Maradi sur cette lancinante problématique. Quelle est votre perception de ce fléau et quels sont les remèdes qu’il faut envisager ?

Tout d’abord, le mariage est la principale institution sociale et ce, dans toutes les sphères de civilisations, dans toutes les religions, révélées ou non, depuis l’ère adamique. L’union par le lien du mariage est une prescription constante, universelle et perpétuelle. Le pouvoir moderne, guidé par cette réalité transcendantale a pris la précaution de faire des aménagements constitutionnels. C’est ainsi que le constituant Nigérien de 2010 indique, à l’article 21 alinéa 1 de la constitution que «le mariage et la famille constituent la base naturelle et morale de la communauté humaine. Ils sont placés sous la protection de l’État…». Le mariage est donc une bénédiction, certes bénéficiant de la protection divine, parce que d’inspiration religieuse, mais aussi à cause de cette onction divine, il est encadré par le pouvoir temporel, qui se doit de consacrer textuellement, sa sacralité. Si le mariage est sacré, les formes et modalités de son accomplissement doivent aussi correspondre à cette sacralité.

Pourquoi une telle affirmation ?

Le mariage est une union légitime entre l’homme et la femme et non entre l’homme et la fillette. D’ailleurs, sur le plan religieux, il est exigé des conditions de fond et de forme, dont le consentement, mais aussi des indications comme l’aptitude physique, le discernement, la maturité. C’est donc la question de l’âge du mariage, qui ne cesse de faire l’objet de controverses au sein de notre société et c’est cela le fondement du cadre qui nous avait réuni à Maradi.

En somme, le mariage de la jeune fille avant une certaine maturité, constitue en réalité le cauchemar des pouvoirs publics, qui se doivent de multiplier les cadres de plaidoyers permettant d’endiguer, avec droiture et sérénité, ce grand problème social. Pourquoi le mariage de la jeune fille avant une certaine maturité est cauchemardesque pour l’Etat ? La réponse est qu’il ya des statistiques qui nous parlent et il prévaut des conséquences qui nous interpellent. En effet, le Niger est un pays qui détient le triste record mondial du plus grand taux de mariage des enfants au monde. Selon une étude de l’UNICEF datant de 2016, 75% de filles sont mariées avant leurs dix-huitième année, 28% d’entre elles sont même devenues épouses avant l’âge de 16 ans. Les taux les plus élevés sont observés dans la bande sud du pays, notamment à DIFFA (89%), à ZINDER (88/), à MARADI (87%), contre une moyenne sous régionale de l’Afrique subsaharienne qui est de 37%. D’autres études, produites par d’autres organismes, partenaires du Niger, comme l’UNFPA, OXFAM et WORLD VISION indiquent le même tableau alarmant.

Quelles sont les causes de cette pratique et ses conséquences sur les jeunes filles en particulier, et de manière générale sur notre  société ?

Les causes de cette pratique sont multiples. Nous avons, entre autres, les normes sociales, qui confinent la femme dans un rôle d’épouse et de mère , dépendante d’un époux chef de famille, d’une part , et qui mettent fin de manière précoce à l’enfance des jeunes filles, en les privant de la période de transition que représente l’adolescence, avant l’entrée dans l’âge adulte. D’autre part; il ya aussi le phénomène de la déscolarisation, qui résulte lui-même de l’insuffisance des services éducatifs; l’ineffectivité de la législation nationale en ce qui concerne la protection de l’enfance. Ce qui favorise la permanence de certaines croyances qui en principe doivent être révolues…

Autant les causes sont multiples, autant les conséquences sont innombrables. D’abord, sur le plan éducatif, le mariage précoce est une source de déscolarisation précoce, qui prive la société d’un mérite, celui d’avoir une femme instruite, éduquée, formée et diplômée, mais surtout une femme apte à contribuer intellectuellement et professionnellement au développement du pays. Ensuite, du point de vue de la santé, le mariage précoce peut, sans aucun doute, mettre à mal la santé de la reproduction. Enfin, il ya d’autres  conséquences désastreuses  sur le plan économique, social et culturel. Le mariage des enfants est donc une atteinte flagrante du droit de l’enfant, qui doit  être protégé contre les abus en tous genres.

Que faut-il faire alors pour mettre fin à cela ?

La problématique est donc entière et il nous faudra travailler laborieusement pour aboutir, dans un temps raisonnable, sur des résultats permettant de sauver, pour toujours, la jeune fille, pour le bonheur de notre société, qui je le rappelle, est éprouvée par d’autres survivances qui retardent tout développement économique, sociale et culturel.

Il nous faut un minimum de consensus et de compréhension en ce qui concerne l’encadrement juridique de la personnalité, plus précisément, l’encadrement juridique relatif à la scolarisation de la jeune fille. Comme vous le savez, la loi y relative a fait l’objet de plusieurs débats et de plusieurs procédures législatives. Notre cadre doit permettre, à terme, de parachever ce chantier, sur lequel travaillent ardemment l’Etat et ses partenaires. C’est le lieu de saluer le travail qu’accomplissent depuis plusieurs années tous les organismes impliqués, notamment les organismes du système des Nations Unies comme l’UNICEF, l’UNFPA, ou des ONG internationales comme le NDI, OXFAM, WORLD VISION, SAVE THE CHILDREN ET PLAN INTERNATIONAL NIGER. C’est aussi le lieu de saluer et d’encourager les leaders coutumiers et religieux qui ne cessent de sensibiliser leurs communautés sur le sens véritable de la famille et du mariage, notamment quand ils invitent ces dernières à ne pas marier n’importe comment et n’importe quand, leurs filles.

Vous avez également mené une série de plaidoyers sur les enjeux de l’actualisation des cadres juridiques protégeant les femmes et les filles des violences dans le cadre de la mise en œuvre du programme Spotligth. Qu’est-ce qui sous-tend votre  démarche sur cette question ?

Le Niger est contrarié dans son développement par une multitude de facteurs entre autres la question de l’effectivité des droits fondamentaux de la personne humaine. En la matière, les statistiques et même les témoignages nous indiquent que la situation est encore alarmante s’agissant de certains droits spécifiques comme le droit des femmes et la jeune fille. Il nous faut donc travailler sans cesse, il nous faut réfléchir tous ensemble pour trouver la formule sociale qui va consolider les droits. Au-delà donc du simple plaidoyer, nous sommes dans la logique d’un combat, le combat contre les résistances multiformes qui retardent notre société et qui bloquent notre pays en ce qui concerne son développement économique.

Nous devons réactualiser ce combat et consolider, pour notre bien, une communauté de bonnes volontés, déterminées à améliorer le sort de ces femmes et de ces jeunes filles qui tous les jours subissent encore cette épreuve de la violence verbale, physique, psychologique, sexuelle, politique, économique et culturelle. Il nous faut réactualiser le combat contre l’ignorance et l’obscurantisme, qui freinent le maintien de la jeune fille pendant un temps raisonnable sur les bancs de l’école.

Le combat pour l’effectivité des droits de la personne n’a donc pas de prix, parce que dans notre société l’infraction la plus commise demeure la violation des droits et les catégories de personnes les plus victimes sont les femmes et les enfants, particulièrement la jeune fille.

Il est temps d’agir, il est temps d’arrêter. Provoquer la déscolarisation de la jeune fille est une infraction que la société nigérienne ne doit plus admettre. Exercer des violences sur les femmes constitue aussi une infraction que la société ne doit plus tolérer. Je disais qu’il nous faut travailler laborieusement pour éradiquer et gommer de façon significative, ces survivances néfastes. Il nous faut travailler laborieusement pour extirper de nos mentalités et de nos mœurs, les pratiques qui consacrent la négation des valeurs, la négation de l’humanité qui avance. Certes, je sais combien sont grandes les contraintes, combien sont épais les préjugés et combien sont vivaces et tenaces les traditions qui s’enracinent dans l’histoire de nos peuples.  Sans renier notre substrat culturel, sans jurer avec nos convictions religieuses et spirituelles les plus intimes, il faut orienter, conseiller et influer sur les tendances lourdes.

Etes-vous optimiste quant à l’aboutissement de ce combat ?

Ce travail laborieux consiste à revisiter nos textes, pour introduire plus d’égalité, plus d’équité et plus de garantie pour la femme, en général et la jeune fille en particulier. Nous allons y parvenir, puisque nous avons des belles raisons de croire à l’éradication de toutes les pratiques qui retardent notre société. Nous avons des belles raisons de croire parce que le Président de la République, a déjà annoncé les couleurs de ce combat. Dans le prolongement de cet engagement du Chef de l’Etat, SEM Mohamed Bazoum, nous nous devons de marcher, sans arrêt, pour consolider les droits de toutes les catégories de personnes, en particulier les droits des femmes et de la jeune fille. En somme, au-delà du toilettage des textes, pour les adapter à l’évolution de notre temps, il faut stimuler les conditions d’un changement de mentalité à tous les niveaux, parce que les auteurs de ces violations sont peut-être dans un enfermement culturel qui leur donne une grossière appréciation des droits et devoirs de la personne humaine. Je pense que tous les plaidoyers possibles doivent être enclenchés pour permettre à nos jeunes filles, le plein épanouissement de leur personnalité, bien entendu, dans le respect des prescriptions religieuses.

Réalisé par Oumarou Moussa(Onep)

20 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/ 

Monsieur le Médiateur de la République, la thématique de la sécurité reste toujours d’actualité dans notre sous-région. Vous avez organisé au mois de juin dernier à Niamey un séminaire régional sur la gestion des conflits locaux et communautaires dans la zone du Liptako Gourma. Comment percevez-vous cette problématique sécuritaire dans la zone des trois frontières ?

Il y a quelques décennies, la Communauté Internationale, s’appuyant sur les multiples crises qui menaçaient la paix mondiale, avait forgé le concept de sécurité collective, concept qui fut un grand référentiel dans les relations internationales et qui a fortement déterminé l’avènement des mécanismes internationaux de prévention et de règlement des conflits réels ou supposés entre les nations ou entre les blocs de nations. La crise sécuritaire qui affecte le Sahel et même au-delà, d’autres pays de la CEDEAO, actualise ce concept. La dégradation de la sécurité dans cette Zone se présente comme une problématique majeure qui met en relief un grand espace, l’Afrique au sud du Sahara, donc l’existence de millions de personnes réparties sur plusieurs pays africains. L’épicentre de ces épreuves difficiles et insupportables se situe dans la zone des frontières des trois pays membres du Liptako-Gourma à savoir le Burkina-Faso, le Mali et le Niger. Nous avons encore quelques repères cauchemardesques, comme les attaques d’Inatès et de Shinagoder au Niger, d’Igosssagou au Mali, et de Solhan et de Inata au Burkina Faso, pour rappeler cette cruauté quotidienne que des individus sans foi ni loi, sans cœur et sans âme, infligent aux populations du Liptako-Gourma. Cette évolution de la cruauté vient interpeller davantage les acteurs sur les mobiles réels de ces terroristes d’un nouvel âge qui, il faut le rappeler, n’ont ni identité, ni revendication. Nos Etats doivent conjuguer les efforts et les énergies, à exploiter les études et les rapports et à renforcer les forces armées et les stratégies militaires, les alliances et les unions, pour non seulement stabiliser ce désastre sécuritaire et humanitaire, mais surtout pour vaincre pour toujours, les ennemis de Dieu.

Et quelle analyse, le séminaire a-t-il fait de la situation que vous décriviez tantôt ?

Le séminaire régional auquel vous faites allusion visait entre autres objectifs, de permettre aux Médiateurs du Mali, du Niger et du Burkina Faso de faire une analyse des défis nés des conflits locaux dans la zone frontalière du Liptako Gourma, en tenant compte du contexte sécuritaire actuel ; de favoriser le partage d’expériences et de bonnes pratiques entre responsables des institutions de médiation représentées ; de partager les programmes en matière de prévention et de gestion des conflits locaux en zone frontalière du Liptako Gourma ; et renforcer l’ancrage institutionnel de ces programmes à travers une plus forte implication des institutions nationales de Médiation et des partenaires intervenant dans le domaine. Cinq panels ont réfléchi pendant trois jours sur les origines et les causes des conflits ; sur le dialogue et les plaidoyers à mener ; sur le fonctionnement du service public ; sur la protection des droits et libertés ; et sur les propositions de solutions pour le rétablissement de la paix.

Parmi les causes des conflits, il a été souligné, en premier, la vacuité des Etats dans la zone, qui constitue pourtant un petit espace de 170 000 km2. En effet, l’absence de l’Etat dans la zone du Liptako Gourma a facilité l’installation des acteurs de la violence, ensuite, l’infiltration des milieux administratifs et politiques par des groupes parallèles que sont les trafiquants d’armes et de drogues, ce qui entrave fortement, la lutte contre les conflits locaux et les violences en Afrique de l’ouest, en général, dans la zone du Liptako Gourma, en particulier. Il est proposé, en perspectives, de repenser les politiques sécuritaires ; de remédier aux problèmes d’analphabétisme, de paupérisation des populations et à la faible présence de l’Etat dans la zone des trois frontières. Une autre communication de nos enseignants chercheurs portant sur le thème «Les populations : cibles ou instruments des conflits asymétriques dans la zone du Liptako. Contribution à la lutte contre le terrorisme et les stratégies de lutte», a fait ressortir la situation complexe des populations prises en étau, entre, d’une part, les groupes terroristes, qui cohabitent parfois avec elles, et d’autre part, les Forces de Défense et de Sécurité, ce qui crée des relations occultes mais réelles entre ces populations et les groupes terroristes, renforcées par l’absence de l’Etat. Cette communication a évoqué, quelques éléments de fond sur les relations conflictuelles entre des groupes de populations d’éleveurs et d’agriculteurs. Ces conflits naissent, essentiellement, pour des raisons d’accès aux ressources tels que les points d’eau et de pâturage et entraînent une marginalisation de certains groupes de populations, ce qui facilite la création d’un terreau pour les groupes armés. Sur «le traitement administratif et judiciaire des conflits locaux et communautaires», l’étude a fait ressortir, en premier lieu, les facteurs générateurs des conflits locaux et communautaires, et qui se résument à des problèmes d’accès aux ressources qui constituent un enjeu majeur pour ces populations rurales ; des conflits politiques et institutionnels qui cultivent l’ethnocentrisme et le régionalisme et la montée de l’extrémisme religieux. Elle a, en second lieu, procédé à une analyse du système judiciaire et des mécanismes internes et inter étatiques de gestion des conflits. Ce système judiciaire et ces mécanismes de gestion des conflits communautaires rencontrent beaucoup de difficultés dans leur fonctionnement et sont relatives à la gestion des structures de mise en œuvre des mécanismes et à l’insuffisance des moyens techniques et financiers. La société civile a été également mise en cause, car ne jouant pas effectivement sa partition, en ce qui concerne la dénonciation de ces problèmes d’ordre fonctionnel.

Le séminaire régional s’est aussi penché sur la gestion des conflits locaux et communautaires par les mécanismes traditionnels de médiation. A ce propos quelles ont été les propositions formulées?

Il a été suggéré un type de négociation hors normes et inédits par des actions émérites afin de trouver des solutions aux problèmes qui nous assaillent actuellement. Des négociations sécrètent hors caméras, hors micros et même hors des circuits habituels de la diplomatie, en identifiant des personnalités morales crédibles pouvant mener des réflexions et déterminer un modèle de gouvernance plus inclusif.

La prévention et la gestion des conflits locaux communautaires dans l’espace du liptako est une autre préoccupation de nos pays. Quelles sont les conclusions auxquelles le séminaire est parvenu ?

Les principales causes et les mécanismes de gestion des conflits étant circonscrits, l’étude sur cette question précise, a énuméré  une kyrielle de propositions, qui peuvent être analysées en termes de recommandations, en vue de solutionner la crise sécuritaire dans la zone des trois frontières. Il s’agit notamment du dialogue avec l’ensemble des parties prenantes sur les stratégies les meilleures pour un développement rapide et durable dans la zone. Il s’agit aussi de prévenir la radicalisation ; d’initier des actions de sensibilisation des populations sur l’importance de la stabilité de la zone, gage de mise en œuvre des projets de création d’emploi et de formation pour les jeunes et les femmes ; la mise en place des comités de paix et de sécurité et/ou des cadres de concertation transfrontalières pour porter les messages des communautés entre les frontières ; la redynamisation des rencontres périodiques frontalières afin de prévenir et gérer les conflits dans l’espace transfrontalier ; la création des espaces de coopération transfrontalière à travers la mise en place d’organes de gouvernance de proximité chargées de prévenir les conflits transfrontaliers et de mettre en œuvre des programmes conjoints de développement économique ; la mise en place des colonnes foraines pour servir les zones où il n’existe aucun organe administratif de l’Etat. Les médiateurs doivent assurer un rôle d’intermédiation entre les protagonistes locaux et l’Etat ; enfin, la promotion d’une franche collaboration basée sur une confiance réciproque entre les populations et les FDS à travers la mise en place des initiatives de police de proximité. A travers les discussions, il est ressorti que nos institutions ont accompli déjà des actions concrètes pour développer et promouvoir la cohésion sociale, la paix et le vivre ensemble. Les discussions ont également, mis en exergue la nécessité de concilier les impératifs sécuritaires avec la création d’infrastructures, d’emploi et d’organes de veille. Il en est aussi ressorti, la faible représentation de certaines communautés dans les instances de prise de décision, les limites des modèles de règlement traditionnel des litiges, la nécessité de l’implication des femmes et des jeunes dans le processus du dialogue et l’investissement dans la prévention.

 Réalisée par Oumarou Moussa(onep)

0En marge de sa participation à la réunion des ministres de l’Intérieur des pays du G7, sur la lutte contre le terrorisme et la migration, le ministre d’Etat, en charge de l’Intérieur, M. Mohamed Bazoum, candidat investi du PNDS-Tarayya, pour les présidentielles de 2021, a accordé, le 4 avril dernier, un entretien à la chaîne française TV5 monde. Dans le franc-parler, qu’on lui reconnaît, le candidat Mohamed Bazoum a répondu aux nombreuses questions relatives notamment à son investiture par son parti, à la question sécuritaire, à l’uranium, à la coopération militaire. Nous vous proposons l’essentiel de cette interview accordée à la télévision TV5 monde.

Bonsoir Monsieur le ministre. Vous êtes candidat du parti au pouvoir. On s’organise très tôt dans le camp du pouvoir. Pourquoi ?

Ooof, c’est un agenda qui nous aura été imposé par quelques soucis que nous avons eus dans la gestion des préparatifs de la campagne. Evidemment, dans des circonstances ordinaires, nous aurions envisagé les choses un peu plus tard….

Quels sont ces soucis de préparations dont vous parlez ?

Nous avons besoin de définir un cap très tôt et de créer les conditions d’une bonne cohésion au sein de notre parti. Cela nous a paru passer par une décision comme celle que nous venons de prendre. Celle d’annoncer qui va être notre candidat et de nous préparer en conséquence. Cela ne veut pas dire que nous entrerions en campagne aussitôt et que nous ferions comme si nous avons devant nous deux années pour faire la campagne. Non ! Nous allons commencer mais ça va être très progressif en vérité.

Est-ce-ce que à votre désignation, à deux ans des présidentielles, est-ce que c’est pour ainsi mettre fin à des querelles de succession qui se jouaient ?

Oui ! C’est aussi pour que nous créions les conditions d’une plus grande cohésion, au sein de notre parti politique.

{xtypo_quote}«Nous ne sommes pas prêts à ce qu’on nous donne des leçons (...), il est plus aisé de faire des critiques que de penser aux problèmes auxquels nous sommes confrontés», estime Mohamed Bazoum{/xtypo_quote}

Mallam Zaneidou AmirouLe ministre de l’industrie, M. Mallam Zaneidou AmirouAprès la décision de la direction de la société de Brasserie et des boissons gazeuses du Niger BRANIGER de fermer les portes de ladite entité industrielle et celle de UNILEVER, de licencier environ 70% du personnel, notre équipe est allée à la rencontre du ministre de l’industrie, M. Mallam Zaneidou Amirou pour comprendre les contours de ces deux décisions au coût social important. Dans l’entretien accordé à Sahel Dimanche, le ministre de l’industrie s’est appesanti sur les péripéties ayant conduit à cette situation et sur les mesures envisagées par le gouvernement pour, à défaut d’éviter la fermeture ou le licenciement, permettre de mettre le personnel dans ses droits conformément aux textes en vigueur.

Monsieur le ministre, ces derniers jours, on parle d’une éventuelle fermeture de la société BRANIGER mais aussi de UNILEVER, toute chose qui mettrait au chômage des dizaines voire des centaines des personnes. Est-il vrai que ces deux sociétés envisagent de mettre la clé sous le paillasson ? Qu’en est-il exactement ?

Je remercie Sahel Dimanche de me donner l’occasion de m’adresser à l’opinion nationale sur ce qui se passe dans ces deux sociétés privées que vous avez citées tantôt. En effet, depuis quelques temps, ces deux entités industrielles traversent des situations pas assez reluisantes et cela est une source de préoccupation pour nous autorités de tutelle et le gouvernement. Permettez-moi de rappeler que ces sociétés ont un encrage historique dans notre pays. En effet, la BRANIGER (société de brasserie et boisson gazeuse du Niger) est une société anonyme nationale créée en 1967, donc vieille de plus de 50 ans, que nombre de nigériens connaissent. Elle avait un capital de 3,965 milliards F CFA avec son siège à Niamey. Elle est passée sous le contrôle privé avec la libéralisation de l’économie nigérienne. Elle est une société importante qui employait jusqu’en 2017 une centaine d’agents. Après sa reprise par les capitaux privés, la BRANIGER, dans le souci d’accroitre sa production et satisfaire sa clientèle, a initié un programme pour moderniser son outil de production de 2007 à 2012 et s’engageait par conséquent à investir 6,113milliards. Toute chose que l’Etat a accompagnée en lui octroyant les avantages du code des investissements. Les droits d’accise lui ont été allégés de 2013 à 2014. Dans le même cadre, la société a bénéficié d’une convention d’allègement des droits d’accise sur une période de 5 ans à compter du 1er janvier 2016. En contrepartie de cet allègement fiscal, la BRANIGER s’était engagée à accroitre l’emploi de 15% entre janvier 2016 et décembre 2020, accroitre les recettes de l’Etat, investir pour la même période la somme de 2,5 milliards pour maintenir l’outil de production. Vous voyez que la volonté de sauver la BRANIGER était prônée par l’Etat du Niger. Pour permettre la bonne continuation des activités de ladite entreprise, les deux parties étaient convenues du respect des engagements contenus dans la convention d’allègement des droits d’accise.

Le ministre des Finances, M. Mamadou Diop, sur le niveau de l’endettement de l’Etat du Niger : «Le Niger n’est pas surendetté et son risque de surendettement est modéré. Et je n’ai pas connaissance d’un quelconque rapport des institutions de Bretton Woods

Suite à une série de publications et des sorties médiatiques de certains leaders d’opinions sur le niveau d’endettement de l’Etat du Niger, il nous a paru nécessaire de donner la parole à la personne la plus indiquée, le Ministre des Finances, Monsieur Mamadou Diop, pour nous enquérir réellement de la situation et apporter des éléments de réponses aux inquiétudes que suscite le sujet. Comme tous les pays au monde, le Niger recourt à l’endettement pour financer son développement et le pays est loin, très loin d’être surendetté, comme certains s’échinent à le faire croire, assure-t-il.

L’endettement du pays est devenu un débat récurent. On entend et on lit régulièrement, surtout ces derniers temps, des acteurs politiques, des hommes des médias et ceux de la société civile reprocher au gouvernement de trop endetter le Niger. Qu’en est-il réellement ?

Tout d’abord, je voudrais dire que je suis attentif aux réactions de nos compatriotes et surtout heureux de savoir qu’ils suivent de près nos efforts de gestion des finances publiques.

L’encours de la dette publique du Niger à fin juin 2020 est évalué à 3.328,7 milliards de FCFA, soit 42,5% du PIB (Produit Intérieur Brut). Il est composé de 2.238,5 milliards de FCFA de dette extérieure, soit 67,2% de la dette totale, et de 1.090,2 milliards de FCFA de dette intérieure, soit 28,6% de l’encours. La dette extérieure représente 32,8% du PIB et la dette intérieure, 13,9% du PIB. Le taux d’intérêt moyen pondéré du portefeuille est de 2,9%, dont 1,7% pour la dette extérieure et 5,4% pour la dette intérieure.

Ceci étant, il m’incombe de rappeler que l’évolution du profil d’endettement s’apprécie en fonction de certaines variables macroéconomiques. Il est nécessaire de noter que le Niger est, à l’instar des autres pays de l’UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine), soumis au respect des critères de convergence, indicateurs quantitatifs, et est sous-programme avec le FMI à travers certains critères et indicateurs qualitatifs.

S’agissant de l’UEMOA, le critère prévoit un taux d’endettement (l’encours de la dette rapporté au PIB) inférieur à 70% du PIB. Pour cet indicateur, le Niger occupe la deuxième meilleure place pour le taux le plus bas de l’espace communautaire.

Quant aux indicateurs de viabilité du FMI, lesquels prennent en charge les conditions financières des instruments de dette (maturité, différé et les charges) et les variables macroéconomiques pertinentes, le Niger affiche un risque modéré de surendettement. Tous les indicateurs de la dette publique ressortent en dessous de leurs seuils.

En tout état de cause, le Niger n’enregistre aucun arriéré de paiement aussi bien sur les instruments de la dette intérieure que sur les échéances de la dette extérieure. Ce qui rassure davantage nos partenaires financiers.

En résumé, on peut dire que la dette du Niger est viable (puisque le pays a la capacité de remboursement), que le Niger n’est pas surendetté (si on rapporte le niveau d’endettement au PIB et si on fait une comparaison avec les autres pays de l’espace UEMOA avec lesquels nous partageons les mêmes critères de convergence) et enfin que le risque de surendettement est modéré (si on se réfère aux critères qualitatifs du FMI).

 

{xtypo_quote}«Le Niger n’est pas surendetté et son risque de surendettement est modéré. Et je n’ai pas connaissance d’un quelconque rapport des institutions de Bretton Woods exprimant une quelconque inquiétude concernant la dette du Niger»{/xtypo_quote}

Justement, ceux qui accusent le gouvernement d’endetter le pays disent se référer à un rapport des institutions de Bretton Woods qui aurait tiré la sonnette d’alarme sur le niveau trop élevé de l’endettement du pays. Est-ce exact ?

Je ne sais pas dans quel rapport ils ont eu à lire cela, parce que je n’ai pas connaissance d’une quelconque inquiétude exprimée par les institutions de Bretton Woods concernant la dette du Niger, que ce soit le niveau ou le rythme d’endettement.

Je tiens à préciser que pour plus de contrôle sur les finances publiques et la gestion de la dette publique, le gouvernement conduit depuis quelques années des reformes, avec l’accompagnement du FMI et de la Banque Mondiale. Les réformes du cadre de gestion de la dette publique du Niger portent, d’une part, sur la consolidation du dispositif institutionnel et, d’autre part, sur une reconfiguration des instruments.

S’agissant du premier point, le dispositif institutionnel de gestion de la dette publique au Niger est principalement régi par le Décret N°2015-311/CAB/PM du 18 juin 2015, portant modalités de suivi de la politique d’endettement de l’Etat et de négociation des aides budgétaires. Il est organisé autour d’un Comité Interministériel et d’un Comité Technique, qui sont appuyés par un Secrétariat Permanent. Tous les démembrements de ce cadre institutionnel fonctionnent bien et permettent la prise de décisions et les conclusions des sessions font l’objet de communication en Conseil des Ministres.

Il vous souviendra également que la gestion de la dette a connu un tournant décisif en 2019 avec le rattachement de la Direction de la Dette Publique à la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique pour se conformer aux meilleurs standards en matière d’orthodoxie financière et tout particulièrement de la gestion de la dette. Cette réforme a permis d’envisager des systèmes d’information plus modernes afin de minimiser les risques relatifs à la gestion de la dette, de centraliser les différentes fonctions (front, middle, back offices) de gestion de la dette et de tendre vers la publication des rapports périodiques et les bulletins statistiques conformément au Manuel statistique du FMI.

Quant au second point, le Niger a connu sa première notation financière en 2018. Ce qui lui a permis de lever des fonds sur le marché international en janvier 2020. Cette opération a contribué à améliorer la qualité de son portefeuille à travers un reprofilage de la dette, en vue de mieux gérer le risque de refinancement, allonger la maturité des titres et élargir la base des investisseurs. Cette opération a également réduit la fréquence du Niger sur le marché financier régional des titres à court terme, les bons du trésor. Ainsi, à fin septembre 2020, le Niger est le pays ayant le plus faible recours à l’endettement sur le marché sous-régional des titres publics.

Voilà ce que dit le Fond Monétaire International (FMI) relativement à la dette du Niger : « Viabilité de la dette, capacité à rembourser et évaluation des sauvegardes. La dette publique reste viable et d’après l’analyse de viabilité de la dette (AVD), le risque de surendettement est ‘’modéré’’… La dette contractée ou garantie par l’Etat (CGE) du Niger est relativement faible en valeur nominale (42% du PIB) et en valeur actuelle (VA) (34% du PIB) à la fin de 2019, et proche de la moyenne des pays de l’UEMOA et d’Afrique subsaharienne par rapport aux recettes fiscales nationales. »

 

Certains font référence à la position économique du Niger, qui est l’un des pays les plus pauvres du monde, pour s’étonner du fait qu’il puisse se permettre de s’endetter. Qu’en dites-vous ?

La règle d’or en la matière est que l’endettement soit soutenable, c’est-à-dire qu’on n’emprunte plus qu’on ne peut rembourser. Il convient aussi d’investir les montants empruntés dans des projets porteurs de développement économique.

A cet égard, il faut indiquer qu’en plus des institutions de Bretton Woods, il existe d’autres organismes qui surveillent le niveau et le processus d’endettement des Etats. Les créanciers des Etats se réfèrent presque systématiquement à ces organismes pour s’assurer qu’un pays qui va sur le marché pour emprunter est solvable. Donc rassurez-vous, c’est la crédibilité de notre pays au niveau international qui explique la confiance des bailleurs de fonds à son égard.

 

On parle de mauvaise et de bonne dette. Comment établit-on cette différence et où classer les dettes actuelles du Niger ?

Pour le gestionnaire de la dette, les conditions financières du prêt et sa soutenabilité déterminent la qualité de la dette, bonne ou mauvaise.

Pour l’Etat du Niger, la stratégie consiste en la mise en œuvre d’une politique d’endettement prudente qui permet le financement des plans d’investissement tout en assurant la viabilité de la dette. Dans ce contexte, le Gouvernement continue à limiter les garanties de l’Etat et à évaluer soigneusement l’impact de tout nouvel emprunt sur la viabilité de la dette. Les projets d’investissement seront financés en priorité avec des ressources concessionnelles (taux d’intérêt peu élevé et délai de remboursement plus long).

Le Gouvernement reste engagé à respecter les plafonds arrêtés par type de prêts conformément au plan d’endettement à moyen terme 2018-2021, tout en privilégiant le recours aux ressources concessionnelles. Dans les cas où les ressources concessionnelles ne seraient pas suffisantes pour financer les projets à haut rendement, la possibilité de modification afin d’y inclure des prêts non-concessionnels existe, en cohérence avec la viabilité de la dette.

Le portefeuille de la dette du Niger, contrairement aux idées répandues, a servi dans sa quasi-totalité à financer des projets d’infrastructures structurants pour l’économie de notre pays (routes, usines de production d’énergie et d’eau, etc.) et à engager des réformes visant à augmenter la productivité des branches de notre économie (agriculture, élevage, commerce) et à renforcer le stock d’infrastructures de base (ouvrages hydrauliques, hôpitaux, centres universitaires, etc.).

Pour l’année 2020, la gestion de la dette est marquée par la mise en œuvre des mesures d’allègement (moratoires et  annulations) convenues avec les partenaires techniques et financiers multilatéraux et bilatéraux en raison de la crise de la COVID-19.

Interview réalisée par Ibrahim Soumana Gaoh, Attaché de Presse du Ministre des Finances

13 novembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/   

Monsieur le Ministre, depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, notre pays fait face à des sanctions de la CEDEAO, qui ont eu comme effets la flambée vertigineuse des prix de certains produits alimentaires dont le riz, comment se présente la situation ?

Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour l’opportunité que vous ne cessez de m’offrir pour entretenir l’opinion nationale sur les questions d’approvisionnement et d’accessibilité des produits alimentaires sur nos marchés. Comme vous le savez, dès l’annonce des sanctions économiques et commerciales par la CEDEAO et l’UEMOA des dispositions ont été prises par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) pour faire face à cette situation. On peut citer, entres autres l’organisation d’une rencontre entre les membres du CNSP et les opérateurs économiques afin de parvenir à un prix de vente consensuel sur le sac de 25 kg du riz 25% et 5% ; la tenue de plusieurs rencontres entre le Ministre du Commerce et de l’Industrie avec la Chambre de Commerce et d’Industrie du Niger (CCIN), les importateurs, les transitaires, les consignataires, les transporteurs, etc ; l’accélération de la procédure d’obtention de l’autorisation d’importation du riz ; l’organisation des missions de plaidoyer en vue de faciliter l’acheminement de nos produits.

Par rapport à ce dernier point, une délégation que j’ai personnellement conduite composée de la Direction Générale des Douanes, de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Niger et de plusieurs opérateurs économiques s’est rendue à Ouagadougou au Burkina-Faso avec comme objectif de discuter avec les autorités et le secteur privé de ce pays ami sur les dispositions à prendre pour faciliter l’approvisionnement de notre pays en produits de première nécessité.

A l’issue de cette mission, les dispositions prises nous ont permis de mener des actions tendant à faire face aux différents obstacles. Actuellement, toutes les opérations de transit via le Burkina Faso se déroulent sans problème et des convois sont périodiquement organisés.   

Comme vous le dites effectivement, malgré toutes ces dispositions prises, nous constatons un rehaussement du prix du riz. Cela est dû aux manœuvres spéculatives opérées par certains détaillants. A ce niveau, il faut rappeler que le riz étant l’aliment de base constitue véritablement notre préoccupation. Car bien avant la fermeture des frontières, certains pays producteurs comme l’Inde et la Chine ont pris des dispositions d’interdiction de sortie de riz ordinaire (5% et 25%) pour cause des catastrophes naturelles (inondations). A cela s’ajoute les difficultés d’approvisionnement en engrais liées à la guerre en Ukraine.

Il y’a quelques semaines, les populations de Niamey et même celles de l’intérieur du pays ont été confrontées à la non disponibilité du riz accessible au grand nombre sur les différents marchés. Vous aviez d’ailleurs entrepris dans ce sens une série de visites au niveau de certains opérateurs économiques, est-ce une vraie pénurie de cette denrée alimentaire ou un comportement lié à nos commerçants ?

Comme vous l’avez dit et suivi avec nous, nous avions effectué plusieurs visites au niveau de presque tous les magasins et entrepôts appartenant à ces importateurs. Lors de cette visite, nous avons beaucoup plus constaté la disponibilité en grandes quantités du riz basmati, des pâtes alimentaires, les huiles, les farines de blé, le sucre, etc.

Malgré la disponibilité de ces variétés, nous avons enregistré des entrées importantes en produits alimentaires dont le riz ordinaire consommé par la majeure partie de la population et cela, grâce aux dispositions prises par les plus hautes autorités de notre pays à commencer par le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, S.E le Général de Brigade Abdourahamane Tiani et le Premier Ministre SEM Ali Mahamane Lamine Zeine afin d’approvisionner nos marchés. Aussi, d’autres dispositions sont en train d’être prises par le Gouvernement en collaboration avec le Burkina-Faso et le Togo pour l’organisation des convois réguliers.

Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a pourtant consenti d’énormes efforts pour faciliter aux opérateurs économiques l’approvisionnement du pays en produits alimentaires. Quelles sont les dispositions prises par le CNSP pour endiguer la spéculation des commerçants et rassurer les consommateurs ?

Effectivement le CNSP a consenti d’énormes efforts pour faciliter aux opérateurs économiques l’approvisionnement du pays en produits alimentaires. Je voudrais ici rappeler que le Gouvernement privilégie d’abord le dialogue avec les opérateurs économiques dans leur ensemble en vue de parvenir à l’approvisionnement régulier de nos marchés en produits de première nécessité.

Cependant, pour tout mauvais comportement ou toute manœuvre frauduleuse tendant à dissimuler les stocks, à augmenter les prix ou à fournir des produits de mauvaise qualité, nous avons instruit nos structures en charge du contrôle de prendre toutes les sanctions prévues à la matière. -A titre illustratif, dans le cadre du contrôle sur le terrain, nous avons constaté des manquements tels que la minoration du poids normal des sacs du riz ; le reconditionnement du riz de plusieurs types et d’origines différentes dans des sacs portant des logos appartenant à autrui ; la revente à des prix non officiels du riz du Niger par des détaillants et le reconditionnement des produits avariés pour la vente.

La société du riz du Niger (RINI) est la principale structure sur laquelle l’Etat compte pour booster la production rizicole, quelle est sa capacité réelle de production et les problèmes auxquels elle fait face ?

Actuellement en tant que société de collecte et de transformation du riz paddy, la société Riz du Niger a une capacité de transformation d’environ 60 tonnes/jour grâce à ses trois usines à savoir l’usine de Niamey, l’usine de Kollo et celle de Tillabéry. Avec les perspectives d’installation de la quatrième usine de Gaya, la production journalière pourrait atteindre les 80 tonnes/jour.

Cependant, cette capacité de production ne pourrait être atteinte que si toutes les conditions sont réunies notamment la disponibilité du riz paddy et celle de l’électricité de manière permanente. A ce niveau, les plus hautes autorités de notre pays ont pris des dispositions tendant à renforcer les capacités d’achat du riz paddy par la société Riz du Niger, en lui octroyant une subvention d’équilibre de plus de 690 Millions FCFA. Cette subvention a pour avantage de protéger la production nationale par l’achat de grande quantité du riz paddy et l’approvisionnement des régions. Aussi, des dispositions en fournitures d’énergie électrique ont été prises afin d’assurer à la société Riz du Niger la continuité de la production.

La production nationale du riz n’arrive pas toujours à combler les besoins des populations jusqu’à l’avènement du CNSP et les sanctions imposées par la CEDEAO, rendant ainsi difficile l’importation du riz. Comment les autorités actuelles envisagent la redéfinition de la politique rizicole dans la perspective d’atteindre zéro importation du riz à l’avenir ?

Afin de répondre aux besoins sans cesse croissants de la population, et disposant d’énormes potentialités en termes de ressources en eau et en terre cultivable qui doivent être exploitées, nous devons inciter les investisseurs tant nationaux qu’étrangers à investir dans le domaine agricole ; renforcer les capacités des structures étatiques concernées par la question notamment la société Riz du Niger, l’ONAHA, la CAIMA, l’OPVN, etc. ; encourager les femmes transformatrices à promouvoir et valoriser la production nationale.

La situation actuelle met en lumière la forte dépendance du Niger vis-à-vis du corridor béninois en termes d’importations des biens de consommation. Quelle leçon à tirer de cette épreuve ?

Nous avons pris conscience que le Niger ne devrait pas se limiter au seul corridor béninois. La situation actuelle nous recommande de diversifier nos ports de transit. D’ores et déjà, le Gouvernement est en train de renforcer le corridor Togo-Burkina-Niger et envisage également de recourir à d’autres formes de désenclavement.

Réalisé par Hassane Daouda (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org/ 

Djibrilla Hima Hamidou Pele CAN U17M. le président, le Niger accueille du 2 au 15 septembre 2018 le tournoi de la zone B de l’UFOA, qualificatif pour la CAN U17 qui se déroulera en Tanzanie en 2019. Comment la FENIFOOT prépare l’organisation d’un tel tournoi qui regroupe sept pays ?

Il faut dire que le sort a été à notre faveur parce que ce tournoi était initialement prévu en Côte d’Ivoire et il a été retiré au profit du Ghana. Et comme vous le savez au Ghana, il y a eu des événements fâcheux dans le milieu du football, des fâcheux et regrettables événements notamment sur la corruption et autres qui ont fait que le Ghana a été suspendu. Donc, quand cette situation s’est créée, au niveau de l’UFOA, notre zone s’est réunie à Moscou en marge de la Coupe du monde, et nous avons décidé de transférer cette compétition au Niger. Nous nous sommes effectivement battus pour l’avoir, pour acquérir l’organisation de cette compétition comme nous nous sommes rendu compte qu’elle était entièrement financée par les instances faîtières du football, notamment la FIFA, l’UEFA et la CAF. Voilà comment, en discutant avec nos pairs, nous avons pu les convaincre de nous accorder l’organisation de cette compétition. Et aujourd’hui, Dieu merci, c’est chose faite.

Le président du Comité Olympique et Sportif du Niger (COSNI) : « Nous avons satisfait aux différents programmes de la Solidarité Olympique et réalisé la plupart des objectifs que nous nous sommes fixés » déclare Elhadj Idé IssakaLe président du COSNI, vous êtes au terme de votre mandat de quatre ans à la tête du COSNI. Quel est le sentiment qui vous anime à l’issue de ce premier mandat ?

Je voudrais tout d’abord vous remercier, pour l’occasion que vous me donnez une fois encore de m’exprimer sur la vie de notre CNO (Comité National Olympique). Comme les mandats précédents, ce mandat s’est passé sur fond de crise à un certain moment, crise que nous avions tenté de résoudre tout le long de la mandature. Comme le disait un important Membre de notre Conseil, nous avons passé les tiers de notre mandat à nous défendre contre des agressions extérieures et des manœuvres de déstabilisation multiformes et le tiers du temps à chercher à travailler. Par la grâce de Dieu, nous sommes quand même arrivés à apaiser la situation au sein de notre Mouvement Olympique. Dans ce sens, nous nous félicitons de la tenue à Niamey le 26 janvier 2016 d’un important séminaire sur le Mode de règlement des conflits en milieu Sportif et la création d’un cadre de concertation qui regroupe les Fédérations Nationales Sportives, cadre idéal d’échange, de solidarité, de cohésion et de participation active.

Par rapport au sentiment qui n’anime, je dirais tout simplement, que la tâche n’a pas été aisée, mais, avec l’appui du Très Haut, le soutien du Conseil Exécutif, des fédérations sportives, des autorités nationales et des médias, nous sommes parvenus à un résultat satisfaisant. C'est le lieu de leur rendre un vibrant hommage. Grâce à cette belle solidarité, nous avons satisfait aux différents programmes de la Solidarité Olympique et réalisé la plupart des objectifs que nous nous sommes fixés.

Depuis 2013, la région de Diffa a été minée dans ses efforts de développement par une situation de crise humanitaire qui a généré des conflits, des exactions et autres actes terroristes, occasionnant le déplacement de 302 387 personnes dont 184 404 déplacés internes, 88 668 réfugiés et 29 315 retournés. Les conséquences de cette situation tendue se caractérisent notamment par :

Une rupture de la confiance qui fonde le lien social : méfiance entre membres des familles et des communautés ; dénonciations, soupçons, restriction des activités sportives et culturelles, effritement de la parenté à plaisanterie qui constitue un des piliers de la cohésion sociale au Niger.
Une déstructuration de l’économie locale au niveau des processus de production, des marchés, de la mobilité des personnes et des biens, des AGR de service, la vente en détail des hydrocarbures et pour les activités de mototaxis.
Cette situation a conduit à l’avènement d’une situation complexe de sous-emploi et de désœuvrement des jeunes devenus des proies faciles susceptibles de basculer dans des violences sociopolitiques et religieuses. Malgré une présence importante des forces de sécurité dans le cadre de l’état d’urgence, les angoisses et les tensions restent perceptibles dans les sphères de moins en moins transparentes des relations entre les personnes et entre les communautés.
Le retour de la paix dans la région de Diffa se présente alors comme étant l’une des préoccupations majeures du gouvernement nigérien. Ainsi, pour soutenir les efforts du gouvernement nigérien et les initiatives des acteurs locaux en vue d’un retour rapide au calme et à la stabilité dans la région de Diffa, les partenaires de l’Etat dont les ONG CARE International, Plan International et Aide et Action International avec les partenaires locaux KARKARA, AREN et NIGETEC ont élaboré le Projet Jeunesse Diffa. Cela dans le but de renforcer et consolider la cohésion sociale, la paix et le développement socio-économique.
Financé par l’Agence Française de Développement (AFD) en collaboration avec l’Etat du Niger à travers la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) et mis en œuvre par un consortium de trois (3) ONG internationales (CARE International, Plan International et Aide et Action International) épaulées par leurs partenaires locaux KARKARA, AREN et NIGETEC, le Projet Jeunesse Diffa couvrant les douze communes de la région permettra d’améliorer les conditions de vie des jeunes à travers la restauration de la paix et le renforcement de la stabilité sociopolitique et économique de la région. Tandis que le consortium met en œuvre les composantes 1 et 2 du projet qui en compte 3, la HACP et le Conseil Régional de Diffa, eux, se chargent de la mise en œuvre de la 3ème composante.
Prévu pour durer quatre (4) ans, le PJD arrive à sa fin. Des témoignages recueillis auprès des cadres et des bénéficiaires de ce projet, il s’en suit un constat de grande satisfaction.

Ă quoi se résument les activités du projet ?

El Hadj GONI Malam Salé Coordonnateur, PJD-BANA a indiqué qu’en termes d’activités, le consortium a organisé son intervention autour d’une cinquantaine d’activités qui ont été organisées dans cinq piliers stratégiques majeurs qui sont interconnectés. Le premier pilier concerne les activités de création d’espaces récréatifs (culturels et sportifs) où on accompagne les jeunes en les structurant, en les équipant, en les aidant à organiser des compétitions culturelles et sportives. On accompagne également les services techniques dans le sens justement de l’appui institutionnel en vue d’accompagner les jeunes dans leurs communes. Le deuxième pilier s’intéresse à la création de possibilité pour les jeunes d’acquérir des ressources à travers des activités de haute intensité de main d’œuvre autour desquelles nous mettons des groupements d’épargnes et de crédits qui leur donnent la possibilité de se faire de petits crédits et de pouvoir prendre en charge certains de leurs besoins. Et en même temps, nous assurons la formation du comité de gestion. Le troisième pilier s’intéresse à la formation professionnelle initiale comme de perfectionnement. C’est 1.500 jeunes que nous allons atteindre et ces jeunes seront formés en vue d’une insertion socioprofessionnelle à travers le quatrième pilier. Là, nous travaillons beaucoup avec les plates-formes d’orientation pour amener les jeunes à découvrir les métiers les plus porteurs et à les orienter vers les métiers d’avenir. Le cinquième pilier est transversal aux quatre premiers piliers et c’est là où on travaille sur les questions de bonne gouvernance, de citoyenneté. Nous avons organisé beaucoup de compétitions intercommunales où on crée des espaces de discussion entre les jeunes et leurs communes. Dans la démarche, on a défini une stratégie d’entonnoir où il y’a des piliers à l’intérieur desquels le maximum de jeunes sont formés et les autres en plus petits nombres sont accompagnés dans la création de leurs entreprises.

Dans quel climat s’est déroulée l’exécution des activités du PJD ?
Issaka ABDOU ALI, SG/Conseil Régional de Diffa explique au départ il y’a eu une mauvaise communication sur le programme. On a fait croire aux jeunes que le Programme Jeunesse Diffa allait effectivement résoudre tous les problèmes de la jeunesse de Diffa. Aussi il y’a l’offre du PJD qui est en deçà de la demande de la jeunesse de Diffa de façon qualitative et quantitative. Les jeunes pensaient que c’est de l’argent qu’on allait mettre à leur disposition. L’appel que nous lançons à l’endroit de la jeunesse de Diffa est de s’approprier les résultats de ce programme qui constitueront un argumentaire pour le Gouvernement, les collectivités et d’autres partenaires pour chercher des financements semblables pour améliorer la qualité de vie de la jeunesse dans la région de Diffa.

Quels sont les résultats obtenus à travers le Projet Jeunesse Diffa ?
ABDOULKADRI Hadjaratou, Chargée du suivi-évaluation PJD/CARE a estimé que les résultats atteints par le Projet Jeunesse Diffa sont liés aux activités menées autour des cinq piliers stratégiques. Ainsi, 57 associations culturelles et sportives ont été mises en place et équipées. Ce qui a permis au projet de toucher 2.965 jeunes. Dans le cadre des travaux HIMO, 3.000 jeunes ont été touchés à travers diverses activités notamment, l’hygiène et l’assainissement, la construction d’infrastructures et les CSDRS. Dans le cadre de la formation professionnelle 801 jeunes ont été touchés ainsi que la construction de dix blocs d’ateliers dont 4 à N’Guimi, 4 à Goudoumaria et 2 à Mainé Soroa. Il y’a aussi la dotation en groupes électrogènes des 5 Centres d’Enseignements Techniques des départements. La dotation en matière d’œuvres et équipements dans les 20 Centres de formations professionnelles. Il y’a aussi la construction et l’équipement de deux plates-formes jeunesse dont une à Bosso et une autre à N’Gourti. En outre, 2.860 jeunes ont également été touchés dans le cadre de la formation sur la bonne gouvernance, la citoyenneté et la gestion des conflits, l’alphabétisation fonctionnelle, les activités de plaidoyer et de sensibilisation.

En quoi les actions du PJD ont-elles aidé à améliorer les rapports entre les institutions de l’Etat et les administrés ?
DALLA Korodji, Président Conseil Régional de Diffa a souligné que le Conseil Régional a dans la période de sa gestion contribué substantiellement à la réalisation de ce programme. La population sait que le Conseil Régional est l’une des structures légales qui puissent contribuer à son développement économique et social. Nous avons cette confiance pour une période de 5 ans et nous allons agir en tant que représentants légitimes de la population dans toutes ses actions économiques et sociales que nous portons.

Quel est l’apport du PJD dans le renforcement de la conscience citoyenne des jeunes ?
Illiassou Saley Kanta, Vice-Maire Foulatari, Conseiller Régional : a i ndiqué que les jeunes de Diffa constituent aujourd’hui un levier pour la cohésion sociale grâce à l’intervention du Projet Jeunesse Diffa (PJD). Ce projet a été initié en faveur des jeunes et je fais partie des premiers jeunes qui ont débuté avec ce projet et qui ont beaucoup participé à des formations sur la citoyenneté et la cohésion sociale. La preuve en est que grâce à ses formations que nous avons reçues, je suis aujourd’hui élu Vice maire et conseiller régional. Quand on prend globalement dans la région de Diffa presque les 7 communes sont dirigées par des jeunes et çà grâce aux efforts du PJD à travers les formations. Nous pensons qu’aujourd’hui, les jeunes constituent un levier pour la consolidation de la paix grâce à ce projet.

Mato Adamou, ONEP Diffa

21 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

 

M. le Secrétaire général de la FENIFOOT, le Onze national du Niger, le Mena, a raté sa qualification pour la CAN 2022, et les mauvais résultats enregistrés dans les éliminatoires de la coupe du monde Qatar 2022, annoncent sa future élimination pour ce Mondial. Comment expliquez-vous cette série de contreperformances de l’équipe fanion du Niger ?

Je vous remercie sincèrement de nous donner l’occasion de parler de notre Equipe, le MENA NATIONAL, qui comme vous le savez est notre cause commune. C’est vrai que nous n’avions pas pu nous qualifier pour la prochaine Coupe d’ Afrique des Nations prévue au Cameroun en janvier prochain. Et nous sommes également éliminés de la course pour le la Coupe du Monde QATAR 2022. Notre deuxième et dernière participation à la CAN remonte en 2013 en Afrique du Sud. Ensuite, nous avons connu une certaine baisse des performances liée  aux comportements de certains compatriotes qui ont posé des actes dommageables pour le football nigérien et le Mena en agissant, à l’époque avec la complicité de la tutelle, pour nous faire couper les subsides vitaux pour la gestion de l’équipe nationale. Le Niger n’avait pas pu participer aux matchs internationaux amicaux à l’occasion des journées FIFA pendant plusieurs années. On était aux abonnés absents. Rappelez vous, le Mena ne pouvait plus honorer ces rendez-vous importants pour la cohésion du groupe et le travail technique. De l’autre coté les primes de matchs et d’appel, les billets d’avion des joueurs n’étaient pas honorés. Les joueurs protestaient, ils étaient démoralisés et manifestaient leur incompréhension et plusieurs fois le Président avait tiré sur la sonnette d’alarme dans les médias, devant les moyens qui se raréfiaient.

En conséquence le niveau avait baissé, et pendant ce temps les autres Nations, qui ont continué à travailler, progressaient.

En novembre 2019, on avait fait le pari de confier la barque technique du MENA NATIONAL à Monsieur Jean-Guy Walemme. Malheureusement, au bout de deux matchs (courte défaite à Abidjan contre les Eléphants de Côte d’Ivoire 1-0, avant celle plus large 2-6 contre Madagascar à domicile), il a préféré abandonner pour des raisons personnelles. Cela a grandement déstabilisé le groupe avec qui il avait entamé un travail, en plus commencer les éliminatoires avec deux défaites avait déjà amoindri largement les chances de qualification, car le fossé était important face aux leaders du groupe.

Néanmoins, nous nous sommes lancés à la quête d’un nouveau sélectionneur jusqu’à la survenance de la pandémie de COVID-19 qui avait paralysé toutes les activités. Finalement, nous avons signé avec Monsieur Jean-Michel Cavalli un contrat de deux ans qui court depuis le 1er Octobre 2020, charge à lui de redresser la barre pour la suite des éliminatoires, tout en se projetant dans les éliminatoires de la Coupe du Monde 2022. Malheureusement, cela n’a pas été possible pour la CAN notamment, en dépit d’une victoire contre l’Ethiopie et d’un match nul à l’extérieur face à  Madagascar.

Pour les éliminatoires de Qatar 2022, les deux cinglantes défaites contre l’Algérie, ont crée un vif émoi au sein de l’opinion. Ces résultats évidemment sont loin des attentes légitimes des supporteurs, de la Grande Famille du football nigérien et de l’ensemble de la Nation qui ont été choqués par l’ampleur des scores subis. Face à l'Algérie, championne d'Afrique en titre, lancée sur une série d'invincibilité de désormais 31 matchs, notre équipe n'a pas pu relever le défi et réussir l’Exploit de ces éliminatoires, l'écart de niveau entre les deux équipes s’étant confirmé sur le terrain.

Malgré tout, nous avons voulu y croire et espérer prendre le dessus sur une des meilleures sélections africaine, comme nous avions pu le faire dans les années et les décennies précédentes contre d’autres grosses pointures du continent africain.

Nous voudrions, humblement, présenter nos excuses en ces douloureuses circonstances à tous ceux qui ont été sincèrement choqués par ses sorties ratées.

Cette défaite, bien que douloureusement ressentie, n’en sera que l’occasion pour nous de mieux rebondir lors de nos prochaines sorties, forts des enseignements de cette amère expérience, avec le soutien des fans du Mena National et du peuple nigérien, un soutien qui ne nous a jamais fait défaut.

Même si nous comprenons et partageons l’amertume de tout un chacun, nous n’acceptons pas pour autant d’être amnésiques en oubliant les résultats glanés par nos joueurs à travers nos différentes sélections. Elevons-nous et sortons de l’émotion pour envisager l’avenir.

Nous pouvons vous assurer ici que ces résultats, aussi lourds qu’ils soient, n’ébranlent en rien notre ferme volonté de poursuivre et impulser davantage l’œuvre globale et inclusive engagée pour le développement et la promotion de notre football. Cette transformation   touche toutes les petites catégories, le football féminin et les infrastructures notamment,  pour une digne représentation de notre pays aux compétitions zonales et continentales.

Cela se matérialise par les efforts de la Fédération qui dispose aujourd’hui et sur le long terme, d’une assise performante afin de préparer les talents de demain. Cette situation reluisante a été le résultat de l’engagement de l’Etat, de la bonne gouvernance instaurée et des relations de coopération nouées avec les fédérations sœurs et amies et avec les instances continentales et internationales.

Je voudrais m’appesantir sur les efforts consentis dans les catégories de jeunes. Je rappelle que nos cadets et nos juniors (dirigés par nos sélectionneurs Fréderic Acosta et Abdourahmane Issa) ont tous disputé les demi-finales de notre zone UFOA B en décembre 2020 et janvier 2021, dans les qualifications pour les CAN de leurs catégories. Les juniors étaient même à un doigt de se qualifier pour la Coupe d’Afrique des Nations, n’eut été une cruelle élimination à la séance des tirs au but contre le Ghana (futur champion d’Afrique deux mois plus tard).  Et actuellement le travail se poursuit avec la mise en place des présélections nationales  des moins de 13 ans (U13) et des moins de 15 ans (U15), pour déjà se projeter dans les compétitions futures, et surtout la création d’une Académie Nationale d’ Elite  des Jeunes.

Sur l’aspect des infrastructures, un effort exceptionnel a été réalisé, au point d’amener la FIFA à présenter les réalisations du Niger comme des  prouesses et  exemples pour les autres pays. Aujourd’hui, en plus des sièges des associations régionales désormais opérationnels à Agadez, Maradi, Tahoua et Niamey (Diffa, Dosso, Tillaberi et Zinder sont encore en finition)  tous les huit stades régionaux sont dotés de pelouse synthétique. Certaines ont besoin de réfection, comme à Tahoua notamment. De nouvelles sont en projet. Dans l’ensemble partout au Niger on pourra donc aisément dire que le ballon roule et que le talent s’exprime pour l’épanouissement de la jeunesse!

Donc en vérité et pour revenir au MENA A, le nouveau sélectionneur a voulu apporter une nouvelle philosophie et impulser une autre dynamique, avec comme chantier principal la reconstruction du MENA NATIONAL. Cette reconstruction s’est surtout matérialisée par l’insertion de sang neuf dans le groupe à travers la convocation régulière des jeunes issus des cadets demi-finalistes de la CAN U17 au Gabon et qui se sont qualifiés pour les 1/8e de finales de la Coupe du Monde de la catégorie en Inde en 2017 et des juniors qui ont disputé la CAN au Niger en 2019.  Ainsi par exemple Ibrahim Djibrilla Mossi, Moumouni Darankoum, Issa Salou, Marou Boubacar, Amadou Sabo, Abdoulkarim Tinni, Abdoulkairou Amoustapha etc… ont tous connus des convocations en Equipe A. En plus d’autres jeunes se sont révélés comme  Zakari Lambo Junior, Naim Van Attenhoven (les deux proviennent de notre diaspora en Belgique), Issa Djibrilla dit Axo, Kahar le gardien de l’ASFAN, Hassan Seydou le latéral droit de l’USGN…Voilà le credo dans lequel il s’était lancé pour essayer de donner un « avenir » au MENA. Nous l’avions compris et soutenu dans cette politique. Mais comme vous le savez, c’est un pari osé car ces jeunes, même s’ils sont insérés à petite dose progressivement dans le grand bain et dans des matchs de haut niveau, ont besoin de temps pour s’adapter et donner la pleine mesure de leur immense talent. C’est un défi audacieux qui nous fait passer des mauvais moments avec les défaites que vous évoquez, mais nous sommes persuadés que c’est la seule voie salutaire pour espérer des lendemains meilleurs. Il faut accepter de faire des sacrifices, garder ses convictions et surtout être patients. Croyez-moi, si l’on garde le cap de cette politique  on peut aboutir à des résultats probants.

A l’issue de la double défaite contre l’Algérie, l’entraineur du Mena semblait dire qu’il n’a pas les coudées franches pour former son équipe lors des confrontations. La FENIFOOT ne fait-elle pas confiance à ses entraineurs ?

Merci de nous donner l’occasion d’apporter des clarifications et une mise au point sur cette séquence vidéo devenue virale du sélectionneur national. Cet extrait, est en fait sorti complètement de son contexte et des explications données lors de la conférence de presse d’après match. Il s'agissait de la réponse du sélectionneur à la question d'un journaliste. Jean-Michel Cavalli assurait plutôt travailler pour construire une équipe pour le futur, en se basant sur la génération des cadets mondialistes en 2017 et refuse de naviguer à vue en sélectionnant des joueurs sur la base des desideratas du journaliste en sélectionnant ses « parents, amis et connaissances». C’est du journaliste qu’il parlait. La réponse complète, claire et incontestable est disponible au niveau de toutes les presses qui ont couvert la conférence de presse. Elle est édifiante. Il expliquait sa politique et sa philosophie. Malheureusement, certains esprits chagrins et retors, pour assouvir leurs desseins machiavéliques, ont isolé un petit extrait pour lui faire dire exactement le contraire de ce qui sous-tend son travail actuel. Il s’agissait d’une manœuvre malveillante pour intoxiquer l’opinion et jeter l’anathème sur la FENIFOOT et ses dirigeants en surfant sur ces mauvais résultats et en instrumentalisant le choc ressenti par les nigériens. C’est une vile manipulation qui étale au grand jour la mentalité de certains individus qui ont des raisons personnelles d’en vouloir à la FENIFOOT et à son Président. Ils pensent trouver en cette mauvaise série, l’occasion de mettre à la touche les dirigeants de la FENIFOOT, puisqu’ils sont incapables de le faire par la voie légale, c’est à dire par les élections régulières comme le prévoient les textes de notre institution. Cette minorité sans relief,  s’agite principalement dans les réseaux sociaux en utilisant leur pouvoir amplificateur, surtout quant un seul quidam utilise une trentaine ou une quarantaine de faux profils….

Je puis vous assurer, autant nous comprenons et acceptons humblement les critiques dures, justes et constructives des nigériens soucieux du meilleur pour leur pays et de leur sélection nationale, autant on ne se laissera pas divertir par des élucubrations stériles d’individus à mal de sensations.

Il n’a jamais été dans la pratique et la politique du Président Colonel-Major Djibrilla Hima Hamidou et du Comité Exécutif de la FENIFOOT d’interférer dans le travail du sélectionneur ou de lui imposer des joueurs. D’abord parce qu’il est essentiel que chacun reste dans son rôle, ensuite et surtout pour la simple et bonne raison que le sélectionneur en tant que responsable du volet technique et tactique doit être en mesure de répondre en toute responsabilité de son bilan. Comment pourrions-nous le critiquer s’il n’a pas les coudées franches et s’il n’est pas seul responsable de ses choix ? 

Nous faisons du principe d’imputabilité, une pierre cardinale dans nos relations avec les staffs techniques, pour justement être en mesure de leur demander des comptes éventuellement.

La semaine dernière à Niamey et cette semaine encore à Abidjan les filles du Onze national ont coulé contre l’équipe féminine de Côte d’ivoire. Pourquoi la FENIFOOT engage-t-elle le Niger dans des éliminatoires de la CAN féminine alors que notre pays ne dispose même pas de championnat national digne de ce nom ?

« Le football est aimé par tous et par toutes. Il doit être accessible à tous et à toutes » comme le clame le Président de la Confédération Africaine de Football qui poursuit « en Afrique comme dans le monde, en moyenne plus d’une personne sur deux est une femme. Une organisation qui se veut moderne et représentative, ne peut laisser de coté plus de la moitié de l’Humanité ».

La FIFA a élaboré une stratégie pour le football féminin à l’endroit de tous les pays membres. Il y’a une croissance significative du football féminin à tous les niveaux et dans le monde entier au cours des dernières années. Et l’intérêt suscité par la discipline et son potentiel laissent à penser qu’il reste beaucoup d’opportunités à exploiter selon la FIFA. Cette Stratégie pour le football féminin de la FIFA définit les contours de l’action de la FIFA auprès des acteurs du secteur en faveur de mesures concrètes pour les jeunes filles et les femmes, faire du football un sport universel et promouvoir les femmes. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de l’engagement de la FIFA à accélérer la croissance et le développement du football féminin.

Une précision importante, la FIFA fait obligation à tous ses membres de participer aux compétitions internationales, afin d’offrir aux filles également l’occasion de s’épanouir.

La CAF aussi est dans cette dynamique, en encourageant ses membres à investir et à promouvoir le football féminin. 

 Nous ne pouvons pas être en marge de ce mouvement impulsé par nos faitières, à moins volontairement de se mettre au banc des Nations. Ce qui, évidemment, n’est pas envisageable. Alors, à la FENIFOOT, nous avons adopté une démarche volontariste à travers une stratégie qui se décline en plusieurs axes : la sensibilisation des parents notamment sur les avantages que procure une activité physique et sportive à travers les valeurs positives que le football particulièrement véhicule ; la prospection et l’encouragement des jeunes filles à jouer, la création et la vulgarisation des clubs féminins ; la multiplication des compétitions, l’organisation des concours de jeunes talents , etc….

Les bénéfices attendus de cette stratégie sont entre autres de faire connaître le football féminin auprès des jeunes filles, de façon divertissante et interactive ; d’aider les associations à mettre en place des évènements auxquels les jeunes filles adhéreront facilement ; d’organiser de nombreux évènements pour la promotion du football féminin au Niger ; de promouvoir le football féminin au plan national et international ; d’augmenter l’envergure du football féminin au Niger.

Donc en vérité, il faut comprendre que nous avons le devoir de créer le cadre d’épanouissement des filles à travers le football. Pourquoi devrions-nous nous opposer à leur droit de jouer au football si c’est leur passion, leur rêve ? Elles ont les mêmes droits que les garçons, donc nous devons contribuer à leur encadrement adéquat, pour le bien de la communauté.

Les défaites lourdes importent peu, car notre objectif n’est pas de battre la Cote d’Ivoire ou à fortiori nous qualifier pour la CAN Féminine. Comment pouvions nous rêver battre la Cote d’Ivoire ou éviter des lourdes défaites alors que ce pays à des décennies d’avance sur le football féminin par rapport au Niger qui est à ses balbutiements ? Faut-il rappeler que la Côte d’ Ivoire a déjà participé à une Coupe du Monde Féminine et plusieurs CAN ? Dans le groupe ivoirien qui a battu le Niger il y avait 12 professionnelles qui jouent en France, en Espagne, en Corée du Sud…..

Pour la première fois, le Niger a pris part aux éliminatoires des Coupes du monde féminines dans les catégories de jeunes et s’est inscrit pour les éliminatoires de la CAN Féminine. Au niveau des clubs, l’AS POLICE de Niamey a représenté notre pays à la première édition de la Ligue de Championnes féminine de la CAF.

Nous avons bien un championnat national féminin qui a regroupé la saison dernière 15 clubs féminins, et dont la phase finale s’était jouée à Maradi. Et c’est l’AS POLICE qui a été sacrée championne.

Il ya bien sûr des insuffisances et certaines lacunes mais progressivement nous espérons aboutir à une meilleure organisation et à une plus grande vulgarisation du football féminin. Nous réfléchissons à la création de nouvelles compétitions et pourquoi pas à la création d’une deuxième division ?

Nous sommes actuellement entrain de tracer les sillons et poser les jalons pour un meilleur futur car bien sûr,  si l’œuvre entreprise se pérennise, les résultats suivront indubitablement. En attendant, soyons indulgents avec ces filles, encourageons les. Elles méritent respect car elles sont très courageuses. Notre contexte où les pesanteurs socioculturelles restent vives n’est pas évident, mais avec le temps et beaucoup de travail la situation devrait s’améliorer.

Les  résultats médiocres enregistrés régulièrement par nos représentants dans les compétitions africaines des clubs, obligent l’opinion nationale à s’interroger sur la qualité de notre championnat national. Qu’est-ce que la FENIFOOT fait pour que ce championnat soit compétitif ?

Si vous permettez, votre question devrait être plus nuancée, et votre affirmation moins tranchée car, à mon avis, les résultats ne peuvent pas être traités de médiocres.

Je vous rappelle que la saison dernière, nos deux représentants engagés en coupes interclubs africaines ont tous passé le premier tour.

En Ligue des Champions, l’AS SONIDEP avait éliminé les somaliens de Mogadishu CC et en Coupe de la Confédération l’Union Sportive de la Gendarmerie Nationale avait battu les maliens de Yeelen Olympique. Au deuxième tour, ils ont tous connus un tirage compliqué car les pétroliers étaient malheureusement tombés sur les Egyptiens du National Al Ahly SC du Caire (le plus grand club d’Afrique, futur vainqueur de la compétition d’ailleurs !) pendant que les gendarmes se voyaient éliminés par les algériens de la Jeunesse Sportive de la Kabylie (JSK, une autre grosse écurie africaine, future finaliste de la compétition).

Après sa défaite, l’AS SONIDEP a joué et perdu le tour de cadrage de la Coupe de la Confédération contre les camerounais de Coton sport de Garoua.

Cette saison, l’USGN a éliminé au premier tour les burundais du FC Le Messager, avant de perdre contre Al Ahly du Caire (encore !). Elle se prépare à jouer un tour additionnel face aux Congolais du Daring Club Motema Pembé de Kinshasa, où elle a toutes ses chances. Je pense qu’il ne faut pas se chercher d’excuses mais c’est un fait, nos clubs souvent ne sont pas vernis par le tirage. Il faut faire avec, ce sont les aléas avec lesquels il faut compter. Et il a manqué un but à l’ AS POLICE  pour éliminer les tunisiens de l’ US Ben Guerdane ( 1-3 et 1-0).

La qualité de notre championnat n’est pas si mauvaise, je peux l’affirmer, même si évidemment on  peut toujours l’améliorer. Mais seulement avec la contribution de toutes les parties prenantes, tous les acteurs. Que chacun joue sa partition.

La FENIFOOT a procédé à des reformes avec la restructuration des différents championnats, et la création d’un troisième niveau de championnat pour resserrer l’élite. Ces compétions se tiennent régulièrement sans véritable sponsor, il faut le noter, malgré les contraintes liées à l’immensité du territoire et les difficultés de transport. La FENIFOOT organise chaque année  4 compétitions séniors messieurs (Super Ligue, Ligue Nationale, Ligue Régionale et Coupe Nationale) regroupant plus d’une centaine de clubs affiliés ainsi que les tournois réservés aux jeunes catégories et les féminines.

Un championnat médiocre n’allait pas nous permettre de participer à trois CHAN (Championnat d’Afrique des Nations en 2011, 2016 et 2021) réservés aux joueurs locaux, c'est-à-dire que le Niger est présent au CHAN une fois sur deux ! Beaucoup de soit disant « grandes nations » ne peuvent se targuer d’un tel résultat !

En plus, il faut noter un autre point important, rien que cette année une dizaine de joueurs ont quitté le championnat local nigérien pour embrasser la carrière professionnelle en Turquie, en Algérie, au Cameroun, en RDC, en Guinée Equatoriale, etc…C’est dire que ce championnat est de qualité car il est capable de favoriser l’éclosion de joueurs qui sont convoités par des clubs professionnels étrangers plus huppés.

 La FENIFOOT est souvent accusée d’avoir sacrifié les clubs populaires du Niger au profit des clubs des sociétés et des clubs corporatistes d’où la déliquescence du championnat national. Que pouvez-vous répondre à ces accusations ?

Franchement, c’est un mauvais et injuste procès qui est fait à l’endroit de la FENIFOOT. Si vous interrogez l’Histoire, les clubs dits populaires ont commencé à péricliter depuis déjà plusieurs décennies. Je ne pense pas décemment, que cela soit imputable à l’instance dirigeante de la FENIFOOT. Le mal est beaucoup plus profond. A mon avis, ces clubs ont eu des difficultés à s’adapter à l’ordre nouveau et aux mutations socio économiques qui se sont imposées progressivement dans la marche du monde. D’abord, ces clubs issus des quartiers populaires, ont vu leur cadre de vie profondément métamorphosé. Je parle des espaces de jeux. Les jeunes sont privés de terrains pour s’épanouir. Ce qui n’était pas le cas à l’époque.

Ensuite le modèle économique. On ne peut plus gérer un club comme cela se faisait il y’a 30 ou 40 ans, à partir de la passion ou de la bonne volonté de quelques mécènes. Les exigences en termes économiques et managériales sont beaucoup plus importantes, sans commune mesure. Je précise que le Niger n’est pas le seul pays impacté par ces mutations. Dans beaucoup de pays, les clubs dits mythiques et historiques ont de plus en plus de difficultés à rester compétitifs. Ce sont des clubs avec de nouvelles stratégies de gestions innovantes et adaptées au monde moderne du football international qui s’en sortent ; par exemple Salitas au Burkina Faso, Diambars, Génération Foot au Sénégal.

Les clubs de sociétés ou corporatistes comme vous le dites, sont apparus à la faveur d’un contexte né des changements démocratiques, notamment avec la liberté d’association qui est un droit reconnu, encadré et protégé. Maintenant, je pense qu’il n’y a pas de sujet tabou, la réflexion  doit être faite pour voir le meilleur schéma possible, pour le bien de tous. Chaque modèle a ses avantages et ses inconvénients, poussons la réflexion, ensemble.

 Avez-vous un message particulier à l’endroit du public sportif ?

Restons optimistes ! Il y’ a actuellement un frémissement encourageant, qui nous laisse entrevoir une dynamique nouvelle positive. Le Président de la République, Chef de l’Etat, passionné de sport devant l’Eternel, a posé un acte fort en assistant à l’Edition 2021 de la finale de la Coupe Nationale du Niger ayant opposé l’Union Sportive de la Gendarmerie Nationale à l’Association Sportive de la Police Nationale le 6 Juin dernier. Un événement qui ne s’est pas produit depuis plus de 20 ans ! Et c’est d’ailleurs lui qui s’est chargé de remettre le trophée de vainqueur aux gendarmes. Au-delà de cette présence symbolique du Président de la République dans les tribunes du Stade Général Seyni Kountché, de l’avis de tous les acteurs, ce déplacement de Son Excellence Mohamed Bazoum traduit sa réelle volonté à accompagner le sport nigérien, dont il veut en faire un levier de développement.

Il a manifesté sa détermination à soutenir la FENIFOOT pour la réussite du football nigérien, en acceptant de hausser significativement l’enveloppe du vainqueur de la Coupe Nationale. Il a également donné des hautes et fermes instructions pour que les clubs soient soutenus financièrement de façon importante avec notamment la contribution de sponsors, pour faire face aux exigences d’un football de haut niveau. Cela permettra à nos clubs d’investir davantage dans la formation des jeunes catégories, accéder à des entraineurs de haut niveau et des meilleures infrastructures, faire des meilleurs recrutements, etc…Tout ceci devrait impacter positivement la qualité de nos compétitions et aguerrir davantage nos joueurs. Le Président a aussi et surtout décidé de soutenir la création d’une Académie Nationale d’ Elite des jeunes avec les catégories des U13, U15 et U17 ! 

Ce sont des gestes salutaires, et le football nigérien lui sera sans doute éternellement reconnaissant de se voir administrer un traitement qui va grandement encourager sa croissance, et faire du Niger une Nation qui compte dans le gotha africain.

Le Ministère de la Jeunesse et des Sports n’est pas aussi en reste dans cette nouvelle dynamique. Il y a quelques jours, nous avons suivi avec satisfaction l’installation du comité Technique chargé de l’Elaboration de la Politique Nationale du Sport. Ce comité va s’atteler à doter le Niger enfin, d’un document référentiel en matière du sport qui mettra  en place  des mécanismes  efficaces susceptibles de répondre aux attentes des nigériennes et nigériens.  Nous soutenons fortement cette nouvelle approche, en tant que membre de la communauté sportive, pour véritablement aboutir à l’Excellence à travers la valorisation des talents nigériens qui sont réels et immenses.

Nous nous sentons de moins en moins seuls et de plus en plus soutenus, notamment par les décideurs.

 C’est seulement  par cette synergie d’actions et cette mutualisation des efforts de toutes les parties prenantes et de l’ensemble des acteurs, en dehors de toute querelle vaine et partisane, que notre football pourra véritablement prendre son envol et jouer pleinement son rôle de vecteur de développement socio économique, et militer grandement pour la réputation et la grandeur de Notre Chère Nation.

Réalisée par Oumarou Moussa

29 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

M. Yahaya MahamadouM. Yahaya MahamadouMonsieur le Secrétaire permanent, quels sentiments vous animent après la célébration du 59ème anniversaire de la proclamation de la République à Tahoua dénommé Programme ‘’Tahoua Sakola’’ ?
Merci de cette opportunité que vous nous offrez de parler des activités de l’anniversaire de la proclamation de la République qui se sont déroulées à Tahoua sous le nom de Tahoua Sakola. Pour ré­ pondre à votre question, je dirai sans hésitation que c’est un sentiment de satisfaction qui nous anime actuellement parce que la fête s’est déroulée dans les meilleures conditions. Satisfaction parce qu’il y a eu une mobilisation assez impressionnante de toute la communauté de la région. Satisfaction parce que aussi nous avons bénéficié de la parfaite adhésion de l’ensemble des autorités locales, des leaders d’opinion, bref de l’ensemble des acteurs de la société mosaïque de la région. Je saisis cette occasion pour remercier, au nom du président du Comité d’organisation, le ministre Katambé Issoufou, l’ensemble des acteurs qui se sont impliqués. En effet, s’il y a réussite, c’est parce qu’au­delà de nous autres qui composons les commissions, il y a la volonté du président du comité à réussir l’organisation. Cette volonté l’a amené à s’investir pour mobiliser, au­delà de nos frontières, à la fois les ressources et les acteurs pour que Tahoua Sakola soit véritablement, comme nous l’avons dit dans notre engagement, marqué par l’innovation et qu’on puisse, au­delà de cette innovation, sentir et apprécier la dynamique économique et culturelle de cette région. Il s’agissait aussi de faire découvrir le brassage qui caractérise cette région jadis carrefour caravanier, où cohabitent plusieurs communautés dans la symbiose et le respect des valeurs et cultures des uns et des autres.

La population du Niger manque cruellement d’accès à une éducation secondaire de qualité, surtout dans les milieux ruraux et nomades. Lors du Sommet sur l’Education à New York en septembre 2022, le Président Bazoum rencontrera les bailleurs de fonds pour présenter sa vision d’investissement dans le capital humain. Il s’agira de soulever des questions de fonds pour construire 100 internats dans un premier temps sur les cinq prochaines années. L’objectif de ce projet d’envergure est d’offrir une éducation secondaire de qualité aux filles et de les maintenir à l’école. Indirectement, cette stratégie aura le potentiel de prévenir les mariages et grossesses précoces et de rompre le cercle vicieux combinant pauvreté, haute fertilité, mortalité maternelle et infantile.
Une équipe du Fonds des Nations Unies pour la Population s’est entretenue avec le Professeur Natatou pour discuter des tenants et aboutissants de ce projet. Cet article relate les points saillants de ses propos.

Monsieur le Ministre, présentez-nous s’il vous plaît la faisabilité de ce projet d’internats.
Le projet de construction des internats de jeunes filles dans les collèges ruraux est une émanation de l’engagement pris par SEM Bazoum Mohamed, Président de la République, Chef de l’Etat dans son programme de renaissance Acte 3.

Le premier internat pilote, d’une capacité de 144 places, est implantée à Kellé dans la région de Zinder et il est fonctionnel depuis un an. Sur les 129 filles admises à la rentrée scolaire 2021-2022, aucun abandon n’a été enregistré. En ce moment, les élèves sont en vacances et des travaux d’extension sont en cours pour augmenter sa capacité d’accueil.

Suite au bilan établi par mes services compétents, je peux vous dire que cet internat fonctionne très bien et qu’une prise de conscience a été observée au niveau des jeunes filles qui se préoccupent de leurs études même pendant les congés de Noël et de Pâques.

Toutefois, dés la rentrée scolaire 2021-2022, l’internat de Kellé a atteint sa capacité après avoir accueilli 129 filles admises en 6ème. C’est pour cela, que nous avons entrepris des travaux d’extension pour accueillir les nouveaux élèves de 6ème au titre de l’année scolaire 2022-2023.

Pourquoi se concentrer sur la formation des filles ?
Au prime abord, nous pouvons noter que mon pays, le Niger, est l’un des pays qui a le taux de fécondité le plus élevé du monde (6,2%). Aussi, comme vous le savez, Il a un taux de croissance annuel de plus de 3.9%. Cette forte croissance démographique, combinée à une forte représentativité numérique des femmes dans la population nigérienne et au poids économique qu’elles représentent, font qu’un focus particulier doit être fait sur la formation des filles et des femmes.
Cependant, cette formation des filles au niveau des collèges ruraux est assujettie à plusieurs contraintes.

Aujourd’hui, on constate que tous les gros villages ont des écoles primaires mais qu’il n’y a pas assez de Collèges d’Enseignement Général (CEG) dans ces villages. Donc les élèves se déplacent parfois sur plus de 5 kilomètres pour se rendre dans un collège et revenir à la maison. Ou bien, ils sont obligés de se déplacer de leur village à un autre village là où aussi il faut chercher un tuteur pour les accueillir.

Au regard des différents risques liés aux navettes ou au séjour hors de la cellule familiale auxquels les élèves sont exposés, en premier lieu les filles, beaucoup de parents préfèrent garder leurs filles avec eux. Une fois, ces filles retirées de l’école, elles restent généralement à la maison à ne rien faire et à l’âge de 14 ans-15 ans, elles contractent leurs premiers mariages pour avoir 4 ou 5 enfants autour de 25 ans.

Il est donc urgent de mettre en place au niveau de nos collèges ruraux, un cadre qui puisse donner des garanties suffisantes aux parents pour laisser leurs filles continuer les études.

Pour nous, les conditions de vie et d’études mises en place au niveau d’un internat, font que l’internat est ce cadre tant recherché pour fidéliser les parents, sécuriser et éduquer tous le élèves.

Pour cette première phase, nous avons choisi les internats de jeunes filles parce que, tout simplement, les filles sont plus vulnérables que les garçons. Si l’expérience est concluante et que nos moyens s’améliorent, notre souhait est d’étendre le projet aux garçons.

Si nous arrivons à faire fonctionner correctement ces internats de jeunes filles dans les villages, ce serait une bonne chose car cela nous permettra d’aller vers une transition démographique. En effet, les conditions de vie et d’encadrement au niveau de ces internats favorisent l’épanouissement des jeunes filles et leur réussite scolaire à l’école. Ce qui les éloignerait du spectre des mariages précoces et qui les préparerait à leur futur rôle de pilier de la famille. C’est aussi un autre moyen de lutte contre le poids démographique et une façon intelligente de maîtriser la démographie car on jouera sur les perceptions et les comportements de la communauté éducative en générale et des filles en particulier sur le plan de l’éducation et de la procréation. Ce qui permettra d’améliorer la rétention des filles et de gagner au moins quatre à cinq ans par rapport à une fille qui n’est jamais allée à l’école ou qui a été déscolarisée.

Une amélioration de la scolarisation et du maintien des filles va booster de façon significative tous nos indicateurs scolaires, c’est à dire le taux brut de scolarité, le taux brut d’admission, le taux d’achèvement, etc., parce que toutes les statistiques sont en défaveur des filles. Donc pour nous, il n’y a rien de plus honorable et de plus légitime que ces internats de jeunes filles au Niger car c’est l’éducation qui fait la différence entre les pays. Un pays ne peut pas se développer sans système éducatif performant. Vous venez de l’Asie, vous dites [ndlr : un des interviewers vient du Vietnam], par exemple, le Japon a des ressources minières limitées, mais aujourd’hui le Japon, c’est une grande puissance économique du monde, et c’est dû à l’éducation (…)

C’est important pour montrer aux bailleurs de fonds et aux personnes intéressées que ce modèle est bénéfique. C’est vraiment une anecdote très forte que les filles refusent de rentrer. Au niveau financier qui soutient les finances ? La gratuité des cours est-elle assurée pour la communauté ? Combien est ce que la communauté doit payer ? Cet aspect est fondamental car il faudra présenter un projet avec un budget. Les bailleurs de fonds vont demander quel est le coût de tout ça et quels sont les bénéfices à court et à long terme.

Pour ce qui est du coût des infrastructures, il est déjà chiffré, à travers nos services compétents. Nous avons fait trois modèles d’internat : les modèles qui vont prendre 250 places, ceux qui vont prendre 300 et des modèles qui vont prendre 350 places. Chaque modèle a été chiffré. Ces modèles chiffrés accompagnés des plans de masse et des superficies nécessaires sont disponibles au niveau de nos services compétents. A titre d’exemple, la construction d’un internat de 350 places coûte environ 394 991 926 FCFA. La prise en charge au niveau des internats est gratuite pour toutes les filles. Dans le cadre de la décentralisation et de la participation communautaire, les collectivités territoriales et les parents d’élèves soutiennent de façon volontaire ces internats.

Très bien. Si on continue à parler de Kellé, l’expérience est-elle positive ? Quels seraient les éléments négatifs ? On sait par exemple que les grandes barrières telles que l’accès géographique, l’accès financier, la qualité des cours des enseignants, le contenu des cours et le système d’examens sont un problème, pas seulement pour le Niger, mais dans la région en général. Comment est-ce que ces problèmes-là sont traités dans le système d’internat ?

Comme vous l’avez constaté vous-même, nous sommes d’accord que les acquisitions scolaires des élèves sont faibles au niveau de nos pays comme l’atteste le rapport PASEC 2019 et les résulta des examens scolaires. Par exemple, cette année, en ce qui nous concerne, le taux de réussite au BEPC est de 27,18% et celui du Baccalauréat est aussi inférieur à 30 %. Cela démontre clairement la pauvreté des apprentissages dans notre pays.

Pour renverser la tendance, plusieurs réformes sont envisagées.
La première réforme concerne l’enseignant car nous sommes conscients d’une chose : le moteur de l’école c’est le maître. Quand le maître n’est pas bon, les élèves ne peuvent pas être bons. S’agissant de la formation des maîtres, le Niger a opté pour un relèvement du niveau de recrutement. C’est-à-dire que les enseignants qui vont enseigner dans les jardins d’enfants et les écoles primaires, seront désormais recrutés non pas à partir du BEPC mais à partir du BAC. Cette disposition a été mise en application depuis la rentrée scolaire 2021-2022 et nous venons de lancer le processus de recrutement de la deuxième promotion.

La deuxième réforme concerne les programmes d’enseignement.
Actuellement, aux niveaux préscolaire et primaire, nous sommes en train de faire une réforme curriculaire dont le point d’entrée est l’enseignement de nos langues nationales et pour laquelle, nous avons produit les supports du préscolaire et des quatre premières années du primaire (CI, CP, CE1 et CE2).

Pour soutenir notre entrée par les langues nationales, je vais vous donner un exemple — c’est une anecdote. A l’école primaire, on a appris des chansons, des récitations comme « vive l’eau ». A l’époque, quand on demande à un élève c’est quoi « vive l’eau », il ne sait pas ce que cela veut dire. Mais il reconnaît la consonance, il récite sans connaître la signification. C’est seulement arrivé au collège ou au lycée qu’il comprend la signification. Et c’est pourquoi, nous allons privilégier l’entrée par nos langues. Plus on avance, plus la langue administrative, le français, est introduite et prend la relève. Comme vous le savez aucun pays au monde ne s’est développé avec une langue étrangère. Par exemple au Japon, on parle le japonais, au Vietnam on parle le vietnamien, en Angleterre on parle l’anglais, etc. Nous devrions également avoir cette vision. Nous avons 5000 écoles, qui sont en train d’expérimenter ce système de bilinguisme et les résultats sont meilleurs que ceux des classes où on enseigne uniquement en français, pouvant aller du simple au double.

Dans cette vision holistique, les programmes des écoles normales sont en train d’être arrimés aux programmes du préscolaire et du primaire axé sur les langues nationales.

Au niveau des universités, écoles et instituts de formation des professeurs de l’enseignement secondaire général, nous avons entrepris en collaboration avec le ministère de l’Enseignement Supérieur, un vaste chantier d’harmonisation de leurs programmes d’enseignement.

En effet, en dehors de l’Ecole Normale Supérieure de Niamey, les facultés des sciences de l’éducation de Tahoua et de Zinder forment des enseignants du collège et du lycée.

Tous ces établissements recrutent des bacheliers qu’ils forment en trois ans et leur délivre une licence professionnelle. Ces enseignants sont utilisés au niveau des collèges ù ils enseignent généralement deux disciplines.

Désormais, il ne s’agit plus de former pour le plaisir de former. La formation professionnelle de nos enseignants a été définie à partir d’un besoin. Nous savons quel type d’enseignants nous voulons. Il faut que ces centres de formation d’enseignants s’adaptent à nos besoins.

Au courant de ce mois, une réunion est prévue entre tous les directeurs de ces écoles et les doyens de ces facultés avec les responsables du ministère de l’Education Nationale et ceux du ministère de l’Enseignement supérieur, pour dégager un profil type de ce qu’on appelle un enseignant du collège, du lycée. Le président de la République en est informé. C’est lui-même qui a suscité cette réunion.

Au delà de cette harmonisation des programmes de formation des professeurs de collège et lycée, nous sommes entrain d’envisager d’autres alternatives pour la formation de nos enseignants du secondaire.

Par exemple, pour la formation des professeurs de collège, les étudiants des facultés de lettres et de sciences, après un enseignement fondamental de deux ans dans leurs facultés, vont passer un concours pour accéder à l’école normale supérieure ou aux facultés de sciences de l’éducation, là où ils vont suivre des cours de pédagogie et de didactique pendant un an. Ce qui leur conférerait un niveau de licence professionnel conformément au système LMD (licence, master, doctorat), auquel le Niger est inscrit depuis 2007.

Pour ce qui est des enseignants du lycée, l’école normale supérieure et les autres centres de formation d’enseignants vont recruter à partir de la licence des étudiants qui vont suivre l’enseignement pédagogique pendant deux ans. Cela correspond au grade de master en respect au LMD.

Maintenant, c’est donc bilingue ?
Oui. Cet enseignement bilingue sera appliqué au préscolaire, au primaire et dans les écoles normales afin de faire progresser les acquis scolaires des élèves.
Nous allons progressivement et de façon raisonnée étendre l’enseignement bilingue à toutes les écoles préscolaires et primaires du Niger. Déjà une feuille de route a été élaborée cet effet.

Si je comprends bien, les internats s’inscrivent dans une grande réforme générale sur le curriculum au niveau du bilinguisme, sur la formation des enseignants et vous l’avez très bien décrit. Revenons aux internats à Kellé. Est-ce que ces changements ont déjà été mis en place à Kellé ou Kellé est sur l’ancien système ? Dans la mise en œuvre des internats, est-ce qu’on aura au Niger la masse critique d’enseignants pour enseigner à chaque niveau ?

Notons d’abord que les internats des filles que nous envisageons, ne sont pas des services isolés. Ce ne sont pas des services destinés à dérouler un curriculum d’enseignement particulier. Ils sont créés au niveau des collèges pour soutenir la scolarisation des filles en améliorant leurs conditions de vie et d’étude.
Pour ne pas perdre les dividendes de ces internats, nous avons déjà mis à la disposition du premier établissement à internant un nombre suffisant d’enseignants capables d’aider tous les élèves à progresser. Toutefois, au regard de l’impact négatif de la contractualisation sur le rendement des enseignants et pour satisfaire nos besoins, nous avons lancé un recrutement de 2150 enseignants et enseignantes du secondaire et un autre recrutement de 344 enseignants scientifiques pour combler le gap d’enseignants.

La réorganisation de nos centres de formation des enseignants du secondaire nous permettra de faire face à nos besoins.
Quels sont les autres avantages si vous deviez promouvoir ces internats auprès des bailleurs de fonds ? Par exemple au niveau de la sécurité ou de la nutrition ?
Nos internats de jeunes filles ne seront implantés que dans les zones sécurisées. Sur le plan sécuritaire, toutes les dispositions nécessaires sont prises avant de créer un internat. Pour le moment, il y a suffisamment de centres ruraux qui correspondent à ce profil de sécurité. À la rentrée scolaire 2022-2023, plusieurs internats dont Moujia, Jiga, Tesker, Belbédji ouvriront leurs portes. Pour le fonctionnement de ces internats, nous avons défini des normes pédagogiques, sécuritaires et de gestion.

Au niveau administratif, une équipe assermentée sera mise en place pour gérer l’internat et des mécanismes de suivi-évaluations seront instaurés.
La réussite de ce projet d’internat est fortement liée à l’adhésion des communautés locales et à leur participation à la gestion de l’internat. Il s’agit de démontrer à la population que l’internat et au-delà l’école ne relèvent pas que de l’Etat. L’internat doit être compris, comme un cadre partenarial entre l’Etat, la collectivité et la communauté pour soutenir la scolarisation de la jeune fille. Déjà, à Kellé, premier internat type, la collectivité et la communauté participent à l’alimentation des élèves. Pour les internats programmés à ouvrir, la collectivité et la communauté sont prêtes à accompagner l‘Etat par rapport à l’alimentation des élèves.

Donc il semble qu’il y ait une demande sur la base de votre expérience à Kellé. Pourriez-vous élaborer un peu plus sur cette demande ? Quels seraient les avantages perçus par les familles et quelles seraient les barrières ou les résistances, y compris le prix qu’ils doivent payer?

Comme je vous l’ai annoncé dans les points précédents, l’expérience de Kellé a été une réussite.

Mais pourquoi ?
Pour mieux comprendre, les raisons, intéressons-nous à la question : « Qu’est ce qui empêche les parents dans les villages de laisser la fille aller un peu plus loin dans l’éducation. » et quels rôles pourrait jouer l’internat ?
Dans un premier temps, il y a ce problème de sécurité. Si la fille doit parcourir en aller-retour huit kilomètres pour aller à l’école ou bien cinq kilomètres, elle peut être vulnérable. Et même si ce n’est pas ce cas, si elle se déplace complètement pour vivre chez un tuteur, un parent ou une connaissance, les conditions ne sont pas toujours réunies pour son plein épanouissement. Il faut aussi savoir qu’un tuteur n’est généralement pas comme un père biologique et parfois, il n’est pas dans les conditions pour accueillir des élèves. Très souvent, la fille devient alors vulnérable. Mais si les parents savent que la fille est dans un environnement sécurisé où il y a la restauration, où elle est logée où elle a toutes les commodités de vie, je vous assure, les parents n’hésiteront jamais à laisser les filles aller à l’école.

Deuxièmement, Il ne faut pas voir l’internat comme un simple bâtiment physique. Il faut voir l’aspect psychologique des choses. C’est quoi l’aspect psychologique ? D’abord il y a ce regroupement qui va permettre à ces jeunes filles de sympathiser, de cultiver le nationalisme, c’est-à-dire l’appartenance à un même pays, à une même communauté de destin. Cela va convaincre les parents qui sont encore réticents d’envoyer leurs filles à l’école.

Au niveau financier, les parents n’ont aucun engagement, hormis, les engagements volontaires pris dans le cadre communautaire ou associatif. Pour certaines familles, le seul prix à payer sera le coût d’opportunité lié à la scolarisation de la fille.

C’est votre perspective pour combattre la démographie galopante. Mais comment vous le transmettriez aux familles, aux communautés pour leur mettre l’eau à la bouche. Quels seraient quelques messages clés ?
Nous avons des centres d’intérêt au niveau de ces internats. Au delà des activités académiques qui se dérouleront désormais dans des classes en matériaux définitifs construits en priorité selon un modèle alternatif, nous allons faire aussi la promotion des activités professionnelles. Par exemple, les filles vont apprendre à faire la couture et d’autres métiers. Cela va leur permettre d’avoir une autre activité qu’elles pourront pratiquer. Même si demain, elles finissent effectivement leur cycle à l’école, elles ont, en dehors de leur bagage intellectuel qui est bien formaté à l’évolution de la société, appris à pratiquer des activités professionnelles. Ce sont des femmes qui ne vont jamais être des « femmes-bras-croisés », c’est-à-dire qui attendent tout de la nature ou de leurs maris. C’est notre vision pour les internats que nous comptons mettre en place. L’internat est un lieu sûr, sain et sécurisé qui va permettre aux filles d’avoir des apprentissages professionnels à coté des apprentissages académiques. Cela est très bénéfique pour notre société.

Quelles sont vos expériences en matière de ce que les familles doivent mettre sur table ? Est-ce que ces familles contribuent aussi ?
Pour l’internat de Kellé en expérimentation, les familles, à travers les structures communautaires ont effectivement contribué de façon volontaire à l’alimentation scolaire des élèves par des dons de vivres. C’est le conseil régional et la mairie de Kellé qui ont apporté l’essentiel de l’accompagnement nécessaire pour le bon fonctionnement de l’internat. Mais, au regard de notre ambition de vulgariser le projet, il faut que nous puissions convaincre les parents pour qu’ils s’impliquent activement dans la gestion des internats, contribuer à leur financement et changer de comportement face au dénier publique. C’est cela notre stratégie.
Je vais vous raconter une anecdote. Il y a un village qui dispose de classes en paillote construites avec des tiges de mil. En période de sécheresse, les ânes partent brouter ces classes en paillote. Un paysan de passage, ayant vu l’âne brouter la classe, ne l’a pas chassé mais il s’est plutôt rendu chez le chef de village pour l’informer de ce qu’il a vu.

Ce genre de comportement met en lumière le fait que la communauté ne se sent pas concerné par les problèmes de l’école et pour elle, ceux-ci concernent uniquement le chef de village qui représente l’Etat. Ce n’est pas une école communautaire, mais plutôt une école d’Etat. Mais si le paysan sait que lui-même, il a contribué, s’il voit un âne, il ira lui-même le chasser. C’est une anecdote qui est un peu révélatrice et c’est cette anecdote que nous visons à enrayer. Donc, ce ne sont pas que des classes, mais ce sont des classes derrière lesquelles il y a une philosophie. Il faut que la communauté s’approprie tous les investissements faits à son profit

Vous avez parlé de modèle alternatif. Est-ce que les bailleurs de fonds vous ont demandé de proposer des internats ? Est ce qu’il y a d’autres modèles que vous avez considérés ?
Pour remplacer nos 36 000 classes en paillottes, nous avons opté en priorité pour un modèle alternatif de construction de classe. C’est une structure évolutive de construction de classe. Par exemple, l’Etat ou un partenaire va effectuer les tâches de terrassement, de fabrication de poteaux et d’élévation de murs jusqu’à une hauteur de 1 mètre. Il va aussi fournir les toitures en tôles. Après, la communauté en fonction des matériaux locaux disponibles prend en charge les accessoires et les murs de remplissage.

Par exemple, à Zinder, Maradi et Dosso, le banco peut être utilisé et à Tahoua, des pierres taillées pour achever les classes.
Avant, l’adoption du modèle alternatif, une classe classique de 9 m sur 7 m, soit 63 m2 nous coûte entre 11 à 12 millions. Aujourd’hui le modèle alternatif le plus cher avec le travail des communautés est autour de 5 millions. Donc, le coût d’un modèle classique peut nous permettre de construire deux classes en modèle alternatif. En plus c’est deux fois plus pédagogique parce que tout simplement la communauté a intervenu et a compris que l’école appartient à tous et pas seulement à l’Etat.

La Banque mondiale est prête à financer ce projet parce que c’est un projet intégré. A la fin du projet, les parents, la communauté, vont comprendre que l’école n’est pas seulement l’affaire de l’Etat, c’est pour eux d’abord et qu’ils doivent contribuer à l’éducation de leurs enfants. Ils auront ainsi une compréhension beaucoup plus nette de l’école. L’École doit être un contrat social entre l’Etat, les collectivités et la communauté. Les organismes internationaux ne peuvent qu’accompagner l’Etat, ce n’est pas à eux de faire cette politique de l’éducation.

D’ici cinq ans, dix ans, dans les milieux ruraux, au niveau collège, quelle serait votre vision des choses ? La proportion de l’internat, la proportion de classe de modèle alternatif. Comment vous voyez la distribution de ces différents modèles ?
Notre souhait le plus absolu, est que dans les 5 ans de ce régime, de 2021 à 2026, que nous puissions construire au moins 100 internats de jeunes filles et au moins 36 000 classes, en modèle alternatif dans le milieu rural.

Pour cette année, nous avons programmé la construction de 2050 classes en modèle alternatif et nous allons le faire. Dans moins de trois semaines, les chantiers vont commencer. Notre budget de 2023 a augmenté de 37 % et le volet le plus important, est celui des infrastructures. A coté de cette volonté manifeste de l’État à changer radicalement l’éducation, mon espoir est que les partenaires que vous êtes le FNUAP, le PAM etc., accompagnent l’Etat dans cette politique.
Dans les grands centres urbains compte tenu de la densité de la population nous allons construire des classes en modèle classique ; pas toutes classiques, il y aura même à Niamey quelques classes en modèle alternatif mais pas aussi important que dans les villages. Notre espoir, c’est qu’avant 2026 nous ayons ces 36000 clases en modèle alternatif. Mais attention, je suis un scientifique. Compte tenu du taux de natalité qui est de 6,9 enfants par an, si aujourd’hui, par miracle du ciel, on se retrouve avec 36 000 classes disponibles, je vous assure qu’à la rentrée prochaine, il nous faut encore des classes en paillote, parce que chaque année, il y a un delta qui varie entre 120 000 et 150 000 élèves de plus. Et même si on considère 50 apprenants par classe, il nous faut 3000 nouvelles classes, il faut en tenir compte. C’est pourquoi je prévois toujours large car je sais qu’il y a cet écart. En termes de besoins je les évalue à 40 000 ou 45 000 classes pour tenir compte de ce gap.

Au sujet de la transition démographique, le taux de fécondité qui était à 7,6 il y a cinq ou six ans est aujourd’hui tombé à 6,2. Nous avons espoir qu’il va baisser à 5,4. Si ce taux continue à baisser, et si la construction des classes en matériaux définitifs se poursuit, un jour viendra où nos deux courbes vont se croiser. C’est suite à cela et pour maîtriser la croissance démographique que le Président a créé ce qu’on appelle l’Office National de la Population.

Et les internats ? Les 100 internats, où les mettriez-vous en particulier ?
Les 100 internats, seront créés en priorité dans les collèges ruraux, c’est à dire dans les villages. Le cycle des collèges est un cycle de 4 ans et si possible nous allons les étendre plus tard au lycée, jusqu’à ce que les filles aient l’âge de 18 ans.
Quelle est la proportion du budget de votre département pour l’éducation par rapport au budget national et quelle est la proportion exacte de la distribution ?
Il est important de noter que le président de la République, Chef de l’Etat, SEM BAZOUM Mohamed a promis d’améliorer la part du budget de l’éducation et de l’amener à pratiquement 25 % du budget. Je vous assure que nous sommes pratiquement aux alentours de ce taux. Cette année, nous sommes aux alentours de 22 % du budget national pour l’ensemble des ministères en charge de l’éducation. Et moi, je suis convaincu d’une chose : si le Niger n’était pas en guerre, nous allons amener le budget de l’éducation à 40 %. J’en suis convaincu.

Il y a cinq ans, quel était le taux par rapport au budget ?
La part du budget de l’éducation était aux alentours de 15% du budget national, il y a cinq ans de cela. Aidez-nous à arrêter la guerre, quand on va l’arrêter, ce taux sera à 40% (…) Aujourd’hui, le Niger a la chance d’avoir à son sommet un Président de la République qui croit à l’éducation par le seul fait qu’il soit enseignant. Et donc, il sait qu’un pays ne peut pas se développer sans un système éducatif performant. Ce qui se passe au ministère de l’Education nationale, chaque jour le président en est informé. Pour vous dire moi-même en tant que ministre, dans certains domaines, il est plus informé que moi. Certaines informations, c’est de lui-même que je les reçois. En 2026, à la fin de son mandat, l’un des principaux points sur lesquels, on va le juger, c’est l’éducation. C’est pour cela qu’Il a fait de l’éducation la cheville ouvrière de son programme et nous, notre mission c’est de mettre en œuvre son programme.

Qu’est-il de la déscolarisation forcée des élèves mariées ou enceintes, est-ce que cela va changer ?
Notons d’abord que si la fille est maintenue à l’école dans un environnement très sûr, elle ne va jamais accepter de se marier très tôt. Le mariage devient une charge pour elle. Elle va se marier, mais plus tard et elle prendra soin de sa vie intime car dans les curricula, il y a des aspects d’éducation à la santé de la reproduction qui l’aideront dans ce sens.

Au cas contraire, si elle n’est pas allée à l’école, si elle ne dure pas longtemps à l’école, qu’est ce qui va se passer ?

À l’âge de treize ans, quatorze ans, elle sera déjà mariée. Mais à quatorze ans, c’est encore une mineure. Si elle est mariée avant quinze ans, à seize ans, elle aura déjà deux enfants et à 25 ans quatre ou cinq. C’est pourquoi on trouve des femmes qui ont onze, douze, treize enfants. C’est la conséquence du manque d’instruction car elle ne pas programmer sa vie intime. Ainsi, elle ne fait pas d’espacement des naissances et peut contracter une grossesse pendant qu’elle est en train d’allaiter.

Mais si elle est maintenue au moins jusqu’au collège, elle va atteindre l’âge de18 ans, et à 18 ans elle est majeure et a acquis des compétences de vie courante qui lui permettront de gérer sa vie conjugale. Elle courra donc moins de risques au cours de son mariage.

Nous pensons qu’à travers l’application correcte de nos textes en matière de scolarisation de la jeune fille et toutes les mesures d’accompagnement préconisées, nous serions en mesure de garder les filles à l’école.

C’est ce qu’on souhaite avoir avec le système d’internat. Mais présentement, celles qui se retrouvent enceintes à la rentrée, qu’est-ce que les politiques disent ? Vont-elles dire : tu es enceinte, donc tu ne peux plus continuer ta scolarité ?

Le Niger à banni le renvoi des élèves filles enceintes depuis longtemps, Avant, c’était en vigueur mais il y a eu des arrêtés et des décrets qui ont été pris et qui indiquent que même si une fille est enceinte, elle peut continuer sa scolarité. J’ai eu à présider des jurys de BAC où il y avait des filles qui allaitaient leurs bébés. Elles se font accompagner par les nourrices.

Pour les filles qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école, il existe également des dispositifs de formation professionnelle et de prise en charge psychosocial tels que les espaces sûrs les foyers et autres.

Dans le cadre des internats de filles, nous avons mis en place des normes pour protéger les filles contre toute forme de violence et des sanctions disciplinaires et pénales sont prises à l’encore des contrevenants.

Dans des pays tels que les pays du Sud-Est de l’Asie, l’éducation a joué un rôle très important. D’autant plus important que ces personnes instruites ont accès à un marché du travail. Vos filles maintenant ont achevé le brevet ou même le bac. Que vont-elles faire ? Il y a eu la prévention de leur mariage pour éviter qu’elles ne tombent enceintes à l’âge de treize, quatorze et quinze ans, quelles sont les perspectives professionnelles ? Quelle est la stratégie pour faire suivre l’éducation avec l’accès au marché du travail afin de contribuer à l’élan économique ?

Il y a plusieurs stratégies dans ce domaine.
En premier lieu, il faut bien regarder les faits, nous sommes au MEN (Ministère de l’Education National) qui s’occupe de la formation du préscolaire jusqu’au niveau lycée en passant par le primaire et le collège. A partir du collège et lycée, les élèves vont aller soit dans des écoles professionnelles – dans ce cas c’est le ministère de la Formation Professionnelle qui prend la relève, soit dans l’enseignement supérieur – dans ce cas, aussi c’est le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche qui prend la relève. Le Niger a des textes très clairs par rapport à cela même dans le système politique : il y a un quota de 25 % qui est réservé aux femmes. Même au niveau des nominations de l’État.

Deuxièmement, nous voulons développer la formation professionnelle et qu’en 2026, nous voulons que 40 % des jeunes qui auront le bac soient orientés vers des formations professionnelles. Il y a dix ans de cela, le taux était inférieur à 5 %. Pour atteindre les 40 % d’orientation vers la formation professionnelle au Niger aujourd’hui, il y a des systèmes de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et des Petites et Moyennes Industries (PMI), mais avec des micros finances qui permettront de financer des petits projets innovateurs. Par exemple, une jeune femme qui s’y connaît très bien en tresses, elle peut trouver un financement dans le domaine des tresses pour qu’elle puisse faire des tresses beri-beri ou autres. Ce programme est aujourd’hui très bien développé au Niger. En plus les foyers qui seront implantées dans les internats vont permettre d’asseoir cette culture professionnelle en dehors même du système (…).

Mais aussi il faut bien comprendre que ces internats de jeunes filles, c’est pour accueillir les filles du milieu rural. Il n’y aura pas d’internat de jeunes filles à Niamey pour le moment, ni à Zinder, ni à Maradi etc. Ma conviction, c’est qu’en dehors même des internats, si nous voulons améliorer certains indicateurs du système éducatif nigérien tels que le taux brut de scolarité, le taux brut d’admission, le taux d’achèvement, il faut que nous contrôlions la santé et l’alimentation scolaire. Il faut que chaque enfant au niveau du village puisse manger à la cantine aux heures indiquées. Et si cela se poursuit pendant 1, 2, 3 ans, les indicateurs vont s’améliorer, parce que même dans les pays développés comme les Etats-Unis, la France, le Canada etc. tous les enfants mangent en cantine aux heures indiquées. Cela représente un intérêt pour nous car il va nous permettre de bien asseoir le système de journée continue et d’améliorer le temps scolaire. En effet, si le système fonctionne, lorsqu’un un parent dépose son enfant à l’école, il ne le reprendra que vers 16h ou 17h étant donné qu’il va manger à la cantine.

Propos recueillis le 4 août 2022 par le Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP/UNFPA) au Niger

Source : http://www.lesahel.org/

 

Ahmada Ag Bibi Kidal 01Ahmada Ag Bibi est un notable touareg de la région de Kidal. Ancien cadre du groupe islamiste Ansar Dine, passé ensuite au groupe armé HCUA et aujourd'hui député malien de la région de Kidal. En exclusivité sur RFI, il raconte comment il a permis à différents négociateurs de rencontrer le chef d'Aqmi, Abou Zeid, pour libérer les otages d'Arlit. Il livre sa version sur le rôle réel des différents négociateurs (Gadoullet, Lorenzi, Akotey) et sur le lien entre ces négociations et l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, à Kidal, le 2 novembre 2013.

Le parc du parc du W Niger est au cœur d’un complexe naturel transfrontalier de plus d’un million d’hectares géré conjointement par le Bénin, le Niger et le Burkina Faso et protégé depuis des décennies suivant la convention de Ramsar. Au regard de l’importance de ce vaste domaine forestier, le parc national du W du Niger  est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1996 et reconnu en tant que réserve de biosphère transfrontière depuis 2002 par l’UNESCO et MAB (Man And Biosphere). Le parc doit son nom à la forme en W d’une série de méandres du fleuve Niger en ces lieux. Mais la réserve naturelle du parc du W est malheureusement depuis un certain nombre d’années confrontée à une situation d’insécurité qui sévit dans la zone dite des « trois frontières ». Toutefois, des efforts sont en train être faits par l’Etat du Niger et ses partenaires pour le retour de la sérénité afin que cette réserve naturelle soit bien protégée conformément à son statut d’espace protégé et classé. Dans cette interview, le conservateur du parc du W du Niger, le lieutenant-Colonel des Eaux et Forêts, Issaka Maman Chamaoulou donne des informations détaillées sur cette réserve naturelle. 

M. le conservateur, notre pays partage avec deux de ses voisins à savoir le Bénin et le Burkina Faso, un parc dont la renommée a dépassé les frontières de ces trois pays. Pouvez-vous nous présenter le parc régional w du Niger ?

Merci de nous donner l’occasion de parler du parc W du Niger, qui je rappelle a été découvert en 1926 par un explorateur français, Dr Fiasson. Il a été classé en Parc de refuge des animaux par un arrêté du 13 Mars 1937. S’en est suivi le déguerpissement de la population en 1938. C’est enfin le décret du 4 Août 1954 qui le classe en Parc national W Niger. Ce parc très important a plusieurs labels. C’est ainsi qu’en1987, il a été classé Site Ramsar, zone humide d’importance internationale. En 1996, il a été classé par l’UNESCO, Patrimoine Mondial de l’humanité. Au cours de la même année, il est classé Réserve de Biosphère du W par MAB et l’UNESCO. En 2002, il a été classé Réserve Transfrontalière de Biosphère du W avec les Parc W Bénin et Burkina Faso par MAB/UNESCO. Je précise que le classement du WAP (Complexe W avec le Parc d’Arly au Burkina et le Parc de la Pendjari du Bénin) en site naturel du Patrimoine Mondial en extension à la partie nigérienne a été effectif depuis 2017.

Par ailleurs, le parc du W est une grande réserve naturelle partagée entre trois pays en l’occurrence le Niger ; le Bénin et le Burkina Faso. Il faut préciser que c’est le Niger qui a la plus petite superficie par rapport aux deux autres pays (Burkina Faso et le Bénin). La partie W du Niger totalise une superficie de 220.000 ha. Le parc du W Niger est à 150 km de Niamey et est situé au Sud-Ouest dans la zone sahélo – soudanienne.

De quoi dispose aujourd’hui le parc W du Niger en matière de biodiversité ?

Le parc regorge de 80% de la biodiversité du Niger ; 500 espèces végétales ; 73 espèces de mammifères sur les 130 identifiées en Afrique de l’ouest ; 120 espèces de poisson sur les 140 identifiées au Niger : 367 espèces d’oiseaux soit les 2/3 recensés au Niger ; 112 espèces de reptiles et amphibiens. Le parc régional W Niger regorge également de plus de 100 sites archéologiques. Il possède des sites exceptionnels de grande beauté naturelle (belle vue, gorges de la Tapoa et de la Mékrou, sites de baobab, belles îles (16) dont la  plus grande est celle de karey-kopto, Rivières  Mékrou et Tapoa,  la rôneraie du fleuve  etc. Bref, le parc du W est un véritable joyau qui renferme des richesses énormes aussi bien pour le Niger que pour l’humanité toute entière. Pour la sauvegarde de l’équilibre écologique, la réserve naturelle du parc du W mérite plus d’attention afin que la biodiversité puisse participer pleinement dans l’amélioration de notre cadre de vie et de l’existence même de l’humanité. Pour y parvenir, nous devons travailler collectivement pour la sauvegarde de la biodiversité contre tous les actes illégaux qui portent atteinte à la conservation à travers des actions concrètes et aussi à réduire les effets néfastes du changement climatique.  

L’insécurité qui sévit dans certaines localités du Niger, du Burkina Faso et du Bénin, n’a pas épargné le parc W. Quel est concrètement l’impact de l’insécurité sur le parc W ?

Avec l’extension de la menace terroriste dans la zone des trois frontières, cette réserve naturelle qui renferme 80 % de la biodiversité du Niger connait d’énormes difficultés liées à la protection des espèces qui y vivent. Je précise d’abord qu’au niveau du Parc W Niger, la situation sécuritaire s’est dégradée à partir de 2020 avec les deux premières attaques : L’attaque du 11 mars 2020 du poste de contrôle avancé de Prélegou et l’attaque de la base Tapoa du 04 décembre 2020. La crise sécuritaire a entrainé la désorganisation du système traditionnel de gestion ; l’instauration de l’Etat d’urgence ; l’insuffisance de patrouille dans certaines parties du Parc ; le ralentissement de l’économie (manque à gagner par la population riveraine suite à l’arrêt du tourisme et des travaux d’aménagement ; le déplacement de la population riveraine ; la destruction de la faune et de la flore.

Qu’est ce qui a été alors réalisé comme action pour préserver la faune et la flore du parc W Niger ?

Plusieurs actions ont été menées par l’Etat et ses partenaires. Je peux citer les stratégies en cours qui sont notamment le Plan d’Intervention Prioritaire (PIP) grâce au financement de certains partenaires UE, GIZ, ZSL. Il se dégage ici 3 axes principaux à savoir la sécurité-LAB ; le développement économique des communautés riveraines et la coordination des appuis des PTF pour la composante Niger du Parc. L’objectif principal visé par le programme était de créer les conditions nécessaires en vue d’assurer la surveillance continue des ressources naturelles à travers la lutte anti-braconnage sous toutes ses formes dans la Réserve de Biosphère du W Niger.  Il y a la mission de patrouille mixte Eaux & Forêts et Forces Armées Nigériennes ; celle de surveillance secteur du fleuve du parc avec les rangers et forestiers issus de postes de contrôle périphérique du parc W.

En matière de patrouille, plusieurs camions de bois arrêtés dans la réserve de Dosso et vers Tamou ; 240 bidons de 25L d’essence fraudée saisis sur le fleuve à Korougoungou. Des éleveurs arrêtés dans le Parc W et à la sortie du Parc ; six braconniers arrêtés. Ainsi à travers des missions de suivi écologique plusieurs éléments de faune sauvage et des actes illégaux dans le parc ont été visionnés grâce à une technologie de pointe. En termes de perspectives, on peut noter la création de l’Office National de Gestion des Aires Protégées dénommé « Office National des Parcs et Réserves du Niger » (ONAPERN), le fonds fudiciaire pour le Parc W à hauteur de 200 000 000 FCFA mobilisable chaque année dans le cadre de la FSOA, le développement du périphérique par des activités alternatives génératrices de revenus et de restauration de l’environnement.

Par Hassane Daouda et Idé Fatouma(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

M. le directeur, le Parc du W est actuellement dans une situation difficile avec l’insécurité qui sévit dans la zone, comment se fait le contrôle de ce vaste patrimoine environnemental de notre pays ?

Le Parc W du Niger dispose d’une Unité de Gestion de l’Aire Protégée (UGAP) dirigée par un conservateur. Il est appuyé dans cette tâche de gestion pour accomplir sa mission, par trois (3) Sections dont celle de la Protection et Surveillance de l’Aire Protégée pour la Lutte Anti-Braconnage (LAB) et qui assure l’intégrité territoriale du parc.

A cet effet, cette section dispose des postes de contrôle avancés sur toute l’étendue du territoire du parc notamment à Pérélegou et Borfonou (frontière ouest avec le Burkina faso), sur le Fleuve Niger à Boumba (Frontière avec le Bénin), à Bossia, à Karey-Kopto, à Tondey et à Korogoungou. Pour cela, le Parc Régional du W du Niger dispose d’un effectif conséquent en éléments pour réduire cette pression. Ces derniers sont composés de : Agents des Eaux et Forêts ; rangers (éléments spécialement formés pour la Lutte-Anti Braconnage) ressortissants pour l’essentiel des villages riverains du parc ; écogardes et Bénévoles tout comme les rangers sont utilisés sous forme de pisteurs et d’accompagnateurs, lors des missions de protection et surveillance, et au niveau des postes de contrôle avancés pour assurer la garde des installations dans le parc W. Dans le cadre de la lutte anti-terroriste contre les groupes djihadistes, le Parc Régional du W du Niger bénéficie de l’appui substantiel d’un détachement des Forces Armées Nigériennes (FAN) de l’opération « Saki » basé à la Tapoa, entrée officielle du parc. Celui-ci est aussi appuyé par les éléments de la Garde Nationale du Niger (GNN) et de ceux de la Gendarmerie Nationale (GN) qui gardent des positions à Tamou, situé à environ 50 km du parc W.

Qu’en est-t-il de la gestion des autres parcs forestiers à l’échelle du pays ?

Au niveau des autres Aires Protégées notamment, la Réserve Partielle de Faune de Dosso (RPFD), la Réserve Totale de Faune de Tamou (RTFT), la Réserve Naturelle Nationale de l’Aïr et le Ténéré (RNNAT), la Réserve Naturelle Nationale du Termit et du Tin – Toumma (RNNTT) et la Réserve Totale de Faune de Gadabédji (RTFG), hormis les rangers, le système et dispositif de protection et surveillance est quasi le même.

L’exploitation artisanale de l’or à travers les différents sites d’orpaillage qui se sont créés un peu partout dans le département de Say n’est pas de nature à préserver les ressources forestières. Quels sont les risques environnementaux auxquels la zone s’expose à long terme ?

L’un des premiers défis avant les risques environnementaux, est l’insécurité grandissante qui menace la quiétude des populations locales de la zone. Tout le monde sait qu’il y a une corrélation entre l’orpaillage ou les industries extractives et le financement du terrorisme. Aussi longtemps que ces exploitations minières vont perdurer, il est à craindre que l’insécurité va gangréner la zone au point de voir l’installation des groupes djihadistes et les Khatibas coloniser cette partie de notre territoire national avec les conditions du milieu qui leur sont favorables.

Le Niger est l’un des rares pays d’Afrique qui disposent de girafes. Peut-on avoir le nombre exact de la population actuelle de cette espèce ? Comment cette espèce protégée par la loi est aujourd’hui suivie et entretenue ?

Le Niger abrite la dernière population des girafes (Giraffacamelopardalisteperalta) d’Afrique de l’ouest. De 56 individus en 1996, ces girafes atteignent aujourd’hui environ 700 individus. Ces effectifs de girafes sont connus grâce aux activités de suivi écologique effectuées régulièrement chaque année dans la zone, afin d’évaluer le comportement de cette population. En effet, depuis les années 2000, des actions sont engagées par la Direction Générale des Eaux et Forêts (DGEF) à travers sa direction technique, la Direction de la Faune, de la Chasse, des Parcs et Réserves (DFC/PR) pour la protection et conservation de cette espèce. Un volet a été créé au sein de la DFC/PR pour prendre en charge cette espèce, puis la création d’une unité de gestion à Kouré et sa dotation en moyen matériels (construction d’une base – vie, véhicule, motos, infrastructures d’accueil…) et humains (renforcement des capacités des agents forestiers, recrutement des informateurs locaux) pour continuer le suivi de proximité. Soutien de l’état et de nos partenaires techniques et financiers (GIZ, « Sahara Conservation Fund (SCF) »,

« Girafe Conservation Foundation (GCF) ») par l’accompagnement des populations locales pour la création des Activités Génératrices de Revenus (AGR), l’information, la formation et la sensibilisation, la conservation des habitats de la girafe à travers la fermeture des Marchés Ruraux. Un processus de création d’une Aire Protégée faunique a été engagé afin de sécuriser l’espace où ces girafes évoluent.

Aussi, pour sécuriser cette population de girafes, une translocalisation d’un groupe de huit (8) girafes sur 20 individus prévus a été réalisée dans la Réserve Totale de Faune de Gadabédji (RTFG). Cette opération a été préconisée par la stratégie de conservation des girafes d’Afrique de l’ouest présentes au Niger qui vise à sécuriser les gènes, et prévenir d’éventuelles maladies pouvant décimer le cheptel en cas d’épizooties. L’autre objectif de la translocalisation est d’anticiper sur les conflits Homme/Faune qui pointent à l’horizon avec l’augmentation de l’effectif de la population humaine et des girafes, et la dégradation du milieu où elles évoluent.

A une certaine époque, la population des girafes était complètement décimée dans la zone de Gadabédji. Aujourd’hui, une partie de la population des girafes de Kouré a été réinstallée dans la même zone. Ne craignez-vous pas le même scénario?

La Réserve Totale de Faune de Gadabédji (RTFG) est désignée en juin 2017, Réserve de Biosphère de Gadabédji par le Programme « Man And Biosphère (MAB) » autrement dit Programme de l’Homme sur la Biosphère de l’UNESCO compte tenu de sa bonne gouvernance. Ce label a permis à la réserve de passer de 76 000 ha à 1 413 625 ha. Ce qui permettra aux girafes de disposer de plus d’espaces et de ressources pour leur évolution.

Avec la présence de l’UGAP de la réserve de Gadabédji, des aménagements sont réalisés pour prendre en compte cette nouvelle donne non seulement en termes de gestion et de sécurisation de l’espèce et de l’Aire Protégée, l’engagement des travaux d’aménagement pastoraux dans la Réserve de Biosphère de Gadabédji (RBG), mais aussi à travers l’implication des communautés locales grâce aux accords de cogestion signés entre elles et l’Etat.

La disparition des girafes à Gadabédji date des années 1970 suite à la sècheresse qui a sévi dans la région. Le reliquat des spécimens a été convoyé à dos de chameau jusqu’à la région de Konni où il y a un important disponible fourragers. C’est ainsi que ce groupe rejoignit l’autre population d’Ayorou pour former un groupe et enfin se retrouver dans la zone de Kouré grâce aux intenses pressions qu’elles subissent.

Réalisée par Hassane Daouda

05 mars 2021
Source : http://www.lesahel.org/

L’avancée de la désertification conjuguée au phénomène du changement climatique accentue la vulnérabilité de notre pays, notamment par rapport aux terres productives. Quelle est l’ampleur de ces deux facteurs sur la base productive, qu’est la terre ?

La Désertification est un processus de dégradation des terres dans les régions arides, semi arides et subhumides sèches sous l’influence des variations climatiques et des activités humaines. Quant au changement climatique, il faut entendre tous les « changements qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables ». Le Niger, pays sahélien couvre une superficie de 1 267 000 km2 dont les trois quarts sont désertiques. Le rapport d’OXFAM intitulé « La faim dans un monde qui se réchauffe», classe le Niger parmi les dix (10) pays les plus vulnérables au changement climatique. Ce dernier se manifeste au Niger par : l’augmentation de la fréquence et la durée des sécheresses, la hausse et l’irrégularité des températures, l’augmentation de la variabilité interannuelle des précipitations, le raccourcissement et l’instabilité de la saison des pluies, la fréquence et l’intensité des inondations et aussi les vents forts. S’agissant des actions anthropiques on peut citer les cultures répétées sur plusieurs années sans jachère ni amendement organique du sol, l’utilisation des techniques et technologies inadaptées aux sols fragiles, le défrichement abusif des terres forestières à des fins agricoles ou de satisfaction des besoins en bois, surpâturage, les feux de brousse . Ces phénomènes des changements climatiques et de désertification ont eu comme effets : une perte de près de 200 000 ha des terres par an, dont plus de 100 000 ha de terres arables ; une diminution des superficies des forêts qui sont passées de 14 millions ha en 1970 à moins de 5 millions ha aujourd’hui ; l’aggravation du phénomène d’ensablement dans certaines localités du pays : cas des départements de Mainé soroa et Goudoumaria où la superficie affectée par l’ensablement est passée de 70 ha en 1975 à 342 000 ha en 2005.

La restauration des terres s’impose à notre pays comme une alternative pour atténuer les effets néfastes de la désertification et du changement climatique ; quelle est la politique du gouvernement en la matière ?

Face à l’ampleur du phénomène de désertification dans un contexte de changement climatique d’énormes actions intégrées, cohérentes et participatives sont en train d’être menées par les autorités du Niger avec l’appui des partenaires techniques et financiers dans le sens de pouvoir inverser cette tendance de dégradation des terres. Parmi ces actions, on peut citer : la récupération des terres dégradées, la fixation des dunes, la protection de la régénération naturelle assistée (RNA), le reboisement, la lutte contre les feux de brousse etc. La politique de l’Etat en matière de restauration des terres se résume ainsi au plan politique, par l’organisation d’un débat national sur la lutte contre la désertification en mai 1984. Un ensemble de mesures d’actions concrètes ont été prises et compilées dans un document, une sorte de plan d’actions dénommé « l’Engagement de Maradi ». Cette importante rencontre a permis de définir de nouveaux axes stratégiques. Il ressort de ces axes stratégiques que l’implication de la population dans la gestion des ressources forestières et naturelles est une exigence. Au plan institutionnel, on peut retenir entre autres  la création d’un Ministère de l’Hydraulique et de l’Environnement en 1982 ; la création d’un Ministère de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification en l’an 2000, 2007 et 2021 ; la création d’un Ministère de l’Environnement et du Développement Durable en 2016 avec des démembrements à tous les échelons (région, département, Communes et grandes agglomérations rurales) etc. Sur le plan législatif et réglementaire, il faut souligner qu’au niveau national, plusieurs textes de loi en faveur de la lutte contre la désertification ont été adoptés. Au plan international, le Niger a adhéré à plusieurs conventions, traités et autres accords dans le cadre de la lutte contre la désertification : la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Convention des Nations Unies sur la Désertification (CNULCD), la Convention sur la Diversité Biologiques (CDB), la Convention de Ramsar sur les zones humides etc. Sur le plan technique, le Niger s’est engagé à récupérer 230 000 ha des terres agrosylvopastorales dégradées par an ; vulgariser les foyers améliorés, promouvoir l’utilisation des combustibles de substitution au bois, etc.) ; lutter contre les feux de brousses.

Après des décennies d’actions dans le domaine de la restauration des terres, quelles sont concrètent les réalisations faites sur le terrain ?

A titre illustratif de 2016 à 2022 les réalisations physiques en matière de gestion durable des terres enregistrées sont entre autres : pour la fixation des dunes, 37 989 ha réalisées ; 258 730 ha des terres récupérées ; 744 513 ha des terres sur lesquelles il a été pratiqué la régénération Naturelle Assistée (RNA) ; 56 698 ha  obtenus dans le cadre de la lutte contre les plantes envahissantes terrestres ; la réalisation de 141 467 kml  de bandes pare feux etc.  En ce qui concerne les effets des investissements de 2016 à 2022, on note la création de 150 000 emplois temporaires ; la réduction de l’exode rural ; l’investissement financier avec près de 100 milliards FCFA injectés pour la réalisation de ces activés d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques ; l’amélioration de la qualité nutritionnelle des populations ; la reconstitution du couvert végétal ; la maitrise par les producteurs des techniques simples de protection de l’environnement et d’amélioration de la production agro-sylvo-pastorale résiliente face aux variations et changements climatiques.

Les expériences en matière de restauration des terres au Niger n’ont pas eu les mêmes impacts sur le terrain, qu’est-ce qui explique selon vous l’échec des autres qui pourraient influer sur les superficies des terres récupérées ? 

Dans les années 1985 à 2000 l’Etat du Niger a élaboré et mis en œuvre divers projets, programmes et stratégies pour la restauration des terres afin d’inverser la tendance à la dégradation des ressources naturelles.  Ces ambitieux projets et programmes de Conservation des eaux du Sol (CES) et Défense et Restauration des Sols (DRS) sont conçus sans aucun préalable d’ingénierie sociale. La mise en œuvre de ces projets et programmes a permis d’une part une mobilisation massive de la population et un investissement important en « food for work » mais avec une faible responsabilisation des communautés locales. Ces projets et programmes bien que jugés très coûteux, ont abouti à des résultats qui restent mitigés, car le constat à la dégradation de ces ressources persiste. Cette dernière se traduit dans les faits par la diminution des superficies agrosylvopastorales et la glacification des sols.

Quelles sont aujourd’hui les approches novatrices susceptibles de produire des résultats concluants par rapport à la restauration des terres ?

Face à cette situation, pour la pérennisation de ces réalisations beaucoup d’initiatives sont menées par l’Etat et les communautés locales avec l’appui des partenaires techniques et financiers, notamment les plantations dans les lieux publics sécurisés et une forte responsabilisation des communautés pour la gestion durable des ressources naturelles à travers l’adoption de certains textes législatifs et réglementaires dont entre autres : le décret du 30 juillet 2020 réglementant la pratique de la régénération naturelle assistée au Niger ; le décret du 16 mars 2018 déterminant les modalités d’application de la loi no2004-040 du 8 juin 2004 portant régime forestier au Niger.

Pour une meilleure vulgarisation et appropriation de ces outils de gestion, près de trois cent (300) cadres régionaux, départementaux et agents communaux (de l’Environnement, de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Commission Foncière) ont été formés. Ainsi pour la pérennisation des actions de Gestion Durable des Terres (GDT) et une meilleure responsabilisation des communautés locales plus de cent (100) Plans d’Aménagement et de gestion des Sites Restaurés (PAGSR) ont été élaborés avec l’appui financier du PASEC, PAM, ProDAF, UICN, RFP/GDT/FAO etc.

Par Hassane Daouda(onep)

Source : http://www.lesahel.org/

 

Monsieur le Président de l’Association Nigérienne des Délégués Médicaux, quel rôle joue concrètement un délégué médical dans le domaine de la santé ?

Je vous remercie pour cette opportunité que vous me donnez pour parler de notre profession. Tout d’abord, il y a lieu de noter que l’industrie pharmaceutique est une industrie à part entière aujourd’hui. Elle produit des biens de grande consommation qui concerne la santé des gens. Qui parle d’industrie, parle aussi de la commercialisation de ses produits mais aussi la promotion du secteur. Ce qui nous amène donc à parler du rôle du délégué médical dans le domaine de la santé. Il est l’intermédiaire entre le laboratoire et les nombreux praticiens du secteur médical ou para-médical (médecins, pharmaciens, etc.). Il vise à ce que les professionnels de ce secteur prescrivent davantage les produits qu’il représente. Bien sûr,  il garantit aussi l’optimisation des ventes surtout que la concurrence est rude entre les laboratoires. Mais je tiens à préciser que le délégué médical n’est pas un vendeur, il fait le lien entre le laboratoire et le médecin pour lui présenter les nouveaux médicaments. Sa mission consiste à informer et à démontrer l’efficacité du produit pour convaincre les médecins à le prescrire aux malades.

Quelles sont les conditions à remplir pour faire carrière dans ce métier ?

Le délégué médical doit avoir certaines qualités nécessaires pour mener à bien sa mission. C’est un métier difficile. Il doit avoir au moins un diplôme BAC+1 et doit être tenace et organisé dans la conduite de son travail. Il doit avoir également le sens de la communication et le bon contact humain parce qu’il sera en contact avec beaucoup des praticiens médicaux. Le délégué médical doit être un informateur médical c’est-à-dire qu’il parcourt la zone cible qui constitue son secteur pour présenter les nouveaux médicaments aux médecins dans les hôpitaux ou les cliniques. Même s’il n’est pas vendeur, il doit avoir les qualités d’un bon commercial. Il doit connaître toutes les techniques de communication et se rendre pratiquement tous les jours, auprès des médecins généralistes ou spécialistes en vue de leur présenter les produits que met sur le marché le laboratoire qu’il représente. Il expose de façon précise et détaillée les avantages du nouveau médicament en décrivant la composition, les contre-indications, les effets secondaires et le mode d’emploi. Pour cela, de par sa formation, il lui faut  un certain bagage scientifique pour mener à bien ses activités. Voilà pourquoi nous sommes organisés en Association Nigérienne des Délégués Médicaux (ANDM) en vue d’organiser notre cadre de travail et assurer entre autres, la promotion des délégués médicaux parce que la profession exige qu’ils soient à jour des informations relatives aux médicaments. Ils doivent donc suivre des formations continues, des séminaires ou encore d’autres activités liées au domaine.

Dites-nous les relations qui lient les délégués médicaux, les professionnels de la santé et le Ministère de la Santé ?

Les délégués médicaux sont au cœur du système de santé. En effet, ils sont d’abord en contact direct avec le laboratoire fabricant mais également avec les médecins, les pharmaciens, les grossistes répartiteurs. Nos relations avec tous ces professionnels de la santé consistent à promouvoir la prescription ou la dispensation des produits des laboratoires que nous mettons à leur disposition en leur expliquant leurs caractéristiques. Quant au Ministère de la Santé, il est notre autorité de régulation. Dans le cadre de l’enregistrement des produits médicaux, nous lui soumettons nos dossiers en vue d’homologation des médicaments afin de permettre leur disponibilité auprès des prescripteurs et des vendeurs. Par conséquent, notre travail se fait dans le respect de la législation et de la règlementation en vigueur.

Monsieur le Président, souvent les gens se plaignent du fait que les délégués médicaux rendent visite aux professionnels de la santé aux heures de consultation, ils prennent tout leur temps pour faire la promotion de leurs produits sans se soucier des patients qui attendent. Que répondez-vous ?

Nous avons conscience que beaucoup de gens méconnaissent le métier de délégué médical et nous nous efforçons à travers l’ANDM de corriger cette situation. L’encadrement des délégués médicaux s’assure de l’optimisation de l’organisation, de la planification et de la fréquence des visites. Ils doivent respecter le rythme et les horaires de visites souhaités par les médecins et l’échéance à laquelle celui-ci souhaite les revoir. Ils s’attachent à ne pas perturber le bon fonctionnement du cabinet médical ou de l’établissement de santé visités. Vous voyez, nous avons aussi une déontologie et nous tenons à la respecter.

Concernant les patients par exemple, le délégué médical est soumis au secret professionnel et ne doit rien révéler de ce qu’il a pu voir ou entendre dans les locaux du cabinet médical ou de l’établissement de santé lors de la visite médicale. Il doit observer un comportement discret dans la salle d’attente et respecter le médecin et les patients ainsi que la relation du médecin avec les patients. Nous ne sommes pas là pour déranger mais bien au contraire pour apporter notre contribution dans la guérison des malades en faisant la promotion de nouveaux produits encore plus efficaces.

Il semble que les produits que vous recevez des grandes firmes pharmaceutiques servent de test ?

Les produits que nous recevons des laboratoires sont des échantillons sous diverses orientations. Nous avons des échantillons destinés à l’enregistrement afin d’avoir ce qu’on appelle une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) que délivre le Ministère de la santé publique. Ils sont transmis aux services de l’Homologation à la Direction de la Pharmacie et de la Médecine Traditionnelle (DPH/MT) pour être analysés par les experts afin de confirmer leur conformité ou non aux normes requises par les textes en vigueur au Niger et les textes communautaires. Par ailleurs, dans le respect de la règlementation, des échantillons gratuits de certains médicaments peuvent être fournis aux prescripteurs pour leur permettre de se familiariser avec les produits.

Qu’attendez- vous des autorités et de tous vos partenaires ?

Comme vous pouvez le constater, le délégué médical est aujourd’hui au cœur du secteur de la santé. Voilà pourquoi l’ANDM sollicite la compréhension et la bienveillance de tous les partenaires afin d’atteindre ses objectifs. Nous attendons en particulier de notre Ministère de tutelle, plus de diligence dans la gestion et le traitement des dossiers soumis dans le cadre de l’enregistrement des produits médicaux. Plus de facilités dans la fourniture d’informations par rapport aux dossiers nous permettront d’aller de l’avant. En effet, il y a des dossiers dont nous attendons les autorisations de mise sur le marché (AMM) depuis 2017.

Nous souhaitons par conséquent que le processus d’homologation des médicaments soit revu et allégé afin de permettre la disponibilité de nouveaux médicaments. Nous comprenons la vigilance de l’Etat qui est garant de la mise à disposition de médicaments dont la qualité, la sécurité et l’efficacité ne doivent faire l’objet d’aucun doute. Mais nous sollicitons la promptitude dans l’examen de nos dossiers et plus de communication avec les délégués médicaux.

Par  Aïchatou Hamma Wakasso(onep)
Source : http://www.lesahel.org 

Depuis juillet 2018, vous présidez aux destins du Réseau Africain des Institutions et Fonds de Formation Professionnelle (RAFPRO). Quel est son but et de quels moyens d’action dispose-t-il ?

Il faut d’abord rappeler que le RAFPRO a vu le jour en 2006 à Cotonou suite à la volonté de certains pays, appuyés par le Bureau international du travail, de se mettre ensemble pour échanger sur la question de la formation professionnelle. Mon élection en 2018 comme président de ce réseau, faut-il le rappeler, est intervenue alors que j’étais à la tête du FAFPA-Niger depuis 2014.Ceux qui connaissent un peu le Fonds à l’époque savaient qu’il était embryonnaire et qu’il fallait mettre toutes les soupapes en marche pour qu’il soit un Fonds digne de ce nom. C’est ce bond que le FAFPA a connu au Niger qui a émerveillé les autres pays membres de ce réseau, des pays francophones d’Afrique centrale et occidentale, qui ont jugé utile de chercher quelqu’un qui a une expérience et qui a eu des résultats dans son pays, de me proposer pour la candidature à la présidence du réseau. Et c’est ainsi qu’en juillet 2018 à Dakar, j’ai été élu avec une majorité écrasante président du réseau pour la première fois.

Très rapidement, nous nous sommes mis au travail avec les différents acteurs, c’est à dire les fonds et institutions membres du RAFPRO, les partenaires techniques et financiers, et les employeurs privés qui sont les acteurs locaux. On a fait en sorte que tous les acteurs se retrouvent autour de la question de la formation professionnelle et de l’employabilité des jeunes. Ainsi, pour la première fois au niveau du réseau, nous avons mis en place en 2018 un plan stratégique pour le développement de la formation professionnelle des pays membres, mais aussi des outils qui permettent d’assurer le développement dans les pays membres.

En plus de tout cela, il y’a eu aussi la création d’une filière au sein du RAFPRO pour la formation des conseillers en formation parce que, dans tout ce que nous faisons, tant que le capital humain n’est pas à la hauteur de la tâche, alors nous ne pouvons pas avoir des résultats. C’est grâce à tous ces aspects que notre premier mandat a connu des résultats positifs et des succès, et c’est aussi à cause de cela qu’en 2021 à Cotonou, les autres pays m’ont renouvelé leur confiance en me choisissant pour un deuxième mandat de 3 ans comme président du RAFPRO.

A la suite de votre élection à la tête de cette structure panafricaine, plusieurs séances de formations sous régionales ont été réalisées. Peut-on dire que le RAFPRO est désormais opérationnel et que cela va s’inscrire dans la durée ?

Il est opérationnel dans la mesure où, aujourd’hui, nous avons au sein de ce réseau un groupe d’experts de la formation professionnelle qui se retrouvent régulièrement pour travailler, y compris à distance, pour élaborer certains outils qui visent un meilleur développement de la formation professionnelle dans nos pays. C’est ce qui a fait encore que plusieurs partenaires techniques et financiers nous ont rejoint, surtout lors de notre dernière rencontre de Sali au Sénégal, pour que nous discutions ensemble des modes alternatifs de financement de la formation professionnelle. Il est vrai que nos Etats, pris individuellement, ne peuvent pas prendre en charge à eux seuls la question du financement de la formation professionnelle qui coûte excessivement chère. Ce mode alternatif de financement doit être accompagné par de bonnes stratégies. C’est devenu une réalité aujourd’hui, le réseau des Fonds est en train de faire un travail gigantesque et il y’a déjà des partenaires qui se sont annoncés, comme la coopération Suisse et l’UEMOA, à agir au sein du RAFPRO pour soutenir la question de l’employabilité de la jeunesse africaine.

Concrètement, quel rôle joue le Réseau Africain des Institutions et Fonds de Formation Professionnelle dans le paysage de l’employabilité des jeunes du continent ?

Pour répondre aux exigences de ce monde en perpétuel changement, il y’a d’abord l’élaboration d’outils innovants dans le cadre de la gestion de la formation professionnelle, surtout que suite à la pandémie de COVID-19, nos pays se sont retrouvés isolées et bloqués. Il fallait donc s’adapter rapidement et mettre en place un autre dispositif de suivi de la formation professionnelle. C’est ainsi que le RAFPRO et les partenaires techniques qui l’accompagnent ont opté pour une dynamique de la digitalisation du réseau lui-même, et de la digitalisation de la formation professionnelle.

Un deuxième défi au niveau du RAFPRO qui va toujours dans ce même sens, c’est d’écraser les frontières au niveau continental quand on parle de la formation professionnelle. Il faut que le même plombier qu’il y’a à Brazzaville et le même plombier qu’il y’a à Niamey ou bien à Ouaga, que ce soit les mêmes rudiments qu’ils utilisent pour être formés afin d’avoir les mêmes compétences et il suffit à ce niveau de faire en sorte que le RAFPRO joue son rôle. Un autre aspect qu’il faut valoriser davantage est la mobilisation des ressources. De façon individuelle, il serait très difficile pour nos pays de mobiliser assez de ressources pour la question de la formation professionnelle surtout, et de l’employabilité des jeunes en particulier. C’est aussi parce qu’il n’y a pas une synergie d’actions que l’Afrique n’arrive pas à donner des réponses précises à la question de l’émigration.Mais avec des structures sous régionales ou bien régionales comme le RAFPRO, nous sommes aujourd’hui à même de dire qu’il y’a des partenaires qui sont en train de soutenir le réseau pour que des réponses précises soient apportées au problème de l’émigration et à celui de l’employabilité des jeunes parce que seule la formation professionnelle peut donner des solutions adéquates à ces problèmes.

Le RAFPRO tient à partir de ce mercredi 25 mai à Niamey les travaux de sa  13ème Assemblée Générale ordinaire. Est-ce l’occasion tant attendue d’appeler à la mobilisation générale des dirigeants des pays membres autour de la thématique de la formation professionnelle sur le continent ?

Le choix de ce thème que nous avons retenu pour la 13ème  assemblée générale du réseau n’est pas fortuit car il faut d’abord voir en cela l’objectif de l’employabilité de la jeunesse. C’est faire aussi le lien direct Formation-emplois des jeunes-insertion des jeunes. Cette thématique est aujourd’hui générale à tous les pays d’Afrique qui sont membres du réseau, et aussi à ceux qui sont entrain de rejoindre le réseau comme Madagascar et le Cap-Vert qui vont se prononcer officiellement à Niamey.

C’est l’occasion aussi de faire en sorte que les dirigeants africains prennent à bras le corps ce problème puisque les Fonds des pays membres sont des structures généralement étatiques, mais qui ont un fort lien avec les structures privées avec lesquelles nous développons un véritable partenariat public-privé à l’intérieur du réseau. Et, on ne peut pas faire un bon partenariat public-privé tant que les dirigeants ne sont pas associés. C’est l’occasion pour nous de lancer cet appel pour que tous nos dirigeants africains parlent d’une même voix et accompagnent les Fonds membres de ce réseau pour une meilleure solution en faveur de la jeunesse en Afrique.

En votre qualité de président du RAFPRO, quelle vision avez-vous pour l’Afrique dans ce secteur ?

La vision est partagée puisque nous avons des objectifs qui sont bien connus compte tenu de l’évolution de la technologie, du contexte actuel de pandémie et du contexte sécuritaire dans certains pays membres. Tout cela nous impose de nous adapter.

Le grand défi, c’est de faire en sorte que, dans le cadre des perspectives et quelle qu’en soit la situation, nos pays continuent à s’occuper de cette jeunesse qui en a tant besoin. Il y’a aujourd’hui des jeunes qui ont des diplômes et qui ne savent pas quoi faire, tout comme il y’a des jeunes qui n’ont pas été à l’école et d’autres qui sont déscolarisés. La seule solution à portée de main, c’est le développement des compétences qui permettra à chaque jeune de se prendre en charge lui-même, de prendre en charge une partie de la communauté et d’être utile pour son pays. C’est cela la réponse qu’il faut et c’est pour cela que nous disons au RAFPRO que le développement est une affaire de compétence.

C’est donc donner de l’espoir aux jeunes pour les maintenir dans leurs terroirs et leur permettre d’exploiter leurs compétences individuelles ?

Tout à fait! Il y’a assez d’opportunité dans nos pays, des gites de développement qui n’attendent que d’être exploités et on ne peut le faire qu’en ayant la volonté. Aujourd’hui, vous avez beau chercher à faire du bien dans un pays ou à une classe de la jeunesse, tant que la volonté n’y est pas, ça ne peut pas aboutir. C’est pour cela que nous continuons dans notre démarche, dans notre plaidoyer, dans notre sensibilisation, de faire en sorte que les jeunes viennent avec nous pour prendre le relais du développement de nos différents pays. C’est ça la réponse qu’il faut pour la jeunesse de notre chère Afrique.

Par Souleymane Yahaya(onep)

 

Située dans le département de Tchirozerine, au nord-est de la ville d’Agadez, la commune rurale de Tabelot est une zone de productions maraichères, à laquelle s’ajoute l’orpaillage. Selon l’Institut national de la statistique, la commune rurale de Tabelot a une population de 50.071 habitants avec une superficie de 47.122,59 km2. La culture de l’oignon est l’une des principales activités des populations. Cette production est estimée, en 2021, à environ 11 mille tonnes d’oignon, pour une valeur estimée à plus de 3 milliards et demie de FCFA. D’autres spéculations y sont aussi produites. Par ailleurs, l’orpaillage, qui a fait son apparition, il y a trois ans, contribue beaucoup aux recettes communales de cette localité. Sous la conduite du Maire Adam Efangal, le Conseil municipal de Tabelot a, au cours des trois dernières années, investi sur fonds propres la somme de 793.454.710 FCFA au profit de plusieurs secteurs sociaux de base. Le maire Adam Efangal évoque, dans l’entretien qui suit, les potentialités, les défis et les perspectives de la commune de Tabelot.

 M. le Maire, pouvez- vous nous parler des potentialités et des ressources dont dispose la commune de Tabalot pour répondre aux besoins des populations ?

En général, nos communes ont des ressources assez limitées. Ces ressources se résument à des taxes sur les marchés, quelques rétrocessions de certaines taxes au niveau du gouvernement et la taxe municipale. C'est ainsi que dès le départ nous avons misé sur la taxation de la production marchande sur les produits agricoles, car la commune a une capacité de grande production agricole. Nous voulons sensibiliser la population pour que cette taxe soit mobilisée et nous avons encouragé la création d'un certain nombre de marchés. Ici à Tabelot nous en avons deux, celui de Tabelot chef-lieu et celui d'Aberdek, il y a un troisième à Mouajoud, qui commence timidement. Nous prélevons des taxes au niveau de ces différents marchés. Ces trois dernières années avec le développement de l'orpaillage, nous avons décidé, au niveau du conseil de taxer ces activités pour mobiliser encore plus de ressources. Cependant, l'incivisme fiscal se fait sentir au niveau de la taxe municipale, où les gens, après plusieurs années de rébellion, dans cette zone sont réfractaires au paiement de cette taxe. D'ailleurs dans plusieurs communes d'Agadez, le taux de recouvrement de la taxe municipale ne dépasse guère les 20¨%. Pour d'autres communes ce taux insignifiant n'est même pas atteint. Par contre, la taxe sur la production marchande et celle de l'orpaillage ont des taux de recouvrement assez appréciables. Si on met le tout ensemble, le taux de réalisation du budget, en termes de recettes n'est pas satisfaisant. Car on enregistre entre 30 et 40% et cela est insuffisant pour nous et il reste beaucoup à faire en termes de sensibilisation. Nous y travaillons et nous érigeons nos hameaux en villages administratifs, pour responsabiliser les chefs de ces villages par rapport à la mobilisation de la taxe municipale. A la fin de l'année, nous allons voir quels en sont les résultats. Mais déjà avec le travail que nous avons commencé, nous remarquons qu'il y a un changement, il y a un engouement, nous avons l'espoir qu'avec le travail de sensibilisation que nous menons, ce taux de recouvrement de la taxe municipale, qui vacille de 20 à 30%, montera jusqu'à 70%. Nous sommes convaincus qu'il faut beaucoup de travail de sensibilisation pour atteindre ce taux. Car sans ressources internes, on ne peut ni lever les ressources externes encore moins faire le développement. Or la population attend beaucoup de la part des responsables plusieurs services dans les domaines de la santé, de l'hydraulique, de l'éducation et dans beaucoup d'autres secteurs.

Qu'en est-il justement des secteurs sociaux de base comme l'éducation, la santé dans votre commune ?

Ce secteur, il faut le dire, rencontre beaucoup de difficultés, notamment dans la qualité de l'offre de cette éducation. Ici nous n'avons pas suffisamment d'enseignants dans toutes les écoles, ces enseignants ne sont pas de qualité, comme dans tout le Niger. Au niveau de la commune, nous consacrons une part importante de notre budget pour appuyer l'école. Nous réalisons des infrastructures, nous dotons les classes de matériels éducatifs comme les tables-bancs, nous aidons les structures de l'éducation, comme le CAPED, à se réunir. Par la force des choses, nous aidons même les collèges d'enseignement général, pour seulement permettre aux enfants de poursuivre normalement leur cycle scolaire, à travers l'internat et en assurant aussi leur alimentation. Car sans cela, le taux de déperdition scolaire risque d'être important, les enfants provenant des différents villages risquent d'abandonner l'école s'ils n'ont pas là où se loger et se nourrir. Nous prenons aussi en charge les locations des élèves qui arrivent à atteindre le lycée ou l'université à Niamey. Les enfants des pauvres s'ils sont dans les grandes villes, sans soutien, ils abandonnent les études. Nous sommes obligés d'apporter ces soutiens, même si cela ne relève pas des communes. Car sans cela, tous les efforts consentis à la base seront vains. Par rapport à l'éducation des jeunes filles, certains parents sont hésitants et réfractaires à envoyer leurs filles à l'école, ils préfèrent les garder à la maison pour les travaux ménagers et pour ensuite les donner en mariage. Là aussi nous les sensibilisons pour qu'ils laissent ces enfants aller à l'école comme leurs frères garçons. Car sans éducation et sans formation, on ne peut pas assurer un développement de qualité à nos populations. D'ailleurs, nous saluons et félicitons le Président de la République, SEM Mohamed Bazoum pour avoir mis un point d'honneur et décider de promouvoir l'éducation de la jeune fille nigérienne. Concernant la santé, je reconnais que là aussi les besoins sont nombreux en personnel et en infrastructures. Là aussi, nous avons apporté notre appui, en construisant des cases de santé, en recrutant des jeunes de la commune, pour les envoyer dans des écoles de santé pour être formées et aptes à gérer ces cases de santé. Au niveau de la commune de Tabelot, nous avons 5 CSI et plus d'une dizaine de cases de santé, dont la majeure partie a été construite avec nos propres moyens ou souvent avec l'appui de nos partenaires. Les CSI ont été construites par l'Etat mais à tous les niveaux, nous essayons d'apporter  appui à travers la mise en place des agents auxiliaires, des ambulanciers, des achats des produits ainsi que la formation des agents de santé. Durant les 6 dernières années, sur fonds propres de la commune, nous avons formé une dizaine d'agents et engagé huit autres pour servir dans les cases de santé.

 Votre commune connait aussi, depuis quelques années l'afflux des orpailleurs. Quels sont les avantages que la commune de Tabelot tire des activités d’orpaillage et quelles sont les difficultés qui résultent de ces activités ?

 En effet, depuis ces trois dernières années, un afflux massif d'orpailleurs a été constaté, en provenance de l'intérieur comme de l'extérieur du Niger. Certes, il y a des aspects positifs concernant ces sites d'orpaillage mais il y a aussi des aspects négatifs. Par rapport aux points positifs, comme je l'ai dit ci-haut, les recettes de notre commune ont sensiblement augmenté suite à ces activités d'orpaillage, dont certaines sont taxées. Cependant, la gestion de tous ces migrants et la cohabitation avec les autochtones nous posent beaucoup de travail. Car, là encore il faut beaucoup sensibiliser. D'abord, sur les sites d'orpaillage il faut mettre des comités, il faut aussi sensibiliser par rapport à la gestion de l'environnement, surtout que nous sommes dans une zone presque désertique. Les orpailleurs coupent, à tout bout de champ, les rares arbres qui sont là, ce qui constitue un vrai problème pour nous. Il y a aussi l'aspect socio-culturel, où les gens viennent avec leurs pratiques. Il y a aussi la  prostitution qui s'y développe, la consommation des stupéfiants, ce qui donne des mauvais exemples aux enfants et à la communauté. Les tentatives d'imitation de ces pratiques découragent les enfants à aller à l'école, car ils pensent que c'est là où la vie est plus facile et gagner facilement de l'argent. Il faut donc veiller à l'harmonie entre les différents acteurs qui interviennent, ce qui n'est pas du tout facile. Cet afflux pose aussi le problème de la gestion des infrastructures, les produits sanitaires, etc, qui ne sont pas suffisantes pour accueillir tout ce beau monde. C'est pour cela que je dis que la commune à elle seule ne peut pas y faire face. Des organisations comme l'OIM, nous aident dans ce sens, en prenant en compte nos besoins et ceux des populations. L'Etat doit faire des efforts pour nous accompagner à travers la réalisation des infrastructures et autres investissements pour encadrer tout ce beau monde.

Par rapport aux redevances minières, votre commune en bénéficie-t-elle ?   

Comme vous le savez, la région d'Agadez est une zone minière. Les arriérés de ces redevances se chiffrent à plus d'une dizaine de milliards FCFA. C'est dire que l'Etat n'est pas à jour par rapport au paiement de ces redevances minières. Certes, les sociétés sont en règle mais l'Etat ne l'est pas. Je pense qu'il va falloir trouver un mécanisme mieux adapté pour que ces redevances minières de 15% reviennent aux collectivités, en temps réel et cela surtout pour les communes qui n'ont pas un grand potentiel fiscal, comme les communes rurales comme Tabelot. Notre commune possède 60% de la production des produits maraîchers de la région d'Agadez. L'oignon est de loin la production la plus importante à Tabelot, il y est produit deux à trois fois par an. Les gens préfèrent attendre quand les prix sont intéressants et quand les marchés extérieurs (Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin), sont accessibles et aussi quand les régions du sud (Tahoua et Maradi) n'ont pas encore récolté, pour écouler leurs productions d'oignon. C'est donc une stratégie que nos producteurs adoptent pour éviter la mévente. A Tabelot, nous produisons d'autres spéculations comme l'ail, la pomme de terre, la coriandre, les agrumes, qui sont produits en quantité minime. 

Quels sont les sujets qui vous tiennent à cœur, en tant que maire de Tabelot ?

En tant que maire de la commune de Tabelot, je constate que les populations ont beaucoup de problèmes et d'attentes qui n'ont pas eu de réponses et cela dans divers secteurs. Je pense que pour que la commune puisse faire face à ces différents problèmes, il lui faut des ressources propres. De façon générale, la mobilisation des ressources propres, dans nos communes, nécessitent beaucoup, beaucoup de travail, d'engagement, de mobilisation et surtout de sensibilisation. Aussi, il faut surtout beaucoup travailler sur l'agriculture, sur l'élevage et exploiter l'opportunité à travers l'orpaillage. A ce niveau, l'Etat doit accompagner, encore plus, les collectivités, car, je pense que les efforts de l'Etat ne sont pas suffisants. Je pense aussi que le développement doit partir de la base au sommet pas l'inverse. La majorité de la population de Tabelot a un âge compris entre 15 à 45 ans, c'est dire que cette population est jeune, donc une main d'œuvre disponible, qui ne demande qu'à être utilisée. Car si ces jeunes n'ont pas d'occupation, cela constitue une vraie menace pour la commune et même pour le pays entier. Il va falloir occuper toute cette jeuneusse d'ici comme d'ailleurs à travers l'agriculture et l'élevage, grâce à la maîtrise de l'eau. C'est quand ces deux secteurs sont promus et développés que les Nigériens peuvent effectivement nourrir les Nigériens, que les jeunes auront du travail et qu'ils ne tombent pas dans certaines mauvaises pratiques et que les communes et le pays se développeront. Un autre sujet qui me tient à cœur est l'enclavement de notre commune lié à l'état ou même l'inexistence des routes. Tabelot est une zone montagneuse, les crues dues aux pluies dégradent annuellement les rares routes qui existent. Je lance un appel pour qu'on nous aide à bitumer, à goudronner nos routes et surtout celle qui quitte Agadez pour aller à Dabaga, jusqu'à Tabelot. Car, c'est une importante zone de production et d'échanges, où dans l'année, on peut enregistrer 50 jusqu'à 100 camions qui font des va et vient pour transporter les productions maraîchères. Je lance ce cri d'alarme à l'Etat nigérien pour que cette importante route soit réhabilitée pour accélérer le développement de notre zone.

Par Mahamadou Diallo(onep)

M le Directeur général, quel est le rôle que l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales joue auprès des acteurs et entités du système de la décentralisation au Niger ?

Merci de l’opportunité que vous m’offrez de parler de l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales (ANFICT) dans le paysage de la décentration dans notre pays. Créée par la Loi-2008-38 du 10 juillet 2008, l’Agence Nationale de Financement des Collectivités Territoriales (ANFICT), est un organe pivot du dispositif de décentralisation au Niger. Elle est à cet effet investie de la mission de service public de mobilisation et de répartition des ressources aux Collectivités Territoriales à titre de subvention pour leur fonctionnement et pour la réalisation des investissements sous leur maitrise d’ouvrage et  en tenant compte de leur niveau de performance.

C’est donc un instrument qui permet à l’Etat de jouer pleinement son rôle de régulateur dans le domaine de la décentralisation en adéquation aux dispositions des articles 164 et 165 de la Constitution du 25 Novembre 2010 qui disposent que ‘’l’Etat veille au développement harmonieux de toutes les collectivités territoriales sur la base de la solidarité nationale, des potentialités régionales et de l’équilibre interrégional’’. A cet effet, l’ANFICT est appelée à assurer la péréquation des ressources nationales et des financements extérieurs qui lui sont confiés et à appuyer les Collectivités Territoriales dans la promotion et le développement de services publics de proximité…

Par ailleurs dois-je le rappeler, l’ANFICT est née au terme d’un large consensus de l’ensemble des acteurs de la décentralisation sur la nécessité de doter l’Etat d’un dispositif unique, pérenne, de statut public, subventionnaire, ouvert à l’ensemble des collectivités qui sera abondé et par le budget de l’Etat et par les aides des partenaires techniques et financiers. 

C’est donc, un organe fédérateur qui allie la satisfaction des besoins des Collectivités Territoriales en terme de financement et ceux des pouvoirs publics et des partenaires techniques et financiers qui accompagnent le processus de décentralisation au Niger.

L’ANFICT œuvre ainsi aux côtés des Collectivités Territoriales en leur apportant financement et accompagnement technique dans le cadre de la mise en œuvre des investissements.    

Est-ce que les animateurs des collectivités territoriales perçoivent bien la présence de l’ANFICT? Bénéficient-ils de ses appuis ? 

Les premiers partenaires directs de l’ANFICT restent incontestablement les animateurs des Collectivités Territoriales qui sont constamment en rapport avec nos services, en particulier avec le niveau régional.  Faut-il le noter, nous sommes présents dans les huit (8) régions du pays et partout les exécutifs des Collectivités collaborent positivement avec nos représentants qui leur apportent appui-conseil et encadrement.

A ce titre, les échos qui nous parviennent témoignent de l’internalisation de l’outil ANFICT dans le langage et le vécu quotidien des Collectivités Territoriales en ce sens que nous avons consacrés nos représentations comme étant les ‘’Maisons des Collectivités ‘’.

Des réflexions sont déjà en cours pour aménager des espaces aux seins des directions régionales pour mieux accueillir et offrir le service d’accompagnement de proximité. Cela est entrepris après le renforcement des capacités humaines et logistiques de l’Agence, le tout pour être plus présent et plus utile aux Collectivités Territoriales de notre pays pour lesquelles l’Agence est créée.

Lors de la session tripartite maires-ministres-partenaires au développement au sommet Africités à Kisumu(Kenya) auquel vous avez participé, les élus locaux africains ont insisté sur la nécessité des transferts des compétences et surtout des ressources. Monsieur le directeur général, que fait l’ANFICT au Niger concernant ces préoccupations ?

L’ANFICT joue sa partition « de force de propositions », dans le cadre de la mobilisation de ressources en faveur des Collectivités territoriales ‘’. Les efforts entrepris sont de plusieurs ordres. On peut noter les actions de plaidoyer au niveau National en lien avec les faitières des Collectivités Territoriales notamment l’Association des Municipalités du Niger (AMN) et l’Association des Régions du Niger (ARENI). Dans cet ordre d’idée nous avons été reçus par «le premier magistrat du pays’’, son excellence Monsieur Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’Etat qui a affirmé sa ferme volonté d’accompagner le processus de décentralisation avec un volume de financement conséquent à l’instar des autres pays de la sous-région et même de la Région Afrique. 

Parlant de la Région Afrique, vous avez bien fait d’évoquer les Africités…L’ANFICT est membre du Réseau des Institution Africaines de Financement des Collectivités Locales ‘’RIAFCO’’ dont nous avons l’insigne honneur d’assurer la vice-présidence. Je peux affirmer que ces instances régionales constituent des véritables cadres de plaidoyer et de mobilisation des ressources au profit des Collectivités de notre pays.

Puisqu’il est question de financements, est ce que l’ANFICT a les moyens de sa mission ?

L’ANFICT est un instrument de l’Etat comme je l’affirmais plus haut, et pour ce faire, l’Etat en créant cette institution, l’a dotée des moyens juridiques pour lui permettre d’accomplir sa mission de financement des Collectivités Territoriales.

A cet effet, la flexibilité du dispositif et la gamme des ressources qui lui sont confiées constituent assurément des atouts pour cette institution. Il revient aux animateurs de ce dispositif que nous sommes de donner tous le contenu nécessaire à ces dispositions réglementaires pour pouvoir contribuer efficacement à la mission à elle confiée.

Néanmoins, après plus d’une décennie de mise œuvre certaines insuffisances sont apparues, ce qui a conduit l’ANFICT et ses partenaires à engager un processus de relecture des textes fondamentaux de l’Agence. Un des objectifs poursuivis à travers cette révision est d’accroitre les ressources et les possibilités de financement.

En tant que responsable d’un dispositif clé du système de la décentralisation, quelles appréciations portez-vous sur ce processus au Niger ?

Le processus de décentralisation est dans une dynamique qui laisse entrevoir beaucoup d’espoir pour notre pays. Nous avons d’une part des pouvoirs publics très engagés et d’autre part des Collectivités Territoriales qui s’affirment de plus en plus dans le paysage.

Ce contexte est marqué également par le processus de transfert des compétences et des ressources qui se trouve à un niveau très avancé et pour lesquels mon institution travaille d’arrache pieds pour offrir aux différents ministères sectoriels son offre de service pour la matérialisation financière de ce transfert.

D’ores et déjà, l’Agence joue un rôle de premier plan dans le cadre de transfert des compétences et des ressources dans le domaine de l’éducation à travers le Fonds Commun Sectoriel de l’Education (FCSE). Ainsi, l’ANFICT accompagne les Collectivités Territoriales dans la réalisation des infrastructures scolaires, les équipements et les subventions aux structures décentralisées des établissements scolaires et cela depuis 2018.

Par souley Moutari(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

M. Adji Mansour, Secrétaire général de l’Ordre National des Architectes du Niger : « L’Ordre National des Architectes du Niger milite auprès des services de l’Etat et des services municipaux pour le respect de la loi régissant la construction des bâtiment

Ces dernières années les nigériens s’intéressent de plus en plus à la construction des immeubles qui poussent comme des champignons et ce, dans presque tous les quartiers de la capitale, surtout sur les grandes voies, ces bâtiments sont pour la plupart à usage commercial. Ces infrastructures contribuent certes à l’embellissement et la modernisation de la ville ;  cependant, nous assistons à des effondrements de ces bâtisses conçues à grand frais.

 M. le secrétaire général pouvez-vous nous dire les causes de l’effondrement de certains immeubles dans la capitale ?

Ces sinistres sont le plus souvent liés à un phénomène qui prolifère au Niger, quand on sait que les propriétaires des terrains ont pour culture de réaliser leur conception avec l’aide des maçons, des techniciens et tâcherons qui n’ont reçu aucune formation dans le domaine, et qui ont appris la construction de manières empiriques. Il n’y a pas d’étude technique et ou solide réalisée pour calculer les charges qui vont arriver sur le bâtiment, ou une bonne coordination des travaux, ce qui fait que les structures peuvent être mal  dimensionnées et à la longue, elles peuvent  s’effondrer. Parfois les gens s’implantent sur le terrain, font des fondations, placent leurs bâtiments sans bien étudier le sol, sans associer les architectes qui ont pour vocation d’étudier le sol, faire une conception adaptée à l’environnement et aux caractéristiques du sol. Il y a aussi la nature des matériaux qui entrent dans la composition de l’ouvrage.

Quelle est la voie à suivre pour éviter ce genre de situation ?

 Les propriétaires des terrains doivent respecter les normes. Le Niger  dispose d’un ensemble de lois et de principes qui encadrent la réalisation des bâtiments. Si par exemple la personne habite dans une maison simple et veut ajouter un niveau(R+1), elle doit d’abord adresser une demande d’autorisation de construction à la Mairie qui dispose en son sein d’.une commission spécialisée qui est là pour orienter les intéressés et leur permettre d’améliorer la qualité de leur projet. Ainsi, les membres de ladite commission se réunissent pour étudier le plan et faire des observations ;  s’il y a des défauts par rapport aux règlementations, au voisinage ou si le bâtiment est proche de la limite de la parcelle, la personne n’a pas respectée un certain nombre de règlementations, de recul, d’exposition solaire ou d’éclairage.

Lorsque  le propriétaire de terrain veut réaliser un bâtiment qui atteint R+2 ou plus, il doit passer par le Ministère des Domaines, de l’Urbanisme et du Logement. Le Ministère a à son niveau une commission d’approbation qui va aussi étudier le plan des ingénieurs, le plan d’électricité, de plomberie, et qui va s’assurer que le bâtiment respecte les normes. C’est certes contraignant et le grand public fuit ces démarches, mais c’est ça qui garantit la qualité et la stabilité de la construction dans la durée. Si on respectait ces normes, si on faisait appel aux architectes et ingénieurs, si on faisait le suivi de la construction on aura moins des cas d’effondrement des bâtiments qui met en jeu les vies humaines. Il faut faire appel à l’expertise. Les architectes élaborent le plan et participent à toutes les démarches tant au niveau de la Mairie qu’au niveau du Ministère et l’intéressé obtient une autorisation de construire en bonne et due forme ; ça rassure l’ensemble de partenaires avec lesquels il est censé travailler. Dans la commission de permis de construire, il y a également tous les services de protection civile, même la réglementation en terme de sécurité incendie, d’évacuation, d’accessibilité sera intégrée dans le projet. Malheureusement dans le contexte nigérien on le fait peu.

Que faut-il faire pour que cette réglementation soit respectée ?

L’Ordre National des Architectes du Niger milite auprès des services de l’Etat et de services municipaux pour le respect de la loi régissant la construction des bâtiments. Puisqu’il est dit au Niger, au-delà de 100 mètres carré et 20 millions de coup de construction, le propriétaire est obligé de faire appel à un architecte. Dans ce contexte les 80% de constructions qui se réalisent ici sont dans l’illégalité. Que ce soit les constructions des particuliers, que ce soit également des constructions des grands projets faits par l’Etat, où on fait appel à des architectes non agréés qui ne sont pas inscrits à l’ordre des architectes du Niger, qui certes sont des architectes chez eux mais ne connaissent pas le contexte nigérien et donc ne peuvent pas intégrer les contraintes à la fois climatiques, règlementaires, socioculturelles dans les constructions qu’ils réalisent. Au-delà du problème des bâtiments qui s’effondrent il y a aussi des bâtiments inadaptés à notre contexte.

Les architectes locaux sont-ils associés dans des projets de construction  de grande envergure ?

La majorité des grands projets ont été initiés par ces architectes locaux qui réfléchissent parfois gratuitement pour l’Etat, pour des structures comme Niamey Nyala ; ils s’engagent pour les projets de fêtes tournantes dans les différentes régions mais ils sont  malheureusement écartés quand il s’agit de la réalisation. Ces architectes se trouvent parfois dans l’incapacité de supporter leurs propres charges, une difficulté dans laquelle on place tout un secteur de l’économie qui emploie beaucoup des jeunes. L’Etat doit faire en sorte que ce secteur générateur de milliards de FCFA chaque année puisse avoir des retombées plus importantes au Niger, pour le nigériens et pour ceux qui se battent pour le développement de la qualité architecturale et de la construction au Niger. On évolue dans un contexte où les structures œuvrant dans la chaine de la production des bâtiments souffrent d’un manque de formation, de qualification une formation continue des acteurs de la construction est plus que nécessaire.

Réalisée par Aïchatou Hamma Wakasso

08 janvier 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Ahmet Botto ministre Tourisme Artisanat NigerMonsieur le ministre, le Niger organisera en juillet 2019 à Niamey la 33ème Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine. La session de Niamey enregistrera la présence en terre nigérienne de plus de 3000 personnes de diverses nationalités. Comment votre Ministère prépare-t-il cette grande rencontre africaine ?

Depuis 2015, notre pays s’attèle aux travaux d’organisation de la 33ème Conférence au Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine (UA), prévue se tenir en Juillet 2019 à Niamey. Dès le début des préparatifs, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat a été pleinement impliqué, eu égard à l’importance des volets Hébergement et Restauration, deux aspects fondamentaux desquels dépendra incontestablement la réussite de toute rencontre internationale de cette envergure.

En pareille circonstance, les capacités du réceptif touristique et hôtelier de notre pays et la qualité de ses prestations ont un rôle majeur et de premier ordre à jouer. En effet, les besoins en hébergement dans le cadre de la tenue de la Conférence sont estimés à 4000 lits dans des hôtels de standing international. Il se trouve qu’avant le début des préparatifs, les capacités de la ville de Niamey en hébergement tournaient autour de 2 000 lits seulement dont une bonne partie ne répondait pas aux normes standards requises.

Depuis lors, nous nous sommes mis à l’œuvre, en synergie avec les promoteurs des activités touristiques pour accroitre et améliorer la capacité du réceptif de notre pays à travers la mise en place d’infrastructures adéquates pouvant nous permettre d’abriter désormais de grands évènements internationaux. Cela constitue sans nul doute l’un des meilleurs canaux pour développer le Tourisme d’affaires et de conférences et par ricochet les activités aéroportuaires.

Monsieur le Haut-Commissaire, après 11 ans (2012-2023) de mise en œuvre de l’Initiative les Nigériens Nourrissent les Nigériens (I3N), quel bilan exhaustif des actions coordonnées par l’institution peut-on dresser aujourd’hui ?

Je vous remercie pour m’avoir convié à cette entrevue portant sur la Stratégie de l’initiative 3N pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et le Développement Agricole Durable (SANDAD). Permettez-moi d’abord de faire un bref rappel sur cette initiative, adoptée et mise en œuvre depuis 2012.

Il s’agit d’une approche innovante de lutte contre l’insécurité Alimentaire et nutritionnelle qui prône la synergie et la complémentarité des actions des Ministères et institutions qui interviennent dans le secteur de la SANDAD tout en articulant le travail de préparation et de réponse aux crises avec le travail d’investissement de long terme. Elle s’articule autour de 5 axes qui sont : accroissement de la production ASPH, mis en œuvre par les Ministères de l’Agriculture, de l’Elevage et celui de l’Environnement ; approvisionnement des marchés, avec les Ministères, du Commerce, de l’industrie et entreprenariat des jeunes ; l’amélioration de la résilience à l’Insécurité Alimentaire et Nutritionnelle avec le ministère de l’Action Humanitaire et le DNPGCA ; l’amélioration de l’Etat nutritionnelle avec le Ministère de la Santé et enfin la création d’un environnement favorable à la mise en œuvre de l’initiative 3N sous la responsabilité du HC3N.

Plusieurs autres institutions de la République sont directement ou indirectement engagées dans la mise de l’I3N. Les actions dans ces différents axes sont en harmonie entre elles, selon un diagnostic, une planification et un suivi conjoint.

L’axe V de l’initiative 3N porte sur la Gouvernance du secteur, c’est-à-dire la coordination multisectorielle, la mobilisation des ressources et l’impulsion des reformes. Cet axe est sous la responsabilité du Haut-Commissariat à l’initiative 3N, le HC3N. Après 10 ans de mise en œuvre de l’I3N, un bilan a été réalisé. Ce bilan relève des réalisations, tant physiques que financières très encourageantes. Nous pouvons à titre illustratif, donner quelques chiffres et descriptions qualitatives sur les réalisations physiques pour la période 2011-2020 par axe de la stratégie de l’I3N.

Pour l’axe 1 : des superficies irriguées passant de 95 000 ha en 2010/2011 à 208 000 ha en 2020, pour une augmentation du volume d’eau mobilisé de +44% sur la période ; la production agricole irriguée en équivalent céréalier qui a été multipliée par 6, passant de 169 166 tonnes d’équivalent céréalier en 2010/2011 à 1 032 023 tonnes en 2020 ; l’ensemble des autres productions ont connu des taux d’augmentation compris entre 25% et 60%, avec 26% d’augmentation pour les cultures de rente, 52% pour les cultures céréalières, 51% pour la production de lait et 60% pour la production de viande et les actions de régénération et de restauration des terres ont permis de traiter 65 000 ha de dunes, 433 000 ha de terres dégradées et 489 000 ha terres régénérés en RNA.

Pour l’axe 2 : l’approvisionnement des marchés a mobilisé un peu plus de 17% des montants totaux investis sur la période de 2012-2020. Les investissements ont couvert en particulier la réhabilitation et la construction d’infrastructures de soutien et de développement de certaines filières, tels que les marchés à bétail, les comptoirs, les aires d’abattage, les centres de collecte de lait, les marchés de gros et de demi gros de céréales, entre autres. Le nombre de ces infrastructures est passé de 370 à 5 200 en l’espace de 10 ans.

Dans le domaine de la commercialisation des céréales on note, au-delà des évolutions engendrées par les orientations des législations et normes régionales et continentales, l’élaboration et l’adoption de la Stratégie Nationale d’Achats Locaux des Aliments auprès des Petits Producteurs (SNALAPP) qui a permis d’agir sur le volume des achats institutionnels de céréales réalisés auprès des producteurs locaux ou par l’intermédiaire de leurs organisations et unions et non plus uniquement via des commerçants. Ainsi, avant même l’adoption formelle de la SNALAPP, les achats institutionnels pour la reconstitution de la Réserve Alimentaire Stratégique (par l’OPVN) et du Stock National de Sécurité (par la Cellule Crise Alimentaire) ont commencé à avoir recours aux achats directs. Pour exemple, les achats locaux par la CCA ont connu une hausse importante à partir de 2016.

Pour l’axe 3 : Le niveau de financement cumulé de l’Axe 3 sur la période 2011-2020 a atteint près de 860 milliards FCFA, en relation avec les Plans de Soutien annuels aux Populations vulnérables, une composante importante de cet axe mis en œuvre par le DNPGCA. Les distributions de céréales ciblées vers les ménages les plus vulnérables ont mobilisé un volume compris entre 20 000 tonnes et 100 000 tonnes selon les années, et les ventes de céréales à prix subventionné ont mobilisé entre 40 000 tonnes et 130 000 tonnes, avec un pic en 2012 année de grave crise alimentaire. Il s’agit là de 2 exemples d’instruments d’intervention auxquels s’ajoutent d’autres opérations comme les ventes subventionnées d’aliment bétail ou encore le paiement contre travaux d’intérêt collectif.

Pour l’axe 4 : Le niveau de financement cumulé de l’Axe 4 sur la période 2011-2020 atteint près de 220 milliards FCFA. Les taux de mobilisation, pour les 2 plans d’actions (2012-2015 et 2016-2020), ont été largement supérieurs à 100% ; le nombre d’enfants traités dans les centres de prise en charge de la malnutrition aigüe sévère, sur la période 2010-2020, a varié entre 330 000 et 430 000 selon les années. Les résultats de la prise en charge de la malnutrition dans ces centres présentent des taux de performance (taux de guérison, décès, abandon) supérieurs aux standards internationaux et en nette amélioration sur la période, même si les taux de prévalence des différentes formes de malnutrition ne montrent pas encore une tendance satisfaisante à l’amélioration et restent globalement stables à des niveaux trop élevés.

Pour l’axe 5 : le niveau de financement cumulé sur la période 2011-2020 a atteint 85 milliards de F CFA mobilisés sur une planification prévisionnelle d’environ 90 milliards F CFA pour l’ensemble de la période.

Ces ressources ont permis de mettre en place et maintenir fonctionnelles les instances de gouvernance aux niveaux central, déconcentré et décentralisé, d’impulser certaines réformes structurantes pour améliorer la performance du secteur et lever les goulots d’étranglement et de mobiliser des ressources sous diverses formes dont les projets. Le nombre de projets financés contribuant à la mise en œuvre de l’Initiative 3N a atteint 119 à l’issue du 2e Plan d’Action de l’Initiative 3N.

L’expérience de l’I3N est connue même hors des frontières du Niger. Mais concrètement, quelles sont les leçons apprises sur sa mise œuvre ?

L’expérience de l’i3N se fonde sur un engagement politique et est de conception purement endogène réalisée par des experts nigériens. Elle a en effet inspiré le monde entier et a été primée comme meilleure politique du futur. Elle a été elle-même conçue sur la base, des leçons tirées des politiques agricoles nationales et des longues années de lutte contre l’insécurité Alimentaire et nutritionnelle au Niger, de l’évolution du contexte sous régional et national, de notre potentiel et nos limites, enfin des évidences scientifiques disponibles.

Pendant la mise en œuvre de l’initiative 3N, le Niger a accéléré l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), notamment les OMD 1 et 7, en particulier la réduction de 50% du nombre de Nigériens souffrant de sous-alimentation. Ceci a valu au Niger les félicitations de la FAO, qui lui a décerné deux attestations de réussite en 2013 et 2015 pour son Initiative 3N. Grâce à cette Initiative 3N, le Niger a fait aussi partie des 7 pays distingués et lauréats du « Future Policy Award 2017 » et du 3ème Prix de Bronze décerné par le World Future Council (WFC) en collaboration avec le Secrétariat exécutif de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification (UNCCD) dans la catégorie « restauration des terres dégradées et lutte contre la pauvreté ».

Entre autres leçons apprises dans la mise en œuvre de l’i3N, nous pouvons relever, la meilleure convergence des interventions et la redevabilité des intervenants dans le secteur de la SANDAD, ce qui représente une condition sine qua none pour assurer une Sécurité Alimentaire et nutritionnelle durable, les bonnes pratiques dans le cadre des interventions pilotes n’impactent l’insécurité alimentaire et nutritionnelle que lorsque celles-ci sont portées à l’échelle du Pays et la maitrise des financements via un mécanisme de fonds commun peut faciliter une orientation plus efficace et efficiente dans l’utilisation des ressources.

Les actions de votre institution concernent aussi les volets nutrition et transformation agroalimentaire. Pourquoi le choix de ces deux volets ? Quel est à ce stade l’importance des investissements des acteurs de la SANDAD dans ces deux domaines ?

Comme rappelé plus tôt, l’axe 4 de la stratégie de l’I3N est consacré à l’amélioration de l’état nutritionnel des Nigériens.

Cette question de nutrition est plus large qu’elle ne parait à première vue. Sur la base des évidences scientifique, nous avons piloté, conformément à notre rôle dans la gouvernance, l’élaboration d’une Politique Nationale de Sécurité Nutritionnelle (PNSN) qui est multisectorielle. Cette politique, au-delà du secteur de la Santé et de l’Agriculture, met aussi en avant l’apport et l’impact indispensables de l’éducation, de l’accès à l’eau hygiène assainissement, de la protection sociale, de la Communication et de l’environnement dans la nutrition.

Par ailleurs, pour que le secteur de l’Agriculture soit sensible à la nutrition, il faudra que la production agricole favorise une alimentation saine et diversifiée. Les aliments produits suivent tout un cycle avant la consommation. La transformation des Aliments locaux de consommation courante apporte une valeur ajoutée non seulement sur le plan santé et nutrition, mais aussi sur le revenu des producteurs. Sur le volet transformation des aliments, cela se fait actuellement sous forme d’accompagnement des acteurs de la transformation notamment les femmes transformatrices des produits locaux, mais également sous forme de projets de renforcement de capacité des acteurs de la transformation. Je peux citer entre autres, le Projet d’Appui à la Fortification des Aliments au Niger (PAFAN), piloté par le Ministère du Commerce, le Projet de Fortification des Produits Alimentaires de Consommation Courantes (FOPAT) piloté par le Ministère de l’agriculture.

Monsieur le Haut-Commissaire, après plusieurs années de mise en œuvre, quelles sont les principaux défis qui se posent aujourd’hui à l’I3N ?

Les défis qui se posent à l’i3N sont ceux liés au fonctionnement des systèmes alimentaires. Ce sont des préoccupations soulevées par les acteurs lors des diverses concertations, gouvernementales et indépendantes. Ces défis sont principalement stratégiques et opérationnels.

Au niveau stratégique : renforcer la redevabilité des acteurs et secteurs ; augmenter le volume de financement pour les Ministères et institutions de mise en œuvre de l’i3N ; impulser des réformes administratives et législatives assorties d’actes facilitant leur opérationnalisation ; au niveau Opérationnel ; Promouvoir les chaines de valeurs prioritaires des produits alimentaires à fort potentiel nutritionnel et commercial ; renforcer le Système d’information (Assurer des données statistiques de qualité et enfin renforcer les systèmes d’information et de suivi-évaluation sectoriels. promouvoir la vulgarisation et l’appui-conseil agricoles.

D’aucuns disent que l’I3N est dans la pratique absente sur le terrain, que répondez-vous ?

Les appréciations sont fonction de la compréhension et des attentes de chacun de nous. C’est malheureusement parce que certains ne comprennent pas l’I3N qu’ils ont tendance à simplifier leur point de vue en disant que l’I3N n’est pas sur le terrain.

Lorsqu’on comprend que l’i3N est une stratégie nationale faisant office de politique agricole nationale, mise en œuvre par plusieurs Ministères et administrations (Agriculture, Elevage, Environnement, Santé, Action Humanitaire, DPNGCA, HC3N, etc.) on dira plutôt que c’est tout ce qui se passe sur le terrain dans le secteur de la SANDAD qui est l’initiative 3N. 

Quels sont vos rapports avec les organisations paysannes et certaines structures de l’Etat qui interviennent dans les mêmes domaines que vous ?

Le HC3N, dans sa conception, se trouve être la structure centrale et de convergence dans la coordination des interventions des différents acteurs de mise en œuvre de la stratégie de l’Initiative 3N. Ces acteurs sont étatiques (AE) autant que non étatiques (ANE). Les acteurs étatiques sont des ministères et des administrations Maitres d’Ouvrage, et leurs structures rattachées (Agriculture, Elevage, Environnement, Hydraulique, Commerce, Industries et entreprenariat des jeunes, Santé Publique, DNPGCA, Action Humanitaire et Gestion des Catastrophes, Promotion de la Femme et Protection de l’Enfant, etc.). A ceux-là il faut ajouter l’ensemble des autres acteurs impliqués, publics ou privés, nationaux et internationaux. Les acteurs non étatiques sont formés par les ONG, associations, organisations des producteurs et acteurs privés. A ce titre, L’Initiative 3N constitue une référence pour la collaboration entre l’Etat, les Partenaires Techniques et Financiers, les Organisations des Producteurs, les ONG/AD, le secteur privé, etc., dans le cadre plus général du Plan de Développement Economique et Social (PDES 2012-2015, 2017-2021 et 2022 -2026) dans lequel l’I3N constitue l’Axe « Sécurité alimentaire et développement agricole durable ».

Dans cette famille d’acteurs, les Organisations Paysannes sont des acteurs importants qui contribuent à la mise en œuvre de l’i3N. Elles sont aussi bénéficiaires de l’i3N telles que les facilités dans le crédit agricole, les investissements structurants, le conseil Agricole, etc….

Propos recueillis par Ali Maman(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

Le 18 juillet 2022, le Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger (REPRODEVH-Niger) et de la Coalition Nigérienne contre la Peine de Mort avec le soutien de leurs partenaires ont célébré au Niger la journée mondiale des détenus sous le thème : ‘’Humanisation des maisons d’arrêts et lieux de détention : vers la reconstruction de la vie à travers la lecture en milieu carcéral’’. Au cours de cette journée, les acteurs ont organisé des activités culturelles et sportives à la Prison Civile de Niamey. En marge de cette journée internationale dédiée à Nelson Mandela, nous nous sommes entretenus avec M. Almoctar Garba Illou, président de la Coalition Nigérienne contre la peine de mort sur la situation carcérale dans notre pays et les actions que le Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger  (REPRODEVH-Niger) est entrain de mener pour l’abolition de la peine de mort et la torture et toutes infractions assimilées au Niger ainsi que les efforts accomplis par le Gouvernement.  

Monsieur le président du Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger  (REPRODEVH-Niger) et de la Coalition Nigérienne contre la Peine de Mort, le 18 juillet 2022, à l’occasion de la Journée Internationale des détenus, votre réseau a organisé au camp des mineurs de la Maison d’Arrêt de Niamey des activités culturelles et sportives. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste cette journée et son objectif? 

La communauté internationale a, comme chaque année, célébré la journée internationale dédiée à Nelson Mandela le 18 juillet. Nelson Mandela est né ce jour et c’est l’occasion de rendre hommage au combat de l’ancien Président de l’Afrique du Sud, qui a passé 27 années de sa vie derrière les barreaux durant l’Apartheid. Il s’agit  au cours de cette journée de magnifier le travail du personnel pénitentiaire, et de rappeler que les personnes détenues font partie intégrante de la société, et doivent, en tant que telle, recevoir un traitement compatible avec la dignité humaine et les droits humains.

Au Niger, selon les dispositions du Chapitre II,  du Décret n° 99-368/PCRN/MJ/DH du 03 septembre 1999, déterminant l’organisation et le régime intérieur des établissements pénitentiaires en son Art. 120– je cite : ‘’Les détenus peuvent s’adonner pendant leurs loisirs, à des activités récréatives ou culturelles propres à les maintenir dans les conditions mentales et morales satisfaisantes et à développer en même temps leurs facultés’’. D’où la motivation de notre organisation à aller vers l’humanisation des détenus selon les politiques du pays.

Pourquoi le choix est porté sur le camp des mineurs de la Maison d’Arrêt de Niamey ?

Permettez-moi de rappeler que depuis des années, le Niger, à travers le Ministère de la Justice, s’est engagé dans une profonde réforme de son système pénal et pénitentiaire. Les réformes du système pénal et pénitentiaire engagées, ont certes permis d’aboutir à des résultats probants, mais beaucoup reste à faire. Il me plait aussi de rappeler qu’une politique pénitentiaire et de réinsertion a été initiée par les autorités compétentes. Cette politique s’articule autour de trois (03) axes principaux à savoir ; la réforme de l’Administration Pénitentiaire et le Renforcement de la Gouvernance ; l’humanisation des conditions de détention et la Réinsertion et Productivité. Cette action salvatrice du Réseau Progrès et Développement Humanitaire du Niger  (REPRODEVH-Niger)  et ses partenaires œuvre pour le bien-être des populations carcérales du Niger.

Cependant, la promotion de la pratique sportive par les détenus femmes, hommes et mineurs d’une maison d’arrêt, déclenche le processus de socialisation globale. Le loisir, devenu un élément central de la vie sociale actuelle, doit  aussi pénétrer la prison surtout les mineurs ayant la chance d’y évoluer. Le Sport, appliqué au régime pénitentiaire, prend la signification d’activités récréatives et culturelles afin de participer au bien-être physique et moral des détenus. L’activité de loisir rejoint l’activité éducative, fondement du régime pénitentiaire contemporain.

Cet évènement cadre parfaitement avec les politiques nationales des autorités nationales du Niger, dont en premier lieu SE. Mohamed Bazoum, Président de la République, Chef de l’Etat, dans son programme de renaissance acte III.

Les mineurs de la Maison d’Arrêt de Niamey sont dans une bonne posture pour être accompagnés, d’abord au vu de leur encadrement de très bon niveau par le responsable de cette maison et ses partenaires, ensuite la disponibilité des infrastructures, la question résolue de la sécurité très élevée à Niamey, la croissance rapide du taux très élevé de détenu (e) s mineurs  en ce jour, au nombre de 89 en date du 18 juillet 2022 et la distance pour accueillir cette activité.

Justement le thème de la célébration de la journée était : ‘’Humanisation des maisons d’arrêts et lieux de détention : vers la reconstruction de la vie à travers la lecture en milieu carcéral’’. Quel est le message que vous voulez véhiculer à travers ce thème ?

Le choix de cette thématique n’est pas fortuit. Il est d’une importance capitale car très souvent « au début des longues incarcérations, la lecture est souvent un réconfort dans un nouvel univers, une nouvelle organisation sociale. Elle aide le détenu d’oublier le monde extérieur, à le réconforter et à l’amener à découvrir un autre monde imaginaire.  Lire en prison, c’est sortir des 9m2 dans lesquels on est enfermé.

La classification et la gestion des détenus doit prendre en compte les contraintes liées à la capacité d’accueil. Quels sont les efforts que votre réseau en partenariat avec le gouvernement est en train de mener à la Maison d’Arrêt de Niamey, qui d’après son régisseur est surpeuplée ?

Il faut profiter des colonnes de votre journal pour féliciter vivement les autorités du Niger à travers la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH Niger) et  le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux pour les efforts fournis. En effet, nous sommes permanents  sur le plaidoyer qui a porté ses fruits par la volonté manifeste des autorités du Niger à aller vers l’humanisation des maisons d’arrêts et lieux de détention contre le surpeuplement. En témoigne : la promotion de l’hygiène et l’assainissement en milieu carcéral ; le décret de commutation des peines capitales à des peines à vie depuis 2014 ; la révision du code pénal et code de procédure pénal du Niger, disons même la refonte totale de ces deux codes ; le rehaussement significatif des primes alimentaires et les AD dans la gestion des centres pénitentiaires du Niger depuis l’arrivée du nouveau ministre de la Justice Garde des Seaux ayant bien voulu continuer sur les acquis déjà existants ; l’engagement des autorités nigériennes à construire une nouvelle maison d’arrêt répondant aux normes internationales ; la réduction significative des restrictions de la prison de haute sécurité de Koutoukalé et bien d’autres  choses etc.

Monsieur le président, qu’est-ce que votre coalition fait dans l’élaboration et la mise en œuvre des programmes de préparation à la réinsertion et l’humanisation des conditions de détention en partenariat avec les autorités du Niger ?

Notre coalition n’invente pas la roue, à travers  l’Observatoire des Lieux de Détention du Niger (OLIDE-NIGER) et le mouvement abolitionniste nigérien, nous accompagnons les efforts et politiques sectorielles de l’Etat dans ce domaine à travers des initiatives louables. Il s’agit par exemple de la visite et suivi des conditions de détention des personnes condamnées à mort. Le suivi des 248 recommandations acceptées par le Niger lors de son Examen Périodique Universel en 2021 ; le monitoring des maisons d’arrêts et lieux de détentions 

Votre coalition est membre de celle mondiale contre la peine de mort, qui réunit des organisations non gouvernementales, des associations d’avocats, des syndicats et des éducateurs. Est-ce qu’au Niger, la peine de mort est  abolie ? Parlez-nous de sa situation ?

Le 18 décembre 2020, dix-neuf personnes ont vu leur peine de mort commuées en peine de prison à perpétuité par décret présidentiel portant remises gracieuses de peines. En 2021, on comptait cinq personnes condamnées à mort qui n’ont pas vu leurs peines commuées, dont une femme depuis mai 2019 (maison d’arrêt de Tillabéri) et quatre hommes (dont un à la maison d’arrêt de Say, un à Ouallam, un à Kollo et un à Tillabéri). Depuis le condamné à mort de la maison d’arrêt de Ouallam a vu sa peine commuée en une peine de prison à vie en mai 2022. Cependant quatre nouvelles condamnations à mort ont également été prononcées en 2022. La première a été prononcée par la Cour d’assises de Dosso le 2 janvier 2022 pour assassinat. Trois autres condamnations ont ensuite été prononcées par la Cour d’assises de Tillabéri pour meurtre, tentative de vol de nuit en réunion avec une arme et viol suivi de vol. Le nombre de condamnés à mort au Niger est actuellement à 8.

Quelle sont en perspectives les actions que vous comptez mener dans le cadre de la lutte contre la peine de mort, la torture et toutes infractions assimilées au Niger ?

L’idée pour nous est d’accompagner les efforts du Niger sur la problématique de l’abolition à travers un plaidoyer efficace pour sensibiliser les parlementaires, les pouvoirs publics et l’opinion publique nationale sur la nécessité d’abolir  la peine de mort en  se conformant aux dispositions de la constitution de la 7ème République du  Niger (articles : 10, 11 et 12). Ainsi, le forum national des abolitionnistes nigériens sur la peine de mort tenu le 10 et 11 octobre 2021 dans la salle des conférences du SNAD Niamey a fait plusieurs  recommandions qui nous serviront de levier à actionner et d’axes stratégiques. 

Il y a l’abrogation pure et simple des articles 242 et 243, et toutes dispositions du code pénal et code de procédure pénale nigérien entrainant a la sentence capitale et la révision du code pénal pour une prise en compte par le gouvernement nigérien.

Nous encourageons l’Etat nigérien à voter en faveur de la résolution des nations unies  sur le moratoire des exécutions en décembre 2022. Le respect des engagements nationaux et internationaux que le Niger a plaidé auprès des Etats parties ayant adhéré à l’OP2. Nous soutenons également davantage les campagnes de plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Niger et la vulgarisation de la loi sur le Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNP) en collaboration avec la CNDH NIGER et le ministère de la Justice.

Par  Seini Seydou Zakaria(onep)

Monsieur le fondateur, quelle est la contribution actuelle des écoles privées dans le dispositif de l’enseignement au Niger ?

Nous intervenons sur plusieurs aspects de la société car nous travaillons dans un cadre de développement humain. Selon les statistiques en notre possession, bien qu’elles ne soient pas aussi récentes, les écoles privées contribuent à hauteur de plus de 30% des effectifs globaux de l'enseignement. Ce taux est de 6 à 7% au niveau de l'enseignement primaire. 

On déplore une baisse de la qualité de l’enseignement dans plusieurs écoles privées. Qu’est-ce qui explique cet état de fait ? 

La baisse de niveau ne concerne pas uniquement les écoles privées du Niger. C’est un phénomène qui touche l’ensemble des écoles au niveau national et même mondial. En principe, dans les écoles privées, on ne cherche que la qualité. Dans plus de 50% des écoles privées du pays, vous avez un enseignement de qualité.

Mais aujourd’hui, beaucoup de gens considèrent l'école comme un objet marchand où il faut aller trouver de l’argent. Et là aussi, c'est parce que tout celui qui veut peut tranquillement ouvrir une école privée. C'est ça le problème des textes qui régissent l'enseignement privé et c’est aussi cela qui explique la baisse de niveau dans les établissements privés. En plus, du point de vue rendement, si l’enseignant n'est pas bien payé, il ne peut pas faire un bon rendement. Donc, l'enseignement demande de la discipline, de la disponibilité, du courage et de la persévérance.

Dernièrement, vos structures se sont plaintes, dans un communiqué public, de nombreux facteurs qui entravent leur bon fonctionnement. Pouvez-vous nous résumer ces difficultés ?

Depuis 1968, date de la création de la première école privée au Niger, le secteur a beaucoup évolué. L'Etat donnait une subvention aux écoles privées pour qu'elles soient à jour et qu’elles recherchent la qualité justement. Mais aujourd'hui, cette subvention a disparu alors même que des pays autour de nous la renforce, jusqu’à hauteur de 40 milliards pour certains.

Deuxième problème, c’est qu’on demande aux écoles privées de payer des impôts alors qu’elles ne sont pas des activités commerciales. La seule ressource des fondateurs, c'est la contribution des parents, c'est à dire les frais de scolarité. Or, on atteint chaque année à peine 70% de recouvrement des frais de scolarité, ce qui est à peine suffisant pour évacuer les charges annuelles d’une école, à l’ère de la modernité.

La troisième difficulté est relative au plafonnement des frais de scolarité qui fera du ministère du commerce un de nos collaborateurs. Mais sur quels critères le ministère du commerce va-t-il fixer les frais de scolarité dans les écoles privées? Nous, nous n'en voyons pas.

Il y'a aussi le problème de la caisse nationale de sécurité sociale et la rareté de bons enseignants sur le marché du travail, surtout dans les matières scientifiques. Même si vous êtes disposé à payer le prix fort, vous vous rendrez rapidement compte que les vrais enseignants, c’est-à-dire ceux qui ont les compétences et l’amour d’évoluer dans le métier de l’enseignement du savoir, manquent cruellement. Et en plus de tout cela, vous avez la caducité des textes qui règlementent l'enseignement privé et que j’ai expliqué plus haut.

Vous militez pour une révision des textes qui régissent l’enseignement privé, notamment en ce qui concerne les normes à respecter et le plafonnement des frais d’études. Quelle sont les raisons qui motivent cette prise de décision ?

La révision des textes, c'est pour mettre de l'ordre et tendre vers une professionnalisation du secteur. C’est pour éviter que les gens viennent dans l’enseignement privé sans avoir des connaissances sur le secteur éducatif. Moi qui suis un enseignant professionnel, fondateur d'une école, je ne peux pas ouvrir une clinique, une pharmacie ou un cabinet de soins parce que ce secteur est encadré: Si vous n'êtes pas du corps médical, vous ne pouvez pas exercer dans ce secteur. Mais pourquoi est-ce qu'on permet à n'importe qui d'ouvrir une école privée? Il faudra donc réviser les textes pour professionnaliser le secteur de l'enseignement privé. C'est la seule solution qui remettra de l'ordre dans le système éducatif privé.

Avez-vous engagé des négociations avec les autorités de tutelle ?

Nous sommes toujours en pourparlers avec les autorités parce que nous, nous sommes des bâtisseurs. Le bâtisseur ne va pas dans la rue pour crier et faire des déclarations inutiles. Le bâtisseur crée un cadre de négociation et développe des arguments assez sérieux, convaincants, pour permettre au gouvernement de prendre des décisions conséquentes.

Nous sommes toujours en pourparlers avec les ministres en charge de l'éducation. Ils nous reçoivent et nous discutons cordialement. Nous avons souvent gain de cause mais il y'a des moments où nous n'avons pas une oreille attentive, surtout pour nous écouter sur le problème des impôts. Nous venons d’écrire au Président de la République pour lui demander une audience afin d'échanger avec lui et nous attendons qu’on nous communique la date de la rencontre.

Dans ces conditions, selon vous, quelles sont les perspectives pour l’enseignement privé en cette veille de rentrée académique 2021-2022?

Les écoles privées s'inscrivent aujourd'hui dans la nouvelle politique gouvernementale par rapport à l'école. Nous avons l'impression que le Président de la République fera de l'école sa deuxième préoccupation, après l'insécurité, surtout que dans son programme, il avait annoncé son intention de travailler avec l’ensemble des partenaires de l’école nigérienne, de manière inclusive et participative. Nous sommes totalement partants et nous sommes contents de cette déclaration. Nous allons l’accompagner pour le rayonnement de l'école Nigérienne.

En quoi faisant ?

Par exemple, dans un premier temps, nous allons discuter avec lui pour qu'il nous dise ce qu'il attend de nous. L’école nigérienne sera sauvée que si le Président a confiance en nous et s'il nous dit exactement ce qu'il attend de nous, pour que nous puissions tous travailler dans l'intérêt des nigériens et de l'école. Aujourd'hui, la compétition de toutes les familles, c'est l'école. Ce n'est pas autre chose : chaque famille veut inscrire son enfant dans la meilleure école.

A un autre niveau, plusieurs fondateurs se plaignent que l'Etat leur impose un règlement et des normes que lui-même ne respecte pas. Quelle est votre position?

Les fondateurs doivent se préoccuper de leurs écoles et ne pas trop les comparer avec celles du public. Ils doivent mettre de l'ordre pour qu'on ne leur reproche rien dans la gestion de leurs écoles et que les normes environnementales soient respectées. Si les gens quittent les écoles publiques pour celles privées, c’est justement parce qu’ils recherchent un certain confort et une certaine qualité éducative pour leurs enfants.

En parlant de normes environnementales, vous faites allusion à l'espace que doit occuper une école?

D'abord l'espace, mais il y’a aussi la dimension des classes qui sont de 9 m sur 7 m. Il n'y'a pas de chambre de cette dimension. Les écoles qui sont dans des villas sont dans des chambres. Va faire tes classes de 9X7m, mettre tes latrines à jour, chercher tes aires de jeux. Met l'eau et l'électricité dans ton école, respecte les textes qui réglementent les effectifs dans les classes, recrute de très bons enseignants qui ont les niveaux requis et la formation professionnelle qu'il faut. Voilà ce que doit faire une école privée et c'est ce que je conseille à mes camarades fondateurs. Les écoles privées doivent mettre de l’ordre en leur sein pour dispenser un enseignement de qualité car c’est seulement en ce moment qu'elles trouveront de la clientèle.

Avez-vous fait un plaidoyer pour présenter une alternative, ne serait-ce que provisoire, par rapport à la situation des écoles qui ne respectent pas les normes?

L'année dernière, beaucoup d'écoles qui ne respectaient pas les normes ont été fermées et certains fondateurs interpellés. On a négocié pour que le ministère leur donne un délai. Nous leur avons dit que l'Etat même ne peut pas trouver 1.000m2 pour implanter une école à Niamey. Il faut donc faire une dérogation pour les écoles privées. Au lieu de 2,5ha prévu par les textes, si un fondateur se débrouille pour avoir un 800m2, permettez lui de s'organiser et de construire ses classes, ses laboratoires et autres sur les 800m2. Les fondateurs ont tout intérêt à ne pas perdre leur temps au niveau de l'urbanisme: vous n'aurez pas de terrain. L'Etat n'en a pas lui-même.

 Votre mot de la fin?

Je félicite les fondateurs pour leurs excellents résultats aux examens passés en devançant partout les écoles publiques : il n’y a qu’environ 5 écoles publiques dans le top 100 des meilleures écoles au BEPC 2021 à Niamey. Je leur demande également de s'unir pour faire aboutir leurs revendications. Le deuxième pourvoyeur d'emplois après l'Etat, c'est nous. Si on s’unit, on peut peser au niveau des prises de décisions par l'Etat et les partenaires. 

Réalisée par Souleymane Yahaya(onep)

03 septembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

En marge du double sommet de l’Union Africaine qui s’est tenu à Niamey le 25 novembre dernier, nous avons rencontré M. Amadou Hassane Mai Dawa, représentant permanent du Niger auprès de l’Union Africaine. Le diplomate nigérien qui assure également les fonctions d’ambassadeur en Ethiopie et représentant auprès de la Commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique, revient sur le projet d’industrialisation et de diversification de l’économie en Afrique, la portée de l’offensive diplomatique continentale du Niger et le rôle de sa représentation diplomatique en Ethiopie.

Monsieur l’ambassadeur, quel est l’objectif du projet d’industrialisation du continent africain ? Et, quels efforts fournit le Niger pour y parvenir ?

Ce projet vise le développement de l’Afrique dans la mesure où il s’inscrit dans l’agenda 2063 qui fait de l’industrialisation de l’Afrique l’un de ses trois objectifs. C’est la recherche d’un héritage économique durable à laisser à la génération future dans la perspective du développement de l’Afrique. Pendant le sommet de Niamey, tous les panélistes et tous les intervenants ont insisté sur le fait que l’industrialisation et un bon cadre de distribution, la condition sine qua non pour un développement économique du continent.

Le Niger a tout fait pour servir l’intégration africaine et continuera dans ce sens. Ce n’est pas un hasard si Niamey accueille la semaine de l’industrialisation, mais également le sommet décidé il y’a deux ans de cela par les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine de tenir un sommet extraordinaire pour prendre des décisions fortes, structurantes, dans les domaines de l’industrialisation de l’Afrique et de faire en sorte que ces décisions soient la base d’un développement industriel en Afrique. Je pense que c’est une fierté pour nous d’être, comme pour le cas de la zone de libre-échange continentale, le point de départ d’une politique continentale importante. Le succès que la ZLECAF a eu de manière retentissante au niveau de l’Afrique est tel qu’aujourd’hui, certains observateurs disent qu’ils n’ont pas vu de projet avec autant de succès et porteur d’espoir pour l’Afrique comme la ZLECAF. Il ne reste plus qu’à souhaiter que les décisions prises à Niamey rencontrent un cadre d’application qui soit celui attendu par les chefs d’Etat et de Gouvernement

Justement, par rapport au succès de la ZLECAF, peut-on dire que l’offensive diplomatique a permis de mieux positionner le pays au niveau continental?

Au Niveau continental, je pense que le Niger est aujourd’hui le pays le plus en vue, c’est à dire l’un des pays les mieux positionnés sur les questions africaines, sur la mise en œuvre des politiques phares de l’Union Africaine, la mise en œuvre de tous les moyens possibles pour l’atteinte des objectifs de l’agenda 2063. C’est effectivement parce que, ces 5 dernières années, sur toutes les questions majeures de développement relatives au climat, à la sécurité, au développement économique, à l’industrialisation et au commerce intracontinental, le Niger a toujours été le pays phare, porteur de beaucoup d’initiatives. Le Niger est aussi le pays qui fait preuve de don de soi en mettant  à la disposition de l’UA et de ses Etats membres, ses moyens, ses ressources, son temps et tout ce qu’il possède pour que les politiques africaines puissent avancer dans le bon sens. Je pense bien que c’est un cadre qui a permis aussi à la diplomatie nigérienne d’être au centre de toutes les politiques continentales.

Bien que le sommet soit organisé par l’union africaine, dans quelle mesure la représentation du Niger en Ethiopie compte-t-elle œuvrer pour vulgariser au mieux les travaux de Niamey?

C’est avant tout le rôle de l’Union Africaine. A la suite des fortes déclarations des chefs d’Etat et de gouvernement à Niamey, il reviendra à la commission de l’UA de tout mettre en œuvre, sur le plan technique, pour que les différents cadres, les différents espaces, les différents moyens de la mise en œuvre des décisions, soient pris. Par contre, ce que la mission permanente du Niger en Ethiopie peut faire, c’est d’assurer en premier lieu un suivi a titre national car, il y’aura des espaces, des cadres et des rencontres dans lesquels les questions multilatérales seront discutées, les questions de la mise en œuvre de décisions des Chefs d’Etat et des Gouvernements de l’Union Africaine seront discutées. Et, c’est en ce moment précis que la mission permanente du Niger peut jouer pleinement un rôle de fusible en rappelant à tous les acteurs possibles que des décisions étaient prises à Niamey et elles concernent telles ou telles choses à mettre en place et nous tenons à ce que ces décisions soient respectées et mises en œuvre. Ça, c’est une première manière de faire en sorte que les décisions de Niamey puissent être mises en œuvre, très rapidement, à travers un suivi constant de la mission permanente

Plusieurs partenaires sont venus à Niamey pour le lancement de la semaine de l’industrialisation et de la diversification de l’économie et vont soutenir la mise en œuvre des décisions prises par les leaders africains. Notre deuxième axe de contribution consiste donc à garder les partenaires mobilisés, non pas seulement pour le compte du Niger, mais pour le compte de l’ensemble des Etats membres de l’Union Africaine et du peuple africain.

C’est principalement ces deux rôles que nous pouvons jouer et que nous allons jouer. En plus de ces deux charges, nous allons rester mobilisés en faveur de notre pays et des politiques nationales qui peuvent trouver échos dans d’autres cadres et programmes africains et faire en sorte que ces derniers puissent bénéficier à nos politiques nationales.

Quelle appréciation portez-vous sur la tenue de l’événement que le Niger a abrité ?

Je me réjouis que les travaux du double sommet de l’UA de Niamey se soient passés dans la paix, la sérénité et la sécurité. Je me satisfais également des résultats obtenus et du succès des travaux de Niamey, surtout pour notre pays, le Niger, qui se dépense tant, qui met beaucoup de moyens au service de l’intérêt commun africain. Nous apprécions également de voir que les choses avancent au plan africain parce que à la fin, c’est vraiment pour voir que les choses avancent en Afrique, que le Niger s’engage tant, que notre Gouvernement s’engage tant et donc le bénéfice certes au plan de la rente, au plan du développement est attendu et c’est pour cela qu’on travaille. Mais, le bénéfice aussi c’est faire en sorte que, sur l’ensemble du continent africain, les choses avancent sur les points particuliers sur lesquels le Niger s’engage énormément.

Réalisé par Souleymane Yahaya(onep)

Source : http://www.lesahel.org

Monsieur le Haut-Commissaire, votre institution est un organisme public de réflexions et d’appuis-conseil en matière de réformes de l’Etat. Vous êtes actuellement à DIFFA où vous conduisez personnellement une mission composée de plusieurs experts en vue de dispenser une formation pratique aux Directeurs Régionaux des services déconcentrés de l’Etat (STD). Pouvez-vous nous préciser les thèmes et les objectifs de cette formation ?

Avant de répondre à votre question, je dois vous dire que j’apprécie à sa juste valeur l’opportunité que vous me donnez pour entretenir les Nigériennes et les Nigériens sur les activités que nous menons sur le terrain dans le cadre des appuis aux administrations déconcentrées de l’Etat. L’objet de notre mission en cours dans la Région de DIFFA est d’organiser une formation des Directeurs Régionaux des services techniques déconcentrés de l’Etat (STD) sur l’élaboration,  la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des politiques publiques basées sur des données probantes. Notre objectif est de renforcer les capacités des Directeurs Régionaux à assumer convenablement leurs missions dans le contexte actuel où les autorités de la 7ème République, accordent la primauté à la promotion du développement local. Il s’agit d’une formation sur une approche moderne, donc récente, utilisée pour assurer la qualité en matière de formulation, de mise en œuvre et de suivi et évaluation des politiques publiques dans notre pays et même dans la conduite des activités classiques. Cette approche repose sur la production et l’utilisation des données et informations fiables, remplissant les exigences de validité interne et externe d’une part et d’indépendance, d’objectivité et de vérifiabilité d’autre part. 

Monsieur le Haut-Commissaire, peut-on savoir pourquoi ce regain d’intérêt pour la qualité des données et informations destinées aux décideurs ?

Dans ce contexte particulier où le Niger est entré de plein- pied dans l’approche programme basée sur les résultats de développement, il est tout à fait justifié que notre pays cherche à améliorer la qualité des choix des politiques publiques, la pertinence des orientations stratégiques et l’efficacité dans leur mise en œuvre. Dans cette perspective, nous recherchons une amélioration de la disponibilité et de la qualité des informations et données produites de manière à mieux renseigner l’évaluation des progrès dans l’atteinte des objectifs de développement et à améliorer la qualité de la gouvernance. Ceci est d’autant plus logique que notre pays s’est doté, depuis 2019, d’une politique Nationale de l’Evaluation. C’est seulement à cette condition que notre pays pourra améliorer la qualité des indicateurs d’effets et d’impacts particulièrement l’indice de développement humain (IDH). N’oublions pas que les données probantes sont des données qui procurent une confiance relative en la véracité d'une proposition qui ne peut ni être logiquement prouvée, ni directement démontrée par l'observation empirique. Ce sont donc des leviers importants de la promotion d’une gouvernance de qualité.

Nous voulons créer chez les managers Nigériens des temps modernes le réflexe de rejet des simples opinions et déclarations ou affirmations caractérisées par la subjectivité et la partialité au profit de l’utilisation des données et informations de qualité prouvée dans la prise des décisions. En définitive, cette formation a pour objectif général de contribuer à l’amélioration des capacités des administrations déconcentrées de l’Etat à concevoir et à mettre en œuvre des politiques publiques grâce à l’utilisation des données probantes. Il s’agit plus spécifiquement de donner aux directeurs régionaux les outils techniques dont ils ont besoin pour améliorer leurs capacités opérationnelles en matière d’élaboration, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques basées sur les données probantes.

L’équipe mobilisée pour remplir cette mission semble multidisciplinaire. Quelle est sa composition exacte ?

Fidèle à notre approche participative et à notre ferme conviction sur l’importance de créer un climat de collaboration entre les institutions publiques pour faire face aux grands défis qui se posent à notre administration, nous avons pris soin de mobiliser toutes les parties prenantes intéressées par les objectifs présentés plus haut. Il faut préciser que la session de DIFFA est la sixième d’une série de formations programmées après celles de Maradi, de Dosso, de Niamey, de Zinder et d’Agadez.  Outre les experts mobilisés pour animer ces formations, les équipes comportent des cadres de haut niveau provenant des ministères et institutions comme le Ministère du Plan, le Ministère de la Fonction publique et de la Réforme Administrative, le Cabinet du Premier ministre, le Ministère chargé des Relations avec les Institutions, le Ministère de l’Aménagement du Territoire et du Développement communautaire, le ministère en charge du Tourisme et de l’Artisanat etc..

Quelles sont vos attentes à la fin de la formation ?

Nous attendons en particulier que les Directeurs Régions acquièrent les connaissances qui leur permettront de produire et d’utiliser des données probantes dans le cadre de leur travail principalement dans la gestion des processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques. Au vu de leurs hauts niveaux de compétence et d’engagement responsable, nous pouvons déjà affirmer qu’ils seront capables d’appliquer  les méthodes et outils dans le processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques publiques basées sur les données probantes. Ils sauront par ailleurs identifier les opinions et autres susceptibles d’influencer négativement leurs ambitions et particulièrement le processus de formulation et d’évaluation des politiques publiques tout en demeurant exigents quant à la démarche qualité dans la production et l’utilisation des données probantes.

Réalisé par Mato Adamou  ONEP /Diffa 

 

M. Amadou Seydou Nourou : «A ACAP-Mourna, nous pensons que le cousinage à plaisanterie est une valeur culturelle positive qu’il faut entretenir et pérenniser»Célèbre humoriste nigérien Amadou Seydou Nourou dit ‘‘Nourou Ouallam’’ est aussi, comédien, acteur, compositeur, agent de publicité. Ce comédien hors pair, qui a étudié le droit, se met bien dans la peau de tous personnages dont il veut incarner. Habillement, voix, accents, traits caractéristiques (scarifications, cicatrices, coiffures), aucun détail n’échappe au talentueux et inimitable acteur qu’est Amadou Seydou Nourou. Ainsi, il interprète, à merveille, différents rôles : Bonkano, Noura, Malam Noura, Yéni boy, Dan fulani, André Salifou, Sanoussi Jackou etc. Même les Chefs d’Etats ne sont pas à l’abri du jeu de rôle. Nourou qui joue volontiers le rôle de Baaré, de Mahamane Ousmane, de Mahamadou Issoufou, de Hama Amadou, de Seyni Kountché, etc. Après avoir refusé des interviews à plusieurs médias, qui l’ont sollicité, Amadou Seydou Nourou a, en exclusivité, accepté de répondre humblement et avec beaucoup de sagesse et de philosophie à nos questions.

Dites-nous qui est Amadou Seydou Nourou ?

Je m’appelle Amadou Seydou Nourou. Je suis artiste et chef d’entreprise. Nigérien, 51 ans. Marié à une très belle guinéenne, que j’aime beaucoup et père de 7 adorables enfants (6 filles et 1 garçon).

Vous êtes, en même temps : humoriste, comédien, acteur, compositeur, agent de publicité, comment êtes-vous venu à tout cela, en même temps ?

Enfant déjà, il me plaisait de plaisanter, de faire rire les gens en vue de détendre l’atmosphère. Et aussi imiter des personnes qui ont une démarche, un accent ou un accoutrement particulier dans le strict respect de leur personne et leur dignité. Le reste n’est qu’une question d’enchainement. Pour moi, on peut traiter des questions les plus sérieuses dans la détente, le rire. Car vaux mieux faire rire les gens que de les faire pleurer. D’ailleurs, telle est ma devise.

En prélude à la  préparation des campagnes des cultures pluviales et irriguées 2023 qui vient de démarrer dans notre pays,  le Directeur Général du Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) a répondu à nos questions pour davantage éclairer la lanterne des citoyens sur les actions que mène cette importante structure dans l’amélioration des conditions de productivité et de compétitivité du secteur agricole nigérien.

Monsieur le Directeur Général, présentez-nous de manière succincte le FISAN ?

Le Fonds d’Investissement pour la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (FISAN) est un Etablissement Public de la catégorie Fonds Nationaux qui a pour mandat de promouvoir l’investissement public et privé dans le domaine de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et du Développement Agricole Durable (SAN/DAD) en vue de renforcer la productivité, la rentabilité et la compétitivité des activités agrosylvopastorales et halieutiques (ASPH). Ce qui permettra à terme de booster la création des emplois décents en milieu rural, accroitre les revenus des acteurs des chaines de valeurs agricoles et améliorer durablement la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la population nigérienne.

C’est pourquoi, le FISAN se positionne comme un important outil de mise en œuvre de l’initiative 3N « Les Nigériens Nourrissent les Nigériens ». Il est structuré en trois facilités à travers lesquelles sont pris en charge le financement des sous projets des promoteurs privés (Facilité 1), le financement des sous projets d’infrastructures structurantes portées par les collectivités (Facilité 2) et le financement des sous projets de conseil agricoles et de recherche agronomique appliquée (Facilité 3). 

 Parlez-nous des contributions du FISAN dans la préparation des campagnes des cultures pluviales et irriguées 2023.

Dans le cadre du financement des activités liées aux deux campagnes pluviales et irriguées 2023, le FISAN, en collaboration avec les Institutions Financières partenaires (Banques et SFD) a engagé le financement de plusieurs portefeuilles à travers le mécanisme de subvention adossée au crédit couplé à une couverture partielle de garantie. Nous avons quatre  principaux portefeuilles engagés que sont :

Six(6) portefeuilles régionaux sur ressources propres de l’Etat dont le processus a été lancé depuis l’année passée. A cet effet, 78 sous projets au profit de 363 bénéficiaires directs sont en train d’être financés dans les régions de Maradi avec la Banque Atlantique, les régions de Tahoua et Agadez avec la Banque Of Africa (BOA).

Il y a également le portefeuille du projet REEL MAHITA sur financement de la Coopération Belge avec 1285 sous projets du sous-secteur de l’élevage au profit de 6251 bénéficiaires directs dans la région de Dosso en partenariat avec les SFD Hinfani et Asusun Raya Karkara de Doutchi et dans la région de Tahoua avec Yarda Tarka Maggia de Madaoua. En plus, nous mettons en œuvre le portefeuille du projet NIG 028 sur financement de la coopération luxembourgeoise avec 180 sous projets de cultures pluviales, irriguées et transformation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques dans la région de Dosso avec les SFD Hinfani et Gomni. Nous avons enfin le portefeuille des sous projets spécifiques qui s’adresse à tous les sous-secteurs (fermes modernes, unités de transformation, Kits d’irrigation, etc) sur financement propre de l’Etat en collaboration avec plusieurs institutions financières.

 A titre illustratif des sous projets spécifiques, on peut citer les sous projets de kits d’irrigation SAI AIKI financé dans le cadre d’un protocole d’accord regroupant la Plate-forme Paysanne du Niger (PFP/N) qui représente les coopératives des bénéficiaires, la Banque Agricole du Niger (BAGRI), le Centre Africain d’Agrobusiness (CAAB) et le FISAN. Un premier lot de 100 Kits solaires d’irrigation est engagé dans la région de Dosso, mais notre ambition est de mettre en place 25 000 kits sur l’ensemble des régions du pays.

 Le FISAN a commencé à être  opérationnel. Pouvez-vous nous parler du niveau d’adhésion des autres acteurs ?

Effectivement le FISAN s’opérationnalise progressivement à travers la mobilisation des ressources internes et externes et leur canalisation vers les bénéficiaires à travers les trois facilités. Tous les acteurs sont en train de jouer leur partition, même si de temps en temps nous observons une lenteur administrative tout au long du processus de mobilisation des ressources. Pour illustrer mes propos, la situation actuelle se présente comme suit. Il y a d’abord l’Etat qui accorde une subvention qui varie de 1 à 1,5 milliards de F CFA au cours des exercices 2022 et 2023. Cette enveloppe qui a connu un doublement par rapport aux exercices 2020 et 2021 mérite tout de même d’être significativement rehaussée afin qu’elle serve de levier pour la mobilisation des ressources externes. Ensuite, nous avons  les Partenaires Techniques et Financiers qui  commencent à faire confiance au FISAN qui est impliqué dans la formulation et la mise en œuvre d’une dizaine de projets PRADEL et REEL MAHITA/Enabel, NIG 028 et NIG 032/Coopération Luxembourgeoise, PRISAN/AFD, SOFIA/AICS, PAPI 2/Coopération Suisse/Danoise et MIIPAC/KFW/UE ainsi qu’avec le SRBC/UE, le PACIPA/BM, le PRECIS/BAD. Puis les partenaires de mise en œuvre notamment les Institutions Financières (Banques et SFD), la SAHFI, l’ANFICT, l’APCA et le SP/CNRA avec lesquels le FISAN a signé des conventions de partenariat qui ont permis de financer à date 1175 sous projets au titre de la Facilité 1,  dix-sept 17 sous projets de la Facilité 2 et cinquante-sept (57) sous projets dans le cadre de la Facilité 3.  Enfin, les bénéficiaires finaux que sont les promoteurs privés, les organisations paysannes et les entreprises agricoles apprécient fortement les interventions du FISAN car, les mécanismes mis en place de manière progressive ont un double effet, celui de réduire les risques liés aux activités agrosylvopastorales et halieutiques et d’inciter les promoteurs et les institutions financières à s’engager dans le financement agricole.

En conclusion, la méfiance entre les demandeurs du financement et ceux qui offrent le financement est en train de se dissiper car, au nom de l’Etat, le FISAN joue le rôle de trait d’union, de catalyseur, d’incitateur et de fédérateur des initiatives en matière de financement agricole.  

Après les aspects opérationnels évoqués ci-dessus, de manière stratégique, quelle suggestion faites-vous pour booster le développement agricole ?

Le développement agricole a besoin d’une volonté politique qui s’exprime depuis l’avènement de l’initiative 3N, mais aussi  une attention soutenue est nécessaire dans la mobilisation et la bonne affectation des ressources financières au niveau des actions centrées sur l’intensification et la diversification des productions agrosylvopastorales au profit des jeunes agri preneurs, des organisations paysannes et des entreprises agricoles engagées en visant le renforcement de la productivité, la rentabilité et la compétitivité des filières.

Par ailleurs, personnellement, je plaide pour que l’écosystème du développement rural soit doté d’un code des investissements agricoles spécifique à travers lequel toutes les facilités et les incitations que l’Etat offre aux opérateurs ruraux soient regroupées dans un seul document qui précisera les actions et les acteurs éligibles, les modalités et conditions d’accès aux opportunités de financements agricoles et les obligations des bénéficiaires. Ainsi, en plus des avantages fiscaux consignés dans le code des investissements en République du Niger et les lois de finances, le code des investissements agricoles traitera de tous les autres avantages offerts par l’Etat et les collectivités notamment les différentes formes de subventions, les lignes de crédits spécialisées, les couvertures de garanties, les primes, les aménagements structurants, les facilités d’accès au foncier , les divers types d’appuis conseils et la recherche agronomique appliquée, la protection des investissements, etc.

L’adoption d’un code des investissements agricoles permettra au FISAN et aux autres intervenants de canaliser les ressources publiques de manière plus harmonieuse, efficace et efficiente afin d’éviter le gaspillage et la mauvaise affectation observés actuellement. Aussi, en cas de non-respect des obligations par les bénéficiaires (détournement d’objectifs, refus avéré de mise en valeur, etc ), le code précisera les sanctions à prendre.
ONEP
Source : https://www.lesahel.org

 

La forte pression démographique qui s’exerce sur les principales villes du Niger et le renforcement du pouvoir d’achat de la classe moyenne, a poussé les habitants des centres urbains à investir de plus en plus dans l’acquisition de biens immobiliers pour procurer un toit à leurs familles. Malheureusement, cette course effrénée, surtout dans la capitale Niamey, a permis le développement, quelques fois illégal, de plusieurs quartiers avant même l’obtention de l’ensemble des documents qui permettent de déclasser un terrain vague et de l’affecter à l’habitation. Dans cet entretien qu’il nous a accordé, le Directeur de l'urbanisme au ministère de l'urbanisme et du logement, M. Balla Illotchi Mahaman Salissou, revient sur l’utilisation abusive de ces espaces non constructibles et sur la restructuration des quartiers spontanés. Il se prononce également en faveur du classement de certaines zones de Niamey comme « zones inondables et non-constructibles ».

M. le Directeur, comment se fait la restructuration des quartiers spontanés, particulièrement ceux qui se trouvent dans des zones à risque tels que les flancs raides de collines et les zones de stagnation d’eau ?

L’objectif principal de la restructuration est l’amélioration des conditions de vie des populations du site à restructurer en particulier et celle de la population entière de la ville concernée. Généralement, le quartier, le village urbain où la situation de base a des conséquences sur les équipements et infrastructures existantes de la ville du fait de la pression exercée sur ceux-ci par cette partie de la ville où ils sont quasi inexistants.

La restructuration consiste dans un quartier dit précaire, sous équipé, spontané ou dans un village englouti par un centre urbain, un village administratif quelconque en milieu urbain ou rural,  à l’ouverture des voies d’une part

pour le besoins de la circulation et de desserte des habitations en eau potable, en électricité,  en ouvrages d’assainissement et d’autre part pour la création des équipements sociaux de base ou socio-collectifs tels que les écoles, les centres de santé, les terrains des sports et de loisirs, les places publiques et cultuelles.

Cependant, la restructuration peut être entreprise dans des quartiers lotis habités ou non, où le lotisseur n’as pas respecté les normes urbanistiques en l’occurrence l’harmonie et la hiérarchie des voies, les terrains pour les équipements et infrastructures socio-collectifs, ou dont le lotissement n’a pas respecté les dispositions d’un document de planification urbaine en vigueur.

Les zones à risque tels que le flanc raide des collines et les zones inondables sont classées zones non habitables et non constructibles. C’est dire qu’il n’y a pas de restructuration sur une zone considérée non habitable. La seule opération possible c’est de déplacer cette population et la réinstaller sur un site approprié. 

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la restructuration de ces genres de quartiers ?

Entre autres difficultés que nous rencontrons dans ces genres d’opérations, on peut noter l’identification des sites de recasement et son acceptation par les impactés, les frais exorbitants pour l’acquisition des sites de recasement, les transactions foncières après le rapport du commissaire enquêteur, la poursuite de mise en valeur des terrains par les impactés, l’indemnisation juste et préalable des impactés, les coûts liés à l’aménagement du site de recasement et l’insertion socioéconomique de cette nouvelle population dans son nouveau environnement. 

Quels sont vos conseils à l’endroit des propriétaires coutumiers qui morcellent et vendent illégalement ces types de terrains et aussi des clients qui achètent ces terrains relativement abordables pour y habiter ?

Le conseil que je peux donner aux propriétaires coutumiers est de les rassurer que le droit coutumier au Niger est reconnu et  confirmé en 1960 et 1961. Cependant, ce droit se limite là ou commence le droit de l’urbanisme. C’est dire que la reconnaissance de droit, ne donne pas droit à l’aménagement ou au morcellement des propriétés foncières aux fins d’habitations. Dans une ville, l’occupation des sols ou la destination des sols est réglementée par des outils de planification urbaine, aujourd’hui, institué par la loi 2017 -20 du 12 avril 2017 fixant les principes fondamentaux de l’urbanisme et de l’aménagement urbain.

C’est dire que la transaction sur une propriété foncière dans ces zones n’est pas interdite mais c’est la destination des sols qui est règlementée. Est-ce que votre terrain est situé de par l’outil de planification urbaine dans une zone d’habitat, de commerce, d’industrie, d’artisanat, d’agriculture urbaine ou dans une zone inondable, interdite de construction, non habitable.

Pour vous acquéreur, renseignez-vous sur la destination du sol de la propriété que vous vouliez acquérir. Par exemple, vous n’aurez pas d’acte de cession moins encore de permis de construire pour habitat dans une zone classée inondable, non constructible. Achetez vos parcelles sur des sites régulièrement lotis, après avoir vous-même visiter le terrain.

Peut-on dire, Monsieur le directeur de l’urbanisme, qu’il est temps de déclarer certains quartiers de Niamey « zones inondables » ?

Ma préoccupation c’est surtout les inondations dans la ville de Niamey. Il vous souviendra que quand le 8 septembre 2020, le niveau du fleuve a atteint 695 centimètres, plusieurs digues ont cédé et de vastes parties des quartiers de la rive droite ont été inondées. En dehors de Niamey, d'autres communes le long du fleuve Niger ont été inondées et gravement touchées. Les derniers chiffres de la période indiquaient 329 958 personnes touchées, 65 personnes mortes, plus de 31 960 maisons endommagées ou détruites, 5 768 hectares de terres agricoles inondés. C’est dire qu’il est temps de déclarer certaines zones de la région de Niamey inondables, non constructibles, non habitables et les affecter aux activités de production agro-pastorale et aux activités sportives.

A mon avis, la population devrait faire sienne cette préoccupation tant pour son caractère préventif mais également pour transformer ce défi en opportunité de développement, source de création d’emploi et de promotion des petites et moyennes entreprises.

Par Souleymane Yahaya (Onep)

Le Samedi 23 septembre 2023, les autorités Nigériennes ont lancé une caravane nationale de vaccination Zoo-sanitaire. Cette activité s’inscrit dans le cadre de la réforme des activités de l’édition 2023 de la Cure Salée dont la tenue effective n’a pas été possible à cause principalement de la mauvaise campagne hivernale cette année. Ainsi, c’est dans le souci d’accompagner la résilience des éleveurs pasteurs et de préserver la santé du cheptel que cette caravane a été initiée par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie et le Gouvernement de Transition. Dans cet entretien réalisé à l’occasion du lancement de cette caravane à Ingall, le Président du Collectif des Associations Pastorales du Niger M. Boubacar Moussa a salué l’initiative et la tenue de cette activité, mais aussi formulé des recommandations dans le sens d’inviter le Gouvernement à accompagner davantage le monde pastoral. Le Président du Collectif n’a pas aussi perdu de vue le contexte actuel de notre pays.

Monsieur le président comment se portent les organisations pastorales au Niger ?

Les organisations pastorales au Niger essayent de jouer leurs rôles sur le terrain malgré le retrait ou le blocage de la plupart des partenaires financiers d’une part et d’autre part à cause des sanctions économiques imposées à notre pays à la suite des évènements du 26 juillet 2023. Malgré ces difficultés, le Collectif des Associations Pastorales du Niger (CAPAN) a, comme d’habitude, marqué de sa présence ce lancement de la campagne de vaccination Zoo-sanitaire ici à Ingall dans la région d’Agadez avec ses propres fonds.

Monsieur le président, cette année dans le cadre de la Cure Salée, le Gouvernement a apporté des reformes par l’initiation d’une caravane nationale de vaccination et de dépistage gratuit du cheptel. Plusieurs paramètres expliquent en effet cette réforme dont principalement la mauvaise campagne hivernale (une année très déficitaire dans la région d’Agadez). Comment les organisations pastorales ont-elles accueilli cette initiative ?

Les organisations pastorales ont favorablement accueilli cette façon de célébrer la Cure Salée compte tenu de la situation politique actuelle de notre pays mais aussi de la situation pastorale critique des régions d’Agadez et de Diffa. Cette initiative de lancer la caravane nationale de vaccination et dépistage du cheptel depuis Ingall est aussi bien accueillie par les organisations pastorales du Niger car elle met en avant la santé animale et à l’échelle de toutes les régions concernées. Nous encourageons cette manière de célébrer la Cure Salée et demandons que la vaccination et le dépistage soient élargis à d’autres maladies et à toutes les régions du pays pour une meilleure santé animale au Niger.

Monsieur le président vous avez pris part effectivement au lancement de cette caravane à Ingall. Quelles sont les principales attentes des éleveurs pasteurs aujourd’hui dans le cadre de cette caravane ?

Les principales attentes des éleveurs pasteurs sont que cette caravane de vaccination et dépistage puisse atteindre tous les éleveurs sans distinction aucune et quelle que soit leur position géographique dans les régions concernées c’est à dire Tahoua, Agadez, Maradi, Zinder et Diffa.

Monsieur le président l’une de vos missions c’est la défense des droits et intérêts des éleveurs pasteurs et de l’élevage au Niger. A ce sujet, vous avez évoqué la révision de la loi 61/005 du 26 mai 1961, peut-on savoir les raisons ou les motivations d’une telle option ?

La loi 61/005 du 26 mai 1961 avait tracé la limite nord des cultures de Ouallam (région de Tillabéri) à N’guigmi (région de Diffa) en passant par les régions de Tahoua, Maradi et Zinder. Aujourd’hui force est de constater que cette zone pastorale ainsi délimitée est largement envahie par le désert au nord et par les champs au sud sans parler de l’obstruction voire l’occupation des couloirs de passage et aires de repos des animaux dans la zone agricole. Face à cette situation, les éleveurs pasteurs qui possèdent des grands troupeaux sont de plus en plus obligés de se naturaliser avec leurs animaux dans les pays voisins qui sont de plus en plus exigeants. Cela constitue une grande perte pour l’économie Nigérienne. C’est pourquoi, la solution à ce véritable problème est, à notre avis, la révision de cette loi 61/005 du 26 mai 1961 dans l’intérêt de l’élevage et de l’économie du Niger.

Notre pays s’est engagé dans un processus de sa refondation depuis le 26 juillet 2023 sous la conduite du CNSP et du Gouvernement de Transition. Comment les organisations pastorales ont-elles accueilli cette action et quelle sera la contribution et le rôle des organisations pastorales pour la sauvegarde de la Patrie et l’indépendance réelle de notre pays ?

Les organisations pastorales membres du Collectif des Associations Pastorales du Niger (CAPAN) ont déjà pris position à travers un point de presse que j’ai moi-même animé le 13 Août 2023 à notre siège à Niamey. Point de presse au cours duquel nous avons pris acte du renversement du régime par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), dénoncé les sanctions économiques imposées au Niger et condamné l’attitude belliqueuse de la CEDEAO et ses alliés.  Donc nous sommes pour la vraie indépendance de notre cher Niger. Les organisations pastorales sont plus que jamais déterminées à travailler pour garantir la souveraineté du peuple et une vraie indépendance du Niger.

Propos recueillis par Ali Maman ONEP/Agadez

Source : https://www.lesahel.org

Située dans l’extrême sud de la région de Dosso, dans une zone de trois frontières Niger-Bénin-Nigéria, la commune urbaine de Gaya compte une population de 63.815 habitants, repartie sur une superficie de 360 km2. Cette population est composée des Tchanga, des Songhaïs, des Gourmantchés, des Zarma, des Haoussa, des Peuhls et des Yorubas. Dans cet entretien, le nouveau maire de ladite commune, élu le 25 mai dernier, nous parle des défis et perspectives pour le développement communautaire de la ville transfrontalière.

 Monsieur le maire, l’un des défis majeurs de nos collectivités  est aujourd’hui, la problématique de la mobilisation de la recette fiscale. Quelle est la stratégie que vous mettez en œuvre pour la culture du civisme fiscal dans la commune de Gaya ?

Justement, la problématique de recouvrement se pose comme dans toutes les communes du pays, de manière générale. En ce qui concerne la taxe de voirie et la taxe municipale, le taux de recouvrement est globalement très faible. Et, maintenant, s’agissant de la stratégie que nous avons adoptée, nous avons pris des mesures énergiques pour retirer d’abord le carnet de taxe de marché des mains des anciens collecteurs pour le confier à des nouveaux collecteurs, avec le concours des FDS. Dieu merci, ces recettes de taxe de marché, qui sont les redevances locales qu’on perçoit sur les véhicules âgés, ont connu une évolution très importante. Elles se sont multipliées par 4 voire 5.

Avec cette évolution positive de la mobilisation des redevances locales, nous sommes en train de poser certaines actions, telles que la salubrité; l’évacuation des ordures ménagères et déchets plastiques qui jonchent les artères; la prise en charge de l’éclairage public; la réhabilitation de la morgue; l’extension du cimetière. Nous assurons le paiement régulier des salaires, malgré qu’on ait trouvé un certain volume d’arriérés de salaire. Cela fait aujourd’hui trois mois que nous sommes à la tête de cette commune, après avoir été élu le 25 mai dernier. Nous sommes aussi entrain de réhabiliter le parc de la mairie. Le tracteur et la benne qui sont restés plus de 2 ans immobiles, nous les avons réparés.  

Nous posons des actions visibles et concrètes. Ce qui restaurera, progressivement, la confiance de la population et amènera petit à petit le changement de comportement des contribuables à s’acquitter des taxes de voirie et taxes municipales. C’est cela notre stratégie. Poser des actes visibles et concrets qui puissent amener la population à voir ce à quoi elle contribue. Nous faisons également de la sensibilisation. C’est une autre manière de faire mais pas plus convaincante que les actions. La sensibilisation dans le cadre de la mobilisation des recettes a montré aujourd’hui ses limites. Nous nous contentons plus à faire des réalisations visibles pour dire à la population voilà ce que nous faisons, où vont les ressources recouvrées.

Avec l’urbanisation, les échanges commerciaux et socio-culturels qui s’intensifient à Gaya, l’activité de taxi-motos communément appelés Kabou-Kabou se développe de plus en plus. Comment les acteurs sont-ils organisés ? Y’a-t-il une réglementation particulière? Et quel profit tire la commune urbaine de Gaya?

 

C’est un monde effectivement très mobile avec les Kabou-Kabou. Eh bien, ils rendent service à la population, puisque c’est à moindre frais. Ils desservent les quartiers de la ville et même jusqu’à certaines localités transfrontalières, notamment les communes de Kamba (Nigéria) et Malanville (Bénin). Ce sont des moyens d’intégration qui relient nos communes.

Ils sont très importants en nombre aussi. Dans la ville de Gaya, ils sont entre 5.000 et 6.000 taxi-motos. Et malheureusement, cela a d’autre part ses aspects négatifs. En effet, il y’a beaucoup d’accidents. Avec l’effervescence de cette activité, le taux d’accidents est en hausse dans la ville de Gaya. Vous l’avez certainement remarqué, les Kabou-Kabou filent à toute vitesse et souvent avec des chargements démesurés et débordés qui cachent à eux-mêmes leur visibilité. Ils font aussi ce qu’on appelle « super à 3 voire 4 », c’est-à-dire deux à trois personnes en plus du conducteur. Vous voyez que le risque d’accidents est très élevé.

Nous avons établi un programme de formation de ces taxi-motos, avec l’appui des services des transports et les agents de la protection civile. Ils sont majoritairement jeunes. Nous comptons les outiller pour qu’ils aient un minimum de maitrise du code de la route, et de secourisme d’urgence. Ils sont identifiés avec des numéros que nous leur attribuons. Ils portaient des gilets à un moment. Dans le cadre de la formation envisagée, nous allons revenir avec eux sur le port de cette tenue et la plaque d’immatriculation communale (numéro). 

Est-ce qu’on leur exige le permis de conduire ? 

Oui ! Vous savez, les motocycles sont catégorisés. Il y’a une catégorie à partir de laquelle le permis de conduire est exigé. Pour d’autres, la loi ne l’impose pas. Mais l’assurance et le dédouanement sont obligatoires pour toute catégorie. En ce qui concerne la mairie, nous leur imposons l’immatriculation communale et le port de gilet.

Monsieur le maire, la commune de Gaya est dans une zone de trois frontières, d’ailleurs très proche des communes frontalières du Bénin et du Nigéria. Quel est l’impact de cette position géographique sur la mise en œuvre de votre plan de développement communal ?

C’est une position sur trois frontières. Depuis 2018, il y’a eu une organisation qu’on appelle « Dendi Ganda ». C’est un cadre de concertation transfrontalier entre les communes sœurs voisines de la zone installé par les maires, à savoir Gaya, Malan-ville et Kamba. Ce cadre facilite la circulation des personnes et des biens entre nos communautés qui sont pratiquement les mêmes, du point de vue historique et socio-culturel. La frontière qui nous sépare n’est qu’imaginaire. « Dendi Ganda » envisage aussi de monter des projets structurants, pour aller vers des investissements qui puissent profiter aux populations. Nos infrastructures nous profitent mutuellement en réalité. Si vous prenez l’hôpital de Gaya, il est fréquenté par des habitants de Malanville et de Kamba. Vice-versa, aux niveaux de leurs centres sanitaires. Cette coopération transfrontalière est soutenue par la coopération suisse, à travers le Laboratoire Citoyenneté; la coopération allemande via GIZ et d’autres partenaires. 

Gaya est réputée pour sa richesse culturelle qui constitue d’ailleurs un réservoir national, et qui faisait la fierté du pays. Aujourd’hui, la création artistique est en baisse, le répertoire reste celui des années 80. Quelle est la place de la culture aujourd’hui dans votre Plan de Développement Communal ?

Il faudrait organiser des rencontres culturelles périodiques, comme le Festival de la Semaine culturelle du Dendi dont la première édition vient de s’achever, pour revaloriser ce patrimoine. Que cette culture ne disparaisse pas ! Je salue au passage les ressortissants de Gaya pour la belle initiative. Cela a été un grand succès. Durant les trois jours (du 3 au 5 septembre dernier), il y’a eu des manifestions culturelles qui nous ont plongées dans la nostalgie des bons vieux temps des traditions ancestrales du Dendi, dans sa diversité.

La Maison des jeunes et de la culture (MJC) de Gaya, dont la gestion relève de vos responsabilités, est dans un état de délabrement avancé : qu’est-ce qui est envisagé par la municipalité de la ville de Gaya pour redorer le blason de ce temple de la culture ?

Effectivement, l’entretien des infrastructures culturelles incombe aux collectivités, en réservant dans leur budget une rubrique en bonne et due forme. Il se trouve que des ressources qu’ils génèrent à partir des manifestations culturelles qu’ils accueillent, rien ne parvient aux caisses de la collectivité. Nous venons de nous installer à l’issue des récentes élections et nous avons la volonté de prendre à bras le corps la question. Nous sommes témoin de cet état dans lequel se trouve la MJC. Nous l’avons visitée, nous avons vu. Plaise à Dieu, dans le budget 2022, la préoccupation sera prise en compte.

Il y’a quelques années, l’Etat a transféré un certain nombre de compétences aux collectivités territoriales, notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’hydraulique et de l’environnement. Comment assumez-vous ces responsabilités ?

C’est une question d’actualité: un transfert de compétences concomitamment avec des ressources. Alors, nous avons suivi, lors du mandat des maires de l’année 2010 à 2021, des formations sur le transfert des compétences, surtout en ce qui concerne le domaine de l’éducation. Il faut saluer les autorités du ministère de l’éducation d’antan, qui ont organisé beaucoup de rencontres pour que ce transfert puisse se concrétiser sans grande difficulté. Les autres ministères concernés en ont fait aussi mais pas autant.

Mais sur le terrain, dans cette nouvelle donne, la collaboration est à féliciter. Avec tous les acteurs de l’éducation, les échanges sont permanents. Les communes appuient l’éducation de base dans la construction des salles de cours, dans le financement des journées pédagogiques, dans l’acheminement des fournitures scolaires du chef-lieu de la région à la commune.

Réalisée par Hassane Daouda et  Ismaël Chékaré, Envoyés Spéciaux(onep)

24 septembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Organisée à Ingal dans la région d’Agadez, la cure salée est la rencontre annuelle des éleveurs nomades du Niger et des pays voisins, car à travers la transhumance qui la caractérise, elle permet aux éleveurs du sud de libérer les zones agricoles pendant l’hivernage, mais également aux animaux de faire leur propre cure de sel dans les généreux pâturages de la vallée de l’Irhazer. C’est aussi une manifestation culturelle. La rencontre reste et demeure au fil du temps,  un véritable outil de culture de la paix, de renforcement de l’unité nationale, et de la cohésion sociale. A l’occasion de la 57ème édition de cet événement notre reporter a rencontré à Ingal le président de la plateforme paysanne, M. Bagna Djibo pour un entretien sur les objectifs et en enjeu de cette importante rencontre dédiée aux acteurs du secteur agro-pastoral.

M. le président, vous avez évoqué deux thèmes majeurs dans votre allocution à l’ouverture de la cure salée 2022. Pouvez-vous être plus explicite ? 

L’objectif de la cure salée au départ, était que les éleveurs, après des mois de transhumance, reviennent pour permettre aux animaux de lécher le sel. Donc quand ils reviennent, c’est l’occasion pour que chaque éleveur, chaque producteur, puisse montrer le comportement de son bétail pendant l’hivernage. Soit la campagne a été bonne, et en regardant les animaux on a le signal, soit la campagne n’a pas été bonne, et là aussi, il donne les raisons. Donc ce retour est important car ils ont amené le cheptel du pays quelque part  pendant des mois, il faut qu’ils rendent compte. Ça c’est le premier élément. Le deuxième élément, c’est que l’autorité profite de cette présence là pour échanger avec les éleveurs sur leur santé, sur le pâturage, sur beaucoup de sujets qui concernent la vie des éleveurs, et donner des orientations politiques du pays. Ces échanges-là permettent de prendre des décisions et à la fin, on se projette pour l’année suivante. Cela fait donc 57 ans que les gens sont en train d’organiser la cure salée. Quand vous regardez le site, notre analyse montre qu’il n’y a pas une grande évolution. Au contraire, il y a même une régression parce que de plus en plus, il y a moins d’implication des éleveurs dans l’organisation de la cure salée. La cure salée est devenue plus une fête politique qu’une fête des éleveurs proprement dite. Nous comprenons bien qu’il faut que ça prenne de l’envergure. Nous comprenons bien qu’il faut que l’Etat mette des dispositions pour que l’on discute, et que l’international puisse regarder ; mais nous avons besoin qu’on garde l’authenticité de cette fête-là qui est un brassage entre les différentes communautés, les différentes régions, et même les pays voisins. Nous voulons que les organisateurs, les gens qui tirent l’organisation  soient les éleveurs. Nous savons que c’est au niveau du financement. Si on veut aujourd’hui pérenniser la cure salée, il faudrait que les éleveurs, les organisations, et le ministère puissent réfléchir sur le mécanisme de financement et le mécanisme d’organisation de la cure salée. Il ne faudrait pas attendre la dernière minute pour fixer la date de la tenue de la cure salée. La date doit être fixée dès maintenant pour qu’on ne soit pas pris au dépourvu. Une fois qu’on a bien fixé la date dans le temps, mis en place un mécanisme dans le temps, réfléchi dans le temps, on pourra réussir l’événement. Hier le Premier ministre nous a reçus en audience, et il était d’accord avec nous qu’il va falloir  revoir le mécanisme avec le ministère de l’élevage, revoir l’originalité même de la cure salée pour qu’ensemble, éleveurs, ministère, et autorités locales, on puisse réfléchir sur les bonnes voies pour réussir l’événement.

Vous avez également évoqué la création d’un fonds pour soutenir les actions du monde rural. Comment comptez-vous rendre cela opérationnel ?

Après 57 ans, on ne peut plus continuer à attendre que l’Etat vienne donner les moyens pour organiser la cure salée. Nous sommes majeurs aujourd’hui pour commencer à réfléchir sur les mécanismes de financement de la cure salée. Par rapport au financement, ce que nous avons discuté, c’est que la BAGRI  est une banque agricole qui a été créée pour accompagner le secteur rural. Et trois fonds devraient accompagner la création de la banque pour qu’elle soit effectivement cette banque agricole. Le fonds de calamités, qui, en cas de calamité pourrait prendre en charge les conséquences de cette calamité. Il y a  le fond de garantie. Les taux de crédit au niveau des banques classiques sont élevés. Il faut que l’Etat mette en place un système qui permet de diminuer ces taux de crédit pour les producteurs. Du coup, ce fonds de garantie est aujourd’hui en train d’être alimenté à travers le FISAN qui est un fonds qui a été créé par l’Etat. Et nous pensons que ce fonds va être suffisamment alimenté par l’Etat pour qu’il soit capable non seulement d’assurer les calamités, les garanties,  mais aussi les bonifications. Il y a un troisième fonds qui est le fonds de bonifications qui devrait venir pour permettre à la BAGRI de pouvoir fixer des taux, peut-être à un chiffre, pour les producteurs. Et mieux, au niveau de la plateforme nous avons réfléchi autrement. Nous avons dit qu’aujourd’hui la banque agricole a besoin de ressources, des ressources propres, nos propres ressources. C’est pour cela que nous avons pensé à ce qu’on appelle « Malfaré » ou cotisation, où chaque producteur peut contribuer à 1000FCFA. Nous avons fait le calcul,  avec 85% de la population qui est rurale, (sur la base de 3.000.000 de producteurs en moyenne), on peut mobiliser 3 milliards FCFA par an. Si on a 3 milliards par an, donc en trois ans nous pouvons avoir les 10 milliards FCFA. Et la banque a été créée avec 10 milliards. Donc si on a 10 milliards au niveau de la BAGRI, nous pouvons demander à la BAGRI de financer les intrants, les engrais. Et même au niveau de ce site on va rendre compte devant le Président de la République de ce qu’on aura fait avec l’argent mobilisé. De la même manière qu’on peut soutenir la BAGRI, on peut soutenir d’autres sociétés qui sont en panne aujourd’hui. Nous ne pouvons plus continuer à attendre que l’extérieur vienne financer notre propre développement.

Propos recueillis à Ingall par Oumarou Moussa(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 Les diplômés et les étudiants en master droit notarial de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, ont créé une association, le 6 février dernier. Le but de cette association est de contribuer au rayonnement du notariat nigérien en particulier, et celui de l’Afrique en général. Le président de cette jeune association M. Gueguang Ghomo, explique l’importance, les missions, etc. de son association. 

M. le président de l’ADEN-UAM, les diplômés et les étudiants en master droit notarial de l’Université Abdou Moumouni de Niamey vous ont porté à la tête de leur association dénommée ADEN-UAM. Dites-nous ce que c’est ADEN-UAM et pourquoi l’avoir créée ?

Merci, de nous avoir donné l’occasion pour parler de notre association. Disons que l’Association des Diplômés et Etudiants Notaires de l’Université Abdou Moumouni en sigle « ADEN-UAM » est une association à but non lucratif, qui réunit tous les diplômés et étudiants en master droit notarial de l’Université Abdou Moumouni de Niamey. De ce fait, elle réunit des notaires, aspirants notaires, notaires salariés, ayant pour point commun le fait d’avoir été étudiants en master droit notarial à l’école internationale des notaires de Niamey. Précisément, elle réunit toutes les promotions confondues de la formation et se veut d’être utile à la société nigérienne, africaine, aux juristes, et au notariat du monde entier. Évidemment, elle a été créée d’abord, pour l’épanouissement de ses membres et l’optimisation du cursus académique des étudiants. Aussi, elle vise à promouvoir et à aider le notariat partout où le besoin peut se faire.

Monsieur le président, pouvez-vous nous présenter le Master international droit notarial de Niamey ?

Le Master international droit notarial de l’UAM est le fruit d’un partenariat entre plusieurs entités étatiques et non gouvernementales. Bien entendu, le partenariat met en relation le Ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation de la République du Niger, le Ministère de la Justice, l’Université Abdou Moumouni de Niamey, la Chambre Nationale des Notaires du NIGER (CNNN), la Commission des Affaires africaines (CAAF), l’Union Internationale du Notariat (UINL), le conseil supérieur du notariat français et le conseil général du notariat espagnol, pour ne citer que ceux-là. Sans nul doute, le master a été institué afin de répondre à un besoin de formation initiale de la profession de notaire en Afrique. L’objectif étant d’accroître la qualité du service notarial en Afrique d’une part, et d’appuyer les notariats membres dans l’accompagnement de leurs États pour assurer aux usagers  de droit, une sécurité accrue dans le monde des affaires. Évidemment, l’assainissement du Climat des affaires n'est pas du reste. 

Quels seront les domaines d’intervention de votre association ?

Notre association entend œuvrer non seulement dans un cadre académique, professionnel et juridique mais également au plan social et culturel. 

Qu’est-ce que votre association  l’ADEN-UAM  compte apporter pour le Niger ?

Dans le domaine de la justice nous souhaitons contribuer à l'amélioration de la pratique juridique à travers la plus grande vulgarisation des idées novatrices en matière de digitalisation et de numérisation de la justice. Nous voulons contribuer à l'élaboration et la mise en place des textes de droit plus justes et plus équitables pour tous les nigériens. Pour le notariat nous voulons contribuer à le rendre plus performant et dynamique aux grands bénéfices des citoyens nigériens et usagers de droit.

Monsieur le Président,  pouvez-vous nous dévoiler les outils et stratégies de votre nouvelle association pour atteindre ses objectifs ?

Les outils seront ceux qui sont à la portée de l’association. Nous pensons particulièrement aux nouvelles technologies de la communication. A l’instar, des réseaux sociaux et du web.

Pour réaliser les projets se rapportant aux objectifs de l’association, notre stratégie est d’impliquer tous les diplômés, étudiants et futurs hôtes de ce Master ; Mais également de collaborer avec les acteurs majeurs tels que les ministères de la Justice des Etats membres, l’Union Internationale du Notariat (UINL), la Commission des Affaires Africaines (CAAF) et les universités du monde qui pratiquent le droit notarial latin. Nous souhaitons communiquer et apporter notre empreinte indélébile dans le notariat moderne.

Vous avez été élu à la tête d’un groupe, quel message  aimerez-vous adresser à ceux qui ont placé leur confiance en vous  ?

J’aimerais leur exprimer ma gratitude pour le privilège qu’ils m’ont accordé en faisant de ma modeste personne, le président de notre belle association. Bien entendu, je mesure l’immensité de la confiance placée en moi ainsi que la lourdeur de la tâche qui m'est confiée, je ne les trahirai pas. Car, je me considère comme le serviteur de ces belles intelligences et je promets de respecter à la lettre le projet pour lequel j’ai été élu. Je sais que la réussite de ce projet aura lieu uniquement avec l’apport de tous. Je profite de cette occasion pour remercier les membres, les partenaires qui nous ont fait confiance et surtout ceux qui ont permis de faire de cette première une réussite totale. Il me vient à l’esprit de remercier particulièrement la Chambre Nationale des Notaires du Niger, sa présidente Me DJIBO Aïssatou, le restaurant «PAPAYO », votre organe de presse, l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP), etc.

Réalisée par Abdoul-Aziz Ibrahim

19 février 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le Directeur Général, vous êtes rentré du Sommet de Montpellier qui a réuni plusieurs acteurs des domaines divers et de toutes les régions d’Afrique. A cette occasion, vous avez présenté une communication sur le thème : « problématique de l’institution muséale africaine et enjeux pour le retour ou restitution des biens culturels à leurs pays d’origine ». Pouvez-vous nous dire l’objectif de cette communication ?

Merci infiniment pour l’occasion que vous m’offrez pour vous entretenir sur le sommet Afrique-France tenu à Montpellier du 5 au 10 octobre 2021. Pour ce qui est de la communication, mon choix du thème a porté sur la problématique de l’institution muséale africaine et enjeux pour le retour ou restitution des biens culturels à leurs pays d’origine pour échanger et discuter avec des collègues une telle sous thématique qui nous est commune. En effet, la plupart des musées ouest africains regroupés au sein du système AOF sont soutenus par les institutions françaises de recherche qui se sont succédées ou tout simplement ont changé de sigles, en l’occurrence l’Institut Français d’Afrique noire (IFAN) de Dakar, le centre national de recherches scientifiques (CNRS), l’office des recherches scientifiques en territoires outre-mer (ORSTOM) transformé à ce jour en Institut de Recherche en développement (IRD). Sans trop chercher à faire des fantasmes et certains propos corsés autour de l’idiologie coloniale par rapport à la création des musées africains dans l’espace AOF et autres systèmes géopolitiques, on peut tout simplement dire que nos musées ont la même source de création. C’est le cas du Niger qui eut son musée en 1958   et qui est inauguré le 18 décembre 1959 par le premier Président de la république Diori Hamani. Cela dit, le vrai défi qui se pose à notre pays et tout autre pays ayant un musée de la période coloniale, c’est de travailler d’arrache-pied pour une sauvegarde d’un joyau construit à grands frais par le fondateur et une multitude de philanthropes aguerris.  Ce fut le tour de Zinder d’avoir son projet de construction d’un musée régional à Zinder piloté par le feu colonel Moumouni Djermakoye Adamou en 1987 qui malheureusement n’a pas pu aboutir à cause de son aspect pharaonique et une erreur dans la prévision des charges récurrentes, une fois le projet terminé. A l’heure actuelle, le musée n’existe que par un centre de recherche et la deuxième partie du domaine foncier mis à disposition de ce musée est aujourd’hui occupée par la population riveraine du site. En 1996, la région de Dosso bénéficia de son projet de construction d’un musée dans le cadre d’un projet du développement de l’artisanat au Niger (DANI) financé par le Duché de Luxembourg qui intègre la construction du musée comme composante du projet. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets ; ce musée n’a pas pu bénéficier de la prise en charge des autorités régionales après la phase du projet, laissant ainsi un musée sans budget de fonctionnement à ce jour.  Cette erreur de prise en charge récurrente présage un disfonctionnement voire un arrêt définitif d’une institution qui constitue pourtant un miroir de la région. Toutefois, on salue le geste des autorités communautaires qui ont accepté de construire leur propre musée sans déranger l’Etat ; c’est l’exemple de la commune de Kara-Kara qui envisage de construire son propre musée étape par étape pour éviter de tomber dans les mêmes erreurs à l’image de Zinder et de Dosso. En effet, il faut se dire que la construction d’un musée quel que soit sa typologie doit se baser sur une programmation afin de mieux maitriser tout le processus.  Tout comme pour une école, on ne crée pas tous les niveaux à la fois. D’une manière générale, cette erreur dans la construction des ouvrages dédiés aux musées se rencontre un peu partout dans les pays africains lorsqu’il s’agit de construire un édifice pour réhabiliter ou abriter un musée.

Monsieur le Directeur, comment se présentent les musées africains par rapport aux autres européens surtout ? Et quelles sont les difficultés auxquelles les musées comme ceux du Niger sont confrontés aujourd’hui ?

La plupart des musées africains ont hérité de vieux bâtiments allant des anciennes demeures, des campements coloniaux, des couvents, des foyers, des édifices abandonnés voire des endroits hantés transformés en musée. Cette situation de nos institutions muséales logées dans des édifices mal adaptés aux fonctions de conservation traduit la plus grande difficulté empêchant l’épanouissement et un fonctionnement régulier de ces institutions. En tout cas, pour le Musée National Boubou Hama du Niger, c’est un privilège d’être logé dans des pavillons construits à cet effet. Son projet de construction est à l’actif de Boubou Hama, homme de lettre et ancien président de l’Assemblée Nationale qui demanda l’affectation d’un coopérant français du nom de Pablo Toucet, Français d’origine espagnole ayant déjà une expérience africaine dans le domaine pour avoir participé à l’édification du musée de Bardo en Tunisie ; archéologue et architecte de formation, M. Pablo Toucet a créé autour de lui un réseau de cadres nigériens qui l’ont aidé à construire un musée adapté aux réalités socioculturelles du Niger dans sa diversité ethnique. Si notre pays dispose aujourd’hui de l’un des plus beaux musées d’Afrique voire du monde, c’est parce que Boubou Hama en a fait son problème personnel pour bâtir cette institution qui constitue une fierté nationale du pays. Le cadre institutionnel de la plupart des musées de l’Afrique d’expression francophone, anglophone et lusophone évolue d’un pays à un autre selon l’historique de leur création et sont pour la plupart des musées nationaux. Si en Afrique, beaucoup de nos musées sont considérés comme des sanctuaires aux vieux objets, en Europe et en Amérique du Nord, ils constituent de véritables centres de recherches et d’excellence pour les Universités et fondations, ce qui traduit leur rôle éducatif, scientifique et culturel.

Vous avez évoqué la situation de la restitution ou du retour des biens culturels africains de la France. Quels sont les pays qui sont concernés par cette action ; combien d’œuvres la France doit-elle au Niger et comment ?

Comme vous le savez, la restitution ou le retour des biens culturels à leurs pays d’origine constitue la thématique centrale du sommet de Montpellier du fait qu’elle constitue le point fort de l’intervention du Président français depuis son discours de Ouagadougou tenu le 28 novembre 2017. A Ouaga tout comme à Montpellier, le Président Macron, sur contours de restitution, notamment l’enquête menée par deux (2) experts à savoir : le professeur Felwine Sarr, professeur à l’Université Gaston Berger de Saint-louis (Sénégal) et Madame Bénédicte Savoy (Française), professeur d’histoire de l’Art à la Technische universitat de Berlin (Allemagne), qui ont procédé à une enquête d’identification des objets africains dans les musées et autres institutions de recherche. Cette étude a révélé 66.980 objets dans les musées et institutions françaises dont 1615 objets sont d’origine nigérienne et datent de la période de 1884 à nos jours. Certes, il est établi que l’étude des deux (2) experts sénégalais et français a fait cas de 66.980 objets africains dans les musées et institutions français. Cette étude n’est qu’une étape ; donc, il appartient à chaque Etat d’entreprendre des démarches techniques et professionnelles pour parvenir à une restitution négociée sur la base de cette étude. Toutefois, tous les partenaires à ce sommet, surtout les professionnels du musée, savent très bien que cette restitution ne saurait se faire par des vindictes publiques mais plutôt par des négociations intenses. Pour ce faire, tous les pays intéressés par ce retour ou restitution doivent utiliser toutes les voies et moyens voire les canaux diplomatiques conformément à la volonté du Président Macron qui a accepté de restituer quelques œuvres d’art africain à certains pays africains, à savoir le Bénin, le Sénégal et éventuellement la Cote d’Ivoire. Il reste clair que notre pays le Niger avec 1615 objets repérés en France n’échappera pas à la règle. Nos objets dans les musées et institutions français remontent de la période de 1884 à nos jours. Cela dit, la restitution ou le retour de ces objets nigériens ne saurait se faire dans la précipitation ; par conséquent, à l’image du Bénin et du Sénégal, le Niger peut opter pour une restitution partielle à défaut d’être totale.

Qu’est-ce que vous recommandez dans ce sens ?

Apprendre qu’on a révélé une si importante collection d’objets africains dans les musées français, cela constitue une avancée significative mais le problème n’est pas seulement de le savoir mais l’important, c’est d’instaurer des mécanismes techniques adéquats pour parvenir à une restitution ou retour partiel. Ce mécanisme de restitution partiel constitue un moyen efficace de régler le retour des objets appartenant à tous les pays africains. La notion de restitution ou de retour des objets d’Art africains à leurs pays d’origine n’est pas seulement l’affaire de la France mais celle d’autres pays européens et américains. Sur le plan international, l’effort de l’UNESCO est à féliciter pour avoir mis en place tout un arsenal de protection de notre patrimoine culturel matériel et immatériel depuis plusieurs décennies. On peut citer entre autre les conventions de l’UNESCO (1954, 1970, 1972, 2001, 2003 et 2005). Toutefois, l’efficacité d’un texte international quel que soit sa teneur et sa rédaction dépend de l’application des réglementions nationales à cet effet.  Autrement dit, il ne suffit pas d’adhérer à une convention internationale, mais il faut une application stricte au plan national. Un tel mécanisme garantit un contrôle permanent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur et constitue un moyen d’empêcher le trafic illicite des biens culturels et éviter ainsi à l’avenir des réclamations des restitutions ou de retour. Par rapport au retour ou restitution des biens culturels à leurs pays d’origine, chaque Etat doit remplir les conditions d’accueil des objets qui lui seront restitués et mettre en place des mécanismes de gestion et de contrôle pour éviter une dégradation ou un nouveau trafic pouvant faire sortir les objets restitués. Aussi, chaque Etat doit envisager la construction d’un nouveau pavillon pour accueillir et mettre en valeur dans des conditions sécuritaires appropriés les objets qui seront restitués ou retournés. Pour le Niger, d’ores et déjà, le Musée National Boubou Hama prévoit dans son plan de réhabilitation la construction d’un nouveau bâtiment estimé pour accueillir les objets qui seront partiellement restitués.

Propos recueillis par Ali Maman

29 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le Préfet, pouvez-vous présenter à nos lecteurs votre entité administrative ?

Le département de Gaya est situé dans l’extrême Sud de notre pays, précisément dans la région de Dosso. Il est limité à l’Est par le département de Dioundiou ; à l’Ouest par le Benin ; au Nord par le département de Dosso et au Sud par le Nigéria.  Sa superficie est de 2. 476 Km2. Selon les estimations de l’Institut National de la Statistique (INS) 2020, la population du département de Gaya est de 367.262 habitants. Il compte six (6) communes en l’occurrence Bana ; Bengou ; Gaya ; Tounouga ; Tanda et Yélou. Sa population est composée majoritairement de Zarma-sonrai ; Haoussa ; Peulh ; Touaregs. Les principales activités de la population sont l’agriculture ; l’élevage ; le commerce ; l’artisanat et la pêche.   

Sur cette zone de trois frontières de Gaya, les trafics d’armes illicites, de drogue, des stupéfiants et de carburant fraudé constituerait une réelle menace sécuritaire. Quelle est l’ampleur de la situation aujourd’hui ?

Le trafic d’armes, nous ne pouvons dire qu’il existe réellement. Il arrive de temps en temps que les Forces de défense et de sécurité arrêtent certains trafiquants. Mais les trafics ou la fraude à grande échelle qui menace dangereusement le département de Gaya, c’est surtout le trafic de carburant et de drogue qui dépassent largement le cadre  local que nous avons connu et qui permettait aux gens de se débrouiller pour joindre les deux bouts. Aujourd’hui, les trafics de carburant et de drogue se font à grande ampleur en direction du Nord Doutchi et du Nord Loga. Le trafic rentre dans le cadre de ce qu’on appelle l’économie criminelle parce qu’il rejoint les bandes terroristes qui écument le Nord Mali. Par ailleurs, il faut dire que le fleuve est aussi utilisé dans le cadre du trafic de carburant et de la drogue pour servir la zone du Liptako à travers certains points de rencontre qui sont au-delà du département de Gaya. Selon nos informations, le carburant va jusqu’à Gao pour remonter dans le Nord Mali. C’est vraiment ce rôle qui est entrain de donner à l’espace Dendi ou bien le département de Gaya. Ce qui est inquiétant parce que c’est le carburant fraudé du Nigéria qui est transporté par des centaines de motos et de véhicules vers le Nord.  Les autorités sont en train de prendre les mesures qui s’imposent pour lutter efficacement contre cette fraude. Au-delà du département de Gaya, on peut dire que l’ensemble de nos frontières, à savoir le Bénin et le Nigéria, connaissent  ce phénomène. Et c’est la jeunesse qui est concernée dans la mesure où c’est elle qui transporte les bidons d’essence sur des motos.  C’est cette jeunesse qui est à la recherche du gain facile.  Qui connait le Dendi avant, la jeunesse travaillait la terre ; pratiquait l’élevage et la pêche. Mais malheureusement, aujourd’hui, cette jeunesse est en train d’être détournée dans ce trafic. Nous pensons que les solutions résident dans la sensibilisation afin de juguler ce phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur.

Est-ce que la douane arrive à saisir des quantités importantes de drogue et de carburant  fraudé ?

Oui. Tout récemment, il y a eu la saisie d’une quantité importante de la drogue au niveau du poste de contrôle juxtaposé de Gaya et dans certains villages se trouvant le long du fleuve. Ce qui est inquiétant, souvent, on voit les motos s’aligner sans savoir qu’elles transportent de la drogue. Ces motos empruntent des voies où les véhicules ne peuvent pas circuler. C’est vraiment un phénomène qui mérite l’attention de tout le monde.         

Le contrôle et la gestion des frontières relèvent d’une coopération transfrontalière interactive. Comment se présentent vos relations, en tant que première autorité du département, avec vos homologues des entités frontalières du Benin et du Nigéria ?

Nos relations avec les pays frères du Bénin et du Nigéria sont excellentes.  Nous avons des cadres de concertation, surtout sur le plan sécuritaire. Nos échanges concernent aussi l’intercommunalité où nous avons en place ce qu’on appelle désormais l’espace Dendi qui dispose même d’un programme dénommé « Dendi Ganda» regroupant  six (6) communes du département de Gaya ; quatre (4) communes de la République Fédérale du Nigéria  et deux (2) communes du Benin.  Cette coopération transfrontalière permet de résoudre ensemble beaucoup de problèmes liés à la vie socio-économique de nos populations. Aujourd’hui, des villes comme Malanville (Bénin) et Kamba (Nigéria) sont des villes jumelles de Gaya. C’est dire que la coopération transfrontalière se porte très bien. Nous avons cet outil dynamique de « Dendi Ganda » qui permet de contrôler l’ensemble des activités économiques, commerciales et culturelles dans la zone. Depuis  un certain moment, les organisations régionales ou sous-régionales comme la CEDEAO et l’UEMOA s’activent à créer ce dynamisme de rapprochement entre nos populations. Donc, les administrations des trois pays sont obligées de collaborer. Tout récemment, les représentants de ces trois pays se sont retrouvés à Dosso dans le cadre de la mise en place d’une stratégie de lutte contre la pandémie à coronavirus ou COVID-19. Cette rencontre a abouti à la signature d’un protocole d’accord d’intervention. Il y a aujourd’hui sur les frontières de ces trois pays un dispositif de coopération. C’est pour vous dire que nous ne sommes pas isolés. Nous agissons ensemble à travers l’intercommunalité. C’est un dynamisme qui fait son bout de chemin depuis un certain temps.

La position géographique de Gaya constitue un atout indéniable pour les échanges commerciaux, quels sont les avantages que tire le département ?

Comme je le disais tout à l’heure, Gaya est un peu l’épicentre de ce que les Universitaires du département de Géographie qui ont étudié l’espace Dendi appellent « le business center»  parce que Gaya est entre Malanville et Kamba. Le commerce est intense que ce soit les vivres ; les produits transportés du port ; les différents marchés de Malanville et de Kamba. En effet, il y a quelques années, c’était Malanville qui constituait le point culminant du commerce transfrontalier. Aujourd’hui, la tendance est inversée parce que Gaya a pris le dessus sur Malanville et même dans une certaine mesure sur Kamba. Tous les grands commerçants nigériens résidant au Nigéria et au Bénin ont compris la nécessité  de venir investir à Gaya. La ville de Gaya est aujourd’hui dynamique en matière de commerce. On remarque l’intensité du commerce de tous les produits vers Gaya. C’est un flux très important qu’on constate en faisant un tour dans la ville de Gaya avec beaucoup de magasins. Il y a de cela quelques années, ces magasins étaient beaucoup plus présents du côté de Malanville (Bénin). Gaya vit aujourd’hui de ce commerce transfrontalier. Les commerçants nigériens résidant dans les pays côtiers ont pris conscience d’investir au pays. Cette prise de conscience est aujourd’hui accompagnée par la facilitation au niveau du cordon  douanier au Niger. Toutefois, on constate aussi que le commerce est extraverti dans le département de Gaya surtout pour la filière riz et bétail. Le riz produit à Gaya est exporté soit au Nigéria ou au Bénin. C’est aussi pareil pour le bétail en raison des avantages que tirent les populations.

La libre circulation des personnes et de leurs biens est une priorité pour tous les Etats membres de la CEDEAO ; est-ce qu’au poste de contrôle juxtaposé de Gaya, ce vœu cher à l’institution communautaire est une réalité ?

Lorsque j’ai pris service le 30 décembre 2020, nous étions en plein COVID-19. Le poste de contrôle juxtaposé était carrément fermé. Mais depuis la réouverture du poste, il n’y a aucune difficulté. Le passage est fluide. Il n’y a aucun problème entre le Benin et le Niger. Le contrôle s’effectue normalement. Les populations passent comme sur des roulettes à la frontière. Le poste juxtaposé a permis quand même de mettre en place un dispositif technique qui facilite le passage des voyageurs et leurs biens. Les choses se font simultanément et rapidement. Bref, il n’y a aucun problème au niveau de la libre circulation des personnes et de leurs biens. Le seul problème qu’on avait, c’était la mesure prise par le Benin concernant l’interdiction temporaire de l’exportation du maïs et certains produits alimentaires compte tenu des difficultés qu’il y a au sein du pays. Les prix du maïs ont grimpé à l’intérieur du Bénin. Et donc les autorités ont jugé utile de réguler l’inflation. C’est la seule difficulté que connaissent nos populations. Là aussi, c’est des mesures que chaque pays est souverain de prendre pour protéger sa population. Sinon, on n’a pas constaté quelque chose qui entrave la libre circulation des personnes et de leurs biens.

Réalisée par Hassane Daouda et  Ismaël Chékaré, Envoyés Spéciaux(onep)

17 septembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le Directeur, présentez-nous votre Institution qu’est l’Agence Judiciaire de l’Etat (AJE)?

Je remercie l’ONEP pour l’intérêt qu’il porte à notre Institution. Certes, l’Agence Juridique de l’Etat (AJE) est une nouvelle Institution dans le paysage des Institutions nationales, en réalité, je dois dire que notre agence était l’ancienne Direction des Contentieux de l’Etat, qui était logée au Secrétariat Général du Gouvernement. Au vu du nombre important de contentieux auquel l’Etat fait face, les autorités ont jugé utile de créer une agence, qui sera dédiée uniquement au traitement et à la prise en charge de ces contentieux. C’est donc de cette idée qu’est née l’AJE et cela depuis 2017. Depuis cette date nous avons accompli beaucoup de travail et traité de nombreux dossiers.

Quelles sont les missions et attributions de votre Agence ?

Les textes qui régissent l’AJE lui ont donné comme missions principales : de prendre en charge et de régler toutes les affaires contentieuses dans lesquelles l’Etat est partie, devant les Instances judiciaires ou arbitrales, tant nationales qu’internationales. Ainsi, dès que l’Etat est convoqué devant les juridictions, c’est l’AJE qui doit se présenter pour le représenter. Donc en tout lieu du territoire national, l’Etat doit se donner les moyens d’être présent devant le tribunal d’instance de la localité où il est convoqué. En effet, Il a été constaté que l’Etat perd des procès parce qu’il ne s’y est pas présenté. Il est régulièrement cité mais est absent, donc il perd le procès. Donc le défi majeur de l’AJE est de représenter l’Etat partout et à toutes les audiences où il est cité.

Je dois cependant précisé qu’il ne s’agit pas uniquement des juridictions nationales. L’Etat a des dossiers au niveau de la Cour de la CEDEAO (Abuja), il a aussi des dossiers devant le cour de justice et d’arbitrage de l’OHADA (Abidjan), il est aussi devant le tribunal de Ouagadougou, donc partout le Niger est judiciairement attaqué. C’est que l’AJE doit être présente au niveau de toutes ces instances de justice.

L’AJE a été créée en avril 2017. Combien de dossiers avez-vous eu à gérer et quels en sont les résultats ?

Pour faire face à toutes ces sollicitations, nous avons mis en place une organisation. C’est ainsi que nous avons des organes de gestion et de direction. L’AJE est dirigée par un Conseil d’Administration, qui définit la démarche à suivre par l’Institution. Il y a aussi des organes exécutifs dont la Direction générale, dirigée selon les textes par un magistrat professionnel rompu à la pratique judiciaire. Cette direction comprend cinq départements qui prennent en charge toutes les questions où l’Etat a des intérêts. Il s’agit des départements des Affaires Civiles, qui depuis l’installation de l’AJE, a géré à ce jour 1.630 dossiers. Ces dossiers relèvent des affaires fiscales, pénales, de détournements des deniers publics, des marchés publics, des affaires en précontentieux, ainsi que diverses autres affaires (titres fonciers, accidents de circulation, etc.). Il faut préciser que devant la cour de la CEDEAO, nous avons 7 dossiers.

Nous avons aussi des dossiers devant les juridictions arbitrales, dont celui de la Chambre de Commerce de Paris, relatifs aux litiges que le Niger a avec certains partenaires et investisseurs. Mais au niveau de l’AJE nous sommes en train de travailler pour ramener le règlement de tous ces contentieux au Niger. Car nous avons une chambre de Commerce qui a mis en place un centre de médiation et d’arbitrage très performant avec toutes les ressources humaines nécessaires. Nous avons aussi le département du contentieux administratif. Il faut dire que de l’installation de l’AJE à ce jour, nous avons 232 dossiers à l’actif de ce département. La plupart de ces dossiers concernent, en réalité, les problèmes des chefferies traditionnelles, leurs mises en places ou encore les élections. Nous avons aussi des recours face à certains actes administratifs, par exemple certaines décisions prises par les gouvernants et qui sont attaquées judiciairement. Il y a aussi un département des accidents de circulations.

A ce niveau, l’Etat du Niger est le plus grand propriétaire du parc automobile (camions, véhicules de l’armée et des FDS, de l’administration et de ses démembrements). Il y a aussi des brigades fluviales avec leurs pirogues, des motos, bref la gestion de tout ce parc induit des accidents, qui mettent en cause la responsabilité de l’Etat. Sur ce plan, à ce jour, nous avons eu 2.455 dossiers d’accidents de circulation en tout genre. C’est d’ailleurs le plus gros contentieux que nous gérons actuellement. Nous avons aussi un département de poursuites et recouvrement. Il s’agit à ce niveau des affaires en provenance de la cour des comptes, qui après des audits dans certaines entreprises, sociétés ou municipalités, elle établit des rapports ou des arrêts de condamnation dont nous sommes chargés de l’exécution. Nous avons en plus des rapports d’inspection, que nous traitons. Ce département a, en instance, 43 dossiers. A titre d’exemple, l’AJE a recouvré, du 1er janvier à la date du 31 juillet 2021, la somme de 1.461.497.174 FCFA. Enfin, nous avons le département des Affaires financières et de ressources humaines.

En somme, l’Etat gagne-t-il les contentieux contre les particuliers ou bien c’est l’inverse ?

Cette question est intéressante. Lorsqu’on fait un procès contre l’Etat, l’AJE souhaiterait bien le gagné. Il se trouve qu’effectivement, compte tenu des décisions antérieures, qui ont été prises dans certains dossiers, l’Etat se trouve être condamné. Cependant, l’Etat remporte et gagne aussi des procès. En fait nous gagnons beaucoup plus de procès que nous en perdons. Les dossiers perdus ont plus d’échos et de bruits que ceux gagnés par l’Etat. Ils bénéficient beaucoup plus d’effet publicitaires et de visibilités que ceux qu’ils ont remportés. Par exemple, dans certains procès, il est réclamé à l’Etat au cours de cette année 2021, par rapport aux procès pour accidents de circulation un total de 11.235.800 FCFA. Mais après vérifications, l’Etat n’a eu à payer que 4.047.800 FCFA. C’est qui a fait que l’Etat a eu un gain de plus de 7.000.000 FCFA. Ainsi, l’Etat a payé beaucoup moins que ce qui était demandé. Dans certains procès relatifs aux chefferies traditionnelles, lorsque le Ministère de l’Intérieur ou les Autorités régionales (gouverneurs, préfets), prennent de décisions de convocation de corps électoral, elles sont souvent attaquées, que cela va jusqu’au procès, la plupart de temps c’est l’Etat qui les gagne. Même si le gain est immatériel, le recours qui a été intenté a permis à l’Etat de remporter le procès. Depuis l’installation de l’AJE, il y a 5 ans, en termes de recouvrement, c’est près de 20 milliards FCFA que notre institution a permis à l’Etat de recouvrir. Donc, c’est en moyenne 4 milliards FCFA par an qui sont recouvrés par l’Etat.

Dans le cadre de notre activité, l’AJE essaye de soigner l’image de l’Etat et pour défendre cette image, il faut très rapidement régler le dommage auxquels ont droit  les victimes. La plupart de temps, dans les dossiers, nous sommes dans un contexte de crise sécuritaire, toutes les attaques qui entrainent des morts de nos soldats sur le terrain c’est l’AJE qui prend en charge le règlement du capital décès pour les familles de ces militaires, pour les veuves et les orphelins. Donc, très rapidement, nous traitons ces dossiers pour au moins fournir ce réconfort. Moralement on essaye d’assister ces familles et très rapidement le dossier concernant le capital décès des veuves et des orphelins ça c’est le rôle de l’AJE. Le capital décès est fixé en fonction du nombre des veuves et des orphelins. Normalement ça tourne autour de 7 millions FCFA par ménage. A chaque attaque s’il y a des morts l’Etat doit prendre en charge les veuves et les orphelins. Il faut souligner ici, que le temps de la justice n’est pas le temps que nous l’on voudrait car la victime a toujours tendance à faire des calculs et est pressée. Mais le chronomètre de la victime n’est pas celui de la procédure administrative. La  procédure peut prendre 2 ans, 3 ans ou même 4 ans. En plus, une décision rendue en première instance peut être frappée d’appel. Ensuite il peut avoir un pourvoi en cassation. Donc tout ce processus peut aller jusqu’à 5 ans minimum. Heureusement, selon les textes, l’AJE peut faire les transactions avant, pendant et après le procès. Ça rentre dans le cadre de nos compétences pour garder une bonne image de l’Etat. Donc nous pouvons engager des discussions pour faire des protocoles d’accords avec les victimes à tout moment. Mais lorsque les victimes font le choix de la procédure judiciaire, nous ne pouvons qu’à nous tenir à ces procédures judiciaires, et attendre le temps qu’il faut. Lorsqu’un dossier arrive à l’AJE nous essayons de faire le plus rapidement possible pour le faire avancer. Par exemple, pour le dossier de capital décès, ici, en une semaine nous réglons le dossier pour essayer de le transmettre au niveau des finances. Souvent, pour les dossiers qui sont à l’AJE, quand il s’agit des dossiers des militaires décédés sur le théâtre des opérations, à l’AJE on traite le dossier avec diligence et on les transfère au ministère des finances.

Effectivement, au ministère des finances il y a la gestion des stocks de toutes les dépenses qui peut rallonger le délai du traitement. Il est plus facile de privilégier la transaction. Maintenant, si la transaction doit se faire dans un esprit de compromis de chaque côté ce n’est pas parce qu’on est Etat qu’on va s’engager à payer des montants fabuleux. Il faut que ça soit supportable par les finances publiques. Les gens pensent que nous trainons, non, nous aimerons bien évacuer tous les dossiers. Par exemple, dans le dossier d’accidents de circulation routière aussi, effectivement il faut qu’on établisse la responsabilité des uns et des autres. Ce n’est ne pas parce que un véhicule de l’Etat est impliqué dans un accident que l’Etat doit nécessairement payer et d’ailleurs, on a des conducteurs de véhicule de l’Etat qui commettent des  accidents, on va de plus en plus vérifier. On va voir s’il n’y a pas faute personnelle du chauffeur du véhicule au moment de l’accident. Si cette faute personnelle est établie, l’AJE a droit d’exercer des actions récursoires contre cette personne, pour faire rentrer l’Etat dans ses droits. Donc, de plus en plus on va aussi initier cette action pour que l’Etat engage des actions contres ces proposés par  la faute desquels l’Etat a été condamné, quand il s’agit des fautes personnelles.

Quel sort réservez-vous aux enquêtes administratives diligentées par l’Inspection Générale d’Etat, qui vous sont d’office destinées ?

Effectivement, lorsque nous recevons nos enquêtes administratives, par le canal de l’inspection régionale de l’Etat, nous au niveau de l’AJE, on privilégie d’abord le remboursement lorsque des irrégularités sont établies contre des personnes dénommées, on convoque ces personnes pour leur signifier les irrégularités relevées par l’inspection contre elles ou tout autre organe de contrôle parce que nous sommes destinataire de tous les rapports établis par les organes de contrôles. Donc l’AJE prend en charge ces dossiers et la première préoccupation d’abord avant même d’engager les poursuites pénales, c’est le remboursement s’ils reconnaissent les faits. Donc on peut faire des mises en demeure pour que les irrégularités soient réglées à l’amiable lorsque les personnes reconnaissent.

On a eu des dossiers qui ont été libérés de cette manière ou le recouvrement, dont je parlais, rentre dans ce cadre. Donc après ce recouvrement évidement il revient à l’AJE de voir est ce qu’il est important de  poursuivre le procès pénal, parce qu’il y a l’acte pénal qui est là, c’est laissé à l’appréciation de l’agent judiciaire de l’Etat. Mais lorsque les faits établis par l’inspection ne sont pas reconnus, évidemment nous transmettons les dossiers au parquet d’instance compétent pour engager les poursuites. Et lorsque le dossier est devant le juge, l’AJE poursuit pour obtenir une condamnation qu’on va exécuter. De plus en plus il y a des personnes qui sont condamnées à payer des dommages et  des intérêts à l’Etat ou des amandes mais rien n’est fait. L’AJE aussi prend en charge l’exécution des décisions de condamnation.

Selon vous, que faut-il faire pour améliorer les techniques de prévention du contentieux ?

Aujourd’hui, on doit dépasser ce stade de sensibilisation parce que lorsque vous prenez fonction vous avez un cahier de charges, vous avez tout ce qui est répréhensible. Aujourd’hui ce qu’on doit faire, c’est ce travail de contrôle et de prévention en amont. C’est le défi principal, pour éviter les tractations des ressources destinées à l’Etat. L’AJE doit faire ce travail de vulgarisation des textes et à mon avis, il faudrait aussi imposer des contrôles périodiques aux agents chargés de gérer les ressources publiques de l’Etat. On doit instaurer des contrôles périodiques. La notion de contrôle permettra d’amoindrir la captation des ressources publiques. Lorsque nous recevons les rapports d’inspection, nous préparons des lettres en l’intention de ministres concernés, pour transmettre des recommandations issues de ces rapports, pour corriger les imperfections et les irrégularités relevées.

Réalisée par Mahamadou Diallo(onep)

12 novembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

 

Monsieur le directeur, quel est aujourd’hui l’effectif du parc automobile national ?

Nous avons aujourd’hui environ 6700 véhicules administratifs et 3500 motos. Donc, nous avons un parc d’environ 10.000 véhicules, tous genres confondus, répartis dans les différentes structures de l’Etat, et les institutions. Nous ne comptabilisons pas  les véhicules qui relèvent des autres sociétés, à savoir les sociétés d’Etat, les sociétés d’économie mixte, les établissements publics à caractère administratif, les établissements publics à caractère industriel. En somme, tous les véhicules qui ne sont pas immatriculés en série administrative.  Aujourd’hui, nous pouvons vous dire que nous avons un parc important.

Mais comment vous gérez tous ces véhicules et précisément qui a droit à un véhicule administratif au Niger ?

Tout est cadré. C’est vrai que le texte est vieillissant, mais il y a le décret 86-324 du 11 septembre 1986 relatif à la gestion du parc automobile national qui cadre  la nature des véhicules, leur affectation ainsi que les personnes qui sont autorisées à en disposer. D’après toujours ce décret, il y a des véhicules dits de fonction. Là, c’est lié à la fonction. C’est  le  ministre des finances qui affecte un véhicule de fonction.

En général, ce sont les Directeurs généraux, les membres du gouvernement, les grands chanceliers, les personnalités de rang ministériel, les directeurs de cabinet du Président de la République, du Premier ministre, les secrétaires généraux, le Secrétaire général du gouvernement et son adjoint, les inspecteurs d’Etat, les Secrétaires généraux des Ministères, le recteur, les présidents des différentes cours (cour d’appel, cour des comptes) le Procureur général, le directeur du protocole voilà ceux qui sont cités pour disposer légalement de véhicule de fonction. Donc tout ce que vous voyez au niveau de l’administration en général, c’est des usages non véritablement conformes à la réglementation.

Donc aujourd’hui cette disposition relative au décret précité n’est pas respectée ?

Elle n’est pas respectée malheureusement  et il va falloir prendre des mesures soit pour une application stricte de ce décret, ou comme nous l’avons fait à un certain moment essayer de corriger, de proposer un autre texte qui puisse prendre en compte le contexte actuel. Donc compte tenu du développement de certaines structures de l’Etat et de certains démembrements et même des institutions de l’Etat pour pouvoir intégrer les nouveaux postes de rang qui ne sont pas pris en compte par ce décret. Nous avons fait ce travail et même introduit dans le circuit un projet de textes portant révision ou réglementation des véhicules de l’Etat. Malheureusement à cette date, ce décret n’est pas encore pris, mais je pense compte tenu aujourd’hui de l’importance de la question, il est important de réveiller ce dossier et de le mettre dans le circuit.

Mais concrètement quelle est la responsabilité d’un détenteur de véhicule de service ?

Ne regardez pas ce qui se passe dans la pratique courante. Il m’est arrivé de voir des responsables charger les véhicules de service avec des choses qu’ils ne devraient pas  prendre et pendant les heures de service. Vous savez, quand on pose certains actes, on est conscient de leurs enjeux. En réalité, on ne parle pas de la légalité ou du respect de la réglementation en l’espèce. Les gens savent pertinemment que ce n’est pas normal, mais ils le font. Il nous arrive d’appeler les gens pour leur rappeler leur devoir civique. Le bien public est sacré donc on le respecte. Quand on vous donne un véhicule de fonction, vous devrez l’entretenir.

Nous avons déjà une structure : le garage administratif qui dispose de tous les cadres nécessaires et de tous les matériels techniques nécessaires pour prendre en charge toutes les questions nécessaires à l’entretien et à la réparation des véhicules de l’Etat. Il s’agit tout simplement en temps opportun de nous saisir pour entretenir ces véhicules. Beaucoup ne le font pas certainement parce que c’est un véhicule administratif. C’est dire que certains responsables ne prennent pas toutes les dispositions pour l’entretien.

Au-delà de l’entretien, que se passera-t-il en cas de perte d’un véhicule administratif ?

En cas de perte d’un véhicule administratif et tout naturellement, il y a les structures de l’Etat qui sont là pour assurer toutes les enquêtes nécessaires et situer la responsabilité. Ça peut aller jusqu’ au remboursement, au paiement intégral à travers l’AFE (l’agence fiduciaire de l’Etat) qui est une structure rattachée au ministère des finances. Si  la responsabilité n’est pas bien située, alors l’Etat assure cette responsabilité.

Au Niger, l’usage des véhicules de service fait couler beaucoup d’encre et de salive. Ces véhicules de fonction sont devenus  aujourd’hui des véhicules de transport d’enfants pour l’école, de marchandises… Que répondez-vous ?

Je vais d’abord rappeler que, du 20 au 25 novembre 2022, le Niger a accueilli un grand événement international. Il nous est arrivé d’adresser jusqu’à 686 demandes de réquisition. Parce que la présidence de la République nous a demandé de combler un écart assez  important d’environ 400 véhicules qui doivent rentrer dans le cadre de l’organisation de ce sommet.

Les réquisitions sont arrivées au niveau des responsables, mais ils ont refusé d’obtempérer, de déposer les véhicules. Nous, on nous a demandé 400, nous sommes allés jusqu’à 686 en espérant  tout compte fait, de combler cet écart. Mais, les gens ont refusé. Deux ou trois jours avant le sommet, on m’a notifié un gap assez important. J’ai fait le point, je n’ai à peine qu’une centaine de véhicules. J’ai été obligé de passer à la vitesse supérieure. C’est en ce moment-là que nous avons fait intervenir les forces de l’ordre pour obliger ces responsables à remettre les véhicules de l’Etat. Je crois que votre question  appelle au sens du devoir de tout un chacun. L’Etat vous a doté d’un véhicule, ce véhicule-là ne vous appartient pas.

L’Etat prend en charge l’entretien, la réparation et l’Etat prend en charge aussi le carburant. L’Etat vous demande juste, à travers une réquisition qui est régulière, de remettre  le véhicule pour juste un petit temps. Deux ou trois jours au maximum cinq jours et après, nous avons même dégagé un budget au cas où il y a des accidents au cours de cette opération. Nous avons pris l’engagement de remettre ces véhicules en état avant de les restituer à leurs propriétaires. Mais les responsables ont refusé. Moi je pense qu’il faut restaurer l’autorité de l’Etat !

Mais dans la réglementation, ces détenteurs de véhicules de fonction sont-ils obligés de les  remettre chaque fois qu’il y a de telles opérations ?

Je vais vous citer un cas dont je me rappelle bien pendant le régime d’exception. Un responsable administratif qui avait refusé de remettre le véhicule à la suite d’une réquisition, le Préfet de la région a autorisé immédiatement la gendarmerie nationale de l’arrêter. Ils l’ont arrêté et ils lui ont  pris le véhicule. Ça, c’est une disposition exceptionnelle. Mais je pense que lorsque l’Etat réquisitionne, même si c’est des biens privés, la loi fait obligation de remettre la clé.

En cas d’incidents, on ne le souhaite pas, on situe les responsabilités. Si c’est du côté de l’agent, la charge lui incombe et la loi lui fait obligation de réparation. Donc les dispositions réglementaires existent. En réalité, nous n’avons pas voulu aller jusque-là, mais nous avons juste voulu, pour les besoins du sommet, arrêté à travers les forces de police des véhicules dans la circulation que nous avons restitués juste à la fin. Certains ont nécessité quelques réparations, nous allons les réparer et les restituer.

Permettez- moi d’insister, Monsieur le Directeur, est ce que dans la réglementation, l’Etat attribue un véhicule à l’agent pour les besoins de la fonction seulement ou bien même pour l’usage familial ?

En réalité, c’est un véhicule de fonction, donc lié à l’exercice de la fonction. Il y a des véhicules de fonction et des véhicules dits de liaison. Les autres véhicules que vous voyez là en général, c’est des véhicules de liaison qui sont censés restés dans les administrations. Après les heures de service, vous les déposez et vous prenez votre véhicule, vous partez. C’est ce que dit la réglementation. Seuls les véhicules de fonction sont utilisables en dehors de heures de service et je vous ai cité les personnes qui en ont droit et qui peuvent les utiliser même en dehors des heures de service. Egalement, sauf les personnes de rang ministériel peuvent avoir droit à plus d’un véhicule. Mais en règle générale, les véhicules de fonction vous ne l’utilisez que pour la fonction et non pour prendre des marmites, des casseroles, et d’autres ustensiles  lors des baptêmes et des mariages.

Mais concrètement Monsieur le Directeur, quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans la gestion du parc automobile au Niger ?

Les difficultés sont de différents ordres. Le premier ordre, c’est en général, les difficultés liées à l’allocation des crédits de fonctionnement. Compte tenu de l’importance de notre intervention, le budget qui nous est affecté ne nous permet pas de prendre en charge véritablement toutes les questions relatives à la réparation et à l’entretien des véhicules, mais néanmoins, nous faisons de notre mieux.

Il y a le problème du comportement de l’agent d’une manière générale. Certains ne respectent pas en effet leurs obligations et je pense qu’au-delà de la restauration de l’autorité de l’Etat, peut être que nous devons mettre l’accent sur la communication et l’information. On a beaucoup parlé de la responsabilité de ces agents de l’Etat qui détiennent les véhicules administratifs. Le dernier problème qui est aussi important, ce sont les structures qui dépassent outre le dispositif régulier de contrôle et commander des véhicules sans que nous, nous soyons impliqués. Quand vous prenez dans le circuit normal des dépenses  de commande des véhicules de l’Etat, il y a ce qu’on appelle l’avis de conformité technique  que nous donnons conformément au code des marchés publics. Mais il y a des structures qui passent outre. Au lieu que nous soyons saisis, elles arrivent à saisir d’autres structures parallèles.

Finalement, ces véhicules, deux ou trois mois après la réception, tombent en panne, parce qu’ils ne répondent pas aux normes administratives. Nous nous insistons sur les caractéristiques en général en tenant compte des dispositifs actuels de réparation et d’entretien que nous avons. Lorsque vous commandez des marques rares, compte tenu de leurs prix, il est difficile d’avoir des pièces de rechange de ces véhicules. Malheureusement quand ces véhicules tombent en panne, ces structures se réfèrent toujours à nous. Dans ces conditions, elles nous posent énormément de problèmes. Beaucoup de responsables et de présidents d’institutions ne comprennent pas l’enjeu, surtout quand on oppose notre refus  de donner l’avis technique nécessaire pour que le dossier puisse suivre son cours normal de paiement.

Monsieur le Directeur quel message particulier avez-vous à lancer aux détenteurs de véhicules des différents démembrements de l’Etat ?

Je leur demanderai d’abord d’y prendre soin, car le bien public est sacré ! Lorsque l’Etat consacre énormément d’argent pour vous acheter un véhicule, vous avez le devoir de l’entretenir. On ne vous demande pas d’investir personnellement, mais lorsque ça nécessite l’entretien, vous avez un tableau de bord qui accompagne ces véhicules-là, revenez vers nous pour que au moins nous assurions l’entretien et la réparation de ces véhicules. L’Etat achète ces véhicules administratifs à grands frais, tous ceux qui les utilisent ont le devoir d’en prendre soin, notamment en suivant le délai d’entretien et de réparation. Le deuxième aspect, c’est le sens de la responsabilité et du devoir : ce que vous ne pouvez pas faire avec votre véhicule, pardon ne le faites pas avec le véhicule de l’Etat.

Par Fatouma Idé(onep)
Source : http://www.lesahel.org

 

Monsieur le directeur général de la STA, quelle est la pertinence de la création d’une société comme la vôtre au Niger où les entreprises sont confrontées à des défis multiples ?

En 2000-2001, la première promotrice de la société est Mme Fatchima Daddi Gaoh qui est pharmacienne de formation, fabriquait ou en tout cas vendait dans sa pharmacie une petite farine qui s’appelait Vitamil qui est une farine à base de mil, de niébé, de quelques intrants céréales qu’on trouvait au Niger localement et que des dames qui étaient handicapées faisaient dans le cadre d’une ONG qui s’appelait Caritas à l’époque. Malheureusement, à la fin de cette ONG, l’activité n’a pas pu survivre d’elle-même. Ce qui s’est passé, c’est que le produit qui était disponible dans les pharmacies pour les bourses faibles à même de se procurer des produits haut de gamme, il y avait en palliatif ce produit qui était accessible. Lorsque la subvention s’est arrêtée, les pharmacies se sont retrouvées en rupture et les personnes qui venaient acheter habituellement ce produit avaient commencé à se plaindre et même de s’inquiéter.  Il n’y avait pas de solutions pour elles et surtout pour les enfants qui consommaient cette farine à l’époque. C’est ainsi que la promotrice de la pharmacie qui était Fatchima Daddi Gaoh s’est dit voilà un  produit qui pourrait de par la portée qu’il a résoudre les problèmes nutritionnels dont souffrent les enfants au Niger. A chaque fois que ces dames venaient demander ce produit, elle avait du mal à dire qu’il n’y a pas. Cela lui donnait un  pincement au cœur. Elle avait approché l’ONG  pour avoir les raisons qui expliquaient pourquoi ce produit était en rupture. L’ONG a expliqué clairement à Fatchima Daddi Gaoh qu’elle était en cours de programme, plus de subvention et donc fin d’activités. Les responsables de l’ONG lui ont dit madame si cette activité vous intéresse, nous sommes prêts à vous vendre le fonds de commerce pour que vous en fassiez une activité commerciale. Voilà comment la STA a été créée en 2001 sur les méandres de cette petite activité de farine infantile. La crise alimentaire de 2004-2005 a été un grand tournant dans la vie de la Société de Transformation Alimentaire. Les acteurs qui étaient localement présents ont tardé sans pointer du doigt à faire intervenir l’urgence internationale. Lorsqu’une crise est déclarée, le moment où il faut passer les commandes, le transport, la logistique etc., le temps est très long et l’impact et l’incidence sont beaucoup grands. Ils se sont dit qu’on va trouver une solution de réponse locale en attendant que les gros moyens se déploient au niveau international. La question que ces acteurs se sont posées était de savoir est-ce que nationalement le Niger peut être capable de trouver des réponses sur des problématiques nutritionnelles rapides sur le marché. Voilà comment des organismes internationaux tels que l’UNICEF,  Médecins sans Frontières le Programme Alimentaire Mondiale ont scanné l’environnement pour voir qui faisait quoi. C’est ainsi qu’ils sont tombés sur cette farine. Ils lui ont dit que cette farine est bien et qu’ils ont un aliment de traitement thérapeutique pour faire un produit nutritionnel pour les enfants parce qu’ils ont un besoin crucial au Niger.

Pouvez-vous présenter à nos lecteurs la STA et son évolution de sa création à nos jours ?

 La société de Transformation Alimentaire (STA) voit le jour en 2001 et se consacre depuis à la production de solutions nutritionnelles destinées à traiter la malnutrition au Niger et dans la sous-région. Elle fabrique et commercialise les produits de la gamme Plumpy, en vertu d’un accord de franchise avec Nutriset, notamment Plumpy Nut (Aliment Thérapeutique Prêt à l’Emploi) destiné au traitement de la malnutrition aigüe sévère, et le Plumpy Sup (Aliment de Supplémentation Prêt à l’Emploi) pour la malnutrition modérée. Elle produit aussi le Vitamil qui est une farine de bouillie pour le sevrage des enfants à partir de 6 mois. Depuis 2009, ce sont pas moins de 2 170 000 enfants nigériens qui ont pu bénéficier de nos produit de traitement, et plus de 1 300 000 enfants qui ont bénéficiés de nos produits de supplémentation. La STA était arrivée dans une phase de forte expansion, avec l’installation de nouvelle technologie dans son processus de fabrication, ce qui lui a permis d’augmenter en conséquence sa capacité de production actuelle et la qualité de ses produits.

Depuis 2005, la STA fait partie d’un réseau de producteurs des pays du Sud unique en son genre : le réseau Plumpy Field. Cette alliance d’entrepreneurs repose sur un objectif commun : rendre accessibles des produits de traitement de la malnutrition répondant aux standards internationaux de qualité avec un mandat original : celui de l’autonomie nutritionnelle pour tous. En ce sens l’entreprise cadre parfaitement avec l’objectif d’un des axes défini dans le cadre de la politique des 3N.

En effet, l’engagement de la STA repose sur son activité qui est principalement dédiée aux programmes nutritionnels humanitaires et sociaux. Le but premier de la STA S.A est de répondre aux attentes des acteurs humanitaires et à celles de nos partenaires. Ainsi, la STA S.A s’est engagée à mettre en place, maintenir et développer un système de Gestion de la Qualité.

Par ailleurs, il faut dire que la STA est reconnue dans sa démarche qualité. Elle est l’une des premières entreprises dans ce domaine à être certifiée ISO 9001 version 2015, et la 1ère certifiée ISO 22000 version 2005 au Niger. Aussi, elle est auditée et validée chaque année par le système de qualité des Nations Unies dont le dernier passage remonte à Février 2018, avec des auditeurs de MSF et Save The Children pour leur compte. 

Du point de vue organisationnel, la STA compte aujourd’hui 112 employés permanents. Elle emploie aussi des employés journaliers et des saisonniers (plus de 200 personnes) qui sont en majorité des femmes que l’entreprise inscrit dans le cadre des AGR (Activités Génératrices de Revenus), et impacte plus de 8000 producteurs d’arachide au Niger. En termes de capacité de production, il faut dire que la STA produisait 10 000 tonnes de produits commercialisés en 2020 et 2021 et 5 000 tonnes d’arachide locale transformée pendant la même période.

Quelles sont les principales contraintes auxquelles la société de Transformation Alimentaire est confrontée ?

Permettez-moi de faire marche en arrière pour parler des contraintes au moment où nous étions en production. Il faut que lorsqu’on produit on paie des droits de douane et des impôts sur les intrants qui constituent des produits utilisés pour faire la formulation du produit fini. Or lorsque vous comparez dans l’environnement, les aliments qui sont constitués et classés dans les segments humanitaires ne sont pas assujettis à la taxation d’autant plus qu’ils sont utilisés par des organisations et des institutions internationales qui ont des conventions de fiscalisation à cause de l’aide et de la nature du soutien qu’ils apportent au pays. Donc nous qui sommes localement basés, on a eu beaucoup de problématiques de compétitivité parce que lorsqu’on achète par exemple un complexe vitaminé qui est une composante de la formule finale, on paie de la TVA et du droit de douane. Cela veut dire qu’en termes de compétitivité au niveau des appels d’offre, on se retrouve pénaliser en termes de prix du fait de la cherté du produit qu’on propose comparativement à nos concurrents internationaux. Nous pensons que la fiscalité doit avoir une sorte de cohérence générale dans l’environnement. Lorsque les entreprises nigériennes sont compétitives, cela vaut plus de croissance, de richesses, de création d’emplois et plus de retombées dans les caisses de l’Etat. Nous avions eu aussi une tension de trésorerie parce que lorsque vous avez un conteneur de matières premières, le temps d’acheminement et celui de la transformation, il se passe quasiment six (6) mois avant que vous ne puissiez vendre et facturer.

Une autre difficulté à laquelle nous faisions face pendant l’activité, c’était le problème de laboratoire. On n’avait pas d’organe de vérification certifié dans l’environnement de la production agricole ou transformation agricole au Niger. Donc on s’est retrouvé obliger d’envoyer nos échantillons jusqu’à l’étranger notamment en l’Allemagne, en France en Belgique pour que les organes certificateurs vérifient le produit avant de le renvoyer avec bien attendu une certification. Cette étape prend énormément de temps sans compter le coût qu’elle induit dans le budget de fonctionnement de notre entreprise. On peut évoquer aussi les contraintes liées à  la problématique des infrastructures routières. Il y a aussi le problème de la fiscalité et de façon générale lorsque vous regardez les impositions qui sont faites sur le transport interne qui n’est pas une imposition qui est faite sur le transport en dehors du cordon. Le code d’investissement qui a perdu un peu de sa substance.

 Quels sont les principaux clients et partenaires de la STA ?

Le plus gros de notre  activité est axé sur l’humanitaire. De ce fait, nos clients sont entre autres : Médecins sans frontières, Unicef et le Programme Alimentaire Mondiale.  Nous avons également quelques gammes de produits qui vont sur le segment commercial. Elles sont moins importantes en quantité de volume, mais nous avons aussi des gammes des produits en plus de tout ce qui est de plumpy Nut  et plumpy Nut sud. C’est le cas de la farine qui s’appelle vitamine plus qui est distribuée dans les canaux des pharmacies et au niveau de certains grossistes et point de vente. Nous avons aussi une autre gamme que nous avions lancée, il s’appelle grandit bien qui est un produit disponible au grand public. Il faut spécifier que les gammes qui sont uniquement à destination des organisations internationales ne sont pas des produits commerciaux, donc ces produits passent par des canaux qui doivent normalement suivre un circuit qui est spécifique à la règlementation nigérienne sur la prise en charge de la malnutrition et donc qui passe par les canaux du ministère de la santé jusqu’à l’accessibilité de l’enfant sur le terrain.    

La Société de Transformation Alimentaire (STA) est une société spécialisée dans l’agro-alimentaire en l’occurrence la production et la commercialisation d’un produit communément appelé  Plumpy Nut, un  complément nutritionnel, quels sont vos moyens et capacités de production dans ce domaine où même si vous avez de la concurrence, elle n’est pas de taille ?

C’est que je peux dire, nous avons un outil de production quasiment de 3,5 milliards d’investissement en termes d’équipements uniquement. Nous avons un bâtiment qui n’est peut-être plus aux normes industrielles mais qui nous a coûté un peu en termes d’investissement. Nous avons une capacité de production de 7000 tonnes que nous avions produites en 2020 avec un chiffre d’affaires qui s’élevait jusqu’à 10 milliards. On a également un manuel de production de qualité qui complète l’outil de production et cela se fait via des certifications en termes de qualité, des certifications ISO9001, ISO22000. On a également la certification du certificateur du système des Nations Unies. C’est un système conjoint où le PAM, Unicef, Médecins sans frontières et d’autres organisations internationales mettent un pôle d’auditeurs qui vient valider chaque année l’outil de production et une usine de production avant de pouvoir vous dire que vous êtes validés et vous pouvez mettre  le produit à la  disposition de vos clients. 

Quelles sont les perspectives qui se présentent aujourd’hui pour la STA ?

Je vous ai dit tout à l’heure que l’avenir était très assombri, on aurait eu cette interview, il y a à peine un mois et demi ou deux mois, je ne vous aurais pas tenu du tout le même discours parce que on était en train de discuter de la fermeture de l’entreprise. Malheureusement, on est passé avant d’arriver à ce stade du licenciement primitif économique parce qu’on ne peut plus tenir d’autant plus qu’on n’a pas produit depuis plus de 10 mois.  On a encore un peu d’argent dans les caisses du trésor qu’on a du mal à recouvrer. Mais il y a un mois, il s’est tenu une assemblée extraordinaire de la STA où la majorité des associés ont décidé de ne pas laisser l’entreprise coulée. Ils ont décidé de permettre des moyens pour reprendre dans les plus brefs délais la production et les activités. On peut dire que nous nous acheminons vers la reprise des activités de la STA afin de contribuer au développement de notre pays. Toutes les équipes sont en train de présenter une stratégie auprès des institutions financières, des banques, des acteurs pour qu’on puisse les convaincre du bien-fondé de notre projet. La STA était l’un des plus gros fournisseurs mondiaux en termes d’intrant thérapeutique. La production mondiale est à peu près 50 et 60 tonnes l’année. La STA quand elle fait 7000 tonnes, c’est entre 10, 12, 13% de la production mondiale. Donc vous voyez ce que ça représente et c’est fait au Niger. Il n’y a pas plus d’une trentaine de producteurs mondiaux qui sont dans cette activité. Si la STA arrive au top de la liste de ces producteurs, c’est le Niger qui brille en quelque sorte.  En plus, on est le premier pays hors pays développées qui ait commencé une production d’aliments thérapeutiques.

Quelles sont les solutions envisageables pour garantir la survie des unités industrielles au Niger ?

Je pense qu’il faut le dire de la façon la plus plate, les autorités doivent s’impliquer davantage sur la sélection et surtout sur la protection du tissu qui existe déjà. Il ne s’agit pas uniquement d’une question et d’une problématique de la STA. Je pense que c’est de façon générale dans l’environnement. Toutes les structures qui existaient depuis des années et aujourd’hui nous disent qu’elles souffrent de la mauvaise concurrence, d’un environnement oppressant, de la complexité des dernières années, de la capacité de pouvoir s’approvisionner dans d’autres environnements économiques. Elles souffrent de la compétition de nos voisins. C’est une question qui dépasse le cadre de la STA et il faut au-delà de la STA car on a besoin d’avoir le soutien, l’épaule et la bénédiction des autorités pour dire qu’il faut le sauver. On connait les solutions aujourd’hui et je pense qu’il est vraiment important que les autorités mettent rapidement en œuvre ces solutions.

Quel est l’espoir qui vous anime avec la tenue, à Niamey, du sommet de l’UA sur l’industrialisation en Afrique ?

Le fait d’organiser un sommet nous envoie à un signal des autorités qui disent qu’on sait qu’il y a un besoin, une problématique et on sait que le développement de nos pays ne peut passer que par l’industrialisation à l’échelle de tous nos environnements de production. A l’époque où on parle de ZLECAF, d’ouverture des frontières, un pays qui ne s’industrialise pas devient un pays consommateur vers lequel tout le monde vient déverser et il n’y a plus de valeur ajoutée à partir de ce moment-là. Les autorités ont conscience qu’il faut qu’on passe par cela pour que nous puissions adresser des problématiques qui vont être certaines dans les années à venir.

Par Hassane Daouda(onep)

Source : http://www.lesahel.org

Comment avez-vous accueilli et vécu l’initiative de ce forum ?

C’est une initiative qu’il faut saluer et pour laquelle il faut féliciter les initiateurs en premier lieu le Premier ministre, Chef du gouvernement. C’est une occasion qui nous a été offerte de nous entretenir à bâton rompu. Je pense que nous nous sommes bien compris, nous avons exprimé nos préoccupations et les résultats sont là. Les uns et les autres ont pris l’engagement d’appliquer les recommandations qui sont issues de ce forum. Et nous pensons que quelque chose sera fait dans le sens d’améliorer la gestion des entreprises et établissements publics du Niger.

Globalement quelles sont les leçons que vous tirez de ce forum ?

D’abord je suis satisfait des échanges qu’on a eus. A un certain moment, ce n’était pas comme ça. En fonction des humeurs ou des usages, on vient dire que c’est une évaluation ou dire qu’on veut voir ce qui marche ou ce qui ne marche pas. Mais, le forum a adopté une autre démarche. Les échanges se sont déroulés à bâton rompu et il n’y a pas un jeu de cache-cache. C’est pourquoi, j’ai sincèrement apprécié la méthode et j’en félicite les organisateurs.

Les responsables des entreprises et établissements publics ont évoqué des préoccupations. Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez le plus souvent en tant qu’entreprises publiques?

Toutes les sociétés ont des difficultés. On a passé en revue ces dernières. Je pense que si la volonté y ait, ces difficultés trouveront désormais des solutions. Certes, d’une entreprise à une autre, les difficultés ne sont pas les mêmes. Pour notre cas à Niger Télécoms, nous l’avons dit, ces difficultés sont surtout l’accompagnement de l’Etat parce que nous évoluons dans un secteur et un environnement très concurrentiel. Nous ne demandons pas plus d’argent de l’Etat, mais nous demandons à ce que l’Etat garantisse certains engagements que nous prenons avec les partenaires. Si cela est acquis, nous serons un jour une entreprise qui sera comme une garantie pour l’Etat dans certaines opérations. L’autre difficulté à laquelle nous faisons face c’est l’assiette fiscale. Il faut l’examiner et voir si elle est réellement adaptée au secteur, ce dont je ne pense pas. Troisième chose, c’est que Niger Télécoms évolue sur un secteur concurrentiel, il faut lui assouplir les règles de passation des marchés publics pour faire face à cette concurrence.

Y a -t-il des options de solutions que les entreprises peuvent mettre en œuvre en attendant celles de l’Etat ?

Effectivement, c’est l’un des avantages de ce forum. Maintenant, les gens ont, grâce aux débats qu’on a eus, compris que ces entreprises ont la possibilité, à travers l’élaboration des manuels de procédure internes, de faire les choses un peu plus convenablement. Il y a aussi la synergie d’actions entre nous. Les dés sont maintenant jetés. On a pris des contacts et je pense qu’on saura comment améliorer nos relations et nos transactions entre nous-mêmes. Pour nous à Niger Télécoms, beaucoup de choses vont être améliorées du fait des services que nous fournissons aux établissements publics et sociétés d’Etat. Je suis certain que quelque chose va changer.

Propos recueillis  par  Siradji Sanda(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

Issaka Maga HamidouNotre pays s’apprête à célébrer mercredi prochain, la Journée Mondiale de la Population. Un évènement important au regard des défis liés à la croissance démographique au Niger et dans plusieurs pays africains. Cette situation maintes fois évoquée par les autorités de notre pays demeure encore une préoccupation malgré les efforts qui sont déployés pour permettre au Niger d’atteindre le dividende démographique. M. Issaka Maga Hamidou, Démographe-sociologue, Enseignant-chercheur au Département de Sociologie, FLSH/UAM explique en quoi, l’évolution de la population nigérienne constitue, aujourd’hui, une préoccupation et donne quelques pistes qui puissent permettre au Niger d’atteindre le dividende démographique.

Le 11 juillet prochain, sera célébrée partout dans le monde, la journée mondiale de la population. Combien sommes nous aujourd’hui au Niger et combien seront les Nigériens dans dix, vingt ans ?

Vous savez que selon le dernier recensement, le Niger comptait environ 17 millions d’habitants avec une croissance démographique moyenne de 3,9% par an. Selon les projections de l’INS comme des Nations Unies, le Niger devrait compter en 2018 au moins 21 millions d’habitants. En 2030, le Niger pourrait compter au moins 34 millions. Selon les dernières projections des Nations Unies qui vont un peu plus loin, la population nigérienne pourrait atteindre environ 51 millions en 2040 et 68 millions en 2050, sur la base de baisses modestes de la fécondité et de la mortalité.

Concrètement avec donc son rythme actuel, la population du Niger connaitra une importante augmentation ?

Sans aucun doute et dans les conditions normales, la population du Niger sera de plus en plus importante au cours des prochaines décennies.

Selon vous pourquoi et en quoi, l’évolution actuelle de la population constitue aujourd’hui une préoccupation importante au Niger ?

Vous avez raison de parler de préoccupations car lorsque la population augmente, nous savons que les besoins également augmentent dans tous les domaines essentiels notamment l’alimentation, la santé, l’éducation, l’emploi, le logement, l’eau, l’électricité, etc. Avec une augmentation rapide de la population, ces besoins seront encore plus importants. Il faudrait qu’on puisse les satisfaire. Pour les pouvoirs publics, il s’agit de défis importants, dans les conditions économiques actuelles qui sont difficiles. En clair, actuellement et depuis plusieurs décennies, l’Etat n’est pas en mesure de bien satisfaire les besoins de base de la population et sur le plan alimentaire notamment, les productions agricoles du milieu rural ne suffisent pas souvent à bien satisfaire les besoins de l’ensemble des habitants.

La population nigérienne se caractérise aussi par sa jeunesse. Quels sont selon vous, les défis qui peuvent à ce niveau se poser à notre pays ?

Effectivement, nous avons sans doute la population la plus jeune au monde, selon les statistiques nationales et internationales. En effet, les moins de 15 ans représentent plus de 50% et les moins de 25 ans, environ 70% de la population totale. Nous avons donc une population extrêmement jeune dont la contribution économique est relativement faible. En fait, la plupart des jeunes produisent peu et sont dépendants des adultes. En réalité, l’augmentation des besoins provient davantage de la population jeune à travers les naissances, la scolarisation, l’emploi, l’alimentation, etc. Ceci implique que chaque année, on a besoin de produire sur le plan agricole, on a besoin de plus d’enseignants, de classes, d’emplois à créer, de plus de personnel de santé, etc.

Mais la jeunesse de la population n’est elle pas un atout pour atteindre le dividende démographique tant prôné ? Au fait, qu’est ce que le dividende démographique et quels sont ses avantages pour le Niger ?

En fait, brièvement, le dividende démographique, c’est la croissance économique ou les richesses produites, grâce à l’augmentation non pas des personnes très jeunes, par exemple les moins de 15 ans, mais de la population en âge de travailler, soit les personnes âgées entre 15 et 64 ans révolus. Donc, la première condition pour qu’un pays puisse prétendre bénéficier du dividende démographique, c’est d’abord d’avoir une population âgée de 15-64 ans ou 15-59 ans majoritaire. Concrètement, il faudrait avoir une situation démographique où les producteurs d’âges actifs sont beaucoup plus importants que les personnes d’âges inactifs, notamment les plus jeunes. Or, nous avons une population âgée de moins de 15 ans plus importante. En clair, si on se place sur un plan démo-économique, nous avons plus d’inactifs que d’actifs. Potentiellement, le PIB par tête ne peut pas être important et c’est le cas. Dans les pays où les actifs sont plus importants que les inactifs, le PIB global mais aussi par tête est considérable, dans certaines bonnes conditions comme celles d’emplois suffisants, la santé, l’éducation moderne généralisée et aussi la bonne gouvernance globale sur divers plans, notamment politique et économique. Pour me résumer, le dividende démographique c’est un bonus économique mais aussi social supplémentaire pour un pays qui réussit à passer d’une situation où les moins de 15 ans donc les plus jeunes sont majoritaires à une situation démographique où les personnes d’âges actifs, soit les 15-64 ans, sont nettement majoritaires. Sur le plan démographique, c’est l’un des principaux défis actuels du Niger.

Il semble que le Niger est sur le point de franchir la première étape de sa transition démographique, avec la baisse rapide du taux de mortalité mais, la deuxième étape de la transition démographique ne s’est pas encore concrétisée. Est-ce à dire que notre pays n’atteindra pas de si tôt le dividende démographique ?

Le Niger est effectivement dans sa deuxième phase de la transition démographique, selon le schéma établi en quatre phases. Au cours de cette deuxième phase, c’est la mortalité en général qui commence à baisser et c’est le cas au Niger comme dans tous les pays du monde, à conditions sociopolitiques normales. Tandis que dans la première phase, les indicateurs démographiques de base sont très élevés et stables dans le temps. Au cours de la troisième étape, la fécondité ou la natalité commence à baisser à son tour jusqu’à ce qu’on arrive beaucoup plus tard à une situation où les taux de mortalité et de natalité se rapprochent voire se confondent, c’est l’étape 4 de la transition démographique. Je pense que le Niger doit rapidement chercher à entrer dans cette phase 3 où la fécondité va commencer à baisser, c’est en ce moment que la fameuse fenêtre dite du dividende démographique potentielle va commencer à s’ouvrir pour être plus importante, autour de 4 enfants par femme, alors que nous sommes à 7,6 selon l’enquête démographique et de santé de 2012. Nous sommes loin des 4 enfants par femme, nombre véritablement plus favorable au dividende démographique, parce que la population des 15-64 ans sera en ce moment beaucoup plus importante que celle des très jeunes. Cette transformation de la structure de la population pourrait davantage booster l’économie nigérienne et contribuer à l’amélioration générale des conditions de vie des populations.

Quelles sont, selon vous, les stratégies à mettre en œuvre pour permettre au Niger de tirer partie du dividende démographique ?

Comme je l’avais dit, il est nécessaire d’abord que la fécondité baisse de manière significative pour permettre que la population âgée de 15-64 ans ou 15-59 ans commence à être plus importante que celle des moins de 15 ans. Donc, il faudrait en fin de compte que le Niger dispose de plus de producteurs que de dépendants économiques. Mais pour faire baisser la fécondité, il n’y pas mille solutions, c’est principalement la planification familiale. Ceci n’est pas un péché, mais une décision de bon sens adoptée depuis fort longtemps par les couples musulmans d’autres pays, notamment en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Il revient à chaque couple de se fixer un nombre d’enfants raisonnable conforme à ses ressources économiques et son bien-être général aussi bien en milieu rural qu’urbain où la fécondité est déjà en train de baisser. Nous sommes autour de 5 enfants par femme en milieu urbain aujourd’hui contre sans doute plus de 7 dans les années 1970. En principe donc, les conditions du dividende démographique existent actuellement en milieu urbain. Mais au niveau national ce n’est pas le cas notamment en milieu rural où vit environ 80% des Nigériens. Il nous faut donc des mesures pour renforcer la planification familiale notamment le recours aux contraceptifs modernes, réduire le mariage des enfants mais également renforcer l’allaitement maternel prolongé qui joue un rôle de contraceptif plus ou moins efficace au moins pendant quelques temps. Pour ce faire, une politique de population audacieuse est nécessaire notamment en direction du monde rural.

Par Idé Fatouma

06 juillet 2018
Source : http://lesahel.org/

 

 Issoufou Boureima Lutte contre la CorruptionMonsieur le président, pouvez-vous nous présenter la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées que vous dirigez  depuis sa création ? Quels sont ses objectifs et ses missions ?

Je vous remercie de m’avoir donné la parole pour parler de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions assimilées (HALCIA). Elle a été créée depuis 2011 juste après l’accession à la Magistrature Suprême du Président de la République, Chef de l’Etat, S.E Issoufou Mahamadou,  en mars 2011. Faut-il encore le rappeler, depuis cette période et même bien avant, le Président de la République avait fait beaucoup de promesses dont, entre autres, celle de lutter contre la corruption qu’il avait identifiée dans un diagnostic serein comme étant l’une des causes du sous-développement au Niger, à l’instar d’ailleurs de ce qui se dit au niveau international, notamment au niveau des instances onusiennes où la corruption a été identifiée comme un grand obstacle au développement. C’est pourquoi il s’est donné les moyens pour réaliser les promesses qu’il a faites au peuple nigérien.

Monsieur le Directeur, le Bureau d’Informations sur le Crédit a été identifié par l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) comme étant un puissant outil pour accélérer l’inclusion financière au sein de cet espace communautaire, qu’est-ce que concrètement le BIC et comment fonctionne-t-il dans nos Etats ?

Permettez-moi d’abord de vous remercier de l’occasion que vous m’offrez de partager avec vos lecteurs quelques notions sur le BIC. Creditinfo West Africa est l’entreprise sélectionnée par la BCEAO et agréée pour mettre en place et exploiter le premier Bureau Régional privé d’Information sur le Crédit (BIC) dans la zone UMOA. Une base de données sophistiquée gérée par une entreprise de haute technologie dont l’activité est régulée par une loi (loi uniforme) et contrôlée par un régulateur (BCEAO pour l’UEMOA) et des organes d’audit externes ; c’est aussi une entreprise dont les clients sont les institutions financières et non financières qui sont à la fois des fournisseurs de données et des utilisateurs des services du BIC ; c’est aussi une entreprise qui développe et commercialise des services de suivi et d’appréciation des risques (produits à valeur ajoutée) pour les banques, les IMF et les autres participants (Télécom, Grands facturiers, etc.) et présente dans plus de 150 Pays à travers le monde. Il faut noter que CREDITINFO, occupe actuellement la 5ème place dans le classement mondial des Majors de l’industrie « Bureau d’Information sur le Crédit ». Grâce à la fiche de consentement que signent les clients auprès de leurs institutions financières, ces dernières, à travers la BCEAO, nous transmettent les informations sur les données de crédit. Il s’agit pour un client donné, du montant des crédits octroyés, le taux, les retards de paiement, etc. Les informations sur l’épargne du client ne sont pas transmises au BIC. Nous recevons également les données des grands facturiers (sociétés d’eau et d’électricité, de téléphonie). Toutes ces informations sont traitées et transcrites sous la forme de rapport de solvabilité encore appelé rapport de crédit qui est transmis sur demande aux institutions financières et aux clients.

Quels sont les avantages du bureau d’information sur le crédit pour les entreprises et les personnes physiques ?

Les principaux avantages du BIC sont : Pour les particuliers et les personnes morales : Un meilleur accès au crédit, à un coût moindre et un faible degré d’exigence de garantie ; prise en compte de la qualité de leur réputation dans les critères d’appréciation de leur solvabilité par les établissements de crédit ; bénéficier de délai de traitement plus court ; disposer d’outils innovants pour connaître leur notation et pour vérifier l’exactitude des informations les concernant et procéder, à des réclamations au besoin. Pour les institutions financières : Augmenter le volume des crédits octroyés, avec une amélioration de la qualité du portefeuille ; réduire les coûts et les délais d’analyse des dossiers de crédit ; anticiper le surendettement des emprunteurs et partant, prévenir les risques de défaillance, contribuant ainsi à une baisse du niveau des provisions sur créances douteuses. Pour l’Economie Nationale : Expansion de l’activité économique, à travers l’accès au crédit des agents à moindre coût ; renforcement de l’efficacité de la supervision de l’activité de crédit ; renforcement de la réputation des Etats sur le plan international ; renforcement de l’attractivité des Etats vis-à-vis des investisseurs étrangers, à travers l’amélioration du climat des affaires.

Le bureau d’information sur le crédit est une initiative de l’Union et de la BCEAO, quels sont les progrès enregistrés par la BCEAO en tant qu’instance de mise en œuvre de cet outil d’accès au financement dans l’espace UEMOA ?

Permettez-moi d’abord de vous rappelez les motifs pour lesquels le BIC avait été créé : il avait été constaté : Une faiblesse persistante du taux de financement de l’économie. Le pourcentage de crédits octroyés en fin 2012 était de 21,4 % du PIB dans l’UEMOA contre 36,3 % au Nigeria, 103,1 % au Maroc et 182,2 % en Afrique du Sud. Une asymétrie d’information entre emprunteurs et banques avait été identifiée comme contrainte majeure à l’accès au crédit. Un taux élevé de dégradation du portefeuille ;  des limites des registres publics en matière de partage de l’information sur le crédit (Centrale des risques, SCIE et centrale des incidents de paiement de la BCEAO, inexistence d’une centrale des risques des SFD) ; une faible note des pays de l’UEMOA sur le critère

« étendue de l’information sur le crédit » dans le Doing Business, se traduisant par un climat d’affaires peu attractif. Pour revenir au sujet, la mise en place du BIC a contribué à réduire les créances en souffrance. Elles sont passées de 10 %  en 2014  à 9 % en 2016, puis 8% en 2019 (Source : BCEAO, 2019). Depuis décembre 2017, les grands facturiers comme les fournisseurs d’eau, d’électricité et les télécoms, ainsi que les SFD de petite taille figurent également dans la base du BIC. Il faut noter également qu’en 2014, le taux brut de dégradation des portefeuilles des banques était évalué à 16,6%. Ce taux est ressorti à la baisse à 12,6% en 2017 avec une augmentation de l’encours de crédit sur la période.

La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a lancé le 8 décembre 2020 à partir de son siège à Dakar, une campagne de sensibilisation du grand public sur le BIC, qu’est-ce qui a été fait au Niger pour un meilleur ancrage de cet outil d’accès au financement surtout pour le secteur privé ?

Au 30 novembre 2020, le nombre de personnes répertoriées dans la base du BIC est de 10 237 907 personnes (dont 9 999 500 personnes physiques et 238 407 personnes morales). Les campagnes d’information et de sensibilisation organisées par le gouvernement, le Bureau de Représentation de Creditinfo au Niger, les Associations Professionnelles des Banques et Etablissements Financiers (APBEF) de l’UEMOA ont eu un impact positif sur la familiarisation par les banques et les établissements financiers avec ce nouveau dispositif.

Cependant, l’écart entre le nombre de prêts déclarés (1 531 894) et les consultations de rapports de solvabilité (1 005 338) sur la période allant du 1er janvier au 30 novembre 2020, montre que les rapports de solvabilité ne sont pas systématiquement consultés par les banques et les établissements de crédits lors des nouvelles demandes de crédit. Ainsi, les efforts de sensibilisation doivent être poursuivis.

A l’image de tous les pays en développement, l’accès au crédit est un véritable problème pour les entreprises au Niger, Combien d’entreprises, d’établissements financiers ou encore de personnes physiques utilisent le BIC dans notre pays ?

Une meilleure couverture de la population nigérienne par le BIC a permis de favoriser un meilleur accès au crédit. Le nombre de particuliers est passé de 14.454 en janvier 2017 à 1.003.008 en mai 2020 (12% niveau UEMOA) avec une progression mensuelle moyenne de 7%. Le nombre d’entreprises est passé de 427 en janvier 2017 à 10.943 (5% niveau UEMOA) en mai 2020 avec une progression mensuelle moyenne de 8%.

En outre, Le crédit bancaire accordé au secteur privé continue d’augmenter progressivement. En janvier 2017, le nombre de contrats enregistrés au Niger s’élevait à 33.391, il a atteint 1.220.133 (7% niveau UEMOA) au 31 mai 2020 avec une hausse mensuelle moyenne de 8% sur la période.

Quelles sont les perspectives des BIC pour la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; l’UEMOA et pour le Niger ?

De manière globale, notre vision est de participer activement à l’amélioration de la stabilité du système financier africain et de stimuler l'investissement et l'inclusion financière, afin de créer un environnement de confiance dans lequel les banques et établissements de crédit africains peuvent fournir les services nécessaires à tous les emprunteurs, des particuliers aux entreprises de toute taille.

Réalisée par Hassane Daouda

15 janvier 2021
Source : http://www.lesahel.org/

M. Kadi Abdoulaye, ministre de l’Equipement : « La plus grande tâche pour notre pays, c’est l’entretien des routes »Monsieur le Ministre, le Programme de Renaissance du Niger est aujourd’hui dans sa 10ème année de mise en œuvre. L’un des volets le plus important de ce programme, ce sont les infrastructures routières. A ce niveau, le Gouvernement de la 7ème République a beaucoup investi dans la réalisation des routes bitumées et en terre. Alors qu’est-ce qu’on peut retenir en termes de réalisations des routes dans ce programme ?

Merci de nous donner l’occasion effectivement de parler du programme de la Renaissance du Président de la République SE Issoufou Mahamadou sur ses deux axes 1 et 2. Dans tous les cas, il se trouve que le Président de la République SE Issoufou Mahamadou, quand il s’est présenté devant les nigériens pour solliciter leur suffrage, leur a promis un programme pour cinq ans et ensuite au deuxième mandat, il leur a présenté le même programme mais un peu plus développé pour les cinq autres années. Nous sommes, aujourd’hui, pratiquement à la fin des deux mandats de 5 ans. Il y’a eu une évolution sensible quand on regarde les routes existantes au début du premier mandat du Président de la République. Il y’avait environ trois mille kilomètres (3000 km) en terme de routes bitumées. A la fin du deuxième mandat,  nous capitalisons environ 5 500 km de routes réalisées et terminées et en perspectives, il y’a d’autres projections dont le financement est déjà acquis.

Le deuxième volet, c’est l’embellissement des villes à travers le programme des fêtes tournantes du 18 décembre et le programme Niamey N’Yala. Le Président de la République a mis un accent particulier sur la modernisation de nos grandes villes. Aujourd’hui, tous les chefs-lieux des régions ont changé à la grande satisfaction des populations.  Donc, par rapport aux infrastructures sur les deux axes, les réalisations du programme de la Renaissance ont été salutaires. Nous pensons que les prochaines autorités poursuivront sur les mêmes efforts.

Laouali Ali DG maternite Issaka GazobiM. Laouali Ali, Directeur Général de la maternité Issaka Gazobi de NiameyCouramment connue sous le nom de la Maternité Centrale, créée en 1929, l'établissement a connu une nette évolution. Lundi 13 août 2018, l’institution sanitaire a reçu la visite des membres de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale. En marge de cette visite, nous avons eu un entretien avec M. Laouali Ali, Directeur Général de l’Etablissement. Dans l’interview qui suit, il nous parle de l’exploit de son institution, des difficultés et des défis à relever.

Monsieur le Directeur Général, votre établissement a reçu la visite des membres de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale. Quelle lecture faites-vous de cette visite et parlez-nous du fonctionnement des principaux services de la Maternité Issaka Gazobi?

Tout d’abord, je vous remercie de m’avoir accordé cette opportunité de m’exprimer dans les colonnes de votre journal. Je remercie également les députés, membres de la commission des affaires sociales et culturelles de l’Assemblée nationale qui ont la sensibilité avérée des questions sociales, effectuant la visite dans notre établissement pour voir de visu nos conditions de travail. Nous remercions aussi l’ensemble des députés nationaux pour avoir mandaté leurs collègues de venir voir ce que nous faisons ici et partager l’information sur nos activités.

Notre établissement a pour mission principale de servir de cadre de référence, d'assurer les prestations gynécologiques, obstétricales, néonatales et post-natales du niveau tertiaire et des activités de planification familiale, d'assurer la protection fœto-maternelle, de servir de cadre de formation et de recherche en gynécologie, obstétrique et néonatologie. Au cours de ce déplacement, nous avons fait visiter les parlementaires, le bloc et la salle d’accouchement où les problèmes sont connus à savoir l’exiguïté des locaux. Pour quatre lits, nous avons souvent 60 femmes admises. Nous devons faire avec pour la simple raison qu’il y a l’humanisme et le respect de l’éthique et de la déontologie de la profession. Pour ce problème, nous avons toujours demandé à ce que les maternités des quartiers périphériques fonctionnent. Niamey dispose d’une dizaine de maternités. A un certain moment , un travail de mobilisation a été fait, mais ces derniers temps nous constatons un relâchement au niveau de ces maternités.

En 2020, le nombre d’artisans au Niger est estimé à 1,2 million de personnes, avec plus de 60% de femmes. Le chiffre d’affaires global est en moyenne de plus de 100 milliards de FCFA. Outre sa plus-value dans le développement économique et social, dans la région de Tahoua, la branche de confection d’objets d’art que constituent essentiellement la maroquinerie, la bijouterie et la cordonnerie contribue au rayonnement des cultures et traditions locales. Dans cet entretien, le Directeur régional du tourisme et de l’artisanat, M. Larabou Djibrilla Bangna présente le potentiel de l’artisanat de Tahoua, et explique l’évolution de la branche avec toute la situation d’insuffisance de débouchés à laquelle est confronté aujourd’hui le marché d’objets d’art.  

Monsieur le directeur, quel est le potentiel de la région de Tahoua dans le domaine de l’artisanat ?

Merci pour cette occasion que vous nous donnez, de parler de ce secteur qui est combien important pour l’économie nationale et l’économie locale. Avant de répondre à votre question, j’aimerai d’abord définir la notion même de l’artisanat. Les métiers de l’artisanat se définissent par la maîtrise technique et le savoir-faire que requiert un apprentissage ou une formation assortie de leur pratique avec habilité manuelle. Au Niger, le secteur est le deuxième pourvoyeur d’emplois, après celui de l’agriculture et l’élevage, et contribue à 25% du PIB. Le secteur est régi par une politique nationale, c’est-à-dire la Politique Nationale du Développement de l’Artisanat, adoptée depuis le 7 juillet 1992. C’est sur cette politique que se basent toutes les actions, les activités mises en œuvre par le gouvernement, dans le cadre de la promotion et du développement du secteur, à travers notamment le ministère du tourisme et de l’artisanat qui est devenu maintenant ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat. Alors, qui dit artisanat, dit culture ; et qui dit culture dit tradition. Ce secteur est subdivisé en trois branches : l’artisanat de production, l’artisanat de service et l’artisanat d’art.

La région de Tahoua effectivement regorge beaucoup de potentiel, en matière d’artisanat. Nous avons des artisans qui sont là au niveau du centre artisanal, nous avons aussi ceux qui sont un peu éparpillés dans la ville, dans leurs ateliers, boutiques et kiosques mis à leur disposition. Ils travaillent et mettent à la disposition des populations locales et des visiteurs des produits artisanaux symboliques et diversifiés, pour le rayonnement de la culture et l’économie du terroir. 

Cet artisanat de Tahoua est diversifié, aujourd’hui plus prisé par la population locale. Les 91 métiers du secteur recensés à travers le pays, nous les retrouvons dans la région de Tahoua. Ce qui fait vraiment un grand potentiel de cet artisanat-là.

Qu’en est-il spécifiquement des trois métiers d’artisanat d’art, qu’on retrouve exclusivement au niveau du Centre artisanal de la ville de Tahoua, à savoir la maroquinerie, la bijouterie et la cordonnerie ?

Ces trois métiers d’art, ce sont des métiers qui ont porté les valeurs de la région de Tahoua. Grâce aux représentations des symboles culturels, ils ont fait connaitre loin la région. Les bijoutiers, maroquiniers et cordonniers ont une expérience et un savoir faire qui valorisent le patrimoine culturel. Si vous prenez ne serait-ce que la maroquinerie, la fameuse Albai que nous portons, elle renvoie à une tradition, c’est une valeur sûre. Les ressortissants qui sont à Niamey ou à l’extérieur du pays s’y identifient, ils envoient de l’argent pour qu’on leur paie ces articles surtout à l’occasion de leurs festivités telles que les mariages et baptêmes et pour faire aussi des cadeaux. C’est pareil pour la balka que font nos cordonniers. Ce sont des produits très prisés par les touristes avant. C’est vrai aujourd’hui ils ne viennent plus. Ce qui a conduit d’ailleurs à la création, en 1995 de ce centre artisanal par le projet du développement de l’artisanat au Niger (DANI). Et dans ce centre vous remarquerez que c’est exclusivement ces trois métiers qui sont logés, parce qu’ils portent les valeurs traditionnelles, ils sont une valeur sûre. Cela ne veut pas dire que c’est juste ces métiers qui existent à Tahoua, mais c’est parce qu’ils symbolisent l’histoire, les traditions de la région.

En termes de statistiques, est-ce qu’on peut avoir une idée du nombre d’artisans officiellement reconnus ?  

Les statistiques, c’est un point saillant, mais c’est vraiment le goulot d’étranglement de notre secteur. La situation officielle n’est pas aussi importante en chiffre. Au niveau du centre nous avons 138 artisans dont 28 femmes maroquinières. A la tannerie de Tahoua, ceux qui leur fournissent la matière, la peau, nous avons 48 tanneurs. En tout, nous avons quelques 300 artisans inscrits à la chambre des métiers de l’artisanat.

Monsieur le directeur, suite à notre passage au centre artisanal de Tahoua, nous avons pu constater que les clients se font très rares. Quelle lecture faites-vous de cette situation ?

C’est un point qui mine beaucoup notre secteur, à travers le pays en général et particulièrement à Tahoua. L’insuffisance de débouché est liée évidemment à la régression du tourisme. Mais ce n’est pas une fatalité, personnellement, je vois plus la baisse d’attraction vis-à-vis du marché local, la consommation par nous-même. Il y’a aussi une insuffisance de dispositifs commerciaux. Les artisans devraient, à travers leurs organisations multiplier les approches. Peut-être, de ne pas attendre que les foires périodiques, ils doivent être dans les coulisses des ateliers et séminaires qui s’organisent plus souvent, pour mieux vendre.

Cette situation de baisse de marché est due aussi  au manque de partenaires pour le secteur, au plan national même, à plus forte raison au niveau des régions. Aujourd’hui, l’artisanat nigérien, en général, est délaissé à son sort. Ce secteur n’est plus appuyé par des partenaires. Il n’y a que les efforts de l’Etat. Dieu merci, l’Etat fait de son mieux, à travers l’organisation des foires. Par exemple le SAFEM qui se tient chaque 2 ans au plan national, permet aux artisans d’exposer et réaliser des bons chiffres.

Nos artisans font preuve d’une forte résilience, malgré la perte de vitesse du tourisme et le contexte de la pandémie qui les a durement impactés, en 2019-2020.  Du reste, le plus important, c’est la consommation de nos produits locaux par nous-mêmes. Les artisans méritent le soutien de tous, les institutions publiques, les collectivités, les projets. Aujourd’hui si nous prenons juste l’exemple avec les meubles de bureaux que nous commandons de l’étranger, nos artisans en fabriquent localement de même standing et plus durables même. C’est pareil avec les marchés des sacs, cartables et autres objets de décoration.

A votre niveau, qu’est ce vous faites, comme actions dans le sens de la promotion de l’artisanat à Tahoua ?

Dans le cadre de notre plan d’actions, au niveau de la direction régionale du tourisme et de l’artisanat, nous avons sollicité, à travers des TDR et mini-projets, des partenaires, je vais citer au passage l’ONG Hed-Tamat ; nous avons aussi le Conseil régional de Tahoua qui, avec l’appui de la coopération allemande GIZ, nous a permis de réaliser une étude diagnostique du secteur au niveau local. Malheureusement, le projet dans le cadre duquel a été faite l’étude est arrivé à son terme. Le Conseil de Ville également fait de son mieux en permettant aux artisans l’acquisition des stands lors de leur participation à des foires, tantôt à Niamey ou au Burkina-Faso.  Nous n’avons pas pu avoir de suite pour mettre en œuvre les activités et actions. En tous cas, nous essayons de mobiliser les partenaires à notre disposition pour aider les artisans. Nous suivons aussi les artisans et les accompagnons dans toutes les initiatives qui leur sont favorables, à chaque fois que le besoin est.

De manière globale, en quoi consiste la politique de l’Etat relativement à ce secteur ?

Elle est basée sur le document officiel qui est la Politique Nationale du Développement de l’Artisanat et aussi sur les différentes réglementations communautaires, en l’occurrence le Code communautaire de l’Artisanat de l’UEMOA. Ce dernier, c’est vrai, c’est un document qui régit le secteur sur l’ensemble de l’espace UEMOA, tout en se basant sur les différentes législations nationales mais, la Politique nationale elle est fondée sur 8 piliers. Ces volets vont du développement associatif jusqu’au financement du secteur, en passant par l’approvisionnement des produits ou bien des matières premières, la commercialisation, la formation des artisans et aussi l’appui-conseil à ces artisans. Dieu merci, aujourd’hui tous ces volets sont mis en œuvre, à l’exception du volet financement. Et c’est un volet très sensible. Disons qu’il ne dépend pas entièrement de l’Etat, les artisans aussi ont leur part de responsabilité sur ce plan. Parce que quand on appuie un artisan c’est sous forme de prêt et d’apport. Maintenant, les engagements ne sont pas souvent honorés par l’artisan. Mais l’Etat, à travers le ministère de tutelle cherche toujours à relever ce défi, pour développer plus ce secteur.  

Par Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua

Source : http://www.lesahel.org

 

Mahamadou Dan Dano LawalyMonsieur le gouverneur, quelles sont les réalisations effectuées dans les différents secteurs de la vie socio-économique de la Région de Diffa?
Malgré la situation sécuritaire difficile qui constitue une entrave à toutes les activités dans la région de Diffa, la mise en œuvre du Programme de la Renaissance acte II se fait de façon assez bonne, comparativement aux autres régions. Ainsi, on peut retenir, dans les secteurs prioritaires, les actions suivantes : sur le volet agriculture, la région a reçu de l'Etat et de ses partenaires 396,86 tonnes de semences de cultures pluviales et irriguées; 13 800 fagots de boutures de manioc et 800 tas de patate douce accompagnés de 3 976,2 tonnes d'engrais à prix subventionné, positionnés dans 7 points communaux de vente, et 13,600 tonnes de compost.
Tout ceci est appuyé par 9 200 litres de pesticides pouvant protéger 15 200 ha contre divers ennemis des cultures, du verdox contre les rongeurs et des équipements pour le traitement (appareils de traitement, masques de protection, gants, lunettes, etc.).

Mahaman Laouan GayaMonsieur le Secrétaire Exécutif, comment se porte aujourd’hui le marché international du pétrole ?

Nous pouvons dire que le marché international du pétrole se porte de mieux en mieux. Il est en convalescence parce qu’il sort d’une longue période de baisse drastique qui a trop fait souffrir les économies des pays producteurs.

Résultat de recherche d'images pour "Mahaman Laouan Gaya"Monsieur le Secrétaire Exécutif, comment se porte aujourd’hui le marché international du pétrole ?

Nous pouvons dire que le marché international du pétrole se porte de mieux en mieux. Il est en convalescence parce qu’il sort d’une longue période de baisse drastique qui a trop fait souffrir les économies des pays producteurs.

Rappelons qu’en 2013, le baril de pétrole était coté à 140 dollars US, puis à 115 dollars US en juin 2014, légèrement en dessous des 30 dollars US à la mi-janvier 2016, et il est remonté au-dessus de la barre des 50 dollars US en juin 2016.Tous les pays dont les économies dépendent de la rente pétrolière ont traversé une situation extrêmement difficile au point où les acteurs jadis foncièrement antagonistes à tous égards, ont entrepris des concertations de coulisses afin de parvenir à un éventuel rééquilibrage des prix du pétrole. Une première réunion a eu lieu à Doha au Qatar le 17 avril 2016 ; mais en raison de la rivalité entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, les négociations avaient capoté et les prix ont replongé après un léger rebond.

Le 10 août dernier, les pays africains ont célébré la 5ème Journée africaine de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil. A cette occasion,  Sahel Dimanche a invité le directeur général de l’Etat Civil, des migrations et des réfugiés au ministère de l’intérieur,  M. Malangoni Ibrahim. Dans cet entretien, plusieurs points ont été évoqués notamment le rôle que joue l’état civil dans la marche de nos Etats dans  la vie quotidienne  des citoyens. Il a aussi abordé le point sur le processus de modernisation de l’état civil nigérien visant à doter le Niger d’un système d’état civil digital fiable.

M. le Directreur général, voudriez-vous nous  définir ce qu’est l’état civil et son importance ?

 L’état civil  est un droit citoyen d’une importance capitale pour l’Etat, pour le citoyen lui-même, mais  que beaucoup de personnes ignorent. L’état civil,  c’est un ensemble de qualités inhérentes à la personne humaine que la loi prend en compte pour lui conférer des effets juridiques. Avant l’avènement de l’état civil dans sa forme moderne d’aujourd’hui où on délivre des documents écrits pour identifier une personne,  les gens avaient leurs façon d’identifier les êtres humains comme les noms,  l’ethnie, des signes faciaux ou autres identifiants. Aujourd’hui ces qualités qui permettent d’identifier une personne, c’est son prénom, le nom de son père, celui de sa mère, son lieu et année  de naissance etc… Comme vous le voyez, on rattache la personne à sa filiation, à ce que font ses parents comme activités. Ces éléments aident à avoir une sphère d’informations qui permettent de dire par exemple  que M  x est bien M x et non quelqu’un d’autre. La loi confère une valeur juridique à ces qualités qu’on prend en compte pour délivrer à cette personne ce qu’on appelle l’acte d’état civil. Et il y a plusieurs formes d’actes d’état civil.

Justement, quelles sont les pièces qui ont valeur d’actes d’état civil ?

Une pièce d’état civil, c’est un document sur lequel on retrace tous les événements importants de la vie d’un individu. Il y a  l’acte de naissance( le premier document qui justifie que la personne existe juridiquement), l’acte de décès, l’acte de mariage, de divorce ou de répudiation. L’état civil suit et prend en charge chaque événement qui survient dans la vie d’un individu pour le fixer. De nos jours, ces actes sont délivrés soit par le maire, soit par un  juge exerçant sur le territoire de la survenue de l’événement.

Quels avantages  confèrent les actes d’état civil à une personne qui en dispose?

 Je vais d’abord commencer par parler des inconvenients de ne pas disposer d’actes d’état civil pour mieux faire remonter en surface les avantages. Aujourd’hui lorsqu’une personne se déplace d’un point A à un point B et qu’elle n’a pas de carte d’identité, qu’est-ce qui lui arrive ? On l’arrête ou on l’amende. Lors des patrouilles, la police arrête des personnes qui n’ont pas de carte d’identité nationale. Or, pour se faire établir  cette carte d’identité nationale, on a besoin de l’acte de naissance, donc de l’acte d’état civil. Pour circuler librement, bien que la libre circulation est un droit,  un individu doit porter et présenter au besoin un document qui prouve que c’est bien lui et non personne d’autre. Si on prend l’exemple de l’enfant qui nait, pour qu’il entre à l’école, on a besoin de son acte d’état civil en l‘occurrence l’acte de naissance ou le jugement supplétif d’acte de naissance, pour bénéficier de certaines prestations sociales, c’est pareil. Mais  certains citoyens oublient ou négligent de déclarer les naissances,  d’autres ignorent même qu’il faut déclarer une naissance ou  qu’il y a un délai pour faire cette déclaration. On trouve ces cas de non déclaration dans les zones réculées et parfois même dans les milieux urbains.  Cela fait que les gens sont obligés de faire  recours aux tribunaux pour obtenir ces documents parce que les délais  de déclaration sont dépassés au niveau des services de l’état civil. Actuellement, le délai de déclaration d’un fait d’état civil est de 60 jours contrairement aux années passées où c’était de 10 à 30 jours. Aujourd’hui la loi l’a harmonisé et rallongé à deux mois pour mieux prendre en compte certaines contraintes, certains paramètres. On estime qu’en 60 jours, la personne a le temps matériel pour faire la déclaration. 

Où peut-on déclarer un événement pour obtenir un acte d’état civil ?

La déclaration des faits d’acte d’état civil se fait dans les centres de santé et  au niveau des villages administratifs et tribus auprès des chefs,  qui sont de facto  des responsables des centres de déclaration pour tous les  actes, qu’il s’agisse de la naissance, du décès, du mariage, du divorce. Les faits de répudiation sont par contre déclarés auprès des autorités coutumières ou religieuses.  La déclaration d’un événement quelconque est reçue puis transférée à la mairie où elle est transcrite dans les régistres d’actes d’état civil. Après l’authentification par le maire, on enlève un extrait qu’on remet au déclarant.

De manière spécifique, quelle est l’utilité d’un acte de naissance,  de divorce ou de décès ?

Nous vivons dans une société où il y a beaucoup de conflits, que ce soit dans le cadre du mariage ou du décès pour les questions d’héritage ou autre situation connexe. Les documents font office de preuve  d’un divorce ou d’un décès ou répudiation. Pour l’Etat, c’est important d’avoir des statistiques fiables. Cela permet de faire des analyses, des projections sur la croissance démographique, sur les besoins sociaux qui s’en suivront ou encore de savoir pourquoi il y a, par exemple, tant de divorces  à tel ou tel endroit et conséquemment d’envisager des solutions. Si tout est documenté, il suffirait d’exploiter les données pour savoir combien de divorces ou répudiations il y a dans un intervalle de temps donné. Les actes d’état civil sont également  nécessaires dans le traitement des litiges familiaux car, ils permettent d’identifier les protagonistes. Si nous prenons l’exemple d’acte de naissance, il est le document sur lequel repose toute la vie d’une personne et atteste de son existence juridique.

Malgré tous les avantages, force est de constater que beaucoup de nigériens ne disposent pas encore de pièces d’état civil, à quoi cela est dû et qu’est-ce qui est fait pour inverser la tendance ?

C’est vrai, il y a encore une bonne partie de la population qui ne possède pas encore d’actes d’état civil. Nous n’avons pas une étude formelle qui permet de connaitre la proportion des personnes dans cette situation. Mais en ce qui concerne les déclarations de naissance dans les délais, elles sont de l’ordre de 55 à 60%. Les raisons de cet état de fait sont diverses.  Il y’a les cas de l’ignorance. Heureusement que de nos jours, il y a de moins en moins des gens qui ignorent l’importance de l’acte d’état civil.  Mais il y a aussi le fait que certaines personnes ne perçoivent pas  l’utilité immédiate de ces actes. Et donc,  ils ne se bousculent pas. C’est lorsqu’elles font face à une contrainte juridique ou d’ordre pratique, comme un examen, une inscription d’un enfant que ces personnes courent pour aller au tribunal afin d’obtenir un jugement déclaratif, avec tout ce que cela comporte comme corollaires et risques. Nous sommes en train de faire le maximum que nous pouvons, avec le soutien des partenaires de l’Etat, pour sensibiliser la population à ce sujet. Grâce à la  loi de 2019 sur l’état civil et le projet PAREC financé par l’UE et l’UNICEF, nous sommes en train d’améliorer notre système d’état civil.  Nous allons mettre en œuvre  une campagne de communication et de sensibilisation pour un grand nombre de nos compatriotes à comprendre l’enjeu de l’état civil pour eux même. Nous avons fait beaucoup de choses par le passé qui nous a permis de progresser et d’atteindre le niveau appréciable de l’ordre de 55% à 60% de déclaration de naissances actuellement. Nous sommes en train de renforcer les capacités des collectivités territoriales, des directions régionales et départementales de l’état civil. Nous avons un maillage territorial assez renforcé pour assurer le travail, même s’il y a des soucis pour certaines localités.

Notre pays fait face à l’insécurité dans certaines  régions, comment procédez-vous  pour permettre aux personnes vivant dans ces régions d’avoir les pièces d’état Civil quand on sait qu’il y a des personnes déplacées?

Dans ce sens,  la loi de 2019-29 a innové pour pouvoir faire en sorte que ces zones ne soient laissées pour compte ou en marge du système. Tous les lieux de regroupement forcé des populations sont systématiquement érigés en centre de déclaration. Nous avons  choisi des personnes pour enregistrer tous les faits d’état civil qui surviennent, nous les avons formés et leur avons donné tous les matériels nécessaires. Donc,  nous faisons en sorte que l’état civil suive les populations déplacées où qu’elles soient.

Et que faites-vous pour les zones isolées ou les régions à faible taux d’enregristrement ?

Nous avons créé des équipes mobiles d’état civil pour récolter les déclarations dans les zones les plus réculées. Nous avons également un autre moyen d’enregistrement d’actes d’état civil : les audiences foraines.  Celles-ci par contre , sont une solution ultime déployée dans les zones à faible taux de déclaration. Elles consistent à aller vers les population en vue d’enregistrer toutes les personnes qui n’ont pas été déclarées. Actuellement, nos équipes sont dans la région de Zinder. Et c’est des opérations que nous menons dans toutes les régions où nous constatons ce faible taux. L’Etat, appuyé dans ce travail par les partenaires, a organisé ces audiences lors des échéances électorales. Beaucoup de nos compatriotes ont pu disposer de ces documents pour se faire enrôler dans le fichier électoral. L’UNHCR, l’OIF, l’UNICEF, la GIZ nous accompagnent encore dans ce travail de lutte contre l’invisibilité  juridique de nos concitoyens.

Depuis plusieurs années, on parle de la modernisation de l’état civil nigérien et on a l’impression que ça piétine.  Où est le projet de digitalisation annoncé ?

Nous sommes engagés   dans le processus de modernisation de notre état civil et cela  depuis plus de trois ans. A l’heure où je vous parle, le processus d’informatisation du fichier d’état civil, lancé par le ministre d’intérieur,  suit son cours normal. Nous avons lancé une grande réforme légale de nos textes pour  permettre l’utilisation des TIC dans le système d’état civil nigérien. Il s’agit de la loi 2019-29 portant régime de l’état civil au Niger et de son décret d’application. Cette loi a institué un régistre national de l’état civil  biographique des populations qui comporte désormais les données biométriques de toutes les personnes vivant au Niger. Dans le cadre de ce travail, le gouvernement a recruté un cabinet qui est en train de déployer la solution informatique nécessaire qui va permettre à toutes nos collectivités territoriales, à nos ambassades d’être interconnectées pour prendre en compte tous les faits d’acte d’état civil. Et cela grâce à une application et data center installés au sein de la direction générale de l’état civil qui nous permettra de suivre en temps réel tous les enregistrements des faits d’état civil. Nous allons alors les comptabiliser instantanément. C’est un système qui génère les statistiques et nous permet  de savoir avec exactitude ce qui se passe partout.  Cette informatisation va aboutir à l’interconnexion de toutes les directions générales, départementales, communales de l’état civil et même nos ambassades et consulats.  Pour la phase pilote de cet immense chantier, nous allons d’abord déployer la solution digitale dans les cinq arrondissements communaux de Niamey. Nous sommes déjà en train de travailler avec l’ACN4 qui a toutes ses infrastructures fin prêtes. Lorsque nous aurons implementé cette phase pilote à Niamey et que nous l’aurons testée, nous allons passer à l’échelle nationale. Je puis vous asssurer que  tout est pratiquement acquis pour le délpoiement de la solution digitale de notre fichier d’état civil nigérien  sur l’ensemble du territoire national. Mais il nous faut d’abord l’implementer au niveau de Niamey, voir les difficultés éventuelles, les corriger avant de la mettre à l’échelle pour nous permettre d’avoir la situation dans notre base des données. L’un des avantages de ce fichier d’état civil est que les données ne se perdront plus, les usagers ne vont plus  se fatiguer pour faire des copies d’actes d’état civil. En cas de perte d’un document, il peut être repris à partir de la base de données.  Mieux, nous sommes allés loin. Désormais les actes seront faits sur du papier de très bonne qualité et sécurisé. Très bientôt, les actes  seront transcrits sur du papier, en plus d’être de bonne qualitén sécurisé mais  infalsifiable.

Pensez-vous que cette digitalisation peut aider à l’amélioration du fichier électoral ?

Absolument. Je disais tantôt qu’il a fallu faire des audiences foraines pour permettre à des milliers de nigériens de se faire enrôler dans le fichier électoral, lors des dernières élections. Si nous améliorons le système, nous le digitalisons, nous allons récupérer aussi toutes les autres données pour les mettre à jour. Ce n’est pas seulement les nouveaux événements d’actes d’état civil qui seront enregistrés et digitalisés. C’est y compris les anciens actes d’état civil qui le seront. Nous allons reprendre tous les actes d’état civil pour les reverser dans le système digitalisé. Nous allons attribuer à chaque nigérien un numéro d’identifiant unique national qui va le suivre  toute sa vie durant. Pour faire le lien avec le fichier électoral, une fois le fichier d’état civil informatisé implementé, la CENI n’aura plus besoin d’engager des sommes importantes et des moyens colossaux pour l’enrôlement des électeurs dans le fichier électoral.  La base de données du fichier d’état civil sera mise à jour de manière permanente. Grâce à cela, notre pays aura en temps réel une idée très proche de la réalité de sa population, des personnes en âge de voter.  A titre illustratif, pour un enfant qu’on a enregistré il y a 18 ans, dès que nous interrogeons notre base de données, le système nous sortira la liste de toutes les eprsonnes qui ont 18 ans, donc en âge de voter que nous allons juste remettre à la CENI. Les personnes décédées par contre ne figureront  plus sur le fichier des personnes existant sur le territoire ou même ailleurs. Si le système d’état civil est  fait de manière digitale, il va marcher par addition et soustraction pour fournir des  données très proches du réel, en ce sens que chaque enregistrement est automatiquement pris en compte par notre data center. L’Etat,  les collectivités territoriales, les partenaires au développement, les ONG auront des données plus fiables pour faire leurs projections. 

Y a-t-il  un lien entre l’état civil et l’apatridie dont on dit qu’il y a  200 millions d’apatrides au monde?

Le lien qui peut exister est évident parce que le premier document  qu’une personne existe juridiquement, c’est l’acte d’état civil et qui lui permet de prétendre à une nationalité, même si on sait que ce n’est pas l’acte d’état civil seul qui suffit à octroyer la nationalité à une personne. Il y a le droit  du sang ou du sol selon qu’on soit dans un pays ou dans un autre qui entre en ligne de compte ou encore un autre motif comme la demande de naturalisation. Mais il faut d’abord au préalable avoir l’acte d’état civil, fusse-t-il d’un pays autre que celui dans lequel la personne vit. L’acte de naissance est l’élément fondamental pour avoir la nationalité, il est la preuve de l’existence juridique d’une personne.  Sans acte de naissance, une personne est en situation de risque d’apatridie. Au niger, nous n’avons pas des statistiques sur l’apatridie, mais des études ont relevé qu’il y a des personnes à risque d’apatridie à cause des déplacements. A titre d’exemple, un nigérien né au Ghana qui n’a jamais été déclaré à l’état civil, ne peut pas être déclaré au Niger.  La question de déclaration est territoriale, ce qui veut dire qu’n événement doit être déclaré là où il est survenu. C’est difficile de pouvoir lui délivrer l’acte de naissance. Mais la nouvelle législation( loi de 2019-29) a  pris en compte cet aspect de l’apatridie et a donné la compétence aux tribunaux de grande instance et des tribunaux de grande instance hors classe pour pouvoir, dans ces circonstances-là, délivrer des actes d’état civil à l’enfant qui, autrement, ne pourrait pas en avoir dès lors qu’il est né à l’extérieur du Niger et qu’il n’a pas été déclaré dans l’état civil du pays d’où il vient.  Au Niger, nous n’avons pas des personnes apatrides mais nous avons plutôt des personnes à risque d’apatridie pour les raisons que j’ai évoquées.

Par  Zabeirou Moussa(onep)
Source : https://www.lesahel.org 

Dans toutes les régions du Niger, le Conseil Régional joue un rôle actif dans la mise en œuvre des actions de développement. Dans cette interview, le président du Conseil Régional de Dosso M. Mamane Tourba se prononce sur les actions menées par l’institution au cours de ses deux ans de gestion.

Monsieur le Président du Conseil Régional de Dosso, après deux (2) ans de gestion, quel bilan pouvez-vous  établir ?

Le Conseil Régional joue un rôle actif dans la mise en œuvre des actions de développement. Pour ce faire, il bénéficie de l’appui de plusieurs partenaires au développement. Par ailleurs, la mise à disposition des agents des services de l’Etat dont certaines compétences nous sont transférées facilite la coordination et la capitalisation des actions menées au niveau de l’ensemble de la région.

De 2021 à 2022, le Conseil régional a fait plusieurs réalisations. Ainsi, dans le cadre de l’environnement, 2 800 ha ont été restaurés sur 89 sites dans 22 communes en 2021, lors de la 3e phase de la récupération des terres agricoles dégradées ; 5 000 noix de rônier ont été semées dans huit rôneraies dégradées. On a procédé ensuite au reboisement de 25,5 hectares de forêts classées à travers la plantation de 8 325 arbres. 30 apiculteurs ont été formés et équipés avec des kits d’exploitation (ruche moderne, combinaison de récolte, gants, bottes et enfumoir) ; 20 vanniers ont été formés et équipés avec du petit matériel (coupe pour feuilles de rônier, pince, marteau, couteau). En outre, 159 jeunes  ont formés et installés en technique de RNA ; 521 projets agricoles, en collaboration avec la BAGRI, GOMNI et HINFANI. 57% de ces projets sont portés par des hommes et 43 % par des femmes pour un montant total de 225 986 120 francs CFA. Dans le domaine de la formation professionnelle, avec l’appui des partenaires intervenant dans les secteurs de la formation et l’insertion professionnelles, 2 074 jeunes dont 1 040 femmes ont été formés à la pratique de métiers porteurs. Parmi ces 2 074 jeunes formés, 1 431 ont été appuyés à travers l’octroi d’équipements complémentaires en groupe ou en individuel.

Dans le domaine de l’enseignement secondaire, les réalisations se résument à la construction de 5 salles de classe équipées au CEG 3 de Gaya ; l’acquisition et la mise en place de 1 015 table-bancs aux CEG.  38 classes et 2 373 tables-bancs sont en cours de réalisation. Dans le domaine de l’hydraulique pastorale, sept (7) puits pastoraux et  (2) stations de pompage pastorales ont été réalisés. 

Dans le domaine de la Gouvernance locale, le Conseil régional dispose d’un manuel de procédures administrative, financière et comptable qui vise une meilleure collaboration de notre institution avec ses divers Partenaires ainsi que le bon fonctionnement du système de contrôle interne.

Monsieur le Président, quelle est votre appréciation sur le niveau actuel du processus de décentralisation au Niger ?

Le processus de décentralisation a fait l’objet d’évaluation qui a donné lieu à des recommandations permettant de rédiger « l’acte 2 de la décentralisation ». Les acquis remarquables de ce processus ont été : l’adoption par le Gouvernement du Plan de transfert des compétences et des ressources, l’adoption par l’Assemblée Nationale de la loi portant « Statut Autonome du personnel des Collectivités Territoriales », ainsi que son décret d’application par le Gouvernement, la révision du Code Général des Collectivités Territoriales, etc.

Disons que le contexte actuel est plus favorable à une opérationnalisation effective avec la prise en compte de la décentralisation dans les priorités du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2022-2026 adopté le 10 juin 2022. Aussi, faut-il le souligner, la territorialisation de ce PDES permettra, entre autres, le transfert concomitant des compétences et des ressources aux Collectivités Territoriales.

Quelles sont vos relations avec les autorités administratives et coutumières et les autres élus que sont les députés nationaux et les conseils municipaux ?

Pour l’accomplissement de sa mission, le Conseil Régional fait appel au concours des services techniques déconcentrés de l’Etat à travers le Gouvernorat de la région. Cette collaboration est exemplaire. Depuis son installation, aucun acte du Conseil Régional n’a fait l’objet de rejet de la part de la tutelle pour non-conformité à la réglementation. C’est l’occasion de remercier l’actuel Gouverneur de la Région de Dosso, Monsieur Albarchir Aboubacar pour sa forte disponibilité aux sollicitations de notre institution. Quant aux autorités coutumières, il faut noter que huit (8) chefs traditionnels sont membres de droit du Conseil Régional selon un quota fixé par la loi. Leur participation aux sessions (100% à chaque fois) est à saluer.

En outre elles sont impliquées systématiquement à toutes les activités de résolution de conflits ou tout autre problème en faveur des populations locales. Quant aux autres élus, je note que les 19 députés nationaux sont membres de droit et participent aux actions de développement régional.

Concernant les élus municipaux, nous animons entre organes exécutifs municipaux et régional un Cadre de Concertation des Collectivités Territoriales (CCCT) qui est pensé pour constituer un mécanisme institutionnel de concertation, de coordination et de suivi évaluation des différents acteurs intervenant au niveau de l’espace régional.

Quelles sont les perspectives de développement du Conseil Régional au profit des populations de la Région ?

Le Conseil Régional, doit créer un cadre propice en améliorant les conditions du développement économique régional pour stimuler la création d’emplois décents, la création de richesses et la fourniture des services économiques et sociaux de qualité au niveau local. L’objectif ambitieux de la Région de Dosso en matière de développement économique est de travailler conjointement avec tous les acteurs régionaux (population, élus, STD, PTF, OSC, secteur privé. En tant que collectivités territoriales, nous devons assurer le service public de qualité et avons pour missions, la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement d’intérêt communal et régional. Aujourd’hui, je peux dire que la région de Dosso s’engage honorablement à remplir cette mission. C’est dans cet élan que nous sommes constamment accompagnés par plusieurs partenaires techniques et financiers. Je saisis l’opportunité pour réitérer nos sincères remerciements à tous ces partenaires techniques et financiers pour leurs appuis constants. 

Sur la base de nos potentialités naturelles et des opportunités de valorisation, les perspectives de développement sont portées par la vision de Dosso qui est celle d’« une région moderne, prospère, bien gouvernée, forte de sa diversité culturelle, qui assure la satisfaction des besoins de sa population citoyenne et solidaire dans un contexte apaisé, avec une économie dynamique, diversifiée, compétitive, durable et harmonieusement intégrée ».

Avez-vous un message à adresser à la population ?

Nous sommes convaincus que la décentralisation reste le chemin incontournable pour le développement local. Notre objectif ambitieux de la région en matière de promotion de l’économie locale nécessite une très forte implication consciente et engagée des acteurs au premier rang desquels la population de la région. Cette population constitue l’élément central du développement local car elle est au début et à la fin de toute action de développement. Je voulais rassurer cette population, que la cohésion des membres du Conseil Régional, la synergie et la pertinence des décisions prises permettront de conduire efficacement la réalisation des actions et l’acquisition d’importantes infrastructures à même de consolider les jalons du développement économique et social de la région.

Propos recueillis par Mahamane Amadou ANP-ONEP/Dosso

 

 

M. Mamoudou Moctar, Président de la Délégation Spéciale de la ville de Niamey : ‘‘Le Niger est dans cette dynamique de Renaissance Culturelle, inspirée par le Président de la République, dont la ville de Niamey doit être le moteur, la locomotive et l’exemMonsieur le président de la Délégation Spéciale, pouvez-vous nous parler de vos réalisations depuis que vous êtes à la tête de la Délégation spéciale de la ville de Niamey et leurs impacts sur le quotidien des populations ?

Je dois d’abord remercier l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP), pour l’occasion qu’il me donne, encore, pour parler des travaux que nous faisons depuis notre arrivée à la tête de la Délégation Spéciale de notre capitale, sans oublier les perspectives, à l’avenir, pour rendre Niamey encore plus Nyala. Je dois dire que dès notre arrivée à cette fonction, nous nous sommes fixés des priorités. La première est celle qui consiste à mettre les agents de notre administration au travail, au service de la population. Il faut rappeler que les communes, les municipalités sont des structures de proximité et de gestion au quotidien mais aussi de l’avenir de la ville. Nous nous sommes inscrits dans cette logique de mener et de gérer nos actions ensemble, au quotidien. La deuxième priorité consiste à assurer à la population de Niamey les services essentiels. Pour que ces deux priorités soient accomplies, il faut des moyens. Ce qui nous amène logiquement à la troisième priorité, qui est la mobilisation des ressources pour atteindre ces objectifs mais aussi l’utilisation responsable et rationnelle de ces ressources. Concernant la première priorité, l’une des premières choses à faire, c’est de payer les agents des municipalités de Niamey. Nous nous sommes donc attelé à éponger les arriérés, surtout au niveau des temporaires. Ainsi, très tôt nous avons épuré les arriérés de ces temporaires, à mettre dans les meilleures conditions de travail, ces pères et mères de famille qui, de nuit comme de jour, s’activent dans des caniveaux, dans les ordures, dans les rues, dans la poussière, sous le soleil, pour accomplir leur tâche. En tout cas, nous avons mis le paquet pour que les agents se responsabilisent et se mettent activement au travail, tout en les assurant, régulièrement le paiement de leurs salaires. Donc, depuis notre arrivée, nous n’avons eu aucun mois d’impayé. Et je crois que cela à créer, au niveau du personnel, un engouement, une responsabilité et une envie de travailler. D’ailleurs, j’en profite pour les encourager et les féliciter de tout leur engagement à assurer la gestion urbaine, à assurer la gestion de notre capitale. Nous allons poursuivre cet effort de l’amélioration des conditions de travail de nos agents, en leur fournissant des matériels nécessaires et adéquats. Des instructions fermes ont été données dans ce sens et un suivi régulier est opéré. Donc, je ne pense pas que vous en trouverai, car nous sommes strict voir intransigeant par rapport à l’utilisation rationnelle des engins de la mairie, acquis à grands frais et qui doivent être utilisés uniquement au service des populations de Niamey. Aussi, nous avons procédé au recrutement de près de trois mille (3.000) temporaires, dans l’ensemble de la ville, pour la salubrité, l’entretien des voiries, pour la réparation des nids de poules, notamment. Je pense que les résultats sont remarquables. Concernant la deuxième priorité, qui consiste à assurer les services essentiels à la population, le déploiement de ces moyens humain et matériel a permis d’être à côté des populations, pour répondre à leurs exigences, à leurs souhaits, à leurs envies dans la capitale. Il s’agit d’abord d’assurer une ville propre, une ville où il fait bon de vivre. Il faut des rues, des routes, des quartiers propres. Nos agents sont sur pied de jour comme de nuit pour assurer ces souhaits. Nous avons ainsi fait une opération coup de poing pour réparer les nids de poule de tous les grands axes prioritaires fortement fréquentés. Aujourd’hui, on peut aisément circuler dans la ville de Niamey. Pour une ville, il faut l’entretenir, chaque heure, chaque jour. C’est donc ce travail que nous sommes en train de réaliser depuis notre arrivée à la tête de la Délégation Spéciale de la capitale. Assurer les services à la population, c’est aussi leur créer un cadre agréable. C’est pour cela que nous sommes en train de recréer tous les axes principaux de la ville de Niamey. Pour permettre aux populations d’avoir des activités continues, le jour comme la nuit. Qu’elles aient des activités économiques, culturelles, sociales, de divertissement. En effet, une ville ne fonctionne pas seulement le jour, une ville vit aussi la nuit. Aujourd’hui, Niamey est véritablement une ville qui vit et c’est cela l’ambition qui a animé le Président de la République.

M. Mouctar Mamoudou, Président de la Délégation Spéciale de la Ville de Niamey : «La gestion de notre capitale est une affaire de tous»A la tête de la capitale nigérienne depuis un peu plus de deux ans, M. Mouctar Mamoudou, met en œuvre plusieurs programmes et projets pour faire de Niamey une ville coquette, ‘‘Nyala’’, où il fait bon vivre. Faire de cette vitrine nationale une capitale moderne, comme le souhaitent les Autorités de la 7ème République, sous la houlette du Président de la République, Issoufou Mahamadou, tel est aussi le rêve de M. Mamoudou, qui ne ménage ni son temps ni les moyens, pour l’atteinte de cet objectif. La communication, l’information et la sensibilisation sont les outils appropriés qu’il utilise pour faire adhérer la population à cet idéal. Les obstacles n’en manquent pas. Dans cet entretien, il nous parle du chemin parcouru sur cette trajectoire, les obstacles rencontrés au quotidien mais aussi les perspectives pour Niamey-Nyala.

A la faveur des préparatifs de la Conférence de l’UA 2019, la ville de Niamey a bénéficié d’importantes infrastructures modernes. Comment compter vous capitaliser ces acquis ?

Je dois d’abord dire que, jamais dans son histoire, la ville de Niamey n’a connu un tel intérêt et une telle dynamique ainsi qu’une volonté politique de ci-haut niveau. Le Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou a eu la belle initiative de dédier à la ville de Niamey un Programme spécial, appelé Programme ‘‘Niamey-Nyala’’ ou Niamey la coquette. Ce programme est une grande ambition, celle de faire de Niamey une grande ville. Et cela à travers la dotation d’infrastructures et équipements structurants. Aujourd’hui, cela est une réalité et a permis à tous les pays africains de faire confiance au Président de la République, Issoufou Mahamadou, de faire aussi confiance à la ville de Niamey pour accueillir le plus grand sommet de notre continent. Il est unanimement reconnu que ce sommet a été un grand sommet, une vraie réussite et un succès total et cela à tous points de vue. La ville de Niamey a su accueillir l’Afrique chez elle, elle a su organiser ce sommet dans des très bonnes conditions de sécurité, d’hospitalité. Elle a su mettre à la disposition de ses hôtes des équipements adéquats pour leur séjour. Ce défi a donc été relevé par la volonté de tous, chacun et chacune s’est investi et à contribuer à cette réussite. Maintenant, le sommet de l’UA est passé. Reste la sauvegarde et la pérennisation de ces acquis. La ville de Niamey est en train de s’investir, avec tous les acteurs, pour sauvegarder ces acquis. Mais aussi pour continuer à faire de notre capitale une ville Nyala. L’ambition du Président de la République pour la ville de Niamey se poursuit. Pour cela, il faudrait aussi une implication, une mobilisation et surtout un changement de mentalité et de comportement de toute la population de Niamey. Un changement, dis-je pour s’approprier toutes ces réalisations, faire siennes de toutes ces réalisations. Que ça soit les routes, les hôtels, les échangeurs, les espaces publics aménagés, les bénéficiaires de tout cela c’est avant tout la population de Niamey. Donc ces populations doivent prendre soin de tous ces investissements et de toutes ces réalisations, en ne commettant pas des dommages là-dessus, en empêchant qu’on y commette des dommages, en les protégeant. C’est d’ailleurs, pour cela que nous avons mis en place des comités de quartiers, autour de ces comités nous avons réunis toutes les organisations sociales, civiles comme militaires, nous avons aussi initié plusieurs programmes, comme I-Nyala, qui est une plateforme interactive, il y aussi le numéro vert, pour permettre une interaction avec la population, nous avons aussi dédié une journée pour Niamey-Nyala, qui est le 1er dimanche de chaque mois, nous avons lancé le concours du quartier le plus propre, mais aussi Nyala Challenge. Tout récemment, nous avons lancé l’évènement Nyala Bayan Sallah, qui est une initiative qui a pour objectif d’inscrire la salubrité dans notre culture, dans notre tradition et dans nos habitudes. Car nous estimons que, de la même manière qu’avant une fête chaque famille apprête son ménage, il doit, tout autant, le faire aussi après la fête. Cela n’est ni plus ni moins qu’une question de bon sens. Cette opération de Niamey Bayan Sallah sera répétée à chaque fête. Certes nous demandons la compréhension, la mobilisation et l’association de la population dans le cadre des initiatives que nous proposons mais nous devons aussi créer des cadres, donner des outils qui peuvent permettre à cette population de nous suivre et d’agir. Nous comptons continuer dans cette démarche pour que s’instaure dans la ville de Niamey une véritable dynamique de prise en charge de la gestion urbaine. Cette responsabilité urbaine va au-delà de la responsabilité collective, qui est celle des autorités, aller jusqu’à la responsabilité individuelle. Chacune et chacun doit comprendre que la gestion de notre capitale est une affaire de tous. Aujourd’hui les agents de la Mairie sont constamment sur le terrain, de nuit comme de jours, pour rendre la ville propre. Cependant, il y a deux phénomènes qui entravent ce processus. Il y a d’abord que là où nous nettoyons d’autres salissent. Nous devons faire en sorte que cela s’arrête par la sensibilisation et la communication. Il y a aussi le fait qu’au moment où nous prenons en charge tous ces espaces, il y a des ménages qui ne font rien. Alors nous devons créer les conditions pour amener chaque ménage à prendre en charge son périmètre de vie.

Monsieur le président, le problème de l’énergie dans notre pays se pose avec acuité. Quelle est votre analyse sur cette situation?

Posons l’équation de la situation paradoxale de notre pays : nous constatons que le gouvernement travaille de manière accélérée à accroitre les capacités énergétiques avec le démarrage de la Soraz, des centrales de Goroubanda, de Istithmar, de la centrale solaire de Malbaza, du lancement de celles de Niamey et d’Agadez. Et dernièrement a eu lieu à Niamey le démarrage des grands projets comme Haské et la visite du Président de la République pour voir l’avancée des travaux du barrage de Kandadji. Le Niger exporte des hydrocarbures et du gaz. Ce panorama de la situation énergétique est censé nous mettre à l’abri des pénuries d’énergie de toute sorte. Mais, ce n’est pas le cas. Au contraire, notre pays doit relever d’importants déficits de production et de distribution de l’énergie. En plus, puisque nous sommes un état démocratique et donc respectueux de notre Constitution, nous y avons même mis l’accent sur cette énergie indispensable à notre souveraineté, l’article 147 stipule, à son alinéa premier «L’Etat s’attelle à développer son potentiel énergétique en vue d’atteindre la souveraineté énergétique, l’accès à l’énergie et la mise en place d’un secteur industriel, minier, pétrolier et gazier dynamique et compétitif, orienté vers la satisfaction des besoins nationaux et des exigences du développement». Cela veut dire que l’énergie n’est pas un problème exclusivement technique laissé aux seuls experts, mais elle est au centre de notre future, du futur de notre nation. Soulignons ensuite le second membre du paradoxe de cette équation qui est que disposer d’immenses potentialités énergétiques ne signifie pas une autonomie énergétique, même avec le soutien explicite de la loi. Sachez que 85% des ménages nigériens n’ont pas accès aux sources d’énergies modernes et continuent à utiliser du bois de chauffe prélevé sur un écosystème très fragile, menacé par l’avancée presqu’inexorable du désert. Nous assistons à des coupures intempestives et prolongées d’électricité qui nuisent aux activités économiques parce que comme le dit un économiste : «l’économie, c’est de l’énergie qu’on brûle», donc une mauvaise fourniture d’énergie, et j’y inclue son coût très élevé, signifie un sous-développement permanent… Si nous ramenons cet état de fait au niveau des ménages, ce sont des ressources alimentaires perdues, des produits frais jetés, parce qu’impropres à la consommation du fait de ces désagréments énergétiques, des équipements endommagés, etc. On ne peut parler de droit à l’énergie quand une frange importante de la population n’a pas accès à l’électricité et au gaz. On ne peut accéder aux avantages que donne l’énergie quand les coûts sont exorbitants pour la bourse des populations. Ensuite, on ne peut pas traiter différemment les habitants de la capitale des autres villes. C’est pour dire que l’électricité et le gaz sont les leviers de la croissance économique et la guerre en Ukraine le démontre aisément. Comment résoudre ce problème ? Comment résorber ce déficit énergétique ? La solution doit être une réorganisation en profondeur des moyens propres de production et dans le volet transport d’énergie. En outre, un plan de réduction des coûts pour les ménages et même les entreprises doit être adopté. Autre solution, beaucoup vont la trouver présomptueuse, voire audacieuse, c’est l’installation et l’exploitation d’une centrale nucléaire au Niger pour faire profiter beaucoup de pays de la sous-région. C’est aberrant que le quatrième producteur mondial du précieux minerai ne dispose d’aucun réacteur nucléaire. Ayons le courage patriotique d’aller dans cette voie en nous appuyant sur l’expertise des pays qui se servent de cette énergie depuis des décennies. Evidemment que la préservation de l’environnement doit être prise en compte au plus haut point.

Quelles sont les potentialités du Niger en termes d’énergie et comment faire pour les rendre exploitables ?

Il est difficile pour l’instant de répertorier avec exactitude l’ensemble des potentialités énergétiques dont regorge le Niger. Cela ne sera possible qu’avec des recherches et prospections minières approfondies. Pour l’heure, à titre illustratif, nos ressources primaires énergétiques déjà identifiées sont l’uranium, le charbon fossile, les hydrocarbures, le soleil, l’hydroélectricité, le vent, sans compter la biomasse et les déchets. L’exploitation des gisements d’uranium détectés dès les années 60, atteint déjà un cumul de production de près de 150.000 tonnes. Les réserves totales du pays se situent entre 400.000 et 500.000 tonnes. La SONICHAR, créée en 1978 qui exploite le charbon fossile, a implanté à Anou Araren, une mine d’extraction de lignite, (réserves estimées à 15 millions de tonnes) et une centrale électrique à vapeur de puissance 2 fois 16 MW, plus une ligne HT desservant en courant, la mine d’uranium d’Arlit et la ville d’Agadez. A Takanamat, près de Salkadamna dans la région de Tahoua, des réserves de 60 millions de tonnes de charbon de bonne capacité calorifique avoisinant les 7 000 Kcal/kg permettront la réalisation d’une centrale thermique à vapeur de 200 à 600 MW de puissance. Des études prospectives ont mis en évidence des réserves de 1.477.320.000 barils de pétrole équivalant à 261 Mtep et 10 milliards de m3 de gaz. S’agissant de l’hydroélectricité plusieurs études ont été conduites en 1960, indiquant le potentiel du fleuve Niger et de ses affluents en hydroélectricité et en navigabilité : six sites à grand potentiel de construction de mini-centrales ont été identifiés : Kandadji : 230 MW, Sirba : 4.4 GWh/an, Gambou : 122.5 MW, Gouroubi : 2.2 GWh/an, Dyodyonga : 26 MW, Dargol : 1.2 GWh. En ce qui concerne le soleil, au Niger, sur 2 km2 de surface, on peut collecter 9 kWh/j d’énergie thermique, convertibles en énergie électrique à l’aide de centrales à tour, à hautes températures, ou bien de centrales à moyennes températures à collecteurs cylindro-paraboliques ou à réflecteurs de Fresnel. Ces technologies, à présent disponibles sur le marché et bien maîtrisées sont mises en œuvre dans plusieurs pays comme alternatives non polluantes des centrales thermiques à fuel. Le Niger, inondé de soleil, dispose en abondance d’importants potentiels. De plus, avec la croissance continue des prix des hydrocarbures, le prix du kWh solaire déjà compétitif, le deviendra davantage. Le bois est l’énergie domestique de masse de la grande majorité des Nigériens qui continuent à transformer le pays en désert ! Les déchets qui encombrent les municipalités, méritent une prise en considération attentive, car ils constituent un potentiel énergétique non négligeable lorsque la chaleur qu’ils produisent par combustion dans des incinérateurs de qualité est valorisée dans une centrale thermique ou lorsqu’ils sont convertis en engrais pour accroître les rendements des cultures. Il ne faut pas ignorer la présence du vent, dans les régions de Tahoua, Agadez et Zinder où la vitesse de celui-ci atteint ou dépasse les 3 m/s. De ce point de vue, il y a lieu de se focaliser sur les défis de notre siècle en encourageant l’exploitation de toutes les ressources énergétiques, pour permettre à la majorité de la population d’accéder à l’énergie à moindres coûts. L’essentiel des infrastructures éducatives, sanitaires, hydrauliques et agricoles nécessitent d’être équipés en systèmes énergétiques modernes par l’Agence Nigérienne de Promotion de l’Electricité en milieu rural (ANPER).

L’ONG CODDAE que vous présidez a entrepris d’assister la population d’Arlit dans le cadre de l’accès à l’électricité. Pouvez-vous nous en faire la genèse ?

Sans énergie pas de développement, comme nous l’avons dit plus haut. Regardez la guerre de l’énergie (sans mauvais jeu de mot) dans la guerre qui se passe en Europe ; les prix de l’énergie flambent, des entreprises sont asphyxiées, d’autres ferment, les populations descendent dans les rues. L’énergie est la pierre angulaire de tout développement. Dans ce cadre, l’ONG CODDAE a apporté sa modeste contribution aux populations de la ville minière d’Arlit et, particulièrement aux personnes les plus économiquement faibles pour qu’elles puissent accéder à l’électricité. L’idée du projet est née de la conjonction de deux situations à savoir l’initiative de l’Association Mondiale Droit à l’Energie SOS Futur et l’ONG CODDAE qui avait mené des réflexions pour électrifier des villages dépourvus.

Le choix a été fait après appréciation des critères qui sont notamment, le poids démographique, la forte demande, la sécurité des personnes et les activités commerciales. De fortes inquiétudes ont été soulevées par le groupe Areva qui exploitait les mines d’Arlit, quant à l’extension des quartiers retenus vers les périmètres industriels des sociétés minières Cominak et Somair. Compte tenu de cette situation, les responsables de la commune se sont engagés à stopper toute extension des quartiers au-delà des limites de sécurité fixées tout autour des usines uranifères. Le projet concerne plus de 1.000 familles. Dans la logique de sa préparation, il s’inscrivait dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Présentement, non seulement l’électrification des quartiers périphériques d’Arlit a changé le cadre de vie à travers le petit commerce, l’éducation, la santé et l’artisanat, mieux il a développé certaines infrastructures commerciales connexes.

Pour son originalité, le projet a été présenté à Genève au Secrétaire Général des Nations Unies, qui a d’ailleurs été très impressionné par la démarche participative mise en avant. Nous avions démontré, une fois que si les populations ont accès à l’énergie, elles goûteront à ses bienfaits et prendront les dispositions pour payer ce besoin essentiel. Tout au long de la mise en œuvre du projet, l’attention des usagers a été attirée sur la nécessité de s’acquitter du payement des factures d’électricité. Dans le cas contraire, l’opérateur national qui est la Nigelec est en droit de procéder à la suspension de la fourniture parce que sa production a un coût. C’est ainsi que le projet a conseillé aux usagers de cibler des activités génératrices de revenus leur permettant de prendre en charge leur consommation électrique. Aujourd’hui, l’engouement des populations à se brancher pour créer des richesses, a eu un véritable impact, et plusieurs opérations de branchements sociaux ont été organisées.

Depuis de longues années, notre pays dépend de la République sœur du Nigeria pour son alimentation en énergie électrique. Comment le Niger peut-il se passer ou du moins réduire sa dépendance énergétique ?

La réponse n’est pas simple. La population nigérienne dans sa grande majorité, vit dans le noir et environ 70% de la consommation électrique est importée du Nigeria voisin. Cet état de fait se justifie par l’insuffisance des moyens financiers de l’État et des entreprises œuvrant dans le secteur. A l’épreuve des faits, dans la recherche d’une solution globale à long terme, il est fondamental de promouvoir des moyens de production avec la promotion des énergies renouvelables en relation avec l’Agence Nationale d’Energie Solaire (ANERSOL), tout comme les autres sociétés en charge des activités énergétiques, doivent être mises à contribution dans l’atteinte de cet objectif. Autant de questions sur lesquelles le gouvernement va devoir faire face.

Monsieur le Président, que faut-il faire pour gagner le combat de l’énergie ?

Il faut dès à présent, chercher à résorber le déficit énergétique enregistré pour faire face à la demande en forte croissance. A ce stade, il y a lieu de se convaincre de l’impérieuse nécessité à garantir l’accès à l’électricité aux populations démunies dans plusieurs villes et campagnes. La réponse à cette question se trouve au niveau d’investissements intelligents sur les besoins d’infrastructures, donc dans la volonté affirmée du gouvernement d’accroître des projets d’offre énergétique dans l’espoir qu’une plus grande consommation puisse impulser l’amélioration des conditions de vie des populations. En conséquence, il y a lieu de tendre vers la diversification des productions énergétiques et la modernisation des unités de production existantes. Cette situation va contribuer à sécuriser les approvisionnements et à réduire la dépendance énergétique exclusive de notre pays.

Propos recueillis par Oumarou Moussa(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

M. le président, vous avez pris part les 17 et 18 mars au Palais de Luxembourg à Paris à un colloque international sur l’énergie. Pourriez-vous nous parler de la pertinence d’une telle rencontre pour le Niger et le monde entier ?

Effectivement, nous avions participé à ce colloque, dont le thème est «Energie : bien commun de l’humanité», organisé par la Fondation Gabriel Péri au siège du Sénat français. Comme vous le savez, la France et d’autres pays du continent africain traversent une crise énergétique sans précèdent dont l’ampleur est comparable à celle du premier choc pétrolier de 1973. Notre pays, le Niger est bel et bien affecté par cette crise et les conclusions du colloque l’engagent autant que les autres nations participantes. L’analyse réflexive a permis de dégager des recommandations visant à favoriser l’accès à l’énergie pour tous. L’opportunité d’un tel colloque pour notre pays, est qu’il était axé sur la recherche des voies et moyens par lesquels le manque de l’énergie sera comblé, en s’appuyant sur les apports du sud et connaissances du nord. Sa pertinence au plan mondial, est qu’il s’agit d’une rare initiative devant sensibiliser les acteurs publics et privés sur les enjeux énergétiques en s’appropriant les besoins et les innovations issues de la recherche. Il est apparu nécessaire de dresser un état des lieux des sources d’énergies disponibles pour limiter drastiquement le recours aux énergies fossiles. En ce moment, les prix du gaz et de l’électricité sont 15 à 20 fois supérieurs à leurs niveaux de 2019-2020. De cet état des lieux, il ressort que le continent africain regorge abondamment de sources d’énergies fossiles et renouvelables pouvant permettre d’alimenter les pays démunis. Parmi celles-ci, on peut citer les ressources primaires énergétiques comme l’uranium dont le Niger est le 4ème producteur mondial, le charbon fossile, le pétrole, le gaz naturel, le soleil (une denrée gratuite), les bassins hydrauliques, le vent, sans compter la biomasse, les déchets urbains, et les résidus de culture. Pendant deux jours, l’accès à l’énergie a été au cœur des débats, puisque sa disponibilité pose un certain nombre de défis qui vont des enjeux climatiques aux questions de paix et de sécurité. En outre, l’approvisionnement énergétique est devenu un facteur de conflit et de reconfiguration de la géopolitique mondiale comme en témoignent les conséquences de la guerre dans certaines parties du monde. L’enjeu du décor s’est posé en termes de menaces, pour celles et ceux qui manquent d’énergie en vue de vivre dignement, tout comme sur le plan des risques liés à sa production, sa distribution et son transport.

Pourquoi, selon vous dans la thématique centrale du colloque le choix de l’approche : «bien commun de l’humanité» ?

L’approche «bien commun de l’humanité» a été évoquée tout au long des discussions, parce qu’elle vise à rendre sensibles les décideurs et les représentants des institutions pour travailler à mieux concevoir les contours et les implications de l’énergie dans une démarche qui ne l’oppose pas à la notion de service public. A l’issue du colloque, la fameuse notion de responsabilité des pays développés, sous la formule de «responsabilités communes, mais différenciées», a été exposée. Ce qui renvoie à la formule qui consiste à veiller à ce que les solutions des uns ne soient pas les problèmes des autres. Dans cette vision, le colloque a rappelé les réalités et contradictions du droit à l’énergie, des inégalités d’accès, à l’enjeu des ressources (naturelles et technologiques) dans le but de remettre l’énergie au cœur des préoccupations politiques, économiques, sociales et environnementales. Les difficultés relevées sont d’autant plus prégnantes qu’urgentes pour les habitants de la planète. Cette nouvelle approche a permis de débattre des problèmes énergétiques en cinq points. La première séquence du colloque a posé la question de savoir si l’on peut extraire l’énergie de la guerre économique et la mettre au cœur de la gouvernance mondiale. La deuxième séquence a abordé la pertinence de la logique de marché pour répondre aux enjeux nationaux. La troisième séquence a discuté du régime de propriété, des critères de gestion et la maîtrise sociale de l’énergie. Dans un quatrième temps, le débat a porté sur le rôle de la France et ses entreprises pour renforcer la coopération internationale dans le secteur. La recherche et la technologie étaient au cœur de la cinquième et dernière séquence afin de déterminer les obstacles à lever pour partager les connaissances et mutualiser les savoir-faire.

Aujourd’hui, le problème de l’énergie sur le continent Africain se pose avec acuité. Quelle est votre analyse sur cette situation ?

C’est une question d’actualité, mais qui est très complexe, car si rien n’est fait, les problèmes énergétiques risquent de se poser encore avec plus de gravité. Vous comprenez bien que les situations énergétiques des pays du sud sont différentes de celles des pays du nord. Nous traversons des zones d’ombres, il nous faut trouver les vraies solutions avec nos partenaires traditionnels. Il en irait autrement si nous faisions face à des perspectives encore moins réjouissantes, face à l’indisponibilité et la hausse des prix d’énergie qui se profilent. La crise énergétique en Afrique préoccupe aussi bien la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) que l’Union Africaine. Face au contexte mondial actuel, il est recommandé aux Etats africains de serrer les rangs en vue de mieux utiliser ce qui existe comme sources d’énergies offertes aux consommateurs et minimiser les coûts d’exploitation pour concomitamment mettre fin aux incessants délestages et sécuriser les approvisionnements. L’enjeu est de taille. En pareille circonstance, l’utilisation pacifique de l’uranium doit être envisagée dans notre sous-région. Ce qui met à l’ordre du jour la question de transferts de technologies. Les chercheurs nationaux, les ingénieurs français, américains, russes, turcs et chinois peuvent prendre part à cet effort. Ceci contribuerait à redonner du sens à leur travail et à leurs recherches, trop souvent détournés vers la seule recherche du profit. Dans cette perspective, nos pays trouveront des ampoules à faibles coûts à leurs populations. Alors, vous me diriez peut-être, peut-on aller plus loin dans cette démarche ? Oui, car l’explosion démographique, les conflits, l’essor des classes sociales moyennes, la fin prochaine des énergies fossiles nous conduira inévitablement vers d’autres sources d’énergies propres. Le nucléaire, le gaz naturel, le soleil, on en parle partout dans les grands centres d’intérêts, puisque les populations veulent mieux vivre. Il y a certainement des risques que les grands pays industriels ont su contrôler sachant que le risque zéro n’existe pas dans ce domaine. Même en temps normal, le nucléaire fait peur dans beaucoup de parties du monde, notamment en Allemagne où des politiques sont mises en place pour fermer les centrales, j’en suis conscient. Comme on dit «ventre qui a faim n’a point d’oreilles». En ce sens, c’est une clairvoyance de n’avoir pas ignoré l’inquiétude dont je mentionnais, car c’est un vrai stress sous d’autres cieux. Cependant, ne mettons pas la poussière sous le tapis !

Que pensez-vous de la mutualisation des efforts dans la gestion de la crise énergétique ?

La mutualisation des efforts ne signifie pas d’étouffer un pays africain comme le Nigeria qui fournit son électricité, son gaz et son pétrole aux pays voisins à des prix compétitifs. Au colloque, nous avions plaidé pour la construction d’une centrale nucléaire au Niger en collaboration avec les sociétés françaises qui y extraient les minerais, comme les accords internationaux le prévoient. C’est pour remettre au goût du jour l’ambitieux Programme Electronucléaire du Niger (PEN). Après la phase I que la Haute Autorité Nigérienne à l’Energie Atomique (HANEA) espère clôturer en début de l’année prochaine, le gouvernement aura tous les éléments de prise de décision en vue de la poursuite ou non dudit programme. Nous avons pleinement confiance aux différents responsables qui ont montré leur dynamisme et leur grande capacité de résilience. Nous osons espérer que le programme se poursuive, car personne ou presque ne s’y oppose. Il s’agit là d’un gros challenge qu’on ne doit céder à n’importe quel prix. En effet, les pays qui maîtrisent les technologies les plus avancées doivent offrir aux autres dépourvus, des perspectives de développement dans l’accès à l’énergie. C’est là que l’Autorité de Régulation et de Sûreté Nucléaires (ARSN) pourrait pleinement jouer sa partition. L’ARSN est l’organisme national de réglementation, compétent en matière de radioprotection, de sûreté et de sécurité nucléaires ainsi que pour la mise en œuvre des garanties avec l’AIEA. Dans cette perspective, notre continent trouvera des opportunités qui lui permettront de produire et de fournir l’énergie à faibles coûts.

La question de l’exploitation de l’uranium a également été abordée lors de ce colloque. Quelles sont les attentes pour notre pays et pour les populations riveraines ?

Les attentes sont énormes, et nous avons une mission conjointe à laquelle nous tenons beaucoup. Sur la base des recommandations issues du colloque, nous espérerons que des changements substantiels interviendront pour assurer la prospérité du secteur et la défense des intérêts des populations. Dans cette hypothèse, nous soutiendrons toute action tendant à revoir les méthodes d’exploitation et les contenus des contrats miniers, l’édification d’un environnement sain autour des zones minières, la gestion des millions de tonnes de résidus radioactifs qui sont à l’air libre à Arlit et à Azélik, la gestion des poussières et des gaz radioactifs qui se dispersent facilement dans l’environnement jusqu’aux agglomérations urbaines, le suivi de la situation des mineurs affectés par les pathologies qui disparaissent souvent au bout de quelques années et parfois après quelques décennies, la satisfaction des besoins des consommateurs et la lutte contre le réchauffement climatique. Notre inquiétude réside au niveau de la formation des populations riveraines qui ne sont pas assez éclairées sur l’ampleur de l’exploitation de l’uranium, un produit très dangereux. Pour l’instant, poser cette préoccupation légitime, c’est revenir à la source du problème de l’exploitation de nos mines, d’où notre appréhension qui vise à demander l’instauration de véritables bases de développement durable au Niger. Depuis cinquante ans d’exploitation uranifère, les multinationales se la coulent douce, tandis que peu de gains sont récoltés par nos régies financières en termes de revenus tirés des ressources minières. Qui aurait pensé, que jusqu’à présent, cette situation demeurerait inchangée ?

Propos recueillis par  Oumarou  Moussa(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

Monsieur le Directeur Général, en quoi consiste le travail de l’ONEF ?

Le travail de l’observatoire National de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, un Établissement Public à Caractère Social (EPS) créé par la loi n° 2012-24 du 02 mai 2012, consiste à aider les décideurs publics et privés sur les questions d’emplois et de formations. Spécifiquement, la mission de l’observatoire consiste à collecter, traiter et analyser les données sur l’emploi et la formation professionnelle. Nous avons aussi pour mission d’élaborer les répertoires des métiers et des compétences, d’analyser les filières porteuses d’emplois dans le pays, de donner des avis et des conseils sur toute question relative à l’emploi et à la formation professionnelle.

Comment se présente actuellement la question de la formation professionnelle et de l’emploi des jeunes au Niger ?

En termes de développement et de couverture de la formation professionnelle, nous avions seulement quinze (15) établissements et centres de formation professionnelle au Niger en 1980. Ils sont aujourd’hui plus de cinq cent (500) sur l’ensemble du pays. On a ainsi des flux importants de jeunes qui accèdent à la formation professionnelle et décrochent des titres et des diplômes dans ce secteur. D’où la question de l’emploi des jeunes.

Globalement, au niveau national nous avons un taux de chômage moyen de 7,9% au point de vue national. Mais s’agissant de l’emploi des jeunes, nos statistiques issues des enquêtes sur le terrain montrent que les actions menées par le gouvernement ont favorisé la création d’un million d’emplois au cours de ces huit (8) dernières années. Malgré ces efforts de création d’emplois, les besoins restent encore énormes et la précarité de ces emplois doit être prise en  compte. Nous avons ainsi constaté une inadéquation entre ces formations dispensées dans nos centres et les besoins du marché du travail. Cela se traduit généralement par des taux de chômage parfois plus élevés.

Vos services relèvent un fort taux de chômage au sein de la communauté des jeunes diplômés de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur. Quelles sont les mesures envisagées pour inverser la tendance ?

Les enquêtes d’insertion que nous avons menées sur les cohortes 2015, 2016 et 2018 de la formation professionnelle montrent des taux de chômage élevés de 40 à 50% des diplômées de certaines filières de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur. Pour ce dernier, le taux varie entre 24 et 31% pour les cohortes 2015 et 2016. Il y’a donc une grande disparité de ce taux de chômage en fonction de la filière, du type de diplôme et du milieu dans lequel se retrouvent ces jeunes formés sur l’ensemble du dispositif national.

Pour inverser cette tendance et tirer à la baisse ce taux de chômage, nous avons préconisé en premier lieu d’améliorer la qualité de la formation. Cela implique qu’il faut améliorer le niveau de formation des formateurs, équiper les centres de formation et favoriser l’accès des jeunes diplômés aux stages professionnels pour qu’ils soient plus compétents et qualifiés sur le marché du travail. Ce sont des mesures à prendre car les résultats de nos enquêtes montrent que 24 à 30% des diplômés finissent leur formation sans pour autant avoir accès à un stage professionnel.

L’insertion est une dimension très importante entre l’acquisition des compétences et l’employabilité de nos jeunes. Plusieurs dispositifs d’insertion existent dans notre pays, même si certains doivent être améliorés. Par exemple, la question du service civique devrait être revue pour qu’il soit un véritable programme d’acquisition des compétences et d’insertion professionnelle permettant à ces jeunes, une fois qu’ils ont fini leur service civique de deux (2) ans, d’être opérationnels et prêts à servir dans les secteurs public et privé. La réorientation de ce programme avec le volontariat est pour nous une solution clés qui permettrait de résoudre la question de l’insertion, de même que celle d’acquisition des compétences.

Qu’est-ce qui explique le taux élevé de chômage des diplômés dans certaines filières tels que les BTP qui sont en pleine croissance ?

Cela effectivement est un paradoxe. Les taux de chômage dans certaines filières telles que les BTP varient parfois de 30 à 60% pour certaines cohortes que nous avons analysé. Comme je l’ai dit plus haut, les raisons fondamentales sont d’abord la qualité de la formation. Il y’a des jeunes qui sont formés sur le tas et qui sont mieux qualifiés que ceux qui sont issus des centres de formation professionnelle. Le deuxième facteur est que ces jeunes qui viennent sur le marché du travail n’ont pas pu acquérir des compétences à travers leurs stages professionnels. La réalité est qu’aujourd’hui, les jeunes issus des centres de formation n’arrivent pas à trouver des stages sur les chantiers et vivre une vraie expérience professionnelle à travers la pratique.

Il y’a aussi les questions d’ordre socioculturelles qui empêchent à nos jeunes diplômés d’accéder à un emploi dans le secteur des BTP. Le premier élément qui empêche de les prendre, c’est le salaire qu’ils souhaitent. Au lieu d’avoir d’abord les compétences techniques avant de réclamer des niveaux de salaire plus élevés, les opérateurs économiques du secteur des BTP nous informent que ces jeunes prétendent directement à des salaires plus élevés, en plus des consignes qu’ils ne respectent pas et de comportements sur les chantiers qui frôlent l’indiscipline. Or, ces mêmes griefs sont moindres chez les expatriés qui travaillent dans ce secteur. Non seulement ces derniers respectent les règles et les consignes qui sont données par les employeurs, mais aussi ils sont moins couteux et plus sérieux que nos jeunes diplômés qui sortent de notre dispositif.

La question de l’insertion des jeunes diplômés va au-delà des compétences pour toucher des questions liées aux facteurs socioculturels. Ce comportement de nos jeunes qui ne prennent pas parfois conscience du travail fait en sorte que les operateurs ne les prennent pas sur leurs chantiers. C’est ce qui explique ce fort taux de chômage au niveau du secteur des BTP.

N’est-il pas nécessaire de réorienter désormais l’offre de formation professionnelle ?

Cela est nécessaire. Nous devrons opter pour la qualité et former des jeunes mieux qualifiés. Nous devons aussi les former en fonction des compétences demandées par le marché du travail et que nous avons décelées. A titre d’exemple, nos analyses ont montré qu’il y’a plus de 120.000 postes entre 2020 et 2024 qui seront demandés par les entreprises nigériennes. Nos centres de formation professionnelle, nos universités et nos institutions de formations, doivent se préparer pour répondre à ces postes de travail en mettant dans le dispositif de formation des ressources humaines plus qualifiées, des équipements plus adaptés, des curricula de formation répondant réellement aux exigences du marché du travail.

Vos services se sont aussi penchés sur la question de la protection sociale et du dialogue social. L’évolution dans ces secteurs est-elle à la hauteur des attentes ?

Quand on prend un poste d’emploi, il est important qu’il soit décent et durable. Un emploi décent est entouré par un dialogue social qui existe entre l’employeur et l’employé. Effectivement, les analyses de l’ONEF montrent que, au point de vue du dialogue social, il y’a une participation, jusqu’à hauteur de 70% à 80% dans certains secteurs, des employeurs à la prise de décision au niveau de la gouvernance. Mais au niveau de la protection sociale, nous avons remarqué des taux un peu variés de 60% à 70% seulement des employeurs qui sont déclarés au niveau de la caisse nationale de sécurité sociale.

On se félicite donc de l’adoption récente de la couverture universelle en santé. Si vous prenez un échantillon de 222.508 employés au niveau des entreprises, seul 8,9% ont accès à l’assurance maladie. D’où l’importance d’avoir ce dialogue social entre les employeurs et les employés afin que les travailleurs exécutent leurs missions dans des conditions acceptables et décentes.

Votre mot de la fin ?

Nous souhaitons que les décideurs publics et privés, avec toutes ces analyses et avis de l’ONEF, puissent se pencher sur les questions d’emploi et de formation. Il est grand temps de faire en sorte que les compétences que nous enseignons puissent répondre aux besoins du marché du travail. L’observatoire, en tant que baromètre des mesures de l’emploi et de la formation professionnelle, travaille pour aider les décideurs et la jeunesse nigérienne à trouver des emplois qui cadrent avec leurs aspirations et l’émergence du pays.

Réalisée par Souleymane Yahaya(onep)

20 août  2021
Source : http://www.lesahel.org/

« Les Nigériens doivent avoir confiance. Le Fonds est un outil des Nigériens par les Nigériens et pour les Nigériens »

 

Monsieur le secrétaire général du comité de gestion du Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie, présentez à nos lecteurs le fonds.

Le Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie est un fonds qui a été créé et mis en place compte tenu de la situation de notre pays. Les plus hautes autorités ont examiné et regardé la situation de notre pays sur ses différentes priorités. Les priorités actuelles sont d’abord et avant tout la sécurité des personnes et des biens, la sécurité alimentaire, l’éducation, la justice sociale et bien entendu la résilience de nos populations face aux sanctions injustement imposées. Alors, face à ces priorités, le CNSP a pris une ordonnance portant création du Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie.

Quels sont les objectifs visés par le CNSP à travers la mise en place du Fonds ?

Les objectifs sont à plusieurs niveaux. Il y a des objectifs à court, à moyen et à long termes. L’ordonnance 23-13 du 11 octobre 2023 prévoit les objectifs immédiats. D’abord la mobilisation des ressources pour le financement des appuis aux renforcements des capacités de nos forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité en les dotant des moyens logistiques notamment du matériel de transport.  Le deuxième objectif immédiat, c’est la participation à la prise en charge des citoyens qui sont victimes de déplacement forcé lié à l’insécurité et au terrorisme pour leur relocalisation, leur réinstallation et leur intégration ainsi que leur retour volontaire dans leur domicile. Le troisième objectif immédiat du fonds est la prise en charge de la population dans le cadre des actions citoyennes.

À moyen terme, le CNSP a une vision: celle de transformer, avant la fin de la transition, le FSSP en fonds d’investissement pour l’emploi des jeunes et des femmes. Vous constatez avec moi que depuis le 26 juillet 2023, les Nigériens se sont levés comme un seul homme pour sauvegarder la patrie, défendre la nation. Une fois cet objectif atteint, certainement que ces femmes et jeunes vont revenir vers le CNSP pour vouloir contribuer au développement de leur pays. C’est en ce sens que la vision du CNSP est de restructurer ce fonds en un fonds d’investissement pour l’emploi des femmes et des jeunes au Niger. 

Comment sera constitué ce fonds ?

Ce fonds a essentiellement 7 ressources de ravitaillement.  Premièrement, il y a les ressources qui sont liées aux prélèvements sur la structure des prix des hydrocarbures. Pour la première fois, le pétrole du Niger va servir directement les Nigériens notamment les jeunes et les femmes.

Deuxièmement, il y a un prélèvement de 10% sur les recettes provenant de la redevance annuelle versée à la l’Agence de Régulation de la Communication Electronique et de la Poste (ARCEP) par les opérateurs de téléphonie qui sont titulaires d’une licence ou d’une convention.

La troisième source de financement du fonds, ce sont les prélèvements de 10 F CFA sur chaque ticket de transport, sur chaque ticket de péage et 1000 F CFA sur les billets d’avion. Bien entendu après nos différentes consultations et concertations, les sociétés de transport ont décidé de prendre en charge les 10 F CFA sur les tickets de transport et se sont même engagées à prendre en charge jusqu’ à 20.000 tickets par mois sur une somme estimative de 200.000 F CFA par mois et par société de transport. Les Nigériens doivent se rassurer qu’aucun passager ne verra son ticket de transport terrestre augmenter de 10 F CFA. En clair, il ne s’agit pas d’augmenter le prix de ticket de voyage.  Nous sommes en consultations avec les responsables des agences. Quant au fond d’entretien routier FER, la mesure est déjà mise en application.

La quatrième source du fonds, ce sont les prélèvements de 10 F CFA sur chaque appel téléphonique et sur chaque souscription au forfait. Mais je tiens à préciser que cela se fera avec le consentement du consommateur. A ce niveau, l’ensemble des opérateurs sont en train de prendre des mesures pour que cette mesure de consentement soit effective notamment en implémentant l’application qui permettra de le faire.

La cinquième source du fonds, c’est un prélèvement sur les nuitées d’hôtel. Les hôtels sont classés en deux catégories, d’abord les hôtels 3 étoiles vont contribuer à hauteur de 300F CFA par nuitée. Quant aux hôtels de plus 3 étoiles, le montant à prélever est de 500F CFA par nuitée.

La sixième source du fonds, c’est les contributions volontaires des populations, des entreprises publiques et privées, des ONG, des programmes de développement et toute autre structure qui souhaite apporter sa contribution à l’effort national pour la sauvegarde de la patrie.

Et enfin, la septième catégorie des ressources prévues par le fonds sont les contributions volontaires et financières et en nature de la diaspora. Vous n’êtes pas sans savoir que les Nigériens de la diaspora ont été les premiers qui ont marqué le geste par rapport à la mobilisation des ressources du fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie.

Quels mécanismes avez-vous adopté pour assurer la transparence des ressources générées ?

L’ordonnance créant le fonds prévoit un comité de gestion dont je suis le secrétaire général. Et ce comité a pour rôle d’élaborer le programme général d’intervention du fonds. Donc, comme vous le constatez, on a un programme d’intervention qui définit tout ce qui doit être fait de manière cohérente et traçable. Le comité doit élaborer le budget annuel du fonds, faire le suivi des recettes du fonds et déterminer les opérations d’éligibilité du fonds. Et, au-delà de ce comité de gestion, le fonds s’appuie sur les structures de l’Etat à travers les autorités locales, les chefs de village, les maires, les préfets et les gouverneurs. En dehors de cette structuration pour assurer la transparence, nous avons trois autres outils. En premier lieu, nous venons d’opérationnaliser en deux semaines une plateforme digitale qui permettra de voir toutes les contributions en numéraire et en nature sur la plateforme. Chaque franc qui sort, vous allez voir la destination au niveau de cette plateforme. La plateforme permettra aussi de contribuer que ça soit à travers les agences de transfert, les cartes bancaires. Toute personne connectée a la possibilité de voir le moindre franc entré ou sorti du fonds avec son objectif.

Le second outil de transparence, ce sont les communiqués radiotélévisés et dans les journaux de manière régulière pour informer les citoyens au jour le jour sur la situation de la trésorerie du fonds et les contributions enregistrées.

Le troisième outil de transparence du fonds, c’est qu’il est soumis aux procédures d’engagement, d’exécution, de contrôle et d’audit de la dépense publique.

Quelles sont les stratégies mises en place par le comité de gestion pour amener les citoyens qui sont encore hésitants à comprendre l’importance du fonds et à y contribuer en conséquence ?

Il faut comprendre que rien n’est de trop lorsqu’il s’agit de la souveraineté, jusqu’au sacrifice ultime. Pour le CNSP, ce fonds doit constituer un outil d’exercice de la bonne gouvernance. Les Nigériens ont soif de justice, d’équité et de transparence. C’est un modèle de participation citoyenne pour la conquête de la souveraineté, que ça soit la souveraineté alimentaire, économique, nationale dans la globalité. Pour le CNSP, ça sera l’un des instruments privilégiés, un instrument financier pour les Nigériens et par les Nigériens. C’est l’héritage que le CNSP entend léguer aux générations futures. Les Nigériens doivent avoir confiance parce que c’est un outil des Nigériens par les Nigériens et pour les Nigériens. Il ne servira que l’intérêt des Nigériens.

Expliquez-nous, comment se déroule la collecte des contributions pour alimenter le fonds.

Nous avons justement mis en œuvre tout un ensemble de possibilités et de mécanisme pour permettre à tout Nigérien de pouvoir contribuer. S’agissant des transferts mobile Money, il y a les plateformes de téléphonie mobile à savoir, Zamani cash, Airtel money, Moov Flooz. Il y a des syntaxes actuellement qui sont communiquées pour la contribution. Aussi, si vous avez une entreprise et que vous avez un compte, nous avons ouvert un compte au niveau des banques qui sont communiquées pour faire le virement de compte à compte. Pour la visibilité, vous pouvez contacter le fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie en venant nous rencontrer pour apporter vos contributions. Vous avez sans doute constaté que tous les jours, le comité de gestion du fonds organise des cérémonies médiatisées de réception des contributions de nombreuses structures.

En dehors de la capitale aussi, nous avons un mécanisme de collecte de contributions à travers tout le territoire national. Pour ceux qui sont au niveau des circonscriptions locales, les contributions sont réunies au niveau des chefs de village, pour la commune, c’est au niveau des mairies, pour les départements, c’est au niveau des préfectures et pour les contributions des régions, c’est au niveau des gouvernorats. A l’extérieur également, les ambassades sont les relais de réception des fonds en nature et en numéraire. Nous estimons qu’avec toutes ces possibilités offertes, les bonnes volontés n’auront pas de difficultés à apporter leurs contributions pour ainsi participer à l’effort national.

Réalisée par Fatiyatou Inoussa (ONEP)

Le développement du capital humain, l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base, la promotion de la bonne gouvernance et la transformation de l’économie locale sont les grandes lignes retenues par le Conseil Régional de Tillabéri pour répondre aux aspirations des populations. Dans cette interview, le président du Conseil Régional de Tillabéri, M. Oumarou Issoufou aborde plusieurs questions relativement à la vie de la région notamment les potentialités et les opportunités économiques, les défis actuels, les perspectives, etc. 

M. le Président, quelles sont les grandes lignes du programme retenu par le Conseil Régional pour insuffler une dynamique de développement économique, social et culturel au niveau de votre région ?

Merci à l’ONEP pour cette opportunité ! Parler des grandes lignes du programme de développement de notre conseil m’amène effectivement à préciser que nous avons adopté notre plan de développement régional le 29 décembre passé. L’élaboration de ce document nous a permis de dégager des pistes devant aboutir à un mieux-être de nos populations. Ces pistes sont matérialisées en axe de développement. Avant l’élaboration de ce document, nous avons procédé d’abord à un diagnostic. Et il s’est avéré que ce diagnostic a relevé certaines difficultés et faiblesses notamment en matière d’accès aux services sociaux de base. Nous avons relevé assez de problèmes. Et l’analyse de ces problèmes et les réflexions qui ont été menées dans le sens de trouver des solutions, nous ont conduits à dégager quatre axes de développement que nous pouvons considérer comme des pistes allant dans le sens d’assurer ou d’insuffler une dynamique de développement durable à la région. Le premier axe est relatif au développement du capital humain. Le capital humain en réalité englobe le développement des infrastructures sociales dans les domaines de l’éducation, l’assainissement, la santé, l’hydraulique, etc. Comment améliorer l’accès de nos populations à ces différentes offres de services. Le deuxième axe, c’est la promotion de la bonne gouvernance. Pour que tous ces problèmes réunis en différents domaines puissent être résolus, il faut que nous pensions à améliorer la gouvernance. Le troisième axe porte sur  la promotion de la paix et la cohésion sociale. Comme vous le savez notre région connaît depuis quelques temps une crise sécuritaire, Dieu merci aujourd’hui, on peut noter une amélioration de la situation. Mais nous nous sommes dits que le défi est là. Il faut que nous y pensions. Cet aspect sécuritaire est une spécificité de notre région que nous vivons. Et enfin le 4ème axe concerne la transformation de l’économie de la région. Comme je le disais tantôt nous avons relevé une mauvaise performance du secteur économique et nous avons pu identifier des actions allant dans le sens de dynamiser ces différents secteurs.

Quelles sont les potentialités et les opportunités économiques sur lesquelles vous comptez vous appuyer, au niveau du Conseil Régional, pour relever le pari de la relance de l’activité socio-économique dans la Région ?

Nous sommes en train de nous mobiliser pour effectivement contribuer à un retour de la paix dans notre région. La première condition pour rélancer les activités économiques, c’est l’amélioration de la situation sécuritaire dans notre région. Et nous nous y attelons avec les principaux acteurs, les autorités compétentes pour que la paix revienne. Cela dit, les principales potentialités sur lesquelles nous allons nous appuyer sont : les ressources naturelles, le capital humain pour travailler ces ressources, notre zone pastorale, etc. Nous allons faire de l’irrigation un levier de développement afin de favoriser ou accroître les revenus de nos populations. Le secteur de l’élevage constitue une de nos opportunités sur lesquelles nous voulons bien nous appuyer pour amorcer le développement de la région.

Quels sont les défis et les contraintes majeurs qui contrarient les actions de développement au sein de la région ?

Ce qui contrarie les actions de développement de notre région, c’est d’abord l’insécurité. Comme je le disais tantôt, aujourd’hui nous avons des marchés qui sont fermés, la mobilité est entravée. L’insécurité a porté un coup aux échanges commerciaux. Vous savez, aujourd’hui dans certaines zones il y a un vol d’animaux qui est devenu récurrent. Ce qui fait que le secteur de l’élevage a pris un coup. Il y a aussi certaines difficultés telles que le problème de la main-d’œuvre pour accompagner les politiques de développement notamment la main-d’œuvre qualifiée. Nous avons beaucoup de jeunes mais malheureusement qui ne sont pas qualifiés. Il va falloir que nous mettions l’accent sur la formation des jeunes, surtout la formation professionnelle. Il y a aussi un autre handicap, qui est l’insuffisance de la participation de la diaspora dans les activités économiques au niveau de la région. La diaspora ne participe pas dans le processus de développement de la région comme nous l’aurions souhaité. Et là, nous allons initier des actions et des activités allant dans le sens de mobiliser cette diaspora afin qu’il y ait un flux de capitaux pour essayer de dynamiser davantage les activités économiques.

Quels sont les principaux partenaires techniques et financiers qui viennent en appui aux actions de développement de la région, et quelles sont les initiatives prises pour mobiliser les investisseurs ?

Par rapport aux partenaires, Dieu merci nous en avons plusieurs, notamment des projets et programmes qui nous accompagnent tels que le Projet Communautaire de Relèvement et Stabilisation au Sahel PCRSS, le Projet d’Appui aux Réfugiés et Communauté d’Accueil, la Coopération Allemande. Nous avons le PICCT qui nous a dotés de ce siège. Je profite de l’occasion pour saluer cette coopération féconde entre la coopération allemande et le Conseil Régional de Tillabéri. Nous avons également la coopération française à travers l’AFD qui est un partenaire privilégié de la région. Mais nous avons pratiquement tous ceux qui viennent dans la région de Tillabéri parce que nous capitalisons les interventions de tout le monde conforment à notre vocation qui consiste à favoriser le développement socio économique culturel de la région.

Monsieur le Président, parlons de la décentralisation qui est considérée comme une alternative crédible au rapprochement de l’administration des administrés ainsi que pour le transfert de la gestion par les populations de leurs propres affaires. Quelle est votre appréciation sur le niveau actuel du processus de la décentralisation au Niger ?

Mon jugement ou mon appréciation sur le niveau actuel du processus de la décentralisation, je dirais que c’est un processus qui suit son cours. Il y a eu quand même des acquis notamment : la mise en place des différents conseils élus, l’alternance au niveau de différentes circonscriptions décentralisées, la mise en vigueur des dispositions juridiques régissant le processus de décentralisation à savoir les différentes lois, les décrets, etc. y compris le code général de la décentralisation. Ce sont des acquis indéniables ! Un autre acquis important qu’il faut souligner, c’est le transfert de certaines compétences aux communes et aux régions notamment dans le domaine de l’hydraulique, la santé l’environnement, l’éducation etc.

Quels sont les perspectives de développement que porte le Conseil Régional au profit de la population ?

Les perspectives je les ai déjà énoncées plus haut à travers les quatre axes du plan de développement régional. Maintenant tout ça est conditionné par le retour de la paix et la stabilité. Nous prions Dieu pour que la paix revienne dans la région de Tillabéri. Si les conditions les permettent nous avons des belles perspectives, notamment dans le domaine minier. Vous savez, il y a plusieurs permis miniers qui ont été octroyés au niveau de la région de Tillabéri. Notre région devrait même avoir une autre mine industrielle d’exploitation d’or avec le Turcs, mais malheureusement l’insécurité n’a pas permis le démarrage de cette exploitation. Nous avons le Barrage de Kandadji, un programme assez structurant, etc. à travers lequel beaucoup de nos villages et villes seront électrifiés, des aménagements hydro-agricoles et un sentier pour les hippopotames seront construits. Avec ce Barrage, nous aurons une stabilité du débit du fleuve Niger. C’est vraiment tout un écosystème nouveau qui va être créé au niveau de la région de Tillabéri. Nous avons également comme perspective, la création des zones économiques régionales dans le cadre du PDES et le développement de l’irrigation. Nous avons déjà des projets dans ce sens qui sont prêts à accompagner les populations. Il y a plusieurs autres projets pour redynamiser et moderniser le secteur de l’élevage. L’un dans l’autre, nous restons optimistes et nous pensons qu’avec le retour de la paix, il y aura un changement qui va améliorer les conditions de vie des populations.

Je voudrais rassurer la population de Tillabéri, qu’elle a élue des femmes et des hommes dévoués au développement de cette région. Ainsi, j’appelle la population à apporter sa contribution à aider l’État, les collectivités à travers l’information, et à ne pas se laisser abattre par cette situation qui sera un jour derrière nous. Et enfin j’appelle la population à rester debout pour tirer le meilleur profit des différentes interventions des projets et programmes qui sont en cours dans la région. Dieu merci il y a assez de projets qui interviennent et beaucoup s’annoncent. Maintenant il revient aux populations de se tenir prêtes pour pouvoir profiter et exploiter ces opportunités afin d’amorcer le développement durable de notre région et favoriser le changement pour une amélioration de leurs conditions de vie.

Par Abdoul-Aziz Ibrahim, ONEP Tillabéri

Source : http://www.lesahel.org

 

M. Ousmane Baoua, Chef de Division à la Direction de la Météorologie Depuis quelque temps on enregistre une montée progressive du thermomètre dans certaines zones de notre pays et particulièrement à Niamey. Est-ce que cette situation est normale du point de vue météorologique ?

Merci de votre passage à la Direction de la Météorologie Nationale. Pour répondre directement à votre question, c’est vrai que depuis le début du mois de mars 2019, nous avons commencé à enregistrer une hausse de température. Le 31 mars 2019, nous avons fait une comparaison des températures maximales enregistrées au cours de ce mois de mars 2019 qui vient de s’achever, et celles du mois de mars 2018. Les statistiques ont montré que le mois de mars 2019 a été plus chaud que celui de 2018. Ça, c’est la première information en termes d’analyse. La deuxième, depuis le 1er avril 2019, les températures ont connu une hausse de 3 à 4 degrés Celsius sur notre pays ; et plus spécifiquement sur les régions de Niamey, Dosso, et Tillabéri. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de ces hausses de température, qui pour moi sont normales. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans le mois d’avril, et qui parle du mois d’avril dans cette région du Sahel, sait très bien que c’est au cours de cette période que nous enregistrons les températures les plus élevées. Donc il n’ya rien d’étonnant à cela. Et depuis le 1er avril sur les régions de Tahoua, Niamey, Dosso et Tillabéri, nous avons enregistré 43,44, jusqu’à 45 degrés hier sur Birnin Konni. Mais c’est sur ces localités que nous avons les pics de températures maximales au cours du mois d’avril. Pour l’Est du pays, vous prenez Diffa, et Zinder le pic des températures maximales est enregistré au cours du mois de mai. Maintenant pour la partie Nord du Niger, Agadez, Bilma, et les autres localités, les températures maximales sont enregistrées en juin. Donc pour nous, il n’y a aucune inquiétude à se faire. C’est un mois d’avril et c’est le mois le plus chaud. La température la plus basse, en termes de maxi, que nous pouvons espérer pour ce mois, c’est 42 voire 43 degrés Celsius. Et nous sommes dans la norme. Donc il n’y a pas à se faire d’idée. C’est normal, nous sommes au Sahel, et nous vivons ce temps là chaque année ; il n’ya pas d’inquiétude à se faire.

Pourtant sur les réseaux sociaux des informations distillées font état de prévisions de températures qui atteignent les 49 degrés Celsius au Niger cette année. Quelle est votre réaction par rapport à ces informations, et est-ce que cela est plausible?

Je ne répondrai pas à votre question sans pour autant vous remercier et vous féliciter pour votre professionnalisme. Parce que le fait d’entendre une information et de venir à la source pour chercher confirmation c’est faire preuve de hauteur de vue. L’information, je l’ai reçue, et nous avons activé notre stratégie de communication. Je pense qu’elle n’est pas encore suffisante. Nous l’avons fait depuis hier mercredi pour informer la population, et dire que cette information qui passe sur les réseaux sociaux n’est pas correcte. C’est une fausse information qui n’émane pas de la Direction de la Météorologie Nationale. Parce que sur le     message c’est écrit source : Direction de la Météorologie Nationale. Donc le plus important pour nous c’est d’informer la population. D’abord la forme du message n’est pas professionnelle, et elle ne vient pas d’un service de la météorologie. La météo ne prévoit pas au-delà de 7 jours. On rentre dans le domaine de la climatologie, et dans le domaine de la climatologie on prend la moyenne. Parce que la météo donne un paquet d’informations. Et dans ce paquet d’informations, il y a des personnes qui prennent une portion de ce paquet, pour le commenter, et en le commentant elles dénaturent la source, et cela devient autre chose. La météo a prévu que cette année 2019, sera une année où les températures seront en hausse. Et quand on l’avait dit, on avait fait nos prévisions pour le mois de mars, avril, et mai que l’on considère comme les mois chauds ici. Pour le mois d’avril, nous pensons que nous aurons une moyenne de 44 à 45 degrés Celsius. Sur le message, c’est écrit des températures de l’ordre de 49 degrés Celsius. La science de la météorologie est probabiliste ; elle n’est pas déterministe. Seul Dieu connait ce qui va arriver de manière exacte.   Dans la forme du message, on parle de moyenne, on ne parle jamais d’une valeur fixe. Ça c’est un. Deux, la température de 49 degrés Celsius, est une information très grave. C’est une information derrière laquelle peuvent se cacher des conséquences désastreuses pour le Niger. Beaucoup de personnes qui ne sont pas du domaine de la météorologie ou de la climatologie ne mesurent pas l’ampleur du danger de cette information. Pour l’historique, ici au Niger, nous avons des stations qui ont été créées depuis 1905, qui ont plus de cent ans d’expérience ; un siècle de données. D’autres depuis 1936. Et lorsque nous avons questionné notre base de données depuis le début, le pic de température maximale jamais enregistré au Niger est de 48,3 Celsius degrés enregistré à Tillabéri en avril 2010. La valeur qui suit, c’est 48,2 degrés Celsius, enregistrée toujours en 2010 à Bilma. Pour ce qui concerne Niamey, le pic c’est 46,2 degrés Celsius, enregistré le 19 avril 2010. Rappelez-vous, ce jour a été un jour exceptionnel. Un jour où il ya eu de centaines de morts ici à Niamey, parce qu’il y avait la forte insolation et il y avait l’humidité ; ce que beaucoup de gens n’ont pas pu supporter. Donc du point de vue historique, le Niger n’a jamais enregistré 49 degrés Celsius. Maintenant, si je fais une lecture verticale de ce message, ça veut dire tout simplement avoir une température de 49 degrés Celsius sur le mois d’avril et le mois de mai, veut dire qu’on devrait avoir pendant ce mois d’avril plusieurs jours, plus d’une quinzaine de jours où tous les jours on aura une température supérieure ou égale à 49 degrés Celsius. Puis qu’il faut faire une moyenne des températures journalières enregistrées divisée par 31 pour avoir la température moyenne de 49 degrés. Donc nous allons rentrer dans les 50 degrés Celsius. Donc vous voyez combien cette information là est extrêmement dangereuse. Parce que derrière cette information, les conséquences sont énormes. Et ce genre d’information chez nous à la météo, si elle était vraie ne peut être communiquée par une personne lamda. Il ya une chaine de diffusion des informations de ce genre. Et   moi quand j’ai ce genre d’information, on doit la remonter au Ministère des Transports qui est le Ministère de tutelle. Et là, il faut informer les autorités au plus haut niveau. Et ces informations ne sont pas diffusées sans pour autant que des dispositions soient prises. Si c’était vrai, tout ce qu’il ya comme dispositifs d’alerte, de gestion de crise, de gestion des catastrophes naturelles seront activés. Donc vous voyez l’ampleur de cette information. Les personnes qui diffusent ce genre d’information à travers les réseaux sociaux pensent peut être que cette information s’arrête sur une étendue de 1.267.000 km2. C’est à ce niveau que ces personnes ne mesurent pas l’ampleur du danger des réseaux sociaux. Ce matin, nous avons eu toutes les presses internationales qui étaient venues, tous les scientifiques avec lesquels nous collaborons en Europe et aux Etats Unis nous ont   appelé pour demander la confirmation de cette information. Et vous voyez cette information telle qu’elle est donnée, elle discrédite la météo, elle discrédite également le Niger. Donc ce sont des informations qu’il ne faut pas diffuser. Mais le plus grand danger de cette information, c’est qu’elle crée une rupture de confiance. Nous sommes dans une réalité de changement climatique. Les températures sont en train de grimper d’année en année. Je ne le souhaite pas, mais un jour on peut atteindre ce genre de valeur. Le jour où la météo, par voie hiérarchique ou officielle, annoncera ce genre d’information, la population pourrait ne pas prendre ça au sérieux. Parce qu’elle peut se dire, ils ont fait ça deux, trois, quatre fois ; et ce sont des mensonges. C’est là où c’est très dangereux, car cela peut amener des dégâts et des catastrophes énormes pour un pays. Pourtant au niveau de la météo, notre porte est toujours ouverte, que ce soit pour les journalistes, que ce soit pour le citoyen lamda. Toute personne peut rentrer et demander des informations. Elle peut aussi accéder à l’information à travers notre site web, à la télévision ou à la radio. Je pense qu’on ne devrait pas aider les gens qui diffusent ce genre d’information à relayer l’information. Parce que c’est le relais qui est le plus dangereux. Lorsque je reçois ce genre d’information, je dois mesurer son ampleur avant de la relayer. Mais aujourd’hui avec l’avènement des réseaux sociaux, au lieu de faire de cela un atout pour le développement de notre pays, au contraire il va à l’encontre du développement. Nous, cette année au niveau de la météorologie nationale, c’est une température moyenne de 44 à 45 degrés Celsius que nous prévoyons sur le pays.   Et ces températures sont pour nous, normales ; parce que ça coïncide avec un mois de chaleur. Le plus dangereux c’est la persistance de cette situation qui peut avoir des répercutions sur la santé. Si ça s’avère que cette année la saison est précoce et qu’on commence à avoir de la pluie, c’est fini de la chaleur. Donc vous voyez un peu les caractéristiques de la météo. Il ya beaucoup de phénomènes qui interviennent pour pouvoir déterminer cet indice de chaleur.

Quelles sont les prévisions concernant la saison des pluies cette année ?

Je ne pourrai pas vous répondre de façon claire par rapport à cette question. Nous sommes au mois d’avril, et nous sommes présentement en train de nous préparer à faire des analyses et à faire des prévisions à travers tout ce que nous avons comme modèles et se préparer par rapport à la saison d’hivernage 2019. Mais le forum de prévisions climatiques aura lieu cette année du 22 au 26 avril 2019 à Nouakchott en Mauritanie. Une équipe d’experts nigériens effectuera le déplacement, et au retour nous allons communiquer l’information de façon consensuelle dans Le Sahel spécifiquement sur le Niger.

Réalisée par Oumarou Moussa (Onep)

05 avril 2019
Source : http://www.lesahel.org/

 

Au terme d’une mission de quatre jours au Niger, le Vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, M. Ousmane Diagana a accordé une interview exclusive à l’ONEP. Dans cet entretien à bâtons rompus, M. Diagana revient sur les raisons du choix de trois pays du Sahel (Burkina Faso, Mali et Niger) pour sa première sortie depuis sa prise de fonction. L’impact des crises sécuritaire et sanitaire sur les pays du Sahel ; les initiatives de la Banque mondiale en cours et celles à venir étaient aussi abordées au cours de cet entretien. Le Vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale, n’a pas manqué de souligner les progrès réalisés par le Niger. Des progrès qui ne surprennent guère ce «Sahélien fier du passé glorieux du Sahel, de sa contribution au patrimoine mondial» surtout quand on connaît son optimisme quant au devenir du Niger et de la région du Sahel en général. «Je pense que dans cinq ans, le Niger sera un pays qui se transformera de manière significative dans l’intérêt de ses populations», tranche M. Diagana.

Monsieur Ousmane Diagana, vous venez de procéder, avec le Chef de l’Etat, au lancement d’un nouveau projet dénommé ‘’LIRE’’. Pourquoi le choix de l’éducation ? Quels sont les objectifs attendus de ce projet ?

Merci beaucoup, l’éducation est un secteur prioritaire pour le gouvernement du Niger. C’est un secteur qui est aussi central dans les objectifs du développement économique et social d’un pays. Nous nous n’interviendrons pas que dans le secteur de l’éducation. Nous avons un portefeuille de plus de 30 programmes au Niger, dont près de 20 programmes nationaux et une dizaine de programmes régionaux qui couvrent des secteurs divers et variés : les infrastructures, les routes, l’énergie, l’agriculture, l’accès à l’eau potable, la santé, un programme dédié à l’adaptation à la problématique changement climatique.

Aujourd’hui, nous sommes très fiers d’avoir contribué avec ce programme pour la mise en œuvre de la vision du nouveau Chef de l’Etat qui a placé l’éducation au centre de ses priorités. Comme je l’ai dit ce matin dans mon intervention, c’est une compilation des efforts que la Banque Mondiale a toujours faite dans le domaine de l’éducation. Je pense, aussi longtemps que je me souvienne, on a toujours financé l’éducation de manière holistique, du primaire jusqu’à l’enseignement supérieur en passant par l’enseignement technique et professionnel.

Et la communauté des partenaires au Niger a également négocié beaucoup de ressources dans le secteur de l’éducation. Mais quel que soit ce que nous ferons dans le secteur de l’éducation, on n’aura des impacts plus visibles et tangibles que lorsqu’on investira davantage sur la formation des enseignants, sur le renforcement de la qualité c’est-à-dire les ingrédients essentiels pour une bonne éducation qui sont la disponibilité, des manuels scolaires, la formation continue des enseignants, la mise en place des enfants dans les bonnes conditions y compris d’avoir accès à la bonne alimentation, la proximité de l’école avec les lieux de résidence des populations. Evidemment les objectifs vont tarder à se réaliser et c’est pourquoi nous allons continuer à investir significativement dans ce secteur.

M. Ousmane Diagana, vous séjournez au Niger dans le cadre d’une série de visites dans trois pays du Sahel à savoir le Burkina Faso, le Mali et le Niger, qu’est ce qui a motivé le choix de ces trois pays pour votre première sortie depuis votre prise de fonction ?

Ces trois pays sont des pays du Sahel, des pays qui sont confrontés à des défis de développement communs, des pays qui font face à une crise sécuritaire depuis quelques années, des pays qui sont affectés par le changement climatique, des pays dont les économies ont été particulièrement éprouvées par la COVID-19, mais également des pays pour lesquels la Banque Mondiale a décidé d’accroitre de manière significative ses financements.

Il y a un an et demi, un des responsables de la Banque Mondiale m’a précédé ici, il avait annoncé que dans le cadre deses financements pour les trois prochaines années en plus de tout ce que nous avions fait au niveau de ces trois pays là, on va ajouter une enveloppe de 8,5 milliards de dollars. Cette enveloppe a commencé à se matérialiser par des projets concrets.

Notre visite dans ces pays nous a permis de voir dans quelle mesure on peut accélérer la mise en œuvre des projets qui existent, mais également la poursuite d’un dialogue fructueux avec les autorités pour la préparation de nouveaux programmes. Certains de ces programmes seront nationaux c’est-à-dire spécifiques à chacun des pays, d’autres seront régionaux y compris par exemple un projet très important qui est emblématique qu’on appelle projet de la zone trois frontières dans le Gourma qui concerne le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

M. Diagana, on se rappelle qu’en décembre 2020, à un moment où la situation sécuritaire était encore très critique dans la zone sahélienne, vous aviez publié une tribune assez retentissante sous le titre ‘’Une vie meilleure au Sahel est possible’’, dont notre journal a d’ailleurs fait un large écho.
Qu’est-ce qui justifie cet optimisme affiché pour le Sahel ? Est-ce que cet optimisme est toujours de mise chez vous ?

Absolument ! Je pense que nous sommes tous sahéliens dans cette salle. Nous sommes fiers du passé du Sahel, de sa contribution au patrimoine mondial et nous reconnaissons aussi l’existence de talents au niveau du Sahel, que ce soit sur le plan des ressources humaines, sur le plan culturel, mais également sur le plan du potentiel économique. Il est aujourd’hui difficile de trouver dans le monde des pays qui ont un potentiel plus important que les pays du sahel dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage. L’économie se développe grâce essentiellement à l’agriculture. C’est un secteur de création de richesse par excellence ; c’est un secteur qui crée de l’emploi ; c’est un secteur qui génère de revenus ; c’est un secteur qui permet aux gens de ne pas avoir faim notamment ceux qui s’y adonnent, mais également les consommateurs.

Donc, avec une bonne gouvernance, des institutions de qualité, des investissements appropriés dans des secteurs qui débloquent les goulots d’étranglement et les contraintes au développement des autres secteurs, le Sahel renouera avec son passé glorieux en créant des conditions d’une vie meilleure pour ses enfants d’aujourd‘hui et du futur.

C’est cela le sens de notre lutte et nous travaillons à la fois avec des projets spécifiques. Dans le cadre stratégique que nous avons développé pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, se trouvent des interventions particulières pour le sahel. Nous allons veiller à la mise en œuvre de ce programme. C’est pour cela que je pense que vous ne serez pas fatigués de moi, parce que vous allez me voir très souvent au Niger.

Mais l’inquiétude, M. Diagana, c’est que dans ce genre de situation, les interventions des institutions comme la Banque Mondiale concernent le plus souvent les secteurs formels. Or on sait que pour le cas des pays du Sahel, le secteur informel occupe une part importante dans l’économie et il n’a pas été épargné par ces crises. Comment comptez-vous intégrer ce secteur dans vos appuis ?

Vous avez parfaitement raison de poser cette question. Je pense que cela fait partie  de changement de paradigme que nous voulons avoir au Sahel. Hier après-midi, j’étais sur le site d’apprentissage agricole de Say où nous avons financé un centre de formation qui récupère des enfants qui n’ont pas réussi dans des cycles scolaires. Pour ne pas les abandonner, il faut leur donner une deuxième chance.

Nous avons aussi ciblé des filles comme des garçons qui n’ont pas eu la chance d’aller à l’école pour leur donner une formation rapide, adaptée pour qu’ils puissent à la fin s’adonner à des activités de production et de transformation dans le secteur de l’agriculture. C’est à travers ces formations qu’un nouveau type de secteur informel et formel va se mettre en place. Je pense qu’avec le renforcement des capacités des jeunes, accompagné d’un financement approprié, nous avons aujourd’hui des projets qui se mettent en place. Nous travaillons ensemble à cela pour justement faire en sorte que tout celui qui a le potentiel pour pouvoir contribuer à quelque chose, que ça soit dans le secteur public ou privé, formel ou informel, qu’il puisse avoir la chance de participer à la croissance économique du pays.

Lorsque nous parlons de création d’emplois, nous savons aujourd’hui que dans les différents pays de la sous-région, la plupart des personnes qui travaillent sont dans le secteur informel. Et si les revenus qu’elles arrivent à tirer de ce secteur informel ne sont pas suffisants pour les faire sortir de la pauvreté, c’est que la façon dont l’appui à ce secteur a été fait n’est pas appropriée. Nous avons des programmes qui contribuent justement à travers des renforcements des capacités, mais également des reformes sectorielles et structurelles pour faire en sorte que l’économie dans son ensemble puisse se compléter, y compris la contribution du secteur formel et informel.

Au cours de votre séjour, vous avez certainement eu à faire le point sur l’état de la coopération entre la Banque mondiale et le Niger ? Quels sont les domaines où on a enregistré des succès et quels sont ceux qui nécessitent des améliorations ?

J’ai l’habitude de dire que le développement est une œuvre de longue haleine et qu’il n’est jamais un fleuve tranquille, surtout lorsqu’on opère dans une situation où les crises sont importantes et récurrentes. Donc quel que soit le progrès qui a été réalisé dans ce processus, il faut le reconnaître et garder le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.

Quand je regarde le secteur de l’éducation, (on en a longuement parlé ce matin à l’occasion du lancement du projet LIRE-Niger), malgré toutes les insuffisances qui restent, lorsqu’on voit que le Niger a atteint un taux d’accès à l’éducation primaire qui dépasse les 70%, on doit célébrer ça. C’est un progrès pour un pays qui, lorsqu’il a accédé à l’indépendance avait un taux d’accès à l’éducation de seulement 3%. Certains pays de la sous région comme le Bénin ici à côté, avaient un taux d’accès l’éducation de 30% au moment il accédait à l’indépendance.

Quand on regarde la taille du Niger, on se rend que c’est un véritable défi pour amener des enfants à l’éducation. Il faut construire des écoles dans le vaste territoire, il faut recruter et affecter des enseignants. C’est donc des ressources assez significatives qui ont été allouées à ce secteur. Et lorsqu’on fait ces efforts de construction, il est clair que d’autres éléments importants qui contribuent à l’amélioration de la qualité ne seront pas suffisamment financés.

C’est pourquoi, nous devrons simplement continuer à travailler ensemble en se disant qu’est-ce qu’on peut faire davantage pour le chemin qui reste à parcourir. Je préfère aborder la question sous cet angle plutôt que de dire qu’il ya des insuffisances, parce que les insuffisances seront toujours là.

L’autre secteur que j’aimerais évoquer, et il n’est pas le seul avec l’éducation, mais il est extrêmement important pour ouvrir des opportunités pour tout le monde, c’est le secteur de l’énergie. Le taux d’accès à l’énergie au Niger est aujourd’hui de 20%. Lorsque j’ai quitté mes fonctions ultérieures de Responsables des opérations pour les pays du Sahel il ya huit (8) ans, le Niger était à peine à 11%. C’est dire le pays a pratiquement doublé le taux d’accès à l’énergie en 11 ans. Vous savez, il est plus difficile de faire des progrès lorsqu’on vient de très bas que lorsqu’on est à une échelle plus élevée. C’est pourquoi, je suis parfaitement optimisme que dans les quatre ou cinq années à venir, le Niger pourra doubler son taux d’accès à l’énergie pour passer de 20% à 40%.

Un renforcement du système éducatif, accompagné de l’accès du maximum de la population à l’énergie permettra aux secteurs de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat pour ne citer que ceux là, de se développer. Je pense que dans cinq ans le Niger sera un pays qui se transformera de manière significative dans l’intérêt de ses populations.

Vous connaissez bien le Niger, pour avoir été en poste à Niamey. Après quelque temps d’absence, on dirait que vous gardez encore des liens particuliers avec ce pays…

J’ai des liens particuliers avec le Niger ! Je me sens Nigérien en étant un Africain et un Sahélien. Quand j’étais en poste ici, il n’ya pas une seule région que je n’ai visitée au Niger. J’ai été partout jusqu’à Diffa (NDLR : Diffa est à environ 1500 km de Niamey). J’ai été toujours impressionné par la résilience des populations nigériennes.

Quand on voit les conditions de vie dans un pays aussi vaste avec des zones désertiques, un pays qui est aussi entouré des pays en conflits, je salue les efforts des Nigériens d’abord les populations nigériennes pour leurs efforts pour s’adapter à ce contexte assez difficile. Mais je salue aussi les efforts des gouvernements qui se sont succédés à la tête du Niger, eux qui ont pu assurer dans ce contexte, je pense pour l’essentiel, des conditions de sécurité. Lorsqu’on regarde le voisinage du Niger, on se dit que ce pays a pu garder l’essentiel, c'est-à-dire un Etat qui fonctionne et qui travaille pour ses populations même si il existe des défis sécuritaires importants.

Vous avez dit que vous êtes Nigérien. Oui, car vous comptez parmi vos multiples distinctions celle de Commandeur dans l’Ordre du mérite du Niger. Aussi, cette visite est comme un retour en zone pour vous, mais qu’est-ce qui vous a le plus frappé en posant le pied à Niamey, à votre arrivée ?

D’abord, je tiens à renouveler mes remerciements aux autorités nigériennes pour cette distinction (NDLR : Commandeur dans l’Ordre du mérite du Niger) qui en réalité s’adresse à tout le staff de la Banque Mondiale qui travaille au Niger, aussi bien ceux qui sont ici que ceux qui sont ailleurs, qui travaillent sur le Niger et qui viennent régulièrement en mission. Je crois que cette distinction est la reconnaissance de leur engagement en faveur du Niger et de l’impact qu’ils ont pu avoir. Moi je suis juste à un niveau de signature (sourire). Et j’ai toujours dit à mes collègues que lorsque la situation de la Covid me permettra de voyager, l’un des tous premiers pays que je vais visiter sera le Niger. C’est un pays qui me tient beaucoup à cœur. Et je ferai en sorte que toutes les promesses que nous avons faites au cours de cette mission se concrétisent. Quand je reviendrai, on aura l’occasion de faire le compte.

Enfin, l’une des choses qui m’a beaucoup frappé, c’est le nouvel aéroport. La Représentante résidente ne m’en as pas informé, elle voulait me faire la surprise. Et c’en est vraiment une ! Quand je quittais Niamey, ce n’était pas cet aéroport là. De même, je constate qu’il y a une totale transformation de la ville de Niamey, et cela fait partie du processus de transformation d’un pays.

Réalisée par Assane Soumana et Siradji Sanda(onep)

04 juin 2021
Source : http://www.lesahel.org/

M. Djibagé Mamane Sani, qu’est-ce qui justifie l’initiative de relecture, d’adaptation du code pénal et du code de procédure pénale du Niger?

Merci bien de nous donner l’occasion de parler de cet important chantier que nous avons entrepris depuis le 9 février dernier. En effet, c’est par un arrêté pris par le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, en date du 26 janvier 2022 que le comité que je dirige a été créé. Il est chargé de la relecture et de l’adaptation des deux textes sus-indiqués. Vous me demandez pourquoi le gouvernement a pris cette initiative portée par le ministre de la Justice ? Figurez-vous que les deux textes en question, nous les avons hérités de la colonisation. Mieux, le code pénal et le code de procédure pénale datent respectivement de 1806 et de 1810. C’est depuis le règne de Napoléon que ces textes ont été élaborés. Une fois indépendant, le Niger a hérité de ces textes. En 1961, une loi a été prise qui fait de ces textes notre code pénal et code de procédure pénale du Niger. Depuis plus de 60 ans nous travaillons avec. Vous convenez avec moi que la loi évolue avec la société. La société a changé, la criminalité a changé de forme, mais il se trouve que chez nous les textes n’ont pas assez bougé. Et pour cause, les deux textes n’ont subi qu’une vingtaine de modifications somme toute légère, pas en profondeur. Seuls quelques articles ont été changés. Il se trouve qu’il y a de nos jours des dispositions devenues caduques, inadaptées à nos réalités socioéconomiques et culturelles. Il y a des articles qui sont devenus carrément anachroniques en 2022 par rapport à l’évolution de la société. Vous voyez et convenez avec nous qu’une refonte s’impose. C’est cela qui a poussé le ministre de la Justice à vouloir refondre complètement le code pénal et le code de procédure pénale.  Le travail n’est pas une simple modification d’articles, c’est une refonte totale. Un nouveau code pénal et un nouveau code de procédure pénale seront issus de nos travaux.

En quoi consiste ce travail de relecture et d’adaptation et quelle en est la finalité?

D’après l’arrêté qui l’a créé, le comité a une longue série de  charges. Le comité  a  pour tâche de relever toutes incohérences ou inadaptations contenues dans ces deux textes, et qui sont souvent à la base des dysfonctionnements et des difficultés constatés dans la marche de l’appareil judiciaire et d’y remédier. Les incohérences dans les textes actuels sont nombreuses, sans compter les articles non adaptés ainsi que des fautes de toutes sortes. Le comité a pour tâche l’agencement interne desdits textes. En lisant les deux codes, on remarque par exemple que la numérotation d’articles n’est pas correcte, ne se suit pas. Donc là nous allons procéder à une nouvelle numérotation. Une de nos tâches et non de moindre, c’est d’intégrer toutes les modifications contenues dans des lois éparses, étant donné que ces codes ont fait l’objet de quelques modifications durant les 60 années de leur existence. Alors nous allons rassembler toutes ces lois dans un seul document pour chacun des codes. Et nous avons le travail d’intégrer dans le code pénal et le code de procédure pénale toutes les dispositions pertinentes des instruments juridiques internationaux auxquels le Niger est partie. Un Etat, lorsqu’il ratifie un document international, a l’obligation de l’intégrer dans sa législation nationale. D’ailleurs, il faut souligner que la constitution dit que les traités, les conventions ont une force supérieure à la loi nationale. Cela veut dire que si le Niger a une loi qui n’est pas conforme à ces conventions ou traités internationaux, c’est notre loi qu’il faut modifier pour qu’elle s’adapte. Or, le Niger a ratifié beaucoup de conventions, traités dont la plupart n’ont pas eu d’intégration dans le corpus juridique interne. Nous avons donc l’obligation de répertorier tous ces textes ratifiés par notre pays afin de les intégrer pour celles qui exigent une internalisation dans nos deux textes. S’agissant des nouvelles formes d’infractions, il est demandé  au comité de proposer toute modification utile. Cela veut dire qu’on peut créer de nouvelles infractions, supprimer certaines qui ne sont plus d’actualité.

Comment fonctionne le comité ?

Pour parler de la méthodologie adoptée, je dirais que nous avons d’abord élaboré et adopté un règlement intérieur qui définit le mode de fonctionnement. Pour répondre bien à ce qui nous est demandé concernant les deux textes, nous avons opté pour une lecture intégrale, nous examinons article après article pour décider ce qu’il faut en faire. Sachez que par exemple le code pénal a 408 articles, le code de procédure pénale a plus de 700 articles.

Chaque décision est prise par consensus, ou par vote et en cas d’égalité, c’est la voix du président qui est prépondérante. Avec cette formule, on ne peut pas être bloqué. 

Le ministre avait souligné le caractère inclusif du comité. Quelles sont les catégories socioprofessionnelles représentées?

Le caractère inclusif du comité ne fait pas de doute. Il n’y a qu’à voir sa composition pour s’en convaincre, se rendre compte qu’il est effectivement inclusif et participatif en plus. Il a une composition pluridisciplinaire.  Je peux vous citer les différents membres. Nous avons l’Assemblée Nationale avec deux représentants, la Cour de Cassation avec deux représentants (parquet et siège), la Présidence de la République (un représentant), un représentant de la CNDH, un du cabinet du Premier ministre, un de l’Inspection Générale des services pénitentiaires et judiciaires, le secrétaire permanent du Conseil Supérieur de la Magistrature, le Procureur général de la Cour d’Appel de Niamey, le Président du TGI Hors Classe de Niamey, le procureur de la République. Il y a également un représentant des services pénitentiaires, un de l’ordre des avocats, un de la chambre des notaires, un de la chambre des huissiers de justice. A ceux-là s’ajoutent les représentants du ministère de l’intérieur,  de la défense nationale,  de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant, un des enseignants chercheurs, deux représentants des syndicats du secteur de la Justice (SAMAN et SNAJ). Nous avons deux représentants de la société civile, deux des médias publics et privés et un représentant d’EUCAP Sahel, notre principal partenaire. Surtout nous avons une ouverture qui nous a été faite par l’arrêté et permet au bureau de faire recours à toute personne ressource qui peut nous aider en raison de son expertise. Mieux, nous venons justement d’organiser une rencontre de trois jours avec l’ensemble des acteurs et partenaires concernés par les questions de droit pour recueillir leurs contributions. L’exercice a été d’une grande utilité puisque nous avons recueilli beaucoup de propositions pertinentes. Donc, vous convenez avec moi que le comité est vraiment  inclusif et participatif. 

Est-il possible que des citoyens ordinaires apportent leurs contributions?

En effet, oui. Tout citoyen qui le souhaite peut aussi apporter sa part de contribution. Le comité a créé une ligne verte pour les appels gratuits. C’est le numéro 115. Il est accessible à partir d’un téléphone fixe et de Niger télécoms pour le moment, en attendant que la possibilité d’appel soit offerte par les autres opérateurs. Nous sommes en négociations.

D’ores et déjà, nous avons reçu beaucoup d’appels de nos compatriotes qui nous ont donné leurs avis, leurs suggestions en vue  d’améliorer les deux textes dont beaucoup de nigériens pensent qu’ils sont à la base des certains dysfonctionnements ou difficultés de l’appareil judiciaire de notre pays, comme la lenteur judiciaire, les détentions qui doivent être une exception et non une règle.

Voulez-vous bien nous faire le point des travaux du comité de son installation à ce jour?

Le comité a été installé le 9 février 2022. Nous nous sommes mis à l’œuvre aussitôt. Nous avons doté le comité d’un règlement intérieur et l’élaboration d’un programme d’activités pour six mois. Nous tenons deux sessions par mois et nous sommes à notre sixième session. Pour le moment, nous sommes sur le code pénal et avons parcouru environ 200 articles, presque la moitié. Il faut noter  que c’est un travail méticuleux qui exige qu’on aille avec la plus grande minutie, article par article, même les ponctuations ne sont pas négligées. C’est important en droit. Vous vous rappelez de la virgule qui a tué. C’est pour cela que nous sommes en train de travailler et de progresser lentement mais sûrement. Dans le cadre de ce travail, nous ne sommes pas restés qu’à Niamey, mais aussi à Agadez et  Zinder. Nous y avions réunis tous  les magistrats de ressort des deux Cours d’Appel (Tahoua et Zinder), ainsi que les Officiers de police judiciaire, les antennes régionales de la CNDH, des OSC et échangé avec eux. Eux qui sont des praticiens sur le terrain pour qu’ils nous disent ce qu’ils pensent par rapport aux textes et les problèmes qu’ils rencontrent. Nous avons recueilli leurs observations que nous avons soumises à la plénière du comité. A Niamey, nous avions réuni les mêmes acteurs du ressort de la Cour d’Appel pour le même exercice.

Mieux, nous sommes allés dans les établissements pénitentiaires pour rencontrer les détenus pour nous dire les problèmes qu’ils ont constatés par rapport à l’application du code pénal et du code de procédure pénale. Ils nous ont surtout parlé des faits comme la libération conditionnelle qui est difficile d’application dans sa forme actuelle. Ce sont des conditions de 1961. Le ministère de la Justice encourage les demandes de liberté conditionnelle. Mais telles qu’elles sont posées, ces conditions-là, c’est difficile pour un détenu  de bénéficier de cette libération conditionnelle. C’est entre autres questions qu’ils ont soulevées. Ceux qui ne sont pas encore jugés déplorent la lenteur dans le traitement de leurs dossiers dont une bonne partie est imputable aux textes qui ont des défaillances. Nous avons pris tout cela en compte et transmis au comité pour qu’on propose des textes pour avoir des procédures judiciaires plus courtes, plus efficaces.

Peut-on espérer la remise du rapport des travaux dans le délai prescrit ?

Nous ne sommes pas confinés dans un délai. L’arrêté qui a créé le comité n’a pas déterminé un délai précis. D’autres pays, qui ont suivi le même cheminement que nous ont mis, pour certains, deux ans voire trois. Figurez-vous, le code pénal a 408 articles, sans compter les lois éparses à examiner et y intégrer. Le code de procédure pénale a environ 700 articles qu’il va falloir examiner. Donc, ce n’est pas un travail à finir en quelques mois, mais plusieurs mois ou années. Surtout qu’au regard de  la qualité des membres du comité, les discussions sont longues mais fructueuses. Nous travaillons dans le respect de notre timing afin que le travail soit fini dans un délai raisonnable.

Par  Zabeirou Moussa(onep)

zzMonsieur le Ministre, lors du 32ème Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement de l'Union Africaine, le Président de la République, Chef de l'État, a présenté à ses pairs le rapport de compte rendu sur l'état d'avancement du processus de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) qui constitue sans nul doute l'une des grandes réformes portées par cette Institution. Pouvez-vous nous rappeler les grandes articulations de ce rapport brillamment détaillé par le Président de la République ?
Merci de l'occasion que vous m'offrez de parler d'un sujet qui fait la fierté du Niger en tant que pays ayant la lourde charge de conduire à travers S.E.M Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat, le processus de mise en œuvre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf).
Pour répondre à votre question, je tiens d'abord à préciser que c'est le 5ème rapport d'étape que SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat, Champion de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAf) a eu à présenter lors de la 32ème session du sommet des Chefs d'État et de Gouvernements de l'Union Africaine.
Ce rapport qui comprend les activités menées depuis le Sommet de juillet 2018, les évolutions récentes affectant la mise en œuvre du processus de la ZLECAf et des recommandations, a fait ressortir des résultats encourageants notamment : l'adoption non seulement du modèle de libéralisation tarifaire qui sera utilisé par les États membres dans le cadre de l'élaboration des listes de concessions tarifaires de la ZLECAf mais aussi des critères de désignation des produits sensibles et la liste d'exclusion ( la sécurité alimentaire, la sécurité nationale, les recettes fiscales, les moyens de subsistance et l'industrialisation) ; la fixation des pourcentages des produits sensibles, 7 % et de la liste d'exclusion 3% du total des lignes tarifaires ; la période transitoire de cinq ans ou moins pour les pays qui exigent cette flexibilité avant le démarrage de la libéralisation des produits sensibles et l'approbation des Directives pour l'élaboration des listes d'engagements spécifiques et les cadres réglementaires de coopération pour le commerce des services.
En conclusion de son rapport, SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'État, Champion de la ZLECAf a suggéré d'organiser à titre exceptionnel, un Sommet Extraordinaire, en juillet 2019 à Niamey, à la veille du Sommet de coordination. Á cet effet, tous les États membres de l'Union auront l'occasion de célébrer le premier anniversaire de la signature de l'Accord de la ZLECAf, de lancer officiellement la phase opérationnelle du marché de la Zone et de statuer sur le choix du siège et de l'organigramme du Secrétariat de la ZLECAf.

Sous le leadership du Président de la République, le dossier sur la Zone de Libre Echange Continentale Africaine connait d'ailleurs des avancées considérables. Quels sont actuellement les progrès réalisés à même de stimuler la mise en œuvre de ce projet de l'Union ?
Effectivement, sous la conduite de S.E.M Issoufou Mahamadou, le dossier sur la ZLECAf connait des avancées significatives.
D'abord, en mars 2018, il y a eu la signature de l'Accord sur la ZLECAf ainsi que les protocoles sur le Commerce des marchandises, le Commerce des Services et les Règles et Procédures de Règlement des Différends.
De même, grâce aux efforts de S.E.M Issoufou Mahamadou , le nombre de signatures est actuellement de 52 États sur les 55 Etats membres et 18 États ont déjà ratifié l'Accord.
Le Président a bon espoir que le nombre requis de 22 ratifications sera atteint et que le lancement officiel des opérations de la ZLECAf aura lieu à Niamey en juillet 2019.
Par ailleurs, il convient de souligner que sans être dans sa phase opérationnelle, la ZLECAf produit des résultats tangibles.
En effet, nous notons avec satisfaction la tenue de la première Foire commerciale intra-africaine, du 11 au 17 décembre 2018 au Caire (Égypte). Cette manifestation a attiré environ 1086 exposants et a dépassé tous les objectifs assignés tant en ce qui concerne le nombre de visiteurs que le volume des transactions.
En perspective, avec la création de la plate-forme continentale sur le commerce électronique par la Commission de l'Union Africaine, en partenariat avec la Diaspora africaine, 600.000 Petites et Moyennes Entreprises seront créées en quatre ans (2019 – 2023) par les jeunes africains.

La Zone de Libre Echange Continentale envisage à terme la création d'un marché commun africain afin d'accélérer le développement du Continent. Quelle est la tâche qui a été confiée aux Ministres du Commerce dans ce sens ?
Il convient de rappeler que la création du Marché Commun Africain est inscrite dans le Traité d'Abuja de 1991 et que la Zone de Libre Echange Continentale Africaine est une étape pour la concrétisation de ce Marché Commun.
Face à la fragmentation du marché africain et partant les frontières constituant aussi des barrières à la libre circulation des biens et des marchandises, vous conviendrez avec moi que les conditions d'un développement économique et social de l'Afrique ne se feront qu'avec les Africains eux-mêmes.
C'est pourquoi, il est demandé aux Ministres Africains chargés du Commerce d'élaborer, d'ici novembre 2019, une stratégie dans le cadre de la réalisation d'un Marché commun africain afin qu'elle soit soumise à l'examen de la Conférence, en janvier 2020.
Bien entendu, les États membres qui souhaitent conclure des arrangements commerciaux avec des tiers de le notifier par écrit et de s'assurer que leurs efforts ne saperont pas le projet que constitue la création d'un Marché africain.

Le processus de la ZLECAf va bientôt rentrer dans sa phase opérationnelle. Et pour cela, les appuis des partenaires techniques et financiers s'avèrent indispensables. Y a-t-il des intentions manifestes d'accompagnement ou de soutien à la Commission de l'Union Africaine ?
Il vous souviendra, dans son 4ème rapport d'étape sur le processus de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf) de juillet 2018, SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'État, a rendu un hommage mérité aux partenaires stratégiques de la Commission pour leur contribution à la réalisation de ce projet visionnaire. Il les a invités à poursuivre leur accompagnement pour que les bénéfices attendus soient véritablement partagés.
Ces partenaires stratégiques sont entre autres la Banque Africaine de Développement, l'African Import and Export Bank, la Commission Économique des Nations-Unies pour l'Afrique, la Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement. D'autres partenaires non moindres tels que l'Union Européenne ont aussi manifesté leur intérêt pour l'opérationnalisation de cette zone commerciale continentale.
Cependant, je voudrais insister qu'aucun accompagnement ne peut remplacer les efforts attendus des pays africains. C'est pourquoi, le Président de la République a invité les États à élaborer des stratégies nationales pour la ZLECAf.

La ratification de l'Accord de la ZLECAf par les pays a certes connu une évolution majeure, mais il existe jusque-là des pays qui trainent le pas. Quelle sera la nouvelle approche pour convaincre ces derniers à accepter et à intégrer cette vision commune pour le développement de l'Afrique ?
Dans le cadre de la vision «l'Afrique que nous voulons» et permettre à l'Afrique de parler d'une seule voix, SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'État, en sa qualité de leader du processus de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine (ZLECAf) s'investit pleinement. C'est ainsi qu'à la date du 11 février 2019 seuls trois (3) pays sur les 55 n'ont pas encore signé l'Accord. Quant aux ratifications comme je l'ai déjà dit, 18 Etats l'ont ratifié. Je peux l'affirmer, l'Accord de la ZLECAf est le 1er du genre de l'Union Africaine (UA) à atteindre ce record en moins d'un an de sa signature. Nous sommes sur la bonne voie. L'Afrique gagnera son pari.

La célébration du premier anniversaire de la ZLECAf est prévue pour le mois de juillet à Niamey, quelles seront les activités phares pour commémorer cet évènement d'envergure continentale ?
Certes l'anniversaire de la ZLECAf sera commémoré mais il faut préciser que le sommet extraordinaire a été convoqué pour procéder au lancement officiel de sa phase opérationnelle, statuer sur le choix du siège et l'organigramme du secrétariat. Sinon la date de l'anniversaire c'est le 21 mars.
En marge du sommet extraordinaire, il est prévu l'organisation d'un Forum d'affaires avec la participation des décideurs politiques et des opérateurs
économiques notamment les afro-champions ; un forum pour la société civile africaine et une exposition vente de produits africains.
En guise de conclusion il y a lieu de souligner que les résultats significatifs enregistrés dans le cadre du processus de création de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine sont dus essentiellement au rôle éminent joué par SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'État, Champion de l'Union Africaine pour la ZLECAf.
En s'investissant comme il l'a fait, SEM Issoufou Mahamadou a redonné à l'Afrique cette sensation de fierté qui animait les pères fondateurs de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA).
L'Afrique sera éternellement reconnaissante envers ce panafricaniste convaincu.

Réalisée par Hassane Daouda(onep)

22 février 2019
Source :

M. Sadou Seydou, ministre du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé Monsieur le ministre, avant de rentrer dans le vif du sujet, pourriez-vous nous définir ce que c'est la ZLEC ?
La ZLEC, c'est la Zone de Libre Echange Continentale. C'est un projet de l'Union africaine destiné à créer un espace économique commun pour les 55 pays du continent. La Zone de Libre Echange Continentale de l'Union africaine a pour but de booster le Commerce intra-africain, favoriser l'industrialisation du continent et d'accroitre les investissements sur le continent.
Les huit (8) Communautés Economiques Régionales (C.E.R) officiellement reconnues par l'Union Africaine notamment la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC), la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE), le marché commun de l'Afrique du Sud-est (COMESA), etc. constituent les piliers fondamentaux de la ZLEC.
Il convient de rappeler que la création de la ZLEC est considérée comme la première étape pour le marché commun africain du traité d'Abuja de 1991.
En décidant de créer cet espace en janvier 2012, de lancer les négociations en 2015 et en retenant 2017 comme date indicative pour la conclusion d'un accord, les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Union Africaine ont voulu réaffirmer une volonté politique forte pour qu'en 2018 les échanges intra-africains puissent être libres.
Il me parait important de souligner qu'au cours du 28ème Sommet des Chefs d'Etat de l'Union africaine tenu les 30 et 31 janvier 2017 à Addis-Abeba, S.E.M. Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l'Etat, a été désigné par ses pairs, Champion du libre-échange en Afrique, pour piloter le processus de mise en place de la ZLEC.

Monsieur le président, pouvez nous dire les missions assignées au Conseil National du Patronat du Niger ?

Le Conseil National du Patronat est une Union des Groupements des Professionnels d’Employeurs du Niger, crée en juillet 2001 dans le but de défendre ses adhérents en vue de promouvoir les intérêts économiques, moraux, matériels et professionnels de ses membres auprès des instances nationales, régionales et internationales. Le Conseil National du Patronat du Niger compte à son sein 17 Organisations Syndicales d’employeurs de toutes activités confondues dont les Groupements et Structures des Femmes, Chefs d’Entreprises.  Il a pour mission la représentation des intérêts de tous ses adhérents auprès des pouvoirs publics de la République du Niger. Il constitue un cadre de concertation approprié pour une coopération dynamique et assure la cohésion indispensable de ses membres. Il a le devoir de plaider en faveur de l’instauration d’un environnement favorable au développement du secteur privé au Niger ; de fournir des services de qualité à ses membres afin d’accroitre leur compétitivité et leur productivité ; renforcer le dialogue social avec les partenaires sociaux. Il contribue à l’amélioration du climat social au Niger. Le CNPN emploie plus de 500 000 personnes dans 70% des activités du secteur moderne que sont : industrie, agriculture, assurances, transports logistiques, transports urbains, transport de marchandises, Energie, transit et manutention, technologie de l’information et de la communication, santé, entreprenariat féminin, commerce général et services, mines et pétrole, entreprenariat des jeunes.   

Récemment, vous avez été reçu par le Président de la République Mohamed Bazoum. Que peut-on retenir de cette rencontre ?

En effet, nous avons félicité le Chef de l’Etat pour son accession à la magistrature suprême du pays, fait part de notre disponibilité à participer au processus de la dynamisation de la vie économique du pays à travers son programme de promotion du secteur privé. Nous avons aussi présenté notre structure au Chef de l’Etat et également introduire brièvement les grandes difficultés que le secteur privé rencontre dans un contexte de crise sécuritaire de pandémie à Covid-19 et de morosité économique mondiale. Nous avons aussi suggéré des pistes de solutions pour faire face à cette situation et le président a pris bonne note et nous a rassuré d’instruire son gouvernement pour créer les conditions d’une grande rencontre de concertation en vue d’améliorer l’environnement économique de notre pays.   

La pandémie à Corona virus qui sévit dans tous les pays a freiné  l’économie du monde entier. Comment se porte aujourd’hui le secteur privé nigérien ?

Il faut reconnaitre que depuis un certain temps les entreprises privées rencontrent beaucoup de difficultés dans tous les secteurs d’activités et cela, malgré les efforts de ces dernières pour l’amélioration de l’environnement institutionnel avec une morosité économique mondiale persistante. Il s’agit de : la fiscalité, le financement, la concurrence déloyale, la corruption, rupture d’égalité dans les passations de marchés, rares mesures d’accompagnement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et Petites et Moyennes Industries (PMI). A ceux-là viennent s’ajouter la pandémie à Corona virus qui a occasionné de graves perturbations qui ont frappé l’offre et la demande intérieures. Plusieurs secteurs sensibles ont connu une régression drastique de leurs activités, c’est le cas notamment : du tourisme, transport, hôtellerie pour ne citer que ceux-là.

Face à cette situation, quelles sont les actions menées par le Conseil National du Patronat pour améliorer le secteur privé nigérien ?

Notre structure est en train de mener des actions de plaidoyer vers les pouvoirs publics pour atténuer les effets néfastes de la pandémie ; nous avons mené des enquêtes pour identifier les secteurs les plus touchés par cette situation. Contrairement à nos homologues, le CNPN ne bénéficie pas de financement de l'Etat dans leurs activités.

Monsieur le président, concrètement, quelles sont les difficultés auxquelles votre structure est confrontée ?

En effet, notre structure est confrontée à un certain nombre des difficultés dont ce qui nous dérange le plus est le fait de confondre le Conseil National du Patronat du Niger et la Chambre du Commerce et d’Industrie du Niger (CCIN). Nous avons du mal à convaincre les administrateurs, les entreprises et le public d’une manière générale du fait que le Conseil National du Patronat du Niger et la Chambre du Commerce et d’Industrie du Niger sont deux structures différentes

Quel est votre appel à l’endroit du Gouvernement et des partenaires relativement au développement du secteur privé au Niger ?

Nous souhaitons l’appui du Gouvernement et des Partenaires Techniques et Financiers dans le cadre du renforcement du dialogue public-privé ; du renforcement des capacités des structures d’encadrement du secteur privé, mettre en œuvre les politiques qui sont élaborées pour la promotion du secteur ; promotion d’un environnement favorable aux investissements et au financement adéquat de l’économie et à faciliter la participation des entreprises nigériennes dans les grands projets de développement (infrastructures, exploitation de pétrole etc.).

Réalisée par Aïchatou Hamma Wakasso(onep)

02 juillet  2021
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le président, la journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée ce 3 mai avec la publication du rapport de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse dans le monde qui classe le Niger à la 61ème place sur 180 pays classés, avec un score de 66,84 alors qu’en 2022, il occupait la 59ème place avec 67,80 points. Quel commentaire vous inspire le rang du Niger au moment où vous venez de prendre fonction à la tête du bureau du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) ?

Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour parler de cette journée mémorable de commémoration du 30ème anniversaire de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse et d’apprécier l’état de la liberté de presse au Niger. Je considère tout d’abord que la publication du rapport de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la Presse dans le monde nous permet de découvrir le regard que les autres portent sur l’état de notre presse, aussi bien sur les avancées que sur les reculs observés, sur l’exercice de cette liberté si importante pour le fonctionnement de la démocratie et le comportement des différents acteurs médiatiques.

Il est vrai que le Niger a été classé 61ème cette année, perdant ainsi deux rangs par rapport à l’année 2022 où il était classé 59ème. Pour nous, malgré l’appréciation faite de l’état de notre liberté de presse par cette Organisation Internationale, le Niger occupe un rang honorable, car si on relativise nous occupons la 8ème place sur le continent. Ce qui est fort appréciable.

«Dans le contexte actuel de défis sécuritaires, plus que jamais, les acteurs médiatiques doivent faire preuve de plus de responsabilité et de professionnalisme dans le traitement de l’information»

Comme je l’ai dit à l’occasion de mon message le 03 mai devant la presse, nous pouvons faire mieux. Nous avions par le passé occupé le 29ème rang mondial et le 4ème rang en Afrique. Nous continuons toujours à considérer que la promotion et la culture de la liberté de la presse n’est pas seulement l’affaire du Gouvernement. Elle est une œuvre collective qui concerne à la fois, l’Etat, les citoyens, les organisations socioprofessionnelles des médias et le régulateur. Nous avons le devoir de la consolider, chaque jour, et ceci pour le renforcement de notre démocratie et de l’Etat de droit.

En matière de promotion et d’exercice de la liberté de presse quel message avez-vous pour les acteurs des medias dans le contexte actuel marqué par des défis sécuritaires, économiques, entre autres ?

A l’endroit des acteurs des médias, je leur rappelle que le cadre institutionnel, législatif et règlementaire dont nous disposons aujourd’hui est l’un des meilleurs de la sous-région. Il offre des garanties non seulement pour la libre expression des opinions mais aussi pour la communication audiovisuelle, écrite, électronique ainsi que l’impression et la diffusion qui sont libres. Mais tout cela est encadré par la loi qui trace les limites à ne pas outrepasser, qui impose le respect de l’ordre public, de la liberté et de la dignité des citoyens. Les acteurs médiatiques doivent observer une grande rigueur dans le traitement de l’information qu’ils diffusent ou publient en respectant scrupuleusement les règles éthiques et déontologiques. Les journalistes nigériens doivent être jaloux des acquis relatifs au cadre institutionnel et règlementaire sur la liberté de la presse. Je me réjouis qu’aujourd’hui, aucun journaliste nigérien ne soit en prison ou inquiété par rapport à l’exercice de son métier. Les incompréhensions commencent à se dissiper.

Dans le contexte actuel de défis sécuritaires, plus que jamais, les acteurs médiatiques doivent faire preuve de plus de responsabilité et de professionnalisme dans le traitement de l’information. Ils ne doivent en aucun cas céder à la tentation de la propagande, à la facilité de relayer toute information sans vérification aucune. A mon sens, la liberté et la responsabilité vont de pair. J’appelle vivement tous les acteurs des médias à faire constamment montre de professionnalisme et de responsabilité pour consolider les acquis et faire bouger les lignes, ensemble, en ce qui concerne les défis et difficultés qui se dressent au secteur de la communication.

Le Conseil Supérieur de la Communication entend mettre en avant une approche dialogique en sollicitant la participation de chacun et de tous, dans le respect des lois et règlements de la République.

Le Conseil Supérieur de la Communication a compétence dans les domaines de la presse écrite et électronique, la communication audiovisuelle et la publicité par voie de presse. Parmi ces domaines y en a-t-il un qui constitue aujourd’hui une priorité pour l’instance de régulation ?

Les quatre domaines que vous venez de citer relèvent, tous, de la compétence du Conseil Supérieur de la Communication. Il n’y a donc pas un ordre prioritaire à déterminer. Tout est primordial pour nous. C’est un devoir pour le CSC de réguler tous ces secteurs sans exclusive. Nous procédons pour cela au suivi de tous les médias grâce au dispositif technique dont nous disposons. En fonction des manquements constatés ou de saisine du CSC, nous engageons des procédures légales au niveau de deux commissions d’instruction constituées de Conseillers membres du CSC, à savoir la Commission Ethique, Déontologie et Carte de Presse et la Commission Suivi des Cahiers de Charges, Accès Equitable et Publicité. En relation avec les services techniques du CSC, notamment la Direction du Pluralisme de la Déontologie et de la Publicité, la Direction des Affaires Juridiques et du Contentieux et la Direction des Infrastructures Techniques et des Autorisations, un rapport est produit par la commission saisie au fond et soumis à la plénière qui décide en dernier ressort de la décision à prendre.

C’est dire donc que nous essayons de couvrir l’ensemble de notre champ de compétence. Mais il faut dire que nous ne disposons pas des moyens humains suffisants pour assurer convenablement notre mission au regard du nombre des médias à suivre.

C’est vous dire en substance que chaque pan des domaines que vous avez énumérés constitue une priorité pour le CSC.

Monsieur le président comment le CSC aborde la question de la régulation des activités des géants du Web et les préoccupations qu’elles soulèvent, qui sont les sujets sur lesquels a porté la conférence internationale à laquelle vous venez de prendre part à Fès ?

La question de la régulation des activités des géants du Web ou plus particulièrement des plateformes du numérique est une grande préoccupation pour les régulateurs africains. C’est le nouveau défi qui se pose aux régulateurs des médias. Les débats qui se posent ont trait à la question de la responsabilité des plateformes numériques dans la diffusion en ligne d’infox et de contenus préjudiciables à la paix, à la cohésion des sociétés, au vivre ensemble, à la dignité humaine et à la santé publique. Ensuite en raison de la prolifération de contenus et de pratiques nuisibles sur les réseaux sociaux.

A Fès au Maroc, nous avions échangé avec les grandes plateformes numériques de notre responsabilité en tant que régulateur et de la nécessité d’une régulation garantissant à la fois les libertés fondamentales, respectueuse de l’ordre public dans ce nouvel environnement virtuel. Les différentes réflexions qui ont été développées tendent vers l’institution d’un système d’autorégulation et surtout l’initiation des citoyens à la culture du numérique.

Il faut noter que les régulateurs des médias membres du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC) comme les plateformes numériques entendent poursuivre les réflexions et le dialogue en vue d’aboutir à un mécanisme consensuel de modération.

Monsieur le président, vous avez récemment exprimé la volonté de faire un plaidoyer pour le rehaussement du fonds d’aide destiné aux médias privés. Comptez-vous faire le même effort auprès du gouvernement en faveur des médias d’Etat dont la subvention est en baisse ces dernières années ?

Effectivement dans mon discours à l’occasion de la première session ordinaire de notre mandat, je me suis engagé à mener le plaidoyer nécessaire, partout où besoin sera, pour le rehaussement de la subvention accordée aux entreprises privées de presse. Je fondais mon argument sur le fait que, pour promouvoir des entreprises de presse productrices de contenus compétitifs et créatrices d’emplois bien rémunérés, il est indispensable de rehausser l’enveloppe du fonds d’aide à la presse. Pour le CSC, cela pourrait constituer une alternative en vue d’encourager les entreprises de presse à adhérer effectivement à la convention collective de la presse sur laquelle il y’a encore des hésitations.

Le deuxième argument qui plaide en faveur du rehaussement est que dans certains pays membres de l’UEMOA comme la Côte d’Ivoire et le Sénégal, l’enveloppe allouée dépasse le milliard de FCFA, alors que de loin, la taille de notre paysage médiatique dépasse la leur. Je pense que ce ne serait pas de trop que de rehausser cette enveloppe en raison du service public que cette presse assure dans notre pays, notamment dans le renforcement de la Démocratie, l’Etat de droit et la promotion de la Bonne Gouvernance.

Nous ferons le même plaidoyer pour les entreprises de presse publiques. Le secteur de la presse et de la communication connait des mutations profondes qui nécessitent des adaptations et des réadaptations. Aujourd’hui, avec le numérique, les médias doivent être à la fois sur la TNT et le web. Il en est de même pour la presse écrite et les agences d’informations qui, en dehors des supports traditionnels, doivent être également sur l’Internet, disposer de site permanent d’informations en ligne. Tout cela est coûteux et plaide en faveur d’une subvention plus conséquente en faveur des médias publics. C’est pourquoi, je disais en amont que nous allons écouter tout le monde afin de nous enquérir de la situation pour voir éventuellement au cas par cas, comment booster la situation, dans les limites de nos compétences. En d’autres termes, nous sommes là pour les médias publics et privés. Ma porte est donc ouverte à tous.

Propos recueillis par Souley Moutari(onep)

Source : http://lesahel.org/

 

Le Conseil Régional de Tahoua, est constitué à l’issue des dernières élections locales de décembre 2020, de 41 Conseillers élus, parmi lesquels on compte 11 femmes, dont la 2ème Vice-Présidente, contre 6 femmes en 2011. Parmi les 39 Conseillers membres de droit, 8 sont des chefs traditionnels et 31 des députés nationaux. Le Conseil Régional de Tahoua compte 6 commissions spécialisées qui jouent le rôle du personnel technique. Ces commissions siègent sous demande du Président du Conseil relativement à une ou des thématiques qui relèvent des compétences de chacune. Dans cet entretien avec Sahel Dimanche, le président du Conseil Régional de Tahoua explique les défis de son institution dans un contexte où le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales n’est pas encore effectif.

Le processus de décentralisation est en marche au Niger, et monsieur le président, vous êtes à la tête du Conseil Régional de Tahoua depuis le 8 mai 2021. Que peut-on retenir de vos actions à ce jour dans le cadre de votre mission ?

Il est très tôt pour parler de bilan en moins de deux (02) ans, surtout pour une institution qui a un manque criard des ressources (humaine et financière). Mais, je peux souligner un certain nombre d’actions qui ont été entreprises en parfaite collaboration avec les partenaires techniques et financiers, notamment : la construction du siège du conseil régional ainsi que le mur de clôture ; la construction de la salle de conseil d’une capacité de 250 places ; l’équipement des bureaux (mobiliers, informatiques) ; la poursuite de l’élaboration du schéma d’aménagement foncier (SAF) ; l’évaluation de l’ancien PDR 2016-2020 et la re-planification du Plan de Développement Régional (PDR 2022-2026) avec arrimage au PDES 2022-2026 ; la confection de 3 425 tables bancs au profit des établissements secondaires en cours ; et le processus de construction et équipement de 23 salles de classe en cours. 

Le contexte socio-économique du pays en général et de la région de Tahoua en particulier est caractérisé par entre autres, l’insécurité, la migration. Quels sont les principaux défis du Conseil Régional, à l’ère où le transfert de certaines compétences, les ressources avec, par l’Etat, n’est pas effectif ? 

Les défis sont vraiment énormes. Mais nous pouvons vous citer les plus décisifs. Il est d’abord important de rendre effectif le transfert des compétences et des ressources. Nous sommes tenus ensuite de mobiliser les partenaires à travers des projets intégrés banquables, et de disposer d’un mécanisme de coordination des actions de développement de la région. C’est ainsi que nous pourrions valoriser et exploiter les potentialités de la région, saisir les différentes opportunités les plus pertinentes pour le bien-être des populations et le développement. L’autre préoccupation, c’est bien entendu, celle de maîtriser les données sur la migration et les fonds transférés par la diaspora ; cartographier et organiser la diaspora de la région ; orienter ses investissements vers les secteurs productifs, maîtriser et valoriser les compétences des migrants de retour, des arrivées et de transit avec séjour. 

A l’interne, nous avons davantage besoin d’un personnel qualifié et d’un parc auto plus conséquent ; car l’insuffisance des moyens constitue un handicap majeur pour l’institution dans la conduite de ses activités. Il est important de noter qu’en plus de l’insuffisance du personnel et de la logistique, il y a la nécessité de renforcer les capacités du personnel existant sur plusieurs thématiques, telles que la gestion administrative, le montage et gestion des projets, le plaidoyer/lobbying, le suivi-évaluation, la gestion des archives, la comptabilité matière etc.

Le Conseil régional de Tahoua a adopté, en fin de l’année 2022 son budget au titre de l’année 2023. Quelles sont vos priorités en matière d’investissements ?

Nos priorités restent et demeurent dans les domaines sociaux à savoir l’Education, la santé, l’hydraulique afin d’apporter notre contribution à la réalisation du programme de renaissance Acte3 du Président de la République, SE Mohamed Bazoum. Chacun de ces domaines cités ci haut connaitra une amélioration significative parce que des prévisions budgétaires ont été faites pour conduire des actions concrètes.

Dans le domaine de l’Education, il sera procédé à la création/transformation des établissements scolaires, la construction/réhabilitation des infrastructures ainsi que la confection/réhabilitation des tables bancs au niveau des établissements secondaires de la région.

Dans le domaine de la Santé, nous allons travailler ensemble avec les acteurs du domaine à rendre plus efficaces les centres de santé régionaux (CHR, CSME, CRTS) à travers le renforcement de leurs capacités.

Concernant l’hydraulique, le défi est de continuer à assurer la fourniture régulière de l’eau aux populations et au cheptel en gardant les stations de pompage pastorales toujours fonctionnelles surtout dans le contexte sécuritaire actuel.

Quelles sont les contraintes qui entravent la bonne marche d’une institution comme le Conseil Régional ?

De même que les défis, les contraintes auxquelles la région fait face sont aussi nombreuses. Nous relevons celles-ci entre autres : les faibles capacités financières et logistiques de la région ; l’insuffisance de la région en personnel qualifié ; la faiblesse dans la coordination des actions de développement dans la région ; les difficultés d’accès aux données de certains partenaires et services techniques déconcentrés ; le manque de coordination des interventions de la diaspora de la région ; les difficultés à assurer le fonctionnement des cadres de concertation régionaux qui peuvent servir de déclic pour impulser la dynamique du développement de la région. 

Outre vos propres investissements pour le développement de la région, le Conseil Régional de Tahoua est souvent acteur dans la mise en œuvre de certains projets soutenus par des partenaires au développement. Pouvez-vous nous parler de ces projets ainsi que de votre rôle dans ce partenariat ?

Exactement ! La bonne collaboration qui caractérise nos relations avec nos partenaires a fait que plusieurs projets ont vu le jour. C’est le cas du Projet de renforcement des capacités d’accueil et de séjour au CHR de Tahoua. Un projet initié par le Conseil Régional avec l’appui financier du Programme d’Investissement et de Capacitation des Collectivités Territoriales (PICCT). Il y’a aussi le Projet d’installation de systèmes d’exhaure hybrides autour de 14 stations de pompage pastorales de la région. Le projet va contribuer à réduire les taux de pannes des groupes électrogènes et augmentera le temps d’approvisionnement en eau. Il est mis en œuvre avec la collaboration de l’Association Internationale des Régions Francophones (AIRF). Nous avons aussi le Programme Agroalimentaire pour la Résilience Intégrée et le Développement Economique du Sahel (Pro-ARIDES) mis en œuvre avec le lead de la SNV.

Que pensez-vous particulièrement du processus de décentralisation ?

Nous voulons terminer par votre commentaire du début de l’entretien où vous disiez que le processus de décentralisation est incontestablement en marche au Niger et que les Conseils Régionaux sont aujourd’hui des maillons essentiels dans l’appropriation par les populations de leur propre développement. C’est bien cela. Mais dans cette marche, nous rencontrons énormément de difficultés telles que la non effectivité du transfert de compétences malgré l’existence des décrets n°2016-075 et 076 portant transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales. Cet état de fait a entrainé un sérieux problème de ressources financières au niveau des collectivités territoriales en général et des conseils régionaux en particulier. Pour y faire face, l’Etat doit accorder la dotation globale de fonctionnement et d’équipement aux régions ; ce qui rendrait les Collectivités Territoriales plus visibles sur le terrain et aptes à répondre aux aspirations des communautés à la base.

Par Ismaël Chékaré, ONEP-Tahoua

Source : http://www.lesahel.org

 

Monsieur le Commissaire, la CEDEAO a pris en 2020 une Directive relative à l’harmonisation des spécifications des carburants automobiles (essence et gasoil) dans son espace (Directive C/Dir.1/9/2020), qu’est ce qui a motivé l’adoption de cette Directive ?

Je rappelle que la Directive C/Dir.1/9/2020 relative à l’harmonisation des spécifications des carburants automobiles (essence et gasoil) a été adoptée par le Conseil des Ministres et endossée par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO en septembre 2020 à Niamey. S’agissant des motivations qui ont conduit à l’adoption de cette Directive, il convient d’indiquer dans un premier temps que notre espace régional qui regorge de nombreuses potentialités énergétiques, notamment du pétrole et du gaz, reste malgré tout, tributaire du marché international pour satisfaire sa demande en carburant. En effet, selon nos dernières statistiques, sur une demande annuelle estimée à environ 29 millions de tonnes (essence et gasoil), près de 80% est importé et cela, malgré l’existence de huit raffineries dans la communauté. Pourtant, nous disposons d’une capacité installée de 31 millions de tonnes par an, donc pouvant couvrir théoriquement la demande. Ensuite, nous avons relevé une forme de carence réglementaire matérialisée par une divergence des spécifications d’un pays à un autre, particulièrement la teneur en soufre du gasoil et de l’essence, situation qui offre ainsi l’opportunité aux traders de livrer dans la région des carburants à des teneurs en soufre excessivement élevées par rapport à la pratique et normes internationales. Vous savez comme moi que la combustion des carburants à forte teneur en soufre entraine des rejets de polluants avec des impacts négatifs sur la qualité de l’air et la santé des populations. La nécessité pour notre région d’introduire des spécifications harmonisées des carburants automobiles s’est donc avérée impérative compte tenu de ce qui précède mais aussi pour le développement d’un véritable marché intégré des hydrocarbures dans notre espace.

Je voudrais profiter de votre lucarne pour remercier les Ministres en charge du secteur des hydrocarbures de la CEDEAO qui ont bien perçu les enjeux liés à cette problématique et qui y ont apporté tout le concours nécessaire en instruisant la Commission de la CEDEAO d’élaborer ce texte communautaire, de même que nos partenaires de l’Association des Raffineurs et Distributeurs Africains (ARDA), l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Enfin, je vous informe qu’en réalité ce sont deux Directives qui sont complémentaires qui ont été adoptées aux mêmes dates. La seconde Directive C/DIR.2/9/2020 est relative à l’harmonisation des limites d’émission des gaz d’échappement et de particules des véhicules légers, lourds, à deux roues, tricycles et quadricycles dans l’espace CEDEAO en collaboration avec les Ministres en charge de l’Environnement.

Pour les profanes, en quoi consiste concrètement la spécification des carburants automobiles ?

De manière très simple, il faut comprendre par spécifications des carburants, un document réglementaire ou une norme, qui établit pour chacun des carburants, les teneurs admissibles d’un certain nombre de paramètres dont la détermination permet d’apprécier la qualité et la conformité du combustible. Ces paramètres sont vérifiés par l’autorité publique avant la mise en consommation publique. Au niveau des Etats membres de la CEDEAO, ces spécifications sont soit édictées par le Ministère en charge des hydrocarbures, soit par l’organe de régulation du secteur pétrolier aval pour les pays qui en possède. La Directive émise par la CEDEAO a été très pointilleuse car elle concerne 35 paramètres pour l’essence, et 25 pour le gasoil. Les paramètres les plus essentiels sont la teneur en soufre, la teneur en benzène, la teneur en manganèse, l’indice d’octane, l’indice de cétane etc…Particulièrement, concernant la teneur en soufre, les spécifications harmonisées la fixe à 50 ppm(ppm : partie par million, indicateur du niveau de qualité) pour l’essence (contre des teneurs comprises entre 50 et 3500 ppm actuellement dans la région) et à 50 ppm pour le gasoil (contre des teneurs comprises entre 50 et 10.000 ppm actuellement dans la région).

 Les technologies et l’expertise nécessaires pour faire ce travail, sont-elles disponibles dans l’espace communautaire?

Je peux vous assurer qu’au sein de notre région, la plupart des structures habilitées possèdent l’équipement et l’expertise nécessaires pour analyser les carburants et s’assurer de leur conformité vis-à-vis des spécifications édictées par la Directive. Bien évidemment, la Directive harmonisée de la CEDEAO étant plus détaillée, certains laboratoires pourraient nécessiter des équipements additionnels pour pouvoir analyser certains paramètres. Mais de manière générale, l’analyse des carburants est un exercice permanent qui se fait régulièrement sous la supervision des Ministères en charge des hydrocarbures ou des structures compétentes dans les Etats membres. De même, les raffineries ont en leur sein des laboratoires qui assurent un premier niveau de d’analyse des carburants produits. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’aucun gouvernement ne mettra en consommation du carburant qui ne respecte pas les spécifications officielles nationales. Dans chaque pays, il existe des textes nationaux sur les normes des carburants.

Quels sont les objectifs visés à travers cette Directive ?

La CEDEAO s’est résolument engagée dans la perspective de passer d’une CEDEAO des Etats à une CEDEAO des peuples. Cela sous-entend, que l’ensemble des actions que nous posons vise à concourir au bien-être et à l’amélioration des conditions de vie des populations. Cette Directive vise dans un premier temps à préserver la santé des populations et à améliorer la qualité de l’air à travers l’utilisation de carburants plus propres dans la région, dans la perspective d’un développement durable. Ensuite, notre objectif est également de développer un marché régional intégré des hydrocarbures et donc promouvoir le commerce intrarégional des produits pétroliers pour renforcer la sécurité énergétique dans notre espace. A l’image des autres secteurs (mines, énergie, agriculture, transport, eau, télécoms, genre, éducation, culture, etc..), le secteur des hydrocarbures doit avoir ses propres textes communautaires pour une harmonisation et un alignement par les Etats membres.

Que fait la Commission de la CEDEAO et particulièrement le Département dont vous avez la charge pour accompagner les Etats membres dans la mise en œuvre de cette Directive ?

La Directive ayant été adoptée, il revient aux Etats membres de prendre les mesures nécessaires en vue de son application. Nous accompagnons les Etats membres dans ce processus à travers un rôle de conseils et d’appuis.

Il faut rappeler que le Département travaille en étroite collaboration avec les Etats membres pour aboutir à cette Directive, dont la mise en application est censée avoir débutée depuis le 1er janvier 2021 pour les importations hors CEDEAO et le 1er janvier 2025 pour la production émanant des raffineries locales de l’espace comme la SORAZ par exemple. Dans ce cadre, nous conduisons actuellement des missions de sensibilisation dans les Etats membres au cours desquelles nous abordons avec les autorités compétentes, les actions et dispositions déjà entreprises par celles-ci pour transposer la Directive dans les spécifications nationales, les difficultés rencontrées et les solutions envisagées. Nous avons déjà visité dans ce cadre 5 pays que sont le Niger, le Burkina Faso, le Mali, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Notre mission consistera également à créer une plateforme d’échanges pour permettre aux Etats membres de partager leurs expériences spécifiques et à faire le plaidoyer nécessaire auprès des Etats pour un accompagnement des raffineries en vue de leur mise en conformité.

Notre sensibilisation touche aussi la seconde Directive sur son volet de l’âge des véhicules à l’importation. Ainsi, il a été adopté la limitation d’âge d’importation des véhicules a cinq ans pour les véhicules légers, les engins à deux roues, les tricycles et les quadricycles et à dix ans pour les véhicules lourds. Toutefois, une dérogation de dix ans est accordée aux pays n’ayant pas encore arrêté ces limites d’âge pour se mettre progressivement à jour.

Quel est le niveau actuel de mise en œuvre de ladite directive au sein de l’Espace ?

Nous avons noté un début d’appropriation positive de la Directive au sein des Etats membres malgré quelques contraintes logistiques identifiées mais non insurmontables. La plupart des pays ont déjà engagé des actions allant dans le sens d’une transposition de la Directive et nous avons bon espoir que dans les mois à venir, l’ensemble des pays se conformeront. De manière officielle, les pays qui sont déjà en conformité parfaite avec la Directive avant même son adoption, sont le Ghana et le Cap vert.

Spécifiquement, quelle est la situation du Niger relativement à l’application de cette Directive ?

Je voudrais exprimer à nouveau notre gratitude au Ministère en charge des Hydrocarbures qui a mobilisé ses services compétents, de même que la SONIDEP, la SORAZ, l’ARSE et les Marketers de la chaine pétrolière lors de notre visite au Niger en mai 2021, avec qui nous avons eu des échanges fructueux.

Concernant la situation du Niger, nous pouvons affirmer que les autorités nationales sont bien sensibilisées aux enjeux et à la nécessité de l’opérationnalisation de la Directive C/DIR.1/9/2020. Des dispositions sont déjà en cours pour élaborer des textes nationaux pour l’alignement et la transposition aux clauses de ce document communautaire. Nous ne pouvons qu’encourager le Ministère sur cette voie. Enfin, je vous remercie une fois de plus pour m’avoir accordé cette interview sur un volet de l’énergie, celui des hydrocarbures, dont les contours sont complexes et méconnus du grand public.

Réalisée par Siradji Sanda

16 juillet  2021
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le Directeur général, il y a eu récemment le lancement d’une campagne concernant le déploiement du système de paiement électronique au Niger ;  en quoi consiste cette initiative ?

Permettez-moi d’abord de présenter i-FUTUR qui est une fintech, une société intervenant dans les technologies financières. Dans ce cadre on travaille avec les banques, les sociétés de micro finance, les opérateurs de mobile money, les sociétés de transfert d’argent. Nous travaillons donc avec l’ensemble de cet écosystème-là, avec aussi l’ensemble des différentes technologies qu’on utilise, le développement d’applications web, l’intelligence artificielle, tout ce qui permet de fournir des services à valeur ajoutée autour de la finance. C’est un peu ça notre positionnement au Niger.

Comme vous l’avez constaté il y a de cela quelques semaines, on avait lancé une campagne de promotion qui vise à multiplier les points marchands où il est possible de payer électroniquement, parce que ces points manquent au Niger. En effet, souvent même si les boutiques, les pharmacies, veulent encaisser électroniquement, ils n’ont pas le dispositif. Cette campagne vise essentiellement à s’adresser à ces acteurs-là qui sont les petits commerces, les gérants des pharmacies et partout où il y a des achats. Cela va leur permettre d’accepter le cash, mais aussi de donner à la population la possibilité de payer électroniquement. Payer électroniquement, c’est payer à partir de son téléphone portable avec un compte Airtel money, Zamany money, moov, ou les cartes bancaires. Cela pour régler par exemple une facture, étant au Niger ou en déplacement à partir d’un lien de paiement en ligne (web) ou en mode hors connexion par USSD #789#. C’est cette valeur ajoutée que nous apportons aujourd’hui à l’écosystème. Ça peut être donc juste à travers des terminaux de paiement que nous avons et que nous mettons à la disposition des marchands, ou  des dispositifs avec un code à scanner grâce  à un téléphone et ainsi payer pour que le fournisseur de service ou bien encaisse directement.

Est ce que la population nigérienne est assez informée sur les procédures et les avantages du système de paiement électronique pour qu’elle puisse adhérer à cette démarche ? 

Il faut dire qu’avant cette campagne, on a beaucoup de clients pour lesquels nous avons mis en place ces dispositifs de paiements. Parmi ces clients on a des institutions étatiques qui habituellement encaissaient, comme par exemple le service de l’organisation des examens du Bac, du BTS, et il fallait se déplacer pour payer  certains  frais prendre, le reçu physique à joindre au dossier. Il y a des candidats partout au Niger qui doivent faire cette formalité ou la faire par  l’intermédiaire de quelqu’un. Pour ces institutions on a eu à digitaliser le processus et tous les paiements se font aujourd’hui à travers ces canaux-là. Les étudiants, les proviseurs d’écoles s’arrangent à disposer de l’argent sur un compte mobile money ou leur carte bancaire, ou dans une agence de transfert d’argent Al Izza, Nita pour faire le paiement dans la facilité. Les candidats n’ont plus besoin de se déplacer dans un centre à Niamey ou dans les centres régionaux, car les services sont digitalisés et les usagers utilisent le système de paiement  à partir des contrées les plus lointaines.

Maintenant nous sommes en train d’aller vers d’autres étapes notamment au niveau des grandes surfaces où il y a beaucoup de transactions. Nous sommes  actuellement sur ces aspects avec l’ensemble de ces marchands, comme on les appelle. Nous sommes sur de grandes campagnes de communication avec par exemple l’ONEP qui nous appuie ; nous avons également United Nations Capital Development Fund (UNCDF), une agence des Nations Unies qui nous accompagne pour la vulgarisation de ce que nous faisons.

Aussi, l’Etat à mis en place des dispositifs pour créer les conditions favorables d’une inclusion financière, pour que ça puisse toucher les populations rurales. C’est vrai que le citoyen lambda est habitué au cash, le nigérien tient beaucoup au cash et il faut une grande campagne de communication, de sensibilisation pour que les populations acceptent de changer, d’adopter le porte-monnaie électronique. Ça vient petit à petit, car des gens ont commencé à stocker l’argent sur des portemonnaies électroniques. Ça vient petit à petit, avec les opérateurs de transfert d’argent. Au lieu que ça soit du cash to cash, aujourd’hui on parle de dépôt, c’est-à-dire on encaisse l’argent sur son portemonnaie électronique pour le dépenser à sa guise. C’est vers ça qu’on veut faire converger les nigériens. Beaucoup d’opérateurs sont

entrain de converger vers ça, il s’agit de réduire au maximum le réseau cash to cash.  L’Etat, les opérateurs privés, les Fintechs comme la nôtre, essaient d’apporter leur contribution pour que les nigériens commencent à adopter la monnaie électronique. 

Vous avez dit il y a un instant que les nigériens tiennent beaucoup au cash, c’est peut être, entre autres raisons, ce qui explique le faible taux de bancarisation au Niger ; alors, avec cette situation comment, comptez promouvoir l’inclusion financière qui constitue le principal objectif visé à travers le système de paiement électronique ?  

En ce qui concerne l’inclusion financière au Niger, les dernières statistiques de la BCEAO de 2020,  montrent que nous avons un taux d’inclusion financière de 15,61%. C’est le taux le plus faible de la sous-région. Et si on rentre dans les détails pour voir les comptes actifs, ça va revenir encore à des chiffres plus faibles. Et c’est partant de ce constat que nous avons été amenés à repenser le modèle. Cela, parce qu’en plus de ce faible taux d’inclusion financière on a constaté également que la majorité de la population est en zone

rurale. Il faut donc adapter ce qu’on fait si réellement on veut faire rehausser ce taux-là. Dans ce sens nous avons eu à développer d’autres programmes avec ce qu’on appelle TerraFinance qui vise à faire l’inclusion financière en milieu rural à travers les groupements et les coopératives agricoles, parce que c’est plus facile d’adresser ces populations. Ces femmes qui sont souvent transformatrices appartiennent à des réseaux, elles sont de faibles capacités financières et suite à des études sur le terrain nous avons décidé de développer ce programme visant à amener ces groupements à accepter la digitalisation en leur mettant en place un système qui va leur permettre

d’enregistrer leur épargne et de l’orienter vers des institutions de micro finance qui couvrent leurs zones. Et, nous les FinTechs, c’est là souvent notre zone d’intervention, là où les banques et les institutions de micro finance ne peuvent pas fournir leur service, on vient en support pour mettre en place une technologie qui va faciliter la vie. Cela, que ce soit pour les citoyens ou les institutions bancaires. Ça permet à ces personnes vivant en zones rurales de sécuriser leur épargne, et on sait que pour avoir du crédit, pour augmenter ses capacités financières il faut qu’on constate l’épargne. C’est dans ce cadre que nous avons développé TerraFinance que nous sommes en train d’expérimenter avec les institutions  de micro finance dans les zones de Doutchi et Maradi. Voici un peu comment nous sommes en train d’attaquer l’inclusion financière au Niger.

Le paiement électronique nécessite un minimum de moyens et conditions technologiques ; est-ce que la situation est favorable au Niger pour le déploiement de ce système ?

Ce qu’il faut retenir concernant l’environnement, puisque c’est de cela qu’il s’agit, déjà au niveau de la sous-région le ton est donné. Le système de paiement électronique a pris le devant. Au Niger aussi l’Etat fait des efforts ; il y a le secrétariat national de la finance inclusive que l’Etat a mis en place pour rendre l’environnement favorable à l’inclusion financière ; il y a le projet village intelligent qui œuvre également dans ce sens-là pour booster la connectivité en zone rurale et l’inclusion financière. Nous aussi, en tant que jeune entreprise, startup, nous sommes en train de jouer notre partition. J’ai parlé aussi des opérateurs de transfert d’argent qui se déploient pour créer les conditions favorables pour que la monnaie électronique soit acceptée. Chacun est en train d’apporter sa petite contribution et on pense qu’il y aura un boom à partir de 2023 parce que tous les acteurs s’accordent qu’on doit faire de la transformation digitale ; ce qui implique d’impacter aussi tous les systèmes de paiement. Pour les services publics, il faut le faire, parce que l’Etat perd énormément d’argent dans le réseau de collecte. Il  y a des institutions avec lesquelles on a travaillé qui ont à peine 20% ; et quand on a digitalisé le service aucun franc ne se perd car vous ne pouvez pas faire les formalités sans associer ce mode de paiement-là qui part directement au trésor.

Comment envisagez-vous les perspectives concernant le déploiement du système de paiement électronique au Niger ?

Au sein d’i-FUTUR, nous travaillons pour lancer plusieurs activités de levée de fonds. Le marché est prêt, mais il nous faut plus de capacité pour avoir plus de ressources humaines, parce que c’est un travail intellectuel ; il faut avoir plus d’investisseurs qui vont financer ces activités parce qu’il s’agit souvent d’aller en zones rurales pour faire de l’éducation financière, créer des plates-formes qui vont faciliter la vie aux populations ; il faut aussi acquérir des terminaux. Tout cela demande des investissements…

Par Souley Moutari(onep)
Source : http://www.lesahel.org/

 

M. Venance Konan, Directeur Général du groupe de presse ivoirien ‘’ Fraternité Matin’’ à Niamey : «Nous journalistes, nous avons un rôle important à jouer dans la lutte contre le terrorisme»Le Directeur général du groupe de presse ivoirien « Fraternité Matin » M. Venance Konan, par ailleurs président du groupement des Editeurs de Presse Publique en Afrique de l’Ouest (GEPPAO) était en tournée dans les pays membres du GEPPAO dans la perspective de relancer les activités de cette organisation. La semaine dernière, il était venu à Niamey pour rencontrer le Directeur Général de l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP), un organe de presse où travaille un de ses confrères avec lesquels ils ont créé le Groupement des Editeurs de Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest. Outre la relance des activités du GEPPAO, Venance Konan a profité de cette occasion pour visiter la rédaction de l’ONEP, discuter avec les jeunes journalistes sur la nécessité d’échanges d’expérience et de formation et en même temps évoquer le forum qu’il projette d’organiser à Ouagadougou, au Burkina Faso au mois de juin prochain. Il revient largement sur toutes ces questions dans une interview qu’il a bien voulu accorder à notre reporter.

Monsieur le Directeur général, dans quel cadre vous êtes à Niamey ?

Je suis venu à Niamey pour rencontrer mon confrère et collègue du Journal « Le Sahel » qui est l’un des membres fondateurs du Groupement des Editeurs de la Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest. Entre temps le Directeur général de l’ONEP, en l’occurrence M. Mahamadou Adamou, qui avait participé à tous les travaux de GEPPAO, a été remplacé. Donc, ma mission à Niamey vise essentiellement la relance des activités de notre structure commune. En effet, les activités de GEPPAO étaient tombées un peu en léthargie du fait que pratiquement tous les membres fondateurs sont nommés à d’autres fonctions. Je suis le seul qui est resté en poste. Maintenant que l’essentiel des organes publics ont à leur tête de nouveaux directeurs, il est tout à fait important pour moi, en tant que président du Groupement des Editeurs de la Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest, de venir vers mes nouveaux collègues afin de leur expliquer ce que c’est que le GEPPAO dans la perspective de redynamiser notre organisation commune.

« En tant qu’IOB, je vais travailler activement à élargir l’accès au financement pour un éventail plus large de Nigériens, y compris les particuliers et les entreprises » M. Yayé Hima Hamani Intermédiaire en Opération de Banque

 

En quoi consistent vos missions en tant qu’Intermédiaire en Opération de Banque (IOB) ?

Je tiens à exprimer ma gratitude pour cette opportunité qui m’est offerte d’apporter des éclaircissements à vos lecteurs sur l’intermédiation en opération de banque. La mission principale de l’Intermédiaire en Opérations de Banque consiste à faciliter les opérations de banque entre les institutions financières ou établissements bancaires et les clients. « Un IOB est une personne physique ou morale autre qu’un établissement de crédit qui, à titre habituel, comme activité principale ou accessoire, met en rapport un établissement de crédit avec la clientèle en vue de la conclusion d’opérations de banque». Vous comprenez dès lors que nous proposons, conseillons et assistons des clients dans la recherche, la négociation ou la réalisation d’opérations de banque sans être un établissement bancaire en tant que tel. Il s’agit d’activités de recherche de financement et de négociation, que ce soit dans le cadre des banques commerciales traditionnelles ou du système bancaire islamique. Ces activités visent à aider nos clients à trouver les solutions de financement qui leur conviennent le mieux, tout en permettant aux institutions financières d’atteindre leurs objectifs commerciaux. En général, les clients « Entreprises » ou « Corporates » ressentent davantage le besoin d’être accompagnés par les IOB que les particuliers, car ils sont plus axés sur des crédits d’investissement que sur des crédits de consommation.

Pouvez-vous retracer les grandes étapes de votre parcours professionnel qui ont précédé l’obtention de cet agrément ?

Mon parcours professionnel a été jalonné de plusieurs étapes significatives. Après avoir terminé mes études supérieures, j’ai eu l’opportunité de participer à un programme de stage de formation au sein du Fonds Africain de Garantie et de Coopération Économique (FAGACE), une institution financière internationale spécialisée dans la promotion des investissements publics et privés, basée à Cotonou, au Bénin. C’est là que j’ai consolidé ma décision de poursuivre une carrière dans le domaine bancaire. Pendant ce stage, j’ai été encadré par des experts financiers très rigoureux qui, sans le savoir peut-être, m’ont transmis les compétences essentielles d’un banquier modèle. Travailler aux côtés de ces professionnels venus de divers pays et partageant une même exigence de professionnalisme a été une source d’inspiration pour des jeunes aspirant à une carrière financière.

À mon retour au pays, j’ai été chaleureusement accueilli par les banques, et j’ai débuté ma carrière à la Sonibank. Rapidement, j’ai compris que cumuler différentes expériences dans le secteur financier serait un atout précieux pour gravir les échelons. Même si mon parcours suscitait parfois des interrogations, mes objectifs étaient clairs. J’ai alors décidé de changer d’institution et de rejoindre une banque de groupe, plus précisément la filiale nigérienne d’ECOBANK, où j’ai travaillé pendant une dizaine d’années. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de vivre une expérience d’assistance technique dans le secteur de la microfinance au Niger pendant deux ans. Cette expérience m’a éclairé sur les approches du microcrédit et de l’éducation financière, des compétences qui me sont aujourd’hui très utiles. Après cette période, j’ai rejoint la Banque Islamique du Niger, où j’ai occupé des postes de responsabilité jusqu’au 31 décembre 2021.

Pendant toutes ces années dans le secteur bancaire, je n’ai jamais abandonné ma passion pour la formation et l’enseignement. En tant que professionnel, j’ai toujours trouvé le temps d’animer des sessions de formation, aussi bien au Niger, au sein d’instituts et d’universités publics et privés, que dans toute la région de l’Union Monétaire Ouest-Africaine (UMOA). J’ai été recruté en tant que formateur par Finance sans Frontières au Togo et par le Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) en Côte d’Ivoire, ce qui m’a conduit à dispenser des formations dans plusieurs pays de l’UMOA. Enfin, j’ai également été impliqué dans des projets de développement économique en tant que consultant financier, inscrit sur la liste des consultants de la Banque Ouest-Africaine de Développement (BOAD) depuis 2014. L’ensemble de ces expériences variées a, sans aucun doute, facilité l’examen favorable de ma demande d’autorisation d’habilitation en tant qu’IOB par les équipes de la BCEAO.

Comment a été perçue votre nomination en tant que premier Nigérien inscrit sur la liste des IOB agrées par la BCEAO au niveau de vos collègues et les acteurs du marché ouest-africain ?

Ma nomination en tant que premier Nigérien inscrit sur la liste de la BCEAO sous le Numéro NIG/00001/IOB/2023 a été accueillie avec enthousiasme tant dans le milieu bancaire nigérien, que par les acteurs du marché ouest-africain. Elle a été perçue comme une reconnaissance de mon dévouement envers le secteur financier et de ma capacité à apporter une contribution positive à l’amélioration du financement de l’économie nigérienne. Mes collègues ont exprimé leur fierté et leur confiance envers mon expertise, considérant que cette réalisation ouvrait la voie à une plus grande accessibilité aux services financiers pour les Nigériens. Les acteurs du marché ouest-africain ont également manifesté un vif intérêt pour cette nomination, y voyant une opportunité de renforcer les liens financiers et économiques au sein de la région. Par exemple, nous avons reçu des félicitations de la part de certains hauts dirigeants de banques renommées de Niamey. De même, plusieurs IOB de la sous-région ont exprimé leur joie en m’accueillant chaleureusement dans le cercle des professionnels agréés, manifestant ainsi leur intérêt pour une future collaboration et un échange d’expériences. Je tiens également à exprimer ma gratitude envers toutes les autres associations du Niger auxquelles nous sommes affiliés, telles que l’Ordre des Experts et Consultants pour l’Afrique (ODECA) continental et la Confédération Internationale des Diplômés de l’ITB (CIAD-ITB). Bien que je ne puisse pas les nommer individuellement, je tiens à les remercier sincèrement par le biais de vos colonnes.

Pourquoi les taux d’intérêt et les coûts d’assurance associés aux crédits au Niger sont-ils souvent perçus comme élevés ?

Le taux d’intérêt est le prix du loyer de l’argent. C’est le prix qu’il faut payer pour emprunter de l’argent, c’est aussi le prix que l’on reçoit quand on prête de l’argent. Ceci s’exprime sous forme de taux. Sachez que pour notre zone les banques ne fixent pas ses taux par leur propre volonté. C’est le taux directeur de la BCEAO qui sert de base à la fixation des taux pour les banques.

Les taux d’intérêt élevés et les coûts d’assurance associés aux crédits au Niger peuvent s’expliquer par plusieurs facteurs : Risques élevés : Le secteur financier peut être confronté à des risques élevés, ce qui peut se traduire par des taux d’intérêt plus élevés pour compenser ces risques. Coûts opérationnels : Les institutions financières doivent couvrir leurs coûts opérationnels, ce qui peut influencer les taux d’intérêt. Le manque de concurrence dans le secteur financier peut limiter les incitations à réduire les taux d’intérêt. La réglementation financière peut également avoir un impact sur les taux d’intérêt et les coûts d’assurance. En tant qu’IOB, l’une de mes missions est de travailler avec les institutions financières pour identifier des solutions de financement plus abordables pour les clients, tout en garantissant que ces solutions soient viables pour les prêteurs.

Quels sont les défis majeurs que vous envisagez de relever en tant qu’IOB pour apporter votre contribution à l’amélioration du financement de l’économie au Niger ?

En tant qu’IOB, les défis peuvent être importants pour contribuer à l’amélioration du financement de l’économie au Niger. Certains de ces défis incluent pour le secteur financier, l’éducation financière est essentielle pour aider les clients à comprendre les produits financiers et à prendre des décisions éclairées. On pourrait travailler avec les institutions à promouvoir l’éducation financière parmi les clients. En ce qui concerne l’accès au financement, nous pouvons garantir une équité d’accès au financement pour tous les segments de la clientèle représente un défi essentiel. De plus, il serait opportun de promouvoir l’expansion de l’accès au financement, en mettant particulièrement l’accent sur les secteurs stratégiques de l’économie qui éprouvent actuellement des difficultés à obtenir des financements, notamment les très petites et moyennes entreprises (TPME). Il pourrait être envisagé d’instaurer un programme structuré, impliquant des levées de ressources pour les banques en collaboration avec des bailleurs de fonds engagés dans cette démarche. Le secteur financier est soumis à des réglementations strictes.  On pourra donner des conseils pour que toutes les transactions soient conformes aux lois et aux réglementations en vigueur. Le secteur financier est en constante évolution. Il faudrait être à jour avec les dernières innovations pour offrir les meilleures solutions à mes clients.

En tant qu’IOB, je peux aider l’État à mobiliser des ressources financières en facilitant la négociation de prêts et le placement d’obligations sur les marchés financiers. Le financement islamique sous forme de SUKUK aussi pourrait être envisagé. Et comme conseils en gestion de la dette on pourra guider l’État sur la structuration de sa dette, en optimisant les conditions de remboursement et en minimisant les coûts.

Quel est l’impact que votre accréditation d’IOB apportera au Niger et au secteur bancaire en général ?

Très modestement ceci pourrait contribuer à améliorer l’accessibilité au financement. En tant qu’IOB, je vais travailler activement à élargir l’accès au financement pour un éventail plus large de Nigériens, y compris les particuliers et les entreprises. Cela permettra de stimuler l’activité économique en favorisant la croissance des petites et moyennes entreprises et en facilitant l’accès à la propriété pour les citoyens. Nous pouvons contribuer à former les jeunes banquiers avec l’Investissement dans le capital humain. En effet l’investissement dans le capital humain est prioritaire pour l’ensemble de l’industrie bancaire au Niger. Il ne faut jamais penser faire des économies sur les formations du personnel. Aujourd’hui les investissements sur le capital humain ont un impact direct sur la productivité, la qualité de service, la réduction d’erreurs opérationnelles, l’adaptabilité des agents aux changements, et même la réduction du turnover.

Aussi s’agissant du renforcement de la conformité, en travaillant en étroite collaboration avec les institutions financières, on pourrait contribuer à renforcer la conformité à la réglementation financière et à promouvoir une culture de transparence et d’intégrité au sein du secteur bancaire. L’IOB apporte une perspective nouvelle et une agilité dans le secteur bancaire. On va encourager l’innovation dans la prestation de services financiers, y compris l’adoption de technologies financières, pour améliorer l’efficacité et la commodité pour les clients.

En stimulant la concurrence et en favorisant des conditions plus équitables pour les emprunteurs, on pourrait contribuer à rendre le secteur bancaire nigérien plus compétitif et à encourager les institutions financières à offrir des produits de meilleure qualité. Nous devons participer en tant qu’IOB à l’intégration régionale. En tant que professionnel agréé, on pourrait faciliter les transactions transfrontalières et en favorisant les investissements étrangers au Niger. Mon accréditation témoigne de mon engagement envers l’éthique et l’intégrité professionnelles. Cela contribuera à renforcer la confiance des clients et des investisseurs dans le secteur financier nigérien. En résumé, cette accréditation en tant qu’IOB apportera une contribution significative à l’inclusion financière, à la croissance économique et au développement du secteur bancaire au Niger, tout en favorisant la stabilité et la confiance dans le système financier. Aujourd’hui quelle que soit sa position on doit contribuer à l’effort de construction national. A l’heure actuelle la notion de patrie est une valeur irremplaçable. Pour paraphraser ce proverbe (luluwa) du Congo (Ex Zaïre) « Mon pays je l’aime, même s’il y sévit la famine ». Le Niger je l’aime pour l’honneur de la patrie !

Propos recueillis par Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org

Moussa Harouna Maire de MagariaMonsieur le maire, présentez nous votre commune.

Magaria, qui a été érigée en commune en 1988, compte, suivant le recensement de 2012, 130.707 habitants, pour une superficie de 715 km2. La densité de la population tourne autour de 188 hbts au km2. Les principales activités sont l’agriculture et l’élevage mais aussi le commerce favorisé par notre proximité avec le Nigeria. Sur le plan position géographique, elle est limitée au nord par la commune de Bandé, à l’ouest par les communes de Kwaya, Yekoua, à l’est par la commune de Dantchiyaou et la République fédérale du Nigeria. 62% de la population est composée de jeunes. Le premier problème est naturellement celui de l’emploi. Nous avons quelques Centres de formation professionnelle au niveau de Magaria et au niveau du chef-lieu de la Région. Mais le problème reste celui de l’insertion professionnelle des jeunes formés dans le tissu économique local. Conséquence : nous avons un taux élevé de jeunes au chômage. Heureusement pour nous qu’il y a ce qu’on appelle le secteur « de la débrouillardise » qui absorbe une bonne partie des sans-emploi.

A priori on peut penser que le climat de haute pluviométrie que reçoit Magaria et les innombrables vallées que la zone recèle, est propre à occuper les bras valides…

Nous avons effectivement beaucoup de potentialités exploitables, mais les jeunes dont il est question sont beaucoup plus tournés vers les activités lucratives avec rémunération directe. Sinon, le secteur primaire offre beaucoup d’opportunités. Nous avons tout un potentiel exploitable dans la bande nord, mais il faut aussi dire que la pression sur les ressources est réelle. Je vous disais qu’avec 188 habitants au km2, Magaria est l’une des zones de grande densité démographique au Niger ; cette pression se ressent sur les terres de cultures, ce qui explique que nous faisons face aux conflits fonciers récurrents et à l’exode massif vers les grands centres urbains et à l’extérieur du pays.

Madame Amina Moumouni Interview OnepMadame Amina Moumouni, Ministre de l’Energie.Madame la Ministre, votre département ministériel s’apprête à accueillir l'inauguration de la première centrale solaire photovoltaïque de 7 MW à Malbaza, le dimanche 24 novembre prochain. Quelle est selon vous l’importance de cet événement pour notre pays ?

Je vous remercie de me donner l’occasion de parler de la centrale solaire photovoltaïque de 7 MW de Malbaza. Comme vous le faites remarquer cette centrale est d’abord la première installation du genre au Niger. En plus, l’électricité sera produite à partir de la source solaire dont notre pays regorge et domaine dans lequel nous sommes précurseurs. C’est donc là, cette importante ressource nationale que nous valorisons et comme vous le savez, la valorisation de nos potentialités énergétiques nationales constitue un des piliers de la Politique du Niger dans le sous-secteur de l’électricité. Par ailleurs, ce sont nos équipes du Ministère de l’Energie, de la NIGELEC et du CNES, qui ont supervisé ensemble et en bonne intelligence, avec professionnalisme, la construction de cette centrale. C’est à ces différents niveaux que cette inauguration est importante !

Les observateurs parlent toujours de paradoxe relativement à l’insuffisance observée au Niger sur le plan de l’exploitation de l’énergie solaire au Niger. Peut-on dire, avec l’inauguration de la centrale solaire de Malbaza, que le Niger est résolument tourné vers le solaire ?

Comme je le disais, le Niger est précurseur en la matière avec le développement de nombreuses applications depuis les années 70. L’exploitation de l’énergie solaire pour la production est assez récente et est venue trouver d’autres sources, utilisées pour la génération d’énergie électrique. C’est dire qu’il y a quelque part, un équilibre ou un optimum à rechercher pour l’insertion du solaire afin de trouver la bonne combinaison qui offrirait une énergie abordable pour les consommateurs.

Rabo Fatchima DG BudgetMme la Directrice générale, le Niger en tant que pays membre de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), est engagé ces dernières années dans un processus de reformes dans la gestion des finances publiques, pouvez-vous nous faire le point de ces différentes reformes ?

Merci de l’opportunité que vous m’offrez pour parler du processus de reformes dans la gestion des finances publiques au Niger. En effet, depuis la transposition des directives de l’UEMOA dans l’ordonnancement juridique national, de 2012 à aujourd’hui, beaucoup de choses ont été réalisées. Sans être exhaustif, on peut dresser l’état des lieux ci-après, par domaine : Au plan du cadre juridique et institutionnel, il s’agit de la création d’un comité de pilotage de la mise en œuvre de la réforme du Budget programme, regroupant les Secrétaires généraux des ministères et institutions; la création d’un comité technique du Budget programme chargé notamment d’accompagner les ministères et institutions à l’élaboration de leurs DPPD et PAR ; la création au sein des ministères des comités DPPD ; la création d’un comité de pilotage et d’un comité fonctionnel et technique chargés de l’Adaptation du Système d’Information Budgétaire et Comptable Informatisé (ASIBCI) à la Lolf, etc. Concernant les aspects techniques, il s’agit de la confection d’outils de mise en œuvre dont principalement la production de deux manuels de référence respectivement pour l’élaboration du DPBEP et des DPPD; la révision et l’adaptation de la nomenclature budgétaire; l’adaptation du système informatique pour l’élaboration du budget en mode programme. Pour l’accompagnement des administrations, les actions ont porté sur la sensibilisation, la formation, les appuis conseils pour l’élaboration du Documents de programmation budgétaire et économique pluriannuels (DPBEP), des Documents de programmation pluriannuelle de dépenses (DPPD) et des Projets Annuels de Performance, etc.

Mahamadou Issoufou se rend à Dakar le 1er et 2 février pour participer à la conférence de financement du Partenariat mondial pour l’éducation (PME) avec son homologue sénégalais Macky Sall. De retour du 30e sommet des dirigeants de l’Union africaine (UA), il confie à l’Opinion sa vision des enjeux sur l’éducation, de sa politique pour lutter contre la radicalisation des jeunes et de son approche économique pour lutter contre le terrorisme et la pauvreté. Le président nigérien prendra la tête du G5 Sahel, le 6 février. Quel est le coût de l’éducation pour le Niger où les femmes mettent encore sept enfants au monde, en moyenne ?

Cet effort est très important et pèse sur nos finances publiques. Nous consacrons 25 % du budget de l’État à l’éducation. J’ai fait construire 15 000 classes lors de mon premier quinquennat. De 1960 à 2010, l’État n’en avait créé que 20 000. Notre politique est celle de l’école gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans. En Afrique, beaucoup de jeunes diplômés ne trouvent pas d’emplois faute d’adaptation des filières aux besoins du marché du travail. Nous mettons aussi l’accent sur la formation professionnelle et technique afin que les jeunes puissent avoir un métier. L’enseignement technique représentait 8 % de l’ensemble du système éducatif en 2011. Cette part est passée à 25 % en 2016 et sera de 40 % en 2021 contre 60 % dans les pays émergents. L’objectif est de créer, à tous les niveaux d’apprentissage (primaire, secondaire), des passerelles vers les métiers techniques. On forme de plus en plus de plombiers, serruriers et mécaniciens.

M. Le Directeur général, la Caisse Autonome des Retraites du Niger (CARENI) a été créée il y a quelques années au Niger. Quelles sont les missions assignées à cette structure à sa création ?

Merci beaucoup de nous avoir donné l’opportunité d’apporter des éléments de clarification par rapport à la Caisse Autonome des Retraites du Niger (CARENI) qui a pour mission essentiellement de concéder et liquider les pensions conformément aux dispositions du code général de la fonction publique. Cette retraite, c’est celle qui est attribuée aux fonctionnaires de l’Etat concernés par ce code général de la fonction publique. Les institutions à statut autonome tel que l’environnement, les universités, les institutions de recherche notamment l’ENA, l’INRAN, les FDS et les magistrats sont aussi gérés au niveau de la CARENI.

Pour bénéficier d’une pension au Niger, il faut nécessairement déposer un dossier à la CARENI ? Quels sont M. Le Directeur général, les éléments qui constituent ce dossier ?

Les éléments constitutifs d’un dossier de pension pour un retraité sont les actes d’état civil, les pièces de ses ayants droit, l’arrêté d’admission à la retraite, le dernier avancement, l’indice, les certificats de scolarité de ses enfants avec leurs extraits de naissance. En plus de cela, il y a d’autres pièces complémentaires que le retraité doit fournir pour pouvoir compléter intégralement le dossier. 

Le dossier ainsi constitué et déposé à la CARENI, donne-t-il droit automatiquement à la pension ?

Une fois qu’on a les pièces d’état civil et les pièces administratives précitées notamment la première prise de service, l’acte de mise à la retraite, l’indice, donc une fois que le dossier est administrativement constitué et déposé, il est recevable. Mais cela ne veut pas dire qu’il est au complet parce que nous allons vérifier deux situations.

Au fait, M. le Directeur général, qui est habilité à déposer le dossier à la Careni, le fonctionnaire ou la structure administrative dont il est issu ?

Normalement, il revient aux responsables administratifs de déposer les dossiers. Mais au regard de la situation que nous sommes en train de constater, nous avons accepté les dossiers déposés par les agents eux-mêmes. C’est plus rapide. Là où il y a un pré traitement, des dossiers réellement, c’est au niveau des FDS. Là, les dossiers sont d’abord pré traités au niveau de ces institutions et transmis à la Careni ce qui facilite le traitement. Dans les ministères, normalement il revient aux responsables des ressources humaines de traiter les dossiers et de les transmettre. Mais je pense qu’il y’a eu un moment du retard et la Careni a accepté de prendre les dossiers auprès des individus. Donc, les agents déposent eux-mêmes leurs dossiers.

Mais à quel moment précisément les fonctionnaires doivent déposer leurs dossiers à la Careni ? Pendant les 3 mois de congé libéral ou après ?

Non, ils déposent les dossiers quand ils sont à la retraite.

 Plus précisément, quand est ce que le fonctionnaire est à la retraite ?

 Il est à la retraite quand il a l’acte qui le met à la retraite. Il peut constituer tout son dossier pendant sa période de congé libéral et il attend la décision. Pendant cette période, il peut aussi prendre les états financiers au niveau de la solde. S’il a les états financiers 3 mois, il a un dossier complet qui n’attend que l’attestation de mise à la retraite. Une fois qu’il met cette attestation-là, il a un dossier complet administrativement. Nous, on vérifie cela. Avant, les gens déposaient les dossiers pendant le congé libéral   sans ces documents et dans leur analyse, ils disent qu’ils ont déposé leur dossier voilà 6 mois ou 7 mois et le dossier n’est pas traité. Pour mettre fin à ça, nous avons décidé de prendre les dossiers seulement une fois qu’ils sont au complet. Comme ça, nous avons une date normale qui couvre par rapport au dépôt du dossier. Surtout que quand le fonctionnaire dépose son dossier pendant la période de congé libéral, il lui manque deux documents.  En plus, il a un salaire pendant cette période donc il ne peut avoir son dernier bulletin, ni la situation financière complète qui réponde aux normes. Donc, il y a deux éléments qui manquent et qui ne permettent pas un traitement judicieux du dossier.  L’attestation de la solde nous dira s’il a un trop perçu ou pas c’est-à-dire s’il a bénéficié d’un ou de plusieurs salaires pendant sa période de retraite. Dans ce cas, il faut qu’il rembourse l’Etat et qu’il nous apporte la quittance de reversement au trésor pour que nous traitions le dossier.  Ou que la careni écrive à sa banque et là, on est tenu par la réponse de la banque pour traiter le dossier. En donnant à la banque le numéro matricule, le numéro de son compte et demander à la banque de retourner l’argent au compte du trésor. Autrement, on peut traiter le dossier mais on va faire le calcul pour prélever directement les ressources qu’il a déjà consommées afin de rembourser l’Etat s’il le permet, ça c’est le premier cas.  Le deuxième cas c’est celui des agents en détachement. Ceux-là, il nous faut disposer de leur situation FNR précisément le payement, le versement, la régularité dans le paiement FNR. On doit vérifier qu’il y a les 6% de l’agent et les 14% de la contribution patronale et c’est au trésor que ça se verse. Ce sont les institutions bénéficiant des détachements qui doivent normalement verser au nom de leurs agents pour la plupart des cas au niveau de l’institution nationale. Mais pour le cas des institutions internationales, c’est aux agents eux-mêmes (parce que très souvent c’est dans leurs salaires) de procéder au versement au trésor public à la fois leur côte part de 6% et les 14% de la cotisation patronale. Et c’est le plus gros problème qu’on a. Les agents en détachement ne suivent pas leurs carrières. Nous avons eu des cas où des responsables d’institutions sont à la retraite, mais jamais leur cotisation FNR n’a été versée. Et, ça devient un trou dans la carrière de la personne. C’est pourquoi, je lance un appel à tous les agents en position de détachement d’être regardant par rapport au payement de leur cotisation FNR. C’est très important parce que ça les piège en fin de carrière, c’est très important. 

Le délai de traitement d’un dossier est de 72 heures à la Careni.  Oui, si un dossier est réellement complet, c’est 72 heures le délai, mais s’il n’est pas au complet comment on peut le traiter ? Un dossier qui vient sans actes d’avancement et la personne te dira moi je suis de la classe exceptionnelle d’accord mais où est le papier qui le prouve. Normalement, le ministère ou l’institution où il a travaillé doit avoir archivé cela.  En tous cas, depuis que nous sommes là ça fait 2 ans de cela, le délai de traitement d’un dossier complet est de 72 heures pas plus.

 Qu’en est-il M. le Directeur général des reversions des pensions après décès ?

 Il y a deux situations qui peuvent se poser à la careni en ce qui concerne les fonctionnaires décédés.

 D’abord, un agent de l’administration qui est décédé et qui n’a pas 15 ans de fonction, la famille de ce concitoyen a droit à un capital décès. Le capital décès n’est pas une pension, le capital est une contribution sociale de l’Etat à la famille  de l’agent décédé.  c’est vraiment une aide sociale de l’Etat et la Careni bien qu’ayant concédé et liquidé cela en fait c’est une dette faite à l’Etat qui est sensé rembourser la Careni pour ce qui est  du capitale décès. Toujours ce concitoyen qui   n’a pas 15 ans,  ne peut pas bénéficier de la pension. Sa famille peut bénéficier du remboursement de sa cotisation de 6%. Et il faut que ce dossier soit constitué avec les actes du mari décédé ou de la femme décédée.  Outre ces pièces administratives, il faut le conseil de famille, le procès-verbal et un mandataire désigné    dans le procès-verbal.

Pour une personne qui a plus de 15 ans ou qui a 15 ans ou plus, on fait deux dossiers à ce niveau.  Pour une famille dont le mari ou la femme est décédé et qu’ elle a 15 ans ou plus, ils font donc deux dossiers, un dossier qui sera destiné au capital décès et un dossier qui sera destiné à la pension que nous appelons de réversion. C’est la pension du défunt qui est reversée à ses ayants causes et je pense que c’est proportionnellement 50% pour les veuves. A ce niveau, il faut préciser qu’il y a deux possibilités : pour le mari et la personne déjà à la retraite qui décède, il n y a pas de capital décès, il n’y’a que la réversion de la pension à la famille donc le seul bénéficiaire du capital décès sont les ayants cause des fonctionnaires en activité et les procédures sont les mêmes pour les pensions, qu’elle soit nouvelle pension ou pension de réversion, c’est la même procédure.

 Compte tenu des difficultés dans le traitement des dossiers, est ce que la Careni travaille avec les différentes administrations du pays pour trouver une solution ?

Nous avons fait une tournée au niveau de l’ensemble des ministères et institutions de la place. L’équipe de la Careni a rencontré les responsables administratifs des ressources humaines au niveau de l’ensemble des ministères et institutions avec pour objectif de les sensibiliser sur la problématique de la gestion  de la retraite, et les difficultés auxquelles on fait face dans le cadre du traitement des dossiers. Il est ressorti de ces rencontres, des difficultés par rapport à la gestion de la carrière.  Nous souhaitons organiser un atelier juste après le mois de ramadan sous le haut patronage du ministre de la fonction publique pour partager, échanger avec l’ensemble des exposants des ressources humaines pour qu’ensemble, nous puissions trouver un chemin nous permettant d’être  diligent dans le traitement  des questions des retraités.

M. Le Directeur Général, à un certain moment, on parlait de la mensualisation des pensions au Niger, ou est-ce que vous en êtes ?

La mensualisation est une volonté marquée des autorités actuelles. Cela veut dire que la volonté politique y est. Ce que nous cherchons, c’est la volonté des agents, des acteurs en charge de la mise en œuvre de la volonté politique. Je voudrais dire par là qu’il y a le décret portant régime des retraites au Niger  qui est en instance mais qui n’a pas été encore adopté. C’est ce décret qui permettra à la CARENI de s’approprier l’ensemble du processus. Je disais tantôt à la retraite, beaucoup de nigériens ne voient que la pension. La retraite est d’abord administrative, la pension, c’est l’acte de payement mais c’est l’acte qui matérialise parce que c’est les ressources. Actuellement, la CARENI ne paie pas la pension, c’est le trésor qui paie la pension ce n’est pas encore rétrocédé à la CARENI. La mensualisation a besoin de deux choses : le premier, c’est le toilettage du fichier des acteurs ayant fait valoir leur droit à la retraite et nous sommes là-dessus avec la direction générale du trésor public. Nous sommes en train de faire ce travail, je pense qu’on a fait Tillabéry, Dosso  et certainement la semaine prochaine, l’équipe se rendra à Tahoua et Agadez. C’est ça la première étape : toiletter et se fixer sur exactement le nombre des pensionnés et la nature de la pension pour connaitre avec exactitude le montant qui est dédié aux pensions. La seconde étape qui peut être faite concomitamment est la bancarisation. C’est très difficile de faire le payement de la pension mensuellement par le bielletage,  c’est très compliqué. Ça va demander la mobilisation d’une logistique importante.  A cela, je pense que la bancarisation des montants significatifs deviendra une obligation. Quand ces deux étapes vont être franchies, la mensualisation sera plus fluide. Mais même sans la bancarisation, quand le fichier sera suffisamment toiletté, on trouvera un mécanisme véritable pour que ça soit mensuelle.

En attendant, je voudrais dire aux fonctionnaires que la Careni c’est leur devenir, c’est vraiment le devenir des fonctionnaires. Je pense aussi qu’il faut sortir du carcan de la pension. La retraite est administrative. Il faut aussi que tout fonctionnaire soit l’animateur au sein de son service pour la CARENI, c’est à dire attirer l’attention des responsables des ressources humaines sur le suivi administratif de la carrière des uns et des autres. Le Niger est un pays vaste, il faut que chacun s’y mette, sinon, ça va être difficile. En plus, l’Etat assure à travers la CARENI, la prise en charge médicale à 90% de tous les agents à la retraite dans les services publiques de santé. Les personnes à la retraite peuvent venir prendre chez nous leurs prises en charge médicale.  A Niamey, c’est au niveau de Harobanda  et dans nos services qui sont à l’ex-Copro à Maradi, nous avons un service qui garantit cela tout comme à Tahoua.  Bientôt ça va être le tour de Zinder et Dosso. Et, nous sommes en train de voir avec le trésor, comment nous allons gérer la situation, là où nous ne sommes pas encore présents pour que les retraités puissent bénéficier de cette prise en charge. Nous voudrions que les agents, les fonctionnaires soient véritablement motivés pour accompagner la CARENI. La CARENI n’est pas une structure de plus, elle est une structure administrative qui doit faire son travail avec la bonne compréhension des uns et des autres.

Réalisée par Fatouma Idé(onep)

Monsieur le Ministre, vous êtes expert des questions énergétiques et pétrolières. Que vous inspire la présente crise russo-ukrainienne sur le marché des énergies ?

Comme donc le savez, le jeudi 24 février 2022, l’armée russe a engagé une "opération militaire" en Ukraine pour des raisons de géopolitiques régionale et internationale. Dès l’entame de cette invasion, les Etats-Unis et l'Union Européenne décident, dans la précipitation de riposter vite et fort en lançant plusieurs salves de sanctions contre la Russie (divers embargos économiques, y compris sur les ressources énergétiques). Aussitôt, les prix du pétrole ont dans les échanges intra-journaliers, crevés le plafond des 100 dollars US (US$) pour afficher 100,54 US$ pour le baril du brut américain "West Texas Intermediate" – WTI coté à New-York, et 105,75 US$ pour le Brent de la mer du Nord coté à Londres. Le 07 mars dernier, ces deux bruts de référence ont aisément atteint les 130,50 US$ pour le WTI et 137,00 US$ pour le Brent, menaçant de franchir la barre des 147,50 US$ le baril ; le maximum historique atteint le 11 juillet 2008 au plus fort de la crise des subprimes.

Le charbon et le gaz naturel, ressources dont la Russie est le premier producteur/exportateur mondial, ont également vus leurs prix exploser dans les instants qui ont suivi cette invasion de l’armée russe. Bien que cette crise russo-ukrainienne ne soit pas la seule raison de cette récente flambée des cours des matières premières et produits énergétiques ; elle joue néanmoins et continuera très certainement à jouer un rôle fondamentalement accélérateur dans la détermination des prix de l’énergie (gaz, pétrole, charbon,…).

Pour l’instant, rien ne peut arrêter la folle ascension des cours des ressources énergétiques (gaz, pétrole, charbon et même l’électricité), sachant que le refus des pays occidentaux d'acheter du pétrole russe va aboutir à des conséquences catastrophiques pour le marché mondial et en particulier les consommateurs européens. Les cours du pétrole vont très certainement se stabiliser pour une longue période autour (et plus sûrement au-dessus) des 100 US$ le baril, parce qu’outre les conséquences de la crise russo-ukrainienne, ils sont dopés par des perturbations de l'offre, de vives tensions géopolitiques (Les tensions géopolitiques en Libye, Nigeria, Angola, Venezuela, Iran… font craindre une possible baisse de l’approvisionnement en hydrocarbures) et une remontée de la demande, malgré la persistance du Covid-19. Dans la même dynamique que le pétrole brut, les prix du gaz ont aussi flambé sur le marché international. Dès le lendemain de l’invasion de l’armée russe, le marché de référence du gaz naturel en Europe, le TTF (Title Transfer Facility) néerlandais partait à la hausse, à 129,00 euros (€) le mégawattheure (MWh, c’est-à-dire 1000 KWh) pour après battre son record historique en cotant à 194,00 €.

Le 08 mars dernier à la Bourse Gazière d’Amsterdam, le gaz a bondi à 255,00 € le MWh, pour après culminer à 345,00 €. En novembre 2021, le MWh de gaz y était encore coté autour de 50 € ! Je voudrai au passage, préciser que le Mégawattheure (MWh), le Mètre Cube (m3), le British Thermal Unit (BTU) et le Gigajoules (GJ) sont des unités de mesure du gaz naturel que vous pouvez rencontrer très souvent sur les marchés de l’énergie ou sur les factures de gaz domestique dans certains pays. Un GJ de gaz naturel équivaut approximativement à 0,948 BTU et produit la même quantité d'énergie que 27 litres de mazout, 26 litres d'essence ou 277 KWh d'électricité. 

Alors, quelle place pour l’Afrique dans ce nouvel ordre économique mondial ?

Tous les ingrédients d’une crise internationale, la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, sont réunis. Les menaces d’élargissement de l’Union Européenne et de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie était l’arbre qui cachait la forêt ; cette forêt, en l’occurrence, étant l’affrontement depuis la chute du mur de Berlin et l’éclatement de l’Union Soviétique, entre Washington et Moscou pour l’hégémonie mondiale à partir du contrôle du marché mondial de l’énergie et des matières premières stratégiques. Dans cette situation de bouleversements géopolitiques provoqués par cette crise, les dirigeants africains ne doivent pas rester dans une logique de subordination les obligeant à choisir un camp plutôt qu’un autre. Ils doivent faire émerger une véritable et courageuse politique étrangère africaine, responsable, souveraine, débarrassée de tout diktat et contrôle de quelques puissances étrangères qu’elles soient.

En matière de sécurité et de défense, nous devrons compter sur nos propres forces (nationales, régionales ou continentale) parce que dans un monde qui certainement sera totalement déréglé, sous-traiter sa sécurité avec une puissance étrangère serait une erreur stratégique fatale. En choisissant de ne pas choisir de camp, les pays africains, loin de prendre position dans cette crise (nous n’avons d’ailleurs absolument rien à voir avec un conflit intra européen), doivent préserver une politique étrangère dépolarisée, interagissant sur des pôles de puissance qui nous sont utiles. Cependant, cette crise avec son risque d’enlisement, peut constituer une excellente opportunité pour les pays africains de développer des stratégies minière, pétrolière et gazière communes, robustes et rentables, permettant de répondre aux besoins économiques et énergétiques du continent et de tout autre partenaire intéressé par nos ressources énergétiques et extractives.

Face aux risques de ruptures d'approvisionnement en hydrocarbures, les pays européens cherchent, dans l'urgence, à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie et se mettent actuellement en quête de nouveaux fournisseurs. Nous devons certes mettre tout en œuvre pour bénéficier du marché extérieur, mais d’abord et surtout du marché intérieur africain. En effet, l’Afrique entière pèse pour plus de 13% des exportations pétrolières mondiales, mais à contrario ne consomme en produits pétroliers qu’à peine 4% de la part mondiale. Les pays d’Afrique restent encore très tributaires de leurs exportations de pétrole brut, tant en termes de devises que de recettes et paradoxalement, une part importante des besoins de l’Afrique en produits raffinés, est importée majoritairement d’Asie et d’Europe. Pour mettre un terme à ce paradoxe et tirer profit de cet environnement favorable, nous sommes appelés à créer et sécuriser des marchés physiques pétroliers (régionaux et continental) notamment les flux entre les zones de production et les zones d’approvisionnement et de consommation.

Quelle pourrait être la conséquence de cette crise énergétique mondiale pour le cas précis du Niger, également pays producteur de ressources énergétiques comme l’uranium et le pétrole ?

Par rapport à la stratégie à adopter face à cette situation de pénurie d’hydrocarbures en Europe, il y a lieu de rappeler justement l’accord pour la construction d’un gazoduc trans-saharien (TSGP ou NIGAL) d’une longueur de 4128 km, d’une capacité annuelle de 30 milliards m3 et qui partira de Warri au Nigeria et rejoindre l’Algérie en passant par le Niger signé à Niamey, le 18 février 2022 entre les ministres algérien, nigérian et nigérien en charge des hydrocarbures en marge de la 3ème conférence de la CEDEAO sur les mines et le pétrole (ECOMOF). Ce gazoduc permettra aussi l'alimentation sur son passage des régions du Nord, du Nord-est et du Centre du Nigeria ainsi que le Niger, le Burkina Faso et le Mali. Les retombées pour le Niger sont inestimables : ce gazoduc devrait stimuler l'exploration du gaz naturel au Niger, créer des emplois, développer une industrie énergétique (centrale électrique, gaz domestique,…), développer une industrie pétrochimique, de production d’engrais,…

Il faut dire que, bien que le Niger ‘’coincé‘’ géographiquement et géologiquement entre l’Algérie, la Libye, le Tchad et le Nigéria (tous gros producteurs d’hydrocarbures), il est certain, que tôt ou tard, notre pays connaitra par la grâce de Dieu, le même miracle pétrolier que ses voisins sus-mentionnés. En effet, le Niger dispose d’un potentiel pétrolier lié à deux grands bassins sédimentaires qui couvrent 90% du territoire national et de grosses et très agréables surprises, particulièrement dans le bassin des Ullimenden à cheval entre la partie Ouest du Niger, l’Est du Mali et le Sud algérien ne sont pas à exclure. Tout ceci confère à notre pays, le statut d’une future puissance pétrolière…. inch’Allah et aussi de devenir une plaque tournante pour les hydrocarbures, la pétrochimie et les produits associés en Afrique de l’Ouest.

Les projets de gazoduc transsaharien et du pipeline export Niger-Bénin (qui a bien besoin d’une réévaluation pour une meilleure rentabilité) ne font que renforcer cette tendance. Les infrastructures énergétiques prévues stimuleront la croissance du Niger et le positionneront comme un carrefour énergétique entre l’Afrique subsaharienne riche en ressources extractives et énergétiques et les marchés européens en panne de ressources. Ce sont là de très bonnes opportunités d’investissements dans le secteur extractif et énergétique à la recherche de rendements attractifs dans un Niger qui constituera une des zones les plus prometteuses d’Afrique.

Assurément, avec des réserves de gaz naturel récupérables estimées à 24 milliards m3 et des probables découvertes, le gazoduc permettra au Niger d’évacuer l’excédent de sa production future vers les marchés européens.

Comment entrevoyez-vous l’évolution de la situation, à la lecture des sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie ?

Citant le révolutionnaire russe, Leon Trotski qui disait que ‘’la guerre, c’est la locomotive de l’histoire‘’, Jocelyn Chan Low, historien et ‘’Associate Professor‘’ à l’Université de l’Ile Maurice, assure que la guerre actuelle est révélatrice du nouvel ordre mondial qui se dessine. Depuis l’arrivée de Poutine au Kremlin, les russes se sont discrètement et minutieusement préparés, élaborés toutes sortes de stratégies et selon des analystes, l’objectif du Kremlin étant non seulement de reconquérir les anciens territoires soviétiques (internes comme externes perdus), mais au-delà faire voler en éclats l’alliance de l’OTAN.

Sur le plan militaire, il est indéniable que la Russie de Poutine a laissé les occidentaux s’endormir depuis la chute du Mur de Berlin pour très sérieusement se doter d’indéniables capacités militaires et militaro-industrielles, d’armements ultra sophistiqués en très grande quantité et procédé à des recrutements massifs dans l’armée. Aucun pays ou regroupement, pas même les Etats-Unis et l’OTAN ne peuvent en ce moment-ci tenir tête à l’abondant et ultra moderne arsenal militaro nucléaire de la Russie.

Sur le plan énergétique, Moscou n’est pas en reste, et de façon préventive, Vladimir Poutine a pris soin d’accroître la vulnérabilité de l’Europe de l’Ouest en matière énergétique avant même de franchir les frontières ukrainiennes. Il a fait de l’énergie une arme redoutable et a pour se faire, il a élaboré avec son équipe de stratèges du Kremlin des dispositifs extrêmement stratégiques difficilement démontables. Avec les seuls gazoducs Turk-Stream et North-Stream 1, Moscou dispose d’une arme redoutable pour aisément faire plier directement l’Allemagne, l’Ukraine et la Turquie et indirectement le reste de l’Europe ; le Président turc Recep Tayyip Erdogan étant d’ailleurs prêt à accompagner Vladimir Poutine dans cette aventure. Depuis le début de cette crise, les 2/3 des exportations du pétrole russe (qui va en Europe) via la Mer Noire et la Mer Baltique ont commencé à déserter le marché. Aujourd’hui, ce sont donc 3 à 4 millions de barils par jour de pétrole russe qui sont bloqués et au fur et à mesure que le conflit perdure, ce seraient les pipelines en provenance des gisements de pétrole de Russie qui seront bloqués.

A l’heure actuelle, aucun pays du monde ne peut compenser le déficit en pétrole brut sur le marché international, et selon certains analystes, il faut s’attendre à voir le baril frôler les 150, voire 200 US$ d’ici la fin du conflit. Et si cette situation arrivait, les Etats-Unis n’auront d’autres choix que d’arrêter systématiquement l’exportation de leurs hydrocarbures (pétrole brut, gaz et produits pétroliers). Avec une telle hypothèse, le monde n’aura plus accès aux pétroles russes et américains et la répercussion sur tous les secteurs inévitables.

Sur le plan financier et des relations financières internationales, les experts prétendent qu’actuellement, les réserves financières du Kremlin peuvent tenir au moins deux (2) ans d’embargo occidental. Aux dernières nouvelles, la part du Yuan dans les réserves de change russes est désormais cinq (5) fois supérieure à la moyenne internationale.

Depuis la crise des subprimes de 2008 (l’année où la FED s’est mise à faire tourner la planche à billets), Moscou a accumulé suffisamment d’or qui lui a permis de liquider quelques 100 milliards de US$ de dettes en 2018. Par ailleurs, tout laisse penser que le dollar américain va perdre inévitablement et très prochainement son rôle de référence pour les transactions et les règlements internationaux. La Chine exige déjà le règlement de ses factures extérieures en Yuan (monnaie chinoise). De nombreux autres pays rejoignent cette fronde monétaire et démantèlent discrètement leur arrimage au dollar ; c’est le cas de l’Iran, de la Biélorussie, de la Corée du Sud, du Bangladesh, du Pakistan, des Philippines, de l’Indonésie, du Vietnam, du Venezuela, de la Turquie qui ont déjà sauté le pas.

Autre signe qui ne trompe pas, l’Arabie Saoudite vient d’inviter le président Xi Jinping à visiter le Royaume, et Ryad (principal allié de Washington) serait prête à accepter toute monnaie (le Yuan) autre que le dollar pour le paiement de son pétrole. La déconnexion des banques russes du système de transfert et messagerie SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) à partir du 12 mars dernier décrite comme ‘’l’un des outils les plus puissants dont disposent les autorités occidentales pour punir la Russie‘’, a été une mesure des plus ridicules ; l’impact économique de cette seule mesure a été un fiasco. Il est clair et évident que la Russie d’une part les Etats-Unis, et l’Union Européenne d’autre part, se vouent une haine implacable et Vladimir Poutine est plus que déterminé à se venger et laver définitivement l’humiliation subie par l’Union Soviétique et ses alliés de l’Europe de l’Est depuis la chute du mur de Berlin.

Par Ali Mamane(onep)

Mahaman Laouan Gaya APPO 01M. Mahaman Laouan Gaya, Secrétaire Général de l'Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO)Monsieur le Secrétaire Général, Présentez à nos lecteurs l’organisation dont vous êtes le premier responsable.
Il faut d’abord préciser que l'ancienne Association des Producteurs de Pétrole Africains (APPA), aujourd’hui APPO est une organisation intergouvernementale africaine créée le 27 Janvier 1987 à Lagos au Nigeria, pour servir de plateforme de coopération et d'harmonisation des efforts, de collaboration, de partage des connaissances et de compétences entre les pays africains producteurs de pétrole. Son siège statutaire est Brazzaville au Congo. Forte de 18 Pays Membres, elle représente près de 99% de la production de pétrole en Afrique et pèse pour au moins 13% de la production mondiale.

Une de ses importantes missions est la promotion des initiatives communes (projets, infrastructures) en matière de politiques et de stratégies de gestion sur toute la chaîne de valeur de l'industrie pétrolière, pour ainsi permettre à ses Pays Membres, de tirer meilleurs profits des activités de cette ressource non renouvelable. Après plus d’un quart de siècle d’existence, il a été reconnu que malgré quelques avancées, l’organisation ne répondait pas aux attentes des Pays Membres et pire, elle s’était inscrite dans une fatale médiocrité et un total anonymat. Les observateurs se demandaient sans cesse à quoi elle servait.

La longue léthargie dans laquelle elle végétait depuis des années a aussi eu pour conséquences un très faible niveau, voire une absence totale de coopération entre les Pays Membres dans le secteur pétrolier, un manque de maîtrise des activités sur toute la chaîne de valeurs de l’industrie pétrolière en Afrique ; ce qui entre autres n’a pas permis d’asseoir une expertise africaine pointue et confirmée, un manque total de visibilité de l’Association aux plans national, régional et international et une absence très remarquée dans les grands centres de décisions internationaux.

Maman Bachir Abdou, maire de la Commune Urbaine de Mirriah : «Nous remercions le Président de la République et le Gouvernement pour avoir fait de la question du changement de comportement une priorité nationale»Monsieur le maire, comment se présente la commune de Mirriah ?

La Commune Urbaine de Mirriah a été créée le 27 juin 1988 ; c’est une Commune qui a trente (30) ans d’existence. Pour ce qui est de la population, au dernier recensement général de la population et de l’habitat, la Commune a compté 80 126 habitants. Si on travaille avec le taux d’accroissement, on peut l’estimer à 90 000 voir

100 000 habitants. La commune a une superficie de 621 Km2. En ce qui concerne la situation géographique, la commune est limitée à l’Est par la Commune Rurale de Hamdara, au Nord par la Commune Rurale de Zarmou et celle de Gafati, à l’Ouest par la Commune Rurale de Kolaram, au Sud la Commune Rurale de Gouna et celle de Wacha dans le département de Magaria. Pour ce qui est de la composition ethnique, la commune compte des Haoussa, des Zarma, des Peul, des Béribéri et des touareg. L’agriculture est la principale activité économique. A ce niveau, il y a deux formes de cultures : la culture pluviale et la culture de contre saison à travers les différents sites comme celui de Falki qui couvre environ 800 hectares, les sites de Koutaro Haoussa et Bougajé qui couvrent respectivement 75 et 50 hectares et plusieurs autres petits sites, à Gatchira, Gagouram et Jan-Kaya.

Notre Conseil Municipal est composé d’un conseil élu et un conseil de droit, dont les membres sont désignés de droit. Le Conseil élu compte 14 membres (des conseillers élus), dont deux femmes. Le conseil de droit est composé du chef de Canton de Mirriah, du Chef du Groupement Touareg, du Chef du Groupement Peul et quatre (4) députés nationaux.

Pour ce qui est des   documents de travail, la mairie dispose de son plan de développement communal (PDC) réactualisé en 2015 et il est à moins d’une année de son terme. La Mairie est dirigée par un exécutif composé du Maire et de son Adjoint.

M. Maman Sambo Sidikou, secrétaire permanent de la force conjointe anti-jihadiste G5 SahelMaman Sambo Sidikou, secrétaire permanent de la force conjointe anti-jihadiste G5 Sahel, a participé le 18 juin à Bruxelles au suivi de la Conférence internationale de haut niveau sur le Sahel qui s’était tenue en février dernier. Dans un entretien accordé à RFI en marge de la réunion bruxelloise, le diplomate d’origine nigérienne revient sur le bilan d’un an d’existence de cette force multinationale qu’il dirige. Pour lui, la sécurisation de la zone sahélo-saharienne ne peut pas être uniquement militaire, elle passe aussi par le développement économique et culturel de la région. Entretien.

RFI : Recevant en début juin à l’Elysée Mahamadou Issoufou, le président en exercice du G5 Sahel, le chef d’Etat français Emmanuel Macron déclarait que le chemin parcouru par la force conjointe était « satisfaisant », alors qu’en même temps le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, affirmait que la mise en place du G5 Sahel « ne progresse pas à la vitesse requise ». Ces deux affirmations semblent contradictoires. Où en est réellement le déploiement des contingents de la force militaire du G5 Sahel ?

Maman Samba Sidikou : Nous avons bien progressé dans la mise sur pied de la force conjointe du G5 Sahel. En effet, depuis la décision prise l’année dernière, par les cinq chefs d’États des pays membres de notre organisation [Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad, NDLR], de créer une force spéciale commune chargée de combattre la grande criminalité transfrontalière dont le narcotrafic et les groupes armés terroristes qui sèment la terreur dans la région du Sahel, le déploiement des 5 000 soldats composant cette force est complété à près de 90%.

En tenant les propos auxquels vous faites allusion, le secrétaire général de l’ONU mettait plutôt l’accent sur les difficultés à réunir rapidement les moyens, notamment financiers pourtant promis par la communauté internationale, pour soutenir la mise en place de la force et son fonctionnement efficace. C’est clair qu’il persiste un important déficit à ce niveau, malgré quelques récents efforts pour débloquer des fonds de la part essentiellement de l'Arabie saoudite (100 millions d’euros), de l'Union européenne (100 millions d’euros), du Rwanda (1 million d’euros), de l'UEMOA (1 million de dollars) et incessamment du Maroc (montant non communiqué). Nous travaillons donc à boucler notre budget, mais le bilan pour cette première année en quelques mois à peine reste globalement positif.

N’est pas avocat qui le désire. En effet, en plus d’avoir une bonne maitrise du droit et des principes contenus dans son serment dont l’avocat est interdit de se départir, le bon avocat, selon le Bâtonnier de l’Ordre des Avocats du Niger, Me Boubacar Oumarou, est celui qui est à l’écoute des préoccupations légitimes de son client, qui le défend dans toute la mesure de ses connaissances acquises. Après, il doit informer le client dans un délai plus ou moins raisonnable de l’évolution de son dossier. Dans l’entretien qui suit, Me Boubacar Oumarou nous parle aussi des missions et des ambitions du Conseil de l’Ordre des Avocats du Niger, qu’il dirige depuis quelques années.

Bâtonnier Boubacar Oumarou, vous avez officiellement pris fonction le 6 octobre 2019, en tant que Bâtonnier de l’Ordre des avocats du Niger. Présentez-nous votre institution ainsi que ses missions ?

Le Barreau est un Ordre Professionnel qui remplit une mission de service public en matière d’assistance juridique et judiciaire. Il est administré par un Conseil de l’Ordre composé actuellement de 12 membres, présidé par le Bâtonnier. Ce dernier est garant de la discipline au sein du Barreau et de la défense des intérêts de la profession qu’il représente auprès des pouvoirs publics, des autorités et des tiers. A l’entame de sa carrière, l’avocat prête serment devant la Cour d’Appel et jure ‘‘d’exercer la défense et le Conseil avec dignité, conscience, indépendance, humanité ; de ne rien dire, ni écrire ou publier qui soit contraire aux lois et règlements, aux bonnes mœurs, à la sûreté de l’Etat et à la paix publique ainsi que de ne jamais m’écarter du respect dû aux Cours et tribunaux, aux autorités publiques et aux règles de mon Ordre’’. Vous avez là toute la quintessence de l’exercice de la profession d’avocat. Pour s’épanouir dans son sacerdoce et préserver la confiance que son client place en lui, l’avocat est astreint à ces règles professionnelles  strictes contenues dans la loi et le règlement intérieur du Barreau. Ces règles qui forment la déontologie de notre profession s’articulent autour des principes de la dignité, de la conscience, de l’indépendance, de l’humanité, et des bonnes mœurs. De par la loi,  le Conseil de l’Ordre, a entre autres  attributions, de veiller à l’observation des devoirs des avocats ainsi qu’à la protection de leurs droits, d’exercer la discipline, de maintenir les principes de probité, de désintéressement, de modération et de confraternité sur lesquels repose la profession, et d’exercer la surveillance que l’honneur et l’intérêt de ses membres rendent nécessaires. Il est dès lors évident que la question de l’éthique revêt une importance fondamentale pour le Conseil de l’Ordre que j’ai l’honneur de présider, ainsi que pour l’ensemble des avocats. C’est dire que l’éthique est la vertu cardinale de notre profession et quand elle vient à manquer, c’est la crédibilité de tous qui en pâtit. Nous veillons à ce que cela n’arrive pas. La méconnaissance d’un seul des principes que je viens de citer est suffisante pour constituer une faute professionnelle conduisant à l’ouverture d’une procédure disciplinaire contre le fautif. D’où le rôle régulateur du Conseil de l’Ordre qui établit, met à jour et assure le respect des règles de la déontologie à travers le conseil de discipline. Malheureusement, comme dans toutes les professions, les écarts ne manquent jamais. Mais je puis vous assurer qu’à chaque fois que c’est arrivé, le conseil de discipline a sanctionné le fautif à la mesure de la faute commise. C’est heureusement rare.

Votre mandat court jusqu’à 2022. Pouvez-vous nous faire une sorte de bilan à mi-parcours ?

Lorsque j’ai présenté mon programme de campagne au Bâtonnat, j’ai eu des échos selon lequel il était tout simplement utopique, fantaisiste voire ‘‘propagandiste’’. Dès ma prise de fonction, j’ai pu m’appuyer sur une équipe dynamique au sein du Conseil de l’Ordre, en plus des conseils avisés de quelques anciens Bâtonniers. C’est ainsi qu’à ce jour, je peux fièrement mettre à l’actif du mandat de mon équipe la mise en application du Règlement N°5 UEMOA/CM de 2014 et le Règlement d’exécution N° 001/2018/ COM/UEMOA de 2018 relatifs au droit des plaidoiries qui est une redevance financière acquittée par tout plaideur ayant constitué un Avocat. J’ai fait procéder à une relecture approfondie du Règlement intérieur du Barreau, en l’harmonisant avec tous les règlements communautaires adoptés notamment par les organes de l’UEMOA. Je peux noter également l’organisation du 1er concours d’accès au Centre de Formation Professionnelle des Avocats en fin Novembre 2020

Vous aviez aussi promis d’œuvrer pour la mise  en place de  la Caisse autonome de règlementation pécuniaire des avocats (CARPA), ainsi que du centre de formation des avocats, la construction de la maison des avocats. Où en êtes-vous par rapport à ces promesses ?

Effectivement, la mise en place de la Caisse Autonome de Règlement Pécuniaire des Avocats (CARPA) était voulue par le Barreau depuis le début de l’année 2000. Elle n’a pu être créée statutairement qu’en 2016 et mise en place effectivement le 10 novembre 2020 sous mon mandat. Auparavant, les statuts et Règlements intérieurs de la CARPA ont été amendés et adoptés en Assemblée générale en Septembre 2020 ; ce qui nous a permis dans la même foulée de procéder au lancement de cette Caisse. C’est l’occasion de rappeler que cette CARPA est une obligation communautaire dans l’espace UEMOA pour sécuriser les fonds de nos clients mais également pour lutter contre le blanchiment des capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme. A travers cette caisse, le Barreau contribue aux efforts des pouvoirs publics dans la lutte contre la grande criminalité transfrontalière organisée. La maison de l’avocat est le dossier le plus crucial de mon mandat car son parachèvement conditionne l’opérationnalité et l’efficacité du CFPA et de la CARPA. Les constructions sont achevées à plus de 90% des prévisions et doivent être réceptionnées dès que le gouvernement aura libéré ou du moins donné l’engagement formel de libérer le solde du devis. A ce propos, je suis optimiste quant à l’issue toute prochaine de ce dossier, au regard de l’entretien que nous avions eu avec son Excellence le Premier Ministre à son cabinet le 29 juin 2021.

A l’époque, le ministre de la Justice a invité le barreau à accorder une place de choix au recrutement des élèves avocats. Qu’en est-t-il de cette question ?

Je fais observer que le Barreau n’a pas pu organiser de concours de recrutement d’avocats stagiaires depuis 4 ans pour des raisons liés à l’incompréhension des parties prenantes de l’organisation. Nous avons élaboré et fait adopter les deux projets de décrets de création du Centre de Formation Professionnelle des Avocats (CFPA) qui sont actuellement dans le circuit administratif. Ainsi, nous avons organisé le 1er concours d’accès au CFPA grâce au concours de tous nos partenaires et particulièrement la faculté de droit de l’UAM que je salue au passage. Actuellement, nous avons 27 élèves admis qui attendent depuis plusieurs mois la rentrée académique suspendue à l’adoption par le gouvernement des décrets de création du CFPA et la réception ne serait-ce que provisoire de la Maison de l’Avocat.

Quelle est votre appréciation des relations que le Barreau entretient avec les organes de la Justice ?

Les relations humaines sont certes faites de haut et de bas avec souvent des rapports conflictuels. Il est bien vrai qu’en tant que Bâtonnier, je reçois régulièrement des complaintes de confrères relevant des griefs contre tels magistrat, policier, régisseur de prison, administration…Mais je peux dire, sans béatitude, que les relations institutionnelles sont au beau fixe. En effet, dès ma prise de service, j’ai rendu visite à toutes les juridictions à Niamey afin de jeter les bases d’un examen d’ensemble de tous les défis communs aux juridictions et le Barreau. L’idée pour nous était d’arriver à mettre en place des bonnes pratiques qui puissent nous aider à améliorer notre travail et nos conditions d’exercice respectifs, mais surtout d’améliorer les rapports de collaboration. Cette démarche a été bien saluée et encouragée par l’ensemble de nos partenaires. Nous sommes toujours dans cette dynamique de dialogue et d’entente en bonne intelligence, mais sans compromission afin que la force reste toujours à la loi et aux principes qui guident la Justice.

Maître, est-ce que le Barreau nigérien entretient des partenariats avec les barreaux de la sous-région ou avec des institutions de la République?

Le Barreau du Niger a toujours été un barreau ouvert vers l’extérieur. Toutefois, j’ai trouvé que nous sommes restés toujours dans notre espace francophone. C’est pourquoi, j’ai activement travaillé pour ouvrir notre Barreau à ceux des barreaux anglophones qui ont pratiquement le monopole de l’Association des Barreaux Africains dont la prochaine Conférence Annuelle se tiendra d’ailleurs du 3 au 7 octobre 2021 à Niamey, avec le parrainage de son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Mohamed Basoum. Comme je l’avais dit, le Barreau a une mission de service public. C’est dire que nous travaillons étroitement avec les institutions de la République. Contrairement à ce qu’on peut penser, le Barreau n’a pas que le ministère de la justice comme seul interlocuteur car le Barreau contribue largement à la mise en œuvre de toutes les législations nationales, communautaires et internationales. Depuis l’installation des nouvelles autorités, j’ai été déjà reçu par le Garde des Sceaux avec les membres de mon Conseil, et aussi par son Excellence le Premier Ministre

Réalisée par Mahamadou Diallo(onep)

13 août  2021
Source : http://www.lesahel.org/

Roumana Garba Oumarou, est freelance. Célibataire sans enfants, elle est alumni du programme Yali Dakar session 4. Aussi elle est le point focal du Niger du mouvement des élites féminines d’Afrique francophone. Après avoir gravi tous les échelons, elle est présentement la Présidente Nationale de la JCI Niger.  Avec son jeune âge frôlant la trentaine, Roumana sait là où elle va, ce qu’elle veut. Elle est conviée régulièrement à des conférences aussi bien nationales qu’internationales, où elle n’hésite jamais à prendre le micro et à défendre avec poigne les droits des femmes. Fille de terrain, elle parcourt des milliers de kilomètres à la rencontre de ses sœurs ; à la recherche des moyens pour améliorer la situation de ses membres par des activités génératrices de revenus.

Parlez-nous de  vous, de ce club,  de vos objectifs et différents domaines d’interventions,   et des réalisations concrètes de cette organisation. 

J’ai adhéré à la Jeune Chambre Internationale Niger(JCI) en 2016, intronisée en octobre de la même année pendant la convention nationale tenue à Arlit en tant que membre de la Jeune Chambre Internationale Maguina qui est une organisation locale de la JCI Niger regroupant des entrepreneurs et jeunes porteurs de projets où j’ai respectivement occupé les postes suivants : 2017, Vice-Présidente domaine affaires ; en 2018 : Vice-Présidente du domaine communautaire ; en 2019 : Vice-Présidente domaine individuel ; en 2020 : Vice-Présidente exécutive ; en 2021 : Présidente exécutive. En 2022 je passe à la nationale en tant que Vice-Présidente Nationale, et cette année je suis la Présidente Nationale de la JCI Niger.

Je suis pétrolière de formation plus précisément dans l’exploration et l’exploitation mais aussi j’ai des notions dans le domaine énergétique notamment solaire.

La Jeune Chambre Internationale est une organisation à but non lucratif, regroupant des jeunes âgés de 18 à 40 ans, et est présente dans plus de 120 pays à travers le monde. Elle a pour mission d’offrir aux jeunes des opportunités de développement du leadership en leur permettant de créer des changements positifs dans leur communauté. Elle a pour vision d’être le principal réseau de jeunes leaders. La JCI était présente au Niger depuis Feu Kountché mais a connu son apogée grâce à sa relance en 2003 et compte 12 organisations locales dont 3 en phase de création.

Nous intervenons dans quatre (4) domaines clés à savoir le domaine individuel : Le développement personnel de nos membres est au centre de nos actions. Au sein de la JCI, chacun a l’opportunité de se former, de découvrir de nouvelles compétences à travers nos modules de formation. Nous voulons que nos membres deviennent des jeunes Leaders  pour répondre aux défis du monde.

Au plan communautaire : L’objectif est d’offrir des opportunités de développer des responsabilités sociales et d’avoir un rôle majeur dans la création des changements positifs à fort impact par le biais de la JCI Rise qui  appelle les jeunes leaders entreprenants du monde entier à travailler ensemble pour rendre les économies et les effectifs plus résilients. Ou encore à travers des projets relatifs aux Droits Humains et à la participation des jeunes dans  la gestion des conflits.

En ce qui concerne le domaine des Affaires : Le Business est au cœur de nos interventions dans le but de permettre à  nos membres d’en profiter pour développer leur expérience Business en apprenant par l’action, et d’avoir un réseautage garni avec des entrepreneurs à succès. Les membres de la JCI et les jeunes peuvent apprendre à se développer en participant aux différents projets pour maîtriser le rôle de manager, de visionnaire, de  leader et coach.

Au niveau du domaine Internationalisme : A travers les conférences internationales, les programmes d’échanges, les jumelages entre jeunes chambres, JCI offre des opportunités de développement global, des rencontres internationales et la force d’un monde  uni et fraternel.

Le mandat 2023 de la JCI Niger est porté sur l’industrialisation au Niger dont l’objectif serait de pouvoir positionner les jeunes et femmes dans les chaînes de valeur industrielle. Mais aussi des actions dans la promotion de l’entrepreneuriat des jeunes.

Notre plan d’action comporte notamment le projet Kokowa PITCH qui est un concours national dont le but est de créer le matchmaking entre les porteurs de projets (surtout à caractère industriel) et les potentiels investisseurs. Nous espérons faire le lancement d’ici fin avril, l’organisation d’un déjeuner débat sur  « l’industrialisation au féminin « qui sera un cadre d’échange et de plaidoyer des femmes qui sont dans la transformation des produits ( agroalimentaire, artisanat…), la création d’une académie de leadership et des processus de création d’unités industrielles au Niger et la mise en place d’un  TOYP qui est un programme de JCI visant à récompenser les 10 meilleurs jeunes d’un pays répartis dans 10 catégories différentes qui sont :  Réalisations en matière d’Affaires, d’économie, et/ou d’entreprise Affaires politiques, juridiques, et/ou gouvernementales Leadership et/ou réalisation académique ; réalisation culturelle Leadership morale et/ou environnemental ; contribution aux droits des enfants, à la paix mondiale, et/ou aux droits de l’homme Leadership humanitaire et/ou volontaire ; développement scientifique et/ou technologique ; développement personnel et/ou réalisation personnelle ; Innovation médicale ; une formation sur l’éveil entrepreneurial aux jeunes des régions de Tillaberi et Diffa  et la participation du Niger à la conférence de zone Afrique et Moyen-Orient au Zimbabwe du 17 au 20 Mai et au congrès mondial en novembre du 14 au 18.

Femme et dirigeante d’un club, quelle est la relation que vous entretenez avec vos amis hommes concernant la gestion de ce cadre?

Vous savez, quelque soit la position qu’une femme puisse occuper, dirigeante ou pas, elle sera toujours d’une manière ou d’une autre à devoir s’expliquer et prouver qu’elle est à la hauteur de ce qu’elle défend ou de son positionnement.

Effectivement, j’ai beaucoup d’amis hommes et également des femmes dont la plupart depuis mon adhésion à cette organisation ne cautionnent pas mon choix d’appartenir à ce genre d’association… Et d’ailleurs j’en ai perdu quelques-uns à cause de ça, mais j’ai su m’entourer aussi de quelques-uns qui m’ont soutenue tout au long de ma carrière Jeune Chambre et même en dehors du cadre associatif.

Dans toute entreprise il y a des hauts et des bas, comment arrivez-vous à surmonter les obstacles ? Et en tant que femme comment arrivez-vous également à concilier vie de famille et vie professionnelle ?

Il fallait surmonter les obstacles pour arriver où je suis aujourd’hui… C’était facile et difficile en même temps.

Facile parce que je m’étais fixée des objectifs ambitieux dès mon adhésion à cette organisation, je savais exactement où j’allais être dans les années futures donc il fallait juste de la détermination, être dynamique et persévérante. Et surtout j’avais et j’ai quelques amis qui me soutiennent inlassablement, c’est important.

Difficile parce qu’étant femme on a plus de challenges à cause des pesanteurs socio-religieuses. Dès qu’une femme se démarque et veut gravir les échelons, elle se fait chahuter de tous les côtés que ça soit au sein de l’organisation comme en dehors.

Étant célibataire pour le moment, j’arrive à bien planifier ma vie de famille et celle professionnelle. C’est vrai au début ce n’était pas facile avec les parents surtout concernant les nombreuses réunions, les activités et les voyages. Mais ils ont fini par accepter mes choix puisqu’ils ont vu l’impact positif que cela a engendré dans ma vie.

Quel regard portez-vous sur le leadership féminin au Niger,  quelles sont les figures féminines qui vous impressionnent, susceptibles de vous booster ?

Je crois que le Niger d’aujourd’hui peut se vanter d’avoir de grandes figures féminines, des femmes leaders, des femmes politiques, des femmes entrepreneures…

Nous sommes dans un Niger où la femme a compris qu’il faut travailler avec elle pour faire avancer l’économie, l’éducation et autres domaines liés au développement du pays.

Il est vrai que jusqu’à présent la place de la femme dans la société est toujours discutable mais il y a eu de grandes avancées par rapport il y a 30 ans en arrière.

Parmi les figures féminines qui m’impressionnent, il y a d’abord ma mère, Mme Maidah Zeinabou qui est conseillère de mon mandat, Mme Gourouza Salamatou qui est marraine de mon mandat, Aichatou Mindaoudou qui a été mon idole depuis l’enfance… Bref, elles sont beaucoup.

Revenons aux mouvements associatifs qui œuvrent pour le développement de notre pays à travers beaucoup d’activités, en ce qui concerne les idées préconçues ( ce sont des sectes de la franc-maconnerie ) que les gens se font de ces plateformes, qu’avez- vous à dire à ce propos ?

Tout comme la plupart des associations au Niger, la JCI n’échappe pas à cette idée macabre de l’associer à une secte. Mais pas que cela, nous avons entendu du tout et des machinations de tout genre. Pour d’autres parce que nous portons une chaîne qui est portée exclusivement aux instances locales ou nationales (réservée uniquement aux présidents locaux et président national).

Et pour beaucoup d’autres à cause de la récitation de notre crédo qui est un guide, des valeurs que nous promulguons et que nous adoptons à nos comportements sociétaux. Mais il faut aussi dire la vérité, les meilleurs jeunes du Niger, qui font vraiment bouger les choses,  font partie ou sont issus des associations de jeunes. Nous croyons en ce que nous faisons et nous continuons notre chemin.

Qu’est-ce que ce cadre a apporté de positif dans votre vie? Si vous avez un appel  à lancer aux jeunes qui veulent adhérer à votre club ça serait lequel ?

Le mouvement associatif (je suis dans plusieurs, pas seulement JCI) a façonné la personne que je suis aujourd’hui, à travers les différentes formations suivies, et ma vision de voir les choses autrement.

Cela m’a aidé également à développer un sentiment de don de soi dans les actions communautaires à apporter mon aide et servir mon prochain, à valoriser l’être humain de toutes races qu’il soit, ethnies ou religions sans distinction. À développer un réseau relationnel assez élargi grâce aux différents voyages, mais surtout avoir fait la découverte ou la connaissance des personnes merveilleuses qui sont devenues des frères/sœurs pour moi.

Mon appel pour les jeunes désireux de rejoindre la JCI Niger est qu’il faut arrêter de spéculer et d’associer cette organisation à une secte, il faut attiser sa curiosité en venant voir et découvrir ce que nous faisons réellement.

Il faut noter que nous sommes présents dans les  sept (7) régions du Niger hormis Diffa qui est en phase de création, nous serons ravis de les accueillir et d’en faire des leaders qui a leur tour vont apporter un changement impactant dans leur communauté. Ils peuvent nous écrire via notre page Facebook JCINIGER Events. Alors si vous aimez vraiment vos amis (es), faites les découvrir la JCI !!!!

Par Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)
Source : http://www.lesahel.org