Interview

Interview de M. Marsadou Soumaila, expert en tourisme : «Le tourisme est une niche de développement unique si on y met les moyens humains et financiers adéquats»M. Marsadou Soumaila croit au développement du tourisme au Niger. Sollicité régulièrement par les professionnels du tourisme, cet experts’emploie à promouvoir cette cause qui constitue une passion pour lui. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître sa formation initiale ne semblait pas le destiner à une fonction dans le domaine du tourisme, car il a fait des études en marketing. À l’époqueil y avait lesystème de programmation et M. Marsadou Soumaila s’est retrouvé en 1995, à la Direction du Tourisme et de l’Hôtellerie, au Ministère du Commerce, des Transports et du Tourisme, puis à l’Office National du Tourisme. À partir de 2009il est nommé Directeur régional du tourisme, d’abord à Agadez pendant 5 ans, puis à Diffa et Tillabéri en 2016. Dans cette interview il parle de ses expériences, de sa passion et des efforts pour le secteur du tourisme.

M. Marsadou Soumaila quels sont les principaux sites touristiques du Niger ?

C’est tout le territoire du Niger qui possède des sites d’exception pour le tourisme. Certains se sont traditionnellement démarqués par l’investissement et le professionnalisme des acteurs locaux, au-delà de leur potentiel et de leur qualité indéniable. On peut parler du massif de l’Aïr, du mythique désert du Ténéré et du Kawar-Djado, de la vieille ville d’Agadez dans cette même région. Le désert de sable blanc du Tal dans la région de Diffa, le Damagaram et la région du Fleuve notamment ont toujours été des régions prisées par les agences de voyages et les touristes séduits. Le Parc du « W », le village d’Ayorou, son marché et les hippopotames, les excursions en pinasses, la grande profusion d’espèces d’oiseaux et la diversité culturelle sont de grands atouts de cette région. Je n’oublierai pas les fêtes traditionnelles des peuls wodaabe dans les régions de Maradi et Ingall qui ont toujours attiré des visiteurs des 4 coins du monde. En fait il y a du potentiel dans toutes les régions du pays. On pourrait énoncer tous les sites durant des heures tant le Niger en est pourvu.

M. le ministre, notre pays vient d’accueillir, du 20 au 25 novembre dernier, la célébration de la Semaine africaine de l’industrialisation suivie de la tenue de deux sommets des Chefs d’Etat de l’UA ainsi qu’une série d’événements parallèles. Qu’est-ce qui justifie, selon vous, cette marque de confiance à l’égard du Niger pour accueillir ces grands évènements continentaux ?

Je pense que le déclic est parti du sommet de l’UA tenu en 2019. Dans le cadre de l’organisation de ce sommet, le Niger s’est doté d’importantes infrastructures pour l’accueil de conférences et d’autres évènements internationaux. On peut citer entre autres, l’Aéroport International Diori Hamani de Niamey qui a été complément rénové. Il y’a eu la construction de la voie Express qui lie l’Aéroport au centre-ville de Niamey et facilite la mobilité pour les usagers. Il y’a eu la construction des hôtels de grands standing dont trois de 5 étoiles. Il y’ a eu aussi la construction des villas présidentielles avec la cité de l’UA et des appartements. Bref, on a renforcé nos capacités d’hébergement dans la ville de Niamey. Le Palais des Congrès de Niamey a également été rénové et nous avons construit le Centrer International de Conférences Mahatma Ghandi.

Mais, est ce que La construction des infrastructures à elle seule suffit à justifier cet état de fait ?

En effet, au-delà du renforcement de nos capacités, nous avons également adapté nos infrastructures aux exigences de standards internationaux pour les évènements d’envergure. Je pense que tout est parti de là. Notre pays s’est doté d’infrastructures qui lui permettent d’accueillir de grands évènements internationaux. Nous avons également acquis un savoir faire avec la formation de milliers d’agents dans le domaine de la sécurité, du protocole, de la communication, de la santé, etc. Et puis les autorités ont eu l’ingénieuse idée de créer l’ANEC qui est une structure dédiée à la promotion de la destination du Niger et la coordination des événements internationaux. La mise en place de l’ANEC est une idée originale qu’on ne trouve pas dans la plupart des pays. Avec l’ANEC, les organisateurs ont un seul interlocuteur qui est l’ANEC. Ce qui facilite pour eux toute l’organisation. Ils n’ont pas besoin d’aller voir différents intervenants. C’est une sorte de guichet unique qui a été créé. Il y’a eu également avec l’ANEC une grande offensive de promotion de la destination du Niger. Il faut également ajouter à cela le leadership de nos plus hautes autorités qui font que le Niger est devenu aujourd’hui une référence dans la sous-région sur le plan stabilité politique, sécuritaire mais également une référence en termes de respect qu’inspirent ses leaders dans la sous-région. Tout ça a fait en sorte qu’aujourd’hui les gens pensent qu’ils ont tout ce qu’il faut pour venir organiser leurs évènements à Niamey.

Aussitôt après la fin des deux sommets le Président de la République vous a reçu, vous ANEC et les autres membres du Comité d’organisation. Qu’est ce qu’on peut retenir substantiellement des échanges que vous avez eus?

En février 2021 lorsque le Président de la République a manifesté l’intérêt du Niger à accueillir le sommet sur l’Industrialisation (et cela a été acceptée par ses paires), il s’est automatiquement intéressé aux dispositifs à mettre en place pour qu’il ait une bonne organisation de ce sommet. Régulièrement nous avons eu l’occasion de lui faire le point de l’avancement de la préparation. Quelques jours avant la tenue du sommet, le Président de la République a rencontré l’ensemble des acteurs concernés par la question de l’organisation. Je voulais parler des ministères, du gouvernorat, du Conseil de Ville de Niamey, de l’Agence pour la Modernisation des Villes et de l’ANEC pour pourvoir faire le point sur les derniers préparatifs. Le Chef de l’Etat a manifesté un intérêt pour le suivi des évènements. C’est donc tout naturel qu’à la fin des événements qu’il invite les mêmes acteurs cette fois ci élargis aux différents présidents de comités mis en place pour faire le point sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. Le Président de la République a marqué sa satisfaction par rapport à l’organisation de ce sommet. Ça a été une réussite reconnue aussi bien par les participants mais également par tous les Nigériens qui avaient pris part aux différents événements qui se sont tenus. Le Chef de l’Etat a donc tenu à féliciter l’ANEC pour le travail qui a été abattu, le professionnalisme dont elle a fait preuve. Ces félicitations sont également allées aux différents ministères, services, structures et les présidents de comités pour leur engagement qui a permis la réussite du sommet. Le Président a également donné des orientations par rapport aux insuffisances pour des dispositions à prendre à l’avenir pour que nous puissions mieux organiser encore davantage nos évènements.

Justement, M. le ministre qu’est ce qui a mal fonctionné, je vais dire les insuffisances et quelles sont les idées fortes de la réussite de ces événements?

Je pense que comme vous l’avez dit globalement, le sommet de l’Union Africaine s’est très bien passé dans l’ensemble et comme je l’ai dit, il ne peut pas y avoir un évènement d’une telle envergure sans qu’il n’y ait de petits dysfonctionnements sur lesquels nous allons travailler. Et puisque le Niger s’est engagé dans l’économie des conférences, nous devons beaucoup travailler aujourd’hui à véritablement mettre en place un dispositif de prise en charge totale de ces questions. Par exemple, une des recommandations qui a été faite c’est de mettre en place une structure en termes de protocole et une autre structure sur la sécurité qui sont  spécialisées dans la gestion des évènements internationaux de haut niveau parce que la gestion d’un sommet des Chefs d’Etat ou des hautes personnalités est différente d’une activité normale. Beaucoup de pays ont aujourd’hui des structures de sécurité ou de protocole spécialisées dans la gestion de ces genres d’évènements. Je pense que ce sont des choses sur lesquelles nous devons travailler davantage afin de les améliorer. Nous devons également prendre des dispositions pour que la mise en place des dispositifs soit alignée aux standards internationaux sur lesquelles nous travaillons beaucoup.

En termes de participation, (nombres de  personnalités présentes, participants, nombre de pays et d’institutions présents, événements parallèles, etc.), quelles sont les principaux éléments qu’il faut retenir?

Le sommet de Niamey a enregistré la participation de la quasi-totalité des pays membres de l’Union Africaine, à l’exception des pays qui sont sous sanction de l’Union Africaine et qui ne participent pas aux activités de l’UA.

Nous avons enregistré une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement et des Vices présidents pour ce sommet. Selon les enregistrements que nous avons eus, plus de 3000 participants ont été enregistrés et nous avons eu 43 évènements parallèles pour lesquels plus de 1500 personnes se sont inscrites. Nous avions également l’exposition des femmes transformatrices pour laquelle 21 pays étaient présents et selon les statistiques données par les organisateurs 7000 visiteurs ont été enregistrés pour ces évènements. Nous avions également une quarantaine de partenaires, organisations internationales qui étaient à Niamey. Le sommet de Niamey est parti au-delà des attentes parce que dans ce mois de novembre, il y’a eu deux évènements internationaux des Chefs d’Etat notamment la COP 27 en Egypte qui avait mobilisé des chefs d’Etat et le sommet des chefs d’Etats de l’OIF qui s’est tenu en Tunisie qui a aussi regroupé des chefs d’Etat. C’est dire le sommet de Niamey était le troisième évènement dans ce même mois. Mais en dépit de cela nous avons eu une participation très satisfaisante  et cela prouve une fois de plus l’intérêt que les gens accordent au Niger et également le respect et la considération que les gens ont pour les plus hautes autorités.

On se rappelle qu’en janvier 2020 quand l’ANEC a été créée cela procédait d’une réelle volonté politique de faire du Niger un hub de rencontres internationales. Est-ce qu’on est en train de gagner ce pari de faire du Niger, un pays de grande destination

L’ANEC a été créée le 10 Janvier 2020, au lendemain de la tenue du sommet des Chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine. Il y avait donc la nécessité de pérenniser les acquis de la conférence de l’Union Africaine (UA). On avait construit des infrastructures, on avait acquis un savoir faire et il fallait pérenniser ces acquis là. On s’est rendu compte qu’également à la faveur des fêtes tournantes du 18 décembre, nous avons doté les chefs lieux des régions d’importantes infrastructures d’accueils et d’événements. Donc il faut rentabiliser tout ces investissements qui ont été faits mais également comme je l’ai dit, il faut pérenniser les acquis. Et une des voies pour pouvoir pérenniser ces acquis, c’est de faire en sorte qu’il y ait beaucoup d’événements internationaux dans notre pays. Grâce aux événements, nous pourrons avoir un nombre important de visiteurs dans notre pays. Et le fait d’avoir beaucoup d’événements internationaux pour nous, donne deux opportunités au pays. La première, c’est améliorer la visibilité du Niger sur la scène africaine et internationale. Et cette amélioration de la visibilité, va également permettre de pouvoir dissiper certains préjugés que les gens ont sur le Niger. En effet, on est considéré comme un des pays, les plus pauvres sur l’indice de développement humain. On pense que le Niger est un pays dans un environnement d’insécurité, où on pense qu’il fait très chaud. Et aujourd’hui avec la mendicité, c’est une autre image négative que les gens ont du Niger. Mais lorsque les gens viennent au pays, ils découvrent qu’en réalité, ce sont des préjugés.

Malgré l’environnement d’insécurité, Niamey et même les principales villes du Niger sont aujourd’hui parmi les villes où les taux de calamités sont les moins élevés au monde. Aussi, le Niger est souvent confondu au Nigéria. Mais grâce aux grands événements que nous enregistrons des milliers de personnes arrivent dans notre pays dont pour certains, c’est la première fois. Et ca nous permet aujourd’hui d’améliorer notre visibilité et de pouvoir dissiper ces préjugés là.

Deuxième élément pour nous, c’est que, c’est une source d’emploi et de revenu pour le pays. Chaque personne qui vient à Niamey, dépense en moyenne entre 100.000f à 150.000f par jour dans l’hébergement, la restauration, les souvenirs, etc. Bref, ca fait partie de l’économie du pays parce que les statistiques ont montré qu’un emploi sur onze (11) dans le monde aujourd’hui est créé du fait des activités liées à l’économie des conférences et au tourisme. Et aujourd’hui, on le sent au niveau du pays.

Donc, l’ANEC a été créée pour pouvoir faire en sorte qu’on ait la promotion du Niger, la visibilité et pour également créer des emplois. Mais pour que cela continue, il faut que les événements que nous organisons soit des événements alignés aux standards  internationaux et c’est pour ca qu’une des missions de l’ANEC c’est de coordonner les événements qui se passent au niveau du pays en collaboration avec toutes les structures publiques et privées concernées de manière à nous assurer que tous les événements qui se tiennent au Niger sont organisés conformément aux standard internationaux. Et un troisième rôle que l’ANEC doit jouer, c’est également faire la promotion du secteur privé. Il faut que nous ayons un secteur privé fort, avoir des agences événementielles dans tous les domaines pour qu’elles puissent prendre le relais. C’est à tous ces acteurs d’organiser des événements. Le rôle de l’ANEC, c’est de faire la coordination et de s’assurer que tout soit conforme aux standards internationaux.

Monsieur le ministre, vous avez parlé de l’économie des conférences, quelles sont, aujourd’hui, puisse que c’est des opportunités qui sont autour l’organisation des conférences, les principaux partenaires de l’ANEC ? Comment se traduisent vos partenariats ?

Le rôle de l’ANEC, c’est de coordonner l’organisation des évènements au Niger. Elle n’est pas seule. Elle le fait avec les structures étatiques et privées concernées. Nous faisons ainsi appel au ministère en charge des Affaires Etrangères pour assurer le protocole et les aspects diplomatiques ; nous faisons appel au ministère en charge de l’Intérieur pour assurer la sécurité de l’événement ; nous faisons appel au ministère en charge de la Santé publique pour assurer la couverture médicale des évènements ; nous faisons appel au COGE pour l’animation et la mobilisation ; nous faisons appel au ministère chargé du Tourisme. Bref nous faisons appel à tous les acteurs concernés, la RTN, l’ONEP, toutes les structures de médias publiques et privés. Nous avons un fichier par rapports aux partenaires comme les hôtels, les agences de location des voitures, les agences de communication. Aujourd’hui, vous voyez tout l’engouement que tout cela suscite.

Je me rappelle bien, certains de vos collègues avaient annoncé que le Niger avait dépensé 450 milliards de FCFA pour organiser le Sommet de l’Union Africaine de 2019. Je profite de l’occasion pour préciser que les 450 milliards ont été investis essentiellement par le secteur privé. L’Etat n’a pas mis un seul franc dans la construction des infrastructures en 2019 qu’ils soient l’Aéroport  International Diori Hamani, les hôtels, le Centre International des Conférences Mahatma Ghandi, les villas présidentielles. Cela été fait par les privés ou avec les partenaires qui ont investi. Beaucoup ont pensé que c’était un luxe pour le Niger d’avoir un nouvel Aéroport, des hôtels etc.,. Aujourd’hui, tout le monde en tire profit. Tout le monde est fier de voir ce qui se passe dans le pays. Le regard des autres a changé à propos du pays. Notre fierté s’est renforcée par rapport à cela. Aujourd’hui, Niamey n’est plus considéré comme un village mais comme une ville moderne qui répond aux  exigences de nos visiteurs.

Je pense qu’avec les partenaires tout se passe dans les bonnes conditions. Nous sommes ouverts et disponibles et nous collaborons avec tout le monde. Chaque fois que nous avons un évènement de grande envergure nous mettons en place des comités, des structures qui ont participé à l’organisation du sommet de l’UA de 2019. Et l’expérience acquise le prouve. Nous avons organisé un double sommet de l’UA pour lequel nous n’avons fait appel à aucune structure étrangère. En 2019 on a fait appel à une agence évènementielle à l’internationale qui nous a coûté des centaines de millions. Nous avons fait venir des gens de la Turquie, de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal, du Maroc. Cette fois ci, tout a été organisé par les Nigériens. Nous renforçons nos capacités aujourd’hui, nous avons acquis des expériences et c’est quelque chose qui ne fait que renforcer et améliorer les perspectives de notre pays.

Monsieur le ministre à vous écouter, les actions de l’ANEC s’inscrivent dans une philosophie d’entreprendre des actions par des Nigériens et pour des nigériens. Cela devient une affaire qui engage aussi le public. Quel est le comportemment attendu du Nigérien pour qu’on dnne une belle image du Niger ?

Je pense que c’est dans notre nature. La chaleur humaine n’a jamais fait défaut à l’occasion des évènements internationaux au Niger. Les Nigériens se sont toujours mobilisés pour pouvoir réserver un accueil exceptionnel aux hôtes venus pour le sommet ou de simples touristes qui viennent nous visiter. Nous sommes considérés comme un peuple  accueillant et chaleureux. Les Nigériens sont impliqués. Nous avons vu en 2019, des bonnes volontés qui ont donné leur maison pour héberger nos invités et même pour ce sommet nous avons eu des bonnes volontés qui ont mis des voitures à la disposition de l’ANEC, pour travailler de manière bénévole. Nous avons eu une centaine de jeunes bénévoles  engagés avec nous pendant deux ou trois semaines pour pouvoir organiser cet évènement. Nous avons fait appel aux fonctionnaires de l’Etat qui nous ont aidés, sans aucune rémunération ou contrat, juste pour aider surtout que nous avons compris l’intérêt qu’on peut avoir à bien organiser cet évènement. Tout le monde gagne. Des centaines ou des milliers d’emplois ont été créés. Les gens ont amélioré leurs chiffres d’affaire pays à l’occasion des différents évènements internationaux, des nouvelles agences de communications évènementielles sont en train de voir le jour, les hôtels se construisent. Nous avons beaucoup de demandes de projets de construction d’hôtels de grand standing à Niamey.

Le Niger est devenu une destination, quelles sont les perspectives à court terme pour l’ANEC en d’autres évènements ?

Ce qui est d’abord intéressant, c’est la forte volonté des plus hautes autorités du pays. Le président de la République s’est engagé dans son programme de renaissance acte 3, à améliorer la visibilité du Niger pour en faire une destination préférée pour l’organisation des conférences internationales. C’est un acte fort que le président a pris, et cet acte s’est rapidement matérialisé. Le gouvernement a été mis en place en avril, au mois de juin déjà, il ya eu un séminaire gouvernemental qui a été présidé par le Premier ministre avec l’ensemble des membres du gouvernement présents à cette occasion pour expliquer le dispositif qui est mis en place pour le développement de l’économie des conférences et ce qui est attendu de chacun d’eux pour la pérennisation de ce dispositif.

Il y a eu par la suite une note circulaire qui a été envoyée à l’ensemble des différents ministères, institutions et démembrements de l’Etat pour leur rappeler le dispositif qui a été mis en place. Par la suite, il y a eu aussi une rencontre avec l’ensemble des ministères et institutions de la république pour les sensibiliser, leur expliquer le dispositif. Il a aussi été mené des campagnes intenses sur le plan diplomatique. Et le Président de la république en personne négocie des événements pour le Niger, et pratiquement chaque fois que le président se déplace pour un grand évènement international, il y’a une mission de l’ANEC qui est avec lui pour aller négocier des évènements internationaux et les ramener au niveau du pays. C’est dire qu’il a une implication forte du président de la république par rapport à ça.

Il y a eu également des fonds conséquents mis à la disposition à l’ANEC pour organiser des évènements. Donc, il y a cette volonté politique et un engagement total. Aujourd’hui nous sommes sollicités, tous les Ministères ont compris qu’il faut associer l’ANEC. Nous sommes à la limite débordés par rapport à cela. Notre objectif en 2022, c’est d’avoir une quarantaine d’évènement, nous sommes presque à une cinquantaine d’évènements aujourd’hui. Dans ce mois de décembre, nous avons une dizaine d’évènements qui sont programmés dont les plus importants en termes de participants sont la conférence des barreaux francophones du monde qui se tiendra à Niamey, suivie juste de la rencontre des ministres en charge de l’éducation des pays du Sahel organisée avec le Comité Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), la réunion annuelle du partenariat Ougadougou 2022, la 2ème édition des Awards des rires africains que notre compatriote Mamane le Goundouanais organise, la 5ème session des ministres de la Justice de l’OHADA et le Congrès de la jeunesse panafricaine. Cela est un signe fort.

Entre octobre et décembre on a eu pratiquement une vingtaine d’évènements internationaux. Durant le sommet qui vient de se passer, on a enregistré 43 évènements parallèles. Outre les deux sommets des Chefs d’Etat, il y a eu deux panels des Premières dames, les expositions et la semaine africaine de l’industrialisation. En février prochain, nous avons deux grands évènement d’envergure internationale à savoir le Forum des investisseurs Union Européenne-Niger, le forum régional africain du développement durable que le Niger organise avec les Nations Unies auquel 4000 invités sont prévus. Les acteurs ont compris que grâce aux dispositifs qui ont été pris avec la création de l’ANEC, nos évènements sont organisés dans les meilleures conditions. Je sais qu’à l’occasion des grands évènements souvent la population se plaint des perturbations en termes de mobilité dans la ville. Cela fait partie malheureusement du décor. Même les grandes villes comme New-York ne sont pas épargnées lors des Assemblées annuelles de l’ONU, c’est pratiquement des quartiers entiers qui sont bloqués pas des ruelles. Pratiquement c’est tout le centre autour de l’ONU qui est complément bloqué. Je pense que nos concitoyens ont commencé à intégrer cela en faisant preuve de patience. Je les invite encore à continuer à accompagner cette dynamique du Président de la République pour que les évènements se passent encore normalement. C’est dans l’intérêt de notre pays. Aujourd’hui, l’économie des conférences fait vivre les services. En effet, 70% du PIB des pays développés est lié aux services. Ce n’est pas l’industrialisation, c’est plutôt les services. Nous avons des grands pays en Afrique et dans le monde qui vivent de cela.

Quelles sont les perspectives pour l’ANEC ?

Nous avons comme souhait de continuer à faire des évènements internationaux et mettre en place des standards de qualité des plus élevés en matière d’organisation. A chaque fois nous tirons des conclusions et voir ce qui a marché et on essaie de renforcer cela la prochaine fois par des améliorations. Nous devons continuez à faire profiter les opérateurs économiques nigériens de cette dynamique. En moyen et court termes, nous envisageons de décentraliser les évènements pour les faire à l’intérieur du pays. Il y’a deux festivals notamment celui de l’Aïr, où nous enregistrons beaucoup de participants internationaux. Nous devons pouvoir organiser des événements à Dosso, à Maradi, à Tahoua, à Diffa qui ont des infrastructures qui peuvent accueillir des évènements. Et, une des conditions à améliorer ce sont les dessertes aériennes. Il faut juste que le Ministre de l’Intérieur et le Ministre des Transports travaillent sur ce point. Il faut aussi faire profiter les artistes, les artisans de notre pays de cette manne que génère l’économie des conférences.  Nous devons travailler à améliorer nos capacités en termes de communication notamment dans le domaine de l’internet. Tous les acteurs sont mobilisés derrière le Chef de l’état pour faire davantage de notre pays un hub en matière de conférence, des évènements internationaux.

Réalisée par Assane Soumana et Siradji Sanda(onep)
Source : http://www.lesahel.org

 

Interview de M. Moussa Ousmane, Gouverneur de la région de Dosso : «Des résultats significatifs enregistrés dans la région dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de renaissance Acte 2»Monsieur le Gouverneur, quel bilan tirez-vous de cette deuxième mandature du Président de la République Issoufou Mahamadou ?
Le bilan de cette deuxième mandature est satisfaisant dans la mesure où des résultats significatifs ont été enregistrés sur la mise en œuvre du Programme de renaissance Acte 2 du Président de la République, Chef de l’Etat, S.E. M. Issoufou Mahamadou, avec un accent particulier sur la renaissance culturelle pour un changement de mentalité.

La Région de Dosso renferme d’énormes potentialités en terres irrigables le long du fleuve, des dallols et de nombreuses mares. Comment comptez-vous valoriser ces potentialités ?

La région de Dosso dispose d’énormes potentialités en terres irrigables. C’est ainsi qu’elle est traversée par le fleuve Niger, seul cours d’eau permanent d’une longueur de 180km au niveau des Communes suivantes: Falmey-Sambéra-Tanda-Gaya et Tounouga.

La Région de Dosso dispose également de trois (3) Dallols. Il y a le Dallol Bosso qui traverse les Départements de Loga, Boboye et Falmey selon l’axe Nord-Sud. Il a une longueur d’environ 155 km et une largeur moyenne de 12km. Sa superficie est estimée à 1 485km². On a aussi le Dallol Maouri qui traverse les Départements de Dogondoutchi, Tibiri, Dioundiou et Gaya selon un axe Nord-Sud. Il a une longueur de 360km et 4,75km de largeur moyenne. Sa superficie est estimée à 1 905km². S’y ajoute le Dallol Fogha qui a une longueur de 267km environ avec une largeur moyenne de 2,5km. Sa superficie est estimée 662km².

Première cause de la dégradation prématurée des infrastructures routières, la surcharge des véhicules augmente le coût d’entretien des routes, réduit la durée de vie des véhicules de transports, allonge les prix et délais d’acheminement des produits de consommation et, met en danger la sécurité des personnes et des biens. Sur instruction de M. Gado Sabo Moctar, Ministre de l’Equipement, le Comité National de suivi des recommandations du Forum National sur la charge à l’essieu, a effectué du 10 au 14 mai 2023, une campagne de sensibilisation à Dosso et Gaya. Pour en savoir davantage, nous avons approché M. Moustapha Kadi Oumani, Chef de mission, vu sa grande expérience dans le domaine de transport terrestre et aérien.

La Source : M. Moustapha Kadi Oumani, le Comité national de suivi des recommandations du Forum national sur la charge à l’Essieu a entrepris une campagne de sensibilisation à l’endroit des usagers et des autorités à Dosso et à Gaya sur la mise en oeuvre du Règlement 14 de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Quels sont les objectifs visés à travers cette démarche ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi d’adresser nos sincères remerciements au Ministre de l’équipement, pour toutes les facilitations et l’engagement ferme qu’il a pris dans le cadre de la protection du patrimoine routier, au Directeur Général du Fonds de l’Entretien Routier (FER), grâce à qui, les deux rencontres ont été possibles, puis au Gouverneur de la Région de Dosso et au Préfet du Département de Gaya, qui n’ont ménagé aucun effort pour la réussite de cette mission et, enfin à tous les participants qui ont accepté de faire le déplacement. Revenons maintenant à votre question. Du fait de la surcharge routière, les pays membres de l’UEMOA ont hélas enregistré d’importantes pertes financières et des pertes en vies humaines. La persistance de la surcharge avec un taux moyen au-delà de 110 tonnes inquiètent les plus hauts dirigeants. Le Règlement 14 adopté en décembre 2005 par le Conseil des ministres à Bamako au Mali, limite à 76 tonnes (hydrocarbures et marchandises générales) et à 80 tonnes (conteneurs) le poids total des véhicules circulant dans l’espace communautaire. La démarche engagée par le Comité National vise à sensibiliser les principaux acteurs et utilisateurs des infrastructures routières. Il vous souviendra que les Ministres en charge des Infrastructures et des Transports des Etats membres de l’UEMOA, ont examiné, le 21 octobre à Lomé au Togo l’application du Règlement 14. Cette réunion a servi de cadre aux Ministres et à leurs délégations d’évaluer les progrès accomplis et les difficultés rencontrées dans la mise en oeuvre de la déclaration de Dakar de 2019. Les Ministres ont affirmé que l’application du règlement 14 est désormais obligatoire. Elle impose aux transporteurs le respect scrupuleux des dispositions normatives en évitant de surcharger les véhicules qui abiment les infrastructures routières construites à des coûts excessivement élevés. A cette occasion, ils se sont accordés sur les prochaines étapes dans l’application intégrale et concomitante du Règlement 14. A cet égard, ils ont dégagé des pistes de solutions qui permettront de relever les différents défis. Ensuite, ils ont reconnu que le système des transports routiers dans les Etats de l’UEMOA souffre de nombreux dysfonctionnements et ont soutenu que cette situation impacte négativement la performance des corridors de transit et de transport interEtats et, par conséquent les économies des pays. En parallèle, ils ont affiché avec fermeté, leur volonté d’instaurer un environnement favorable aux échanges intracommunautaires. Le Communiqué final a annoncé l’application générale du Règlement 14 à partir du 1er janvier 2024. Mais avant cette date, plus précisément à partir du mois d’avril 2023, une application du seuil de tolérance de 15% sera effective et les 5% de tolérance de la marge de fiabilité de l’équipement de pesage, sera étendue. D’autres mesures sont applicables à partir de février 2023. Dans un premier temps, il s’agit des amendes prévues par le Règlement 14 en ce qui concerne le PTAC (poids total autorisé en charge), la charge à l’essieu et le gabarit. En 2019, la réunion des Ministres, avait décidé l’application intégrale du Règlement N°14, au plus tard, le 1er juillet 2020. Sur le terrain, les Etats peinent à le faire à cause, de la résistance de certains acteurs de la chaîne des transports qui contestent le montant des amendes et les délestages de marchandises. En outre, tout transporteur ou conducteur de véhicule lourd de transport de marchandises qui enfreint aux dispositions est soumis au paiement de l’amende correspondante. Toute surcharge constatée au-delà des limites fixées par le Règlement 14 est aussi passible d’une amende, calculée sur la base de 20 000 FCFA par tonne supplémentaire au plan national et 60 000 FCFA par tonne supplémentaire en transport inter-états.

Au-delà des amendes, certaines pratiques indécentes ont court dans les pays de l’espace communautaire. Il s’agit par exemple de certaines pratiques qui tolèrent un chargement anormal sur les corridors. C’est pour cette raison que le Comité a jugé utile de conduire une campagne de sensibilisation et d’information pour préparer les usagers à une application intégrale et concomitante dans les pays membres, conformément aux décisions prises par les Ministres. Ainsi, les objectifs spécifiques de cette mission visent à :

  • informer la population sur les nouvelles mesures prises dans le cadre de la mise en oeuvre du Règlement 14 ;
  • prévenir les acteurs de la chaîne des transports (commerçants, importateurs, exportateurs, transporteurs, conducteurs, consommateurs, Forces de Défense et de Sécurité, (FDS) représentants de l’administration, Chefs coutumiers et religieux) de la fin du moratoire sur le contrôle de la charge à l’essieu au 31 décembre 2023 ;
  • rappeler aux usagers de la route l’échéance fixée au 1er janvier 2024 ;
  • constater de visu les différentes dispositions prises sur le terrain ;
  • étudier les modalités pratiques de la mise en oeuvre du Règlement 14 au niveau national ;
  • sensibiliser les acteurs pour leur éviter des pénalités qu’ils peuvent encourir ;
  • recueillir les appréciations et contributions de l’ensemble des acteurs, afin de dégager des pistes de solutions aux problèmes qui assaillent le secteur des transports routiers au Niger.

A l’évidence, les responsables de l’administration, les représentants des Forces de Défense et de Sécurité, les syndicats des transporteurs, des conducteurs, des professionnels des médias, ainsi que tous les autres acteurs relevant du secteur des transports avaient été conviés à ces rencontres d’importance.

Nous savons que les infrastructures routières sont importantes dans le Plan de Développement Economique et Social (PDES) 20222026. Comment cette mission que vous avez présidée compte-t-elle amener les transporteurs à respecter les procédures de la charge à l’Essieu?-

Je dois peut-être dire, sur le conseil des hautes autorités, nous avons essentiellement une mission de sensibilisation et d’éducations des différents acteurs. Je dis ‘’essentiellement’’, car la participation volontaire de protection des infrastructures routières de nos pays doit être un acte citoyen, mais nous avons aussi le devoir d’informer nos compatriotes des mesures coercitives qui sont prévues en cas d’infractions. Dans un pays comme le nôtre, sans débouché littoral, les infrastructures routières occupent une place importante. Si le gouvernement prend des engagements pour la protection du patrimoine routier, il faut qu’à leur tour, les usagers de la chaine des transports, puissent prendre leurs responsabilités et qu’ils soient les véritables inspirateurs. De ce point de vue, les transporteurs doivent s’approprier de l’application effective du Règlement 14 pour contribuer massivement à la lutte contre les surcharges, première cause de dégradation prématurée des infrastructures routières. C’est ce travail de sensibilisation que le Comité national a effectué auprès des acteurs partout au Niger comme, il l’a fait hier dans la région de Dosso dans le but d’une prise de conscience du problème. Il vise à inciter des changements de comportement vis-à-vis des biens publics en général, et des infrastructures routières en particulier, de manière à inculquer dans l’esprit des citoyens usagers de la route que « les casseurs doivent être les payeurs ». Le but ultime est de promouvoir la recherche de solutions par le dialogue. Il faut retenir que plus des abus sont commis sur la route, plus les conducteurs sont amendés, mais cela n’arrête pas la dégradation de nos routes aussi longtemps que l’on jouera au gendarme et au voleur ; c’est une fuite en avant. En plus, cette situation entraine malheureusement des accidents très graves avec des décès ou des dégâts matériels très importants. Dans ce contexte, l’application du Règlement 14 constitue un facteur stratégique pour notre pays, où l’état de dégradation de certaines routes, a des conséquences économiques et sociales nuisibles, notamment l’augmentation du coût du transport, la réduction des échanges entre les différentes régions du pays et l’appauvrissement des populations rurales des Etats enclavés. Au demeurant, au cours de nos débats avec les professionnels du métiers la question centrale a été : « comment assurer la pérennité du patrimoine routier, sachant bien que les budgets disponibles au Ministère de l’Equipement, sont insuffisants, tant pour la remise en état du réseau que pour son entretien par l'Agence de Maitrise d'Ouvrage Déléguée de l'Entretien Routier (AMODER) ». De cette question, découlent deux autres : « comment rattraper le retard accumulé en matière d’investissements et d’entretien routier ? » « Comment répondre aux besoins croissants des routes pour accompagner le développement économique de notre pays ? De ces débats riches et variés les dernières zones d’ombres permettant aux participants de comprendre l’utilité et l’impérieux devoir de sauvegarder et de contribuer à la pérennité du patrimoine routier ont été levées, de l’avis de tous. A la fin, ces rencontres d’échanges ont fini par accoucher d’importantes décisions : les participants ont recommandé l’installation d’un poste de pesage à Gaya et le renouvellement du poste de pesage de Dosso pour bien contrôler le poids du chargement. Aussi, ils ont insisté sur les portiques de contrôle de gabarit en vue de freiner certaines tentations. De même, ils ont demandé aux services compétents de multiplier les contrôles inopinés sur toute l’étendue du territoire national, restaurer l’autorité de l’Etat dans la gestion et la construction des routes, implanter dans les chefs-lieux de région des panneaux publicitaires sur les risques de la surcharge routière, poursuivre la campagne d’information et de sensibilisation, envisager un meilleur entretien des réseaux routiers et l’application simultanée des normes et textes juridiques relatifs au patrimoine routier, entres autres.

Le non-respect de la charge à l’essieu est la cause de la détérioration avancée des routes. Quels sont les conséquences observées et les rôles dévolus au Comité National dans la pérennisation des infrastructures ?

La route est un élément vital pour le développement et l’intégration socioéconomique d’un pays comme le nôtre. La surcharge et le non-respect des normes par les véhicules des transports constituent des facteurs qui contribuent à sa dégradation. Par exemple, une étude de l’UEMOA indiquait que le niveau de la surcharge sur les routes occasionne une agressivité 5 à 7 fois supérieure à la norme admise par le règlement communautaire, avec pour corollaire une durée de vie moyenne de cinq ans pour des routes dimensionnées pour durer 15 à 20 ans. Le fléau de la surcharge, associé à d’autres facteurs naturels, notamment la pluviométrie et les dégâts humains constituent un danger majeur pour la survie de nos routes et quelle que soit la technologie utilisée lors de la construction et la valeur du montant injecté. Nos principales routes dont la RN1 et la route de l’uranium sont en dégradation avancée à cause de la surcharge qui est pratiquée au vu et au su de tout le monde. Cette pratique déséquilibre le patrimoine routier en entrainant des accidents mortels et la perte de la compétitivité. D’où la sensibilisation accrue de tous les acteurs face à l’effondrement du réseau routier. C’est ce qui a justifié notre présence sur le terrain en vue d’harmoniser l’application des normes et des procédures de contrôle. Comme vous le savez, le Règlement 14 est un accord adopté afin de sauvegarder les ressources investies dans la construction des routes pour soutenir les efforts de développement économique et d’intégration entre les huit pays de l’UEMOA, le Ghana et la Guinée. Au quotidien, les ravages de la surcharge sur nos routes nous font obligation de contrôler les charges à l’essieu au niveau des postes de pesage et plateformes manipulant 200 000 tonnes de marchandises par an qui, de ce fait, doivent se doter d’un dispositif de pèseessieu et non de pont bascule. Force est de constater que la mise en oeuvre pratique n’est pas totalement effective dans les pays membres de l’UEMOA. Les rôles que jouent le Comité National sont donc d’intensifier la sensibilisation des principaux acteurs du transport et du commerce, effectuer des visites à la Douane, s’assurer de la fiabilité des instruments de pesage, vérifier les poids paramétrés dans les postes de pesage et procéder à des tests desdits dispositifs avec des camions chargés. S’agissant du gabarit, les dimensions diffèrent d’un véhicule à un autre. On distingue des véhicules à moteur et des ensembles de véhicules autorisés. A ce titre, la largeur des véhicules de transport sous température dirigée ne doit pas excéder 2,60 mètres et 2,55 mètres pour les autres véhicules. La longueur des véhicules à moteur isolé à 12,00 mètres et celle des véhicules articulés 16,50 mètres. La hauteur de tout véhicule ne doit pas dépasser 4,00 mètres. Quant à la charge à l’essieu et des poids en charge des véhicules, les limites diffèrent d’un véhicule à moteur ou d’une remorque et semi-remorque. A ce niveau, la limite des essieux varie de 6 à 51 tonnes. A ce titre, les véhicules en infraction dont le gabarit, le poids total autorisé en charge ou la charge à l’essieu est supérieur au seuil de tolérance, sont passibles d’une amende. Cependant, il faut préciser que ces sanctions sont dissuasives. Le plus simple est le délestage et la correction de gabarit en cas d’infraction pour protéger nos routes. Pour les fautifs, c’est aussi le retard garanti dans la livraison du chargement et des amendes onéreuses à acquitter. Le Comité encourage les usagers à respecter le Règlement 14. Voilà, tout le sens des concertations qui ont lieu entre acteurs pour éviter une augmentation en cascade des prix des produits de première nécessité. De toute évidence, qui dit transport, parle de sécurité humaine. Par conséquent, les surcharges ne sont bonnes ni pour le goudron, encore moins pour le véhicule et non plus pour le conducteur lui-même. Aujourd’hui, nul ne peut contester que la surcharge routière soit l’agent causal de la dégradation de la route Bella-Gaya, région de Dosso. La détérioration de nos importants axes routiers, a provoqué l’usure de milliers de camions, qu’ils soient surchargés ou non, et a eu pour conséquence directe l’augmentation des coûts du transport, ce qui a contribué à réduire le commerce au moment où l’augmentation des coûts réduit la compétitivité des exportations et rend nos importations plus coûteuses. Grâce aux efforts du Gouvernement, les nids de poules, jadis transformés en vrais trous, voire des cratères, sont devenus un triste souvenir. Les années passées, quelle que soit la région où vous vous rendez, vous constaterez que les routes nationales se dégradent rapidement. Des nids de poule par dizaines. Dans certains endroits, accélérer son véhicule relève de l’inconscience pour les conducteurs, obligés d’avancer au ralenti, sans compter les menaces des coupeurs de route, dont les usagers sont quotidiennement victimes. Mais, grâce à nos campagnes de sensibilisation, le réseau routier national, dans sa globalité, est dans un état de praticabilité très appréciable. Les gros porteurs ont été identifiés à l’origine du mal. De ce fait, le phénomène de la surcharge nous interpelle. De façon générale, les routes aménagées pour supporter des poids donnés, les véhicules gros porteurs lourdement chargés réussissent à précipiter leur dégradation à force d’y passer. Un véhicule en surcharge ne se comporte pas de la même manière qu'un véhicule chargé normalement. C’est pourquoi, si les transporteurs et les commerçants acceptaient de réduire la surcharge de 30% seulement, ils diminueront de 60% le taux des routes dégradées au Niger. Le fait que les choses bougent n’est pas une impression. C’est la réalité, et les actions du Comité sont là pour l’attester.

La route Bella-Gaya est très importante dans le trafic routier au Niger, pourtant sa mise en valeur a été longuement retardée. Quelles sont les actions que le Comité National a entreprises pour protéger et rentabiliser cette route reprise à grands frais et qui est inaugurée le 17 mai par le Premier Ministre ?

Le Comité National a entrepris des actions de sensibilisation allant dans le sens de la lutte contre la corruption dans le domaine de transport routier et le respect du Règlement 14. Par ailleurs, il a multiplié les appels invitant les Forces de Police, la Douane et la Gendarmerie nationale à se mettre véritablement aux côtés du Gouvernement pour éradiquer la surcharge routière et les chargements hors gabarits sur nos routes.

Ce n’est un secret pour personne qu’au Niger lorsqu’un camion arrive surcharger à un poste de contrôle, certains agents indélicats sont tentés de prendre de pots de vin. Dans ce cas précis, le corrupteur est libre de continuer sa route. C’est pourquoi, nous avons décidé de faire appliquer les sanctions pour préserver les routes et mettre fin définitivement aux surcharges des camions grâce au système de contrôle inopiné de la charge à l’essieu. Le Comité ne peut plus continuer à accepter que des camions des autres nationalités circulent sur nos routes avec un dépassement de la charge, mais aussi du gabarit débordant 2 à 4 mètres au-dessus de la norme autorisée. En général, ces camions ont tendance à se renverser au niveau de certains virages et cassent les fils électriques à leur passage. Ce qui constitue un problème de sécurité humaine. Par exemple, l’article 14 du Règlement définit les sanctions en cas de non-respect des textes. Il stipule en son point 14.1.a). : « L’exploitant d’un véhicule non conforme, lors de son contrôle, par rapport aux normes de chargement édictées aux articles 4 et 5 du présent règlement, a l’obligation de se conformer à la réglementation avant de remettre le véhicule en circulation. b). Nonobstant l’acquittement des amendes encourues, l’exploitant du véhicule est tenu de faire décharger l’excédent de chargement du véhicule et/ou de réaménager le chargement du véhicule afin de ramener sa charge et son gabarit dans les limites autorisées. c). Les frais de déchargement, d’entreposage, de gardiennage et de rechargement des marchandises déchargées sont à la charge exclusive de l’exploitant du véhicule. d). Les opérations de déchargement, de mise en entrepôt et de rechargement, ainsi que le gardiennage, sont assurées par l’opérateur du poste de contrôle et sous sa responsabilité. L’opérateur facture l’exploitant du véhicule sur la base d’un barème de prix. L’établissement de ce barème relève de la compétence de l’Etat membre, en application des dispositions de l’alinéa a. de l’Article 135 exception faite des postes de contrôle juxtaposés. e). Dans le cas d’un véhicule assurant un transport sous le régime TRIE (Il s’agit d’un régime qui permet le transport par la route de marchandises d’un bureau des Douanes d’un Etat (Bureau de départ) à un autre (bureau de destination), sous le couvert d’un document unique, en suspension des droits exigibles), les opérations visées à l’alinéa d. ci-dessus sont effectuées sous le contrôle de la douane. f). Lorsque le véhicule en défaut de conformité est intercepté au niveau d’un contrôle mobile, le véhicule est conduit immédiatement au poste fixe de contrôle le plus proche. » Je manquerais à mon devoir si je ne mentionne pas qu’une traque est envisagée contre les récalcitrants pour permettre à notre pays de retrouver très rapidement les niveaux escomptés. Je sais qu’en la matière les attentes des acteurs restent nombreuses. Nos actions ont impliqué des réformes institutionnelles dont notamment l’adoption de la loi N°201832 du 24 mai 2018 déterminant le Patrimoine Routier National et fixant les règles de sa protection et son décret d’application N°2023316/ PRN/MEQ/MT du 6 avril 2023 portant modalités d’application de la loi N°201832 du 24 mai 2018, déterminant le Patrimoine Routier National et fixant les règles de sa protection. De ce point de vue, nous militons pour un dialogue franc et ouvert et une réorientation de l’entretien routier, car nous sommes unanimes qu’au Niger, les routes constituent un énorme pilier pour l'économie nationale, sans quoi, rien ne saurait être acheminé dans les marchés pour la consommation des populations. Dès lors, les propriétaires des camions et les chargeurs étant conjointement et solidairement responsables du non-respect des normes sur la voie publique, ont l’obligation de diminuer les charges en excès et de corriger les gabarits, conformément à la réglementation en vigueur. Une obligation est faite à toutes les plateformes (sociétés, fabricants, distributeurs, etc.) qui génèrent 200.000 tonnes de marchandises par an d’être entièrement équipées de pèse essieu. Le Comité National s’appuie sur la volonté et le patriotisme des acteurs directement concernés, afin de concrétiser la volonté de nos hauts dirigeants. Comme on dit, « la foi transporte les montagnes ». On observe déjà une mise en responsabilité accrue des acteurs et autres partenaires. Nous osons croire qu’à partir du 1er juin 2023, les acteurs de la chaine sont prévenus que les véhicules gros porteurs qui seront surpris avec un chargement supérieur à la norme autorisée subiront la rigueur de la loi. C’est à juste titre que les participants à nos campagnes de sensibilisation ont proposé des solutions aux problèmes qui se posent. Permettez-moi enfin de lancer un appel aux usagers et au-delà les inviter à prendre bien soin de nos routes, qui sont si chèrement acquises, en adoptant une attitude de veille citoyenne à partir du 1er janvier 2024. Un dicton nous enseigne, « le temps est un moyen de transport, nous y montons chacun à notre tour, c’est irréversible !

Interview réalisée par Amani Mounkaila B. (La Source)

Monsieur le Directeur Général, votre service, le Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment, constitue un dispositif en matière de contrôle de la qualité des infrastructures mais aussi pour la sécurité et la durabilité de celles-ci. Pouvez-vous succinctement présenter à nos lecteurs ce service ainsi que ses activités          

Je vous remercie tout d’abord de m’avoir donné l’opportunité de parler du Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment ; le LNTP/B qui existe depuis 1971 au sein du Ministère des Travaux Publics du Transport et de l’Urbanisme à l’époque. Il a été érigé en Direction Nationale en 1983 et suite à des réformes soutenues par l’Union Européenne et la Banque Mondiale en 2002, le Laboratoire a été restructuré et érigé en Société Anonyme d’Economie Mixte (SAEM ) dont l’Etat est actionnaire majoritaire avec 92% des actions et les 8% des actions sont destinées au  personnel. La société est dirigée par un Conseil d’Administration et placée sous tutelle du Ministère de l’Equipement. L’une des missions essentielles du LNTP/B, est de donner son avis sur la qualité des matériaux employés, sur leur mise en œuvre, le mode d’emploi de ces matériaux et les caractéristiques des sols pouvant conditionner la stabilité et la bonne tenue des ouvrages. En termes d’activité, le LNTP/B est chargé de l’étude et du contrôle de qualité des matériaux ou produits entrant dans la construction de bâtiments, des routes, des aérodromes, des ouvrages d’arts etc.  il assure aussi l’étude de reconnaissance des sites de projet ; de  comportement des sols ; de l’expertise des dégradations causées sur les infrastructures ; de l’expertise technique et l’évaluation des bâtiments et ouvrages  et enfin de la recherche fondamentale et appliquée devant  aboutir à la normalisation et la certification de tout produit BTP.

 « Le LNTP/B est chargé de l’étude et du contrôle de qualité des matériaux ou produits entrant dans la construction de bâtiments, des routes, des aérodromes, des ouvrages d’arts», déclare M. Soli Ousseini

Monsieur le Directeur pouvez-vous nous parler de l’importance de ce laboratoire pour notre pays

Le Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment , de par sa mission ; joue un rôle très important dans la réalisation de l’important programme d’infrastructures de Génie Civil des plus hautes Autorités de ce pays. En effet, le LNTP/B assure les prestations géotechniques en phases des études, des travaux et de l’exploitation des infrastructures après leur mise en service. Or, la géotechnique est incontournable et indispensable pour la réalisation des projets d’infrastructures susmentionnés. A travers donc la géotechnique, le LNTP/B participe au relèvement du défis complexe du choix et de réalisation des infrastructures fiables, de qualité, et durables. Ce faisant il constitue une des voies incontournables qui mènent au développement durable du pays.

Quels sont les résultats, les succès ou les expériences enregistrées par le Laboratoire depuis sa création

Avec ses cinquante ans d’existence le LNTP/B a assuré l’essentiel des prestations géotechniques relatives aux études et au contrôle des différents projets financés par les différents Bailleurs de Fonds et l’Etat du Niger, avec des résultats satisfaisants au fil des ans, aussi bien dans les domaines routiers, du bâtiment, des aéroports et des ouvrages d’art. En effet, le LNTP/B reste et demeure un modèle et une référence sur le plan national et même international. Certaines distinctions comme le trophée D’or 2020 attribué au LNTP/B par l’Agence Nigérienne d’Information sur le Développement au Niger et la désignation du LNTP/B au niveau international pour organiser la 11eme édition des Journées Africaines de Géotechniques (JAG2019) qui a regroupé plusieurs laboratoires des pays membres de l’ALBTP et CTGA , et organisations internationales de mécanique des sols, sont des gages de succès du LNTP/B.

Au regard de vos missions et de l’environnement exigeant sur la qualité des services, est-ce que vous avez les moyens de satisfaire toutes les demandes qui vous sont adressées ?

Effectivement les activités du laboratoire dont nous avons évoquées au début de cet entretien exigent non seulement du matériel technique important, diversifié et performant mais aussi la disponibilité d’un personnel suffisant et expérimenté. Actuellement le Laboratoire dispose du matériel technique essentiel qui permet jusque-là d’assurer les prestations géotechniques demandées par nos clients Ce matériel est acquis grâce à l’investissement propre du Laboratoire et l’accompagnement de notre ministère de tutelle, c’est à dire le Ministère de l’Equipement à travers la mise à disposition du matériel labo en fin de chantier. Mais compte tenu de l’environnement économique favorable aux investissements dans notre pays, depuis bientôt une dizaine d’années, à travers la concrétisation des réalisations de l’ambitieux programme d’infrastructures du Gouvernement, il est impératif et urgent pour le Laboratoire d’acquérir le matériel moderne de dernière génération. Or le Laboratoire fonctionne uniquement sur ses ressources propres et ne bénéficie d’aucune subvention de l’Etat actionnaire majoritaire du point de vue des investissements. C’est pourquoi l’acquisition du nouveau matériel est une condition favorable à l’effectivité des missions du Laboratoire. En ce qui concerne le personnel, le départ à la retraite des agents disposant de larges expériences, constitue un handicap pour le Laboratoire à satisfaire toutes les demandes de mise à disposition du personnel sur les chantiers. Néanmoins, les instructions budgétaires sont faites suivant le plan de recrutement de la société pour permettre de satisfaire à ces demandes.

Quelles sont vos attentes en vue de faire du Laboratoire un outil de référence au plan national et international ?

Le LNTP/B s’est engagé depuis 2015 au processus de la démarche qualité avec une politique qualité basée sur une définition claire des objectifs à atteindre. La démarche qualité permet à terme au Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment d’obtenir la certification ISO 9001 et l’accréditation ISO 17025 qui sont des normes internationales permettant d’affirmer que le LNTP/B est moderne. Le processus est long et complexe avec des exigences d’acquisition de matériels modernes et des réformes profondes d’organisation. C’est pourquoi malgré l’insuffisance de ressources financières disponibles, le Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment a priorisé l’acquisition, en 2019 , d’un matériel performant de forage qui a contribué à augmenter substantiellement les recettes. Au cours de sa visite au Laboratoire, le nouveau Ministre de l’Equipement, M. Hamadou Adamou Souley a été édifié sur la pertinence de notre démarche qualité et nous a encouragé et a promis d’explorer toutes les voies possibles afin que l’Etat puisse accompagner davantage le LNTP/B dans son processus de modernisation.

Donc notre plus grande attente c’est de bénéficier d’une subvention de l’Etat en faveur des investissements pour l’acquisition de matériels techniques modernes de dernière génération. Enfin je profite de cet entretien pour lancer un appel pressant à la population afin qu’elle profite de cet outil de souveraineté nationale qu’est le LNTP/B pour éviter de construire en faisant fi des études des sols au préalable garantissant la bonne tenue et la stabilité des bâtiments évitant ainsi les accidents inutiles, dommageables aux usagers.

Réalisée par Ali Maman

 23 avril 2021
Source : http://www.lesahel.org/

 

Madame la Ministre, les femmes Nigériennes célèbrent ce 13 Mai leur journée Nationale à travers plusieurs manifestations, quels sont les résultats majeurs enregistrés en matière de promotion de la femme depuis l’institutionnalisation de cette journée au Niger ?

Depuis l’institutionnalisation de la  journée au Niger, des résultats majeurs ont été enregistrés en matière de promotion de la femme. Il s’agit notamment :

  • Des efforts fournis par l’Etat en vue d’abroger les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes contenues dans certains textes de lois. C’est le cas de la loi n° 2014-60 du 5 novembre 2014 portant modification de l’Ordonnance n° 84-33 du 23 août 1984 portant code de la nationalité nigérienne qui reconnait désormais à la femme nigérienne le droit de transmettre sa nationalité à son époux étranger. Aussi plusieurs textes nationaux et internationaux en faveur des droits des femmes ont été adoptés ;
  • Accès au service de soins ;
  • L’amélioration sensible de la représentation des femmes aux instances de prise de décision. A titre illustratif, nous sommes parties d’une (1) femme députée en 1999 à 50 femmes députées en 2020 ;
  • Amélioration du cadre organisationnel des femmes ;
  • Augmentation du nombre de femmes entrepreneures, etc.

L’autonomisation des femmes reste une préoccupation importante au Niger où malgré les actions entreprises, le taux de pauvreté des femmes est élevé. Comment expliquer cela ?

Au Niger, le niveau de pauvreté particulièrement élevé touche prioritairement les ménages les plus vulnérables, dont ceux dirigés par des femmes. Les études récentes, situent à 45 ,1% la proportion de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté au Niger en 2014, contre 63 % en 1993. (Source INS NIGER2015). Malgré cette baisse sensible, la pauvreté affecte encore plus les femmes au Niger avec 70% en 2014 contre 73% en 2000.

Cette situation est due au fait que souvent, les femmes accèdent au statut de chef de ménage après une rupture qui rend le foyer instable (veuvage, divorce, absence de l’homme…) et qui la prive de l’homme, principal pourvoyeur de ressources. Il faut aussi souligner que les femmes ont moins accès aux moyens de production et à la terre, ce qui peut les rendre encore plus vulnérables à l’insécurité alimentaire si d’ores et déjà, leur foyer est déstabilisé.

Madame la Ministre, les femmes rurales sont les plus touchées par la pauvreté. Qu’est-ce que votre Ministère compte entreprendre pour faire de l’autonomisation de la femme une réalité dans les zones rurales au Niger ?

Pour parvenir à l’égalité de Genre et autonomiser toutes les filles et femmes du Niger, le Gouvernement du Niger,  à travers mon Département Ministériel, a élaboré une Stratégie Nationale d’Autonomisation Economique des femmes et des filles. La mise en œuvre de cette Stratégie Nationale met un accent particulier sur :

  • L’accès et le contrôle des moyens de production (terre, capital, intrants, technologie, temps) ;
  • L’accès à l’information et aux formations  « Le savoir est égal à pouvoir ». En effet, les femmes ayant moins l’accès à l´information sur les filières, le marché, les services et aux formations techniques et en gestion,  ont moins de chance pour développer leurs Activités Génératrices de Revenus ou entreprises.
  • L’accès au marché de travail formel et informel qui vise à satisfaire le manque de compétences et d’expérience professionnelle, l’insuffisance de l’offre de formation et la faiblesse du dispositif d’apprentissage, le manque d’opportunités de stages et d’emploi dans les secteurs publics et privés, le manque de réseaux de contacts pour connaître les opportunités d’emplois.
  • L’accroissement de la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes ;
  • L’écart Fille-Garçon se réduit de plus en plus ;
  • L’amélioration de la représentativité des femmes aux instances de prises de décisions du niveau local jusqu’au niveau national à travers le renforcement de leurs capacités en leadership, en genre aux techniques de communication, de plaidoyer et du lobbying ;
  • Le renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles des structures Gouvernementales et non Gouvernementales chargées de la promotion de la femme et du genre.

Madame la Ministre la situation de la femme n’est guère reluisante dans le domaine de l’éducation. En tant que nouvelle Ministre de la Promotion de la Femme, quelles sont les stratégies que vous comptez mettre en œuvre pour faire évoluer la scolarisation de la jeune fille au Niger ?

Mon département ministériel contribue déjà à la promotion de la scolarisation de la jeune fille au Niger à travers l’allègement des tâches domestiques, la mise en œuvre de l’Initiative adolescentes « Illimin » qui a pour but de réduire le taux de mariage des enfants et de retarder les grossesses précoces. Ainsi 661 filles sont retournées à l’école ; 4 392 filles formées en électricité, réparation moto, cellulaires, installation panneaux solaires, plomberies, mécanique rurale, photographie et animation radio.

Ces actions seront poursuivies et je mènerai également des actions de plaidoyer en faveur de la promotion de la scolarisation de la jeune fille.

Madame la Ministre, la loi sur le quota qui a permis à une catégorie de Femmes Nigériennes d’accéder à des postes de prises de discisions semble souffrir aujourd’hui de non application effective. Comment expliquez-vous cette situation ?

Pour améliorer le niveau de la représentation des femmes aux instances de prise de décision, le Niger a adopté la loi n° 2000-008 instituant le système de quota dans les fonctions électives et nominatives en rehaussant le pourcentage aux postes électifs de 10% à 15% en 2014.

Le Niger s’est doté d’une loi le 7 juin 2000 avec comme principal objectif l’institution d’un système de quota à titre transitoire dans les fonctions électives (10%), au Gouvernement et dans l’Administration de l’Etat (25%), avec un décret d’application en 2001.

Cette loi a connu deux (2) révisions à la hausse en 2014 pour les postes électifs passant de 10% à 15% et en décembre 2019 de 15% à 25% pour les postes électifs et de 25% à 30% pour les postes nominatifs.

Aujourd’hui, nous avons une cinquantaine de femmes à l’Assemblée Nationale et le processus vient juste d’être entamé et se poursuit.

Réalisé par Idé Fatouma(onep)

14 mai 2021
Source : http://www.lesahel.org/

 «Si les conditions équitables d’accès à l’éducation pour tous sont garanties, je suis certaine que les femmes peuvent être aussi compétitives que les hommes et on n’aura donc pas besoin de quota» Mme Allahoury Aminata Zourkaleini, Ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant

Mme la Ministre, le 13 mai 1991, les Femmes Nigériennes ont battu le pavé pour aller au cabinet du Premier ministre afin de revendiquer plus de places au sein de la Commission préparatoire de la conférence nationale souveraine. Trente-deux ans après, comment appréciez-vous, en tant que femme d’abord puis en tant que ministre, le chemin parcouru dans ce noble combat ?

La journée nationale de la femme Nigérienne remonte à la date du 13 mai 1991 où les femmes ont revendiqué une meilleure représentation au sein de la commission préparatoire de la Conférence Nationale Souveraine. Le Pouvoir public, conscient de la légitimité de cette lutte a porté leur nombre d’une femme à cinq (5). Ce noble  combat a été un déclencheur ayant abouti à un certain nombre de résultats tels que le rehaussement du nombre de femmes à la conférence nationale ; l’institutionnalisation de la journée du 13 mai par décret N°92-370/PM/MDS/P/PF du 25 Novembre 1992; l’institutionnalisation du quota ; le débat autour de thématiques variées débouchant sur une prise de conscience et des recommandations à mettre en œuvre ; la mobilisation des organisations féminines, des structures étatiques, des instituts de recherche,  à travers tout le pays à l’occasion de cette journée.

L’une des avancées les plus remarquables en termes de prise en compte des femmes, c’est la question du quota que nombre de Nigériens critiquent. Pensez-vous qu’il faut en faire plus et réformer littéralement le principe du quota ?

Permettez-moi d’abord  de faire un bref aperçu  de quelques avancées enregistrées dans le cadre de la mise en œuvre de la loi sur le  quota au Niger. 23 ans après l’adoption de la loi sur le quota, des progrès importants ont été enregistrés tant au niveau des postes électifs que ceux nominatifs. A titre illustratif, d’une (1) Femme Député sur 83 en 2000, soit 1,2%, le Niger compte aujourd’hui 51 Femmes sur 166 députés soit 30,12% au parlement. Au niveau des Conseils Communaux, nous sommes passés de 661 femmes Conseillères en 2004 à plus de 1000 femmes aujourd’hui. Pour les postes nominatifs, de 4 femmes Ministres sur 28, soit 14,28% en 2000, le Gouvernement du Niger compte actuellement 6 femmes sur 36 Ministres soit 16,66%. Au niveau des départements on compte aujourd’hui 3 femmes Préfets. Les Nigériens ont tort de critiquer la loi sur le quota car les femmes occupent plus de 50% de la population, il n’y a pas de raison qu’elles soient sous représentées dans les sphères de prise de décision et dans la vie publique en général. Aussi, nous devons plutôt nous réjouir et féliciter les autorités qui œuvrent pour corriger ces inégalités de genre.

Selon vous, quelle aurait été la place de la femme si ce principe n’était pas appliqué?

C’est notre contexte social qui ne favorise pas encore l’accès des filles à l’école. C’est pourquoi le gouvernement travaille à créer les conditions équitables d’accès à l’éducation pour tous. Si cette condition est remplie, je suis certaine que les femmes peuvent être aussi compétitives que les hommes et on n’aura donc pas besoin de quota.

Mme la ministre, contrairement à certains pays de la sous-région, on constate avec un pincement au cœur que les femmes nigériennes sont moins présentes sur la scène internationale, qu’est-ce qui explique cela et que compte faire le gouvernement pour promouvoir la Nigérienne à l’échelle internationale?

Au-delà de la femme, la question de la représentativité au niveau international concerne tous les Nigériens en général. En effet, comparé à beaucoup de pays de la sous-région, nous sommes moins bien représentées. Cette situation, à mon humble avis, s’explique par le retard accusé par le Niger sur le plan de l’éducation depuis la période coloniale. Toutefois, malgré ce retard, nous ne sommes pas si mal lotis. En effet, nous avons des Nigériennes que je me garderais de citer de peur d’en oublier d’autres, qui ont occupé des fonctions de haut niveau au plan international. Par ailleurs, il faut le dire, le gouvernement à travers le Ministère des Affaires Étrangères, développe des efforts importants pour promouvoir les Nigériens à l’international.

On parle beaucoup de l’autonomisation de la femme et l’on constate que les lignes bougent vraiment surtout dans les centres urbains ; qu’est-ce qui est en train d’être fait pour pérenniser et consolider  les acquis ?

La lutte pour atteindre l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles constitue un enjeu et un défi de développement pour nos pays, particulièrement l’autonomisation des filles et des femmes en milieu rural. Pour relever ces défis, le Gouvernement du Niger, à travers le Ministère en charge de la Promotion de la Femme a élaboré la Stratégie Nationale d’Autonomisation Économique de la Femme et son Plan d’actions en vue de renforcer l’accès et le contrôle des moyens de production (terre, capital, intrants, technologie, temps) ; l’accès à l’information et aux formations ; l’accès au marché de travail formel et informel et l’accroissement de la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes.

Quelle est la place des femmes dans les zones rurales dans l’agenda gouvernemental, notamment dans le plan de développement économique et social (PDES) ?

La place de la femme en général et en milieu rural en particulier,  est  prépondérante dans l’axe 7 de la Déclaration de la Politique Générale (DPG) du Gouvernement déclinée dans le Plan du Développement Économique et Social (PDES 2022 – 2026, axe 1 relatif au développement du capital humain, l’inclusion et la solidarité. A ce niveau, la réduction des inégalités de genre repose, sur la mise en œuvre des actions majeures comme l’atténuation du poids des pesanteurs socioculturelles sur les filles et les femmes ; la promotion de l’autonomisation économique des femmes et des jeunes filles, y compris celles en situation de handicap ; le renforcement de l’employabilité et de l’accès des femmes, des jeunes filles et celles en situation de handicap à des emplois décents et sécurisés ; la réduction des violences basées sur le genre et le renforcement de l’accès des femmes et des jeunes filles dans les instances de décision et de gestion aux niveaux national, régional et local.

Il est à noter qu’à travers ces actions, un accent particulier est mis sur les femmes des zones rurales, compte tenu de la disparité existant entre les zones urbaines et les zones rurales. On peut citer entre autres la mise en place des plates-formes multifonctionnelles, des moulins, etc., pour l’allègement des tâches quotidiennes ; la sensibilisation (accès à l’information, à la santé, accès à la terre) ; la formation, l’alphabétisation ; la mise en œuvre de certaines approches comme l’Initiative adolescentes «Illimi» qui a pour but de réduire le taux de mariage des enfants et de retarder les grossesses précoces ; la mise en œuvre du programme d’internat du Président de la République, pour favoriser l’accès des filles du milieu rural à l’éducation.

Pensez-vous, comme certains compatriotes, qu’il faille repenser le mode de célébration de la JNFN pour que cette journée dédiée ait plus d’impact et serve mieux les générations futures ?

La célébration du 13 mai est dans une dynamique d’innovation. Si vous avez remarqué, l’année passée, à la trente-unième (31ème) édition, c’est le Chef de l’Etat lui-même qui a présidé la cérémonie et pour cause. Il l’a fait pour faire passer un message qui n’est pas des moindres: il s’agit de la forte croissance démographique. En effet, on ne peut trouver meilleure cible que les femmes pour faire passer un tel message compte tenu de leur poids et leur position dans la famille. Ce message a suscité beaucoup de questionnements et a permis une prise de conscience sur ce phénomène. Cette année, par rapport à la thématique «Femme et développement», plusieurs activités ont été menées. On peut noter entre autre, la décoration des femmes pionnières qui est un bel exemple de réussite pour la jeune génération ; les conférences sur des thématiques pour réfléchir sur les avancées en matière de participation de la femme au développement. Par exemple «La femme nigérienne entre marginalisation imposée et marginalisation consentie» par l’Université Abdou Moumouni de Niamey, «Leadership des femmes» par la DGI, «Femme et aviation civile» par l’Association des Femmes de l’Aviation Civile du Niger, «Femme et Numérique» par les cadres du Cabinet de la Présidence, etc.

Ceci pour expliquer que le 13 mai est loin d’être une journée festive. C’est pourquoi, nous recommandons une couverture médiatique plus large et significative des différentes activités. Car le plus souvent, on ne montre que des femmes en train de danser alors que c’est juste pour joindre l’agréable à l’utile.

Je finis cet entretien par ce conseil : que chaque femme, avant de dire «je», «moi», regarde autour d’elle et se rende compte qu’elle n’est pas seule, qu’il y a bien d’autres capables de bien de choses. C’est ensemble que nous pouvons bâtir l’édifice et un édifice solide.

Propos recueillis par Zabeirou Moussa (ONEP)

Source : http://lesahel.org/

 

Amina Moumouni ministre energie Gorou BandaMadame la ministre, les Nigériens attendent avec impatience la mise en exploitation de la centrale thermique de Gorou Banda, qui sera inaugurée ce 02 avril. Qu’est ce qui va changer sur le plan de la fourniture de l’énergie électrique avec la mise en marche de cette centrale thermique.

Comme vous le savez, la Centrale électrique que SEM. le Président de la République, Elhadji Issoufou Mahamadou, inaugure ce 02 avril 2017, va permettre de disposer, à terme, d’une puissance de 100 MW, dont la première phase offre déjà 80 MW. Avant la Centrale électrique de Gorou Banda, l’offre disponible pour alimenter Tillabéry, Niamey et leurs environs tournait autour de 100 MW, toutes sources confondues, y compris l’apport de l’importation du NIGERIA. En termes de capacité, vous mesurez aisément l’apport de cette centrale.

Madame la Ministre, notre pays célébre le 03 Août 2022, date anniversaire de la Proclamation de l’indépendance du Niger, la 47ème édition de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA). Quelle sera la particularité de cette édition 2022 dont le lancement officiel des activités commémoratives se déroulera à Tillabéri?

Je voudrais, tout d’abord, commencer par rendre grâce au Tout Puissant, le Clément, le Miséricordieux pour nous avoir permis de commémorer le 62ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays, anniversaire consacré, vous le savez, depuis Juillet 1975 à la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre.

Dans le cadre des festivités prévues au titre de cette édition, nous poursuivons résolument la décentralisation de l’organisation de l’évènement région par région de notre pays ; et partant, l’accompagnement du Programme d’embellissement de nos capitales régionales.

Cette année, c’est la région de Tillabéri, capitale du Fleuve, bénéficiaire du «Programme Tillabéri Tchandalo», qui aura l’honneur d’accueillir la 47ème édition de la Fête Nationale de l’Arbre, qui consacre le lancement officiel de campagne nationale de reboisement placé sous le Haut Patronage de Son Excellence Monsieur MOUHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat.

Pour répondre à votre question, l’Edition 2022 de la Fête Nationale de l’Arbre est marquée par plusieurs innovations que vos lecteurs auront tout loisir de découvrir au fur et à mesure du déroulement des activités programmées. Je voudrais à titre d’exemples en citer juste quelques-unes:

– Une des spécificités porte sur le Concours national sur la lutte contre la désertification. Cette année les prix sont attribués par catégories de promoteurs d’actions de lutte contre la désertificateurs à savoir : les promoteurs privés ou individuels, les organisations communautaires, les collectivités territoriales, et enfin les autres acteurs qui regroupent les services publics, les écoles, les centres de santé, les lieux de culte, les casernes militaires, etc.

– Une autre spécificité que je souhaite partager avec vos lecteurs réside dans le choix des espèces forestières qui seront plantées. Il s’agit essentiellement d’espèces locales qui sont en voie de disparition. L’idée ici est de disposer dans un proche avenir d’arbres semenciers issus de ces espèces menacées de disparition, en vue de leur réintroduction. Il s’agit aussi de constituer une sorte d’arboretum régional qui contribuera utilement à l’éducation environnementale des jeunes.

– Il faudrait également noter en termes de spécificité, qu’en plus du camp de la Gendarmerie nationale où se déroulera la cérémonie officielle de plantation, plusieurs autres sites notamment ceux des Sapeurs-pompiers, et du Bureau de la Brigade de Douane DE Tillabéri feront l’objet de plantation.

– En outre, nous avons renouer avec la distribution gratuite de plants forestiers et fruitiers aux populations locales pour leur permettre de planter des arbres dans leurs concessions ou exploitations agricoles. En somme, le 3 Août 2022, c’est toute la ville de Tillabéri et ses environs qui seront transformés en chantiers de reboisement.

– Pour terminer sur les particularités de cette Edition, je vais citer aussi la forte mobilisation des jeunes à travers les scouts de l’environnement. Un camp de jeunes de scouts de l’environnement de plusieurs nationalités sera installé à Tillabéri pour poursuivre les opérations de plantation dans le cadre de la Grande Muraille Verte.

Cette année le thème retenu pour la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre est « Lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau : une voie pour le relèvement et la résilience des communautés locales ». Qu’est-ce qui justifie le choix de ce thème, et comment se traduit la relation entre le phénomène de l’ensablement des cours d’eau et le niveau de résilience des communautés ?

Comme vous le savez, les actions du gouvernement en général et singulièrement celles de mon département ministériel, s’appuient sur les documents cadre d’orientation et de planification stratégiques nationaux dont :  le Programme de la Renaissance acte III, la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement, le Plan de Développement Economique et Social, la Politique Nationale en matière d’Environnement et de Développement Durable, la Contribution Déterminée au niveau Nationale, le Plan d’actions 2021-2025 de l’Initiative 3 N, le Cadre Stratégique de Gestion Durable des Terres etc.

Dans pratiquement tous les documents que je viens de citer il ressort, en termes de diagnostic que les cours et plans d’eau de notre pays sont menacés par l’ensablement réduisant ainsi les possibilités de leur mise en valeur par les différents usagers. De manière spécifique, il ne vous échappera sans doute pas que le Programme de la Renaissance acte III «consolider et avancer», au sujet de la diplomatie environnementale, a mis l’accent sur le désensablement des cours et plans d’eau.

En luttant contre ce phénomène à travers des travaux à haute intensité de main d’œuvre, rémunérés en cash, nous créerons des opportunités de génération de revenus supplémentaires aux communautés locales. Il sera ainsi possible de développer de nombreuses activités agrosylvopastorales et halieutiques intenses et diversifiées, du fait que ces écosystèmes aquatiques renferment d’énormes potentialités susceptibles de booster le développement des cultures alimentaires et fourragères ainsi que de rentes, à travers l’irrigation et l’aquaculture.

Pour y parvenir, il faudra en amont notamment, restaurer les terres dégradées, lutter contre l’ensablement et le déboisement anarchique des plateaux et bassins versants qui alimentent ces cours et plans d’eau. L’exploitation des arbres et des forêts pour les besoins de bois de service et d’énergie pour être durable, doit s’inscrire dans le cadre d’un aménagement agrosylvopastoral. Particulièrement en ce qui concerne le bois de cuisson, nous encourageons nos concitoyens à utiliser les énergies alternatives et les équipements permettant de faire des économies de temps de travail, de bois et de ressources financières. 

Parmi les techniques que nous encourageons pour lutter contre l’ensablement figure la fixation des dunes au moyen d’ensemencement de graminées pérennes et des plantations.

Nous préconisons également le traitement mécanique et biologique des koris et des ravins. En somme, il s’agira, de mon point de vue, de traiter le mal à sa racine par un reboisement massif des zones de départ et de traversée du sable charrié par les eaux de pluie et le vent.

Madame la Ministre, désensabler les cours et les plans d’eau, c’est entre autres, maitriser les effets de l’écoulement des énormes volumes d’eau charriés par les affluents et des autres cours de ruissellement. Quelles sont les actions entreprises dans ce volet ?

La lutte contre l’ensablement, ne se limite pas seulement au désensablement assimilé au curage, dragage qui sont en fait des actions curatives, on le sait, très coûteuses. Ainsi que je le disais plus haut, nous préconisons de traiter le mal à sa racine ; autrement dit, il faut mener en amont des activités de nature à atténuer les apports de sable dans les plans et cours d’eau. 

C’est tout un ensemble d’opérations de protection et de sécurisation, dans la plupart des cas à titre préventif, incluant le traitement des bassins versants à travers les techniques de Conservation des Eaux des Sols et de Défense et Restauration des Sols (CES/DRS), la fixation des dunes, les plantations de protection, la Régénération Naturelle Assistée.

Sous l’impulsion du Gouvernement, plusieurs partenaires tant bilatéraux que multilatéraux, à travers des projets et programmes de développement, se sont mobilisés aux côtés de l’Etat pour faire face au phénomène d’ensablement des écosystèmes aquatiques et terrestres.

C’est le lieu de les remercier et les inviter à un engagement plus accru et des investissements conséquents pour inverser la tendance. Mon intime conviction est que la préservation de ces écosystèmes est assurément une des voies pour aller vers la sécurité alimentaire et nutritionnelle durables. 

Parlant de cours d’eau, nous pensons tout d’abord au fleuve Niger dont le lit s’amenuise au fil des années du fait justement du phénomène de l’ensablement. Qu’en est-il des vastes actions de désensablement du fleuve entreprises, il y a quelques années, à travers le Programme de Lutte Contre l’Ensablement dans le Bassin du Fleuve Niger (PLCE) ?

Vous faites bien de rappeler que notre pays dispose d’une solide expérience en matière de prévention et de lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau, à travers notamment la mise en œuvre du Programme de Lutte Contre l’Ensablement dans le Bassin du Fleuve Niger (PLCE). Ce projet a fait des réalisations considérables, du reste visibles aujourd’hui, en matière de fixation des dunes et de traitement des bassins versants.

Les résultats obtenus par ce projet ont d’ailleurs permis de négocier et obtenir une phase de poursuite et d’extension à travers le Programme Intégré de Développement et d’Adaptation au Changement Climatique (PIDACC/BN) qui intervient dans plusieurs pays du Bassin du Niger ; et dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration de la résilience des populations et des écosystèmes dudit bassin, par une gestion durable des ressources naturelles.

Au Niger, en plus de la Région de Tillabéri, la zone du PIDACC a été étendue aux régions de Dosso et de Tahoua.

En dehors du PLCE et du PIDACC, il y’a lieu de noter, entre autres partenaires, le Programme Kandagi de Régénération des Ecosystèmes qui déploient beaucoup d’efforts en matière de traitement des bassins versants et de lutte contre l’ensablement du fleuve Niger.

En matière de lutte contre l’ensablement j’aimerais aussi citer, l’exemple du Projet Lutte Contre l’Ensablement des Cuvettes Oasiennes et le Projet de Gestion Durable des Terres qui ont engrangé des résultats satisfaisants dans les régions de Diffa et de Zinder.

A propos toujours du désensablement du fleuve Niger, la réalisation d’un tel projet présente d’énormes avantages pour notre pays, aussi bien sur le domaine de l’environnement que dans celui des transports où on peut espérer un grand apport dans le développement des transports fluviaux. Finalement, qu’est-ce qui entrave ce projet ?

Il s’agit d’une préoccupation majeure à laquelle le Gouvernement apporte des réponses appropriées. Au demeurant, je voudrais relever que la mise en œuvre du Programme Kandagi de régénération des écosystèmes, dont le barrage est une composante, contribuera significativement à diminuer les apports de sable dans le fleuve Niger.

Le gouvernement en général, et les ministères sectoriels concernés en particulier, ont pris plusieurs initiatives pour mobiliser les partenaires autour de cette préoccupation.

Le Niger fait partie des pays qui tirent d’énormes ressources de l’exploitation des eaux du bassin du Lac Tchad. Malheureusement, ce cours d’eau est gravement menacé du fait des actions anthropiques et des effets du changement climatique. Comment comptez vous assurer la préservation de cet écosystème ?

Effectivement, le lac Tchad, ce plan d’eau que nous avons en partage avec les pays de la CBLT est très menacé, en témoigne la réduction de sa superficie qui est passée de 25 000 km2 en 1970 à 14 800 km2 en 2013 selon des sources crédibles. Concernant ce plan d’eau, en plus de l’ensablement, il nous est revenu que son envahissement par Prosopis juliflora et Prosopis chilensis est une autre préoccupation des communautés locales.

Cette situation préoccupe tous les pays partageant ce patrimoine commun. Au Niger, dans le cadre de la préservation de cet écosystème d’importance, plusieurs programmes et projets sont mis en œuvre, au nombre desquels :

• le projet de la gestion durable des terres Diffa/Zinder qui mène des vastes actions de lutte contre l’ensablement (PGDT/Da/Zr);

• le programme de renforcement de la résilience dans la région du Lac Tchad ;

• le programme de renforcement des écosystèmes dans le bassin du lac Tchad ; etc.

Madame la Ministre, étant désormais établi qu’investir dans l’environnement, (donc la préservation les cours et les plans d’eau), c’est investir dans le développement des communautés locales, quel appel lanceriez-vous ici, à l’endroit des autorités, des partenaires au développement et aux communautés elles-mêmes ?

Les problèmes environnementaux sont énormes, divers et variés et se posent à l’échelle planétaire. Les effets de changement climatique, y compris la sécheresse et la désertification avec leur cortège d’érosions hydrique et éolienne et la dégradation des terres, illustrent à plus d’un titre l’énormité et l’ampleur des problèmes.

Nous ne pouvons pas, j’allais dire nous ne devons pas, regarder impuissant ces cours d’eau disparaitre au fur et à mesure. Les générations à venir nous en voudrions, si cela devait être le cas. Il nous faut agir vite et bien pour préserver ces écosystèmes aquatiques, sources de vie.

Aussi, il va sans dire qu’il s’impose une meilleure prise de conscience et une prise d’action à tous les niveaux ; car de la survie de nos écosystèmes dépend celle de l’être humain tout court. Tel est l’appel que je lance à l’endroit de tous les acteurs de développement.

Réalisée par Assane Soumana(onep)

 

Depuis 2013, une journée internationale a été décrétée pour l’hygiène menstruelle. Bien que cette journée est méconnue du grand public, des organisations féminines créent des initiatives et des évènements sont organisés pour interpeller les pouvoirs publics afin d’améliorer les infrastructures sanitaires surtout en milieu scolaire. Céline Robert, responsable de la Division Eau et Assainissement à l'AFD (Agence française de développement) a confié que chaque jour environ 300 millions de femmes voient leurs règles et 80% de ces femmes utilisent des morceaux de tissus et ou bricolent elles-mêmes leurs serviettes. Au Niger, pour lutter contre la précarité menstruelle, des Ongs ont décidé de créer des serviettes hygiéniques, bios lavables et réutilisables sous la marque Kijima Kinaja. Des serviettes hygiéniques réutilisables pour une question d’économie pour les filles et femmes. Dans cet entretien, Mme Geraldo Raynatou, cheffe d’équipe Kijima Kinaja et Lauréate CoLAB Santé Mère-Enfant, revient sur les tenants et aboutissants de cette initiative.

En quoi consiste votre projet et pourquoi avoir décidé de concevoir des serviettes hygiéniques réutilisables sous la marque Kijima Kinaja ?

Kijima Kinaja en haussa, correspond littéralement en français à ‘’Dure avant de les jeter’’ est une solution éco-responsable de gestion de la précarité menstruelle. Kijima Kinaja est le projet de cinq structures qui œuvrent pour le bien être des femmes et enfants. Nous offrons une solution de kit composé de serviettes hygiéniques, un insert, un savon à PH neutre et un gel hydro alcoolique et bientôt de nouveaux produits seront incorporés à ce kit pour une meilleure gestion de l’hygiène menstruelle. Nous proposons également d’autres gammes de produits comme la gamme Ilem ; le kit de la jeune fille en milieu scolaire ; la gamme Ivy : Culotte menstruelle ; la gamme Inés : Kit de maternité ; la gamme ikup, etc. Nos services tournent autour de la sensibilisation ; de l’organisation des caravanes de l’hygiène menstruelle et la construction de toilettes spécialement aménagées pour les filles en milieu scolaire. Nos séances de sensibilisation s’articulent autour des tabous liés à l’hygiène menstruelle. Nous accompagnons les jeunes filles dans un système de mentorat. Ce système leur permettra de poser toutes les questions liées à la gestion de l’hygiène menstruelle en toute confidentialité et sans tabous et en retour, de bénéficier des meilleurs conseils. Dans l’optique de lutter contre la précarité menstruelle, nous avons décidé de créer des serviettes hygiéniques, lavables, bio et réutilisables sous la marque Kijima Kinaja. Des serviettes hygiéniques réutilisables pour une question d’économie pour les filles et femmes, nos serviettes sont réutilisables sur deux ans. Il s’agit aussi d’une meilleure gestion de l’hygiène, du respect de l’environnement et bien entendu pour créer de l’emploi spécifiquement dans la gente féminine.

Quels sont les retours des utilisatrices actuelles ? Quelles sont les difficultés rencontrées dans le cadre de cette initiative ?

Nos utilisatrices nous encouragent énormément. Elles sont d’ailleurs notre leitmotiv. En général elles ne connaissaient pas nos produits. Elles les découvrent et nous font d’excellents retours. Bien entendu, nous recevons également d’elles des points d’amélioration. Nous sommes toujours dans un processus d’amélioration continue de nos produits. Les difficultés rencontrées sont d’ordre financier d’une part et d’autre part un certain blocage au niveau de la cible. Nous continuons à chercher des partenaires pour nous accompagner dans le cadre de la mise en place d’un centre Kijima Kinaja dédié spécialement à la gestion de l’hygiène menstruelle mais également pour la caravane de l’hygiène menstruelle. Mais, on ne se laisse guère décourager par les difficultés. Nous continuons également de sensibiliser notre cible pour une adoption véritable de notre produit et de nos services. 

Selon vous, pourquoi l'hygiène menstruelle reste un sujet tabou dans notre société ?

La menstruation est une question généralement négligée dans bien de pays. Et un nombre considérable de filles ont des lacunes ou des idées fausses concernant celle-ci. Ce qui entraîne de la peur, de l’anxiété et les laissent désarmées lorsqu’elles ont à avoir leurs premières règles. Selon l'UNICEF, en Afrique, plus de 60% des filles ne disposent pas d'informations sur le sujet avant d'être confrontées à leurs premières règles. En Afrique de l’Ouest, et plus particulièrement au Niger, les règles sont l’objet de perceptions socio-culturelles négatives, associées à l’impureté ou à la saleté. De nombreux interdits sociaux ou religieux limitent l’accès des femmes à certaines activités ou lieux (isolement, restrictions alimentaires ou d’activités, ou participation à la prière, par exemple). Quand elles n’entraînent pas de restrictions, les règles sont passées sous silence, entravant ainsi l’accès des femmes à l’information fiable pour gérer ce phénomène naturel. La question de l’hygiène menstruelle est encore un tabou par manque d’informations, mais également à cause de préjugés socio-culturels. C’est à ce niveau qu’il faut aussi beaucoup agir.

Quels conseils avez-vous à prodiguer aux jeunes filles en âge d'avoir leurs premières menstrues ?

Quand tu vois le sang chaque mois, il ne faut pas avoir peur ! Ce n'est pas une maladie, c’est une fonction du corps et c’est naturel, cela veut dire que vous grandissez ! C’est important de comprendre ce que sont les règles avant qu’elles n’arrivent pour la première fois. Cela t’aidera à ne pas avoir peur et te permettra de mieux gérer tes règles quand elles viendront. C’est bien d’en parler autour de toi, à ta mère, à ta tante, à ta grande-sœur, à ta grand-mère, ou une autre adulte en qui tu as confiance. Ces personnes sont les mieux placées pour te guider et t’apprendre comment te protéger. Il est important d’avoir une bonne hygiène : bien se laver chaque jour avec du savon : utiliser un savon doux pour ton visage et tes parties intimes. Ces parties du corps sont sensibles. C’est pourquoi, il ne faut pas utiliser de savon avec des parfums ou des produits chimiques forts ; il faut laver les vêtements régulièrement, manger équilibré et boire beaucoup d’eau pendant la journée pour être en bonne santé. L’éducation à la gestion de l’hygiène menstruelle est le meilleur conseil que nous puissions donner aux parents.

La ménarche qui est la première période des premières menstruations, c’est-à-dire la première fois  ou dans le cycle ovulatoire une fille a ses règle est un moment essentiel dans la vie d’une jeune fille qui passe de l’enfance à l’adolescence. Des études démontrent que, dans de nombreux pays, les filles vivent la ménarche avec trop peu d’informations et d’aide. Il est fondamental que les filles et les garçons aussi, soient informés sur la puberté et la menstruation dès leur plus jeune âge. Les filles et les garçons doivent savoir que la puberté et la ménarche sont des étapes normales de la vie. Comme leur corps et leur esprit évoluent, ils ont le besoin et le droit de comprendre les changements qu’ils vont vivre et comment les gérer efficacement. Idéalement, les informations devraient être fournies par les parents avant de s’étendre à d’autres adultes, tels que la maitresse d’Education familiale, l’infirmière, etc. Les parents ne doivent pas hésiter à participer à l’éducation à la gestion de l’hygiène menstruelle de leurs filles. Ils doivent leur parler du développement normal de leurs corps, les informer autrement que les réseaux sociaux. Ils doivent être plus proches de leurs enfants et discuter avec eux !

L’OMS prône le droit des filles à grandir dans un contexte où la menstruation est considérée comme normale et saine, où toutes sont bien informées, ont accès à des produits hygiéniques et reçoivent l’aide dont elles ont besoin. C’est ce qui se passe aujourd’hui grâce aux efforts de certaines personnes et organisations. Afin que cela s’étende à plus grande échelle, il faut des programmes à long terme, un encadrement rigoureux, une bonne gestion et des investissements. Les chefs de gouvernements et les parlementaires ont un rôle crucial à jouer.

Quelles sont les perspectives de Kijima Kinaja ?

Notre projet a été soutenu par le Colab Santé Mère-Enfant qui nous a formés et nous a accompagnés pour lancer la version 2.0 de nos produits. Aujourd’hui nous avons élaboré notre plan d’actions et nous voulons être une référence en matière de fourniture de serviettes hygiéniques bio, réutilisables et lavables mais également en matière de sensibilisation. C’est pourquoi nous voulons créer le centre Kijima Kinaja pour produire nos serviettes labélisées, nos kits brevetés mais encore continuer à former et sensibiliser les filles scolarisées ou non sur les tabous liés à l’hygiène menstruelle et l’éducation sexuelle ; à favoriser l’accessibilité de nos serviettes hygiéniques à toutes ; à promouvoir la vente et l’achat de produits d’hygiène féminine de manière éco responsable ; à éviter le décrochage scolaire à cause des menstrues.

Réalisée par Aissa Abdoulaye Alfary(onep)

17 novembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Salamatou Gourouza Magagi MccTout d’abord, Mme la Coordinatrice, pouvez-vous nous faire une présentation du Programme du Millénium Challenge, ses objectifs et ses populations cibles ?
Le Programme Compact est un accord de don du Gouvernement des Etats Unis d’Amérique en faveur des pays en développement qui ont fait des efforts remarquables en matière de gouvernance politique, de lutte contre la corruption et en matière d’investissement humain.

L’objectif principal du programme est d’accroître les revenus ruraux grâce à l’amélioration de la productivité agricole et animale et l’augmentation des ventes des produits agricoles et pastoraux. Ceci va être favorisé par l’accès considérable au marché à travers la réhabilitation de routes.

Le Programme Compact Niger a comme groupe cible les agriculteurs, les éleveurs, les coopératives, les groupements des producteurs ruraux et de femmes organisés sur les sites de production, soit environ 3.500.000 personnes dans les régions de Dosso, Maradi, Tahoua et Tillabéry.

Madame la Coordinatrice, le premier Conseil d’Administration du Millennium Challenge Account-Niger (MCA-Niger), a eu lieu du 27 au 28 avril 2017 à Niamey. Quelles sont les grandes orientations issues de ce Conseil d’Administration ?
Permettez-moi d’abord de rappeler à vos lecteurs que la tenue de cette 1ère session du Conseil d’Administration du MCA-Niger répond à une obligation institutionnelle de son mode de fonctionnement prévu dans le Règlement Intérieur.

Albade Abouba 04Monsieur le ministre d’Etat, votre département ministériel sera au centre des assises de la 3ème édition du Salon d’Agriculture, de l’Hydraulique, de l’Environnement et de l’Elevage (SAHEL-Niger), dont les lampions s’illumineront, du 28 février au 04 mars 2017, au Palais du 29 Juillet de Niamey. Quels sont les objectifs principaux visés à travers l’organisation de ce Salon ?

Vous le savez déjà, le Niger est par essence un pays agricole. L’économie est à 80% rurale avec une population en grande partie constituée d’agriculteurs et d’éleveurs. Le SAHEL-Niger a été institué avec comme objectif de mettre en relief toutes les composantes de dynamisation du secteur rural.

« Tant que le transfert des compétences et des ressources financières et humaines n’est pas opérationnel, la décentralisation sera en difficulté dans sa mise en œuvre » Monsieur Mohamed Anacko, président du Conseil Régional d’Agadez .

Monsieur le président, la région d’Agadez s’est dotée d’un nouveau Plan de Développement Régional (PDR) pour la période 2022-2026 sur la base duquel, le Conseil Régional a organisé une table ronde pour la mobilisation des partenaires en vue du financement dudit plan. Quels sont les axes stratégiques contenu dans cet important document de politique régionale ?

Permettez-moi tout d’abord de féliciter et encourager votre organe de presse pour cette initiative qui consiste à donner de la visibilité aux actions pertinentes entreprises au niveau des régions de notre pays.

Il me plait aussi de rappeler que la région d’Agadez est à sa deuxième génération de Plan de développement régional, le précèdent PDR ayant couvert la période 2016-2020. Ceci témoigne de la volonté de notre pays de renouer avec l’exercice de planification à tous les niveaux. Le présent PDR est arrimé aux politiques et stratégies publiques nationales telles que formulées dans le PDES 2022-2026. Il tient compte des leçons apprises au cours de la mise en œuvre et de l’évaluation finale du PDR 2016-2020. A l’issue du bilan diagnostic régional, pour les cinq (5) prochaines années, la région d’Agadez articulera ses actions à travers les axes stratégiques du PDES-PDR 2022-2026 ci-après : Axe stratégique 1 : Développement du capital humain, inclusion et solidarité ; Axe stratégique 2 : Consolidation de la gouvernance, paix et sécurité ; Axe stratégique 3 : Transformation structurelle de l’économie.

Il y’a lieu de rappeler à vos lecteurs aussi que la vision de la région se fonde sur l’espoir de faire, à l’horizon 2035, de la « Région d’Agadez, un carrefour attractif, paisible, prospère, solidaire, bien gouverné dans un espace sain et sécurisé, à forte croissance économique et sociale, inclusive et durable ».

Quelles sont succinctement, les principales conclusions de cette table ronde ?

Il y’a lieu d’abord de se féliciter de la bonne tenue de cette table ronde qui a connu une mobilisation exceptionnelle à travers la participation de plusieurs membres du gouvernement, des députés nationaux, de l’ensemble des maires de notre région, les ambassadeurs de l’Union Européenne et celui de France, des chefs des agences de coopération des pays européens et du Système des Nations Unies, du secteur privé, la société civile etc. Je profite de votre journal pour remercier tous ceux qui ont fait le déplacement pour nous soutenir dans cet exercice, mais également tous les partenaires qui nous ont accompagnés dans l’organisation financière et matérielle de cet évènement.

Les principales conclusions qu’il faut retenir c’est la volonté de l’Etat et des partenaires d’accompagner la région dans sa marche vers le développement et la prise en charge des défis qui se posent à elles. Nous avions recueilli plusieurs annonces dont celles de la Délégation de l’Union Européenne, de la coopération Française, de la Coopération allemande, de la Banque Mondiale, du Système des Nations Unies et de certaines ONG à accompagner la région dans le financement de cet important outil stratégique de développement. Nous sommes présentement en train de faire le suivi de ces annonces pour les concrétiser en actes sur le terrain à l’horizon temporel 2026.

Quels sont les défis auxquels la région est confrontée et vos priorités dans la mise en œuvre de ce PDR ?

Le défi majeur de développement du pays en général et de la région d’Agadez en particulier reste et demeure l’instauration de la bonne gouvernance de tous les secteurs dans une dynamique de conjugaison d’efforts, de complémentarité et de synergie entre la déconcentration et la décentralisation en vue d’assurer la délivrance des services sociaux de base de qualité aux populations, de maintenir la paix et la stabilité gages d’un développement régional, local et communautaire harmonieux dans l’équité.

Le développement de la région d’Agadez est largement soumis à trois (3) contraintes majeures qui sont la mauvaise gouvernance qui englobe les préoccupations sécuritaires et migratoires ; l’austérité environnementale couplée au phénomène du changement et de la variabilité climatiques accentuant les crises et catastrophes et limitant les productions agro-sylvo-pastorales et enfin l’insuffisance de la promotion du capital humain. Aussi, vous comprendrez que la région d’Agadez, en plus des défis communs, qu’elle partage avec les autres régions, cette région dis-je, gère également la délicate question des flux migratoires mixtes.

Nos priorités dans la mise en œuvre du PDR 2022-2026 demeurent la mise en valeur de nos énormes potentialités agricoles et pastorales à travers des actions structurantes à même de booster l’économie régionale et nationale dans un objectif d’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. La seconde priorité reste et demeure la valorisation du capital humain sans lequel aucun développement n’est possible à travers un accès aux services sociaux de base notamment l’eau, la santé, des meilleures conditions de vie, ainsi que l’épineuse question de l’éducation particulièrement celle en milieu nomade quand on se réfère aux spécificités de notre région. La création des opportunités d’emploi aux jeunes et aux femmes à travers la promotion du secteur privé constitue également l’une de nos priorités majeures quand on connait l’extrême jeunesse de la population de la région, cette frange ayant une nette prédominance sur les autres composantes de la société. Par exemple, en 2018, la frange dont l’âge est inférieur à 15 ans est de 46,5% des effectifs démographiques, alors qu’à l’inverse, celle dont l’âge est de 65 ans et plus n’excède pas plus de 2,3%.

Enfin, vous conviendrez avec nous que tous ces défis ne sauraient être relevés que dans un environnement de stabilité, de paix et sécurité, ainsi qu’une gestion concertée des flux migratoires mixtes.

La région d’Agadez est un excellent pôle touristique au Niger avec d’importants sites dont le désert du Ténéré, qui attend encore le retour du rallye Paris-Dakar. Quelle est l’ambition du Conseil Régional dans la relance de ce secteur pourvoyeur d’emploi ?

Comme vous l’avez si bien dit, la région d’Agadez a été une destination touristique privilégiée pour les opérateurs du domaine du tourisme. En effet, le patrimoine touristique dont dispose la région, conjugué aux activités culturelles, artistiques et artisanales, font de la région d’Agadez une zone d’attraction touristique par excellence qui contribue de façon incontestable à l’économie régionale. Malheureusement, cet important pan de notre économie a connu un point d’arrêt suite à l’instabilité qui s’est installée dans notre espace sahélo-saharien.

Néanmoins, le conseil régional en relation avec les professionnels du secteur poursuit son plaidoyer pour un retour progressif des touristes dans notre région. Cela a abouti récemment au déclassement de la ville d’Agadez de « zone rouge » par nos partenaires français, ce qui est encourageant et à saluer. Nous encourageons également la création de circuits sécurisées dans certaines zones notamment dans les oasis de l’Aïr et les dunes de sable à la bordure du Ténéré. Cela peut s’envisager à travers la création par exemple d’une ‘’Police touristique’’ pour sécuriser ces axes. Le conseil régional d’Agadez a également développé en 2018 une stratégie dite de l’éco-tourisme comme facteur de développement durable et de résilience au changement climatique dans la région d’Agadez, tout en faisant la promotion d’un tourisme interne pour que les Nigériens visitent leur propre pays. En conclusion, sans envisager un retour proche du Paris-Dakar dans la région, le Conseil régional mène un plaidoyer fort auprès de l’Etat et des partenaires pour un retour progressif du tourisme dans un environnement sécurisé et apte à offrir aux visiteurs les merveilles de notre patrimoine touristique.

Les collectivités territoriales sont des outils importants et les portes d’entrée de tout investissement en matière de développement local. Après plusieurs décennies d’expérience de la décentralisation au Niger qu’est-ce qui, selon vous, reste à faire ou qu’est-ce qui n’a pas marché pour atteindre l’effectivité de la décentralisation au Niger ?

Il me plait d’abord de rappeler que la Constitution de la République du Niger en son article 164 définit les principes sur lesquels repose notre administration territoriale, notamment celui de la décentralisation et la déconcentration. L’Ordonnance N° 2010-54 du 17 septembre 2010 portant Code Général des Collectivités Territoriales de la République du Niger définit également en son art 5 les missions des collectivités territoriales qui sont la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional.

Comme vous l’avez souligné dans votre question, les collectivités territoriales sont donc les porteurs des questions de développement à l’échelle régionale et communale, sous l’accompagnement et l’encadrement des représentants de l’Etat. Grâce à la volonté politique de tous les régimes qui se sont succédé dans notre pays, beaucoup d’efforts et d’avancées sont à noter depuis l’installation des premiers conseils communaux en 2004 et régionaux en 2011 pour rendre effective la décentralisation. On peut noter la tenue régulière (autant que le permet le contexte de notre pays) des élections locales pour le renouvellement des organes délibérants et exécutifs des collectivités. L’adoption par le gouvernement et les différents ministères sectoriels en 2016 et 2017 des décrets et cahiers des charges portant transfert des compétences et ressources de l’Etat aux Collectivités Territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement constitue aussi une avancée réelle dans la mise en œuvre de cette réforme.

Néanmoins, des difficultés persistent encore pour l’effectivité de ce processus de décentralisation, notamment à travers la lenteur dans la mise en œuvre de certaines réformes comme celle liée à l’opérationnalisation sur le terrain du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales dans les secteurs ayant fait l’objet de transfert. La décentralisation financière constitue également un autre goulot d’étranglement à l’effectivité de la décentralisation en ce sens que les CT demeurent encore dépendantes des appuis de l’Etat, particulièrement les conseils régionaux, appuis qui restent aléatoires au vu des énormes défis auxquels fait face l’Etat, mais également de l’étroitesse voire la vétusté de l’assiette fiscale des CT.

Le respect du principe de la maitrise d’ouvrage par tous les acteurs constitue également l’un des points de blocage de l’ancrage de la décentralisation. Cela se manifeste par le non-respect par certains acteurs des priorités inscrites dans les outils de planification des CT, un montage institutionnel des programmes/projets qui ne respecte pas le rôle des CT dans le portage des actions de développement etc. Il est à noter aussi la faible performance de certaines structures en charge de l’accompagnement des CT notamment l’ANFICT, le CFGCT, la DGCT etc…

En somme, je dirais que tant que la maitrise d’ouvrage des CT sur les actions de développement n’est pas respectée, tant que le transfert des compétences n’est pas opérationnel, tant que les ressources humaines et financières ne sont pas mises à la disposition des CT, tant que la fonction publique territoriale n’est pas mise en route et enfin tant que les services techniques ne se mettent pas à la disposition des CT conformément à la loi, la décentralisation sera en difficulté dans sa mise en œuvre. Enfin, je tiens à préciser que la décentralisation est un long processus qui nécessite du temps, d’engagement politique fort et la volonté de tous les acteurs pour espérer son effectivité sur le terrain.

Propos recueillis par Ali Maman, ONEP/Agadez

Source : https://www.lesahel.org

 

Kelli Mamadou Niger 01Mme Kelli Mamadou, ingénieure de l’Ecole centrale de Marseille et titulaire d’un doctorat, et fondatrice de E-SIMSKelli Mamadou, ingénieure de l’Ecole centrale de Marseille et titulaire d’un doctorat, est la fondatrice de E-SIMS, une start-up basée en Martinique qui permet de délivrer de l’énergie renouvelable en continu. Kelli Mamadou, fondatrice de la start-up E-SIMS. E-sims.fr

C’est lors de son enfance au Niger que Kelli Mamadou réalise « à quel point le manque d’accès à l’électricité peut empêcher le développement économique et social ». Au cours de ses études d’ingénieure en classes préparatoires en Martinique puis à l’Ecole centrale de Marseille, Kelli Mamadou se passionne donc pour l’énergie solaire et le stockage d’électricité. « Dès que j’ai commencé à avoir le bagage technique, l’intérêt d’explorer le champ des énergies locales durables est vite arrivé », explique la trentenaire, titulaire d’une thèse de doctorat de l’université de Grenoble, rattachée à l’Institut national de l’énergie solaire.

En 2015, Kelli Mamadou fonde E-SIMS, start-up­ « incubée » par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives. Basée en Martinique, ­E-SIMS propose un logiciel qui permet de délivrer de l’énergie renouvelable en continu, en pilotant à chaque seconde des systèmes de stockage d’électricité. Si la jeune société travaille pour des producteurs d’électricité et des gestionnaires de réseaux, Kelli Mamadou souhaite élargir son activité auprès des bailleurs sociaux et des collectivités.

Excellence, les pèlerins viennent de finir le Hadj 2023 ici même à la Mecque. Quelle est votre appréciation de l’organisation de 5ème pilier de l’Islam ?

Merci beaucoup ! Je suis très heureux d’être avec la presse nigérienne, et je voudrais vous remercier de l’occasion que vous me donnez de parler de ces questions-là. Je voudrais souligner que l’organisation du pèlerinage de façon générale est une activité gérée de bout en bout par le Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra. Il faut noter pour s’en féliciter que cette année jusque-là les choses se sont déroulées généralement de façon positive. L’arrivée des pèlerins, en termes de transport, s’est déroulée dans des conditions acceptables, loin du stress des années passées, ainsi que les séjours à Médine, à la Mecque et sur les autres sites sacrés.

Sur le site de Mina, il y a eu quelques difficultés d’hébergement. Quelle est votre lecture de cette situation ?

Les difficultés qui ont été notées à Mina, sont des difficultés réelles. Il ne faut pas se faire d’illusion. Mais elles ne sont pas propres au Niger. Beaucoup de pays, et beaucoup de pèlerins en ont souffert. C’est exclusivement la faute des prestataires locaux. Les autorités saoudiennes en charge du Hadj et leurs prestataires locaux n’ont pas prévu des espaces suffisants pour accueillir les contingents des différents pays, principalement des pays africains. J’ai personnellement échangé avec beaucoup d’ambassadeurs, et nous avons tous noté la même difficulté. Et quand il y a des difficultés au niveau de l’hébergement, ils s’en suivent également au niveau de la restauration, et au niveau de toutes les autres prestations de service. Il faut remercier Allah SWT, que pour l’essentiel, les pèlerins qui ne sont pas là  pour des voyages de tourisme, ou d’aisance, mais pour accomplir un rite religieux, ont géré ça avec beaucoup de grandeur et de bonté. Au finish, on peut noter que l’édition de cette année jusqu’à présent se déroule dans des conditions acceptables.

La phase de retour des pèlerins au bercail va bientôt commencer. Quel est votre souhait pour cette dernière phase ?

Ce qu’on peut dire pour l’instant, c’est qu’à la date d’aujourd’hui, les pèlerins sont encore là, hormis  ceux qui ont commencé à partir par  des vols réguliers. Pour les vols charter, le COHO est déjà en relation avec les transporteurs et les chefs d’agences. Ils discutent régulièrement de ces questions. Certaines compagnies ont annoncé des calendriers ; celles qui ne l’ont pas fait, le feront dans les jours à venir, et notre vœu est que tout ce processus se déroule dans de meilleures conditions.

Le Hadj est un rite religieux. Mais des gens à travers les réseaux sociaux font des commentaires souvent fantaisistes sur son déroulement. Quelle est votre lecture de cette attitude ?

Avant de parler de cela, je souhaite faire une observation particulière. Quand vous regardez le contingent de notre pays, vous constaterez qu’il y a beaucoup de personnes âgées, des personnes relativement faibles. Il est souhaitable que nos compatriotes prennent conscience que les personnes âgées, comme le recommande notre religion, ont besoin d’assistance pendant le pèlerinage. Donc ceux qui payent pour leurs parents, ou leurs grands-parents, doivent les accompagner de bras valides en mesure de les aider à accomplir ce rite ; sinon ce serait une peine perdue, et à la limite on pourrait obtenir le contraire du résultat qui est escompté au départ. C’est la première observation. La deuxième chose, c’est un appel que je lance à l’endroit de nos compatriotes : il ne faut pas chercher en tout que du négatif. Le Hajj est un rite religieux, et il a ses difficultés ; et la rétribution auprès d’Allah elle-même, est liée à la nature des difficultés, si ce sont des difficultés que personne n’a programmées. Pour le cas d’espèce, cette année, dans l’organisation du Hadj, aussi bien le COHO que les agences, chacun a rempli ses obligations. La difficulté a une autre source, une autre explication. Et nous l’avons signalé suffisamment à temps aux autorités saoudiennes. Mais avec l’affluence qui est celle du Hadj, dans un périmètre bien délimité, il était impossible de trouver une solution séance tenante. Il faut que les uns et les autres, surtout ceux qui exploitent les réseaux sociaux, et qui sont toujours à la recherche de scoop négatif pour ternir l’image du pays, qu’ils se remettent à Dieu, et qu’ils se disent que ce n’est pas le bon marché.

Excellence, le royaume d’Arabie Saoudite abrite une forte communauté nigérienne. Comment se passe la cohabitation avec le peuple saoudien ?

De façon générale, nos compatriotes qui résident ici vivent en parfaite harmonie avec les populations locales. Ce qu’il faut noter, c’est que nous avons pour l’essentiel des ressortissants nigériens qui sont venus depuis très longtemps ; certains se sont établis, d’autres ont même acquis la nationalité, mais la majorité est dans l’irrégularité. Donc il arrive que de temps en temps, on prenne certains pour les rapatrier. Mais de façon générale les Nigériens présentent une très bonne image en terre d’Arabie Saoudite.

Excellence quels sont les domaines dans lesquels les ressortissants nigériens font recours à la chancellerie ?

Nos compatriotes qui résident ici font recours au service de l’Ambassade et du Consulat Général, essentiellement pour des affaires consulaires : l’établissement des documents consulaires. Ceux qui peuvent être établis ici leur sont établis, et nous prenons toutes les dispositions pour que ceux qui  doivent être établis au pays, le soient dans les meilleurs délais possibles.

Quelle est la température des relations entre le Niger et l’Arabie Saoudite ?

Les relations entre la République du Niger et le Royaume d’Arabie Saoudite sont des relations séculaires empreintes d’amitié, de fraternité et basées pour l’essentiel sur le ciment de la religion, l’Islam. Les dirigeants de notre pays ont de tout temps travaillé à les consolider, à les raffermir davantage, et l’Arabie Saoudite se compte aujourd’hui parmi nos partenaires privilégiés qui aident notre pays dans plusieurs domaines.

Propos recueillis par Oumarou Moussa (ONEP), Envoyé Spécial

Source : https://www.lesahel.org

 

Ouseini Tinni Assane SoumanaExcellence Monsieur le Président, le 02 avril prochain marquera l’anniversaire de l’investiture du Président de la République pour son second mandat à la tête du Niger. Quelles ont été les principales priorités de l’Assemblée nationale durant la première année de cette législature placée sous votre conduite ?

L’Assemblée Nationale a d’abord eu à cœur de s’installer dans la plénitude de tous ses organes et instances. Les députés ont pu bénéficier de toutes les informations dont ils ont besoin pour conduire sereinement leur mission de législateurs. Ensuite, évaluant la situation de l’institution dans tous ses aspects, le Bureau a lancé un ambitieux programme de modernisation, avec pour objectif l’amélioration de la qualité du travail parlementaire. S’agissant de ce programme, notre vision est de permettre à notre institution de rejoindre les standards internationaux en matière de gestion du travail législatif, avec pour ambition le renforcement de sa crédibilité et l’amélioration de sa proximité avec le citoyen de base. 

Ali Bida DGLe 11 octobre 2013, le Conseil des ministres a examiné et adopté la création d’un établissement public à caractère scientifique, culturel et technique dénommé « Musée National Boubou HAMA ». Vu le rôle important que joue ce Centre culturel pour le Niger et la sous-région, nous avons rencontré pour vous, le Directeur du Musée National Boubou HAMA, l’historien et archéologue Ali Bida, qui a bien voulu nous parler de l’historique dudit établissement, de son importance pour la culture nigérienne, ainsi que de la protection du patrimoine culturel national.

Bonjour Monsieur le D.G. Pouvez-vous nous présenter brièvement le Musée National Boubou Hama ?

Ali Bida: Le musée national du Niger est un héritage de l’IFAN (Institut Français d’Afrique Noire) créé en 1944 et dont une antenne y est installée à Niamey en 1957. En 1958, Boubou Hama qui dirigeait l’antenne de Niamey décida de la création en lieu et place de cette institution un musée. Dans la réalisation de son projet, Boubou Hama s’est fait aidé par Pablo Toucet, un français d’origine espagnole qui a une grande expérience dans ce domaine acquise au Musée de Bardo en Tunisie. Resté sans personnalité juridique jusqu’en 1990, le Musée National Boubou HAMA a été érigé, par la Loi n ° 90-25 du 25 décembre 1990, en établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Aux termes de la Loi n°2008- 11 du 30 avril 2008, le Musée National prit la dénomination de « Musée National Boubou HAMA », en hommage à cet illustre homme de culture. Mais, avec l’adoption de l’Ordonnance n° 99-34 du 27 août 1999, portant régime des établissements publics à caractère scientifique, culturel et technique et l’évolution dans le domaine muséographique et muséologique, un changement de statut juridique s’est avéré nécessaire. Le présent projet de loi, du 11 octobre 2013, pris en Conseil des ministres et portant création d’un Etablissement Public à caractère Scientifique, Culturel et Technique dénommé « Musée National Boubou HAMA »s’inscrit dans cette optique. La traduction de la volonté politique du Gouvernement de la 7ème République par l’adoption de cette importante décision permet au Musée National Boubou HAMA une plus large ouverture et de jouer pleinement son rôle de conservatoire par excellence du patrimoine culturel national. La première salle d’exposition du musée fut inaugurée le 18 décembre 1959 par Diori Hamani, alors président du Conseil Gouvernemental et le premier directeur nommé fut Pablo Toucet. Le musée couvre actuellement 9,3 ha sur lesquels sont implantés huit salles d’exposition et un parc zoologique composé d’une trentaine d’espèces animales dont plus de cent vingt individus. A sa création, la superficie réservée à cette institution était de 44 ha.

Les chefs traditionnels sont, dit-on, les gardiens de nos valeurs, de nos us et coutumes. L’honorable Mahamadou Bachir Harouna Hambali, âgé de 42 ans, été élu le 25 juin 2015, chef de canton et Sarki Musulmi de Dioundiou. C’est conscient de ce statut que le chef de canton et Sarkin Musulmi de Dioundou a décidé d’innover en distinguant trois (3) artistes reconnus. C’est ainsi qu’il a nommé Yazi Dogo comme Sarkin Al A’dou ou chef de la Tradition ; M. Amadou Seydou Nourou alias Nourou Ouallam comme ‘’chef de la Parenté à plaisanterie’’ et Djinguiri Lompo, comme ‘’Ambassadeur de la Paix’’.

Honorable Chef de Canton et Sarkin Musulmi de Dioundiou, peut-on savoir ce qui vous a amené à honorer les trois artistes et hommes de culture à savoir Yazi Dogo, Nourou Ouallam et Djinguiri Lompo ?

Ce qu’il faut retenir et savoir, c’est de connaitre l’importance du Chef traditionnel qui se veut être le garant et gardien des coutumes et traditions. Et en tant que gardien des coutumes et traditions, nous pouvons savoir les personnes qui ont rempli leur mission valablement pour la Nation Nigérienne et qui ont travaillé en faveur du développement de leur pays tout en ayant de l’amour pour leur patrie. C’est ce qui nous poussé à nous intéresser de près à ce qu’ont fait ces artistes comme apport au développement et aussi au rayonnement de la culture nigérienne. Il faut noter que Yazi Dogo a rendu un service inestimable à son pays et ce, pendant 40 ans; il est en train de sensibiliser les Nigériens sur plusieurs domaines. Et il a fait un combat de titans pour son cher pays qu’il aime tant. C’est dire que cet artiste a fait de son mieux pour rendre service à la nation nigérienne. Il a montré aux yeux du monde et des Nigériens ce qu’est le Niger. Le Niger est un pays dans lequel nous vivons dans la quiétude et la fraternité. Nous devons nous aimer, aimer ce que nous faisons, aimer notre pays et honorer nos dirigeants. Et donc, en tant que chef traditionnel, nous nous sommes concertés avec d’autres chefs traditionnels pour accepter de le décorer et de le nommer notable à la cour, lui qui a travaillé pendant 40 ans et ayant apporté tout son savoir-faire et toute son expertise à la culture nigérienne.

L’homme de culture et doyen Yazi Dogo a un vœu cher et qui lui tient tant à cœur, celui de créer une école de théâtre afin de former les jeunes générations et assurer de ce fait la relève dans l’art oratoire dans lequel il excelle beaucoup. Que pensez-vous de son désir de fonder cette importante école et que comptez-vous faire pour l’aider à réaliser son grand rêve?

Je pense que ce sujet concerne directement le gouvernement, les responsables au plus niveau et l’Etat même. Mais nous en tant que chefs traditionnels, nous avons vu ce qu’il a fait sur le plan du théâtre et des sketchs. Tout cela concerne la sensibilisation sur nos traditions. Le Niger a sa propre réalité. Nous avons nos propres accoutrements. Notre façon d’organiser nos cérémonies de funérailles, de baptême et de mariages. Nous avons nos propres valeurs. Donc, lui, il a fait la promotion des valeurs nigériennes et il a montré aux yeux du monde ce que c’est qu’un Nigérien. Le Nigérien est pacifique, il aime travailler, il veut toujours se distinguer des autres. Lui Yazi Dogo a mené ce combat-là. Et en ce qui concerne la création de son école, là c’est au niveau de l’Etat et des plus hautes autorités qu’il doit se tourner. Nous en tant que gardiens de la tradition, nous avons préféré l’honorer en lui décernant ce témoignage de satisfaction qui fait de lui le chef ou Sarki détenteur et gardien de la Tradition.

Le deuxième artiste que vous avez honoré est Nourou, pourquoi ?

Seydou Nourou Amadou ou Nourou Ouallam fait certes de la publicité mais dans sa façon de faire, il met toujours en avant la coexistence pacifique et la parenté à plaisanterie. C’est tout ceci qu’il explique et fait ressortir dans les thèmes qu’il développe dans ses différentes publicités. Un Baaré, un Peul, un Touareg, un Djerma, un Bagobiri, un Arabe, un Toubou, etc; une telle ethnie est cousine à telle autre ethnie et cela est très important parce que c’est une grande richesse qu’il montre aux yeux du monde. Il montre que les populations nigériennes utilisent et mettent en avant ces valeurs pour une vie et une symbiose pacifique et parfaite. Il y a la cohésion et la coexistence pacifique apportée par le cousinage à plaisanteries entre les différentes ethnies. C’est tout cela qui nous a poussé en tant que chef traditionnel et gardien de la coutume en concertation avec les autres chefs traditionnels de montrer aux yeux du monde les efforts et le service rendu pendant 20 ans par Nourou Ouallam. C’est pour cela que nous l’avons nommé ‘’sarkin tabastaka’’ ou le chef de la parenté à plaisanterie 

Enfin, le troisième honoré est Djinguiri Lompo, qu’est ce qui explique son choix ?

Djinguiri Lompo est un artiste qui fait un peu de la comédie et du sketch. Il est surnommé Ambassadeur de la paix ou Sarkin «Zaman Lafiya et kwanciya hankali» parce que dans tout ce qu’il fait, il dit et montre que le Niger est un et indivisible, que le Niger est un pays où la paix règne et il a montré à la face du monde la vraie réalité du Niger ; comment vit le peuple nigérien. Ces trois artistes ont fait la promotion des valeurs sociales nigériennes. Ils ont montré que le Nigérien est heureux et fier d’être Nigérien. Nous voudrions faire en sorte que la cérémonie d’intronisation de nos trois (3) artistes devenus des Ambassadeurs de bonne volonté se déroule Incha Allah après les élections et qu’elle soit grandiose et mémorable.

 Interview réalisée par   Zeinabou Gaoh (onep)

(Script : Chérifa A. Hassane et Zeinabou Kari.) 

10 février 2021
Source : http://www.lesahel.org/ 

 

Monsieur le Commissaire, l’orpaillage artisanal est pratiqué dans plusieurs pays de l’espace CEDEAO. Quel est le statut (légal) de cette activité minière et son impact sur les Etats concernés et les populations ?

Le principe fondamental qui gouverne les industries géo-extractives dans les Etats membres de la CEDEAO est que les ressources minières qui se trouvent dans leur sous-sol appartiennent à l’Etat. Dans ce cadre, toute activité minière se déroulant hors du cadre réglementaire mis en place par un Etat est considérée comme illégale. De nos jours, l’activité minière illégale la plus préoccupante est bien l’orpaillage artisanal clandestin qui touche pratiquement tous les Etats membres possédant des ressources minières dans notre région. L’orpaillage clandestin n’a pas que des impacts négatifs sur l’environnement, ce fléau impacte également le social, l’économie, et l’aspect sécuritaire de nos pays. Sur le plan économique, par exemple, des études ont démontré que la part de l’orpaillage clandestin est quasiment à la même proportion que l’exploitation industrielle pratiquée par les grands groupes constitués légalement reconnus avec des permis formels. Ce qui constitue un manque à gagner pour les Etats en terme fiscal (redevances, impôts et taxes), pour les collectivités locales des zones impactées et par corrélation le non-bénéfice des effets induits de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) comme elles n’existent pas dans le cas de la petite mine.

Les mêmes études ont démontré que 10% de la population du Burkina Faso, du Mali et du Niger dépendent de l’orpaillage artisanal sur plus de 1000 sites informels. Sur le plan social, on note un impact sanitaire du fait de la précarité des conditions de travail des orpailleurs (décès liés aux éboulements, aux chutes ou noyades par inondation des galeries, etc.), la naissance de nombreuses pathologies liées à la pollution, les IST/MST à cause de la prolifération de la prostitution pour des populations qui ne vivent pas avec leurs familles pour la majeure partie. Il faut ajouter la consommation de la drogue (Tramadol) utilisée comme un antalgique pour augmenter l’endurance des mineurs, la recrudescence de la violence et de l’insécurité avec des orpailleurs venant souvent des pays étrangers dont les comportements ne sont pas forcément compatibles avec les autochtones. Il est aussi constaté l’orientation unidirectionnelle des communautés locales vers l’orpaillage en laissant les autres secteurs comme l’agriculture, l’élevage ou autres activités génératrices des revenus même si les conditions permettent d’embrasser ces activités. L’usage à des fins civiles non règlementé des explosifs, le commerce illicite échappant aux structures de contrôle sont aussi des défis à citer.

«La part de l’orpaillage clandestin est quasiment à la même proportion que l’exploitation industrielle (…) mais avec un manque à gagner en terme fiscal pour l’Etat et les collectivités », déclare M. Sediko Douka 

Qu’en est-il de l’impact environnemental de cette activité dans une zone déjà fortement menacée par la désertification ?

Sur le plan environnemental et la préservation de l’écosystème, on assiste à la dégradation des sols, de la flore, de la faune et la pollution des eaux comme conséquences de l’utilisation du mercure et autres substances chimiques nocives. Sur le plan sécuritaire, en plus de la violence et des conflits entre autochtones et allogènes, s’est ajouté dans la zone appelée des trois frontières entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, le terrorisme dont l’orpaillage clandestin constitue une des sources de revenus pour leur financement. Cependant, il faut noter que l’orpaillage peut être qualifié de mal nécessaire car, non seulement les communautés locales s’en accommodent en assimilant cette activité comme une source de revenus et d’emplois mais aussi, les Etats trouvent un palliatif aux problèmes d’emploi. Dès lors, cela crée un dilemme sur la question de laisser faire ou règlementer et/ou encadrer le secteur.

Conscient de cet état de fait, les ministres en charge des Mines de la CEDEAO ont instruit la Commission de la CEDEAO à élaborer une règlementation régionale sur l’exploitation des mines artisanales, à petites échelles, semi-mécanisées et au-delà, toutes les pratiques illicites et illégales dans le domaine minier. L’objectif est de rendre formelle et d’encadrer cette pratique qui existe depuis le 15ème siècle dans nos Etats. Le document est cours de finalisation et sera soumis bientôt aux représentants des Etats pour revue aux niveaux des experts, des ministres sectoriels, du Parlement de la CEDEAO et des Chefs d’Etat et de Gouvernement.

Les mines artisanales, on le sait, ne sont pas très soucieuses des préoccupations environnementales. Quelles sont les démarches menées par la Commission de la CEDEAO à travers votre Département, pour concilier les impératifs économiques de ce secteur et les défis environnementaux ?

Comme mentionné ci-dessus, le Département Energie et Mines de la CEDEAO est en train d’élaborer une réglementation régionale sur les mines artisanales. Dans ce cadre, un atelier a eu lieu à Dakar en avril 2019 ou il a été superposé les législations existantes dans les différents Etats en la matière. D’ores et déjà, avant même la mise en place de ce texte spécifique sur les mines artisanales, d’autres textes sources ont déjà été adoptés et qui ont balisé le cadre légal et règlementaire pour une mise en adéquation de cette réglementation avec ses textes fondamentaux communautaires. Il s’agit entre autres du code minier régional ; de la politique du développement des ressources minérales ;  de la politique de développement des hydrocarbures et de la politique sur le contenu local et la responsabilité sociale des entreprises.

Ainsi, pour répondre à votre question, le texte à élaborer doit tenir compte des éléments suivants : la formalisation de l'exploitation minière artisanale et à petite échelle dans la Communauté par la promulgation des lois et règlements et la création d’institutions fortes pour appliquer ces lois et surveiller les activités minières artisanales et à petite échelle, y compris l'utilisation des produits chimiques dangereux pour l'environnement et l’écosystème, la mise en place d'un système de cadastre efficient, l’application des lois et procédures environnementales pour assurer la protection des terres, de la flore, de la faune et des points d'eau, la récupération simultanée des zones épuisées par les mineurs artisanaux et à petite échelle et la formation d'associations et de groupes (coopératives) dans les activités minières artisanales. Il faut aussi l’ harmonisation des régimes juridiques et fiscaux au sein de la Communauté ; la création des centres de commercialisation des minéraux tout au long de la chaîne de valeur ; la coopération régionale pour assurer la traçabilité afin de réduire le commerce illicite et promouvoir le commerce légal des minéraux ; le renforcement des capacités techniques et financières et assurer la logistique nécessaire pour améliorer l'efficacité ; la création des fonds pour la remise en état et la réhabilitation de l'environnement ; la délimitation des zones géologiquement appropriées pour les activités minières artisanales et à petite échelle ; et le respect des lois interdisant le travail des enfants et leur exposition aux zones minières.

L’optimisation de l’exploitation des ressources minières a toujours été une préoccupation dans l’espace communautaire où les revenus tirés sont souvent largement en dessous des attentes surtout au regard du potentiel disponible. Qu’est-ce qui explique cette situation ?

Il y a plusieurs facteurs qui créent une telle situation. Parmi lesquels, sont ceux attribués au passé colonial des pays avant leur indépendance. Dans la plupart des cas, la méconnaissance ou l’absence d’une cartographie des ressources géo-extractives, la faible implication des acteurs locaux dans les exploitations minières, la faible capacité des compétences et outils de négociations des contrats miniers qui sont souvent assez complexes, la faiblesse du système fiscal minier, l’absence d’un cadre sur le contenu local et surtout le manque d’un développement intégré sur toute la chaine de valeur depuis l’exploration jusqu’à la transformation sur place des ressources minérales, sont entre autres quelques causes déterminantes qui favorisent cette paradoxale.

Ce qui est sûr, tous les pays ont adopté des lois sur le code miner, des décrets et arrêtés sur les applications de ces Codes ainsi que d’autres textes spécifiques en la matière pour une bonne administration de gestion des ressources minières. Aussi, sur le plan institutionnel, des entités ont été créées pour suivre l’état d’exécution des instruments ainsi adoptés.

Si d’une part, il faut se doter de cadre législatif et réglementaire permettant d’engranger des revenus pour l’Etat et les communautés impactées, il faut d’autre part, créer des conditions d’incitation ou d’attraction des investisseurs privés. En un mot, il faut chercher le juste milieu. Parmi les causes de non-profit, celles relatives au système fiscal et au contenu local nous semblent prépondérantes. En effet, le régime fiscal permet de garantir à l’Etat des revenus pouvant servir à concourir au financement du développement. Quant à la politique du contenu local, elle permet d’augmenter la participation des acteurs locaux dans les exploitations minières en assurant la formation des ressources humaines locales et leur emploi à différents niveaux de la chaine ; l’approvisionnement des biens et services à travers les petites et moyennes entreprises et industries (PME et PMI) du pays concerné ; la création d’industries locales de valorisation et transformation et la réalisation des projets sociaux à travers la Responsabilité Sociale des Entreprises(RSE) des compagnies minières. Tout ceci, dans le but d’augmenter l’approvisionnement des biens et services en provenance des opérateurs locaux, l’embauche du personnel local dans les exploitations minières, les retombées des investissements miniers dans les secteurs non miniers, la transformation locale des produits des opérations minières et le renforcement des capacités des acteurs locaux.

On a souvent indexé les contrats mal négociés, la corruption et l’absence d’infrastructures pour la transformation sur place de ces matières premières : quelle est la part de ces facteurs dans la performance relative attendue de ce secteur ?

Il est difficile de quantifier en termes de pourcentage la part de chacun de ces trois facteurs dans la performance du secteur minier. Concernant les contrats mal négociés, ceci dépend en fait de la capacité des acteurs locaux à avoir les compétences requises pour discuter des conditions des contrats en général complexes. Il faut établir un équilibre entre les parties en termes de connaissances des contours de la question, de volonté et de la rigueur à appliquer dans un tel contexte car il s’agit  de débattre de l’avenir de toute une communauté. Au niveau de la Banque Africaine de Développement (BAD), il existe une entité en charge de doter les Etats des experts juristes aguerris pour ces genres de contrats complexes et il appartient aux Etats membres de cette institution d’en faire des requêtes. Aussi, il faut former les citoyens dans les négociations minières particulièrement les aspects juridiques. Pour le volet corruption, effectivement les ressources minières sont l’objet de convoitises comme les marchés publics. Il est d’évidence que des pratiques corruptives peuvent naitre et il appartient à chaque Etat membre de se doter des mécanismes de lutte contre les fraudes, la corruption, la concussion et les actes assimilés.

Aujourd’hui, quasiment tous les Etats membres de la CEDEAO ont souscrit aux engagements internationaux dans le cadre de la bonne gouvernance du secteur des mines : Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE), processus de Kimberley, convention de Minamata pour l’éradication de l’utilisation du mercure, entre autres. Les organisations de la société civile doivent aussi jouer leurs partitions dans le suivi des activités géo-extractives et il leur appartient de le faire dans la plus grande objectivité et sans passion. Concernant le manque d’infrastructures pour la transformation locale, des efforts doivent être faits pour créer des entités en charge de ces transformations. Dans ce cadre, nous dénombrons huit raffineries de pétrole dans la région et il faut faire d’autres efforts pour en créer surtout dans le domaine aurifère (usine d’affinage d’or) ou notre région est citée parmi les zones qui produisent ce métal notamment au Burkina Faso, Ghana, Cote d’Ivoire, Mali, Niger et Sénégal.

Que faire pour améliorer la mise en valeur de ce potentiel et qu’est-ce qui a été entrepris au niveau de la Commission dans cette optique ?

Pour améliorer la mise en valeur de ce potentiel, il faut justement accroitre la connaissance du sous-sol et l’information géologique. Ensuite, il faut renforcer les cadres réglementaires afin de mettre en adéquation le régime fiscal incitatif et la préservation des revenus substantiels aux citoyens. Ceci passe par la création d’un cadre légal, règlementaire et institutionnel garantissant un système gagnant-gagnant entre l’Etat, les citoyens et les sociétés détentrices des permis qu’elles soient locales ou internationales. Au niveau de la CEDEAO, des textes communautaires ont ainsi été pris qui donnent des solutions à apporter à tous les défis relevés pour le développement des ressources minières. Le plus emblématique est le code minier régional adopté en 2019 dont les principaux éléments sont le cadre fiscal, les mesures incitatives, la transparence et la gouvernance, les licences, les concessions, le développement du contenu local surtout l’appel à la création d’une entité en charge de ce volet, la responsabilité sociale des entreprises, la création d’un fonds pour le développement minier, les rôles et responsabilités des parties prenantes, le genre, le travail des enfants, l’hygiène, la santé et la protection de l’environnement.

Il appartient à chacun des pays d’aligner ses textes par rapport à ce code. Il convient également d’inciter les entreprises minières à la transformation sur place afin de créer plus de valeur ajoutée. Cela passe par des investissements conséquents dans l’énergie, le transport des minerais par rail et l’aménagement des infrastructures portuaires sans oublier la disponibilité des intrants. Enfin, il faut surtout renforcer le contrôle des permis miniers et promouvoir le contenu local qui permettra de créer des champions locaux dans ce domaine. La CEDEAO travaille activement sur ces aspects avec les Etats membres comme indiqué ci-avant.

Nous profitons de cette tribune pour lancer un appel à toutes les parties prenantes, c’est-à-dire les Etat, les sociétés minières internationales et locales, les exploitants des carrières, le secteur privé, la société civile de veiller chacun selon ses prérogatives à l’alignement et l’application des textes nationaux ou communautaires que les pays ont souscrits. Il y va de l’intérêt de tout un chacun si l’on veut atteindre justement les prétentions des citoyens de jouir pleinement des mannes minières.

 Siradji Sanda(onep)

28 juillet  2021
Source : http://www.lesahel.org/

Pays sahélien, le Niger compte trois saisons, à savoir la saison sèche et froide, la saison chaude et la saison pluvieuse. Même si la saison chaude est la plus redoutée des sahéliens en général et des Nigériens en particulier, la saison froide n’en n’est pas moins redoutée avec ses spectres de froid, de poussières, de brumes et autres  brouillards, qui impactent beaucoup sur les activités humaines. Dans cet entretien, le Directeur de la Météorologie Nationale, M. Katiellou Lawan Gaptia, décline les tenants et aboutissants de ces variations climatiques et météorologiques.

M. le Directeur, depuis quelques jours, on constate une baisse importante de température, sur presque l’ensemble du pays. Qu’est-ce-qui explique cette situation ?

Je dois tout d’abord dire que la baisse de température, en cette période, est un phénomène tout à fait naturel, car dû à l’inclinaison et l’exposition périodique de notre planète, la terre, par rapport au soleil. Avec un climat tropical, le Niger dispose de trois saisons dont la saison sèche et froide, une saison chaude et une saison pluvieuse. Il a une température variant généralement entre 17 et 41 degrés Celsius et est rarement inférieure à 15 degrés ou supérieur à 43 degrés Celsius au cours de l’année. Cependant on constate ces derniers jours à Niamey, une variation de température : basse la nuit et plus ou moins élevée le jour. Pendant les mois de décembre, janvier et février, la saison sèche froide persiste toujours. Donc c’est normal que nous puissions avoir ce changement brusque de temps au cours de la journée. Par rapport aux températures que nous sommes en train d’observer en ce moment, nous pouvons bel et bien dire que nous sommes dans une phase de transition entre la saison sèche froide et la saison sèche chaude. En effet, la saison sèche froide est une saison s’étendant sur 6 mois (Octobre à Avril). De décembre à février, les températures avoisinent les 30°C car le ciel est tout le temps dégagé et donc le soleil présent. Notons que, les températures des jours passés étaient en légère hausse par rapport à la moyenne nationale sur les régions de Dosso, Niamey et Tahoua. On sent déjà en cours de journée cette variation de température. D’ici fin février, début mars, nous allons vraiment constater que la température va changer et surtout la température de la matinée. Nous allons commencer à sentir un peu de chaleur et ça annonce véritablement l’installation de la saison sèche chaude. En hiver, ce qu’il convient d’appeler chez nous, la saison sèche-froide, il fait beau, même si le soleil peut être voilé par la poussière que soulève l’harmattan, une poudre fine qui rend le ciel blanc et pénètre partout. Le Niger du centre-sud est l’une des zones les plus touchées par l’harmattan de tout le Sahel.

Et comment se manifeste cet harmattan ?

Au Niger, l’harmattan s’installe progressivement à partir de novembre. Il est caractérisé par des températures froides (la nuit). Et, de jour comme de nuit, un vent sec accompagné de poussière souffle sur le pays. En fait, déjà que le sol est sec, les particules de sable sont suffisamment légères pour être entrainées dans l’atmosphère. Donc lorsqu’il y a un renforcement de vent en surface, c’est toujours accompagné d’un soulèvement de poussière. C’est ce qui explique notamment le fait qu’il y a beaucoup de poussière en suspension dans l’atmosphère et autre brouillard. Il faudrait également rappeler que cette poussière provient en grande partie de la dépression du Bodélé située au nord du Tchad. Aussi, cet harmattan souffle du centre du Sahara, soulevant des nuages de poussière et obscurcissant le soleil, surtout en janvier. Au sommet de l’Aïr, sur le mont Idoukal-n-Taghès, qui mesure 2.022 mètres de haut, les gelées nocturnes sont fréquentes. Cette dépression est tout simplement considérée comme l’endroit le plus poussiéreux du monde, car elle engendre plus de 120 millions de tonnes de poussière par an, selon les spécialistes. Dans le reste de l’année la chaleur règne dans le nord, au moins à basse altitude. Les maximales se situent autour de 40 degrés d’avril à septembre, et les records sont autour de 50 degrés.

En été, les heures de soleil diminuent un peu à cause de la mousson, et août est le mois le moins ensoleillé. À Niamey et dans d’autres endroits du sud, aussi les températures suivent un régime différent que dans le nord. L’hiver est plus chaud, si bien que les maximales dépassent les 30 degrés même en janvier, parfois il peut faire froid la nuit, bien que la température n’atteint pas zéro degré comme dans le nord, mais tout au plus 7/8 °C. Le réchauffement du printemps est rapide et intense, tant et si bien qu’en mars la température atteint les 40 degrés, et en mai elle peut dépasser les 45°C, mais ensuite la mousson, apportant les courants et les nuages de l’océan, abaisse les températures estivales, bien qu’au prix de l’augmentation de l’humidité : en août les maximales retournent à 33 degrés comme en hiver, même si les minimales sont plus élevées et le taux d’humidité rend la chaleur étouffante. Après la mousson, il est temps pour un retour de la chaleur torride, avec 37/38 degrés en octobre et en novembre, avant l’hiver, qui apporte un peu de fraîcheur, au moins pendant la nuit.

A cette situation s’ajoute des suspensions de poussières et de brouillard dans l’atmosphère. Quelles en sont les raisons ?

En effet, en plus du froid (baisse de température), en saison sèche-froide, on note la présence d’une brume sèche et de l’harmatan, un vent sec et poussiéreux qui vient du Sahara et qui souffle de fin novembre au mois de mars. C’est notamment le cas à Niamey depuis le début de la semaine passée avec la présence d’une suspension de poussière sur Niamey. C’est un phénomène qui touche toutes les régions du Niger du nord jusqu’au sud en passant par l’est et l’ouest du Niger. Donc celles qu’on a vu ces derniers jours, c’est de la poussière qui provient du nord, de la partie désertique du Niger. Nous sommes actuellement dans la saison sèche et froide, donc c’est une période où il y a la prédominance de l’harmatan. Un vent du nord qui descend vers la partie sud et jusqu’à l’ouest du Niger. Il faut noter que cette poussière n’est pas sans conséquences surtout sur la visibilité.

Jusqu’à quand, pensez-vous perdureront ces conditions de froid, de poussière et de brouillards ?

En effet, en cette période, la visibilité est réduite et de façon beaucoup plus notable sur la partie Est du Niger. Au nord vers Agadez et Bilma, la vision est réduite jusqu’à 800 mètres. A Niamey elle varie entre 600 et 800. D’autres vagues de poussière se sont soulevées à partir de l’Ouest du Tchad à partir du Mercredi (17 février), il y avait une 2ème couche qui s’est soulevée à partir de l’Ouest du Tchad. La couche de Bodélé qui s’est réactivée a soulevé de la poussière qui a déjà commencé à couvrir la partie Est de Diffa. La poussière est actuellement au niveau de Zinder et est en train d’avancer pour toucher déjà Maradi et Tahoua. Et la visibilité est passée à moins de 200 mètres. Pour les poussières elles peuvent perdurer jusqu’à jeudi prochain et globalement cette situation devrait normalement continuer jusqu’en février prochain. En attendant, les Nigériens se protègent comme ils peuvent.

Quelles sont les dispositions à prendre pour s’en protéger ?

Même si je ne suis pas spécialiste en matière de santé, je pense qu’il est nécessaire de prendre certaines dispositions pour se protéger de ces phénomènes, tout à fait naturels. Il faut absolument se protéger, parce que c’est dans la poussière qu’il y a les germes qui sont, par ailleurs, les principales causes des maladies respiratoires pendant cette période particulièrement chez les enfants et Les personnes âgées. Les maladies les plus craintes, en cette période sont notamment les difficultés respiratoires, le rhume, la toux, la fièvre persistante, pour ne citer que ceux-là. En fait, les enfants sont fragiles, ils sont les plus touchés par le froid et ont plus que jamais besoin de soins et de protection par leur parents. Je pense que, les parents doivent donner des soins particuliers à leurs enfants en ce moment de fraîcheur et de poussière. Pour mieux protéger les enfants contre ces maladies, il est indispensable de ne pas les laisser sortir de la chambre, d’éviter de les laver tous les jours, il faut utiliser de l’eau tiède pour leur bain, éviter de leur donner tout ce qui est frais et les couvrir avec des habits lourds et protecteurs (blousons, bonnets, chaussettes, etc.), bien les allaiter s’ils sont des bébés. Enfin, je pense que, dès que leurs progénitures présentent des signes de ces maladies, les parents doivent les amener dans les centres de santé les plus proches afin de recevoir, le plus vite possible les soins nécessaires.

Interview réalisée par Mahamadou Diallo(onep)

Source : http://www.lesahel.org

Ibro zabeyeLe tribunal de Nanterre a rendu sa décision le 14 mars dernier dans l’affaire qui oppose l’Etat du Niger à Africard. Quelle lecture vous inspire ladite décision ?Merci. Par rapport à cette décision, il faut retenir tout d’abord que c’est une décision avant dire droit, c’est-à-dire un jugement accessoire qui se rapporte à une question qui se rattache à la conduite du procès, mais qui n’est pas le procès proprement dit. En d’autres termes, c’est une décision qui ne vide pas le fond du dossier, qui ne tranche pas le litige de fond soumis au juge.

De quoi s’agit-il ?  Il vous souviendra que suite au litige qui oppose l’Etat du Niger à la société Africard, cette dernière a opéré plusieurs saisies sur les biens et avoirs du Niger notamment en France, dont entre autres les créances que détient l’Etat du Niger entre les mains du groupe Areva. La décision en question se rapporte essentiellement à ces créances saisies entre les mains d’AREVA.

Monsieur le Directeur, à l’instar des autres pays du monde, le Niger est touché par la Covid 19. Quels sont les effets de cette pandémie sur les services de la planification familiale au Niger ?

Merci Madame, permettez-moi de remercier également le Sahel Dimanche pour ses activités de sensibilisation du public dans le domaine de la santé en général et la santé de la reproduction en particulier.

En effet, la covid 19 a impacté le système de santé y compris le service de la planification familiale tout comme dans d’autres pays. Il y a eu quelques perturbations. Comme vous le savez il y a eu, dans le cadre de la gestion de crise liée à la pandémie des mesures de restriction des services, une réorientation de certains agents dans la prise en charge, une réduction du paquet d’activités à offrir et même les horaires dans les services.  Aussi, « l’infodémie » (flux important d’informations diverses) qui a suivie et surtout les infox à travers les réseaux sociaux ont freiné un moment la fréquentation de certains services de santé souvent par peur d’être contaminé.

Cependant nous avons aussi beaucoup appris de la covid 19 : nous avons travaillé avec les technologies de l’information et de communication pour assurer les services essentiels de la santé de la reproduction dont la planification familiale (webinaire, vidéoconférence, formation en ligne, à travers la plateforme whatsapp, les messages de sensibilisation à travers la téléphonie mobile, communication de masse à travers les radios communautaires….).

 

Du 19 mars 2020 (date d’enregistrement du premier cas au Niger) à aujourd’hui, quelle est la situation de la demande PF au Niger ?

Au cours de cette année 2020 globalement la demande de services de planification familiale n’a pas baissé  comme on s’attendait avec les projections sur la base des leçons tirées de l’épidémie du virus Ebola et la modélisation, bien au contraire elle a augmenté. Nous avons eu plus de 20 000 nouvelles utilisatrices des services de planification familiale par rapport à 2019 année sans covid 19 (A titre illustratif, 470 943 nouvelles utilisatrices ont été enregistrées dans nos services en 2019 contre 491 595 nouvelles utilisatrices en 2020 malgré qu’on n’a pas fini la saisie des données dans notre plateforme de gestion des données).

{xtypo_quote} « Il est indispensable de protéger l’accès aux services de planification familiale même en situation de crise humanitaire que nous vivons actuellement »{/xtypo_quote}

La crainte d’être contaminé n’est pas encore écartée chez beaucoup de nigériens. Quelles sont les mesures  que vous avez prises pour permettre à vos services de continuer à   bien fonctionner  pendant cette période de covid?

Le Ministère de la Santé Publique a défini ce qu’on appelle les services essentiels qui ont la priorité dans les dispositions prises pour garantir la continuité des services et a procédé à des réorientations stratégiques pour que la population retire un maximum de bénéfices des ressources de plus en plus limitées. Parmi les services dits essentiels il y a, entre autres, les services de santé de la reproduction y compris la planification familiale qui constitue pour les femmes un soin de santé de base essentiel et une priorité pour l’Etat.

 Il est donc indispensable de protéger l’accès aux services de planification familiale même en situation de crise humanitaire que nous vivons actuellement. C’est ainsi que nous avons élaboré un plan de continuité de service de planification familiale dans le contexte de covid 19 avec des actions pratiques innovantes.

Bien évidemment Il y a le respect des mesures édictées par le gouvernement dans le cadre de la prévention et du contrôle de cette pandémie. Ce sont les mesures d’hygiène, le dispositif de lavage des mains, le gel hydroalcoolique, les gestes barrières, les équipements de protection individuelle (bavette, gant, blouse, tablier) la distanciation, les séances de désinfection des services de santé et la disponibilisation des autres matériels de prise en charge.

Tout ceci a permis de rassurer la population et de maintenir et même améliorer la fréquentation de nos services essentiels.

 

Monsieur le Directeur, l’achat des produits contraceptifs est l’œuvre de l’Etat et de ses partenaires. La lutte contre la Covid qui est aujourd’hui une priorité n’a-t-elle pas eu des impacts sur ce aspect important ?

Vous avez raison Madame, la covid 19 n’est pas encore derrière nous, au contraire nous vivons actuellement la deuxième vague qui pour l’instant est plus meurtrière puisque nous avons déjà le nombre de cas qui est pratiquement multiplié par 3 et le nombre de décès par 2.

Effectivement, il y a cette préoccupation majeure des plus hautes autorités pour contrôler cette maladie et un plan d’action a été élaboré à cet effet avec un budget conséquent financé grâce à la collaboration Etat et partenaires techniques et financiers. Cependant, je puis vous dire que malgré tous les défis en lien avec l’insécurité, les inondations et la covid 19 l’Etat a débloqué 198 millions pour l’achat de produits contraceptifs et les partenaires l’ont accompagné dans l’approvisionnement régulier des intrants pour la planification familiale. Je peux le dire nous n’avons pas connu cette année de difficultés dans la disponibilité des produits contraceptifs dans notre pays.

 

Est-ce  que vos services sont aujourd’hui en mesure de satisfaire toutes les demandes  en  produits contraceptifs ? N’y a-t-il pas un risque de rupture ?

Le Niger est l’un des pays de la communauté de pratique de la planification dans le cadre du partenariat de Ouagadougou qui n’a pas connu de rupture en produits contraceptifs grâce à l’analyse continue et la visibilité de notre pipeline mais aussi le suivi de notre plan d’approvisionnement par notre équipe. J’ajoute que grâce à l’efficacité dans la gestion de notre chaine d’approvisionnement nous n’avons connu aucune rupture au niveau Pays. Nous venons de terminer la quantification (du 17 au 23 décembre 2020) des besoins nationaux en produits contraceptifs et je puis vous dire que nous avons un stock pour tous les 9 produits dont le plus faible est de 2 mois sans compter les produits déjà arrivés non encore réceptionnés et les commandes qui sont en cours de livraison dans le pipeline. Nous avons déjà couvert les besoins nationaux en produits contraceptifs pour l’année 2021 qui vient de commencer. Rassurez-vous, nous avons pris toutes les dispositions idoines pour éviter une rupture.

 

Monsieur le Directeur, la faiblesse  du budget  alloué à la PF au Niger a pourtant fait couler beaucoup de salive. Est-ce que cela peut expliquer le fait que pays n’a pas pu atteindre les 50% de taux de prévalence contraceptive prévu pour 2020 ?

C’est vrai que le budget alloué à la santé en général est en deçà de nos attentes et la part de la planification familiale l’est encore moins. En effet, les défis sécuritaires ont impacté beaucoup dans le financement des ministères sectoriels dont celui de la santé. Il faut dire aussi que le budget prévu pour financer le plan PF 2013-2020 n’a pas connu une mobilisation de ressources conséquentes surtout les deux premières années y compris par les partenaires techniques et financiers. Pour atteindre les objectifs, il faut une mobilisation des ressources conséquentes et une bonne coordination. Cependant il faut préciser que l’objectif de 50% a aussi été très ambitieux. Je voudrais noter que nous sommes actuellement en train d’évaluer le plan PF et nous avons enregistré quand bien même des progrès puisque nous étions à un taux de 12% de prévalence contraceptive de méthodes modernes selon l’EDS de 2012 contre 20,1% en 2020 selon les projections de Track 20. Nous avons tiré assez de leçons et je pense que nous allons être plus efficaces dans la mise en œuvre du nouveau plan PF 2021-2025 qui est en cours d’élaboration.

 

Comment comptez-vous relever ce défi et hisser le Niger au rang des pays du Partenariat de Ouagadougou qui ont beaucoup évolué dans ce domaine ?

Effectivement il y a des défis mais nous avons déjà décliné nos priorités en termes de perspectives. Nous nous sommes attelés dès notre prise de service à l’élaboration des documents normatifs et textes règlementaires pour rendre favorable l’environnement.

Pour relever les défis actuels nous allons mettre en œuvre nos priorités qui sont le passage à grande échelle de la délégation des tâches, de la planification familiale du post-partum, l’augmentation de la demande à travers la communication, la prise en compte des besoins spécifiques des jeunes, la consolidation des pratiques à haut impact comme le tutorat et les cliniques mobiles et l’assurance du produit jusqu’au dernier kilomètre c’est-à-dire jusqu’au niveau communautaire.

Réalisée par Fatouma Idé

22 janvier 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Ibrahim Raphiou Chercheur USADr Raphiou, vous avez en compagnie d’autres chercheurs, mené deux études concernant les effets d’un produit pharmaceutique pour le traitement de l’asthme. Quel était l’objectif visé à travers ces deux études ?

Je vous remercie pour cette opportunité que vous m’offrez de parler de la recherche. Je vous précise de prime abord que je suis nigérien et que j’étais au Lycée Issa Korombé de Niamey avant de poursuivre mes études aux Etats Unis en 1985. Ce que j’ai étudié et que je fais dans mon travail, c’est la régulation des gènes ; la vérification de l’expression des gènes. En fait c’est de l’oncologie pour voir les causes primordiales de certains cancers. Beaucoup de gens pensent que ce sont des mutations.

 «Ma conviction profonde est que la lutte traditionnelle, cadre de brassage par excellence des Nigériens (…) doit être préservée et perpétuée au fil des générations»

 

Monsieur le Gouverneur, la région d’Agadez accueille la 44ème édition du Sabre National de lutte traditionnelle sous le thème de  « la Sauvegarde de la Patrie ». Quelles sont vos principales attentes ?

S’agissant de la 44ème édition du Sabre National, nous avons très tôt mis en place une commission régionale qui s’attèle sans relâche à l’organisation des préparatifs pour l’accueil des différentes délégations régionales. Comme vous le savez, cette édition est placée sous le thème de la sauvegarde de la patrie et à ce titre, elle constitue une édition spéciale qui doit refléter les aspirations profondes et les idéaux du CNSP comme l’unité nationale et la cohésion sociale. Au demeurant, le secteur du sport qui est un puissant facteur d’intégration nationale, de rapprochement et de compréhension entre les populations, constitue donc un levier important de cohésion sociale, indispensable au développement socio-économique et culturel de notre pays. Il n’est aujourd’hui, un secret pour personne, que la lutte traditionnelle reste et demeure le Sport-phare au Niger, qui mobilise les populations rurales et urbaines, et raffermit les liens d’amitié, de solidarité et d’entraide. Cela constitue un acquis fondamental et indéniable à sauvegarder et à renforcer davantage. Ma conviction profonde est que la lutte traditionnelle, cadre de brassage par excellence des Nigériens, cadre idéal de renforcement de l’unité nationale et de la cohésion sociale, doit être préservée et perpétuée au fil des générations. Nous prions Allah le Tout Puissant pour que cette manifestation soit une réussite totale et que le fairplay prévale tout au long des compétitions.

Le CNSP a abrogé la loi 036-2015, qui était la principale revendication des populations de la région d’Agadez. Avez-vous un message particulier à l’endroit de la population dans la perspective de la reprise des activités de transport et de convoyage des voyageurs ?

L’abrogation de la loi 036-2015 a été vécue comme une sorte de délivrance pour l’ensemble de la population d’Agadez. En effet, cette loi a essentiellement criminalisé du jour au lendemain le transport des migrants de la ville d’Agadez vers les pays du Nord, et beaucoup de concitoyens se sont retrouvés en prison avec des familles meurtries et une économie locale en perte de vitesse. Avec la perspective de reprise des activités de transport, il est très important qu’elles puissent être mieux encadrées et mieux contrôlées afin d’éviter certains drames que nous avons connu par le passé au cours de la traversée du désert du Ténéré. A cet égard, les services spécialisés des Forces de Défense et de Sécurité et les services communaux ont été instruits afin de veiller à ce que les véhicules de transport soient en règle et que des autogares bien spécifiés soient dédiés à ce type de transport. Au nom de cette laborieuse population de la Région d’Agadez, c’est le lieu de remercier Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, qui a pris la décision salutaire d’abroger cette loi, qui était inhumaine, scélérate, injuste, et qui était en contradiction avec le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens.

Mon Général, quelle appréciation faites-vous aujourd’hui de l’environnement sécuritaire de la région quelques mois après votre prise de fonction ?

L’environnement sécuritaire de la région d’Agadez demeure calme mais extrêmement volatile. La partie septentrionale de notre pays reste caractérisée par la menace des groupes armés non étatiques (GANE) animés souvent par des milices venant de certains pays frontaliers de la Région vers les zones d’orpaillage. A cela s’ajoute la menace des groupes armés terroristes (GAT) et des groupes criminels organisés (GCO) qui s’adonnent aux trafics divers (armes, drogues, cigarettes, êtres humains…) et le banditisme armé résiduel bien qu’en baisse, qui sévit encore sur certains axes de communication. Face à cette situation, les Forces de Défense et de Sécurité travaillent sans relâche pour assurer l’intégrité du territoire national et sécuriser les populations et leurs biens.

Nous suivons donc de près l’évolution de cette situation sécuritaire et il convient de remercier les plus hautes autorités nigériennes avec à leur tête Son Excellence Monsieur le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Son Excellence Monsieur Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier Ministre, ainsi que toute la hiérarchie militaire pour l’ensemble des efforts qu’ils ne cessent de consentir en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail des Forces de Défense et de Sécurité. C’est également le lieu et l’occasion pour moi d’encourager nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité pour leur abnégation et leur sens élevé du devoir. Que le sacrifice ultime de ceux qui sont tombés pour la défense de la patrie et dont nous saluons la mémoire, ne reste pas vain et puisse nous inspirer pour l’accomplissement des idéaux du CNSP et l’aboutissement d’un Niger uni, prospère, indépendant et souverain.

Mon Général, vous avez eu beaucoup de rencontres de prise de contact avec les responsables des différents services pour évoquer le fonctionnement des services publics et vous avez initié des visites terrain pour échanger directement avec les agents. Que peut-on retenir à cet effet ?

S’agissant des services déconcentrés de l’Etat au niveau de la région d’Agadez, force est de constater malheureusement une insuffisance notoire de cadres et de personnels auxiliaires dans la plupart des directions régionales. Ce constat amer est essentiellement dû au fait que certains agents affectés par le passé n’ont jamais rejoint leurs postes ou se sont fait réaffecter en bénéficiant de certaines complaisances et d’autre part, certains agents de l’Etat atteints par la limite d’âge et ayant fait valoir leurs droits à la retraite, n’ont tout simplement pas été remplacés. Cette situation qui handicape beaucoup le fonctionnement régulier des services publics doit être revue et corrigée dans les meilleurs délais possibles. A cette insuffisance en personnel s’ajoutent également certaines difficultés liées à l’insuffisance de moyens logistiques essentiellement en capacités de transport et les problèmes liés au manque d’infrastructures pour certaines entités administratives.

Au-delà de tous ces aspects, nous avons également constaté et déploré l’absence totale de certains services de l’Etat comme celui des Impôts ou de la Justice pour ne citer que ceux-là, au niveau de certains départements comme Aderbissinat et Ingall. Il s’avère impératif que ces services puissent être rapprochés des contribuables et des justiciables. Par ailleurs, le découpage administratif de la Région doit être revu et corrigé. À titre d’exemple, nous pouvons citer le cas de la commune urbaine d’Agadez, chef-lieu de la Région, qui relève du département de Tchirozérine au lieu d’être un département à part entière avec plusieurs communes, compte tenu de l’importance croissante de sa population. 

Malgré tout, les différents responsables en fonction s’acquittent honorablement de leurs missions régaliennes avec abnégation et professionnalisme. Nous tenons donc à les encourager et nous travaillons en étroite collaboration avec les différentes administrations centrales en vue de répondre à toutes ces difficultés, notamment en ce qui concerne le manque de personnel. 

A votre arrivée, le secteur de l’or était mal organisé, l’Etat perdait beaucoup d’argent mais aujourd’hui ce secteur est l’un des plus contributeurs à la mobilisation des ressources financières de la région. Quel message particulier vous souhaitez adresser à tous les acteurs de ce secteur ?

De notre point de vue, le secteur de l’or est un secteur très porteur qui est en mesure d’apporter une contribution appréciable au développement économique et social de notre région, et au-delà de l’économie nigérienne, sous réserve bien entendu, de bénéficier d’un minimum d’encadrement et d’assistance de la part des différentes structures concernées. L’organisation de ce secteur permettra aux différents acteurs exerçant dans le domaine de l’orpaillage de se mettre en règle vis-à-vis des textes de l’Etat, et plus précisément vis-à-vis des lois et règlements régissant et encadrant le secteur de l’orpaillage en s’acquittant notamment du payement des droits, taxes et redevances vis-à-vis de l’Etat. Cette réorganisation permettra également d’accompagner et de faciliter le travail des différentes structures de l’Etat notamment des douanes, des mines, des impôts et de l’environnement entre autres, à s’acquitter convenablement de leurs missions régaliennes.

C’est dans ce sens que nous avions initié dès notre prise de fonction, des rencontres d’échanges et des visites sur le terrain pour sensibiliser les acteurs mais aussi pour les informer sur leurs obligations vis-à-vis de l’Etat. Aujourd’hui, d’après les informations qui nous sont remontées, notamment les différents rapports de la Direction Régionale des Mines, les recettes se sont nettement améliorées ces 5 derniers mois et nous allons continuer ce travail. Le montant global recouvré sur les taxes et les redevances avec l’arrivée du CNSP au pouvoir est quatre fois de plus important que celui recouvré antérieurement, malgré que certaines sociétés font leur versement directement au niveau central. A cela je salue le climat de confiance renoué entre les services de l’Etat et les sociétés d’orpaillage.

Monsieur le Gouverneur, vous avez entamé des missions de travail dans les départements d’Arlit, de Tchirozérine et d’Aderbissinat. Qu’est-ce qui a retenu votre attention au cours de ces contacts avec les populations ?

Ces missions en profondeur dans les départements avaient pour objectif principal d’aller au contact des populations et des différentes couches socioprofessionnelles afin de nous enquérir de leurs conditions de vie et d’être à l’écoute de leurs préoccupations. Ces missions nous ont permis également de constater de visu les conditions de travail des services de l’Etat au niveau départemental ainsi que le fonctionnement des collectivités territoriales et des services communaux. Cela nous a permis de mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir et des actions à planifier à court, moyen et long termes avec en priorité les services sociaux de base tels que l’accès à l’eau, à la santé et à l’éducation.

Nous avions saisi également l’opportunité de ces différentes rencontres pour entretenir la population rurale sur les questions d’actualité. Ces déplacements ont permis à la population de se rendre compte véritablement des changements intervenus dans le pays et d’exprimer leur soutien au CNSP. Nous avons également invité la population à s’unir derrière les Forces de Défense et de Sécurité et à leur apporter tout le soutien nécessaire. C’est l’occasion pour moi, au nom de Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, de saluer la forte mobilisation et le soutien de toutes ces populations aux FDS.

Ali Maman ONEP/Agadez

Source : https://www.lesahel.org

Zakari Oumarou Maradi KolliyaMonsieur le Gouverneur de Maradi, comment se porte votre région ?
Question difficile à répondre d’un seul coup, tant les éléments à prendre en compte sont nombreux. Mais d’une manière générale, mises à part les conjonctures nationales et internationales, la Région de Maradi se porte bien. N’eurent été quelques contingences climatiques fâcheuses, j’allais même dire qu’elle se porte très bien, en tout cas mieux que certaines régions du pays, en termes d’opportunités et de vitalité économiques, de sécurité, de gouvernances locale et régionale, mais également de développement tout court.

S’agissant de « contingence climatique », je voudrai alerter sur les pénibles réalités que vivent nos administrés du nord et du nord-est dont les terroirs ont été affectés cette année par une succession de calamités naturelles allant de la pluviométrie irrégulière, aux vents destructeurs de semis et aux criquets ravageurs. Au finish, dans cette bande située au nord de la région, ce sont quelques 877 villages qui sont directement affectés par les « effets du changement climatique ». Car à notre sens, la combinaison de ces trois éléments est la résultante de changement climatique extrême. Voilà sur le plan conjoncturel, notre urgence du moment.

Mamoudou Mouctar Niamey NyalaParmi les actions du Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, à la tête de l’Etat, il y a le Programme de modernisation de la capitale dénommé Niamey Nyala que vous avez l’honneur de conduire. Quel bilan pouvez-vous nous faire après plusieurs années de mise en œuvre ?

Je tiens d’abord à préciser que le Programme Niamey Nyala découle de la vision du Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, qui s’inscrit dans une démarche d’aménager la ville de Niamey et cela à travers un urbanisme de développement axé sur la dotation en équipements, en infrastructures dignes de ce nom pour hisser la ville de Niamey au rang des grandes villes de la sous-région. Ses objectifs, qui inscrivent dans une vision intégrée, sont: L’amélioration du cadre de vie des citadins ; la promotion de conditions descentes de logement; l’accès généralisé des services essentiels de base (assainissement, éclairage public…) ; l’amélioration de la mobilité urbaine ; la création et le soutien aux activités économiques, ainsi que la promotion d’emplois pour les jeunes et les femmes à travers un urbanisme de développement économique et une gestion urbaine participative. Cette vision de développement urbain intégré et soutenable du Président de la République ne concerne pas que Niamey la capitale. C’est une approche globale, opérationnelle et pragmatique pour promouvoir un modèle de développement durable pour les autres villes du Niger.

Interview du Maire de la Commune rurale de Damagaram Takaya : « Notre problème le plus crucial et le plus préoccupant, est celui de l’eau. Nous souffrons terriblement du manque d’eau » déclare M. Ali Karémi AbaghanaLa commune rurale de Damagaram Takaya se trouve à 70 km à l’Est de Zinder. Elle couvre une superficie de 2.140km2 avec une population estimée en 2012 à 61.580 habitants dont 49% d’hommes pour 51% de femmes. Le taux d’accroissement de la population est de 5,6% alors qu’au niveau de la région il est d’environ 4%. Damagaram Takaya est limitée au Nord par la commune de Kagna Wamé, à l’Est par les communes de Garazou, et Gamou, au sud par la commune de Guidimouni et une partie de la commune de Guidiguir, au sud- ouest par la commune de Mazamni, et à l’ouest par la commune d’Albarkaram. La commune est subdivisée en trois grandes zones : Nord, Centre et Sud. Dans la partie Nord, la commune est surtout constituée de dunes de sable, mais des dunes vives fixées. C’est la zone par excellence de l’agriculture et de l’élevage. Le centre est la partie du socle, où il ya aussi des agro pasteurs. Par contre le Sud est la partie dunaire au sol lessivé, mais qui a beaucoup de cuvettes. le Maire, de manière générale les communes du Niger sont confrontées à d’énormes difficultés de mobilisation des ressources fiscales. Est-ce que vos administrés s’acquittent de leurs devoirs civiques ?

Dans ce domaine, je peux dire que nous ne sommes pas loin des autres. Nous vivons les mêmes problèmes. La population a tendance à cultiver l’incivisme fiscal. Les arriérés de taxe municipale ne font que s’accumuler. A titre d’exemple, le budget de 2018 que nous avons voté est d’à peu près 61.500.000 FCFA. Et dans ce montant, nous avons un stock très important d’arriérés étalé sur trois ans d’environ 45.000.000 FCFA. Le recouvrement à la date de septembre 2018, était de 14.500.000 FCFA. Vous voyez donc à quel point nous sommes confrontés au même problème que les autres communes. Il ya donc lieu d’en faire un peu plus pour que cet incivisme soit enrayé.

Monsieur le Maire,  pouvez-vous nous présenter votre commune ?

Permettez-moi d’abord de vous souhaiter la chaleureuse bienvenue à vous et votre équipe dans la commune urbaine de N’Guigmi, et de vous remercier au nom de la commune et à mon nom propre pour cette occasion que vous m’offrez, en vue de faire un tableau de la commune dans toutes ses dimensions. Il faut savoir que la  Commune Urbaine de N’Guigmi est créée par la loi n° 2002-014 du 11 juin 2002. Elle est située à 128 km à l’Est de Diffa, chef- lieu région. Elle est limitée à l’Est par la République du Tchad, au Sud par la Commune Rurale de Bosso, à l’Ouest par la Commune Rurale de Kabléwa et enfin au Nord par la Commune Rurale de N’Gourti.

La population de la Commune Urbaine de N’Guigmi est estimée à environ 78.824 habitants selon le dernier recensement administratif de la population organisé en Mai 2022 par la commune. Plusieurs groupes ethniques composent cette population à savoir, les Kanouri, les Peuls, les Arabes, les Toubous, les Boudoumas et les Haoussas. La commune urbaine est composée administrativement de 262 quartiers, villages administratifs, tribus et hameaux qui lui sont rattachés.

Depuis les élections de décembre 2020, le Conseil municipal de N’Guigmi est composé de quinze (15) conseillers dont cinq (5) femmes, avec comme personnel, un Secrétaire général, un Receveur municipal, un Secrétaire municipal, deux manœuvres, un hygiéniste, une bibliothécaire, un planton, deux  gardiens, deux  agents de la police municipale et un  chauffeur. Les activités économiques de la commune tournent autour de  l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, des activités forestières et halieutiques, du commerce et de l’artisanat.

Quelles sont les actions que vous avez pu  réaliser en 2021 ?

Depuis notre installation en Mai 2021, nous avons entrepris et réalisé plusieurs actions dans les différents domaines conformément à notre Budget et au Plan de Développement Communal, avec le concours de l’Etat et des partenaires techniques qui interviennent dans notre commune. Ainsi sur le plan administratif et organisationnel, nous avons organisé un recensement administratif de la population afin d’avoir une idée claire de la situation démographique et ses variables. Dans le domaine de l’hygiène et de l’assainissement, nous avons initié des journées citoyennes de salubrité dans la ville, ce qui nous a permis de rendre la ville propre mais aussi d’inculquer le civisme à la population.

Dans la même lancée, nous avons nivelé plusieurs rues de la ville et rendu praticables celles qui ne le sont pas pendant la saison hivernale. Sur le plan économique, et dans le cadre de l’accompagnement de la politique du Président de la République nous avons rouvert le marché de poisson en permettant la commercialisation et le transport du poisson vers les pays voisins, ce qui  concourt à la relance économique de la commune mais aussi  réduit considérablement  le chômage.

Nous avons aussi, avec l’appui des partenaires, appuyé 4.663 personnes réparties dans 53 villages en cash AGR. Sur le plan social, il faut dire que plusieurs ménages vulnérables ont bénéficié d’appui alimentaire dans le cadre de la distribution gratuite et ciblée des vivres. Avec l’appui de  l’Etat 225 caprins et 75 boucs ont été distribués à plusieurs groupes des familles vulnérables. Sur le plan éducatif, nous avons clôturé avec l’appui des partenaires le collège d’enseignement général de N’Guigmi.

Dans le cadre de l’amélioration des soins de santé,  nous avons pu transformer avec les partenaires le CSI  de N’Guigmi qui est de type 1 en CSI de type2 et réhabilité certains centres des villages administratifs. Dans le domaine de l’hydraulique, nous avons pu réaliser plusieurs infrastructures : les postes autonomes de Mayambou peulh, Oudi Kanori, Lanti Arabe ;  des puits pastoraux à Talatache Moussa Sabour et Kaya ;  la réhabilitation des forages de champs de captage de la ville de N’guigmi ; la réhabilitation des PEA de N’gortogol, etc.

Monsieur le Maire, quelles sont les perspectives d’avenir pour votre commune en termes d’actions et de réalisations ?

Dans le cadre de l’amélioration des conditions de vie des populations,  nous avons prévu  au cours de cette année la  réhabilitation de quinze classes de la commune ; la  construction et l’équipement d’une classe à Birhilal ; l’achat et la réparation de 800 tables bancs ; la clôture du centre de santé 2 de Nguigmi ; la  mise en œuvre du projet de l’autonomisation des jeunes et des femmes ; la  réhabilitation des infrastructures hydrauliques au niveau des sites maraîchers de Maboutou et Garin dolé ; l’extension d’eau dans plusieurs villages de la commune ; et le  processus de jumelage avec des communes et villes françaises dans le cadre de la coopération décentralisée.

Qu’en est-il de la situation sécuritaire dans votre commune ?

La situation sécuritaire est relativement calme, malgré quelques actes isolés commis par des individus sans foi ni loi. Cette situation connaît une évolution positive avec la volonté affichée des plus hautes autorités de notre pays, notamment  le Président de la République Chef de l’Etat SEM Mohamed Bazoum, qui a fait de la lutte contre le terrorisme son cheval de bataille pour donner un sourire à la population de la région de Diffa en général et celle de  la commune urbaine de Nguigmi en particulier.

Sur le plan socioéconomique, nous avons enregistré une amélioration des conditions de vie des populations à travers le programme du Président de la République dans le cadre de la distribution gratuite et ciblée des vivres et de la vente à prix modéré. Et avec la levée de l’interdiction de la commercialisation des poissons, la situation économique connaît une nette amélioration.

Monsieur le Maire, avez-vous un message particulier à l’endroit de l’Etat ou de vos administrés ?

Permettez-moi une fois de plus vous remercier et, à travers vous, toute la Direction générale de l’ONEP. Je profite de vos colonnes pour exprimer toute notre gratitude à l’endroit de plus hautes autorités de notre pays à la tête desquelles SE. Mohamed Bazoum, Président de la République Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées pour sa détermination dans le cadre de lutte contre le terrorisme et sa politique pour le retour des populations dans leurs villages d’origine. En effet, cette volonté du Président de la République concourt à la stabilisation de la région et à sa relance économique. C’est pourquoi, je lance un appel d’abord à l’endroit des populations pour adhérer pleinement à ce processus, et à l’endroit des partenaires techniques et financiers pour accompagner ce processus pour une stabilisation régionale réussie.

En outre, il faut rappeler que la campagne agro-sylvo-pastorale 2021 était déficitaire mais avec la ferme volonté du Président de la République,  à travers sa politique de distribution gratuite des vivres et  la vente à prix modéré de plus de 100 tonnes de vivres dans notre commune, cela a permis à la population d’être résiliente. C’est l’occasion pour moi de remercier les partenaires techniques et financiers pour les interventions multiformes au bénéfice de  notre commune.

Enfin, j’implore Allah le Maître des Cieux et de la Terre pour qu’il fasse descendre Sa Clémence et sa Grâce sur notre pays, qu’il nous gratifie d’un hivernage fécond et que la paix règne sur le Niger en général, dans la région de diffa et la commune urbaine de Nguigmi en particulier.

Réalisée par Mato Adamou ONEP/ Diffa

Source : http://www.lesahel.org

 

Aboubacar Sitou Tessaoua WalkiyaChose promise, chose due. La population de la commune Urbaine de Tessaoua voit aujourd’hui la concrétisation d’une promesse qui lui a été faite par le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, celle de la concrétisation du «Programme Tessaoua Walkiya ». Dans cet entretien, le maire de la Commune Urbaine de Tessaoua nous parle du contenu de ce programme et des actions déjà en cours.

Monsieur le maire, votre commune connait aujourd’hui l’exécution du programme «Tessaoua Walkiya». Dans quel contexte est né ce programme et quel est son contenu ?

Effectivement nous sommes sur le programme Tessaoua Walkiya, une promesse du Président de la République, Chef de l’Etat SEM Issoufou Mahamadou.

En effet, à l’occasion de sa visite à Tessaoua le 16 janvier 2016, il a été émerveillé par l’accueil qui lui a été réservé. Sur place, il a indiqué que comme Tessaoua est une grande ville ancienne, il souhaiterait faire quelque chose de nouveau à l’image des grandes villes de notre pays qui reçoivent des investissements. Entendre par là, le renouvellement ou la création des infrastructures socio-économiques. C’est ainsi que ce programme a été dénommé «Tessaoua Walkiya». Aujourd’hui cette promesse est en train d’être tenue. Un comité chargé de définir les contours de ce programme a été mis en place et j’ai été désigné Président de ce comité.

Nous sommes parvenus à proposer beaucoup de choses notamment, la réalisation des forages pour renforcer le château d’eau, le bitumage des rues, des lotissements pour doter les services de l’Etat de locaux, l’aménagement des mares (Tessaoua en compte 23). Ces marres selon les saisons hivernales, débordent souvent pour inonder les maisons, mais elles constituent aussi de véritables réservoirs de moustiques qui envahissent la ville et provoquent des pic de paludisme. Il y a maintenant deux (2) mois, une équipe s’est installée pour effectuer les travaux de bitumage des rues sur 6 km, construire des caniveaux pour l’écoulement des eaux de ruissellement et l’aménagement des mares, voir le remblayage de certaines. Ces travaux se feront progressivement. Vous savez, nous nourrissons l’ambition qu’un jour Tessaoua sera un chef lieu de Région, et c’est pourquoi nous avons demandé au Ministèe de l’Habitat et de l’Urbanisme de nous donner l’autorisation de procéder à un nouveau lotissement, ce qui fut fait. Les services qui n’ont pas de local ont chacun trouvé un terrain.

Cedric Villani Niger InterviewLe mathématicien français Cedric Villani était à Niamey à l’occasion de la célébration de la “Nuit des Idées”, un événement proposé le 31 janvier partout à travers le monde par l’Institut Français de Paris et qui est destiné à développer le débat d’idées sur les cinq continents. A cette occasion Pr Cédric Villani a animé des conférences-débats au CCFN-Jean Rouch et à l’Université Abdou Moumouni de Niamey sur le thème « face au présent ». Né le 5 octobre 1973 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze), Pr Cedric Villani est un scientifique de renommée internationale qui a reçu en 2010 la Médaille Fields, considéré comme l’équivalent du Prix Nobel pour les Mathématiques. De 2009 à 2017 il a été le Directeur de l’Institut Henri-Poincaré de l'université Pierre-et-Marie-Curie. En 2017 il a été élu député sous la bannière du mouvement « La République En Marche ». Pr Cedric Villani s’intéresse aux bouleversements environnementaux, sociétaux et technologiques qui affectent le monde. Dans cet entretien qui a eu lieu le 31 janvier dernier au CCFN Jean Rouch de Niamey, peu après la conférence débat qu’il a animée dans le cadre de la Nuit des Idées, Pr Cedric Villani répond à nos questions sur ses activités scientifiques et politiques ; les grands défis du 21ème siècle ; l’Afrique ; la hausse des frais d’inscription pour les étudiants extra-communautaire dans les universités publiques françaises, un sujet qui suscite des inquiétudes en Afrique.

Pr Cedric Villani, vous êtes surtout connu dans le domaine des mathématiques, et récemment vous avez été élu député. Arrivez-vous à concilier activité scientifique et politique ? Et qu’est que vous trouvez de positif dans l’activité politique ?

La réalité de la vie politique moderne ne laisse pas beaucoup de temps à d’autres activités, sérieusement. De sorte qu’aujourd’hui je ne fais plus de recherches mathématiques. Je ne donne plus des cours à l’Université. J’ai gardé le titre de Professeur, mais je ne reçois pas de salaire. En revanche, dans ma pratique politique, chaque jour, ma vie de scientifique aide, par les réseaux que je connais, à qui je peux demander des avis, par ma possibilité d’arbitrer des débats, faisant intervenir des sciences, par ma connaissance de certains dossiers. Et puis, il y a une certaine façon de regarder certains problèmes. Ça arrive de temps en temps que je propose qu’on aborde quelque chose comme ça et on me dit ce n’est pas la façon habituelle. Aujourd’hui, la politique, son exercice est plus compliqué que jamais. Ça fait intervenir toutes les compétences, et on a besoin que toutes les forces vives de la nation participent. Il y a de la défiance à l’égard du politique souvent, ce niveau de confiance dépend des pays, mais un peu partout il y a de la défiance. Et on a besoin aussi que des gens rentrent dans le jeu politique, qu’ils n’y étaient pas auparavant et qu’ils puissent témoigner, faire les passerelles.Il faut que ça respire. Nous avons connu une situation en France où on était beaucoup trop détaché de la vie politique, du reste. Et l’élection du président Macron, les élections législatives qui ont suivi ont été l’occasion de renverser tout ça. Je ne suis pas en train de dire que les choses sont forcément meilleures ; disons, je ne veux pas être partisan dans ce que je veux dire, mais tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a le besoin de cette respiration et que de nouvelles personnes avec leurs spécialités viennent occuper des postes de responsabilités politiques.

Vous venez d’être nommé Médiateur de la République pour un mandat de six (6) ans. Pouvez-vous nous rappeler le rôle du Médiateur de la République dans un pays comme le nôtre ?

Le Médiateur de la République est une Institution de veille démocratique créée pour la première fois en 1990 sous l’appellation «Médiateur National». Dissoute après la Conférence Nationale, l’institution a été réhabilitée en 2008 sous l’appellation «Médiateur de la République». Elle a été suspendue en 2010 suite au coup d’Etat militaire du 18 février 2010, avant d’être réinstaurée le 08 août 2011 avec l’adoption et la promulgation de la  Loi N°2011-018/PRN du 08 août 2011.

L’intérêt et l’importance de cette Institution résident dans sa principale mission de médiation entre le citoyen et la puissance publique. En effet, l’institution du Médiateur de la République est une Autorité Administrative Indépendante chargée de la médiation institutionnelle, c’est-à-dire la réparation des torts causés aux citoyens par les pouvoirs publics et la réconciliation de ceux-ci avec l’administration incriminée. La médiation institutionnelle est un baromètre qui permet de mesurer le niveau d’acceptation, par tous, des règles du jeu démocratique et le degré de satisfaction des citoyens par rapport à la manière dont ils sont gouvernés à travers les actes et faits administratifs.

Ainsi, le Médiateur de la République reçoit dans les conditions fixées par la loi, les réclamations concernant le fonctionnement des administrations de l’Etat, des collectivités locales, des établissements publics et organismes investis d’une mission de service public, dans leurs rapports avec les usagers. Le Médiateur de la République peut être saisi des questions de la défense des droits de l’enfant et des personnes vulnérables. Il incite les services publics à rechercher l’esprit des lois dans l’application des textes et à accepter de prendre en compte l’équité dans leurs relations avec les citoyens. Il contribue, par ses propositions de simplification administrative ou de réforme à la modernisation des services publics. Le Médiateur de la République peut, à la demande du Président de la République, de l’Assemblée nationale ou du Gouvernement, participer à toute action tendant à l’amélioration du service public ou toute action de conciliation entre l’administration publique et les forces sociales et professionnelles. Enfin, il est  chargé de la défense du droit d’accès à l’information publique.

De quels pouvoirs le Médiateur est-il pourvu pour mener à bien sa mission ?

L’efficacité des interventions du Médiateur est accrue par un pouvoir exceptionnel de contrainte qui lui est reconnu dans deux cas : lorsqu’il s’agit de mettre un terme au comportement manifestement fautif d’un agent ou lorsqu’il convient de mettre fin à l’attitude inacceptable d’un organisme public qui refuse d’exécuter une décision de justice. Dans le premier cas, un pouvoir de substitution est reconnu au Médiateur si l’autorité compétente se refuse à sanctionner un agent indélicat, en lieu et place il peut engager contre cet agent une procédure disciplinaire ou, le cas échéant, saisir d’une plainte la juridiction répressive. Dans le second cas, le Médiateur dispose d’un pouvoir d’injonction. Il peut en cas d’inexécution d’une décision de justice devenue définitive, enjoindre à l’organisme mis en cause de s’y conformer dans un délai qu’il fixe. Si cette injonction n’est pas suivie d’effet, l’inexécution de la décision de justice fait l’objet d’un rapport à titre de compte rendu.

Le commun des Nigériens s’interroge sur le mode d’accès à l’institution du Médiateur. Comment se fait la saisine du Médiateur de la République ?

La loi a énoncé limitativement ceux qui peuvent saisir le Médiateur de la République. Ainsi, sont habilitées à saisir le Médiateur de la République, les personnes physiques ou morales de quelque nationalité qu’elles soient, victimes d’un dysfonctionnement d’une administration de l’Etat, d’une collectivité locale, d’un établissement public ou d’un organisme investi d’une mission de service public.

Par ailleurs, le Président de la République, le Premier ministre, les Députés, les Présidents des Conseils Régionaux et Communaux et les Médiateurs des autres pays peuvent transmettre au Médiateur de la République les réclamations dont ils sont saisis par les citoyens. Quant aux ONG et associations, elles peuvent saisir le Médiateur de la République d’une réclamation, notamment pour les questions des droits des enfants et des personnes vulnérables.

Le Président de la République, l’Assemblée nationale et le Gouvernement peuvent directement saisir le Médiateur de la République pour demander une conciliation ou l’amélioration d’un service public. Enfin, le Médiateur de la République peut se saisir (autosaisine) des situations dont il a connaissance et qui relèvent de sa compétence, chaque fois qu’il a des motifs raisonnables de croire qu’une personne a été anormalement lésée ou peut vraisemblablement l’être par acte  ou omission d’un organisme public.

Toutefois, la loi prévoit que le Médiateur soit saisi par écrit. La saisine est subordonnée à un recours gracieux préalable adressé à l’administration incriminée. Le Médiateur de la République peut être saisi le même jour où le réclamant a introduit son recours gracieux auprès de l’administration mise en cause. Sont joints à la lettre de saisine du Médiateur de la République tous les documents entrant dans le cadre de l’affaire en question. Compte tenu du taux élevé de l’illettrisme au Niger, le Médiateur reçoit les réclamants pour les écouter, les aider à formuler et à écrire leurs réclamations. Lorsque les réclamations n’entrent pas dans le champ des compétences du Médiateur de la République, les réclamants sont réorientés vers les services ou institutions compétents. C’est dire que le Médiateur a pour vocation de consolider et de renforcer l’Etat de droit et la bonne gouvernance. Le recours est gratuit, car il  n’y a aucun frais à payer. Cependant, la saisine du Médiateur ne suspend pas les délais légaux dont on dispose pour engager une action en justice.

Réalisée par  Oumarou Moussa(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

Interview du ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable : « Les forêts constituent une source vitale pour l’alimentation humaine et animale, la pharmacopée, la séquestration du carbone et la génération des revenus subMonsieur le Ministre, notre pays célèbre le 03 Août 2020 la fête de l’indépendance ou Fête Nationale de l’Arbre FNA. Sachant que cette édition se présente dans un contexte de crispation inhérente à la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de la Covid-19, n’est-ce pas un défi que de réussir son organisation ?

Je voudrai tout d’abord commencer par rendre grâce au Tout puissant, le Clément, le Miséricordieux pour nous avoir permis de commémorer le 60ième anniversaire de l’Indépendance de notre pays, anniversaire consacré depuis 45 ans à la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre. 

Effectivement, l’édition 2020 de la FNA, se déroule dans un contexte où la Covid-19 a bouleversé les habitudes socio-économiques, professionnelles et culturelles des populations.

Mais au Niger comme vous pouvez le constater, du fait des mesures adéquates prises par le Gouvernement, des progrès significatifs vers un contrôle de la situation sont observés. Cependant, le virus étant toujours en circulation, organiser les festivités marquant la Fête Nationale de l’Arbre reste effectivement un défi.

C’est pourquoi, plusieurs dispositions sanitaires sont prises dans le cadre de l’organisation de cet évènement. Ainsi, pour prendre en compte cette situation sanitaire dans l’organisation de cette fête, une sous-commission santé a été mise en place au sein du Comité d’Organisation. De même, l’organisation veillera au respect de toutes les mesures édictées par le Gouvernement notamment, la distanciation, le lavage des mains, l’usage du gel hydro alcoolique et le port de bavettes  au niveau des lieux où se dérouleront les évènements entrant dans la célébration de cette Fête. 

Interview du ministre de la Défense nationale : « Le budget de la défense est passé de 38 milliards de CFA au pic de 150 milliards en 2017 », indique le ministre Kalla Moutari Le ministre de la Défense nationale, M. Kalla Moutari, a entrepris, depuis plusieurs mois des visites dans des camps et compagnies militaires de notre pays, qui fait face aux menaces sécuritaires au niveau de ses frontières avec le Mali, le Nigéria et la Libye. Ces menaces, suivies des attaques des assaillants, menacent même Niamey la capitale. Le ministre Kalla Moutari nous décline les buts de ces sorties sur le terrain, les conditions de vie et de travail de nos vaillants soldats, les efforts que l’Etat déploient pour équiper et permettre aux forces armées nationales d’accomplir leur mission de sécurisation du territoire, ainsi que de la présence militaire étrangère dans notre pays.

Monsieur le Ministre, depuis novembre dernier, vous avez entrepris une série de visites dans les différents Camps et Compagnies militaires dans plusieurs régions du pays. Qu’est-ce-qui motive ces sorties dans ces lieux ?

Il n’y a rien de plus normal que ces visites de terrain que nous effectuons régulièrement depuis que nous sommes à ce poste. Ces visites de terrain nous ont déjà conduits à Diffa, Tahoua, Tillabéry, Maradi, Zinder, etc. Les dernières que j’avais effectuées à Agadez et à Ouallam, pendant le Ramadan, semblent avoir plus attiré l’attention. Les raisons de ces visites, c’est pour essentiellement s’assurer des conditions de vie et travail de nos hommes sur le terrain, recueillir les problèmes éventuels en vue de les solutionner. Aussi, vous savez que depuis 2016, en particulier, nous avons opté pour un recrutement massif pour un plus grand maillage du territoire. Donc, de nouveaux bataillons, de nouvelles compagnies et PMR sont créés et installés, la gendarmerie a totalement modifié sa carte. Alors, ce nouveau dispositif a besoin d’être régulièrement évalué avec les opératifs et l’Etat-major. C’est ce que nous faisons aussi à travers ces visites.

Interview du ministre des Affaires étrangères,de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur : «Notre présence au conseil de Sécurité des Nations Unies est importante, particulièrement pour le Sahel qui est aujourd’hui envahiA quelques heures de l’ouverture du sommet de l’Union Africaine que Niamey, la capitale de notre pays abritera du 6 au 8 juillet 2019, votre hebdomadaire Sahel Dimanche, s’est entretenu avec le chef de la diplomatie nigérienne M Kalla Ankouraou. Dans cet entretien, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Nigériens à l’extérieur s’est prononcé sur les avancées enregistrées par notre pays sur la scène diplomatique internationale, régionale et sous régionale sous le leadership du Président Issoufou Mahamadou depuis son accession à la magistrature suprême du Niger en avril 2011. Il s’est aussi exprimé sur l’élection du Niger au conseil de sécurité des Nations Unies ainsi que sur sa contribution dans la lutte contre le terrorisme.

M le ministre, notre pays s’est engagé dans une véritable offensive diplomatique sous la houlette du Président Issoufou Mahamadou. Huit ans après comment pouvez-vous décrire la carte diplomatique du Niger?

Ah ! (sourire). Vous savez, en général lorsque le Président décide de faire quelque chose, il tient parole. Il voulait d’une diplomatie nigérienne offensive et c’est chose faite. Aujourd’hui la carte diplomatique du Niger a beaucoup évolué depuis huit(8) ans. Je peux vous dire que du point de vue des nouvelles chancelleries au Niger beaucoup de pays notamment européens, africains et asiatiques ont ouvert des ambassades à Niamey avec un personnel diplomatique résident, de nombreux autres vont faire de même cette année. Il y a quelques années encore, des pays comme le Royaume de Belgique, l’Italie, le Luxembourg, le Danemark, les Pays-Bas n’avaient pas de représentation diplomatique au Niger. Mais aujourd’hui, ils sont tous là. C’est un aspect important pour nous car, dans le cadre de notre coopération sécuritaire, les pays européens comptent beaucoup. Mais au-delà des pays de l’Union Européenne, nous avons réciproquement ouvert des ambassades dans les pays du BRICS comme la Turquie, l’Afrique du Sud, l’Inde et bientôt la Russie. Au plan africain, nous avons ouvert des ambassades au Cameroun, au Sénégal, au Mali et au Tchad. Au Moyen Orient nous avons maintenant une ambassade aux Emirats Arabes Unis. Actuellement nous sommes en train d’affecter le personnel pour rouvrir notre ambassade au Canada qui était fermée, il y a quelques années et nous allons rouvrir notre ambassade à Moscou, fermée depuis la dislocation de l’Union soviétique. La Russie est un grand pays membre du conseil de sécurité. Nous nous sommes dit qu’il n’est pas normal que nous soyons absents dans ce pays. Comme vous le voyez, nous sommes en train d’ouvrir de nouvelles ambassades et de recevoir d’autres chez nous. Ainsi nous avons ouvert une douzaine de nouvelles ambassades et nous avons noté une dizaine de nouvelles ambassades qui se sont installées dans notre pays durant ces huit dernières années. Voilà donc les modifications intervenues par rapport à la carte diplomatique. Mais vous constaterez qu’il y a un choix délibéré pour les pays du BRICS. Nous en avons fait une priorité. Vous constaterez également que nous avons amélioré les relations de voisinage. Voilà l’option prise par le Président de la République. On fait tout ce qui concoure au renforcement des relations avec les voisins et les amis traditionnels mais aussi avec des amis qui montent en puissance et qui sont devenus incontournables dans le concert des Nations.

{xtypo_quote}«Notre présence au conseil de Sécurité des Nations Unies est importante, particulièrement pour le Sahel qui est aujourd’hui envahi par des groupes terroristes » déclare le ministre Kalla Ankouraou.{/xtypo_quote}

Waziri Maman InterviewQuelles sont les dispositions prises par votre département ministériel pour une meilleure gestion des espaces publics et privés ?

Merci beaucoup pour l’opportunité que vous me donnez pour parler des sujets très importants pour la vie de la nation. Au niveau de la gestion des domaines publics et privés de l’Etat, vous savez, il y a eu beaucoup de dérapages. Il y a eu des espaces qui ont été morcelés ; il ya eu des espaces qui ont été vendus ; des espaces qui ont été illégalement occupés. Pour tout cela, nous avons vite fait de faire adopter une loi qui fixe les principes fondamentaux de l’urbanisme et de l’aménagement urbain. C’est la loi 2017-20 du 12 avril 2017. Cette loi contient tout l’arsenal pour protéger le domaine public et le domaine privé de l’Etat. Par la suite, nous avons fait adopter un décret d’application, et d’autres décrets suivront pour mettre en œuvre ladite loi.

Actuellement, nous sommes en train de tout faire pour éviter que dorénavant quelqu’un vienne occuper illégalement un domaine public. Nous collaborons étroitement avec les autorités de la ville de Niamey et suivons ce qui se passe à l’intérieur. A un certain moment chacun agissait de son côté, le ministère en charge de l’urbanisme d’un côté, la ville de Niamey et les municipalités de l’autre; il n’y avait pas eu suffisamment de coordination. Maintenant, nous avons institué des rencontres régulières pour mieux gérer les domaines publics et privés de l’Etat. Nous avons diffusé des communiqués au niveau de la télévision, de la radio et de la presse écrite pour aviser tout celui qui occupe illégalement un domaine public de l’Etat, ne peut prétendre à aucun titre ; tout autre titre en sa possession est de nul effet. Il ne peut pas en jouir. Il se trouve même qu’il y a des petits malins qui s’amusent à donner des détentions coutumières sur les domaines publics et privés de l’Etat.

En ce qui concerne le domaine privé de l’Etat, les citoyens oublient souvent que l’Etat peut aussi être propriétaire d’un domaine à titre privé qu’il peut vendre pour des activités commerciales, ou pour d’autres types d’activités, industrielles par exemple. Comme l’Etat détient des titres fonciers qui sont souvent très vieux, on oublie même que ces titres fonciers existent. Or imaginez, quand vous avez un titre foncier, votre gardien ou quelqu’un d’autre voit que le terrain est en jachère, il donne une détention coutumière à une autre personne et vend le terrain. Donc c’est carrément du vol. Ceux qui sont fautifs doivent savoir que quelque soit ce qu’ils ont construit sur un domaine public ou privé de l’Etat, nous allons le détruire. Nous allons le détruire parce que l’Etat a aussi des droits.

Interview du PM Brigi Rafini à Jeune Afrique Un aveu d’échec !Dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique, le Premier ministre Brigi Rafini a répondu à une question sur l’amélioration du climat des affaires. Brigi Rafini disait ceci : «La corruption est un réel problème au Niger. Il n’y a que la société qui puisse vraiment juguler ce fléau ». La question que nous posons au Premier ministre est la suivante : de quelle société parle-t-il ?

Est-ce que vous avez réellement vos pieds sur cette terre nigérienne ? Sinon comment comprendre qu’un Premier ministre ne sache pas ce qui se passe dans son pays ? Combien de fois la société nigérienne a été interdite par le ministère de l’Intérieur de son propre gouvernement de manifester leur ras-le bol pour dénoncer la corruption, le vol, le pillage et la mauvaise gouvernance du régime en place ? Aujourd’hui combien d’acteurs de la société civile, de l’opposition politique, de journalistes sont en prison ? Parce qu’ils ont tout simplement dénoncé la mal gouvernance de son gouvernement. Tout récemment un activiste de la société civile Gamatié Mahamadou et un militant de l’opposition Ibrahim Bana sont jetés en prison. Le jeudi 29 juin 2017 un confrère de la presse privée en occurrence Ali Soumana du journal ‘’Le Courrier’’ interpellé et gardé à vue à la Police Judiciaire où même les visites lui sont interdites, on dirait le terroriste le plus recherché sur cette terre. Son domicile et ses bureaux ont fait l’objet de perquisitions ce samedi 1er juillet 2017 dans la matinée.

Monsieur le Préfet, la région de Diffa va  accueillir les manifestations commémoratives de la fête tournante du 18 décembre 2020, quel est le  niveau d’implication de votre entité administrative dans la réussite de cet événement d’envergure nationale ?

Le programme de modernisation des villes concernent les Chefs-lieux des Régions, il se trouve que le siège  du département de Diffa est dans le chef-lieu de région. Ce qui veut  dire que notre implication dans ce processus de la modernisation de la ville de Diffa sous le vocable de Diffa N’glaa est extrêmement importante. Nous sommes impliqués jusqu’au cou dans l’organisation de cet événement national. Je suis le président de la commission Fantasia. En effet, la fantasia est  un aspect culturel de la région de Diffa. Et au-delà de la commission Fantasia, il y a une coordination de toutes  les commissions pour que le travail soit collégial.     

Quelles sont les principales réalisations enregistrées au niveau de votre entité administrative dans le cadre de la mise en œuvre du programme de renaissance du Niger ?

Dans le programme de renaissance, il ne s’agit pas  de voir seulement des réalisations physiques. Il  y a des réalisations comme le changement de comportement au niveau de la société qui puisse amener les communautés à être des actrices du développement dans la région ou le département dans lequel les individus se retrouvent. S’agissant des réalisations physiques, elles ont touché les domaines de l’éducation, de la santé ; des infrastructures ; de l’hydraulique ; l’environnement. Et le comble des réalisations, c’est la fête tournante Diffa N’glaa qui vient avec son lot des réalisations d’infrastructures modernes pour changer complètement le visage de la capitale du Manga. Sur le plan sécuritaire, on peut noter que la modernisation de l’Armée à travers le recrutement massif des soldats pour faire face à la situation sécuritaire qui nous a été imposée par la secte terroriste Boko Haram. Les efforts consentis par le gouvernement dans le domaine militaire ont permis à Diffa de rester en paix.  

La région de Diffa est confrontée depuis 2015, à l’insécurité née des exactions de la nébuleuse secte terroriste Boko Haram, comment se présente la carte sécuritaire de votre département ?

Dans le département de Diffa, nous avons deux types d’insécurité : la menace liée à la nébuleuse secte terroriste de Boko Haram et l’insécurité créée par les communautés elles-mêmes à travers leur secteur de travail. Nous gérons des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs. Mais  depuis un an et demi, l’insécurité connait une accalmie dans le département de Diffa.  Certes, il y a des cas d’insécurité résiduels. L’Etat continue de déployer sur les fronts les Forces de Défense et de Sécurité pour assurer la sécurité aux populations et le vivre ensemble. Aujourd’hui, la preuve de l’accalmie sur le front sécuritaire, c’est la fréquence des redditions. Et l’Etat a mis en œuvre un programme pour l’insertion au sein de la société de tous ceux qui ont voulu calmement et paisiblement déposer les armes et revenir pour qu’ensemble nous puissions construire la Nation.  A cet effet, un centre de reddition de repentis de Boko Haram a été créé à Goudoumaria. Ce centre est fonctionnel. Il a formé déjà 180 ex-combattants de Boko Haram. Ces derniers sont reversés dans la société pour qu’ils puissent être resocialisés et reprendre leurs activités économiques qu’ils connaissaient avant Boko Haram.  

Pour rendre la guerre plus difficile et complexe à nos Forces de Défense et de Sécurité, le groupe terroriste Boko Haram recrutait à l’époque, beaucoup de jeunes dans les différentes localités de la région de Diffa, quelles ont été les stratégies mises en œuvre au plan régional pour ralentir ce phénomène périlleux ou l’éradiquer totalement de la Région?

Dans la vie, nul n’est mobilisable en dehors de ses intérêts. Dans sa stratégie de recrutement, Boko Haram a fait comprendre à la jeunesse qu’elle a de l’avenir en l’aidant à combattre les symboles de l’Etat. L’Etat de son côté devrait aussi prendre les taureaux par les cornes pour montrer à cette communauté que  l’avenir de ses enfants n’est nullement dans cette aventure. L’Etat a mis en place un système communautaire d’explication et de sensibilisation qui a commencé avec les chefs traditionnels et les familles. Il fallait déconstruire les discours véhiculés par Boko Haram. Il faut que les idées développées par Boko Haram soient balayées par des arguments forts. Le développement doit se faire avec la communauté et non contre elle. Pour ce faire, l’Etat a créé des partenariats avec les communautés et partenaires au développement pour accélérer le retour de la paix. C’est une grande stratégie de communication que l’Etat a développée pour détruire la stratégie de communication de Boko Haram. Au début, la secte terroriste Boko Haram recrutait ses combattants avec une moto et 500.000 nairas. Le jeune qui  a accepté cette offre empoisonnée va  faire son business de « Kabou-kabou ». La contrepartie de l’offre, c’est qu’il doit donner régulièrement des informations à Boko Haram. Lorsque l’Etat a compris cela, il a interdit la circulation des motos. Cette interdiction a freiné un peu cette volonté des jeunes d’acquérir une moto dans la mesure qu’elle ne circule pas dans toute la région de Diffa. En créant le centre des repentis, les objectifs de l’Etat étaient clairs. Il faut former ces jeunes sur un certain nombre de métiers qui leur permettront de se prendre en charge dans la vie quotidienne à travers un accompagnement au démarrage. L’Etat et ses partenaires ont multiplié leurs efforts pour que dans l’insécurité, la région de Diffa se développe à travers la réalisation de plusieurs infrastructures touchant la sécurité alimentaire ; la santé ; l’éducation ; l’hydraulique etc. tout le monde est unanime que la lutte contre Boko Haram n’est pas que militaire seulement dans la mesure où l’ennemi est diffus dans la société. Il faut donc l’implication de l’ensemble de la communauté pour que la lutte soit efficace. C’est ce que l’Etat est en train de mettre œuvre sur le terrain.          

L’économie régionale est complètement exsangue avec l’insécurité qui sévit dans la région de Diffa, quelles sont les stratégies de relance des activités économiques dans votre entité administrative ? 

Certes la région a été fortement secouée par l’insécurité, mais l’économie reste résiliente. La marche de l’économie a été freinée avec les abords de la Koumadougou qui ne sont plus exploitables. L’on ne peut pas atteindre l’autosuffisance alimentaire sans l’agriculture. Malheureusement, les champs se trouvant sur les abords de la Komadougou et au-delà sont inexploitables en raison de l’insécurité et les inondations. L’élevage en tant que maillon de production des devises a aussi pris un coup dur dans la même foulée. C’est dire que l’économie a été d’une façon ou d’une autre impactée par cette situation sécuritaire. La route N’guigmi jusqu’à la frontière du Tchad a été suspendue à cause de l’insécurité. Lorsque cette route pouvait faciliter les échanges commerciaux. En Août 2020, il y a presque 28 villages du département de Diffa  en l’occurrence les villages de la commune rurale de Gueskerou qui se sont déplacés complètement du fait de l’insécurité et ceci après avoir ensemencé leurs champs. Ils sont au total 1542 ménages qui ont quitté en bloc dans les 28 villages. Ce déplacement a eu des conséquences sérieuses sur les systèmes sociaux de base tels que l’éducation ; la santé ; l’hydraulique etc. A ces déplacés, viennent s’ajouter les réfugiés venant du Nigeria.  C’est dire que l’économie du département de Diffa a été touchée. L’agriculture et l’élevage qui doivent se faire au bord de la Komadougou et un peu en amont de cette ressource en eau ne sont plus possibles. Il y a certes une relance économique qui est observée petit à petit à travers le soutien accru aux populations. Il faut que celles-ci se réinstallent dans leur communauté et retrouver leur espace de production qu’elles connaissaient. Nous sommes en train de mettre sur pied des petits projets de relèvement de ces populations.    

La campagne agro-sylvo-pastorale écoulée, a été marquée, cette année, par des fortes précipitations dans quasiment toutes les régions du Niger avec son corollaire des inondations, quelle évaluation peut-on faire de cette campagne tant du point de vue céréalier, fourrager que de la gestion même des inondations ?

Il a certes plu dans toutes les régions du Niger. Je vous disais qu’en août 2020, nous avons déjà 28 villages qui se sont déplacés à cause de la dégradation de la sécurité dans la commune rurale de Gueskerou. Ces villages sont déficitaires parce qu’ils n’ont pas eu à cultiver leurs champs. Mieux, dans cette commune, nous avons dénombré 58 villages déficitaires.  Rien que la commune rurale de Gueskerou, l’évaluation a fait ressortir 50.039 habitants en insécurité alimentaire. La commune urbaine de Diffa qui a accueilli les 28 villages de Gueskerou se retrouve aussi avec 14 villages et quartiers qui sont déficitaires, soit 68.612 habitants. Lorsque vous prenez la commune rurale de Chétimari, on a enregistré 81villages déficitaires. Ici, la cause principale de la mauvaise campagne agricole, c’est le lessivage des terres et les ennemis des cultures.  Dans cette commune, il y a à peu prés 56.773 habitants en insécurité alimentaire. L’eau de la pluie ne nous a pas fait tellement des dégâts, mais la crue de Komadougou a fait en sorte que des villages se trouvent complètement déplacés. En 2019, il y avait eu des villages qui s’étaient déplacés. La crue de la Komadougou en 2020 a fait déplacer le restant des villages qui n’ont  pas quitté en 2019. Les inondations de 2020 ont fait quitter plusieurs villages comme Limram ; Malamboirdi ; Dabago Djadji et Dabago Kadayé.

 Réalisée par Hassane Daouda, Envoyé Spécial

26 février 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Interview du Préfet du département de Mainé Soroa : «La construction de la route Mainé-Gaïdam dont les travaux ont débuté va booster l’économie du département et plus globalement celle de la région de Diffa», déclare M. Issaka Mai Salé

Monsieur le Préfet, quelles sont les principales réalisations enregistrées au niveau de votre entité administrative dans le cadre de la mise en œuvre du programme de renaissance du Niger ?

 Comme tous les départements de notre pays, Mainé-soroa a également bénécifié de beaucoup d’investissements. Pour les citer pêle-mêle, le premier qui me vient à l’esprit, c’est l’investissement fait dans le domaine de l’hydraulique. En effet, les conditions d’accès à l’eau potable dans le département ont été nettement améliorées, que ce soit en ville ou en milieu rural. Avant Mainé-soroa ne connaissait pas ce qu’on appelle les forages pastoraux. Mais avec le programme de renaissance, les deux communes pastorales, à savoir : Flatari et N’Guelbeli, ont toutes bénéficié de ce type de forages. Les forages sont actuellement opérationnels avec des châteaux de grande capacité. Ce qui permet d’abreuver aisément les animaux.

Il y’a eu également des infrastructures scolaires, sanitaires et plein d’autres investissements pratiquement annuels. Des actions de soutien aux populations vulnérables avec la politique de vente à prix modéré de céréales. L’une des réalisations phares, c’est la route Mainé-Gaïdam dont les travaux ont débuté. Souvenez-vous que nous ne sommes pas loin de la frontière avec le Nigéria où est dirigée une grande partie de l’économie du département. La construction de cette route va vraiment booster l’économie du département de Mainé-soroa en particulier et celle de la région de Diffa en général.

La région de Diffa est confrontée depuis 2015 à l’insécurité née des exactions de la secte terroriste Boko Haram, comment se présente la situation sécuritaire de votre département ?

Ces derniers temps, ou disons ces derniers mois, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée. Elle est actuellement calme. Il y’a un an environ, certaines zones étaient classées zones rouges où les populations n’y allaient pas et que nous mêmes les autorités évitions d’y aller. Ca ne fait pas longtemps j’étais au bord de la Komadougou pour constater les dégâts causés par les inondations. Et à propos de la sécurité, nous pouvons dire que la situation est stable. Ici, elle se limitait d’ailleurs à quelques cas de vols. Des individus armés arrivaient parfois à intercepter des paisibles gens pour commettre leur forfait. Je profite de vos colonnes pour rendre un hommage mérité aux forces de défense et de sécurité de notre pays qui veillent, à travers notamment des patrouilles nuits et jours, sur la sécurité des populations.

Est-ce à dire que l’état d’urgence peut être levé bientôt? 

Ce sont des dispositions qui concernent toute la région. C’aurait été que ce n’était pas généralisé, peut être que le préfet de Mainé-soroa en déciderait, mais l’Etat d’urgence est décidé au niveau central par le gouvernement. Toutefois nous avons l’espoir qu’avec le temps, la vie reprendra son cours normal dans toute la région. Pour le moment, il n’est pas prudent d’envisager la levée de l’état d’urgence.

 

Pour rendre la guerre plus difficile et complexe à nos Forces de Défense et de Sécurité, le groupe terroriste Boko Haram recrutait à l’époque beaucoup de jeunes dans les différentes localités de région de Diffa, quelles ont été les stratégies mises en œuvre au plan régional pour ralentir ce phénomène périlleux et l’éradiquer totalement de la Région?

La croissance rapide de la population a fait en sorte que les jeunes ne sont pas tous scolarisés, d’autres ne travaillent pas. Et lorsqu’ils sont désœuvrés, ils sont forcement vulnérables. L’accent a été mis particulièrement sur la formation de ces jeunes aux métiers, dans les centres de formation aux métiers que l’Etat a créés dans toutes les communes. Après l’apprentissage, les jeunes sont accompagnés pour lancer leurs activités. Ensuite, il y’a l’aspect sensibilisation qui a réduit leur départ. 

Qu’en est-il de la réinsertion sociale de ceux qui reviennent, les repentis ?

Ils sont tous formés à des métiers, comme je l’ai tantôt souligné, au niveau du  centre des repentis de Goudoumaria. Que ce soit en menuiserie bois et métallique, en couture, en plomberie, en mécanique, en électricité etc. Et chacun en sort avec un kit pour pouvoir exercer son métier. C’est tout cela qui fait qu’aujourd’hui les jeunes ne partent pas vers la secte.

L’économie régionale est complètement exsangue avec l’insécurité qui sévit dans la région, quelles sont les stratégies de relance des activités économiques dans votre entité administrative ?

 Comme je le disais tantôt, ici notre économie est dirigée vers le Nigéria. A partir du moment où la secte terroriste de Boko-haram sévit aussi de l’autre côté, le blocage des activités déjà existante a été accentué encore par la pandémie du COVID-19. Les problèmes se sont multipliés. L’Etat s’est focalisé sur une zone agricole, dans le cadre de l’initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens), tout le long de la Komadougou qui est vraiment une terre fertile, en mettant l’accent sur la productivité des cuvettes. Et la construction de la route Mainé-Gaidam va faciliter les échanges avec le Nigéria.

L’une des conséquences de l’insécurité dans la région de Diffa, c’est aussi le déplacement des populations vers les zones plus paisibles comme le département de Mainé-soroa.  Comment les réfugiés sont-ils pris en charge ici ?

Le département de Mainé-soroa a commencé à accueillir des réfugiés bien avant les premières attaques de Boko-haram sur le sol nigérien. Je suis venu ici en 2013 et j’en ai trouvé déjà. Dans la ville de Mainé, ils ont un quartier spécial. En 2016, c’était toute la population de Gaidam, la plus grande ville nigériane frontalière proche, qui était venue à l’intérieur de la ville de Mainé, après une attaque de Boko-haram. Dieu merci, les choses se sont bien passées, ils ont pu regagner leur ville. Vous avez aussi vu, en venant de Diffa à l’entrée de la ville, des centaines de familles de Toumour, de Bosso et de Kablewa ont trouvé refuge ici. Mais depuis toujours, l’Etat et ces partenaires dont le HCR et tous les organismes du Système des Nations Unies n’ont jamais cessé de prendre leurs responsabilités en main. Les réfugiés sont assistés en abris, en soins de santé, en vivre, et ils sont nombreux tout au long de la RN1 entre Diffa et Mainé-soroa.

La campagne agro-sylvo-pastorale a été marquée cette année par des fortes précipitations dans quasiment toutes les régions du Niger avec son corollaire d’inondations, quelle évaluation peut-on faire de cette campagne tant du point de vue céréalier et fourrager que de la gestion même des inondations ? 

Effectivement, cette année, la pluviométrie a été exceptionnelle. La production agricole a été de façon globale satisfaisante. Il y’a, certes, quelques villages agricoles qui ont été déficitaires du fait surtout des attaques de chenilles et autres ennemis de culture. La partie nord du département est quasi-désertique, certaines zones ne produisent pas. Quand nous prenons les communes de Flatari et N’Guelbeli qui ont d’énormes potentiels de pastoralisme, il a été produit assez de fourrage à même de permettre aux animaux d’atteindre sans difficulté la prochaine saison pluvieuse.

L’inondation a touché beaucoup de périmètres irrigués. Les populations ont perdu des productions de riz et d’oignon etc. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour leur venir en aide. Nous sommes en train de voir aussi comment créer les conditions pour que la prochaine saison culturale soit une réussite pour les paysans.

Ismaël Chékaré, Envoyé Spécial

03 mars 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Interview du président de l’Association Nigérienne d’Intelligence Economique (ANIE)«L’ANIE ambitionne donc de développer les capacités institutionnelles et individuelles en intelligence économique et de promouvoir un environnement favorable aux métiers d’intelligence économique au Niger», déclare M Boulamine Moustapha

Le Concept d’Intelligence Economique est certes nouveau au Niger. Mais au fil des années, il apparait clairement que ce concept est devenu de plus en plus incontournable pour les entreprises tout comme les administrations publiques qui veulent comprendre la marche du monde. Mais, peu de gens s’intéressent aux études visant à approfondir les connaissances dans ce domaine pourtant extrêmement important, dans un monde en perpétuel mutation où les entreprises et les institutions publiques ont besoin de toutes les informations liées à la sécurité de leurs produits à travers une veille stratégique de toutes les menaces et les opportunités qui s’offrent à elles afin de prendre les décisions qui s’imposent au moment opportun. M. Boulamine Moustapha est l’un des rares Nigériens ayant tenté l’aventure d’approfondir ses connaissances en Intelligence Economique. Economiste, et diplômé de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, M. Boulamine est aujourd’hui un expert dans ce domaine après avoir suivi plusieurs formations à l’international, notamment à l’école nationale d’administration en France sur l’intelligence économique, à l’école nationale d’administration publique au Canada sur l’évaluation du développement, à V.V Giri national labour institute en Inde sur le leadership et à Academy International for Business Officials en Chine sur l’économie circulaire. Par ailleurs, il a aussi travaillé pour le compte des institutions internationales comme la coopération allemande (GIZ) et nationales comme le ministère du Plan avant de créer l’Association Nigérienne d’Intelligence Economique (ANIE). M. Boulamine   parle dans cette interview de la pertinence d’une telle association dans un Niger en quête de son développement socio-économique.

Monsieur Boulamine Moustapha, l’Intelligence Economique est un domaine nouveau au Niger, que renferme ce concept ? Et quelle est son utilité pour les administrations publiques et les entreprises privées de notre pays ?

Interview du président de la Commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale, l’Honorable Hamma Assah : « La hausse du budget défense et sécurité se justifie ... parce que justement, il n’y a pas de développement sans sécurité »Honorable, vous êtes président de la commission Défense et Sécurité de l’Assemblée nationale, pouvez-vous brièvement dire à nos lecteurs quel est le rôle de cette Commission ?

Merci au journal Sahel Dimanche pour cette opportunité qu’il nous offre pour parler de la Commission de la Défense et de la Sécurité. Disons d’entrée de jeu que, selon le règlement intérieur de l’Assemblée nationale en son article 30, la Commission de la Défense et de la Sécurité est compétente en ce qui concerne l’organisation générale de la défense et de la sécurité ; la politique de coopération en matière de défense ; le régime de l’état d’urgence et de l’état de siège ; le statut du personnel militaire, des forces de sécurité publique et assimilés ; la suggestion imposée dans l’intérêt de la défense nationale et de la sécurité publique aux citoyens en leur personne et en leurs biens (il s’agit ici de la réquisition en cas de besoin) ; la loi de programmation et de plan militaire ; le service national, le service militaire ; la justice militaire.

Tous ces éléments sont couverts par le champ des compétences de la Commission de la défense et de la sécurité. En clair, cette commission a la charge de veiller au fonctionnement des ministères en charge de la Défense nationale et de la sécurité. Elle a donc un droit de regard sur les procédures des services des FAN, de la Gendarmerie nationale, de la Garde Nationale et de la Police nationale.

Le domaine de la sécurité est un secteur très fermé ; est-ce à dire que le gouvernement vous permet d’exercer pleinement les prérogatives que vous confèrent les textes, notamment en termes de contrôle des dépenses allouées au secteur, en termes de respect des droits humains dans le cadre des opérations de terrain des FDS ?

En effet, la Commission n’hésite pas un seul instant, dans la conduite de ses missions en ce qui concerne le contrôle de l’action gouvernementale et relativement à l’exercice de toutes ses prérogatives sur les ministères concernés. Il n’y a aucune opacité dans l’exercice de nos missions, il n’y a aucune entrave de la part des responsables exécutifs. Les Ministères en charge de la Défense et de la Sécurité nous laissent libre cours pour exécuter nos missions telles que définies par le règlement intérieur de l’Assemblée nationale en son article 30 qui nous permet de saisir tout responsable, soit par audition, soit par interpellation ou par lettre écrite, en vue de prendre exactement connaissance du fonctionnement des ministères concernés du sommet jusqu’à la base.

Depuis plusieurs années, le budget de la défense ne cesse d’augmenter, influant ainsi sur ceux des secteurs sociaux : qu’est-ce que la commission Défense fait pour limiter ce déséquilibre ?

Je crois qu’il faut tenir compte de la situation actuelle du pays, notamment au plan sécuritaire. Tout le monde sait que notre pays évolue dans une région en proie à une insécurité grandissante avec des menaces terroristes de tous côtés. Au début de ces menaces, le budget alloué à la défense et à la sécurité était de 10%. Il est passé à 15% et actuellement il est prévu 17,56% dans la loi des Finances 2018. Cette hausse sur le budget de la défense et la sécurité se justifie par la volonté du gouvernement de mettre les moyens pour assurer la défense parce que justement, il n’y a pas de développement sans sécurité.

Il est évident qu’il faut des moyens conséquents et des actions d’envergure pour contrecarrer les ennemis et les menaces qui viennent aussi bien de l’Est avec Boko Haram, du Nord avec la situation en Libye et de l’Ouest avec tous les groupes djihadistes et narcotrafiquants qui pullulent au nord Mali. Le Niger a près de 5.650 km de frontières poreuses, ce qui complique la tâche à nos forces de défense et de sécurité qui ont à combattre, à la fois, des groupes terroristes et intégristes religieux, des trafiquants de drogue, d’armes et même d’êtres humains. Mais les moyens (aériens, terrestres) acquis ces dernières années permettent à notre pays de garder la maîtrise de la situation.

Mais, je tiens à préciser que les secteurs sociaux ne sont pas pour autant délaissés. L’agriculture et l’élevage prennent près de 18% du budget général de l’Etat. Il y a aussi l’éducation, la santé, l’hydraulique et l’environnement. Tous ces secteurs ne sont pas abandonnés. L’Etat veille à ce qu’il y ait une harmonie sur le plan socioéconomique malgré les importants moyens orientés vers la sécurité. Ce qui est, du reste, compréhensible parce que, s’il n’y a pas de sécurité, il n’y aura ni production, ni école, ni rencontres économiques, etc.

Au vu de l’étendue des menaces, pensez-vous que ces moyens sont suffisants pour y faire face ?

Il est clair qu’au regard de l’étendue des menaces et de leur nature, on ne peut pas dire que les moyens suffisent, mais l’Etat fait des efforts tout en ayant à l’esprit de garder l’équilibre avec les autres secteurs. Maintenant, il faut aussi jouer sur la volonté des hommes. Comme c’est une guerre asymétrique, il faudrait que nos frères, nos enfants qui sont sur les fronts se disent qu’il s’agit d’une guerre asymétrique. Quels que soient les moyens que l’on met, on peut toujours être surpris par l’ennemi.

D’autre part, il y a la population qui doit collaborer avec les Forces de défense et de sécurité, parce qu’en plus des moyens, les FDS ont besoin de renseignements. C’est dire que cette guerre concerne tous les Nigériens. C’est pourquoi, les populations qui sont directement exposées (aux frontières du Mali et du Burkina, dans le bassin du Lac Tchad) doivent aider les FDS en collaborant avec elles et en leur donnant des renseignements.

Justement, dans le cadre de cette guerre contre le terrorisme, nous avons des éléments des armées étrangères sur notre territoire : comment appréciez-vous cet état de fait ?

Ce que nous devrons comprendre en tant que Nigériens, c’est que, comme le dit un adage ‘’lorsqu’on vous aide à vous laver le dos, il faut que vous vous laviez votre ventre’’. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les éléments des armées étrangères qui sont là ne doivent pas aller directement sur le front. Cette guerre concerne d’abord les Nigériens. Ce ne sont pas les Américains, les Français, les Canadiens ou autres pays qui vont faire le combat à notre place. Ils nous apportent des appuis logistiques et techniques, puisque la nature de cette guerre non-conventionnelle l’exige. Ces armées ont la technologie que nous n’avons pas. Nous avons besoin de l’appui de ces armées surtout en matière de formation, de renseignement et d’équipement. Chacun doit jouer sa partition. Nous souhaitons que cet appui soit un appui conséquent, un appui réel.

Certaines régions du pays vivent sous état d’urgence depuis plus de deux ans : qu’est ce que la Commission fait pour soulager les populations de ces zones ?

L’état d’urgence dure en effet depuis plus de deux ans surtout dans la région de Diffa. Il est évident que cette situation implique un certain nombre de restrictions pour les populations. Mais c’est la nécessité qui l’exige. Cette nécessité est constitutionnelle ; elle découle de l’article 58 de notre Constitution et de l’article 30 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Nous savons et nous en sommes pleinement conscients que quand il y a état d’urgence, les libertés sont limitées, que les activités socioéconomiques sont amoindries. Mais la situation fait que l’Etat n’a pas d’autres moyens pour assurer la sécurité publique, la sécurité des personnes et des biens, tant que l’état d’urgence n’est pas appliqué.

Pour le moment, nous voyons et disons que la situation commence à se stabiliser, cela grâce à l’effort des pays, notamment le Tchad, le Nigeria et le Niger, qui ont décidé d’intervenir ensemble dans la zone d’ancrage des menaces. Ce qui veut dire que les activités socioéconomiques doivent normalement reprendre et que petit à petit l’état d’urgence pourrait être atténué ou même levé. Tout le monde sait que Diffa est une zone de production notamment de poivron et une zone de pêche.

Malheureusement, la situation a fait que beaucoup de paysans ont quitté leurs villages et se sont retrouvés sur d’autres terroirs où ils sont considérés comme des réfugiés ou des déplacés. L’activité économique est nettement stoppée et il faut nécessairement qu’elle reprenne, mais avec une certaine sécurité relative. Nous pensons que cela peut avoir un impact positif dans le sens de l’allègement de cet état d’urgence qui a duré plus de deux ans. Pour ceux qui sont habitués à produire, c’est un manque à gagner important non seulement pour les populations, mais aussi pour l’économie de la région et du pays.

Avez-vous des partenaires qui vous accompagnent notamment en matière de renforcement de capacité pour le contrôle et la gouvernance du secteur de la sécurité ?

Notre principal partenaire, c’est d’abord l’Assemblée nationale, mais nous sommes aussi appuyés par d’autres partenaires étrangers notamment dans le cadre de la formation. Cela parce que les préoccupations sécuritaires actuelles concernent non seulement la sous région du Sahel, la région et même le monde entier. Tout récemment, nous avons bénéficié d’une formation de six (6) jours organisée par DCAF –Suisse, dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale. Ce qui nous a d’ailleurs permis de préparer un programme pour la période 2017-2021 dans le domaine de la sécurité, du contrôle de l’action gouvernementale et des missions à l’intérieur et à l’extérieur.

La Loi des Finances actuellement en examen devant le parlement suscite déjà des agitations au sein de l’opinion avec notamment la manifestation de la société civile qui a dégénéré le 29 octobre dernier. Quel commentaire cela vous suscite en tant que parlementaire ?

Pour moi, l’homme est au centre de nos préoccupations. L’Assemblée nationale est le haut lieu de la parole au service de l’intérêt public. Elle est le cœur du débat démocratique. La loi des finances en examen suscite des commentaires parce que dès au début, l’exécutif, c’est-à-dire le gouvernement, aurait dû approcher les leaders et certains responsables de la société d’une manière générale, pour leur dire son intention et leur demander ce qu’ils en pensent. Ils auraient dû être sensibilisés pour éviter toutes ces rumeurs et la désinformation sur cette loi des finances. On a mis du temps à rattraper cette désinformation et nous avons assisté à une situation déplorable le 29 octobre dernier.

En tant que députés, nous pensons que l’impôt est une souveraineté reconnue à tout Etat et partout dans le monde. Sans impôt, il n’y a pas d’Etat et on ne peut rien attendre de l’Etat. Seulement, lorsqu’il s’agit de nouvelles taxes ou de réajustements, il faut que les populations soient bien informées et sensibilisées en amont. Ce qui leur permet de comprendre l’opportunité de la nouvelle donne qu’elles ignoraient peut-être. Nous savons d’une part qu’il y a une récession économique dans ce pays (et partout ailleurs) par la mévente de l’uranium, la baisse des cours du pétrole alors que l’Etat a besoin de ressources pour satisfaire les besoins des populations en termes d’éducation, de santé, d’hydraulique, de sécurité, etc. D’autre part, l’UEMOA a fixé un certain nombre de directives que le Niger est obligé de respecter comme les autres pays de l’espace communautaire.

L’extérieur est en train de nous aider, il faut qu’on accepte de consentir un effort si peu soit-il pour montrer notre volonté de progresser. Il est bien évident que lorsque les populations ne comprennent pas pourquoi on impose telle ou telle taxe, elles vont s’agiter. C’est pourquoi, il faut beaucoup de sensibilisation et d’information. Cette tâche nous incombe en tant qu’élus, mais elle incombe aussi à l’exécutif et aux médias. Tous les acteurs doivent s’impliquer pour éviter la désinformation qui conduit à des actes regrettables.

Pour le moment, le budget est en débat ; il n’est pas adopté. Nous sommes conscients de la situation de nos compatriotes, nous savons ce qu’ils sont capables d’assumer comme charge fiscale. Je crois que les sept (7) Commissions permanentes que compte l’Assemblée nationale vont, chacune, apporter une analyse objective en auditionnant les différentes parties (société civile, syndicats, l’exécutif, et même les religieux) de manière qu’on harmonise nos idées pour éviter une perte de temps inutile sur quoi nous pouvons nous entendre, sans qu’il y ait des tapages inutiles.

Réalisée par Siradji Sanda(onep)

03 novembre 2017
Source : http://lesahel.org/

M. le président depuis quand votre fédération a-t-elle vu le jour, et quand est-ce que vous avez officiellement débuté vos activités ?

La Fédération Nigérienne de Sauvetage et de Secourisme (FNSS) a été créée en 2016 et reconnue officiellement par un arrêté en date du 17 octobre 2017 insérée au JO N°23 du 1er décembre 2017. La création de la FNSS vient combler un trou et contribue à la promotion de sauvetage et du Secourisme au Niger. Les pôles d’activité demeurent essentiellement, sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur le secourisme et les missions de sécurité civiles (opérationnelles) ; et sous la tutelle du Ministère chargé des Sports le sauvetage sportif. La FNSS a débuté ses activités le 10 novembre 2018 avec la formation de trois cent cinquante (350) agents de Forces de Défense et de Secourisme (Police Nationale, Gendarmerie Nationale, Eaux et forêts et la Douane Nationale) suite à une caravane de sensibilisation en prévention et secours (PSC1) de niveau 1 organisée du 01 Septembre au 05 novembre 2017.

M. le président qu’est-ce que la Fédération Nigérienne de Sauvetage et de Secourisme ses objectifs et les activités qu’elle mène?

La Fédération Nigérienne de sauvetage et de secourisme (FNSS), agréée de sécurité civile et reconnue d’utilité publique, forte d’un maillage départemental, régional et national, intervient partout au Niger pour toutes les missions de sécurité civile, sur toutes les manifestations culturelles et sportives et dispose de moyens humains et matériels pour venir secourir et porter assistance à la population. La FNSS organise de nombreuses formations et sensibilisations aux gestes et aux secours d’urgence en milieu terrestre et aquatique. La FNSS est administrée par un Comité Directeur de 9 membres élu pour un mandat de 4 ans. La FNSS est, par ailleurs, seule habilitée à délivrer les brevets de surveillants de baignade (BSB), le brevet de sécurité et de sauvetage aquatique. Elle compte de nombreux moniteurs et instructeurs. Elle est agréée pour l'enseignement des premiers secours, (nécessaire pour intégrer une équipe de secours). Ses objectifs sont entre autres d’unir les groupements sportifs et utilitaires en vue de la réalisation de l’objet social ; de développer chez la population, le sentiment de devoir, l’éducation morale, l’enseignement rationnel des premiers soins à donner en matière de sauvetage et du secourisme, les moyens appropriés permettant de porter secours à ses semblables en tant que citoyen ou acteur de l’équipe dans le cadre de missions opérationnelles de sécurité civile ; d’organiser à tous les niveaux des compétitions et des championnats de sauvetage et de secourisme et de délivrer des titres correspondants ; de sélectionner les représentants du Niger pour les compétitions internationales de sauvetage et de proposer aux autorités en charge de la matière pour l’inscription sur la liste de tout niveau des sportifs, des entraineurs, des juges, des partenaires d’entrainement et sportifs ; de créer des nouveaux groupements ou inciter à leur création, multiplier les stations de sauvetage, les postes de secours, les institutions de prévoyance et d’assistance ainsi que les écoles de secourisme et de sauvetage nautique ; de contribuer au perfectionnement des matériels de sauvetage et des moyens de sécurité ; de procéder aux études de plus haut dans le domaine de sauvetage, non seulement en ce qui concerne le matériel, mais aussi en équipant le personnel en installations applications de la médecine et de l’hygiène au sauvetage et du secourisme etc.

Monsieur le président, la fédération que vous dirigez est l’une des plus jeunes du Niger. Quelles sont les structures que vous avez pu mettre en place pendant ce premier mandat pour animer la discipline badminton ?

Depuis notre accession à la tête de la Fédération Nigérienne de Badminton (FENIBAD) en 2016, nous avons fait des activités structurantes une de nos grandes priorités du fait que nous avons eu en termes de défis la promotion du badminton sur l’ensemble des régions que compte le pays à travers l’installation et la dynamisation des clubs, et des ligues respectivement au niveau communal et régional. C’est ainsi que dans un délai record, un travail titanesque a été mené, par mon équipe pour asseoir et rendre

opérationnelles toutes ces structures qui sont d’une importance capitale dans le processus de promotion de cette discipline olympique qu’est le badminton. Aussi, nous nous sommes battus pour avoir notre affiliation auprès des Instances Internationales de Badminton notamment la Fédération internationale de Badminton (BWF) et la Confédération Africaine de Badminton (BCA).

Pensez-vous que les jeunes nigériens perçoivent bien cette nouvelle discipline qu’est le badminton ?

Il faut noter que le badminton est un sport qui suscite beaucoup d’engouement chez les jeunes filles et garçons. Pour preuve nous enregistrons un nombre important de jeunes inscrits en tant que pratiquants de badminton. Aussi, plusieurs écoles de Niamey, de Dosso et de Tillabéry ont introduit la discipline dans leur programme de formation au vu de l’intérêt que les jeunes portent à ce sport.

Interview du président de la FENIFOOT «Il faut qu’on arrête de mettre le football dans les fadas, dans le verbillage et dans les bagarres. Il faut qu’on ramène le football dans les stades», déclare le Colonel Major Djibrilla Hima HamidouM. le président, le championnat national de ligue 1 a débuté le 23 décembre dernier sur tous les stades du pays et se poursuit normalement. Comment avez-­vous préparé cette compétition majeure de la Fédération Nigérienne de Football ?
On a pris du retard sur le début du championnat à cause de deux aspects essentiels que sont l’aspect organisationnel et l’aspect financier. Mais nous avons surtout été retardés aussi par notre première participation à la coupe du monde avec le Mena cadet. Vous savez que cette compétition a pris toute notre attention et a éclipsé la pré­ paration du championnat. Donc, on s’est focalisé sur la coupe du monde avant de se consacrer à la fin sur l’organisation de notre compétition nationale qui est le championnat national de ligue 1. Fort heureusement, on a pu quand même démarrer ce championnat en décembre alors qu’il est sensé commencer en octobre. Il faut reconnaître qu’on traîne toujours des difficultés financières inhérentes à notre participation à la coupe du monde des cadets, parce que nous avions consacré beaucoup de nos ressources pour la préparation de cette équipe­là et pour sa participation à cette compétition. Des ressources qui sont normalement sensées aller dans la préparation des compétitions nationales, dans le championnat et dans les activités de la FIFA et de la CAF. Voilà les raisons pour lesquelles nous avions commencé tard, mais nous espé­ rons pouvoir aller jusqu’au bout.

« En pareille circonstance, les Nigériens ont le devoir et l’obligation d’être solidaires avec leurs dirigeants actuels qui sont en train de gérer avec courage et détermination l’embargo économique »

 

M. le président, quelle lecture faites-vous de la situation actuelle du secteur de l’énergie depuis les sanctions illégalement infligées par la CEDEAO au Niger au lendemain du coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023 ?

C’est un grand honneur pour moi de m’exprimer dans les colonnes de votre journal pour parler de ce problème qui nous concerne tous, parce que c’est de notre patrie qu’il s’agit. Effectivement, depuis les évènements du 26 juillet 2023, le Niger fait face à un embargo économique, commercial, financier et politique décidé par les organisations d’intégration sous régionales à savoir la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Aussitôt, le coup d’état perpétré par le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp), ces organisations et leurs mentors internationaux ont brandi des menaces et pris de sévères sanctions contre le Niger. Sans nul doute, ces sanctions sont parmi les plus sévères jamais infligées à un Etat souverain et n’ont qu’un seul but : étouffer, asphyxier et isoler totalement notre pays.

Chose surprenante, certains chefs d’État se sont distingués par leur empressement dans leur application stricte. Le Nigeria voisin a, sans discussions préalables et sans préavis, déconnecté la ligne à haute tension transportant l’électricité vers le Niger au mépris total des accords qui régissent l’exploitation de cette énergie entre les deux pays, de telle sorte que des coupures d’électricité sont naturellement enregistrées dans les villes et villages de notre pays. Cette réaction disproportionnée se distingue aussi par l’empressement quasi-jubilatoire de nos partenaires d’hier à nous imposer ces sanctions inhumaines et irrégulières sans aucune exemption.

Nonobstant, la fermeture des frontières, la suspension des relations commerciales appliquées à l’ensemble des transactions, le gel des avoirs de l’État et des banques nationales auprès de la banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (Bceao), l’embargo sur les hydrocarbures, les produits pharmaceutiques et les denrées alimentaires, l’interdiction de visas à nos étudiants en France, constituent des châtiments qui sont de nature à mettre en péril la population nigérienne et son économie. Les motivations et les justifications qui sous-tendent leur application sont inacceptables et inadmissibles. Et comme si ça ne suffisait pas, on a envisagé un moment (et peut-être toujours en gestation dans des états-majors de pays hostiles) une intervention militaire ! Nous constatons avec satisfaction que la fourniture d’électricité s’améliore progressivement, comme le dit un économiste, « l’économie, c’est de l’énergie qu’on brûle », donc une mauvaise fourniture d’énergie est synonyme de sous-développement permanent. Mieux, le Chef de l’Etat s’implique d’une manière active dans la résolution du déficit énergétique.

Quel commentaire vous suscite la rupture unilatérale par le Nigeria de la fourniture de l’énergie électrique à notre pays malgré les accords qui unissent les deux sociétés d’énergie des deux pays ?

Cette situation de rupture de contrat aussi inédite qu’arbitraire est contraire aux pratiques entre deux États modernes. C’est une violation flagrante des accords commerciaux qui lient nos deux pays, et en même temps les fondements de la tradition africaine basée sur le respect de la parole donnée. A quelque chose malheur est bon serait-on tenté de dire si la situation n’était pas aussi grave, voire catastrophique, pour nos populations car, nos autorités et même les populations ont compris notre inquiétude de lutter pour notre indépendance énergétique puisque Dieu nous a offert des ressources naturelles pour cela mais comme on dit « le fruit mûr tombe mais pas dans la bouche ». Répétons-le, ces sanctions prises dès le 30 juillet violent délibérément le droit international, humilient leurs auteurs, démontrent leur égo surdimensionné, leur mépris et leur arrogance vis-à-vis du peuple du Niger en particulier et des peuples de la Cedeao en général. Quand je vous disais qu’il s’agissait ni plus ni moins que d’une jubilation ou une excitation fébrile à nous asphyxier.

En pareille circonstance, les Nigériens ont le devoir et l’obligation d’être solidaires avec leurs dirigeants actuels qui sont en train de gérer avec courage et détermination cet embargo qui, au-delà de son caractère destructif, donne à notre pays l’occasion de prendre son destin en main. Actuellement, les coupures d’électricité dont est victime le Niger sont les conséquences logiques de la violation des textes régionaux et internationaux. La communauté internationale doit retenir que l’avenir du Niger dépend en grande partie de son peuple. Les efforts que déploieraient les partenaires pour l’aider sont des contributions très insignifiantes. Certes, la possibilité d’imposer un embargo sur les armes est prévue par l’acte additionnel de la Cedeao de 2012, mais les sanctions de cette nature, qui sont contre l’accès aux biens et produits essentiels et l’acheminement de l’aide humanitaire, sont contraires aux textes de la Cedeao et de l’Uemoa. De même, en droit international, l’imposition d’un embargo total sans exemption humanitaire pour les biens essentiels parait difficilement compatible avec les obligations pesant sur les États.

D’autre part, l’Assemblée générale de l’ONU ainsi que le Conseil des droits de l’homme ont condamné à plusieurs reprises ce type de mesures, et ont demandé aux États de s’abstenir de les adopter ou de les appliquer. Mieux, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels de cette institution a clairement souligné que « les habitants d’un pays ne doivent pas être privés de leurs droits économiques, sociaux et culturels fondamentaux parce qu’il a été déterminé que leurs dirigeants ont violé des normes relatives à la paix et à la sécurité internationales ». C’est pourquoi, la crise énergétique que traverse le Niger doit permettre aux Nigériens de ne plus considérer l’électricité comme un simple produit de consommation, mais un vecteur prioritaire dans l’amélioration des conditions de vie et de travail. Nous avons désormais un moyen d’atténuation qui est le barrage de Kandadji sur le fleuve Niger qui serait doté d’une centrale électrique de 130 mégawatts. Comme nous le disions tantôt, c’est le départ de notre indépendance énergétique qui nous est proposée par cette agression qui viole allègrement tous les instruments en matière de sanctions. Puisse ce vœu figurer en bonne place des résolutions fermes qui seront prises par le Conseil Consultatif National. Dès lors, notre pays ne doit nullement céder aux menaces qui ont pour objectif de compromettre son avenir. De ce fait, nous avons un grand espoir que depuis les événements du 26 juillet 2023, le Niger se lance sur la conquête de son indépendance énergétique.

En tant qu’expert en la matière, que conseillerez-vous aux autorités nigériennes pour que ce genre de situation préjudiciable à l’économie nationale soit définitivement évitée ?

Cette question touche une triste réalité. Il n’y a pas lieu de se décourager. Il faut garder espoir que la situation s’améliorera rapidement. Il nous faut trouver de vraies solutions. Il en est une que nous offre l’Alliance des trois Etats du Sahel (AES) (Niger, Burkina, Mali) si les promesses contenues dans les intentions venaient à s’exprimer dans les faits. Cela voudrait dire qu’il faut serrer les rangs en vue d’utiliser ensemble les sources d’énergies offertes pour minimiser les coûts d’exploitation et concomitamment mettre fin aux délestages et sécuriser les approvisionnements. Nous espérerions que des changements substantiels interviendront pour assurer la prospérité du secteur énergétique et la défense des intérêts des populations. Dans cette hypothèse, nous soutiendrons toute action tendant à revoir les méthodes d’exploitation et les contenus des contrats, l’édification d’un environnement sain autour des centrales électriques et la satisfaction des besoins des consommateurs. Pour l’instant, poser ces préoccupations majeures, c’est revenir à la source du problème, d’où notre appréhension qui vise à demander l’instauration de véritables bases de développement durable en matière énergétique. Nous apprécions le fait que les nouvelles autorités soient de plus en plus exigeantes par rapport à l’intérêt général et ambitionnent un mieux vivre au Niger. De ce fait, pour assurer la pérennité des exploitations énergétiques, les parties prenantes à savoir l’État, les délégataires de service public de l’énergie, les associations des consommateurs doivent faire preuve de flexibilité, d’agilité et de redevabilité. Cela mettra au goût du jour l’ambitieux programme électronucléaire du Niger. Nous osons espérer que personne ou presque ne s’y oppose. Il nous faut obligatoirement une énergie de substitution, d’où le choix du nucléaire civil. Un choix pertinent, et je pense que nos responsables politiques l’ont bien compris dans cette perspective. A la lumière des résultats extrêmement encourageants, le programme électronucléaire du Niger suscite l’admiration, et de nouveaux objectifs ont été fixés par l’AIEA, l’ARSN et la HANEA. Il s’agit d’un choix cohérent et déterminé par des facteurs internes et externes, plaçant de grands espoirs dans sa mise en œuvre. L’exécution d’un tel programme permet à notre pays d’acquérir un savoir-faire et une maîtrise des technologies dans ce domaine. Il s’agit d’analyser les choses objectivement, pour réussir et conduire des actions de développement, d’industrialisation et d’incitation dans les secteurs les plus prometteurs. En effet, l’électricité nucléaire est un sujet d’actualité permettant à notre pays d’être plus indépendant du point de vue de son énergie, c’est-à-dire qu’on ne puisse plus disposer de nous. Maintenant, notre préoccupation est comment finaliser notre programme électronucléaire (PEN) sur les problèmes de garanties et de risques.

Depuis le 1er novembre dernier le Niger est devenu un pays exportateur de pétrole brut. Quelle pourrait être la plus-value pour le pays ?

La mise en production de la phase II du bloc Agadem est une question de fierté légitime. Il est important de souligner que ce lancement est un moment historique pour notre pays, inscrivant le Niger parmi les pays exportateurs du pétrole brut. Ce qui semble être une bonne nouvelle. Je souhaite saisir cette occasion pour exprimer mes remerciements et ma gratitude à toutes les équipes qui ont contribué à un tel succès. De toute évidence, le pétrole brut est l’une des denrées les plus précieuses sur les marchés de la planète. Dans le même temps, les cours varient de jour en jour, et dépendent de toutes sortes de facteurs plus ou moins hors du contrôle des gouvernements et de l’industrie. Au nombre de ces facteurs : les taux de consommation et de production dans le monde, la santé générale de l’économie planétaire et la situation sociopolitique des pays acheteurs ou producteurs de pétrole et de ses dérivés. Difficile donc de déterminer le moment où l’on atteindra le point haut de la production. Sans aucun doute, si la demande venait à dépasser la capacité d’approvisionnement de l’industrie, il est probable que les prix connaissent une hausse. C’est à juste titre que cette phase promet de stimuler l’économie nationale pour contribuer à financer les projets de développement.

Le principal défi est de répondre aux préoccupations des consommateurs en agissant sur les prix du carburant, puisque la fermeture des frontières entre le Niger et le Bénin, n’a pas entravé le projet. Le pipeline, d’une longueur de près de 2 000 km, offrira à notre pays la possibilité d’exporter son pétrole brut sur le marché international, en utilisant le port de Sèmè, situé au Bénin. Dès lors, les caisses de l’État pourront connaitre une amélioration spectaculaire. Ce qui est sûr, cette situation créera de nombreux emplois directs et indirects pour les travailleurs d’autres industries et entreprises, contribuera à limiter l’immigration, stimulera les dépenses de consommation et exercera une influence indirecte sur d’autres secteurs de l’économie comme les infrastructures, la santé, l’éducation, l’agriculture, la recherche avec suffisamment de conviction. C’est dire que des signes de reprise économique sont visibles, ainsi qu’un soutien gouvernemental important pour atténuer les effets néfastes des sanctions. De ce point de vue, une croissance de l’emploi entraînera une hausse des dépenses, qui profiteront à d’autres secteurs de l’économie. Je suis convaincu que même si l’industrie pétrolière et gazière fait figure de nouvelle venue dans l’économie nigérienne, dans cette période de sanctions, elle en est vite devenue un élément clé de notre souveraineté, en témoigne la disponibilité et l’accessibilité des hydrocarbures partout au Niger.

Propos recueillis par Oumarou Moussa (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org/ 

Salif Mayaki Forum interparlementaire TIC NiameyAujourd’hui s’ouvre à Niamey un Forum interparlementaire autour des questions de TIC et de développement dans l’espace CEDEAO. Organisé par l’Assemblée nationale il réunit plusieurs dizaines de participants dont des parlementaires des pays membres de la CEDEAO, des experts et spécialistes des TIC ainsi que des invités membres de la société civile du secteur privé et des ONG qui vont, trois jours durant, plancher sur le thème « harmonisation des cadres politique et juridique des TIC dans l’espace CEDEAO ». Nous avons, en prélude à la tenue de ce Forum, donné la parole au Président du Comité d’organisation, le député Salifou Mayaki.

L’Assemblée Nationale du Niger organise un Forum sur les TIC, qu’est ce qui a amené à inscrire une question aussi technique que sont les technologies de l’information et de la communication au sein du débat parlementaire ?

« Mon espoir c’est de voir la nouvelle voie que nous nous sommes tracée nous conduire, avec ou sans la levée de l’embargo, à répondre aux attentes du peuple nigérien, l’espoir de vivre en paix et dans la prospérité »


Monsieur le Président de la République vos prises de paroles sont rares, certains estiment même que le CNSP et le gouvernement doivent communiquer davantage. Que répondez-vous à tous ceux qui soutiennent cette idée ?

Merci de l’opportunité que vous nous offrez pour nous adresser une fois de plus à nos compatriotes, au-delà de nos compatriotes aux peuples du Sahel, d’Afrique et du Monde. Permettez-moi d’avoir une pensée pieuse pour les martyrs civils et militaires du terrorisme dans notre sous-région, d’avoir également une pensée particulière envers les veuves et les orphelins, envers l’ensemble des peuples du Sahel qui souffrent le martyre depuis plus de dix ans, en particulier le peuple nigérien qui supporte non seulement les affres du terrorisme, mais aussi les affres d’un terrorisme étatique à travers l’embargo et les sanctions injustes à lui imposées. ‘’Que Dieu soubanahou wata Allah couvre de sa rahama’’ tous nos martyrs.

Pour répondre à votre question, la communication est l’art de transmettre un message. Les canaux à travers lesquels certains nous attendent ou attendent de recevoir nos messages ne sont pas ceux- là mêmes que nous utilisons. Mais la communication, elle est stratifiée. Trop de communications tue la communication, a-t-on coutume de dire. Mais, c’est pour cela qu’un Etat est organisé pour utiliser tous les vecteurs en vue de transmettre un message au peuple souverain, et ces vecteurs sont utilisés par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Nous ne passons pas certainement à longueur de journées à la télé ou à la radio, mais si c’était le cas on n’aurait pas pu exercer. C’est pourquoi nous sommes justement interpellés. Nous passons par plusieurs canaux, à commencer par le niveau local à travers les prêches qui transmettent des messages aux fidèles que ça soit dans les mosquées, dans les églises, à travers les chefs traditionnels lors des grands événements qui transmettent également les messages aux populations, à travers les interventions des ministres qui composent le gouvernement de transition, à travers le Premier ministre qui a intervenu à maintes reprises, à travers certaines interventions des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Je crois que nous communiquons, c’est le moyen à travers lequel nous communiquons qui, peut-être, ne répond pas aux attentes des gens. Mais pour nous le plus important est que le peuple nigérien soit édifié de ce que nous faisons. Je crois que nous parvenons à le faire à travers tous ces vecteurs que je viens de citer.

Monsieur le Président, quatre mois après l’avènement du CNSP au pouvoir, les Nigériens attendent toujours vos orientations stratégiques, votre programme de gouvernement pour une vision d’ensemble sur toutes les questions d’intérêt national sur l’économie, le social et le politique, qu’en est-il exactement ?

Je suis surpris d’entendre cette question. Quand nous avons intervenu, nous avons dit notre premier souci qui est le souci sécuritaire, donc l’organisation de la défense. Effectivement nous avons réussi à réorganiser notre système de défense et à créer des structures dans le domaine de la lutte anti-terroriste, et ces structures donnent des résultats même si nous ne sortons pas souvent pour le dire, mais nous obtenons des résultats. Certes, il faut comprendre que c’est une situation qui a duré plus de dix ans, mais en quatre mois ce que nous avons obtenu comme résultat nous permet d’espérer que ce premier domaine qui est le domaine de la défense et le domaine sécuritaire à travers les actions sur le terrain, les actions diplomatiques qui nous permettrons de renouveler nos domaines de coopération avec certains pays qui nous accompagnerons dans le sens de prendre en main notre destin dans le domaine de la sécurité.

Je crois qu’à l’origine du terrorisme sur notre territoire, je citerai notamment la France. Vous ne pouvez pas combattre un incendie avec de l’essence. Et pour nous l’incendie, terrorisme tire son essence du soutien que la France lui apporte. Nous avons pu dénoncer les accords de coopération en matière de défense. C’est un grand pas, un pas sur une situation qui était là depuis plus 50 ans, nous sommes parvenus à le faire, Dieu merci. L’ambassadeur de France qui a voulu, au mépris des règles des relations diplomatiques, sous-estimer et mépriser les autorités nigériennes, a quitté notre territoire. Ce sont également des actions concrètes que nous avons posées dans le domaine du rétablissement de l’ordre sécuritaire. Dans le domaine économique, malgré l’embargo qu’aucun autre pays au monde n’a vécu, nous sommes parvenus, Dieu merci, à assurer le ravitaillement régulier du pays. Et ce ravitaillement régulier à travers un corridor sécurisé, nécessite une grande mobilisation des Forces de Défense et de Sécurité.

Nous avons réussi, toujours dans le domaine économique, à travers la bonne gouvernance, à instaurer un climat de confiance. Tous les Nigériens étaient unanimes sur la nécessité de rendre ce qu’on a soutiré des caisses de l’Etat et par rapport à cela nous avons pris des mesures pour mettre en place la Commission de Luttes contre les Infractions Economique, Financières et Fiscales (COLDEFF) qui est une réalité aujourd’hui, et qui va s’atteler en tout cas à ramener, au profit du peuple nigérien, tout ce qui a été spolié. C’est également, je crois, une démarche à saluer. Nous avons d’autres perspectives notamment dans le domaine alimentaire, voir comment, et déjà il y a un budget qui est prévu à cet effet, assurer le minimum dans le domaine alimentaire. Ce sont des grandes actions qui concernent des axes bien définis que peut-être les gens n’ont pas encore compris, mais ce sont des actions concrètes dans les domaines de la défense, de la bonne gouvernance, dans le domaine économique, et certainement politique avec d’autres actions que je ne citerai pas et qui sont en perspectives.

Monsieur le Président justement à quel niveau se trouve l’organisation du dialogue national inclusif nigérien qui a été annoncé depuis quelques semaines ?

C’est plutôt depuis quelques mois, le dialogue a été annoncé exactement au mois de Septembre, mais nous sommes des militaires, nous sommes prévoyants et nous prévoyons l’imprévu. Au moment où nous avons voulu initier le dialogue national inclusif, nous étions confrontés à une menace évidente qui est l’hostilité de la France qui avait sur notre territoire, on parle de 1.500 hommes, mais c’était plus de 2.000 hommes. Face à cette hostilité, organiser un dialogue national alors que 1.500  hommes sont sur la base aérienne de Niamey, serait un risque. Nous avons certes entendu les gens sortir dire que nous avons reporté le dialogue national, on ne sait même si c’est un dialogue sincère ou s’il aura lieu. Voilà une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas organisé comme nous l’avons initialement voulu en Septembre. En plus de cette menace de la présence des troupes françaises sur notre territoire, où c’était un impératif pour nous qu’ils quittent notre territoire.

Malgré l’hostilité ouverte des autorités françaises, nous avons pu faire partir cette troupe. A l’étape d’aujourd’hui, il reste une centaine et ils vont partir. En plus de cela, vous savez que le Niger, même si c’est de façon télécommandée, faisait face dans la même période à une menace d’agression de la CEDEAO. Est-ce qu’il est rationnel pour nous qui sommes des militaires d’organiser un dialogue national en ce moment précis avec toutes ces menaces sans oublier les menaces terroristes qui bénéficiait bien du soutien de leurs sponsors. Toutes ces raisons, même si nous ne sommes pas sortis pour le dire ouvertement au peuple nigérien pour des raisons stratégiques, nous ont poussé à sursoir à ce grand rendez-vous à Niamey. Voilà les raisons pour lesquelles le dialogue national inclusif n’a pas eu lieu comme annoncé il y a de cela trois ou quatre mois, mais c’est une certitude que ce dialogue aura lieu et vous aurez l’occasion bientôt de connaitre les dates exactes retenues pour le dialogue national inclusif.

Monsieur le président, selon les informations à notre possession, la campagne agro-sylvo-pastorale n’a pas véritablement répondu aux attentes de nos populations. Quelles sont les solutions envisagées par le gouvernement pour faire face à cette situation ?

Effectivement la campagne agro-pastorale a été déficitaire à des proportions différentes. Pour ce qui est du domaine de la production agricole, elle est déficitaire à 39 %. Ce n’est pas aussi alarmant que nous le pensons. Sur 13.468 villages, 5343 villages sont déficitaires. Mais, même si c’est 10% des villages qui sont déficitaires, c’est une inquiétude pour nous. Pour ce qui est du domaine pastoral, nous avons un déficit de 53 % ; un besoin de plus de 18 millions de tonnes de matière sèche, donc c’est énorme comme déficit pour un pays dont l’économie repose notamment sur l’agriculture, mais surtout l’élevage. 

Par rapport à ces inquiétudes nous avons initié des démarches qui consisteront à nous assurer les 840.000 tonnes de céréales dont les 5343 villages ont besoin et en termes de matière sèche c’est plus de 18 millions de tonnes. Et cela sera compensé par la mise en place des aliments bétail en quantité assez importante et l’approvisionnement des magasins OPVN en céréales diverses. C’est un souci, mais des dispositions sont prises, des fonds sont prévus pour cela et, In Sha’a Allah, nous traverserons cette épreuve de plus. 

Monsieur le président cette autre question, est la vie chère que vivent les Nigériens dans leur chair suite aux sanctions inhumaines que la CEDEAO a imposé à notre peuple. Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour y faire face ?

Effectivement le peuple nigérien vit dans sa chair les affres de la vie chère. Mais ces affres de la vie chère se sont accentuées avec l’embargo qui a été mis sur notre pays. Avant l’embargo, c’est une crise mondiale que tous les pays connaissaient. Et toutes les denrées ont connu une hausse spectaculaire. C’était la survie. C’est à cette survie que s’est ajoutée pour le peuple nigérien l’embargo sauvage qui a rendu la vie des nigériens plus difficile. Mais nous ne restons pas les bras croisés, nous ne restons pas là à nous lamenter.  Face à l’épreuve, il faut être imaginatif, il faut prendre des initiatives et ces initiatives se traduisent entre autres par la multiplication du partenariat dans le domaine diplomatique avec des pays qui sont sincères avec le Niger, même si nous ne sommes pas naïfs, nous connaissons que les relations internationales c’est des relations d’intérêts. Mais nous sauvegardons les intérêts du peuple nigérien, les partenaires sauvegardent leurs intérêts. Pour nous, le plus important c’est le peuple nigérien, comment à travers nos relations diplomatiques sécuriser des corridors, obtenir un accompagnement alimentaire dans le respect de la dignité. 

Pour ce qui est des solutions au niveau local, nous avons multiplié la recherche de corridors pour assurer un ravitaillement dans des conditions sécurisées au peuple nigérien. Ces corridors que nous avons eu à prospecter sont le corridor du Burkina Faso, le corridor de la Guinée Conakry, le corridor de l’Algérie, et le corridor de la Libye. Sur certains corridors nous sommes très avancés et vous le remarquez avec le système de protection et d’escorte que nous avons mis en place. Avec ce système nous arrivons à maintenir une cadence régulière permettant d’approvisionner les marchés, non seulement de Niamey, mais aussi ceux de l’intérieur du pays. À titre de rappel, depuis le 28 novembre des camions sont en train de rentrer par un corridor ami. Et de façon ininterrompue plus de 4000 camions sont rentrés du 28 novembre à la date d’hier (9 décembre).  C’est un effort colossal qui exige la mobilisation des forces importantes et nous allons le faire de façon soutenue pour que la vie chère liée à l’embargo soit atténuée. Il restera évidemment la vie chère liée à l’environnement économique mondial et ça certainement avec le temps d’autres solutions seront trouvées.

Monsieur le Président, vous avez procédé à l’installation de la CoLDEFF il y a quelques jours. Quelles sont les assurances et les garanties que la CoLDEFF ne sera pas comme toutes les institutions similaires dédiées à ce type de mission lors des transitions passées et qui ont eu somme toute des résultats mitigés ? Est-ce que cette fois la CoLDEFF aura véritablement les moyens de sa politique et quelles sont les garanties pour son indépendance et la réussite de sa mission ?

La commission de lutte contre la Délinquance Economique Financière et Fiscale (CoLDEFF) est l’émanation d’une volonté populaire. Je ne répondrai pas des résultats que les autres commissions ont eu à des périodes bien précises puisque je ne peux pas savoir ou imaginer le soutien dont elles ont bénéficié, ni des critères sur lesquels les personnes qui les ont composées ont été retenues. Pour ce qui est de la ColDEFF c’est une volonté populaire que les Nigériens ont manifestée. Face à cette volonté de justice et de voir que les biens de l’Etat soient considérés par tout responsable comme des biens sacrés, des biens communs, nous avons défini des critères des membres de la CoLDEFF. Parmi ces critères nous avons retenus d’abord l’intégrité. En plus de l’intégrité, nous avons retenu l’engagement, le dévouement à la cause nationale et enfin l’esprit de l’intérêt national, puisque tout ce que nous ferons sans cet esprit d’intérêt national, nous n’aurons jamais de résultats probants. Labou Sanni no ! Zantchan Kassa ne !

Plus de 10 millions de nigériens, certainement, remplissent ces conditions. Mais nous ne pouvons pas réunir une commission de milliers de Nigériens à plus forte raison de millions de Nigériens. C’est pour cela que nous avons trié après avoir constitué des CV des membres candidats à ces postes. Et si vous vous rappelez lors de mon intervention en langues nationales j’avais appelé les Nigériens à nous accompagner dans les choix des personnes qui vont animer cette commission. Dès l’annonce de la première liste ou du projet de liste des voix se sont élevées pour dire que l’enquête n’a pas été fructueuse. Il y a des personnes qui sont suspectées d’avoir posé des actes. Mais une suspicion reste une suspicion. Malgré tout, notre objectif étant de créer l’harmonie et la cohésion autour de la CoLDEFF nous avons remplacé ces personnes suspectées. Et nous sommes parvenus à avoir une liste qui fait le consensus, je ne dirai pas qui fait l’unanimité, puisqu’aucun domaine ne pourra faire l’unanimité. Cette liste de 35 membres avec un bureau va bénéficier de notre soutien total. C’est une garantie supplémentaire pour la réussite de la CoLDEFF. Ni les membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, ni les membres du Gouvernement, ni moi-même, n’allons interférer dans les décisions que la CoLDEFF aura à prendre.

Au contraire la CoLDEFF trouvera auprès de toutes ces structures un soutien indéfectible. Que tous ceux qui ont spolié les biens de l’Etat répondent de leurs actes. Zantchan Kassa ne, ce n’est pas une chasse aux sorcières. Il faut que le Nigérien apprenne et intégrer que le poste de responsabilité n’est pas synonyme de confusion avec le trésor national, la caisse de l’Etat. Les biens de l’Etat doivent être sacrés. Tout ce qui est à l’Etat et dont on vous a confié la responsabilité, la gestion doit être sacrée. Nous voulons que cela soit ancré dans l’esprit de tous les responsables qui sont actuellement en poste dans ce régime de transition. Et la CoLDEFF, comme je l’ai dit, aura certainement le soutien total de toutes les autorités. Elle aura l’accompagnement matériel et financier, mais à la mesure de nos possibilités puisque, comme vous le savez, notre pays, nous l’avons dit, traverse des moments difficiles. Les salaires il faut aller à 35, 40, de fois 45 jours pour finir. Mais Dieu merci, même si c’est après 45 jours jusqu’ici nous avons pu payer les salaires. Donc, la CoLDEFF doit s’inscrire dans cette logique : les moyens ne sont pas en abondance, mais les moyens nécessaires à son fonctionnement, ainsi que le soutien, ne lui feront pas défaut.

Monsieur le Président, personne ne sera épargné ?

Tout celui qui, de façon avérée, aura pillé les biens de l’Etat, aura détourné les biens de l’État, répondra à la CoLDEFF. Et la CoLDEFF a tout notre soutien. Je dis bien tout notre soutien puisqu’elle ne répond que du président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Elle aura tout notre soutien, c’est un serment, pour accomplir sa mission, restituer ce qui a été subtilisé à l’Etat. Nous ne ferons pas la chasse aux sorcières, la CoLDEFF ne fera pas la chasse aux sorcières, et c’est pourquoi nous inviterons tous les Nigériens qui ont des faits, je ne dirai pas des questions de personnes, mais qui ont des faits, qu’ils les soumettent à la CoLDEFF. Elle leur réservera le traitement approprié jusqu’à aboutissement. C’est une certitude, c’est une garantie, aucune personne dont la responsabilité sera avérée n’échappera au traitement que la CoLDEFF réservera au dossier la concernant.

Monsieur le Président, il y a aussi une question d’actualité qui intéresse les Nigériens : les nominations aux emplois supérieurs de l’Etat. Quelle réaction cela suscite chez vous ?

C’est comme la COLDEFF dont nous venons de parler. Nul n’est parfait et aucun acte ne sera parfait. C’est à nous de découvrir les imperfections et dans l’ordre approcher les responsables des actes posés pour porter les amendements. Les affectations sont une des prérogatives d’un gouvernement, d’un Etat. Ces affectations répondent à un certain nombre de critères ; des critères de compétences, d’intégrité et surtout des critères de haute compréhension de l’intérêt national. Quel que soit le poste que vous allez occuper, c’est l’intérêt national qui doit être la première priorité. Certes dans les affectations, il se peut que nous ayons affecté ou eu à affecter des personnes, peut-être, qui ne font pas l’unanimité. Mais donnez le temps au temps et jugez les gens en fonction des actes qu’ils posent. Les gens ont des problèmes de personne. Or c’est l’intérêt national qui nous a conduit à dire que ce que les gens ont eu à poser comme acte jusqu’au 26 juillet ne va pas dans le sens de l’intérêt national et que si nous restons les bras croisés, il n’y aura plus de Nation à défendre, à plus forte un Nigérien. Donc, il faut que les Nigériens, de la même façon que nous sommes sortis librement pour mettre fin à la dérive, qu’ils nous ont soutenu, qu’ils nous soutiennent dans toutes les désignations que nous aurons à faire. Et comme je l’ai dit, s’il y a des propositions, des recommandations. Mais, il faut que ça se fasse dans les règles de l’art. Un Etat fonctionne en fonction des règles, selon des règles connues des citoyens. Observons ces règles, donnons un délai de grâce à ces personnes pour en tirer les conclusions. C’est tout ce que je peux dire par rapport à ce domaine d’affectation ou d’occupation des postes qui font souvent l’objet de bruits. Malheureusement, les bruits sont souvent exagérés quand j’entends certains dire : non un tel ne mérite pas, si on ne le dégage pas, nous allons en guerre contre le CNSP. Or, certaines fonctions sont définies par des textes de loi qui disent quelles conditions remplir pour occuper tel poste et que certains compatriotes disent certaines choses sur la loi, je suis au regret d’entendre des propos comme ça. Nous sommes dans un Etat qui respecte les règles. S’il y a lieu d’agir pour que le respect des règles soit observé, alors nous agirons.

Excellence, l’exploitation du pétrole nigérien suscite une série de questions sur lesquelles nos compatriotes attendent de l’Etat des éléments de réponse. D’abord quels sont les principaux gisements que nous avons au Niger ?

Effectivement le domaine pétrolier, si vous vous rappelez, est un vieux domaine. Les premières prospections ont commencé déjà avant l’indépendance, dans les années 1959. Elles se sont poursuivies après les indépendances. A un certain moment, elles se sont arrêtées. Parce que notre pays n’a pas pu résoudre le problème de prospection, de recherche. Nous attendons toujours que des compagnies étrangères viennent prospecter, faire des recherches sur notre territoire. Alors que nous avons la capacité et les moyens de faire ces recherches nous-mêmes en nous organisant. Donc, à un certain moment, les recherches et les prospections se sont arrêtées. Il a fallu attendre l’arrivée de feu son Excellence Tandja Mamadou, que son âme repose en paix, pour relancer et de façon dynamique et irréversible l’exploitation. Je ne dirais même pas d’exploration mais d’exploitation. Nous avons quatre blocs. Il y a le bloc Agadem I et   chinoise, où la CNPC a investi 540 milliards F CFA.  Ces 540 milliards F CFA n’était pas un fonds au-dessus de la capacité de l’Etat nigérien. Ça veut dire que cette raffinerie aurait pu être nigérienne. Mais le Président Tandja Mamadou, que son âme repose en paix, a montré que c’est possible au moment où les gens pensaient que c’était une mer d’eau souterraine, plutôt que du pétrole. Il a cru au rêve, il a pu construire le premier pipeline de 462,5 km au Niger, il a fait construire la raffinerie, dont il a fait une condition pour tout contrat avec l’Etat du Niger. Dieu merci, cette raffinerie a été mise en exploitation depuis le 28 novembre 2011. Tandja avait déjà quitté le pouvoir. C’est pour dire que les Chefs d’Etat, leur devoir, leur responsabilité, c’est vis-à-vis du peuple. Aujourd’hui, ceux qui bénéficient des retombées de cette raffinerie, ce n’est ni Tandja, ni la famille de Tandja, c’est le peuple nigérien. Si les choses avaient été faites dans les règles, mais ça c’est un autre débat.

En dehors de la raffinerie Agadem phase II, c’est le pipeline de Koulele jusqu’aux rives de l’océan Atlantique à 1 950 kilomètres. Ce pipeline, à l’instar de la raffinerie et du pipeline de la raffinerie, a été effectivement réalisé, une fois de plus, sur un crédit, mais un crédit contracté par une compagnie chinoise qui a investi dans la réalisation de ce pipeline, 1 440 milliards de francs CFA. Le Niger aurait pu lever ce fonds sur le marché international si nous avons ou si nous avions une compagnie qui faisait la recherche et la prospection. Puisque ce sont les découvertes et les quantités découvertes qui permettront de contracter le crédit puisque c’est une garantie à laquelle les bailleurs de fonds ne peuvent opposer un refus. Mais, soit ! le pipeline est aujourd’hui une réalité, il a été lancé le 1er novembre de cette même année et sa production est de 90.000 barils par jour. Sur ces quatre-vingt-dix mille barils jour, j’entends souvent des calculateurs, des scientifiques nigériens, des mathématiciens dire que nous multiplions quatre-vingt-dix mille barils par soixante-dix-sept dollars le prix d’un baril. Un baril équivaut à 159 litres à peu près et nous avons les recettes journalières du Niger. Ce n’est pas vrai ! Sur les quatre-vingt-dix mille barils par jour, la part du Niger est de 25,4%. C’est sur la base de ces 25,4 % que vous aurez la part exacte par jour du Niger. Et multiplier cette partie par le cours du baril, vous aurez la part du Niger par jour, et ça dans les meilleures des conditions. Actuellement, le baril est en hausse. Nous espérons beaucoup parce que la production a déjà été achevée. Le transport est en cours jusqu’à l’océan Atlantique. Effectivement quand cette phase de remplissage des cuves dans l’Océan Atlantique sera achevée, en janvier prochain probablement, nous pouvons espérer les premières sorties des barils du brut nigérien qu’on a communément appelé le Melec.

Mais notre volonté n’est pas de commercialiser que du brut. Nous voulons aller vers le raffinage. Nous avons assez chanté que le Niger a été spolié depuis plus de soixante ans parce que tout ce que nous produisons est exporté de manière brute. Le Niger ne bénéficie pratiquement pas des ressources de son sous-sol parce que le Niger n’a pas initié une politique qui lui permette de maîtriser l’exploitation de ses ressources. Nous voulons aller vers une raffinerie qui va transformer le brut nigérien sur le sol nigérien et, In Sha’a Allah, nous le ferons avec des partenaires, pas des gens qui sont là pour nous exploiter. Cela pour que le partenariat gagnant-gagnant soit enfin une réalité, pour que le pétrole brut nigérien soit raffiné sur place en d’autres produits qui sont actuellement recherchés notamment le jet, l’essence que la raffinerie de Zinder (la SORAZ) ne produit pas à suffisance. Actuellement c’est un tiers de la production des 20.000 barils qui est transformé en essence, les deux tiers sont transformés en gasoil. Donc nous pouvons ravitailler les pays de la sous-région en jet pour les avions. Nous avons des pays qui, malgré l’embargo, continuent à coopérer avec nous et c’est l’occasion de les remercier, notamment le Mali et le Burkina Faso vers lesquels nous pouvons exporter le pétrole raffiné, que ce soit du gasoil, du super, du jet, du pétrole lampant ou du gaz selon la demande ou les demandes qu’ils feront. Mais, il faut que les Nigériens comprennent que dans le pipeline, sur les 90.000 barils, le Niger a 25 %. Si mes calculs sont exacts, ça fait 22 860 barils jour. C’est donc ça qu’il faut multiplier par le cours du baril. Un baril, ce n’est pas 200 litres, c’est 158,98 litres, à peu près 159 litres. Que les mathématiciens fassent le bon calcul et jugent en fonction du résultat de leurs calculs.

Monsieur le Président, vous avez récemment effectué une visite d’amitié et de travail au Mali et au Burkina Faso. Quel sens donnez-vous à cette visite dans ces deux pays ?

Pour nous le Burkina Faso et le Mali, ce ne sont plus des pays lointains. C’est l’espace de l’Alliance des États du Sahel. Et pour nous il est naturel de nous déplacer à Bamako, comme à Ouagadougou, dans l’esprit de l’Alliance des Etats du Sahel.  Mais les raisons fondamentales qui m’ont conduit à initier ces déplacements sont de deux ordres. La première raison, c’est pour remercier les autorités de ces deux Etats de l’Alliance des Etats du Sahel, leurs gouvernements et leurs peuples pour le soutien indéfectible qu’ils ont apporté au peuple nigérien dans l’épreuve qui nous a été imposée par la CEDEAO. Comme vous le savez, le 30 juillet 2023, quatre jours après notre intervention, la CEDEAO s’est réunie à Abuja pour décider non seulement de l’embargo, mais comme si le désastre de l’embargo ne suffisait pas, déclarer également vouloir constituer une force militaire pour attaquer les Nigériens qui ont osé demander que la souveraineté de leur pays soit respectée. Face à cette menace d’embargo et d’agression militaire, le Mali et le Burkina Faso ont fait une déclaration conjointe, le lendemain du 31 juillet, pour d’abord s’opposer à cet embargo illégal et inhumain, mais aussi affirmer leur solidarité avec l’État du Niger et les autorités nigériennes, pour faire face à toute agression militaire aux côtés du Niger. Cette déclaration, comme je l’ai dit, a radouci beaucoup d’ardeur, a tempéré beaucoup d’ardeur. A côté de cette déclaration conjointe du Mali et du Burkina Faso, il y a l’engagement et la détermination du peuple nigérien qui s’est levé dès la déclaration de cette volonté de nous agresser pour dire non à l’embargo, et dire non à toute velléité d’agression. Je lui rends hommage, le remercie et l’encourage à continuer car le combat n’est pas fini. Je comprends que « Laabou Sanni No ! ». Mais des changements de régimes, des transitions, se sont succédés au Niger ; Ces transitions n’ont pas bénéficié du soutien populaire du peuple du Niger, ceux des États du Sahel, d’Afrique, et même du monde. C’est une raison de plus pour féliciter le peuple nigérien.

La deuxième raison de mon déplacement dans la même lancée de la déclaration conjointe du 31 juillet, c’est que le 16 septembre vous vous rappelez, nous avons signé la création de l’Alliance des États du Sahel. Cette alliance a pour objectif-puisque c’était le souci immédiat le domaine sécuritaire- le domaine de la défense. Dieu merci, nous avons mis nos moyens en commun et nous obtenons des résultats dans le domaine de la défense, de la sécurité, notamment dans la lutte contre le terrorisme.  Parce que nous savons, nous sommes convaincus, et nous avons des preuves que ce terrorisme est un terrorisme importé. Quelles que soient par ailleurs les raisons que les gens ont voulu faire avaler aux Nigériens et aux États du Sahel, ce terrorisme est un terrorisme sponsorisé. Nous avons pu nous débarrasser de certains sponsors, et si vous le constatez au Niger, au Mali et au Burkina Faso, des résultats palpables sont obtenus dans le domaine de la lutte anti-terroriste.

Mais ceux qui sont armés ne sont pas les seuls terroristes. Nous avons le terrorisme des États de la CEDEAO qui ne font pas moins que ce que les terroristes font. Combien de Nigériens sont morts sur les lits d’hôpital parce qu’on manque de produits pharmaceutiques ; combien de Nigériens meurent sur leur lit d’hôpital parce que nous sommes privés de l’électricité qui est pourtant un partenariat entre deux entreprises privées. Donc quel est le sens du mot terrorisme quand on ignore que priver un pays du minimum en termes de produits pharmaceutiques, de produits alimentaires, pour obtenir un accord ou pour contraindre le pays à faire des concessions politiques ; c’est la même définition du terrorisme. C’est quoi le terrorisme ? C’est l’utilisation de la violence contre des personnes innocentes pour les contraindre afin d’obtenir des concessions politiques.

Et c’est ce que ces États de la CEDEAO font contre le Niger ; c’est ce que ce terrorisme sponsorisé fait contre les peuples des États du Sahel. Donc il était temps pour nous d’aller dans ces pays pour affirmer notre volonté. En plus du domaine sécuritaire, notre alliance doit évoluer dans le domaine politique et dans le domaine monétaire. Puisque cette alliance a, in fine, pour objectif de créer les conditions de prospérité pour nos peuples, pour les peuples du Sahel. Et c’est là, le deuxième motif de mon déplacement. Il s’agit aussi de renforcer en troisième ressort les relations diplomatiques. Là où nous n’avons qu’un Consulat, l’ériger en Ambassade. Donc voilà de façon synthétique les trois ou quatre domaines : la défense, l’économie, la diplomatie et le domaine socio-économique et monétaire. Si aujourd’hui nous faisons face à des pressions sauvages, c’est parce que peut être nous sommes restés très longtemps passifs dans certains domaines ; nous n’avons pas su nous assumer et assumer notre souveraineté à travers des décisions fortes. Ce sont ces décisions que j’étais parti demander aux chefs d’État ; de mettre nos efforts en commun pour avoir ce courage de libérer définitivement l’espace sahélien, l’espace des États du Sahel.

Justement, par rapport à la question de la monnaie, peut-on espérer avoir notre monnaie prochainement ?

Je ne me prononcerai pas. Je préfère laisser l’opportunité de la déclaration aux spécialistes. Je l’ai dit, l’État est stratifié, et chaque niveau à des domaines de compétence, et au moment opportun, ces domaines de compétence, ces experts, se prononceront.

Ce jour 10 décembre 2023, les Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO se sont réunis à Abuja. Entre autres sujets importants, ils ont échangé sur la situation au Niger. Êtes-vous optimiste quant à l’issue de cette rencontre ?

Pour moi c’est l’intérêt national qui est au-dessus de toute considération. Nous avons demandé beaucoup de sacrifice au peuple nigérien. Le peuple nigérien bénéficiant des soutiens des pays frères et amis a supporté l’insupportable. Il est resté digne quatre mois durant, quatre mois de privation malgré nos efforts multiples pour alléger cette souffrance. Mais le peuple nigérien est resté debout, malgré cet embargo qui touche tous les domaines. Je l’avais dit l’embargo que notre pays a connu n’a jamais été expérimenté nulle part ailleurs. Certains se sont amusés à établir un tableau. Consultez ce tableau et vous comprendrez l’intention machiavélique qui a conduit à cet embargo contre l’État du Niger. Mais passer par des actes terroristes pour contraindre le peuple nigérien à céder c’est sous-estimer, c’est méconnaitre l’histoire. Le peuple nigérien est un peuple de guerriers ; nous sommes héritiers et dépositaires de ce que nos dignes prédécesseurs nous ont légués : la résilience dans l’épreuve ; la cohésion dans l’épreuve. Certes les temps ont changé, les hommes ont changé, les capacités ont changé. Mais malgré ces changements le Nigérien reste résilient. Mais ce n’est pas pour autant que nous allons demander au peuple, exiger au peuple de continuer à souffrir de cette situation. Mon espoir, c’est que l’embargo soit certes levé, mais mon espoir c’est aussi de voir la nouvelle voie que nous nous sommes tracée nous conduire avec ou sans la levée de l’embargo, à répondre à l’espoir du peuple nigérien, l’espoir de vivre en paix et dans la prospérité. Et je reste convaincu que ce nouveau partenariat que nous sommes en train de mettre en place avec de nouveaux partenaires, avec des partenaires qui comprennent la situation de l’État du Niger, qui comprennent les raisons de notre intervention, qui comprennent le caractère vital de notre intervention pour notre pays. J’ose espérer que dans un très proche avenir que ces partenaires nous accompagnent à rétablir l’équilibre. Et In Cha Allah, avec ou sans levée de l’embargo, ou des sanctions, et malgré la menace de reconduire l’agression le peuple nigérien sera debout dans le domaine que nous aurons choisi à travers ce nouveau partenariat que nous voudrons pour le bien de notre pays. On nous a assez muselés. Il faut que tout un chacun comprenne qu’il y va de l’intérêt de notre pays, intérêt qui a été spolié pendant plus de cent ans. Quand on parle de soixante ans, soixante-cinq ans, c’est se limiter aux indépendances. Le Niger a été spolié avant les indépendances, le Niger a continué à être spolié après les indépendances. Il est facile de constater le degré de spoliation dont nous avons été victimes à travers les accords que nous avons progressivement dénoncés, et que nous continuerons In Cha Allah à dénoncer pour le bien de notre peuple. Et cela, que personne n’en doute. Nous allons poser des actes dans les jours, les mois à venir In Cha Allah, qui affirmeront davantage la souveraineté de notre pays et la prospérité retrouvée.

Monsieur le président, pour finir cet entretien quel sera votre mot de la fin ?

Je tiens tout d’abord à dire une fois de plus mon admiration pour le peuple nigérien qui est resté debout. Je tiens aussi à dire mon admiration pour les forces de défense et de sécurité qui sont restées debout malgré les moyens limités, allant jusqu’au sacrifice ultime pour préserver notre pays. Merci à l’ensemble des pays qui ont compris le sens de notre démarche. Cette démarche de souveraineté. ‘’Laabu sanni no’’, ‘’Zance kasa ne’’ comme le disent nos compatriotes. Nous sommes là pour l’intérêt national et nous défendrons l’intérêt national quel qu’en soit le prix. Je saisis également cette occasion pour dire que le peuple nigérien, à travers ses autorités, a supporté l’insupportable à travers des accords qui ont entravé notre développement. Nous allons mettre tous les moyens qu’il faut pour les reprendre un à un pour le seul intérêt du Niger et de ses populations. C’est un serment et c’est une promesse. Quels que soient les sacrifices, tous les accords qui ont empêché à notre pays et à notre peuple de bénéficier ou de rentrer en possession de ce qui leur revient de droit, tous ces accords seront remis sur la table et renégocié. Il sera avec les mêmes partenariats mais dans un esprit de l’intérêt national et de celui de l’investisseur si le partenaire l’accepte. Ou ils seront rejetés si le partenaire estime qu’il ne peut satisfaire aux nouvelles conditions que nous allons exiger.

N’est-ce pas aberrant de découvrir que le Niger, pays classé toujours dernier de la planète, que ce pays renonce aux taxes et autres droits vis-à-vis des entreprises françaises qui exercent au Niger sous le fallacieux prétexte et accord que les entreprises nigériennes qui seront installées en France bénéficieront du même traitement. Est-ce qu’on a même des vendeurs à la sauvette qui exercent en France ! ça fait plus de 60 ans que cette situation perdure. C’est pourquoi quand j’entends des concitoyens dire que des actes n’ont pas été posés, je me dis que nous avons besoin de mieux connaître notre pays.

N’est-il pas tout aussi aberrant à l’état actuel, que ce soit le Niger qui paie les taxes aéroportuaires et douanières au profit des forces qui sont sur notre territoire ? c’est des milliards que l’Etat du Niger paie à Summa et à l’ANAC (Agence nigérienne de l’avion civile). Allez-y demander ce que nous devons payer. Là aussi, c’est une promesse, nous n’allons pas payer ces taxes. Que les Français qui doivent payer paient. Nous avons dénoncé l’accord. A partir de cet instant nous ne payerons plus rien au profit d’aucune force présente sur notre territoire national. C’est le summum de l’immoralité que ça soit le pauvre qui paie les charges du riche. Ne trouvez-vous pas cela aberrant ? Et comment nos dirigeant ont-ils accepté de tels accords ? La raison ne peut permettre de comprendre cet état de fait. Ce sont là des domaines sur lesquels nous allons revenir incha Allah. Il y’aura tant d’autres domaines. Les jours à venir seront édifiants pour nos concitoyens. Mais d’ores et déjà, les actes que nous avons posés ont remis en cause des situations qui ont duré 50 voire 60 ans et que tous les régimes qui se sont succédés n’ont pas osé attaquer. Nous les attaquerons et les remettrons en cause. C’est un serment. Les premiers actes que nous avons posés sont de nature à prouver que ce que nous disons, ce n’est pas juste de la communication. C’est une détermination, un serment et un engagement irréversible à protéger incha Allah les intérêts de notre pays et du peuple nigérien.

Script : ONEP
Source : https://www.lesahel.org

Moutari Ousmane Zinder SabouaMonsieur le Président du conseil régional de Zinder voulez-­vous bien nous parler du fonctionnement du conseil que vous dirigez ?

Pour vous faire de la genèse, je rappellerais que la région de Zinder a été érigée en collectivité territoriale à partir des élections de 2011. Elle fait donc partie de sept (7) régions à avoir eu ce statut et à être insérées dans l’architecture institutionnelle de la République. Avec une superficie de plus de 155.000 km2 presque la superficie du Sénégal et une population estimée autour de 4millions d’habitants si on fait la projection à partir du RGP/H de 2012, la région de Zinder est l’une des plus grandes entités régionales. Pour parler du conseil régional, il faut tout de suite préciser qu’il est à la fois un organe délibé­rant et exécutant c’est­- de développement économique régional le PDER 2016­2020 touchant tous les secteurs de développement et plus particulièrement les secteurs économiques, sociaux et culturels. Nous sommes actuellement en train d’élaborer le schéma d’aménagement foncier. A côté de tout cela le PDER prévoit des plans d’actions et d’investissement annuels ainsi que le budget annuel que nous élaborons. Nous venons juste de tenir, le 16 décembre passé, notre session budgétaire pour l’année 2018. Voilà pour ainsi résumer comment la planification de notre action de développement est faite. à-­dire jouant le rôle du législatif et de l’exécutif de la région. Nous avons donc un organe délibé­rant composé de 41 conseillers élus auxquels s’ajoutent huit (8) représentants de la chefferie traditionnelle et les 33 députés élus dans la circonscription ré­gionale de Zinder, étant entendu que ce sont les conseillers élus qui ont droit de vote. Ensuite, à côté de cet organe nous avons l’exécutif du conseil qui, lui, est composé du président du conseil régional, assisté des deux vice­ présidents. Nous tenons des sessions ordinaires, en principe quatre, au cours de chaque année et deux sessions extraordinaires au moins. C’est les sessions qui décident du budget, qui instruisent l’exécutif de conduire la mission de développement incombant au conseil régional.

Sani Kabir Csc 1Le Président du CSC, Dr Sani Kabir Du 30 juillet au 7 août derniers, le président du Conseil supérieur de la Communication (CSC) Dr Sani Kabir a effectué des missions dans les régions de Dosso, de Maradi, de Zinder et de Tahoua. Dans les différents Chefs-lieux des régions, Dr Kabir s’est notamment entretenu avec des journalistes, des autorités administratives et coutumières, des responsables des Forces de défense et de sécurité, des hommes politiques et des membres de la société civile. Le président du CSC a, au cours de cette mission de vulgarisation des textes et du rôle du CSC, échangé au total avec près de 200 journalistes, 60 acteurs politiques et de la société civile, des FDS, en vue du renforcement de capacités en matière des textes juridiques sur la communication au Niger. Il nous livre, dans cet entretien, l’essentiel des différents échanges qu’il a eu avec ces différentes couches socio-professionnelles, à l’intérieur du pays.

Monsieur le président du CSC, du 30 juillet au 7 août derniers, vous avez effectué une mission qui vous a amené dans certaines régions de notre pays. Peut-on connaître les objectifs de cette 1ère mission que vous venez de faire ?

Je remercie l’ONEP pour cette occasion qu’il me donne pour faire, en quelque sorte, le bilan de cette première série de missions que, ma délégation et moi venons de mener à l’intérieur du pays. En effet, aux dates que vous venez d’évoquer nous avons visité quatre des huit Chefs-lieux de région que compte notre pays, à savoir Dosso, Maradi, Zinder et Tahoua. Ces visites rentrent dans le cadre de la vulgarisation des nouveaux textes du CSC, notamment la nouvelle ordonnance portant Organisation, Attributions et Fonctionnement du CSC, ainsi que la loi portant sur la publicité. Il est essentiel, pour nous, de porter à la connaissance du public ces nouveaux textes mais aussi, en tant que nouveaux membres de ladite institution, de rencontrer les acteurs des médias et nos relais régionaux. Nous les avons tous rencontrés, nous avons écouté leurs préoccupations, pour éventuellement y apporter les réponses appropriés, nous leurs avons aussi présenté le rôle et les objectifs du CSC. C’était donc des rencontres de contact et de vulgarisation que nous avons initiée dans ces régions.

Interview du Professeur agrégé Brah Souleymane, Spécialiste en Médecine Interne

Mal connue du grand public dans les pays en développement, la médecine interne contribue pourtant dans l’accès des populations à un médecin capable de gérer un patient dans sa globalité. Qu’est-ce que la médecine interne ? Dans quels cas fait-on recours à cette spécialité ? Comment opèrent les Internistes ? C’est autour de ces questions que cet entretien a porté avec le Professeur Brah Souleymane, professeur agrégé du CAMES, Spécialiste en médecine interne, chef du service de Médecine interne à l’Hôpital général de référence (HGR) et enseignant chercheur à la Faculté des Sciences de la Santé de l’Université Abdou Moumouni (FSS/UAM) de Niamey.

Au Niger, on connait les spécialités médicales puisqu’on en fait recourt fréquemment, mais votre domaine – la médecine interne- est peu connue des Nigériens. Alors c’est quoi la médecine interne ?

La médecine interne est une spécialité au carrefour des spécialités d’organe. Elle est la spécialité des démarches diagnostiques difficiles et de la prise en charge des adultes poly pathologiques (plusieurs pathologies associées). Si vous voulez, l’interniste n’a pas un organe dont il s’occupe comme le cardiologue s’occupe du cœur et des vaisseaux ; le pneumologue, du poumon. Elle permet de prendre l’homme sans se focaliser uniquement sur un organe. Selon Fred Siguier «le spécialiste en médecine interne est la contrepartie naturelle de l’excès de spécialisation ; celle-ci est rassurante, intellectuellement confortable et permet à peu de frais d’être le référent scientifique dans un domaine étroit»

Dans quels cas fait-on recours à l’expertise d’un spécialiste de la médecine interne ?

On fait recours le plus souvent au spécialiste en médecine interne ou Interniste en cas de difficulté de diagnostic, de maladies rares, de plusieurs maladies associées et en cas de certaines maladies auto-immunes (il s’agit de maladies au cours desquelles le corps de l’individu produit des anticorps qui attaquent ces propres cellules). Pour ce qui est des maladies auto-immunes, elles n’étaient pas diagnostiquées, il y a une quinzaine d’années. Mais depuis l’arrivée des premiers internistes, elles sont diagnostiquées de plus en plus. Il s’agit de pathologies méconnues comme le Lupus.

{xtypo_quote}«La médecine interne est une des spécialités qui convient le plus aux pays en développement comme le nôtre parce qu’elle donne à la population la possibilité d’avoir accès à un médecin à même de gérer un patient dans sa globalité»{/xtypo_quote}

La démarche du Médecin Interniste peut être résumée par cette citation du philosophe français Blaise Pascal qui dit  «puisqu’on ne peut être universel et savoir tout ce qu’on peut savoir sur tout, il faut savoir un peu de tout. Car, il est bien plus beau de savoir quelque chose de tout que de savoir tout d’une chose; cette universalité est la plus belle ».

Est-ce qu’il y a une demande en médecine interne au Niger ?

Oui il y a une forte demande. Si vous voulez la médecine interne est une des spécialités qui convient le plus aux pays en développement comme le notre. Cela, parce qu’elle donne à la population la possibilité d’avoir accès à un médecin qui a la possibilité de gérer un patient dans sa globalité.

A-t-on besoin d’équipements spécifiques comme c’est le cas dans les autres branches de la médecine ?

En service de médecine interne on n’a pas besoin de grands équipements. Le matériel classique de consultation suffit pour un interniste. Cependant, il faut préciser que la médecine interne a, pour les de diagnostics difficiles, besoin de moyens d’exploration poussée au laboratoire et en imagerie.

Avec la médecine interne, on est tenté de dire que c’est un retour aux sources où la médecine traite non seulement les maladies du corps mais aussi peut-être celles de l’esprit ?

Exactement ! La base de la médecine est la sémiologie (étude des signes du patient) qui consiste à un bon interrogatoire et un examen physique du patient complet. C’est ce qui est mis en avant dans la médecine interne. On donne de l’importance à nos oreilles ; à nos yeux ; à notre toucher, avant tout bilan complémentaire.

Une question qui vous paraîtra certainement idiote professeur : Est-ce que la médecine interne n’est pas de la sorcellerie ?

Non, ce n’est pas une question idiote ! Si je vous donne de façon caricaturée l’exemple du film ‘’Dr House’’ ! Il s’agit d’un interniste qui pose des diagnostics auxquels personne ne pense. Cela peut faire penser que l’interniste a d’autres ‘’pouvoirs surnaturels’’. Mais en réalité, il écoute, regarde et touche beaucoup plus le patient avec une démarche beaucoup plus rigoureuse et de façon acharnée pour poser des diagnostics difficiles.

Réalisée par Siradji Sanda

18 janvier 2021
Source : http://www.lesahel.org/

uuMonsieur le Secrétaire Général que faut-il comprendre par élections professionnelles ?

J’aimerai par un rappel pour dire que c'est depuis la Conférence nationale que le Niger avait opté pour une démocratie multipartite. Résultat : il ya une floraison de partis politiques. Alors l'USTN incontestablement, était la seule centrale syndicale, l'unique interlocuteur pour défendre les intérêts matériels et moraux des travailleurs ; aussi bien au niveau des autorités que des employeurs privés ou publics. Avec les évolutions et soubresauts politiques qu’a connus le pays, l'on a assisté pour diverses raisons à la création de plusieurs centrales syndicales constituées de multiples syndicats dans presque tous les secteurs d'activité socio-économiques.

Cette situation bien-entendue aura pour conséquence la déliquescence du mouvement syndical à la périphérie de laquelle, se sont développés des querelles de leadership et des interlocuteurs multiples pour l'Etat et les employeurs. Aussi, pour déterminer les syndicats les plus représentatifs qui seront de véritables représentants des travailleurs il y'a lieu de procéder à des élections professionnelles.

Pourquoi ces élections, aujourd'hui et pas hier ?

Un adage dit : mieux vaut tard que jamais. Il faut reconnaître que cette situation arrangeait le pouvoir qui redoutait le mouvement syndical pour avoir été le vecteur du changement dans notre pays mais aussi dans plusieurs autres pays en Afrique. En outre le mouvement syndical a été aussi une entrave à la mise en œuvre des programmes antisociaux édictés par les institutions de Brettonwoods. La détermination de la représentativité au sein des organisations syndicales des travailleurs et des employeurs est consacrée par plusieurs dispositions du code du travail et le respect de ce code est un impératif.

Dans un entretien qu’il nous accordé à la veille du congrès ordinaire de l’Union des Syndicats des Travailleurs du Niger (USTN), la plus vieille centrale syndicale du pays, prévu du 24 au 25 septembre prochain à Niamey, le Secrétaire Général M. Zama Allah Mahaman, à indiquer que le comité d’organisation est à pied d’oeuvre pour mettre les bouchés doubles afin de tenir son engagement à la date indiquée. Le thème choisi pour la circonstance, est « démocratie et bonne gouvernance, le rôle des syndicats en Afrique ». A la date de cet entretien précise le SG, aucune candidature n’est encore enregistrée notamment au poste de Secrétaire Général. Mais M. Zama Allah Mahaman, dit être prêt et disponible pour un prochain mandat si toutefois « le syndicat de base », propose sa candidature. « Vous savez, dans les pays francophones nous avons hérité d’une mauvaise méthode où chacun cache sa vraie intention et déclare sa candidature le jour même du congrès. Ce qui du reste provoque souvent des incompréhensions qui divisent le mouvement syndical », avait-il soutenu. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien.

L’Actualité : Le congrès ordinaire de votre centrale syndicale (USTN) est prévu du 24 au 25 septembre prochain ici même à Niamey. Pouvez-vous nous faire le point des préparatifs à la veille de cette rencontre?

SG USTN: Merci à L’Actualité de nous donner l’opportunité de nous prononcer sur ce congrès que nous projetons effectivement du 24 au 25 septembre 2021 comme vous l’avez si bien dit. Rappelons tout d’abord que ce congrès était prévu en septembre 2020 à la même date qui coïncide avec le 60ème anniversaire de l’USTN. Pour certaines raisons fondamentales, nous avons dû reporter ce congrès. Il s’agit notamment de la pandémie de la covid-19. C’est ainsi que nous avons tenu un conseil syndical qui a proroger notre mandat d’un an, toute chose qui a donné au bureau sortant, la latitude de reporter le présent congrès ordinaire. Pour le moment nous sommes à pied d’oeuvre dans l’organisation matérielle de ce congrès puisque vous savez que le congrès de l’USTN mobilise beaucoup de personnes de toutes les contrées du pays dont, 72 sections avec à chacune, un représentant. Au total, nous avons 56 syndicats affiliés à l’USTN qui doivent aussi être représentés par leurs délégués. L’un dans l’autre, en tout cas, nous sommes à pied d’oeuvre pour mettre les bouchés doubles afin de tenir notre engagement à la date indiquée.

L’Actualité : Y-a-t-il un thème sur lequel, les travaux vont se focaliser et si oui, qu’est ce qui a motivé son choix ?

SG USTN : Oui évidement, le thème que nous avons choisi est démocratie et bonne gouvernance, le rôle des syndicats en Afrique. Vous savez aujourd’hui le syndicalisme a pris un tournant avec la décision de la démocratisation de nos pays. Il a pris un tournant aussi par rapport à la question de la méthode de lutte car vous savez que nous sortons d’une période de lutte anti coloniale où le syndicalisme était essentiellement basé sur des luttes de libération et de décolonisation. Aujourd’hui, même si nous ne sommes pas totalement décolonisés, nous avons encore certaines difficultés, certains défis à relever vis-à-vis de nos partenaires qui sont les employeurs, notamment, le plus grand qui est l’état. Nous envisageons développer ce thème au niveau de ce congrès, pour que les uns et les autres soient éclairés par rapport à ce qui est de leur rôle dans le développement et la construction nationale. Ce n’est plus le moment de syndicalisme de décolonisation, de lutte contre le colon blanc, plutôt, le syndicalisme de développement toujours prôné au niveau de l’USTN.

L’Actualité : Présentement combien de candidatures sont enregistrées notamment au poste de Secrétaire Général ?
SG USTN: Bon, à ce point, pour le moment, moi je ne connais aucune candidature au niveau de ce poste. Vraiment je ne peux dire qu’un tel est où pas candidat au poste de SG. Vous savez, nous au niveau de l’USTN, un système qui nécessite d’être revu ? Nous avons vu dans les pays anglophones où les gens annoncent les candidatures quelques mois avant la date du congrès et les gens font la campagne tout comme les partis politiques, chacun annonce son programme et distribue ses posters, ses photos et il se fait un lobby pour se faire élire le jour du congrès. Mais malheureusement ici, dans les pays francophones, nous avons hérité d’une mauvaise méthode où chacun cache sa vraie intention et déclare sa candidature le jour même du congrès. Ce qui du reste provoque souvent des incompréhensions qui divisent le mouvement syndical. C’est pour vous dire qu’à la date d’aujourd’hui, nous n’avons enregistré aucune candidature au poste de SG.

L’Actualité : Est-ce que vous serrez candidat à ce poste pour un nouveau mandat ?
SG USTN: Bon, vous savez, au niveau de l’USTN et précisément en ce qui concerne le dépôt de la candidature, ce n’est pas la personne elle-même qui se propose d’être candidat, mais plutôt, les syndicats affiliés à la centrale syndicale qui constitue ce qu’on appelle union des syndicats du travail du Niger. Ce sont ces syndicats qui proposent la candidature. Donc, personne ne peut se prononcer sans que son syndicat de base ne le propose. Si effectivement le syndicat de base propose ma candidature, je ne trouve pas d’inconvenants.

L’Actualité : Parlez-nous à présent des difficultés que vous rencontrez principalement dans l’organisation du congrès ordinaire du 24 septembre prochain.
SG USTN : Bon les difficultés auxquelles nous faisons face sont financières parce que pour organiser un congrès où il faut mobiliser des personnes de toutes les régions du pays pendant deux (2) jours, ça demande assez de moyens logistiques et financiers. Dieu seul sait qu’aujourd’hui les syndicats ne payent pas à temps leurs cotisations. Donc, nous avons des perspectives qui vont nous permettre d’organiser ce congrès, mais en tout cas, le seul défi auquel nous faisons face, est lié aux questions de finances. D’ici la fin du mois d’aout, nous allons boucler le budget de ce congrès pour pouvoir aller avec beaucoup d’assurance à la date de 24 septembre.

L’Actualité : Monsieur le SG, vos ambitions sont nombreuses, alors, au cas où votre candidature est proposée par « l’union des syndicats du travail du Niger », que promettez-vous aux travailleurs regroupés au sein de l’USTN ?
SG USTN : Ecoutez bien, tout dépendra de l’équipe, car vous n’êtes pas sans savoir que l’USTN est une mémoire et un patrimoine national. A l’USTN, ce ne sont pas les gens qui ont une ambition, mais c’est la structure même qui a une ambition. Alors, l’ambition comme elle est la plus ancienne structure de laquelle sont sorties toutes les autres centrales syndicales, son ambition ne peut être que de rester la mère de ces centrales syndicales afin de récupérer sa place de première centrale syndicale, non seulement en ancienneté, mais aussi et surtout, en envergure. Telle est l’ambition de l’USTN.


L’Actualité : Revenons un peu à l’élection du SG. Comment les syndicats arrivent-ils à proposer une candidature ?
SG USTN : La plupart des congrès de l’USTN auxquels j’ai assisté il y a eu des élections. A chaque poste on propose des candidats avant de procéder à l’élection de celui qui doit occuper le poste. Au niveau de chaque congrès il y a des lobbys. Il y a des groupes qui se constituent en lobbys pour proposer X ou Y à telle ou telle place. Ils affutent leurs stratégies pour parvenir à cette fin. Vraiment personne ne peut dire que moi je sais que c’est telle ou telle chose où voilà comment ça doit se passer. Mais ce que je sais, c’est que, nous n’avons pas intérêt à nous tirailler jusqu’à créer des divisions parce que, toutes les citions qui ont eu lieu à l’USTN sont issues de certains congrès où les gens se sont tiraillés et ils ont fini par dire que nous, on s’en va et on va créer notre propre mouvement syndicat, alors que, c’est l’union qui fait la force. Il faut toujours que les gens arrivent à surmonter leur désir, pour pouvoir lutter. Aujourd’hui que les syndicats sont trop divisés, qu’il y a plusieurs syndicats dans tous les secteurs, voyez-vous comment le mouvement syndical est à terre. Il faut que les gens le comprennent, on ne vient pas faire du syndicalisme pour des intérêts personnels mais on s’engage pour lutter en faveur des intérêts des travailleurs. Parce que, si l’injustice pouvait cesser dans le monde, on n’aura plus besoin des syndicats, malheureusement, l’injustice ne fait que s’accroitre. C’est toujours l’union qui fait la force. On a toujours besoin de la force pour lutter et pour avoir la force, il faut d’abord être uni.

L’Actualité : Nous acheminons vers la fin de cet entretien. Avez-vous quelque chose à nous ajouter sur l’organisation de votre congrès ?
SG USTN : Bon je ne sais pas, mais j’allais dire qu’avec l’alternance qui vient de s’effectuer au Niger, nous fondons beaucoup d’espoir pour un dialogue social franc et constructif et nous travailleurs et représentants des travailleurs, sommes prêts à aider le président de la République à assoir la bonne gouvernance dans notre pays comme il l’a toujours dit dans ses discours.

L’Actualité : Quel peut être le message que vous lancer aux travailleurs de façon générale ?
SG USTN : Je voulais dire que nous avons comme l’impression que les jeunes ne s’intéresse plus au mouvement syndical parce que ignorants ce qui peut leur arriver et oublient que tout ce qu’ils ont engrangé est le fruit d’une lutte acharnée entre les syndicalistes et les différents pouvoirs. Vraiment il faut que la jeunesse se réveille pour s’intéresser au mouvement syndical. Il vaut mieux préserver son emploi que de préserver son parti politique car l’emploi est le premier parti politique d’un individu. Sans le travail, l’individu n’est rien alors il faut que les gens mettent en avant leur travail au détriment de leur profit personnel ou encore celui de leur parti politique. Il faut que les jeunes se réveillent et s’engagent à cette lutte totalement responsable.

L’Actualité : Merci monsieur le SG d’avoir répondu à nos questions.
SG USTN : Non, c’est plutôt moi qui vous remercie.

Entretien réalisé par Salifou Hachimou

M. Mansour Adamou, vous êtes SG de la fédération Nigérienne de scrabble, quand est-ce que la FENISCRABBLE a été créée et quelles ont été les motivations qui ont poussé à sa création ?

La FENISCRABBLE a été créée par arrêté N° 218 /MI/DAPJ du 05 novembre 1993 et les motivations qui ont poussé à sa création se résument à la volonté des premiers animateurs de cette structure de conformer le Niger dans le concert des Nations et institutionnaliser la pratique de ce jeu, mondialement reconnu comme un sport, mais du sport cérébral.

Comment cette fédération est-elle organisée ?

Structurellement parlant, nous avons des statuts et un règlement intérieur sur lesquels repose la fédération. Et administrativement, nous avons un bureau national de 11 membres dirigé par le président Mamane Ousmane alias DOUL.

Est-ce qu’il y’ades ligues régionales ou des clubs à l’intérieur du pays ?

Nous avons huit (8) ligues régionales en pleine vitalité et une centaine de clubs fonctionnels. Nous envisageons de mettre en place les districts au niveau des chefs lieux des départements.

Organisez-vous régulièrement un championnat national ?

Nous avons organisé notre premier véritable championnat national en 2015 avant de retomber dans la première léthargie qu’a connu la fédération et par la grâce de Dieu et la volonté des hommes, particulièrement celle du nouveau président Ousmane, nous avons pu organiser le deuxième championnat en 2019. Cependant, il a fallu 2021 pour organiser le troisième championnat et on projette d’organiser le quatrième championnat national de scrabble le 13 septembre prochain.

Quelles sont les autres types de compétitions que vous organisez ?

En tant que fédération, nous n’avons pas encore organisé directement des compétitions outre le championnat, mais des ligues organisent des tournois régionaux et même inter-régionaux.

Est-ce que votre fédération est affiliée à d’autres fédérations internationales ?

Au niveau continental, le FENISCRABBLE est affilié à la Confédération Africaine de Scrabble Francophone CASF et au plan mondial, nous sommes affiliés à la Fédération Internationale de Scrabble Francophone FISF.

Quelles sont les compétitions auxquelles vous avez déjà participé ?

Avant la renaissance de la FENISCRABBLE, feu Abdou Djibo (paix à son âme) participait dans ses frais aux championnats du monde de scrabble, mais depuis la renaissance, nous avons pris part d’abord au FISFAO (festival international de scrabble francophone de l’Afrique de l’Ouest) à Abidjan en 2015, puis aux différents championnats Africains de scrabble (CHAMPAS). Il faut tout de même reconnaitre qu’après la renaissance, on n’est jamais allé au championnat du monde en tant que structure, mais on a quelques compatriotes comme Rissa Katté, président de la ligue d’Agadez et vice-président national qui a été à l’un des CDM.

Quels sont les moyens dont dispose la fédération ?

La FENISCRABBLE n’a rien comme moyen. On organise toujours nos championnats sur la base des TDRs que nous soumettons aux autorités notamment le ministère de la jeunesse et des sports  et celui en charge de la culture qui nous accompagnent lors de cet événement ou pour représenter le Niger aux compétitions internationales. En plus de ces deux principaux partenaires, nous tendons parfois la main à la primature, à des sponsors comme la SONIBANK, la BAGRI, SATU SA et d’autres personnalités pour leur penchant pour la discipline ou simplement pour leur patriotisme. Je vous dis que certaines dépenses relatives au fonctionnement sont prises en charge par le président de la fédération dans sa poche.

Est-ce que la fédération bénéficie de la subvention de l’Etat ?

En dehors de ce que j’ai énuméré plus haut, on ne bénéficie pas d’une autre subvention.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le cadre du fonctionnement de cette fédération ?

Elles sont nombreuses et multiformes, mais ont un même dénominateur commun que sont les moyens financiers. Figurez-vous que nous sommes l’une des rares fédérations sportives à ne pas disposer de siège malgré notre titre encore en vigueur de champion d’Afrique ! Nous voudrons mettre en place les districts, mais nous sommes limités, nous voudrons organiser des compétitions en dehors du championnat national, mais on n’y arrive pas, nous voudrons préparer la relève, mais on n’a pas l’accompagnement nécessaire, nous souhaiterons prendre part à tous les CDM (championnats du monde de scrabble). 

Par  Rahila Tagou(onep)

Interview du Secrétaire général de la Préfecture de Konni, « Sur les 15.000 ha de terres fertiles, seuls 6.000 sont exploitables en année normale » confie M. Ahmed Ag Tahirou Sadick Le département de Konni, occupe la partie Sud­-ouest de la région de Tahoua à 417 km de Niamey la capitale et 133 km du chef lieu de la région de Tahoua. Il est limité à l’Est par le département de Malbaza, à l’Ouest par celui de Dogon Doutchi, au Nord par le département d’Illela et au sud par la République Fédé­ rale du Nigeria. Il couvre une superficie de 3.671 km² soit 3,01% de l’étendue de la région. C’est un vaste plateau dominé par l’Ader Doutchi que traverse la Maggia d’Est en Ouest. Le département compte une commune urbaine (Birni N’Konni) et trois (3) communes rurales (Alléla, Bazaga et Tsernaoua). L’autorité traditionnelle se manifeste à travers un canton et un groupement. La population pratique essentiellement l’agro­pastoralisme et le commerce.

Quelles sont les potentialités que renferme votre département ?
Vous savez, le département de Konni est traversé par la MAJIA surtout dans sa bande sud et regorge des terres très fertiles avec un potentiel irrigable de 15.000 ha. Mais à peine 6.000 ha sont exploités en année normale ; les ressources en eau sont aussi importantes. La profondeur de la nappe varie de 1,5 à 8 m selon les sites et les pé­riodes. Il ya aussi le périmètre irrigué d’une superficie exploitée en hivernage de 2.452 ha qui en culture en irriguée varie de 700 à 900 ha selon les années. Ce périmètre est en passe d’être réhabilité par le millenium challenge corporation MCC. A cet effet, une équipe d’étude est déjà là sur le terrain. Et si tout va bien, les travaux de réhabilitation débuteront inch Allah en septembre 2018 et cela sera un ouf de soulagement pour nos vaillantes populations car au ­delà de Konni nous pouvons nourrir toute la région de Tahoua. Une autre potentialité non moins importante est le commerce entre nous et notre voisin le Nigeria. Pour rendre exploitables ces potentialités, il faut mettre en valeur les terres irrigables à travers la réalisation d’infrastructures hydro­agricoles ; il faut prévoir des infrastructures de stockage et des unités de transformation des produits, appuyer les producteurs en intrants ; prévoir un programme de renforcement de capacités des producteurs. S’agissant du commerce transfrontalier, des mesures sont en train d’être prises pour sa promotion avec le lancement du corridor Tahoua Sokoto­ Zamfara­ Kebbi. Dans le domaine de la culture aussi, notre département regorge d’importants sites touristiques qu’il faut recenser et revaloriser. Les populations de Konni organisaient dans les temps anciens des fêtes traditionnelles à l’exemple de « CHARO » et la fête annuelle des AZNA de Massalata très bénéfiques pour leur caractère de cadres d’échange et de brassage.

En visite de travail au Niger, le Vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et Centrale a accordé une interview exclusive à l’ONEP. Dans cet entretien à cœur ouvert, M. Ousmane Diagana évoque plusieurs thématiques dont la résilience de l’économie nigérienne, les différents programmes et projets financés par la Banque Mondiale au Niger dont le barrage de Kandadji, le financement du PDES 2022-2026, la justice climatique et la place du Niger dans le partenariat de cette institution avec les pays Africains. «Quand on regarde ce qui se passe au Mali, au Burkina Faso et même en Libye et au Tchad qui ne sont pas très loin, on se dit que le Niger est un îlot de stabilité. Et ce n’est pas quelque chose qu’il faut seulement observer et saluer, c’est quelque chose qu’il faut maintenir et créer les conditions pour sa pérennisation», a entre autres confié M. Diagana.

En juin 2021, vous étiez au Niger dans le cadre d’une mission de la Société financière internationale (SFI). Vous voilà encore à Niamey, quel est l’objectif de cette visite au Niger ?

Je suis venu cette fois-ci entant que Vice- président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et centrale et ma visite a un triple objectif. Il s’agit en premier lieu de faire la revue des programmes que nous finançons au Niger avec à la fois des visites de terrain (à ce sujet j’ai été à Kandadji) mais également des discussions techniques avec les Ministères de tutelle et les structures responsables de l’exécution et du suivi de ces projets. Le deuxième objectif, c’est de m’imprégner davantage sur les priorités du gouvernement en matière de développement économique et social et voir dans quelle mesure la Banque Mondiale peut, dans le cadre de son partenariat avec le Niger, accompagner le pays. Parlant de vision, je tiens à souligner que cette visite se tient dans un contexte particulier avec l’organisation prochaine à Paris par le Niger, d’une Table ronde pour le financement de son Plan de développement économique et social (2022-2026). Le dernier objectif de ma mission est de visiter mes propres collègues au Niger. En effet, on a un très grand bureau au Niger avec beaucoup de staff. Il s’agit donc pour moi de voir leurs conditions de travail, de m’imprégner de leur situation ici et voir comment on peut toujours les accompagner pour qu’à leur tour travaillent dans des meilleures conditions possibles avec le Niger qui est un pays très important dans notre dispositif de partenariat avec les pays africains.

‘’Nous avons mobilisé plus de 400 Millions de dollars. Ce qui représente plus du tiers du coût total du barrage’’

Le Niger fait face à divers chocs (sécuritaire, climatique, sanitaire ainsi qu’aux conséquences de la guerre en Ukraine. Mais, l’économie nigérienne fait preuve de  résilience. Que faut-il faire pour maintenir cet état de fait ?

En effet, le Niger à l’instar des pays du monde entier est frappé par ces crises multiples et qui se chevauchent. Il y a eu la pandémie et ensuite les crises, pas seulement celles qui sévissent dans la région du Sahel, mais aussi le conflit russo-ukrainien et la crise liée au changement climatique. Le Niger fait preuve de résilience. Le niveau de croissance économique, en terme absolu, est à saluer mais il est important qu’on accompagne le Niger surtout dans son contexte géographique à rester débout. C’est-à-dire pour qu’il puisse continuer à bénéficier de l’accompagnement technique et de l’accompagnement financier pour que l’économie puisse produire les emplois qui sont indispensables à l’amélioration des conditions de vie des populations pour que les services sociaux puissent être disponibles, solides et surtout accessibles aux populations. Je pense précisément à l’éducation, à la santé, à l’accès à l’eau potable et à l’énergie. Pendant cette mission, on a beaucoup échangé sur ces questions. On a surtout essayé d’être plus pragmatique en se disant qu’il y a de grands programmes de la Banque Mondiale dans chacun de ces secteurs. Il faut donc accélérer leur mise en œuvre pour que justement cet objectif de servir les populations partout où elles se trouvent puisse être atteint. Et je pense que c’est ça qui va renforcer la résilience, faire reculer la pauvreté mais aussi créer les conditions d’une reprise poste crise beaucoup plus importante.

Pour beaucoup de Nigériens, la construction du Barrage de Kandadji ressemble à un mythe. Après avoir visité le site du chantier, quelles sont vos impressions relativement à l’aboutissement d’un tel projet ?

J’ai eu la chance d’être moi-même en poste au Niger quand la première pierre de ce programme a été posée, il y a une quinzaine d’années. J’ai eu beaucoup de témoignages, appris beaucoup de choses sur l’histoire de ce barrage. La pose de la première pierre était déjà, à l’époque, une étape extrêmement importante qui a été saluée par les autorités et les populations nigériennes. J’ai été sur le site et j’ai constaté que les travaux ont repris. Ce qui m’amène à vous répondre de manière claire et précise : Le barrage de Kandadji verra bien le jour. On m’a dit que la date d’achèvement des travaux de génie civil, de mise à l’eau du barrage pourra avoir lieu autour du mois d’octobre 2025. Je pense qu’au vu de ce que, j’ai vu sur le terrain, il y a des raisons de rester optimiste en se disant que c’est une échéance qui peut être tenue. Mais si pour des contingences diverses pas toujours prévisibles, ce délai doit être revu, cela ne remettrait pas en cause la réalité du barrage. Ce d’autant que les financements sont mobilisés. Nous-mêmes en tant qu’institution financière, nous avons mobilisé plus de 400 Millions de dollars. Ce qui représente plus du tiers du coût total du barrage qui est d’un peu plus d’un milliard deux cent millions de dollars. Donc, les ressources financières sont mobilisées, les entreprises sont en train de travailler, l’Agence du Barrage de Kandadji (ABK) est dans son rôle. Le gouvernement, malgré le contexte difficile du moment, est en train de tenir tous ses engagements par rapport au barrage.

‘’En moyenne pour les trois années à venir, c’est près de trois (3) milliards de dollars additionnels que le Niger va obtenir de façon concrète’’

Dans son Projet de capital humain, la Banque mondiale insiste beaucoup sur l’autonomisation des femmes, des filles et des jeunes. Concrètement comment cela se traduit-il au Niger ?

Ce projet se traduit par des financements de plusieurs opérations dans le secteur de l’éducation avec un accent particulier sur l’éducation des filles mais également avec une attention très particulière sur le renforcement de la qualité du système éducatif pour que les Nigériens qui sortent du système puissent avoir les compétences qu’il faut pour être employés ou s’auto-employer. Ça se traduit également par un financement significatif en faveur du secteur de la santé. Pendant la Covid nous avons été, peut-être, en termes de financement pour l’achat de vaccins, la première institution. En plus de cela, nous avons été l’institution qui a dit que la crise sanitaire doit être une opportunité pour renforcer le système de santé dans son ensemble. Nous avons pour cela alloué de ressources financières importantes à ce secteur. Et finalement, ce projet se traduit par une augmentation de nos ressources pour le renforcement du système de protection sociale et le financement des programmes de Filets sociaux. Au Niger, l’Indice de capital humain est très bas. Il se situe aux alentours de 0,35, c’est à dire qu’à l’âge de 18 voire 20 ans, un Nigérien ne peut utiliser qu’à peu près 35% de son potentiel. Ce qui n’est pas suffisant pour que les populations puissent contribuer au développement de l’économie et en même temps s’épanouir à la fois physiquement et socialement. Donc les programmes que j’ai mentionné tantôt ont pour objectif de relever cet indice de capital humain et donc de créer toutes les conditions pour que les jeunes filles et garçons soient des acteurs économiques, des citoyens solides, bien formés, en bonne santé et capables de soutenir le pays dans l’atteinte de son objectif légitime d’économie émergente et d’un pays qui peut se développer.

La question de fonds disponibles se pose souvent pour assurer les financements des différents projets surtout dans le contexte mondial actuel. Il n’y a pas de souci à ce niveau ?

En effet, nous avons complété l’approvisionnement ou la reconstitution de l’IDA 20. Il y a, à peine quelques mois, c’est un montant de 65 millions de dollars qui avait été obtenu pour l’ensemble des pays africains et le Niger est bien positionné pour obtenir une part suffisante de ces ressources. Il a déjà commencé à obtenir des ressources à ce niveau là. En moyenne pour les trois années à venir, c’est près de trois (3) milliards de dollars additionnels que le Niger va obtenir de façon concrète. Et ceci va s’ajouter aux programmes importants dans plusieurs secteurs qui existent au Niger et qui financent des projets en cours d’exécution dont le montant global est de plus de 4,4 milliards de dollars américains.

‘’C’est une question de justice que d’appuyer les pays africains à s’adapter au changement climatique, ce n’est pas seulement une question économique ou sociale’’

L’adaptation au changement climatique est un enjeu majeur au Sahel et au Niger en particulier. Et la question du financement en particulier pour les pays africains est toujours d’actualité ainsi que le prouve les débats lors de la COP 27. Quel est votre point de vue sur ce sujet?

Les pays africains sont frappés par les effets du changement climatique et ils ne sont pas suffisamment bénéficiaires des ressources qui sont en train d’être promises ou même mobilisées pour les aider à s’adapter au changement climatique. C’est quelque chose d’injuste qu’il faut corriger parce que les pays africains contribuent très peu à l’émission des gaz à effet de serre et que par ailleurs ils absorbent une partie importante de ces pollutions qui sont générées d’ailleurs. Il y a donc nécessité de les aider à s’adapter aux effets du changement climatique et diminuer les pertes qu’ils enregistrent à cause de cela. C’est une question de justice, ce n’est pas seulement une question économique ou sociale. La Banque Mondiale se fait l’avocat des pays africains en mettant cette question sur la table dans toutes les négociations internationales. En même temps nous jouons notre rôle en finançant des programmes qui permettent aux pays africains de s’adapter au changement climatique. Lorsque je parlais tantôt de ce que nous faisons dans l’agriculture, l’énergie, l’eau, nous le faisons selon une approche qui permette à ces secteurs d’être encore plus résilients, qui tienne compte de l’impact du changement climatique sur les sols et sur la production ou la productivité agricole. Dans le domaine de l’énergie, nous plaidons pour que les pays, qui ont un potentiel important en matière d’énergie renouvelable comme le solaire ou l’éolien puissent utiliser ça pour créer les conditions d’un meilleur accès des populations à l’électricité.

Le PDES 2022-2026 a un coût de 30 millions de dollars dont 16,5 millions sont à rechercher. Etes-vous optimiste quant à l’issue de la Table ronde de Paris et qu’est ce qui justifierait cet optimisme?

Je ne peux parler que de la Banque Mondiale. Le Niger organise la table ronde avec l’ensemble de ses partenaires; mais pour nous à la Banque Mondiale, le Niger est un pays très important d’abord par rapport à sa situation géographique et les problèmes d’insécurité dans son voisinage immédiat. Quand on regarde ce qui se passe au Mali, au Burkina Faso et même en Libye et au Tchad qui ne sont pas très loin, on se dit que le Niger est un îlot de stabilité. Et ce n’est pas quelque chose qu’il faut seulement observer et saluer, c’est quelque chose qu’il faut maintenir et créer les conditions pour sa pérennisation. Pour cela, il faut des programmes structurants qui permettront aux jeunes d’avoir accès à un travail et à un travail décent; aux jeunes filles d’aller à l’école et d’en ressortir avec des connaissances qui leur permettent de contribuer à adresser le défi démographique. Tout cela demande des financements conséquents. Nous tenons compte de cela pour aider le Niger à bénéficier des ressources financières importantes. En plus, le Niger accorde une place extrêmement importante aux institutions ; des institutions qui sont solides, stables et crédibles. C’est une œuvre de longue haleine qu’il faut accompagner. Il y a aussi la résilience des populations nigériennes. Avec tous ces éléments, des institutions comme la Banque Mondiale ne peuvent qu’accompagner le Niger. Nous ne sommes pas qu’une banque, nous sommes une institution de développement. Et c’est à ce titre que nous regardons les facteurs qui peuvent contribuer à amener un pays d’une situation A aujourd’hui, à une situation B demain où les populations bénéficient de conditions de vie meilleures. Et cette situation B ne doit pas être un point d’arrivée définitif. Tous les pays cherchent à s’améliorer tous les jours. On ne peut pas dire que les Etats Unis et la France sont aujourd’hui des pays développés et doivent croiser les bras. Ils doivent maintenir les résultats en matière de développement, donc ils doivent se réformer en permanence, ils doivent interroger leurs politiques publiques, ils doivent approcher les programmes d’investissement d’une autre manière.

Quand je dis que nous sommes une banque de développement, c’est parce que nous apportons notre expertise technique et nos conseils au gouvernement pour que ses objectifs de développement puissent être atteints. Notre mission de banque devient ensuite un appoint puisqu’il faut mobiliser des financements pour à la fois contribuer à la réalisation d’un certain nombre d’objectif, mais aussi compte tenu de la crédibilité de l’institution que nous représentons, notre financement d’un dollar pourrait amener trois dollars de plus. Et c’est ça qui permet d’avoir un effet multiplicateur pour des résultats durables. Donc si le monde a la même lecture que moi, je peux être optimiste pour le résultat de la table ronde.

‘’Si le Niger d’aujourd’hui est mieux que le Niger d’il y a 5 ans, on peut en déduire mathématiquement que le Niger dans 5 ans sera meilleur qu’aujourd’hui’’

Est-ce que le numérique représente une bonne perspective de développement pour nos pays?

La réponse est oui. Pas seulement pour la Banque Mondiale, mais pour tout le monde. Si on est en mesure d’avoir cet entretien où chacun de nous va trier les éléments dont il a besoin et le partager avec ses auditeurs, lecteurs ou téléspectateurs, c’est grâce au numérique. Si la crise sans précèdent que le monde a connu et dont il continue de souffrir de certains de ses effets en l’occurrence la COVID-19, les économies et les populations ont appris à être résilientes, c’est à grâce au numérique.  Quand les écoles ont continué à fonctionner dans pas mal d’endroits surtout pour ce qui concerne l’enseignement supérieur, quand les transferts monétaires ont continué à se faire au moment où les populations ne pouvaient pas bouger, c’est grâce au numérique. Oui, le pouvoir de transformation du numérique est sans précédent. Je le dis à beaucoup de mes interlocuteurs, l’analphabète de demain et je pourrais dire d’aujourd’hui n’est pas celui qui n’est pas allé à l’école, mais plutôt celui qui ne comprend pas ou qui n’utilise pas le potentiel du numérique.

Monsieur le président pour finir, je veux vous prendre au mot par rapport à une déclaration que vous avez faite dans l’interview que vous nous aviez accordée en juin 2021. ‘’ Je pense que dans les cinq (5) ans à venir, le Niger sera un pays en pleine transformation’’. Cette déclaration nous intéresse parce qu’on sait que vous êtes un observateur averti et attentif pour tout ce qui concerne le Niger et surtout pour y être resté pendant des années. Est-ce que cet optimisme reste encore de rigueur, un an après cette déclaration ?

Vous êtes mieux placés que moi pour dire où est-ce que le Niger se trouve par rapport à cette déclaration. C’est vous qui vivez ici. Moi, je viens pour passer deux ou trois jours. Mais ce que je sais c’est que le Niger d’aujourd’hui n’a pas grand-chose à voir avec le Niger d’il y a six (6) ou sept (7) ans. Le Niger d’il y a six (6) ans ou sept (7) ans n’a pas grand-chose à voir avec le Niger d’il y a dix (10) ans, ne serait-ce que sur le plan physique. Si le Niger d’aujourd’hui est mieux que le Niger d’il y a 5 ans, on peut en déduire mathématiquement que le Niger dans 5 ans sera meilleur qu’aujourd’hui. Je vous ai parlé de ce qui se passe avec le barrage de kandadji qui est en train de se réaliser. Ce barrage peut-être dans cinq (5) ans sera vraiment une réalité avec tout ce que cela va avoir comme résultats en termes de niveau de production de l’électricité, de développement de l’agriculture et de la maitrise de l’eau pour que les paysans puissent réaliser produire constamment avec un taux de rendement meilleur que les six (6) à sept (7) tonnes à l’hectare aujourd’hui. Dans cinq (5) ans, le Niger peut faire 15 tonnes à l’hectare. Ce qui veut dire le Niger sera absolument une solution, pas seulement à son propre problème d’insécurité alimentaire, mais le Niger peut aussi devenir un grenier pour toute l’Afrique de l’Ouest et que les pays africains ne soient pas affamés parce qu’il y a une guerre en Ukraine. L’Ukraine n’a que 40 millions d’habitants alors qu’en Afrique, on a plus d’un milliard quatre cent millions habitants. Il faut voir désormais les choses autrement. On a parlé du pouvoir de transformation du digital. Le peu que le Niger a aujourd’hui dans l’économie numérique ne pourra que s’augmenter au fil des années. Cela peut permettre aux étudiants de l’Université Abdou Moumouni d’avoir tous accès aux bibliothèques de Harvard ou toute autre Université au monde et avoir par conséquent sans bouger du Niger les mêmes chances d’accéder à un savoir qui s’est mondialisé et être compétitifs à l’échelle mondiale. On peut faire des hospitalisations et donner des soins de santé de qualité à travers le digital. C’est comme ça que demain se fera et il doit profiter à tous les pays. Oui, je suis vraiment optimiste et mon rôle en tant que partenaire du Niger est de faire en sorte que cet optimisme ne soit pas un optimisme béat, c’est-à-dire qu’on ne tient que dans le discours. Il faut qu’on soit dans l’action portée avec les Nigériens (les autorités gouvernementales; le secteur privé, la société civile et surtout les jeunes parce que  le futur de l’Afrique se fera ou ne se fera pas qu’avec sa jeunesse.

Réalisé par  Assane Soumana et  l Siradji Sanda

Source : http://www.lesahel.org

 

Interview exclusive avec Mahaman Laouan Gaya «Je ne pense pas qu’une simple décision (prise quelque peu à la légère) puisse mettre en péril l’industrialisation des économies pétrolières africaines...» A la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) tenue à Glasgow (Ecosse), du 1er au 13 Novembre 2021, 24 pays et institutions ont pris l’engagement de suspendre le financement des projets d’énergies fossiles (charbon et pétrole) dans le monde. ‘’Le Monde d’Aujourd’hui‘’ a approché M. Mahaman Laouan Gaya, Spécialiste des questions pétrolière et énergétique, ancien Ministre et ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO) pour en savoir plus.

1- Le Monde d’Aujourd’hui : Que vous inspire cette décision qui peut être grave de conséquence sur les économies des pays africains producteurs d’hydrocarbures ?

Mahaman Laouan Gaya : En effet, en marge de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) tenue à Glasgow (Ecosse), le 04 Novembre dernier, et à l’initiative du Royaume-Uni à l’occasion de la ‘’Journée de l’énergie‘’, une vingtaine de pays et institutions se sont collectivement engagés à mettre, à partir de la fin de 2022, un terme au financement des combustibles fossiles, si les projets d’industrialisation de ces hydrocarbures ne sont pas accompagnés de technique de capture de carbone. ‘’Investir dans des projets liés aux combustibles fossiles non assortis de systèmes de capture du carbone comporte de plus en plus des risques sociaux et économiques‘’, indiquent en substance les signataires de la déclaration. Par ailleurs, le 11 novembre 2021, une autre coalition de pays appelée ‘’Beyond Oil and Gas Alliance‘’ (BOGA) promettait de sortir du charbon, du pétrole et du gaz d’ici à 2030 ou 2040. Ces nations s’engagent à ne plus octroyer de nouvelles concessions et licences pour l’exploration et la production de pétrole et de gaz, avec effet immédiat. Seulement, à voir la liste des signataires de ces deux déclarations qui sont entre autres, le Canada, les Etats-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, la Nouvelle-Zélande, le Portugal, la Banque Européenne d’Investissement, etc.… ; des pays dont les économies ne pourront au grand jamais se démarquer des énergies fossiles, l’on ne peut que douter de la pertinence de cette décision. C’est justement dans ces pays, que se trouvent les plus grands lobbyistes mondiaux des énergies fossiles, très intégrés dans toutes les strates politique et économique, sponsors de toutes les classes politiques dirigeantes occidentales et grands abonnés des sommets de Davos. Accompagnés par les puissances pétrolières mondiales (pays de l’OPEP+), ces indétrônables puissants magnats lobbyistes (au nombre desquels, il y a les plus grandes multinationales pétrolières et parapétrolières, les plus grands traders mondiaux de matières premières, les plus grands fonds spéculatifs du monde, les méga institutions bancaires et financières d’investissement, les grosses sociétés d’assurance, les plus grandes firmes automobiles et aéronautiques,….) ne se font aucune illusion sur l’impossible applicabilité d’une telle mesure. Les combustibles fossiles représentent aujourd’hui 84,3% du bilan énergétique de la planète (avec 33,1% du pétrole, 27% du charbon, et 24,2% du gaz naturel), les énergies renouvelables (y compris l’hydroélectricité et la biomasse) 11,4% et l’énergie nucléaire 4,3% ; ce n’est donc pas de sitôt que cette tendance pourrait être inversée. Selon le bilan annuel du Global Carbon Project (GCP), publié le 4 novembre 2021 (en pleine COP26), les émissions mondiales de CO2 dues à la combustion d’énergies fossiles et à l’industrie devraient ‘’rebondir en 2021 près du niveau d’avant COVID après une baisse sans précédent en 2020‘’ ; et ces émissions de carbone pourraient s’élever à 36,4 milliards de tonnes (Gt) en fin 2021. Ce niveau serait supérieur de 4,9% à celui de 2020 (34,8 Gt CO2) et légèrement inférieur à celui de 2019 (36,7 Gt CO2).

«Je ne pense pas qu’une simple décision (prise quelque peu à la légère) puisse mettre en péril l’industrialisation des économies pétrolières africaines...»

Rappelons par ailleurs que le pétrole a été le moteur du fulgurant développement du monde ces 150 ans dernières années ; il l’a été et il le demeure aujourd’hui. Il a participé aux révolutions industrielles, à l’avènement de la société de consommation, à l’émergence de puissances économiques et aux victoires militaires lors des grands conflits de l’histoire ; il est et demeure encore pour très longtemps, le leader incontesté de toutes les ressources énergétiques. Le pétrole et ses dérivés sont pour l’heure, les combustibles les plus utilisés dans les transports et les industries et comme matières premières dans la synthèse pétrochimique (fabrication de millier de produits). Pour encore des dizaines d’années à venir, le transport aérien n’aura de substitut autres que les produits pétroliers (carburéacteur,…). Il est et reste à la base de notre bien-être. Déplacer les énergies fossiles (charbon, fuel, gas-oil,…) à la base de la production d’électricité vers des énergies propres (énergies renouvelables, énergie nucléaire) représente aujourd’hui le plus grand défi de la transition énergétique. Il faut donc garder à l’esprit que même si le pourcentage des énergies renouvelables augmente considérablement, techniquement, elles ne pourront jamais fournir la même quantité d’énergie que celle fournie par les énergies fossiles ; le ‘’roi‘’ pétrole en tête. Pour leur part, les pays africains, sans trop s’inquiéter de cette décision, doivent néanmoins participer activement à la lutte contre le changement climatique, mais en ayant à l’esprit le développement des énergies alternatives propres ; l’arrêt brutal et systématique de la production des énergies fossiles paraissant pour l’instant peu ou pas envisageable en Afrique. Aussi, les africains, ne doivent pas observer être les dindons de la farce, après que durant de longues décennies, leurs ressources extractives ont été systématiquement pillées par ceux-là même qui proposent la fin du financement des projets d’énergies fossiles ; décision qui s’apparente ‘’à jeter la peau de l’orange après l’avoir entièrement pressée‘’.

2 - Le Monde d’Aujourd’hui : Si cette décision venait à être mise en oeuvre, ne va-t-elle pas compromettre l’industrialisation des économies pétrolières africaines ?

Mahaman Laouan Gaya : Je ne pense pas qu’une simple décision (prise quelque peu à la légère) puisse mettre en péril l’industrialisation des économies pétrolières africaines, d’autant plus que malgré les 12 à 13% que représentent la part de l’Afrique dans la production pétrolière mondiale, le continent ne participe qu’à peine à 3 ou 4% de la consommation mondiale de pétrole, et là aussi, une bonne partie de produits pétroliers que nous consommons nous est importée d’Europe (l’Europe qui ne produit pratiquement plus de pétrole brut ! ... c’est donc le pétrole brut africain exploité pour l’essentiel par les compagnies étrangères, qui est exporté, raffiné et reversé en produits raffinés sur les marchés africains). Le commerce intra africain des hydrocarbures n’étant quasiment nulle, seule une très faible quantité de produits raffinés fait l’objet de commerce transfrontalier. Pourtant, le potentiel en hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon) africain peut très largement subvenir au besoin énergétique des 1,2 milliard d’habitants du continent et de ce fait, l’Afrique n’a aucunement besoin de l’extérieur pour installer une véritable industrie pétrolière. C’est dommage que cette réalité n’ait attiré l’attention de personne au point où cela soit passé inaperçu dans la conception de la ZLECAF. Au demeurant, l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO), est dans la perspective d’entreprendre avec l’Association des Raffineurs et Distributeurs Africains (ARA) une étude sur la création d’un marché physique africain du pétrole brut et des produits pétroliers ; et j’ose bien espérer qu’après la mise en place de ce marché physique, l’on puisse migrer plus tard vers sa financiarisation. On peut bel et bien concevoir une bourse de valeurs pétrolières en Afrique, comme c’est le cas dans certaines régions du monde et procéder à la cotation d’un pétrole africain de référence. Je rappelle que les pétroles bruts du Golfe de Guinée (exemple du Bonny light du Nigeria) sont de qualité supérieure au Brent et au WTI (les deux pétroles de référence mondiale). Vous convenez qu’avec un potentiel pétrolier aussi important, un marché de plus d’un milliard de consommateurs et une bonne organisation, l’Afrique peut faire face à toutes décisions allant à l’encontre de ses intérêts. Voilà en somme une très belle occasion (ce n’est pas encore tard) de se pencher sur ce que je peux appeler la ‘’ZLECAF - volet Pétrole‘’ qui peut être un appendice du marché africain des matières premières extractives. Malheureusement, l’extraversion des économies pétrolières africaines n’est pas un effet du hasard ; elle s’inscrit dans un programme précis, dans lequel s’impliquent individuellement et collectivement toutes les puissances étrangères. Les pays africains producteurs ou pas de pétrole reconnaissent qu’aucun pays au monde ne puisse parvenir à la prospérité ni à un niveau de vie décent pour ses citoyens sans s’être doté d’un secteur industriel solide. C’est d’ailleurs pour cette raison que depuis les années 1960, les dirigeants africains n’ont de cesse de souligner l’importance du développement industriel pour assurer une croissance inclusive et résiliente et le rôle de l’industrialisation du continent a été maintes fois entériné dans de nombreux plans stratégiques. Rappelons pour mémoire, les 1re, 2e et 3e Décennies du Développement Industriel de l’Afrique (IDDA), lancées depuis 1980 par des organisations régionales africaines avec l’appui de l’Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), mais qui malheureusement se sont toutes soldées par un échec, faute d’appropriation et de financement, mais beaucoup plus par égoïsme national et manque de volonté politique. L’Agenda 2063 et la Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECAF), cadres stratégiques de l’Union Africaine pour la transformation socio-économique du continent, appellent à promouvoir promouvoir des plans sectoriels et de productivité, ainsi qu’à développer des chaînes de valeur régionales et de produits de base pour appuyer la mise en oeuvre de politiques industrielles à tous les niveaux. Là également, sans être afro pessimiste, l’on a l’impression que les bases qui sous-tendent ces stratégies laissent penser que les promesses risquent fort de ne pouvoir être tenues. L’Afrique a été et reste encore victime d’un modèle ‘’d’esclavage colonial‘’ qui maintient depuis plus de 60 ans les pays du continent dans un système économique mortifère les obligeant à produire des matières premières (agricoles, animales, extractives,…) et à les exporter à l’état brut. Cela explique pourquoi l’Afrique commerce aujourd’hui plus avec le reste du monde qu’avec elle-même.

La part du continent dans le commerce mondial est tombée d’environ 4% en 1980 à moins de 2% aujourd’hui (le pétrole constitue l’essentiel des exportations africaines). Si elle est corrigée et pleinement mise en oeuvre, la ZLECAF permettrait de réorganiser les marchés et les économies du continent et stimuler la production dans les secteurs des services, de l’industrie manufacturière et des ressources naturelles. Les défis à relever pour industrialiser l’Afrique (économies pétrolières ou pas) sont nombreux, et les bénéfices larges et à portée de main.

3 - Le Monde d’Aujourd’hui : Selon les conclusions de la COP26, l’on peut dire que les pays africains producteurs de pétrole se retrouvent dans un dilemme : le nécessaire développement économique, l’accroissement de la consommation énergétique des populations et le respect des trop contraignants engagements climatiques. Les pays du continent en ont-ils les moyens de s’en sortir ?

Mahaman Laouan Gaya : Votre question est très pertinente, et elle révèle que l’Afrique est à la croisée des chemins, parce que confrontée à des nombreux objectifs a priori contradictoires. L’on se pose la question de comment réagir face à la tendance actuelle (développement des industries pétrolières et charbonnières) dans le contexte d’un infernal cercle vicieux ‘’croissance/énergie/climat‘’. Quelles stratégies doivent adopter les pays africains pour sortir de cet imbroglio ? En effet, l’Afrique a besoin de satisfaire une demande croissante en énergie pour assurer la croissance économique à une population relativement jeune, sans cesse croissante et estimée à plus d’un milliard d’habitants, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre pour solutionner le problème du dérèglement climatique. L’accès à l’énergie et plus particulièrement à l’électricité est un préalable au développement ; et des régions entières du continent en sont privées. Cette situation se résume à une urgence sociale, parce que sans cette énergie, il n’y a pas de lumière, pas d’accès ni à l’eau potable, ni à la santé, ni à l’éducation, ni à un minimum d’infrastructures. Force est aussi, de reconnaître que fort de son énorme potentiel en ressources fossiles, l’Afrique entend assurer son développement économique et les pays africains producteurs ou futurs producteurs de pétrole et de gaz, n’entendent pas pour l’instant renoncer au développement de l’industrie pétrolière en dépit des recommandations de la COP26. Arrêter ou même limiter le développement des projets liés aux énergies fossiles (ce qui suppose renoncer au développement socio-économique et à la lutte contre la pauvreté !?), aurait un impact économique profondément négatif, avec son corollaire de tensions sociales ingérables. Il y a là une urgence économique. Les africains ne sont pas responsables de la crise climatique actuelle, parce qu’avec 17% de la population mondiale, le continent ne contribue qu’à seulement 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Pallier les carences de l’exploitation des hydrocarbures en assurant une transition vers les énergies propres reste néanmoins un objectif possible ; à condition que les pays du Nord, responsables depuis trois quarts de siècle du pillage des ressources fossiles du continent et responsables de toutes sortes de pollutions (torchage des gaz, pollutions pétrolières maritimes, déversements de produits pétroliers toxiques,…) assument pleinement leurs promesses. En effet, lors de la COP15 de 2009 tenue à Copenhague, l’ensemble des parties s’étaient engagées à mobiliser 100 milliards de dollars par an (environ 55.000 milliards FCFA), dès 2020, pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique. L’Afrique entend bien respecter les engagements de contenir le réchauffement climatique à 1,5°C, mais il lui faut absolument des ressources financières additionnelles extérieures. Mais un rapport de l’OCDE affirme que l’objectif de mobilisation de 100 milliards de dollars par an ne serait pas atteint en 2020 ; et peut-être ne le sera jamais ! L’Afrique ne doit indéfiniment pas continuer à compter sur la ‘’communauté internationale‘’ pour voler à son secours. La seule et unique leçon qu’elle doit tirer (une fois pour toute) est qu’elle doit avant tout compter sur ses propres forces (…. et ce n’est pas ce qui lui manque). Au-delà du besoin en financement, nos pays doivent promouvoir les énergies de substitution, accroître substantiellement l’efficacité énergétique, être très strict et intolérant vis-à-vis des sociétés étrangères responsables de diverses pollutions, créer les conditions avec des partenaires extérieurs (crédibles et sérieux) pour un transfert des technologies de captage et de stockage du carbone et la multiplication des initiatives de restauration de l’environnement (reforestation). Etant dans un contexte irréversible d’une très rapide croissance démographique, d’un énorme besoin de lutte contre la pauvreté et de recherche de développement économique, d’une très grande ambition de lutte contre la pauvreté énergétique et d’accès aux énergies modernes, des politiques nationales et régionales de l’énergie, avec un accent particulier sur la réduction de l’intensité énergétique et un déplacement volontaire du mix des combustibles à haut pouvoir d’émission (charbon, pétrole) vers des combustibles à pouvoir plus faible (gaz), voire nul (nucléaire, énergies renouvelables) constituent aussi un levier de salut supplémentaire. Enfin, le développement de la coopération et de l’intégration régionales et continentale permettrait à coup sûr à l’Afrique de surmonter et sortir de l’infernal cercle vicieux ‘’croissance économique/ accès à l’énergie moderne/dérèglement climatique".

Propos recueillis par Amadou Bello

 

Le gouvernement vient d’adopter le Rapport de suivi de l’action gouvernementale au titre du 1er semestre 2022. Un Rapport qui fait ressortir les performances réalisées et les défis qui restent à relever. Dans cette interview exclusive accordée à la Radio Télévision du Niger (RTN), l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP) et  Niger Inter, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, SEM. Ouhoumoudou Mahamadou, évoque les principaux aspects de ce Rapport. Le cadre macroéconomique, la lutte contre la corruption, la situation sécuritaire, la question éducative, la hausse des prix du gasoil, la reprise du dialogue avec tous les acteurs politiques ainsi qu’avec les partenaires, tels sont entre autres sujets traités dans cet entretien.

Monsieur le Premier, le gouvernement vient d’adopter le Rapport de suivi de l’action gouvernementale au titre du 1er semestre 2022. Quelles sont les performances à retenir de ce Rapport ?

Comme vous le savez, l’action gouvernementale au cours de ce semestre a évolué dans un contexte particulièrement difficile. D’accord nous avions enregistré une année 2021 déficitaire. Nous venons de sortir d’une crise sanitaire qui a affecté l’ensemble des pays du monde et nous sommes également confrontés à une crise internationale liée aux conflits entre la Russie et l’Ukraine. En plus de cela, vous savez aussi que nous évoluons dans la situation d’insécurité qui caractérise la région du Sahel. C’est donc dans ce contexte que l’action gouvernementale s’est déroulée au cours de ce premier semestre 2022. Malgré cela, les résultats appréciables ont été atteints. Et en termes de résultat, nous avons atteint 45% de nos objectifs.

Les crises géopolitiques constituent un élément important du contexte actuel. Quelles sont, monsieur le Premier ministre, les mesures prises par le gouvernement pour s’adapter à ce contexte et ensuite assurer la stabilité du cadre macroéconomique du pays ?

Dans des situations de ce genre, évidemment tous les gouvernements du monde, parce que c’est une crise mondiale, essayent dans la mesure du possible de stabiliser le cadre macroéconomique. Et c’est ce que nous avons fait au Niger. D’abord, pour que la crise ne se traduise pas par une forte détérioration du pouvoir d’achat, nous avons essayé de lutter contre l’inflation à travers les ventes à prix modéré de céréales et aussi à travers les négociations que nous avons eues avec les opérateurs économiques pour que certains produits soient détaxés. C’est le cas par exemple de l’huile alimentaire qui est un produit de grande consommation, de la farine de blé et du sucre. Donc, suite à la détaxation de ces produits, suite également aux actions massives de vente à prix modéré des céréales que le gouvernement a engagé, nous nous sommes retrouvés avec un taux d’inflation relativement faible comparé aux autres pays de la sous-région.

Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement a initié des réformes pour améliorer la mobilisation des ressources internes. Pensez-vous que ces réformes ont porté leurs fruits et répondu à vos attentes ?

En ce qui concerne la mobilisation des ressources, les actions menées par le gouvernement concernent d’abord l’efficacité des services fiscaux, ensuite la lutte contre la fraude et contre le déversement mais également la lutte contre l’incivisme fiscal. Vous avez certainement tous attendu les réformes qui ont été introduites à la Direction Générale des Impôts, notamment l’introduction de la facture certifiée et celle du système informatisé de suivi des contribuables.

488 milliards FCFA de recettes fiscales internes mobilisées au 1er semestre 2022

Ces mesures ont porté leurs fruits et grâce aux efforts faits au cours de ce semestre, nous avons pu atteindre 42% de nos objectifs en matière de recettes pour le semestre. Ce chiffre de 42% est très appréciable, parce que dans les années précédentes, les réalisations tournaient autour de 35, 36 %. Ce qui se traduit, en termes de volume, par le recouvrement de 488 milliards FCFA, de recette fiscale interne lors dudit semestre.

Monsieur le Premier ministre, dans le domaine de la lutte contre la corruption, le défi est toujours énorme et l’opinion ne perçoit pas de réels progrès malgré les efforts de votre gouvernement. Qu’est ce qui plombe la lutte contre la corruption et l’impunité au Niger ?

Le Président de la République a réaffirmé dans son discours d’investiture que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées constitue une grande priorité de son mandat. Il en est de même pour ce qui concerne le gouvernement dans la Déclaration de Politique Générale. C’est pourquoi, le Niger s’est doté de plusieurs organes de contrôle et de lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et les autres infractions. Ainsi, nous avons la Cour des Comptes, la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la CENTIF, qui lutte contre le blanchiment d’argent, l’Inspection Générale d’Etat, les Inspections des finances et les Inspections des services, l’Agence Judiciaire de l’Etat. Tous ces organes concourent à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées.

Malheureusement, au niveau du public, on ne voit que l’aspect judiciaire, alors que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées est une lutte multiforme. Elle comporte plusieurs aspects. Le premier aspect, c’est d’abord le cadre législatif et règlementaire, le deuxième aspect, c’est la sensibilisation et la formation des acteurs, le troisième est relatif au contrôle, en vue de détecter des fraudes et des infractions concernées et enfin le quatrième aspect est judiciaire.

Et, c’est sur cet aspect que les citoyens attendent le gouvernement. Que répondez-vous à ceux qui s’impatientent de voir certains dossiers rapidement traités ?

On a l’impression qu’on ne se focalise que sur l’aspect judiciaire, or vous savez que la justice est comme l’armée, c’est une grande muette. La justice ne parle pas. Les dossiers sont pendants à la justice mais les magistrats font leur travail et ils ne sont pas obligés de communiquer sur les dossiers qu’ils gèrent. En ce qui concerne le cadre législatif et réglementaire, le Niger est en avance sur beaucoup de pays, en matière de mise en place de ce cadre. Nous avons transposé tous les textes de l’UEMOA et de la CEDEAO, en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Nous avons également transposé tous les textes de l’Union africaine, dans ce domaine-là. Nous avons aussi ratifié plusieurs conventions internationales dans ce domaine. Nous élaborons un rapport annuel à toutes ces Instances par rapport à ce cadre règlementaire. Concernant la sensibilisation, les organes que j’évoquais tantôt, ont tous des plans d’actions financés par le gouvernement et les partenaires.

Dans ces plans d’actions, la sensibilisation constitue un volet essentiel. Les informations régulières diffusées, d’ailleurs par vos organes, relatent l’organisation de plusieurs séminaires organisés par la HALCIA, la CENTIF, l’Agence de Régulation des Marchés Publics, pour justement former les acteurs et les sensibiliser sur la corruption et sur les infractions assimilées. En ce qui concerne les actions de détection des fraudes, nous conduisons beaucoup de missions d’inspection, au niveau des différents Ministères et des différentes entités qui reçoivent l’argent public. Ces missions permettent de mettre le doigt sur ce qu’il ne faut pas faire. C’est-à-dire qu’elles ont un double objectif. Le premier est pédagogique, c’est de détecter s’il y a des possibilités ouvertes de corruption ou de détournement. Ce qui conduit à la reforme de nos textes. En effet, pas plus tard qu’aujourd’hui, nous venons de réviser notre code des marchés, et cela, compte tenu des observations qui avaient été formulées par les précédentes missions de la Cour des Comptes et des différentes inspections des services.

En plus, lorsque les rapports sont élaborés, ils sont transmis à l’Agence Judiciaire de l’Etat (AJE), qui mène d’importantes actions de recouvrement, lorsqu’elle voit que l’argent public a été mal dépensé ou dépensé à des fins personnelles. Ensuite, les dossiers sont également transmis à la justice, sur lesquels, comme je disais, elle n’a nul besoin de communiquer, malgré le travail efficace qu’elle mène. Donc, c’est pour dire que c’est juste une affaire de perception. Les gens veulent le spectacle, malheureusement avec la justice, on n’a pas cette possibilité d’assister à ce spectacle, consistant à dire qu’on a arrêté x ou y, ou bien qu’il y a tel ou tel dossier en instruction.

«L’objectif de la lutte contre la corruption, ce n’est pas qu’il ait le maximum d’arrestations, mais plutôt qu’il ait le moins de cas possibles»

Car, justement la justice fait attention à la présomption d’innocence. Je peux vous réaffirmer que le Président de la République et le gouvernement sont fortement engagés dans la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Du reste, l’objectif de cette lutte, ce n’est pas qu’il ait le maximum d’arrestations, c’est le fait qu’il ait le moins de cas possibles. Aujourd’hui, on sent l’effet des actions qui sont menés dans ce combat contre la corruption et d’autres infractions assimilées. Prenez juste le cas des examens et des concours, on n’entend plus parler de fraude aux examens, ni de concours annulés, encore moins des épreuves de Bac ou de Brevet sur lesquelles on est obligé de revenir et cela parce que des dispositions ont été prises pour que la HALCIA suivent, pas à pas, l’évolution de ces dossiers, de la préparation jusqu’à l’exécution. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaits des résultats qui sont donnés, particulièrement, dans le domaine de l’éducation.

Dans le domaine de la sécurité on constate une accalmie par rapport aux récurrentes attaques perpétrées par les groupes armés terroristes. Qu’est-ce qui explique cet état de fait ? Quelles sont les actions majeures du gouvernement qui ont permis de consolider les efforts en matière de paix et de sécurité ?

La question de la paix et de la sécurité est une question extrêmement fondamentale pour le gouvernement. Par ce que, s’il n y a pas de paix, s’il n y a pas de sécurité, il n’y a pas d’État. Notre objectif, c’est justement de construire un État démocratique mais un État fort et stable. Donc, l’objectif général de l’action gouvernementale dans le domaine de la paix et de sécurité, c’est d’abord de protéger nos frontières, de faire en sorte qu’il ne puisse pas avoir un pan du territoire national qui ne soit  contrôlé par l’État. Et aujourd’hui, il est unanime de reconnaître que cet objectif est relativement atteint, à part les actions qui se passent à nos frontières et elles sont nombreuses en provenance des pays voisins, c’est notamment le cas pour ce qui concerne la zone du Lac-Tchad avec les activistes de Boko Haram, le Nord du Nigeria avec les bandits armés qui opèrent dans la région de Maradi, l’Ouest avec ce que nous connaissons avec comme phénomènes de l’EIGS et également d’Al-Quaida dans le grand Sahara. Mais nous faisons en sorte que toutes ces actions qui se déroulent au niveau de nos frontières, ne puissent pas rentrer à l’intérieur du pays.

Pour faire la guerre, il faut une armée de professionnels; aussi nous avons mis l’accent sur la formation de forces spéciales

Alors comment on est arrivé à juguler tout cela ? Nous nous sommes dit que pour faire la guerre, il nous faut une armée, et une armée de professionnels. Donc nous avons mis l’accent sur la formation de forces spéciales. Plusieurs unités de forces spéciales ont été formées grâce à la coopération internationale. Ensuite, au-delà, de la formation, il faut que ces forces spéciales soient équipées. Là également nous avons mis un accent sur l’équipement de nos forces de défense et de sécurité. En plus de l’équipement et de la formation, nous avons mis également l’accent sur les patrouilles pour que, à l’intérieur du pays et un peu partout qu’on sente la présence de l’État. Il est essentiel que dans quelque coin du pays que ça soit, qu’on sente la présence de l’État et c’est pour ça que pour nous le retour des populations dans leurs villages et dans leurs zones d’origine est une nécessité et nous mettons l’accent là-dessus. À chaque fois quand nous avons des populations qui fuient pour revenir dans les villes ou dans les grands centres, nous mettons l’accent sur la sécurisation de leurs zones afin de leur permettre d’y retourner. C’est ce qui s’est passé pour l’Anzourou, c’est ce qui s’est passé dans la zone du Lac-Tchad, dans la région de Diffa et c’est ce que nous faisons actuellement dans la zone de Téra. Donc il n’y a pas de miracle pour pouvoir réussir cette mission.

C’est d’abord l’anticipation, la préparation de nos hommes en effectifs, en armes et également en formation. En plus de ça, nous avons pris l’initiative de mutualiser nos forces avec les pays voisins. Si vous suivez l’actualité, vous verrez que dans la région du Lac-Tchad nous opérons en commun avec le Nigeria. Et également dans la région Ouest nous opérons aussi en commun avec le Burkina-Faso. Au-delà de la coopération avec les pays voisins, la coopération avec les pays amis sur le plan international nous a permis de former et d’équiper un grand nombre de nos forces  spéciales. C’est notamment sans que je les cite de manière exhaustive, l’Allemagne, les États-Unis, la Belgique, l’Espagne, la France, etc.

Et pour anticiper toujours dans le sens de que je viens de dire, nous avons obtenu de l’Assemblée Nationale la possibilité que lorsqu’il parait nécessaire de recourir à l’appui d’une force étrangère qu’on puisse avoir cet appui dans le cadre des accords de coopération. Évidement ceci se déroule sous le commandement de nos forces armées, cela parce que nous voulons éviter qu’il y ait des  éléments d’une puissance étrangère qui opèrent comme des électrons libres. Ils vont opérer à notre demande, de la façon dont nous le voulons et sous le commandement de nos chefs d’unités. Donc dans ce cadre, nous collaborons avec les pays amis dans le partage des informations parce qu’il est essentiel pour une force armée. Nous collaborons beaucoup aussi avec ces éléments dans le domaine de la couverture aérienne lorsque nous sommes en opération.

Monsieur le Premier ministre, l’autre question importante pour le gouvernement et pour  les populations en général c’est l’éducation, qui on le sait, traverse des moments difficiles. Est-ce -qu’on peut dire aujourd’hui qu’il y a des progrès dans ce domaine? Est- ce- qu’il y a de réels espoirs pour le redressement de ce secteur?  

Je rappelle que dans son discours d’investiture, le Président de la République avait affirmé qu’il fera de l’éducation une priorité au même titre que la sécurité. Dans ma Déclaration de Politique Général j’avais dit que l’axe ‘’Capital Humain’’ est un axe prioritaire pour lequel le gouvernement mettra beaucoup de moyens et portera une grande attention. Aujourd’hui quelles sont les problèmes de notre éducation ? Nous avons une insuffisance en infrastructure, nous avons une baisse de niveau et nous avons également un taux de rétention très faible. Et c’est l’ensemble de ces problèmes que nous sommes en train d’attaquer. En ce qui concerne les infrastructures, nous avons pris l’engagement que nous allons finir avec les classes en paillotte qui sont évaluées à plus de 30.000. Un programme sera mis en œuvre pour pouvoir mettre fin à ces classes en paillotte. D’ores et déjà, dès l’année 2022, plusieurs marchés sont en train d’être signés pour pouvoir commencer les constructions et remplacer ces classes-paillottes. Ce programme va continuer sur les années à venir.

En ce qui concerne la qualité, nous nous sommes dit que le premier élément de la qualité de l’enseignement, c’est l’enseignant lui-même. Si l’enseignent n’est pas de bonne qualité, il ne peut pas assurer un enseignement de qualité. Dans ce sens, nous avons pris la décision de relever le niveau d’entrée dans les écoles normales. Désormais l’entrée dans les écoles normales se fait avec le baccalauréat pour la formation des instituteurs. En plus de ça, nous avons mis l’accent sur le recyclage et la formation des enseignants qui sont actuellement en service.

«Plus de 3.000 enseignants permanents ont été recrutés en 2022 et le processus va se poursuivre»

A cela s’ajoute la fidélisation de l’enseignant, en faisant en sorte que la carrière d’enseignant soit attractive. Et pour que la carrière soit attractive, il faut que progressivement on mette fin à la contractualisation en recrutant des enseignants des enseignants permanents. D’ores et déjà, au cours de l’année 2022, plus de 3.000 enseignants ont été recrutés comme enseignants permanents et le processus va se poursuivre.

En ce qui concerne toujours l’amélioration de la qualité de l’enseignement et la rétention à l’école, nous avions un gros problème avec la scolarité des jeunes filles qui abandonnent l’école très tôt. L’une des raisons c’est l’absence de tuteur lorsqu’elles quittent leurs familles en ce qui concerne les collèges ruraux pour aller en ville ou dans les gros villages où se trouve l’établissement scolaire. Dans ce sens nous avons initié la politique d’internat pour les jeunes filles. Déjà un certains nombres d’internats pilotes sont ouverts. Vous avez vu celui de Kellé, celui de Moujia, pour ne citer que ces deux. Au cours de l›année 2023, beaucoup d’autres internats vont être ouverts puisque nous avons lancé un appel à la communauté internationale et d’ores et déjà il est annoncé le financement d’une centaine d’internats dans les collèges ruraux pour les jeunes filles. De cette manière nous allons améliorer le taux de rétention des jeunes filles à l’école ; retarder leur âge de mariage et éviter les grossesses précoces. Par la même occasion nous faisons d’une pierre deux coups. En effet, cette politique nous permettra d’agir sur la démographie dans notre pays qui connaît un taux de croissance  qui est considéré comme l’un des plus élevés du monde du fait avec aussi un taux de fécondité tout aussi élevé. Voilà un peu ce que nous faisons en ce qui concerne l’éducation. Bien entendu à cela s’ajoute l’accent particulier pour l’enseignement supérieur pour lequel nous donnons les moyens nécessaires. Nous envisageons la construction des amphithéâtres et les infrastructures qu’il faut. D’ores et déjà, nous avons pris la décision d’augmenter le nombre d’enseignants en recrutant plus de 170 nouveaux enseignants chercheurs dans le secteur de l’enseignement supérieur.

Monsieur le Premier ministre, le 1er semestre de l’année 2022 a vu ce qu’on a appelé la crise de gasoil. Certains pensent que le gouvernement n’a pas fait montre de prévoyance du moment où le Niger est un pays producteur du pétrole et que l’augmentation des prix décidée par le gouvernement n’est pas justifiée. Aujourd’hui peut-on dire que cette parenthèse est définitivement fermée et que les objectifs visés sont atteints ?

L’augmentation des prix des produits pétroliers est un phénomène mondial, il ne concerne pas que le Niger. C’est un phénomène mondial qui a deux origines. La première origine, c’est la guerre entre la Russie et l’Ukraine. La Russie étant un grand producteur et exportateur des produits pétroliers. Et donc avec l’embargo que les pays européens ont mis sur la Russie, cela s’est évidemment traduit par une réduction des quantités qui sont mises en vente sur le marché et par conséquent l’augmentation des prix. L’autre aspect aussi, c’est la hausse du dollar.

Aujourd’hui à l’heure que je vous parle, le dollar est 700 FCFA alors qu’il était autour de 600 FCFA il y a quelques mois. Donc, de façon mécanique déjà, il y a l’augmentation des prix des produits pétroliers. La conséquence pour ce qui concerne le Niger, c’est que nous sommes victimes de la fraude et de l’exportation frauduleuse de nos produits en direction des pays voisins au moment où nos prix ne sont pas augmentés. Lorsque le litre du gaz oïl est à 450FCFA au Niger et à 700F au Nigéria, évidement avec plus 1500 km de frontière, vous pouvez imaginer ce qui peut arriver. Donc cette différence des prix pratiqués au Niger et dans les pays voisins a entrainé des sorties massives des produits pétroliers de notre pays vers les autres pays.

Nous avons essayé à travers les services douaniers, à travers la police, la gendarmerie et autres structures de contrôle de juguler cette fraude, cela n’a pas été possible. Cela s’est traduit par des pénuries parce que d’un seul coup l’augmentation de la consommation interne du Niger est devenue faramineuse. En un rien de temps on a doublé les quantités qu’on consommait et on se demandait comment ça se fait ? La raison fondamentale, c’est cette sortie frauduleuse des carburants. Nous avons essayé comme je l’ai dit de contrôler par tous les moyens mais vous  connaissez comment sont les circuits informels. Et on est arrivé dans une situation où nous manquons du gaz oïl. Nous avons même interdit l’exportation officielle du gaz oïl vers les pays voisins pour pouvoir alimenter notre marché mais cela n’a pas suffi. On s’est trouvé dans des situations des pénuries et des ruptures des stocks.

La seule solution était de relever le prix du gaz oïl pour être au moins au même niveau que un ou deux pays voisins notamment le bénin et le Burkina Faso. Cela a été très positif. D’abord cela nous permis de protéger notre marché, nous avons réussi à juguler les ruptures des stocks, à augmenter notre stock de sécurité qui, au départ, était à peine de cinq jours. Maintenant nous sommes à, au moins, à trente jours. Nous avions dans notre calendrier l’arrêt programmé de la SORAZ pour entretien. Mais si nous n’avons pas de stocks comment est-ce que nous allons faire lorsque SORAZ va s’arrêter pour deux mois ? En plus de notre stock, nous avons, avec les économies qui ont été réalisées, la possibilité d’importer encore du gaz oïl pour pouvoir gérer la situation lorsque la SORAZ sera à l’arrêt.

L’augmentation du prix du gaz oïl a eu une autre conséquence positive, c’est celle de pouvoir assurer la production de l’énergie électrique. En nous n’aurions pas u maintenir le prix du kilowatt si la Centrale de Gourou Banda et celle de Goudel, fonctionnaient avec un gaz oïl au prix du marché. Nous sommes obligés de subventionner le gaz oïl pour qu’on puisse stabiliser le prix de l’électricité. Vous avez vu que malgré tout ce qu’il y a eu comme crise, il n’y a pas d’augmentation du prix d’électricité au Niger. Cela est lié aux efforts que nous avons faits dans ce domaine. Indépendamment de cela, nous avons le gaz qui est aujourd’hui entré dans les habitudes domestiques de nos consommateurs et la production du gaz par la SORAZ est même devenue insuffisante. Nous sommes obligés d’importer pour pouvoir faire le complément. Or, lorsque vous importez le gaz, vous l’importez 1070FCFA le kilo et on le revend aux distributeurs à 120 FCFA le kilo. Donc imaginez le volume de subvention qu’il faut. Si nous n’avions pas une marge qui nous permette de subventionner le gaz, comment nous allons faire ? Donc, les économies réalisées sur le gaz oïl nous permettent d’assurer les importations lorsque la SORAZ sera à l’arrêt, de continuer à subventionner le gaz dont les prix sont actuellement extrêmement élevés et également de sécuriser le marché national en assurant un approvisionnement régulier et en évitant les pénuries.

Du reste lorsque nous avions engagé les concertations avec les différents acteurs économiques concernés, les transporteurs et autres consommateurs nous ont dit que leur priorité, c’est que on évite les pénuries. Ce n’est n’est pas le prix. Ce qui est juste puisqu’il s’agit du transport international. En effet, lorsqu’ils vont à Cotonou, à Lomé ou à Abidjan, ils achètent le gaz oïl à un prix élevé. Donc le fait qu’ils arrivent au Niger et qu’ils l’achète au même prix qu’au  Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Ghana, cela ne doit pas induire une augmentation des prix des marchandises qu’ils transportent puisque ils ont déjà internalisé l’augmentation du prix du gasoil qui est devenue internationale.

« La hausse du prix du gaz oïl a été très bénéfique (…). Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir avoir un stock de sécurité»

Par contre, lorsqu’il y a pénurie, et même si le prix n’est pas augmenté officiellement, sur le marché noir il va augmenter. Donc les transporteurs seraient obligés de s’approvisionner au marché noir où le prix peut effectivement être supérieur même  à l’augmentation de 130FCFA que nous avions annoncée.

Nous avons aussi pris les dispositions pour que le prix de l’essence ne change pas. Là vous pouvez constater que dans tous les pays de la sous- régions, à part le Nigéria, le prix a augmenté. Au Nigeria, le prix de l’essence est plus compétitif que celui de tous les autres pays parce que nous tenons à assurer la sécurité de nos consommateurs et parce que nous savons que ce qui intéresse le plus grand nombre de nos consommateurs, c’est le prix de l’essence plus que le prix du gasoil. Cela a été très bénéfique et cela a été très bien géré. Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir avoir un stock de sécurité de gasoil.

Monsieur le Premier ministre, vous avez annoncé, le 28 septembre dernier, lors des journées du Conseil national de la recherche agronomique (CNRA), que la campagne s’annonce prometteuse. Quelles ont été les mesures prises par le gouvernement pour aboutir à ces résultats qui s’annoncent bien? Et en votre qualité de président du CNRA qu’est-ce que le gouvernement est en train de faire pour moderniser l’agriculture?

Vous vous rappelez que nous sortions d’une campagne agricole (2020-2021) fortement déficitaire avec un déficit annoncé qui tournait autour de 40%. Face donc à cette situation, nous avions essayé d’aider nos producteurs dans le cadre de la campagne 2022 à travers notamment le Plan de soutien adopté par le gouvernement. Cet appui vise premièrement à permettre aux producteurs d’avoir les semences appropriées. Deuxièmement, il s’agit de leur permettre, en cas d’attaques d’ennemis de cultures, de sauver leurs productions parce que nous avons un stock de produits phytosanitaires. Ensuite, il fallait leur permettre d’avoir l’accès aux engrais lorsqu’ils ont besoin d’amender leur sol.

Toutes ces mesures ont été prises par anticipation, c’est à dire bien avant le démarrage de la campagne. Et aujourd’hui, tout le monde est unanime pour dire que la préparation de cette campagne est l’une des meilleures que notre pays ait réalisée parce que les semences et les produits phytosanitaires ont été mis en place à temps. Et avec la libéralisation du marché de l’engrais, le produit était disponible à temps.

Mais, il faut savoir comment sortir de cette situation de dépendance de la pluviométrie. Et nous avons une politique agricole qui s’appelle l’Initiative 3N dont le premier objectif est, au moins, de permettre à ce que les Nigériens nourrissent les Nigériens. Mais notre objectif va même au-delà, nous voulons même nourrir les non Nigériens. Et pour y parvenir, il faut moderniser notre agriculture. Cette modernisation passe d’abord par la modernisation des techniques agricoles notamment la maîtrise de l’eau. Ainsi au lieu de compter sur les pluies qui sont souvent aléatoires, nous voulons encourager les producteurs à faire une agriculture domestiquée et d’année en année nous allons augmenter le nombre de barrages, de seuils d’épandage et celui de périmètres irrigués.

«Le Niger sera au rendez-vous de la ZLECAf et qu’il pourra lui-même exporter des produits agricoles»

A cela s’ajoute l’incitation à une culture mécanisée et à l’amélioration des espèces végétales. C’est dans ce sens que ce que nous faisons avec les chercheurs est fondamental. Nous avons des recherches sur plusieurs variétés de cultures tant pour les céréales que pour les cultures de rente comme l’oignon, le niébé. Les chercheurs sont à pied d’œuvre pour nous trouver des variétés qui résistent à la sécheresse et  des variétés plus productives. Les résultats qui nous ont été présentés à l’occasion de ces journées de la recherche agronomique sont assez impressionnants. Donc avec la mise en œuvre de l’Initiative 3N nous sommes sûrs que le Niger sera au rendez-vous de la ZLECAf et qu’il pourra lui-même exporter des produits agricoles.

L’axe 7 de la Déclaration de Politique Générale du gouvernement (PDG) traite notamment de la solidarité nationale. Et ces derniers temps, les populations ont fait face à divers chocs (climatique, sécuritaire, humanitaire, etc); Quelles sont les réponses apportées par le gouvernement pour atténuer l’impact de ces chocs et aider les populations à se relever?

Lorsqu’on a annoncé un déficit de 40% de la production agricole de l’année dernière avec une estimation de deux millions et demi de personnes en situation de vulnérabilité extrême et plus de quatre millions en situation de vulnérabilité modéré, tout le monde se posait la question de savoir comment est-ce que nous pouvons faire face à cette situation. Donc immédiatement dès le mois de novembre 2021, nous avons mis en place un plan urgence estimé à 160 milliards de FCFA qui a été suivi d’un plan de soutien dès le mois de mars estimé à 280 milliards de FCFA. A travers ce plan de soutien et ce plan urgence allié au plan d’action d’aide humanitaire de nos partenaires, nous avons pu faire face à la situation. Qu’est-ce que nous avons entrepris comme action ? 

Premièrement, nous avons lancé les ventes à prix modérés dès le mois de février et elles ont été régulières jusqu’au mois de septembre. Au total, c’est 110.000 tonnes de céréales que nous avons vendu à prix modéré. Ce qui a permis de casser les prix et d’assurer l’approvisionnement des marchés. Il n’y a eu aucune pénurie, aucune rupture de stocks sur l’ensemble de la période. Deuxièmement, nous avons initié les distributions gratuites et ciblées dans les zones où l’approvisionnement est difficile, où les populations sont extrêmement vulnérables et où elles n’ont pas les moyens de pouvoir s’acheter les produits. Ensuite, nous avions ce que nous appelons les distributions de cash transfert que nous faisons à travers un projet appelé ‘’Filets sociaux’’. Dans le cadre de cette distribution de cash transfert où on cible les familles les plus vulnérables à l’intérieur des villages, nous avons distribué au moins 7 milliards de Franc CFA. A cela s’ajoutent les ventes à prix modérés d’aliments de bétail. Là également, c’est 80.000 tonnes d’aliments bétail qui ont été mises sur le marché pour permettre aux populations de sauver leur cheptel parce que le déficit fourrager annoncé était extrêmement important. Compte tenu de toutes ces mesures, nous avons réussi là où tout le monde pensait que ça aller être la catastrophe. L’axe 7 dont vous parlez a été celui qui a fait le plus de réussite au cours de ce semestre parce que le taux de réalisation dépasse les 60% comparé aux autres secteurs où on tourne de 30% ou 40.   

Sur le plan de la gouvernance politique, la reprise du dialogue entre les différents acteurs politiques, lors de la récente réunion du Conseil National du Dialogue Politique (CNDP) a été unanimement saluée. Etes-vous satisfait de ces retrouvailles et des échanges qui en ont découlé ? Quelle suite le gouvernement entend donner à cette dynamique de dialogue avec l’opposition politique ?

Le dialogue politique a été annoncé au nombre des priorités par le Président de la République dans son discours d’investiture, et également dans ma Déclaration de Politique Générale. Nous voulons améliorer le dialogue politique de manière générale. Notre objectif est de faire de notre pays un Etat démocratique, stable et fort ; fort parce que les acteurs s’entendent bien, parce que l’Etat est en mesure d’assurer la sécurité, et parce que toutes les institutions démocratiques fonctionnent normalement. Dans ce sens, c’est une grande priorité pour nous. En 2021, nous n’avions pas pu réunir l’organe de dialogue politique qu’on appelle le CNDP (Conseil Nationale du Diadoque Politique) parce que, comme vous le savez, nous avions des actions judiciaires en cours où certains candidats contestaient la victoire du Président de la République. Aussi, nous avons dit que nous n’allons pas convoquer une réunion du CNDP où certains acteurs vont dire qu’il y a un problème quant à définir qui est l’opposition et qui est la majorité.

Et lorsque tous ces cas ont été épuisés, nous avons estimé que maintenant que la situation est normalisée, nous pouvons donc convoquer le Conseil National du Diadoque Politique, et c’est ce que nous avons fait. A travers la convocation de ce conseil de dialogue politique, nous voulons amener les acteurs à regarder dans le même sens sur les questions essentielles qui concernent la vie de notre nation. Au cours de cette première réunion, nous avons abordé deux sujets importants. Le premier point concerne l’élection des Nigériens de la diaspora afin de compléter le processus électoral qui a été engagé, en faisant en sorte que les députés de la diaspora puissent être aussi élus avec l’accord et le consensus de tous afin de ne pas déboucher à des élections contestables. Le deuxième point porte sur la question de la sécurité qui est un aspect fondamental pour notre pays. Nous ne pouvons pas accepter qu’on joue avec la sécurité ; ce n’est pas un thème pour lequel, parce qu’on est de l’opposition, on peut faire du marchandage ou du populisme. Aujourd’hui, tout le monde doit soutenir nos forces de défense et de sécurité, et le gouvernement dans le combat qu’il mène pour que tous les Nigériens puissent vivre en sécurité et dans la paix. Cette réunion du CNDP a permis de déboucher à une déclaration dans ce sens-là. 

Le dialogue politique, c’est un aspect important dans la marche de la démocratie.

La normalisation des rapports avec l’opposition ne s’arrête pas seulement au Conseil National du Diadoque Politique. Nous avons une loi qui définit le statut de l’opposition, et cette loi avait prévu qu’il ait un leader de l’opposition qui est le responsable du parti ayant le plus grand nombre de députés de l’opposition. Nous avons tenu à ce que cette loi soit appliquée correctement, et dans ce sens un leader de l’opposition politique a été nommé. Et lorsque nous avons constaté que cette loi accusait quelques insuffisances, sachant qu’il ne suffit pas de nommer le chef de file de l’opposition, il faut aussi lui donner des moyens d’action, nous avons alors apporté des correctifs pour qu’il puisse disposer d’un cabinet et d’un budget lui permettant de fonctionner normalement. 

Aujourd’hui, ce leader de l’opposition est reçu par le Président de la République et par le Premier ministre ; il a la possibilité de venir vers des institutions étatiques, soumettre les préoccupations de l’opposition par rapport à la marche de l’Etat. Donc, pour nous, c’est fondamental et nous allons continuer dans ce sens, car le dialogue politique, c’est un aspect important dans la marche de la démocratie.

On observe également une accalmie sur le front social. Quel est le secret de cette stabilité sociale retrouvée, et comment se présentent vos rapports avec les partenaires sociaux ?

Il faut dire que, de la même façon que nous voulons un dialogue permanant et franc avec l’opposition, nous voulons aussi instaurer un dialogue permanant et franc avec les structures syndicales. Le Président de la République, lui-même, a donné le ton de cette volonté de dialogue en recevant directement les représentants des structures syndicales, et il les a rassurés de sa disponibilité à régler tous les problèmes à travers le dialogue. Nous avons au niveau de l’Etat un certain nombre d’organes de dialogue dont le Conseil national du travail, le Conseil national du dialogue social, le Comité interministériel de négociation qui examine le cahier des doléances que les travailleurs annoncent chaque fête du 1er Mai, et nous avons fait en sorte que tous ces organes fonctionnent normalement.

Nous nous inscrivons dans une perspective de dialogue permanent…

Le conseil national du travail est présidé par le ministre en charge de la question, nous avons tenu des réunions régulières et tous les points inscrits à l’ordre du jour de ce conseil font l’objet d’un suivi et d’un traitement diligent. De même, lorsqu’il apparait nécessaire que les structures syndicales soient reçues par rapport à des préoccupations qu’elles ont avec leurs responsables, nous sommes tout à fait ouvert à les recevoir, et très souvent on arrive à des très bonnes conclusions à travers le dialogue.

Donc, ainsi que je l’ai dit, nous nous inscrivons dans une perspective de dialogue permanent. Nous avons un pays fragile, un pays qui a besoin que tout le monde se mette au travail. Vous avez vu que par le passé, quand on parlait d’indice de développement humain, on dit toujours que le Niger est le dernier ; aujourd’hui, nous avons fait d’énormes progrès et nous sommes en train d’avancer. Nous ne sommes plus le dernier, ni l’avant dernier, nous avons un rang supérieur qui va d’ailleurs s’améliorer car l’un des points qui nous handicapaient était l’éducation, et avec les actions que nous sommes en train d’engager dans ce domaine le rang du Niger va davantage s’améliorer en matière d’indice de développement humain. Et par rapport à cela nous avons besoin de la paix, en termes de sécurité, de dialogue avec la classe politique et avec les syndicats, pour que tout le monde se mette au travail. 

Script : ONEP

Source : http://www.lesahel.org

 

Monsieur le Commissaire, l’acheminement des pèlerins en Arabie Saoudite se poursuit, quel est à la date d’aujourd’hui, le nombre de pèlerins nigériens ayant foulé effectivement le sol saoudien ?

Avant de répondre à cette question, permettez-moi de préciser que l’organisation d’un bon Hadj obéit à un certain nombre d’éléments indispensables et dont la maitrise ne doit souffrir d’aucune ambiguïté. Il s’agit entre autres du transport des pèlerins ; l’hébergement ; l’encadrement et la restauration. En effet, l’organisation du Hadj dans notre pays est une question nationale au regard de la place qu’occupe le pèlerinage dans la vie de nos populations et surtout eu égard à l’importance qu’accordent les autorités nigériennes  à cet événement. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’un forum a été organisé en janvier 2023 pour que le maximum d’acteurs se prononce sur la question. Sinon, de tout temps, c’est le Commissariat à l’Organisation du Hadj et de la Oumra et les chefs d’agences  qui se prononcent. Chacun donne sa version des faits au point  que la population a des difficultés à comprendre qui a raison ou qui a tort. Fort heureusement, la tenue de ce forum a permis à l’ensemble des acteurs de se prononcer sur les quatre aspects fondamentaux dans l’organisation du Hadj. C’est ainsi qu’à l’unanimité, les acteurs ont convenu de diversifier les partenaires. C’est pourquoi, d’un partenaire habituel, cette année, le COHO a identifié et retenu trois en l’occurrence Max Air ; Saura Flynas et Ethiopian Airlines. En outre, à la lumière de ce qui se passe actuellement et relativement aux points sur lesquels le forum a débattu, on peut dire sans risque de se tromper qu’il y a eu une nette amélioration dans l’organisation du Hadj au Niger et surtout par rapport au transport des pèlerins. Je profite de cette occasion pour dire qu’à la date du 17 juin 2023, le Commissariat à l’organisation du Hadj a transporté 8.527 pèlerins. C’est une grande performance et nous pensons que dans les jours à venir, nous allons épuiser le stock qui reste.

Et qu’en est-il de leur hébergement en Arabie Saoudite ?

S’agissant du second aspect lié à l’organisation du Hadj, notamment l’hébergement, nous voulons que les populations nigériennes soient édifiées davantage. De par mon expérience, le Niger est l’un des pays qui hébergent ses pèlerins dans des plus mauvaises conditions. Ce sont seulement les Nigériens qui étaient hébergés dans des bâtiments délabrés, exigus et entassés à grand nombre avec une seule toilette. Pour effectivement résoudre ce problème crucial qui ternit l’image de notre pays, le COHO n’a eu de choix que d’appliquer à la lettre l’une des résolutions du forum. Dans cette optique, le comité de pilotage du COHO a dépêché une mission de deux semaines en Arabie Saoudite, en collaboration avec les chefs de groupes d’agences afin d’identifier des bâtiments où les pèlerins nigériens seront logés. Cette équipe était composée des responsables du COHO ; de la Primature et du Ministère du Commerce. Elle a fait son travail sur place conformément aux critères retenus par le COHO. Le critère lié au choix de bâtiments est celui des bâtiments décents, propres avec des chambres qui peuvent prendre quatre (4) personnes avec une toilette. La mission a obtenu effectivement les bâtiments exigés par le COHO. Cependant, il n’est pas étonnant d’entendre des ratés parce que le nombre de bâtiments réquisitionnés à l’époque était d’une capacité d’accueil de 9000 pèlerins. Après, cette mission, le nombre des pèlerins est allé à 15.000 personnes. C’est dire que les chefs de groupes d’agences ont pris des bâtiments à l’absence du COHO. Ces ratés sont en train d’être corrigés sur place avec le Secrétaire général du COHO et son équipe. Il y a eu des chefs de groupes d’agences qui ont logés des pèlerins nigériens dans des situations inacceptables. D’ores et déjà, nous avons donné des instructions fermes au Secrétaire général de l’institution pour qu’il déloge ces pèlerins du bâtiment inappropriés pour leurs chercher un autre bâtiment.

Outre l’hébergement, la question de l’encadrement des pèlerins est aussi un aspect très important dans l’organisation du Hadj, quelles sont les reformes mises en œuvre par le COHO pour assurer à nos pèlerins un encadrement de qualité en terre sainte de l’Islam ?

Par rapport à l’encadrement des pèlerins, nous avons appliqué les résolutions du forum qui fort opportunément correspondent exactement au système saoudien qui est de 45 à 50 pèlerins pour un encadreur. C’est ainsi que pour la première fois, nous avons fait subir des tests aux encadreurs. Sinon par le passé, c’était des chefs de groupes d’agences qui choisissent leurs parents, amis et connaissances qui, pour la plupart ne répondent pas souvent aux critères. Nous avons décidé d’arrêter cette pratique en soumettant tous les encadreurs à un test devant un jury constitués à cet effet. Le jury a sélectionné à l’issue de ce test les bons encadreurs. L’encadreur a pour rôle principal d’être avec les pèlerins pour leur montrer les différents sites religieux. C’est l’exemple de la «Ziyara» à Médine où les pèlerins ont besoin d’un encadreur à la hauteur de la tâche. A la Mecque, il faut que le pèlerin soit encadré pour faire le «Tawâf» ; «Safâ et Marwâ», à Mina et à Arafat. Cette année, nous allons veiller à ce que ces encadreurs soient avec les pèlerins et que les rites se passent normalement.

 ‘’Je pense que si nous voulons organiser un Hadj sans stress, il faut que l’Etat du Niger se donne les moyens de sécuriser l’ensemble des frais du Hadj’’, déclare M. Ibrahim Kaigama

En ce qui concerne la restauration, le problème ne se pose pas. Les restaurateurs qui ont pris en charge les Nigériens l’année passée ont été reconduits au regard des témoignages faits par les chefs d’agences. Mais la particularité de cette année qui mérite d’être soulignée, c’est que le COHO a amené à la Mecque, un cuisinier professionnel qui connait très bien la cuisson des mets nigériens. La mission de celui-ci est d’encadrer les restaurateurs saoudiens afin qu’ils puissent produire des repas aux goûts de nos pèlerins. C’est une première innovation qui est extrêmement importante à relever. Bref, nous pensons avoir répondu à toutes ces exigences, et résolutions du forum qui sont par ailleurs les éléments qu’il faut réunir dans l’organisation du Hadj. Ce qui reste à faire, c’est la mise en œuvre.

Dans un communiqué émanant du COHO, en date du 12 juin 2023, votre structure a informé les chefs de groupes d’agences que la date butoir d’émission des visas a été fixée le 13 juin 2023 par les autorités saoudiennes. Est-ce que tous les candidats au Hadj ont effectivement eu leur visa ? Sinon comment vous comptez résoudre ce problème ? 

Effectivement, nous avons tenu le 13 juin 2023, un point de presse pour informer l’opinion nationale que la date butoir d’émission des visas était fixée à cette date-là et que tout celui qui n’arrive pas à le produire à la date prévue allait se confronter à des problèmes. Ici, il me plait de relever qu’entre le COHO et les chefs d’agences, nous savons ce que nous faisons et nous avons le calendrier de toutes les échéances liées à l’organisation du Hadj. Ce calendrier, nous l’avons depuis février. Mais nous avons constaté que les chefs de groupes d’agences font semblant d’ignorer ce calendrier. La date butoir initiale était le 7 juin 2023. Les chefs de groupes d’agences le savent. A la veille de cette date, nous avions écrit aux autorités saoudiennes pour qu’elles puissent nous permettre une petite rallonge parce que les responsables d’agences n’étaient pas prêts. Voilà comment nous avons eu le report de 6 jours pour le Niger. A la date du 12 juin 2023, les Chefs d’agences n’ont pas accompli les formalités d’émission des visas. C’est la raison pour laquelle, nous avions organisé le point de presse pour alerter l’opinion pour qu’elle-même nous aide à faire la pression sur les chefs d’agences afin qu’ils puissent mettre les sous nécessaires pour l’obtention des visas. C’est ainsi qu’à la date du 13 juin 2023, quelques 1.399 pèlerins n’avaient pas eu de visa. Aussitôt le point de presse, nous avions rencontré la tutelle pour exposer le problème. Le Premier ministre, soucieux du danger lié à cette question avait personnellement appelé tous les Chefs d’agences. Fort heureusement, avec le bruit qu’on a fait et l’intervention du Chef du gouvernement, des résultats fort appréciables ont été enregistrés. A la date du 17 juin 2023, le nombre de visas non émis est de 514. Nous espérons que d’ici le 19 juin 2023, les chefs d’agences vont produire les éléments nécessaires liés à l’établissement des visas restants. Tant que ces visas ne sont pas émis, il n’existe aucun moyen d’effectuer le déplacement pour le Hadj. C’est le lieu pour moi de rappeler à l’opinion nationale que le rôle du COHO se limite à superviser et accompagner les agences du Hadj et de la Oumra. A priori, nous ne posons aucun acte dans l’organisation du Hadj. La seule chose que le COHO s’est arrogé comme acte principal, c’est le transfert des fonds des pèlerins. Ainsi,  pour sécuriser les pèlerins, le COHO a ouvert trois types de comptes à la Banque Sahélo-Saharienne pour l’Investissement et Commerce (BSIC). Il s’agit notamment du compte lié aux prestations saoudiennes ; le compte transport et celui de l’hébergement. En ce qui concerne le compte transport, le COHO a pris pas moins de 18 milliards de FCFA des pèlerins pour régler les avionneurs. Pour l’instant, nous avons donné les 50% du montant prévu pour la phase aller et 50% à la phase retour conformément au contrat signé. Pour ce qui est des charges saoudiennes, c’est plus de 17 milliards 695 millions 813 mille 515 FCFA que le COHO a envoyé en Arabie Saoudite pour alimenter les comptes des Chefs de groupes d’agences. Le COHO ne gère pas l’argent. Chaque chef de groupe d’agences a son compte. Celui-ci est seul à faire les contrats de logement ; des bus ; de la restauration et des tentes. Cependant, sur les 9 milliards attendus par rapport au compte d’hébergement, les Chefs de groupes d’agences n’ont versé au COHO qu’un (1) milliard. C’est justement ce fonds qui cause énormément de problème au COHO.

Je pense que si nous voulons organiser un Hadj sans stress, il faut que l’Etat du Niger se donne les moyens de sécuriser l’ensemble des frais du Hadj (les charges saoudiennes ; le transport et l’hébergement). A l’endroit des pèlerins qui n’ont pas eu jusque-là leur visa, nous leur demandons de prier pour que d’ici demain, les responsables puisse produire assez de visas. Sinon tant que les chefs d’agences n’ont pas payé, je ne pense pas qu’ils puissent faire de la magie pour amener un pèlerin à la Mecque.

Par le passé, la pléthore d’agences du Hadj et de la Oumra avait rendu difficile la tâche au COHO. Avec les réformes engagées par l’Etat, est-ce que votre structure arrive à mener à bien  son travail ?

Dans un passé relativement récent, le COHO enregistrait pas moins de 400 agences du Hadj et de la Oumra. Après les inscriptions, on se retrouvait avec 40 groupes d’agences. Cette pléthore d’agences ne facilite pas la tâche au COHO de vérifier les conditions d’hébergement  et d’évaluer l’organisation du Hadj. C’est pour cette raison que cette année, un décret a été pris pour limiter le nombre de groupes d’agences. Ainsi pour être groupe d’agences, il faut avoir minimum 1000 pèlerins et justifier de 200 millions de caution. C’est ainsi que cette année, nous avons retenu 9 groupes d’agences qui ont convoyé les pèlerins et chacun s’est acquitté de sa caution. En effet, sur les 3.258.733 F fixés comme prix de hadj, le pèlerin paye 1.189.000 FCFA le billet d’avion ; les charges saoudiennes sont évaluées autour de 1.110.000 FCFA. En plus, sur chaque pèlerin, le chef d’agences a une marge bénéficiaire de 250.000 FCFA ; plus 90.000 FCFA pour l’encadrement ;  ce qui porte le montant à 340.000 FCFA. Il y a aussi 619.000 FCFA pour l’hébergement. Ces montants cumulés qui font les 3.258.733  FCFA. Les frais de transport et les charges saoudiennes sont versés au COHO qui les sécurise pour les pèlerins. Ce sont les frais d’hébergement que les chefs d’agences gardent avec eux qui constituent le goulot d’étranglement pour le COHO dans la mesure où ils ne respectent pas les conditions d’hébergement édictées par notre structure une fois à la Mecque. Ils ne dépensaient pas 300.000 FCFA par le passé pour héberger les pèlerins nigériens pendant tout le séjour.

Dans les années antérieures, beaucoup d’agences du Hadj et de la Oumra avaient eu des problèmes liés à l’inscription des pèlerins, est-ce à dire que cette situation a été définitivement  résolue ?

Le système d’inscription des pèlerins au Niger est l’un des meilleurs dans la sous-région ouest africaine. Au Niger, ces inscriptions se font en ligne et en toute transparence. Dès qu’on donne l’autorisation d’inscription, les chefs d’agences inscrivent à partir de leur bureau tous les pèlerins se trouvant sur leur liste. Le Commissaire à l’organisation du Hadj et de la Oumra ne peut rien. Il ne peut encore moins bloquer quelqu’un dans le cadre de l’inscription. Le système est tellement transparent que tout le monde peut suivre en même temps ces inscriptions. Un des chargés d’Affaires de l’Arabie Saoudite basé dans un pays africain a témoigné en disant que, le Niger a le meilleur système d’inscription des pèlerins.

Réalisée par Hassane Daouda (ONEP)

Source : http://lesahel.org/

 

Mme la directrice générale, depuis plus de dix ans, le Niger a créé  l’Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire, pourquoi la création d’une telle structure ?

Merci de me donner l’occasion de parler de l’Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire afin d’édifier nos compatriotes sur les  raisons qui ont amené les autorités à la créer.  En effet, au niger, toutes les études menées dans le cadre de la politique sectorielle du Ministère de la Justice ont permis de mettre en exergue le fait que l’accès à la justice était non équitable et non universel. Les principales causes relevées sont l’inadaptation du cadre juridique, l’éloignement des juriductions vis-à-vis des justiciables, le langage trop technique utilisé par les acteurs judiciaires, le coût des procédures, l’analphabétisme des populations, la concentration des avocats dans quelques centres urbains, la non mise en place des fonds prévus pour l’aide judiciaire.

Ainsi, dans le cadre de la réforme de son système judiciaire et en vue de renforcer la démocratie et l’Etat de droit, le Niger a adopté la loi n°2011-42 du 14 décembre 2011 fixant les règles applicables à l’Assistance Juridique et Judiciaire. Aussi, c’est dans cette dynamique et sur la base d’une étude menée sur l’accès à la Justice que  fut créé par la même loi, un établissement public à caractère administratif dénommé  Agence Nationale de l’Assistance Juridique et Judiciaire (ANAJJ).

Comment fonctionne l’agence?

L’ANAJJ a son siège à Niamey et dispose d’un organe délibérant (le Conseil d’Administration) et d’un organe exécutif (la Direction Générale) et des bureaux locaux qui sont au nombre de dix auprès des Tribunaux de Grande Instance (TGI) à savoir Agadez, Arlit, Diffa, Dosso, Konni, Maradi, Niamey, Tahoua, Tillabéry et Zinder qu’on appelle BAJJ (bureaux locaux d’assistance juridique et judiciaire).

Comment les citoyens peuvent bénéficier des prestations de l’ANAJJ?

Les citoyens peuvent bénéficier des prestation de l’ANAJJ en adressant leur demande à ces bureaux qui sont à Niamey et dans les autres TGI de l’intérieur. Pour rappel le bureau local est composé du président du TGI qui est le président du BAJJ, du greffier en chef qui en est le secrétaire, d’un représentant du ministère de la population, d’un représentant des associations de défense des droits de l’homme et d’un représentant des avocats ou des DCO(Défenseur Commis d’Office).

Les personnes détenues peuvent adresser leur demande par le biais du chef d’établissement pénitentaire pour bénéficier de l’assistance de l’agence.

Dans quels cas les citoyens peuvent-ils  saisir l’ANAJJ ?

L’ANAJJ peut être saisie pour des besoins d’assistance juridique ou judiciaire par toute personne vivant sur le territoire de la République du Niger.

L’assistance juridique consiste en un ensemble de prestations destinées à améliorer la compréhension du droit, de la justice et de ses institutions, à prévenir les conflits et favoriser le règlement des différends. Elle est accessible à tous, sans distinction de nationalité, de sexe, d’âge ou de toute autre considération (riche ou pauvre). Elle est gratuite et applicable à tous les domaines du droit et peut être sollicitée en dehors de toute procédure judiciaire ou administrative.

L’assistance judiciaire, quant à elle, consiste en un ensemble de prestations apportées au cours d’une procédure judiciaire au profit de certaines catégories de personnes vulnérables ou de celles qui ne disposent pas de revenus nécessaires pour faire face aux frais d’un procès. Elle est applicable en toutes matières.

L’assistance judiciaire comporte donc l’assistance dans le cadre d’un procès y compris la défense par un avocat professionnel ou par un DCO  et  la prise en charge des frais afférents à la procédure.

L’assistance judiciaire s’étend aux différents stades de la procédure à savoir la première instance, l’appel et la cassation.

A vous comprendre Mme, c’est comme si les personnes de nationalité étrangère vivant au Niger peuvent aussi  bénéficier de l’assistance de l’ANAJJ.

Oui, bien sûr. La loi ne fait pas de distinction dans la fourniture de l’assistance.

Est-ce que l’ANAJJ peut prendre l’initiative d’assister les personnes  en cas de litige?

A ce niveau il faut nuancer. L’ANAJJ peut prendre l’initiative de fournir l’assistance juridique à travers des séances de sensibilisation, des journées portes ouvertes ou même des atelies de formation sur des thématiques bien précises.

Cependant, en cas de litige, l’ANAJJ doit être saisie pour fournir l’assistance judiciaire.

Lorsqu’un litige est porté devant les juridictions, l’Agence fournit-elle gratuitement de l’assistance  aux citoyens qui n’ont pas les moyens ?

Oui, elle le fait  selon les conditions définies par la loi.

Il faut distinguer deux (2) catégories d’assistances judiciaires à savoir l’Assistance Judiciaire sous condition d’indigence et l’Assistance Judiciaire d’Office.

L’assistance judiciaire sous condition d’indigence est gratuite. Elle est accordée à toute personne reconnue indigente, c’est-à-dire toute personne dont les moyens matériels et financiers sont insuffisants et ne lui permettent pas de faire face aux frais occasionnés par un procès.

L’Assistance Judiciaire peut être demandée au cours de l’instance. Elle est verbale ou écrite.

L’assistance judiciaire d’office est accordée sans exigence de production de preuve à certaines catégories de personnes considérées vulnérables.

Je précise qu’à ce niveau il s’agit des mineurs poursuivis pour crime, délit ou contravention ; des mineurs victimes devant une juridiction répressive, des personnes handicapées prévenues ou parties civiles incapables de se défendre du fait de leur handicap ; des personnes accusées comparaissant devant une cour d’assises à présent chambre criminelle.

 Elle est également fournie aux femmes victimes de violences visées aux chapitres II, III, VI, VIII du titre III du code pénal (CBV) et autres crimes et délits volontaires, meurtres et autres crimes capitaux, attentat à la liberté individuelle, esclavage, violation de domicile et attentats aux mœurs et aux  femmes sollicitant le paiement d’une pension alimentaire, la liquidation d’une succession ou la garde d’enfant.

Que  peut-on retenir en termes de réalisations de l’agence?

Depuis sa création, l’ANAJJ a, à son actif, plusieurs réalisations. A titre d’exemple, de 2018 à 2022,  59 791 personnes ont bénéficié de l’assistance juridique et 6668 sont  bénéficiaires de l’assistance judiciaire à travers nos bureaux locaux d’assistance juridique et judiciaire. En outre, plus de trente cinq (35) ateliers de formation ont été organisés et ont concerné deux mille cinq cent (2500) personnes composées des magistrats, des avocats, des défenseurs commis d’office, des acteurs des médias et des acteurs de la société civile.

Pour ses activités de sensibilisation, l’ANAJJ est appuyée par les animateurs des cliniques juridiques dans le cadre du Programme Spotlight. Ce programme est le fruit d’un partenariat entre l’Union Européenne et les Nations Unies, mis en œuvre conjointement avec le Gouvernement du Niger. Il contribue à l’élimination des violences sexuelles basées sur le genre, des pratiques néfastes et des obstacles à l’accès aux droits à la santé sexuelle et reproductive. Il couvre 300 villages des quatre (4) régions d’intervention  que sont Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Pour la période de 2021 à 2022, 168 075 personnes ont été sensibilisées en matière de Violence Basée sur le Genre (VBG).

L’ANAJJ est une jeune structure qui contribue énormément à l’effectivité de la jouissance de l’Etat de Droit au Niger, quels sont les défis dans l’accomplissement de sa mission et quelles sont les perspectives?

Comme difficultés et défis, nous pouvons relever l’insuffisance des ressources. Les allocations budgétaires au profit de l’ANAJJ restent en deçà des objectifs à atteindre. En effet, non seulement les montants ne sont pas toujours suffisants et en plus les 50% de ces montants sont systématiquement reversés au barreau. Ce qui handicape sérieusement l’exécution de certaines activités et qui explique que l’ANAJJ n’est présente que dans les dix TGI. Un autre souci, c’est la non fourniture de l’assistance judiciaire aux bénéficiaires dans les régions du Niger autres que Niamey par les avocats professionnels. En plus lorsque vous regardez le profil des DCO qui font du bénévolat, ils  ne sont pas des juristes.

Comme perspective, je peux relever que l’ANAJJ dispose d’un plan d’actions 2023-2027 constitué de trois axes stratégiques. L’axe stratégique 1 est relatif à la redynamisation de l’Agence et partenariat, le second axe stratégique  met l’accent sur l’amélioration des conditions d’offre et de demande de l’assistance juridique. Quant au 3ème axe stratégique, il porte sur l’amélioration des conditions d’offre et de jouissance de l’assistance judiciaire.

Ce plan d’actions s’appuie sur un buidget d’’un montant global de 5 485 900 000 FCA. Sa mise en œuvre contribuera à l’effectivité de l’accès à la justice de la population de notre pays.

Mme la Directrice générale, on constate que le travail est titanesque, les besoins sont énormes,  est-ce que l’agence reçoit l’appui des partenaires ?

Oui, l’ANAJJ bénéficie de l’appui des partenaires techniques et financiers au titre desquels nous avons le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’International Developement Law Organization (IDLO), l’Association du Barreau Américain, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), le Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Eucap sahel.

Ces partenaires, en plus de l’appui en matériel de bureau et matériel informatique, interviennent aussi bien sur le volet assistance juridique que judiciaire.

Sur le volet assistance juridique, ces partenaires soutiennent les formations des acteurs, la tenue des séances de sensibilisation, le recrutement des coordonnateurs des cliniques juridiques et des parajuristes communautaires, l’organisation des journées porte-ouvertes etc.

Pour ce qui est de l’assistance judiciaire, certains partenaires dont IDLO principalement, appuient l’organisation et la prise en charge des dossiers lors des sessions des chambres criminelles, la prise en charge de certains frais de justice, le paiement des prestations des avocats ou défenseurs commis d’office et l’assistance aux victimes.

Il est à noter que l’appui des partenaires contribue fortement à l’atteinte des objectifs de l’agence.

Proposé par Zabeirou Moussa (ONEP)
 Source : http://lesahel.org/

 

Monsieur le président, la Commission Nationale des Droits Humains que vous dirigez depuis une année vient de réussir brillamment son examen de ré-accréditation à Genève. Quel est le sentiment qui vous anime à l’issue de ce succès ?

Je suis animé par un sentiment de fierté et de grande satisfaction suite à la ré-accréditation de notre Institution au Statut « A » de l’Alliance Mondiale des Institutions Nationales des Droits Humains (GANHRI), à l’issue de l’examen d’évaluation passé le  06 octobre 2022 à Genève et dont les résultats nous sont parvenus le 11 octobre 2022 après les délibérations du jury. En effet, réussir, en un an de fonction, à conserver à la CNDH-NIGER ce statut tant convoité par les Intitulions Nationales des Droits de l’Homme (INDH) du monde entier était un défi majeur à relever. Cela est d’autant plus vrai que le statut « A » représente le plus haut niveau de crédibilité auquel aspire toute Institution de défense,  de promotion et de protection des droits de l’homme. C’est une reconnaissance à  l’échelle mondiale.

Notre succès à cet important examen est le couronnement d’intenses actions menées un (01) an durant par l’équipe en place à la Commission. Pour atteindre cet objectif nous avons travaillé en synergie avec les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile et l’Etat.

Nous avons eu ce succès à un moment où une alternance démocratique est intervenue en 2021 au niveau de la Commission qui a vu le renouvellement de  sept (07) Commissaires sur neuf (09) et la totalité des membres du Bureau Exécutif. Il a fallu à la nouvelle équipe que je dirige, de déployer beaucoup d’efforts pour capitaliser les acquis de l’équipe précédente qui a obtenu ce Statut « A » en 2017 assorti de six  (06) recommandations. Il nous appartenait de faire suivre d’effets ces recommandations au nom de la continuité de service, tout en évitant, à travers de bonnes pratiques, de provoquer de nouvelles.

Dieu merci, à l’issue de l’examen de cette année nous avons réussi  à faire lever quatre (04) des six (06) recommandations en obtenant la  ré-accréditation au Statut « A » avec deux (02) seulement. Cela s’explique par le fait qu’aucune œuvre humaine n’étant parfaite, quelle que soit la qualité d’un dossier, son examen est susceptible de donner lieu à des observations.

Ce succès est l’œuvre de l’ensemble des Commissaires aux Droits Humains et du personnel administratif et technique de la CNDH qui se sont mobilisés comme un seul homme pour aboutir à ce résultat. Cet échange me donne l’occasion de remercier sincèrement toutes les parties prenantes pour cette belle victoire qui, au-delà de la Commission, honore le Niger tout entier. C’est en effet l’Etat du Niger qui est honoré à travers le maintien de ce statut. Avec cette décision, l’Alliance Mondiale  « GANHRI » reconnait que le Niger fait partie des Etats qui sont soucieux de la promotion et de la protection des droits humains sur leurs territoires, œuvrant pour la jouissance effective de ces droits pour tous les citoyens.

C’est le lieu pour moi de saluer les appuis importants de l’Etat dont les efforts au profit de la Commission, ont contribué à obtenir cette victoire. A cet égard, c’est avec un réel plaisir que je rends un hommage mérité aux hautes autorités de la République particulièrement à Son Excellence Monsieur le Président de la République qui a toujours eu une oreille attentive vis-à-vis des préoccupations de la Commission qu’il a tenu constamment à accompagner dans l’accomplissement de ses missions au service des citoyens. J’associe à cet hommage les organisations de la société civile nigérienne ainsi que tous nos partenaires techniques et financiers dont les actions à nos côtés ont largement contribué à ce succès. Aux usagers de nos services, je leur dis merci de continuer à nous faire confiance car, leurs saisines et le traitement de leurs dossiers contribuent au rayonnement de la Commission.

L’examen de ré-accréditation  au statut A est un examen difficile pour les Institutions des Droits Humains. Qu’est-ce qui fonde votre maintien à ce prestigieux statut  au bout d’un an d’exercice de votre bureau?

C’est vrai que l’examen d’accréditation au Statut « A » de la GANHRI est particulièrement difficile pour les INDHs. Beaucoup d’INDHs des pays européens n’ont pas de Statut « A ». En Afrique très peu d’INDHs ont réussi l’examen d’admission à ce Statut. Cet exploit, après un (01) an à la tête de la CNDH, est dû au travail   ardu accompli,  pour la cause des droits humains, par l’équipe soudée  constituée par le collège des Commissaires, les cadres et le personnel administratif et technique de la Commission. Au-delà de la consolidation des acquis de l’équipe à laquelle nous  avons succédé qui a géré la Commission huit (08) ans durant en deux mandats, nous avons, dès notre installation le 11 octobre 2021 œuvré à exécuter immédiatement notre programme d’actions avec une vision prospective dans le respect de nos textes tout en privilégiant les bonnes pratiques de gestion qui nous ont valu la confiance de tous nos partenaires et de l’Etat. Avec peu de moyens gérés de manière rationnelle et transparente nous avons pu remplir notre cahier de charges à la satisfaction de nos concitoyens. Actuellement un audit organisationnel est en cours à la Commission dans le but d’engager des réformes de fond de nos procédures, nos pratiques quotidiennes, nos méthodes de travail et nos textes qui ont besoin de toilettage après dix ans de mise en œuvre. Toutes ces initiatives et actions salvatrices menées de manière inclusive avec rigueur et détermination ont, en si peu de temps, accru la notoriété et la crédibilité de la CNDH fondant ainsi le maintien mérité de ce prestigieux Statut « A ». Dans cette posture, la Commission est désormais revigorée et plus en mesure de prendre en charge convenablement les légitimes préoccupations de nos concitoyens en matière de jouissance effective de leurs droits et libertés consacrés par la Constitution et les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Niger. 

La défense et la protection des droits humains est  une immense tâche dans un pays aussi grand que le Niger. Comment votre institution travaille-t-elle dans l’accomplissement de cette mission ?  

L’immensité du territoire national n’est nullement un obstacle à l’exécution du mandat de la Commission qui a le devoir de réserver un traitement équitable à tous les citoyens d’Ayorou à N’Gourti et de Madarounfa à Madama pourvu que nous ayons les moyens de nos actions au service de la population. Pour ce faire, nous sommes entrain de créer les conditions de mobilisation davantage de moyens matériels et humains devant nous permettre d’atteindre les nobles objectifs de la Commission.  Effectivement la défense, la promotion et la protection des droits humains dans un pays ayant une superficie de 1 267 000 Km² est un grand défi, surtout quand il fait partie des pays les moins avancés du monde et est confronté à l’insécurité due aux agissements des groupes terroristes qui sèment la terreur dans plusieurs régions. Cependant, comme notre mission constitutionnelle est la défense, la promotion et la protection des droits humains, nous ne saurons baisser les bras malgré les faibles moyens dont nous disposons. C’est ainsi que, pour être plus proche des citoyens qui n’ont pas les moyens de se déplacer jusqu’à notre siège à Niamey,  nous avons mis en place cinq (05) antennes régionales et deux (02) points focaux qui sont quotidiennement à leur écoute.

En plus, comme les violations des droits humains se font  le plus souvent loin des grandes villes, nous organisons des missions d’investigation sur le terrain jusque dans les zones les plus difficiles d’accès pour écouter les victimes et les témoins. En outre la CNDH effectue périodiquement des missions de monitoring c’est-à-dire de suivi et d’observation des lieux de privation de liberté dans toutes les régions. Elle organise également le monitoring des procès criminels pour s’assurer que les normes d’un procès équitable sont respectées.  Ces différentes missions sur le terrain se font non seulement avec les moyens que l’Etat met à notre disposition, mais aussi grâce au soutien des partenaires techniques et financiers de la Commission.

Monsieur le président notre pays subit depuis quelques années des attaques terroristes sur certaines de ses frontières, avec souvent une persécution des populations civiles par les groupes armés. Comment dans un tel contexte assurer la jouissance des droits humains de ces personnes meurtries ?

C’est vrai que depuis quelques années, notre pays fait face aux attaques des groupes terroristes particulièrement dans certaines zones frontalières. Malgré cette situation d’insécurité la CNDH reste résiliente et continue à assurer ses fonctions de promotion et de protection des droits humains partout au Niger, y compris dans les zones affectées par les attaques des groupes terroristes. Nous arrivons à accéder à ces localités grâce à l’appui des forces de défense et de sécurité qui nous escortent chaque fois que de besoin.

Ainsi, en mai 2022, la CNDH a organisé en partenariat avec l’Institut Danois des Droits de l’Homme (IDDH), une étude sur l’impact de l’insécurité sur la santé et l’éducation dans les régions de Diffa, Tahoua et Tillabéry. Du 25 au 29 mai 2022, la CNDH a organisé en partenariat avec ABA-ROLI (financement USAID) une mission d’investigation dans les régions de Tillabéry, Tahoua et Diffa sur l’impact de l’insécurité sur le droit à la vie et l’accès à la Justice.  Du 1er au 07 juin 2022, la CNDH a effectué une mission d’investigation sur l’effectivité de la jouissance par les populations déplacées internes (DPI) des départements de Torodi, Téra et Gothèye  sur leurs droits fondamentaux. Cette mission a été réalisée en partenariat avec le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies (HCDH).

 Monsieur le Président avez-vous un message particulier à l’endroit de vos concitoyens ?

J’en appelle à mes concitoyens d’avoir foi en la démocratie qui, dans tous les pays du monde est une conquête permanente. Au Niger, la vie politique et sociale se démocratise de plus en plus au point où pour la première fois dans l’histoire de notre pays, un Président civil démocratiquement élu a succédé en 2021 à un autre sur fond de passation pacifique du pouvoir d’Etat. Il nous appartient tous d’œuvrer à consolider les fondements du système démocratique qui, en dépit de son imperfection inhérente à toute œuvre humaine est meilleur à l’Etat de non-droit en ce qu’il est le seul susceptible de garantir aux citoyens la jouissance effective de leurs droits et libertés.

La Commission Nationale des Droits Humains ainsi que toutes les Institutions de la République sont des structures citoyennes au service de toute la population et à ce titre nos concitoyens doivent s’abstenir de les fragiliser par des actes d’intoxication et de désinformation car, seules des Institutions fortes sont en mesure de répondre aux légitimes aspirations des populations à la paix, à la sécurité et  à la stabilité indispensables au bien être tant individuel que collectif.  A titre illustratif je peux vous relater un cas parmi tant d’autres, relatif à l’actualité ambiante. En effet, le vendredi 07 octobre 2022 j’ai été réveillé vers 03 heures du matin par un message d’un citoyen me transmettant une lettre manuscrite relatant la situation critique d’un Officier de l’armée détenu gravement malade en état de détresse humaine.

J’ai immédiatement réagi en demandant de faire signer la lettre et la faire enregistrer à la Commission où en dépit de la descente du service, s’agissant d’un vendredi, elle a été traitée avec la saisine d’urgence des services compétents de la CNDH chargés de la mise en œuvre des actions à accomplir. Dès la reprise de service, le lundi  une mission de la CNDH a été dépêchée au chevet du détenu concerné avec lequel elle s’est entretenue dans la salle de l’infirmerie de la prison où il est gardé.  Dans la même veine, son médecin a été rencontré et un rapport circonstancié a été établi et soumis à l’appréciation de l’ensemble des Commissaires aux Droits Humains qui l’on approuvé. Immédiatement, l’autorité de tutelle des établissements pénitentiaires a été saisie par lettre N°418/CNDH/SG du 12 octobre 2022 adressée au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux que j’ai aussitôt rencontré à ce sujet.

Présentement l’intéressé est pris en charge dans un établissement de soins adapté à son état. Malgré toutes ces prévenances et diligences, des individus mal intentionnés aux desseins inavoués dans une manœuvre malsaine de manipulation de l’opinion continuent d’inonder les réseaux sociaux de fausses informations tendant à dénigrer des Institutions de la République particulièrement la CNDH à tort accusée de léthargie voire d’inertie dans le traitement de ce dossier. A tous ceux qui me pressaient de leur répondre sur la toile j’ai expliqué que les Institutions n’ont pas vocation à traiter leurs dossiers à travers les réseaux sociaux, c’est pourquoi nous avons plutôt organisé un point de presse le jeudi 13 octobre 2022 à notre siège au cours duquel nous avons sacrifié au devoir de redevabilité consistant à rendre compte officiellement de notre action particulièrement sur ce dossier qui suscite tant d’émoi et de passion. Nous devons nous réjouir que le contexte politique actuel de notre pays soit favorable à l’accomplissement de la mission de la CNDH. En effet, les nouvelles autorités politiques montrent leur volonté de faire de la jouissance des droits humains par tous les citoyens une réalité dans notre pays. A cet égard, il convient de rappeler que le Niger a ratifié toutes les conventions et les traités internationaux relatifs aux droits humains.

Il faut également noter que la CNDH du Niger s’est fait distinguer  de 2017 à nos jours par son expertise, son indépendance et son engagement à œuvrer dans la promotion et la protection des droits humains aussi bien au niveau national qu’international.

Au niveau national plusieurs actions phares ont permis à la Commission de mériter la confiance de beaucoup d’acteurs. Il s’agit notamment des partenaires techniques et financiers dont le nombre s’accroît de  plus en plus et les organisations de la société civile avec lesquelles nous envisageons de créer un cadre de concertation qui va nous permettre de réunir nos atouts respectifs pour l’effectivité du respect des droits de l’homme au Niger.

Dans le cadre de la mise en œuvre  de son mandat de promotion des droits humains, la CNDH a mené une série d’actions de sensibilisation  et de formation de différents acteurs et cela a permis de préserver la cohésion sociale. Elle a effectué dans le cadre de son mandat de protection des visites aux détenus civils et militaires accusés de tentative de coup d’Etat militaire pour vérifier leurs conditions de détention. La CNDH a  par ailleurs dénoncé dans ses rapports les violations des droits humains reprochés aux groupes armées non étatiques et même aux  forces armées régulières engagées dans les opérations militaires. Au niveau international la CNDH du Niger est membre de plusieurs organisations régionales et/ou internationales de promotion et de protection des droits de l’homme. Jusqu’à une date récente elle  a présidé certaines organisations (Association Francophone des Commissions Nationales des Droits Humains, Réseau des INDH du G5 Sahel). Elle a aussi accompagné plusieurs autres INDH par son expertise à savoir le Mali, le Burkina Faso, le Rwanda, le Togo, la Guinée et la Centrafrique. Tous ces efforts ont renforcé la crédibilité de la CNDH et lui ont valu l’attribution du mandat du Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNP) suivant la loi 2020-02 du 06 mai 2020.

Par Oumarou Moussa(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

Dans cet entretien, Idi Sani Magagi, préfet de Tessaoua, explique l’importance des réalisations entrant dans le cadre de Tessaoua walkiya, un programme décentralisé de développement d’infrastructures que les autorités nigériennes ont mis en œuvre. Aussitôt terminé, ce programme (notamment l’aménagement des grandes mares et retenues d’eau de la ville) a permis de limiter considérablement l’impact des inondations de cette année. Le préfet de Tessaoua s’exprime aussi sur plusieurs questions d’intérêt pour sa région, en cette période de crise sanitaire et de fermeture de la frontière avec le Nigeria.

 

Monsieur le préfet, qu'est-ce qui fait la particularité de votre département en cette fin d'hivernage?

La production de cette année est meilleure par rapport à l'année dernière. Mais la grande particularité est qu'il a suffisamment plu et il y'a eu beaucoup d'inondations dans le département. On a enregistré 1.647 maisons effondrées, 15 maisons inondées, 20 cases endommagées, 1 classe moderne et 11 classes traditionnelles effondrées, 8 blessés légers et 1 enfant décédé. Au total, on comptabilise 12.557 personnes sinistrées. Dans la commune rurale de Tessaoua qui est la plus affectée par les inondations, 1.196 ménages ont été touchés.

 

Pour faire face à ces inondations, quelles sont les actions mises en œuvre par les autorités locales et est-ce qu'il y'a un appui des autorités aux niveaux régional et central?

Le Gouvernement a pris acte du rapport officiel que nous avons envoyé. D’ores et déjà, l'Etat a fait les premières aides. Il y’a aussi, dans la ville de Tessaoua, certains particuliers qui ont secouru les personnes sinistrées. Mais ça ne suffit pas parce qu’il faut de grands moyens. Avec un total de 12.557sinistrés, on est obligé d’attendre plus de l’Etat. J’ai transmis nos doléances par les voies officielles et c'est sûr qu'on aura une réponse assez positive dans ce domaine.

 

Sur le plan sécuritaire, les échos nous apprennent que Tessaoua a su bien gérer la situation. Quelle est la méthodologie adoptée par le département?

D'abord, on a initié deux équipes de patrouilles. Il y’a une équipe départementale composée de plusieurs véhicules qui sillonnent le  département, avec une surveillance accrue dans la partie Nord. Il y'a aussi une patrouille transfrontalière qui sécurise la frontière. Tout cela se fait sous la coordination du préfet qui est le président du Conseil départemental de sécurité et les différents responsables des Forces de défense et de sécurité aussi. A la moindre alerte venant du terrain, j'instruis directement les responsables des FDS pour apporter la réponse adéquate à la menace potentielle.

Les chefs de cantons étaient suffisamment informés, les maires le sont aussi. Il y'a eu des missions que nous avons effectué au niveau des communes, avec le rassemblement de tous les chefs de village. Voilà les efforts conjugués qui font que, par la Grâce de Dieu et une bonne collaboration des gens sur le terrain, on a pu éviter les attaques qu'on voit ailleurs et juguler la menace sécuritaire.

 

A l'heure actuelle, le monde fait face à une crise qui met à rude épreuve la réponse sanitaire globale. Votre département, au vu de sa proximité avec le Nigeria, semblait être très exposé à la COVID-19. Qu'est-ce qui explique que la situation soit maitrisée ici?

La situation est maitrisée parce qu'on a des opérations de routine de vaccinations et de surveillance épidémiologique, en commun accord avec nos frontaliers. Pour nous par exemple, l'administration correspondante de l'autre côté de la frontière, c'est Mai Adoua. Il y'a des réunions communes pour élaborer les programmes sanitaires ensemble et on fait les évaluations ensemble. Les réunions se font par alternance au Nigeria et au Niger et regroupent les cadres du secteur de la santé des deux pays. Cette situation antérieure à la COVID-19 renforce la maitrise de l'aspect sanitaire au niveau de la frontière.

En plus de cela, on a assez de structures sanitaires à Tessaoua qui sont bien équipées, avec des équipes efficaces qui coordonnent la prévention. On ne laisse derrière aucun domaine car nous ne sommes plus les Commandants de cercle d'antan. On est les préfets du développement. On est là pour le développement de l'entité et donc, il faut que nous ayons des regards sur tous les aspects en matière de développement économique, social et culturel du département.

 

Il y'a quelques mois, le grand voisin a décidé unilatéralement de fermer sa frontière avec le Niger. Quelle est l'impact de cette fermeture sur votre département?

Cette fermeture nous a touché de plein fouet. Par exemple, au poste douanier de Korgom, rien ne passe. Les gens se débrouillent à moto mais ce n'est pas sur des motos qu'on peut amener des marchandises susceptibles d’être dédouanées et dont les recettes vont gonfler les caisses de l'Etat. C'est en réalité une façon de frauder et cela ne résout pas le problème de rareté des recettes au niveau des postes douaniers.

 

Cela a-t-il eu un impact sur le prix des denrées de première nécessité?

Dieu merci, on a ici un marché céréalier construit par le PRODAF. C'est un marché exploité par les deux parties, nigérienne et nigériane. Le marché de céréales permet de ravitailler les deux pays en fonction de la demande et de la production de part et d'autre de la frontière. Ce système a contribué à casser les prix sur le marché interne.

En plus de cela, les produits de première nécessité rentrent à Tessaoua à motos et sur des charrettes en empruntant plusieurs voies accessibles. Mais, c'est les autres produits commerciaux qui sont impactés par la fermeture de la frontière avec le Nigeria. La vente de ces produits est en forte baisse à cause de l’approvisionnement difficile, ce qui se répercute sur les prix.

 

Quelle est l'importance du trafic de carburant dans votre département?

Le trafic est même très dangereux, pour parler franchement avec vous, parce que le Grand Nord est ravitaillé par nous. A un moment, l'Etat s'est un peu ressaisi en effectuant des contrôles inopinés avec l’appui des Forces de défense et de sécurité. Au cours de ces opérations, on a saisi des milliers de bidons d’essence. Malheureusement, les fraudeurs ont fait de cette activité illégale leur profession et la pratique H24. Pour les contrer, il faut une action de longue haleine qui doit être permanente.

Pour vous dire la vérité, le carburant fraudé est un fléau pour Tessaoua, comme il l'est pour Gazaoua, Aguié et la ville de Maradi. L'Etat à travers ces démembrements fait de son mieux parce qu'il y'a des saisies, pas uniquement au niveau de la Douane, mais aussi au niveau des Forces de défense et de sécurité. Etant donné la difficulté d’être éternellement aux aguets des fraudeurs, on organise ces contrôles inopinés pour les dissuader, ou au moins les ralentir dans leur trafic. Ça nous permet aussi de diminuer un peu l’impact du fléau de la fraude de carburant dans notre département.

 

Tessaoua a bénéficié d'un programme de développement dénommé Tessaoua walkiya. Quelles sont les infrastructures réalisées et pour quelle utilisation sont-elles destinées?

Vous êtes ici dans walkiya, à l’intérieur même de la préfecture de Tessaoua. Les bureaux du préfet et du Secrétaire général, ainsi que leurs résidences respectives, sont des fruits du Programme walkiya. Tessaoua a aussi bénéficié de voiries urbaines et d’éclairage public qui ont métamorphosé la ville, ainsi que de l’aménagement de plusieurs retenues d’eau.

Avec les fortes pluies de cette année, s’il n’y a pas eu les travaux d’aménagement de certaines mares, la ville allait vivre une situation beaucoup plus désastreuse. Les travaux de Tessaoua walkiya ont permis de canaliser l'eau et de sécuriser quand même la population. C'est vraiment un impact positif sur ce plan. Je profite de cette occasion pour remercier SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République. C'est comme s’il avait vu juste.

 

Au niveau culturel et sportif, quels sont les projets destinés aux jeunes afin de les occuper?

Au niveau culturel, vraiment, je ne pense pas. Il faut voir cela avec le maire. Par contre, pendant les vacances, les enfants se réunissent pour faire des tournois des grandes vacances qu'on appelle communément TGV. Personnellement, j'ai eu à mettre en jeu une coupe du préfet. Il y'a eu aussi la coupe du Directeur général de la banque de l'habitat, celle du Directeur général de Niger poste, etc. On les occupe comme ça, à travers les tournois des grandes vacances qu'ils organisent eux-mêmes. Nous les soutenons dans ce sens en apportant seulement de l'aide.

 

Votre mot de la fin?

L'année s'achève. On ne se plaint pas sur le niveau de production agricole. Mais ma doléance est que je souhaite auprès de l'Etat d’aider davantage les victimes des inondations. Le bilan est assez lourd. Nous insistons pour que l'Etat vienne en aide à ces vaillantes populations. Pour le reste, on est en train de gérer au niveau local.

 

Propos recueillis par Souleymane Yahaya (Envoyé Spécial)

11 décembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/    

Moussa Ousmane Gov Region DossoMonsieur Moussa Ousmane, le Gouverneur de la région de Dosso,Conflits sociaux dans la région de Dosso : la situation est calme En dépit de maints efforts fournis par les autorités au niveau régional et national en matière de prévention et gestion des conflits sociaux, la région de Dosso, zone par vocation agropastoral, reste marquée par ce phénomène qui a causé d’importantes pertes en vie humaine et de dégâts matériel dans cette région qui, à un moment de son parcours détenait le triste record national. Ces conflits qui éclatent généralement entre éleveurs et agriculteurs ou entre agriculteurs, surgissent à des moments bien donnés de l’année notamment en début de saison agricole, en milieu de saison et enfin de saison.Mais depuis un certain temps, l’on assiste à un semblant d’accalmie malgré quelques cas isolés qui se terminent sans trop de dégâts. Pour en savoir plus sur les mesures de prévention prises au niveau régional, nous avons rencontré le gouverneur de la région de Dosso, Monsieur Moussa Ousmane, qui a bien voulu répondre à nos questions.

T-Info : Monsieur le gouverneur, il n’est un secret pour personne que votre région est réputée comme zone de conflits pourquoi cela ?

Moussa Ousmane : je vous remercie infiniment de m’avoir donné cette opportunité pour parler de ce phénomène qui constitue un véritable frein à notre développement car vous le savez autant que moi que sanspaix, il n’y pas de progrès. Pour répondre à votre question, il faut d’abord évoquer de l’origine de ces conflits. Vous n’êtes pas sans savoir que la région de Dosso est une zone à vocation agropastoral et que tous ces conflits ont pour dénominateur commun soit la gestion des espaces cultivables, ou encore les éternelles incompréhensions entre éleveurs et agricultures. D’autre part la région dispose d’une grande zone de transhumance où à des moments précis de la saison hivernale, les éleveurs du nord descendent vers le sud en quête de pâturage soit vers le Nigeria ou bien le Bénin.Ces descentes d’animaux ne sont pas sans conséquences surtout que bon nombre de ces éleveurs ignorent souvent les limites des couloirs de passages. Cette zone de transhumance qui s’étend au-delà de nos frontières nous amène des foisà gérer des situations avec nos voisins du Bénin. C’est ainsi que souvent ces conflits éclatent entre ressortissants de nos deux pays. A ce titre il m’est opportun de rappeler que le 1er octobre 2018 dernier, Dosso la capitale régionale a abrité une rencontre entre experts du Niger, du Bénin et du Nigéria en vue de faire des propositions afin de mieux gérer d’éventuelles situations de ce genre.

 

Monsieur le Ministre, le Niger a accueilli du 16 au 18 septembre dernier, le 1er Forum des investisseurs pakistanais. Quelle leçon peut-on tirer de cette rencontre et quel appel avez-vous à lancer à d’autres pays pour qu’ils s’inscrivent dans cette dynamique ?

Je vous remercie de cette occasion que vous me donnez pour faire le point sur la toute nouvelle approche que nous sommes en train de développer afin de faire de notre pays une destination attrayante notamment de l’Investissement Direct Etranger (IDE). C’est dans cette dynamique que nous avons organisé du 16 au 18 septembre 2021 le premier forum des investisseurs au Niger avec comme pays invité, la République Islamique du Pakistan.

Ce sont 87 hommes d’affaires pakistanais intervenant dans divers secteurs industriels qui ont bien voulu participer à ce forum au Niger. C’est pour la première fois qu’un tel nombre d’investisseurs se déplacent pour faire une mission de prospection d’investissements hors du Pakistan.

Ceci est le signe que le Niger, eu égard aux réformes engagées ces dernières années visant la mise en place d’un environnement favorable à la promotion et au développement du secteur privé, est devenue une destination d’investissements avec laquelle il faut désormais composer.

Notre ambition est d’amener les investisseurs notamment issus des pays avec lesquels le Niger entretient de bonnes relations économiques, à découvrir nos potentialités industrielles et à y investir dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant avec nos opérateurs économiques, ce qui permettra de renforcer notre tissu industriel et de créer des emplois massifs. A cet égard, je voudrais lancer un appel à tous les autres pays d’accepter nos invitations aux prochains fora qui seront organisés afin d’accueillir et orienter leurs investisseurs vers des secteurs productifs intéressant notamment le développement de nos chaines de valeur agro-sylvo-pastorales et halieutiques qui recèlent d’importantes opportunités d’investissements rentables.

Ces investissements, que nous appelons de tous nos vœux, doivent s’inscrire dans la volonté de répondre à deux problématiques majeures de l’économie du Niger : la réduction des importations par l’encouragement des investisseurs à identifier et opérer dans les secteurs et les branches d’activités qui impactent négativement la balance commerciale mais qui ont un effet significatif sur le PIB ; la création d’emplois décents et durables pour la population surtout les jeunes et les femmes.

Le Niger a adopté depuis quelques années, des réformes pour faciliter les investissements. Concrètement qu’est-ce qui a été fait pour attirer les investisseurs et promouvoir le secteur privé ?

Effectivement, depuis quelques années, le Niger a initié beaucoup de réformes pour améliorer le climat des affaires. Ces mesures ont été d’ordre législatif comme l’adoption de la loi sur le Partenariat Public-Privé (PPP), la loi sur le Code des Investissements, le Small Business Act, la mise en place d’un Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) et d’autres facilités d’accès au financement ; la simplification des procédures de paiement des Impôts ; la modernisation des procédures douanières et l’installation du tribunal de commerce de Niamey. L’adhésion à l’Agence Multilatérale des Garanties des Investissements (MIGA) et à l’Africa Trade Insurance qui sont aussi de nature à rassurer les investisseurs.

Nous sommes également en train de créer les conditions de l’émergence des cadres de dialogue public-public et public-privé nécessaires pour accompagner un développement harmonieux du secteur privé. Dans cette optique, nous avons eu à organiser des rencontres avec les opérateurs privés et les administrations en charge de la promotion du secteur privé pour mieux appréhender leurs préoccupations et ensemble apporter les solutions les plus appropriées.

L’économie mondiale, plus précisément les échanges commerciaux ont été impactés ces dernières années par la pandémie de la COVID-19, Comment se présente la situation au Niger ?

La COVID a eu au Niger comme partout ailleurs des répercussions négatives sur les activités économiques notamment sur certains secteurs clefs comme la restauration, l’hôtellerie, le transport, le secteur manufacturier avec le renchérissement du coût des facteurs notamment le transport. Cependant la situation au Niger n’est pas autant dramatique au regard des mesures d’accompagnement prises par le gouvernement en concertation avec les acteurs du secteur privé. Nous constatons une reprise progressive et quasi normale des activités dans les secteurs avec le respect des mesures barrières. Nous travaillons davantage à faire des interventions ciblées pour prendre en compte les spécificités sectorielles.

Qu’est-ce que l’Etat du Niger a fait pour accompagner les opérateurs économiques pour surmonter le choc de la pandémie ?

La pandémie de la Covid-19 a affecté beaucoup d’entreprises et à divers degrés. Afin de permettre aux entreprises d’absorber les chocs subis, le Gouvernement a mis en place un Fonds d’Appui à l’Innovation et au soutien des entreprises dans le contexte de la covid 19. Même si ce fonds n’a été sollicité par les entreprises qu’à hauteur de 15% pour plusieurs raisons, il a permis à celles qui y ont accédé d’amortir certains effets négatifs occasionnés.

La cherté des produits de première nécessité est déplorée par des consommateurs, comment comptez atténuer la souffrance des populations et rendre les produits accessibles à tous ?

Effectivement, ces derniers temps, nous constatons une augmentation des prix au niveau de certains produits sur l’ensemble du territoire national.

Cette hausse concerne deux (2) catégories de produits : les produits manufacturés importés de l’extérieur de notre zone tels que le lait, le sucre, le thé, l’huile et le riz ; les produits provenant de la sous-région tels que les céréales et les produits de cru. Pour les premiers produits cités, la hausse est certainement due à l’envolée des frais maritimes liée à la COVID 19, car ces frais se sont vus multipliés par 3.

Pour les autres produits provenant de la sous-région tels que les céréales et les produits de cru, la hausse des prix découle de la raréfaction de ces produits causée par certaines mesures d’interdiction de sortie érigées par certains pays voisins. Ces interdictions de sortie portent sur les céréales notamment.

Pour parer à cette situation de hausse des prix des produits de première nécessité, le Gouvernement entend poursuivre la distribution gratuite et la vente à prix modérés.

Pour rappel, cette année, le gouvernement a prévu au titre de deux opérations précitées d’injecter, à l’endroit des populations, 76 600 tonnes de céréales.

L’entrepreneuriat des jeunes est au cœur du programme de la renaissance. Votre département ministériel a-t-il des programmes spécifiques permettant d’accompagner les jeunes ? Si oui lesquels ?

Oui, il y a la Stratégie nationale de promotion de l’entrepreneuriat des Jeunes au Niger, adoptée en 2019, qui vise à favoriser l'accès des jeunes des deux sexes à des opportunités de création d'entreprises et d'emplois indépendants, décents, durables et de qualité. Cette Stratégie Nationale de Promotion de l’Entrepreneuriat des Jeunes est assortie d’un premier plan d’actions et de financement quinquennaux 2022-2026, d’un mécanisme de mise en œuvre et d’un dispositif de suivi-évaluation. Il faut noter également que, dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, un Réseau dynamique des Structures d’Accompagnement des jeunes entrepreneurs a été mis en place. Aussi, des Centres Agripreneuriat, des Business Promotion Center (BPC) et des Incubateurs seront créés pour l’accompagnement des jeunes dans les différentes filières des chaines de valeur porteuses. Une Charte Nationale des PME sera bientôt adoptée afin de mieux soutenir et accompagner les jeunes dans le cadre du développement de leurs entreprises./.

Réalisée par Laouali Souleymane

07 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Interview : Ibrahim Yacouba, Président du MPN KIISHIN KASSA : « … Il est très tôt pour parler de 2021… »Dans cette interview accordée au journal Le Souffle Maradi, Ibrahim Yacouba se lâche. Il répond sans complexe à des questions aussi gênantes sur ses ambitions personnelles, « la distance » qui le sépare de ses militants, jusqu’aux moqueries des adversaires politiques.

Bonjour monsieur le président, en parlant du 2e anniversaire de votre parti à Dosso le 31 décembre dernier, les commentateurs ont été unanimes : Vous avez réussi une « démonstration de force »… Etait-ce déjà votre objectif ?
Non, non ! Loin de là. On avait des objectifs assez modestes pour ce deuxième anniversaire. On voulait juste célébrer un évènement heureux à notre manière. Donc on n’était pas parti à Dosso pour impressionner qui que ça soit…Vous savez, en toute occasion et de tout temps, nous avons considéré l’humilité comme une valeur essentielle, à titre individuel ou collectif.
Tout de même, là ça a été très impressionnant…On a vu les images à la télé et sur les réseaux sociaux !
Oui, en effet et très franchement les militants du MPN ont été exemplaires. J’ai tout aussi été surpris qu’émerveillé par un tel degré de mobilisation. C’est un signe incontestable de développement prodigieux de notre parti.
Je salue au passage tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réussite de cet évènement. Je dis Merci aux jeunes et aux femmes qui ont fait de ce parti ce qu’il est aujourd’hui. Je salue aussi nos amis et camarades du PUND Salama et du RSV Ni’ima qui viennent de décider de former, avec nous, un seul et même parti, et cela en toute responsabilité et en toute conscience.
{xtypo_quote}« … Il est très tôt pour parler de 2021… » Ibrahim Yacouba, Président du MPN KIISHIN KASSA{/xtypo_quote}
C’est une grande fierté pour nous de réussir cette fusion. Accueillir en son sein l’intégralité, non pas d’une, mais de plusieurs formations politiques, est incontestablement un indicateur de performance ; Au demeurant, je reste convaincu que c’est un moyen de renforcer la démocratie dans notre pays.
Vous conviendrez avec moi et là je sais que les observateurs avertis de la situation politique nigérienne savent que le ralliement de ces Partis au MPN est tout un symbole ; ils ont tous un fonds politique indélébile sur la scène politique nationale. Le RSV est porteur d’une thématique de préoccupation et de portée mondiale (l’écologie) et dont la constance dans le combat national est irréfutable. Les dernières mesures prises par le Conseil des Ministres relativement à la protection de la ceinture verte en témoignent, si besoin en est, du pragmatisme et du bien-fondé de ce combat.
Quant au PUND SALAMA, c’est quand même le premier Parti extra parlementaire avec deux listes régionales validées pendant les élections de 2016.
Au MPN, nous avons une profonde considération pour ces deux partis et tous leurs militants, et je vous assure que nous ferons tout pour que ce nouveau parti soit une valeur ajoutée pour la démocratie et le progrès dans notre pays.
J’ose espérer que notre parti continuera à jouer ce rôle de creuset où d’autres formations politiques viendront fusionner ou s’allier avec nous pour renforcer cet engagement que nous avons en commun, celui de construire autrement un Niger émergent. En tout cas nous restons ouverts à toutes et à tous…


… Justement quelle évaluation faites-vous aujourd’hui de l’évolution de votre parti deux ans après ?
Je peux vous dire, avec toute la retenue possible, que le MPN Kiishin Kassa est un parti qui est droit dans ses bottes, concentré sur ses objectifs et qui s’est donné pour mission de contribuer activement à l’avènement d’un Niger plus patriotique et inclusif, première étape à nos yeux pour un développement endogène de notre pays…Mais pour reprendre une analyse que j’ai entendue sur les médias, je dirais que le MPN KIISHIN KASSA , de part l’image qu’il a donné de lui-même à Dosso, a montré qu’il a atteint un certain niveau dont nous pouvons être fiers. Rappelez-vous quand même que notre place de 5e aux présidentielles et 6e aux législatives, toutes ces performances, ont été réalisées en seulement 57 jours. Je dis bien 57 jours et dans des conditions d’adversité particulièrement fortes en son temps. Cela suffit amplement comme instrument d’évaluation.
Nous sommes, certes dans la phase de l’implantation véritable de nos structures mais en termes de présence sur le terrain je puis vous assurer en l’espace de ces deux années, il n’y a pas une localité de notre pays y compris à l’extérieur où notre Parti n’est pas présent. Les dernières élections générales en ont fait la parfaite illustration. Dans n’importe quelle contrée du Niger ou dans n’importe quel pays étranger, il s’est trouvé des nigériennes et des nigériens pour voter MPN. Nous sommes tout aussi conscient que faire grandir le parti est non seulement titanesque, mais aussi parsemé de plein d’obstacles, mais rien ,absolument rien n’est impossible quand on y croit et quand on s’y engage. C’est mon état d’esprit et c’est surtout, celui de chacune et chacun des militants du MPN.
Il y a un immense travail à faire et nous connaissons parfaitement nos forces et nos faiblesses. Nous connaissons nos actions prioritaires à réaliser .et nous les aborderons avec sérénité et courage.
C’est pour cela que nous nous attelons à mieux structurer cette présence à travers des bureaux effectifs partout au Niger.

A présent que vous aviez démontré vos « gros muscles », j’ai envie de vous demander « c’est quoi le projet, pour 2021 notamment » ?
(Rires), nous ne sommes pas dans un scénario de « course », de « bagarre « ou de « boxe » politique ou il serait nécessaire d’exhiber de « gros muscles ». Nous ne sommes ni présomptueux, ni prétentieux.
Nous sommes nous MPN dans la phase de construction et nous restons, comme je l’ai dit plus haut, concentrés essentiellement sur cette tâche.
Vous comprenez alors qu’il est très tôt pour parler de 2021 à l’instant. Le MPN KIISHIN KASSA est un parti membre de la majorité parlementaire qui soutient activement le Président Issoufou Mahamadou dans la mise en œuvre de son Programme. Nous l’avons clairement rappelé lors de notre anniversaire.

Ministre des Affaires étrangères, vous êtes souvent absent du pays et donc loin de votre base. Comment gérez-vous cette distance ?
Ne me dites surtout pas que la fonction de Ministre des Affaires Etrangères est incompatible avec la présidence d’un parti politique ! (sourire).
C’est vrai que ministre des affaires étrangères, c’est du « boulot à plein temps », comme on dit. Ma « disponibilité physique » est en effet moindre vis-à-vis des militants de notre parti, ils le savent et ils l’assument parfaitement. Pour ma part, C’est une mission, au service de l’Etat que je me dois d’assumer en y consacrant tout mon temps et toute mon énergie. Je m’y attelle depuis que le Président Issoufou m’a fait l’honneur de me nommer à ce poste.
Mais aujourd’hui avec tous les moyens de communication dont nous disposons, toute cette distance que vous évoquez est plus ou moins atténuée et je suis autant que cela est possible, en contact avec eux…
En outre, le Parti dispose d’un organe dirigeant assez structuré et présent sur le terrain et qui assure le contact permanent avec les militants. Faites un tour au niveau de notre siège national ou de nos sièges régionaux et vous vous rendrez compte du climat d’animation permanente que nous y avons su instauré. Beaucoup d’ailleurs nous reproche d’être en « campagne permanente » parce qu’ils sont habitués à la fermeture des bureaux et sièges des partis politiques immédiatement après les élections jusqu’aux échéances suivantes.
Nous, nous avons une autre façon de concevoir et de faire la politique et surtout de considérer les militants avec des contacts que nous maintenons réguliers et permanents. C’est de la même manière que nous opérons dans les villages…

Question un peu espiègle : Votre parti arbore les couleurs rouge et jaune et cela donne l’occasion à vos adversaires de vous traiter de « parti arome maggi ». Quel effet ça vous fait cette comparaison ?
Cela fait plutôt sourire, non ! Mais figurez-vous, cela ne m’intéresse pas outre mesure. Il y a en effet des gens qui prennent un malin plaisir à vouloir discréditer notre parti en le qualifiant de « cube maggi ». Ce sont les mêmes qui sont gênés par notre présence ou par notre développement, ils devront bien s’y faire et s’armer plus lourdement parce que le MPN est là, et bien présent au Niger. Et pour très longtemps inchallah.
Cela dit, on ne peut pas empêcher aux gens d’exprimer leur opinion sur leur perception des couleurs de notre parti. C’est leur liberté. Mais, Si l’on veut associer une marque ou un sobriquet à n’importe quelle couleur de partis qui existent au Niger, on peut le faire aisément .Mais cela me parait tout simplement dérisoire et un peu puéril non ? Ce qui compte c’est quel est notre projet et qu’est-ce que nous représentons en seulement quelques jours d’existence. Et pour cela vous avez les résultats de chaque parti sur le site de la CENI.
Sinon ces couleurs ont une signification particulière pour nous les militants du MPN KIISHIN KASSA . D’abord elles sont extraites des couleurs panafricanistes (rouge, jaune et vert), pour vous dire notre ferme attachement à l’unité voire à l’unification africaine. Mieux les couleurs jaune et rouge, outre qu’elles sont représentatives de notre environnement physique, traduisent pour nous, notre engagement à braver toutes les adversités pour construire un Niger uni et stable aux prochaines générations.
Par ailleurs, au regard de nos textes statutaires, ces couleurs ont une interprétation politique progressiste. Le jaune symbolise la dignité, la beauté et la lumière qui guide tandis que le rouge traduit la détermination dans la lutte pour la justice, Le combat pour la liberté le sens du travail bien fait et le progrès.

Un mot quand même pour 2021 ?
Qu’Allah fasse que le Niger soit en paix et prospère et qu’il nous prête longue vie à tous !

Propos recueillis et transcrits par El Kaougé Mahamane Lawaly

26 janvier 2018
Source : Le Souffle Maradi

« Il faut nécessairement qu’il y ait une adéquation entre la croissance démographique et la croissance économique du pays pour enclencher la capture du Dividende démographique »

 

Monsieur le Directeur Général, l’Office Nigérien de la Population (ONP) a récemment été créé, voudriez-vous nous dire les missions assignées à cet office et qu’est-ce qui a guidé sa création ?

 Merci de nous avoir donné l’occasion de parler de l’ONP dans les colonnes de l’hebdomadaire  Sahel Dimanche. Avant de parler des missions, il faut d’abord  préciser  que l’Office Nigérien de la Population a été  créé par décret présidentiel pris en conseil des ministres, en l’occurrence le décret N°2022-375/PRN du 27 avril 2022. C’est un établissement public à caractère administratif qui a pour principales missions de développer des stratégies de communication institutionnelle et de mobilisation sociale sur la planification familiale, le mariage précoce, la scolarisation des filles, les violences basées sur le genre communément appelées (VBG) et  l’autonomisation des femmes. Il a aussi pour missions de veiller sur la qualité des statistiques de routine concernant la planification familiale, le mariage précoce, la scolarisation des filles, les VBG, l’autonomisation des femmes, les accouchements assistés, de suivre et analyser les indicateurs dimensionnels du dividende démographique. L’ONP a également la mission de concevoir, analyser, suivre et évaluer l’exécution des politiques et programmes en vue de la capture du dividende démographique. Pour savoir ce qui a  motivé la création de l’ONP, il faut souligner que cette création matérialise  un fort engagement politique au plus haut niveau de l’Etat afin de mieux traiter les questions de population et développement.

C’est d’ailleurs pourquoi l’ONP est directement rattaché à la Présidence de la République pour donner une impulsion et des orientations claires dans la mise en œuvre de toutes les actions concernant les questions démographiques.

Quelles sont les stratégies qui sont aujourd’hui mises en œuvre ou en voie de l’être par votre institution pour maitriser la croissance démographique et favoriser la capture du dividende démographique ?

La principale stratégie mise en œuvre est la promotion du changement social, d’attitudes et de comportement des populations sur les thématiques citées plus haut.

Cette stratégie est sou-tendue par la création de partenariat avec les acteurs locaux (chefs traditionnels, leaders religieux, femmes leaders, jeunes leaders, les enseignants, agents de santé, médias…). Nous avons aussi comme stratégie  l’installation des comités consultatifs régionaux départementaux et communaux, la mise en œuvre des initiatives communautaires (Ecoles des maris, Distribution à base communautaire, clubs de santé scolaire.), la production des supports de communication adaptés à notre contexte socioculturel, la réalisation des études sur les comportements sociaux en lien avec les questions démographiques et la prise en compte des variables démographiques dans les plans, politiques et stratégies de développement.

Quels sont les grands défis que vous rencontrez, quand on sait  que le Niger est l’un des pays avec le plus fort taux de fécondité qui est estimé à 7,6 enfants par femme ?

D’abord, retenez que le taux synthétique de fécondité a évolué au Niger. Il est aujourd’hui de 6,2 enfants/femme. Les principaux défis sont relatifs aux pesanteurs culturelles et aux mauvaises interprétations des préceptes religieux.

Comme vous le savez,  au Niger la majorité de la population a un comportement pro nataliste; pour beaucoup de nos compatriotes avoir beaucoup d’enfants est synonyme de richesse et de considération sociale sans prendre en compte toutes les conséquences qui peuvent en découler en termes d’éducation, de santé, de nourriture, d’emploi, de logement décent…

Doit-on comprendre qu’une population nombreuse est un frein au développement d’un pays ?

Une population nombreuse ne constitue pas un frein au développement d’un pays. Toutefois, il faut que cette population soit en bonne santé, bien nourrie, bien logée, qu’il y  ait  des emplois décents pour les jeunes afin de booster le développement socioéconomique du pays.

C’est pourquoi nous disons qu’il faut nécessairement une adéquation entre la croissance démographique et la croissance économique du pays pour enclencher la capture du Dividende démographique qui n’est rien d’autre que l’amélioration des conditions de vie des populations. L’adéquation revenus/besoins constitue l’équilibre déterminant qui doit habiter l’esprit de chaque responsable d’une charge de gouvernance d’une communauté. C’est à ce titre que l’on peut prétendre obtenir le capital humain indispensable au bien-être familial et à la capture du dividende démographique.

Après un an d’existence, quels sont aujourd’hui les  acquis ou réalisations à mettre à l’actif de l’ONP ?

Je tiens à préciser que l’Office Nigérien de la Population  a été créé en avril 2022, soit 15 mois d’existence.

Pendant cette période, notre première tâche a consisté à l’installation de l’office avec la mise en place de l’équipe et l’élaboration du plan d’actions quinquennal. A cela, il faut ajouter la réalisation de quelques activités dont la mission d’identification des membres des comités consultatifs régionaux, l’organisation d’un atelier de plaidoyer pour le financement du dividende démographique, l’organisation d’un atelier sur la problématique de l’autonomisation et de l’éducation de la jeune fille dans la capture du dividende démographique au Niger. 

Quels sont les partenaires techniques et financiers qui accompagnent l’Office Nigérien de la Population et quelles sont leurs contributions dans l’accomplissement de vos missions ?

A l’heure actuelle, nos principaux partenaires sont la Banque Mondiale, l’UNFPA, la CEA et d’autres ONG nationales et internationales intervenant dans le domaine de population et développement.

Nous continuons à ce sujet à mener des actions de plaidoyer afin de mobiliser d’autres partenaires susceptibles de nous accompagner dans l’accomplissement de nos missions car, les plus hautes autorités, notamment son Excellence le Président de la République Chef de l’Etat, accordent une place de choix aux questions démographiques.

Aussi, compte tenu du caractère transversal des questions de population, nous collaborons avec les ministères sectoriels tels que, le ministère de la Santé Publique, le ministère de la promotion de la Femme, le ministère de l’Education Nationale, le ministère du Plan, le ministère de la Jeunesse, le ministère de la Culture, le ministère de la Formation Professionnelle, le ministère de l’Emploi. 

Propos recueillis par Hamissou Yahaya (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org

Mahamadou Abou Tarka bases militaires etrangeres au NigerGénéral Mahamadou Abou Tarka, Président de la Haute autorité de Consolidation de la PaixLe général Mahamadou Abou Tarka est un homme de dialogue. Ce qui le prédispose à l’exercice de ses responsabilités actuelles qui consistent à faire de la prévention des conflits. Mais cet intellectuel qui avait un moment donné envisagé de faire carrière dans l’enseignement est également reconnu pour son franc parler.

Au détour d’un entretien sur les attributions de l’organisme qu’il dirige, nous avons abordé la question controversée de la présence des « bases militaires étrangères dans notre pays ». Edifiant !

LA HAUTE AURORITE DE CONSOLIDATION DE LA PAIX

La Haute Autorité de Consolidation de la Paix, sans tambour ni trompette (c’est le lieu de le dire) est en train d’abattre un travail considérable de consolidation de la paix dont le commun des Nigériens n’est pas généralement conscient. Son existence explique pour beaucoup la paix qui règne à l’intérieur de nos frontières et le fait que le front intérieur est solide, que le Niger ne connaît pas de conflit interne susceptible d’être instrumentalisé par les terroristes. Pour le Général Abou Tarka, la recette est simple ; « Nous nous efforçons d’appliquer les leçons apprises au cours du règlement du conflit avec la rébellion ! »

Les grands axes du travail de la HACP s’inspire des accords de paix de 1995, que les gouvernements successifs du Niger ont mis en œuvre de bonne foi.

Biga MariamaLes femmes nigériennes ont célébré le 13 mai dernier  la journée qui leur est dédiée sous le signe de « l’éducation et la formation de la jeune fille garantissent l’autonomisation économique de la femme pour un développement durable ». Quelle est pour vous la pertinence d’un tel thème au regard de la situation actuelle de la femme nigérienne ?

Il semble important d’indiquer en premier lieu le contexte social dans lequel elles vivent. La société nigérienne indépendamment de sa diversité culturelle est une société aujourd’hui de tradition essentiellement patriarcale fortement conservatrice de ses valeurs et normes ancestrales. Ces normes et ces valeurs sont concrétisées à travers des us et coutumes basées sur des processus de différenciation au niveau de la répartition des rôles, des activités, des statuts, des pouvoirs, des attitudes, etc. Ainsi que des rapports de subordination (femmes) et de domination (hommes), donc d’inégalité et d’iniquité dans la répartition, le contrôle et la gestion des ressources entre les hommes et les femmes.

Hamadou Mounkaila CNFMonsieur le Secrétaire permanent de la Commission nationale des frontières, le Niger a borné ses frontières avec certains de ses voisins et a passé devant la Cour internationale de La Haye pour délimiter ses frontières avec le Bénin ; or, de nombreuses personnes physiques et morales continuent à dire ou écrire que notre pays fait 1.267.000 kilomètres carrés : quelle est donc  la superficie exacte du Niger en 2017 ?

Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez, à l’occasion de la célébration de la 7ème édition de la Journée Africaine des frontières, pour davantage éclairer l’opinion sur la gestion des frontières en général et la journée Africaine des frontières en particulier.

En effet, comme vous l’avez mentionné, le Niger a borné ses frontières avec le Nigeria, avec l’Algérie et en partie avec le Burkina. Il a soumis « par voie de compromis », la délimitation de la frontière Niger-Bénin et une partie de celle avec le Burkina, à la Cour Internationale de Justice de La Haye (CIJ). Ce qu’il est important de retenir ici, dans ces deux derniers cas, il ne s’agit pas de différends territoriaux mais de différends frontaliers ; en d’autres termes, le contentieux portait sur la compréhension des textes de base fondant ces frontières et non sur la revendication d’une portion de territoire. C’est pourquoi, l’aboutissement des deux saisines de la CIJ n’a pas d’incidence sur la superficie que vous aviez évoquée dans votre question, à savoir 1 267 000 km².

Cisse Ibrahim JuniorOn dit souvent que la valeur n'attend pas le nombre des années. La trentaine à peine entamée, notre jeune compatriote Cissé Ibrahim, fils d'un célèbre avocat de la place, qui s'est fait un nom dans la communauté scientifique des Etats Unis, enseigne aujourd'hui dans la plus prestigieuse école d'ingénieurs de ce pays, le Massachussetts Institute of Technologie (MIT) de Boston où il dirige par ailleurs un laboratoire qui combine à la fois les recherches en physique et en chimie moléculaire. Itinéraire d'un jeune prodige…

Cisse Ibrahim JuniorOn dit souvent que la valeur n'attend pas le nombre des années. La trentaine à peine entamée, notre jeune compatriote Cissé Ibrahim, fils d'un célèbre avocat de la place, qui s'est fait un nom dans la communauté scientifique des Etats Unis, enseigne aujourd'hui dans la plus prestigieuse école d'ingénieurs de ce pays, le Massachussetts Institute of Technologie (MIT) de Boston où il dirige par ailleurs un laboratoire qui combine à la fois les recherches en physique et en chimie moléculaire. Itinéraire d'un jeune prodige…

Bonjour Pr Cissé Ibrahim, vous êtes Professeur de physique, Directeur de recherches du laboratoire a votre au Massachussetts Institute of Technologie aux USA. Il est rare de voir un nigérien arriver à une telle position dans les universités américaines. Quel est le parcours qui vous a amené à cette place ?

Je dirais que c'est un parcours que certains qualifieront d'atypique. J'ai fais mes études primaires et secondaires au Niger. J'ai été admis à l'examen du BEPC dès la 4ieme et ensuite le Baccalaureat dés la 1ere année au Lycée Soni Ali Ber. Je suis ensuite parti aux Etats Unis aux frais de ma famille où j'ai poursuivi mes études en Caroline du Nord jusqu'au Bachelor de physique. Mais pendant que je préparais ce diplôme j'ai entrepris des projets de recherches en collaboration avec des chercheurs de l'université de Princeton. Ces recherches nous ont permis de découvrir comment est ce que la géométrie des objets nous informera sur la densité d'entassement aléatoire. Plus terre à terre, imaginons une boite contenant des bonbons ovales, comme les bonbons M&M®, qui sont orientés de manière aléatoire. On essaye de prédire de la géométrie de chaque bonbon, quel volume occuperaient ces bonbons entassés ? C'est assez amusant n'est ce pas, mais c'est en réalité un problème de mathématique assez difficile. Qu'il a été possible à la suite de recherches théoriques et expérimentales qui ont pris des centaines d'années. Les travaux avec mes collaborateurs de Princeton ont permis de résoudre ce problème. C'était ma première découverte scientifique, que nous avions publié en 2004 dans " Science Magazine ".

Après je suis allé faire mon doctorat en physique à l'université d'Illinois dont le campus principal est à Urbana et Champaign. Dans mes travaux de doctorat je me suis intéressé au contact entre des molécules biologique. A travers ces recherches nous sommes demandé comment détecter des molécules uniques, tout sachant que les interactions entre des biomolécules uniques sont très transitoires? La plupart du temps quand on fait de la biochimie ou de la biophysique, on met des milliards de molécules en solution pour en étudier l'effet moyen. Mais aujourd'hui avec des méthodes de microscopie très avancées nous arrivons à étudier le comportement de la molécule unique. Chaque molécule qu'on présume être identique à une autre molécule produit des effets aléatoires qui peuvent avoir des retombées importantes dans le processus biophysique ainsi que dans la cellule. J'ai conduit ces travaux avec mon Directeur de thèse, le Professeur Taekjip Haà, à travers d'abord le développement de ces méthodes de microscopie qui consiste à effectuer des manipulations pour purifier les molécules biologiques tout en observant comment cela marche dans les tubes d'essais.

Après mon doctorat j'ai pensé que probablement si j'apprenais à faire des manipulations directement dans la cellule vivante je pourrais amener nos méthodes de microscopie sur les interactions transitoires en molécules uniques directement dans la cellule vivante.

En 2010, avec une bourse de l'Union EuroEuropéenne pour la biologie moléculaire (EMBO) et une bourse en physique de la Fondation Pierre Gilles de Gennes en France, j'ai continué, pour 3 ans, mes études à l'Ecole Normale Supérieure de Paris. Après il a fallu revenir aux Etats Unis pour des entretiens en vue de l'obtention d'un poste de Professorat. C'est ainsi que j'ai accepté à Boston le poste du Massachussetts Institute of Technologie (MIT) dans le Département de physique. J'ai créé mon propre laboratoire où depuis nous développons ces méthodes microscopiques très poussées pour regarder les comportements biomoléculaires avec des résolutions spectaculaires et directement dans des cellules vivantes.

Nous avons découvert récemment que dans le processus d'information encodée dans l'ADN en double hélices, comment cette information se décline d'ADN en ARN. Nous savions qu'une machine moléculaire appelée l'ARN polymérase entreprend un processus de liaison avec l'ADN et cette polymérase déplace sur l'ADN un peu comme le train va sur les rails, en déroulant la lecture des séries de lettres A,G,T,C (Adénine, Guanine, Thymine, Cytosine) qui sont les constituants des informations de notre patrimoine génétique. Mon laboratoire a découvert que ce processus de transcription de l'ADN à l'ARN, que nous connaissons même à travers des livres spécialisés, avait cependant une phase d'agrégation qui comportait quelques secondes et la durée de cette phase d'agrégation corrèle directement avec le taux ARN qui est un produit/décodé. C'est là-dessus que nous avons focalisés nos recherches ces dernier temps-ci, car savoir comment la cellule contre le taux de production de l'ARN c'est savoir ce qui fait la différence entre une cellule normale et par exemple une cellule cancéreuse; c'est un processus très important dans la génétique cellulaire mais qui n'est pas encore bien compris.

C'est vous qui dirigez en personne ce laboratoire de recherches et vous avez des étudiants de quels niveaux universitaires ?

Nous avons des étudiants qui font leur thèse en physique, ceux qui ont fini leur thèse mais qui sont en post doctorat et même ceux qui ont fini leurs études ailleurs et qui viennent dans le laboratoire pour parfaire leur niveau de recherches. Il m'arrive aussi, comme c'était mon cas, de prendre des jeunes étudiants de niveau Bachelor pour les initier aux travaux de recherches; l'initiation des jeunes aux recherches scientifiques c'est quelque chose auquel je tiens beaucoup !

Vous êtes dans un domaine de recherche très pointu qui touche à la physique et la biologie moléculaire. A quelle application de la vie courante tout cela peut déboucher ?

Nous opérons dans un domaine de recherches fondamentales en apportant du nouveau savoir sur des processus clés dans les régulations cellulaires. Notre motivation première c'est d'abord de comprendre comment fonctionne la nature, de découvrir et d'éclairer des importants mécanismes cachés que jusqu'à présent personne ne comprend pas exactement. Et les applications des résultats de nos recherches peuvent être dans des domaines auxquels nous n'avons jamais pensés.

Nous savons par exemple que les informations génétiques qu'on reçoit d'une manière héréditaire de nos parents sont contenues dans l'ADN et peuvent être transcrites et nous pensons maitriser mieux aujourd'hui ce mécanisme de décodage. Mais cependant il ya des maladies et des affections dites génétiques qu'on ne comprend toujours pas et que des recherches plus approfondies dans ce domaine permettront un jour de mieux comprendre et de guérir ou éviter. Cependant notre objectif à travers nos recherches n'est pas de résoudre des problèmes de santé mais de mieux comprendre ce qui se passe dans la cellule humaine en nous disant que la somme de savoir que nous découvrons dans ce domaine de recherches aura des retombées dans beaucoup de domaines. Il faut tout de même souligner que moi je suis physicien de formation, pas biologiste a la base, et pas chimiste non plus. Mais les découvertes que nous faisons nous permettra de collaborer avec des médecins, et peut être dans un future proche avec des compagnies pharmaceutiques qui développent des médicaments sur les problèmes médicaux liés aux processus cellulaires que nous étudions en détails dans le laboratoire.

Notre pays le Niger et peut être même beaucoup de pays africains ne possèdent pas de structures pointues de recherches dans les branches des sciences fondamentales. Peut il avoir un lien entre ce que vous faites aux Etats Unis et les Universités de votre pays ou de votre continent d'origine l'Afrique. Les résultats de vos recherches sont ils exportables ou avoir des retombées dans nos pays ?

L'élément principal de notre travail c'est la curiosité, la curiosité scientifique. Cette curiosité existe aussi en Amérique que sur tous les continents y compris en Afrique. C'est souvent à tort qu'on complique la question du savoir et de sa recherche. Par exemple notre système éducatif ici au Niger est très adéquat et nos jeunes sont scientifiquement talentueux. Jusqu'au niveau Baccalauréat j'étais le résultat de ce système éducatif. A l'extérieur j'ai découvert un autre monde mais j'ai pu relever le défi dans le domaine de savoir hors du Niger et j'ai tiré mon épingle du jeu. Notre système académique est simplement perfectible surtout au niveau universitaire mais aussi il faut encourager les jeunes à poursuivre vaille que vaille les études et la recherche universitaire ; c'est comme cela que des potentiels et des talents peuvent s'éclore et se développer.

Maintenant, est ce que ce que nous faisons comme recherches aux Etats Unis peuvent bénéficier au Niger ou à l'Afrique. Comme je l'ai expliqué nos recherches sont des recherches de base qui peuvent avoir des implications dans d'autres domaines de la vie et des retombées auxquelles on y a pas pensées et cela dans n'importe quel pays ou sur n'importe quel continent.

Pour ce qui est de l'exploitabilité de ce que nous faisons aux MIT, nous avons une initiative MIT Arica (http://misti.mit.edu/mit-africa-initiative) qui amène nous étudiants faire des projets en Afrique. Pour mon laboratoire, et je dirais au MIT en général, nous avons plus tendance a nous intéresser aux problèmes qui demandent des approches la fois inédites, ou elles n'existent pas exactement de solutions ailleurs, mais aussi dont nos talents spécifiques contribueront a l'innovation que ce soit technologique ou dans les découvertes.

Mais cependant dans n'importe quelle structure de recherche et dans n'importe quel pays y compris ici en Afrique les chercheurs peuvent faire preuve faire de la création, avec la ténacité et aboutir à des choses extraordinaires ; pourvu qu'ils aient les moyens et l'encouragement nécessaires. Ceci dit mon appel à l'endroit des jeunes de mon pays est de les encourager à mettre toute la persévérance à l'acquisition du savoir et des connaissances en sciences c'est la meilleure voie, je pense, pour développer notre pays et notre continent.

Propos recueillis par Mahaman Bako

14 janvier 2016

Source : Haské

Invité Afrique - Hassoumi Massaoudou: au Mali, pour la Cédéao, «les élections sont notre priorité»

« Si les militaires maliens ne rendent pas le pouvoir en février prochain, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères », annonce le ministre des Affaires étrangères du Niger, Hassoumi Massaoudou, à l'issue du sommet extraordinaire de la Cédéao qui s'est tenu jeudi 16 septembre à Accra. Le chef de la diplomatie du Niger dénonce aussi avec force tout projet de faire  venir des mercenaires russes au Mali. Au micro de Christophe Boisbouvier, le ministre nigérien s'exprime en premier lieu sur la mort du chef du groupe terroriste EIGS, annoncée jeudi par le président français. 

Ecouter l'entretien 

RFI : Comment réagissez-vous à l’annonce de la mort d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui ?

Hassoumi Massaoudou : Nous sommes bien sûr contents, nous sommes satisfaits de cette annonce, parce que cela va désorganiser l’EIGS, Daesh, dans cette région-là. Cela va l’affaiblir considérablement. C’est une grande victoire, c’est très important, ce qui s’est passé. Et c’est le début de la fin pour l’EIGS. Donc, il y a lieu de saluer les forces armées françaises et de voir les effets importants du sommet de Pau, parce que c’est au sommet de Pau qu’il a été décidé de concentrer les efforts sur cette zone, sur l’EIGS et je crois que les résultats sont plus que satisfaisants. C’est un grand criminel qui est mort et c’est une grande joie pour nous. Et je pense qu’il y a lieu de saluer la coopération entre nos forces et les forces françaises. C’est avec soulagement que nous accueillons sa mort.

Est-ce que le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), le groupe armé de Iyad Ag Ghali pourrait en profiter ?

Je pense que, quand l’un est affaibli, ce n’est pas évident que ce soit le renforcement de l’autre. Dans un premier temps, je  ne sais pas, mais il se peut que le GSIM puisse considérer qu’un de ses adversaires est mort. Mais de toute façon, il y a un continuum entre les deux : l’affaiblissement de l’un ne renforce pas l’autre. Ce n’est pas des vases communicants.

À l’issue de ce sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), quelles sont les décisions ?

Les décisions, c’est la volonté réaffirmée et encore renforcée de la Cédéao de lutter contre ces prises de pouvoir de manière non-constitutionelle, par la force, notamment en Guinée. On demande une transition très courte et la libération immédiate d’Alpha Condé. Donc, on renforce les décisions qui ont été prises. En ce qui concerne le Mali, il y a un renforcement de la volonté de mettre ces militaires-là au ban de la société. Nous considérons que l’évolution actuelle de la situation au Mali ne préjuge rien de bon, parce qu’ils marquent leur volonté, lorsqu’ils disent que les élections ne sont pas leur priorité. Pour la Cédéao, et cela a été réaffirmé : les élections, c’est notre priorité. En février 2022, les élections doivent avoir lieu, sinon nous allons associer l’ensemble de la communauté internationale aux sanctions contre les militaires maliens. Donc, nous exigeons une feuille de route claire pour qu’on aille aux élections. Deuxièmement, nous n’acceptons pas que, dans notre sous-région, des mercenaires viennent s’impliquer, viennent dégrader davantage encore la situation sécuritaire. Donc, par conséquent, la Cédéao condamne cette velléité de vouloir signer un accord avec cette société Wagner de mercenaires russes. Cela est très clair. Donc, là aussi, on tire la sonnette d’alarme. Nous ne pouvons pas accepter que les militaires maliens nous amènent un autre élément hétérogène constitué de mercenaires étrangers dans notre zone. Donc, la Cédéao tient à ce que des mercenaires russes ne soient pas dans notre région pour dégrader davantage la situation sécuritaire.

Est-ce que l’arrivée d’un groupe militaire Wagner au Mali pourrait remettre en cause la Coalition du G5 Sahel ?

Mais certainement. Puisque nous n’acceptons pas la présence de ces gens-là. Et les militaires maliens doivent renoncer sans délai, si cela s’avère, à ce type d’accord, parce que nous n’accepterons pas que des irréguliers étrangers, des mercenaires viennent dans notre sous-région pour davantage dégrader la situation sécuritaire qui est déjà assez grave.

Les autorités de la transition malienne affirment qu’il faut organiser des assises nationales avant d’aller aux élections ?

Non, non… Justement, nous n’acceptons pas. La Cédéao refuse tout autre agenda qui ne soit pas l’organisation des élections pour la fin février 2022. Donc, c’est très clair, tout autre agenda de diversion, parce qu’il s’agit pour nous d’une diversion, et en cela, nous pensons la même chose que la plupart des forces politiques du Mali, nous n’acceptons pas de diversion pour détourner les objectifs qui sont bien assignés à cette transition : la fin des élections à fin février. C’est très clair. Cette diversion ne sera pas acceptée.

Et sur la Guinée. Toujours pas de sanctions économiques. Vous restez sur une position a minimum, juste la suspension…

Elle n’est pas seulement a minimum, elle est juste une transition très courte de six mois. Sinon, nous allons associer, aussi bien pour la Guinée que pour le Mali, toute la communauté internationale et les bailleurs de fonds multilatéraux, les organisations de l’Union européenne, la Banque mondiale, le FMI [Fonds monétaire international], nous allons associer toute la communauté internationale pour qu’elle s’associe à des sanctions sévères contre les contrevenants, contre la volonté de se maintenir au pouvoir, qu’il s’agisse de la Guinée ou qu’il s’agisse du Mali. Donc, cette fois-ci, c’est cela le message, il est beaucoup plus fort. Ensuite, il y a une troisième décision importante, c’est que ce sommet de la Cédéao a décidé de revisiter l’acte additionnel sur la bonne gouvernance de la Cédéao pour prendre en compte toutes ces autres formes de prise de pouvoir, de maintien au pouvoir de manière anticonstitutionnelle.

Et si Alpha Condé est libéré. Dans quel pays d’accueil pourrait-il se retrouver ?

Je n‘en sais rien. Il y a plein de pays qui sont prêts à l’accueillir. Il y a déjà beaucoup de pays qui ont déjà annoncé qu’ils sont prêts à l’accueillir. La question n’est pas celle-là. La question, c’est qu’il soit immédiatement libéré et je pense qu’il n’y aura pas de problème pour l’accueillir. Tous les pays sont prêts pour l’accueillir a priori.

Par Christophe Boisbouvier

26 septembre 2021
Source :  https://www.rfi.fr/fr/

Hassoumi point de presse NigerRFI : Est-ce que vous êtes d’accord avec ceux qui disent que le franc CFA empêche le développement et l’industrialisation des pays africains qui utilisent cette monnaie ?

Hassoumi Massoudou : Ma réponse est simple. Il suffit de comparer deux pays, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui sont des pays comparables géographiquement, comparables en termes de population, comparables en termes de ressources naturelles. Je ne pense pas que l’on puisse dire que la Côte d’Ivoire est moins industrialisée que le Ghana. Voilà la réponse. Je ne pense pas qu’il y ait cette relation automatique entre le franc CFA et la désindustrialisation. La Côte d’Ivoire est tout aussi industrialisée, au moins tout autant que le Ghana.

Est-ce que le franc CFA, accroché à l’euro, n’est pas une monnaie surévaluée, qui handicape les exportations et qui avantage les importations ?

Le franc CFA a une qualité essentielle liée surtout à la gestion par la Banque centrale [BCEAO - Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest] c’est la stabilité, c’est la protection du pouvoir d’achat des populations. En ce qui concerne le lien avec l’euro, je voudrais juste rappeler que ce n’est pas un cas particulier. Il y a plus de trente pays africains qui ont des arrangements monétaires du type du franc CFA, donc ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel. L’essentiel, c’est la politique monétaire mise en œuvre. Et nous avons une politique monétaire qui a l’avantage de protéger le pouvoir d’achat de nos populations et qui ne va pas contre la croissance, qui attire les investisseurs et qui permet d’avoir des politiques budgétaires, qui permettent de créer les conditions de l’industrialisation et du développement. Dans le temps long, je ne pense pas que les pays de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine], par exemple, soient plus en retard que les pays hors CFA. Donc ce type de comparaison n’a de pertinence que du point de vue émotif. Sincèrement, ce rappel du lien colonial, je ne pense pas que le franc CFA d’aujourd’hui soit comparable à un franc colonial. C’est un choix tout à fait souverain, qui peut changer, d’ailleurs, qui peut évoluer et qui continuera à évoluer.

images/Hama-Amadou-Soumana-Sanda.jpgAu Niger, l'opposition se prépare à la présidentielle de 2021. Le député Soumana Sanda explique ce que fera le Moden Lumana si son leader, Hama Amadou, est empêché d'être candidat.

RFI: Le week-end dernier, votre congrès a désigné Hama Amadou candidat de votre parti en 2021. Mais depuis sa condamnation à un an de prison pour « bébés importés », Hama Amadou n’est-il pas inéligible ?

Soumana Sanda: Je pense que le fondement de cette sordide affaire étant politique, son traitement également le sera. Je pense aussi que notre chère Nation a d’autres chats à fouetter. Elle a d’énormes défis à relever, notamment sur le plan sécuritaire, pour s’offrir le luxe d’une crise sur le plan électoral. Oui, je pense que Hama Amadou sera au rendez-vous de 2021.

Dans une interview à Rfi et France 24, il y a un mois, le président Issoufou affirme que les règles d’inéligibilité sont fixées par le code électoral et que la règle qui empêche Hama Amadou d’être candidat a été adoptée par Hama Amadou lui-même quand il était Premier ministre...

Voyez-vous, nous avons cessé - au niveau du Moden Fa Lumana Africa - de faire de la polémique autour de cette question. Dès le départ, nous avons dit à qui voulait nous entendre que cette question n’était pas judiciaire ou juridique ; elle était politique. Il s’agit donc d’une action politique qui amènera Hama Amadou à être candidat aux élections de 2021.

Malgré le code électoral qui l’en empêche actuellement ?

Le code électoral ne l’empêche pas formellement. Je rappelle que le code électoral, sciemment révisé pour tenir compte de la condamnation de Hama Amadou, n’est pas le seul moyen pour permettre l’éligibilité d’un candidat mais tout un ensemble d’actions et également une procédure qui, aujourd’hui, je le rappelle, est encore pendante devant les juridictions, au-delà du Niger. Donc, c’est un feuilleton qui n’est pas terminé en ce sens que nous ne pouvons pas, aujourd’hui, dire qu’au Niger, du fait du code électoral actuel, Hama Amadou ne peut pas être candidat.

Je rappelle aussi que le code électoral a toujours été le fruit d’un consensus intégral dans notre pays. Il a déjà été révisé à deux reprises. Je ne désespère pas qu’une troisième révision vienne à être opérée, si jamais toute la classe politique était d’accord pour aller vers un consensus.

Vous refusez de siéger à la Commission électorale et vous contestez le code électoral adopté il y a deux mois par le Parlement. Si ce code n’est pas modifié, est-ce que vous irez quand même à la présidentielle de 2021 ?

Nous avons bon espoir que ce code sera modifié car c’est un processus qui a toujours prévalu dans le cadre de l’organisation des élections au Niger, à savoir le consensus. Aujourd’hui, notre pays, avec tout ce que nous connaissons comme difficultés sur le plan sécuritaire et comme difficultés tout court, ne peut pas s’offrir le luxe de créer d’autres situations qui pourraient nous amener dans le précipice. Donc, vraiment, j’ai bon espoir que le code électoral sera révisé, que tout le monde mettra balle à terre et que nous puissions aller vers des élections inclusives, transparentes et régulières.

Imaginons alors que vous ne boycottez pas le scrutin mais la candidature de Hama Amadou est quand même invalidée. Qu’est-ce que vous faites, à ce moment-là ?

Nous aviserons le moment venu mais pour l’heure, je vous dis que la question étant politique, nous allons mener toutes les actions politiques nécessaires, dans la légalité, afin qu’Hama Amadou puisse être candidat. Vous savez, Hama Amadou jouit incontestablement d’un fort soutien de la population nigérienne à travers notre vaste pays. Il n’y a aucune raison qu’il soit absent en 2021.

Mais faut-il envisager un candidat de remplacement, au cas où ?

Nous avons un seul plan, le plan A, avec Hama Amadou et c’est pour cela que nous allons continuer à nous battre.

Et si par nécessité il faut envisager un plan B ?

Le seul plan auquel nous pensons, que nous avons conçu, c’est le plan A avec Hama Amadou.

Pas de plan B ?

Il n’y a pas de plan B. Le seul plan est A et c’est avec Hama Amadou.

Mahamadou Issoufou affirme qu’avec la prochaine présidentielle aura lieu la première transition pacifique au Niger, depuis 1960. Est-ce que ce n’est pas un fait dont vous prenez acte, vous aussi ?

Mais nous attendons de voir. Il reste encore dix-sept mois. C’est au bout de ces dix-sept mois, une fois que le processus électoral est engagé où toutes les bonnes pratiques sont mises en place et respectées, que nous, les Nigériens, allons effectivement nous dire « enfin, il y a eu une transition démocratique pacifique » mais en attendant, nous veillons au grain. Nous allons observer la situation pour que toutes les bonnes options soient sur la table. Je pense que nous pouvons effectivement nous acheminer vers cet état de fait.

Vous acheminer vers des batailles, à la loyale, face au candidat du PNDS, Mohamed Bazoum ?

Absolument. Je pense qu’aujourd’hui les Nigériens ont soif d’élections loyales, d’élections libres, d’élections inclusives. Si toutes ces conditions sont réunies, c’est ensemble que nous irons à ces élections et le meilleur gagnera qui, je l’espère, sera de notre camp.

Et qui sera, vous l’espérez, Hama Amadou ?

Bien sûr… qui sera Hama Amadou.

Ou un autre candidat éventuel de votre parti Modem FA Lumana ?

Pour cela, je vous ai dit qu’il n’y a pas de plan B. Le candidat, ce sera donc Hama Amadou et c’est lui que nous espérons voir à la tête du pays, au lendemain des élections de 2021.

13 août 2019
Source : 

General Abdallah Wafy Niger Le général Abdallah Wafy est le représentant du Niger auprès des Nations unies. MONUSCOAlors que les chefs d'Etat continuent de défiler à la tribune des Nations unies, la question du terrorisme dans le Sahel et de la situation au Mali va faire l'objet d'une réunion ad hoc ce mercredi 26 septembre à New York. Il y a sept mois, une conférence des donateurs de Bruxelles promettait 414 millions d'euros pour financer une force anti-terroriste formée par le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso. Depuis, non seulement l'argent arrive au compte-goutte, les opérations tardent à commencer mais le quartier général de cette force a même été attaqué en juin. Pour en parler, Sonia Rolley reçoit le général Abdallah Wafy, le représentant du Niger, pays qui préside le G5 Sahel cette année, auprès des Nations unies.

RFI : Quelles sont les difficultés pour mettre en place cette force du G5 Sahel ?

Abdallah Wafy : La principale difficulté est d’ordre financier. Parce que nous avons déjà mobilisé des hommes et les états-majors, général et opérationnel, sont déjà en place, mais du point de vue logistique et financier nous avons de grosses difficultés. Nous avons bouclé le financement lors de la conférence de Bruxelles, mais les fonds tardent à être décaissés.

Si les fonds n’arrivent pas, qu’est-ce qui peut se passer ?

Pour nous, ce n’est pas une option. Nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à déployer nos forces. Parce qu’il s’agit quand même de la question de la protection de nos populations, de l’intégrité de nos frontières, et donc pour nous, c’est une question cruciale fondamentale.

M. Mohamed Saidil Moctar, Ministre Conseiller Spécial du Président de la République et Directeur Général de l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019M. Mohamed Saidil Moctar, Ministre Conseiller Spécial du Président de la République et Directeur Général de l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019Monsieur le Directeur Général, en créant l’Agence que vous dirigez, quelles sont les missions que le gouvernement du Niger lui a assignées?
Il faut tout d’abord rappeller que les Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine ont choisi le Niger pour abriter en 2019, la 33eSession de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine à Niamey.
C’est non seulement un signe fort de la vitalité de notre diplomatie mais aussi et surtout une grande opportunité pour notre pays de se hisser au rang des pays en mesure d’organiser de grands évènements.

Donc, pour une meilleure préparation et organisation de cette conférence, il a été jugé opportun, par les plus hautes autorités du pays, de créer une structure dédiée exclusivement à la préparation et à l’organisation de l’événement, avec une autonomie administrative et financière, rattachée à la Présidence de la République. C’est ainsi qu’a vu le jour, par décret présidentiel, le 26 janvier 2016, l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019, en abrégé « Agence UA Niger 2019 » dont la mission est d’assurer la préparation, l’organisation et la coordination des activités liées à la tenue de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019. Plus spécifiquement, il s’agit pour nous d’assurer, pour le compte de l’Etat, les fonctions de maître d’ouvrage délégué et d’agence d’exécution pour toutes les infrastructures entrant dans le cadre de l’organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019. Nous avons aussi pour mission de suivre la réalisation et la mise à niveau des infrastructures nécessaires à la tenue de la Conférence dans les délais requis.

L’Agence a également comme mission de susciter, encourager et soutenir les initiatives privées pouvant contribuer à la réussite de la tenue de la Conférence.

Habou Boukari Archives NigerM. Habou Boukari, Directeur National des Archives Monsieur le Directeur national, le Niger dispose depuis des décennies d’un service dénommé Archives Nationales, quelles sont concrètement les missions et attributions de cette structure qui constitue quand même la mémoire de notre pays ?
Aux termes de l’article 10 de l’arrêté n° 260/PM/SGG du 17 Octobre 2011, la Direction des Archives Nationales est chargée de l’identification, de la collecte, du classement et de la conservation des documents de toute nature des différentes Administrations de l’Etat ainsi que ceux de tous les Etablissements Publics de l’Etat ; la communication des documents conformément à la législation archivistique en vigueur ; la gestion d’un centre de documentation ouvert au public ; la gestion de la régie du dépôt légal ; la réception sous forme de dons ou de dépôts des archives des institutions ou personnes privées ; l’application des règles de gestion et de conservation des archives des services publics sur l’ensemble du territoire national ; la valorisation des fonds d’archives conservés dans les dépôts publics.

L’histoire des archives au Niger a connu une évolution au fil des années : pouvez-vous nous retracer le processus de son ancrage dans l’administration nigérienne ?
Avant d’aborder la question de l’évolution ou de l’ancrage de la fonction « archives » dans l’administration nigérienne, il est nécessaire de rappeler la raison du prestige des archives. En effet, la gestion des archives a été prise en compte suite aux assises de l’Assemblée Nationale Française du 19 Novembre 1907 au cours desquelles Monsieur Louis PUECH dénonçait la situation en ces termes : « … il ne me semble pas qu’il y ait beaucoup d’originaux dans les dossiers des colonies. Les originaux sont pris d’une sorte de danse de Saint-Guy ; ils traversent l’océan avec une inexplicable facilité et circulent partout ailleurs que dans les endroits où on devrait les tenir… ». Pour donner suite à cette interpellation, le ministre des Colonies de l’AOF a instruit, par circulaire du 21 Décembre 1907, les Gouverneurs de ces colonies au sujet de la surveillance à exercer sur les archives des différents services afin de remédier une situation aussi préjudiciable aux intérêts administratifs qu’à la bonne marche des services publics.

Ainsi, le 13 Janvier 1908, une circulaire du Gouverneur Général de l’AOF par intérim a été adressée aux Gouverneurs des Colonies avec l’annotation : « … à transmettre aux colonies par lettre les invitant à organiser la conservation des archives, et à leurs gouvernements, et dans les services, et plus particulièrement encore dans les cercles… ». A partir de ces instructions, l’administration coloniale a lancé la création des Services d’Archives dans toutes les colonies. Le repère chronologique ci-après retrace les grandes dates de la vie des archives : Arrêté n° 960 du 1er Juillet 1913, portant création d’un dépôt d’Archives au chef-lieu de chacune des colonies de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Le volet « archives » est rattaché au Cabinet du Lieutenant Gouverneur. La Circulaire du Gouvernement Général de l’AOF en date du 4 Juillet 1913, en s’adressant au Gouverneur du Territoire Militaire du Niger, disait ceci : « … je ne puis songer à créer, au chef-lieu de votre commandement, un bureau d’Archives autonome comme dans les autres colonies, mais je désire que vous vous inspiriez, dans la mesure du possible, de la nouvelle réglementation pour la constitution de vos Archives… ». L’Arrêté n° 22 du 10 Février 1924, constituant les services de la colonie du Niger : pour la première fois, les Archives sont apparues dans l’organigramme des services du Cabinet du Lieutenant Gouverneur du Niger sous la dénomination «… Archives, Classement des archives et publications officielles… ». Le Service des Archives est donc rattaché à la deuxième section du Cabinet du Lieutenant Gouverneur. Par ailleurs, la décision n° 129 du 14 Mars 1928, portant nomination de Monsieur TOBY, administrateur adjoint de 1ère classe des colonies, en qualité de Chef de Cabinet du Lieutenant Gouverneur du Niger. En outre, il est chargé des fonctions de Secrétaire-archiviste du Conseil de Contentieux et du Conseil d’Administration ; classement des archives et publications officielles, du répertoire des textes officiels, de la bibliothèque administrative, de la centralisation et du classement des publications de toute nature, des recherches bibliographiques et de la garde du timbre. Arrêté du 20 Juin 1930 rattachant à l’Inspection Générale de l’Enseignement le volet « archives historiques » résultant de la collecte des documents d’intérêt administratif et historique. Il y a aussi la circulaire n° 150/AI du Gouverneur par intérim du Niger en date du 27 Juillet 1938 ; l’extrait ci-après de cette circulaire illustre parfaitement l’intérêt et l’ancrage de la fonction « archives » dans l’administration nigérienne : « il n’échappera à personne que la période de la conquête et de la grande guerre est, pour l’histoire du Niger français, d’une importance capitale. Dans chaque Poste ou ancien Poste de brousse, dans chaque Service militaire, administratif, judiciaire ou technique se trouvent des documents illustrant l’histoire de ces 20 années de gloire et d’efforts français. Ces témoignages sans utilisation immédiate dorment relégués, faute de place, dans le fond de vieilles armoires où le temps et les termites se conjuguent pour les faire disparaître. Il a donc été établi à Niamey un Dépôt et un Service d’Archives qui centralisera, classera et conservera tous les documents versés par les Cercles conformément aux prescriptions de la circulaire générale du 2 Juillet 1913 toujours en vigueur. »

A tous ceux que nous venons de citer viennent s’ajouter d’autres arrêtés : il s’agit de l’Arrêté Général n° 2781/IFAN du 3 Août 1943 rattachant les Archives et Bibliothèques aux centres locaux de l’IFAN ; arrêté local n° 122/APA du 21 Octobre 1943 rattachant les Archives du Niger à l’IFAN de Niamey ; arrêté n° 0722/APA du 21 octobre 1944 rattachant les Archives et Bibliothèques au Centre Local de l’IFAN ; arrêté général n° 5065/IFAN du 9 Juillet 1953, portant règlement général des archives de l’AOF. Il stipule à son article 1er : « … un dépôt d’Archives est établi au Gouvernement Général à Dakar et au chef-lieu de chacun des territoires de l’AOF… ». Le décret n° 60-105/PCM du 31 mai 1960, portant organisation du Secrétariat Général du Gouvernement. Il faut noter que ce texte ne mentionne nulle part le Service des Archives. Décret n° 74-248/PCMS/SGG du 17 septembre 1974, portant organisation du Secrétariat Général du Gouvernement dont relève le Service des Archives Nationales, décret n° 88-190/PCMS/SGG du 11 mai 1988, portant réorganisation du Secrétariat Général du Gouvernement et érigeant le Service des Archives en Direction des Archives Nationales.

De 1913 à nos jours, la tutelle administrative des Archives a été successivement exercée par le Cabinet du Lieutenant gouverneur, l’Inspection Générale de l’Enseignement, l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN), la Présidence de la République et le Cabinet du Premier Ministre.

Il se pose aujourd’hui dans plusieurs services de l’administration nigérienne un réel problème d’entretien des archives : selon vous, qu’est-ce qui explique cette mauvaise gestion de notre histoire ?
La mauvaise gestion des archives dans l’administration publique nigérienne se situe à plusieurs niveaux. Au niveau architectural, la plupart des Services d’Archives ne disposent pas d’un local approprié pour les Archives. Au niveau des ressources humaines, près de 80 % des Services d’Archives sont dirigés par des responsables non professionnels du domaine des Sciences de l’Information Documentaire (Archivistes, Bibliothécaires et Documentalistes). Il faut aussi souligner l’attentisme, l’inactivisme et le manque d’offensive de certains professionnels des archives. Au niveau des ressources financières, les Services des Archives sont les parents pauvres de l’administration (budget très insignifiant voire inexistant pour d’autres unités documentaires). Au niveau du matériel et équipement technique, rares sont les Services d’Archives publiques dotés de matériel et équipement technique propres au domaine des archives. Au niveau de la corporation, je veux parler de l’Association Nigérienne des Spécialistes de l’Information Documentaire (ASNID), elle brille par son inactivisme et un silence coupable vis-à-vis de ses membres. Pourtant, cette association a le devoir d’assurer la promotion et la valorisation de la profession.

Dans un monde où les pays sont en compétition, la connaissance et la maîtrise du passé d’un pays sont capitales : est-ce qu’il existe au Niger une politique nationale en matière d’archives ? Si oui, pouvez-vous nous l’expliquez ?
En tant que telle, la politique nationale en matière d’archives n’existe pas. Néanmoins, la question des archives est toujours prise en compte dans les actions du Gouvernement de la République du Niger. Pour preuve, tous les départements ministériels ont été dotés des Services d’Archives et de Documentation. A cela s’ajoutent les Services d’Archives Régionales et Départementales. Entre autres efforts, sur le plan national, des études ont été menées afin de dégager une politique nationale en matière de la documentation administrative. A titre d’exemple, nous pouvons citer : ARES, Florance - Développement des archives nigériennes. - Niamey : PNUD, 1991. – 39 P. GUERTIN, Hélène. - Les archives publiques courantes en Afrique Occidentale Française (AOF) : cas du Niger. – Québec : Université de Montréal, 1994. – 11 P. LEGER, Denis, GARBA, Issaka. - La situation de la documentation administrative : Etude diagnostique dans l’administration centrale. Niamey : BOM, 199O. – 61 P. NIGER. Cabinet du Premier Ministre. Etude préparatoire à l’élaboration d’une politique nationale de développement des Archives, Bibliothèques et des Centres de Documentation. – Niamey : BOM, 1990. 25 P NIGER. Cabinet du Premier Ministre. – Les résultats des travaux du séminaire sur la formation d’une politique nationale d’information documentaire au Niger.

Niamey : BOM, 1992. – 115 P.

Aussi, le Niger dispose d’un arsenal de textes législatifs et réglementaires en matière de documentation, notamment : Loi n°97-021 du 30 juin 1997 sur les archives ; loi n°97-022 du 30 juin 1997 relative à la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel national ; décret n° 98-91/PRN/SGG du 6 avril 1998, portant modalités d’application de la loi n° 97-021 du 30 juin 197 sur les archives ; ordonnance n° 2010-35 du 4 juin 2010, portant régime de la liberté de presse (art. 9 relatif au dépôt légal des publications périodiques) ; ordonnance n° 2011-22 du 23 février 2011, portant Charte d’Accès à l’Information Publique et aux Documents Administratifs ; loi n°2017-28 du 3 mai 2017 relative à la protection des données à caractère personnel, etc.

Récemment, le ministère des Finances a organisé un atelier de validation de sa politique d’archivage qui s’inscrit dans une stratégie globale de communication. Quelle est la pertinence d’un tel document ?
Le document en question est une feuille de route sectorielle en matière de la gestion des archives. Il détermine de manière claire la procédure à suivre par les services producteurs des documents et les archivistes en matière de la gestion des documents (collecte, traitement, conservation, communication et la valorisation des archives). C’est une initiative louable dont les autres ministères doivent s’inspirer. Ce qui permettra à la fin d’élaborer une politique nationale d’archives digne de ce nom.

Quelles sont les perspectives en matière d’archives pour un pays comme le nôtre qui est en train de tracer sa trajectoire de développement économique, culturel et social ?
Les perspectives sont prometteuses vu l’engagement de l’Etat dans sa politique de dotation du pays en infrastructures d’archives. En plus des directions régionales, toutes opérationnelles, des services départementaux sont aussi créés et attendent actuellement d’être installés. Ils sont créés à partir des anciens arrondissements et postes administratifs érigés en départements qui sont aujourd’hui au nombre de 63. Ces anciens arrondissements et postes administratifs érigés en départements se trouvent dans les régions d’Agadez, Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Il faut compter également avec la détermination des responsables des Archives Régionales qui mettent des bouchées doubles pour sauver le maximum possible d’archives historiques. Cependant, il reste beaucoup à faire, car seules trois directions sur les huit disposent de leurs propres bâtiments. A cela s’ajoute le cas des Service d’Archives Départementales.

Interview réalisée par Hassane Daouda(onep)

27 octobre 2017
Source : http://lesahel.org/

Amadou Harouna DG de l Agence du Barrage KandadjiM. Amadou Harouna, Directeur général de l’Agence du Barrage KandadjiMonsieur le Directeur Général, le programme Kandadji semble enfin avoir trouvé le partenaire idéal avec la présélection d’une société de droit chinois pour la construction du barrage hydro électrique de Kandadji, un ouvrage tant attendu par les Nigériens depuis des décennies. Quelle est l’entreprise ? Et pouvez-vous bien nous faire la genèse du processus ?

Merci de l’opportunité que vous m’offrez pour parler du Programme Kandadji dans les colonnes du journal Sahel Dimanche. Concernant le processus d’acquisition pour la construction du barrage, je dois souligner qu’il s’agit d’une procédure classique. En effet, suite à une revue de l’Avant-Projet Détaillé (APD) initial du barrage, un nouveau dossier de pré-qualification a été lancé et cela a permis de retenir une liste de sept (7) entreprises sur les dix-huit candidats à la pré-qualification. A la date limite de remise des offres, la Commission Ad ‘hoc d’adjudication a réceptionné et ouvert quatre (4)offres.

A l’issue de l’évaluation des offres, l’Entreprise China Gezhouba Group Company Ltd (CGGC) a été retenue comme adjudicataire provisoire avec un montant de cent cinquante milliards huit cent quatre-vingt-dix-sept millions deux cent vingt mille cent soixante-onze virgule soixante-cinq (150 897 220 171, 65) F CFA HT.

Les Partenaires Techniques et Financiers ont donné leurs avis de non objection sur l’adjudication proposée et le Contrôleur des marchés publics et des engagements financiers a donné pour sa part son avis de conformité. Les résultats de l’évaluation des offres ont été publiés dans le Sahel-Dimanche du 25/05/2018. Une communication y relative a été faite au Conseil des Ministres du 06/07/2018.

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«Les travaux démarreront effectivement au plus tard en novembre 2018»

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Wargo Boubacar Secretaire Permanent du Haut conseil pour l investissement au NigerM. Wargo Boubacar, Secrétaire Permanent du Haut conseil pour l’investissement au Niger : “Le Niger est une terre d’opportunités et une destination privillégiée pour les investisseurs”Monsieur le secrétaire permanent, pouvez-vous nous présenter cette structure dont vous avez la charge ?

Le Haut Conseil pour l’Investissement au Niger (HCIN) est une structure créée et placée sous l’autorité directe du Président de la République et a pour rôle d’être la plateforme de dialogue public-privé en vue d’impulser les actions ayant pour finalité de promouvoir et d’assainir l’environnement des affaires et de définir les priorités du secteur privé. A ce titre, il est chargé de : fixer les orientations liées à la mise en oeuvre de la politique d’investissement privé ; suivre l’exécution de la stratégie nationale de la promotion des investissements privés ; prescrire toutes mesures nécessaires aux évolutions constatées en matière d’investissement privé et susciter les mesures incitatives cohérentes pour les investissements privés et s’assurer de leur exécution.

Quel est concrètement le travail du secrétariat permanent du Haut Conseil pour l’Investissement au Niger?

Le Secrétariat Permanent est le bras technique et administratif du Haut Conseil pour l’Investissement au Niger. Il a pour mission de : préparer les réunions, assister les départements du HCIN et assurer l’interface avec les partenaires publics et privés dans la mise en œuvre des recommandations ; dresser régulièrement un diagnostic approfondi de l’environnement des affaires dans tous ses aspects et formuler des propositions opérationnelles ; accompagner, au plan technique et financier, les administrations concernées par les réformes ; accompagner, au plan politique et administratif la réalisation des investissements, notamment ceux qui ont de volume important en termes de caractère stratégique ; faire le suivi personnalisé de l’évolution des idées et projets d’investissements ainsi que des investissements en cours ou réalisés ; suivre les engagements pris par les partenaires et les investisseurs étrangers lors des grandes rencontres internationales ; suivre tous les rapports, indices et plan d’actions visant l’amélioration du climat des affaires ; élaborer et mettre en œuvre un plan de communication efficace qui contribue à une large diffusion des acquis du Niger en matière d’amélioration du climat des affaires et qui fait la promotion de l’image de marque du Niger auprès des investisseurs ; appuyer les administrations publiques et les investisseurs privés dans les différentes étapes de préparation, d’évaluation technique et financière, d’approbation, d’attribution et de négociation des contrats de partenariat public privé ; assurer le suivi opérationnel des investissements privés au Niger ; préparer un rapport semestriel à présenter lors des sessions du Conseil et préparer un rapport mensuel à adresser au Président du Comité Interministériel.

Oumarou Amadou Saley, Haut Commissaire à la Modernisation de l’Etat : «Tous les efforts faits pour rationaliser et améliorer les services publics dans ce pays sont à encourager»M. Oumarou Amadou Saley, Haut Commissaire à la Modernisation de l’Etat Monsieur le Haut Commissaire, pouvez-vous nous définir le concept de «modernisation de l’Etat » qui est le fondement de la création de l’institution que vous dirigez ?

L’expression «modernisation de l’Etat» désigne les actions de type législatif ou réglementaire qui doivent entrainer une transformation substantielle du périmètre d’action ou des méthodes de fonctionnement de l’Etat. Cette transformation « structurelle» vise à améliorer le service rendu aux citoyens. Elle peut passer par des mesures, par exemple, d’informatisation des procédures et des applications concrètes des principes de bonne gouvernance. Aussi, moderniser l’Etat implique le recours à des approches et des techniques récentes, c'est-à-dire modernes, pour organiser et gouverner et gérer l’Etat. Ces approches et ces techniques sont par exemple la démocratie, l’approche de gestion basée sur les résultats et la performance, les TIC, la décentralisation et l’approche participative, etc…

Cette orientation de la modernisation de l’Etat qui s’applique à l’ensemble des pays du monde est un axe fort du gouvernement et est en cohérence avec les objectifs tracés par le Programme de la Renaissance et le Plan de développement Economique et Social (PDES 2017-2021).

Cette expression traduit, il me semble, un objectif plus ambitieux encore que la modernisation des administrations publiques. Elle concerne tous les actes de la vie publique des dirigeants et des citoyens. Elle passe par des actions qui visent le respect du bien public, à l’amélioration des comportements sur la voie publique que ce soit dans le domaine de la sécurité routière, de l’environnement, de la salubrité publique, de la santé. Mon institution balaie un champ extrêmement vaste et est au cœur des actions gouvernementales qui visent à la modernisation sociale, politique et économique. Elle accompagne donc l’ensemble des ministères et des institutions dans leurs démarches.

Zakari Oumarou EHCVMMonsieur le Coordonnateur, l’Institut National de la Statistique (INS) réalise la première Enquête Harmonisée sur les Conditions de Vie des Ménages (EHCVM) auprès des Etats membres de l’UEMOA. Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est d’abord une enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages ?

Avant de répondre à vos questions, permettez-moi d’abord de remercier très sincèrement votre journal, pour l’intérêt qu’il porte à nos différents types d’activités et plus spécialement celles liées aux questions de statistiques et de démographie qui, je dois le dire, sont d’un intérêt capital dans un pays comme le nôtre. Est-il encore besoin de rappeler que ce sont les données recueillies par les statistiques qui permettent de mesurer le degré d’avancée dans un pays ? Pour ce qui est de votre question, à savoir qu’est-ce qu’une enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages, j’aimerais rappeler que les micro-données nécessaires au suivi et l’évaluation des politiques publiques proviennent principalement de quatre (4) sources : les enquêtes auprès des ménages, les recensements de la population ; les statistiques de sources administratives et les données électroniques.

L’une des difficultés que nous rencontrons est la non fiabilité des données électroniques et/ ou administratives, tandis que les statistiques administratives ne portent que sur les individus en lien avec l’administration. Quant aux recensements généraux de la population, leurs coûts financiers sont tels qu’on ne peut les réaliser qu’une fois tous les 10 ans au minimum alors que les besoins sont pressants. De ce fait, les enquêtes constituent la principale source de données pour la production de l’information statistique dans nos pays en développement. Ce constat ayant été fait dans nombre de pays, la commission de l’UEMOA a réalisé une étude sur l’état de la pauvreté au sein de l’UEMOA, qui a relevé que « les variabilités des méthodes et des périodes des mesures de la pauvreté réduisent les comparabilités spatiales et temporelles entre pays ». Ceci a conduit la commission de l’UEMOA à envisager un projet d’harmonisation et de modernisation des enquêtes auprès des ménages dans les Etats membres. Voilà donc pour ce qui est de la définition de l’enquête Harmonisée…

Barkai Issouf InterviewPourquoi la création d’un ministère spécialement dédié aux institutions ?
Avant de répondre à vos questions, permettez-moi de vous remercier et de remercier l’ONEP pour cette occasion fort salutaire que vous m’offrez pour m’adresser à vos lecteurs. Vous contribuez ainsi à faire mieux connaitre mon département ministériel, ses attributions et son rôle dans l’architecture institutionnelle et administrative de notre pays. J’en suis très reconnaissant.

Pour répondre à votre question, remarquez qu’une place de choix est accordée aux Institutions par le Président de la République à travers le Programme de Renaissance du Niger. En effet, le Président de la République est convaincu qu’un Etat de droit repose sur des Institutions fortes, démocratiques et stables. Cette conviction est la principale raison qui motive la création de ce ministère. Cela est d’autant plus logique que lorsque vous regardez le fonctionnement de ce ministère, il est une sorte d’interface entre le Gouvernement, le pouvoir exécutif, et l’Assemblée Nationale incarnant le pouvoir législatif. Aussi les textes ont étendu cette collaboration fonctionnelle avec les Institutions non parlementaires telles que le CESOC, le Médiateur de la République, le CSC, la CNDH, etc.

L’autre raison qui n’est pas à négliger, c’est que les Etats de l’UEMOA ont de plus en plus ce genre de département ministériel, et dans le souci de l’harmonisation des Institutions Publiques, le Niger n’est pas en reste.

Garba Yahaya DG Agriculture NigerMonsieur le Directeur Général, cette année, la campagne agricole a débuté précocement dans plusieurs localités de notre pays. De façon globale, comment se présente la situation de cette campagne ?

Les premières pluies utiles ont été enregistrées au cours de la deuxième décade de mai dans plusieurs localités du pays; ces précipitations ont permis le démarrage des semis partiels de mil dans les régions de Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Au 10 juin 2018, 5.725 villages agricoles ont effectué des semis effectifs de mil et de sorgho soit 46 % des 12.464 villages agricoles. Ce taux est équivalent à celui de l'année passée à la même période. Le stade de développement du mil et du sorgho reste largement dominé par la levée, néanmoins le stade de levée avancée est observé pour le mil au niveau de certaines localités des régions de Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder.

Par rapport à la situation phytosanitaire aucune menace majeure n'a été signalée sur les cultures. Cependant, des attaques de rongeurs de faible ampleur ont été signalées sur le niébé à la levée à Golom et Hardo Salé dans le département de Gazaoua. Les mesures de contrôle sont d'ores et déjà prises. Des poches de sécheresse observées ont entrainé des pertes de semis au niveau de 15 villages de Maradi, 22 villages de la commune de Kalfou (région de Tahoua) et 18 villages du département de Doungass (région de Zinder). Ailleurs, ce sont les vents chauds qui ralentissent la croissance des jeunes plants.

De façon globale, la campagne se déroule normalement sur toute la zone agricole du Niger. Sur la base des prévisions saisonnières des services spécialisés en la matière, la campagne d'hivernage 2018-2019 s'annonce sous des bons auspices car les cumuls pluviométriques seront excédentaires à normaux sur les régions de Tillabéry, Niamey, Dosso, Tahoua et Maradi et normaux a excédentaires sur les régions de Zinder et Diffa. Tout laisse aussi à croire que la saison va débuter normalement dans la zone agricole.

Les péripéties de début de campagne avec des poches de sécheresse pourraient être enregistrées à une échelle peu importante. La fin de la saison sera tardive dans toute la bande agricole et des dates de début de saison en majorité équivalentes à la normale sont prévues dans la zone agricole. Des séquences sèches de durées longues à normales pourraient être observées en début de saison.

L'ambassadeur des Etats-Unis au Niger, SE. Mme Eunice Sharron ReddickL'ambassadeur des Etats-Unis au Niger, SE. Mme Eunice Sharron ReddickMme l’ambassadeur, vous voilà en fin de mission après avoir passé trois années en qualité d’ambassadeur des Etats Unis au Niger. Quels ont été les principaux axes de la coopération bilatérale sur lesquels votre pays a mis l’accent ces dernières années?

Je tiens d’abord à remercier le journal « Sahel Dimanche » de me donner l’opportunité de m’adresser aux millions de nigériennes et nigériens à la fin de ma mission dans votre beau pays, le Niger. Pour revenir à votre question, je soulignerai de prime abord que les relations de coopération entre les Etats Unis et le Niger sont au beau fixe et n’ont eu de cesse à se renforcer d’année en année. En effet, nos deux pays travaillent étroitement ensemble dans plusieurs domaines d’intérêt commun. Je m’en vais vous citer, entre autres domaines, sans être exhaustive bien sûr, la sécurité, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, l’éducation, la santé, le monde rural, les questions de l’entrepreneuriat des jeunes et l’autonomisation de la femme, mais aussi les droits de l’Homme, la gouvernance, etc.

Récemment une attaque meurtrière à Tongo-tongo a ôté la vie à plusieurs militaires américains et nigériens : quel impact pourrait-elle avoir sur l’engagement des Etats Unis au Niger ?

Avant de vous répondre, je voudrais saisir cette occasion pour présenter mes condoléances au gouvernement du Niger et à son peuple tout entier pour les pertes en vies humaines occasionnées par les différentes attaques des éléments terroristes au Niger. Nous avons encore en mémoire le douloureux souvenir de la récente attaque terroriste survenue à Tongo-tongo. Je pense que ces attaques, bien qu’elles aient coûté la vie aux militaires américains, ne vont jamais nous décourager à être aux côtés du Niger. Nous ne baisserons pas les bras. Tongo-tongo n’est qu’une épreuve. Et ensemble, les forces armées nigériennes et leurs frères d’arme gagneront la bataille contre l’ennemi. Bien au contraire, les Etats Unis vont accroitre leur soutien au Niger pour faire face à ces menaces. A cet effet, je réaffirme l’engagement du gouvernement américain à continuer à dispenser son assistance matérielle aux partenaires régionaux dont le Niger ainsi qu’à d’autres formes d’efforts régionaux comme la force régionale du G5 Sahel.

Votre pays est en train d’installer une importante base militaire au Niger (à Agadez notamment) : est-ce qu’il y a des troupes combattantes américaines au Niger ?

La présence des soldats américains relève du cadre de la coopération militaire entre le Niger et les Etats Unis. A Agadez, les militaires américains sont en train de construire une base aérienne pour l’armée nigérienne. Et c’est très important pour le Niger de disposer de ces infrastructures, d’avoir la capacité de mieux surveiller les frontières face aux menaces qui arrivent des pays voisins. C’est un très bon exemple de coopération. C’est vraiment pour renforcer la capacité du pays à lutter contre toutes les formes de menaces le long des frontières et dans le vaste espace saharien. Je précise que c’est à la demande des autorités nigériennes que les Etats Unis ont répondu. Nous avons des militaires ici au Niger. Mais ils sont là pour la formation, le conseil et l’accompagnement. La situation est très différente que nous avons avec le partenaire comme le Niger. Je voudrais dire que l’objectif est de permettre au Niger d’avoir les capacités pour prendre la responsabilité de la lutte. Mais nous sommes ensemble et seront toujours partenaires.

Excellence, tout au long de votre mandat et à travers vos multiples activités et réceptions, on constate que votre agenda diplomatique a particulièrement mis l’accent sur la jeunesse, les femmes et les filles : expliquez-nous les raisons de ce choix.

Pour le cas de la jeunesse nigérienne, l’Ambassade soutient l’entreprenariat des jeunes à travers le conseil national de la jeunesse et le ministère en charge de l’Entreprenariat des Jeunes. Nous finançons des projets montés par des jeunes dans plusieurs domaines. Le point phare de nos initiatives est celui des jeunes leaders africains dénommés Young African Leaders Initiative (YALI) qui développe le leadership dans le cadre du civisme, de l’entreprenariat et du service communautaire.

Au sein de notre réseau, qui compte actuellement 4 000 membres, nous avons envoyé beaucoup de jeunes talentueux au Centre Régional de leadership à Dakar et aux États-Unis à travers le prestigieux ‘’Mandela Washington Fellowship ‘’ ; à ce niveau, les activités sont multiformes.

Dans le cadre de l’autonomisation de la femme, l’Ambassade appuie des initiatives de femmes nigériennes telles que des projets soumis par le club des femmes entrepreneures du Centre Culturel Américain (CCA). Par exemple, en Mars 2017, nous avons appuyé la candidature de la première femme militaire nigérienne pour recevoir le prix du courage féminin du Gouvernement Américain. Il s’agit du commandant Aichatou Issaka Ousmane. En effet, elle s’est engagée au sein des forces armées nigériennes à aider les victimes des actes terroristes et leurs familles. Les Etats-Unis, à travers l’Ambassade, ont également formé la première femme pilote du Niger, en la personne du Lieutenant Ouma Laouali.

Aussi, les Etats-Unis appuient la scolarisation des jeunes filles, la formation des femmes et filles leaders, à l’exemple des députées à l’Assemblée Nationale à travers le ‘’National Democratic Institute’’ (NDI) ou la ‘’United States Agency for International Development’’ (USAID).

Et, pour les communautés rurales, toujours parlant de l’appui des Etats-Unis aux populations rurales du Niger, le Gouvernement américain et ses partenaires ont apporté une assistance à plus de 236 000 personnes en particulier dans la Région de Diffa qui fait face à la crise humanitaire. Tous ces exemples ne sont pas suffisamment exhaustifs.

Mme l’Ambassadeur, de tout temps, votre pays a réitéré son soutien singulier à la Liberté de la Presse. Qu’avez-vous concrètement fait dans ce sens lors de votre mandat ?

Les Etats-Unis d’Amérique sont un pays basé sur les principes du droit à la liberté d’opinions et à la liberté de la presse. Les Etats-Unis considèrent la liberté de la presse et de l’expression essentielle pour les échanges d’idées et comme élément clé de la gouvernance démocratique.

Nous croyons également que la liberté dans les médias aide à transformer les sociétés, les mentalités et à libérer les génies et les talents.

Je salue le travail des journalistes nigériens pour leur mission d’informateurs. Il est important de rappeler le travail de l’Etat du Niger dans la facilitation du métier de journaliste à travers la ratification des textes de lois en faveur de la dépénalisation des délits commis par voie de presse au Niger depuis 2010.

D’autre part, l’Ambassade des Etats-Unis apporte son soutien au Niger à travers la formation, tels que des conférences, des échanges et des bourses pour soutenir la formation des médias traditionnel et médias sociaux.

Dans le cadre du renforcement des valeurs démocratiques, les Etats-Unis renforcent la dynamisation des journalistes nigériens en période électorale et pour la production des articles de presse de bonne qualité.

Que pensez-vous de l’état de la liberté de presse au Niger ?

A mon avis, il y a encore des défis à relever. J’ai entendu qu’il y a un manque de ressources. Les journalistes demandent aussi plus de formation pour se professionnaliser. Ce sont des aspects entre la presse et le Gouvernement qui peuvent s’améliorer. Le gouvernement a aussi une responsabilité envers les médias, par exemple partager l’information, la protection des journalistes ; il faut travailler et améliorer les relations. Le gouvernement reconnait déjà ses responsabilités après avoir signé la ‘’Table de la Montagne’’.

Parmi plusieurs sujets d’échanges entre le Gouvernement nigérien, l’Ambassade des Etats-Unis et les représentants du Gouvernement américain qui visitent le Niger, nous discutons des sujets tels que la liberté, la liberté d’expression et la liberté de la presse.

Sachant que le développement va de concert avec l’économie, quelles sont les initiatives engagées par votre diplomatie pour accroitre les échanges économiques entre les Etats-Unis d’Amérique et le Niger ?

Les Etats-Unis soutiennent le Niger dans la construction d’une économie plus forte. Je citerai ici le programme du ‘’Millennium Challenge Corporation’’ (MCC) dont le compact lancé cette année est très important. Ce programme va toucher le secteur de l’agriculture, l’irrigation et les routes. Nous œuvrons aussi dans l’augmentation de la fourniture en énergie renouvelable au Niger.

Après un séjour de trois années au Niger, vous avez visité certaines localités, rencontré les populations : quels souvenirs gardez-vous du Niger et son peuple ?

Je garde beaucoup de beaux souvenirs du Niger. En particulier du peuple nigérien, je retiens son hospitalité et comment ils ont ouvert leurs portes, même leurs cœurs, non seulement à moi mais aussi aux déplacés et réfugiés. Je prends l’exemple de Diffa, la partie nord de Tillabéry. Je garde vraiment l’image d’un peuple très ouvert, très gentil mais aussi très résilient parce que c’est une région d’instabilité, d’insécurité surtout et soumise à des chocs climatiques. Le peuple nigérien a démontré sa capacité de résilience. Pour moi, c’est une très bonne expérience et je vais garder de très bons souvenirs du Niger dans mon cœur. Après mon retour aux Etats Unis, je vais entamer ma retraite. Bien sûr, je vais rester très active. Je vais décider de quelle manière. Mais sachez que je suis toujours, on peut dire, l’ambassadeur du Niger aux Etats Unis (rires).

Propos recueilli par Zabeirou Moussa(onep) et Samira Sabou(onep)

20 octobre 2017
Source :
http://lesahel.org/

Depuis sa création, le CNESS est très actif sur la scène nationale et internationale, au regard des défis et enjeux sécuritaires auxquels il fait face. Après l’organisation d’un récent colloque sur la cybersécurité, vous comptez organiser du 6 au 8 décembre un forum national sur la sécurité et la défense. Pourquoi ce forum, quelle est sa pertinence ?

Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur le CNESS et les activités qu’il réalise depuis sa création. En effet, le Centre National d’Études Stratégiques et de Sécurité (CNESS) se veut un cadre permanent de réflexion, d’analyse et de production autonome de connaissances sur les enjeux sécuritaires et stratégiques au plan national et international. Cela dit, le forum national se tient en prélude à l’élaboration de la politique nationale de sécurité et de défense (PNSD). Cette importante rencontre se veut un cadre d’échanges d’informations et d’expériences sur les questions sécuritaires au Niger. C’est aussi une opportunité pour le CNESS de recueillir les perceptions et les attentes des populations en matière de sécurité.

Par ailleurs, créer un cadre de dialogue national inclusif sur la sécurité et la défense regroupant les Officiers supérieurs des FDS, les hauts fonctionnaires de l’administration publique, les universitaires, les acteurs de la société civile, justifie à mon avis la pertinence de ce forum. Également, une telle initiative aura le mérite de contribuer à l’amélioration des relations entre la Nation et ses Forces de Défense et de Sécurité.

Pour finir de répondre à votre question, je dirais que les échanges entre populations et experts de la sécurité permettront sans nul doute d’aboutir à des conclusions consensuelles sur les valeurs fondamentales de la délivrance et du contrôle de la sécurité par l’État.

C’est au CNESS qu’il revient d’élaborer cette politique ?

Je rappelle que le Centre National d’Études Stratégiques et de Sécurité (CNESS) est un organe d’anticipation et de veille stratégique qui rassemble au moins trois types d’expériences : l’Administration, l’Armée et l’Université. Il a pour mission de mener, en relation avec les services et institutions concernés, des analyses et des études prospectives permanentes sur des enjeux stratégiques et sécuritaires de la vie nationale et internationale. Les activités du CNESS sont guidées par un plan d’orientation stratégique (2017-2019) qui s’articule autour de trois axes stratégiques : le développement institutionnel et la mobilisation des ressources (1), le développement des Études et de la Recherche (2), le développement de la Formation (3).

Aussi, les nouvelles formes de conflictualité et l’hybridité des menaces sécuritaires nous imposent des réponses plus efficaces et adaptées au contexte géopolitique régional et international, et qui tiennent compte des dimensions politiques, économiques et socioculturelles de notre pays. C’est ce qui justifie la décision des plus hautes autorités politiques de doter le Niger d’une Politique Nationale de Sécurité et de Défense (PNSD). Cette tâche a été confiée au CNESS qui a mis en œuvre un programme conformément aux dispositions de l’axe stratégique N° 2. L’exécution de cette tâche se fera en partenariat avec les institutions et structures de l’État dédiées à cette mission.

Cette Politique Nationale de Sécurité et de Défense cherchera donc à définir le cadre politico-militaire dans lequel les acteurs de la défense et de la sécurité́ puiseront les instruments de parade aux risques et menaces jugés attentatoires à la sécurité́ des personnes et de leurs biens, sur l’ensemble du territoire national. Elle fixera également des priorités et des objectifs aux stratégies nationales sectorielles concourant à la sécurisation de la Nation.

Quel autre rôle le CNESS compte-t-il jouer dans le cadre de la promotion de la paix et la sécurité ?

Le CNESS contribue à la promotion de la paix et de la sécurité à travers des programmes et des actions soutenus par le plan d’orientation stratégique. Ainsi, nous distinguons trois types d’activités que le CNESS est en mesure de mener seul ou en partenariat avec d’autres institutions de l’État ou des partenaires extérieurs.

Primo, le CNESS a initié des programmes d’études et de recherches dans le domaine sécuritaire ; ces programmes ont pour finalité de proposer des documents de politique publique en la matière. Je peux citer le Programme politique nationale de sécurité et de défense, le Programme de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent ainsi que la mise en place d’un observatoire national des risques sécuritaires.

Secundo, dans le cadre du programme développement de la formation, le CNESS a organisé plusieurs séminaires et colloques, qui visent à renforcer les capacités des hauts fonctionnaires de l’État (civils et militaires) et des acteurs de la société civile intéressés par les questions de sécurité. Les thèmes de ces conférences portent sur les clefs de compréhension des enjeux sécuritaires du Niger, sur les questions sécuritaires et géopolitiques régionales et internationales, et sur la culture de l’esprit de défense. Ces activités vont se poursuivre et s’intensifier.

Tertio, au regard de sa vocation de centre de recherche et d’outil d’aide à la décision, le CNESS inscrit ses activités dans la rédaction de notes d’analyse et de résultats de sondage, la publication d’œuvres scientifiques (bulletins, revues), l’exécution de toute tâche à lui confiée par le gouvernement ou par toute autre structure dans le cadre d’un accord de partenariat.

Avez-vous les ressources nécessaires pour la réalisation de ces programmes ?

Au plan financier, les ressources du CNESS sont constituées de crédits alloués par l’État, de produits de prestations diverses (contrat, vente de publications), d’appuis des partenaires techniques et financiers, et de dons et legs légalement autorisés. Les crédits alloués par l’État sont inscrits chaque année dans la loi de finances au titre de la Présidence de la République.

S’agissant des ressources humaines, outre les membres du Conseil d’orientation et du Conseil scientifique, le fonctionnement du CNESS est assuré par le directeur, le directeur adjoint, les chefs de programme et le personnel d’appui technique et administratif. Ce personnel est le fruit d’un redéploiement de cadres de l’administration publique. Les recrutements externes ne seront possibles qu’à partir de l’année fiscale 2018.

Aujourd’hui, le CNESS est en phase de montée en puissance en ce qui concerne le personnel, les moyens matériels et les activités. À défaut de financement conséquent, le Centre ne pouvait s’appuyer que sur les ressources humaines de l’administration publique, ainsi que sur les ressources allouées par les partenaires techniques et financiers, dans le cadre de l’organisation d’une activité (forum, colloque).

En dépit de ces insuffisances, le CNESS a pu mener plusieurs activités et participer à des colloques au Niger et à l’étranger. Ces efforts sont à mettre à l’actif d’une équipe jeune, dynamique et professionnelle, appuyée par des partenaires confiants en l’avenir de cette institution.

Sur un tout autre registre, quelle est votre appréciation de la situation sécuritaire actuelle au nord Tillabéry, notamment sur les multiples attaques terroristes qui occasionnent des pertes au sein de nos FDS ?

La situation sécuritaire actuelle de la région de Tillabéry n’est pas dissociable de celle de l’espace sahélo-saharien, en particulier celle du Nord malien. Lesdifférentes opérations de Serval, de la force Barkhane et de la force onusienne ont réduit les capacités de nuisance des groupes terroristes en les coupant de leurs zones de ravitaillement et en leur portant des coups mortels à l’occasion.

Dans ces conditions, les groupes djihadistes se rabattent souvent sur des localités nigériennes pour s’approvisionner en matériels de guerre et parfois en vivres. Malheureusement, ces attaques nous occasionnent des pertes en vie humaine. Face à cette situation, des opérations sont menées par nos FDS pour neutraliser et éradiquer ces groupes djihadistes. Ce qu’il faut retenir, c’est surtout l’abnégation et l’esprit de sacrifice qui caractérisent nos Forces de défense et de sécurité et nous ne pouvons que saluer l’engagement de nos hommes sur les différents théâtres d’opération. En effet, ces hommes en armes assurent au quotidien la sécurité des personnes et de leurs biens, sur l’ensemble du territoire national. Cette présence militaire dans les différentes localités de la région de Tillabéry permet également de contrer certaines velléités annexionnistes des terroristes.

Grâce aux efforts de l’État, appuyé par les partenaires de la coopération militaire, nos FDS restent maîtres du terrain, conservent leur liberté d’action, et parviennent souvent à mettre en déroute les forces ennemies. Le caractère asymétrique des attaques terroristes complique davantage les réponses sécuritaires des FDS ; pour y remédier, la formation et l’entraînement des militaires ont été réaménagés pour prendre en compte les dimensions de la guerre irrégulière.

Comme vous le savez, les perspectives sécuritaires de la région de Tillabéry préoccupent les plus hautes autorités de la République. C’est ce qui justifie leur engagement sur tous les fronts diplomatiques pour finaliser l’opérationnalisation de la Force Conjointe du G5 Sahel. Il faut saluer à cet égard l’efficacité de la force mixte multinationale (FMM) de la CBLT qui s’active à éradiquer le groupe terroriste Boko Haram du Bassin du Lac Tchad.

Cependant, l’effort ne doit pas être seulement militaire, il doit être aussi économique et social. En mettant en œuvre la stratégie pour le développement et la sécurité, les plus hautes autorités du pays ont bien conscience que la paix, la sécurité et le développement sont liés.

Pour éradiquer définitivement le terrorisme et la criminalité transnationale, il faut également placer le citoyen au cœur de la politique de sécurité. Il faut faire en sorte que nos populations se sentent concernées par la sécurité, elles en sont les principaux acteurs et leur adhésion à la cause sécuritaire est vitale.

Malgré la présence de la force Barkhane et d’Africom, les attaques continuent et les assaillants arrivent à disparaître dans la nature. Finalement, des Nigériens se posent des questions sur l’utilité réelle de forces étrangères chez nous. Quel est votre avis sur ce sujet ?

Il faut savoir que dans cette guerre contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, le Niger n’est pas seul et ne restera pas seul. En effet, les défis sécuritaires sont nombreux et complexes et nécessitent la conjugaison de plusieurs efforts pour y faire face. Compte tenu de sa position stratégique au sahel et aussi des résultats obtenus dans cette guerre asymétrique, le Niger demeure un pivot stratégique et un partenaire privilégié des puissances étrangères. Aussi, notre pays, à travers des accords de coopération militaire, bénéficie d’appuis logistiques et opérationnels ainsi que de la formation. D’autres domaines tels que le renseignement sont également concernés dans les efforts de mutualisation.

Il faut retenir qu’à ce stade, les puissances étrangères sont d’une grande utilité pour le Niger, et au-delà pour tous les pays Sahélo-Sahariens. Dans ces moments difficiles pour nos armées, la mutualisation des moyens demeure un impératif de succès contre ces forces du mal. Cela n’exclut pas bien sûr de développer progressivement nos propres capacités dans tous les domaines de la sécurité afin de ne pas rester dans la dépendance vis-à-vis de ces puissances.

Quel est votre mot de la fin ?

Je voudrais rappeler que le premier forum sur la sécurité et la défense organisé par le CNESS, du 6 au 8 décembre à Niamey, est une opportunité pour les participants d’échanger sans tabou sur les questions sécuritaires du Niger. Nous attendons de tous des contributions pertinentes qui nous permettraient de mieux fixer les contours de notre politique nationale de sécurité et de défense, qui sera formelle et évolutive et renforcera les liens Armée-Nation.

Réalisée par Hassane Daouda(onep)

09 décembre 2017
Source : http://lesahel.org

Adamou Namata Pr Budget Assemblee Nat Monsieur le président, les 21 et 22 novembre derniers se sont tenus à Niamey les travaux de la 8ème Assemblée Générale de l’Association des Institutions Supérieures de Contrôle ayant en Commun l’Usage du Français (AISCCUF). Quelle importance revêt à vos yeux une telle rencontre pour nos Etats qui s’échinent à instaurer en leur sein les mécanismes de la bonne gouvernance en matière de gestion des finances publiques ?

Dans tous les pays membres de cette Association, la constitution a consacré l’établissement des relations de collaboration entre les Institutions Supérieures de Contrôle (Cours des Comptes) et les parlements pour l’accomplissement de leurs missions de contrôle externe de l’exécution du budget de l’Etat. Au Niger, la constitution du 25 novembre 2010 dispose en son article 90 que « l’Assemblée nationale vote la loi, consent l’impôt et contrôle l’action du gouvernement ». A l’article 115, notre loi fondamentale stipule que « l’Assemblée nationale peut demander à la Cour des comptes de mener toutes enquêtes et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques ».  C’est dire toute la complémentarité entre des missions de l’Assemblée nationale et de la Cour des Comptes.

Monsieur le président, au regard des dispositions constitutionnelles, l’Assemblée nationale a un pouvoir de contrôle sur la gestion des deniers publics. Comment ce contrôle s’exerce-t-il ?

L’Assemblée nationale contrôle la gestion des deniers publics à trois (3) niveaux du processus de la loi de finances : avant l’exécution de la loi de finances : le contrôle a priori; en cours d’exécution de la loi de finances : le contrôle permanent ; et après l’exécution de la loi de Finances : le contrôle a posteriori.

Premier niveau : le contrôle à priori s’effectue avant l’examen et le vote du projet de loi de finances de l’année, à l’occasion du Débat d’Orientation Budgétaire (DOB) et pendant l’examen et le vote du projet de la loi de finances de l’année (avec les auditions des membres du gouvernement, le suivi des recommandations précédemment adressées au Gouvernement, etc.).

Ali Doungou BoubacarLe «Projet Autonomisation des femmes au Sahel et Dividende Démographique (PRAF/DD-SWEDD) a été lancé en 2015 au Niger. Pouvez-vous nous rappeler Monsieur le Coordonnateur, les raisons fondamentales qui ont motivé la mise en place de ce projet ?

Je vous remercie pour cette opportunité que vous me donnez à travers votre illustre journal pour parler du Projet SWEDD au Niger. Pour répondre à votre question, permettez-moi de rappeler à vos lecteurs que c’est grâce à la vision et au leadership du Président de la République du Niger, Son Excellence, Issoufou Mahamadou qui, à travers une déclaration dénommée «Appel de Niamey sur les défis démographiques au Sahel » a lancé l’idée le 6 novembre 2013 à l’occasion de la visite au Niger, du Secrétaire Général des Nations Unies, du Président du Groupe de la Banque Mondiale, de la Présidente de la Commission de l’Union Africaine et du Directeur exécutif de l’UNFPA. Cette initiative vise à répondre aux défis de la croissance démographique et permettre aux pays bénéficiaires d’accélérer la transition démographique et capturer à terme les fruits du dividende démographique. Dividende démographique qui est une notion économique qui décrit l’avantage économique dont dispose un pays en cours de transition démographique qui est la baisse de la natalité, la baisse de la mortalité des enfants et une population extrêmement productive capable d’assurer un maximum de production économique avec beaucoup d’épargne possible. Ce projet est régional et couvre six (6) pays dont 5 du Sahel : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.

Invité de l'Onep : M. Douada Mamadou Marthé, ministre de l'Enseignement primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des langues nationales et de l'Education Civique Le 1er octobre prochain, les élèves des écoles primaires vont reprendre le chemin de l'école. Cette rentrée scolaire 2018-2019 s'annonce sous des auspices des réformes initiées par les Autorités de la 7ème République. Le ministre de l'Enseignement primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des langues nationales et de l'Education Civique, M. Douada Mamadou Marthé, a apporté des précisions sur ces réformes.

Monsieur le ministre, la rentrée scolaire 2018-2019 c'est dans quelques jours. Peut-on savoir les dispositions prises, sur le plan national, par votre Ministère pour une bonne rentrée scolaire?
Des dispositions sont prises, d'abord par l'envoi des fournitures scolaires au niveau de toutes les régions. Nous avons aussi procédé aux affectations inter-régionales des enseignants. Nous avons également pris d'autres décisions pour que des nouvelles inspections soient créées, c'est une centaine d'inspections qui ont été créées, dans le cadre du transfert des compétences et de la décentralisation, où il a été prévu une inspection par commune, en respectant les dispositions qui exigent un minimum de trente (30) écoles et entre 50 à 60 enseignants, pour créer une inspection. Ainsi, c'est pour dire que nous sommes à pied d'œuvre pour que la rentrée scolaire se fasse sans difficultés. Dans ce cadre, j'ai rencontré, ici à Niamey tous les Directeurs régionaux de l'éducation, auxquels j'ai confié un certain nombre de tâches à exécuter avant la rentrée. Nous avons aussi envoyé des missions mixtes, composées des agents du Ministère de l'Enseignement primaire, des associations actives dans le secteur de l'Education, des syndicats, dans toutes les régions du Niger. J'ai aussi personnellement rencontré tout ce beau monde pour lui dire comment la rentrée va se faire. Je puis vous assurer qu'actuellement tous les maires ont la liste exacte des écoles qui sont sous leurs responsabilités. Tous les inspecteurs ont aussi la même liste, ils ont aussi la liste de tous les enseignants contractuels, qu'ils ont trouvés. Donc la première des choses, il faut un contact imminent et immédiat entre les maires et les inspecteurs pour mettre en place un cadre harmonieux de travail. Ainsi, j'ai demandé et je le réitère ici à l'endroit de tous les inspecteurs de l'éducation qu'ils prennent attache avec les maires pour se comprendre et pour voir comment leurs relations, leur travail et particulièrement comment cette rentrée scolaire se feront avec beaucoup plus d'harmonie.

M. Mayaki Maikolanché, président de la Commission Nationale de gouvernance au Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) : «Le MAEP est là pour répondre au défi du développement du continent africain, et au défi de l’intégration ; il s’agit fondMonsieur le Secrétaire Permanent du MAEP, le Conseil des Ministres du lundi 29 avril 2019 a entendu une communication du Ministre, Directeur de Cabinet du Président de la République relative au lancement de l’auto-évaluation du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP). Pouvez-vous nous édifier sur l’importance pour notre pays d’entrer dans la phase de lancement de l’auto-évaluation du MAEP ?

Je voudrais sincèrement vous remercier pour l’opportunité que vous m’offrez de parler du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs communément appelé le MAEP. Avant de répondre à votre question, je pense que quelques rappels s’imposent. Il faut dire qu’à la fin des années 90, et au début des années 2000, la situation du continent africain en terme de développement a conduit les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA à adopter ce qu’on appelle aujourd’hui le Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs pour faire face à certains défis auxquels est confronté le continent africain. De quoi s’agit-il et pourquoi ce mécanisme ? L’évaluation est quelque chose de courant à l’échelle des pays et des régions; la preuve tous nos pays font l’objet d’évaluation de la part de la plupart des institutions internationales telles que le FMI ou la Banque Mondiale. Donc l’évaluation en tant que telle, ce n’est pas du nouveau. Mais ici, ce sont les Chefs d’Etat et de gouvernement africains qui ont décidé que les africains procèdent à des évaluations eux-mêmes. Ces évaluations doivent permettre de mettre en place des politiques publiques, des normes et des critères en parfaite adéquation avec ce qu’on appelle aujourd’hui la gouvernance politique, la gouvernance démocratique, la gouvernance économique et la gouvernance d’entreprise. En fait il s’agit de prendre en charge la problématique de la gouvernance du pays. La deuxième chose qu’il faut rappeler, est que le MAEP est un instrument, c’est un mécanisme qui a été créé par les africains pour les africains. C’est un outil conçu par les africains pour les africains. Troisièmement, il faut noter que l’adhésion au MAEP par les Etats membres de l’UA est volontaire. Elle est libre. Aucun Etat membre de l’UA n’est obligé d’adhérer au MAEP. Et en l’occurrence il faut dire que le Président de la République du Niger a fait adhérer le Niger au MAEP en 2012. Seul le Président de la République du pays en question peut prendre la responsabilité de dire que son pays adhère au MAEP. C’est ce qu’a fait le Président de la République du Niger en 2012. Le 23 janvier 2018, le Niger a signé le protocole d’accord avec le MAEP continental et c’est à partir de ce moment que l’on peut considérer le point de départ du processus d’évaluation du Niger dans le cadre du MAEP. On peut également considérer que le 29 avril 2019 consacre le début de l’auto évaluation du Niger dans le cadre du MAEP, puisque si vous vous rappelez le 29 avril 2019, le Ministre Directeur de Cabinet du Président de la République, lors du Conseil des Ministres, a fait une communication relative au lancement du processus du MAEP au Niger et sa phase d’auto- évaluation. Quand on parle de MAEP, il faut distinguer deux phases. La phase d’auto-évaluation, et la phase d’évaluation à proprement parler. La phase d’auto évaluation est une affaire nationale. Alors que l’évaluation est externe, elle est faite par des Experts africains. En réalité l’évaluation d’un pays est tributaire du résultat de l’auto évaluation du pays. Cela veut dire que l’évaluation qui sera faite par le panel d’Experts qui va être envoyé au Niger par le MAEP continental, repose sur le résultat de l’évaluation faite par les Nigériens. C’est de dire selon vous ou selon moi, ceci marche au Niger, ceci ne marche pas au Niger, en disant quelles sont les sources, et quelles sont les causes. Il ne s’agit pas de dire juste que ça ne marche pas. Mais il faut dire quelle solution vous proposez. L’idée de base c’est de permettre aux citoyens de dire ce qui marche et ce qui ne marche pas dans leur pays.

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«Le MAEP est là pour répondre au défi du développement du continent africain, et au défi de l’intégration ; il s’agit fondamentalement d’améliorer le bien-être des populations africaines» M. Mayaki Maikolanché, président de la Commission Nationale de gouvernance au Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP){/xtypo_quote}

Le  Médiateur de la République, Me Ali Sirfi Maïga, « Le Médiateur de la République Le Médiateur de la République, Me Ali Sirfi Maïga Monsieur le Médiateur, votre institution créée, il ya quelques années seulement au Niger, travaille aujourd’hui avec plusieurs secteurs de la vie socioéconomique de notre pays. Pouvez-vous nous expliquez le rôle exact et les attributions du Médiateur de la République au Niger ?

Merci une fois de plus pour l’opportunité que nous offre votre Hebdomadaire pour informer d’avantage l’opinion sur la mission combien exaltante du Médiateur de la République. Instituée, pour la première fois en 1990 puis dissoute en 1991 à la faveur de la Conférence Nationale Souveraine, elle a été réhabilitée par la loi N° 2008-36 du 10 juillet 2008 sous la 5ème République avec la nomination de M. Mamane Oumarou en qualité de Médiateur de la République. Inscrite dans la Constitution de la 6ème République, elle a été dissoute à nouveau, à la suite du coup d’Etat militaire du 18 février 2010, pour être restaurée par la loi n° 2011-18 du 08 Aout 2011 instituant un Médiateur de la République, modifiée et complétée par la loi n° 2013-30 du 17 juin 2013.

De par ce texte, le Médiateur de la République est une autorité administrative indépendante intervenant dans le règlement des litiges entre l'administration et les administrés de l'exécution de ses missions de service public qui consistent à : assurer la médiation institutionnelle pour réparer les torts commis aux citoyens et les réconcilier avec l'administration ; assurer la veille démocratique pour la construction d’un Etat de droit; défendre les droits des citoyens ; promouvoir la stabilité sociale et la paix; contribuer à la modernisation de l'Etat ; défendre les droits des enfants et des personnes vulnérables, et défendre le droit d’accès des citoyens à l’information publique.

Le Médiateur de la République peut s’autosaisir des situations dont il a connaissance et qui relèvent de sa compétence, chaque fois qu’il a des motifs raisonnables de croire qu’une personne ou un groupe de personnes a été, anormalement, lésé ou peut vraisemblablement l’être par acte ou omission d’un organisme public.

Abdoulaye Coulibaly TNT NigerMonsieur le président du Comité Technique National TNT, le Conseil des Ministres tenu vendredi dernier a entendu une Communication conjointe de Monsieur le Ministre de la Communication, M. Habi Mahamadou Salissou et de son homologue en charge de l’Economie Numérique, M. Sani Maigochi, sur le processus de basculement vers la TNT. Où en est-on aujourd’hui?

Merci. Disons que le processus a bien avancé, particulièrement ces derniers mois, et on tend vers son parachèvement. A cet égard, le dernier conseil des ministres a pris des mesures portant affectation de ressources du Fonds d’investissement pour le développement de la TNT.

Plus concrètement, par rapport au centre principal Multiplex de Niamey, sis au PK5, tous les équipements sont installés et sont opérationnels. Quant aux sites de l’intérieur du pays, ils sont également installés et quasiment tous fonctionnels.

En ce qui concerne la formation, volet important en matière de technologie de pointe, la première phase de la série de formations prévues sur ces nouveaux équipements sophistiqués, vient de s’achever et le personnel technique de l’ORTN ainsi formé est à présent outillé pour prendre en charge la gestion des équipements. Il convient de saluer la volonté et l’engagement du personnel formé à s’approprier cette nouvelle technologie. Le Comité technique pour le numérique encourage l’ORTN à poursuivre sur cette voie comme ce fut le cas avec l’analogique.

Moussa Younoussa FalmeyMonsieur le Maire, pouvez-vous nous présenter la commune rurale de Falmey?

La commune rurale de Falmey se situe dans la zone Sud-ouest de la région de Dosso. Elle couvre une superficie de 1.172 km2 avec une population de 79.632 habitants. Elle est limitée à l'Est par les communes de Djilladjé et Golé, à l'Ouest par la commune de Kirtachi et le parc du W, au Nord par les communes de Kankandi et de Fabirdji et au Sud par le Bénin.

Quels sont, Monsieur le Maire, les types d'infrastructures publiques dont dispose la commune rurale de Falmey?

Tout d'abord, dans le cadre de la maison du paysan, nous avons une radio communautaire, un magasin central de stockage des vivres, une boutique d’intrants, un magasin pour aliments pour     bétail. Nous disposons aussi d'une vingtaine de banques céréalières. En immobilier, nous avons le siège même de la mairie qui comporte tous les services qu'on doit trouver dans une mairie, nous avons un foyer féminin où les jeunes filles de notre commune apprennent entre autres la couture et le civisme. Nous avons aussi le Centre de Formation aux Métiers (CFM) et un Site Intégré de Formation Agricole (SIFA).

Monsieur le Maire, quelles sont les principales sources de revenus de votre commune?

Notre principale source de revenus reste avant tout la taxe municipale ou taxe de marché. Il y a les revenus qui nous viennent des services de l'environnement comme les taxes sur le bois, et les taxes prélevées sur les transporteurs. Nous sommes une commune rurale, donc nous sommes très limités en matière de sources de revenus.

Invité de l'Onep : Moustapha Kadi Oumani, auteur du livre « Itinéraire d’un combat» : « J’ai examiné et disséqué les rapports entre nos partenaires privés et nos ressources naturelles en appréhendant le niveau des difficultés que le Niger a injustement vécuM. Moustapha Kadi Oumani Figure marquante de la société civile nigérienne, Moustapha Kadi Oumani poursuit son combat, non pas en tant que leader de cette société civile, mais en tant qu’écrivain. Ainsi après « Un tabou brisé, l’esclavage en Afrique », il a publié « Itinéraire d’un combat », un livre de 592 pages paru chez L’harmattan. La cérémonie de dédicace de ce livre a eu lieu le 1er mars 2018 à la salle Margou de l’hôtel Gaweye et a réuni plusieurs acteurs de la société civile, des Chefs traditionnels, des écrivains et des hommes politiques dont le ministre de la Renaissance Culturelle, des Arts et de la Modernisation Sociale, Porte Parole du Gouvernement, M. Assoumana Mallam Issa, qui lui a fait l’insigne honneur de présider la cérémonie. Dans cette interview, il nous parle des sujets saillants de son nouveau livre.

Moustapha Kadi Oumani, vous êtes auteur d'un nouvel ouvrage intitulé « Itinéraire d'un combat », paru aux éditions L’Harmattan qui est actuellement dans les kiosques. Pouvez-vous nous le présenter?

Sous nos tropiques, l'histoire n'a de sens que si elle parle de la prospérité des populations. Le livre « Itinéraire d'un combat », vise à permettre au public de connaitre les dossiers brûlants en Afrique, particulièrement au Niger. Il part du constat que le meilleur moyen de défendre notre pays, est d’accroître son rayonnement en dotant ses fils du savoir à travers un livre écrit par un Nigérien. Les faits parlent d‘eux‐mêmes. En puisant dans notre expérience de trente ans d’acteur de la société civile, j’ai remonté dans le temps et dans l’espace pour rétablir quelques vérités. J’ai mis l’accent sur les faits historiques auxquels, j’ai personnellement pris part. Puis, j’ai tenté de dégager l’essence de certaines décisions politiques qui occupent quotidiennement l’esprit de nos compatriotes. De la même façon, j’ai dialogué avec les sages de ce pays pour appréhender les enjeux liés aux évènements majeurs qu’a connus la société nigérienne et comprendre son environnement immédiat. En raison de la sensibilité des sujets traités, nombreux sont les auteurs qui les auraient évités par crainte d’être violemment attaqués par certaines élites ou le risque que cela puisse leur coûter la vie. Un dicton nous enseigne, « quand tu as dans le cœur, suffisamment de chaleur, qu’importe les épreuves qui t’attendent à l’extérieur ». En ce sens, parmi les valeurs qui nous caractérisent et nous animent, il y a un sens aigu des responsabilités. Cependant, je ne saurai occulter l’idée selon laquelle le livre « Itinéraire d’un combat » serait une sorte de dénonciation et de protestation contre les abus flagrants des grandes puissances chez nous, contre quoi le livre nous incite à prendre conscience et à y mettre fin. De ce fait, j’ai donné toutes les informations en ma possession pour éclairer autant que possible les lecteurs avertis parmi lesquels, j’espère, le plus grand nombre de mes compatriotes. Selon le credo classique, « ce qui se pense bien s’énonce clairement ». Néanmoins, malgré que j’ai grandi dans une famille où l’on était invité à réfléchir en toute modestie sur les modes de vie, je n’ai jamais pensé que les abus d’un passé révolu pouvaient perdurer aussi longtemps. Tous ceux qui me connaissent savent que, très jeune, je me suis révolté contre les inégalités et les injustices au sein de ma propre famille à Illéla, où je me suis opposé à des pratiques esclavagistes en libérant tous nos « esclaves ». J’ai osé me lancer dans l’écriture de cet ouvrage pour qu’il dévoile dans une certaine mesure des faits concrets et inconnus du grand public. Je plaide pour un Niger politiquement et économiquement indépendant. Est-ce un amour fort pour ma patrie ? Oui, je le pense ! Le but fondamental de cette action vise à tirer la sonnette d’alarme et à montrer au lecteur que dans notre pays le destin de tout Chef d’Etat, est intrinsèquement lié à la volonté des vrais « maitres des lieux ». Combien de coups d’Etat ont été suscités du fait de la mésentente née des négociations uranifères entre l’acheteur et le vendeur ? Le livre « Itinéraire d’un combat » interpelle sur les grands défis auxquels nos dirigeants ont fait face et les énormes sacrifices qu’ils déploient face à la résistance des pays occidentaux. De toutes les façons, nos dirigeants sont conscients des enjeux qui les attendent dans le nouvel ancrage démocratique et autres chantiers de développement. Aujourd’hui, je me sens bien reposé, car j’ai le sentiment du devoir accompli. Dans la mesure où j’ai donné le déclic de nouveaux idéaux pour neutraliser ou limiter les dégâts qui sont causés par les courants profonds que l’on croyait appartenir au passé colonial et, qui, si on ne prend garde nous submergeront à nouveau, peut-être sous des formes plus subtiles ! Le lecteur découvrira avec plein d’inspiration que les Nigériens dont j’admire le courage, ont livré et livrent encore une farouche bataille contre les manigances de la puissance coloniale. Cependant, j’insiste sur un grand principe : ne jetons pas la pierre dans le jardin des autres, profitons de l’opportunité qui s’offre à nous pour construire un état souverain dans la dignité et avec foi en articulant respectueusement tout haut ce que hier tout le monde pensait tout bas.

S.E.M. Garba Agada, Consul Général du Niger au Soudan « Le pèlerinage par voie terrestre et les relations familiales ont renforcé et consolidé les relations entre le Niger et le Soudan »S.E.M. Garba Agada, Consul Général du Niger au Soudan Monsieur le Consul Général, présentez-nous ce poste consulaire que vous avez l’honneur de diriger ?

Merci de nous avoir donné l’occasion de parler succinctement  du Consulat Général du Niger au Soudan. La représentation du Niger au Soudan date de 1969. Nous sommes l’une des plus anciennes représentations des pays étrangers au Soudan. Outre les fonctions classiques d’une représentation à l’étranger à savoir,

0représenter, défendre, communiquer et promouvoir les relations économiques et culturelles entre le Soudan et le Niger, le Consulat Général  du Niger au Soudan a particulièrement géré le flux  migratoire   des Nigériens se rendant au Hadj, aux lieux saints  (Mecque et Médine) par voie terrestre. 

Il y avait eu des facilités à partir du Soudan pour obtenir le visa pour aller en Arabie Saoudite effectuer le pèlerinage. Aujourd’hui avec les bouleversements qu’a connus le monde, les lois saoudiennes exigent que tout ressortissant d’un pays étranger doit retourner dans son pays pour être pris en compte dans le quota des pèlerins déterminé pour son pays. Il y a quelques exceptions pour les diplomates en poste et certains détenteurs de passeport de service. 

Aujourd’hui, les activités liées au pèlerinage ont cessé au consulat et les agents qui les organisent  ont  abandonné. Mais il y’a des passeurs qui arnaquent les potentiels pèlerins en leur proposant  la traversée de la Mer Rouge par des petites embarcations à moteur avec tous les risques possibles.

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Le Soudan et le Niger entretiennent des relations liées à l’histoire et à la religion, combien de Nigériens on a  au Soudan? Et comment se comportent-ils ?

Le pèlerinage par voie terrestre et les relations familiales ont renforcé et consolidé les relations entre le Niger et le Soudan. Lorsque vous êtes à  Niamey et particulièrement au Ministère des Affaires Etrangères, on vous avance qu’il y a trois (03) millions de nigériens au soudan. On oublie que plus de 2.500.000 sont naturalisés soudanais. Par exemple, au tout dernier recensement en 2016 à l’occasion des élections présidentielles et législatives, nous avions enregistré 3.111 personnes. Pour trouver ces résultats, il a fallu une campagne intense de sensibilisation.

Image M. Yahouza Sadissou, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’InnovationDepuis bientôt quelques mois, la crise à l’Université Abdou Moumouni de Niamey a déteint sur les 7 autres Universités publiques et même les autres ordres d’enseignement: qu’en est-il vraiment ?

Les perturbations qui affectent les Universités Publiques du Niger (UPN) ne datent pas d’aujourd’hui. Elles sont aussi vieilles que la création des ces Institutions. L’agression de l’enseignant chercheur le 7 février 2018 par des membres de la Commission des Affaires Sociales et de l’Ordre (CASO) n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Avant cet incident, le gouvernement s’est efforcé de créer les conditions d’accalmie dans toutes les institutions d’enseignement supérieur afin que les activités académiques se déroulent dans de bonnes conditions. C’est du reste la mission à nous confiée par le Président de la République le 18 avril 2017 quand il nous a porté à la tête du Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche et de l’innovation (MES/R/I).

Malheureusement, depuis le 7 février, le climat s’est détérioré. C’était d’abord un problème qui opposait les étudiants à leurs enseignants. En ma qualité de Ministre en charge de l’Enseignement Supérieur, j’ai déployé tous les efforts pour rapprocher les deux parties. Hélas, tous les efforts sont restés vains. De l’Université Abdou Moumouni (UAM), le problème s’est propagé dans les autres Universités, les écoles du secondaire et de la formation professionnelle et technique qui ont répondu au mot d’ordre de grève illimitée de l’Union des Scolaires Nigériens (USN).

Invité de l'Onep / M. Hamani Kondi, préfet du département de Falmey : Les défis sont «le lotissement des gros centres et la dotation des services de l'Etat en espace»Monsieur le préfet, veuillez nous présenter le département de Falmey

Le département de Falmey est créé par la loi 2011-22 du 8 Août 2011 érigeant les anciens postes administratifs en départements et fixant le nom de leurs chefs-lieux. Poste administratif de 1962 à Août 2011et rattaché à Boboye, l'actuel département de Falmey compte deux (2) communes rurales (Falmey et Guilladjé) pour une population de 103.271 habitants selon les résultats définitifs du 4ème recensement général de la population et de l'habitat réalisé en 2012. Cette population est repartie dans 71 villages administratifs. Il est situé à 100 km du chef-lieu de la région de Dosso et à 155 Km de Niamey et couvre une superficie de 2.072 Km2 dont 1.172 Km2 pour la commune de Falmey et 900 Km2 pour la commune de Guilladjé. Il est limité au sud par le Bénin, au Nord par le Boboye, à l'est par le département de Dosso et à l'ouest par le Département de Kollo et celui de Say (Parc de W).

Pour l'appui et l'encadrement de ces populations, le département dispose des directions suivantes : la direction du Plan, AT/DC, la direction de l'Agriculture, la direction de l'Elevage, la direction de l'Environnement/SU/DD, la direction de l'Hydraulique et Assainissement, la direction du Génie Rural, la direction départementale de l'enseignement primaire, la direction de la Promotion de la femme et de la Protection de l'Enfant, le district sanitaire départemental, la direction de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant ainsi que l’Inspection départementale de l'enseignement primaire.

Idi Ango OmarM. Idi Ango Omar, président de l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OEDD)Monsieur le Président, l’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable est une jeune ONG dans le paysage des associations au Niger. Pouvez-vous nous présenter cette organisation ?

L’Organisation pour l’Environnement et le Développement Durable (OEDD), est une association de développement à caractère apolitique, non confessionnel, non discriminatoire, et à but non lucratif. Elle a pour but d’organiser la participation des populations et soutenir leur effort dans la mise en œuvre des politiques publiques relatives à la saine gestion des ressources naturelles, au renforcement de la résilience des populations face au changement climatique, à l’amélioration du cadre de vie en milieu urbain et rural et à la mise en valeur de l’environnement pour la lutte contre la pauvreté et le développement durable. Nous avons obtenu l’agrément d’exercer le 10 Juillet 2017.

Il y a beaucoup d’ONG qui œuvrent dans le domaine de l’environnement au Niger. Quelles sont les raisons fondamentales qui vous ont amené à créer l’OEDD ?

Nous avons souhaité mettre en place une organisation de la société civile qui pourra à travers ses capacités de réflexion mais aussi et surtout grâce à sa volonté d’actions, apporter des réponses concrètes aux défis qui interpellent notre pays. Nous disposons en effet de compétences de tous les niveaux dans divers domaines et un réseau de partenariat au niveau national et international. Ce qui importe le plus pour nous c’est de réaliser des actions concrètes qui protègent l’environnement, qui valorisent les ressources naturelles et qui aident les populations à tirer le meilleur profit de leur environnement, en termes de biens et de services, en termes de revenus que peuvent engendrer les produits ou sous-produits issus de leur milieu naturel.

qcqcM. Mahaman Mansour Hadj Daddo, ministre Conseiller Spécial à la Présidence de la République, Président du Comité Zinder SabouaMonsieur le président, ce sera au tour de la ville de Zinder d’accueillir cette année la fête tournante du 18 décembre. Le programme de Zinder Saboua a été officiellement lancé par le Premier ministre. Que prévoit exactement ce programme en termes de réalisations pour la capitale du Damagaram?

Je vous remercie de l’occasion que vous m’offrez pour parler de la mise en œuvre du Programme Zinder Saboua. Je voudrais aussi remercier son excellence Monsieur le Premier Ministre, chef du Gouvernement, qui a bien voulu procéder au lancement officiel du Programme. Mes remerciements vont également à la population de Zinder pour sa très forte mobilisation à l’occasion du déplacement de son excellence Monsieur le Premier Ministre, chef du Gouvernement.

Pour revenir à votre question, il faut préciser que le comité interministériel d’orientation des Programmes de modernisation des villes qui est présidé par Monsieur le Premier Ministre, chef du Gouvernement, a arrêté les réalisations qui seront faites à Zinder cette année, car comme vous le savez, ce Programme a une durée de vie de trois (3) ans.

Cette année, il est prévu de réaliser 25 km de voirie urbaine, réhabiliter la piste et l’aérogare de l’aéroport, et construire un nouveau salon présidentiel. ce qui contribuera à la mise aux normes internationales de cet aéroport.

Il est également prévu la réhabilitation du stade régional, de la maison de la culture, des palais du sultan du Damagaram et des chefs de groupements peulh et touareg, la construction de la tribune officielle et de la case de passage présidentielle et des villas ViP pour accueillir nos hôtes, la pose de plusieurs km de pavés.

Il est aussi important de noter la construction de 20 km de voies goudronnées, qui seront en fait des voies de contournement destinées aux gros porteurs. l’avantage, c’est que cela va permettre de fluidifier davantage la circulation mais surtout d’éviter que les gros porteurs en partance ou en provenance de la SORAZ, par exemple, traversent la ville de Zinder. cela va se ressentir fortement sur la circulation et la sécurité routières à Zinder.

M. Jérôme Trapsida Oumarou, Directeur Général de l’Agence Nationale de Propriété Intellectuelle (AN2PI)Monsieur le Directeur Général, notre pays s’est doté d’un instrument très important, l’Agence Nationale de la Propriété Industrielle et de la Promotion de l’Innovation (AN2PI) que vous dirigez, pouvez-vous présenter brièvement à nos lecteurs cette Agence ? L’Agence Nationale de la Propriété Industrielle et de la Promotion de l’Innovation (AN2PI) est un Etablissement Public à caractère Professionnel, créé par la loi N° 2012-25 du 02 mai 2012. Elle est née de la volonté des autorités de promouvoir la protection de la propriété industrielle et d’encourager l’innovation technologique à travers le système des brevets ou tout simplement l’exploitation de la documentation brevets.

La particularité de l’AN2PI est qu’elle est une structure hybride car elle est en même temps le relais national de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI). Elle est placée sous la tutelle technique du ministère en charge de l’Industrie. Administrée par un conseil d’administration, elle est dirigée par un directeur général. Au niveau opérationnel, elle dispose d’une unité chargée de la protection des créations techniques (brevets d’invention...), d’une unité chargée de la protection des créations commerciales (marques, noms commerciaux, dessins et modèles...) et d’un centre de documentation en propriété intellectuelle.

Quelles sont les principales missions de l’AN2PI en général et du centre de documentation en propriété intellectuelle ?
Ses missions, telles que déclinées dans la loi 2012-25 du 02 mai 2012 sont : de promouvoir et gérer les activités nationales en matière de propriété industrielle et de promotion de l’innovation en liaison avec toutes les institutions œuvrant dans le domaine ; promouvoir la protection et l’utilisation de la propriété industrielle au Niger ; promouvoir les activités en matière d’innovation et de développement technologique ; lutter contre la contrefaçon et coordonner l’action des différentes administrations chargées de la lutte contre la contrefaçon ; établir et développer la coopération avec les institutions sous-régionales, régionales et internationales intervenant dans le domaine de la propriété industrielle et de la promotion de l’innovation, assurer le relais national de l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle.

Pour le centre de documentation en propriété intellectuelle, sa mission principale est de diffuser vers les unités de recherche, les universités, les innovateurs nationaux, les unités industrielles, les établissements de formation technique, les informations techniques contenues dans les documents de brevets. Il est composé d’une documentation papier et d’une documentation digitale.

Hama Amadou Interview VoxAfricaEntretien avec Hama AMADOU, trois fois Premier-ministre du Niger et une fois Président de l'Assemblée nationale. Prochaine étape... la Présidence de la République ? En attendant, il fait une escale de 52 minutes sur le plateau de la télévision panafricaine VoxAfrica. Une interview sans langue de bois.


 


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 Invité de la chaîne Voxafrica : M. Hama Amadou, Président du MODEN / FA LUMANA AFRICA (Vidéo)

03 février 2018
Source : https://www.youtube.com/watch?v=e0Rwgm2GxeA&feature=youtu.be

M. Adamou Garba, Président de la Fédération des Verts d’Afrique (FeVA)M. Adamou Garba, Président de la Fédération des Verts d’Afrique (FeVA)Monsieur Adamou Garba vient d’être élu Président de la Fédération des Verts d’Afrique (FeVA) le 12 juin dernier à l’issue de son 4 ème congrès qui s’est tenu à Ouagadougou (Burkina Faso). Dans une interview qu’il a accordée à Nigerdiaspora, il est revenu sur le processus électoral, les innovations qu’il compte apporter durant son mandat pour faire de cette institution un véritable cadre démocratique d’expression et de concertation entre les acteurs. Singulièrement, il a parlé de la situation qui prévaut à Gaya entre les agriculteurs et les éleveurs, du combat qu’il mène contre l’accaparement des terres, la protection de l’environnement et bien d’autres questions. Cet homme de cœur et courageux qui s’est déjà aisément familiarisé avec les réalités contrastées de son domaine de prédilection. Cette nouvelle fonction, il entend l’assumer avec beaucoup d’abnégation mue par une ambition principale de donner une nouvelle dynamique et une visibilité à la fédération. Avec un parcours atypique professionnel, son humilité et son sens de travail sans relâche, M. Adamou Garba se dit tout à fait prêt à relever le défi.

Monsieur le Président, vous avez été élu Président de la Fédération des Verts d’Afrique (FeVA) le 12 juin passé à Ouagadougou à l’issue du 4ème congrès de votre fédération continentale. Comment abordez-vous ces nouvelles responsabilités ?
AG: Je voudrais, tout d’abord, remercier mes collègues qui m’on fait confiance pour me confier une telle charge. Ensuite, je tiens à remercier l’équipe sortante dirigée par Dr Frank HABINEZA pour son travail et pour l’héritage qu’elle nous laisse. D’entrer de jeu, je tiens à souligner qu’au delà de mon élection, c’est une équipe qui a été choisie à l’issue de ce 4ème congrès pour conduire les affaires de la fédération. Par conséquent, nous avons tous une responsabilité commune dans la réussite ou face à l’échec au bout de notre mandat de 4 ans. Je suis conscient de l’ampleur du travail qui nous attend et des défis à relever étant donné que nous sommes sur un continent qui souffre le plus des effets négatifs des réchauffements climatiques et de toutes les formes réelles de dégradation de l’environnement. Je suis confiant, parce que je connais la détermination et l’engagement personnel de tous les membres de notre équipe.

Monsieur le Maire pouvez-vous nous présenter la commune rurale de Tirmini et nous faire un peu son historique ?

La commune rurale de Tirmini est située dans la partie Est du département de Takieta. Sa superficie est estimée à environ 2000 km² et avoisine celle du département de Kantché tout entier, à titre illustratif. Elle est limitée à l’Est par le IVème arrondissement de la Ville de Zinder et de la commune de Dakoussa, à l’Ouest par les communes de Garagoumsa et Ouarafane (Tessaoua), au Sud par les communes de Droum (Mirriah) et Icihrnawa (Kantché) et enfin au Nord par les communes de Gangara, Falenko et Olléléwa.

Le village de Tirmini, chef-lieu de la Commune sis à l’Ouest de la Ville de Zinder à 21 km sur la RN1 est situé entre 8°39’ et 38 de longitude Est 13°46’’ et 59’’ de latitude Nord. Son relief est marqué par un affleurement du socle granitique dans la partie sud et un plateau parsemé de dunes de sables et de buttes du continental Hamadien au centre.

La population de la commune est estimée à environ 161 000  habitants selon les projections de l’INS (2021). Sur le plan éducatif, la commune rurale compte 118 écoles primaires à la rentrée 2021-2022. A la même date, le nombre des établissements secondaires est de 7 dont un CES à Tirmini.   

Du point de vue socioéconomique, les réalités sud-nord se distinguent parfaitement par les activités exercées par la population et leur mode de vie. Les habitants vivant au nord mènent une vie typiquement rurale et ne se distinguent pas de ce point de vue à la vie que mène la population du Damergou et celle du sud, proches de Zinder mène une vie à l’image de la Ville.

L’histoire de Tirmini ne se distingue pas nettement de celle de Damagaram décrite par Pr ANDRE SALIFOU. La famille royale serait issue de sultanat de Zinder et y réside depuis avant l’indépendance du Niger. Une des grandes guerres contre la pénétration coloniale avait eu lieu à Tirmini, d’où le nom que porte la commune dont l’origine vient du verbe « terminer » en français. Récemment l’histoire de Tirmini aurait dû prendre un autre tournant décisif suite à la découverte, par un chercheur archéologue, de  ce qu’il considère comme « pyramide ». Il y avait des tentatives de recherches scientifiques dans ce sens, jusqu’à la cessation des activités, les hypothèses sont affirmatives. La découverte des squelettes d’hommes de longueur mesurant des mètres et bien d’autres objets constitueraient des prémices à la justification de l’hypothèse avancée par le chercheur. Quant à l’espace communal, son peuplement est, bien sûr, dû à la migration de la population qui serait venue de tout bord dont celle d’origine kanourie est majoritaire. L’influence du commerce a aussi favorisé le déplacement d’autres ethnies sur l’espace dont notamment les haoussas et les Touaregs. Mais il existe aussi une forte présence des peulhs dissimulés partout sur le territoire communal avec leur organisation traditionnelle et culturelle.

Quelles sont, M. le maire, les principales activités économiques de la population de Tirmini ?

Les principales activités de la population de la commune rurale de Tirmini sont l’agriculture, l’élevage, le commerce et l’artisanat. L’agriculture occupe la majorité de la population active. Elle est pratiquée non seulement sous pluie, mais aussi en irrigation. En ce qui concerne cette dernière, la commune rurale de Tirmini dispose des potentialités inestimables dans certaines localités comme Tiss, Maijirga Agali, Baboul, Foura Guirké où les points d’eau pourraient permettre un maraichage conséquent pouvant rehausser le niveau de vie de la population. Dans ce sens, si les partenaires peuvent appuyer, j’estime que les résultats seraient appréciables et pourraient réduire les vulnérabilités de la population. En ce qui concerne l’agriculture traditionnelle, elle est pratiquée sur l’ensemble de la commune et se heurte aux problèmes habituels liés à sa pratique (raréfaction de pluies, moyens traditionnels, l’amenuisement des terres …). La pression démographique a de plus en plus un impact sur la production de cette dernière. La population augmente et les terres diminuent en conséquence. Ce problème crée actuellement un tâtonnement dans la mise en œuvre des stratégies de survie par la population de la commune. La population se contente, comme moyen de survie, de l’exode rotatif et de la mendicité féminine qui se développe de plus en plus vers les centres urbains proches (Zinder et dans les centres urbains secondaires). Selon une étude menée par l’ONG ACMEF en collaboration avec le Conseil régional en 2020, beaucoup de femmes qui se trouvent dans les rues de la Ville de Zinder sont originaires de la commune de Tirmini compte tenu de la proximité entre les deux localités et certaines raisons,  qu’il est difficile de relater ici.

En ce qui concerne l’élevage, malgré les défis auxquels il est confronté, il est en train de bénéficier d’un regain de la population. Je crois beaucoup, en tant qu’autorité, à la façon dont la population maitrise et s’intéresse à l’élevage. Mieux, le programme du président de la République pour la redynamisation de l’élevage à travers la vente à prix modéré d’aliments bétail cette année à suscité davantage un grand engouement autour de la pratique de l’élevage dans la commune rurale de Tirmini. Puisqu’il est difficile de résoudre l’éternel problème de l’agriculture, je fonde beaucoup l’espoir sur la pratique de l’élevage surtout si les partenaires s’y impliquent. Dans ce sens, la commune rurale de Tirmini a déjà signé des engagements avec certains partenaires pour le développement de cette filière. Nous profitons également de cette occasion pour lancer un vibrant appel à toutes les bonnes volontés qui veulent nous appuyer dans ce domaine. 

Le commerce et l’artisanat vont de pairs, en pratique, dans la commune rurale de Tirmini. Le commerce exercé dans la commune rurale de Tirmini se résume essentiellement à la satisfaction des besoins primaires même si des cas isolés se distinguent çà et là dans la commune. Nous avons à cet effet une dizaine des marchés (petits et moyens) où les habitants exercent leurs activités. Il existe comme partout ailleurs ceux qui pratiquent le commerce à domicile et dans les boutiques dans nos différents villages de la commune. D’autre part, certains villages se distinguent dans la pratiquent de l’artisanat, c’est l’exemple de Kalgo-Tiss où la population est connue par son génie créateur en fabrication des chaussures, des ceintures, des cartables et d’autres objets y afférents en peaux. Le village de Gariga lui se spécialise en fabrication des canaris en pot.

On constate aussi que la population majoritairement jeune s’intéresse de plus en plus au domaine du transport. Les jeunes de la commune s’activent aussi dans le domaine de transport inter-villages à l’aide des tricycles. Ils connectent nos villages à la ville de Zinder surtout ceux situés non loin de la route RN1.

Comment se portent les indicateurs sociaux de base de votre commune ?

Comme je vous l’avais dit, la commune rurale de Tirmini est l’une des plus grandes communes de la région de Zinder, sinon du Niger j’allais dire. De ce fait il serait difficile de maitriser les indicateurs sociaux. Ils se portent probablement dans les mêmes conditions que ceux de la région. Nous avons un espace vaste sur lequel 118 écoles sont créées, les unes distantes des autres. Le terrain d’accès est difficile car sablonneux. Donc pour vous dire que les indicateurs relatifs à l’éducation méritent véritablement d’être améliorés. Selon les évaluations académiques de fin d’année en fin 2021, la commune a été classée dernière du département. Des efforts ont été fournis par la commune, sur fonds propres, en construisant des classes, en redynamisant les structures éducatives et en dotant tous secteurs pédagogiques (ils sont au nombre de quatre) en moyens roulants. Nous avons également au début de l’année acheté des fournitures scolaires (ce qui est rare pour les communes), mais je sais que les défis restent encore énormes. C’est pourquoi, nous avons véritablement besoin d’un soutien dans ce sens pour améliorer les indicateurs y afférents.

Dans le domaine de l’hydraulique, l’Etat a fourni beaucoup d’efforts en dotant la commune d’une dizaine de systèmes hydrauliques (mini AEP, postes d’eau…). Le besoin étant important, nous avons, depuis l’année passée, engagé la réhabilitation des forages et des puits cimentés dans la commune. Nous avons à la date d’aujourd’hui soit modernisé ou réhabilité une vingtaine d’ouvrages cités. Il est vrai qu’il est difficile pour une commune de satisfaire un peu plus de 160 000 habitants, mais les indicateurs dans ce sens sont nettement améliorés comparativement aux besoins passés. Mais cela ne signifie pas que le problème est résolu, le besoin reste actuellement grandissant. Le problème en eau potable reste et demeure en tête des demandes de la population. Je constate partout où je passe les femmes et les enfants dans la corvée de recherche d’eau dans un mécanisme purement traditionnel.

Dans le domaine de la santé, nous disposerons d’une vingtaine de cases de santé et six centres de santé intégrés (CSI). La couverture sanitaire est assez bonne me semble-t-il.  Je le dis ainsi puisque je reçois moins de demandes dans ce sens. Ces centres de santé sont relayés par deux ambulances qui assurent les évacuations en cas de nécessité, l’une placée à l’extrême nord à Ingnéloua, et l’autre au sud à Tirmini. Nous venons de finaliser la maintenance de ces véhicules. Nous avons également construit, sur fonds propre, un centre de santé à Effadalan où nous avons constaté une forte concentration de la population et le terrain très sablonneux ne permet pas l’accès facile vers les centres de santé. Le recrutement des agents sera lancé très bientôt pour rendre ce centre opérationnel. Cependant, l’une des plus grandes préoccupations pour améliorer les indicateurs relatifs à la question sanitaire est la fréquentation de ces centres. A cette problématique viennent s’ajouter un taux de malnutrition relativement élevé (ce qui a conduit d’ailleurs le ministère de la santé à diligenter une étude dans le département dont les résultats sont disponibles et que des dispositifs, en lien avec les communes, sont en train d’être mis sur pied) et la mauvaise fréquentation des femmes pour les consultations post et prénatales sont au centre des préoccupations. C’est pourquoi, nous encourageons une fois de plus la transformation des cases de santé en des centres de santé intégrés.

Voilà en quelques mots l’état de quelques indicateurs sociaux de la commune que vous pouvez cerner de façon qualitative. Mais à travers le programme du président de la République son excellence Mohamed BAZOUM, certains indicateurs connaitront une avancée significative, j’ai parfaitement confiance. Et nous au niveau des collectivités, nous sommes en train de nous rallier dans la droite ligne du programme du gouvernement pour qu’on puisse ensemble relever le défi. 

Par le passé (2004- 2005), la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire, comment se porte la situation aujourd’hui ? 

Oui justement par le passé notamment en 2004 et 2005, la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire comme d’autres communes du Niger. Mais depuis lors  le gouvernement a pris des mesures qui consistent à casser le prix des céréales sur le marché suivi par la distribution gratuite aux familles vulnérables. Pour accompagner ces mesures nous avons voté au cours d’une de nos sessions la réhabilitation de certains magasins villageois. En plus de la vente à prix modéré, la commune rurale de Tirmini a également contribué dans ce sens. Mais malgré tout, compte tenu des aléas climatiques, nous enregistrons chaque année un certain nombre de villages vulnérables. Pour l’année 2021, la cellule crise alimentaire a validé 39 villages. Les ménages vulnérables de ces villages ont bien reçu des semences de la part de l’Etat et la vente à prix modéré continue dans ces mêmes villages. Cependant, même si les productions agricoles arrivent à terme sans problème, elles sont  insuffisantes car l’évolution des terres et de la démographie sont en déphasage. Il faut absolument, j’espère bien, penser à une alternative qui va permettre à combler ce déficit. Je crois que c’est dans ce sens que le gouvernement est en train d’implémenter la culture du riz dans la région de Zinder. La prise de contact avec les acteurs concernés à déjà commencé.

Quelles sont les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini ?

Les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini sont énormes. L’une des potentialités de la commune est sa richesse plus ou moins importante en cours d’eau de surface dans certaines localités comme Tiss, Angoual Gogé, Baboul, Maguirami, Foura Guirké. Dans ces zones, la population pratique le maraichage de façon traditionnelle même si d’autres sont encore réticents et les terrains restent inexploités, ce qui mérite véritablement une sensibilisation et un accompagnement. Un autre avantage de la commune rurale de Tirmini est sa position par rapport à la ville de Zinder. Je veux dire l’histoire du village qui rime avec celle de Damagram mérite d’être immortalisée. En fait je rêve de la construction d’un patrimoine monumental qui retrace l’histoire de Damagaram. Je pense que ce site touristique ajouté à ce qui est considéré comme « pyramide » pourrait bien faire de Tirmini une vraie entrée de Zinder en beauté. Nous sommes en train de réfléchir, si les moyens nous permettent, comment concrétiser cette idée.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans la gestion de cette commune ?

Les principales difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont celles relatives à la compréhension même des principes de la décentralisation. Les acteurs avec lesquels nous travaillons au niveau local ignorent les textes régissant la bonne marche des collectivités. Ils pensent que tout est possible n’importe comment et n’importe quand. J’essaie de faire de mon mieux pour que les textes soient respectés et que les choses se passent règlementairement, mais je ne suis pas, le plus souvent, compris. Cela me prend beaucoup du temps d’explications pour que les gens essaient de faire un semblant de compréhension. Je constate que les normes officielles et les normes  pratiques sont en désaccord total dans la gestion de la commune. Souvent cette situation nous met en conflit latent souvent même ouvert avec les acteurs y compris les autorités traditionnelles. Il existe dans les représentations sociales de la population des préjugés souvent nourris par certains hommes politiques à des desseins y afférents. Une autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans la gestion de notre commune est celle de répondre à certaines questions relatives aux critères de sélection des villages vulnérables. Les gens ne se fient pas à l’expertise des agents techniques, ils pensent que le choix est opéré par le maire surtout qu’il est difficile pour un paysan de faire le distinguo entre les concepts vulnérabilité et pauvreté. Aussi, compte tenu des moyens modestes des collectivités, il est quasiment impossible de répondre à toutes les sollicitations de la population. Pourtant, les problèmes sont réels.

La plupart des communes du Niger vivent un problème un problème d’incivisme fiscal, comment se présente la situation à Tirmini ?

Dieu merci dit-on. Dans ce sens nous avons un chef traditionnel dynamique dans la mobilisation. Vous l’avez dit que la majorité des communes ont ce problème, mais la situation me semble mitigée à Tirmini. Si je compare le taux des autres communes de la région à la mienne, je peux sans risque de me tromper dire que la situation chez nous est acceptable. J’ai dirigé la collecte pour l’année 2022, j’estime que le taux de payement avoisine 60%, ce qui est à mon sens encourageant. La population commence à comprendre mais des stratégies sont intensivement utilisées.    

Quelle est l’évolution du taux de recouvrement fiscal à Tirmini ?

En tout cas j’ai constaté que le taux de recouvrement évolue quand même. Si je compare le résultat de l’année 2022, il est plus performant que celui de 2021. La situation me semble similaire pour les années antérieures. Cependant, beaucoup reste à faire dans la sensibilisation des acteurs car il existe toujours des nouveaux qui cherchent à déjouer la bonne marche du processus. Nous sommes gênés à faire pression sur les citoyens, mais souvent elle s’impose.

tés, nous sommes en train de nous rallier dans la droite ligne du programme du gouvernement pour qu’on puisse ensemble relever le défi.

Par le passé (2004- 2005), la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire, comment se porte la situation aujourd’hui ? 

Oui justement par le passé notamment en 2004 et 2005, la commune de Tirmini a connu une crise alimentaire comme d’autres communes du Niger. Mais depuis lors  le gouvernement a pris des mesures qui consistent à casser le prix des céréales sur le marché suivi par la distribution gratuite aux familles vulnérables. Pour accompagner ces mesures nous avons voté au cours d’une de nos sessions la réhabilitation de certains magasins villageois. En plus de la vente à prix modéré, la commune rurale de Tirmini a également contribué dans ce sens. Mais malgré tout, compte tenu des aléas climatiques, nous enregistrons chaque année un certain nombre de villages vulnérables. Pour l’année 2021, la cellule crise alimentaire a validé 39 villages. Les ménages vulnérables de ces villages ont bien reçu des semences de la part de l’Etat et la vente à prix modéré continue dans ces mêmes villages. Cependant, même si les productions agricoles arrivent à terme sans problème, elles sont  insuffisantes car l’évolution des terres et de la démographie sont en déphasage. Il faut absolument, j’espère bien, penser à une alternative qui va permettre à combler ce déficit. Je crois que c’est dans ce sens que le gouvernement est en train d’implémenter la culture du riz dans la région de Zinder. La prise de contact avec les acteurs concernés à déjà commencé. 

Quelles sont les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini ?

Les potentialités dont regorge la commune rurale de Tirmini sont énormes. L’une des potentialités de la commune est sa richesse plus ou moins importante en cours d’eau de surface dans certaines localités comme Tiss, Angoual Gogé, Baboul, Maguirami, Foura Guirké. Dans ces zones, la population pratique le maraichage de façon traditionnelle même si d’autres sont encore réticents et les terrains restent inexploités, ce qui mérite véritablement une sensibilisation et un accompagnement. Un autre avantage de la commune rurale de Tirmini est sa position par rapport à la ville de Zinder. Je veux dire l’histoire du village qui rime avec celle de Damagram mérite d’être immortalisée. En fait je rêve de la construction d’un patrimoine monumental qui retrace l’histoire de Damagaram. Je pense que ce site touristique ajouté à ce qui est considéré comme « pyramide » pourrait bien faire de Tirmini une vraie entrée de Zinder en beauté. Nous sommes en train de réfléchir, si les moyens nous permettent, comment concrétiser cette idée.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontées dans la gestion de cette commune ?

Les principales difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont celles relatives à la compréhension même des principes de la décentralisation. Les acteurs avec lesquels nous travaillons au niveau local ignorent les textes régissant la bonne marche des collectivités. Ils pensent que tout est possible n’importe comment et n’importe quand. J’essaie de faire de mon mieux pour que les textes soient respectés et que les choses se passent règlementairement, mais je ne suis pas, le plus souvent, compris. Cela me prend beaucoup du temps d’explications pour que les gens essaient de faire un semblant de compréhension. Je constate que les normes officielles et les normes  pratiques sont en désaccord total dans la gestion de la commune. Souvent cette situation nous met en conflit latent souvent même ouvert avec les acteurs y compris les autorités traditionnelles. Il existe dans les représentations sociales de la population des préjugés souvent nourris par certains hommes politiques à des desseins y afférents. Une autre difficulté à laquelle nous sommes confrontés dans la gestion de notre commune est celle de répondre à certaines questions relatives aux critères de sélection des villages vulnérables. Les gens ne se fient pas à l’expertise des agents techniques, ils pensent que le choix est opéré par le maire surtout qu’il est difficile pour un paysan de faire le distinguo entre les concepts vulnérabilité et pauvreté. Aussi, compte tenu des moyens modestes des collectivités, il est quasiment impossible de répondre à toutes les sollicitations de la population. Pourtant, les problèmes sont réels.

La plupart des communes du Niger vivent un problème un problème d’incivisme fiscal, comment se présente la situation à Tirmini ?

Dieu merci dit-on. Dans ce sens nous avons un chef traditionnel dynamique dans la mobilisation. Vous l’avez dit que la majorité des communes ont ce problème, mais la situation me semble mitigée à Tirmini. Si je compare le taux des autres communes de la région à la mienne, je peux sans risque de me tromper dire que la situation chez nous est acceptable. J’ai dirigé la collecte pour l’année 2022, j’estime que le taux de payement avoisine 60%, ce qui est à mon sens encourageant. La population commence à comprendre mais des stratégies sont intensivement utilisées.    

Quelle est l’évolution du taux de recouvrement fiscal à Tirmini ?

En tout cas j’ai constaté que le taux de recouvrement évolue quand même. Si je compare le résultat de l’année 2022, il est plus performant que celui de 2021. La situation me semble similaire pour les années antérieures. Cependant, beaucoup reste à faire dans la sensibilisation des acteurs car il existe toujours des nouveaux qui cherchent à déjouer la bonne marche du processus. Nous sommes gênés à faire pression sur les citoyens, mais souvent elle s’impose.

Par  Oumar Issoufou

Issifi Boureima, Coordonnateur du Cadre Transitoire Opérationnel de la Commission Climat pour la Région du Sahel : « La Commission Climat pour la Région du Sahel s’est dotée d’un Plan d’Investissement Climat (PIC-RS 2018-2030) d’un coût global d’environ 4

M. le Coordonnateur, en 2016, une commission Climat pour la région du Sahel a été créée et sa présidence a été confiée au Président de la République du Niger :  veuillez nous  faire la genèse de la création de cette commission ?

Le Sommet des Chefs d’État et de Gouvernement Africains dit « Sommet Africain de l’Action en faveur d’une Co-émergence continentale » tenu à Marrakech au Maroc en marge de la 22ème Conférence des Parties (COP22) à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) en novembre 2016, à l’Initiative de Sa Majesté le Roi du Maroc, a été sanctionné par une Déclaration dite de Marrakech. Il a décidé entre autres la création de trois Commissions climat, une pour la Région du Sahel, présidée par la République du Niger, une  pour le Bassin du Congo, présidée par la République du Congo, et enfin la 3ème  pour la Région des Etats insulaires, présidée par la République des Seychelles. Cette Déclaration de Marrakech a été endossée par la vingt-huitième Session de l’Assemblée de l’Union Africaine (UA), tenue du 30 au 31 janvier 2017 à Addis-Abeba, conférant ainsi la base juridique et la légitimité continentale, nécessaires à la création effective des trois (3) commissions climat de l’Afrique. De même, cette Assemblée de l’UA a souligné l’importance d’assurer une coordination, et une coopération pleine et entière avec la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement (CMAE) et le Comité des Chefs d’Etat et de Gouvernement Africains sur les Changements Climatiques (CAHOSCC) afin de consolider la position commune du Continent tant dans la sphère multilatérale que dans la mise en œuvre des décisions y afférentes. Cette décision de l’UA constitue ainsi le mécanisme concret de la mise  en œuvre de l’Accord de Paris en Afrique en général.

Quelles sont les missions assignées à la CCRS ?

A travers cette initiative phare de création de ses trois (3) commissions, les dirigeants africains avaient voulu exprimer leur volonté de définir ensemble un mécanisme concret devant faciliter une meilleure mise en œuvre de l’Accord de Paris en Afrique et cela dans le but d’apporter des réponses durables aux effets des changements climatiques sur le continent. Placée sous la présidence de la République du Niger, la Commission de la Région du Sahel (CCRS) est ainsi chargée de la coordination et du suivi des initiatives prioritaires dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques et du développement durable dans cet espace, et de la mobilisation des partenaires bilatéraux et multilatéraux aux fins de recueillir les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des initiatives identifiées. La CCRS regroupe dix-sept (17) pays du Sahel tels que définis dans le rapport diagnostic sur l’état du climat au Sahel, élaboré dans la perspective de l’élaboration du Plan d’investissements Climat. Ce sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie, la Gambie, la Guinée, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, le Soudan, le Tchad.

Qu’est-ce qui justifie selon vous le choix du Président Issoufou pour diriger la CCRS ?

Ce choix n’est pas du tout le fruit du hasard, il est le résultat de la volonté politique affichée et du leadership de SEM. ISSOUFOU MAHAMADOU sur certains défis et valeurs depuis son accession au pouvoir, parmi lesquels la bonne gouvernance, le respect de la dignité humaine, une vision de l’Afrique unie et la lutte contre les effets néfastes du changement climatique.

Sa vision « sécheresse ne doit plus être synonyme de famine » a conduit à la mise en œuvre de l’initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens). Cet important investissement dans le secteur agrosylvopastoral a été conçu et mis en œuvre afin de sortir le Niger des conséquences désastreuses des aléas climatiques. L’initiative 3N a fait ses preuves au Niger. Et fait école aujourd’hui dans la sous-région. Ce qui conduit la FAO à en faire un exemple dans ses interventions. Tout cela, en plus de la position géographique stratégique du Niger, a concouru à la désignation de SEM ISSOUFOU MAHAMADOU par ses pairs à la Présidence de la CCRS.

Notre  pays assure la présidence de la commission, où en est le processus d’opérationnalisation de la CCRS ?

Il faut déjà noter que la Présidence de la CCRS confiée au Niger est une présidence permanente qui constitue de ce fait un des héritages stratégiques que lègue le Président Issoufou Mahamadou à la postérité.

Concernant l’opérationnalisation de la CCRS, elle a été enclenchée dès le mois de Janvier 2017, sous l’impulsion de SEM ISSOUFOU MAHAMADOU, Président de la République du Niger, Président de la Commission.

Depuis lors, plusieurs résultats ont été obtenus dont la mise en place du Groupe de Travail Conjoint (GTC) des experts des pays membres de la Commission, l’élaboration et la validation du rapport diagnostic sur les changements climatiques au Sahel, la mise en place de l’instance ministérielle de la Commission. Aussi, le cadre de son opérationnalisation, la CCRS, s’est dotée d’un Plan d’Investissement Climat (PIC-RS 2018-2030), d’un coût global d’environ 440 milliards de dollars avec pour objectif de contribuer à l’effort planétaire d’atténuation des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) et d’accroitre les capacités d’adaptation et de résilience des populations sahéliennes et leurs moyens d’existence. L’élaboration et l’adoption de ce Plan d’investissement a été accompagnée d’une stratégie de Mobilisation et de Plaidoyer, d’un Plan de suivi Evaluation et d’un Dispositif Institutionnel. Aussi, un Programme Prioritaire comprenant six (6) axes  a été élaboré sur la période 2020-2025 afin de Catalyser les Investissements Climat au Sahel.

Comme autres résultats atteints par la CCRS, nous pouvons également citer la préparation et l’organisation à Niamey, le 25 Février 2019, de la 1ère Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la Commission, précédée par quatre réunions successives du Groupe de Travail Conjoint (GTC) et de trois (3) réunions des Ministres de l’Environnement des pays membres. Cette conférence a été suivie par l’organisation d’une table ronde à Niamey pour le financement du PIC-RS et du PPCI (2020-2025). Lors de la même Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, les pays membres ont convenu de la création d’un Secrétariat Permanent (SP) qui devrait être chargé au niveau opérationnel, de la coordination et du suivi de la mise en œuvre du PIC-RS et du PPCI-Sahel.

La CCRS a aussi organisé une réunion consultative des dirigeants du Sahel sous la présidence de SEM ISSOUFOU MAHAMADOU en septembre 2019 à New York, réunion qui a vu la participation d’éminentes personnalités et des organisations internationales dont le Secrétaire Général des Nations Unies.

Quel est le   mécanisme de fonctionnement de la CCRS?

Il faudrait rappeler le fait que la commission, c’est un processus. Il faut alors se mettre à l’esprit qu’il est inclusif. Sous l’impulsion du Président de la République, président de la CCRS, nous avons mandat de veiller à ce que soient impliqués tous les acteurs des parties prenantes, c’est-à-dire les pays membres, les partenaires, les organisations étatiques et non-étatiques. Il faut ensuite l’approche stratégique. A ce niveau, nous avons plusieurs mécanismes. D’abord, on doit s’assurer de l’implication cohérente du dispositif institutionnel de la commission. Sur ce point, je précise qu’il y a un groupe de travail conjoint mis en place depuis mai 2017 ici à Niamey, composé de deux experts par pays membre. Puis vient le dispositif ministériel qui institue la réunion des ministres de l’environnement de la région.  Il y a également la présidence de la commission assurée de façon permanente par la république du Niger à travers la personne du président de la République qui, à la différence des autres institutions est fixe, non rotatoire. C’est, il faut le dire, un des héritages que le Président Issoufou va nous laisser. Il faut se féliciter  de ce succès diplomatique.  A travers ces aspects de mission d’implantation durable du dispositif institutionnel de la commission, nous avons mandat aussi de créer et de veiller sur toutes les études concourant à renforcer la base juridique de la commission.  Il s’agit notamment de l’élaboration et la validation de l’acte constitutif de la commission qui, rappelons-le, est née d’un sommet des chefs d’Etat et a reçu en janvier 2017 le cachet   juridique de l’Union Africaine en entérinant toutes les décisions issues dudit sommet. Au niveau de l’espace Sahel climatique qui est composé de 17 pays issus de trois espaces sous régionaux différents, à savoir la CEDEAO, la CEMAC et la LIGAD. Vu cette composition, il  nous faut prendre un acte constitutif permettant de lier tous ces pays-là. Nous allons prendre des dispositions pour, d’ici au terme du processus transitoire, élaborer et valider les textes permettant au secrétariat permanent  de travailler de façon cohérente et nous avons aussi le devoir de veiller à ce que tous les projets identifiés à travers le PIC soient conduits. Côté partenariat, il faut souligner que la Banque Mondiale a accepté qu’on lui soumette une note conceptuelle pour financer la première phase d’élaboration des projets  du PIC pour catalyser des investissements. Nous avons entamé les mêmes consultations avec les autres partenaires. Je peux vous dire que toutes les conditions sont créées, reposant déjà sur la volonté politique affichée  du Président Issoufou, président de la CCRS, pour que la commission atteigne les résultats attendus, c’est-à-dire avoir un Sahel où les populations sont devenues résilientes,  mises à l’abri des caprices de la nature et disposant des moyens d’existence améliorés.

Il a été créé une structure dénommée «Cadre Transitoire Opérationnel» que vous dirigez. A quoi consiste-t-il ?

La 1ère  conférence des chefs d’Etat tenue le 25 Février 2019 à Niamey a décidé de la création du Secrétariat Permanent (SP) de la Commission. Toutefois, avant la mise en place effective du SP, il est apparu nécessaire de mettre en place un Cadre Transitoire Opérationnel (CTO). Le CTO a été ainsi créé par Décret n°2019-561/PRN du 04 octobre 2019, auprès du Président de la République du Niger, Président de la Commission Climat pour la Région du Sahel. Ce Cadre Transitoire Opérationnel (CTO) a pour missions de conduire le processus du règlement d’une série de diligences stratégiques et règlementaires devant permettre un fonctionnement cohérent et durable des instances de la Commission et d’assurer une meilleure capitalisation des résultats issus de la table ronde pour le financement du PIC-RS et de son PPCI - Sahel. Le CTO conduira ainsi en relation avec toutes les parties prenantes, l’opérationnalisation de la Commission jusqu’à la mise en place effective du Secrétariat Permanent. Pour mener ce travail, en plus du Coordonnateur, le CTO-CCRS est assisté d’un personnel d’appui national et de quatre (4) experts transversaux issus du Burkina Faso pour le Sahel Ouest, du Tchad pour le Sahel Centre, de Djibouti pour le Sahel Est, et du Nigeria représentant le Sahel Anglophone.

Le CTO-CCRS doit conduire l’opérationnalisation de la commission jusqu’à la mise en place effective du Secrétariat Permanent de la CCRS. Y’a-t-il un délai pour cela ?

Pour mener à bien ses missions, le CTO-CCRS s’est doté d’une feuille de route comportant un ensemble d’activités programmées sur un horizon temporel de 2 ans allant du 4ème Trimestre 2020 au 4ème Trimestre 2022. Il s’agit de préparer et soumettre le projet d’Acte constitutif de la CCRS, de préparer les textes règlementaires relatifs à la mise en place, à l’organisation et au recrutement de l’équipe du Secrétariat Permanent de la CCRS, de contribuer à l’opérationnalisation du dispositif de suivi et de gouvernance de la mise en œuvre du Plan d’investissement climat-région du Sahel (PIC-RS) et de son Programme régional prioritaire (PRP), d’appuyer les pays membres dans l’opérationnalisation des Groupes de travail nationaux (GTN), de conduire la préparation et le suivi des projets issus du Programme Prioritaire pour Catalyser les Investissements (PPCI-Sahel), d’assurer le suivi de la concrétisation des annonces des partenaires techniques et financiers enregistrées lors de la table ronde sur le financement du PIC-RS et du PPCI – Sahel, d’assurer le suivi de la concrétisation des engagements financiers à hauteur de (10%) des contributions des pays dans la formulation et la mise en œuvre des projets, d’assurer une mobilisation effective des acteurs non étatiques (société civile, ONG, secteur privé, collectivités territoriales, etc.), de contribuer à la poursuite du plaidoyer pour le financement du PIC-RS, de préparer les TDR de l’étude de faisabilité relative à la mise en place du mécanisme financier de la CCRS, de superviser la réalisation effective de toutes les études prévues au cours du processus transitoire et veiller à une prise en compte des questions émergentes notamment le genre et des approches innovantes d’adaptation et d’atténuation (agro-écologie, villages climato-intelligents, éco-villages, etc.), et enfin d’assurer un bon fonctionnement du cadre de concertation avec les Partenaires techniques et financiers, les instances des Commissions sœurs et les autres initiatives africaines et internationales sur le climat. L’ensemble des activités programmées d’ici fin 2022 dans le cadre de la mise en œuvre de cette feuille de route recommande la mobilisation de 8,4 milliards de F CFA soit 14,5 millions de Dollars US. La réalisation de toutes ces activités est apparue nécessaire pour assurer une durabilité à la Commission notamment en garantissant un fonctionnement cohérent de son Secrétariat Permanent (SP) à travers la définition des mécanismes performants permettant son financement régulier.

Le Niger et le Royaume du Maroc ont signé, le soir du lancement officiel des activités du CTO-CCRS, un mémorandum d’entente :  quelles sont les principales articulations de ce mémorandum ?

Effectivement, dans la soirée-même du lancement officiel des activités régionales du CTO-CCRS le 28 octobre dernier, M. Ouhoumoudou Mahamadou, le Ministre Directeur de Cabinet du Président de la République, Président de la CCRS et M. Aziz RABBAH, Ministre Marocain de l’énergie, des Mines et de l’Environnement, Président du Centre de Compétence en Changement climatique (4C – Maroc), ont signé un mémorandum d’entente scellant le début du partenariat entre le CTO – CCRS et le 4C – Maroc.

Ce Mémorandum d’Entente concerne un certain nombre d’actions dont la définition des mécanismes cohérents et synergiques pour la conduite de l’étude de préfiguration du mécanisme financier de la CCRS, la mobilisation des ressources relatives à la réalisation de ladite étude, et enfin la définition des mécanismes cohérents et pertinents d’échanges d’expériences et de renforcement des capacités dans le domaine de la lutte contre les changements climatiques entre les Parties. L’objectif général de cette étude est de mettre à la disposition de la CCRS un mécanisme financier de son Plan d’Investissement Climat (PIC) conformément aux orientations issues de la première Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CCRS.

Réalisé par Zabeirou Moussa(onep)

06 novembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/