Interview

Monsieur le Secrétaire Général, veuillez nous présenter votre fédération à travers notamment sa vision, ses objectifs et ses domaines d’intervention ?

Je vous remercie tous d’abord de l’attention accordée à la Fédération Nigérienne des Sports pour Sourds et Malentendants (FENISSOM). C’est un grand plaisir pour moi de parler ici de la Fédération Nigérienne des Sports Pour Sourds et Malentendants (FENISSOM). Notre fédération a vu le jour le 13 août 2020. C’était au départ une Association Sportive pour Sourds du Niger (ASSN) créée en 2004 et transformée en fédération, à l’image de la Fédération Nigérienne des Sports pour Personnes Handicapées (FENISPHA) la structure faitière principale. Elle a pour mission l’organisation, la promotion et le développement de la pratique du sport adapté pour les personnes sourdes et malentendantes au Niger. Sa vision est de faire du sport un outil de développement et de lutte contre le chômage et la pauvreté au profit des personnes sourdes et malentendantes au Niger.

La FENISSOM s’est fixée comme objectif le contrôle de la pratique sportive des structures affiliées ; l’animation des structures chargées de son encadrement (Clubs, Districts, Ligues) et la lutte contre la discrimination raciale, ethnique, religieuse et celle liée au genre. A cet égard, elle intervient dans tous les domaines et activités sportifs concernant les personnes handicapées en général et les personnes sourdes et malentendantes en particulier.

Qu’est-ce qui a motivé la création de cette fédération ?

Plusieurs raisons ont motivé la création de la FENISSOM. D’abord il y’a la volonté de développer plusieurs types de sports chez les personnes sourdes au Niger. Avant la transformation de l’ASSN et FENISSOM, nous disposons de quatre clubs (4) sportifs en football, en taekwondo, en athlétisme (course de vitesse, endurance) et en basketball. Par manque d’encadrement et d’appui technique, certains clubs ont été contraints de disparaitre à l’exception du football et du taekwondo.

Ensuite, il y’a la volonté des sourds de participer à l’image des autres fédérations et associations sportives à accompagner et soutenir les actions gouvernementales en matière de pratique sportive adaptée aux besoins de personnes handicapées car la pratique du sport de qualité constitue une des priorités du gouvernement.

Et enfin, il y’a la volonté de créer de clubs sportifs incluant le genre (homme et femme), car nous sommes convaincus que nous serons en mesure de contribuer au développement du pays grâce à notre participation. On peut par exemple représenter le pays à des rencontres sportives nationales et internationales de haut niveau. 

Quels sont vos rapports avec les autres structures sportives des personnes handicapées et avec les autres fédérations sportives ?

On peut dire, qu’au Niger nous sommes regroupés autour d’une seule fédération, la FENISPHA et qui contrôle et accompagne toutes les fédérations sportives pour personnes handicapées. La FENISSOM a déjà son affiliation à l’Union sportives des Sourds de l’Afrique de l’Ouest (USSAO). Actuellement, nous sommes en train de nous préparer pour nous affilier au Comité National Paralympique, à la Confédération Africaine de Sports Paralympiques, à la Fédération Internationale du Sport pour Sourds et à toute autre organisation ou Fédération poursuivant les mêmes buts.

Votre fédération projette d’organiser une activité de football pour sourds. Pouvez-vous nous dire plus sur cette activité ?

La FENISSOM projette d’organiser la 1ère édition du tournoi interrégional des sourds du Niger qui se tiendra du 17 au 21 de ce mois à Niamey. C’est un championnat jamais organisé depuis la création de l’ASSN et sa transformation en FENISSOM. Ce championnat sera l’occasion pour les équipes des 8 régions du pays de se rencontrer sur un même terrain pour discuter la coupe nationale prévue à cet effet. Un comité technique sélectif sera mis en place pour sélectionner les meilleurs joueurs et monter l’équipe nationale représentative du Niger aux compétitions nationales et internationales.

Qu’est-ce qui a motivé cette initiative ?

L’idée est née du souci de recadrer les contextes de la pratique du sport des personnes handicapées en général et les personnes sourdes et malentendantes en particulier ainsi que les attributions des fédérations Sportives au Niger. Aussi, la Fédération Nigérienne des Sports pour Sourds et malentendants (FENISSOM), principal levier de développement du sport pour sourds et malentendants au Niger, a initié un championnat National de jeunes sourds dénommé : «Tournoi interrégional des Sourds du Niger ».

Ce Championnat a pour but de favoriser le brasage des jeunes sourds, sans distinction de race, de genre, de religion ni d’appartenance politique en s’attelant à relever les défis tels que la création d’une équipe nationale ; l’autofinancement et la pérennisation des compétitions de jeunes sourds ; la détection des talents, l’aiguillage et le suivi des jeunes qui se distinguent au football d’élite.

 Avez-vous déjà réalisé d’autres activités ? Quelle appréciation faites-vous de l’intérêt accordé à ces activités sportives par les concernés ?

La Fédération Nigérienne des Sports Pour Sourds et Malentendants a auparavant mené des multiples activités qui l’ont amené à l’extérieur du pays (Ghana, Mali, Mauritanie, Côte d’Ivoire et au Burkina Faso). On s’en félicite de ces efforts. Cette fédération a des représentations (ligues) dans toutes les huit (08) régions du pays. Ce qui donne à cette fédération une assise nationale. 

Quel est l’avantage de la pratique sportive pour les sourds ?

Les actions des mouvements des clubs des jeunes sont aujourd’hui considérées comme un outil concret de médiation sociale. L’activité sportive est un moyen pour la dynamisation, l’épanouissement, la socialisation et la promotion des jeunes sourds. Elle est un facteur de développement. Le sport peut être un atout politique d’insertion sociale. En effet, l’impact du sport est grand auprès du public. Le sport est un moyen de contact avec les jeunes et notamment des publics défavorisés. Outil irremplaçable de prévention et de socialisation, il est l’occasion de renouer un dialogue quelquefois rompu.

Quelles sont vos ambitions au niveau de la FENISSOM ?

Nos ambitions sont multiples. On ne peut que citer quelques-unes : d’abord après la mise en place de l’équipe nationale nos projets se focaliseront sur les autres clubs. Cela nous permettra d’avoir dans chaque catégorie des clubs, une équipe nationale et la FENISSOM se voit doter d’un siège et d’une subvention de fonctionnement. Ce qui nous permettra d’attirer des partenaires techniques et financiers.

 Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous-êtes confrontés ?

Comme toutes les fédérations et associations, la FENISSOM est confrontée à d’énormes difficultés. Son caractère à but non lucratif fait que la FENISSOM ne dispose pas de fonds de fonctionnement. Ce qui fait qu’on se penche sur le Ministère de la Jeunesse et du Sport (MJ/S) pour nous appuyer dans la mise en œuvre de nos activités. Le manque d’accompagnement technique, financier et matériel, l’impossibilité de participer aux activités sportives de grande envergure sont parmi les principales difficultés auxquelles la FENISSOM est confrontée. 

Monsieur le Secrétaire Général avez-vous un appel à lancer ?

Je lance un appel à l’Etat et aux partenaires techniques et financiers de se mobiliser pour faire du sport des personnes handicapées en général et des personnes sourdes en particulier une référence dans les mouvements sportifs au Niger et à faire preuve de disponibilité à l’égard des fédérations de sports pour personnes handicapées.

Réalisé par Ali Maman(onep)

 

 

 

M. le président, le 3 septembre dernier à Cotonou, le Mena A’ s’est qualifié pour le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN 2023) en étrillant les Eperviers du Togo sur le score de 3 buts à 1. Quelles sont les impressions qui vous animent à l’issue de cette belle qualification ?

Merci pour cette occasion que vous m’offrez de me prononcer par rapport à cette qualification du Mena A’ le 3 septembre dernier à Cotonou. Comme tout nigérien, c’est un sentiment de satisfaction qui m’anime. En tant que président de l’union nationale des supporters, je suis plus heureux encore. Comme vous le savez, à chaque déplacement du Mena, nous essayons d’aller pousser l’équipe à la victoire. Nous nous débrouillons pour envoyer un grand nombre de supporters, même si par ailleurs ce n’est pas suffisant compte tenu des difficultés financières. Je peux vous dire donc que, c’est vraiment un sentiment de satisfaction qui m’anime, et au-delà de ma modeste personne, l’ensemble du peuple nigérien qui est content de cette prouesse. Si vous vous rappelez, le CHAN est, à sa septième édition, et nous sommes à notre quatrième participation. Incha Allah, nous allons continuer à être contents de la prestation que, le Mena fera en Algérie.

Il y a eu beaucoup de supputations à l’occasion du match aller perdu par le Mena locaux à Lomé. Pouvez-vous nous dire ce qui s’est réellement passé?

Le point d’orgue de la défaite du Mena à Lomé, n’est rien d’autre que, l’exclusion des joueurs pour cause de COVID-19. Huit joueurs étaient concernés dont quatre titulaires. Donc c’était une aubaine pour l’équipe togolaise qui malgré tout, n’a pas pu nous battre comme elle l’aurait voulu. Nonobstant l’absence de ces huit joueurs, c’était un score étriqué d’un but à zéro. Mais depuis Lomé, nous avions bel espoir que le Mena allait remonter parce que, les tests anti- COVID se feront à Cotonou d’une manière commode, responsable, avec des cabinets responsables. Vous avez vu que ce qui s’est passé à Lomé ne s’est pas passé à Cotonou. Et puis le problème à Lomé, est que, comment comprendre que huit de nos joueurs aient été testés positifs, alors qu’aucun joueur Togolais ne l’était. Donc, ce sont ces genres de supputations qui ont émaillé la rencontre- aller au Togo. Mais, cela n’a pas empêché à nos vaillants ambassadeurs de se battre pour chercher un match nul. Compte tenu de tout ce qui s’est passé, je pense que le score de 1 but à 0, était un bon score pour nous. Vous avez vu qu’au match retour, nous avons pu rapidement remonter le score et les battre par 3 buts à 1.

M. le président, quel a été l’apport de votre association dans le succès du Mena à l’issue de cette double confrontation ?

L’apport des supporters est un apport ordinaire. Comme dit l’adage, le public c’est le douzième homme. A ce titre, nous essayons à chaque fois que, le Mena joue, de nous mobiliser en tant que supporters et d’aller lui prêter main forte. C’est un apport conséquent parce que quand nous supportons depuis les tribunes, ils nous entendent, et ils nous suivent. C’est vrai que, les déplacements sont un peu difficiles, mais à ce niveau l’Etat met la main à la poche à travers la fédération, qui nous a toujours épaulés pour nous faire déplacer. Ce n’est pas suffisant parce que le nombre de supporters n’est pas très important, mais je pense qu’avec les échéances qui arrivent, l’Etat va prendre cet aspect en compte, et essayer de nous appuyer pour faire déplacer beaucoup de supporters.

Le regroupement d’Algérie nous attend, et je remercie le Président de la République SE. Mohamed Bazoum qui n’a pas hésité à mettre les moyens derrière cette équipe. Il faut dire que depuis son avènement au pouvoir, il fait de bonnes choses dans le domaine du sport en général et pour le football en particulier. A trois reprises, il s’est rendu au stade Général Seyni Kountché. Ce qu’on n’a pas vu depuis une vingtaine d’années. Cela veut dire qu’il y a indubitablement un regain d’intérêt pour le sport au plus haut niveau de l’Etat. Je pense qu’il va continuer de supporter l’ensemble du sport nigérien, et en l’occurrence le football qui est le sport le plus populaire et qui peut hisser le Niger au firmament des nations africaines.

Le Niger sera l’année prochaine à sa 4ème participation au CHAN après celles de 2011 au Soudan, 2016 au Rwanda et 2021 au Cameroun. Comment votre association entend-elle préparer le tournoi d’Algérie qui se tiendra du 13 janvier au 4 février 2023 ?

L’année prochaine on va se déplacer en Algérie. Nous entendons être présents à ces phases finales pour aller supporter le Mena. Nous allons nous préparer conséquemment. Nous sommes en train de nous organiser pour voir comment pouvons nous, en dehors de l’Etat et de la fédération, à notre niveau, mobiliser des ressources qui nous permettront d’aller supporter le onze national. Il ne faut pas toujours attendre tout de l’Etat et de la fédération. Nous sommes une association et nous saurons comment faire pour amener les bonnes volontés à travers un cadre approprié à nous aider et en contrepartie vendre l’image des sociétés et institutions qui voudront bien nous appuyer. Voilà comment nous comptons procéder. C’est vrai nous sommes au Niger, les gens sont un peu sceptiques par rapport au sport en général, mais le sport c’est un levier pour la promotion d’un pays.

Etes-vous optimiste pour Alger 2023, après les quarts de finale de Khartoum 2011 ?

C’est vrai depuis Khartoum 2011, pendant les deux éditions qui ont suivi, nous n’avons pas fait bonne mine. Je pense qu’en Algérie nous devons essayer de faire mieux que Khartoum 2011. En 2011, le Mena était sorti en quart de finale après les tirs au but contre le pays hôte qui est le Soudan. Mais cette fois-ci avec la motivation, le talent des joueurs, et l’appui de l’Etat, le Mena pourrait mieux faire qu’en 2011. C’est ça mon souhait et celui de l’ensemble des Nigériens. Je pense qu’on peut le faire.

Propos recueillis par Oumarou Moussa(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

Le jeudi 27 avril 2023, le Ministre Algérien des Affaires Etrangères et de la Communauté Nationale à l’Etranger, M. Ahmed Attaf en sa qualité d’Envoyé spécial du Président de la République Algérienne Démocratique et Populaire, a effectué une visite de travail au Niger.  Au cours de cette visite M. Ahmed Attaf a eu une séance de travail avec son homologue nigérien sur les perspectives prometteuses de développement des relations entre les deux pays. Plus encore de la concertation et de la coordination autour des questions régionales et internationales d’intérêt commun. En marge de cette visite, le chef de la diplomatie algérienne a accordé un entretien à notre journal dans lequel, il a expliqué le contexte dans lequel se situe sa visite ainsi que l’état de la coopération bilatérale entre le Niger et l’Algérie.

Monsieur le ministre, vous êtes au Niger dans le cadre d’une visite de travail et d’amitié de 24 heures. Pouvez-vous nous dire quel est le but de cette visite au Niger et dans quel contexte elle se situe ?

Merci beaucoup de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer dans les colonnes de votre journal, très intéressant avec des informations véridiques et très fiables. Ma présence au Niger s’explique par trois(3) raisons fondamentales à savoir, le point de la coopération bilatérale entre nos deux pays, le contexte régional de la stabilité sécuritaire du Sahel et le contexte continental de deux pays qui ont inscrit leurs actions dans une perspective d’intégration africaine. Vous n’êtes pas sans le savoir, le rôle central que joue le Niger de ces contextes surtout celui continental à travers l’ancien Président de la République, Issoufou Mahamadou qui dirige le panel de haut niveau sur la sécurité au Sahel. Aussi, il conduit le panel sur la zone de libre-échange continentale africaine ZLECAF et le Président Mohamed Bazoum, en personne, est désigné champion de l’Union Africaine pour l’industrialisation inclusive et durable et la transformation productive. Donc ces triples contextes encadrent ma visite sur lesquels nous avions eu des discussions, des évaluations et des résultats dans les bilans. Je crois pouvoir dire que sur l’ensemble de ces questions, il y’a eu une grande convergence de points de vue entre le Niger et l’Algérie.

Monsieur le Ministre comment se porte la coopération bilatérale  Nigéro algérienne?

Le Président de la République du Niger, SE. Mohamed  Bazoum avait effectué une visite de travail et de renforcement de la coopération bilatérale en juillet 2021 à Alger et une deuxième visite dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de l’indépendance de notre pays. C’était un grand geste qui a profondément touché l’ensemble des Algériens. Les deux Chefs d’Etat ont, au cours de ces occasions, défini un cadre afin de tracer des perspectives pour nos deux pays. Si je m’en tiens simplement au premier contexte dont je viens de parler, celui de la coopération bilatérale, je crois qu’il y’a quelque chose de très substantiel auquel les deux Chefs d’Etat sont parvenus. Ils ont discuté des dossiers très importants qui sont en cours de réalisation à la demande de nos frères Nigériens dont un projet de centrale solaire qui a été accepté et devenu un projet courant dans nos relations. L’Algérie a également accepté la réhabilitation profonde du lycée professionnel qui porte le nom de Lycée de l’amitié Algérie-Niger. Les deux présidents se sont également entendus pour lancer un nouveau projet de construction d’un lycée professionnel financé par la partie algérienne dont il revient au Niger de décider de la dimension, des matières de formation et de la localisation. Il y’a aussi des dossiers particuliers et des projets structurés comme le Gazoduc. Ce projet est toujours sur la table, mais fait l’objet d’un suivi très vigilant de la part de nos pays. Il est d’une longueur de 4.128 km dont 1.037 km en territoire nigérian, 841 km au Niger et 2.310 km en Algérie. Ce gazoduc dénommé le Trans-Saharan Gas-Pipeline (TSGP) va relier les gisements gaziers du Nigeria, en passant par le Niger, à la frontière algérienne pour se raccorder au réseau algérien.

Il y a également d’autres projets importants. Par exemple, il y a  celui de la dorsale de la fibre optique qui est aussi un très grand chantier en cours. D’ailleurs, les pays membres du comité de liaison de la dorsale transsaharienne à fibre optique se sont engagés à accélérer la réalisation de ce projet stratégique visant le développement de l’économie numérique régionale. Nous avons aussi beaucoup de dossiers plus ponctuels comme dans le secteur des hydrocarbures où une filiale est impliquée et elle doit commencer ces efforts d’exploitation. C’est vraiment un sujet très important etc.

Monsieur le ministre, à la fin des travaux de la session de la Haute Commission mixte nigéro-algérienne de coopération tenus à Niamey, les deux pays ont procédé à la signature de plusieurs accords dans divers domaines de coopération. Qu’en était-il de la suite ?

Ces accords concernent la coopération. Ils portent sur la grande commission mixte par exemple. A l’occasion de cette visite, nous en sommes convenus à la demande de la partie nigérienne qu’elle se tiendra à Alger au cours du premier trimestre de l’année 2024. Il y’a également un comité qui fait un travail remarquable dont on n’en parle pas beaucoup. C’est le comité bilatéral frontalier qui organise des relations entre nos populations, au niveau des frontières en terme de flux humains, d’échanges économiques dans la mesure où il a réussi à encadrer avec beaucoup de succès des échanges transfrontaliers entre les deux pays.

Ensuite la troisième réalisation qu’il ne faut pas sous-estimer, c’est celle de la création d’un conseil d’affaires nigéro-algérien qui regroupera la communauté des affaires des deux pays pour monter ensemble des projets. Là aussi, c’est un instrument complémentaire dont  nous venons de nous doter et qui aidera notre coopération à aller  vers d’autres sommets.

En novembre 2022, le président du Panel de haut niveau sur la sécurité et le développement au Sahel, l’ancien président Mahamadou Issoufou a mis en avant l’importance de l’appui apporté par l’Algérie sur la situation sécuritaire et du développement dans les pays du Sahel, ainsi que les propositions formulées pour relever les défis auxquels est confrontée la région. Depuis lors, pouvez-vous nous dire l’essentiel des interventions de votre pays pour la stabilisation des pays du Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme?

En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, le crime transnational organisé et les autres formes de criminalité dans la région du Sahel, nous avons comme premier instrument, celui qui est bilatéral. Nous avons aussi des accords de coopération militaire, sécuritaire avec le Niger. Par exemple, les échanges d’informations, la dotation en équipements pour la lutte contre le terrorisme et les criminalités internationales organisées. Ce canal bilatéral entre nos deux Ministères de Défense fonctionne à la satisfaction des deux pays.

En plus, il y’a un cadre multilatéral qui est le Comité d’Etat-Major Opérationnel Conjoint (CEMOC) qui vient d’être présidé par le Niger et servant aussi de cadre de concertation et de décision dans la lutte contre ces phénomènes transfrontaliers, transnationaux. Le CEMOC est en train de faire l’objet d’une adaptation au niveau des faits actuels à travers des échanges d’idées avec nos frères nigériens. Je crois pouvoir dire que nous allons dans la bonne direction dans le sens où nous œuvrons ensemble à la redynamisation de ce comité dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité internationale.

Monsieur le ministre, la Route Transsaharienne (RTS) est un projet qui relie Alger à Lagos dont l’objectif est de desservir toute la sous-région du Maghreb et du Sahel sur une longueur totale de 9.400 km. Pouvez-vous nous parler de l’évolution de ce projet?

Ce projet est quasiment dans sa phase finale. Pour ce qui concerne l’Algérie, il y’a plus de 9.000 km qui ont été réalisés. Actuellement entre Asamaka et Arlit, un chantier de 225 km est en cours de réalisation par des entreprises nigériennes et algériennes qui travaillent en étroite collaboration, c’est très important. Ce chantier constitue un exemple de coopération effective diligente.

Le Niger et l’Algérie entretiennent une coopération depuis plusieurs décennies dans divers domaines, est-ce que le problème de migration a été évoqué lors de vos échanges avec les responsables nigériens surtout que l’Algérie continue d’expulser plusieurs dizaines de migrants nigériens et des ressortissants d’autres pays subsahariens installés de manière irrégulière sur son territoire ?

Je préfère parler de coopération en matière de prise en charge de l’émigration entre l’Algérie et le Niger. Quelles que soient les données du dossier, nous les réglerons toujours dans la confiance, l’entente et la compréhension. Il peut y avoir des situations sur lesquelles nous devons nous concerter. Tout ce qui se passe devra se faire avec concertation entre nos deux pays pour que ces dossiers pénibles pour l’Algérie comme pour le Niger soient bien traités. Je veux dire que ces dossiers devraient être gérés dans la manière la plus morale, éthique et respectueuse de la personne humaine. C’est la philosophie de notre coopération avec le Niger et c’est dans cet esprit-là que nous travaillerons avec nos amis nigériens quels que soient les problèmes que nous rencontrons dans ce domaine et il en existe, je ne le nie pas.

Un pays frère, le Soudan traverse actuellement une situation difficile, quelle est la position de l’Algérie face à la crise déplorable que connait ce pays ?

Comme tout le monde, nous avons vu et pris connaissance avec choc et regret qu’une profonde préoccupation se développe au Soudan endeuillant le pays. Nous regrettons ces affrontements fratricides. Le Soudan et le peuple soudanais frère ont besoin de stabilité, de sécurité, d’entente et de compréhension pour bâtir leur pays. Et voilà que leurs efforts viennent une fois encore d’être contrariés par ces affrontements fratricides. L’Algérie, à travers le Président Abdelmadjid Tebboune en sa qualité de président de la Ligue Arabe, a adressé des lettres écrites au Secrétaire Général de l’ONU, à l’Union Africaine pour leur proposer une action commune en direction du Soudan afin de contribuer à l’arrêt des hostilités, des combats fratricides et meurtriers pour ouvrir la voie d’un dialogue entre frères. Cela pourrait éviter au Soudan de s’enfoncer davantage dans la crise. Nous avons pris cette initiative comme d’autres pays. Nous formulons le vœu que ces appels à l’arrêt de la violence et des combats soient entendus et que la sagesse finisse par prévaloir de sorte que les Soudanais s’assoient autour d’une même table pour trouver une solution pacifique à leur différend quel qu’il soit.

Réalisée par Seini Seydou Zakaria (ONEP)

Source : http://lesahel.org/

 

Boulou Akano Le Niger regorge d’importantes richesses touristiques. Dans presque toutes les régions du pays, on compte plusieurs sites touristiques. C’est pourquoi, le gouvernement a retenu ce secteur parmi ceux qui contribuent au développement socioéconomique du pays. Pour renforcer cette contribution l’Etat a institutionnalisé un service destiné à la promotion du tourisme tant au plan national qu’à l’extérieur du pays. Le tourisme participe aussi au rayonnement du Niger. Malgré cette ambition et ces efforts, le secteur du tourisme fait face à plusieurs défis ces dernières années, dont entre autres le manque de ressources nécessaires pour son développement mais aussi l’insécurité liée aux activités terroristes dans l’espace sahélo saharien. Dans cette interview, le Directeur Général du Centre Nigérien de Promotion Touristique (CNPT) M Boulou Akano évoque la situation dans le secteur.

Monsieur le Directeur pénéral, pouvez-vous présenter brièvement le CNPT ?

Le Centre Nigérien de Promotion Touristique est un établissement Public à caractère Professionnel, chargé de faire connaitre les potentialités touristiques du Niger par tous les moyens d’informations et de publicité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la république du Niger. Il contribue à la formation des corps des métiers pour l’amélioration de la qualité des prestations et des services touristiques.

Entretien avec le président de la plate forme paysanne du Niger sur la campagne agricole au NigerLa campagne agricole s’installe progressivement sur l’ensemble du territoire. Comment se présente la situation actuellement ?
La campagne s’installe progressivement sur l’ensemble des huit régions du Niger, mais à des degrés différents. Il y a des régions qui ont semé à hauteur de 80 à 90%. Cependant, il y a des poches comme par exemple dans la région de Tillabéry. Cette situation est due à l’insécurité notamment aux attaques qui ont causé la perte des semis. Donc, les populations sont obligées de les reprendre. Aussi, des vents très violents ont emporté les semis dans certaines localités. Les échanges que j’ai eus avec les responsables régionaux, ont révélé que dans certains endroits, les gens ont mêmes fini les premiers cerclages. Ils sont en train de tendre vers le deuxième cerclage. Cette situation se retrouve dans toutes les régions du Niger. Mais, dans la partie sud du pays, il y a quelques avancées. En termes d’observation, certaines localités ont enregistré des pluies depuis le mois d’avril. On a également observé des sécheresses. Ce qui nous amène à nous référer aux évaluations faites par l’AGRIMET, qui a annoncé qu’il est probable qu’on enregistre 50 jours de sécheresse. La dernière fois quand j’ai échangé avec un certain nombre de producteurs, ils disent qu’ils ont enregistré des sécheresses de 34 voire 38 jours. On est dans cette fourchette. Dans d’autres localités on enregistre une abondance des pluies dues aux effets du changement climatique. Un autre phénomène qu’il convient de souligner est que ces fortes pluies entrainent l’érosion qui commence à avancer avec des dégâts au niveau des sites maraichers et des aménagements hydro agricoles. Dans la zone de N’Dounga par exemple, deux digues ont cédé, emportant les animaux, sans compter les pertes en vie humaine enregistrée sur l’ensemble du territoire National. Toutes ces choses sont liées au changement climatique. On observe des pluies de 200 mm, c’est normal que les maisons en banco cèdent. On doit s’organiser pour voir comment affronter ce phénomène.

GALLO BADAGE ChafiouM. GALLO BADAGE Chafiou, le Président de l’Amicale des Nigériens étudiant et stagiaires au Sénégal (AMINESS)Bonjour Mr le président de l’AMINESS pourriez-vous nous faire une petite introduction sur vous et de l’AMINESS ?

Bonjour, Je réponds au nom de GALLO BADAGE Chafiou, le Président de l’Amicale des Nigériens étudiant et stagiaires au Sénégal AMINESS. Je suis diplômé d’un Master 2 en Audit et contrôle de Gestion au CESAG. Je suis un jeune leader qui aime impacter positivement son environnement.

L’Amicale des Nigériens Etudiants et Stagiaires au Sénégal, (AMINESS), qui a aujourd’hui plus de dix (10) ans d’existence, a pour objet de défendre les intérêts matériels et moraux de tous les étudiants et stagiaires nigériens au Sénégal. Ainsi, elle mène les actions suivantes :

  • Promotion de la culture nigérienne sur tout le territoire sénégalais ;
  • Promotion de l’excellence entre ses membres ;
  • Organisation des séances d’informations pour les nouveaux et potentiels membres au Niger ;
  • Recherche de partenariat pour son meilleur positionnement ;
  • Mise en œuvre des projets communautaires, à travers des concours de meilleurs projets ;
  • Promotion de l’entreprenariat et des jeunes talents.

 L’Autorité de régulation des communications électroniques et de la poste (ARCEP) a présenté le 3 juillet dernier, son rapport annuel d’activités 2019. Ce rapport qui concerne les deux secteurs fait ressortir une importante baisse du chiffre d’affaires et des investissements des compagnies de téléphonie. Il contient également les actions entreprises par cette agence étatique pour aboutir à l’amélioration des services de téléphonie au Niger, ainsi que les recommandations adressées au Gouvernement.

M. Hassane Hachimou, dans votre dernier rapport rendu public récemment, on constate un faible taux de pénétration de la téléphonie terrestre. Votre structure a-t-elle pris des mesures pour inciter l'opérateur public en charge de ce secteur et le Gouvernement à améliorer cet indice de pénétration ?

Comme vous pouvez le constater dans le rapport, le nombre d'abonnés de la téléphonie fixe était 164.808 en 2018. Il a augmenté pour atteindre 166.467 en 2019, soit une croissance annuelle de près de 2.000 abonnés. La téléphonie mobile est plus accessible, plus commode et plus pratique que la téléphonie fixe. Par contre, la téléphonie fixe a aussi ses avantages, notamment pour l'ADSL, mais pas que seulement. Depuis l'introduction de la téléphonie mobile, l'accroissement de la téléphonie fixe est timide, ce qui est une généralité dans le monde entier. Malgré cela, Niger télécom, operateur en charge de la téléphonie fixe dans notre pays, travaille en priorité pour maintenir ses abonnés, et accroitre en second lieu son nombre d’abonnés. Pour moi, la tendance actuelle d'accroissement annuel du nombre d'abonnés de la téléphonie fixe au Niger (+1%) ne doit pas nous alarmer car il s’inscrit dans un contexte global qui s’observe dans l’ensemble des pays du monde où la téléphonie mobile progresse beaucoup plus vite que celle terrestre.

On constate aussi dans le rapport d’activités de l’année 2019, une baisse des investissements dans le secteur de la téléphonie, concomittante à une baisse sensible de la qualité des services fournis aux clients. L'ARCEP est-elle confiante à une prochaine amélioration des services téléphoniques, surtout avec la reprise d'un opérateur de la place par des investisseurs locaux ?

On l'espère très bien. La plus grande baisse des investissements vient de l'opérateur Orange Niger qui a eu des différents avec les services fiscaux. Pour l'instant, les nouveaux repreneurs ont promis de reprendre les investissements, ce qui a d'ailleurs commencé avec l'acquisition de la licence de la 4G.

En outre, il est vrai que lorsque les abonnés d'un opérateur augmentent et que les investissements ne suivent pas, la qualité du réseau se détériore. C'est pour cela que nous continuons à appeler les opérateurs à continuer d’investir pour prendre en compte, entres autres, la progression rapide du nombre d'abonnés de la téléphonie cellulaire qui était de 1.200.000 abonnés en un an. L'autre chose qui a contribué à détériorer la qualité des réseaux est la distribution de plus en plus de bonus par les opérateurs. Nous avons engagé des réflexions autour de cela dans le but de faire de la qualité des services fournis, une priorité pour tous les opérateurs.

 Les opérateurs de téléphonie ont aujourd'hui tendance à s'accommoder des sanctions financières plutôt que d'investir des sommes qui sont  supérieures aux amendes. L'ARCEP dispose-t-elle de  dispositions innovantes pour les inciter à investir et tenir parole?

L'amende relève pour nous du dernier ressort. Apres le premier contrôle d'un opérateur, on procède d'abord par une mise en demeure, suivi d'un second contrôle au mois de Mars. C’est seulement après un résultat négatif lors du second contrôle qu'on fait intervenir l'amende. Pour ce qui est des dernières amendes imposées, nous avons pris le plus petit pourcentage du chiffre d'affaires prévu par la loi afin de ne pas trop impacter leurs activités. Les amendes sont donc plus pédagogiques qu'autre chose.

En tant que DG de l'ARCEP, quel message adressez-vous aux consommateurs des services de téléphonie qui se plaignent quotidiennement ?

Les consommateurs nigériens doivent continuer à faire confiance aux actions de l'ARCEP. Nous sommes conscients de la détérioration des réseaux de téléphonie ces derniers temps. En dehors des amendes, nous faisons beaucoup de choses, y compris l'acquisition de matériels sophistiqués, afin de pouvoir détecter en temps réel les problèmes du réseau téléphonique et demander immédiatement aux opérateurs d'y remédier. Ce qui aura un impact positif sur la qualité du réseau. L'acquisition de ces matériels se fera au cours de cette année.

 Propos recueillis par Souleymane Yahaya(onep)

27 août 2020
Source : http://www.lesahel.org/

 

 En marge de la cérémonie de soutenance d’une thèse de Doctorat à laquelle il a participé, le Président du Conseil Régional de Tillabéri, M. Issoufou Oumarou a accordé un entretien à l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP). L’élu de Tillabéri s’est exprimé sur l’importance de la recherche académique sur le thème de la jeunesse et de la consolidation de la paix. Il est revenu sur la levée de l’interdiction de la circulation des motos dans sa région, ainsi que sur le  soutien de la population et des autorités locales aux Forces de Défense et de Sécurité. Il s’est enfin prononcé sur l’élection de plusieurs jeunes enseignants à des postes de maires.

 Vous venez de participer à une soutenance de thèse sur le thème «Jeunesse et consolidation de la paix dans la région de Tillabéry». Qu'est-ce qui a motivé votre déplacement?

J'ai décidé de faire le déplacement parce que c'est un thème qui nous parait très important. Comme vous le savez, en tant que Conseil Régional, nous sommes en charge de la mise en œuvre des politiques de développement dans la région. Or, tout développement est conditionné par l'existence de la paix et repose également sur les jeunes parce que partout où nous avons des conflits, les acteurs principaux sont des jeunes. Donc il y'a vraiment une interrelation, une corrélation entre la jeunesse et la paix.

Ce thème de thèse est assez important pour nous en ce sens que notre région fait face, depuis quelques années, à une insécurité qui affecte les conditions de vie, ainsi que les moyens d'existence de nos populations. Tout ce qui touche effectivement au bien-être des populations nous affecte et nous préoccupe particulièrement, d’où notre présence à Niamey.

Peut-on affirmer que ce déplacement témoigne de la disponibilité des autorités à encourager les recherches portant sur la paix, la consolidation de la paix et la situation des jeunes dans cette région qui traverse une crise sécuritaire?

Permettez-moi de vous dire que, effectivement, l'Etat, à travers ses démembrements, est en train d'œuvrer jour et nuit pour le retour de la paix dans la région. Toutes les voies sont explorées actuellement pour rendre effectif ce retour de la paix. C’est en ce sens que ce travail de recherche académique est un outil qui contribuera certainement à aller vers la concrétisation de la paix dans notre région.

«Je reviens du terrain et je peux vous dire que nous sommes très optimistes sur les capacités de nos forces de défense et de sécurité à sécuriser les populations et leurs biens»

L'Etat vient de lever l'interdiction de circuler à moto dans la région. Quelle est votre réaction par rapport à cela?

En tant qu'autorité régionale, je remercie l'Etat du Niger pour avoir pris cette décision qui est l'expression d'une volonté des populations. Et l'Etat a fini par accéder à cette demande populaire. Mais il se trouve que, comme toute décision, elle comporte des avantages et des inconvénients. Après la période d’essai de un mois, la mise en œuvre de cette levée d’interdiction sera évaluée et certainement, l'Etat va tirer les conclusions et voir dans quelles communes faudrait-il continuer à autoriser la circulation des motos et dans quelles autres communes il va falloir revenir à l’interdiction.

Tout va tourner autour de la prise en compte effective des propositions et des demandes des populations car, nos communes ne vivent pas les mêmes situations. En fonction de données collectées durant la phase d’essai et des propositions des populations, les autorités déciderons des suites à donner. Nous pensons que la circulation des motos doit servir à la relance des activités socio-économique des communautés et non devenir une source d’insécurité. Dans tous les cas, comme je l’ai dit plus haut, les autorités restent ouvertes aux préoccupations, avis et propositions des populations.

La sécurité et l'éducation sont les priorités du programme présidentiel. Vu la réinstallation des populations de l'Anzourou et de Baroua, peut-on dire que vous faites pleinement confiance aux FDS pour sécuriser les populations?

Je reviens du terrain et je peux vous dire que nous sommes très optimistes sur les capacités de nos forces de défense et de sécurité à sécuriser les populations et leurs biens. D’ailleurs on n’a jamais douté d’elles. Du reste, j'ai constaté un engagement sincère des plus hautes autorités de notre pays à ramener la paix sur toute l'étendue du territoire. Cela dit, comme vous le savez, les acteurs sont aussi nombreux. Nous devrons, chacun en ce qui le concerne, œuvrer dans le sens d'accompagner cet engagement, de le concrétiser pour affermir la paix dans nos contrées respectives.

On constate, à la suite des dernières élections communales, que beaucoup d'enseignants, craie en main pour la plupart, sont à la tête de plusieurs communes de la région de Tillabéri. Est-ce que cette nouvelle force intellectuelle et dynamique va vous aider à mieux asseoir l'autorité de l'Etat dans les zones reculées?

Effectivement, c'est par la conjugaison des efforts des uns et des autres et par la mise en commun des intelligences que nous pouvons relever les défis qui se posent au développement de nos collectivités d'abord, et par extension au développement de notre pays. Je ne doute pas de l'engagement des uns et des autres à concrétiser cette aspiration. Je voudrai profiter de vos colonnes pour lancer un appel à la population pour faciliter la mise en œuvre de cet engagement au niveau des collectivités. Parce que, quels qu'en soient l'engagement et le dynamisme des acteurs élus, s'ils n'ont pas le soutien populaire, je vous avoue que la tâche va être difficile. Raison pour laquelle j’appelle la population à un éveil civique et citoyen pour que les défis communs soient relevés avec dignité et cordialité. Permettez moi de m'incliner devant la mémoire de tous nos soldats tombés sur le champ d'honneur. Je demande également à la population de soutenir et de faciliter le travail des forces de défenses et de sécurités. Et, je prie Dieu pour que la paix revienne dans notre pays, dans notre région.

Propos recueillis par Souleymane Yahaya

21 septembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

La COMINAK a fermé la mine souterraine d’Akouta le 31 mars dernier et a entamé le démantèlement de ses installations, Monsieur le Directeur Général, 8 mois après cette fermeture, où en êtes-vous ? Qu’est ce qui a été fait ?

Conformément à la décision du Conseil d’Administration de COMINAK du mercredi 23 octobre 2019 d’arrêt des activités d’exploitation pour le 31 mars 2021, la mine souterraine a été arrêtée après le tir abattage intervenu, le jeudi 25 mars 2021 et l’usine, le 20 avril avec l’enfûtage du lot 21-019. Dès lors COMINAK a entamé la phase projet de réaménagement de son site et ce conformément au document de référence que constitue l’Avant-Projet Détaillé (communément appellé APD) du Réaménagement du Site (RdS).

Rappelons-le, l’objectif poursuivi est de restituer en fin de travaux un site sûr, sain, non polluant, dans le respect des normes nationales et des recommandations internationales, soutenir ses salariés et les sous-traitants dans le plan de reconversion et agir pour une transition sociétale pérenne, durable et utile pour les populations. Ces travaux sont prévus durer 10 à 12 ans soit entre 120 et 150 mois calendaires et comprennent le réaménagement de la mine (les travaux miniers souterrains, les trous d’aération et la descenderie), le démantèlement de toutes les installations industrielles de surface dont l’Usine et ses annexes, la protection radiologique de la verse à résidus ainsi que son reprofilage afin de garantir sa stabilité sur le long terme et le réaménagement des différents bassins de production.

Aujourd’hui, nous sommes à un peu moins de huit (8) mois calendaires après l’arrêt de la mine souterraine. Au 4 mai déjà, toutes les installations des travaux miniers souterrains ont été mises en sécurité, toutes les capacités ont été vidangées de leurs huiles ou hydrocarbures et ces  huiles ou hydrocarbures ont été récupérés et remontés en surface, tous les transformateurs électriques employés au fond sont remontés en surface au jour, les trois quarts des engins miniers (41) ont été remontés au jour, les quelques engins restés au fond (23 machines vétustes et qui ne peuvent pas être décontaminées) ont été vidangés et leurs batteries récupérées et remontées au jour.

Actuellement et depuis 6 mois nous travaillons pour boucher les deux accès à la mine que sont les deux descenderies, des galeries de 1 300 mètres inclinées avec une pente de 20%. C’est un travail complexe qui nécessite beaucoup de technicité et d’expertise, dans un espace de travail réduit et inhabituel. Nous espérons finaliser ce travail d’ici les trois prochains mois soit en février 2022.

Une partie des bâtiments industriels est d’ores et déjà réaménagée. L’Usine quant à elle est prête pour son démantèlement qui démarrera d’ici la fin de ce mois de novembre. Elle a été vidangée entièrement, nettoyée et mise en sécurité.

Est-ce que les travaux de réaménagement du site se font dans les normes notamment le respect de l’environnement ?

Sur l’aspect environnemental, les équipes travaillent depuis près de 5 ans sur le plan d’actions techniques de réaménagement en vue d’assurer la remise en état sûre et saine de la mine, conformément à la réglementation nigérienne et aux standards internationaux.

Pour la surveillance environnementale nous disposons aujourd’hui d’une douzaine de stations de surveillance atmosphérique et d’un réseau de près de 150 puits et piézomètres de surveillance hydrogéologique tout autour du site.

{xtypo_quote}“Une gouvernance multipartite robuste et inclusive mise en place entre la société, les représentants de l’Etat et de la société civile pour garantir le bon déroulement du projet”{/xtypo_quote}

La surveillance environnementale sera poursuivie à la fin des travaux de réaménagement pendant une période d’au moins 5 ans renouvelable à l’issue de laquelle un bilan de ces résultats sera effectué et une décision prise par l’administration. Je rapelle au passage que Cominak est certifiée ISO 14001, et cela depuis 2002, ce qui est un gage de la qualité de notre approche en termes d’organisation et de respect de l’environnement.

Est-ce que les mesures d’accompagnement des travailleurs promises à la fermeture du site sont respectées? Pouvez-vous nous faire le point ?

L’effectif de COMINAK à la fermeture était de 614 agents statutaires et environs 800 sous-traitants.

COMINAK a mis en place pour ses salariés dans le cadre du plan social, outre le dispositif conventionnel, légal et réglementaire, des mesures complémentaires d’assurance santé, de formation et de reclassement interne et externe. Le dispositif de reclassement est opérationnel depuis novembre 2020 à travers une cellule de reclassement. Ce dispositif a déjà permis quelques 50 mobilités internes au sein du groupe Orano (au Niger mais également à l’étranger) ainsi que des reclassements auprès de sociétés présentes au Niger à la recherche de profils expérimentés et formés : comme les secteurs du BTP ou du pétrole.

Au cours des vingt dernières années, COMINAK a consacré près de 3,6 milliards de CFCFA à la formation. Les salariés de COMINAK ont de multiples compétences dans les domaines du bâtiment et des travaux publics, de l’électricité, de la mécanique, ou encore de la maintenance industrielle ; compétences qui ont été développées tout au long de leurs carrières chez COMINAK grâce notamment au programme ambitieux de formation et de mentorat. Ces compétences sont un levier clé pour un reclassement réussi de nos salariés.

Par ailleurs, depuis juin 2020, COMINAK a mis en place des actions de formation spécifiques en soutien au reclassement au profit de ses salariés comme des sous-traitants : informatique, conduite engins et permis de conduire B, C, D et E.

Concernant les sous-traitants, COMINAK a apporté une contribution de fin de chantier aux salariés de la sous-traitance. Le montant de cette contribution (plus de 323 millions F CFA) est à hauteur des droits légaux de licenciement dus par leurs employeurs. Cette contribution de fin de chantier est exclusivement réservée aux employés des entreprises en contrat effectif avec COMINAK et présents au sein de leurs effectifs, en CDI au 31 décembre 2020. 

COMINAK a lancé en décembre 2020 un programme de soutien à l’entreprenariat ouvert à ses salariés mais également à ses sous-traitants ainsi qu’aux habitants des départements d’Arlit et Iférouane.   20 % des dossiers des projets d’entreprenariat retenus dans le cadre du programme (56 dossiers retenus) ont été soumis par les sous-traitants de la COMINAK.

Qu’est-ce que COMINAK a entrepris localement au niveau sociétal pour atténuer l’impact de la fermeture ?

COMINAK avait, pour ses besoins, construit un hôpital qu’elle a fait fonctionner depuis 1978. Ce besoin va disparaître, COMINAK a donc proposé à l’Etat de lui céder cet hôpital à titre grâcieux. Cette cession de l’hôpital au Ministère de la Santé Publique est en cours et prendra plusieurs années.

COMINAK, toujours pour ses besoins, a construit une cité complète avec ses infrastructures, pour que tous ses employés puissent y être logés. Comme pour l’hôpital, ce besoin va disparaître, il a été proposé de transférer à titre gracieux cette cité à l’Etat.

Pour ce faire, COMINAK prendra en charge :

  • le remplacement du réseau VRD existant à la demande des autorités communales, la construction de fosses septiques pour un montant de près de 400 millions F CFA. Ce marché est entièrement dédié aux entreprises locales ; le réseau électrique est cédé à la NIGELEC ;  la cession à la SEEN du réseau d’eau potable ; la démolition des logements vétustes présentant un danger.

Dans le cadre du fonctionnement normal, la plupart des anciens contrats locaux ont été soit reconduits tels quels, soit révisés. Ces contrats concernent exclusivement des entreprises locales (gardiennage, entretien véhicules, entretien pistes, laverie, pompiers, nettoyage, etc.) et représenteront près de 2 milliards F CFA en 2022. A fin octobre, plus de 340 sous-traitants sont encore employés par COMINAK.

Dans le cadre du projet entreprenariat nous serons bientôt en phase de mise en œuvre des 56 projets retenus, la cession de puits aux maraîchers d’Akokan est en cours. Dans le cadre de l’appui à l’éducation à travers le programme de bourses d’études, les cinq (5) lauréats 2021 viennent d’effectuer leur rentrée scolaire et académique.

A cette date, sur les sept (7) nouveaux contrats signés et spécifiquement liés aux travaux RdS et représentant près de sept (7) milliards de FCFA, six (6) concernent directement des entreprises nigériennes. Nous nous sommes fortement engagés pour atteindre un taux de main d’œuvre locale de 90% en heures travaillées.

Dans le cadre du volet sociétal du RdS, un budget de 4 milliards F CFA est prévu pour l’aide à la reconversion économique dont principalement l’industrie maraîchère.

La société civile d’Arlit estime que certains points relatifs au réaménagement du site ne respectent pas les engagements pris par la compagnie lors de sa fermeture. Quelles réponses apportez-vous à cette société civile ?

Sur Arlit les organisations de la société civile sont centrées autour de deux groupements : la Coordination de la Société Civile d’Arlit (CSC) et SYNERGIE. Je rappelle que la CSC est membre du Comité Local de Suivi Technique du RdS. Dans une déclaration rendue publique le 23 octobre, la coordination de la société civile d’Arlit a interpellé la Ministre des Mines, COMINAK et Orano. Parmi les sujets abordés et concernant directement COMINAK, il y’en a deux sur lesquels je souhaite apporter ici l’éclairage suivant : le financement du projet et la verse à résidus.

S’agissant du financement, le budget RdS annoncé lors de l’APD qui est de l’ordre 95 milliards de F CFA est une estimation du coût à terminaison du projet sur toute sa durée de vie près de 20 ans. Les travaux seront financés en partie par un fonds constitué du stock d’uranium que COMINAK a constitué à cette fin il y a plusieurs années (entre 15 et 17 milliards F CFA à terme), le reste sera financé par les actionnaires. L’actionnaire historique OURD, qui s’est retiré de l’actionnariat début 2021, a versé sa contribution de (19, 8 milliards) lors de la cession de ses actions à Orano. Chacun des trois actionnaires actuels s’engage à assumer sa responsabilité au titre du passif de COMINAK comme suit : ENUSA (10%), SOPAMIN (31%) et Orano Mining (59%).

S’agissant de la verse à résidus, celle-ci fait partie des principaux sujets auxquels le projet RdS porte une attention particulière.

Le stockage des résidus miniers et des déchets de démantèlement en stockage en surface est une pratique classique dans l’industrie minière 

Les objectifs des travaux de réaménagement sont de garantir la sécurité de la verse par son reprofilage et une protection radiologique sur le long terme par une couverture multicouches constituées de matériaux localement présents afin d’éviter la multiplication des sites de stockage des déchets. Les produits de démantèlement de l’usine seront également stockés avec des résidus sur une aire dédiée.

Les travaux de test de l’efficacité de la couverture ont été menés depuis plusieurs années et ont démontré que la radioactivité dans les environs de la verse ne dépasse pas la limite règlementaire pour les populations, i.e. 1 mSv par an en dose ajoutée par rapport à l’exposition naturelle – limite règlementée par d’Etat du Niger et identique dans les juridictions les plus strictes à travers le Monde, en incluant la France ou le Canada par exemple.

Les choix techniques ont été validées par les autorités nigériennes compétentes qui ont suivi les travaux des essais. La mise en œuvre des travaux de réaménagement de la verse s’échelonnera de 2023 à 2027. Nous nous préparons actuellement à réaliser une quatrième planche d’essai pour simuler les travaux de reprofilage et de recouvrement en conditions réelles afin de les optimiser.

Qui contrôle le réaménagement du site afin d’être certain que les travaux se font dans les règles ?

Une gouvernance multipartite robuste et inclusive a été mise en place entre la société, les représentants de l’état et de la société civile pour garantir le bon déroulement du projet.

Le Comité d’Orientation est une instance gouvernementale de haut niveau mise en place pour accompagner le projet de Réaménagement du Site de COMINAK. Dans le cadre de son travail, le Comité d’Orientation anime des ateliers où sont conviées diverses parties prenantes.

Un appel à la tierce expertise indépendante est fait régulèrent afin de conforter des décisions prises par des différentes instances dans le domaine technique, social et sociétal.

À la demande des actionnaires de COMINAK, un expert indépendant a réalisé un audit de l’APD avant sa finalisation.

Les différentes instances de l’État du Niger, notamment les services techniques des Ministères ainsi que les différents Comités mis en place par l’État dans le cadre de ce Projet RDS jouent un rôle de validation et d’alerte sur les écarts éventuels à la règlementation en même temps qu’elles enrichissent les hypothèses retenues.

Au niveau local, le Comité local de Suivi, présidé par le Préfet d’Arlit (président) et par le Maire d’Arlit (vice-président), est composé des représentants des différents ministères, mais aussi de la société civile (Synergie et Coordination de la Société Civile), chefs traditionnels, associations. Il se réunit à minima une fois par mois avec des sous-comités : technique, social, sociétal.

En interne, le Directeur Général supervise l’ensemble des activités de la COMINAK aussi bien celles du Projet de réaménagement que celles des autres directions en appui au Projet. Il est responsable de la Compagnie devant son Conseil d’Administration et devant l’Administration du Niger.

L’équipe en charge du projet réaménagement est composée du personnel du site ayant une formation technique ainsi que des experts en réaménagement et en gestion de projet du groupe Orano.

Pour confirmer le respect des normes internationales de l’ICMM (International Council on Minings and Metals), une analyse des écarts entre le guide de réaménagement de l’ICMM réunissant les meilleures pratiques du secteur et le projet de réaménagement de COMINAK a été menée en octobre 2019. Cette analyse a permis de définir des axes d’améliorations dans la mise en œuvre et le suivi du projet de réaménagement.

Quelles sont les prochaines étapes du réaménagement et quelle est la part réservée aux entreprises locales?

Je le disais au début de cette interview, le programme des travaux RdS est étalé sur douze ans hors période surveillance environnementale qui elle sera de cinq à dix ans. Sur le reste de 2021 et l’année 2022 les travaux concerneront essentiellement les travaux miniers souterrains, le bouchage des gros trous (cheminées d’aération), l’usine et la verse (planche d’essai).

S’agissant des travaux miniers souterrains, nous nous organisons pour finaliser dans les prochains trois mois les travaux de bouchage des deux descenderies.

Les travaux de démolition de l’Usine démarreront d’ici la fin de ce mois de novembre. Ces travaux sont regroupés en deux lots (lots 1 & 2 Usine) et seront menés chacun par un groupement d’entreprises nigérienne et française. Une centaine de personnes seront mobilisées pour ces deux lots dont majoritairement du personnel nigérien. Seul une demi-douzaine de personnel expatrié sera mobilisée pour la conduite des engins de démolition.

Juste après la démolition de l’usine d’ici les six prochains mois, nous entamerons la démolition des massifs en génie civil et autres bâtiments industriels (lot 3 Usine) qui est aussi un lot significatif en termes de volume de travaux. Ce lot n’est pas encore attribué.

Vers la mi-2022, juste à la fin des travaux lots 1 & 2 Usine et au démarrage du lot 3 Usine, nous entamerons le reprofilage de la verse à résidus ainsi que son recouvrement. Ce lot verse reste le plus important en volume de travaux et budget. Il s’agira de reprofiler une surface 120 hectares et de la recouvrir avec des matériaux.

Propos recueillis par Seini Seydou Zakaria

 

 

La mise en œuvre  du programme électronucléaire du Niger (PEN) est conduite par la Haute Autorité à l’Energie Atomique(HANEA). Dans cette interview, le président du Collectif des Organisation de Défense du Droit à l’Energie (CODDAE) revient sur les contraintes et les challenges d’une centrale nucléaire au Niger, mais aussi sur la prise de décision découlant de la réalisation d’un tel complexe industriel.

M. le président, l’énergie est une question prioritaire pour notre pays et le monde entier. Quelle est votre appréciation par rapport à l’engagement du Niger dans un Programme électronucléaire ?

J’apporte tout de suite une précision importante. Il s’agit ici du nucléaire civil ! Je pèse mes mots, compte tenu du contenu anxiogène, inné au mot «nucléaire». Etablissons ensuite la situation énergétique du Niger. Voici des faits remarquables et simples : le Niger est le pays africain qui consomme le moins d’énergie par habitant et paradoxalement, il dispose plus de 269.000 tonnes d’uranium et occupe le 4ème rang des producteurs mondiaux d’uranium. Vous remarquerez que notre pays produit du pétrole depuis le 28 novembre 2011, néanmoins, nous demeurons un petit producteur, et de toute façon c’est une énergie qui coûte encore chère ; en plus, les fluctuations mondiales des prix du pétrole créent un désordre qu’un pays aux ressources limitées comme le nôtre ne peut que subir.

Au rythme actuel, pour permettre au Niger d’atteindre un taux d’électrification d’au moins 80% en 2035, il est obligé de changer de stratégie. Notre pays doit s’orienter vers une énergie de substitution, ce qui lui permettrait sans doute de porter son choix sur le nucléaire civil. Dans cette perspective, il a lancé, le 16 mars 2011, son programme électronucléaire (PEN), qui est un vrai levier de croissance et qui répond aux nouveaux enjeux techniques et sociétaux. Dans ce contexte, le Niger coopère étroitement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cette coopération est le résultat d’une politique cohérente et réaliste. D’ailleurs, l’AIEA a fixé des objectifs à nos dirigeants. A la lumière des résultats très encourageants, le PEN suscite beaucoup d’admiration et de visibilité. En 2018, une équipe d’experts est arrivée à Niamey, afin d’examiner l’état d’avancement de l’infrastructure. Il s’agit de l’examen intégré de l’infrastructure nucléaire (INIR). Cette première mission reposait sur l’approche par étapes de l’AIEA, qui s’articule autour de 19 questions et se découpe en 3 phases et 3 étapes. Elle permet aux représentants des États membres de l’AIEA d’engager des débats approfondis avec des experts internationaux sur les expériences engrangées et sur les meilleures pratiques appliquées dans différents pays. L’équipe INIR avait observé que le gouvernement était fermement résolu à mettre en place l’infrastructure nucléaire. Dans ce cadre, le Niger a créé le Comité d’orientations stratégiques pour le programme électronucléaire et le Comité technique national pour le programme électronucléaire, placés sous la tutelle de la HANEA. Ces deux Comités forment l’organisme d’application du Programme d’énergie nucléaire (NEPIO). Ceci a permis à l’équipe INIR d’obtenir des informations complémentaires sur les 19 dossiers, accompagnés de la documentation nécessaire à la mise en œuvre de l’infrastructure électronucléaire. Des recommandations et préconisations qui ont montré l’intérêt de notre pays avec des étapes bien réfléchies, sont sorties de ces études. L’exécution du programme permet à notre pays d’acquérir un savoir-faire et une maîtrise des technologies diversifiées dans le domaine du nucléaire civil. Il s’agit d’un choix harmonieux et déterminé par des facteurs internes et externes, qui suscitent de grands espoirs dans sa mise en œuvre. Sa complexité tient à la géopolitique et aux intérêts protégés de certains pays du nord. L’ambition du Niger consiste à produire de l’énergie sur la base de ses besoins de consommation sans pour autant contribuer au réchauffement climatique et donc, en réduisant au maximum l’émission des gaz à effet de serre. Pour cela, une communication efficace est établie entre les différents intervenants et principalement avec la société civile. Actuellement, celle-ci travaille en étroite collaboration avec la HANEA et l’ARSN. Cependant, cette mission nécessite la création d’une synergie d’actions plus poussée et d’un consensus à l’échelle nationale pour sa réussite. Une fois que cette condition aurait été atteinte, le gouvernement doit mettre à la disposition de la HANEA et à l’ARSN des locaux supplémentaires et des ressources humaines en quantité et de qualité, car le site qui doit accueillir la centrale nucléaire est déjà proposé et dans les meilleures conditions la pose de la première pierre est prévue en 2025.

Dans une période comme celle que nous traversons, selon vous en quoi le secteur de l’énergie nucléaire civile, est-il important pour le Niger et l’Afrique de l’ouest ?

L’importance de l’énergie nucléaire civile n’est plus à démontrer. Ces 50 dernières années les technologies ont beaucoup changé. Le premier facteur déterminant est que le nucléaire a un atout exceptionnel pour tout développement économique et social. Néanmoins, toutes les énergies ont des avantages et des inconvénients. En faisant objectivement la part des choses, on se rend compte que pour le Niger, le choix du nucléaire peut procurer aux consommateurs une électricité à moindre coût, saine et sans émission du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Le défaut de l’énergie nucléaire, est singulièrement le transport et le stockage des combustibles usés qui sont nocifs pour l’environnement, ainsi que pour la santé de la population, à cause de leurs substances radioactives qui sont aujourd’hui maîtrisables grâce aux nouvelles méthodes d’exploitation. En revanche, vu les dégâts considérables dus aux énergies fossiles par le fait de la pollution et du gaz à effet de serre, le Niger a les moyens de minimiser le risque d’accident. Cependant, la réalisation d’une centrale nucléaire est un processus lent qui nécessite un investissement pouvant engendrer un coût particulièrement élevé, le plus souvent insupportable par les ressources propres de l’Etat. Mais, grâce à son excellent rendement, dès sa mise en service, la centrale nucléaire permettra un retour rapide à l’investissement et un gain considérable en termes de taux d’accès et de couverture à l’électricité. Toutefois, la mise en œuvre du PEN est une question sensible que notre pays aborde en toute confiance et en toute transparence vis-à-vis de l’AIEA, en concertation avec la HANEA et l’ARSN. C’est pour dire que ledit programme est géré par le gouvernement avec une ferme conviction. La prétention de notre pays à disposer d’une centrale nucléaire civile et d’intégrer les grands pays disposant de cette énergie est parfaitement légitime et à sa portée. N’a-t-on pas coutume de dire, «la vie est une question de choix, soit on se lève en prenant son destin en main, soit on reste spectateur de la réussite des autres».

Comme vous dites, il est important de créer la confiance et la transparence dans le processus. Quelles actions comptez-vous mener pour convaincre du bien-fondé de ce choix historique et patriotique ?

Je trouve cohérent de mobiliser les acteurs qui comptent dans le pays, dont les ONGs, en concertation avec la HANEA et l’ARSN, deux institutions qui ont fait d’énormes progrès et qui ont démontré jusqu’à ce jour un savoir-faire remarquable en matière de gestion des différentes activités nucléaires. Il y a certes une offensive de certains pays et certaines institutions internationales qui cherchent à minimiser la décision de notre pays, classé pourtant 4ème producteur mondial de l’uranium. C’est pourquoi, les responsables du pays doivent avancer avec assurance et en toute lucidité dans la réalisation de cet important projet pour le Niger et l’Afrique de l’ouest, conformément à leurs bonnes intentions et à l’option du mix énergétique. L’Assemblée nationale et le Conseil économique, social et culturel (CESOC), peuvent se saisir de la question pour renforcer la détermination de l’Etat sur la base d’une information complète recueillie après audition de toutes les parties prenantes. Ensuite, ces institutions de la République doivent plaider pour que le choix du gouvernement, soit définitivement respecté et exécuté dans les délais prévus. Pour atteindre ce grand défi, il faut appeler à plus de mobilisation des leaders d’opinion, car le Programme électronucléaire, fait une place de choix aux acteurs de la société civile, plutôt que de susciter à tort l’hostilité des citoyens. C’est en ce sens que la réalisation du PEN permettra de tester la clairvoyance et la prévoyance des Nigériens. En d’autres termes, il faut avoir de la hauteur et du recul nécessaire pour aboutir à cet objectif.

Des incidents récents ont démontré que les centrales nucléaires présentaient des dangers. Que proposez-vous afin qu’au Niger les gens ne soient pas contre l’utilisation de l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité ?

Effectivement, dans certains pays très avancés, les centrales nucléaires suscitent de la controverse. Des farouches écologistes pensent qu’elles sont trop audacieuses, tandis que d’autres groupes croient plutôt qu’il s’agit d’une solution de rechange sûre et propre aux autres modes de production de l’électricité. Croyez-vous que les mesures de sécurité et de sûreté nécessaires n’aient pas été prises dès le départ dans les pays où les accidents nucléaires se sont produits ? Atténuer les risques des accidents nucléaires, suppose que les gens reconnaissent que l’énergie nucléaire représente le meilleur moyen pour produire de l’électricité que les pays africains, dont le Niger, ont tant besoin. Il faut admettre que lors de la conception d’une centrale nucléaire, les dangers potentiels liés à la manipulation et au traitement chimique des éléments combustibles irradiés, font au préalable l’objet d’examens bien réfléchis et approfondis. Naturellement, certains débats sur les risques d’accident provoquent la méfiance et l’inquiétude des populations, mais lorsque les avantages nucléaires leur sont expliqués, leur adhésion s’accroit. Les études effectuées conduisent à la mise en place de dispositifs appropriés, qui permettent d’affirmer, en toute objectivité, que les travailleurs, les populations et l’environnement sont parfaitement protégés. C’est pourquoi, le gouvernement a tout intérêt de maintenir à un niveau plus élevé la confiance des populations et des partenaires, en même temps adopter des mesures renforçant leur efficacité. En revanche, si le Niger n’avait pas lancé ce programme, il aurait passé cinquante ans, soit dans des coupures d’électricité récurrentes, soit dans des pénuries énormes d’électricité, soit confronté à des investissements qui accroîtraient sa dépendance en électricité vis-à-vis du Nigeria. En conséquence, il faut établir de véritables perspectives, et défier toutes les idées préconçues. L’énergie nucléaire est une source sûre, non polluante, tournée vers l’avenir et, pour le cas du Niger, ne servira nullement à la fabrication d’armes nucléaires. C’est pour toutes ces raisons que la tâche de chacun de nous, réside dans sa contribution méthodique minime soit-elle à cet effort national de finalisation du PEN dans les meilleures conditions. Comme tout le monde le sait, le risque zéro n’existe dans aucun domaine humain. Nous avons une population très jeune et donc des besoins énormes pour les former et les encadrer en vue de produire une économie performante et dynamique. Comment réussir ce pari existentiel sans une énergie bon marché ? En tant qu’acteur de la société civile au plan national et international, je pense que le nucléaire civil est un choix intelligent et responsable, car comme on dit, «quand on veut aller au bain, on ne va pas au moulin.»

Propos recueillis par  Oumarou Moussa

Source : http://lesahel.org/

 

M. Moutari Ousmane, Président du Conseil Régional de Zinder M. Moutari Ousmane, Président du Conseil Régional de Zinder Monsieur  le président, est-ce qu'on peut dire que votre institution a réellement pris ses marques dans le dispositif de la décentralisation au niveau de la région ?
Après pratiquement sept ans d'existence au niveau de l'échiquier institutionnel national, le conseil régional est définitivement ancré au niveau de la Région. Parce que la population a maintenant pris l'habitude de nous voir, au sens propre comme au sens figuré, c'est-à-dire de connaitre le siège du Conseil et de faire des recours auprès de lui ; de nous voir dans les médias et sur le terrain, soit en tant que Conseil Régional, soit dans le cadre du suivi-évaluation des projets et programmes qui sont en cours dans cette région. Le conseil régional n'a pas eu d'attache aisée puisque avec son institution en 2011, il est venu trouver des acteurs déjà présents au niveau de l'échiquier régional et local, des acteurs déjà présents. Bien sûr, il y a l'Etat qui est l'acteur principal à travers l'administration déconcentrée, le gouvernorat, les préfectures et également les communes qui étaient là depuis 2004 sur le terrain également. Et puis, il y a aussi la chefferie traditionnelle qui est une institution ancestrale. Donc, il y a ces institutions qui étaient là, mais aussi des projets et programmes dans nos villes et les villages. C'était des acteurs qui étaient présents avant le Conseil Régional. Le Conseil est venu, il a pris sa place et il continue à prendre sa place et montrer son utilité.

M. le président, de par la mission qui vous est assignée quelles sont les actions que vous avez pu réaliser depuis votre installation ?
La mission principale du conseil régional, définie par la loi, c'est-à-dire le Code Général des Collectivités Territoriales, est de s'occuper de tout ce qui concerne les questions du développement social, économique, culturel et sportif de la région. Mais, en dehors de cette mission générale, il y a des domaines spécifiques, au nombre de 19, dans lesquels l'Etat peut lui transférer des compétences spécifiques. Parmi ces dix-neuf (19) domaines, il y a quatre (4) qui ont été transférées, à savoir l'Education, l'Hydraulique, l'Environnement et la Santé. Pour l'Education, c'est tout ce qui concerne l'enseignement secondaire ; pour l'Hydraulique, c'est l'hydraulique pastorale ; l'environnement, c'est tout ce qui concerne la préservation de l'environnement forestier, l'environnement piscicole et en général tout ce qui concerne le maintien de l'équilibre de l'écosystème de la région. Pour la Santé, il s'agit des centres de santé mère-enfant, des centres régionaux de transfusion sanguine, des centres bucco-dentaires et des centres hospitaliers régionaux là où ils existent. Aussi, nous avons en charge la présidence du conseil régional de la santé qui se réunit régulièrement pour faire le point sur la situation et déterminer les actions à entreprendre. En plus de cela, il y a aussi la récupération des arriérés de la gratuité des soins. Vous savez que, selon les engagements de Bamako, l'Etat s'est engagé à assurer la gratuité des soins pour les femmes enceintes et pour des enfants de 0 à 5 ans. Mais au-delà de ses compétences spécifiques, le Conseil Régional s'occupe du développement de la Région.

 «On note des progrès particulièrement dans le domaine de l’éducation des enfants handicapés ; cependant,il faut regretter la suppression du fonds de soutien aux personnes handicapées en 2018 »

Le sommet mondial sur le handicap 2022 se tient en Norvège du 16 au 17 février en partie en format virtuel. Monsieur le président de la Fédération Nigérienne des personnes handicapées, que représente pour vous cette rencontre?

Cette rencontre, est l’une des plus importantes au monde sur le handicap. Elle représente à la fois plus d’espoir et de détermination tant pour les organisations représentatives des personnes handicapées que pour les gouvernements pour la promotion des droits des personnes handicapées.

Comment la Fédération nigérienne des personnes handicapées entend marquer sa participation à l’édition 2022 du sommet mondial sur le handicap ?

La Fédération nigérienne des personnes handicapées prépare activement cette rencontre depuis plusieurs mois maintenant, à travers principalement le plaidoyer pour la prise d’engagement par le gouvernement, pour d’une part réviser le document de politique de protection sociale qui date de 2011 et d’autre part l’adhésion de notre pays à la stratégie 2030 sur la réadaptation de l’OMS. Aussi, laFédération nigérienne des personnes handicapées a doté 48 étudiants en tablettes numériques à travers le pays et les a formés sur la convention relative aux droits des personnes handicapées et à l’initiation à l’écriture journalistique, afin qu’ils soient capables de rédiger des messages de plaidoyer mais aussi et surtout qu’ils puissent utiliser les tablettes pour leurs recherches dans le cadre de leurs études.

Seize ans après l’adoption de la Convention relative aux droits des personnes handicapées(CDPH) et 14 ans après son entrée en vigueur, quelle appréciation portez-vous sur les progrès enregistrés au Niger du fait de la mise en œuvre des engagements du pays en tant qu’Etat partie ?

Après la ratification de la CDPH par notre pays, on note des progrès particulièrement dans le domaine de l’éducation des enfants handicapés avec l’achat du matériel adapté. On note aussi une évolution notable dans la prise en compte des personnes handicapées dans les lois, les politiques et programmes. Il faut souligner particulièrement que, l’axe 7 de la déclaration générale de politique du gouvernement est intitulé solidarité et inclusion sociale. Cependant, il faut regretter la très faible mobilisation des ressources pour l’autonomisation des personnes handicapées avec la suppression du fonds de soutien aux personnes handicapées en 2018.

Justement, monsieur le président de la FNPH, y-a-t-il des progrès dans le travail que vous menez ces dernières années pour une autonomisation des personnes handicapées et l’abandon de l’assistanat comme solution à leur situation ?

Pour notre travail en tant qu’acteur de la société civile, nous avons beaucoup progressé dans la promotion des droits de toutes les personnes handicapées, avec des projets dans les domaines de l’éducation, la protection sociale, la réadaptation mais surtout le renforcement du leadership des responsables de nos organisations dans les huit régions du Niger et le plaidoyer à tous les niveaux de prise de décisions.  

Croyez-vous en la réussite de cette démarche quand on sait que beaucoup de personnes handicapées trouvent de quoi subvenir à leurs besoins grâce à la mendicité dont elles en font un métier ?

Je ne crois pas seulement, mais je suis convaincu que l’écrasante majorité des personnes handicapées font la mendicité contre leur gré. Une fois que le gouvernement mettra les ressources nécessaires pour leur autonomisation, mettra en place un système pour l’écoulement des produits fabriqués par les artisans handicapés, cela favorisera l’emploi et l’auto emploi des personnes handicapées.Beaucoup d’entre elles quitteront la mendicité définitivement.

Entretien réalisé par Souley Moutari(onep)

 

« Notre objectif est de contribuer à lutter contre la mendicité à cause d’un handicap physique, surtout chez les jeunes.  Et nous avons trouvé que le sport est le meilleur ambassadeur pour lutter contre ce phénomène » 

M. le président, tout récemment la ville de Niamey a accueilli les 5èmes jeux Africains des para-taekwondo. Cette occasion a permis à beaucoup de personnes de découvrir votre structure.  Pouvez-vous nous présenter davantage cette fédération.

La Fédération Nigérien de Sport des Personnes Handicapées Physiques est une organisation comme toutes les autres structures qui a sa reconnaissance juridique délivrée par les autorités compétentes. Elle a été créée le 12 août 2020. Notre Fédération a pour mission de vulgariser, de promouvoir et de protéger le sport chez les personnes handicapées physiques au Niger. Dans cette dynamique, nous réalisons plusieurs activités. Nous avons même eu la chance de participer à des compétitions internationales comme le jeux para olympique, le championnat du monde para taekwondo, ça c’est au plan international. Au plan national, en collaboration avec les fédérations sportives, nous organisons régulièrement des activités de développement des différentes disciplines sportives et de détection des talents dans toutes les disciplines sportives.

Quelle appréciation faites-vous de la participation des personnes handicapées dans les activités sportives ?

Je pense que c’est très positif. Par exemple aujourd’hui aux derniers jeux para-badminton on est classé 3ème sur dix pays. Au plan National et ici au niveau national on a réussi à organiser le championnat national sportif qui a regroupé 105 athlètes à Niamey, dans toutes les disciplines, comme l'athlétisme, la course du tricycle communément appeler le hand-bay, des démonstrations de tennis de table, basket-ball sur fauteuil roulant et volleyball. Vraiment ces paquets d'activités ont amené beaucoup de changements parce que ça a poussé les personnes handicapées physique d'adherer aux sports, de croire en elles- mêmes et de savoir qu’elles aussi peuvent pratiquer le sport. Les handicapés physiques ont ainsi pris conscience que, malgré leurs états physiques, ils peuvent faire de sport et à travers cela amener leur contribution pour un développement du pays.

Quel changement avez-vous constaté chez les handicapés qui pratiquent le sport ?

Vraiment la pratique du sport, je ne vous cache rien, vise à amener beaucoup de personnes handicapées à devenir des athlètes et à abandonner la mendicité. Par exemple, en prélude aux para-taekwondo qui se sont déroulés à Niamey, nous avons enregistré au moins deux ou trois jeunes qui ont laissé la mendicité. Nous avons aussi d’autres disciplines sportives qui ont enrôlé des jeunes handicapés laissant ainsi la mendicité. C’est le cas du hand-bay (la course de vélo). Dans cette discipline le Niger devait même effectuer un déplacement sur Dakar. Mais à cause de l’insécurité au niveau des frontières ce déplacement a été annulé. Nous avons aujourd’hui des athlètes handicapés qui font la promotion du sport auprès des jeunes handicapés et à l’endroit des parents dont les enfants portent un handicap physique. Donc notre objectif comme je l’ai dit en début de cet entretien, c’est de contribuer à lutter contre la mendicité par des personnes à cause d’un handicap physique, surtout chez les jeunes.  Et nous avons trouvé que le sport est le meilleur ambassadeur pour lutter contre ce phénomène.

Quelles sont les principales attentes de la fédération nigérienne de Sport des Personnes Handicapées Physiques ?

Vraiment les attentes de la fédération sont énormes. La première attente c'est pour une qualification aux jeux para olympiques. Parce que dans le domaine du sport handicapé, le Niger participe sur invitation. Donc pour les prochains jeux nous voulons arracher une qualification pour le Niger. C’est possible si nous arrivons à avoir le soutien de l’Etat et des autres partenaires.

L'Etat doit créer les conditions pour que les personnes handicapées physiques puissent pratiquer le sport comme il le faut. Cela doit commencer par la construction d’infrastructures adaptées aux personnes handicapées et les doter de matériels aussi adaptés, comme les fauteuils roulants pour le basketball, les béquilles réglementaires, les vélos pour le hand-baye, les chaises pour lance poids. Donc il nous faut vraiment du matériel adapté pour qu’on puisse pratiquer le sport comme il le faut.

Est-ce que vous faites des démarches pour aboutir à l’attente de vos objectifs ? Avez-vous des partenaires qui vous accompagnent ?

Nous sommes en train de faire les démarches à tous les niveaux, auprès de l’Etat et auprès des partenaires notamment, les ONG qui interviennent dans l’inclusion. C'est avec ces démarches qu’on a pu obtenir un terrain polyvalent sur lequel on peut jouer le basket sur fauteuil roulant, le volley-ball, une salle de gymnastique. Ce n’est pas suffisant nous voulons avoir aussi un terrain pour le football handicapé équipé et dans d’autres disciplines.

Parmi nos partenaires potentiels il y’a la C.I.C.R qui tout le temps est à nos côtés en nous accompagnant, financièrement et matériellement, dans toutes nos activités. C’est cette organisation même qui nous a doté de fauteuils roulants, de ballons de basketball, la construction du terrain polyvalent.

Quelle appréciation faites-vous de votre participation aux jeux para-taekwondo Africains de Niamey ?

Au dernier para taekwondo, nos athlètes ont bien répondu à nos attentes. Et, permettez-moi d’adresser mes remerciements à la fédération nigérienne de taekwondo et son staff technique qui a pris toutes les dispositions pour l’encadrement des jeunes. Les enfants on reçu un excellent encadrement et en espace de 6 mois ils ont été formés et outillés ce qui nous a permis d’enregistrer ce résultat.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous-êtes confrontés ?

Les difficultés qu'on rencontre c'est principalement le manque de matériel adapté aux pratiques des sports pour personnes handicapées. Le sport handicapé est peu connu par la population nigérienne donc si on arrive à avoir du matériel, on peut vraiment montrer que les personnes handicapées peuvent pratiquer et réussir dans le sport.

Avez-vous un appel ou un message à transmettre ?

L'appel que j'ai à lancer c'est à l'endroit de la population et de l'État. Nous attendons vraiment un soutien fort pour aider les personnes handicapées notamment, les jeunes à abandonner la mendicité.  Il faut que tous les acteurs du développement en général et ceux qui interviennent dans l’inclusion, soutiennent les personnes handicapées. Avec un peu de soutien les personnes handicapées seront capables de faire la différence.

A travers le soutien dans ce sens les personnes handicapées peuvent amener leur contribution pour le développement de notre pays en matière de sport. C’est l’occasion pour eux de faire comprendre que le handicape n'est pas une fatalité. Nous rencontrons d’autres difficultés au niveau des personnes handicapées elles mêmes. Il y'a encore des personnes handicapées qui ne comprennent pas.  Il revient alors à la Fédération de mener un grand travail dans ce sens. Donc mon cri de cœur c’est à l’endroit des parents qui souvent cachent leurs enfants. Je pense que, il est grand temps pour que nous comprenions que le monde a changé.

Par  Ali Maman et Indatou Harouna (stagiaire)
ONEP

Monsieur le Ministre, le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Mohamed Bazoum célèbre, ce 12 juillet 2021, ses 100 premiers jours à la tête de notre pays. Quel bilan d’étape peut-on faire au niveau de votre département ministériel ?

A l’entame de notre mission, nous avons, comme c’est la règle, pris contact avec tous les responsables et les autres catégories de personnel de l’administration centrale et des différentes structures sous tutelle. Ces rencontres nous ont permis de faire le point sur les missions assignées aux uns et aux autres et de dégager des axes d’orientation, conformément aux domaines prioritaires retenus au titre de notre département, dans le cadre du Programme de Renaissance 3 du Président de la République, S.E. Mohamed Bazoum, programme duquel découle la Déclaration de Politique Générale (DPG) du Gouvernement.

Ces domaines, faut-il le rappeler, sont relatifs à la liberté de la presse à travers l’amélioration de l’environnement professionnel et juridique du secteur des médias ; à la modernisation des organes de presse publics ; à la suppression des zones d’ombre TV/Radio et à la finalisation de l’installation de la TNT ; sans oublier la couverture en infrastructures et services d’information du territoire national.

Comme vous pouvez le constater, le chantier est vaste. Des actions ont certes été entreprises ces dernières années mais nous nous attachons à les poursuivre et à les parachever. L’un dans l’autre, le bilan des 100 jours, en ce qui concerne notre secteur, peut être qualifié d’appréciable, même s’il reste encore à faire.

Monsieur le Ministre, comment se porte la presse nigérienne ?

La presse nigérienne se porte bien, on peut le dire sans risque de se tromper. En effet, comme vous le savez, les délits par voie de presse ont été dépénalisés et notre pays est un des  premiers, au plus haut sommet, à signer la Déclaration de la Table de la Montagne. Au titre du classement annuel établi par Reporters Sans Frontières (RSF), nous avons, ces dix dernières années, accompli des progrès substantiels puisque nous sommes passés  du 139 è rang mondial en 2009 au 59ème rang en 2021. Nous avons même surclassé certains pays qui étaient pourtant cités en exemple dans ce domaine. Pour consolider les acquis et poursuivre sur cette lancée, nous allons renforcer les capacités  des hommes des médias aux plans de l’éthique et de la déontologie car, vous le savez, c’est précisément à ce niveau que le bât blesse chez certains de vos confrères.  Enfin, nous travaillons à finaliser les conditions nécessaires à la signature, dans les plus brefs délais, de la Convention collective de la presse.

Monsieur le ministre, parlez-nous de la TNT. Où en sommes-nous ?

Dans la perspective du lancement officiel de la diffusion en TNT, une Equipe projet chargée de la finalisation du projet TNT en cours, est à pied d’œuvre pour l’évaluation ; elle est chargée de faire l’état des lieux du processus d’installation des équipements de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) et du parachèvement des installations prévues à cet effet.

En ce qui concerne les studios de production radio et TV (ORTN) à Niamey, leur installation est presque achevée. Tous les studios et toutes les régies de la Voix du Sahel sont opérationnels ; il reste deux (02) studios et régies à installer à la Maison de la télévision. Au niveau des Stations régionales, l’installation a démarré par Tillabéry et Dosso.  La mise en place des nouveaux centres TNT, elle, a débuté par Makalondi et suit son cours.

L’appropriation de la technologie liée au car dix (10) caméras haute définition (HD) par les agents de l’ORTN est également en cours à travers des séances de formation. Quant à la formation sur le Multiplex à capacité extensible (Décodeur TNT Niger qui héberge actuellement une quinzaine de chaines publiques et privées) sis au PK 5 Lazaret, à Niamey, elle  a été bouclée.

La fin de la diffusion analogique est envisagée dans les meilleurs délais et nos équipes, à travers notamment l’Agence Nigérienne de Diffusion (AND), travaillent d’arrache-pied à l’atteinte de cet objectif essentiel qui nous permettra d’aboutir à la finalisation de la TNT.

Par Assane Soumana(onep)

12 juillet  2021
Source : http://www.lesahel.org/

Résultat de recherche d'images pour "Ramatou Hama"Madame la directrice, les écoles Decroly représentent une nouvelle conception de l'école publique. Pouvez-vous nous présenter le Complexe Scolaire Communautaire Decroly que vous dirigez et nous faire la genèse de sa création ?
Tout récemment, en début de ce mois de décembre, notre école a reçu la visite de la Première Dame Hadjia Aïssata Issoufou. Et ce fut pour nous une occasion idéale de faire découvrir aux uns et aux autres l'école Decroly, une initiative très appréciée dans notre pays. Pour en revenir à la genèse de la création de cette école, je vous informe qu'en 1991, j'étais directrice de l'Ecole Primaire de l'Amitié à Niamey. En 2005, j'ai eu la chance de bénéficier d'une bourse de la Coopération Belge pour un stage pratique de trois mois en Belgique, à l'école Decroly de Bruxelles. C'est donc précisément à l'issue de ce stage que j'ai eu l'idée, combien lumineuse, de créer une école Decroly une fois de retour dans mon pays, afin de mettre en pratique certains principes pédagogiques que j'ai acquis lors de mon stage. J'étais convaincue que cela sera possible. C'est ainsi qu'en 2007, au cours d'un colloque international sur ''les méthodes actives dans l'enseignement aujourd'hui'', organisé à l'occasion du centenaire de l'Ecole Decroly de Bruxelles, j'ai présenté les résultats de cette importante expérimentation.

Adamou BachirouAMADOU ADAMOU Bachirou est diplômé de l’École Nationale d’Administration et de Magistrature (ENAM) du Niger. Il poursuit ses études en France où il est Doctorant en droit public à Faculté de droit de Toulon et est attaché de recherche au Centre de Droit et politique Comparé - CDPC Jean-Claude Escarras, Université de Toulon. Notre compatriote est auteur du livre « Niger, examen de conscience » publié il y a quelques mois déjà. Les domaines d’intervention Maître Bachir comme on l’appelle sur les réseaux sociaux sont : Droit constitutionnel, Droit international, droit européen, droit de l'Union européenne, Droit communautaire CEDEAO. C’est donc à un éminent juriste que L’Éclosion a tendu son micro pour tenter de comprendre les tenants et aboutissants des derniers développements de l’actualité juridique dans notre pays, notamment, la révision de la Constitution, le rejet du Code électoral par le Juge constitutionnel entre autres. C’est un entretien dépassionné et purement technique que nous vous invitons à lire ….

L’Éclosion : la conséquence de l'arrêt 03 du 30 juin de la cour constitutionnelle est le rejet du code électoral or c'est sur celui-ci que le président de la République s'est basé, peut-on croire, pour annuler l'élection législative partielle de Maradi. Juridiquement, quel est le sort de ce décret présidentiel ?

AMADOU ADAMOU Bachirou : l’analyse de l’arrêt de la Cour constitutionnelle est porteuse de trois enseignements quant à la place du droit dans la régulation de la vie sociale et politique au Niger. Le constituant a donné une nette prévalence à la Cour constitutionnelle pour contrôler avant leur promulgation, la conformité des lois organiques à la Constitution, ce, en vertu des articles 126 et 131 alinéa 1 de la Constitution du 25 novembre 2010. Ce contrôle préventif que l’on appelle ordinairement contrôle a priori concerne aussi les traités avant leur ratification et le règlement de l’Assemblée nationale. C’est donc tout naturellement que la nouvelle loi organique portant modification du code électoral fasse l’objet de contrôle de conformité à la Constitution dans sa version consolidée.

{xtypo_quote}« notre système judiciaire, (…) est devenu, à l’épreuve de la pratique, une machine à écrouer. Présentée aujourd'hui comme la règle et non l’exception, la détention préventive semble être devenue le moyen juridique par lequel, on tord le cou à l’État de droit en jetant en pâture l’un des fondements indispensables à son effectivité, en l’occurrence le principe de la présomption d'innocence. » Maître ADAMOU Bachirou{/xtypo_quote}

Le premier enseignement, et il est important, est que la saisine de la Cour constitutionnelle par le premier ministre prouve l’état d’avancement de la démocratie nigérienne et la place que le gouvernement a entendu accorder au droit dans la régulation de la vie sociale et politique. Il y'a quelques années, qui aurait été véritablement intéressé par des telles questions si ce ne sont les acteurs politiques eux-mêmes et accessoirement les universitaires et chercheurs pour les besoins de leurs analyses. Aujourd'hui le droit est devenu un instrument incontournable de régulation de notre vie sociale. Nos gestes quotidiens sont empreints de droit et ne laissent qu’une place marginale à d’autres considérations au point que tout acte de gouvernement, toute action politique ou tout fait quelconque, même isolé, qui impliquerait une personnalité publique, lorsqu’il est jugé contraire à la norme établie, provoque l’émoi populaire et parfois l’indignation.

À cet égard, la suprématie accordée au droit s’en est trouvée confortée par le juge constitutionnel dont l’action s’étend en réalité, outre le champ juridique, sur tout le champ politique. Le droit apparaît à cet effet comme l’outil de légitimation de toute action politique. L’exemple de l’arrêt de 2009 est à cet égard illustratif. En effet l’avis de la Cour constitutionnelle et plus tard l’arrêt rendu par cette dernière pour déclarer d’abord l’inconstitutionnalité du projet de révision de la constitution entrepris par le chef de l’État qui voulait, au crépuscule de son deuxième quinquennat, s’accorder un « bonus » et ensuite annuler le décret portant convocation du corps électoral pour un référendum jugé non conforme, a servi de levier à la contestation politique et sociale. Ainsi, le droit à servi de base à la contestation qui a suivi jusqu’à la fin de règne de Monsieur Tandja. On voit que dés lors, les Nigériens sont très attachés à la primauté du droit et notamment, à la légalité constitutionnelle. Ils mettent ainsi à contribution le juge constitutionnel dont la mission apparaît comme la plus importante de notre vie démocratique. C’est en ce sens que son indépendance est considérée comme une des conditions nécessaires de la réalisation de la démocratie.

Deuxième enseignement, et ce n’est pas une surprise, c’est la déclaration de non-conformité de certaines dispositions de la loi organique portant adoption du nouveau code électoral à certaines dispositions constitutionnelles notamment les nouveaux articles issus de la loi de révision constitutionnelle adoptée dernièrement par la même Assemblée nationale. Il permet de s’interroger non sans un certain étonnement, sur la nature des dispositions constitutionnelles qui ont servi de fondements à l’adoption de la nouvelle loi portant code électoral au Niger. Tout porte à croire que l’Assemblée nationale, a expressément ignorer les nouvelles dispositions constitutionnelles qu’elle venait d’adopter quelques jours plutôt.

En effet, la lecture de l'arrêt de la Cour constitutionnelle révèle une méconnaissance des dispositions issues de la Constitution révisée. C’est dire que, les députés ne semblent pas avoir la maîtrise des dispositions constitutionnelles qu’ils avaient eux-mêmes adoptées. Mais cette situation n’est pas surprenante puisqu’elle semble conforter la thèse selon laquelle l’Assemblée nationale au Niger, est une chambre d’enregistrement de la volonté du gouvernement dont elle ne contrôle point l’action mais entérine simplement les décisions. Cela est d’autant plus vrai qu’au Niger la loi n’est véritablement pas l’œuvre des parlementaires mais l’émanation d’un projet gouvernemental dont l’Assemblée se contente simplement de voter. Pourtant, s’il est vrai que l'initiative de la loi appartient au gouvernement (à travers l’adoption d’un projet de loi) et à l’Assemblée nationale (à travers la proposition de loi), force est de reconnaître qu’au Niger, seul le gouvernement fait la loi.

Cette situation est regrettable, lorsqu’on sait que, le propre d’une démocratie parlementaire c’est l’importance qu’elle accorde à la fonction parlementaire. Le député, représentant de la nation, est censé, par l’action législative, traduire concrètement l’opinion générale du peuple dont il est le représentant. Il est dès lors, inconcevable que durant une législature de cinq (5) ans, chaque député n’ait pu être à l’initiative d’une loi. Il est tout de même curieux que le gouvernement soit, dans un système de démocratie parlementaire, le seul initiateur des lois. Ce qui est encore plus frappant, c’est que dans notre pays, la plupart des parlementaires ignore presque tout de leur rôle, de leur fonction et de leur mission. Il n’est donc pas étonnant que l’Assemblée nationale soit confondue au gouvernement si bien que les deux pouvoirs sont à beaucoup d'égards cumulatifs. En témoigne notamment l’absence quasi-générale dans notre droit positif, des lois adoptées par l’initiative parlementaire.

C’est donc à leur décharge, car à l'évidence, la nouveauté de la procédure et l’absence d’encadrement par l’assistance, font que des telles procédures législatives soient empreintes de plusieurs contrariétés dont l’examen préalable de la Cour constitutionnelle, par le mécanisme du contrôle a priori, permet de relever. C’est en ce sens que l’article 8 de la loi organique, excluant de l’inscription sur la liste électorale, des personnes « en état de contumace » a été opposée à l’article 20 de la Constitution relative à la présomption d'innocence. Quant aux autres articles déclarées contraires à certaines dispositions de la Constitution, ils ont été adoptés sans tenir compte des exigences constitutionnelles notamment celles issues de la Constitution révisée.

Le troisième enseignement à la lecture de l’arrêt de la Cour constitutionnelle, a trait à la portée de la décision de la juridiction constitutionnelle. Dans les motifs de sa décision, la Cour a affirmé que « toutes les dispositions de la loi soumise à contrôle déclarées non conformes à la Constitution ne sont pas séparables du reste du texte ». En conséquence, cette Déclaration d'inconstitutionnalité neutralise la portée de la loi qui ne peut être promulguée. Par voie de conséquence le nouveau code électoral ne peut prospérer.

Ce qui me permet de répondre à votre question, ou du moins au deuxième volet de la question relative à l'élection législative partielle de Maradi.

Je ne crois pas comme vous, il est d’ailleurs inconcevable, de soutenir que le Chef de l’État s’est fondé sur le nouveau code électoral pour reporter l’élection législative partielle à une date ultérieure. Si, l’annulation intervenue, en dépit de l’exigence constitutionnelle peut-être discutable, elle ne permet pas de soutenir que la loi organique portant code électoral dont les effets viennent d’être neutralisés pour non-conformité à la Constitution, a servi de fondement la décision reportant l’élection législative partielle de Maradi.

Ce qu’il convient de rechercher c’est plutôt le caractère régulier ou non du décret du Chef de l’État qui annule l’élection législative partielle, en dépit de l’exigence de délai prescrit aux alinéas 4 et 5 de l’article 85 de la loi organique 2014-04 du 15 avril 2014 portant régime électoral des membres de l’Assemblée nationale qui disposent respectivement que : « s’agissant d’un député suppléant en exercice, il est pourvu au siège vacant par élection partielle » ; « dans ce cas, le collège électoral est convoqué dans les deux (2) mois qui suivent la constatation de la vacance ». La Cour constitutionnelle l’a par ailleurs rappelé dans son arrêt n°002/CC/ME du 7 mars 2017 qui marque le point de départ du délai de deux (2) mois puisque constatant la vacance du siège de député pour lequel l’élection partielle est requise. Dès lors, l’exécutif, à travers le Chef de l’État, est tenu d’organiser cette élection au plus tard à la date fatidique du 7 mai 2017. Après cette date, aucune annulation du décret convoquant le corps électoral ne peut être décidée sans approbation préalable de la Cour constitutionnelle, seul juge électoral.

Il est donc curieux qu’un décret, fut-il, pris en Conseil des ministres, puisse se substituer au juge constitutionnel, par ailleurs juge électoral, pour décider unilatéralement de l’annulation du décret de convocation du corps électoral, pourtant pris en conformité à l’arrêt n°002 rendu par la Cour constitutionnelle le 7 mars 2017. En conséquence, ce décret d’annulation ne résistera pas à la confrontation des dispositions de l’article 85 la loi organique du 15 avril 2014 portant régime électoral des membres de l’Assemblée nationale.

Nous pouvons, au regard de ce qui précède, affirmer sans risque de nous tromper, qu’il y'a bien là un empiètement du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire. À travers ce décret, l’exécutif s’est substitué au judiciaire pour se dérober de ses obligations, en ce sens que le Conseil des ministres s’est érigé en une instance suprême vraisemblablement supérieure à la Cour constitutionnelle, pour décider, sans requérir l’avis pourtant obligatoire du juge constitutionnel, de l’annulation du décret convoquant le collège électoral et dont la conséquence a été le report à une date inconnue, de l’organisation de l’élection législative partielle. Or, en vertu de la loi organique actuellement en vigueur, en l’occurrence la loi n°2014-04 portant régime électoral des membres de l’Assemblée nationale, le nombre des députés siégeant à l’Assemblée nationale est portée à 171. Ce qui n’est pas le cas aujourd'hui jusqu’à ce que le siège vacant soit pourvu. Il y'a là évidemment un vide institutionnel que le décret du chef de l’État a eu le mérite de créer, nonobstant les exigences jurisprudentielles et législatives.

Est-ce que la convocation du corps électoral suppose forcément la tenue d'élection, je veux dire qu’en convoquant le collège électoral suite à un arrêt de la Cour constitutionnelle est-ce que le président de la République aura déjà respecté ledit arrêt malgré l'annulation qui s’en est suivie ?

 Jusqu’à preuve du contraire, c’est la loi organique 2014-04 du 15 avril 2014 portant régime électoral des membres de l’Assemblée nationale qui est d’application. Et conformément aux dispositions de l’article 85 de cette loi, le collège électoral doit être convoqué dans un délai de deux (2) mois dont le point de départ est la date de constatation de la vacance du siège pour lequel l’élection est requise, en l’espèce à partir du 7 mars 2017 date de la notification de l’arrêt constatant la vacance par la Cour constitutionnelle. En conséquence, la convocation du collège électoral dont l’ultime objectif est l’organisation du scrutin est une exigence juridique à laquelle l’exécutif ne pourrait déroger. L’obligation tirée de l’article 85 de la loi organique précitée s’étend de la convocation du collège électoral jusqu’à la proclamation des résultats. Ce qui suppose implicitement la tenue d’un scrutin libre et secret dans des conditions régulières telles que définies aux articles 84, 85 et 86 de la Constitution.

La seule convocation du collège électoral ne saurait suffire à satisfaire aux exigences posées par l’article 85 de la loi portant régime des élections des membres de l’Assemblée nationale telles que rappelées par l’arrêt n°002/CC/ME rendu par la Cour constitutionnelle le 7 mars 2017. Il fallait, pour être en conformité avec l’esprit de la loi, que le processus soit conduit jusqu’à son terme, c’est-à-dire que la Cour constitutionnelle puisse recevoir d’abord les déclarations de candidatures, examiner leur régularité, ensuite se prononcer sur leur validité, examiner aussi les éventuels contentieux qui pourront naître de cette élection et enfin proclamer les résultats définitifs de l’élection.

Il y'a eu en réalité un début d'exécution de l’arrêt de la Cour constitutionnelle. Mais par cette décision d’annulation, le décret convoquant le collège électoral pour l’élection partielle est devenu sans objet. Et pourtant, rien ne saurait justifier cela. L’exécutif semble vraisemblablement se complaire dans ce détournement de pouvoirs, en dépit de l’autorité de chose juge attachée aux arrêts de la Cour constitutionnelle. En effet, même si la raison qui a présidé au report du scrutin partiel pourrait être fondé et compréhensible, il n’appartient pas à l’exécutif (qui ne saurait l’ignorer) d’en décider d’un tel report, mais au juge électoral qui n'est en l’espèce, autre que le juge constitutionnel. En l’espèce, dans l’arrêt n°002/CC/ME du 7 mars 2017, il est demandé à l’exécutif de convoquer non seulement le collège électoral et plus encore, de rendre possible et réalisable, le processus électoral jusqu'à son terme.

En tout état de cause, cette décision en dépit de son caractère liberticide, porte en elle les germes d’une atteinte aux exigences constitutionnelles en ce qu’elle crée un vide institutionnel dont le fondement se situe entre l’article 84 de la constitution et la loi organique n°2014-04 du 15 avril 2014 portant régime électoral des membres de l’Assemblée nationale. Plus encore, cette décision a mis hors-jeu le juge constitutionnel qui est pourtant l’acteur central du processus électoral en matière d’élection législative comme c’est le cas en matière d'élections présidentielle et référendaire. C’est cette absence du juge constitutionnel dans le processus ayant conduit à un report du scrutin, qui est juridiquement critiquable.

Une nouvelle révision de la constitution serait-elle encore nécessaire pour rendre conforme le code électoral à la loi fondamentale ? Si oui, n'y a-t-il pas un risque de banalisation de la loi fondamentale ?

Pour paraphraser un de mes maîtres à penser, le Professeur Dominique ROUSSEAU, il importe de rappeler qu’une Constitution, n'est pas un texte ordinaire ; c'est la Loi des lois, l'acte solennel par lequel une société déclare les principes qui la fondent, qui la rassemblent et qui l'organisent. Ce texte-là ne peut être changé aussi facilement qu'une loi ordinaire ; il faut une procédure particulière, plus solennelle, plus exigeante, qui corresponde à la qualité de l'acte à modifier ; il faut distinguer le pouvoir de faire les lois du pouvoir de réviser la Loi. Comme la plupart des Constitutions, la Constitution nigérienne opère cette distinction en réservant un titre spécial à la révision constitutionnelle – le titre XII, comportant trois (3) articles : 173. 174 et 175. Mais ce n’est pas l’objet de votre question ici qui porte plus sur l’appréciation de la révision que sur la procédure elle-même.

Dans la hiérarchie des normes, la Constitution se place au sommet. C’est tout le sens du contrôle de constitutionnalité institué dans notre système, de sorte que la loi votée par les représentants de la nation, ne saurait traduire véritablement l’expression de la volonté générale que lorsqu’elle est jugée conforme à la Constitution, expression directe du peuple souverain. Il n’appartient donc pas à la Constitution de se conformer à une loi, mais l’inverse. En l’espèce, c’est le code électoral qui doit, pour son entrée en vigueur, faire l’objet de modifications afin d’être conforme à la Constitution. En revanche, dans le cadre de la ratification des traités internationaux, le constituant a prévu à l’article 170 de la Constitution, un contrôle de conformité des traités à celle-ci. Ainsi, « si la Cour constitutionnelle [...], a déclaré qu’un engagement international comporte une clause contraire à la Constitution, l’autorisation de le ratifier ne peut intervenir qu’après révision de la Constitution ». C’est le seul cas et c’est un principe général en droit international, où la Constitution peut faire l’objet de modification pour se conformer à un engagement international.

Donc, il n’y a rien d’anormal qu’une Constitution fasse l’objet de révision, dès lors qu’elle obéit aux règles et limites fixées par le constituant. Ce qu’il faut retenir c’est que comme le soutient a juste raison une partie de la doctrine, « Toute Constitution prévoit toujours que ses dispositions peuvent être modifiées, complétées ou supprimées. Aussi fiers soient-ils de leur œuvre, les constituants restent assez sages pour savoir que leur travail n'est jamais parfait, que l'usage du texte peut faire apparaître des difficultés inédites ou imprévisibles au moment de sa conception, ou encore que la marche du temps et l'évolution de la société peuvent susciter de nouvelles exigences constitutionnelles. Cette sagesse, au demeurant, se nourrit d'une philosophie politique, celle qui fait de la nation souveraine l'origine de tout et qui postule, en conséquence, sa totale et permanente liberté : la nation n'est pas faite par la Constitution, c'est elle qui fait la Constitution et reste constamment maître de son contenu ». C’est conscient de cette situation que le constituant Nigérien de 2010 à consacré dans le texte constitutionnel un mécanisme de révision. C’est ce que la doctrine a appelé le principe de mutabilité de la Constitution. C’est en vertu de ce principe que l’article 28 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 24 juin 1793 dispose : « un peuple a toujours le droit de revoir, de réformer et de changer sa Constitution. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures ».

Le rythme de la révision de la Constitution, dès lors qu’il respecte la procédure établie, ne peut être objet à controverse. Après tout, c’est le constituant qui, dans une absolue liberté que l’on ne peut lui dénier, avait institué un tel mécanisme. Il n’y a donc pas, en ce sens, de risque de « banalisation de la Constitution », pour reprendre votre expression. La banalisation ne peut intervenir que lorsque le pouvoir exécutif peut, sans risque, empiéter sur les domaines réservés du pouvoir judiciaire ou législatif.

Est-ce que l'article 20 de la constitution est révisable au regard de la liberté qu’il consacre?

L’article 20 de la Constitution consacre un principe démocratique majeur : celui de la présomption d’innocence. Il dispose en effet que : « Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité́ ait été́ légalement établie au cours d'un procès public durant lequel toutes les garanties nécessaires à sa libre défense lui auront été́ assurées.

Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où̀ elles ont été́ commises, ne constituaient pas une infraction d'après le droit national. De même, il ne peut être infligé de peines plus fortes que celles qui étaient applicables au moment où̀ l'infraction a été́ commise ».

C’est un principe incontournable, une exigence démocratique ; il est l’un des piliers de l’État de droit. On le retrouve dans presque tous les instruments juridiques de protection des droits de l’homme. Il constitue un rempart contre l’arbitraire. C’est pourquoi, ce principe est indispensable dans une démocratie si bien que l’on ne peut imaginer une Constitution qui n’en consacre la substance. Il serait donc inimaginable qu’une procédure de révision constitutionnelle puisse remettre en cause les dispositions de cet article tant celles-ci se posent avec une force démocratique évidente.

Au demeurant, connaissant les velléités de certains hommes politiques à entreprendre comme nous l’avions déjà connu en 2009, des procédures de révision constitutionnelle pour conforter leur statut, le constituant de 2010 a préféré prendre des « garde-fous » en fixant des limites à la révision constitutionnelle. C’est ainsi qu’il interdit d’engager ou de poursuivre une procédure de révision « lorsqu'il est porté atteinte à l’intégrité du territoire », à « la forme républicaine de l’État, le multipartisme, le principe de la séparation de l’État et de la religion ». Ce qui signifie le respect des principes et valeurs de la démocratie et de l’État de droit. Mais les limites n’ont pas seulement porté sur ces valeurs. L’article 175 de la Constitution limite également le mandat du Président de la République à deux (2) quinquennats et interdit toute modification des alinéas 1 et 2 de l’article 47 qui le consacre. Il en est de même de l’article 185 de la Constitution qui accorde l’immunité aux auteurs, coauteurs et complices du coup d’État du 18 avril 2010. Ce dernier nous paraît juridiquement discutable et ouvre d’ailleurs la voie à une profonde réflexion à une prochaine occasion.

L’article 175 n’interdisant pas, parmi les limites qu’il pose, une révision de l’article 20 de la Constitution, le pouvoir constituant peut parfaitement le réviser, le modifier voire le supprimer. C’est pourquoi, en raison de la force éminemment démocratique qu’il consacre, le principe de la présomption d'innocence doit bénéficier d’une clause d’éternité afin d’en garantir sa pérennité. Cela est d’autant plus nécessaire que si l’on se rapporte à la période récente de notre histoire démocratique, la tentation est toujours présente chez certains acteurs politiques de contourner, par un habillage juridique à géométrie variable, les règles établies. Ainsi en-est-il par exemple des différentes arrestations arbitraires que l’on enregistre ces derniers temps au nom de la bien-pensance. Combien sont-ils les citoyens qui ont été arbitrairement détenus dans des conditions parfois inhumaines et dont les détentions se sont révélées par la suite sans objet ? N’est-ce pas là un coup porté au principe de la présomption d’innocence ? Combien sont-ils les justiciables qui, sans qu’une décision ne soit rendue à leur encontre, sont déjà présentés à la société comme des coupables parfaits, au point que le principe de la présomption d'innocence consacré à l’article 20 de la Constitution semble laisser place à la présomption de culpabilité. Notre système judiciaire, parce qu’il ne prend pas en compte ce principe essentiel, ce droit fondamental, est devenue, à l’épreuve de la pratique, une machine à écrouer. Présentée aujourd'hui comme la règle et non l’exception, la détention préventive semble être devenue le moyen juridique par lequel, on tord le cou à l’État de droit en jetant en pâture l’un des fondements indispensables à son effectivité, en l’occurrence le principe de la présomption d'innocence.

Pourtant, ce principe tel qu’il est établie dans notre Constitution, à l’instar de plusieurs constitutions des États qui se réclament du modèle de la démocratie libérale, est considéré comme une liberté intangible, définitivement acquise. Au regard des atteintes récurrentes que l’on observe, on est en droit de se demander si au Niger, ce principe pourra connaître des jours meilleurs. L’objectif démocratique qui sous-temps la consécration de cet article, peut, à notre avis, être atteint dans un cadre juridique solide. C’est pourquoi, nous gageons que le pouvoir judiciaire prêtera main forte à la réalisation de cet objectif et permettre ainsi l’émergence d’un véritable État de droit.

Je voudrais profiter de votre tribune pour souhaiter une paix durable dans notre pays et à appeler par la même occasion mes concitoyens à un esprit de tolérance et un sens de responsabilité dans le débat démocratique. Nous devrons mettre notre intelligence au service du développement de notre pays, c’est à mon avis, la seule façon de participer à l’œuvre de construction nationale.

Merci !

Maître Bachir Amadou

21 juillet 2017
Source : L'Eclosion

Lentement et sûrement, le Taekwondo s’affirme de plus en plus au Niger. En effet, bien avant la grande et belle saga d’Abdoul-Razak Issoufou Alfaga, l’Association Nigérienne de taekwondo a toujours fait parler d’elle à travers d’excellents combattants nigériens qui ont su représenter dignement les couleurs du pays. Ces ex-combattants de cet art  ne sont plus sur le tatami mais grâce à leur bon potentiel d’expérience, ils ont créé leurs propres clubs pour transmettre aux jeunes amoureux du taekwondo tout leur savoir-faire. Ainsi, pour mieux connaître la place de cet art martial et de sa contribution dans le développement du sport en général, au Niger, nous avons rencontré Maître Amadou Abdou Oumarou alias Cobra, Directeur Technique National/Adjoint de la Fédération Nigérienne de Taekwondo.

Maitre, la plus part des Nigériens qui vous ont connu sur le tatami, c’est  sous le sobriquet de Cobra. Alors, qui est maître Cobra et pourquoi Cobra ?

Je me nomme Amadou Abdou Oumarou alias Cobra ou ‘’Beray-koy’’. Je suis né le 4 novembre 1964. Aujourd’hui, je suis âgé de 59 ans. Je suis marié à deux femmes et je suis père de 10 enfants ; tous mes enfants sont des pratiquants dont la majorité a le grade de ceinture noire. Je suis ceinture noire 5ème Dan Kukkiwon et 6ème Dan national. J’occupe plusieurs postes de responsabilité dans le domaine du taekwondo. D’abord je suis Directeur Technique National/Adjoint de la Fédération Nigérienne de Taekwondo ; président de la Commission kyorugi (C.K), puis secrétaire à l’organisation de la fédération nigérienne de taekwondo, et responsable de neuf (9) clubs affiliés à la fédération nigérienne de taekwondo. Je suis depuis 2015 un professeur d’éducation physique et sportive au CSP Nodou de Niamey. J’ai commencé à pratiquer le taekwondo le samedi 15 Novembre 1986 au club de la Maison des jeunes Djado Sékou de Niamey. Cobra c’est mon nom de combattant.

Qu’est- ce qui vous a motivé à choisir le taekwondo parmi tous les  arts martiaux ?

Lorsque j’ai eu la chance d’assister pour la première fois au passage des ceintures noires au Niger organisé par le grand maître coréen Cho au Palais des congrès de Niamey. Après, cette cérémonie qui m’a émerveillé, je suis allé faire mon inscription. J’ai eu la chance d’être dans les mains des meilleurs maîtres de l’époque. C’est eux qui ont gouverné mes premiers pas en taekwondo. Il s’agit de Maitre Abdoul-Wahid Hassane dit wahido, Maitre Hassane Thogyéni, Maitre Alphonse Djibo Thogyéni dit ching-chang, et feu maître Hamidou Thonkoino dit Lee Kwan Young. Tous formés par le grand maître feu Issaka Thogyéni connu sous le nom de maître Urbain, paix à son âme.

Par la suite, j’ai eu l’ambition d’ouvrir mon premier club à Dosso en 1993 appelé «le bouclier de Dosso». Je suis un des pionniers du taekwondo à Dosso. A travers cette expérience j’ai aidé beaucoup de clubs de taekwondo, notamment dans le développement des jeunes. C’est l’exemple du «Tagour» de Gaya, le club de Djoundjou, le club du lycée Dan Baskoré de Maradi. A Niamey, je suis à l’origine de la création de plusieurs clubs également dont, le club Dragon d’or de SYNAPOSTEL, le club Wangari en 2001, le club Sirba, le club Baba’atou, le club Sabon Gari, celui de l’AS renaissance, le club du CSP Nodou, le Club Bayray, le club Mayaki et le club Martaba. Aujourd’hui, J’ai une grande ambition de créer un centre de taekwondo pour les enfants, et ainsi donner plus de chance à ceux qui désirent développer leur talent.

Le taekwondo occupe une place importante dans le développement du sport au Niger. Quelles comparaisons faites-vous de la pratique de cet art martial de votre temps à aujourd’hui ?

A notre temps, le Taekwondo était vraiment martial, la présence de la discipline, la concurrence positive dans l’entraînement et dans les compétitions. Les pratiquants sont reconnus précisément par leurs clubs ou par leurs maîtres. Aujourd’hui, c’est les athlètes qu’on connait et leurs palmarès qui comptent. A notre temps, nous étions dans les clubs toujours en Dobook (kimono) et ceinture bien nouée autour de la taille, par respect de l’art martial. Aujourd’hui, les jeunes Taekwondoïns sont habillés en short et t-shirt ou collant aux entraînements.

Pouvez-vous nous décrire votre palmarès en taekwondo ?

A notre temps nous n’avons que le championnat national une fois par an. Ainsi j’avais remporté une médaille d’or dans la catégorie senior moins de 54 kg ;  deux fois médaillé d’or dans la catégorie senior moins de 58 kg et médaillé d’argent dans la catégorie senior moins de 62 kg. Dans les compétitions internationales : au Championnat Ouest Africain de Taekwondo (C.O.A.T) dans la catégorie senior moins de 58 kg, j’ai eu la médaille de bronze à Cotonou au Bénin en 1998. En 2000, à Niamey j’ai été médaillé (bronze) et à Bamako au Mali en 2002. J’ai été également champion Ouest Africaine de Taekwondo médaillé, où j’ai remporté l’or en poomsea (kata). C’est mon parcours qui m’a permis d’occuper plusieurs postes de responsabilité comme entraineur, sélectionneur et coach de l’équipe nationale du Niger. Je suis également directeur technique de la région de Niamey (DTR), Conseiller Technique de la commune 4 de Niamey, entraineur national de poom-sae, entraineur, sélectionneur et Coach de l’équipe nationale para-olympique du Niger.

Notre pays est dans une dynamique du développement du sport grâce à l’engagement et la volonté des plus hautes autorités. Avez-vous un appel dans ce sens ?

Pour développer le sport, il faut des moyens, notamment financiers pour permettre aux acteurs de se former. Malgré les difficultés auxquelles le pays fait face, nous croyons à cette volonté politique. Il faut créer les conditions pour offrir à cette jeunesse les opportunités pour qu’elle se forme et qu’elle soit capable d’apporter sa contribution au développement du pays. Les athlètes quant à eux doivent prendre conscience de cet enjeu et s’engager à faire parler de notre pays lors des compétitions internationales.

Qu’avez-vous gagné grâce au Taekwondo ?

J’ai tout gagné grâce au taekwondo ; le respect, la considération, la grandeur et je continue de gagner. Mes athlètes font ma fierté. A chaque compétition organisée par la fédération nigérienne de taekwondo et même à certaines compétitions à l’étranger ils remportent des médailles pour se faire plaisir et me rendre fier aussi. Certains de mes disciples sont devenus des fonctionnaires, des arbitres, des responsables de club et d’autres continuent toujours la compétition en battant des records et je suis fier d’eux. Mais parmi tant de bonnes choses que j’ai gagné, ce qui m’a le plus marqué, c’est la maison bien construite à Niamey à la «Cité du progrès» qui m’a été offerte par le Vice-champion olympique Abdoul-Razak Issoufou Alfaga qui m’en a fait cadeau par la grâce d’Allah. Dieu le lui rendra au centuple In sha Allah !

Réalisé par Assad Hamadou (Stagiaire)

Source : http://lesahel.org/

 

Malam Barka Malam BarkaEntretien avec Malam Barka Malam Barka, vous êtes enseignant et en même temps artiste musicien et écrivain. Alors selon vous, qu'est ce qui est à la base de la baisse de l'usage du français dans notre pays ?

Pour moi, la régression, comme le français s'enseigne à l'école, la cause il faut la chercher du côté de l'école. Le niveau des enseignants surtout a beaucoup baissé. Qui dit niveau des enseignants dit aussi la formation des formateurs, c'est-à-dire au niveau des écoles normales on n'a pas une bonne formation. Si l'enseignant n'a pas reçu une bonne formation au niveau de l'école normale, il va de soi que ça soit un mauvais enseignant qui parle mal le français. Une autre raison, ce qu'aujourd'hui l'enseignant ne lit plus. Alors qu'en pédagogie au cours normal, la première règle qu'on vous enseigne est la lecture qui est une discipline clé. C'est-à-dire, c'est à partir de la lecture qu'on ouvre le savoir. Mais aussi à partir de la lecture on parle bien le français. De l'autre côté la formation professionnelle fait qu'on apprend la grammaire, l'orthographe, la conjugaison, les syntaxes etc. particulièrement la concordance des temps, c'est une discipline un peu difficile aujourd'hui. Vous voyez actuellement comment les gens parlent. Les temps, c'est hier, aujourd'hui et demain. Donc hier c'est le passé, aujourd'hui c'est le présent et demain le futur. La tâche ici c'est comment concorder ces trois temps dans la parole ; c'est qui est très important. L'enseignant qui est mal formé, il a d'abord ce problème là de concordance de temps et il a aussi le problème de transmettre ces connaissances là aux enfants. Et d'enfant en enfant vous voyez ce que cela fait ? On a une école qui produit des élèves qui parlent mal le français. Et quelqu'un qui parle bien le français c'est celui là qui lit beaucoup. Et quand on ne lit pas, je ne vois pas comment on peut bien parler le français.

Gazibo Maimouna InterviewL’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes et le Trafic Illicite de Migrants (ANLTP/TIM) travaille depuis 2012 pour promouvoir et protéger les droits de l’homme au Niger. Quelles sont les avancées que vous avez réalisées depuis votre installation?

Depuis 2012, le Niger s’est penché sur les questions de la traite de personne et du trafic illicite de migrants. Le Ministère de la Justice, après l’adoption de l’ordonnance 2010-086 relative à la lutte contre la traite des personnes et ses deux décrets d’application, avait initié une vaste campagne de sensibilisation à travers la diffusion sur les ondes télé et radio d’un sketch sur les différentes formes de traite des personnes rencontrées dans notre pays. L’ANLTP s’y est mise en organisant, de façon informelle, la commémoration d’une journée de mobilisation contre la traite des personnes chaque 28 septembre.

En 2015, le gouvernement a finalement institué par le décret n°2015-182/PRN/MJ du 10 avril 2015, la journée du 28 septembre comme journée nationale de mobilisation contre la traite des personnes. Au cours de cette journée, des activités de sensibilisation et d’échange sont organisées autour des problématiques qui font souvent l’objet de tabou dans notre société. Des conférences-débats publiques sont animées dans les Universités (Niamey, Tahoua et Zinder) et les grandes écoles à Niamey.

 Entretien avec Mme Mamadoumi Ariram Chetima Krilama, lauréate du 1er Prix Leadership Féminin « Femmes Engagées » : « Notre ambition est de participer efficacement et collectivement aux actions de développement de notre région et de notre pays »De retour de Niamey où elle a reçu le trophée qu’elle a gagné à l’issue de Concours Voix de la Paix (V2P) organisé par Equal Access et l’USAID, Mme Mamadoumi Ariram Chetima Krilama a été reçue par le gouverneur de Diffa. Dans cet entretien, la lauréate venue du Manga nous parle de son groupement féminin, de ses ambitions et de ce que doivent faire les femmes pour porter leurs voix sur tous les sujets qui concernent la vie de leurs communautés.

Comment vous vous êtes préparé pour remporter ce Trophée ?
Franchement parlant, je ne m’attendais pas à un trophée car j’ai été interviewée sur ma personne, le fonctionnement de mon groupement féminin qui a été crée en 2015 et qui enregistre une cinquantaine de membres. A travers mon interview, j’ai clairement expliqué les actions que nous avons réaliser avec des moyens modestes mais avec une grande détermination de nos membres.

Quel appel lancer-vous à vos sœurs de la Région pour participer à ces genres de concours ?
Je demande aux femmes de faire preuve de courage et de patience pour participer, à travers les différentes structures organisées, aux actions de développement et de promotion de la femme. J’invite particulièrement mes sœurs du Manga à s’engager résolument dans les groupements féminins afin de chercher à gagner le leadership et pouvoir jouer pleinement leurs rôles de gestionnaires de foyers. Les femmes doivent s’organiser à créer un cadre d’échanges à travers un réseau des groupements féminins.

La Nation : Vous êtes Secrétaire Général du Syndicat National des Techniciens Biologistes et Biologistes du Niger (SNTBBN). Vous venez de transmettre plusieurs propositions relatives à la bonne marche et à l’amélioration des soins au ministre de la Santé Publique. Qu’est-ce que vous proposez pour le recrutement des agents de santé ?

Boureima Moussa: Le SNTBBN propose un plan de recrutement du personnel de santé basé sur le remplacement du nombre de départ à la retraite et majoré d’une contractualisation à l’image de l’éducation par laquelle chaque 3 ans, le nombre annuel de contractuel est intégré à la fonction publique. En effet le ministère de la Santé Publique bien que possédant un plan de formation ne dispose pas de plan de recrutement pour parer à l’insuffisance du personnel pour atteindre le ratio d’une part et, d’autre part, pour prévoir l’écart causé par les départs à la retraire et la prise en compte de l’accroissement de la population.

Parlez-nous du redéploiement du personnel

Lorsque 40 % des agents de santé se trouvent dans l’administration, donc sans aucun contact avec les soins, alors les 60% restant pourrait-il atteindre le ratio d’1 infirmier pour 5000 habitants ou d’1 médecin pour 10 000 habitants ? La question de la féminisation et/ou la motivation sont certainement le véritable obstacle à la répartition équitable des ressources humaines. Quand on sait que des femmes laissent leur époux et enfants pour servir dans des projets en dehors même du Niger. Nous proposons une motivation pour servir dans les zones mal reparties. Ceci à l’image du Sénégal et la Mauritanie où le salaire a été ramené au double pour ceux qui désirent servir dans ces lieux. Nous proposons une évaluation du volume de travail et un système de pointage qui permettrait de récompenser dans certaines zones les agents qui travaillent au-delà des 40h/semaine demandées par la fonction publique et qui n’auraient même pas droit aux heures supplémentaires comme le Centre pour la mère et l’enfant de Tillabéry par exemple. Notre dernière proposition, c’est le respect du système de référence pour assurer l’équité et éviter le flux et débordement des hôpitaux de Niamey.

Entretien avec Seini Oumarou, haut représentant du président nigérien « Si j’avais Hama Amadou au téléphone… » Figure importante du paysage politique nigérien, Seini Oumarou, président du MNSD Nassara (le parti de l’ancien président Mahamadou Tandja), est aujourd’hui le haut représentant du président de la République du Niger, et ce après son ralliement à la majorité présidentielle à l’issue de la présidentielle de 2016. Dans cette interview réalisée par correspondance, l’ancien opposant parle de sa cohabitation avec le parti présidentiel, de la menace terroriste dans la sous-région, de son ancien allié Hama Amadou aujourd’hui en exil en France.

 Vous êtes aujourd’hui le haut représentant du chef de l’Etat nigérien. En quoi consiste cette fonction ? Est-ce une vice-présidence  qui ne dit pas son nom ?

 Ce n’est pas un poste de vice-président, et d’ailleurs, les missions, telles que définies dans le décret du 18 octobre 2016,   le précisent bien. Le HRPR est chargé, entre autres, de l’exécution des missions de Représentation du président de la République tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire national ; de la conduite et de la gestion de projets à caractère politique, économique et/ou social à lui confiés par le chef de l’Etat.

 Troisième force politique du pays, votre parti, le MNSD NASSARA a préféré rallier la majorité présidentielle en 2016. Qu’est-ce qui a motivé ce choix que certains de vos compatriotes jugent avant tout « alimentaire »?

Les motivations sont déclinées dans la déclaration officielle du Bureau politique national, rendue publique le 13 août 2016 et que nous résumons ainsi :

  • Il s’agit d’abord de la question sécuritaire : Il n’est un secret pour personne, qu’au-delà du Niger, c’est toute la sous-région qui est l’objet d’attaques de tous genres. Le Niger est particulièrement menacé de tous les côtés par des forces terroristes, à l’Est par le groupe Boko Haram, au Nord et à l’Ouest par des éléments djihadistes. Le dernier enlèvement de trente neuf de nos concitoyens (Ndlr….) prouve à suffisance que la question sécuritaire est une réalité qui mérite l’attention de tout le peuple nigérien. Face donc à toutes ces agressions qui, si on n’y prend garde, risquent de déstabiliser l’Etat et ses institutions, nous avons jugé utile de converger vers une union sacrée, c’est-à-dire l’union de toutes les forces vives de la nation. Car pour nous, il ne peut y avoir de démocratie sans Etat. Or, avec ces attaques qui, d’ailleurs, se généralisent de plus en plus dans la sous-région, c’est l’existence même de l’Etat qui pourrait être menacée.
  • Ensuite, il y a la question de la stabilité politique et institutionnelle du pays. Cette situation est en lien avec la première, c'est-à-dire la question sécuritaire. Devons-nous passer tout notre temps à faire une guéguerre entre partis politiques ou entre alliances de partis politiques, alors même que l’Etat fait face à de telles menaces ? Quel pays envisageons-nous de laisser aux générations futures si à travers nos guéguerres interminables nous contribuons à la fragilisation des institutions et du tissu social ? Je pense qu’il faut un dépassement de soi pour passer à l’essentiel, c’est-à- dire, ce que nous avons en commun de plus cher, c’est-à-dire Le Niger. C’est pourquoi, fort de notre expérience de plusieurs années de gestion du pouvoir d’Etat et de l’envergure de notre parti sur l’échiquier politique national, nous avons pensé que nous pouvions contribuer à la création d’un climat social et politique apaisé sans pour autant renier nos propres convictions. En somme, pour nous, la sécurité de la nation et la stabilité institutionnelle sont des conditions essentielles pour la consolidation de l’Etat de droit et la promotion économique et sociale de notre pays.

 Salif Diallo, le président de l’Assemblée nationale burkinabè, grand ami du président Mahamadou Issoufou, a-t-il joué un rôle dans votre passage au camp du pouvoir actuel  ainsi qu’on l’a entendu ?

 Plusieurs personnalités ont voulu que nous nous rallions au PNDS dès la proclamation des résultats du premier tour de la présidentielle. Mais n’oublions pas que nous avions signé un protocole d’accord entre les partis de l’opposition dans le cadre de la Coalition pour l’Alternance 2016 (COPA 2016). Ce protocole d’accord stipulait que parmi nous, le candidat qui viendrait au second tour doit être soutenu par les autres candidats. Le MNSD NASSARA est un parti qui a toujours respecté ses engagements, donc nous avons tenu à respecter la parole donnée. Soulignons que les accords de la COPA sont électoraux, qui pouvaient continuer si l’un de nous avait été élu, malheureusement, cela n’a pas été le cas. C’est dire qu’après les élections, chacun était libre de ses engagements. Et c’est donc en toute souveraineté, sans aucune pression, interne ou externe, que notre bureau politique national a décidé de se rallier à la majorité présidentielle.

 Au cours d’une interview qu’il nous avait accordée juste après sa réélection, le président Issoufou disait qu’en démocratie on n’est pas obligé d’avoir une opposition. Etes-vous de cet avis ?

 Nous pensons que l’essence même de la démocratie c’est une majorité qui gouverne et une opposition qui contrôle l’action gouvernementale. Mais la question qu’il faut se poser est celle de savoir si dans nos pays africains, nous percevons bien notre rôle d’opposant quand nous sommes à l’opposition ? Est-ce que l’opposition doit toujours s’activer pour juste s’opposer et détruire même les fondements de l’Etat ? Je pense que le président Issoufou veut parler de cette opposition nihiliste. C'est-à-dire celle-là qui estime que, si ce n’est pas moi, ce n’est personne d’autre. Et c’est ce comportement que semble refléter les agissements de tous les acteurs politiques que nous sommes. Je suis persuadé qu’ayant été opposant pendant de longues années, le président Issoufou ne peut pas envisager la suppression ou la disparition d’une institution aménagée par la Constitution et la loi. Il nous faut tous, majorité et opposition, repenser nos manières de faire pour ne pas mettre en cause les fondements de la démocratie.

 Aujourd’hui, le régime auquel vous appartenez essuie des critiques tous azimuts, pointant du doigt sa gestion et des tentatives de musellement de la presse. Quelle analyse en faites-vous ?

 Le comportement de l’opposition et de la société civile est une manifestation tangible de la vivacité de la démocratie nigérienne. Elles sont dans leur rôle de contrôle de l’action gouvernementale dans le cadre de la veille citoyenne. Leurs critiques, si elles sont faites dans un esprit constructif, doivent contribuer à interpeller les gouvernants afin de corriger les insuffisances. Mais si elles sont faites dans un esprit de critique, c’est-à-dire sans raison objective, cela pourrait contribuer à la désarticulation même des fondements de l’Etat. Nous avons tous été, les uns et les autres, aussi bien au pouvoir, qu’à l’opposition. Nous savons que la loi a organisé le rôle de chacun des deux pôles, opposition comme majorité. C’est dire que ce que nous devons faire, nous devons le faire conformément à la loi. Et, surtout qu’au Niger nous avons eu la chance d’avoir créé un cadre de dialogue politique : Le Conseil national de dialogue politique (CNDP). Les acteurs politiques doivent donc accepter de privilégier le dialogue. Je pense qu’après les marches, les déclarations, les communiqués de presse, il faut penser nécessairement à s’asseoir, échanger de manière consensuelle et veiller à la mise en œuvre du consensus obtenu.

Vous arrive-t-il dans ce ménage avec Tarraya d’avoir envie de claquer la porte parce que vous serviriez juste de faire valoir?

 Nos rapports avec le PNDS ont été déterminés à travers un protocole d’accord qui tourne essentiellement sur la gestion du pouvoir d’Etat pour le bien commun. Dans une entente mutuelle, nous faisons en sorte que ce protocole soit respecté et cela passe nécessairement par des rencontres au niveau des organes dirigeants. S’il y a des problèmes, ce qui ne peut manquer, nous en discuterons entre alliés et trouverons nécessairement des solutions en vue d’une bonne collaboration.

 Hama Amadou, l’un de vos anciens alliés, est aujourd’hui en exil en France. Etes-vous en contact avec lui ?

 Nous n’avons aucun contact avec Hama sur le plan politique.

Que lui diriez-vous si vous l’aviez au téléphone ou en face de vous ?

 Je lui dirais tout simplement, en tant que croyant, d’accepter avec sérénité et courage ce qui lui arrive. Cela fait partie de la vie de tout homme.

Pensez-vous que monsieur Hama Amadou devrait rentrer et faire face à la justice ?

 Je ne voudrais pas faire des commentaires sur la vie d’un leader politique, surtout si cela est en rapport avec la justice. Mais une chose est sûre, une situation d’exil est toujours dure, pour vous-même, pour votre famille et tous ceux qui vous sont chers. Chacun a sa façon de résoudre les problèmes auxquels il est confronté dans la vie. Il ne me revient pas de dicter à qui que ce soit la conduite à tenir face à tel ou tel problème.

 Votre mariage avec le parti au pouvoir, continuera-t-il après 2021 ? Autrement dit serez-vous candidat à la prochaine présidentielle ?

 La question de ma candidature et des rapports de mon parti avec les autres partis n’est pas une question personnelle. Le moment venu, ce sont les structures habilitées qui décideront qui sera le candidat et comment se feront les alliances. Mais, je puis vous assurer que nous veillerons à ce que tout se fasse dans l’intérêt du Niger et du parti.

Entretien réalisé par Arnaud Ouédraogo

Observateur Paalga (Burkina Faso)

15 août 2017
Source : La Nation

Entretien avec Seydou Moussa Ali,  directeur de l’environnement et de la prévention des risques à la direction générale de l’Environnement et du Développement Durable Monsieur le Directeur, comme les autres membres de la communauté internationale, le Niger a célébré le 5 juin la Journée Mondiale de l’Environnement sous le thème « Rapprocher les gens de la nature ». Qu’est-ce que ce thème vous inspire en tant qu’ingénieur en environnement ?

Ce thème est extrêmement important dans la mesure où les relations que nous entretenons avec la nature doivent être analysées pour qu’on puisse savoir si nous vivons en symbiose avec cette nature qui nous produit tout ce que nous avons de bien sur cette terre là. En effet, l’air ; l’eau ; les sols etc. sont très importants pour l’existence humaine. C’est dire que ce thème nous permettra de faire une analyse approfondie des relations Homme/Nature pour que nous puissions améliorer davantage notre existence.

Soumana Sanda désormais, ce ne sont plus les règles établies par le CNDP seulement qui sont violées mais la loi fondamentale elle-même, et ils sont pris en flagrant délit par le Juge constitutionnel … "" Soumana Sanda est un homme politique très connu au Niger. Président de la Coordination régionale du MODEN FA Lumana Africa de Hama Amadou, l'homme préside aussi aux destinées de la coalition de l'Opposition FRDDR dans la capitale. Depuis le MNSD Nassara, il a toujours été aux côtés de Hama Amadou dont il était l'icône des partisans lors de la lutte au sein de ce parti. Soumana Sanda fut aussi celui à qui, depuis sa prison, Hama Amadou a confié la création du parti Lumana. Politicien chevronné, militant engagé, l'homme ne recule devant rien pour défendre son parti et le président Hama. Par deux fois il est emprisonné par le régime du Président Issoufou Mahamadou des mois durant. Sa fibre lumaniste n'en a jamais été affectée. Aujourd'hui, il trône sur un siège de l'Assemblée nationale où aux côtés du président de son groupe parlementaire, il mène le combat pour la sauvegarde de l'a démocratie et l'Etat de droit au Niger. En outre, Soumana Sanda est aussi le président de la Fédération nigérienne de taekwondo auquel appartient le prodigieux Abdoul-razak Issoufou Alphaga qui vient de remporter la Médaille d'or mondiale dans cette discipline. Pour parler de tout cela et de la politique évidemment, L'Éclosion a rencontré pour vous Soumana Sanda ….

L'Éclosion : Monsieur le président, bonsoir et merci de nous recevoir. D'abord félicitations ! À travers Issoufou Alphaga, la FENITAEKWONDO vient de hisser le Niger au sommet des nations, comment avez-vous vécu cet événement ?
Soumana Sanda : Nous avons été très fiers au niveau de la Fédération Nigérienne de TAEKWONDO de voir Alfaga rééditer l'exploit de Rio avec, en plus, le franchissement du dernier palier du podium. Écouter la Nigérienne retentir sur les terres de naissance du TAEKWONDO en présence des représentants de 183 nations fut la chose la plus extraordinaire. Grâce au dynamisme de notre discipline et à l'incomparable talent et l'engagement de notre icône, désormais nous sommes connus et respectés dans le monde entier.

Sur le plan politique, la cour constitutionnelle vient de rejeter le Code électoral, comment avez-vous accueilli cette décision ?
Lorsque nous nous y opposions, nous ne pratiquions pas la politique politicienne. Il était évident que le seul but poursuivi par le pouvoir est l'élaboration de textes taillés sur mesure pour éviter par tous les moyens des compétitions électorales crédibles et honnêtes dans notre pays.

Pour eux, dès lors qu'ils ont obtenu, avec le ralliement du MNSD NASSARA, la majorité qualifiée à l'Assemblée Nationale, Ils pouvaient tout se permettre et de manière égoïste, car seuls les intérêts du PNDS comptent et pas ceux des autres qui sont dans la même mouvance. En cela, ils sont allés au-delà de l'acceptable. La Cour Constitutionnelle s'est opposée à ce qu'ils détachent à volonté des dispositions du Code électoral " version renaissance " des principes posés par la constitution. Nous sommes heureux d'avoir eu raison et en plus d'avoir dénoncé très tôt leurs pratiques anticonstitutionnelles et de refuser de nous y associer. Cela suppose que désormais, ce ne sont plus les règles établies par le CNDP seulement qui sont violées mais la loi fondamentale elle-même, et ils sont pris en flagrant délit par le Juge constitutionnel après avoir élaboré le texte sans concertation, le faire voter avec leurs seuls députés à l'Assemblé Nationale et envoyé eux même pour le contrôle de constitutionnalité. Il s'agit d'une recette 100% Renaissance qui a été jugée indigeste. Ceci conforte les dénonciations que l'opposition politique et la société civile ne cessent de faire sur les dérives du régime.

Des arrestations sont opérées dans les rangs des journalistes, des acteurs de la société civile, de la presse et même dans vos propres rangs mais vous ne dites plus rien, pas même une simple déclaration de condamnation, l'opposition nigérienne est-elle morte de sa belle mort ?
Il y'a belle lurette qu'au Niger, les opposants, les acteurs de la société civile et les journalistes sont devenus les cibles privilégiées de la renaissance, qui caresse l'ambition d'instaurer la pensée unique. Il fallait museler tous ceux qui pensent autrement. Les dernières arrestations qui sont le prolongement de plusieurs séries procèdent de la même logique. Considérez que le silence de l'opposition est dû en partie à la période de trêve imposée par le mois béni du ramadan, et que cela va changer à présent. Après Baba Alpha et son vieux père, Ibrahim Bana, Gamatié Yansambou et Ali Soumana ont tout notre soutien et je suis convaincu que leur engagement pour la défense des principes démocratiques est plus fort que ce qu'ils vivent actuellement.

Pourquoi démeurez-vous silencieux alors ?
Nous sommes engagés dans une course de fond, pas de vitesse et en politique quand la situation atteint un tel point de détérioration, il faut agir avec la tête et non avec le coeur, rassurez-vous l'opposition est bien vivante et réactive à suffisance.

Il se dit également que votre parti, le MODEN FA LUMANA africa est traversé par une grave crise interne, quand estil ?
C'est juste le fruit d'imaginations fertiles. Nos adversaires prennent leurs désirs pour des réalités. Il n'y a absolument aucune crise au sein de notre parti, nous constituons une grande famille solide et unie qui regarde dans la même direction autour du seul et unique leader d'hier, d'aujourd'hui et de demain SE HAMA AMADOU. Nous comprenons qu'après tant d'assauts infructueux pour nous déstabiliser, nos adversaires soient déçus et frustrés et qu'ils espèrent à travers une crise artificielle imaginaire " crise interne " se consoler, mais une fois de plus, ils échoueront. Tout ce qui est écrit à longueur de journée dans la presse et sur les réseaux sociaux en ce qui concerne le MODEN FA LUMANA AFRICA, n'a aucun fondement. Il n'y a absolument aucune adversité interne, l'adversaire est connu c'est le PNDS TARAYYA et nous faisons bloc avec tous les autres partis du FRDDR pour y faire face.

D'aucuns pensent que l'Assemblée Nationale est devenue une caisse de résonance, en tant que député qu'en dites-vous ?
Je pense qu' il y'a, malheureusement, une part de vérité dans cette opinion, confortée d'ailleurs par la banalisation de la révision de la constitution ces derniers temps. À travers l'attitude irrespectueuse de l'exécutif vis-àvis de sa propre majorité soi-disant qualifiée, le député est devenu une sorte d'exécutant qui obéit au doigt et à l'oeil de l'Exécutif, ce qui tranche d'avec le mandat que le peuple nous a confié pour le représenter. Les prises de positions de l'Assemblée Nationale m'ont absolument aucune valeur, en témoigne par exemple la reprise des travaux de construction scandaleuse devant cette école au quartier Lazaret après que les kiosques des autres Nigériens aient été démolis et que de manière spécifique l'Assemblée Nationale, après une interpellation sur la question ait demandé d'y mettre un terme.

Enfin, un mot sur la gouvernance. Selon vous, le Niger se porte-t-il bien aujourd'hui?
Le Niger ne s'est jamais aussi mal porté que sous l'ère de la renaissance. Aucun secteur n'a été épargné par le processus méticuleux de démolition qu'ils semblent af fectionner. Les Nigériens aujourd'hui sont sous le poids implacable de la précarité, ils sont désespérés, ils ont été divisés en catégorie de privilégiés pouvant tout se permettre en toute impunité parce qu'appartenant à la majorité et une autre catégorie des persécutés qui sont traqués et embastillés parce qu'ils pensent autrement.

Monsieur le président, merci !
12 juiillet 2017
Source : L'Eclosion

Le Courrier. Il y a quelques mois, les Nigériens ont entendu parler d’un mouvement politique dénommé HAMZARI. Existe-t-il réellement une organisation de ce nom ?

Amadou Djoudout : Hamzari existe bel et bien, malgré la désinformation et les tentatives de discrédit venues, on sait d’où, qui font état de son avortement. Hamzari est non seulement là, mais ses membres sont plus que jamais convaincus de son bien-fondé. Ils travaillent d’ailleurs d’arrachepied pour porter dans les plus brefs délais Hamzari sur les fonts baptismaux.

Question : HAMZARI est-elle un parti politique non encore connu ou une association puisque ses textes restent encore inconnus des Nigériens ?

Réponse : Hamzari est un mouvement qui finira par assurer un rôle politique. Car, la plupart de ses animateurs sont des hommes et femmes politiques. Et si aujourd’hui, il ne l’est pas encore, c’est parce que nous sommes dans une phase d’élaboration des textes à soumettre pour l’agrément d’exercice. Tant que cette étape n’est pas franchie, nous n’avons pas le droit d’agir. Vous n’êtes pas sans savoir que la première des choses à respecter, c’est la loi. Je voudrais rassurer nos compatriotes qui attendent impatiemment de voir Hamzari sortir au grand jour que nous sommes sur la bonne voie et que rien ni personne ne saurait arrêter, Insha’Allah, notre élan.

Question : HAMZARI mène-telle quel combat pour quel objectif ?

Réponse : Hamzari mènera un combat politique. C’est un mouvement de soutien d’actions citoyennes d’où qu’elles viennent et quelque soit son porteur. Le Niger a payé un lourd tribut des inconséquences des hommes politiques et même de notre part entant que Citoyens. L’objectif du mouvement est d’amener les citoyens à savoir et pouvoir décider ensemble, de soutenir des actions loyales et rejeter les actes négatifs de tout bord ou acteur politique.

Question : En décembre 2022, le Pnds Tarayya a tenu son 8e congrès ordinaire. HAMZARI y a-t-elle trouvé ce qu’il vise en termes d’objectifs politiques ou a-t-elle plutôt été convaincue de poursuivre le combat pour lequel il a vu le jour ?

Réponse : En temps opportun, nous apporterons la ou les réponses à cette question. Question : Pourquoi les initiateurs de HAMZARI agissent-ils jusqu’à présent dans la clandestinité ?

Réponse : Hamzari n’est pas en clandestinité mais en gestation. Quand tout sera prêt, vous saurez de quoi et de qui il s’agit. Mais pour le moment, étant respectueux du cadre légal, nous restons à l’ombre jusqu’à ce que nous terminions les formalités administratives.

Question : HAMZARI a-t-elle la caution du Président Bazoum ?

Réponse : Hamzari a la caution de tous ceux qui, pendant trente (30) ans, ont vécu dans leur chaire les affres de la politique politicienne et qui, au fil du temps, ont constaté à quel point ils ont été abusés et trompés par des individus aux idéaux frelatés.

Question : Les Nigériens s’interrogent :pourquoi HAMZARI alors que le Président Bazoum dispose du Pnds Tarayya et de quelques alliés de poids tels que le Mnsd Nassara et le Mpr Jamhuriya ?

Réponse : Si Hamzari soutient le Président Bazoum, c’est et ce sera parce qu’il prône des actions louables pour le Niger et cela mérite d’être soutenu. Il est grand temps que les Nigériennes et les Nigériens se démarquent de cette situation que tout le monde dénonce et condamne et qui fait croire que le Président Bazoum est un otage aux mains de cercles vicieux d’hommes politiques sans foi ni loi qui ne mettent que leurs petits intérêts égoïstes en avant. Il faut que les Nigériennes et les Nigériens travaillent à le libérer de cette situation préjudiciable à l’intérêt général, entretenue par des hommes politiques qui, entre l’idéal qu’ils prônent et les actes qu’ils posent, il existe la mer à boire. Aujourd’hui, soutenir le Président Bazoum, c’est tout simplement aider le Niger à sortir des difficultés dans lesquelles il est plongé. Il faut que les Nigériens comprennent que le Président Bazoum, quelles que soient par ailleurs sa volonté et sa détermination, ne saurait changer les choses tout seul. Il faut que tous ceux qui pensent ou croient qu’il veut bien faire pour le Niger sortent de leur torpeur pour le soutenir afin qu’il arrive à réaliser son rêve d’un Niger décomplexé de certaines pratiques de gouvernance. Un Niger dans lequel le citoyen n’aura pas besoin de s’identifier à un clan ou à une personne quelconque pour être respecté et servi.

Interview réalisée par Ali Soumana

 

La lutte de peuples volés et martyrisés comme celui du Niger a toujours été, partout dans ce vaste monde, une opportunité macabre pour certains de se faire de l’argent, en faisant le sale boulot, souvent dans une totale insouciance pour le lendemain. Un lendemain dont ils n’ont pas la clé et qui pourrait être un autre jour. Comme en France où des soleils viennent de s’éteindre, le Niger n’échappera pas à ce dogme divin : demain est un autre jour. Or, il se trouve que chez nous, des gens ont, dans certains cas, juré, la main sur le Saint Coran, de ne « jamais trahir ou travestir les aspirations du peuple nigérien » et demandé qu’ils subissent les rigueurs de la loi si, jamais, ils trahissent ce serment. La loi ? Ils l’ont maquillée à leur image de telle sorte que les Nigériens ont l’intime conviction que la justice au Niger, c’est Mahamadou Issoufou.

Voici quelques cas qui montrent que la loi, c’est Mahamadou Issoufou.

Sani Atiya est interpellé et embastillé, loin de son Gobir natal. Le grief est grave. Il est accusé de trafic de drogue, mais curieusement, on le libère sans jamais qu’un juge l’ait vu parce que, simplement, Ibrahim Yacoubou a décidé de soutenir Mahamadou Issoufou au second tour de la présidentielle de février-mars 2016. Sans aucune gêne !

Récemment, le journaliste Baba Alpha, son père et deux autres proches de Malika Issoufou, sont accusés de faux et usage de faux. Omar Sidi, auteur du délit incriminé mais conseiller à la présidence, obtient une liberté provisoire alors qu’elle a été refusée à Baba Alpha et à son père. Les mœurs sont sauves et Malika a désormais la conscience tranquille.

Il y a deux jours à peine, dans le scandale Mukuri, Danté, Assogba et Zarami (un membre du Bureau exécutif du Pnds Tarayya), incarcérés depuis quelque temps, sont également libérés, après une visite de quelques ténors de ce parti, tandis que les autres prévenus gardent prison.

Auparavant, c’est Zakou Djibo, longtemps accusé par Mahamadou Issoufou, d’être le plus grand mal du Niger, qui est « rassuré », puis recruté pour la mobilisation autour de la candidature de Mahamadou Issoufou dès lors qu’il a adhéré au Pnds Tarayya. Et c’est loin d’être terminé.

Lorsque examinez l’autre côté de la médaille, il est aussi vilain que la face, ignoble, qui vient d’être présentée, faisant découvrir l’injustice infligée à des citoyens auxquels, objectivement, on n’a rien à reprocher, mais que l’on a jetés en prison en raison de leur appartenance politique. Saïdou Bakari, Malla Ari et Idé Kalilou ont payé de leur liberté leur opposition à ce pouvoir inique. Ils gardent prison depuis des mois, exactement comme dans un régime d’exception où on vous prend, vous jette en prison sans aucune justification.

Voici tant de cas, multiples, qui prouvent à suffisance que la loi au Niger, c’est Mahamadou Issoufou. Ceux qui s’y plient sont épargnés de la prison ; ceux qui s’y opposent savent à quoi s’en tenir. Tel est le Niger de Mahamadou Issoufou. Telle est la loi au Niger, dictée et exécutée selon la volonté des tenants du pouvoir.

Mais, il y a, malheureusement pour eux, une autre loi, non visible mais plus implacable que celle qu’ils incarnent si mal. Une loi qu’ils ont, soit méprisée, soit ignorée, se faisant ainsi adeptes invétérés de l’existentialisme d’un certain Sartre. Cette loi est lente à se manifester, mais elle finira toujours par faire plier les plus durs, les plus caïds. Gare, alors, à ceux qui, dans l’indifférence de l’intérêt général, dans le mépris de la liberté des autres, dans l’insouciance d’un lendemain dont ils n’ont pas la clé, ont régulièrement agi à perpétrer des délits pour contribuer à l’assise et à la promotion d’un parti-Etat.

Qu’ils aient succombé à la séduction maléfique de l’argent ou qu’ils l’aient fait de tout cœur parce que partageant cet idéal de règne sans partage et sans fin que caresse Mahamadou Issoufou, le résultat est le même : ils ont contribué à enfoncer le Niger dans les méandres d’un passé sombre et peu glorieux. Autant ils savent parfaitement qu’ils sont en train, par leurs pouvoirs du moment, d’agir à consolider un pouvoir inéquitable, injuste et insoutenable ; autant, ils doivent savoir dès à présent qu’ils paieront, un jour, le prix de leurs forfaitures.

Qu’ils soient juges, hauts commis de l’État ou encore représentants des Forces de l’ordre, il est préférable de savoir raison garder et agir conformément aux lois. Car ceux qui vous donnent des injonctions à exécuter, particulièrement lorsqu’elles sont manifestement illégales, ne seront pas toujours là pour vous tirer d’affaire. Au contraire, dans une situation de reddition des comptes obligée, ils auront tendance à nier toute responsabilité dans les actes que vous avez posés.

Avis, donc, à ceux qui ont régulièrement exécuté des injonctions politiques, sans se rendre compte que la fin ne justifie pas toujours les moyens et que la force, la brutalité et l’oppression en l’occurrence ne permettent pas forcément de s’imposer à la volonté populaire. Mahamadou Issoufou n’a manifestement rien d’un bon élève. Il n’a pas retenu ou pas voulu retenir, que les coups de haches et de manchettes, même très virulents, n’ont jamais eu raison de la démocratie nigérienne, du goût de liberté et de justice des Nigériens. Amasser les ressources de l’État pour en faire un trésor de guerre ne permet, tout au plus, que d’acheter la conscience de quelques aventuriers en quête de subsides. Ça ne permet pas d’anéantir toutes les volontés et toutes les forces — et Dieu seul sait qu’elles sont nombreuses et indomptables —qui donneraient tout pour défendre le NIGER. Le Niger tel que le veulent l’écrasante majorité de ses filles et de ses fils, c’est-à-dire un Niger de concorde, de justice et de démocratie véritable, empreinte de tolérance et de respect mutuel entre adversaires.

Mahamadou Issoufou n’a, manifestement, rien retenu du passé et sa volonté, clairement exprimée à travers le conseil des ministres du jeudi 27 avril 2017, est incontestablement de devenir ce que laissaient entrevoir, déjà, au moins trois de ses actes forts : les 52 jours de grève illimitée lorsqu’il était Premier ministre de Mahamane Ousmane ; le coup d’éclat populaire qu’il a dirigé pour faire sortir Sanoussi Jackou des locaux de la Police judiciaire où il était gardé à vue et enfin le hold-up électoral de février-mars 2016. La modification demandée de l’article 47 de la Constitution, entre autres, ne traduit pas autre chose que la perversion achevée d’un pouvoir fortement contesté mais qui cherche les moyens, s’il le faut au prix fort, d’imposer une démocratie taillée sur mesure dans laquelle le Grand timonier dicte les règles de conduite des citoyens et détermine qui doit jouir de ses droits et qui doit en être privé.

Pourtant, rien n’est encore écrit et demain peut être un autre jour. Alors, gare à ceux qui ont suivi ou qui vont suivre la voie de la cupidité et de la bêtise en exécutant des ordres manifestement illégaux.

Elisabeth Sherif 002Renvoyée de l’université à cause de la maladie de sa fille, Dr Shérif se confie au Monde d’Aujourd’hui : « Chaque enfant de ce pays doit avoir la possibilité d’accéder aux soins de qualité, indépendamment du statut socio-professionnel de ses parents. Et aucune mère ne mérite de perdre son emploi à cause de la gravité de l’état de santé de son enfant. »
Le Monde d’aujourd’hui : Dr Shérif, bonsoir !
Dr Chérif :
bonsoir Monsieur Yéro et merci de m’avoir reçue.

Alors, Dr, comment vous présenteriez-vous à nos lecteurs ?
Je m’appelle Elisabeth SHERIF. Née de parents nigériens, originaires de la région de Maradi et tous les deux issus du clan aristocratique du sultanatdu Gobir. Après des études primaires et secondaires dans la ville de Maradi, j’ai été orientée au Nigéria après le BAC, où j’ai fait mon premier cycle universitaire, au Département de Science Politique de l’université d’Ibadan. J’ai effectué le second Cycle en France,auCentre d’Étude d’Afrique Noire de l’Institut d’Études politiques de Bordeaux, où j’ai obtenu un DEA en Relations Internationales. Après l’obtention d’un Doctorat en Science politique à l’École doctorale de Science Politique de Bordeaux, avec la mention très honorable et les félicitations du Jury, j’ai été recrutée, en 2009, à la Faculté des Sciences Économiques et Juridiques (FSEJ) de l’Université Abdou Moumouni de Niamey, en tant qu’enseignante-chercheuse, contractuelle. Et j’y étais jusqu’en 2012, date de mon exclusion du Département de Droit de ladite Faculté. 

Très brillant dois-je reconnaître ! Mais dites-nous, vous parlez d’exclusion. Qu’est-ce à dire ? Comment peut-on exclure une enseignante-chercheuse de l’Université, malgré l’insuffisance numérique d’enseignant-chercheurs compétents tant déplorée et décriée ? Que s’est-il donc passé ?
Au fait, en mars 2011, une leucémie avait été diagnostiquée à mon enfant, alors âgée d’un an. Elle a presque aussitôt été évacuée à Paris. Suite à cela, le Département m’avait demandé  de faire un choix entre les soins de mon enfant et mon poste. En l’absence d’un centre d’oncologie pédiatrique à Niamey et l’équipe médicale de ma fille jugeant notre retour à Niamey inopportun, j’ai donc opté pour les soins de la petite.

Ce qu’il faudrait retenir c’est qu’à l’époque déjà, les cours étaient programmés à la FSEJ. La faveur que j’avais sollicitée alors auprès du Département, c’était d’avoir une programmation qui prendrait en compte l’agenda du protocole des soins de la petite. C’est-à-dire, poursuivre les soins à Paris, venir dispenser mes cours et repartir. J’avais donc cru que le même Département qui a permis à certains de ses membres d’exercer des fonctions politico-administratives tout en assurant leurs cours, pouvait aussi m’accorder la possibilité d’accomplir mon devoir de mère envers mon enfant dans son combat, tout en m’acquittant de mes obligations académiques.

Et cela ne vous a donc pas été accordé ?
C’est peu dire. Ce fut même beaucoup plus que cela. Dans la mesure où, les membres du Département, avec qui j’estime n’avoir eu que de rapports de respect, avant le diagnostic et l’hospitalisation de ma fille, ont finalement estimé que j’avais tenus des propos irrespectueux à l’encontre du Chef de Département lors de l’entretien que j’avais eu avec lui le 16 mai 2012. Et partant de cela, ils lui ont donné le pouvoir de décider, à sa guise, du renouvellement ou non de mon contrat.

Que s’est-il donc passé au cours de cet entretien ?
Au fait, la première hospitalisation de ma fille a duré du 6 avril 2011 jusqu’au mois de Janvier 2012 soit neuf mois. Tout au long de cette période, j’ai tenu à garder le contact avec le Département à travers l’organisation de mes examens, avec l’aide de quelques collègues, l’envoi de mes notes et des nouvelles sur l’évolution des soins de la petite. Mais le Chef de Département de l’époque, pour des raisons que j’ignore, n’a jamais voulu répondre aux courriers que je lui adressais ; y compris ceux que j’avais envoyés à la fin de l’hospitalisation de mon enfant, faisant part au Département de ma disponibilité à reprendre les cours du second semestre que je n’ai pas pu dispenser à cause de l’hospitalisation et même à prendre un peu plus de cours sur mon cahier de charges. En dépit de cela, il a tout de même, le 19 avril 2012, soulevé, au Conseil de Département, la question de ce qu’il a présenté comme étant mon absence prolongée. Les membres du Conseil lui ont par la suite demandé de prendre contact avec moi, pour clarifier la situation. Ce qu’il n’a pas fait. Et ce n’est que près d’un mois après, lorsque j’étais venue donner le seul cours auquel on m’avait finalement cantonnée, je l’avais croisé, strictement par hasard, à proximité de son bureau. Il me fit savoir qu’il voulait me voir.

Une fois dans son bureau, il m’a signifié que le Département l’avait mandaté, pour me « rappeler à l’ordre ». L’expression « rappel à l’ordre » m’a paru inappropriée, et je l’ai ouvertement fait savoir. Ceci d’autant qu’en dehors du fait que je n’avais tout de même pas « acheté » le diagnostic de la maladie, j’étais assidue au Département avant l’hospitalisation de ma fille et participais aux activités organisées par celui-ci. Il m’était arrivé d’appeler pour prévenir d’un éventuel retard ou de venir aux réunions pédagogiques un cathéter (ndlr, instrument de perfusion intraveineuse) à la main. Et jamais mes cours et mes notes n’ont été la  cause du blocage des délibérations ou de clôture de la session académique de la Faculté.

C’est donc à la suite du compte rendu de cet entretien qu’il a fait au Conseil de Département du 4 juin 2012, que les membres dudit Conseil, ont décidé de lui octroyer les pleins pouvoirs sur la question du renouvellement de mon contrat.

Les membres dudit conseil, ont-ils cherché à connaitre votre version des faits avant de prendre cette décision ?
Absolument pas. Personne ne m’a posé des questions sur les propos que j’ai tenus lors de cet entretien. Et je ne connais pas non plus les propos qui m’ont été attribués. J’imagine cependant, qu’ils devaient être suffisamment graves, au point d’amener des membres d’un Département de Droit, à occulter le principe du contradictoire qu’ils enseignent à leurs étudiants, et de donner à une personne la possibilité d’être juge et partie en même temps. Sans compter que cette manière de faire n’est indiquée nulle part dans les textes régissant la procédure du recrutement ou du renouvellement d’un contrat dans les universités publiques nigériennes.

Toujours est-il que, à l’expiration du contrat, le Chef de Département a donné au Doyen de la Faculté, un avis défavorable à la demande de renouvellement de mon contrat. Et le conseil du Département du 31 décembre 2012 a entériné sa volonté.

Qu’avez-vous fait après cette sorte de « radiation » pour emprunter le langage militaire ?
Au moment des faits, tout ce que je pouvais faire c’était d’écrire au Département et à la Faculté. Et d’ailleurs, dans le courrier que j’ai adressé au Doyen de la Faculté, en réaction à l’avis défavorable formulé par le Chef de Département et avec ampliation, à titre d’information, au Recteur de l’Université et au SG du SNECS,  j’ai suggéré à ce que le dossier médical de ma fille soit soumis au conseil de santé de l’Université. Et ceci, afin qu’il tranche sur les allégations de mon refus délibéré d’obéir aux injonctions de la présence effective intimées par le Département.

J’ai également suggéré le déclenchement d’une procédure disciplinaire à mon encontre, concernant les propos irrespectueux que j’aurais tenus. Et j’avais même souligné que si à l’issue de cette procédure, il s’est avéré que j’avais effectivement manqué du respect au Chef de Département, je serais prête, conformément à l’éducation que j’ai reçue, à lui demander pardon. Mais cela, aussi, n’a pas été fait.

Somme toute, même si ma culpabilité avait été prouvée à l’issue de ces deux procédures, les textes de l’Université, aux termes de l’article 12, prévoient des sanctions plutôt progressives, comprenant une dizaine d’étapes, allant de l’avertissement à la révocation. J’ai ainsi écopé, de prime à bord, de la sanction maximale. Mais je ne pouvais rien faire d’autre qu’envoyer des courriers, auxquels on ne répondait strictement pas. L’état de santé de ma fille devenant de plus en plus préoccupant.

Aujourd’hui, vous où en êtes ?
R : Ma fille a été rappelée à Dieu le 25 avril 2016 …

Allahou Akbar ! Nos condoléances … humaines …
Merci !Et dès le mois de juin 2016, j’ai commencé à entreprendre des démarches au niveau de la Faculté, en vue de reprendre mon poste. Mais les choses se sont avérées beaucoup plus difficiles que je ne le croyais. Ceci d’autant que je dois reprendre la procédure du recrutement à zéro. Et ce, même avec l’appel d’offre d’un poste de politologue contractuel lancé par la FSEJ dans le courant du mois de mai 2016, et après avoir fait part aux autorités de la Faculté de mon souhait de faire partie du Département de Science Politique qui vient d’être créé.

Reprendre la procédure de recrutement à zéro ?
En effet. C’est-à-dire, non seulement les pièces que j’avais fournies en 2009 seront réexaminées au niveau du Département et de la Faculté, mais aussi, elles seront soumises par la suite au Conseil Scientifique de l’Université. Une étape qui n’existait pas lors de mon recrutement en 2009.  Mais cette étape ne m’effraie pas. À la limite, tout ce que le Conseil Scientifique pourrait faire, serait de rejeter le dossier. Et les raisons, scientifiques, qu’il aurait alors avancées, seraient pour moi des défis à relever à l’avenir.  Ce qui est plutôt déplorable, c’est le fait de constater que même après le rappel à Dieu de ma fille, les membres du Département de Droit et les autorités de la FSEJ à leur tête, persistent à croire que la décision qu’ils avaient prise à notre encontre en 2012 était des plus normales et appropriées. 

C’est incroyable ! Maintenant, que comptez-vous faire pour rentrer dans vos droits ?
Dans le courant du mois de Décembre 2016, j’ai sollicité les conseils d’un Avocat. Ce dernier a émis l’idée de poursuivre les démarches en vue de trouver une solution à l’amiable, au lieu de déclencher la procédure judiciaire. Mais face à la persistance du blocage, nous avons finalement déposé une requête auprès d’une instance compétente, le vendredi  5 mai 2017. Parallèlement, j’ai adressé une autre requête au SNECS, l’invitant à se prononcer, au moins, sur le dossier. J’envisage également de recourir à d’autres actions légales.

Cela me parait très important parce que, figurez-vous qu’en 2012, je m’étais retrouvée, du jour au lendemain, sans emploi, avec une enfant nécessitant une prise en charge médicale à la fois lourde et coûteuse.  Par la grâce de Dieu, son Papa avait un emploi permettant d’assumer sa prise en charge médicale. Mais essayez un peu d’imaginer, dans les mêmes circonstances, le sort d’une famille n’ayant pas la possibilité de prendre en charge les soins de son enfant par d’autres moyens.  Par la grâce de Dieu également, la profession que j’exerçais, me permettait, en dépit de mon exclusion, de continuer à mener, plus ou moins, un train de vie professionnel, à travers des écrits, à l’image de l’ouvrage qu’il m’a été donné de publier aux éditions  l’Harmattan(« Élections et Participation politique au Niger. Le cas de Maradi. Contribution à l’analyse électorale en Afrique, 446 pages).  S’improviser journaliste à travers des articles de presse que des journaux comme le vôtre publient ; offrir des services de consultante, etc. Mais les parents d’un (e) enfant n’ayant pas eu la chance d’avoir une profession adaptable aux circonstances, auraient été injustement contraints au chômage systématique, en plus du drame de la maladie, la douleur de la perte de l’enfant et le besoin de subvenir aux besoins du reste de la fratrie dans certains cas. D’où vraiment l’importance de sensibiliser le public sur la nécessité de protéger à l’avenir des familles contre les abus administratifs de ce genre, à travers l’adoption d’une loi ou le renforcement de celles qui existent déjà en la matière.

Chaque enfant de ce pays doit avoir la possibilité d’accéder aux soins de qualité, indépendamment du statut socio-professionnel de ses parents. Et aucune mère ne mérite de perdre son emploi à cause de la gravité de l’état de santé de son enfant.

Dr SHERIF, intenté un procès à un Département de Droit, n’est-ce pas une mission périlleuse voire même impossible ?
Le Département de Droit de la FSEJ est en effet l’un des greniers du recrutement d’universitaires aux hautes fonctions administratives, politiques et judiciaires. Et qu’à ce titre, il est composé d’anciens ministres, de ministres en activités, d’ « éminents défenseurs des droits de l’homme », des conseillers dans les hautes sphères de l’État et des personnes siégeant ou ayant siégé dans les plus hautes juridictions de ce pays. Mais au-dessus de toutes ces illustres personnalités et les ramifications de leurs réseaux de pouvoirs et  d’influence, se trouve un Dieu, en qui j’ai pleinement confiance. Et c’est pour cela que je refuse de céder à la fatalité.

Non seulement j’irai, malgré moi en procès. Mais aussi, s’il nous arrive de le remporter et qu’il y ait des retombées financières, l’intégralité de la somme sera orientée vers des œuvres caritatives, et nous pensons particulièrement au centre d’oncologie pédiatrique de Niamey. Une partie sera aussi, symboliquement, versé  à l’Université, en guise de soutien pour les frais que ses autorités auraient à débloquer pour payer des avocats, juste pour se dresser en faced’une femme, une mère dont lecrime aurait été de faire le choix de lutter pour la survie de son enfant. Comme je l’ai souligné ailleurs, il me serait possible de faire cela, car l’Avocat qui a bien voulu plaidé notre cause, nous a affirmé qu’il le ferait gratuitement, car il lui serait impossible de toucher de l’argent pour la défense d’un tel dossier. En même temps, je n’exclus pas du tout l’éventualité du retrait de la requête, au cas où les autorités de l’université acceptent enfin de se pencher sur ce dossier, avec la ferme volonté de débloquer la situation.

C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler, que c’est nullement une procédure que je déclenche contre des individus, mais contre des pratiques, qui ne méritent pas d’avoir droit de cité dans nos sociétés et encore moins dans une institution universitaire.

Et pour notre part, Le Monde d’aujourd’hui, nous faisons à nos lecteurs la promesse de les informer sur chaque détail de cette affaire. Pour terminer, Dr SHERIF, que nous diriez-vous en termes de conclusions ?
Ce sont des mots de remerciements, à l’endroit de tous ceux qui n’ont jamais cessé de croire que mon exclusion de la FSEJ en 2012 n’était pas la décision la plus appropriée, tant sur le plan humain, professionnel que juridique, et qui ne cessent de m’épauler à travers leur présence, soutien, conseils, contacts et expertise. Que Dieu vous bénisse tous.

Dr Sherif, merci !

 Entretien réalisé par : Ibrahim YERO

11 mai 2017 
Source : Le Monde d'Aujourd'hui

Fatouma Soumana, créatrice de mode : « Mon dressing personnel est basé sur le style ‘’officier’’. C’est un style avec du caractère »Mlle Fatouma Soumana s’est lancée dans la création de vêtements et d’accessoires confectionnés à partir du tissu wax. Sa marque ‘’Mellesoumana’’ propose un style très moderne avec un petit détail qui fait toujours la différence. Cette nigérienne de 34 ans, qui vit et travaille à Paris, est bien partie d’une expérience de la vie pour s’adonner dans ce secteur de la mode. Dans sa collection, le client découvre un univers de beaux habits minutieusement confectionnés, de beaux bijoux bien perlés, des colliers, des bracelets inspirés de la pure tradition. Elle réussit des mariages harmonieux, en y mettant sa touche personnelle, elle choisit des modèles anciens qu’elle modernise et crée de la nouveauté. Avant de s’investir véritablement dans l’univers de la mode, elle a eu un parcours professionnel atypique

Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans le secteur de la mode avec un tel parcours professionnel impressionnant ?

Tout d’abord merci pour cette belle promotion qui honore véritablement les nigériens en particulier la diaspora. Je suis actuellement cadre à l’international au sein d’une institution bancaire.

Je vous résume mon parcours en deux temps. Un premier temps que j’ai eu à effectuer jusqu’ au BAC en 2004. Lors de ce cycle j’ai eu à participer au camp d’excellence 2003 pour les jeunes filles scientifiques organisées par la Pathfinder à Rabat.

Dans le second temps, dans le cadre d’une double formation en système LMD et magistère je suis sortie diplômée d’un master2 en statistiques et économétrie puis d’un magistère d’économiste et statisticien en 2008/2009.


Après plusieurs productions remarquables, vous avez décidé de filmer ‘’Zinder’’ pourquoi ce choix ? Et on voit que cette région est votre repère, est- ce là un sujet d’inspiration inépuisable ?

Depuis que j’ai quitté Zinder en 2004, Mes rapports sont restés distanciés et mes séjours assez courts pour rendre visite à mon père et une grande partie de ma famille restée là. Zinder me paraissait lointaine mais des échos hideux, voire déshonorants, me parvenaient par la presse nationale et internationale : viols groupés, bagarres rangées, vols à main armée...Des informations dignes d’un film d’horreur pour moi qui ait grandi dans cet espace si paisible au carrefour du Sahel et de la route des caravaniers. J’ai donc décidé de poser ma caméra dans la ville de Zinder et particulièrement dans certains quartiers ostracisés dont Kara-Kara, ce village créé dans les années 70 pour recaser les personnes atteintes de la lèpre, devenu aujourd’hui une des communes de la ville de Zinder.

Quand j’ai démarré ce projet de film, il y a 8 ans, beaucoup de sentiments s’entrechoquaient en moi : crainte, incompréhension, peur, fascination… Et puis mes propres préjugés que j’ai dû combattre. Mais mes rencontres m’ont bouleversée à jamais. J’ai compris que Kara-Kara pouvait exister partout et qu’il est juste le reflet de nos comportements collectifs et le fruit d’un clivage : eux et nous. Trois personnages principaux me font pénétrer dans l’univers des gangs. Avec eux nous saisissons de manière sensible l’engrenage dans lequel cette jeunesse semble piégée. Toutefois les personnages que j’ai choisi de suivre ne se satisfont pas de l’avenir qui leur est réservé. Sur plusieurs années, je capte au quotidien leur logique de survie et leurs tentatives pour sortir de l’illégalité et trouver leur place au sein de la société, entre malice, détermination, découragement et inventivité. Le film ‘’Zinder’’ est actuellement en compétition internationales à Copenhague, Nyon et Munich.

Les Nations Unies par la voix du HCR soutiennent la diffusion du documentaire au Niger, notamment en raison de la thématique de l’apatridie qui est présente dans le documentaire. C’est une tragédie pour beaucoup de jeunes, car sans papiers leur avenir est encore plus incertain. Le film Zinder est aussi une ode à cette belle ville aux collines gigantesques et aux rues ocre qui m’a vu naitre et grandir. Cette ville est la malle qui contient tous mes souvenirs d’enfance. Elle reste aussi le témoin de mes premiers pas artistiques. En effet, à l’Age de 6 ans, j’étais déjà sur scène pour chanter un hymne adressé à la jeunesse de la région. C’était lors d’une visite du président Ali Chaibou. Grâce aux programmes culturels au sein de toutes les écoles à Zinder particulièrement l’école Zengou Fille où j’ai fréquenté, mon institutrice à l’époque, Madame Aissata, avait déjà commencé à tracer le sillon de cette carrière.

Vous êtes dotée d’une culture cinématographique au vu de l’appréciation artistique de vos produits ? Dites-nous un peu comment avez-vous contacté le virus du 7ème art, comment s’opère le choix  des acteurs et de vos thématiques ?

Je ne suis pas née dans une aristocratie pour avoir une culture cinématographique.

Mais, je suis née dans une région qui accorde beaucoup d’intérêt à la culture dans son ensemble et le théâtre particulièrement. De l’école primaire jusqu’’à l’université, je faisais du théâtre. J’étais douée sur des thèmes libres. Notre club du lycée Kouran Daga a plusieurs fois remporté les premiers prix lors des concours inter-établissements.

Les enseignants étaient très impliqués et veillaient comme si c’était une matière à part entière. Tout cela a contribué à mon cheminement vers le cinéma, ce cinéma que le Forum Africain de Films Documentaires initié par Inoussa Ousseini Sountalma avait non seulement initié pour permettre à plusieurs jeunes dont ma promotion de 10 jeunes filles que nous étions (Ramatou Doulla, ZM, Amina Abdoulaye Mamani, Rakia Kader, Haoua Djibo…) de bénéficier d’un encadrement mais surtout, il a eu l’ingénieuse idée de trouver des bourses à ceux qui avaient le diplôme requis pour intégrer le master de l’IFTIC qui venait de s’ouvrir. C’est ainsi que Ramatou Doulla, Boka Abdoulaye et moi même avons bénéficié des bourses pour aller légitimer nos passions en étudiant le cinéma. C’est ce début qui m’a ouvert les voies pour intégrer plus tard l’université Gaston Berger où j’ai fait mon master 2.

Je ne cherche jamais des thématiques loin de moi alors que juste à côté, il y a des voiles qui méritent d’être levés, des maux sur lesquels il faudrait mettre des mots, etc. J’ai la chance d’avoir en ma possession un outil puissant qui pouvait aider à faire entendre des voix, celles qui sont moins entendues voire pas du tout entendues. C’est cet outil que je mets au service de ma communauté pour permettre de dialoguer sur des sujets qui me semblent essentiels.

Arbre sans fruits a remporté plusieurs distinctions peut-on dire aujourd’hui que compte tenu de cela vous avez des facilités à assurer techniquement et financièrement vos œuvres ?

Quand un film fait un parcours avec plus de 70 reconnaissances internationales, il permet certaines facilités. J’ai eu accès à des rencontres internationales et des laboratoires où j’ai développé le projet Zinder. J’ai en mémoire mon séjour de 3 mois à Berlin grâce à une bourse de l’État Allemand, le Medienboard Berlin-Brandenburg que j’ai gagnée suite à un pitch à Ouaga Lab ou encore le Hot Docs -Blue ice Docs Fund du Canada grâce auquel j’ai eu accès au prestigieux Forum de Toronto. Cela m’a aussi permis d’intégrer le Comité pour le patrimoine Cinématographique grâce auquel des films Africains ont été restaurés dont 2 films Nigériens.

Au niveau local, l’ancien Président de la République SE. Issoufou Mahamadou avait qualifié le projet d’intérêt national. J’ai plaidé pour la création d’un fonds qui n’a jusque là pas abouti malheureusement. Il m’avait honorée par une médaille de Chevalier des palmes académiques du Niger, la plus haute distinction puisqu’elle symbolise la reconnaissance de mon pays. J’étais déjà chevalier des Arts et des Lettres de la République Française.

Sans sa recommandation, je ne pouvais espérer filmer dans la prison civile où 3 de mes protagonistes ont atterri alors qu’on tournait le film. Cette lettre de recommandation nous a ouvert les portes de la maison d’arrêt où nous avons remonté l’histoire de cette jeunesse gâchée derrière les barreaux. C’était pour renvoyer le miroir à tous ceux qui prennent le chemin de la débauche qui mène à ce lieu macabre et difficile. Aucune somme ne pouvait ouvrir cette porte blindée!

L’ARCEP (ils m’ont déjà accompagnée tout comme IMAN quand l’arbre sans fruit allait au FESPACO), la SOMAIR et la CNTPS parmi une cinquantaine de sociétés et organismes approchés ont bien voulu accompagner pour l’après film. Pour vous dire que ce n’est pas évident ! Encore faudrait-il connaître quelqu’un ou quelqu’un qui connaît quelqu’un. Ce qui n’est pas le cas au niveau international où ce n’est que les dossiers qui défendent et départagent les cinéastes. L’accompagnement c’est aussi la promotion puisque la finalité c’est de faire voir le film à la population pas que le faire voir ailleurs.

Depuis le début de l’année, je préparais la sortie du film au niveau local pour lui donner toute la visibilité qu’il mérite. Les salles habituelles où nous passons nos films n’ont pas des grandes capacités d’accueil et n’ont pas le matériel adapté pour restituer la technicité des films. Il y a évidemment le Mahatma Gandhi que nous artistes avons accueilli avec joie et qui est beaucoup plus adapté, mais qui reste inaccessible malheureusement. Il est très difficile pour nous de payer des sommes faramineuses pour projeter nos films. Surtout pour nous documentaristes qui faisons de projections gratuites puisque notre objectif premier c’est d’éduquer, de sensibiliser, de toucher des problèmes sociaux et d’amorcer des dialogues pour un possible changement. Nous n’avons pas encore les ressources pour s’offrir de tels lieux d’autant plus que nous devons financer la campagne d’impact que je planifie autour du film et que je compte amener dans les 8 régions du Pays, dans les écoles, dans les universités et dans les fadas. J’espère que le président de la République entendra ces cris du cœur et permettra à des artistes locaux aussi d’avoir accès à des infrastructures étatiques pour la promotion du cinéma nigérien et de l’art en général. Ça ne nous honore pas d’être connus à l’international et ne même pas arriver à faire voir nos films à nos compatriotes chez nous alors que les salles sont là mais inaccessibles.

Représenter le Niger à un grand festival comme le festival de Cannes, qu’est-ce que cela vous fait concrètement ?

Aller à Cannes en début d’une carrière, avec un premier film, c’était une sélection qui s’inscrit en lettre d’or. Surtout que j’ai rencontré certaines sommités du cinéma Africain qui me confiaient qu’ils sont allés pour la première fois alors que leur expérience dans le domaine avoisinait mon âge. Entendre mon nom et celui de mon pays qui raisonnaient partout au niveau de La Croisette pendant que je foulais le tapis rouge m’a certes donné beaucoup de fierté. Mais, c’était aussi une lourde responsabilité puisqu’on ne pouvait pas aller à Cannes et se permettre de faire des films qui ne sont pas à la hauteur.

Quelle réflexion vous inspire la journée du 13 mai ?

Cette date mémorable du 13 mai 1991 au cours de laquelle les femmes ont arraché leur droit, celui d'être représentatives au sein de la commission préparatoire de la Conférence nationale souveraine, a marqué le début d’une nouvelle ère dans la vie sociale et politique des femmes au Niger. D'une femme sur 40 hommes, le nombre a été porté à 5 au sein de ladite commission. Si nous sommes passées de 15 à 25% au niveau des postes électifs et à 30% au niveau des postes nominatifs, cela prouve que les luttes ne sont pas vaines. Cela permettrait d'avoir une représentativité des femmes au niveau des instances décisionnelles. On doit toutes les avancées politiques aux devancières qui se sont réveillées très tôt pour s'imposer comme une couche sociale valable et capable. C'était un succès éclatant et un acquis qu'on devrait nous, la jeune génération, préserver et chercher à améliorer encore pour alléger la vie des femmes urbaines et rurales dans tous les secteurs.

On peut dire que vous êtes une référence dans le domaine du cinéma au Niger. Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes filles qui souhaiteraient vous emboiter le pas dans ce domaine ?

 Je suis actuellement en charge de la formation de 10 jeunes filles pour le compte d’Acountability Lab. Non seulement c’est une formation en technique d’écriture et de réalisation, c’est aussi une formation en leadership. Comment donner du temps à un projet afin de faire une œuvre aux normes internationales. De penser au travail bien fait avant de penser au luxe du voyage et de la renommée. Il faut qu’elles soient armées afin d’affronter les voix qui vont chercher à les décourager. Elles peuvent bénéficier de la facilité qu’offre le numérique aujourd’hui. Il existe beaucoup de laboratoires qui accueillent des jeunes talents. Il suffit juste de se donner à fond, de travailler sérieusement et toutes les portes s’ouvriront. Je ne suis pas née dans des draps brodés, j’ai juste su tracer mon chemin grâce à l’abnégation et la formation continue. Je ne rate jamais une occasion d’aller apprendre. Je postule à des opportunités et il m’arrive plusieurs fois de payer pour me former, même maintenant. C’est très important de continuer à apprendre car facilement on devient obsolète vue la vitesse à laquelle la technologie avance.

Aïssa Abdoulaye Alfary(onep)

25 mai 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Femme modèle : Médecin-Colonel de la Gendarmerie Marie Djika «L’autorité n’a pas de sexe, c’est le grade qui prime !»

Médecin-Colonel Mahamane Nomao Djika Mariama, plus connue sous le nom de Colonelle Marie a débuté l'école à la mission fille de Zinder, et au Collège Mariana de Niamey et Collège Sacré- Coeur de Dakar. Puis le lycée Mariana et le collège international Cévenol. Nantie d'un bac D elle s’est inscrite en faculté des Sciences de la Santé à l'université Abdou Moumouni de Niamey où elle a obtenu le doctorat d'état en médecine, ayant eu envie d’apporter sa petite pierre dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile elle s’est orientée vers cette spécialité et poursuit actuellement une spécialisation en Gynécologie-Obstétrique. Elle a intégré le corps des Forces de Défense et de Sécurité grâce à un concours de recrutement de médecins du Ministère de la défense en 2005. Elle a eu à occuper plusieurs postes et à eu à effectuer deux (2) missions onusiennes notamment en Côte d'Ivoire et en République Démocratique du Congo. La quarantaine révolue, Marie Djika est issue de la famille royale de Chadakori Maradi. Elle est l’ainée d'une fratrie de neuf (9) enfants dont 5 filles et 4 garçons. Elle est mariée et mère de 3 enfants. Dans cet entretien, elle nous parle de son expérience d’une des rares femmes haut gradées dans la Gendarmerie Nationale.

Dans la mentalité nigérienne, le métier des armes est plutôt considéré comme un métier masculin. Qu’est ce qui a motivé votre choix, en tant que femme, à embrasser la carrière militaire ?

Il ne s’agit pas d’une considération liée typiquement au Nigérien. Si on prend d’un point de vue général beaucoup de métiers indépendamment de celui d’armes étaient réservé uniquement aux hommes.

Ce qui fait qu’ils n’ont pas de féminin correspondant dans la langue française. Il est vrai que nous faisons partie des pionnières concernant le métier d’armes mais depuis lors je pense que la femme Nigérienne a présentement sa place au sein de cette institution puisqu’à l’occasion de chaque concours il y’a de nombreuses candidates. S’agissant de ma carrière, je peux dire que c’est le destin qui m’a amenée dans ce corps même si par ailleurs j’ai découvert que c’est une vocation. J’aime bien. C’est un métier noble!

Entant que Gendarme, avez-vous eu à faire face à des attitudes discriminatoires dans votre carrière, soit de la part de vos collègues ou même des citoyens ? Sinon que pensez-vous de la perception de l’autorité féminine dans le corps des FDS ?

Sincèrement je ne pense pas avoir eu à faire face à une discrimination. Nous accomplissons les mêmes missions que les hommes, raison pour laquelle nous avons été envoyées sur les différents théâtres des opérations extérieures (missions des Nations Unies). Nous jouissons d’un certain respect au sein de notre institution. Nous sommes régis par un règlement qui n’a rien à voir avec le genre, qui fait que chacun connaît sa place. D’ailleurs, ce n’est pas dans notre corps seulement, même dans l’administration publique cette hiérarchisation existe sauf qu’elle est plus marquée chez nous. Je ne suis pas d’accord avec le terme «autorité féminine» du moment où nous recevons la même formation que les hommes, l’ «autorité» n’a pas de sexe, c’est le grade qui prime!

S’il existe encore des choses à améliorer, selon vous, sur quoi les efforts doivent-ils être concentrés pour une plus grande prise en compte du genre dans les Forces de Défense et de Sécurité ?

Comme je le disais tantôt, nous faisons partie des pionnières mais depuis un certain temps «la femme en uniforme» n’est plus une curiosité tellement nous sommes nombreuses à avoir embrassé cette carrière. La principale évolution je dirai que la femme se trouve à tous les différents niveaux des structures de l’armée.Le genre féminin est pris en compte au sein des FDS du moment où nous sommes impliquées dans toutes les activités sans distinction de sexe.

Pour les filles qui veulent embrasser cette carrière, nous leur disons surtout de ne pas vouloir intégrer les FDS parce que c’est le dernier recours après avoir essuyé plusieurs échecs. Les FDS c’est un monde d’élites. Etre FDS c’est un don de soi. Il faut avoir des qualités beaucoup plus qu’au sein des autres métiers. Aux jeunes filles qui veulent embrasser cette carrière surtout avoir la vocation, il ne s’agit pas de «porter la tenue». Etre FDS ça se mérite, cela implique de s’accrocher aux études puisqu’on y accède par concours.

Est-ce qu’il y’a des charges spécifiques réservées aux femmes dans le corps des FDS?

Il n’existe pas de charges spécifiques réservées aux femmes. Nous sommes polyvalentes comme les hommes. Il n’y’a aucun métier au monde qu’une femme ne peut pas exercer comme un homme et en mieux d’ailleurs puisque la femme c’est l’organisation, la planification et le raffinement. N’a-t-on pas coutume de dire que derrière chaque grand homme se cache une femme? Mettez la femme devant et vous verrez avec quel sérieux la tâche sera accomplie.

Vous êtes aussi une mère au foyer, comment concilier vos charges de porteuse de tenue avec la vie familiale?

On est d’abord une femme avant d’être une «femme en uniforme». Concilier sa vie de famille avec son travail c’est bien possible. Il s’agit d’une organisation personnelle. Je ne suis pas d’accord avec ses femmes travailleuses qui abandonnent la gestion de leurs foyers aux aide-ménagères. Notre métier s’arrête dès qu’on franchit la porte de la maison, on devient alors épouse et mère. Je n’ai jamais accepté qu’une aide-ménagère donne le bain à mes enfants ou prépare le repas tant que je suis disponible. C’est vrai que ça peut être contraignant mais c’est un choix. Un métier ne doit pas être un prétexte pour ne pas jouer son rôle de maîtresse de maison, et ceci, quel qu’il soit.

Par Aïssa Abdoulaye Alfary

16 mai 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Frank Van Der Mueren, Chef de la mission EUCAP SAHEL Niger : «Tout ce qu’on a fait jusqu’à présent, c’est de renforcer les capacités de nos partenaires»M. le Chef de la mission EUCAP SAHEL Niger, comment peut-on présenter EUCAP Sahel Niger, autrement dit quelle est la genèse de la mission ?

L’Union Européenne a adopté une stratégie pour le Sahel en 2011, axée sur la sécurité et le développement. Cette stratégie a été discutée par les Etats de la région et sur la base de cela, une mission a été lancée en 2012 dans le cadre de la politique sécurité-défense commune de l’Union Européenne. Dans le cadre de cette politique, qui a quelques axes prioritaires et dans le cadre de cette stratégie, 4 domaines sont ciblés, à savoir la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le crime organisé transnational, la favorisation des activités pour les jeunes dans la région afin de lutter contre la radicalisation, et à partir de 2015, la problématique de la migration irrégulière et les crimes associés. C’est dans ce cadre que la mission a été lancée en 2012, avec un mandat non-exécutif, pour assister les autorités à mettre en place une approche intégrée, cohérente, qui respecte les droits de l’homme et qui permettra de lutter contre le terrorisme et le crime organisé.

C’est essentiellement dans ces deux domaines que la mission veut assister et aider ses partenaires nigériens.

Quelle est la contribution d’EUCAP Sahel Niger dans la formation et le soutien aux Forces de Défense et de Sécurité ?

La formation est effectivement l’un des 3 piliers que sont le conseil, la formation et les projets, donc l’équipement. Dans les domaines de la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la lutte contre la migration irrégulière, 12.000 personnes, qui viennent surtout de la Police Nationale, de la Gendarmerie Nationale et de la Garde Nationale, ont été formées. On a aussi des activités avec les ministères de tutelle, avec par exemple l’Agence Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes et avec les magistrats, parce qu’un de nos objectifs est de renforcer la chaine pénale. On forme donc les officiers de police judiciaire mais aussi les magistrats. On travaille aussi avec la société civile, plus particulièrement dans le rapprochement des forces de l’ordre auprès de la population, domaine où la société civile est très importante. On les forme surtout dans les techniques d’investigations, la collecte de renseignements, les faux documents, la gestion des frontières, les droits de l’homme, la drogue, le trafic des armes et la gestion des crises. On a aussi formé la Police Technique Scientifique

G5 Sahel : «La contribution des Etats-Unis la plus importante à ce jour est à saluer»Le G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Tchad, Niger) vient d'annoncer qu'une première mission avait été lancée au Mali. L'objectif est toujours d'atteindre la pleine capacité de cette force antiterroriste de 5 000 hommes au mois de mars. Si les Etats-Unis se sont engagés à financer la force à hauteur de 60 millions de dollars, les questions du financement et du mandat restent centrales et non résolues. Notre invité Afrique ce matin est Ihrahim Yacouba, le ministre des Affaires étrangères du Niger. Il répond aux questions de Xavier Besson.

RFI: Vous revenez de Washington. Les Etats-Unis disent vouloir donner 60 millions de dollars pour le financement de la force G5 Sahel. Selon vous, est-ce que c’est un engagement qui est satisfaisant ?

Ibrahim Yacouba: D’abord c’est très important puisque vous savez qu’on revient de loin sur cette force. Au début, lorsque nous l’avions créée, il n’y avait pas beaucoup de partenaires qui y croyaient. Il n’y avait pas beaucoup d’engagement de la part de certains pays. En ce qui concerne les Etats-Unis, c’est donc une étape importante.

D’abord, il s’agit de la plus importante contribution annoncée jusqu’ici puisque ce que nous avons, pour le moment, c’est la contribution des pays concernés eux-mêmes qui est de 50 millions d’euros, puis celle de l’Union européenne, de la France et du Danemark. Je note que cette contribution des Etats Unis est un appui considérable et un premier engagement. Au fur et à mesure que nous aurons avancé et que peut-être nous aurons donné la preuve de notre pleine efficacité de la mise en œuvre de cette opération, d’autres engagements suivront.

Mais est-ce qu’il ne faudrait pas aussi que les Etats-Unis s’engagent à soutenir le G5 Sahel devant les Nations unies pour que la force obtienne un mandat qui soit le plus solide possible ?

Au moment où les pays industrialisés se préoccupent de l’agriculture bio, ceux en développement s’intéressent plutôt à l’autosuffisance alimentaire. Malgré cet écart, les pays à faible revenu multiplient les initiatives pour rattraper le retard tout en s’alignant au mouvement actuel. Aujourd’hui, ils sont nombreux les jeunes africains qui innovent dans le domaine de l’agriculture en adoptant des méthodes respectueuses de l’environnement comme des fertilisants bio. C’est le cas du jeune agronome nigérien, Garba Zamo Souleymane qui s’active dans la promotion d’une agriculture bio. C’est dans cette optique qu’il a créé une structure de fabrication d’engrais et Pesticides bio. Dans cet entretien, ce double lauréat (prix du Conseil l’Entente et celui de l’UEMOA) nous explique les objectifs visés à travers cette initiative et les effets positifs de l’utilisation des produits bio ainsi que les défis à relever.

M.Garba Zamo Souleymane, vous vous êtes lancés dans la fabrication d’engrais et de pesticides bio au Niger. Pouvez-vous nous expliquer ce qui vous a motivé à entreprendre dans ce domaine au Niger ?

Merci. Mon objectif est de répondre favorablement aux besoins des producteurs agricoles et de la population. En d’autres termes, c’est d’enrichir les sols en matières organiques en quantité et en qualité, de limiter l’usage en excès des produits chimiques, de booster le rendement des productions et d’initier la pratique de l’agriculture biologique. Les effets positifs de ces produits c’est qu’ils enrichissent le sol en éléments nutritifs organiques. Ils permettent à la culture de bien s’installer et facilitent son adaptation au sol. Ces produits bio assurent la bonne croissance et le développement de la culture, renforcent les défenses de la culture pour mieux résister à certaines attaques, augmentent le rendement de la production et garantissent une production de qualité et saine.

Vous êtes agronome de formation, pouvez-vous aussi nous expliquer le processus de fabrication de vos produits ?

Le compost bio et le terreau ont pratiquement le même processus de production. C’est ainsi qu’après la phase de recherche des matières premières, suivra la collecte et l’acheminement. Puis la phase de tri (séparer le produit brut avec les matières non ou moins décomposables). Ensuite le broyage de la matière morte avec la machine, puis mélanger avec de l’eau et laisser sous état hermétique accompagné d’un retournement chaque cinq (5) jours jusqu’à quatre (4) fois. C’est la phase de décomposition de la matière. Cette phase est suivie de celle de minéralisation réalisée dans une fosse ou bac à compost pendant deux (2) semaines accompagnées par un arrosage progressif. Enfin, c’est l’étape de stabilisation où le produit est bien minéralisé prêt à être conditionné et le conditionnement dans des sacs de 50kg.

En plus de la production des engrais bio, nous faisons la fabrication des produits bio pesticides comme le purin, obtenu par un mélange d’extrait de terreau et un sous-produit de la macération d’hypomea indica (liane lapin).

L’importance du purin est qu’il est à la fois engrais foliaire et pesticide, tout en traitant certaines maladies et certaines carences des cultures. Par ailleurs, en ce qui concerne la valorisation des déchets ménagers solides, la SOFEP BIO a aussi initié le recyclage du déchet plastique afin de mettre à la disposition de la population des produits à usage indispensable. Nous avons réalisé quelques prototypes (tabourets entièrement en déchet plastiques).

Après la fabrication des différents produits, comment se fait leur écoulement ? En fait, qui achète ces produits au Niger ?

Les principaux clients sont les producteurs agricoles de Niamey (maraichers jardiniers et fleuristes). D’autres clients se trouvent dans les localités environnantes de Niamey. A ceux lâ s’ajoutent aussi des entreprises agricoles (Nassaraoua et Goroubi). Je précise que les prix sont abordables. Ainsi le sac de 50 kg de compost bio se vend à 4000FCFA et celui du terreau à 6000F CFA.

Pouvez-vous nous dire, Concrètement, comment s’est construite l’idée de la création de cette structure de fabrication de produits bio?

C’est à l’Université que j’ai commencé à réfléchir sur  ce que je peux apporter pour aider nos producteurs et qui cadre avec ma formation. Comme vous le savez à l’Université en général tout  comme à la Faculté d’Agronomie, la majorité des étudiants se contente de valider une matière parfois sans comprendre la réalité des choses reléguant la pratique au second plan.

C’est ainsi qu’un jour, un enseignant a évoqué la question de pauvreté de nos sols productifs en matières organiques. C’est ainsi que nous (étudiants) avons fait plusieurs propositions de solutions mais toutes se sont avérées insuffisantes. Toutefois, je me suis senti interpelé.

A partir de ce moment, je me suis lancé dans la réalisation d’un premier prototype obtenu au bout d’un an de travail. Ce qui a fait l’objet d’exposition à la fac en 2017 où j’ai eu le soutien d’un enseignant titulaire de la même faculté spécialiste en fertilisation de sol. Avec cet enseignant nous avons encore travaillé un an sur la production de Compost au sein du jardin d’expérimentation de la Faculté d’agronomie dont la nouvelle technique appliquée est initiée par moi-même. Peu après, l’obtention des premiers résultats concluant, la satisfaction était totale. Toutefois, après la fac, j’ai préféré continuer mes expériences sur un autre terrain.

Votre structure de Fabrication d’Engrais et Pesticides Bios a-t-elle des  rapports avec la Société et le Centre Incubateur de l’Université Abdou Moumouni (CIUAM) ?

Mon rapport avec le CIUAM vient du fait que j’ai commencé à être incubé de façon non officielle au Centre Incubateur de l’Université de Niamey, en attendant le lancement d’appel à candidature pour la deuxième promotion en 2019. Mais avant c’était une enseignante chercheur (Dr Drame Yaye Aseitou) de la Faculté d’Agronomie, promotrice d’une entreprise (Sahel Agro) incubée au CIUAM, faisant partie de la première promotion, qui m’a conseillé de passer au  CIUAM en tant qu’étudiant de l’université de Niamey. Je n’ai pas hésité, j’étais parti pour une première prise de contact au CIUAM je m’étais adressé à M. Anza (l’accompagnateur en modèle économique et finance), qui a été déjà informé de mon passage par l’enseignante chercheur afin de m’expliquer la vision et la mission du CIUAM y compris les opportunités que je pourrai saisir.

Mon second passage au CIUAM, c’était au cours d’une brève présentation de mes activités devant les responsables du CIUAM. Voilà ce qu’il mon dit : « désormais tu as accès à l’incubateur et tu pourras en faire usage avec les logistiques du centre, sauf que tu ne seras pas un incubé officiel mais l’accompagnement est gratuit pour toi et pour tout étudiant inscrit régulièrement à l’UAM qui désire entreprendre ».

A partir de ce moment j’ai commencé ma formation en entrepreneuriat, surtout les aspects techniques (identification d’un besoin, business model, le prototypage, l’étude de marché, le plan d’affaires). Ces actions visent non seulement l’émerger de mes activités mais aussi d’avoir une reconnaissance légale au CIUAM.

Au CIUAM, outre l’accompagnement technique, il facilite l’accès au financement. En cas d’opportunité, il partage l’information à l’endroit des porteurs de projets pour qu’ils y postulent.

Par ces types d’opportunités, la SOFEP BIO a été lauréate à deux (2) compétions d’entrepreneuriat au Niger.

La première celle de Conseil de l’Entente dans le cadre du projet : jeune et entrepreneuriat femme et activité génératrice de revenu en septembre 2020.

La seconde celle de l’UEMOA dans le cadre du tremplin start-up UEMOA  première édition en décembre 2020.

Je pourrai dire aujourd’hui que la SOFEP BIO est créée formellement grâce à l’appui technique et le soutien dans la recherche de financement qu’offre le CIUAM.

Réalisée par Mamane Abdoulaye

19 novembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Ibra Boulama IssaMon Général, vous êtes le directeur du Centre National d’Etudes Stratégiques et de Sécurité (CNESS). Veuillez nous présenter cette structure, nouvelle au Niger, et qu’on a l’habitude de voir que dans les pays développés ?

Je voudrais tout d’abord vous remercier pour l’opportunité que vous me donner de parler du CNESS. D’emblée, je dirai que le CNESS est un outil d’aide à la décision, autrement dit un ‘’think tank’’ au service de l’Etat et de ses institutions. Effectivement, c’est surtout dans les pays occidentaux qu’on entend souvent parler de ce genre de structure autonome ou étatique.

Les think tanks sont tellement nécessaires et importants pour la vie publique des Etats, qu’ils font l’objet d’observation et d’évaluations rigoureuses. A titre d’exemple, l’Université de Pennsylvanie dispose d’un index qui classifie les Think tanks du monde entier en fonction de leurs catégories, leurs pertinences, leur importance, leurs domaines d’intervention, leur efficacité etc. C’est pour vous dire que ce type d’outil est essentiel pour la construction d’un Etat moderne.

Monsieur le Premier ministre, vous êtes économiste, âgé de 67 ans. Au lendemain de son investiture, le Président de la République S.E Bazoum Mohamed a porté son choix sur votre personne pour coordonner l’action du gouvernement. Aujourd’hui, un peu plus de trois mois après votre présentation de la Déclaration de Politique Générale devant l’Assemblée Nationale, quels sont les succès que vous avez enregistrés dans la mise en œuvre de l’action du gouvernement ?

Merci beaucoup ! Comme vous le savez, lorsqu’un nouveau gouvernement est mis en place, la première priorité c’est d’établir une feuille de route pour les cent premiers jours. Nous avons établi cette feuille de route pour les cent premiers jours, et de cette évaluation il est apparu que l’ensemble des actions que nous avons prévu a été exécuté à 90%. Au titre de ces activités, conformément à ce que la Déclaration de Politique Générale a prévu, sur chacun des sept axes, il y a eu des progrès. Quand je prends l’axe sécurité, vous avez pu constater ce qui s’est passé. Nous allons y revenir plus en détail. Le niveau de sécurité s’est nettement amélioré.

Quand vous prenez l’axe gouvernance, la priorité a été de mettre en place les institutions qui ont été nouvellement élues, notamment l’Assemblée Nationale, les Conseils régionaux, les communes, ainsi que la présentation de la Politique Générale du Gouvernement. Tout ceci a été exécuté. Quand vous prenez l’axe agriculture, l’objectif est de préparer la campagne agricole, et c’est ce que nous avons fait.

Sur l’axe capital humain, il fallait effectivement confirmer et annoncer les changements majeurs que le Président de la République compte apporter en particulier à la politique éducative et ceci a été fait notamment par la réunion qu’il a organisée avec tous les acteurs du secteur de l’éducation. En ce qui concerne l’axe promotion des investissements et axe infrastructure, également des chantiers emblématiques ont été démarrés notamment le pipeline pour l’exportation du pétrole brut, la relance des travaux au niveau de Kandadji.

Quand vous prenez aussi l’axe inclusion sociale, là également nous avons mis en œuvre le plan de soutien aux populations comme chaque année en cette période où il y a une soudure entre l’ancienne récolte et la nouvelle récolte. Nous avons mis en œuvre l’axe inclusion à travers notamment la vente à prix modéré, la distribution des aliments pour bétail, la distribution des semences, ainsi que la distribution gratuite des vivres aux populations ciblées.

Voilà donc, dans l’ensemble on peut dire que le début de la mise en œuvre de cette Déclaration de Politique Générale a été très positif et une réussite.

Excellence vous avez parlé des résultats positifs qui ont été enregistrés, mais je suis sûr qu’il y a eu aussi quelques difficultés. Quelles sont les principales entraves que vous avez rencontrées dans la mise en œuvre de l’action gouvernementale pendant ces trois premiers mois?

On ne peut pas à proprement parler d’entraves. Mais nous pouvons parler en termes de défis. Le défi auquel nous sommes confrontés, c’est celui de la restructuration des différents ministères. Comme vous le savez, le nouveau gouvernement a été réduit comparé au gouvernement précédent, et beaucoup de ministères ont été jumelés. Et donc compte tenu de cela, il fallait reprendre tous les textes organiques et renommer les différents responsables. Cela a été un défi majeur auquel nous avons été confrontés.

Le deuxième défi majeur auquel nous avons été confrontés, c’est celui relatif à la rareté des ressources. Nous sommes en une année électorale, et généralement au cours d’une année électorale il y a beaucoup d’attentisme. Les opérateurs économiques, tout le monde attend de voir le nouveau gouvernement. Donc les prévisions des recettes qui avaient été faites, par le gouvernement précédent n’avaient pas été totalement atteintes.

Le troisième défi, toujours en lien avec celui-là, c’est du fait que les procédures financières ne permettent pas de faire des dépenses sans que le budget n’ait été remanié. Donc il fallait préparer un collectif compte tenu de la restructuration des ministères et là un certain nombre de dépenses ont dû attendre le réaménagement du budget et l’approbation du collectif.

«Dans le cadre de la lutte contre la corruption, le gouvernement a pris le taureau par les cornes et vous verrez qu’il y aura beaucoup d’actions et beaucoup de résultats au cours de ce quinquennat»

Enfin, comme vous le savez, nous sommes dans une situation sécuritaire et une situation de pandémie de COVID 19. Tout cela constitue des défis auxquels nous avons été confrontés. Malgré ces défis là nous avons pu trouver notre chemin et nous avons pu réaliser un certain nombre d’actions prioritaires au cours de la période indiquée.

Parlant de défis, il y a la lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics qui est un chantier sur lequel le Président de la République est particulièrement attendu. Comment votre gouvernement s’investit-il pour relever ce défi ?

Effectivement, comme vous l’avez dit, le Président de la République accorde une grande priorité à la lutte contre la corruption. Il l’a annoncé dans son programme de campagne, il l’a annoncé dans son discours d’investiture, et de façon très ferme et très claire. Dans la Déclaration de Politique Générale, j’ai également repris cet engagement du Président, en disant que nous allons faire en sorte que toutes les institutions en charge de la lutte contre la corruption soient redynamisées et que la justice soit renforcée dans ce domaine.

Donc pour pouvoir aborder cette question, nous avons essayé de faire un état des lieux. L’état des lieux consiste à regarder qu’est-ce que nous avons sur le plan institutionnel, comme institutions en charge de la lutte contre la corruption. Et elles sont nombreuses. Nous avons d’abord, la Cour des Comptes, qui est l’institution la plus élevée; nous avons la HALCIA, l’Inspection Générale d’Etat, l’Inspection Générale des Finances, la CENTIF pour ne citer que ceux-ci. Donc nous avons les instruments qu’il faut. En plus de ces instruments, nous avons les textes.

Au niveau des textes, nous avons les textes internationaux, régionaux, et sous régionaux auxquels le Niger fait partie. Et le Niger a ratifié tous ces textes. En plus de cela, nous avons les textes nationaux. Et au titre de ces textes nationaux qui ont été adoptés par l’Assemblée Nationale et par les différents décrets, il y a tous les textes qui ont mis en place toutes ces différentes institutions avec leurs missions et leurs attributions. En termes de textes, quand on fait une comparaison avec les autres pays de la région, nous sommes nettement en avance.

Alors la question est de se dire que, puisque nous avons les structures qu’il faut, nous avons les textes qu’il faut, qu’est-ce qui fait que la lutte contre la corruption traine ? Pourquoi il n’y a pas les résultats que le peuple espère en matière de lutte contre la corruption ? Et dans ce sens, il faudrait voir la corruption en deux aspects. Il y a d’abord la perception parce que très souvent c’est une question de perception. Comment les citoyens perçoivent-ils le fonctionnement de notre administration? Est-ce qu’ils pensent que c’est une administration corrompue ou autre? Et par rapport à cela il y a des indicateurs et un suivi au niveau international. Et fort heureusement, quand on analyse de 2011 à ce jour, le Niger a fait beaucoup de progrès.

Notre pays a gagné des rangs extrêmement importants en matière de lutte contre la corruption. Bien entendu, ce n’est pas l’occasion de se reposer, il faut aller de l’avant. Et pour confirmer l’engagement du Président de la République, nous avons tenu un certain nombre de réunions au niveau du gouvernement pour faire le point de l’état actuel de la situation et des actions à entreprendre.

Ensuite nous avons tenu récemment une réunion présidée par le Président lui-même, au cours de laquelle il a donné des directives claires. Ces directives, c’est d’abord de donner plus de moyens aux structures en charge de la lutte contre la corruption; que ça soit des moyens humains, que ça soit des moyens financiers. Parce que toutes ces structures se sont plaintes du fait qu’elles n’ont pas assez de moyens. En ce qui concerne les moyens humains, il y a aussi le problème de la qualification; et on avait convenu qu’il faut renforcer la qualification de ces moyens. Il y a aussi le fait qu’au niveau notamment de la HALCIA, elle avait élaboré un plan stratégique de lutte contre la corruption, qui est composé à la fois avec des actions de sensibilisation, mais aussi des actions de vérification, de contrôle et de répression. Ce plan va être réactivé et mis en œuvre.

Au niveau de la Cour des Comptes, elle établit des Rapports chaque année; ce qui a manqué, c’est le suivi des recommandations de la Cour des Comptes. Là le Président a été ferme, nous devons faire un suivi de toutes les recommandations de la Cour des Comptes et lui rendre compte. Enfin au niveau de la Justice où les gens ont déploré une certaine lenteur par rapport aux dossiers qui sont en instance, là également des instructions ont été données pour que le traitement des dossiers soumis à la justice soit accéléré.

Comme vous le savez la HALCIA, lorsqu’elle élabore un dossier et qu’elle voit qu’il y a matière à poursuite, elle transmet directement à la justice sans passer par qui que ce soit, et il en est de même de la Cour des Comptes lorsqu’elle constate qu’il y a des faits flagrants elle peut prendre des décisions. Donc je peux dire que dans le cadre de la lutte contre la corruption, le gouvernement a pris le taureau par les cornes et vous verrez qu’il y aura beaucoup d’actions et beaucoup de résultats au cours de ce quinquennat.

Monsieur le Premier ministre, il y a des dossiers précis sur lesquels les Nigériens attendent le gouvernement. Je fais allusion aux grands dossiers comme celui du Ministère de la Défense Nationale et l’affaire dite de ‘’Ibou Karadjé’’. Où en sommes-nous par rapport à ces dossiers ?

Evidemment, ça ce sont des dossiers qu’on peut appeler des dossiers très emblématiques pour lesquels le gouvernement accorde une grande attention. En ce qui concerne le dossier MDN, comme vous le savez ce dossier est venu d’un audit commandité par le Président de la République de l’époque. Si le Président de la République a commandé une inspection, ce n’est pas pour que le dossier soit mis au tiroir; c’est pour que s’il y a des faits qui sont révélés que des actions appropriées puissent être entreprises. S’agissant de ce dossier, il a été transmis à la justice. Et donc s’agissant d’un dossier qui est à la justice, nous n’avons pas de commentaire particulier comme vous le savez c’est interdit par la loi. Mais le dossier est à la justice et il suit son cours.

En ce qui concerne le dossier Ibou Karadjé, là également c’est la même chose. C’est le Président de la République qui a demandé à l’Inspection d’Etat, lorsqu’ils ont eu vent de cette affaire, de vérifier ce dossier. L’Inspection d’Etat a fait son Rapport, le Procureur a été saisi, la Police a été saisie pour investigation. Il s’est avéré qu’il s’agit d’un individu qui a imité des signatures, fabriqué des faux cachets pour faire des opérations au niveau du ministère des Finances. Là aussi le dossier a été transmis à la justice. Tous ses complices ont été identifiés, et la justice suit son cours. Je ne rentrerai donc pas plus dans les détails des faits.

De toutes les façons, comme vous avez vu à travers les journaux, de plus en plus, la vérité commence à sortir. J’ai vu les dernières informations sorties des journaux, certainement des journalistes qui ont eu accès au rapport d’investigation de la Police, et qui confirment que toutes les signatures ont été imitées, et tous les cachets des titulaires au niveau du ministère des Finances ont été fabriqués. Donc voilà ce que je peux vous dire sur ce dossier qui est également dans les mains de la justice. Donc la justice suivra son cours.

Monsieur le Premier ministre, vous avez tantôt parlé de la HALCIA. Pour les derniers examens scolaires, vous avez vous-même recommandé que la HALCIA s’implique dans l’organisation en vue d’en assurer une parfaite réussite. Etes-vous satisfait du résultat de l’implication de la HALCIA dans l’organisation des examens cette année?

Très satisfait ! Parce que cette année, je peux vous le dire qu’en ce qui concerne les examens, tout le monde est convaincu qu’il n’y pas eu de fuite; qu’il n’y a pas eu de fraude. Mêmes les fraudes les plus sophistiquées, on a pu les découvrir et les démanteler, notamment les fraudes via les réseaux sociaux. Nous avons mis en place des dispositifs qui permettent d’éviter que les sujets d’examen ne sortent avant qu’ils ne soient distribués dans les salles.

Et au cours de cette année, un certain nombre de fraudeurs ont été arrêtés et remis à la justice. C’est dire que dans l’ensemble, ces examens se sont bien passés. Et peut-être que c’est cela qui explique le faible taux de réussite qui a été enregistré au cours de ces examens. C’est le taux réel !

Bientôt les élèves et les étudiants vont reprendre le chemin de l’école, quelles sont les dispositions prises au niveau du gouvernement pour une bonne rentrée scolaire, mais aussi une année académique calme ?

Pour bien préparer une année académique, il y a d’abord des dispositions administratives à prendre. C’est celles qui concernent les nominations des différents responsables. Nous avons procédé à ces différentes nominations. Il y a aussi des dispositions matérielles à prendre notamment la mise en place des fournitures et des matériels pédagogiques. Il y a également des dispositions en ce qui concerne les infrastructures pour s’assurer que les élèves trouveront des classes dans lesquelles ils pourront étudier convenablement. Bref, toutes ces dispositions ont été prises.

En plus de ces dispositions, là où il y a des revendications en cours, un certain nombre de problèmes en instance, nous avons essayé d’y remédier. A titre d’exemple, en ce qui concerne le paiement des pécules des contractuels, nous avons veillé à ce que cela soit effectué correctement et sans retard. Au niveau des étudiants où il y avait un retard dans le paiement des brousses, nous sommes en train de rattraper ce retard pour que la rentrée se passe correctement.

Avec les Enseignant-chercheurs, il y avait tout ce litige qui porte sur le mode de désignation des responsables. Aujourd’hui, c’est chose faite parce que vous avez entendu le conseil des ministres où tous les recteurs ont été nommés; tous les doyens ont été nommés. C’est dire une fois de plus que toutes les conditions ont été prises pour que la rentée soit un succès. Mieux, nous allons veiller à ce que conformément à l’engagement du Président de la République, que des ressources additionnelles soient allouées aux ministères en charge de l’Education et de la Formation professionnelle. Et là également, vous allez le voir à travers l’annonce que le ministre des Finances va faire sur le nouveau budget 2022.

Parlant de l’engagement du Président de la République sur l’accès et le maintien des jeunes filles à l’école, comment cet engagement se traduit-il actuellement en acte?

L’engagement le plus emblématique, en ce qui concerne la scolarisation de la jeune fille, est celui qui consiste à construire des internats dans les collèges de proximité. S’agissant d’une opération nouvelle, il fallait commencer par des projets pilotes. C’est ainsi que trois écoles ont été choisies comme projet pilote: Kellé (dans la région de Zinder; Moujiya (région de Tahoua) et Dantchandou (région de Tillaberi). Ces trois écoles seront les projets pilote qui vont nous permettre d’ajuster la politique qui va être mise à l’échelle. Les bailleurs de fonds ont été sensibilisés et beaucoup se sont annoncés pour soutenir cette initiative d’internat pour les jeunes filles.

Mais, il n’y a pas que l’internat pour améliorer la scolarisation de la jeune fille. En effet, la première des choses à faire, c’est qu’elle ne soit pas très loin de ses parents en ce qui concerne l’éducation. C’est pour cela que nous allons mettre en place une politique de collège de proximité. Le ministère de l’Education est en train de travailler là-dessus. C’est-à-dire que dans les différents villages, on va créer des collèges. Pour que le collège de proximité soit une réussite, il faut rendre les enseignants beaucoup plus polyvalents de façon à ce qu’on puisse jouer sur l’effet du nombre. Par exemple, au lieu d’avoir six (6) professeurs dans un CEG, avec trois (3) professeurs, vous pouvez animer le collège en faisant en sorte que ces professeurs soient polyvalents et qu’ils enseignent trois ou quatre matières. Tout cela est en cours de préparation. Evidemment, il y a la sensibilisation des parents qui est aussi en cours et qui en train de donner de bons résultats. De plus en plus, comme le voit, le taux filles et garçons est en train de monter. Et notre objectif est d’atteindre la parité dans un avenir très proche.

Monsieur le Premier ministre, vous avez tantôt parlé de la situation sécuritaire qui est un des défis majeurs pour le gouvernement. Peut-on parler d’avancées dans l’évolution de la situation depuis que vous êtes aux commandes?

En matière sécuritaire, vous savez que notre pays est confronté à l’insécurité à différents endroits de ses frontalières. C’est d’abord au niveau du Lac Tchad avec Boko Haram; à l’ouest vous avez l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et les différents groupes terroristes, dans la région de Maradi, vous avez les bandits armés en provenance du pays voisins. Tous ces différents groupes ont pour objectif de pouvoir rentrer à l’intérieur de notre pays et de s’installer de façon durable. Aujourd’hui, notre stratégie consiste à empêcher à ce qu’aucune portion de notre territoire ne soit contrôlée par aucun des groupes armés. Dans cette optique, nous sommes en train de dérouler un programme au premier axe qui consiste à mener une lutte sans merci contre les groupes armés.

Le deuxième axe consiste à renforcer nos Forces armées en moyen matériel; humain et en formation. Le troisième vise à assurer le relèvement au niveau des populations en renforçant les infrastructures sociales et en accompagnant les populations qui ont été victimes de ces groupes armés terroristes. Aujourd’hui, force est de reconnaitre que dans le cadre de la mise en place de ces différents axes, nous sommes en train d’enregistrer de succès.

En ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, plusieurs opérations sont en cours sur le terrain notamment dans la région de Tillaberi (l’opération Almahaou; l’opération Sarki dans la zone du Liptako) au niveau du Nord Tahoua (l’opération Tchaara). Dans le cadre de ces opérations, nous avons réussi à neutraliser des centaines de terroristes et aujourd’hui, les groupes armés sont dans une situation où ils ne peuvent s’attaquer qu’aux populations civiles désarmées. Ils ne peuvent plus attaquer de façon massive nos forces armées sauf de fois certaines cibles isolées. En effet, du point de vue régional, nous avons la force conjointe G 5 Sahel dans la zone de trois frontières où nous menons le combat avec les autres pays membres de cette organisation, mais également avec le soutien des autres pays amis. Cette expérience de mutualisation de forces est un grand succès.

Il en va de même, en ce qui concerne la région du Lac Tchad où nous avons la force mixte multinationale composée des Forces du Tchad; du Nigéria; du Niger et du Cameroun. Là aussi, cette mutualisation des Forces permet à nos forces d’enregistrer plus de succès puisque nous partageons l’information par rapport au mouvement des terroristes. C’est ainsi que dans la région de Diffa, toutes les tentatives d’attaque de la ville de Diffa ont échoué. L’ennemi a encaissé beaucoup de pertes que cela soit du fait de nos militaires ou du fait des militaires des forces alliées.

De ce côté, on peut dire que c’est grand succès. Avec l’aide de nos partenaires en ce qui concerne l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS), pratiquement toute la tête a été décapitée, tous les grands leaders ont été neutralisés soit suite aux opérations menées conjointement avec la Force Barkhane et les Forces armées nigériennes ou entre la Force barkhane et les Forces armées maliennes. Evidemment, s’agissant d’un ennemi qui utilise des méthodes qui ne sont pas orthodoxes, on a toujours de temps en temps des actions contre les populations civiles à travers notamment la pose d’engins explosifs qui défraie un peu l’actualité. Mais ce que je peux dire, c’est que l’ennemi est en perte de vitesse.

L’ennemi est en perte de vitesse, on peut dire donc qu’il n’y a pas enlisement dans cette région. Mais avec le départ de la coalition internationale qui a mené la guerre contre le terrorisme en Afghanistan, est-ce que cette situation ne pourrait pas avoir d’implication dans le Sahel?

S’il y a une implication, elle ne peut être que positive puisqu’aujourd’hui la coalition internationale a laissé l’Afghanistan. Ce qui leur donne la possibilité de s’intéresser à d’autres terrains d’opération dans le bon sens. Lorsque la coalition quitte l’Afghanistan, c’est qu’elle considère que sa mission a été accomplie. Sa mission était de détruire les groupes qui étaient à la base des attentats contre les Etats Unis. L’objectif de cette mission n’était pas de rester contrôler le pays.

En ce qui concerne notre région, nous avons effectivement souhaité à ce que la communauté internationale puisse s’intéresser davantage à notre région parce que le terrorisme est international. Lorsqu’on parle de Al-Saharaoui, ce n’est pas un Nigérien; ni un Malien. Il y a des vases communicants où des terroristes viennent des pays lointains pour combattre chez nous au Sahel. C’est tout à fait normal que ce terrorisme qui a pour objectif de pouvoir créer un Etat Islamique dans notre région puisse être combattu et que son objectif ne soit pas atteint.

Et pour cela, le soutien de la communauté internationale est extrêmement important. C’est vrai qu’à l’heure actuelle, les gens ne voient pas les soldats étrangers en train de courir à gauche, à droite, mais je peux vous dire que le travail que la communauté internationale fait en matière de renseignement est extrêmement important. Et nous pensons qu’avec le retrait de toutes ces forces-là d’Afghanistan, c’est peut-être l’occasion qu’une attention plus particulière, plus positive soit portée sur les Etats du Sahel.

Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement s’est également engagé en faveur de la préservation et la promotion de la quiétude sociale au Niger. Qu’est-ce qui a été fait dans ce sens et quelles sont les dispositions prises dans ce sens ?

Pour assurer la quiétude sociale, le premier élément est le dialogue. Ce dialogue le Président de la République, Chef de l’Etat SE Mohamed Bazoum, le veut et il l’a affirmé. Ila rencontré tous les partenaires notamment les syndicats, les groupes constitués. Le Président de la République les a rencontrés avant de leur réaffirmer sa disponibilité pour le dialogue. De même en ce qui me concerne, j’ai exprimé aux différents syndicats  et aux partenaires ma disponibilité au dialogue. Nous faisons la promotion du dialogue au niveau de tous les ministères.

Au niveau intercommunautaire,  nous faisons également la promotion de dialogue à travers la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix. Le Président de la République ayant pris part aux activités de la Cure Salée, a mis à profit cette rencontre pour réunir les Chefs traditionnels de la région et exprimer ses attentes vis-à-vis du dialogue et la cohabitation pacifique des populations. C’est un aspect auquel nous accordons d’importance.

De même, en ce qui concerne les partis politiques, nous avons toujours affiché notre volonté au dialogue. Nous sommes ouverts au dialogue, nous n’attendons que ces partis politiques pour instituer ce dialogue pour que nous puissions marcher ensemble. La Constitution a prévu un statut de l’opposition, nous sommes prêts pour que le statut de l’opposition soit mis en œuvre. Encore faut-il savoir ce qu’est l’opposition, puisse que pour le moment certains considèrent qu’ils sont élus alors que le Président de la République est en place. Lorsque toute cette équation va être levée, je reste convaincu que le leader de l’opposition aura sa place et il sera parmi les autorités comme il le faut.

En ce qui concerne le dialogue politique, là également c’est une institution comme vous savez qui existe où tous les partis se retrouvent. Nous allons veiller à ce que cette institution soit redynamisée sous réserve que les partis ayant l’habitude de boycotter cette institution ne la boycottent pas. L’un dans l’autre, je peux vous dire que notre gouvernement fait la promotion de dialogue en vue de la quiétude sociale. Nous avons également la fête de la concorde qui est célébrée le 24 avril de chaque année. Nous avons pris des engagements que désormais cette fête sera fêtée au niveau national pas simplement dans le Nord du pays, mais sur le plan national à partir de 2022. C’est aussi une manière de renforcer le dialogue et cette concordance au niveau national.

L’Administration publique nigérienne, il ne faut pas se voiler la face, traine des tares qui se ressentent malheureusement sur ses performances. En tant que Chef du gouvernement, quelles sont les mesures que vous comptez prendre pour remédier à cet état de fait?

Pour faire bien fonctionner une administration, c’est d’abord les ressources humaines, et ensuite les ressources matérielles et financières, les procédures et le contrôle. Nous sommes conscients des insuffisances de notre administration actuelle. C’est dans ce cadre que nous avons mené des enquêtes à travers le Haut-Commissariat à la Modernisation de l’Etat afin d’essayer comprendre le problème. En effet, le problème qui apparait en rapport avec le problème général de l’éducation révèle des insuffisances de classification au niveau de nos cadres. Nous avons pris l’engagement de renfoncer les compétences de ces cadres à travers des actions de perfectionnement. Il a été également relevé le problème même de la carrière des cadres. Il est ainsi prévu que les cadres les plus compétents puissent être récompensés et promus. Le Président de la République a, à cet effet donné des instructions très claires.

Malgré la situation politique que vous connaissez, le Chef de l’Etat a dit qu’il faut contribuer pour  dépolitiser l’administration, notamment dans certains secteurs. En matière d’éducation, le Président de la République a été clair pour que toutes les nominations soient faites sur la base des compétences. Dans le domaine de la santé vous avez suivi les nominations qui ont été faites, je ne pense pas que quelqu’un puissent dire que les médecins qui ont été nommés l’ont été sur des considérations politiques. Nous avons veillé pour que le ministre de la Santé puisse nous proposer les médecins les plus compétents. Cette pratique va se poursuivre à tous les niveaux. Pour ce qui est des moyens matériels, nous allons veiller à ce que l’administration ait les moyens de fonctionner.

Comme je l’ai dit, une bonne administration c’est d’abord les procédures et leur respect. Tout à l’heure, nous avons parlé de la lutte contre la corruption, il ne s’agit pas seulement de la lutte contre la corruption, il faut aller au-delà en s’attaquant à la question de détournement des deniers publics, il faut aller à la lutte contre l’inefficacité de l’administration. Chaque ministère est doté des inspecteurs de service, et habituellement les gens ont tendance à penser que les inspections des services sont des garages. Désormais, ce ne sera plus ainsi ! Les fonctionnaires vont désormais avoir peur des visites des inspecteurs des services. Les inspecteurs seront dotés des moyens et de la considération qu’il faut et d’un cahier de charges au niveau de chacun des Ministères afin de rendre compte du suivi qu’ils font de ses agents sur le terrain. Nous avons aussi les inspections de contrôle. Au-delà des inspecteurs de services, j’ai parlé des autres institutions tout à l’heure dont les moyens vont être renforcés et les carrières sécurisées. Par rapport à la redynamisation de l’administration, nous avons tout un plan que nous allons dérouler.

Parlons économie, le Niger a été un grand réformateur, on a beaucoup parlé de Doing Business où le Niger a engrangé tous les succès. Comment comptez-vous consolider ses acquis et surtout attirer davantage des investisseurs au Niger?

Dans l’un des axes de la Déclaration de Politique  Générale, nous avons parlé de la promotion du secteur privé et des investissements productifs. C’est l’investissement qui fait la richesse d’un pays, le manque d’investissement empêche un pays de s’enrichir. Pour qu’il ait investissement il faut à la fois sécuriser les investisseurs nationaux, mais aussi attirer les investisseurs extérieurs. C’est vrai que notre pays a fait des progrès importants en matière de Doing Business, nous avons gagné 44 rangs dans le classement international. Mais nous allons continuer. Récemment nous avons tenu un forum avec les investisseurs pakistanais. Nous avons d’autres forums en perspectives notamment le forum des investisseurs concernant l’ensemble du continent africain au Niger en relation avec l’ONUDI.

Nous sommes convaincu que cela est la voie et dans le Plan de Développement Economique et Social en cours de préparation, une place de choix sera accordée au secteur privé. Dieu merci, les prémices ont commencé à sortir. Nous devons faire en sorte, bien que nous soyons un pays enclavé, que nous pouvons bénéficier de nos atouts et nous en avons. D’abord quand on compare à l’ensemble des pays qui nous entourent, nous sommes un pays relativement stable, relativement en paix. Nous sommes aussi  un pays situé entre l’Afrique du Nord et l’Afrique au Sud du Sahara, c’est un atout indéniable. Si nous arrivons à faire en sorte que nous puissions commercer avec le Nord et le Sud, le Niger sera certainement une plate-forme où tous les investisseurs vont accourir. De plus, nous avons un potentiel minier et pétrolier que nous allons mettre en exploitation très bientôt. Tout cela va concourir à faire en sorte que notre pays soit courtisé sur le plan investissement.

Dans le même cadre, quel changement peut-on espérer de la dernière visite d’une délégation de la Société Financière  Internationale au Niger?

Comme vous savez, la Société Financière Internationale (SFI) accompagne les investisseurs privés et nationaux dans le développement de leurs affaires. Elle accompagne les Etats dans le montage et la mobilisation des ressources pour le financement des grands projets. Il se trouvait que le Niger ne dispose pas de bureau de la Société Financière Internationale. Elle opérait à partir des pays voisins notamment le Sénégal et le Ghana où elle avait ses bureaux. Cette fois, un bureau est ouvert au Niger avec un personnel qui est déjà mis en place.

Cela veut dire que la SFI s’intéresse au Niger et l’accompagnera dans la promotion de l’investissement. Cette visite du Vice-président de la SFI est un fait très important sachant que nous sommes l’un des premiers pays qu’il a visité depuis sa nomination. Il tient à ce que le Niger soit un pays modèle en matière de rapport avec Société Financière Internationale qui a déjà démarré certains chantiers. Elle est notamment sur le dossier d’énergie photovoltaïque où elle est en train de préparer un accompagnement pour la réalisation d’une centrale  de 50 Mégawatts à Gorou Banda.

Monsieur le Premier ministre, tous ces éléments que vous venez de  développer attestent du fait que le Niger jouit d’un réel crédit aux yeux des investisseurs et des partenaires. Nous-en voulons pour preuve la dernière opération d’émission des bons obligataires lancée par le trésor public national qui devait s’étendre sur trois semaines, mais qui a été conclue en moins de trois heures. D’autre part, des experts ont cité le Niger parmi les économies les plus performantes de la sous-région. Quelle lecture faites-vous de cette situation favorable pour notre pays?

Vous avez raison, nous avons réussi à mobiliser en quelques heures un financement de 350 milliards FCFA. C’est important de mobiliser en si peu de temps une telle ressource. Je voudrais dire ici que la crédibilité du pays s’apprécie d’abord sur le plan politique. Le Niger est de tous les pays de la sous-région, celui qui a le mieux réussi sa transition politique. Nous avons organisé des élections qui ont été considérées comme des élections crédibles à tous les niveaux. Nous avons réussi à faire l’alternance où un Président élu a passé le témoin à un autre Président élu. Quand vous regardez dans la sous-région, c’est un phénomène un peu rare.

En plus de cela, sur le plan économique, malgré la Covid-19 nous sommes en train de réaliser une croissance économique appréciable. Et des perspectives aussi de croissance économique sont très bonnes. Ce sont ces éléments qui guident les investisseurs qui savent en donnant des prêts au Niger, il est en mesure d’honorer ses engagements. Du reste notre coefficient d’endettement est nettement en dessous de la norme régionale. La norme consiste à ne pas dépasser 70% du produit intérieur brut. Nous sommes à 40%, ce qui veut dire que nous avons une politique d’endettement prudent, malgré que tout ce que nous avons eu à réaliser comme investissement.

De plus, nous avons des bons rapports avec le Fond Monétaire International qui est le gendarme économique du monde, c’est-à-dire qu’il apprécie les réformes que nous sommes en train de mener ainsi que notre mode de gestion économique et financière. Il a apprécié également le résultat que nous avons atteint. Dans des conditions comme ça lorsque les banques et les autres investisseurs veulent placer leur argent, ils vont vers un pays qui remplit ces critères de crédibilité, et le Niger est un pays crédible avec des perspectives de croissance de 8% sur le prochain quinquennat.

Vous évoquiez dans votre introduction, la contre-performance des régies financières. Votre gouvernement a donné des nouveaux objectifs aux régies financières pour la mobilisation des ressources internes. Quelles sont les réformes qui ont été engagées dans ce sens ?

En ce qui concerne les régies financières, les réformes que nous avons engagées, consiste à aller vers la digitalisation et la simplification des procédures mais également d’éviter que l’argent circule entre les agents des impôts et les contribuables. Ainsi, nous sommes en train de mettre en place un système de suivi des impôts et des contribuables. Ce suivi permet aux contribuables, par exemple, concernant la Direction Générale des Impôts, de pouvoir faire leurs déclarations en ligne, de pouvoir payer directement dans le compte bancaire du Trésor National, sans être obligés de venir à la DGI.

De même en ce qui concerne la Douane, nous sommes en train de mettre en place un système, qui permet également aux opérateurs économiques de pouvoir faire leurs déclarations de douane, directement, sans aussi être obligés de venir aux bureaux de douane. En plus de cela, il y a évidemment toute la lutte contre les différentes fraudes possibles.

Dans ce sens, toujours concernant le Douane, nous avons le système d’interconnexion. Interconnexion d’abord avec les différents ports de la sous-région, que çà soit celui d’Abidjan, de Lomé, de Cotonou, mais également interconnexion entre les différents services. C’est à dire que les démembrements de la Douane vont être connectés à la Direction centrale. Toujours à la Douane, nous avons le système SYDONIA, pour faire en sorte que dès qu’une valeur est entrée, elle ne peut plus être modifiée au niveau du taux et la valeur. Donc, le douanier est obligé de savoir que ce qui a été mis et enregistré dans le système ne plus être changé.

C’est la même chose en ce qui concerne les impôts. Le système que nous avons mis en place, va nous permettre d’éviter les possibilités de fraudes et cela notamment avec la mise en place de la facture certifiée. C’est une facture normalisée. Par le passé, les gens avaient tendance à collecter la TVA et à ne pas la déclarer ou la reverser. Mais avec la nouvelle facture certifiée et normalisée, ils ne le pourront plus. Tout celui qui perçoit une TVA est obligé de la reverser aux impôts. Ainsi, il y aura moins de fraude donc il y aura par conséquent beaucoup plus de performance de nos régies financières.

N’y a-t-il pas nécessité à ce niveau de mieux communiquer pour sensibiliser les opérateurs économiques et les Chefs d’entreprises sur le fait qu’ils ont perçu cette TVA au nom de l’Etat et qu’ils doivent la reverser à la DGI ?

Comme vous le savez, la vertu n’est pas la chose la mieux partagée. Donc, il ne s’agit pas simplement de sensibiliser, les gens le savent bien. Ils savent bien que s’ils perçoivent quelque chose qui ne leur appartient pas, ils doivent le rendre. Çà c’est classique ! C’est comme quand on vous dit qu’il est interdit de voler. Çà, tout le monde le sait, pourtant il y a toujours des gens qui continuent de voler. Nous pensons qu’il faut faire en sorte que le contribuable ne soit pas dans une situation où il peut le faire, en prenant les dispositions pour que justement qu’il ne le fasse pas, qu’il le désire ou non. C’est cela l’objectif de ces différentes réformes.

On a quand même l’impression qu’il y a une sorte de précipitation à travers l’instauration de ces moyens technologiques dans le système de mobilisation des ressources internes, surtout quand on sait que notre économie est dominée par l’informel. Comment ce volet sera-t-il pris en compte dans cette réforme ?

En fait, il n’y a pas eu de précipitation dans ce projet, parce qu’il a commencé depuis l’année dernière. Nous allons maintenant mettre l’accent sur la communication. Le ministre des Finances et le Directeur Général des Impôts vont communiquer sur ces questions, pour que les opérateurs économiques soient bien informés et bien imprégnés du système et qu’ils puissent se rendre compte que c’est incontournable. Du reste, le Niger n’est pas le seul pays à expérimenter cette facture certifiée et normalisée. Beaucoup d’autres pays sont dans ce système. Aussi, comme le Niger, tous ces pays ont des secteurs informels.

Pourquoi faudrait-il que le Niger lui, va continuer à s’enfoncer dans l’informalité. Nous pensons qu’il faut que, petit à petit, qu’on puisse émerger, qu’on puisse sortir de cette situation, pour avoir des opérateurs économiques crédibles et transparents. L’impôt qu’ils perçoivent en termes de TVA, ce n’est pas pour eux. Ils collectent la TVA avec les consommateurs, pas pour la garder mais plutôt pour la reverser au Trésor National. Ils ne peuvent pas et ne doivent en aucun cas la garder pour eux-mêmes. C’est du vol ! En ce qui nous concerne, nous allons tout faire pour que cette perte de recettes disparaisse.

Parallèlement à ces réformes, le gouvernement est en train de s’activer pour mettre en œuvre des grands projets structurants, tels que la construction du pipeline Niger-Benin, pour l’exportation du pétrole brut, la poursuite du projet Kandadji et même la construction de centrales thermique et photovoltaïque, dans plusieurs régions. Où en êtes-vous par rapport à ces grandes attentes du peuple nigérien ?

Concernant le projet pétrolier, une société du nom de ‘’WAPCO’’, créée entre le Niger et l’entreprise chinoise CNPC et qui est chargée de construire ledit pipeline, d’une longueur d’environ 2.000 kms, qui doit relier le Niger au Bénin, a débuté ses travaux. Il y a eu le lancement au Bénin et au Niger. Concernant le Niger, au-delà de la plateforme de départ au niveau d’Agadem, déjà un tronçon de 70 kms a été mis à la disposition de la société pour commencer les tranchées et pour le reste du trajet, nous sommes en train de discuter avec les différents propriétaires terriens, pour établir le processus d’indemnisation, afin que les travaux puissent se poursuivre sans entrave. Donc, le travail a réellement commencé avec l’objectif que tout soit fini en 2023. C’est la même chose du côté béninois, le travail a également démarré. Ils ont déjà reçu un premier bateau d’équipements, un deuxième bateau est aussi arrivé, toujours concernant ces équipements. Certes la pandémie de la Covid-19 a un peu ralenti les travaux, mais maintenant ces travaux ont repris et la situation est très active sur le terrain.

Concernant le barrage de Kandadji, là également le projet a été un peu handicapé par la Covid-19, maintenant les travaux ont redémarré. Il y a eu le départ de l’Ingénieur-Conseil, suite à la pandémie, mais un nouveau a été recruté. Il se trouve actuellement sur le terrain, donc les travaux ont repris concernant surtout le génie civil. Tout le financement est pratiquement bouclé. Nous actuellement à 19% du taux d’avancement des travaux, ce qui montre, qu’à même qu’on avance.

Par rapport au secteur énergétique, nous avons mis en service la centrale de Goudel, qui nous a permis de passer le cap de pic de demande de la région de Niamey, sans beaucoup de coupures cette année. Nous avons un projet de construction d’une centrale solaire de 50 Mgw à Gorou-Banda et c’est la Société Financière Internationale (SFI) qui nous accompagne dans ce projet. L’appel à qualification est déjà lancé pour que les entreprises qui se sentent capables puissent postuler. Nous avons également d’autres projets de centrales de plus petites dimensions, notamment à Dosso, à Maradi et à Agadez. Celle d’Agadez est actuellement en cours de construction et tout se passe bien. L’Agence Nationale d’Electrification Rurale (ANPER), qui a reçu beaucoup de financements est entrain de lancer des appels d’offres pour l’électrification des plusieurs villages isolés. Dans l’ensemble, on peut dire qu’actuellement tout avance normalement.

Avec les fortes précipitations enregistrées dans plusieurs localités, cette année, provoquant des inondations avec de nombreuses victimes. Quelles sont les mesures que vous avez eu à prendre pour faire face à cette situation?

En début de la saison des pluies, nous avons mis en place un plan de contingence, sur la base de ce qui s’est passé l’année dernière, pour ne pas être surpris comme par le passé. Ce plan de contingence consiste d’abord à mettre en place un système de veille, pour que partout, sur le territoire national, là où il y a des dégâts, que nous puissions être informé. Ensuite, que rapidement les secours d’urgence puissent être apportés aux populations, que cela soit en biens alimentaires ou non alimentaires. Il s’agit également de faire le point des importants dégâts qui ont été portés aux infrastructures, afin que des réparations y soient apportées.

Nous avons un grand projet, celui de gestion des catastrophes (PGRC), qui a les moyens d’intervenir. C’est d’ailleurs dans la cadre de ce projet que la digue de Niamey a été renforcée et réhabiliter les aménagements hydro-agricoles, qui ont subis des dégradations suite aux intempéries de l’année dernière. Cette année, il y a eu 40% de dégâts comparé à l’année passée. Environ 26.000 ménages ont été affectés, cette année contre 61.000 l’année dernière. Cette année, près de 200.000 personnes sont touchées par les inondations contre plus de 500.000 l’année dernière. Nous pouvons dire qu’il y a eu un meilleur suivi cette année et aussi moins de dégâts, que l’année écoulée et cela grâce à la mise en place du plan de contingence.

Monsieur le Premier ministre, quel pronostic faites-vous à l’état actuel sur l’issue de la campagne agricole en cours ?

En ce concerne la campagne agricole actuelle, en entendant une évaluation précise, qui sera faite par des missions ministérielles sur le terrain, nous pouvons dire que, cette année, la campagne a démarré un peu tardivement. Il y a certes eu beaucoup de pluies mais elles étaient mal reparties. Il y a aussi eu des attaques des ennemis de cultures (oiseaux, chenilles et criquets).

Cependant, dans l’ensemble, on peut dire que la campagne agricole se passe bien. Il y aura certainement des poches de déficits, suite à la sècheresse intervenue en cours du mois d’août, ainsi que des attaques des ennemis de cultures dans certaines zones. C’est seulement l’évaluation qui sera faite très prochainement, qui nous fixera et qui déterminera ce qui va se passer. Comme d’habitude, nous veillerons à ce que la campagne soit bien préparée, notamment en distribuant des intrants (semences, engrais) aux paysans.

Il est vrai que les prix des engrais ont été un peu élevés cette année du fait de l’incidence de la Covid-19, ainsi que de la mise en œuvre de la nouvelle politique des engrais, qui cible plutôt les producteurs que de faire la subvention globale. Dans l’ensemble, le pays a été bien approvisionné en engrais et en intrants, de manière générale, et les producteurs, eux-mêmes l’on confirmé. En somme, c’est l’évaluation qui nous dira quelle est la situation et quelles dispositions prendre.

Alors que la Covid-19 continue encore de faire peser sa menace, le choléra a aussi fait son apparition dans plusieurs régions du Niger. Comment est-ce que le gouvernement gère ces deux situations de crise sanitaire ?

En ce qui concerne la Covid-19, comme le savez elle fait l’objet d’un suivi permanent. Nous contrôlons strictement l’entrée de nos frontières. Que ça soit au niveau des aéroports ou des frontières terrestres, nous veillons à ce que les gens qui entrent soient munis de tests et nous les testons aussi à leur arrivée pour ceux qui viennent par la voie terrestre. Nous faisons le système de détection de telle sorte que la plupart des cas qui nous sont signalés sont des gens ou des migrants qui nous viennent d’ailleurs et nous les suivrons.

Dans l’ensemble la situation est bien suivie et aujourd’hui on peut parler du ‘’miracle nigérien’’ dans la gestion de cette pandémie grâce justement au dispositif que nous avons mis en place. A l’heure où je vous parle, il n’y a que trois (3) malades de Covid-19 qui sont hospitalisés. C’est vraiment un résultat fort appréciable. Sur le plan global, il y a, depuis le démarrage de la maladie, à peu près de 200 décès qu’on peut considérer comme liés à la Covid-19. Mais l’ensemble des maladies qui sont atteints sont guéries et le taux de létalité est à peine de 3%.

En ce qui concerne le choléra, il y a eu des foyers dans les régions frontalières notamment avec notre grand voisin du Sud, mais la plupart des malades sont venus de ce pays compte tenu probablement de la qualité de nos infrastructures sanitaires. En dépit de cela, le gouvernement a préparé la riposte. Aujourd’hui six (6) régions sont concernées. Si on fait le point des cas enregistrés, deux autres régions notamment Agadez et Diffa n’ont enregistré aucun cas. Le taux de létalité est également faible. Nous avons 3% des malades atteints du choléra qui sont décédés. 97% d’entre eux sont guéris et nous avons 3% à 4% qui sont en cours de traitement. C’est dire que la maladie est sous contrôle et le ministre de la Santé a déployé tous les efforts nécessaires, il a mis en place des dispositifs dans toutes les régions affectées. Les traitements sont disponibles et gratuits pour les populations.

Depuis quelque temps, certains de nos compatriotes ont tendance à comparer le président Mohamed Bazoum à son prédécesseur Mahamadou Issoufou. Comment vous appréciez ces commentaires ?

On ne peut pas empêcher aux gens de commenter. Je pense que les concernés eux-mêmes l’ont dit. Le président Bazoum et le président Issoufou sont des gens qui ont vécu ensemble pendant des années. Ils ont partagé un idéal commun pendant plusieurs décennies. Et aujourd’hui l’un est président de la République, l’autre lui a passé le témoin. C’est vrai que les individus sont différents en eux-mêmes, chacun a son style mais il ne faut pas que les gens considèrent qu’il y a une opposition entre les présidents Issoufou et Bazoum. A travers les médias, les gens veulent coûte que coûte créer une certaine dichotomie ou une sorte de conflit entre les deux hommes. Il n’y a absolument aucune zone d’ombre dans les rapports entre le Président Bazoum et son prédécesseur.

En ce qui concerne le style, comme je l’ai dit, chacun a son style propre et sa manière d’opérer. Mais si vous prenez le programme que nous sommes en train de mettre en œuvre, il s’appelle programme de renaissance Acte III. Ça veut dire que c’est une continuation du programme élaboré par le parti Depuis sa création, ce programme existe. Quand le parti est arrivé au pouvoir, il a mis en œuvre le 1er acte de ce programme, ensuite au 2ème mandat il a mis en œuvre l’acte II avec le Président Issoufou.

Aujourd’hui, nous sommes à la mise en œuvre du 3ème acte. Et ce n’est pas pour rien que nous avons appelé cet acte III ‘’Consolider pour avancer’’. Il s’agit donc de consolider les actions qui ont été réalisées sous les deux précédents mandats, des actions pour lesquelles les Nigériens étaient très satisfaits. Vous vous rappelez de ce slogan ‘’Kayi mun gani mun godé’’ où les Nigériens manifestaient à travers ce slogan leur satisfaction des actions menées par le Président Mahamadou Issoufou, que ça soit en matière de sécurité, que ça soit en matière de développement rural avec l’Initiative 3N, que ça soit en matière d’infrastructures ou en matière de promotion du secteur privé à travers Doing Business avec les efforts louables accomplis dans ce domaine. Il ne reste donc  qu’à consolider et à avancer. C’est ça l’objectif et c’est ça que le président Bazoum voudrait faire, pas détruire ou remettre en cause ce qui a été fait comme certains le souhaiteraient. Ce qui a été fait relève du programme du parti et c’est le même parti qui est au pouvoir. Ce parti continuera avec son programme de renaissance dans la perspective de le consolider et d’avancer.

D’autres acteurs évoquent aussi la probabilité d’un rapprochement entre le parti Moden FA Lumana et le PNDS, pour ne pas dire entre le Président Bazoum et Hama Amadou. Qu’en diriez-vous à ce propos ?

Je pense que nous avons tous été éclairés par l’interview du secrétaire général de Lumana dans le journal ‘’L’Enquêteur’’. Il a clairement dit que Lumana ne négocie pas en cachette et que s’il s’agit de faire une alliance, ça sera vu au grand jour. Donc je ne peux que le citer. En ce qui nous concerne au PNDS, nous avons eu par le passé à nouer des alliances avec différents partis. Nous aussi, nous l’avions fait en plein jour, nous n’avons pas fait cela en cachette. Donc tout ce qui est dit sur cette question ne relève que des rumeurs.

Je peux vous le dire de par ma position en tant que membre du présidium du parti, il n’y a à l’heure actuelle aucune négociation entre le PNDS et Lumana. Je ne dis pas que c’est exclu, car avec les partis politiques, il y a toujours des possibilités d’alliances, mais pour le moment, il n’y a rien dans ce sens. Et quand le cas échéant cela se présentera, tout le monde sera au courant, car ça ne se fera pas en cachette. Le Secrétaire général de Lumana Maman Sani m’a précédé sur cette question et il a été très clair indiquant qu’il n’y a, à sa connaissance, aucune négociation entre les deux partis. Et à l’heure actuelle, qui mieux que le SG de ce parti est mieux indiqué pour parler de cette question ?

(Script : Rédaction ONEP)

Habi Mahamadou Salissou, ministre de la Communication : « Notre devoir est d’empêcher que le Niger soit le seul pays africain dont l’agence de presse aura disparu»L’Agence Nigérienne de Presse (ANP) a été créée en 1987 pour porter la voix du Niger à l’extérieur. Le Gouvernement entendait, par la même occasion, compléter le dispositif médiatique national (publications de presse écrite, radio, télévision, agence de presse et, plus tard, l’organe de régulation), tout en participant à l’établissement du Nouvel Ordre Mondial de l’Information et de la Communication (NOMIC) promu par l’UNESCO. Mais, depuis les années 2000, l’ANP traverse une crise profonde. Le ministre Habi Mahamadou Salissou explique les raisons de cette crise et envisage des solutions de sortie.

Monsieur le ministre, à quoi est due la crise que traverse l’ANP ?

Cette crise qui a commencé dans les années 2000 est marquée notamment par l’assèchement des ressources financières, dû à l’éclosion de l’internet (qui a favorisé un accès gratuit à l’information), mais aussi à la baisse drastique des subventions de l’Etat ; le vieillissement du personnel ; l’obsolescence des équipements techniques ; la modicité du parc logistique.

Monsieur le ministre, l’ANP est devenue le parent pauvre des médias d’Etat alors qu’en règle générale, une agence de presse nationale est le premier fournisseur en informations des médias de masse, et aussi le premier des médias…

C’est tout à fait juste et c’est pourquoi le ministère de la Communication a déjà engagé des mesures de sauvegarde : amélioration du parc auto, paiement des salaires des fonctionnaires de l’agence sur le budget de l’administration de tutelle, lancement d’une étude pour la réhabilitation de l’ANP.

Le personnel de l’ANP y apporte sa contribution, en cotisant par exemple pour payer les factures d’eau et d’électricité et c’est le lieu de le féliciter pour son sens du sacrifice et du devoir. Mais ces mesures sont insuffisantes et transitoires, pour tout dire non durables : le service de l’ANP peut s’arrêter à tout instant et exposerait notre pays à un grave dysfonctionnement du système médiatique, en particulier de la communication gouvernementale.

Haladou Maman, conservateur du musée régional de Dosso : «Source d’un sentiment d’identité et de continuité, le patrimoine culturel contribue à promouvoir le respect de la diversité culturelle et de créativité» Dans le cadre de l’application de la convention de l’UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) que notre pays a ratifiée en 2003, entrée en vigueur en 2006, des progrès significatifs sont en train d’être enregistrés suite à l’effort inlassable que mène le ministère en charge de la renaissance culturelle dans son programme de relance ou de mise en œuvre. De retour d’un séminaire organisé en Chine dans le domaine du PCI, le conservateur du musée régional de Dosso M. Haladou Maman nous de ce programme.

Monsieur le conservateur. Pouvez-vous nous entretenir brièvement sur quelques aspects essentiels de cette Convention que notre pays a ratifiée en tant qu’Etat partie ?

Je vous remercie sincèrement de cette opportunité que vous m’offrez de vous entretenir sur ce texte de portée internationale relatif à la sauvegarde de notre mémoire commune. En effet, la convention de l’UNESCO sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) est adoptée le 17 octobre 2003 à la Conférence Générale de l’UNESCO à Paris et qui est entrée en vigueur le 20 avril 2006 pour compléter la convention de l’UNESCO sur la protection du patrimoine mondial culturel et naturel de 1972. Cette convention   constitue un cadre règlementaire pour les états parties qui doivent s’inspirer pour sauvegarder et promouvoir leur patrimoine culturel immatériel (PCI). Toutefois il est à préciser que l’efficacité d’une convention internationale quelle que soit sa rédaction ou sa teneur dépend de l’application que les états parties en font dans leur territoire respectif. C’est donc dans l’esprit de cette convention que notre pays a ratifiée en 2006 que le ministère de la renaissance culturelle, des arts et de la modernisation sociale a entrepris un vaste programme d’identification, de collecte et l’élaboration d’inventaire pour un classement national afin de sauvegarder et promouvoir les éléments du patrimoine culturel immatériel (PCI) sur l’ensemble du territoire national.

«Sans une synergie d’actions, nous ne pouvons pas atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour le bien-être social, économique et politique de la femme au Niger»

 

Mme la députée, la journée internationale de la femme est célébrée chaque 8 mars dans le monde, quel regard portez-vous sur la situation de la femme nigérienne  aujourd’hui ?

Merci beaucoup. C’est vrai la journée internationale de la femme est célébrée le 8 mars. La femme nigérienne n’est pas restée en marge de cet évènement. C’est une femme qui se bat dans un climat qui n’est pas toujours favorable à son évolution. Donc les femmes font de leur mieux aujourd’hui. Elles continuent de se battre et elles sont à saluer.

Malgré les progrès réalisés relativement à la situation de la femme au Niger, celle-ci fait face encore à des difficultés liées notamment à l’accès à la terre, l’accès au crédit bancaire…qui sont aujourd’hui des préoccupations majeures ?

C’est vrai, ce sont des grandes préoccupations, mais à plusieurs niveaux. Si vous prenez par exemple l’accès à la terre, c’est purement culturel. Dans certaines localités, les femmes n’ont pas droit à la terre, dans d’autres, elles ont parfaitement droit à la terre. Mais au moment de faire le partage ce n’est pas respecté parce qu’on se dit que les femmes ne vont  pas cultiver. Or, dans certaines régions du Niger, la femme cultive la terre. Dans d’autres régions d’ailleurs, pendant la saison des pluies, les hommes sont absents, ils sont en exode et ce sont les femmes qui se débrouillent pour cultiver la terre afin de nourrir toute la famille. Dans ce cadre, il y a des lois  que nous femmes, devrons tout faire pour les faire voter afin que les femmes puissent avoir accès à la terre. Les organisations féminines doivent vraiment voir de ce côté. Par rapport au crédit bancaire, au début, le premier problème était lié aux actes d’état civil comme les actes de naissance, les cartes d’identité nationale que certaines femmes rurales n’ont pas. Aujourd’hui, avec les groupements féminins, les ONGs et les associations, les femmes  s’organisent pour résoudre ce problème. Mais il se pose encore le problème de caution. Et les crédits qu’on donne aux femmes, ne sont pas assez suffisants, c’est minime. Par exemple, on donne à la femme un crédit de trente mille (30.000) FCFA. Son enfant tombe malade. Qu’est-ce qu’elle va faire ? Est-ce qu’elle va faire une activité génératrice de revenus ou bien, elle va soigner son enfant ? Donc, il faut que les mutuelles et autres revoient l’assiette des crédits alloués aux femmes. Avec la cherté de la vie, même les matières premières coûtent chères. Ainsi le sac de farine de blé est à 55.000FCFA. Face à tout cela, nous sommes en train de voir comment aider les femmes, les sensibiliser pour avoir leurs actes d’état civil. Et il y a beaucoup de paramètres qui entourent ces deux activités.

Vous voulez dire que cette situation préoccupe beaucoup les représentantes des femmes à l’Assemblée?

C’est une véritable préoccupation pour nous femmes leaders. Parce qu’avant d’être députée, nous étions d’abord une femme leader. C’est vraiment une grande préoccupation pour nous et je pense qu’au niveau des villes, des communes, la situation est en traind’évoluer.

Relativement à la terre, à l’allocation de ressources pour exercer des activités, les femmes sont traitées autrement. Quand est-il au niveau de la représentation nationale. Est-ce que les femmes parlementaires ont les mêmes possibilités que les hommes ?

Si vous prenez le bureau de l’Assemblée nationale, aujourd’hui, il y a six vice-présidents dont aucune femme parmi eux. Seulement une femme est présidente d’une commission. Au niveau de chaque parti politique ou regroupement de partis politiques, vous n’avez également aucune femme comme présidente de groupe parlementaire. Les femmes sont dans les réseaux alors que le réseau n’est pas financé par l’Assemblée nationale. Les réseaux sont comme des Ongs, c’est des associations où les femmes qui sont présidentes doivent se battre pour monter des dossiers afin d’avoir des financements. Deuxième chose, le quota n’est pas respecté s’agissant des missions. C’est pourquoi, je pense qu’on doit changer de comportement, on doit s’imposer, les hommes ne nous donnent jamais une chose. Ils ne nous donnent jamais facilement les choses sur un plateau d’or. Il faut qu’on se batte, il faut qu’on montre que nous existons, il faut qu’on se dise que nous aussi nous avons droit. Le président de l’Assemblée fait certes beaucoup, mais il nous revient aussi de faire le combat.

Mais est-ce qu’une femme a la possibilité de proposer par exemple une loi, d’interpeller tel ou tel ministre  comme les hommes députés ?

Oui, toutes les femmes ont le droit de faire des propositions de lois. Je crois qu’il y a des femmes qui ont même essayé. Les femmes peuvent faire tout ce qu’un homme député peut faire.

Quelles sont alors concrètement les difficultés que les femmes parlementaires rencontrent à l’hémicycle ?

La véritable difficulté des femmes à la représentation nationale est le manque de synergie d’actions. Tant que nous ne parlons pas le même langage, tant que nous ne regardons pas dans la même direction, nous allons toujours être confrontées à des problèmes. Plus précisément, il faut que le problème d’une femme soit celui de toutes les femmes. Nous devons aussi être très vigilantes. Avoir la cohésion, la synergie d’actions et nous devons être solidaires si nous voulons que tout avance, pas seulement au niveau de l’Assemblée, mais au niveau surtout de toute la lutte féminine.

Dans le domaine politique surtout, il semble que les femmes ont quelques soucis pour évoluer ?

Nous avons des problèmes qui, à mon sens, partent déjà des QG des partis politiques. Même le respect des quotas part de là-bas. Des fois tant que la femme n’a pas de parrain politique, elle ne peut pas évoluer. Je pense que la femme doit d’abord savoir qui elle est, pourquoi, elle fait la politique et avoir des objectifs bien clairs. Nous avons des problèmes au niveau des partis politiques où, il y a des décisions qui se prennent à 2H, 3 H du matin. Et en ce moment, les femmes ne sont pas là. En plus, rares sont les partis politiques où, vous allez voir une femme vice-présidente. Elles sont toujours reléguées au poste de présidente des femmes du parti, des postes créés uniquement pour la femme. Pourtant une femme peut diriger un parti politique. Pourquoi ne pas donner aux femmes des postes de responsabilité depuis le niveau des partis politiques ? Donc là aussi, il faut s’imposer. S’ils sont là  jusqu’à 3 H du matin,  puis que c’est un choix que nous avons fait, restons jusqu’à 5 H du matin pour que les décisions soient prises devant nous. Aussi, le parrainage politique freine beaucoup la femme. C’est-à-dire être dans le parti parce que le grand frère, le père, la famille a fait le parti. Il faut que les femmes commencent à regarder les programmes des partis politiques. Quel est le candidat qui a un programme en bonne et due forme pour la femme et l’enfant ? Tant que les femmes ne se mettent pas au niveau des prises de décisions, ça va être difficile, très, très difficile pour nous. Le combat est là, les femmes le font tous les jours, on évolue tous les jours. Par exemple à l’Assemblée, nous voudrons venir à la parité. Pour moi en tout cas, il nous faut la parité au Niger. Je suis contre le quota, mais sans le quota, il n’y aura pas de femme à l’Assemblée nationale parce que pour les hommes, à un certain âge, les femmes ne doivent pas faire de la politique. Alors qu’on sait que même pour garder une famille, il faut faire une politique, pour garder le mari, il faut aussi faire une politique.

En somme Madame la députée, on parle de progrès dans la situation sociale, économique et politique de la femme au Niger, mais apparemment, il reste beaucoup à faire ?

Il reste beaucoup à faire. Aujourd’hui au Niger, il n’ya pas une étude qui parle de l’apport de la femme dans l’économie du Niger. Pourtant nous avons des femmes qui font des affaires, qui investissent des millions et des millions dans le business.

Mais à qui la faute, quand on sait qu’au Niger, il y a beaucoup de femmes qui travaillent dans les ONGs, groupements et associations pour l’autonomisation des femmes ?

Bien sûr, comme vous l’avez dit, beaucoup de femmes travaillent et s’organisent pour l’autonomisation de la femme au Niger et c‘est vraiment à saluer ce qui se passe aujourd’hui dans ce domaine dans notre pays. Il reste seulement à rendre public cet apport combien important de la femme dans l’économie du Niger. Et je pense que ça va encore aller plus avec les autres actions parallèles menées en matière de scolarisation de la jeune fille, de création d’associations et autres structures des femmes et la détermination des femmes à faire toujours plus.

Justement avez-vous un message particulier à adresser aux femmes du Niger ?

Le message particulier que j’ai à adresser aux femmes, je répète, c’est la synergie d’actions. Sans une synergie,d’actions, nous ne pouvons pas atteindre les objectifs que nous nous sommes fixées pour le bien-être social, économique et politique de la femme au Niger. Les femmes leaders travaillent dans cet esprit et il est important que nous œuvrions ensemble dans l’atteinte de ces objectifs pour le bien de toute la nation nigérienne. Quand une femme a un problème, les autres doivent se mobiliser pour l’aider. Aujourd’hui, nous avons des femmes qui sont en prison, des filles mineures qui sont en prison, que devrons nous faire pour que cela ne se répète pas. Et tout ce travail incombe aux femmes leaders, aux femmes politiques, aux femmes ministres, aux femmes parlementaires, aux femmes ambassadrices. Déjà, nous avons créé le réseau des femmes ministres et ambassadeurs africaines et je pense que ce réseau peut faire beaucoup de choses.

Par Fatouma Idé(onep)

Source : http://www.lesahel.org

Ibrahim Yacouba invité de l'émission "Arbre à Palabre" du quotidien français l'Opinion : «Le Niger est dans l’oeil du cyclone des terroristes»
 Ancien syndicaliste et altermondialiste, ministre des Affaires étrangères du Niger jusqu’en 2018, Ibrahim Yacouba a rompu les amarres avec le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS) du président Issoufou. Il dirige la formation MPN-Kiishin Kassa qui nourrit des ambitions pour la présidentielle de 2021 et dénonce le bilan du chef de l’Etat en matière de sécurité et d’éducation.

Lire la vidéoIbrahim Yacouba invité de l'émission Arbre à Palabre du quotidien français l'Opinion : «Le Niger est dans l’oeil du cyclone des terroristes»
 

  14 avril 2019
Source : https://www.lopinion.fr/

 

Après la très attendue méga-raffinerie de Aliko Dangoté au Nigeria, l’Egypte a quelque peu bousculé l’actualité pétrolière de la semaine dernière en annonçant le 28 Avril 2021 dernier, la construction prochaine d’un complexe pétrochimique de 7,5 milliards de dollars. L’objectif du projet étant de produire quatre (4) millions de tonnes de produits pétrochimiques par an, permettre la création de 3000 emplois et à l’Egypte de devenir exportateur. Une autre initiative qui devrait donner des idées dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Le Monde d’Aujourd’hui en parle avec M. Mahaman Laouan Gaya, ancien Ministre et ancien Secrétaire Général de l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO).

Le Monde d’Aujourd’hui : L’Egypte vient de lancer à Ain Sokhna, dans la zone économique du Canal de Suez, le projet de construction du plus grand complexe pétrochimique d’Afrique. Que représente ce projet en termes d’avancée pour un pays africain comme l’Egypte ?

Mahaman Laouan Gaya : Je me réjouis pleinement de ce projet que je considère comme un signal extrêmement positif pour tout pays qui aspire à une relative indépendance économique. Depuis la période qui a précédé les indépendances jusqu’à date, les pays africains ont beaucoup plus tendance à exporter leurs matières premières à l’état brut, qu’il s’agisse des ressources extractives (minerais, hydrocarbures,...), des ressources agricoles ou animales. Celles-ci sont transformées dans les pays développés en produits finis et reviennent excessivement chères sur les marchés africains. L’essentiel de la valeur ajoutée reste donc l’apanage de ces pays-là. Le fait que l’Egypte décide de greffer un complexe pétrochimique sur la chaîne de valeurs de son industrie pétrolière est une initiative à saluer parce que la valeur ajoutée reste dans son intégralité sur place. Il faut savoir que dans l’industrie des hydrocarbures, un complexe pétrochimique signifie des milliers et des milliers de produits qui peuvent à leur tour permettre de fabriquer de nombreux autres produits dont on a besoin ici en Afrique.

Ces installations permettront en effet, de fabriquer une gamme de produits de la synthèse pétrochimique dont le polyéthylène (matière plastique), le polypropylène (utilisé dans la fabrication de certaines pièces automobiles, d’emballages alimentaires, de tissus d’ameublement ou de vêtements), le polyester (fortement plébiscité dans l’industrie textile), le carburant de soute (utilisé dans les grands navires commerciaux), les engrais, etc... Si tout cela est massivement fabriqué sur place, l’Egypte n’aura plus besoin d’importer et mieux sera même amenée à en exporter vers d’autres pays. C’est dire que la valeur ajoutée en termes financiers, les emplois, la promotion du contenu local et le transfert de technologie et de connaissance dont bénéficiera l’Egypte sont considérables.

Le Monde d’Aujourd’hui : Mais avec ce méga projet industriel, l’Egypte vise plus les marchés de l’Est de la Méditerranée que le reste de l’Afrique...

Mahaman Laouan Gaya : On peut comprendre cela en ce sens que chaque pays mise sur un avantage comparatif. Au regard de sa position géographique, l’Egypte a en effet, beaucoup plus tendance et à même plus intérêt à commercer avec les pays de la Méditerranée orientale (dont certains pays de l’Afrique du Nord), de l’Europe du sud et du Moyen-Orient. C’est le facteur géographique qui l’impose. Il faut en plus considérer la qualité du trafic en Afrique. Aujourd’hui, pour aller de Niamey à Johannesburg, on est parfois obligé de passer par l’Europe, Doha ou Dubaï. C’est long, pénible et très cher. Le constat est que le trafic des échanges intra-africains est très insuffisant, ce qui grève son coût. Mais s’il existe des fréquences régulières entre l’Egypte et le reste du continent, s’il y a de la régularité dans les échanges à travers le transport ferroviaire, maritime et aérien, les coûts de transport vont considérablement baisser et cela permettra d’écouler plus aisément en Afrique subsaharienne des produits fabriqués en Egypte et inversement. Le désenclavement interne de l’Afrique, on en parle quand même. Je pense qu’avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui est en train de naitre, les pays africains pourront mettre de côté leur égoïsme individuel pour favoriser l’intégration de leurs économies, afin que nous puissions tirer de grands profits du voisinage que la nature a créé entre nous.

Le Monde d’Aujourd’hui : Justement, nous avons souvenance que la ZLECAf a été lancée ici même à Niamey le 7 Juillet 2019. Quelle place, selon vous, les hydrocarbures africains et particulièrement le pétrole peuvent-ils avoir dans ce vaste espace économique ?

Mahaman Laouan Gaya : La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui était un rêve des Pères Fondateurs de l’OUA, visait à organiser une vaste Union Africaine avec un volet économique dans lequel il était question d’une libre circulation et d’échange des marchandises, des services, des personnes, et des capitaux. A priori, nous ne pouvons que saluer cette initiative dont l’objectif est de créer le plus vaste marché commun au monde qui sera de nature à permettre une meilleure intégration des économies des pays africains. Mais regardons la réalité en face, pour ce qui concerne le ‘’Volet du pétrole africain’’. Il est unanimement re reconnu qu’en l’état actuel des choses, le commerce international se fait presque sans l’Afrique, puisque ne participant qu’à hauteur de 2%... et dont l’essentiel est le commerce du pétrole brut africain. Le commerce mondial représente en termes de marchandises échangées une valeur de 6300 milliards de dollars et les hydrocarbures (pétrole et gaz naturel) y pèsent pour plus de 25%. Alors, quand vous faites un petit survol de la géopolitique pétrolière mondiale, l’on constate que le développement de l’industrie des hydrocarbures de schiste en Amérique annonce clairement le déclin des réserves de pétrole et de gaz dites conventionnelles, les réserves des grands pays producteurs (Russie, Moyen-Orient) sont également de plus en plus en déplétion, ce qui n’est pas le cas de l’Afrique qui a commencé l’exploitation de son pétrole dans les années 60. Un tiers (1/3) des découvertes d’hydrocarbures de ces vingt (20) dernières années dans le monde l’ont été en Afrique. Cela prouve à suffisance la place stratégique du continent en tant que nouveau point chaud de l’exploration mondiale et cela de consolider sa position en tant que frontière pétrolière et gazière mondiale la plus attractive. Les réserves pétrolières sont donc là en abondance, et il n’y a l’ombre d’aucun doute que le potentiel en hydrocarbures africain peut rivaliser demain avec celui de n’importe quelle autre région du monde. Cela m’amène très souvent à affirmer que si l’Afrique devait être considérée comme un seul producteur et que son potentiel stratégiquement exploité, il est certain que notre continent défiera l’Arabie Saoudite, la Russie et les États-Unis. Aujourd’hui, l’Afrique représente 13 à 14% de la production mondiale, presque autant pour les réserves (et beaucoup de zones offshore et on-shore du continent sont sous-exploitées ou pas encore explorées), mais le continent ne participe qu’à peine à 3 ou 4% de la consommation mondiale de pétrole, et là aussi, une bonne partie de produits pétroliers que nous consommons est paradoxalement importée d’Europe (l’Europe qui ne produit pratiquement plus de pétrole brut !). C’est en cela que le projet du complexe pétrochimique égyptien de Ain Sokhna est à saluer et doit servir d’exemple aux pays africains qui ont le souci de la diversification et de l’émergence économiques. Le commerce intra africain de pétrole est, il faut l’avouer quasiment nul, hormis une très faible quantité de produits raffinés, commercialisée entre pays voisins. Le potentiel en hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon) africain peut très largement subvenir au besoin énergétique des 1,2 milliard d’habitants du continent et c’est dommage que cette réalité soit passée inaperçue lors des multiples discussions sur l’élaboration des textes de la ZLECAf. Et alors que les hydrocarbures constituent 25% à 30% du commerce mondial, on ne peut pas imaginer un seul instant un projet d’une zone de libre-échange commercial de quelque région du monde qu’elle soit, et ignorer royalement le pétrole. Au niveau de la ZLECAf, on se rend compte que le pétrole est le grand oublié. Ce qui est inadmissible ! Pour que nous puissions atteindre les objectifs que s’est fixé l’Afrique dans ce cadre, il y a des choses à revoir ; on ne peut pas créer un marché commun de cette envergure et faire fi du pétrole, qui est quand même considéré comme le plat de résistance du commerce international. Au demeurant, l’Organisation des Producteurs de Pétrole Africains (APPO), est dans la perspective d’entreprendre avec l’Association des Raffineurs et Distributeurs Africains (ARA) une étude sur la création d’un marché physique africain du pétrole brut et des produits pétroliers ; et j’ose bien espérer qu’après la mise en place de ce marché physique, l’on puisse migrer plus tard vers sa financiarisation. On peut bel et bien concevoir une bourse de valeurs pétrolières en Afrique, comme c’est le cas dans certaines régions du monde et procéder à la cotation d’un pétrole africain de référence. Je rappelle que le pétrole brut du Golfe de Guinée est de qualité supérieure au Brent et au WTI (les deux pétroles de référence mondiale). Vous convenez qu’avec un potentiel pétrolier aussi important, un marché de plus d’un milliard de consommateurs et une bonne organisation, l’Afrique peut faire face aux aléas des approvisionnements en hydrocarbures et aux ‘’caprices’’ du marché pétrolier international. Voilà en somme une très belle occasion (à rattraper) de se pencher sur ce que je peux appeler la ‘’ZLECAf, volet Pétrole’’ qui peut être un appendice du marché africain des matières premières extractives. Je rappelle par ailleurs, qu’au-delà du pétrole, l’Afrique détient les troisquarts (3/4) des réserves des matières premières de la planète. Cela n’est pas à négliger et encore moins à ignorer dans le cadre de la construction d’un marché commun régional ou continental.

Le Monde d’Aujourd’hui : Vous évoquez là un problème de coordination entre les organisations intergouvernementales africaines et l’Union Africaine ?

Mahaman Laouan Gaya : Je ne saurai donner les raisons exactes de ce pourquoi, mais votre question pose le sempiternelle problème de gouvernance des institutions d’intégration africaines. Aujourd’hui, force est de constater qu’il y a des enjeux globaux qui demandent une réponse globale, une synergie d’action, une mutualisation des efforts pour plus d’efficacité dans la gestion de tous les secteurs (surtout celui de l’énergie) et pour ce faire il faut absolument éviter la dispersion. Rappelez-vous qu’au lendemain de la création de l’OUA, il a été pensé que pour procéder à une intégration générale du continent, il faut créer des organisations régionales qui doivent commencer par intégrer les politiques et économies des Etats se retrouvant dans une zone particulière. C’est ainsi que l’Afrique fut divisée en cinq (5) régions géographiques (les cinq Communautés Economiques Régionales - CER), suivies d’une prolifération d’organisations sous-régionales et régionales sectorielles. Avec cette multiplicité d’organisations poursuivant pour l’essentiel les mêmes buts et constituées des mêmes Etats, le processus d’intégration est resté buté à des sérieuses difficultés. C’est le cas du secteur de l’énergie, où l’on retrouve au niveau du continent des dizaines d’organisations avec les mêmes pays membres, les mêmes missions et objectifs, sans liens organiques entre elles, et qui n’ont malheureusement sur le terrain aucune activité autres que les interminables réunions et conférences. Ailleurs, pour plus d’efficacité, les occidentaux ont créé une seule et unique organisation du secteur de l’énergie, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) et les latino-américains, l’Organisation Latino-Américaine de Développement de l’Energie (OLADE). Là, on a à faire à un seul et unique partenaire pour tout un continent,.. et ça marche mieux. En 2019 à Malabo en Guinée Equatoriale, le Conseil des Ministres des Pays Membres de l’APPO a dans une Résolution demandé au Secrétariat de l’APPO, ensemble avec l’Algérie, d’approcher la Commission de l’Union Africaine pour une fusion de l’APPO avec la Commission Africaine de l’Energie (AFREC). Le processus a quand même entre-temps été lancé. Mais, ça fait déjà deux ans et ça traîne encore ; et je pense personnellement que si cela se réalisait, l’on pourra profiter pour fédérer tout ce pléthore d’organisations et en faire une plus puissante, plus opérationnelle et plus efficace regroupant tous les sous-secteurs de l’énergie (hydrocarbures, énergies renouvelables, électricité, énergie nucléaire, biomasse, valorisation des déchets urbains, efficacité énergétique,…). Pour compléter une de vos précédentes questions, étant donné que l’entrée en vigueur de la ZLECAf est pour l’instant théorique, parce qu’il faut encore du temps et de longs rounds de négociations - avant que les droits de douane entre tous les pays africains ne soient réellement supprimés, la volonté politique pourrait permettre la prise en compte du ‘’Volet Pétrole’’ ou mieux ‘’Volet Energie’’ dans ce processus.

Le Monde d’Aujourd’hui : L’UNION Africaine a pourtant beaucoup oeuvré pour une coordination des politiques africaines dans les secteurs extractif et énergétique ?

Mahaman Laouan Gaya : C’est indéniable le gigantesque travail qui a été abattu depuis des années par les instances de l’Union Africaine et ceux de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique. Mais à quoi ont abouti toutes ces réunions, études et multiples Déclarations (que je ne manquerai pas de saluer la pertinence) ? J’ai trouvé dans les archives de l’APPO les résultats de nombreuses réunions tenues depuis des dizaines d’années, sur la coordination des politiques africaines de pétrole, avec des plans d’action intelligemment élaborés… mais, nulle part, je n’ai trouvé un début de mise en oeuvre de ces plans d’action. Il y a quelques années (en 2009), l’Union Africaine a élaboré la Vision Minière Africaine (VMA) qui est un cadre d’orientation qui vise l’utilisation stratégique par l’Afrique de ses ressources minières pour assurer son développement inclusif reposant sur une assise large. Cet excellent cadre d’orientation visant à transformer le secteur extractif de l’Afrique en faveur de son développement durable pêche par son inertie, un manque d’empressement dans sa mise en oeuvre et une absence de notoriété auprès de toutes les parties prenantes. Des dispositions doivent être prises pour pallier cette situation. Pour le cas particulier des ressources stratégiques comme le pétrole, la coordination et le respect de nos politiques nécessitent une volonté politique, mais surtout un grand courage pour se soustraire de l’emprise du capitalisme pétrolier international.

Mais je garde l’espoir qu’avec l’engouement suscité par le lancement de la ‘’phase opérationnelle’’ de la ZLECAf (l’ensemble des pays africains ont adhérés aux décisions prises à Niamey en Juillet 2019). La volonté politique de nos dirigeants prévaudrait dans le sens d’une rationalisation de nos institutions d’intégration économique, d’une harmonisation de toutes les politiques sectorielles, préalables pour abonder conséquemment vers des marchés sectoriels (finances, assurances, pétrole, énergie électrique, transport aérien, etc…), des marchés régionaux (des cinq CER) et enfin un marché unique continental.

Propos recueillis par Arouna Yacouba

 Source : Le Monde d'Aujourd'hui

Bazoum Mohamed Interview 2017Diriez-vous que le combat est gagné contre Boko Haram ?
Mohamed Bazoum : "Il est pratiquement gagne. Nous avons eu beaucoup de succès. L'ennemi a été affaibli au Nigeria, au Cameroun, au Niger et au Tchad depuis longtemps. Il reste quelques capacités résiduelles de nuisance mais rien de comparable à ce qu'on voyait il y a quelques années. Rien de nature à remettre en cause la stabilité des pays voisins du Nigeria. Dans l'Etat de Borno, Boko Haram a encore quelques capacités mais elles ne sont pas importantes."

La frontière est-elle entièrement sécurisée entre le Niger et Nigeria ?
Mohamed Bazoum : "Nous sommes présents dans la mesure des moyens que nous avons et dans la mesure du nombre de militaires que nous pouvons projeter. Au total, la frontière est assez bien gardée même s’il reste quelques interstices. Rarement, désormais, ils sont en mesure d’attaquer nos positions comme ils l’ont fait ce mois-ci (NDRL à​ Geskérou) et ils l’ont appris à leurs dépens. C’était leur dernier baroud d’honneur".

Première femme Officier au sein de la Garde Nationale du Niger, corps qu’elle a intégré en 2008, Capitaine Ramatou Abdoulaye Hamadou a largement contribué à démystifier les préjugés portés à l’encontre des femmes qui servent au sein des Forces de Défense et de Sécurité au Niger. Cette ancienne pensionnaire de la  prestigieuse Ecole de Formation des Officiers des Forces Armées Nigériennes (EFOFAN) est aujourd’hui un modèle pour beaucoup de jeunes filles qui veulent s’engager et faire carrière sous le drapeau. Depuis 2016, elle occupe le poste de Chef division affaires administratives à la direction des ressources humaines (DRH) de la Garde Nationale du Niger.

Mon Capitaine, qu’est-ce qui vous a motivé à choisir de faire carrière au sein des FDS ?

Servir sous le drapeau a toujours été une passion pour moi. Depuis mon jeune âge, je suis fascinée par la rigueur, la discipline, la loyauté, le respect des autres, et surtout le dépassement de soi qui caractérisent les forces de défense et de sécurité. C’est donc normal que j’intègre les Forces de Défenses et de sécurité. Porter la tenue et servir mon pays est en quelque sorte un rêve que j’ai caressé et qui s’est réalisé pour moi.

En quoi consiste votre travail et quel impact a-t-il sur le travail des autres directions, services et unités ?

Mon travail consiste à gérer tout le personnel de la Garde Nationale du Niger. Ma Division est chargée de l’établissement des différents papiers administratifs, notamment les messages radios, les décisions ainsi que les arrêtés et décrets. J’assure aussi la liaison avec tous les services pour des questions relatives au personnel, l’établissement d’un contrôle nominatif annuel de l’ensemble du personnel de la Garde Nationale du Niger et la planification des affectations. La Direction des Ressources Humaines est en quelque sorte la direction centrale du corps dans le sens où elle définit des stratégies de gestion des ressources humaines qu’elle fera valider par le Haut-Commandant.

Avez-vous l’impression que vous devez travailler plus que vos collègues masculins pour prouver vos compétences afin de faire taire les préjugés qui sont fréquents dans les groupes mixtes ?

Non, pas vraiment ! Car, les nominations au poste se font en fonctions des profils, des carrières et des compétences. C’est juste que, quelques fois, on doit savoir s’imposer dans certaines situations qui sont heureusement rares. Etant donné que la femme est perçue comme faisant partie d’une couche vulnérable dans la société en général, elle se doit de fournir plus d’efforts pour pouvoir s’affirmer.

Est-il facile pour vous de concilier vie sociale et vie professionnelle ?

Certes, parfois c’est assez difficile de le faire, surtout quand on occupe certains postes de responsabilité. Il faut sortir très tôt de la maison et y rentrer tardivement. C’est assez compliqué. Et surtout que de fois, il peut y avoir des missions inopinées. Mais avec un conjoint compréhensif, c’est bien possible de concilier vie sociale et vie professionnelle. On doit faire beaucoup de concession pour y arriver.

Après tant d’années de vie professionnelle, quelles sont les difficultés auxquelles vous avez eu à faire face ?

D’abord, être Garde National exige énormément de discipline et de motivation. Entre autres, il y’a le respect de la hiérarchie. Donc, il faut savoir être très obéissant. Je n’ai pas personnellement eu à faire à des difficultés mais plutôt à une discrimination positive par rapport à l’emploi et les désignations des missions dynamiques. En dehors de cela, je suis utilisée comme les masculins pour le service Garnison, en l’occurrence les permanences.

Quelle est la réaction de vos collègues masculins, en particulier lorsqu’il vous arrive de donner des ordres ?

Dans le cadre du commandement, les ordres sont stricts et chaque subordonné est en obligation de les exécuter, conformément aux dispositions du Corps. Il y’a toujours des brebis galeuses qui essayent, quelques fois, de se dérober pour ne pas les exécuter car, pour eux, être commandé par une femme est un signe de faiblesse. Dans ces cas de figure, on applique le règlement de discipline générale pour sanctionner les récalcitrants.

Quel est votre message à l’endroit de vos collègues féminins qui se sous-estiment face à la pression des tâches dans un environnement largement dominé par les hommes ?

Nous, féminins, nous ne devons pas nous laisser marginaliser par les hommes sur le plan du travail. Nous sommes aussi capables d’occuper des postes de responsabilité que nos confrères masculins. Parmi nous, il y’en a qui sont physiquement et intellectuellement plus aptes que les masculins. Donc, nous ne devons pas nous décourager. Nous devons plutôt faire nos preuves afin d’être acceptées et prises au même pied d’égalité que nos confrères masculins. Nous devons nous battre pour l’égalité des chances au travail.

Partant de votre propre expérience, que diriez-vous aux jeunes filles qui rêvent de faire carrière sous le drapeau ?

Pour les jeunes filles qui rêvent de faire carrière sous le drapeau, je leur dirai de ne surtout pas hésiter à tenter  de faire de leur rêve une réalité. Je dirai à mes chères sœurs qu’elles sont capables et de ne pas se laisser décourager par ce qu’elles entendent sur les contraintes de la formation militaire. C’est certes un peu difficile, mais quand on veut ou peut. Je les encourage vivement à déposer leurs candidatures partout où il le faut afin d’intégrer les différents corps pour servir notre pays. Je leur confirme que le service militaire est un excellent moyen d’apprentissage et de développement de nouvelles compétences.

Quel est votre combat actuel pour soutenir vos sœurs?

Le thème qui me tient à cœur est la professionnalisation des femmes des armées. La mise en œuvre d’un tel concept permettra d’accélérer la féminisation et l’orientation des femmes dans les différentes spécialités. Elle permettra aussi de bien structurer leur insertion dans ce secteur où les contraintes du métier sont particulièrement exigeantes mais surmontables.

Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)

Source : http://lesahel.org/

 

Mon Colonel, le Gouvernement du Niger a adopté le 2 décembre 2021 en Conseil des Ministres, le document de Contribution Déterminée au niveau National (CDN) révisé. Quelle est la particularité de ce document par rapport au précédent ?

Je vous remercie de l’intérêt marqué par votre organe sur cette question combien importante de changement climatique. L’intérêt porté à ce document de Contribution s'inscrit dans la droite ligne des instruments de politiques multilatéraux auxquels le Niger est partie prenante. Je parle spécifiquement de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques et de l'Accord de Paris sur les changements climatiques que nous avions signés et ratifiés respectivement les 21 septembre et 22 avril 2016.

Cette nouvelle CDN s'aligne, au plan régional, sur l’option commune africaine de négociations sur le Climat et de financement de programmes transnationaux ; et au plan national, à la Stratégie de Développement Durable et de Croissance Inclusive (SDDCI, Niger-2035), le PDES-2022-2026 (en cours de formulation), l'Initiative 3N ainsi que les outils sectoriels relatifs à la gestion durable des ressources naturelles et l’accès aux services énergétiques modernes pour tous.

La CDN révisée, adoptée par le Gouvernement le 02 décembre passé, diffère de celle de première génération de 2015. Même si les secteurs prioritaires sont restés les mêmes, compte tenu des résultats de l'inventaire national des Gaz à Effet de Serre mis à jour en 2014 comme année de référence, ce nouveau document diffère du premier non seulement en termes d'ambition mais aussi sur le plan de la traçabilité des efforts du pays et du rapportage des actions prévues. C'est pourquoi, il est accompagné d'un système informatisé de suivi-évaluation pour les deux secteurs prioritaires Adaptation et Atténuation, d'un Plan de Partenariat et d'un Plan d'Investissements Climat. La nouvelle CDN a également pris en compte l’interrelation de plusieurs aspects avec le climat dont entre autres le genre et l’inclusion sociale, les emplois verts, la migration.

Quel est l’objectif principal du document révisé de Contribution Déterminée au niveau National (CDN) ?

Le Niger se fixe comme objectif principal de contribuer à la réduction des émissions globales des Gaz à Effet de Serre (objectif 2°C voire 1,5 o C à l’horizon 2050) tout en poursuivant son développement socioéconomique sobre en carbone et résilient aux effets néfastes de changements climatiques. En outre, la CDN sera mise en œuvre pour contribuer aux objectifs nationaux de développement à savoir : lutter contre la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des nigériens et des nigériennes, promouvoir la gestion durable des ressources naturelles et l’utilisation massive des Energies Renouvelables et renforcer la résilience des écosystèmes et des communautés.

{xtypo_quote}« Le Gouvernement fait de la CDN révisée, un instrument qui met le Niger en phase avec ses engagements internationaux sur le Climat »{/xtypo_quote}

Aussi, le Gouvernement fait de la CDN révisée, un instrument qui met le Niger en phase avec ses engagements internationaux sur le Climat notamment l’Accord de Paris et en même temps un outil qui facilite les négociations avec ses partenaires pour lutter contre le dérèglement climatique.

Mon Colonel, pouvez-vous expliquer le processus ayant conduit le Niger à l’élaboration de la CDN révisée ?

L’actualisation de la CDN du Niger a été possible grâce à un long processus intersectoriel entamé depuis 2019 avec l’accompagnement technique et financier des partenaires du pays, mobilisés en faveur du climat sous l’égide de la Banque Mondiale. A l’instar des autres parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, le pays a induit une dynamique interne de révision et de renforcement de cet outil essentiel de mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.

Le processus de révision de la CDN a été impulsé par le NDC Partnership, à travers son initiative dénommée « Climate Actions Enhancement Package » (CAEP) dont l’opérationnalisation a permis de boucler le cahier de charge de la révision et de soumettre le document de CDN révisée dans les meilleurs délais. C’est le lieu de remercier vivement tous les partenaires ayant été mobilisés dans le cadre de cette initiative, à savoir la Banque Mondiale, le PNUD, la FAO, l’IRENA, le Royaume de Belgique, l’AFD, le FENU, l’ONG Save The Children, l’OIM et le BIT.

Pour mener à bien cet exercice, la coordination des activités programmées a été confiée à la Direction du Renforcement de la Résilience et de l’Atténuation au Changement Climatique du   Ministère de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification (ME/LCD) par l’entremise du Comité National chargé de la révision et du renforcement de la CDN créé par Arrêté n°0155/ME/SU/DD/SG du 31 Août 2020.

L’approche méthodologique-pays fut basée sur la participation et l’inclusivité avec tous les acteurs (Administration, institutions de recherche et de formation, OSC, secteur privé, PTF). Tous les produits des différentes études thématiques livrés dans le cadre de la révision ont été validés par le Comité National au fur et à mesure de leur élaboration. Ce processus a été clôturé officiellement le mercredi 29 décembre 2021 et les prochaines étapes de mise en œuvre de la CDN lancées à cette même date.

Le fil conducteur du document révisé de la CDN repose sur l’adaptation et l’atténuation des effets du changement climatique à travers notamment AFAT (Agriculture, Foresterie et Autres Utilisations des Terres) et Energie. Est-ce que vous pouvez nous expliciter davantage le contenu de ces deux termes ?

La lutte contre les effets néfastes du changement climatique est essentiellement basée sur l’atténuation et l’adaptation. Les actions d’atténuation s’attaquent aux causes du phénomène par la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le renforcement de piégeage de gaz carbonique (puits carbone) alors que l’adaptation traite des conséquences du changement climatique en renforçant la résilience des communautés et des écosystèmes face aux effets néfastes. Il faut noter à ce sujet que notre pays priorise l’adaptation à co-bénéfices forts pour l’atténuation.

Plus que par le passé, le Niger subit de plein fouet les effets du changement climatique à travers la récurrente des inondations et les crises alimentaires et pastorales, comment la mise en œuvre de ce document qui se veut le principal outil de référence en la matière pourrait améliorer la résilience des populations ?

Il est indéniable que les principaux signes du réchauffement climatiques et risques associés sont les inondations, les sècheresses, les tempêtes de sable et/ou de poussière, les températures extrêmes, les vents violents, les attaques acridiennes, les épizooties, les feux de brousse et la résurgence des maladies climato-sensibles (paludisme, rougeole, méningite). C’est conscient de cette situation, qu’une étude a été réalisée dans le cadre de la CDN pour identifier les capacités institutionnelles ainsi que les facteurs de vulnérabilité des secteurs AFAT et Energie. Ce qui a permis à la nouvelle CDN d’identifier un certain nombre d’options qui concourent à renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes pour faire ainsi face aux conséquences néfastes du dérèglement climatique.

 Ainsi les options identifiées par le Niger sont entre autres : la promotion de l’Agriculture Intelligente face au Climat ; la valorisation des données météorologiques par les producteurs ; le développement de la gestion durable des terres et des eaux ;  le renforcement de la gestion participative et numérisée des massifs forestiers ; l’élaboration et  la mise en œuvre d’un plan décennal de reboisement ; le développement de la Foresterie urbaine et périurbaine ;  les subventions des kits d’utilisation des énergies fossiles et solaires ;  le développement de Partenariat Public Privé (PPP) pour la mise en valeur des énergies nouvelles et renouvelables.

La mise en œuvre de ce document ne saurait se réaliser sans un financement conséquent, quelle est la stratégie du Niger pour mobiliser les fonds nécessaires au financement de la CDN pour la période 2021-2030 ?

Le besoin en financement pour la mise en œuvre de la CDN s’élève à un coût total de 9,9077 Milliards USD sur la période 2021-2030, soit 990,77 millions USD/an. Ce montant couvrira les deux volets de la CDN : Adaptation et Atténuation.

Les actions d’adaptation nécessiteront globalement 6,743 Milliards USD repartis en 36% pour le financement inconditionnel (2,4 Milliard USD) c’est-à-dire sur les efforts internes de l’Etat et 64% de financement conditionnel (soit 4,343 Milliard USD), qui doivent être mobilisés auprès des Partenaires Techniques et Financiers (PTF).

En ce qui concerne l’atténuation, le besoin en financement de ses actions s’élève à 3,1651 Milliards USD sur 10 ans (2021-2030). La part attendue de l’Etat est de 6,72%, soit 0,2127 Milliards USD. La part importante (93,28%%) c’est-à-dire 2,9524 Milliards USD est à mobiliser auprès des partenaires au développement et la Finance climatique internationale comme le Fonds Vert pour le Climat.

Pour mobiliser ces fonds, une stratégie de mobilisation a été élaborée pour assurer l’effectivité de la mise en œuvre de la CDN. Aussi, un Plan de Partenariat et un Plan d’investissement CDN sont en cours de finalisation avec l’accompagnement de la Banque Mondiale, chef de file des PTF de la révision de la CDN. La mobilisation des ressources financières devrait s’aligner au processus en cours de la formulation du PDES 2022-2026 pour lequel la CDN constitue un des programmes prioritaires.

Le Niger a certes une expérience dans le domaine du changement climatique pour avoir élaboré et mis en œuvre la précédente CDN. Cependant, l’environnement sécuritaire s’est fortement dégradé dans notre pays, est-ce que cet aspect a été pris en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre de la CDN révisée ?

En effet malgré les énormes efforts déployés par le Gouvernement et les partenaires du Niger, la question sécuritaire est toujours préoccupante. Elle constitue de ce fait un défi majeur de plus sur la mise en œuvre des actions de développement dont celles inscrites dans la CDN. En effet, la CDN renferme des options d’adaptation et d’atténuation, nécessaires permettant à notre pays de poursuivre son développement dans une perspective de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de façon résiliente aux effets néfastes du changement climatique. Ces options sont donc des orientations stratégiques pouvant être prises en compte dans la formulation des projets et programmes de développement. C’est justement au cours de la phase opérationnelle de formulation des projets de renforcement de la résilience que la question sécuritaire fera l’objet d’une attention toute particulière.

Réalisée par Hassane Daouda

21 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/ 

Mon Colonel, la saison pluvieuse s’annonce un peu mouvementée avec des séquences de vents forts constatées dès les premiers orages. Le GNSP est-il prêt à faire face aux demandes éventuelles de secours en de pareilles circonstances ?

Avec l’installation de la saison pluvieuse, toutes nos unités s’affairent,  sont prêtes et toujours à pied d’œuvre pour répondre promptement aux interventions qui concernent généralement les inondations. C’est pour vous dire que nous sommes toujours prêts à intervenir n’importe où et n’importe quand. Chez les pompiers, le caractère même de notre service fait que nous nous exerçons régulièrement pour relever les défis de nos multiples et multiformes interventions. Quelle que soit la saison, nos hommes sont aguerris, ils sont entraînés pour intervenir pour faire face aux sinistres en vue de sauver des vies, de porter secours. Aujourd’hui, toutes les dispositions sont prises pour que les éléments des sapeurs-pompiers fassent le boulot qui est le leur pendant cette saison pluvieuse.

Le Groupement national des sapeurs-pompiers (GNSP) a-t-il tiré les leçons des dernières grandes inondations, en est-il mieux préparé aujourd’hui?

Nous avons une très grande expérience en matière de gestion des catastrophes et plus particulièrement, la gestion des grandes inondations. Notre pays est un pays qui a connu beaucoup d’inondations et cela a poussé nos services à se spécialiser dans leur gestion. Et aujourd’hui, l’accumulation des expériences pratiques fait que nous sommes effectivement prêts à prendre en charge les situations d’inondations.

Cette année encore, les pompiers ont dû faire plusieurs sorties sur le fleuve, à Niamey, afin de porter secours à des gens en détresse ou de rechercher des disparus. Qu’est-ce qui explique que chaque année les mêmes catastrophes se répètent ?

Vous n’êtes pas sans le savoir que le fleuve Niger connait d’énormes problèmes, surtout celui d’ensablement. Pendant la période de décrue qui arrive aux mois de mars à juin, les mois les plus chauds, les enfants et les jeunes sont tentés d’aller se baigner dans le fleuve pour se rafraîchir même si beaucoup d’entre eux ne savent même pas nager. C’est au cours de cette période qu’intervient la majorité des noyades. A chaque fois qu’il y’a un accident et que nous sommes alertés à temps, nous faisons tout ce que nous pouvons pour sauver les personnes noyées. Malheureusement, nous sommes alertés souvent très tardivement alors qu’il faut réagir très vite lorsqu’il s’agit d’une noyade. Dans notre cas, le temps et le délai d’intervention ne militent pas, pour l’instant, en faveur d’un sauvetage optimal. Malgré tout ça, nous avons aujourd’hui un maillage acceptable à Niamey qui nous permet d’intervenir en tout point du fleuve au niveau de la ville de Niamey. Les secours de proximité y sont devenus aujourd’hui une réalité. Lorsque vous appelez les secours, ils viennent dans un temps acceptable.

Est-ce que la mise en place de sites de surveillance aux endroits de baignade des jeunes, avec des maitres-nageurs issus du GNSP, peut aider à prévenir les noyades ?

Tout à fait ! C’est même l’idée première qui a guidé cette initiative. Dans le cadre de la montée en puissance des Forces de Défense et de Sécurité, il est prévu que le Groupement National des Sapeurs-Pompiers devienne une Brigade Nationale des Sapeurs-Pompiers, avec notamment un bataillon constitué par des unités spécialisées. Dans ce bataillon, nous aurons une compagnie d’intervention subaquatique dont la mission est d’intervenir promptement sur le fleuve. Nous disposons aujourd’hui de flotteurs et d’hommes qui sont capables d’aller sauver des vies. Et, d’ici peu de temps, il va avoir une compagnie qui est spécialement et spécifiquement dédiée pour les plans d’eau et qui est chargée de sauver ceux qui sont en risque de noyade dans le fleuve ou ailleurs. Car, il n’y a pas que le fleuve. Il y’a aussi ses affluents qui se remplissent pendant la saison pluvieuse et des noyades s’y produisent, ainsi que des rivières reparties sur le territoire national. Il y’a également des personnes qui tombent dans les puits et qui nécessitent une intervention en excavation.

Quels sont vos conseils pour éviter les noyades répétitives dans le fleuve?

Chaque année, nous sensibilisons nos concitoyens sur les risques qu’ils encourent lorsqu’ils partent se baigner dans le fleuve. Les noyades concernent souvent des enfants qui ne sont pas des riverains du fleuve et donc qui ne savent pas nager. Ils sortent souvent sans que leurs parents ne soient au courant. Nous déconseillons ainsi à ceux qui ne savent pas nager de se baigner à certains endroits profonds.

Et en cas de noyade ?

Lorsqu’il y’a une noyade, il faut prendre toutes les dispositions pour donner l’alerte, soit en envoyant quelqu’un dans la caserne la plus proche ou surtout en appelant le numéro 18 et dire exactement de quoi il s’agit : le nombre de personnes noyées et l’endroit exact de l’incident. En cas de noyade, ceux qui savent nager doivent rapidement porter secours et donner l’alerte en même temps. Mais lorsque vous n’avez pas la capacité physique et morale, ne prenez pas le risque de vouloir porter secours au risque de devenir vous-mêmes une victime supplémentaire.

En zones urbaines, les pompiers se plaignent des constructions pour usage public (école, administratif ou de commerce) qui ne respectent pas les normes de sécurité et qui compliquent les interventions. Quel est le minimum à respecter afin de s’assurer de la sécurité de ces immeubles et mêmes des habitations ?

Dans le cadre de la prévention, il y’a des dispositions en matière de construction qui doivent être respectées pour être aux normes. Nous avons une commission consultative qui, normalement, est au niveau de chaque commune et placée sous la responsabilité des maires. C’est cette commission qui délivre le permis de construire dans lequel toutes les normes de sécurité du bâtiment et des personnes sont fixées. Ce permis prend ainsi en compte toutes les dispositions règlementaires en matière de normes d’urbanisme, de construction, etc. Il faut donc s’adresser à l’ordre des architectes et aux spécialistes des BTP avant d’entreprendre toute construction. Les pompiers sont partie-prenantes de la commission de délivrance des permis de construire. Nous avons des préventionnistes chevronnés qui ont les compétences nécessaires pour étudier, avec les architectes, ce qu’il faut prévoir pour une construction, avant, pendant et après les travaux. Nos préventionnistes sont membres de toutes les commissions de délivrance de permis de construire en raison justement de leurs compétences reconnues.

Mon colonel, beaucoup de nos compatriotes ont tendance à réduire le travail des Sapeurs-pompiers aux interventions en cas d’incendie. Quels sont les autres domaines où les citoyens peuvent solliciter l’aide de vos services ?

Il est vrai qu’à l’origine les pompiers combattaient seulement le feu. Mais aujourd’hui, le feu ne représente que 8% de nos interventions. Les pompiers ont toute une panoplie d’interventions qu’ils assurent dont les secours à victimes qui font partie des interventions pour lesquelles nous sommes sollicités. Ces genres de sollicitations interviennent lors des accidents de circulation, ainsi que les accidents domestiques et industriels. Ce sont nos ambulances et nos médecins qui partent au contact de la population et assurent ces secours à victimes. Nous faisons aussi de la prévention en nous déployant dans les établissements recevant du public pour qu’ils ne soient pas des lieux de sinistres. Les pompiers sont également spécialisés dans certaines interventions pointues telles que les interventions liées à la radio activité grâce à nos spécialistes en sécurité nucléaire qui peuvent se déployer lors du déversement, par exemple, d’un produit contaminant. Nous sommes également spécialisés dans le cadre de la protection contre les éléments chimiques. Nous exécutons toute sorte d’interventions périlleuses pour sauver des vies, y compris dans des immeubles à plusieurs niveaux. Donc, nous ne faisons pas que le feu. Nous faisons également d’autres interventions qui ne sont pas souvent courantes.

Vous avez évoqué plus haut la montée en puissance des sapeurs-pompiers. Ce programme est-il la solution au problème de maillage territorial du Groupement National des Sapeurs-Pompiers?

Oui, tout à fait. Il faut d’abord retenir que nous sommes l’un des corps les plus maillés des Forces Armées Nigériennes. Nous sommes dans les plus petits départements du Niger avec 32 compagnies sur l’ensemble du territoire national et 8 groupements régionaux d’incendie et de secours. Nous sommes donc bien maillés par rapport aux autres. La montée en puissance du GNSP est liée à la montée en puissance des Forces Armées Nigériennes. Nous avons aujourd’hui 5 casernes pour défendre la ville de Niamey et la 6ème  caserne est en construction. Grâce au programme de la Direction générale de la protection civile, nous aurons 10 casernes opérationnelles dans la ville de Niamey à l’horizon 2025. A l’intérieur du pays également, dans les régions de Maradi, Zinder et Agadez, de nouvelles casernes vont être construites et le maillage territorial va se poursuivre pour que le Groupement national des sapeurs-pompiers atteigne un niveau acceptable de couverture spatiale pour mieux sauver les vies de nos concitoyens.

Propos recueillis par Souleymane Yahaya (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org

 

Dr Kabir Sani, président du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) : «Dans le cadre des préparatifs des élections, nous avons adopté huit décisions relatives à l’accès des partis politiques, groupements de partis politiques et candidats aux médias pu

Monsieur le président, le Conseil Supérieur de la Communication est à la croisée des chemins à l’approche des élections générales de 2020 et 2021. Quelles sont les actions que vous avez entreprises dans le cadre de la préparation de ces grandes échéances électorales ?

Merci au journal Sahel Dimanche de me donner l’opportunité de parler des préparatifs des élections. Au niveau du CSC, nous sommes déjà en phase préparatoires des élections de 2020-2021. Dans cette optique nous avons élaboré un programme électoral qui vise à exécuter un certain nombre d’actions qui sont essentiellement pédagogiques, de formation, de sensibilisation, de formation des  journalistes, de certains acteurs comme les partis politiques, pour que nous puissions aller vers des élections apaisées.

Dans cette dynamique d’actions, nous avons déjà édité un guide à l’attention des partis politiques. Nous avons déjà dans le cadre de la préparation de ces élections, préparé et adopté huit décisions relatives à l’accès des partis politiques, groupements de partis politiques et candidats aux médias publics et privés en période électorale. Ce guide vise à faciliter l’accès égal et équitable de tous les partis politiques, tous les groupements de partis politiques candidats aux médias publics et privés parce que la période électorale est sensible et doit être encadrée. Et dans tous les cas elle relève des prérogatives du Conseil Supérieur de la Communication, la régulation de la communication en période électorale. Nous avons d’abord avant d’adopter ces textes, rencontré les partis politiques, et les responsables des médias au mois de septembre dernier. Nous avons échangé avec eux. Nous avons fait un séminaire de renforcement des capacités avec l’appui de l’Union Européenne à travers le projet EISA. Donc grâce au projet EISA nous avons pu former et restituer ce document-là aux partis politiques. Dans la foulée nous avons prévu en même temps, de faire des actions de vulgarisation des mêmes textes à l’intérieur du pays notamment dans les chefs-lieux de régions dès le 16 novembre avec la région de Diffa, ensuite Zinder, puis Maradi.

Nous allons continuer les mêmes vulgarisations dans les autres chefs-lieux de région pour permettre d’abord à tous les partis politiques et leurs représentants, les représentants des associations, les ong qui sont actives dans l’organisation des élections pour qu’ils s’approprient ces outils, afin que le message soit bien compris. Et pour expliquer aux partis politiques qu’à partir de la campagne électorale, tous les messages qu’ils veulent diffuser dans le cadre de leur campagne doivent être centralisés et enregistrés par le CSC. C’est le CSC qui va enregistrer les messages et les faire diffuser par les   médias publics et privés. Donc c’est dans cette dynamique que nous avons déjà organisé cette communication à l’endroit des partis politiques et des associations qui font la promotion du droit civique des citoyens  qui est le droit de vote. Pour les journalistes et les responsables des médias, tant publics, privés, que communautaires, nous avons aussi prévu des actions de formation, de renforcement de capacités, des formations sur le pluralisme en période électorale, l’équilibre de l’information, le respect de l’éthique et de la déontologie , mais aussi les amener à être les meilleurs ambassadeurs de la paix pour ces élections. Parce que les médias sont les véritables vecteurs des messages de cohésion sociale, d’unité nationale. Pour éviter que les médias ne soient plus les vecteurs de ce genre de propos haineux, violents, nous voulons que les responsables des médias soient outillés.

Toujours, pour appuyer ces actions, nous sommes en train de renforcer notre système de monitoring parce que nous avons la capacité de suivre en temps réel tout ce qui sera diffusé sur les médias tant publics que privés, et sur les radios communautaires aussi à l’intérieur du pays. Nous sommes en train de bénéficier de l’appui de l’Union Européenne pour nous donner un dispositif supplémentaire de monitoring des médias. C’est l’occasion une fois de plus de remercier l’Union Européenne à travers le projet EISA dont nous sommes en train de finaliser le processus. Et en même temps nous sommes en train de  mettre à jour notre ancien dispositif.

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Les organes de presse publique et privée ont une lourde partition à jouer pendant cette période pré-électorale et électorale. Pensez-vous qu’ils mesurent l’enjeu de leur travail pendant ces moments sensibles ?

 Je sais que les médias, comme vous le dites, sont au cœur de ce processus. Et je suis convaincu qu’ils mesurent la portée et l’enjeu qu’il y a autour de ces élections à venir. Aussi bien pour les médias publics que privés, nous avons le projet de nous réunir, avec la Maison de la presse, les représentants des associations des promoteurs des médias  privés et les médias publics, pour signer une charte de bonne conduite. Nous sommes déjà avancés là-dessus ; il reste juste à finaliser le document et le mettre à jour pour signer cette charte de bonne conduite. Si je me réfère au respect de l’éthique et de la déontologie, je pense qu’ils savent que c’est une période charnière où il faut faire attention à tous les messages qui seront susceptibles d’être diffusés. Dans tous les cas, le CSC dispose d’un pouvoir de sanction en cas de violation des principes basiques d’éthique et de  déontologie. Parce qu’aucun organe ne se hasardera à faire la promotion de la violence et de la haine. Donc le CSC veillera à ce que les médias jouent pleinement leur rôle. Et on va leur apporter un appui. Quand il y aura des dérapages le CSC n’hésitera pas à sanctionner. Et vous savez qu’avec les nouvelles mesures conservatoires, en cas de messages haineux ou violents, on peut suspendre les radios ou les télévisions qui encouragent ce genre de messages. Je pense que nous avons suffisamment parlé avec eux, et ils savent que l’on peut le faire ; mais j’espère qu’on n’ira pas à cet extrémisme.

L’accès à la publicité politique pour les organes publics de presse et le souci de l’équité  entre les différents partis politiques et les différents candidats est l‘une des questions que vous avez abordées lors de vos rencontres avec les acteurs politiques et les responsables des médias. Quel est le traitement que vous avez réservé  à cette question ?

La préoccupation des médias était de savoir comment ils peuvent accéder à la publicité politique. Nous leur avons fait comprendre que la loi réglemente cet accès à travers le décret de 2017. Nous avons essayé de comprendre leur préoccupation  puisque c’est une période qui peut leur permettre de renflouer leur comptabilité. Ce qui est logique et normal. Et de l’autre côté, c’est la seule période pendant laquelle les partis politiques peuvent être à l’aise dans leur communication. Donc nous avons échangé avec eux, et nous leur avons garanti que, comme à l’accoutumée, le CSC ne sera pas contre leur accès à cette publicité payante. Mais pour les médias privés, il faut qu’ils respectent l’équité. Il  ne faut pas que les médias qui sont acquis pour l’opposition ou le pouvoir, s’affichent. Dans l’accès à tous les partis politiques, il faut qu’ils soient très regardants, équitables et justes. Ils ne doivent pas empêcher à certains partis politiques de diffuser leurs publicités politiques sur leurs médias.  Cependant, ils ne doivent pas faire un traitement de faveur par rapport à leur sensibilité et leur obédience politique. Sur cela, on s’est très bien compris avec tous les responsables des médias.

Pour les médias publics, c’est justement là où on a eu quelques incompréhensions parce qu’aux élections antérieures, dans l’application de l’éthique et de la déontologie, on avait en son temps trouvé que les médias d’Etat, sont des EPA. Or, parmi ces médias l’ORTN et l’ONEP ne sont pas des EPA mais plutôt des EPIC. Donc de par leur statut juridique, ces deux organes ont la possibilité de faire de la publicité. Mais comme ce sont des organes de service public, il faut encadrer l’accès à cette publicité, contrairement aux médias privés.

La délibération qui avait un peu bloqué cette publicité sur les médias publics qui sont les organes les mieux outillés, il fallait donner la possibilité aux partis politiques, en dehors du temps gratuit qu’ils ont, d’avoir une petite marge supplémentaire pour faire la  publicité payante. Donc pour éviter les conflits, on a revu la disposition de la délibération pour leur permettre d’avoir deux fois le temps  au lieu d’une seule fois. Les partis politiques étaient les premiers à défendre cette thèse et c’était légitime parce qu’il faut leur permettre d’aller au-delà de la redevabilité ou assurer cette redevabilité envers leurs électeurs parce qu’il y a des partis qui ont une grande histoire politique.

Il faut leur donner le temps sur les médias publics d’assurer leur communication. Donc, puisque tout le monde a un temps gratuit, il faut aussi leur donner la possibilité d’avoir un temps payant. Mais le temps payant ne va pas être aussi illimité. Il doit être raisonnablement encadré.  Eux aussi étaient tous satisfaits parce que ce que les gens oublient, c’est que ces organes d’Etat tournent avec des subventions de l’Etat  mais ils ne sont pas pris en charge à 100% comme les EPA. Il faut que les textes du CSC qui s’appliquent aux médias publics respectent le caractère juridique de ces organes notamment l’ONEP et l’ORTN qui sont des EPIC.

Comme les organes de presse, le CSC sera très sollicité pendant cette période cruciale. Comment comptez-vous assurer une saine régulation des médias dans un pays aussi vaste?

 Vous avez totalement raison. Parce que 1.267.000 km2 avec un peu moins de 300 radios communautaires et une bonne dizaine de télévisions et de nombreuses radios, ça ne sera pas facile. Mais comme je vous l’ai dit nous avons bénéficié de l’appui de l’Union Européenne pour mettre à jour notre système de monitoring acquis grâce à la coopération marocaine et d’autre part, il y a un nouveau dispositif plus performant à la pointe de la technologie qui sera installé pour nous permettre de suivre en temps réel tout ce qui se fait sur les médias notamment audiovisuels. Et nous sommes  en train de former les techniciens en monitoring des médias. Il y a aussi un groupe de travail qui est mis en place et qui est composé de plusieurs commissions. C’est ce groupe de travail qui va recenser tous les messages des partis politiques, vérifier le contenu, les  enregistrer en vue de les diffuser. Tous les agents du CSC, aussi bien les permanents les appelés du service civique national que les stagiaires, sont mobilisés pendant les 70 jours que vont durer les scrutins, et cela matin et soir pour que dès qu’il ya une sollicitation qu’on puisse y répondre.

Après bientôt trois années passées à la tête du CSC quel est votre sentiment sur la liberté de presse au Niger et surtout sur le respect de l’éthique et de la déontologie du métier par les organes de presse ?

La liberté de presse, malgré tout ce qui peut se dire se porte bien au Niger. Mais il faut la consolider. En trois ans, je peux dire qu’il ya eu moins d’atteinte à la liberté de la presse, et moins d’immixtion dans le domaine de la presse surtout privée par d’autres acteurs externes, en dehors de la question des impôts, qui était le premier problème qu’on avait trouvé. C’était une incompréhension, une méconnaissance des agents des impôts par rapport à la limite de leur compétence. Il ya de moins en moins d’atteinte à l’éthique et à la déontologie même s’il ya quand même quelques sanctions. Avec le système de monitoring et la commission de l’éthique et de la déontologie, que nous avons mis en place, nous suivons et nous sanctionnons, et nous rappelons les journalistes au respect de l’éthique et de la déontologie. Donc on est dans une dynamique de dialogue.  C’est pour cela si vous avez constaté, que ce dernier temps il ya moins de problème avec les journalistes. Mais ce n’est pas parfait. Il ya des choses à améliorer. L’autre problème qu’on a eu c’est la répartition du fonds d’aide à la presse qui a fait des mécontents. Malheureusement on ne peut pas satisfaire tout le monde. On a mis des critères dans l’attribution de ce fonds. Nous allons voir ensemble ce qu’il faudrait encore corriger. Nous prions Dieu pour que cette subvention soit revue à la hausse parce qu’il ya beaucoup d’organes de presse privée qui en ont grandement besoin. D’autre part il faut déplorer le fait que la convention collective ne soit pas encore signée. C’est le problème qui me préoccupe personnellement en tant que président du CSC. Mais en dehors de cela je pense que la réorientation du fonds d’aide à la presse va permettre aux journalistes de bénéficier de formations diplômantes et de formations de renforcement de capacités.  Aujourd’hui la loi a imposé qu’un certain pourcentage de ce fonds soit dédié à la formation des journalistes. Et nous sommes dans cette dynamique. Après la répartition pour les promoteurs, nous avons adopté le plan de formation, et bientôt les journalistes vont bénéficier de vingt formations diplomantes et qualifiantes pour leur permettre soit de se reconvertir, ou d’approfondir leurs connaissances en tant que journalistes. Ce qu’il faut aussi saluer, c’est que depuis deux ans, le CSC a pu adopter deux délibérations majeures. La première, c’est sur les redevances audio visuelles ; parce que vous savez que depuis près de 27 ans les organes de presse privée étrangers ne payaient pas de redevances. Cette année nous avons mobilisé environ 200 millions FCFA que les médias étrangers ont versé au Trésor national. Canal+ aussi a également versé ses redevances. Je pense que c’est une avancée majeure. Une autre avancée, c’est la délibération sur l’exception culturelle qui accompagne le programme de la renaissance, et qui doit contraindre les promoteurs de radio et de télévision à faire du contenu national. Parce que souvent quand vous regardez nos télévisions, ou quand vous écoutez nos radios, on a l’impression d’être en Côte d’ivoire, au Ghana ou au Nigeria. On est en train de les sensibiliser pour qu’ils fassent du contenu national. Et dans le cadre des formations du fonds d’aide à la presse, nous allons faire en sorte que les directeurs de programme soient bien outillés pour qu’avec de petits budgets  qu’ils fassent des productions nationales cinématographiques. Pourquoi ne pas se mettre à deux ou trois organes pour financer une série nigérienne ? Il ya du chemin à faire. Mais nous voulons que les médias nigériens soient des médias autonomes, de vraies entreprises de presse. Et j’espère que vous nous aiderez à atteindre cet objectif.

Réalisée par Oumarou Moussa 

04 décembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/    

Interview : Issoufou Katambé, président du Comité Tahoua Sakola : « Nous abordons le dernier tournant avec beaucoup d’optimisme »Dans quel état d’esprit vous abordez le dernier tournant à quelques jours de l’événement ?
Merci de cette opportunité que vous m’offrez pour parler de l’organisation. Je dois tout de suite rappeler que nous avons placé le programme Tahoua Sakola sous le triptyque ‘’Innovation, Dynamisme culturel et Coexistence pacifique’’. L’innovation, c’est d’abord par rapport aux infrastructures. Nous avons dit que nous allons réaliser des infrastructures modernes, durables et d’avenir. Et pour cela, nous avons fait appel à des entreprises qui ont les moyens et l’expertise nécessaires. Je pense que par rapport à cet objectif, les résultats sont là, probants. Nous nous sommes appliqués et les résultats sont très satisfaisants. Au sortir de l’événement, nous allons avoir des infrastructures durables et d’avenir.

Par rapport à l’extension de ce programme au niveau des départements, nous n’avons pas pu réaliser tout ce qu’on a programmé, mais il y a eu quelques réalisations qui sont en voie d’être exécutées. Ensuite, l’autre aspect du programme c’est la communication. Je pense que par rapport aux autres éditions, nous avons essayé de communiquer au maximum tant sur le plan national qu’international. Là aussi, nous devons être satisfaits des résultats obtenus. Par rapport aux entreprises qui nous ont accompagné dans ce programme, j’avais déjà pris l’engagement que toutes les entreprises et entrepreneurs qui vont participer à ces travaux vont être payés à la fin de ce programme et que nous ne laisserons pas des impayés. Je puis vous assurer que nous sommes sur la bonne voie. La preuve est que jusqu’à présent, vous n’avez pas entendu parler de conflits entre le Comité Tahoua Sakola et les entrepreneurs. Nous les payons au fur et à mesure. Donc, aucun problème ne se pose à ce niveau et c’est pourquoi il n’y a pas eu de retard dans l’exécution des tâches qui ont été confiées aux entreprises. Là aussi on peut être satisfait de ce qui a été fait.

Visiblement, vous êtes très optimiste monsieur le ministre ?

En effet, nous abordons le dernier tournant avec beaucoup d’optimisme parce que je l’avais dit au départ que toutes les entreprises devaient me remettre les clés des infrastructures au plus tard le 30 novembre. Et c’est ce qui est en train d’être fait aujourd’hui. Tout ce qui reste maintenant à Tahoua relève des dernières retouches, pour nettoyer ou pour installer les équipements, sinon le gros du travail est terminé. Et je pense que d’ici le 18 décembre, tout sera fin prêt pour recevoir les festivaliers.

Vous avez tantôt parlé d’infrastructures modernes et durables, pouvez-vous donner des indications sur les plus phares qui ont été réalisées à Tahoua ?

Une des infrastructures phares de la ville de Tahoua, c’est la voirie. Je vous le dit sans complexe que la voirie dont nous disposons aujourd’hui à Tahoua n’a rien à envier à celle que vous verrez ailleurs dans le monde. C’est une réussite pour laquelle je tiens à féliciter la société SATOM qui a eu à exécuter ces travaux. Il y a ensuite d’autres infrastructures telles que les villas ministérielles qui ont été construites grâce à l’appui des sociétés. Là aussi, nous avons sollicité des entreprises nigériennes et qui ont fait un très bon boulot. Il y a aussi des privés nigériens qui ont eu à construire des cités. Là aussi, tout est terminé et les travaux ont été très bien exécutés.

Monsieur le ministre, on a vu que dès le lancement des activités de votre comité, vous avez mené des offensives à l’endroit des partenaires tant nationaux qu’étrangers. Quels sont aujourd’hui les retombées de cette mobilisation ?

Vous m’offrez là l’occasion de remercier tous les partenaires intérieurs et extérieurs qui nous ont aidés. Sans être exhaustif, je citerai à titre indicatif la République populaire de Chine, l’Algérie, Veolia, l’AIMF. Les partenaires extérieurs qui nous ont aidés sont nombreux et je tiens à les remercier tous. Les retombées sont là. A titre d’exemple, nous avons signé une convention de près de 100 millions de FCFA avec Veolia dans le cadre de la salubrité de la ville de Tahoua. Avec l’AIMF, c’est une convention de 160 millions que nous avons signée pour l’aménagement de la mare de Babayé. Il y a ensuite des particuliers nigériens qui nous aidés dans l’équipement des villas que nous avons construites. En outre, tout ce qui est supports confectionnés à l’effigie Tahoua Sokola pour la fête a été pris en charge par la République populaire de Chine. L’Algérie nous a aidés dans le cadre de l’habillement des Forces de défense et de sécurité. C’est dire que nous avons eu des appuis importants venant des partenaires extérieurs.

Vous avez aussi touché les ressortissants de la région et les habitants de la Ville de Tahoua pour qu’ils s’approprient ce programme. Comment appréciez-vous l’apport des populations de Tahoua ?

Je ne cesserai jamais de féliciter et de remercier les populations de Tahoua parce que dès le départ, elles se sont approprié le programme. La preuve est qu’il y a eu des gens qui ont détruit, eux-mêmes, leurs propres biens pour dégager les voies et permettre l’exécution des travaux. Certains ont cassé leurs habitations, d’autres leurs boutiques et bien d’autres choses. Ils l’ont fait parce qu’ils sont convaincus par ce programme. Avec les réalisations qui ont été faites aujourd’hui à Tahoua, les populations ont la preuve qu’il fallait le faire. Quand vous circulez aujourd’hui dans la ville de Tahoua, vous entendrez ceux qui ont cassé leurs propres biens dire en Haoussa « komma da aka yi », autrement dit, il fallait le faire.

Pour aborder les festivités en tant que telles, peut-on s’attendre à des innovations ou tout au plus quelle sera la particularité de Tahoua Sakola 2017 ?

Comme lors des autres éditions, il y aura d’abord les activités sportives et culturelles. Mais il y aura aussi d’autres activités et en particulier un feu d’artifice.

En termes d’invités, quelles sont vos attentes ?

C’est sûr il y aura beaucoup d’invités, à commencer d’abord par nos voisins du Nigeria. Il y a probablement des Chefs d’Etat et nous avons invité beaucoup de gens à travers le monde. Nous espérons que tous ceux qui ont été invités viendront assister à ces festivités.

L’organisation d’un tel événement et la réalisation des infrastructures impliquent inévitablement un financement conséquent. Avez-vous rencontré des difficultés dans la mobilisation des fonds ?

Il faut dire qu’au début, on avait beaucoup d’inquiétudes par rapport au budget qui nous a été annoncé. Mais par la suite, l’Etat a fait de gros efforts pour nous aider dans la réalisation de toutes les infrastructures qui sont aujourd’hui à Tahoua. C’est pourquoi, nous tenons à remercier le gouvernement pour tous les efforts qui ont été faits pour nous aider à réaliser les infrastructures programmées. Et contrairement à ce qu’ont raconté certains médias, je tiens ici à préciser que nous n’avons eu aucun franc d’aucune banque. Il ne faut pas qu’on trompe les gens. C’est sur la base des contributions du budget national, celles des partenaires extérieurs et grâce à la participation des privés nigériens que nous avons fait toutes ces réalisations. Mais alors, là, je le précise encore, aucune banque ne nous a donné un seul franc.

Au bout de ce parcours, quel est le message que vous aimerez passer aux populations pour que la fête soit belle ?

Etant donné que les populations de Tahoua se sont déjà approprié le programme, je pense qu’il n’y a pas de message particulier à leur adresser pour sortir massivement accueillir les festivaliers qui vont arriver. Je pense que toutes les populations se sont mobilisées depuis que le programme a été annoncé. Je ne doute pas donc de la capacité des autorités locales de Tahoua pour maintenir cette mobilisation. C’est sûr les gens sortiront d’eux-mêmes, parce que c’est leur programme. C’est là l’importance de ce qui s’est passé à Tahoua. Et je tiens à dire que toutes les infrastructures que vous verrez à Tahoua ont leur financement ; je ne tiens pas à laisser des arriérés. Le problème financier ne se posera pas parce que l’argent est déjà prévu pour chaque infrastructure. A la fin de ce programme j’aurai payé tous les entrepreneurs ; il n’y aura pas de problèmes d’arriérés entre nous.

Monsieur le ministre, on parle d’invités de haut niveau à l’occasion de cet événement : pouvez-vous nous en parler brièvement ?

Je vais vous dire de qui il s’agit. En fait, nous attendons tous les Présidents du G5 Sahel. Il y a aussi les Présidents du Nigeria et de la Guinée qui ont été tous invités. Le Président Idriss Déby du Tchad, celui de la Mauritanie, le Président du Mali vont aussi venir. Je pense que tous ces Chefs d’Etat invités, sauf contretemps, vont venir. Il y aura aussi le gouverneur de la BCEAO qui va venir lancer les travaux de construction du siège de la BCEAO à Tahoua.

Il y avait des inquiétudes relativement à l’hébergement. Quelles sont les dispositions prises pour lever ces inquiétudes ?

Je puis vous garantir que toutes les dispositions ont été prises. C’est pourquoi nous avons prévu, dans le cadre de ce programme, une cité ministérielle. Et toutes les sociétés que nous avons sollicitées ont construit ces villas qu’on qualifie de ministérielles. Mais tous ces invités de marque pourront y être hébergés parce que ce sont des villas de grand standing. Tous les autres aspects ont aussi été pris en compte. Donc, il n’y a pas d’inquiétude à se faire.

Réalisé par Assane Soumana et Siradji Sanda(onep)

09 décembre 2017
Source : http://lesahel.org

 

aQue représente l’accession du Niger au Conseil de Sécurité des Nations Unies ?
La participation du Niger aux activités du Conseil de Sécurité en qualité de membre non-permanent fait de lui un membre de l'organe exécutif de l’Organisation des Nations Unies. Ainsi, il partage avec les autres membres du Conseil la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. C’est dire tout le symbole que revêt, pour le Niger, la qualité de membre du Conseil de Sécurité. Cela le distingue sur la scène diplomatique africaine et mondiale et, en même temps, l’investit de lourdes et exaltantes responsabilités.

Il convient de rappeler que depuis son accession à la souveraineté internationale, c’est la deuxième fois que le Niger siège au sein de cette auguste institution après son premier mandat qui remonte en 1980 et 1981. Siéger au Conseil de sécurité est un privilège exceptionnel qu’un tiers des 193 pays membres des Nations Unies (soit 62 pays) n’ont pas encore eu la chance de connaître. C’est aussi une question de responsabilité car cela implique des engagements importants pour les pays concernés, qui se doivent de déployer les moyens nécessaires, matériels et humains, pour répondre aux fortes attentes de la communauté internationale. Ce qui n’est pas négligeable au regard de la préparation et de l’engagement que requièrent les responsabilités de membre du Conseil de Sécurité,

Boubacar Issaka OumarouL’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS) que vous dirigez a fait un exploit ces derniers jours en démantelant un grand réseau de trafic international de drogue. Depuis quand cet Office a été créé et quelles sont ses attributions ?

L’OCRTIS a connu plusieurs mutations dans son évolution. Il fut d’abord érigé en Centre National de Répression du Trafic de Drogues (CNRTD) jusqu’en 2005, puis Centre de Coordination de Lutte Anti-Drogue (CCLAD) jusqu’en 2015. A partir du 05 Juin 2015 avec le décret N° 2015-295/PRN/MISPD/ACR du 05 Juin 2015, le CCLAD est devenu Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants (OCRTIS).
A ce titre l’OCRTIS a comme missions la lutte contre la drogue et la contrefaçon des produits pharmaceutiques sur toute l’étendue du territoire national. De ce fait l’OCRTIS a une compétence nationale d’investigations.

Les organisations sous régionales à l’image du G5 Sahel ont toujours évoqué la connexion qui existe entre le trafic de drogue et les mouvements terroristes qui minent cet espace du Sud Sahara. Que pensez-vous de cette approche ?

Gousmane Abdourahamane Halcia 01Monsieur le président, un certain nombre de dossiers initiés par la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), défrayent actuellement la chronique. Il s’agit précisément du dossier sur les reversements de la douane et celui relatif à un marché attribué par la CAIMA. Pouvezvous nous éclairer sur le contenu de ces dossiers ?

Je voudrai de prime à bords saluer votre initiative, que je recommande d’ailleurs à tous les professionnels de medias, de venir vers nous pour s’informer sur nos activités, afin de satisfaire le droit du public à une information de qualité. Par rapport au dossier sur les reversements, il s’agit d’une mission tripartite, composée de la HALCIA, de l’Inspection d’Etat et de l’Inspection des finances. Cette mission a été mise en place sur la demande du Président de la République pour remettre l’Etat dans ses droits spoliés dans les domaines fiscal et douanier. Vous avez des personnes qui exercent des activités soumises au paiement d’impôts et taxes. Ces personnes font des déclarations pour payer moins d’impôts et taxes. Avec des experts des services de la Direction Générale des Impôts (DGI) et de l’administration des douanes, nous menons des investigations et effectuons des redressements fiscaux. Nous avons épinglé plusieurs sociétés qui s’adonnent à cette pratique qui tue l’économie de notre pays. Dans le domaine de la douane, on minore le dé­ douanement des marchandises ou des véhicules. Au lieu par exemple de payer la somme de 3.000.000 F CFA comme frais de douanes, on s’arrange avec la complicité de l’agent des douanes et du transitaire pour payer 800.000 F CFA ou moins. Quand au dossier CAIMA, il est pendant devant le cabinet du juge d’instruction du Pôle économique. La seule précision est qu’il n’y a eu aucune influence de qui que ça soit durant le dé­ roulement de l’enquête. Il s’agit des faits relayés par une presse de la place, et vu leur gravité, la HALCIA s’est autosaisie conformément à la loi n°2016­ 44 du 6 décembre 2016.

Entre autres attributions, la HALCIA a pour mission d’engager une lutte sans merci contre la corruption et les infractions assimilées. Peut­on avoir une idée sur l’ampleur de vos activités et l’approche privilégiée pour mettre l’Etat du Niger dans ses droits ?

La HALCIA a deux missions : la prévention et la répression. Pour la prévention, notre objectif primordial est d’amener nos concitoyens à changer de comportement vis­à­vis de la corruption. En refusant de corrompre pour obtenir un service dû, on combat la corruption et on peut amener l’autre à s’en dé­ partir. En dénonçant des cas de corruption aussi, on combat celle-­ci. Pour la répression, nous disposons d’une cellule d’investigations animée par des OPJ et APJ, qui agissent conformément aux dispositions du code de procédure pénale.

Pour l’année 2018, nous allons beaucoup plus mener nos actions sur la prévention. Et face à ceux qui continueront à faire la sourde oreille, nous serons implacables. Nous avons les moyens sur le plan juridique

La lutte contre la corruption est une œuvre difficile et de longue haleine qui nécessite une volonté politique forte. Sachant que le Chef de l’Etat en a fait son cheval de bataille, peut­on dire que la lutte contre la corruption est en bonne marche au Niger ?
Le Chef de l’Etat a prouvé aux Nigériens et à la communauté internationale qu’il tient à éradiquer le fléau de la corruption dans notre pays. Après avoir créé la HALCIA, il l’a dotée de tous les instruments juridiques qui puissent lui permettre de mener à bien sa mission. Nous avons entre autres la loi N°2016­ 44 du 06 décembre 2016 portant création, missions, attributions, composition, organisation et fonctionnement de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées. L’avènement de cette loi renforce et donne les pouvoirs suivants à la HALCIA : l’auto saisine ; l’accès aux rapports d’inspection ou de contrôle ; les pouvoirs de police judiciaire ; l’identification, la localisation, la mise sous mains de justice des biens provenant de la corruption ; la levée de secret bancaire ; la saisie et mise sous scellés des pièces à conviction ; la transmission directe de rapports au Procureur de la République et l’ouverture d’une information judiciaire ; le fait de requérir l’interdiction de sortie du territoire de tout suspect et le retrait de ses documents de voyage ; l’adoption de la Straté­gie Nationale de Lutte contre la Corruption par le conseil des ministres du 5 janvier 2018. C’est pour vous dire que la lutte contre la corruption est en marche.

Au ­delà de l’aspect répressif, la HALCIA a également comme mission de mener des actions de prévention. Quelles sont les actions de prévention que vous avez menées depuis la création de cette institution ?
Dans le cadre de la prévention, plusieurs actions ont été entreprises concourant à améliorer la connaissance du phénomène de la corruption, à sensibiliser l’opinion publique et les acteurs spécifiques au sein de l’Etat. Ces actions portées par la HALCIA ont trait aux aspects suivants : les enquêtes nationales sur la perception de la corruption ; l’organisation de rencontres sectorielles avec divers acteurs au sein de la communauté nationale ; la conduite de plusieurs études thématiques ; le renforcement des capacités des acteurs, notamment les membres des organes administratifs de lutte contre la corruption, les acteurs judiciaires et les membres des organisations de la société civile , en vue de les amener à mieux prendre en charge le phénomène de la corruption ; l’organisation de caravanes de sensibilisation au niveau de tous les chefs­lieux des régions et de certains chefslieux de département, sous formes de journées d’information et de sensibilisation ; l’animation de conférences à l’endroit des organisations de jeunesse et des organisations des scolaires et étudiants sur des thématiques liées à la lutte contre la corruption, à l’éthique et au civisme ; l’organisation de conférences à l’endroit des populations sur le fondement religieux de la lutte contre la corruption.

Quelles sont vos appréciations sur le résultat des actions engagées au Niger en matière de lutte contre la corruption avec la création de la HALCIA ?
Les résultats sont satisfaisants. La corruption est en régression si on s’en tient à l’indice de perception de la corruption de Transparency International, où notre classement s’est amélioré (de la 137e place qu’on occupait en 2011, le Niger est passé à la 101e place au classement de 2016), et l’espoir d’améliorer davantage ce score est permis. Seulement, comme vous l’avez souligné, la lutte contre la corruption est une œuvre difficile et de longue haleine. Pour gagner ce combat, il faut l’adhésion de tous les citoyens : la société civile, les syndicats, les partis politiques …

Interview réalisée par Oumarou Moussa

 

 

Lesahel.ne

19 janvier 2018
Source : http://lesahel.org/

 ‘’ Les efforts déployés et les moyens consentis ont permis de hisser l’ARMP au rang des organes de régulation des marchés publics de référence dans la sous-région’’ 

Monsieur le Secrétaire Exécutif, presentez nous l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP), son rôle et ses missions ? 

Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour vous parler de l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et aussi pour l’intérêt que vous accordez aux questions liées à la gestion de la commande publique.

L’ARMP est une autorité administrative indépendante, rattachée au Cabinet du Premier Ministre, dotée de deux organes que sont le Conseil National de Régulation (CNR) et le Secrétariat Exécutif (SE).

En ce qui concerne le Conseil National de Régulation, il est l'instance d'orientation et de décision de l'Agence. C’est un organe tripartite et paritaire comprenant des membres représentant l'administration publique (4 représentants), le secteur privé (4 représentants) et la société civile (4 représentants). Le Conseil comprend en son sein le Comité de Règlement des Différends et le Comité Ad' hoc d'arbitrage des litiges.

S’agissant du Secrétariat Exécutif, il est chargé de l’organisation, de l’animation, de la gestion des ressources humaines, matérielles et financières de l’Agence. Il est composé de quatre (4) Directions Techniques et huit (8) Secrétariats Régionaux.

Ceci dit, l’ARMP a pour principale mission d’assurer la régulation, le suivi et l'évaluation des marchés publics et des délégations de service public. A ce titre, elle est chargée de proposer des réformes de la réglementation en matière de marchés publics et des délégations de service public, d'assurer le traitement des plaintes des soumissionnaires et de conduire des audits.

Aussi, elle assure la formation des intervenants du système sur la réglementation et les procédures applicables aux marchés publics et aux délégations de service public ; elle prononce les exclusions temporaires de participation à la commande publique et contribue à l'information des intervenants.

Récemment, votre institution a procédé au lancement de son programme de formation au titre de l’année 2022. Quelles en sont les activités phares ?

Effectivement, l’ARMP a procédé au lancement officiel de ses activités de formation au titre de l’année 2022, le 02 février dernier à Dosso, sur la thématique de la gestion de la chaîne des dépenses budgétaires. Les magistrats du pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière ont constitué le groupe cible.

Il est important de rappeler que la formation est l’un des piliers principaux de notre mission et une grande part du budget lui est consacrée. Chaque année, nous organisons des sessions de formation au profit des acteurs intervenant dans le processus de passation et d’exécution des marchés publics. Cette année tout comme les années antérieures, nous allons poursuivre et intensifier les formations afin de renforcer les compétences des acteurs du système. Une place de choix sera réservée au secteur privé et à la société civile compte tenu du rôle important qu’ils jouent dans la bonne marche du système de la commande publique.

Hormis les activités courantes de formation et d’information, d’audit annuel des marchés publics, de traitement des litiges, l’ARMP a inscrit une activité phare dans son plan d’actions 2022, la conduite de l’évaluation du système national des marchés publics, sous le leadership du gouvernement.

Le non-respect des règles en matière de dépense publique et les cas de non-conformité à la règlementation sont-ils des problèmes auxquels vous êtes confrontés dans le cadre de la régulation des marchés publics ?

Evidemment, comme tous les organes de régulation, l’ARMP n’est pas épargnée des difficultés liées au manquement à la règlementation en la matière. La réglementation des marchés publics étant une dynamique, il est plausible de constater des défaillances nées souvent de la méconnaissance des textes.

Les cas de non-conformité sont relevés régulièrement à l’occasion des recours, des enquêtes, des conciliations ou des missions d’audit annuel commandé en vue d’apprécier le niveau du respect de la réglementation en matière de marchés publics au Niger.

Et à chaque fois, des mesures correctives sont prises à travers les décisions du Comité de Règlement des Différends, les rapports d’enquête et les suivis des recommandations des audits.

Le renforcement des capacités que j’évoquais tantôt permet de prévenir ces insuffisances et d’influer positivement sur la performance du système. Pour cela, l’ARMP initie également des sessions de formation sur des thématiques spécifiques au profit des acteurs du système des marchés publics.

Il est admis en effet, qu’une bonne formation des acteurs contribuerait significativement à pallier les imperfections constatées.

Il y a lieu de rappeler ici que l’ARMP veille au respect des principes de la commande publique à savoir l’économie et l'efficacité du processus d’acquisition ; le libre accès à la commande publique ; l'égalité de traitement des candidats ; la reconnaissance mutuelle ; la transparence des procédures à travers la rationalité, la modernité et la traçabilité. Ces principes ont pour objectif de rendre efficace le système national des marchés publics.

Chaque structure introduit régulièrement des réformes pour la bonne marche de ses activités. Au niveau de l’ARMP, quelles sont les innovations emblématiques ?

S’agissant des réformes, il est important de signaler que l’ARMP produit constamment des textes innovants afin de répondre aux exigences du moment. On peut citer, à titre illustratif, l’élaboration des guides et brochures et des documents types afin de faciliter à tous les acteurs, l’appropriation des dispositions règlementaires sur les marchés publics. Il est à relever aussi l’adoption récente du texte portant canevas des caractéristiques et spécifications techniques pour la passation des marchés de fourniture de matériels roulants et un autre texte relatif au matériel informatique.

Dans ce même cadre, il convient de mentionner également l’adoption de l’arrêté fixant les modalités de recours à l'accord-cadre dans les marchés publics et les délégations de service public ; celui portant archivage des documents relatifs à la passation et l’exécution des marchés publics et des délégations de service public et un autre  portant approbation du Manuel de procédures adapté aux marchés des Etablissements Publics, Sociétés d'Etat, Sociétés d'Economie mixte et Sociétés à participation financière publique majoritaire.

Aussi, pour faciliter l’accès de l’usager au service public que délivre l’ARMP, des antennes ont été créées dans toutes les régions. Les bâtiments devant abriter les sièges de ces antennes sont totalement achevés et inaugurés pour certains et bien avancés en construction pour d’autres. Afin d’accroître davantage la proximité avec les acteurs régionaux, des actions sont en cours pour permettre la réalisation de certaines activités de l’Agence par visioconférence. Ce sont là quelques innovations majeures.

Grâce à l’appui constant du Gouvernement, force est de reconnaitre que la réglementation sur les marchés publics au Niger est conforme aux standards internationaux. C’est dire que les efforts déployés et les moyens consentis ont permis de hisser l’ARMP au rang des organes de régulation des marchés publics de référence dans la sous-région.

C’est assurément une fierté pour notre pays et cela nous donne, à juste titre, des raisons d’espérer quant au renforcement de la performance de notre système de la commande publique.

Quelle place occupe la communication dans vos activités ?

La communication est aujourd’hui un outil incontournable pour toute gestion de type moderne et l’ARMP ne l’a pas occulté. Ainsi, nous disposons de plusieurs canaux de communication appropriés à la nature de nos activités notamment d’un site web, d’une revue spécialisée des marchés publics qui paraît chaque semaine et très bientôt un numéro vert sera opérationnel donnant ainsi la possibilité de faire une dénonciation anonyme pour toutes les violations constatées dans le déroulement de la passation des marchés publics.

Notons que dans le cadre des campagnes de communication, un sketch publicitaire sur les recours dans le domaine des marchés publics a été réalisé et diffusé à travers plusieurs médias à large diffusion.

S’agissant de la visibilité de nos activités, il faut noter que l’ARMP dispose d’une stratégie de communication assortie d’un plan d’actions. Nous disposons également d’une charte graphique.

La grande innovation, c’est la dotation prochaine des secrétariats régionaux de l’ARMP en kit de visioconférence afin de permettre aux parties prenantes de participer directement aux sessions consacrées au traitement des litiges en marchés publics, à partir de leurs régions respectives.  A travers ce dispositif de télétravail, c’est véritablement une nouvelle ère qui s’ouvre dans la relation de proximité entre l’ARMP et l’ensemble des acteurs de la commande publique.

Par Seyni Seydou Zakaria(onep)

« La France ne tient sa position de puissance mondiale que par la domination et l’influence qu’elle exerce sur nos pays qui lui permet un accès gratuit à nos ressources naturelles »

 

Le 1er septembre dernier vous avez organisé un sit-in au niveau du rond-point Escadrille, qui, il faut le rappeler, a drainé une foule importante. Parlez-nous de vos stratégies mises en place à cet effet ?

La lutte pour notre souveraineté, notre liberté et notre dignité a une portée nationale et doit par conséquent impliquer toutes les forces vives de la nation. C’est pourquoi, nous avons opté pour une approche inclusive et participative de toutes les différentes composantes de notre nation. De ce fait, le Cadre Unique d’Actions des Forces Vives du Changement – CUAFVC regroupe en son sein des leaders religieux, politiques, scolaires, de la société civile et des opérateurs économiques. Ainsi, lors de nos différents appels à manifestation, nous privilégions particulièrement une stratégie de proximité consistant à ce que chaque leader membre du cadre s’adresse particulièrement à une catégorie de citoyens chez qui il jouit d’une certaine notoriété.

Mais au-delà de toute considération, il est important de reconnaître que les événements du 26 juillet 2023 ont favorisé un élan patriotique au sein des populations qui nous facilite largement la mobilisation. En effet, l’avènement du CNSP au pouvoir est un ouf de soulagement pour l’écrasante majorité des Nigériens en témoigne les manifestations spontanées  de soutien partout au Niger.

Votre cadre ne faiblit point en organisant des manifestations populaires par ci par là. Vous comptez appeler les populations à un sit-in géant le vendredi 15 juin. Comment se déroule les préparatifs pour ce grand rassemblement ?

La France, l’ennemi de notre souveraineté, de notre liberté et de notre dignité mène en ce moment et sur nos terres une lutte de survie. Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne que la France ne tient sa position de puissance mondiale que par la domination et l’influence qu’elle exerce sur nos pays qui lui permet un accès gratuit à nos ressources naturelles dont la plus stratégique est l’uranium. Et au vu de l’activisme des autorités françaises qui ont mis en contribution leurs réseaux d’influence pour punir le peuple nigérien à travers des sanctions illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et certaines organisations internationales, nous pouvons sans risque de nous tromper affirmer que la France cherche l’affrontement vaille que vaille. Nous à notre niveau, nous cherchons un règlement à l’amiable. Notre conviction est qu’à l’étape actuelle de notre lutte nous devons faire preuve davantage de détermination et de courage. C’est pourquoi, nous allons continuer à mobiliser les patriotes jusqu’au départ définitif de l’armée française du Niger mais même au-delà puisque la lutte pour notre souveraineté est un chantier majeur qui s’inscrit dans la durée.

Nous voudrions bien connaître cette structure qui est le Cadre  Unique d’Action des Forces Vives du Changement (CUAFVC), présentez-nous cette organisation et dévoilez nous ses missions?

Le CUAFVC est né dans le but de créer une synergie d’action des Forces Vives du Changement qui luttent pour la souveraineté et le bien-être de notre peuple. Le cadre est en cours de formalisation et se structure autour des cinq organes suivants : La Conférence des leaders qui est l’organe suprême qui élabore et met en œuvre les plans stratégique et opérationnel. Elle regroupe tous les leaders des différents mouvements et organisations membres du cadre. Le Conseil d’orientation qui est le principal organe de conseil qui vient en appui à la conférence des leaders et des autres organes. Il regroupe en son sein des experts chevronnés sur les questions de souveraineté. Les Commissions techniques forment la cheville ouvrière du cadre dans l’exécution des plans d’actions ; les Organes de relais régionaux sont la continuité et représentent le cadre au niveau régional. Sans oublier le Think Tank qui a pour objectif de produire de l’intelligence stratégique afin d’éclairer nos décideurs publics et privés sur les questions d’intérêt géostratégique pour notre pays et notre région. Des savants reconnus par leurs pairs seront mis en contribution. Les impérialistes font de la réflexion stratégique et produisent de l’intelligence et donc ils ont une capacité d’anticipation et de l’avance sur nous. Pour preuve, déjà en ce moment ils sont en train de préparer les élites qui gouverneront nos pays dans les décennies à venir. Tous nos jeunes talentueux, les plus brillants sont cooptés et sont liés à ces chancelleries occidentales. Pendant longtemps, nous avons péché dans ce domaine, maintenant il urge de corriger cela.

On voit que toutes ces manifestations drainent un nombre important de citoyens, comment expliquez-vous cet engouement pour exiger le départ des troupes françaises au Niger ?

Devant la menace existentielle relative à la montée en puissance du terrorisme à laquelle les pays sahéliens, notamment le Burkina, le Mali et le Niger, font face depuis plus d’une décennie et qui a entraîné le déploiement sans précédent des forces armées étrangères dans la zone, les opinions publiques réclament davantage d’autonomie stratégique pour leur pays. Il vous souviendra qu’en mars 2011, dans le contexte des contestations populaires appelées « Printemps arabe », une coalition militaire emmenée par les USA, la France et le Royaume-Uni lança une offensive militaire en Libye qui a eu pour conséquence la mort du guide libyen Mouammar Kadhafi et la chute de son régime. Cette situation a entraîné par la suite l’effondrement de l’État libyen qui, à son tour, a occasionné, avec la libre circulation des armes de tout genre, l’accroissement exponentiel des menaces terroristes, insurrectionnelles et la criminalité transfrontalière au Sahel, particulièrement au Mali, au Burkina et au Niger.

Ces pays, n’étant pas préparés pour faire face à ces nouvelles menaces, ont appelé la communauté internationale à l’aide. C’est ainsi que la France est intervenue militairement d’abord au Mali avec la mission Serval qui a eu le mérite de stopper la marche des djihadistes sur Bamako. Depuis lors, la France y a maintenu une présence militaire très forte et l’a étendue au Niger et au Burkina. Les Nations Unies aussi ne sont pas en reste, elles ont déployé une mission de maintien de la paix dénommée MINUSMA qui s’est investie à travers des programmes de Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS). De plus, d’autres partenaires extérieurs non des moindres, notamment les USA, ont installé des bases militaires dans la zone, particulièrement au Niger. Cependant, malgré la présence militaire très forte des partenaires extérieurs occidentaux en général, la crise sécuritaire, qui au départ était localisée sur une portion du territoire malien, s’est aggravée en se métastasant, affectant ainsi leur voisinage immédiat. Avec la présence militaire de ces partenaires, le Burkina, le Mali et le Niger, ont perdu davantage leur capacité souveraine de prendre des initiatives pour ramener la paix, en témoigne le refus catégorique des autorités françaises lorsqu’il s’est agi pour les autorités en place à l’époque au Mali, de négocier avec certains groupes djihadistes. C’est pourquoi, de plus en plus les opinions publiques sahéliennes sont favorables au départ des troupes étrangères et au renforcement de l’autonomie stratégique de leur pays.

Nous avons vu la diaspora, les leaders religieux, les acteurs de la société civile adhérer tous à ce changement, dites-nous comment arrivez-vous à coordonner tout cela ?

Nous nous battons pour une bonne cause au bon moment. Et tous les Nigériens et au-delà tous les patriotes africains sont conscients des enjeux de cette lutte pour la souveraineté pleine et entière de notre peuple. S’agissant de la coordination de nos différents rassemblements, nous avons opté pour un leadership collectif qui place chacun de nous devant ses responsabilités.

Quel est le message fort que vous avez à l’endroit des nouvelles autorités pour mener à bien la transition ?

Nous les appelons à se concentrer prioritairement sur la construction de notre souveraineté et la bonne gouvernance. Cependant, pour que la souveraineté de notre peuple soit durable, il va falloir aller vers une fédération avec d’autres pays frères. Pour nous donc, le chantier majeur le plus stratégique c’est la création d’un Etat fédéral réunissant au départ le Burkina, la Guinée, le Mali et le Niger. C’est pourquoi, nous appelons les autorités des transitions du Burkina, du Ghana, du Mali et du Niger à se concentrer prioritairement sur la création d’un Etat fédéral et à entreprendre de toute urgence les chantiers majeurs et actions prioritaires notamment la création d’une armée fédérale constituée des membres des armées des États cités plus haut ; la création d’une monnaie commune ; la refonte ou réforme du système éducatif ; le développement des réseaux ferroviaires, routiers et d’une compagnie aérienne commune ; la communication et la sensibilisation des masses populaires sur la défense des intérêts supérieurs de nos États et sur les enjeux géopolitiques mondiaux.

La population est acquise à cette cause depuis le 26 juillet dernier, quel appel avez-vous à lancer pour maintenir cette mobilisation et cette pression jusqu’à la conquête d’une souveraineté nationale totale ?

Le temps est venu pour notre pays de se libérer définitivement du néocolonialisme français. Dieu tout puissant nous offre, aujourd’hui, une occasion exceptionnelle de retrouver notre souveraineté, notre liberté et notre dignité. Jamais nous n’avons été si proches de la victoire. En effet, les contextes national, régional et international nous sont exceptionnellement favorables. Sur le plan national, nous avons la chance d’avoir à la tête de notre pays des patriotes, des courageux et braves. Aussi, la gravité de la situation actuelle de notre pays a eu le mérite de nous unir. Et, lorsque notre peuple est uni nous sommes plus forts. C’est un atout majeur. Sur le plan régional également le Burkina, la Guinée et le Mali ont entamé le processus de libération définitive du joug du néocolonialisme français. Les patriotes aux commandes de ces Etats frères nous ont témoigné de leur solidarité agissante. Et le communiqué conjoint des gouvernements du Burkina et du Mali annonçant que « toute intervention militaire au Niger sera considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre » illustre parfaitement cette solidarité. Sur le plan international, l’ordre mondial dominé par le camp occidental est en cours de mutation et tout indique qu’on va vers un monde multipolaire plus juste.

Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)

Source : https://www.lesahel.org

Poste administratif créé en 1974,   Balleyara, situé sur la RN25 à 96 km au nord-est de Niamey, est devenu département à partir de 2011.  A l’instar des tous les départements du Niger, Balleyara a bénéficié d’importants investissements, avec entre autres des kms de routes bitumées reliant le département aux autres localités, des classes en matériaux définitifs, d’hectares de terre récupérés et mis en valeur, de l’appui au développement de l’agriculture, aussi et surtout un marché de bétail de référence. Cependant, ce jeune département n’est pas épargné par l’insécurité qui menace la région de Tillabéri en particulier et notre pays en général. Hamidou Djibo est préfet de Balleyara depuis le 4 décembre. Dans cette interview exclusive qu’il a bien voulue nous accorder en marge du récent Festival Kel Tamajaq, il explique la situation sécuritaire ainsi que ses corolaires et répond à nos questions sur les défis du développement socio-économique de la circonscription.

Le Niger en général et la région de Tillabéri en particulier, fait face à l’insécurité ces dernières années. Comment se présente la situation aujourd’hui dans le département de Ballayara ?

Merci de m’avoir donné cette opportunité de parler de notre jeune département, Balleyara. Dieu merci, nous ne sommes pas au « rouge ». C’est un acquis, c’est une situation que nous avons trouvée et nous sommes en train de consentir tous les efforts pour conserver cette quiétude. Chaque lundi, nous sommes en conseil de sécurité, pour évaluer la situation.

A notre arrivée, après notre rencontre avec les structures socio-culturelles et économiques du département, nous avons rencontré aussi tous les leaders coutumiers et religieux. L’Etat a doté les FDS en armement et moyens roulants mais il faut la collaboration de la population. Nous leur avons demandé de continuer à sensibiliser la population, afin qu’elle nous saisisse rapidement de tout comportement ou fait suspect. Nous avons tenu à les rassurer qu’ils seront couverts, parce qu’ils seront dans l’anonymat. Nous, nous sommes là pour agir. Aux marabouts, nous avons demandé de nous accompagner par les prières. Ces prières sont des véritables armes. 

M. le préfet, l’insécurité rime avec diverses formes de banditisme et de trafic d’armes, de stupéfiants et de carburant fraudé. Qu’en est-il ici ?

Je disais tantôt que chaque lundi on est en conseil de sécurité. Effectivement ces derniers temps, dans la version des faits que nous avons, le banditisme est entrain de grandir. Nous nous sommes assis pour analyser, pourquoi au départ, Il n’y avait pas cela ?

Et la consommation de la drogue est en train de monter. Pas plus tard qu’hier (samedi, 8 janvier) nous avons arrêté un certain nombre de jeunes avec une quantité importante de drogue. Ces jeunes ont été remis à la justice pour détention et consommation de drogue. C’est un phénomène nouveau mais très sérieux à Balleyara. Et c’est pourquoi, nous sommes en train de faire des plaidoyers vers l’Etat et les partenaires. L’Etat n’a pas failli, mais nous faisons plus ce plaidoyer pour que nous puissions encadrer ces jeunes. En fait, c’est ça qui est en train de créer l’insécurité, ils sont tentés par l’argent et ils sont recrutés facilement. Et là c’est dangereux.

Par rapport au carburant fraudé, il a des conséquences sur la sécurité, étant donné que nous pensons que les terroristes trouvent le ravitaillement en carburant à partir de la fraude. Raison pour laquelle les jours passés, nous avons voulu fermer l’unique station d’essence qui est ici. Mais après, on s’est ravisé qu’elle est unique, elle est seule, donc on a placé une surveillance de ceux qui payent du carburant là-bas.

Et nous sommes en train de travailler pour voir le tuyau par lequel le carburant rentre à Balleyara. On a compris que ça vient de vers Loga. Rien qu’avant-hier, vendredi 7 janvier dernier, nous avons fait une saisie de 536 bidons de 25 l sur 5 véhicules, bien chargés. Nous avons vraiment mis le paquet, cette saisie est énorme. Nous sommes en train de démoraliser les fraudeurs pour qu’ils puissent à la longue abandonner cette activité.

Et quelles sont vos perspectives pour la conscientisation de cette jeunesse ?

Nous avons convoqué les vendeurs d’essence de la rue comme on les appelle. Nous avons eu à leur dire que ce n’est pas l’activité en soit qui est mauvaise, mais c’est les conséquences qu’elle peut engendrer. Toi tu vends de l’essence pour trouver de l’argent, mais souvent celui à qui tu vends va s’armer pour venir te tuer. Vous voyez le danger de la chose. Ils ont compris, et nous leur avons dit que si nous n’avons pas la force d’éradiquer totalement cette vente, faites en sorte qu’on sache à qui vous vendez.

De l’autre côté, la délinquance à laquelle petit à petit les jeunes sont en train de prendre goût, nous sommes en train de rencontrer un certain nombre de partenaires pour aller vers la sensibilisation des jeunes, chercher d’autres mécanismes par lesquels ils peuvent trouver des petits crédits, payer des motos, faire, ne serait-ce que du ‘’Kabou-Kabou’’. En tout cas chercher à les occuper, parce que cette affaire de vente de carburant fraudé c’est encore eux. Pourquoi, parce qu’ils n’ont rien à faire et là c’est dangereux. On doit créer des travaux d’envergure pour que les jeunes puissent y être employés. Si on les occupe ça peut aller. Sinon maintenant le tableau est sombre.  

A présent, quels sont les défis du développement socio-économique du département de Ballayara ?

Les défis de développement socio-économique de Balleyara, c’est d’abord de renforcer beaucoup les structures paysannes présentes et travailleuses, les doter en semences à temps, en pesticides, en engrais, etc. pour booster le rendement. Ça c’est un défi et il faut qu’on le fasse. Nous voulons que l’Etat essaye de faciliter encore l’accès à l’engrais. L’engrais est incontournable pour les producteurs. D’un côté aussi on va continuer à emblaver certaines parties dégradées pour un peu augmenter le nombre de terres fertiles et cultivables. Deuxième aspect, c’est que nous avons un marché important ici à Balleyara. Les infrastructures sont là, on a pu créer le marché moderne de bétail, il suffit maintenant de le rendre plus rentable en permettant une certaine accessibilité. Rien que la semaine passée, nous avons identifié tous ceux qui sont des intermédiaires, parce qu’il y a assez de problèmes avec les intermédiaires. Ce sont eux qui compliquent le marché. Si le marché marche bien, c’est à travers les intermédiaires. Quelqu’un peut amener son animal à vendre, il le confie à l’intermédiaire et il s’en va pour attendre. Maintenant, vous allez voir l’intermédiaire va augmenter une somme importante. C’est ça qui rend aujourd’hui le marché très cher et difficile. Ce qui fait que certains préfèrent acheter ailleurs que de venir à Balleyara. Par rapport toujours à ces intermédiaires, c’est des gens à qui on n’a pas trop confiance souvent. C’est pourquoi on les a recensés officiellement en leur faisant des cartes professionnelles et de temps en temps, la police descend pour contrôler. Nous pensons que dans cette période d’insécurité, parmi eux, il y en a qui amènent des animaux volés ou viennent chercher des renseignements sur la ville. Nous sommes regardants sur tout ça. Si vraiment on continue avec l’agriculture et l’élevage je crois que Balleyara sera viable sur le plan économique.

Avez-vous quelque chose d’autre à ajouter M. le préfet ?

Ce que nous allons ajouter, c’est par rapport à cette situation de déplacés internes que nous avons et qui grandit. Certains partenaires ont tendance à dire que Balleyara comme Kollo ce n’est pas au rouge, c’est au vert. Et par rapport à l’appui qu’ils font, ils vont vers Banibangou, Ouallam, Ayorou pour dire que là-bas, c’est plus dangereux qu’ici. Mais ils ne se rendent pas compte que nous subissons des effets collatéraux. Parce que ceux qui descendent et fuient leur zone, ils viennent s’entasser ici à Balleyara. Dès qu’ils arrivent tout ce qu’ils avaient comme difficulté, ils les apportent, ils nous contaminent et c’est vraiment dangereux. A leur actuelle, nous avons plus de 408 ménages venus exclusivement de Banibangou et 2293 déplacés internes dont 225 femmes cheffes de ménage.

Réalisée par Abdoul-Aziz Ibrahim(Onep) et Ismaël Chékaré(Onep), Envoyés spéciaux

« Les défis, c’est d’abord de renforcer beaucoup les structures paysannes présentes et travailleuses, les doter en semences à temps, en pesticides, en engrais, pour booster le rendement »

28 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/

« Nous demandons à tous les Nigériens de s’approprier ces installations surtout le pipeline qui traverse 5 régions de notre territoire sur plus de 1200 km »

 

Le lancement de la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem est un moment historique pour le Niger qui sera désormais inscrit parmi les pays exportateurs du pétrole brut. Elle permettra à notre pays le Niger l’ouverture d’opportunités pour la création d’emploi à la jeunesse à travers des pôles d’activités économiques. Pour les communautés locales, la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem aura certainement des impacts comme la connexion en énergie électrique pour développer les activités socio-économiques ; la construction des centres de santé ; l’approvisionnement en eau potable ; la construction des classes en matériaux définitifs. Dans cette interview, le directeur général des Hydrocarbures revient sur la portée historique de cet événement majeur ainsi que ses répercussions sur le plan économique et social.

Monsieur le directeur général, dans quelques instants les autorités nigériennes vont lancer officiellement la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem, quelle signification revêt cet événement pour notre pays ?

En effet, je suis très fier de me tenir devant ce complexe gigantesque en compagnie des équipes avec lesquelles nous avons travaillé d’arrache-pied pendant trois (3) ans sinon plus, en collaboration avec nos partenaires de la CNPCNP pour faire naitre ce projet. C’est un projet gigantesque en ce sens qu’il est d’ailleurs le plus grand projet que nous réalisons au Niger. C’est un investissement de plus de six (6) milliards de dollars qui a généré des milliers d’emplois, d’où son impact sur le plan économique. C’est dire que l’événement est historique et je suis content que les autorités nigériennes puissent effectuer le déplacement de Koulélé pour l’inauguration officielle de la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem, qui va désormais lancer notre pays sur une nouvelle aventure pétrolière. Le projet du boc d’Agadem a deux composantes majeures : la composante amont a consisté à forer et développer les différents puits qui vont assurer la production, réaliser les installations de surface et de production et la deuxième composante qu’est le pipeline dont le rôle principal est de transporter les quantités produites du pétrole brut d’Agadem au port de Semé (Benin). Ces deux travaux ont généré plus de 10.000 emplois (9.000 emplois sur la partie amont et 2.500 emplois sur la partie pipeline). Plus de 400 sociétés locales qui ont eu des contrats de sous-traitance pour un volume cumulé de plus de 700 millions de dollars.

La production du pétrole brut obéit à un processus de traitement pour s’assurer de la qualité du produit final, est-ce que toutes les étapes du processus sont scrupuleusement respectées afin que le pétrole brut nigérien soit compétitif sur le marché international ?

De 2008 à nos jours, le Niger a beaucoup appris de l’exploitation pétrolière. L’administration en charge du pétrole que nous représentons a beaucoup œuvré main dans la main avec nos partenaires pour que la qualité de la production et la qualité du produit soient assurées. Aujourd’hui, on peut dire sans hésitation au peuple nigérien que nous sommes en mesure de certifier que toutes les opérations réalisées sur les sites d’Agadem concourent à la préservation des intérêts de l’Etat du Niger. Nous donnons cette assurance parce que nous travaillons étroitement avec nos partenaires pour la qualité du travail accompli. Nous avons en permanence des agents sur le terrain, que ça soit en phase de construction ou en phase d’exploitation. A titre illustratif, sur le site de la station CPF de Koulélé, nous aurons en permanence sept (7) agents de l’Etat sur différents points stratégiques qui vont assurer les contrôles essentiels. Des inspecteurs pétroliers ont été formés par l’Etat. Ces inspecteurs ont été certifiés au plan international avec toutes les compétences pour superviser le processus de bout en bout. Actuellement, nous avons des opérations de métrologie qui sont en cours par l’Agence Nationale de Normalisation, de la Métrologie et de la Certification. Ce sont eux qui vont donner le quitus pour dire que les compteurs qui vont déterminer les quantités qui passent pour la commercialisation donnent les valeurs exactes. L’agence en a les compétences nécessaires pour la réalisation de travail. C’est dire que l’Etat sera le garant de toutes les opérations qui se font au niveau d’Agadem.

Sur les différents sites du bloc d’Agadem, les employés nigériens travaillent aux cotés des expatriés chinois de la société CNPCNP, quelles sont les dispositions qui ont été prises pour protéger l’emploi des Nigériens et améliorer leurs conditions de vie et de travail sur le terrain ?

Dans le cadre de la protection et de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs sur les sites du bloc d’Agadem, plusieurs réformes ont été engagées depuis deux (2) ans. Vous pouvez d’ailleurs discuter avec les différents travailleurs de la CNPCNP pour en savoir plus. Nous sommes en train de travailler sur le transfert de compétences qui passe par la promotion des Nigériens. Ceux-ci ont de plus en plus des qualifications précises pour la protection de leur emploi. Il y’a des Nigériens dans cette phase II de la mise en production du bloc d’Agadem, qui vont être des superviseurs de site ; des supers intendants ; des responsables sur différents sites. Ce sont des discussions fermes que nous avons eu avec nos partenaires et nous avons pu obtenir cette implication des Nigériens. En ce qui concerne le coté recrutement, nous avons beaucoup amélioré le recrutement des Nigériens. A ce niveau, la plupart des opérateurs seront locaux et d’ici un (1) an, l’ensemble des opérateurs vont être Nigériens. Voilà entre autres des résultats tangibles auxquels nous sommes parvenus.

Comment se porte aujourd’hui le partenariat entre le Niger et la Chine par rapport à l’exploitation pétrolière ?

Ce partenariat est excellent. Aujourd’hui, la Chine est un partenaire privilégié pour le Niger dans le domaine de l’économie en général et dans le secteur pétrolier en particulier. La mise en production de la phase II vient consolider la phase I qui a démarré en 2011. Elle vient renforcer la position du Niger sur l’échiquier pétrolier international. Je tiens à dire que cette production qui passe à 110.000 barils par jour garantit à notre pays un niveau qui va au-delà de certains pays qui sont membres de l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP). Il faut que cela soit compris par les Nigériens. C’est un grand pas que nous faisons et nous avons d’autres projets qui seront développés avec notre partenaire chinois. Nous sommes confiants sur le fait que cette aventure ne fait que démarrer.

Lorsque le pétrole brut nigérien sera acheminé à travers le pipeline export jusqu’au port de Semé au Bénin, comment va s’effectuer la commercialisation ?

Je tiens à apporter cette nuance pour que les Nigériens comprennent le rôle de chacun. Nous sommes partenaires avec la CNPCNP avec laquelle nous travaillons sur ce projet. Mais c’est le Niger qui est producteur et qui a la propriété du pétrole brut. En effet, la société WAPCO à qui, l’Etat a confié à travers une autorisation de transport intérieur, la charge de construire et d’exploiter le pipeline n’est qu’un transporteur. Lorsque nous produisons, la société WAPCO va juste se charger de prendre le pétrole brut à partir de la station initiale de Koulélé pour l’amener à Semé au Bénin. Le travail de cette société est terminé à partir du port. C’est le Niger qui, étant producteur, va se charger de la gestion de la commercialisation du pétrole brut. A cet effet, il y a lieu de préciser que tous les mécanismes juridiques sont en train d’être gérés entre les trois parties. L’Etat du Niger connait ses quantités. Sur une production totale de 100.000 barils, nous avons les différentes taxes qui sont prélevées ; la part de notre participation dans le consortium. Ses quantités sont très bien connues et déterminées. Bref, tout le mécanisme de commercialisation est en train d’être déployé pour que l’Etat puisse tirer le maximum de bénéfice de cette commercialisation.

Quel message avez-vous à lancer à l’endroit de la population nigérienne à cette étape qui vient d’être franchie dans le domaine pétrolier ?

Le premier message adressé aux populations nigériennes, c’est d’être fières que nous puissions arriver à cette étape extrêmement importante dans l’histoire de l’exploitation pétrolière au Niger en dépit de toutes les contraintes auxquelles notre pays est exposé, particulièrement en cette période. Nous tenons par ailleurs à assurer les populations du Niger que toutes les dispositions sont prises par les autorités pour que cette ressource puisse profiter au maximum des Nigériens. C’est pourquoi, nous demandons à tous les Nigériens de s’approprier ces installations surtout le pipeline qui traverse notre territoire sur cinq (5) régions sur plus de 1200 km.

Hassane Daouda (ONEP), Envoyé Spécial 

Source : https://www.lesahel.org/ 

Monsieur le secrétaire général, quel rôle joue concrètement la Fédération des Organisations Patronales du Tourisme et de l’Hôtellerie du Niger (FOPATH-NIGER), dans ce secteur d’une importance capitale pour notre pays ?

La Fédération des Organisations Patronales du Tourisme et de l’Hôtellerie du Niger (FOPATH-NIGER) est une structure associative patronale qui regroupe plusieurs associations patronales du secteur du tourisme et de l’hôtellerie qui sont : l’Association

Patronale des Etablissements d’Hébergement, de Restauration et d’Evènementiel (APEHRE-Niger), comprenant les hôtels, les autres formes d’hébergement, les restaurants, le tourisme et les évènementiels ; l’Association Patronale des Etablissements de Loisirs et de Divertissements (APELD-Niger) comprenant les bars, les boites de nuit, les salles des jeux et les casinos et l’Association Patronale des Etablissements de Voyages de tourisme et Location de Voitures (AP/EVOLOV-Niger), comprenant les agences de voyage et de location de voitures, les concessionnaires de chasse et de pèche et les Associations de guides. Le rôle de notre Fédération est d’assurer la défense des intérêts matériels et moraux des entreprises membres des associations qui la composent. Ainsi, elle assiste les associations patronales du tourisme et de l’hôtellerie du Niger en leur apportant un appui technique qui les mettent en valeur, en favorisant leur développement économique. FOPATH-NIGER représente, promeut et défend les intérêts des acteurs, initie et renforce les relations de coopérations touristiques entre les organisations professionnelles des autres pays.

Elle fournit également aux organisations patronales nationales les services et informations nécessaires pour faciliter de bonnes prises de décision en faveur des intérêts de la profession ; mutualise les moyens et actions de promotion touristique du pays sur les marchés émetteurs de touristes ; défend auprès des pouvoirs publics nationaux, de l’UEMOA et des autres Institutions Communautaires et Internationales les intérêts de la profession dans les domaines de la fiscalité, la normalisation, la règlementation et soutenir la mise en œuvre de politiques d’investissements adaptées à l’activité. Aussi, elle encourage au niveau de chaque région, l’organisation de campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation des populations d’accueil dans le cadre du tourisme durable, promeut les valeurs économiques et sociales du tourisme, comme facteurs essentiels d’intégration régionale et sous régionale, la densification de l’économie nationale, de circulation de biens et services et faire du Niger un pôle touristique attractif en Afrique et crée un cadre de concertation, de dialogue, d’échange, d’initiative et de proposition pour prendre en charge collectivement l’ensemble des problèmes liés au développement et à la promotion du tourisme durable sur toute l’étendue du territoire national, dans un contexte international caractérisé par la mondialisation et la globalisation des échanges. Elle crée, initie, administre et finance ou subventionne des activités à caractère touristique ou professionnel.

La pandémie de la Covid-19 a perturbé certains secteurs d’activité notamment celui dans lequel vous exercez à savoir le tourisme et  l’hôtellerie, quel est l’impact  de  cette pandémie  sur ce secteur ?

A l’échelle mondiale, le secteur du tourisme et de l’hôtellerie reste celui qui a été le plus durement et massivement touché, et son impact découle de la mise en œuvre des nombreuses mesures de restrictions que notre pays à l’instar des autres pays du monde a été amené à prendre notamment : fermetures des frontières (terrestres et aériennes) ;

Interdictions des rassemblements (réunions, séminaires, ateliers, etc….) ; fermetures des lieux publics (restaurants, bars, bars dancing, etc…) ; Interdictions de voyager ; état d’urgence sanitaire. Les conséquences de toutes ces mesures se sont traduites par une diminution voire un arrêt de travail des entreprises du secteur.

« L’accompagnement de l’Etat a consisté à mettre en place une ligne de crédit de 150 milliards au niveau de certaines banques de la place ; mais les conditions d’accessibilité à ces fonds ont fait que la grande partie du montant est resté au niveau de ces banques »

Monsieur le secrétaire général, quelles sont les actions que vous avez entreprises en tant que professionnels du domaine pour  faire face à cette situation ?

Bien sûr, pour faire face à cette situation, plusieurs solutions ont été expérimentées par les chefs d’entreprises du secteur, les solutions envisagées dans un premier temps sont celles tendant à réduire aux maximums les charges d’exploitations des entreprises notamment : les charges salariales, en optant pour la mise en chômage technique d’une certaine catégorie du personnel des entreprises. Puis, la pandémie perdurant et l’aide de l’Etat se faisant toujours attendre, d’autres ont préféré purement et simplement procéder à la fermeture de leurs établissements. Devant un tel drame, en tant que structure associative, nous avons adressé un mémorandum en quatre points au Premier Ministre pour sauver le secteur, dont le plus important et sur lequel nous avons fondé nos espoirs et qui de la part même des spécialistes peut sortir le secteur du creux de la vague est le point relatif à une subvention à apporter aux entreprises du secteur. A la place de cette subvention, l’Etat a plutôt mis en place deux lignes de crédits, l’une de 50 milliards pour les petites et moyennes entreprises et l’autre de 100 milliards au profit des grandes entreprises. Mais, là où la mise en œuvre de cette mesure a échouée, c’est que ces 150 milliards, appelés aussi fonds COVID ont été placés dans des banques commerciales de la place qui ont fixé des modalités à leurs accès conformément aux conditions qui caractérisent leur gestion. A la fin de l’opération, même le tiers de ces fonds n’a pu être consommée et aujourd’hui, toute notre bataille vise à ce que l’Etat reprend en main cette opération et fixe des conditions plus favorables de sorte que ces fonds soient accessibles aux entreprises du secteur.

L’Etat a promis d’accompagner certains secteurs durement affectés, qu’en est-il de cette promesse  au niveau de votre secteur?

Comme je l’ai dit tantôt, l’accompagnement de l’Etat a consisté à mettre en place une ligne de crédit de 150 milliards au niveau de certaines banques de la place ; mais les conditions d’accessibilité  à ces fonds ont fait que la grande partie du montant est restée au niveau de ces banques. Toutefois, l’Etat a pris aussi deux (02) importantes mesures d’accompagnements dont l’une consiste à réduire le taux de la TVA de 19% à 10% dans le secteur et à rehausser le taux d’amortissement des investissements hôteliers (base de calcul de la taxe immobilière) de 2% à 5% dans le secteur.

Comment se porte aujourd’hui le secteur de l’Hôtellerie et du Tourisme  avec l’allègement des mesures restrictives?

Comme vous le savez, pendant que le secteur se trouvait dans le creux de la vague, nous assistons de plus en plus, dans notre sous-région, à une recrudescence de l’insécurité qui affecte considérablement la mobilité des personnes et donc du tourisme d’affaire et leurs regroupements. Cette situation a complètement mis un frein au peu d’embellie qu’a suscitée l’allègement des mesures de restrictions et plombe une deuxième fois le secteur du tourisme.

Peut-on alors affirmer que les perspectives sont désormais bonnes ?

Au contraire, les perspectives sont très mauvaises, en témoignent les menaces en contentieux que subissent la plupart des entreprises touristiques de la part des banques de la place pour incapacité de payement de leurs créances. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, la Fédération dans une lettre du 18 juillet 2022, adressée au Président de la République, a sollicité son implication personnelle pour qu’une partie du reliquat des fonds COVID soit affectée au rachat par l’Etat des créances des entreprises du secteur auprès des banques de la place.

Par  Aïchatou Hamma Wakasso(onep)

 

La Haute Autorité de lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA) est un organe permanent de lutte contre la corruption et les infractions assimilées créé par la loi n°2016-44 du 06 décembre 2016. Elle a pour mission la prévention et la répression des actes de corruption et infractions assimilées au Niger. Au titre de la prévention, la mission de la HALCIA consiste à travers des actions de formation, d’information et de sensibilisation, à promouvoir au sein des différents segments de l’Etat des comportements favorables à la lutte contre la corruption. Au plan de la répression, la HALCIA a pour mission de mener des investigations sur tous les faits de corruption et d’infractions assimilées sur l’ensemble du territoire national.

La HALCIA est de plus en plus sollicitée ces derniers temps dans le cadre de la lutte contre la corruption, les tricheries aux examens ainsi que d’autres infractions assimilées, que pouvez-vous dire à ce sujet ?

En effet, la HALCIA est de plus en plus dans la supervision des examens, concours et tests de recrutement. La HALCIA avait déjà mis en place par décision n°006 du 02 Juin 2021, un Comité de supervision des examens et concours qui est chargé d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie de supervision des examens et concours. En outre, les instructions données par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement aux différents responsables administratifs de l’Etat pour l’implication entière de la HALCA dans tout le processus d’organisation et de gestion des tests et concours de recrutement ont permis à la HALCIA de participer à la supervision de près d’une quarantaine de concours. Cette intervention a contribué à renforcer la crédibilité de ces opérations. Les constats faits lors du déroulement des tests et concours de recrutement varient d’un test à un autre. En termes d’infractions assimilées, de manière générale, les plus récurrentes par rapport aux concours et test de recrutement sont la fraude par voie électronique (l’utilisation du téléphone portable en salle) ; l’utilisation de documents non autorisés ; la tricherie sur des candidats ; la mauvaise gestion des fonds générés et/ou alloués pour l’organisation des concours.

{xtypo_quote}«La lenteur encore moins l’aboutissement des dossiers ne dépendent pas de la HALCIA mais de la justice (…) Après les investigations, la HALCIA transmet ses rapports au Procureur de la République»{/xtypo_quote}

Quels sont les dossiers les plus importants que la HALCIA a eu à gérer, ainsi que ceux qui sont actuellement en cours ?

Depuis sa création, la HALCIA a mené plusieurs actions d’investigation que nous ne pouvons citer ici et tous ces dossiers sont importants. Entre autres dossiers, la HALCIA a mené des opérations de contrôle des recettes fiscales, non fiscales et douanières ainsi que dans différents secteurs de l’administration centrale et déconcentrée. Cela a contribué à la mobilisation des ressources internes par des opérations de contrôle. Le contrôle a révélé plusieurs irrégularités. Des remboursements au profit de l’Etat ont été effectués et des pièces justificatives fournies. Ainsi, les différents rapports établis par nos services font ressortir d’importants manquements constitutifs d’infractions telles que le détournement de deniers publics ; l’abus de confiance ; le faux en écriture publique. La HALCIA est actuellement engagée sur plusieurs dossiers sans compter la supervision des concours et tests de recrutement et la gestion quotidienne des plaintes et dénonciations.

Le Président de la République Mohamed Bazoum a annoncé, le vendredi 17 décembre 2021, lors du message à la Nation, avoir donné plein pouvoir à la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), que vous dirigez. Que représente, pour vous, cette marque de confiance du premier magistrat du Niger ?

Nous remercions le Président de la République, Chef de l’Etat S.E.M Mohamed Bazoum pour la confiance qu’il a placée en nous. Cette marque de confiance traduit tout son engagement à lutter efficacement contre la corruption et les infractions assimilées au Niger.

Dans la matérialisation de cet engagement politique, la HALCIA fait partie des premières institutions à avoir été reçue par le Président de la République. A cette occasion des orientations claires ont été données par le Chef de l’Etat pour renforcer l’élan de lutte contre la corruption, en particulier la répression des faits et actes de corruption ainsi que dans le domaine de la prévention. D’ores et déjà, des réformes sont en vue. Pour cela, la révision de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption s’impose, pour la mettre en conformité avec les nouvelles orientations du Gouvernement ainsi que sa dotation en moyens conséquents en plus de la poursuite de sa vulgarisation à tous les niveaux. Mais la lutte contre la corruption ne peut se faire sans moyens, c’est pourquoi nous saluons l’engagement pris par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement lors de la célébration de la Journée Internationale de Lutte contre la Corruption, celui de réactualiser la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption (SNLC). La lutte contre la corruption est une affaire de tous, pour cela, je demande le soutien de tous les citoyens pour un combat sans merci contre ce fléau qui entrave le développement économique et social de notre pays.

Depuis le 23 juillet 2021, vous avez été nommé, par Décret, du Président de la République, Président de la HALCIA. Quelles sont vos ambitions et perspectives pour mieux lutter contre la corruption au Niger ?

Mon ambition est de continuer la lutte que mes prédécesseurs ont engagée, en mettant l’accent sur les actes de corruption, en transmettant les résultats des enquêtes au Procureur du Tribunal de Grande Instance de Niamey et en renforçant la prévention des actes de corruption. Je préfère être jugé à l’œuvre. 

Quand on parle de lutte contre la corruption, les gens ne voient que la répression. Quelles sont les actions que mènent la HALCIA dans le cadre de la lutte contre ce fléau ?

La lutte contre la corruption ne se résume pas à la répression. La HALCIA  a une mission qui renferme non seulement le volet investigation, mais également un volet prévention par des actions de formation, d’information et de communication. Ces actions sont mises en œuvre en relation avec l’ensemble des structures à savoir l’administration publique, les organisations de la société civile, le secteur privé et les médias.

Depuis l’adoption de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption, qu’est-ce qui a changé dans vos procédures de travail ?

Il faut d’abord souligner que la mise en œuvre de la stratégie a permis à la HALCIA de faire un audit sur son fonctionnement, ce qui a permis de relever des insuffisances. Les résultats ont permis à la HALCIA de disposer désormais d’un manuel de procédures administrative, financière et comptable, d’un  manuel des procédures de réception, d’analyse, de traitement, de contrôle et du suivi des plaintes et dénonciations ainsi que d’un guide de référence de rédaction des rapports d’investigations.

La mise en œuvre de la SNLC a également permis à la HALCIA de renforcer ses ressources humaines par des mises à disposition. Des séances de renforcement de compétences sont également organisées par la HALCIA pour rendre son personnel plus performant dans ses investigations, ainsi des formations sur des thématiques ciblées ont eu lieu sur le contenu pénal de la corruption et des infractions assimilées, sur la passation de marché, sur les infractions fiscales et douanières, sur  la fiscalité liée au dédouanement de marchandises etc.

En 2021, la HALCIA s’est impliquée dans le recouvrement de certains fonds qui reviennent à l’Etat mais qui ne sont pas versés par les acteurs concernés. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs, de quoi il s’agit et quels sont les principaux résultats réalisés dans ce domaine ?

La HALCIA a engagé avec l’appui de l’UE des actions de contrôle sur les opérations de mobilisation des ressources de l’Etat et d’investigations sur des infractions économiques et financières. Ces opérations sont les recettes non fiscales au niveau de 17 ministères, les recettes fiscales au niveau des recettes des impôts de Niamey, les opérations douanières, le contrôle des dépenses des structures déconcentrées des ministères de la Santé, de l’Hydraulique, de l’Intérieur, de l’Environnement et de l’Agriculture et enfin le contrôle des réalisations physiques des structures déconcentrées des ministères de la Santé, de l’Hydraulique, de l’Intérieur, de l’Environnement et de l’Agriculture.

A l’issue de toutes ces opérations, les constats ont relevé que des recettes sont engrangées mais dépensées en dehors des procédures légales. Les remboursements sont en cours pour rétablir l’Etat dans ses droits. En effet, plus de 234 milliards de francs CFA de droits n’ont pas été versés à l’État par des personnes physiques ou morales. Sur l’ensemble de ces opérations de contrôle, c’est un montant de plus de 11 milliards de FCFA qui a été recouvré par l’Etat avec l’appui de la HALCIA.

Malgré ces efforts, les citoyens et l’opinion, en général, s’impatientent de voir de ‘‘gros dossiers aboutir’’. Quelle explication pouvez-vous donner à cette relative lenteur dans le traitement des cas de corruption que vous avez établis?

Nous comprenons les sentiments légitimes des citoyens, mais la lenteur encore moins l’aboutissement de gros dossiers comme vous le dites ne dépendent pas de la HALCIA mais de la justice. C’est pourquoi à mon avis il est important pour les citoyens de connaitre les misions de la HALCIA qui sont la prévention et la répression des actes de corruption. Le traitement des cas de corruption relèvent de la justice. Après les investigations, la HALCIA transmet ses rapports au Procureur de la République et la loi fait obligation aux autorités judiciaires d’ouvrir une information devant un dossier de corruption traité par la HALCIA. Autrement dit le Procureur de la République ne peut juridiquement classer sans suite un dossier relatif aux infractions économiques et financières traité par la HALCIA.

Réalisée Par Mahamadou Diallo

14 janvier 2022
Source : http://www.lesahel.org/ 

M. le Président, quelles sont les missions dévolues au Conseil  régional d’Agadez ?

Les missions dévolues aux collectivités territoriales en général et à la région d’Agadez en particulier découlent des dispositions de l’article 5 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en ces termes : ‘‘la commune et la région règlent par délibération les affaires relevant de leurs compétences’’. ‘‘Elles ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional. Elles concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, social et culturel ainsi qu’à la protection de l’environnement, à la mise en valeur des ressources naturelles et à l’amélioration du cadre de vie’’. Toutefois, ‘‘les collectivités territoriales exercent leurs compétences sous le contrôle de l’Etat, dans le respect des lois et règlements en vigueur ». En outre, elles « exercent leurs compétences dans le respect des sujétions imposées pour les besoins de la défense nationale’’. A cet égard, ‘‘l’Etat dispose, en tant que de besoin, des services des communes et régions, de leurs groupements et de leurs établissements publics’’. Par ailleurs, dans l’exercice de ces missions, ‘‘les actes pris par les autorités des collectivités territoriales sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif’’ d’une part et ‘‘sont susceptibles d’engager la responsabilité de la collectivité’’, d’autre part. L’article 104 du CGCT, consacré aux compétences générales de la région collectivité territoriale, dispose que «le Conseil régional règle par ses délibérations les affaires de la région, dans le respect des compétences des autres collectivités territoriales. A cet effet, il prend les mesures nécessaires pour promouvoir le développement économique, social, éducatif, sanitaire, scientifique, culturel et sportif de la région. Il peut, en outre, faire des propositions et émettre des avis sur toutes les questions d’intérêt régional relevant de la compétence de l’Etat ou de toute autre personne morale de droit public».

Parlez-nous du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales. Est-ce que tout se passe bien ?

En effet, c’est le Décret N°2016-075 /PRN/ MISP/D/ACR/ MEP/A/PLN/EC /MH/A/ MESU/DD/ MSP/ ME/F/ MEP/T/ MFP/RA, du 26 Janvier 2016, qui a précisé le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement. Disons-le directement, même si l’Etat fait des gros efforts pour nous accompagner, nous faisons face à de nombreuses contraintes liées au fonctionnement des Conseils Régionaux.

« Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population »

Quelles sont ces contraintes pour le Conseil régional d’Agadez ?

Pour celui d’Agadez, ces contraintes sont, entre autres: l’insuffisance des ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; les insuffisances liées au transfert de compétences et des ressources ; l’irrégularité dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale ; le faible niveau de mobilisation des ressources internes et externes par le Conseil Régional ; la faible rétrocession par l’Etat de certains impôts et taxes dus au Conseil Régional ; l’accaparement de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par les représentants de l’Etat et leurs démembrements tant au niveau national que régional et local ; la non prise en compte voire l’exclusion du Conseil Régional des procédures de signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) est un sérieux handicap pour nous; l’irrégularité de la tenue des sessions et des réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; l’inexistence d’un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation du plan et programmes du Conseil régional ; faible mise en œuvre du plan de communication du Conseil Régional ; les difficultés dans la coordination des interventions des partenaires techniques et financiers; l’insuffisance dans la maitrise par le personnel et les élus du Conseil régional, des compétences et missions à eux dévolues ; insuffisance dans la définition du cahier des charges du personnel ; insuffisance dans la gestion du matériel et de la logistique; insuffisance des ressources pour les divers cadres thématiques de concertation ; faible écoute à tous les niveaux des recommandations émises par le Conseil Régional ; faible consultation du Conseil Régional par les représentants de l’Etat sur les questions touchant à la vie de la région conformément à la loi ; insuffisance du partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées ; l’absence de certains outils de planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF).

La région d’Agadez est réputée être une région minière. Quel est l’apport de ce secteur au développement ?

La région d’Agadez renferme d’énormes potentialités minières et géologiques, dont la mise en valeur rationnelle pourrait constituer un atout important pour le développement durable du Niger en général et de la région en particulier. Les ressources minières sont légion dans la région comme l’uranium, l’or, le charbon minéral, le tungstène, le pétrole, l’étain, le cuivre, le sel, le natron, les pierres et métaux précieux et semi précieux notamment l’émeraude, la tourmaline, le grenat, l’agate, le béryl, la topaze, le vanadium, le wolfram ou wolframite, le zirconium, la barytine, l’améthyste, le colombo-tantalite, le tantale, le marbre, le quartz, etc. La production de l’uranium et du charbon est très forte, plaçant ainsi la région comme un des poumons industriels du Niger. Mais il faut citer comme difficultés liées à ce secteur la non maitrise par l’Etat et les collectivités territoriales du potentiel existant ; la méconnaissance du code minier par les populations; l’absence de transparence dans l’extraction, l’exploitation et l’exploration des sites miniers ; la non-implication des Collectivités dans la délivrance et la gestion des permis miniers ; le non-respect des lois et règlements par l’Etat et ses partenaires du sous-secteur minier ; la faible capacité de la population et des collectivités territoriales à exploiter de façon rationnelle les potentialités existantes ; la faible organisation des artisans miniers ; l’absence d’un laboratoire d’analyse ; l’absence d’un marché structuré national et sous régional ; la réduction des espaces pastoraux due à l’octroi de permis miniers ; la violation des espaces de réserves naturelles par les exploitations minières. Mais malgré tout, nous voulons relever les défis de créer les conditions de la promotion d’un développement économique et social inclusif à l’échelle de la région ; d’avoir une institution décentralisée fonctionnelle et performante; et de créer les conditions d’une meilleure application des dispositions de la décentralisation et de la déconcentration par tous les acteurs. Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population de la région mais aussi l’implication et l’alignement des partenaires dans la mise en œuvre du Plan de Développement Régional PDR.

Quelles sont alors pour vous les pistes de solutions pour gagner le pari du développement ?

Pour gagner ce pari du développement comme vous le dites, il faut que soient respectés les principes de redevabilité, de reddition des comptes, la promotion de la transparence et l’équité; renforcer les capacités du personnel et des élus du Conseil régional sur ses compétences et ses missions ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie régionale de mobilisation des ressources ; élaborer un manuel de procédure de gestion administrative et financière ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication. A notre humble avis, il faut doter l’institution en ressources humaines, matérielles, logistiques suffisantes; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité du transfert de compétences et des ressources; de respecter les échéances dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par le Conseil Régional. Il faut aussi réviser les dispositions de l’arrêté relatif à la signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) pour prendre en compte le Conseil régional dans sa compétence territoriale. Pour être en phase avec les textes, faire en sorte que se tiennent régulièrement les sessions et les réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; élaborer et présenter annuellement la situation socioéconomique de la région aux populations. Il nous faut voir comment concevoir et mettre en œuvre un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation des plans et programmes de la région; définir de façon claire le cahier de charges pour chaque poste de responsabilité du Conseil Régional, conformément au statut du personnel des Collectivités Territoriales ; de créer un mécanisme adéquat de gestion du matériel et de la logistique du Conseil Régional; appuyer les divers cadres thématiques de concertation en ressources humaines, matérielles et financières suffisantes. Développer le partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées. Et voir comment doter la région d’outils de Planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF). Voilà à mon avis quelques pistes de solutions pour parler véritablement de développement sur le plan régional.

 

Rien de grand ne peut se construire sans sécurité dit-on, qu’en est-il de la région d’Agadez ?

S’agissant de la paix et de la sécurité, elles constituent des préalables nécessaires à toute action de développement, à quelque échelle territoriale que ce soit. L’insécurité et l’absence de paix sont en effet des facteurs limitant toute action de développement.

Dans la région d’Agadez, des efforts remarquables et forts louables ont été fournis, aussi bien par l’Etat, les partenaires, que par les autorités régionales, départementales et locales, en vue de consolider la paix et de renforcer la stabilité sur toute l’étendue du territoire régional. Ces efforts ont été surtout renforcés du fait de la décentralisation qui a permis une responsabilisation des populations à travers la gestion par des élus locaux des entités décentralisées. Toutes les mesures ainsi prises doivent être poursuivies pour renforcer davantage le climat de quiétude sociale dans la région, malgré un environnement sahélo-saharien fortement perturbé.

D’aucuns indexent la migration comme un facteur d’insécurité ! Qu’en pensez-vous ?

Non, peut-être, juste relever que la migration mixte demeure une préoccupation importante dans le schéma de développement de la région. Elle concourt à la création des déséquilibres en matière de gestion et de planification tant des populations que des infrastructures et de l’accès aux services sociaux de base. Si elle a constitué ailleurs une source de progrès, dans le contexte d’Agadez elle génère plus de conséquences qu’elle n’offre d’opportunités. En effet, malgré les appuis de la coopération internationale, notamment de l’Union Européenne et les mesures règlementaires prises par l’Etat, la gestion des conséquences de la migration mixte reste une préoccupation majeure en dépit du caractère résilient de la région. S’agissant du phénomène migratoire, la région d’Agadez est devenue un corridor pour les candidats à la migration, ressortissants des régions ouest africaines et du centre désirant rejoindre l’Europe. A cette migration internationale de transit s’ajoutent diverses formes de migrations dont les plus importantes sont la migration circulaire, la migration interne, la transhumance, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Ceci pose des défis et enjeux à la fois aux administrations en charge de la gestion des flux migratoires et aux populations locales. Ces dernières en particulier sont appelées à partager les infrastructures de base avec les migrants, ce qui occasionne des pressions énormes sur les services et infrastructures dont le rythme de dégradation est accéléré avant le terme raisonnablement prévu. C’est pourquoi, ces mouvements migratoires doivent être largement maîtrisés et bien contrôlés. D’où sa justification dans la formulation de cet axe. Aussi, la question de la consolidation de la paix et la création des meilleures conditions de sécurité sont des défis majeurs dont la région fait face et qui constituent les conditions sine qua none pour l’amorce de tout développement. Compte tenu du contexte géopolitique actuel et des menaces sur la stabilité dans le sahel, la prise en compte de cette préoccupation en lien avec la gouvernance comme premier axe stratégique est justifiée.

M. le Président, quelles sont les missions dévolues au Conseil régional d’Agadez ?

Les missions dévolues aux collectivités territoriales en général et à la région d’Agadez en particulier découlent des dispositions de l’article 5 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en ces termes : ‘‘la commune et la région règlent par délibération les affaires relevant de leurs compétences’’. ‘‘Elles ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional. Elles concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, social et culturel ainsi qu’à la protection de l’environnement, à la mise en valeur des ressources naturelles et à l’amélioration du cadre de vie’’. Toutefois, ‘‘les collectivités territoriales exercent leurs compétences sous le contrôle de l’Etat, dans le respect des lois et règlements en vigueur ». En outre, elles « exercent leurs compétences dans le respect des sujétions imposées pour les besoins de la défense nationale’’. A cet égard, ‘‘l’Etat dispose, en tant que de besoin, des services des communes et régions, de leurs groupements et de leurs établissements publics’’. Par ailleurs, dans l’exercice de ces missions, ‘‘les actes pris par les autorités des collectivités territoriales sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif’’ d’une part et ‘‘sont susceptibles d’engager la responsabilité de la collectivité’’, d’autre part. L’article 104 du CGCT, consacré aux compétences générales de la région collectivité territoriale, dispose que «le Conseil régional règle par ses délibérations les affaires de la région, dans le respect des compétences des autres collectivités territoriales. A cet effet, il prend les mesures nécessaires pour promouvoir le développement économique, social, éducatif, sanitaire, scientifique, culturel et sportif de la région. Il peut, en outre, faire des propositions et émettre des avis sur toutes les questions d’intérêt régional relevant de la compétence de l’Etat ou de toute autre personne morale de droit public».

Parlez-nous du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales. Est-ce que tout se passe bien ?

En effet, c’est le Décret N°2016-075 /PRN/ MISP/D/ACR/ MEP/A/PLN/EC /MH/A/ MESU/DD/ MSP/ ME/F/ MEP/T/ MFP/RA, du 26 Janvier 2016, qui a précisé le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement. Disons-le directement, même si l’Etat fait des gros efforts pour nous accompagner, nous faisons face à de nombreuses contraintes liées au fonctionnement des Conseils Régionaux.

Quelles sont ces contraintes pour le Conseil régional d’Agadez ?

Pour celui d’Agadez, ces contraintes sont, entre autres: l’insuffisance des ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; les insuffisances liées au transfert de compétences et des ressources ; l’irrégularité dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale ; le faible niveau de mobilisation des ressources internes et externes par le Conseil Régional ; la faible rétrocession par l’Etat de certains impôts et taxes dus au Conseil Régional ; l’accaparement de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par les représentants de l’Etat et leurs démembrements tant au niveau national que régional et local ; la non prise en compte voire l’exclusion du Conseil Régional des procédures de signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) est un sérieux handicap pour nous; l’irrégularité de la tenue des sessions et des réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; l’inexistence d’un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation du plan et programmes du Conseil régional ; faible mise en œuvre du plan de communication du Conseil Régional ; les difficultés dans la coordination des interventions des partenaires techniques et financiers; l’insuffisance dans la maitrise par le personnel et les élus du Conseil régional, des compétences et missions à eux dévolues ; insuffisance dans la définition du cahier des charges du personnel ; insuffisance dans la gestion du matériel et de la logistique; insuffisance des ressources pour les divers cadres thématiques de concertation ; faible écoute à tous les niveaux des recommandations émises par le Conseil Régional ; faible consultation du Conseil Régional par les représentants de l’Etat sur les questions touchant à la vie de la région conformément à la loi ; insuffisance du partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées ; l’absence de certains outils de planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF).

La région d’Agadez est réputée être une région minière. Quel est l’apport de ce secteur au développement ?

La région d’Agadez renferme d’énormes potentialités minières et géologiques, dont la mise en valeur rationnelle pourrait constituer un atout important pour le développement durable du Niger en général et de la région en particulier. Les ressources minières sont légion dans la région comme l’uranium, l’or, le charbon minéral, le tungstène, le pétrole, l’étain, le cuivre, le sel, le natron, les pierres et métaux précieux et semi précieux notamment l’émeraude, la tourmaline, le grenat, l’agate, le béryl, la topaze, le vanadium, le wolfram ou wolframite, le zirconium, la barytine, l’améthyste, le colombo-tantalite, le tantale, le marbre, le quartz, etc. La production de l’uranium et du charbon est très forte, plaçant ainsi la région comme un des poumons industriels du Niger. Mais il faut citer comme difficultés liées à ce secteur la non maitrise par l’Etat et les collectivités territoriales du potentiel existant ; la méconnaissance du code minier par les populations; l’absence de transparence dans l’extraction, l’exploitation et l’exploration des sites miniers ; la non-implication des Collectivités dans la délivrance et la gestion des permis miniers ; le non-respect des lois et règlements par l’Etat et ses partenaires du sous-secteur minier ; la faible capacité de la population et des collectivités territoriales à exploiter de façon rationnelle les potentialités existantes ; la faible organisation des artisans miniers ; l’absence d’un laboratoire d’analyse ; l’absence d’un marché structuré national et sous régional ; la réduction des espaces pastoraux due à l’octroi de permis miniers ; la violation des espaces de réserves naturelles par les exploitations minières. Mais malgré tout, nous voulons relever les défis de créer les conditions de la promotion d’un développement économique et social inclusif à l’échelle de la région ; d’avoir une institution décentralisée fonctionnelle et performante; et de créer les conditions d’une meilleure application des dispositions de la décentralisation et de la déconcentration par tous les acteurs. Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population de la région mais aussi l’implication et l’alignement des partenaires dans la mise en œuvre du Plan de Développement Régional PDR.

Quelles sont alors pour vous les pistes de solutions pour gagner le pari du développement ?

Pour gagner ce pari du développement comme vous le dites, il faut que soient respectés les principes de redevabilité, de reddition des comptes, la promotion de la transparence et l’équité; renforcer les capacités du personnel et des élus du Conseil régional sur ses compétences et ses missions ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie régionale de mobilisation des ressources ; élaborer un manuel de procédure de gestion administrative et financière ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication. A notre humble avis, il faut doter l’institution en ressources humaines, matérielles, logistiques suffisantes; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité du transfert de compétences et des ressources; de respecter les échéances dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par le Conseil Régional. Il faut aussi réviser les dispositions de l’arrêté relatif à la signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) pour prendre en compte le Conseil régional dans sa compétence territoriale. Pour être en phase avec les textes, faire en sorte que se tiennent régulièrement les sessions et les réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; élaborer et présenter annuellement la situation socioéconomique de la région aux populations. Il nous faut voir comment concevoir et mettre en œuvre un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation des plans et programmes de la région; définir de façon claire le cahier de charges pour chaque poste de responsabilité du Conseil Régional, conformément au statut du personnel des Collectivités Territoriales ; de créer un mécanisme adéquat de gestion du matériel et de la logistique du Conseil Régional; appuyer les divers cadres thématiques de concertation en ressources humaines, matérielles et financières suffisantes. Développer le partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées. Et voir comment doter la région d’outils de Planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF). Voilà à mon avis quelques pistes de solutions pour parler véritablement de développement sur le plan régional.

Rien de grand ne peut se construire sans sécurité dit-on, qu’en est-il de la région d’Agadez ?

S’agissant de la paix et de la sécurité, elles constituent des préalables nécessaires à toute action de développement, à quelque échelle territoriale que ce soit. L’insécurité et l’absence de paix sont en effet des facteurs limitant toute action de développement.

Dans la région d’Agadez, des efforts remarquables et forts louables ont été fournis, aussi bien par l’Etat, les partenaires, que par les autorités régionales, départementales et locales, en vue de consolider la paix et de renforcer la stabilité sur toute l’étendue du territoire régional. Ces efforts ont été surtout renforcés du fait de la décentralisation qui a permis une responsabilisation des populations à travers la gestion par des élus locaux des entités décentralisées. Toutes les mesures ainsi prises doivent être poursuivies pour renforcer davantage le climat de quiétude sociale dans la région, malgré un environnement sahélo-saharien fortement perturbé.

D’aucuns indexent la migration comme un facteur d’insécurité ! Qu’en pensez-vous ?

Non, peut-être, juste relever que la migration mixte demeure une préoccupation importante dans le schéma de développement de la région. Elle concourt à la création des déséquilibres en matière de gestion et de planification tant des populations que des infrastructures et de l’accès aux services sociaux de base. Si elle a constitué ailleurs une source de progrès, dans le contexte d’Agadez elle génère plus de conséquences qu’elle n’offre d’opportunités. En effet, malgré les appuis de la coopération internationale, notamment de l’Union Européenne et les mesures règlementaires prises par l’Etat, la gestion des conséquences de la migration mixte reste une préoccupation majeure en dépit du caractère résilient de la région. S’agissant du phénomène migratoire, la région d’Agadez est devenue un corridor pour les candidats à la migration, ressortissants des régions ouest africaines et du centre désirant rejoindre l’Europe. A cette migration internationale de transit s’ajoutent diverses formes de migrations dont les plus importantes sont la migration circulaire, la migration interne, la transhumance, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Ceci pose des défis et enjeux à la fois aux administrations en charge de la gestion des flux migratoires et aux populations locales. Ces dernières en particulier sont appelées à partager les infrastructures de base avec les migrants, ce qui occasionne des pressions énormes sur les services et infrastructures dont le rythme de dégradation est accéléré avant le terme raisonnablement prévu. C’est pourquoi, ces mouvements migratoires doivent être largement maîtrisés et bien contrôlés. D’où sa justification dans la formulation de cet axe. Aussi, la question de la consolidation de la paix et la création des meilleures conditions de sécurité sont des défis majeurs dont la région fait face et qui constituent les conditions sine qua none pour l’amorce de tout développement. Compte tenu du contexte géopolitique actuel et des menaces sur la stabilité dans le sahel, la prise en compte de cette préoccupation en lien avec la gouvernance comme premier axe stratégique est justifiée.

Propos recueillis par Mahamadou Diallo(onep)

Monsieur le Président, la 42ème édition du Sabre National de Lutte Traditionnelle, se tient depuis vendredi dernier à Niamey, après un report dû à la COVID 19. Quelles sont vos impressions par rapport à la tenue de ce sport roi au Niger ?

Je remercie le Gouvernement pour avoir, d’abord, donné tous les moyens pour que la 42ème édition du Sabre National de la Lutte Traditionnelle puisse se tenir ici à Niamey, malgré deux contextes difficiles. Celui de la COVID 19, qui a occasionné le report de l’édition l’année dernière et celui de l’insécurité. Mais avec tout cela, le gouvernement a tenu à sa parole pour que ce sabre puisse avoir lieu ici à Niamey. Nous remercions infiniment le Président de la République, Chef de l’Etat, SE Mohamed Bazoum et son gouvernement pour avoir donné tous les moyens qu’il faut pour la tenue de cette 42ème édition.

Monsieur le Président, comme vous l’avez dit, cette édition se tient dans un contexte plein de défis pour notre pays, la COVID 19 dont le virus continu de circuler et l’insécurité liée au terrorisme. Quelles sont alors les dispositions prises afin d’assurer la sécurité des lutteurs et prévenir la contamination du coronavirus au sein de l’arène et dans les sites d’hébergement des différentes délégations ?

Vous savez bien que la sécurité est une affaire de l’Etat. Vous avez vu vous-mêmes les moyens matériels et humains que l’Etat a mobilisé dans ce sens pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, au niveau de l’arène et sur les différents sites d’hébergement des délégations. L’Etat a pris toutes les dispositions pour mobiliser les Forces de Défense et de Sécurité pour assurer la sécurité et la protection et pour que les compétitions dans le cadre de ce sabre puisse se tenir dans la paix et la cohésion. Dieu merci, depuis

le début nous n’avons pas enregistré de problèmes et même au niveau des différentes délégations, nous n’avons enregistré aucun incident susceptible de perturber l’ordre et la sécurité des délégations. Tout se passe bien et je profite de cette opportunité que l’ONEP m’offre pour saluer et remercier toutes les Forces de Défense et de Sécurité pour leur engagement, leur disponibilité et pour le professionnalisme avec lequel ils assurent la sécurité de cette 42ème édition.

En ce qui concerne la COVID 19 aussi, les dispositions ont été prises. Nous avons des équipes permanentes qui distribuent des bavettes et qui administrent du gel pour désinfecter les mains. Nous profitons de cette occasion pour encore remercier tous les acteurs qui font ce travail et inviter le public à la prudence.

 « Nous remercions le gouvernement pour avoir mobilisé tous les moyens pour la tenue de cette édition dans de très bonnes conditions, malgré un contexte sanitaire et sécuritaire difficile »

Du début jusqu’au 7ème jour des compétitions du sabre National, quelle appréciation faites-vous du déroulement de cette édition ?

Nous sommes très satisfaits du déroulement de ce sabre. Il y’a pas eu des problèmes. Nous sommes aujourd’hui à la 6ème journée et aucun impact de nature à perturber l’organisation et le déroulement de cette édition. Tous les acteurs travaillent dans l’accomplissement des missions qui leur ont été assignées. Donc à ce stade déjà, c’est un sentiment de joie et de satisfaction générale qui nous anime. C’est aussi pour vous dire que nous sommes très fiers de tout ce qui se passe et de tous ceux qui contribuent au bon déroulement de ce sabre.

Le public a pourtant suivi quelques comportements d’indiscipline et des réactions suite à des décisions arbitrales, quels commentaires cela inspire en vous ? Quelles sont les dispositions que la Fédération compte prendre pour prévenir ce genre de comportements à l’avenir ? 

C’est des comportements que tous les acteurs de la lutte ont déploré. De toutes les façons, le code de la lutte en tant que tel a prévu toutes les sanctions qui doivent être infligées à n’importe quel acteur qui aura à poser des actes ou comportement de caractère disciplinaire ou autre. Et vous avez suivi avec nous tous ceux qui ont posé ces actes ont été sanctionnés conformément aux dispositions du code de la lutte. Nous sommes très contents de constater que tout est en ordre maintenant. Je saisis une fois de plus, cette opportunité que vous nous offrez pour inviter l’ensemble des acteurs à travailler dans le sens de renforcer la cohésion sociale, l’unité nationale et à la promotion de nos valeurs socioculturelles et traditionnelles que porte la lutte traditionnelle.

La lutte traditionnelle est considérée dans notre pays comme un élément très fort, dynamique et transversal entre le sport, la culture et nos traditions. Comment la fédération compte s’y prendre pour sauvegarder cet acquis et renforcer la promotion de toutes ces valeurs ?

C’est pour aller dans tous les sens avec tous les acteurs de la lutte pour promouvoir la lutte en tant que telle et ces lettres de noblesse. Après ce sabre, nous allons nous mettre au travail tous les acteurs pour organiser des tournois dans toutes les régions pour que nous puissions maintenir nos jeunes au pays et les priver d’exode. C’est aussi une occasion pour la fédération d’appuyer les ligues régionales à la promotion de ce sport à la base. Il faut que tous ensemble nous travaillions pour aller vers la professionnalisation de nos lutteurs. Si on crée des compétitions au plan national, cela permet au lutteur d’avoir des activités sur toute l’année. Ce qui leur permettra aussi d’avoir des compétitions et des entrainements. Ce travail que nous allons engager nous permettra une fois de plus de renforcer la position de la lutte comme sport roi dans notre pays.

Réalisée par Ali Maman(onep)

31 décembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/  

Monsieur le Ministre, l’édition 2022 de la Cure Salée est prévue se tenir du 22 au 24 septembre prochain à Ingall dans la région d’Agadez. Où est ce que vous  en êtes pour les préparatifs ?

Comme vous le savez, la Cure Salée, est une véritable vitrine des activités pastorales et culturelles des éleveurs de notre pays. Il faut aussi souligner que, cette importante rencontre annuelle du donner et du recevoir des éleveurs de notre pays, et de ceux des pays voisins (Mali, Algérie, Tchad, Nigeria, Libye) constitue l’évènement majeur du Secteur de l’Elevage et offre un cadre unique d’envergure pour renforcer les échanges et consolider la coopération entre les pays de l’espace Sahélo-Saharien.

Et pour revenir à votre question, notamment en ce qui concerne les préparatifs de l’édition 2022 de la Cure Salée, il faut dire que pour une réussite de la fête, mon département ministériel et les gouvernorats de régions de Tahoua et d’Agadez ont mis en place des comités d’organisation à tous les niveaux (national, régional, départemental et communal). Ces comités sont chargés chacun en ce qui lui concerne de veiller à la bonne organisation de la fête. Pour ce faire, un état de lieu du site abritant les manifestations de la cure salée a été fait lors d’une mission préparatoire dépêchée sur le terrain pour la circonstance. Actuellement, toutes les infrastructures au niveau du site sont en cours de réhabilitation.

Aussi, les différents comités d’organisation sont également à pied d’œuvre pour la mobilisation des moyens afin de donner un cachet particulier à l’évènement. Mon département ministériel a également engagé la communication sur l’évènement afin d’informer les différents acteurs de la tenue de la cure salée à partir du 22 septembre 2022 autour du thème : «sécurisation alimentaire du cheptel et cohésion sociale des pasteurs et agropasteurs».

Quelles sont les innovations apportées ou attentes lors de cette édition ?

Pour la présente édition de la cure salée, le Ministère ayant fait le point de l’édition passée, attend apporter des améliorations et innovations sur des aspects comme, la vaccination des animaux, la course de chameaux et des chevaux et les défilés âniers.  oncernant, nos attentes au cours de cette édition, il faut dire qu’au-delà de la forte mobilisation des éleveurs attendue et souhaitée, il est attendu une forte implication de tous les acteurs pour la réussite de la manifestation afin de continuer à renforcer la consolidation de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays.

Parler de la Cure Salée c’est incontestablement de la santé animale. Comment se présente l’état général du cheptel nigérien actuellement ?

Il faut noter qu’au plan national, la situation sanitaire du cheptel est calme et est sous contrôle. Cependant, il faut toutefois signaler quelques foyers de Charbon bactéridien au niveau des régions de Niamey, Tillabéry et Tahoua et pasteurellose des Petits et Gros ruminants qui ont été rapidement pris en charge par les services vétérinaires. A l’occasion de la présente édition de la cure salée, une caravane zoo sanitaire de vaccination sera organisée et va démarrer avant le début de la cure salée. Elle permettra de déparasiter et de vacciner des animaux contre la PPCB et la PPR. L’objectif étant de pouvoir vacciner les animaux ayant échappé à la grande campagne de vaccination du cheptel.

Le Niger a enregistré au cours de la campagne pastorale 2021 un important déficit fourrager. Quel a été l’impact du déficit fourrager sur les éleveurs et comment cette épreuve a-t-il été surmontée par eux ?

La campagne pastorale 2021-2022 a enregistré un déficit fourrager global de plus de 15 millions de tonnes de Matière sèche, soit 46% des besoins du bétail séjournant sur le territoire national. A ce déficit, il faut ajouter des cas de feux de brousse et quelques apparitions de sautériaux, dévastant plusieurs hectares de pâturage. Plus de 1.460.000 éleveurs, répartis dans 22.188 ménages ont été concernés par ce déficit au plan national. Cette situation a engendré une descente précoce des éleveurs en zone agricole (situation pouvant créer des conflits entre agriculteurs et éleveurs) ; un mauvais état d’embonpoint ayant entraîné une détérioration progressive de la santé des animaux ; une baisse du prix des animaux compte tenu de leur état d’embonpoint, des cas de mortalité surtout chez les gros ruminants.

Face à cette situation, le Gouvernement a accompagné les éleveurs à travers la mise en place des quantités importantes d’aliments pour bétail. Aussi, toujours pour augmenter le disponible fourrager national, les points d’eau des zones pourvues de pâturages ont été réhabilités pour permettre aux animaux de profiter de ces pâturages. Les cultures fourragères dans les zones favorables ont été également promues et des actions de valorisation des résidus de récolte ont été entreprises à travers la mise en place des broyeurs de résidus de récolte. Des efforts de couverture sanitaire (campagnes de vaccination accompagnées de déparasitage systématique) et de sensibilisations préventives ont été également entrepris. Enfin, les éleveurs ont augmenté l’ampleur de leur mobilité interne au niveau des zones accessibles, fournies de pâturages.

Ces dernières années,  l’élevage notamment transhumant fait face à de sérieux défis liés à l’insécurité dans le sahel : quelles initiatives prises par le Gouvernement pour aider le secteur à être résilient ?

Comme vous le savez, de façon conjoncturelle, notre pays se trouve depuis quelques années en plein cœur de la zone affectée par l’insécurité sévissant dans l’espace sahélo-saharien. Dans ce contexte, l’élevage transhumant s’est vu profondément affecter. Cependant, en matière de sécurisation du territoire, les capacités stratégiques et opérationnelles ont été renforcées. Ces efforts ont permis d’assurer la défense de l’intégrité du territoire, la sécurité publique et de préserver la cohésion sociale.

Particulièrement dans le domaine de sécurisation de la transhumance, le Gouvernement avec l’aide de ses partenaires, a entrepris des mesures parmi lesquelles, la création et l’animation de cadres de concertation entre les Etats aux niveaux régional et transfrontalier sur la transhumance apaisée et la mise en œuvre de projets transfrontaliers pour renforcer la résilience des éleveurs et faciliter la transhumance transfrontalière.

Quelles sont les attentes du Gouvernement vis-à vis de ce grand évènement qu’est la Cure Salée ?

Comme vous le savez, l’importance de la cure salée réside dans le brassage qu’elle occasionne entre les différents groupes ethniques. Et par la grande mobilisation humaine qu’elle engendre, elle renforce de ce fait la cohésion sociale entre pasteurs. Cette mobilisation sociale exceptionnelle cimente l’esprit de concorde et de solidarité qui a toujours prévalu au sein des communautés pastorales, depuis la nuit des temps.

Les attentes du Gouvernement vis-à-vis de la Cure Salée est qu’une dynamique nouvelle soit insufflée afin de faire de la Cure Salée non seulement un outil de consolidation et de la paix et de cohésion sociale, mais aussi, un évènement international de grande envergure à l’image des manifestations sous régionales telles que le FESPACO, le SIAO, etc.

Réalisé par Siradji Sanda(onep)

Source : http://www.lesahel.org/

 

M. le ministre, la situation pastorale au Niger est tributaire de la saison des pluies, comment se caractérise la campagne pastorale 2021 ? 

Comme vous le savez, la Campagne pastorale 2021 a connu un démarrage tardif par rapport à l’année 2020. Par la suite, elle a été stable en général jusqu’en fin du mois août avec des prévisions favorables qui risquent d’être fortement compromises du fait de longues séquences sèches enregistrées au cours du mois de septembre, couplées par endroit aux attaques des ennemis de cultures sur des stades des pâturages très sensibles (floraison-grains laiteux).  D’une manière générale, la campagne est déficitaire par rapport à la même période de l’année passée.

Aussi, des cas de feux de brousse ont été enregistrés dans certaines localités des régions de Maradi, Agadez, Tahoua et Zinder, décimant plusieurs milliers d’hectares de pâturages.

Au point de vue sanitaire, la situation a été caractérisée par l’apparition de 2 foyers de péripneumonie contagieuse bovine (PPCB) dans la région de Dosso et un (1) foyer de Peste des Petits Ruminants (PPR) dans la région de Zinder.

Au regard du comportement actuel de la campagne pastorale qui présage d’être  déficitaire par rapport à l’année passée, mon département ministériel est entrain d’élaborer un Programme d’Urgence d’Appui à la Campagne Pastorale. L'objectif étant de sécuriser les moyens de subsistance des éleveurs fragilisés et menacés par les déficits fourragers chroniques et autres catastrophes naturelles.

Le partage des couloirs de passage et le retard de libération des champs par les agriculteurs sont souvent sources de conflits entre agriculteurs et éleveurs, avez-vous pris des mesures particulières pour prévenir ces conflits qui ont endeuillé par le passé des familles ?

Comme vous le savez, les relations entre agriculteurs et éleveurs varient selon le cycle des activités agropastorales et sont le plus souvent complémentaires en saison sèche (pacage et fumure des champs par les troupeaux), mais peuvent être conflictuelles en périodes de cultures et de récoltes. Ces conflits sont surtout liés à l’accès des éleveurs aux ressources alimentaires en zone agricole (résidus de cultures, eau, etc.), dont les périodes de pointes de ces conflits se situent après les premiers semis et lors des récoltes, etc.

Les couloirs de passage constituent des instruments privilégiés de prévention et de gestion des conflits liés entre agriculteurs et éleveurs.

Tous les couloirs de passage sont sécurisés et matérialisés et sont délimités de façon participative avec tous les usagers.

Il existe depuis des années un mécanisme endogène pour éviter les conflits. Il s’agit bien des dates de libération des champs. C’est un mécanisme créé par les autorités Nigériennes qui permet à la fin de chaque campagne agricole et en fonction de son évolution de regrouper les différents usagers autour des autorités administratives, coutumières et les élus locaux pour statuer sur la date de libération des champs.

Certaines mesures réglementaires ont également été prises par le Gouvernement, dont les plus récentes sont, le Document de Politique Foncière Rurale adopté en septembre 2021 et le décret N°2019-641/PRN/MAG/EL de novembre 2019, portant création, missions, composition, et modalités de fonctionnement du Comité National de Transhumance. Le Comité National de Transhumance et les Comités Régionaux de Transhumance, est un cadre de concertation multi-acteurs impliquant de nombreuses organisations de producteurs, qui travaillent désormais en étroite collaboration avec les pouvoirs publics. Le caractère inclusif de cet organe réside dans sa composition, qui reflète la diversité des acteurs intervenant sur les questions de la transhumance et de l’occupation de l’espace : les leaders d’opinions, les députés de la région concernée, les chefs coutumiers, les représentants des villages et des associations des femmes œuvrant dans le secteur de l’élevage etc.

L’élevage est un des secteurs économiques porteurs au Niger, que fait votre entité administrative pour le moderniser et le rendre plus  compétitif ?

L’élevage est la composante la plus dynamique de l’économie nationale et porteuse de croissance du secteur primaire avec une contribution importante des productions animales de plus de 11% à la constitution du Produit Intérieur Brut (PIB) et 35% au PIB agricole, le plaçant au premier rang des recettes totales d’exportation des produits agro-sylvo- pastoraux. Il constitue la seconde source de recettes d’exportation du Niger après les industries extractives.

Conscientes de ce rôle que joue l’élevage dans l’économie nationale, les autorités de la 7ème République ont adopté la Stratégie de Développement Durable de l’Elevage (SDDEL-2012-2035) dont la vision est de faire « Un Niger où l’élevage, à l’horizon 2035, contribue significativement à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et améliore les conditions économiques des populations à travers une gestion durable de l’environnement ».

Pour moderniser et rendre plus compétitif l’élevage, les nouvelles orientations dans le secteur, au regard de l’expérience tirée de la mise en œuvre de l’i3N viseront, la capitalisation et la consolidation durables des acquis enregistrés.

En effet, le Ministère de l’Elevage mettra à l’échelle les bonnes pratiques et de nouvelles initiatives avec un accent particulier sur le développement des Chaines de Valeur d’Elevage et poursuivra la transformation et la modernisation du secteur pour améliorer la  sécurité alimentaire et nutritionnelle des nigériens et réduire la pauvreté rurale.

Dans cette optique, le Gouvernement mettra en œuvre pour les cinq prochaines années de nouvelles initiatives dans le secteur, notamment, un programme lait, un programme bétail/viande, cuirs et peaux et un programme productions avicoles et pintade.

Dores déjà, pour rendre beaucoup plus compétitif nos produits, il est à signaler que, trois de nos produits ont été inscrits en Indications Géographiques (IG) et marques collectives (MC). Il s’agit notamment du Kilichi du Niger pour l’enregistrement en IG et Tchoukou du Niger et la peau de la chèvre rousse de Maradi pour l’enregistrement en MC.

Auparavant, il faut noter que nous allons garantir la sécurité sanitaire de toutes les denrées alimentaires d’origine animale à travers le renforcement de l’inspection à l’importation et à l’exportation des produits d’origine animale. Nous allons aussi en amont assurer la santé animale par la mise en œuvre de nos plans stratégiques d’éradication et de contrôle de la PPCB et PPR, mais aussi celui de contrôle des médicaments vétérinaires.

Vous avez au mois de Septembre dernier participé à la fête annuelle des éleveurs notamment la Cure Salée, que peut-on retenir de cette festivité ainsi que les avancées enregistrées ?

Comme vous le savez, l’importance de la cure salée réside dans le brassage qu'elle occasionne entre les différents groupes ethniques et par la grande mobilisation humaine qu’elle engendre, elle  renforce de ce fait la cohésion sociale entre pasteurs. Cette mobilisation sociale exceptionnelle cimente l'esprit de concorde et de solidarité qui a toujours prévalu au sein des communautés pastorales, depuis la nuit des temps. 

Cette année, elle s’est déroulée du 17 au 19  septembre 2021, sous le signe «la cure salée, vecteur de la consolidation de la paix pour une mobilité durable et un développement des chaines de valeurs ».

Un des points fort de la cure salée 2021, est sans nul doute la participation effective du Président de la République, Chef de l’Etat, Son Excellence Mohamed Bazoum. En effet, il y a de cela 27 ans que la cure salée n’a enregistré la participation d’un Chef de l’Etat. Il a été également l’occasion d’animer autour du Chef de l’Etat, un forum sur la paix et la sécurité avec la participation des hauts responsables de la défense et de la sécurité, des chefs traditionnels, des partenaires techniques et financiers.

D’autres points forts, concernent, la conduite d’une caravane zoo Sanitaire qui a permis de vacciner et traiter plusieurs animaux, la conduite bien organisée des audiences foraines ayant permis aux communautés pastorales de disposer de nombreuses pièces d’état civil, la mise en œuvre efficace des activités préventives et curatives en matière de santé humane et l’excursion touristique à l’endroit des participants, notamment, à l’endroit des hautes personnalités.

Le Secteur de l’élevage rencontre ces dernières années des difficultés. Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour accompagner les éleveurs ?

Malgré les atouts dont dispose le sous secteur de l’élevage, les contraintes pour le développement de l’élevage sont entre autres, un faible potentiel génétique des races animales ou un potentiel sous-valorisé, des investissements et soutien inadéquats pour le secteur (manque d'infrastructures industrielles et équipements obsolètes pour la production, la transformation, le stockage, le transport et la commercialisation, faible valeur des sous-produits), les lacunes institutionnelles, législatives et réglementaires, le faible niveau d'organisation des acteurs du secteur, l'absence de référentiels techniques et économiques sur l'intensification des systèmes d'élevage, un accès difficile aux services de conseil et aux intrants de production de qualité (alimentation du bétail/volaille limitée et non contrôlée), la surexploitation et l'utilisation non durable des ressources foncières et pastorales, et les effets du changement climatique.

Les mesures prises par le Gouvernement pour accompagner les éleveurs pour les prochaines années sont : renforcer le maillage des points d’eau avec la réalisation de stations de pompage pastorales et de puits cimentés pastoraux ; améliorer le mécanisme de sécurisation et de vaccination du cheptel ; rehausser le maillage en points d’eau pastoraux notamment dans les zones difficiles ; aménager et sécuriser les espaces pastoraux, et réhabiliter les terres pastorales dégradées ; promouvoir la recherche zootechnique et vétérinaire et l’amélioration génétique du cheptel ; faciliter l’accès aux aliments bétail et aux intrants zootechniques ; créer les conditions d’une plus grande implication du secteur privé et développer les chaines de valeur.

Propos recueillis par Laouali Souleymane

22 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

« Au lieu que l’urbanisation court derrière l’urbanisme, c’est plutôt l’urbanisme qui court derrière l’urbanisation à Niamey »

 

Monsieur Younoussa, la ville de Niamey connait une urbanisation incontrôlée qui n’est pas sans conséquences sur la gestion urbaine de la ville, comment vous appréhendez cette problématique ?

Avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez-moi d’abord de définir ce que c’est l’urbanisation qui est un processus de développement  des villes et de concentration des populations dans celles-ci. Niamey, comme vous l’avez dit, connait certes une multiplication sans précédent des quartiers. On n’a pas besoin de sortir de chez soi pour constater la façon dont la ville de Niamey s’étend. Lorsque qu’on retourne un peu en arrière, jusqu’en 1995, la ville de Niamey ne dépassait guère la ceinture verte. Le premier projet de dépasser la ceinture verte, c’était le projet de Niamey 2000 initié sous le régime d’Ibrahim Baaré Mainassara. Le projet d’une cité Niamey 2000 avait pour objectif primordial de répondre aux préoccupations des futurs demandeurs en logement. C’est dire que jusqu’en 1999, la ville de Niamey n’était pas encore sortie de la ceinture verte. Depuis lors, on a l’impression que c’est une carte blanche qui a été donnée aux gens de se lancer dans la quête effrénée du toit. Le premier lotissement du projet Niamey 2000 a aiguisé les ardeurs d’un certain nombre d’acteurs en l’occurrence les lotisseurs privés qui se sont vus attribuer des agréments, tantôt sans que certains ne remplissent les critères définis en la matière. Ces nouveaux acteurs n’avaient pas tenu compte des facteurs qui permettent de réaliser un lotissement.

Justement qu’est ce qui est exigé par la réglementation en la matière ?

Pour opérer un lotissement, il convient d’abord de conduire une étude pour voir les besoins de la population donnée afin de dégager les besoins à court, moyen et long terme. Mais avec l’avènement des lotisseurs privés, on assiste à un lotissement sans pourtant aménager et viabiliser l’espace, encore moins s’assurer de mesures d’accompagnement notamment les services sociaux de base (l’eau, l’électricité, les caniveaux etc.). Il est bien vrai que la population des villes a augmenté même si cela est insignifiant lorsqu’on essaie de faire le ratio.  Cet agrandissement de la ville n’est pas sans conséquences sur la capitale. En outre, tant que la ville s’accroit, il va de soi qu’il ait des gens qui ne vont pas rester en centre-ville par manque de moyens. Ces derniers vont se déplacer pour s’installer dans leurs propres parcelles. Et du coup, on est obligé de les compter parmi les citoyens de la ville. Comment maintenant accompagner tout ce beau monde qui s’est installé à la périphérie de Niamey sur leur propre terrain ? Il y’a lieu de voir le coût de transport, les mesures d’accompagnement (l’eau, l’électricité, l’aménagement des voies). Malheureusement lorsqu’on fait le tour de ces quartiers périphériques, on se rend compte que les infrastructures n’accompagnent pas cet agrandissement de la ville. Niamey s’est agrandie à travers les lotissements privés opérés par les agences immobilières sans que les mesures de base n’accompagnent cela. L’absence de ces mesures constitue un véritable frein au développement d’une communauté donnée. Bref, au lieu que l’urbanisation court derrière l’urbanisme, c’est plutôt l’urbanisme qui court derrière l’urbanisation à Niamey.

L’essentiel des problèmes de la ville de Niamey sont liés à la planification et à l’aménagement urbain de la ville, quelles sont aujourd’hui les pistes de redressement possible pour donner à notre capitale la dimension d’une ville vitrine ?

Même les quelques bases qui servent de premiers cercles de la ville de Niamey jusqu’à la ceinture verte, c’était dû au premier schéma directeur de la ville de Niamey qui était réalisé en 1984 et qui a atteint ses limites en 1996. C’est ainsi qu’à la même année, le régime d’alors avait demandé qu’une étude soit réalisée dans la perspective de faire un lotissement. Malheureusement, depuis ce temps-là, il n’y avait pas eu une étude de planification sur la ville de Niamey, ni un plan de référence urbaine, ni un schéma directeur. Toutefois, en 2005 il y avait eu une ébauche d’étude de plan urbain de référence qui, malheureusement n’avait même pas vu le jour parce qu’avant même qu’on ne finisse, l’étude était déjà dépassée par les dimensions de la ville. La capitale Niamey a continué sa progression sans aucune étude de planification parce que l’Etat avait décerné des agréments à des lotisseurs privés qui ont systématiquement procédé aux lotissements de l’ensemble des terrains appartenant à la ville de Niamey, mais au-delà même pour grignoter dans les communes environnantes.

Dans le cadre de la maitrise de l’urbanisation d’une ville, il est indispensable d’avoir un schéma d’aménagement urbain, quand n’est-il vraiment de notre capitale Niamey ?

Un schéma directeur est un outil de planification qui fixe les grandes orientations d’une ville, c’est-à-dire la répartition de différentes zones à savoir les zones d’habitations, les zones d’aménagement concerté, les zones industrielles et la voirie. Bref, un schéma directeur dégage tout ce qui est orientation du développement de la ville. C’est sur la base de ce schéma que les autorités locales doivent se baser pour le développement physique de la ville. Le schéma donne une claire vision de ce qui est prévu à tel endroit ou à tel niveau de la ville.

La problématique de l’hygiène et assainissement est toujours d’actualité à Niamey, alors que la ville a bénéficié d’énormes investissements ces dix dernières années qui n’ont pas véritablement endigué le problème. En tant que technicien comment expliquez-vous cette situation ?

Lorsqu’on essaie un peu de faire du recul sur les dix dernières années ou un peu plus, il y’avait eu beaucoup d’investissements dans tous les centres urbains du Niger dont Niamey. Mais malheureusement, on constate que beaucoup reste à faire parce qu’il n’y avait pas eu d’études au préalables. S’il y avait un schéma qui orientait les investissements, on pouvait savoir qu’est-ce qu’il faut faire et de façon prioritaire. On a juste agi selon ce qu’on veut et qu’on voit. A titre illustratif, lorsqu’on prend le domaine des infrastructures urbaines et routières. Au lieu de faire assez de routes pour la ville de Niamey, les autorités d’alors se sont permises de réaliser des ouvrages d’art tels que les échangeurs qui, non seulement ne sont pas des échangeurs par définition et ne répondent même pas aux critères d’un échangeur. Par définition, un échangeur est un dispositif de raccordement de plusieurs voies ou de routes sans intersection, c’est-à-dire sans arrêt. Malheureusement, ce que nous avons dans la ville de Niamey ne répond pas à cette définition dans la mesure où il n’y a pas un échangeur à Niamey où lorsque vous êtes dessus, vous n’allez pas freiner avant de descendre. C’est dire que les infrastructures de Niamey qu’on qualifie d’échangeur ne jouent pas le rôle de ce dispositif de raccordement d’une panoplie de voies ou de routes. Certes on voit que des investissements ont été réalisés à Niamey. Mais le problème, c’est qu’ils n’ont pas été bien faits. Les échangeurs dans la ville de Niamey ne sont que des prouesses architecturalement parlant, mais des catastrophes urbanistiques. Ils ne répondent pas aux attentes des populations de la ville de Niamey parce qu’ils n’ont pas réglé le problème de mobilité urbaine. En dehors des échangeurs, il n’y avait pas eu assez d’investissements dans le domaine de l’hygiène et d’assainissement à Niamey. Or, la ville de Niamey a besoin plus de l’assainissement que d’infrastructures routières.

Quels rôles les ingénieurs architectes, urbanistes et les aménagistes ont joué dans le cadre du processus d’urbanisation de la ville de Niamey ?

Les acteurs des BTP ont pour rôle, en fonction de la position qu’ils occupent, de conseiller et d’alerter. C’est ce que nous avons fait de tout temps. Nos confrères qui sont dans l’administration, je ne sais pas à leur niveau ce qu’ils ont pu faire parce que je ne suis pas dans l’administration publique. Mais des informations qui nous parviennent, ils disent qu’ils font de leur mieux. Quant aux acteurs qui sont dans le secteur privé, vous le constatez tout le temps à travers les médias qu’ils attirent l’attention des techniciens du public et des autorités. Nous mettons aussi l’opinion nationale à témoin de ce qui se passe. Notre rôle est d’informer et d’attirer l’attention des gouvernants par rapport à un certain nombre d’enjeux résultant du manque d’étude sur la gestion d’une ville. Ce rôle, nous l’avons toujours joué.

Quels sont les enjeux du processus d’urbanisation dans la ville de Niamey ?

A l’heure actuelle, la ville de Niamey connait un sérieux problème parce qu’elle s’est bien étalée au point qu’on ne sait même pas où sont les limites de la ville de Niamey. Il n’y pas un seul côté où Niamey n’a pas grignoté dans les communes voisines. La vraie urbanisation consiste à un développement de la ville avec des concentrations. La ville de Niamey s’est accrue sans peuplement ou concentration humaine. L’agriculture périurbaine ne pouvait plus se faire comme on le souhaite parce qu’on a loti les terrains. Les municipalités n’ont pas aussi les moyens nécessaires pour accompagner les habitants de la ville qui souffrent dans certains quartiers, du manque d’eau potable et d’électricité. Les services en charge de ces questions ne peuvent pas éteindre leur réseau jusqu’à ces populations qui sont à l’autre bout de la ville. En plus, il y a des zones qui sont même inaccessibles : pas de voie d’accès, ni en bitume ni même en latérite. Les voies qui mènent dans ces zones sont à l’état naturel. Il suffit d’une petite pluie, les habitants de plusieurs quartiers sont coupés du reste de la ville. En saison sèche, il y a aussi le sable qui ne permet pas l’accès facile à certaines zones. C’est dire qu’on assiste à Niamey à une urbanisation galopante, incontrôlée, sans compter la problématique de l’assainissement.

Quelles peuvent être les pistes de solutions pour redresser la barre et réussir un processus d’urbanisation dans la capitale ?

La principale piste de solution pour cette urbanisation galopante, c’est d’abord commanditer une étude qui permet de doter la ville de Niamey d’un outil de planification, un schéma directeur d’aménagement. J’ai vu que les autorités centrales ont commencé au niveau du Ministère de l’Urbanisme en lançant des concours. Cela est déjà une bonne chose si les autorités arrivent à aller jusqu’au bout. Seule l’étude permet de savoir qu’est-ce qui est prioritaire, qu’est-ce qui ne l’est pas et comment agir ? C’est dans cette étude qu’on aura forcément une analyse diagnostique et d’ébauche de solutions. En attendant l’outil de planification, les autorités municipales peuvent, ne serait-ce que,  en cette saison de pluie soulager les populations en essayant de faire ressortir les pentes dans les quartiers où les eaux pluviales peuvent s’écouler pour aller se déverser dans le drain naturel. Au niveau des endroits qui sont devenus des cuvettes, il s’agit d’essayer de curer toute l’eau pour verser de la latérite afin d’aménager les grandes voies pénétrantes dans les quartiers. Cette action permettra aux habitants d’accéder à leur quartier sans difficulté.

Réalisée par Hassane Daouda (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org

M. le directeur général, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs ce qu'est l'ANMC et quelles sont les principales missions qui lui sont assignées ?

L'Agence Nigérienne de Normalisation, de Métrologie et de Certification (ANMC) est un Etablissement Public à caractère Administratif, elle est créée par Décret N°2019-409/PRN/MI du 26 juillet 2019. Elle est placée sous la tutelle du Ministère en charge de l'Industrie. Nous sommes situés dans notre propre local au Village de la Francophonie de Niamey. Conformément à son décret de création, les missions assignées à l'ANMC sont : l'élaboration de normes ; le suivi des mesures ; le contrôle des instruments de mesure réglementés et l'évaluation de la conformité des produits. Il s'agit en détail de l'élaboration des normes qui consiste à coordonner les activités nationales d'élaboration des normes dans tous les secteurs (agroalimentaire, Environnement, Matériaux de construction, Hydrocarbure, Management de la Qualité, Chimique etc.) et d'assurer leur mise à disposition au public cible afin d'améliorer les conditions de vie et de travail de nos concitoyens. En ce sens, une norme est un document consensuel, issu des accords entre producteurs, utilisateurs et pouvoirs publics afin de simplifier, unifier ou spécifier un produit ou un service. Ainsi, en 2020 nous avons élaboré 17 normes nigériennes et cette année 21 normes sont en cours d'homologation et 58 qui vont faire objet d'élaboration cette année. Aujourd'hui nous disposons d'un répertoire de normes nigériennes (178). Toutes ces normes peuvent également être consultées dans notre Centre de Documentation Normatif. Aussi,  nous sommes membres des organisations sous régionales et internationales de normalisation notamment de l'ISO, ARSO, SMIIC, ECOSHAM, PTB, et nous participons activement aux travaux de leurs Comités Techniques.

Pour ce qui est des mesures et le contrôle des instruments de mesure règlementés : ils consistent à utiliser nos outils étalons pour vérifier notamment la conformité des instruments de mesure utilisés dans les transactions commerciales tels que les sondes de température, bascules, balances etc. au niveau des centre de santé (thermomètre, balances, tensiomètre etc. Les pompes à essence, les volucompteurs chez les opérateurs économiques les balances, les bascules et les ponts bascules, les préemballés, notamment les sacs de riz, les sacs des ciments et les bouteilles de gaz et vérification et autres chez les opérateurs économiques. Nous sommes aussi en train de tout mettre en œuvre pour démarrer la vérification des compteurs d'eau et d'électricité.

Au fait, M. le directeur général, quel est l'intérêt de l'utilisation du logo de la marque de conformité chez les opérateurs économiques et aussi pour les consommateurs?

La marque Nigérienne de conformité est un atout majeur mis au service des entreprises. Elle apporte une preuve indiscutable aux consommateurs de la vérification régulière de la qualité intrinsèque du produit ou services mis à leur disposition, ceci permet de gagner leur confiance car le produit répond à leurs besoins et qu'il est conforme à des caractéristiques de sécurité qui ne présente aucun danger pour la santé humaine et pour l'environnement dans les conditions prévues pour son utilisation. L'évaluation de la conformité des produits consiste à mettre à la disposition des opérateurs économiques le droit d'usage du logo de la marque nigérienne de conformité. C'est un outil important pour les échanges commerciaux car il rassure le consommateur sur la qualité du produit qui est à sa disposition.

 A qui précisément, le droit d'usage du logo de la marque nigérienne de conformité est-il attribué ?

 L'utilisation du logo est attribuée aux produits et services qui ont fait objet de certification. C'est-à-dire : suite à la demande du client, des audits qualités sont réalisés sur le site de production et si nécessaire des analyses sont réalisées dans des laboratoires indépendants sur les échantillons des produits. Par la suite, des examens sont réalisés par un comité indépendant (comité d'impartialité) de certification pour vérifier la conformité du produit ou services aux règlements particuliers, référentiel de certification. Au cours de l'examen, le comité utilise, bien sûr, les rapports des audits et les résultats des analyses issues des laboratoires.

Quels sont les critères sur lesquelles l'Agence Nigérienne de Normalisation, de Métrologie et de Certification se base pour mettre à la disposition des opérateurs économiques le droit d'usage dudit logo?

Les critères utilisés par les experts de l'agence dépendent du type de produit mais ils sont tous issus des normes nationales, régionales et internationales. La réglementation nationale liée au produit ou services est aussi utilisée.

{xtypo_quote}« Le droit d'usage du logo de conformité est octroyé uniquement aux produits locaux et importés qui sont vérifiés conformes aux normes et règlements techniques en vigueur en République du Niger »{/xtypo_quote}

En dehors des 46 Unités de Transformation qui ont récemment eu leurs certificats de conformité, y a-t-il d'autres qui ont déjà reçu ces certificats ?

En effet, en 2020 qui est notre première année d'activités nous avons certifié 8 produits et en 2021 en dehors des 46 récents nous avons certifiés auparavant 6 produits qui ont rempli les critères

 M. le Directeur général y-a-t-il des sanctions prévues par l'ANMC à l'encontre des unités de transformation qui ne respecteraient pas leurs engagements ?

Les produits certifiés font, régulièrement, l'objet de surveillance dans l'unité de production et sur le marché national. Cette surveillance permet de suivre la qualité du produit pendant la période de certification afin de s'assurer que le producteur continue de le fabriquer dans de bonnes conditions d'hygiène. En cas de non-respect des engagements il est prévu, le retrait du droit d'usage du logo de la marque et le consommateur peut vérifier sur notre site Web et autres revues la liste mise à jour des produits certifiés. Il est aussi à noter que des sanctions administratives sont prévues pour produits et services jugés nocifs aux consommateurs

Réalisée par Aïchatou Hamma Wakasso(Onep)

 

Le Gouvernement du Niger se prépare pour la rentrée académique 2021-2022. Quelles sont les conséquences que vous tirez de l'année écoulée et comment se passent les préparatifs pour cette nouvelle année académique?

Cette rentrée a été placée sous le sceau des grandes réformes qui s'inspirent de l'orientation du Président de la République. Nous avions à cet effet déjà fait l'état des lieux de l'année passée en nous focalisant, toujours conformément aux orientations de SEM Mohamed Bazoum, sur la question du capital humain.

Quand nous avions fait notre évaluation, nous avions dit que nous avons un problème de qualité dans l'éducation au niveau des acquis des élèves et des compétences des enseignants qui sont liés intimement. Et donc, toutes les reformes devaient se focaliser sur la formation des enseignants. Nous avons tiré ces leçons et, conformément au programme du Président de la République, nos écoles normales qui forment les instituteurs ont connu une réforme qui vise à rehausser le niveau d’entrée dans ces écoles au BAC plutôt qu'au BEPC comme ça se faisait dans un passée récent.

Justement, par rapport à la formation des enseignants et du financement du système éducatif, quelles sont les ambitions du Niger?

Le Niger a déjà pris un engagement supérieur au standard de la communauté internationale qui est de 20% du budget global alloué à l'éducation. Le Président de la République a retenu dans son programme 22%, confirmé d'ailleurs à la réunion mondiale de Londres que nous sommes à 22% de notre financement et bien sûr qu'on va le faire progressivement. C'est un engagement pris par le Président Mohamed Bazoum de nous donner l’orientation qui permettra de prendre en charge l'éducation et que cela sera la priorité de toutes les priorités y compris devant la sécurité qui est pour 17% de la part de notre budget.

Pensez-vous qu'avec les nouvelles ambitions qu'il affiche, le Niger sera capable de financer entièrement sa réforme du système éducatif dans les 3-5 ans à venir?

Le Niger, tout comme les autres pays, ambitionne de prendre en charge son éducation, mais toujours avec l'accompagnement de nos partenaires. On ne peut pas s'en passer dans un contexte actuel où, comme je l'avais dit plus haut, les défis sont énormes, particulièrement ceux de la sécurité qui grèvent les budgets sociaux, et d'autres encore liés à notre environnement climatique qui est un autre défi en soi. Un aléa ne dépend pas de nous. Une sècheresse peut remettre tout en cause et réorienter nos priorités vers d'autres dépenses.

Pour y parvenir, il faut faire l'effort par nous-même et il faut donner l'orientation, comme le Président l'a fait. Mais, parce que nous avons eu cette bonne volonté et parce que nous ferons le bon choix, il faut aussi rassurer nos partenaires que nous allons mettre en œuvre nos reformes avec beaucoup d'efficacité et d'efficience. Les rassurer pour que, au moins, on les mobilise le maximum possible, qu'ils soient à nos côtés dans le financement de notre éducation, tout comme le financement d'ailleurs des autres secteurs de la vie nationale.

Une décision importante qui a été prise dans le cadre de l'enseignement est l'accès aux écoles normales d'instituteurs où il faudra désormais avoir le BAC pour y étudier. Beaucoup craignent que les élèves désertent ces écoles et qu'on soit à cours d'enseignants formés. Quelle est votre appréciation par rapport à cela et est-ce que les enseignants qui vont sortir avec le niveau instituteur doivent s’attendre à un plan de carrière dans l'enseignement?

On a une phase transitoire d’abord. On ne retournera pas les choses comme une chaussette. Nous allons bientôt lancer un concours sur la base du niveau Bac et nous avons avisé bien sûr après cela. Cette volonté a des accompagnements à faire. C’est à dire qu'il faut motiver les bacheliers à venir dans les écoles normales. Il faut les motiver par un rehaussement, par exemple de leurs allocations. Nous sommes actuellement en train de travailler sur cet aspect. Il faut le rehausser et garantir une carrière après leur sortie. Il convient donc de prendre des mesures incitatives pour que les bacheliers puissent s'intéresser à l'éducation, à l'enseignement, et qu'ils puissent s'inscrire dans les écoles normales en quantité et en nombre suffisant pour le niveau primaire.

On n'oubliera pas dans nos reformes tous ceux qui ont été formés sur la base du niveau BEPC. On ne va pas dire qu’on n’a pas besoin d’eux et les laisser partir. On mettra en place un plan de formation qui permettra à ces enseignants d’arriver au même niveau que les bacheliers afin qu’ils puissent bénéficier des mêmes perspectives de carrière.

 Peut-on dire qu'avec cette nouvelle façon de gérer l'éducation nationale, on s'achemine vers la fin de la contractualisation dans le secteur?

C'est notre objectif et cela demande beaucoup de patience comme l’a souligné le Président de la République. Les contractuels constituent 70% du corps enseignant actuellement. Ils exercent dans des conditions difficiles et fournissent des efforts en servant dans des zones très excentrées, avec parfois beaucoup de difficultés pour accéder à leurs pécules. Le plan de réforme les prendra en compte pour leur donner les mêmes perspectives de carrière en les intégrant progressivement à la fonction publique, en fonction des moyens dont nous disposons. L’objectif étant de mettre un terme à la contractualisation. Le Président de la République nous a aussi instruit de prospecter vers le service civique national pour que ce service soit véritablement un service civique national et que les Nigériens puissent au moins se mettre à la disposition de l'éducation. Il faut trouver aussi le moyen de les motiver et de les maintenir dans le secteur de l’éducation.

L'insécurité a beaucoup impacté négativement l'enseignement au Niger. Pour cette nouvelle rentrée académique, quelles sont les dispositions qui ont été prises pour que les écoles fermées rouvrent et que les enfants qui sont en déplacement interne puissent être formés, ne serait-ce que sur l'exemple des anciennes écoles nomades ?

C'est toute une stratégie que nous avons en situation d'urgence, notamment en « éducation et situation d'urgence ». Nous avons 409 écoles primaires fermées, 15 collèges qui ont suivi le même sort avec un effectif d'un millier d'enfants concernés pour ces derniers. Nous avons réfléchi à une stratégie de centre de regroupement qui pourrait, dans des zones sécurisées, accueillir les élèves et affecter les enseignants dans ces zones. Nous sommes sur cette stratégie avec les partenaires mais il faut le dire: le défi est énorme parce que la question de l'insécurité change du jour au lendemain et beaucoup d'acteurs qu’on ne maitrise pas toujours interviennent sur le terrain.

Dans le secteur de l'éducation, nous allons travailler avec tous les acteurs concernés et tous les ministères impliqués dans cette question de la sécurité afin de trouver la meilleure stratégie possible qui permet de maintenir les apprentissages des élèves. On va innover, on est obligé d'innover, pour que nous puissions prendre en compte cette frange importante de notre population.

Avec l'engagement politique du Président et du Gouvernement, la disponibilité de l'administration qui est en charge du système éducatif national, il ne reste que la motivation des enseignants pour que l'école nigérienne puisse « marcher ». Quel est votre appel pour les motiver?

Pour motiver les enseignants, il faut que nous aussi nous puissions bien piloter. Qu'on les rassure que nous sommes justes dans les traitements que nous faisons des enseignants dans leurs allocations vers les établissements, dans leurs nominations qu'on choisisse des critères objectifs, des critères de compétences. Il va aussi promouvoir le mérite, l'excellence et donc mettre un plan de formation de nature à ce que les enseignants qui ne sont pas au niveau des compétences requises aillent encore améliorer leurs compétences et aussi, avec le ministère des finances et le ministère de la fonction publique, regarder dans le nombre très élevé d’enseignants contractuels et trouver les solutions adéquates de leur intégration.

Le Président de la République a dit que pour intéresser les enseignants, il faudra leur donner une perspective de carrière. L'enseignement, on ne le fera pas parce qu'on n'aura rien à faire ailleurs. On le fera par vocation parce qu'on s’yintéresse. Pour cela, il faut créer toutes les conditions nécessaires à cet effet. 

Votre mot de la fin?

Mon mot de la fin, c'est que les défis sont énormes. Le Président de la République l'a dit: il ne faudra pas s'attendre que tout de suite, nous changions les choses. Mais, il faut commencer. Nous avons la chance que le Président de la République, même pour la rentrée, a tenu une réunion. C'est une première au Niger. Il suit de près la question de l'éducation. Nous avons un soutien énorme et sur notre épaule pèse une charge aussi énorme qui consiste à répondre aux engagements du Président de la République, donc à chercher des résultats. Nous allons nous mettre en branle pour atteindre ces résultats. Il faut avoir de la patience, mais il faut déjà marquer plus pour que les choses changent parce que l'attente de notre société est énorme sur le plan de l'éducation. 

Réalisée par Souleymane Yahaya

1er octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Mme la présidente, l’ARCOP a organisé récemment une session de formation pour les gouverneurs et les secrétaires généraux sur la commande publique. Pourquoi cette formation maintenant ? Qu’est-ce que la commande publique et qui commande quoi à qui ?

Merci beaucoup. Avant de répondre à votre question, je vais expliquer un peu comment l’Autorité de la Commande Publique est organisée. D’abord, l’ARCOP est créée en Décembre 2022. Elle remplace l’ancienne ARMP, l’Agence de Régulation des Marchés Publics qui est devenue donc Autorité de Régulation de la Commande Publique. Cela pour se conformer aux directives de l’UEMOA parce que nous sommes dans un cadre harmonisé des finances publiques de l’UEMOA. Donc, l’ARCOP va en fait, répondre dans sa globalité à tout ce qui concerne les achats publics. Commande publique, achats publics, tout ce qui concerne des commandes de produits, les grands travaux, les constructions… En matière de commande publique, nous avons celui qui achète et celui qui vend. Tous sont des acteurs. Le secteur privé, c’est-à-dire les entrepreneurs, les commerçants, ce sont eux qui donnent des prestations à l’Etat. L’Etat qui commande à travers notamment les  collectivités  territoriales  et tous les autres démembrements de l’Etat. Ce sont eux qui passent la commande.

A quel niveau intervient alors le rôle de l’ARCOP Mme la présidente ?

L’ARCOP s’intéresse à tous les acteurs. Et c’est l’ARCOP qui élabore les textes, tous les textes relatifs à la commande publique, tous les arrêtés, les seuils des marchés, comment il faut faire les DAO (Dossier d’Appel d’Offres),  comment il faut faire les avis à manifestations d’intérêt…et les mettre à la disposition de tous les acteurs de la commande publique. Conformément à ces textes, il y a au niveau de chaque Ministère, avec la réforme, un directeur des marchés publics qui s’occupe de l’élaboration des dossiers pour le lancement des commandes.

Et si un marché ne respecte pas les textes élaborés par l’ARCOP, Mme la présidente?

En cas de non-respect des textes, il y a des sanctions. Je rappelle qu’au niveau de l’ARCOP, nous avons trois organes : la Direction générale qui  élabore les textes et les met à la disposition du conseil qui va valider. Concernant l’application, nous avons  un comité de règlement des différends qui est aussi un organe.  Des fois, si les soumissionnaires ne sont pas contents de l’offre, ils font un recours au niveau de l’ARCOP. Mais avant de faire ce recours au niveau de l’ARCOP, ils font un recours au niveau de la personne responsable des marchés qui a fait la commande. Il écrit pour demander pourquoi son dossier a été rejeté. Il y a d’abord une première réponse que le soumissionnaire reçoit. S’il n’est pas satisfait de cette réponse, il va faire un recours au niveau du comité de règlement des différends qui va siéger pour voir d’abord la recevabilité, ensuite étudier dans le fond pourquoi, le Monsieur a fait un recours. Avant de statuer sur le fond, quand le dossier est recevable, automatiquement, on suspend  la procédure de ce marché. Le marché est donc suspendu, quelle que soit sa nature. Il faut qu’on statue. Si le recours est fondé, on reprend la procédure. Si le recours n’est pas fondé, on libère  la personne   responsable pour continuer la procédure. C’est ainsi que les acteurs, les soumissionnaires déclarent leur non satisfaction, s’il y a un dysfonctionnement.

Justement Mme la présidente, avez-vous eu à gérer au niveau de l’ARCOP des cas de dysfonctionnement ?

Oui, plusieurs cas. Au niveau de l’ARCOP, deux fois par semaine, tous les mardis et tous les jeudis, nous avons des recours. Et il y a toujours des recours quand les gens ne sont pas satisfaits. Il y a aussi des dénonciations qui sont déposées à la Direction générale. Le Directeur général peut répondre ou bien, les gens font des recours. Nous avons même créé une ligne verte que les gens peuvent utiliser s’ils ne sont pas satisfaits. Comme vous voyez, l’ARCOP c’est un peu comme la justice. Mais les gens pensent que c’est elle qui donne  les marchés, non, l’ARCOP c’est comme un juge. Quand les gens n’appliquent pas correctement les textes ou bien quand ils  ne sont pas satisfaits par rapport à une offre, ils sont libres de faire des recours. C’est le Code des marchés qui le dit. Il décrit toute la procédure et le Code donne latitude à  tous les soumissionnaires de déclarer s’ils ne sont pas satisfaits. L’ARCOP doit regarder en fonction de tout cela pour juger si le recours est fondé ou pas.

A la formation des gouverneurs et des secrétaires généraux, on a parlé d’une nouvelle réglementation en la matière. Pourquoi une nouvelle réglementation ? Est-ce que cela signifie que l’ancienne n’a pas du tout  donné satisfaction ?

En fait ce n’est pas une nouvelle réglementation en tant que telle. Il y a une nouvelle organisation qui remplace l’ancienne structure, c’est presque le même travail. Seulement à la différence de l’autre, il y a deux organes et cette autorité a trois organes et que le Code qui réglemente le marché public a été revu. Il y a un nouveau code qu’il faut vulgariser parce qu’il y a eu des changements et des nouveaux textes ont été ajoutés à ce code. C’est pourquoi, il est tout à fait normal, dès qu’il y a un petit changement au niveau d’un texte, de le vulgariser pour que les gens puissent s’imprégner du contenu afin de  pouvoir bien gérer les marchés publics dans le cadre de la bonne gouvernance.  

Mme la présidente quels sont les autres problèmes liés à la commande publique au Niger ?

Il y a beaucoup de points qu’on peut énumérer à ce niveau. Mais pour l’instant, je vous ai parlé des missions de l’ARCOP qui sont de préparer les textes et surtout de former les acteurs de la commande publique qui sont notamment la société civile, le secteur privé sur comment gérer les marchés publics dans la bonne gouvernance. Si ces gens ne sont pas bien formés, on ne peut pas bien gérer la commande publique. Le marché public, c’est toute une procédure. Au tout début, il y a la passation des marchés. Normalement  chaque année, au plus tard le 31 décembre, tous les ministères ont déjà la programmation de leurs marchés appelés PPM (Plan de passation des marchés). Et ce sont ces PPM  qui sont diffusés en début de chaque année. Dès que la loi des finances est votée, ces plans de passation des marchés sont diffusés. Chaque mois, si vous prenez le journal à la dernière page, vous allez voir des additifs de plans de passation de marché, additif PPM… C’est au vu de cette programmation et en fonction aussi des libérations des crédits que le Ministère des Finances livre au niveau de chaque ministère qu’ils vont faire leur commande. Mais le problème, c’est que vous avez fait votre plan de passation, mais le premier trimestre, vous n’avez pas eu la libération des crédits, le deuxième trimestre aussi, vous n’avez pas eu la totalité. Donc cela veut dire qu’il y aura un problème dans le circuit de la passation des marchés jusqu’à l’attribution, jusqu’à l’exécution, jusqu’à la réception ou la livraison. C’est un circuit composé du plan de passation,  de la procédure de passation, de l’attribution des marchés, du début des travaux, de la construction et de la livraison. Normalement, si c’est le cas de la construction, vous construisez et vous livrez. Mais si on ne vous  paie pas, vous ne pouvez pas finir et  livrer. Et le problème se trouve à ce niveau-là. Vous voyez maintenant avec le budget programme. Pour les investissements, si par exemple, on doit faire tel investissement sur trois ans et que cette année, on vous donne tel crédit, vous devrez tout faire pour consommer ce crédit sinon l’année prochaine ça va tomber à l’eau et il faut encore la deuxième tranche. La troisième année, la troisième tranche. Alors, vous n’avez pas fini la première année, vous partez en deuxième année, déjà l’autre tranche n’est pas achevée, vous partez en troisième année. Est-ce qu’on peut livrer ainsi une construction si c’est le cas.

Quel message avez-vous à adresser aux différents acteurs de la commande publique?

Je demande à toutes les personnes responsables des marchés publics de s’imprégner et de bien se former sur la procédure de passation et les différents textes. Il faut que les gens maitrisent le Code. Surtout que  pour chaque code, quand on dit qu’il y a un texte de lois ou un décret, il y a toujours des textes d’application pour faciliter la tâche. S’il y a un problème, l’ARCOP est là. On peut toujours faire appel à elle. Il y a un service technique qui peut toujours  aider les différents acteurs  dans ce sens.

Par Fatouma Idé (ONEP)

Source : http://lesahel.org/

 

Mme Elback Zeinabou Tari Bako, ministre de la Promotion de la Femme et de la Protection de l’Enfant : «Dans le souci de promouvoir les droits des femmes, nous envisageons d’élaborer et de mettre en œuvre un Programme National de Promotion du leadership féMme la ministre, la Journée Internationale de la Femme est célébrée aujourd’hui 8 mars dans tous les pays du monde. Pouvez-vous nous faire un bref rappel historique des circonstances qui ont conduit à l’institution de cette journée ?

Merci de l’opportunité que votre journal me donne pour parler de cette importante journée que le Niger, à l’instar des autres pays de la Communauté Internationale, célèbre aujourd’hui 8 mars 2019. En effet, cette journée a été proclamée par l’Assemblée Générale des Nations Unies à l’occasion de la décennie de la femme en 1975 pour commémorer les marches historiques des femmes de 1907 et 1908 afin de revendiquer leurs droits au suffrage.

Quel est le thème retenu pour l’édition 2019 et qu’est ce qui justifie le choix de ce thème ?

L’édition 2019 a pour thème : «Promotion et Accès aux infrastructures durables au service de l’égalité de genre et de l’autonomisation des femmes et des filles ».

Il est tiré du thème prioritaire de la 63ème session de la Commission de la Condition de la Femme intitulé: « Les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et les infrastructures durables au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles», prévu du 11 au 22 mars 2019 à New-York.

En effet, le choix de ce thème n’est pas fortuit car nous pouvons aisément affirmer qu’aujourd’hui, le développement durable d’un pays ne peut être effectif sans la promotion et l’accès aux infrastructures durables au service de l’égalité de genre et de l’autonomisation des couches représentant plus de la moitié de la population, que sont les femmes et les filles. Il s’agit d’attirer l’attention des autorités et des Partenaires au développement sur l’importance de l’accès des femmes et des filles aux infrastructures durables en vue de leurs capacités en entrepreneuriat et en leadership.

Mme la ministre, le Niger célèbre le 13 mai prochain, la journée nationale de la femme nigérienne, édition 2023, dans un contexte marqué par de multiples défis. Quels sont les progrès enregistrés par celle-ci dans le domaine de l’entreprenariat féminin où vous êtes aujourd’hui la première responsable ?

Avant de parler de l’entrepreneuriat féminin, je voudrais d’abord rappeler que la Journée Nationale de la Femme Nigérienne est le résultat de la lutte des femmes nigériennes qui se sont senties marginalisées lors des préparatifs de la Conférence Nationale Souveraine des forces vives de la Nation de 1991. Ce mouvement, à lui seul, montre à quel point les femmes étaient absentes des sphères de décision. Et comme l’adage le dit, «seule la lutte paie». Aujourd’hui, les lignes bougent car, la femme nigérienne est présente partout où le devoir appelle les citoyens. Et cela sur toutes les questions qui touchent au développement socio-économique et politique de notre pays. Nous pouvons dire que le mouvement de 1991 a libéré les femmes, a libéré leur énergie à tous les niveaux, que ce soit au plan politique ou au plan économique.

Partant de cet état de fait, l’entrepreneuriat féminin a pris de l’ampleur ces dernières années, particulièrement dans le domaine agro-alimentaire. Nous comptons aujourd’hui, plusieurs femmes promotrices et chefs d’entreprises industrielles. Les femmes sont également présentes dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, dans le secteur de l’habillement, ceux des cosmétiques, de la restauration, du tourisme, de l’agro-business. L’entrepreneuriat des femmes touche également les secteurs sociaux comme l’éducation, la santé. Je n’oublie pas le secteur du commerce où les femmes occupent une place de choix.

D’énormes progrès sont enregistrés, tant en milieu rural qu’au niveau des centres urbains. Aujourd’hui, il n’y a plus de domaine réservé. Les femmes sont présentes et très actives dans tous les secteurs d’activités. Elles opèrent individuellement ou en groupe sous différentes formes : groupements d’intérêt économique, coopératives, associations etc. Un regard rétrospectif dans le secteur de la transformation agro-alimentaire permet de constater une amélioration sensible dans la conduite des entreprises dirigées par les femmes, en ce qui concerne le management, les processus de production y compris les questions liées à la sécurité sanitaire des aliments, les emballages et bien d’autres aspects de la vie des entreprises. Je voudrais également souligner qu’en milieu urbain, une profonde mutation est observée dans l’entrepreneuriat féminin, celle qui consiste à mettre en place des entreprises formelles, durables et créatrices d’emplois en lieu et place d’activités génératrices de revenu dont l’objectif principal est de contribuer à l’autonomisation des femmes. Tout ceci est le fruit des efforts conjugués de l’Etat du Niger et de ses partenaires, qui ont su mettre en place les conditions et les instruments nécessaires en vue d’accompagner l’entrepreneuriat des femmes.

Ces dernières années, on constate un fort engouement des femmes dans l’entrepreneuriat. Est-ce qu’il existe un mécanisme de promotion ou une stratégie qui permet de favoriser  l’entrepreneuriat féminin ?

L’entreprenariat des femmes est fortement soutenu par l’Etat du Niger et ses partenaires. Plusieurs services de l’Etat, des partenaires bilatéraux et multilatéraux et des ONG contribuent à améliorer le cadre d’exercice des femmes entrepreneures. Les interventions concernent le renforcement des capacités, la fourniture de matériels et d’équipements de production, les échanges d’expériences, etc. La Stratégie Nationale de Promotion d’Entrepreneuriat des Jeunes adoptée par le Gouvernement prend en compte la dimension femme entrepreneure. Par ailleurs, plusieurs projets et programmes sont mis en place par l’Etat en vue d’encourager l’entrepreneuriat des femmes tant en milieu urbain que dans le monde rural. De plus, le Gouvernement a mis en place une Stratégie Nationale de la Finance Inclusive en vue d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres. Ceci permet aux femmes l’accès au financement de leurs projets à côté du dispositif traditionnel. Enfin, le programme de certification des produits et services mis en œuvre par l’Agence Nationale de Normalisation, de Métrologie et de Certification contribue fortement à la promotion des produits fabriqués par les femmes transformatrices.

Beaucoup de femmes entrepreneures au Niger excellent dans la transformation agro-alimentaire avec des outils et des techniques artisanales. Or notre pays a accueilli en novembre  2022 le sommet de l’Union Africaine sur l’Industrialisation économique en Afrique. Quelles sont les perspectives qui s’ouvrent pour ces nombreuses transformatrices en vue d’une modernisation de la filière ?

Effectivement, l’entrepreneuriat féminin est plus présent dans la transformation agro-alimentaire. Les activités de transformation concernent toutes les spéculations agricoles, les produits de l’élevage, de la pèche, de la forêt. Il nous est loisible d’affirmer que les produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques du Niger font l’objet de transformation et à des degrés différents. Toutefois, comme vous l’avez souligné, les équipements de production et les processus sont le plus souvent artisanaux et les actions à prédominance manuelles. Ceci fait que la qualité des produits ne pourrait pas être totalement garantie, même si par ailleurs, ces femmes maitrisent bien les processus de production.

{xtypo_quote}Plusieurs projets et programmes sont mis en place par l’Etat en vue d’encourager l’entrepreneuriat des femmes tant en milieu urbain que dans le monde rural. Mme Salamatou Gourouza Magagi.

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Lors de la Semaine de l’Industrialisation de l’Afrique en novembre 2022 ici même à Niamey, mon département ministériel avait organisé des activités parallèles. Et fort du souci de voir développé l’entrepreneuriat au Niger, nous avons retenu un panel sur le thème «Les PME dirigées par les jeunes et les femmes : moteur de l’industrialisation de l’Afrique». Parallèlement, un forum des femmes transformatrices a été organisé sous le haut patronage de la Première Dame Mme Khadijatou Bazoum. Il est entre autres ressorti du panel que les PME jouent un rôle indéniable dans l’économie des pays africains à travers l’industrialisation. Elles génèrent près de 80% des emplois des jeunes et des femmes mais sont confrontées à des difficultés. Pour faire face à ces entraves, les PME doivent bénéficier d’un accompagnement pour les aider à avoir une vision claire de leur ambition, de bien gérer leurs affaires et avoir des compétences nécessaires pour la levée des fonds. Il faut aussi un engagement fort et une collaboration de toutes les parties prenantes dont : les pouvoirs publics, le secteur privé, les structures de financement, les partenaires au développement, les organisations non-gouvernementales, les organisations de la société civile et les médias. Les interventions ont également fait ressortir que le renforcement des PME dirigées par les jeunes et les femmes est à même de soutenir la croissance inclusive du secteur, de permettre l’accès à l’information (connaissance du marché, éducation à la recherche des opportunités, formations spécifiques) et à un certain nombre d’outils.

Au sortir de cette semaine et à l’issue du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine du 25 novembre 2022, des décisions importantes ont été prises. En ce qui puisse concerner les femmes entrepreneures, l’on peut noter la création des parcs industriels durables avec des espaces dédiés aux PMI (Petites et Moyennes Industries), comme moyen de surmonter les contraintes actuelles des infrastructures industrielles. Il a été également convenu de renforcer la mobilisation des ressources nationales pour assurer le financement durable de l’industrialisation de l’Afrique, d’allouer un minimum de 5 % du budget national au développement industriel et investir dans la fabrication et la transformation des produits agricoles. Il a été également décidé d’accélérer la finalisation des normes et directives pour le Label « Made in Africa » et de réserver au moins 10 % des marchés publics aux entreprises locales, afin de renforcer le développement du secteur privé et l’industrialisation.

L’accès au crédit bancaire surtout pour les femmes est souvent invoqué comme principal frein à l’entrepreneuriat féminin ; quelles sont les solutions envisageables par l’Etat pour surmonter cet obstacle et permettre l’émergence d’un écosystème financier favorable à l’entrepreneuriat féminin dans notre pays ?

Je ne pense pas que les difficultés d’accès au crédit bancaire constituent le principal frein à l’entreprenariat féminin. Il y a tant d’autres obstacles. S’agissant particulièrement des questions de financement, notre pays a enregistré des avancées notamment avec la création et l’opérationnalisation de l’Agence de Financement des PME/PMI. En plus, sous l’impulsion de l’UEMOA, un dispositif de financement des PME a été mis en place et associe les banques commerciales, les établissements financiers et les structures d’appui et d’accompagnement. Ce dispositif permet de faciliter l’accès des PME aux crédits bancaires avec la facilitation de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, l’Etat a encouragé la mise en place des structures de micro-crédit sur l’ensemble du pays à travers la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de la Finance Inclusive.

Outre l’accès au crédit, quels sont les autres freins à l’essor de l’entreprenariat féminin au Niger ?

En plus des difficultés des femmes à accéder aux crédits, il y a d’autres obstacles qui me paraissent importants. Je pourrais citer notamment : les pesanteurs socio-culturelles, l’accès restrictif au foncier, le manque de formation, l’accès au marché. Dans notre milieu, certains pensent que la femme ne doit pas être un acteur économique et que son rôle doit se limiter à s’occuper du foyer conjugal notamment les tâches domestiques, l’entretien et l’éducation des enfants. Dans certains cas, les femmes autorisées à exercer des activités économiques le font à l’avantage de leurs conjoints pour subvenir aux besoins essentiels de la famille. Les difficultés d’accès à la terre (on dit généralement que la terre appartient aux hommes) limitent également le rôle des femmes dans l’agro-business. En milieu urbain, les femmes entrepreneures ont des problèmes pour acquérir des sites de production, soit parce que les terrains coûtent excessivement cher, soit les frais de location sont exorbitants. Aussi, les femmes sont pleines d’initiatives, mais le plus souvent elles manquent de formations adéquates. Le renforcement de leurs capacités à gérer les entreprises est essentiel si tant est que leur participation à l’industrialisation du pays est recherchée. C’est aussi la voie pour accéder au marché avec l’appui des structures spécialisées de l’Etat.

L’entreprenariat est un domaine qui comporte beaucoup de risques et requiert un minimum de formation, quelles sont les actions entreprises par votre département ministériel pour encourager les femmes afin d’y faire carrière ?

Comme je venais de le dire, la formation est d’une très grande importance dans la vie des entreprises. Le Gouvernement est bien conscient de cela et c’est la raison pour laquelle il a mis en place des structures qui appuient au renforcement des capacités des entrepreneurs notamment des femmes. Tout ce qui est nécessaire à la bonne gestion des entreprises leur est transmis à travers l’organisation d’ateliers, de séminaires et de voyages d’étude. Tous les aspects qui touchent la vie des entreprises sont pris en compte dans les formations dispensées, à commencer par comment créer son entreprise, le leadership féminin, l’organisation du travail, les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication, le management de la qualité, les techniques de vente etc. Je voudrais assurer qu’au niveau de mon département ministériel, nous fournissons beaucoup de services aux entreprises notamment en matière de protection des droits de la propriété industrielle, de vulgarisation des technologies, d’élaboration des normes de certification des produits et des services d’accompagnement à la mise à niveau. Tout ceci concourt au renforcement des entreprises et à l’amélioration de leur compétitivité.

Par Réalisée par Hassane Daouda(onep)

Source : http://lesahel.org/

 

Ibrahim Guimba Saidou AinsiMonsieur le Directeur Général, lors du Conseil des ministres du 10 juillet dernier, le Haut-commissariat aux NTICs a été érigé en Agence Nationale pour la Société de l’Information (ANSI). Pouvez-vous nous donner les raisons de cette réorientation dans le domaine des NTICs au Niger?

Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) jouent un rôle de plus en plus important dans la vie socio-économique, et particulièrement dans ceux en voie de développement comme le Niger. De plus, ils s’avèrent être un outil transversal qui touche toutes les couches de notre société. L’analyse profonde des défis de développement auxquels notre pays fait face, révèle que les TIC sont une composante incontournable dans l’atteinte de nos objectifs de développement durable.

Au vu de tous ces éléments, le Président de la République a estimé que le Niger devrait être résolument engage dans la révolution numérique, qui nous touche de plein fouet. Le Chef de l’état voudrait que nous nous servions de cette révolution pour moderniser notre économie, renforcer notre croissance, renfoncer notre sécurité, améliorer la gouvernance, et renforcer les programmes et secteurs prioritaires tels que les 3N, la Santé, l’Education et l’entrepreunariat des jeunes.

Il s’est naturellement avéré qu’une structure comme l’ANSI serait mieux habilitée que le Haut Commissariat a mener cette mission. De plus, vue son importance capitale, le Président de la République a tenu a personnellement suivre l’évolution de ce vaste chantier stratégique pour notre pays et sa population, surtout la jeunesse et le monde rural.

Moussa Hamadou Djingarey cineaste realisateur nigerienMoussa Hamadou Djingarey, est de la nouvelle génération des cinéastes   nigériens. C’est à l’occasion d’un pèlerinage en Arabie Saoudite que Moussa Hamadou Djingarey a pris goût à la réalisation et s’y est formé sur le tas. Il a commencé par la «petite production» vers 2003, puis le documentaire, avant de s’illustrer depuis quelques années dans la fiction. Celui qui aime se présenter comme le « plus vieux » de la jeune génération des cinéastes nigériens, revendique déjà une filmographie riche de cinq longs métrages dont «Hassia », amour ou Châtiment, « Le pagne ». Ses films racontent les souffrances des femmes victimes de certaines pratiques traditionnelles, des préjugés…«Le film «Hassia» m’a donné une mission. Il m’a permis de comprendre qu’ici au Niger, on a vraiment besoin du support audio-visuel pour éduquer et sensibiliser», dit-il. Mais, une mission un peu difficile à réaliser du fait des obstacles auxquels bute le secteur du cinéma.

Moussa Hamadou Djingarey, vous êtes surtout connu dans la fiction, genre dans lequel le film « Hassia » vous a révélé. Comment est ce que vous êtes arrivés dans le cinéma ?

J’ai commencé à travailler dans le domaine de la production audio-visuelle au Niger depuis 2002. Mais j’ai réellement commencé à m’intéresser à ce domaine après un séjour en Arabie Saoudite où j’étais parti pour la «Oumra». J’ai côtoyé là-bas un technicien libanais dont la société fait des productions audio visuelles, notamment des émissions pour la télévision saoudienne. Je le suivais sur le terrain de la production pendant presque quatre ans jusqu’à ce que j’ai commencé à utiliser la camera, à tourner, et il m’a initié en montage. C’est vraiment une formation pratique que j’ai reçue de 1999 jusqu’en 2002 quand j’ai décidé de regagner mon pays. Et je suis rentré avec du matériel numérique. J’ai créé ma boite de production, « MD digital production », vers la fin de l’année 2002. C’était un vrai changement, puisque beaucoup de gens qui travaillent dans le domaine de la production étaient habitués à du gros matériel. Avec mon matériel numérique j’ai commencé à faire la petite production, les vidéo clips. De 2002 à 2006, je produisais les clips vidéo des rappeurs du groupe «Kai Dan Ganskiya», «Mali Yaro»... J’ai commencé aussi à réaliser, à produire les sketches de la troupe Mourna de Nourou de 2005 jusqu’à 2007. Par la suite avec l’appui de certaines institutions j’ai suivi d’autres formations à l’extérieur dont la résidence Africa Doc qui initie les jeunes à l’écriture des scénarios, la production et à la réalisation des documentaires ; ici à l’IFTIC avec l’association Contrechamps ; au Cirtef du Benin ; des stages en France, au Maroc…

ssou_Conviction.jpgEn marge du 30e sommet de l’Union africaine, Mahamadou Issoufou livre sa vision du développement et son approche pour vaincre les groupes djihadistes.
Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, pilote le dossier de la zone de libre-échange continentale pour le compte de l’Union africaine (UA). Il s’agit, selon lui, d’une nécessité et d’une étape « historique » vers une véritable intégration permettant, par une approche économique, de réduire la pauvreté et de lutter contre le terrorisme qui ravage la région. Désormais, à la tête du G5 Sahel, M. Issoufou livre en marge du 30e sommet de l’UA, à Addis-Abeba, sa vision du développement et son approche militaire, sociale et économique pour, pense-t-il, vaincre les groupes djihadistes.

Vous êtes en charge de la question du libre-échange au sein de l’Afrique. N’est-ce pas présomptueux notamment dans les régions sous la menace de groupes terroristes ?
Mahamadou Issoufou. Au contraire. Que les frontières soient ouvertes ou fermées, le terrorisme passe. Le développement exige plus d’intégration et un marché continental qui soit libéralisé au sein d’un marché commun. Regardez la carte : l’Afrique a plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de frontières. Pourtant, le commerce intra-africain ne représente que 13 % des échanges continentaux. Car les infrastructures manquent, à commencer par les routes, et le trafic aérien est encore trop faible. Ce qui contraint l’Afrique à importer ses produits d’autres continents.


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Pour revenir au terrorisme, ce manque d’intégration freine l’économie et renforce la pauvreté, de même que le chômage. Certains jeunes Africains n’ont plus d’autre choix que de fuir, au risque de mourir dans le désert ou en pleine mer. Le marché commun en Afrique peut permettre de sortir de cette situation. Mais, pour y arriver, il faut produire et lever tous ces obstacles qui entravent le commerce intra-africain.


Concrètement, que ressort-il de ce 30e sommet de l’UA à ce sujet ?
L’accord relatif à la création d’une zone de libre-échange continentale (ZLEC) sera officiellement adopté à Kigali, le 21 mars. Il s’agit d’un ambitieux projet d’intégration, historique pour notre continent, qui va pouvoir progressivement sortir de la misère. Pour le moment, la plupart des 55 Etats de l’UA sont d’accord, avec des degrés d’ouverture différents selon les pays. Certains produits sensibles sont exclus, pour des raisons sécuritaires évidentes.


Pensez-vous réellement que certains pays, très sourcilleux sur leur souveraineté et le contrôle aux frontières, vont s’ouvrir, reconnaître le passeport africain et délivrer des visas à l’arrivée ?
Chaque pays ne peut s’intégrer de la même manière. Nous devons faire évoluer ce contexte, œuvrer pour la réouverture de certaines frontières fermées depuis des décennies. Les blocs régionaux s’organisent aussi. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) doit avoir sa monnaie unique. A titre personnel, je suis venu à Addis-Abeba avec mon passeport africain délivré par l’UA et qui va se généraliser afin de faciliter la libre circulation des personnes.


{xtypo_quote}« Nous sommes des pays fragiles mais déterminés. Il serait préférable de placer notre force conjointe du G5 Sahel sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui autorise le recours à la force. Mais les Etats-Unis n’y sont pas favorables. »{/xtypo_quote}


En plein Niamey, les rails posés par le groupe Bolloré sont déjà endommagés et le projet de boucle ferroviaire qui devait relier Cotonou à Abidjan est au point mort. N’était-il pas l’un des projets phares d’intégration ouest-africaine ?
Ça me fait mal de voir ça dans ma capitale. Les jonctions des rails posés au Niger ne sont pas faites avec les autres pays. Le projet est bloqué pour l’instant car la justice béninoise a donné raison à un acteur économique qui revendique les droits sur cette boucle ferroviaire.


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En tant que nouveau président du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), comment comptez-vous rendre opérationnelle et efficace cette force régionale qui manque de financement ?
C’est vrai que certains pays ne sont pas très favorables à nous financer. Nous avons des promesses de financement de la part de l’Union européenne, de la France, des Etats-Unis. Mais ce n’est pas suffisant. Nous ne désespérons pas. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis vont également apporter leur soutien.
Nous allons continuer les plaidoyers pour convaincre les hésitants, ce qui peut prendre du temps. Mais le G5 Sahel n’a pas uniquement une dimension militaire. Là encore, la finalité est une intégration économique dans cette région sinistrée où l’on trouve des indices de développement parmi les plus faibles au monde. Le crime organisé s’est développé, se greffe parfois sur le terrorisme, et constitue lui aussi une menace sécuritaire et économique.


Cette force africaine ne risque-t-elle pas d’être isolée et donc incapable de remporter cette guerre ?
Nous avons fini par adopter une stratégie purement africaine. Nous sommes des pays fragiles mais déterminés. Il serait préférable de placer notre force conjointe du G5 Sahel sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui autorise le recours à la force. Mais les Etats-Unis n’y sont pas favorables. J’aurai également voulu que la force conjointe soit une brigade de la mission des Nations unies au Mali (Minusma) sur le modèle de la brigade mixte en République démocratique du Congo.
Certains dispositifs me semblent inappropriés et je crois qu’on se trompe de combat lorsque l’ONU déploie au Mali des opérations de maintien de la paix, qui coûtent un milliard de dollars. Ce n’est pas de paix dont il s’agit mais d’une guerre contre les groupes terroristes qui menacent l’unité du Mali et ravagent le Sahel.


Qu’en est-il de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 par des groupes du nord du Mali réticents à se désarmer, dont l’application semble tarder ?
Il n’est pas caduc. Sa mise en œuvre est conditionnée à la défaite du terrorisme. D’autant que ces mouvements qui ont signé cet accord ont été, il n’y a pas si longtemps encore, avec les groupes terroristes. D’ailleurs, certains signataires ne savent pas qui sortira vainqueur de cette guerre et semblent encore hésitants à choisir leur camp.


{xtypo_quote}« Je suis un peu désespéré [par la situation en Libye]. Le pays est trop divisé, tribalisé, avec des milices puissantes que je n’imagine pas accepter un désarmement. Il faut donc une force, dont j’ignore la nature, pour les combattre. »{/xtypo_quote}


Etes-vous favorable à une loi de réconciliation avec les mouvements du nord du Mali ou à une amnistie, comme vous l’avez accordée à certains repentis de Boko Haram ?
C’est au Mali de décider. Au sein du G5 Sahel, notre priorité est de restaurer l’autorité de l’Etat malien sur son territoire et de faire que cet Etat reste laïc. Au Niger, nous privilégions des approches complémentaires et je crois qu’il faut promouvoir des négociations quand on le peut. Evidemment, certains mouvements sont exclus de cette approche. Notre programme de déradicalisation et de réinsertion de repentis de Boko Haram se poursuit. Nous avions lancé un appel à la reddition en décembre 2016 à ceux qui étaient disposés à déposer les armes, ce que nous n’avons pas encore fait au nord du pays.


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Selon vous, la lutte contre Boko Haram peut-elle être menée à bien par la Force multinationale mixte (FMM), qui réunit les armées du bassin du lac Tchad ?
Malgré quelques revers, la tendance est à l’affaiblissement de Boko Haram et la FMM opère bien sur un terrain difficile. La guerre ne peut être remportée seulement par les armes. La naissance de ce mouvement puise sa source dans la pauvreté et l’impact du changement climatique qui a provoqué la réduction de 90 % du niveau des eaux du lac Tchad et bouleversé l’économie locale.
Nous avons un plan quinquennal de développement dans cette région et nous comptons, avec les autres pays du lac, exhumer un vieux projet : le transfert des eaux du fleuve Oubangui vers le lac Tchad via un canal créé pour l’occasion. Cela va coûter très cher mais c’est indispensable pour le développement de la région. Nous allons d’ailleurs en discuter fin février à Abuja, au Nigeria, lors d’une conférence organisée par l’Unesco et la Commission du bassin du lac Tchad.


Vous devez également contenir une menace qui vient de Libye. Comment envisagez-vous la gestion de cette crise ?
Je suis un peu désespéré. Le pays est trop divisé, tribalisé, avec des milices puissantes que je n’imagine pas accepter un désarmement. Il faut donc une force, dont j’ignore la nature, pour les combattre. A cela s’ajoute le terrorisme. J’espère un miracle. On soutient la feuille de route des Nations unies. Mais ça n’avance pas assez vite. Il faut une Constitution et des élections. Pour le moment, les parties libyennes ne s’entendent pas. Or la solution doit venir des Libyens. Si on ne règle pas le problème de la Libye, on ne pourra pas ramener la paix dans le Sahel ni combattre le djihadisme et sa pensée qui se diffuse dans la région.
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Comment le Niger fait-il face à la montée de l’islam radical parfois financé par des pays du Golfe ?
L’influence de ces pays n’est pas à sous-estimer et il faut prévoir des digues. On vit une sorte de Moyen Âge de l’Islam, avec des réformes et des affrontements. Mais on en sortira tôt ou tard. Il faut mettre des garde-fous pour contenir la tendance à confessionnaliser la politique. Au Niger, certains revendiquent la charia et des groupes veulent créer des partis religieux.
Encore une fois, le développement est crucial. Nous consacrons 25 % du budget de l’Etat à l’éducation. Nous avons également renforcé l’enseignement de l’histoire des religions à l’école, gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans, pour mieux contrer la radicalisation. Si on n’arrive pas à donner du travail à nos jeunes de moins de 25 ans, qui représentent 75 % de la population, alors nos digues pour contrer ces forces néfastes s’écrouleront. C’est une course contre la montre.

Propos recueillis par Ghalia Kadiri (Addis-Abeba, envoyée spéciale) et Joan Tilouine (Addis-Abeba, envoyé spécial)

31 janvier 2018
Source : http://www.lemonde.fr/

Pr Oumarou NAREY, Premier Président de la Cour des comptes

M. le Premier Président, votre Institution a publié son Rapport Annuel de contrôle financier dans les institutions et services publics qui reçoivent les subventions de l’Etat. Dans ce Rapport qui a fait l’écho dans l’opinion nationale, plusieurs irrégularités et récidives ont été relevées. Pouvez-vous  nous situer le contexte dans lequel la Cour des comptes élabore ce Rapport ?

Pour situer ce contexte, il convient tout d’abord de rappeler que le Rapport Général Public est élaboré conformément aux dispositions des articles 5 et 149 de la loi organique n° 2020-035 du 30 juillet 2020 déterminant les attributions, la composition, l’organisation et le fonctionnement de la Cour des comptes.

Ce Rapport traite des différentes observations faites à l’occasion des diverses vérifications effectuées pendant l’année précédente ainsi qu’à la gestion et aux résultats des entreprises contrôlées par la Cour. Ce Rapport est remis à leurs Excellences Messieurs le Président de la République, le Président de l’Assemblée Nationale et le Premier Ministre. Il est rendu public.

Ensuite, il faut rappeler que le Code de transparence des finances publiques de l’UEMOA transposé au Niger par la loi n° 2014-07 du 16 avril 2014, exige également de la Cour des comptes de : rendre publics tous les rapports qu’elle transmet au Parlement, au Gouvernement et à Son Excellence Monsieur le Président de la République ; publier ses décisions particulières sur son site web s’il en existe et dans au moins deux grands journaux nationaux de grande diffusion ; d’assurer un suivi de ses recommandations et de porter régulièrement à la connaissance du public les résultats de ce suivi.

Le Rapport Général Public est finalement un document qui permet à la Cour des comptes de suivre ses recommandations et de publier les résultats de ses activités de contrôle. C’est l’outil privilégié d’information des citoyens sur la gestion des finances publiques.

 {xtypo_quote}« Le domaine de compétence de la Cour est très large (…). Mais les ressources humaines et financières mises à la disposition de la Cour des comptes sont très insuffisantes au regard de son vaste domaine d’intervention ».{/xtypo_quote}

M. le Premier Président, la principale préoccupation de l’opinion à chaque fois que de tels manquements sont mis en lumière, surtout par rapport à l’utilisation des finances publiques, c’est le manque de sanctions, les récidives ou encore la non application des recommandations de la Cour. Quelles sont les limites des pouvoirs de la Cour des comptes par rapport à ces cas ?

Les limites s’observent à un triple niveau de l’exercice par la Cour de sa compétence : La compétence juridictionnelle par laquelle elle juge les comptes des comptables principaux de l’Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics appliquant les règles de la comptabilité publique. Cette compétence lui permet également de juger les comptes des comptables de fait et de sanctionner les fautes de gestion. Ainsi, la sanction de la Cour des comptes se matérialise par la mise en jeu de la responsabilité des comptables patentés et des comptables de fait ainsi que par l’amende infligée aux coupables de fautes de gestion ;

La compétence de contrôle par laquelle la Cour des comptes s’assure du bon emploi des fonds publics. Il s’agit d’un contrôle qui porte sur tous les aspects de la gestion des entités soumises aux contrôle de la Cour (Etat, collectivités territoriales, établissements publics quel que soit le régime juridique, entreprises publiques, sociétés d’Etat, etc.). Cette compétence permet également à la Cour de contrôler les comptes des partis politiques et les déclarations de biens des personnalités assujetties. Elle permet en outre à la Cour de donner un avis sur les rapports annuels de performance des administrations en charge des programmes, de certifier les comptes de l’Etat, de participer à l’évaluation des politiques publiques, d’auditer et de publier le rapport sur la situation globale des finances publiques, et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement, préparé par le Gouvernement dans les trois (3) mois suivant l’élection présidentielle. Par rapport à cette compétence, il y a lieu de noter que le législateur organique n’a pas donné un pouvoir de sanction à la Cour. Cette dernière agit en qualité d’auditeur auprès des entités assujetties, leur fait des recommandations pour leur permettre d’améliorer leur gestion en assurant un suivi desdites recommandations.

Par ailleurs, la Cour des comptes est habilitée à faire des référés aux Ministres concernés ou ceux de tutelle. L’innovation introduite par la nouvelle loi organique est que le Premier Président de la Cour peut porter à la connaissance de son Excellence Monsieur le Président de la République l’absence de réponses dans les délais impartis et lui signaler, le cas échéant, les questions pour lesquelles les différents référés n’ont pas reçu de suite satisfaisante.

La compétence consultative par laquelle la Cour assiste l’Assemblée Nationale en élaborant le rapport sur l’exécution de la loi des finances et la déclaration générale de conformité et en menant à sa demande toutes enquêtes et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques. La Cour des comptes peut être consultée par le Gouvernement ou l’Assemblée Nationale sur des questions économiques, financières ou de gestion des services de l’État. A ce niveau également, la Cour des comptes ne dispose pas de pouvoirs coercitifs à l’encontre de ses assujettis.

Au total, des trois (3) compétences de la Cour des comptes, le législateur ne lui a conféré le pouvoir de sanctionner qu’en matière juridictionnelle. Pour les deux autres (compétence de contrôle et compétence consultative), elle ne peut que faire des suggestions pour améliorer la gestion ou émettre un avis sur telle ou telle question relevant de sa compétence.

M. le Premier Président, on constate que le travail que mène votre institution conformément à ses missions nécessite d’importants efforts, des besoins en ressources humaines et financières surtout. Est-ce que la Cour à les moyens qu’il lui faut ?

Le domaine de compétence de la Cour est très large car il couvre les comptes de tous les organismes du secteur public et, au-delà, les comptes des partis politiques, les déclarations des biens ainsi que ceux des organismes faisant appel à la générosité publique. Mais les ressources humaines et financières mises à la disposition de la Cour des comptes sont très insuffisantes au regard de son vaste domaine d’intervention.

M. le Premier Président, tout récemment la Cour a fait sa rentrée judiciaire 2020-2021 et lancé officiellement le plan stratégique 2020-2024. Quelles sont, de manière résumée, les objectifs de ces activités ?

La rentrée judiciaire effectuée par la Cour des comptes consiste, d’une part, à sacrifier à une tradition bien établie en milieu judiciaire et, d’autre part, à accueillir les nouveaux membres afin de partager avec eux la manière dont l’Institution a accompli et continuera d’accomplir son office. En effet, en tant que gardienne de la bonne utilisation des deniers publics, la Cour des comptes participe, au quotidien, à la consolidation de l’État de droit et de la démocratie.

Les objectifs poursuivis par la Cour à travers le plan stratégique 2020-2024 vise à améliorer la qualité des contrôles de la Cour des comptes ; améliorer la confiance des parties prenantes envers la Cour des comptes par l’appropriation de ses travaux ; faire de la Cour une Institution modèle intégrant la prise en compte du genre.

Quels sont les grands défis, les enjeux et les perspectives de votre Institution dans les années à venir ?

Le défis que la Cour des comptes doit relever sont notamment : la couverture de son champ de compétence au regard de la modicité de ses ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; le renforcement des relations avec les parties prenantes.

Les enjeux tournent autour de l’actualisation de certains outils de gouvernance (stratégie de communication, plan stratégique de gestion des ressources humaines, code de déontologie etc.) ; la mise en œuvre du plan stratégique 2020-2024 ; la mise en pratique de son autonomie financière.

Les perspectives sont les suivantes : le respect et l’application des dispositions de la nouvelle loi organique ainsi que la mise en œuvre des outils de gouvernance (plan stratégique 2020-2024, stratégie de mise en œuvre des normes internationales des Institutions supérieures de contrôle des finances, la stratégie d’implication des parties prenantes de la Cour etc.) offrent à la Cour l’espoir de réaliser avec succès ses missions.

Quelles sont les attentes vis-vis des pouvoirs publics et des acteurs concernés par le travail et les missions de votre institution ?

Les attentes de la Cour par rapport à ses parties prenantes sont nombreuses. Ainsi à l’égard du pouvoir législatif (Assemblée Nationale), les attentes de la Cour sont : exploiter les rapports de la Cour en vue d’assurer la mise en œuvre des recommandations dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale ; produire à la Cour les documents légalement requis (compte de gestion du Payeur de l’Assemblée Nationale par exemple).

Vis-à-vis du pouvoir exécutif (plus précisément du Gouvernement), les attentes de la Cour sont notamment : produire à la Cour les documents légalement requis et dans les délais fixés par les lois et règlements en vigueur ; mettre en œuvre les recommandations de la Cour ; créer un cadre de rencontres périodiques avec les ministères et surtout ceux qui fournissent les informations utiles au travail de la Cour, notamment les Ministères en charge des Finances et de l’Intérieur ; doter la Cour de ressources humaines, financières et matérielles suffisantes.

En ce qui concerne les entités soumises à son contrôle, la Cour attend d’elles : la production des documents légalement requis ; la mise en œuvre de ses recommandations ; l’application des règles de bonne gestion des finances publiques.

En outre, la Cour attend des médias (publics et privés) et des organisations de la société civile, une large diffusion du contenu de ses rapports, surtout le Rapport Général Public.

Enfin, la Cour attend des partenaires au développement de contribuer au financement de ses activités programmées dans son ambitieux plan stratégique 2020-2024.

Réalisé par Ali Maman

20 novembre 2020

Source : http://www.lesahel.org/   

M. le coordonnateur, le lancement de la mise en œuvre de la politique foncière au Niger et de son plan d’actions 2021-2025 a eu lieu, il y a quelques jours à Niamey. Quelle est l’importance de cette étape dans le processus de la politique foncière rurale au Niger ?

Merci! C'est vraiment un grand plaisir pour moi de parler de cette étape. En réalité, il s'agit du couronnement d'un long processus qui a duré 7 ans. Ce processus a débuté en 2013 et achevé en 2021. J'appelle ça couronnement parce que le Niger dispose désormais d’une politique foncière rurale du Niger et de son plan d'actions qui ont été adoptés par le Gouvernement à travers un arrêté signé dernièrement le 9 novembre 2021. C'est ça le couronnement dont je suis en train de parler. Si je repars sur le  processus lui-même, que j'ai eu la chance de piloter, il a démarré en 2013 avec une étude bilan de 20 ans de mise en œuvre de ce que nous appelons le code rural. Si vous vous souvenez, le premier texte important de référence que le Niger a eu à adopter en matière de foncier, c’est l’ordonnance 93015, appelée ordonnance des principes d’orientations du code rural. Souvent les gens l’appellent même le code rural, mais ce ne sont que des principes d’orientation du code rural. 20 ans après cette adoption, en 2013, on a dit ok, est-ce qu’on ne va pas s’arrêter pour voir ce que cela a donné. Et c’est ça qui a amené l’étude bilan des 20 ans du code rural. Je fais partie de ceux qui ont fait cette étude bilan qui  a fait ressortir trois choses : la première chose c’est qu’il y a eu  vraiment des avancées en matière de gouvernance foncière ; la deuxième chose c’est qu’il y a toujours beaucoup à faire, c’est-à-dire qu’il y a encore des insuffisances, la troisième chose c’est qu’il y a des enjeux nouveaux qui n’existaient pas au moment où l’ordonnance avait été adoptée, qui n’ont pas été pris en compte et il faut les prendre en compte. Et c’est de là-bas que le processus a démarré parce que l’étude bilan a recommandé des états généraux sur le foncier pour parler de ces trois éléments là. Donc on a mis en place un comité pour préparer ces états généraux. A l’époque, j’étais secrétaire général adjoint au ministère de l’agriculture et en même temps, j’ai été nommé président de ce comité. On a travaillé de 2013 jusqu'en 2018 pour tenir ces états généraux qui ont eu lieu en février 2018, après deux années d'échanges, d'ateliers de réunions, de rencontres, de missions de terrain à l'intérieur du pays, de recherches, d'avis de points de vue, d'analyses de situation et de défis en lien avec l'accès à la terre et aux ressources naturelles, etc. C'est après tout ça là qu'on a convoqué les états généraux. Et les états généraux c'est 4 jours de rencontre de 350 nigériens venus de partout sous la présidence du Premier Ministre. Ce sont ces états généraux qui ont abouti à une grande recommandation. C'est vrai, c'est une dizaine de recommandations mais la principale recommandation, c'est l'élaboration d'une politique foncière au Niger. Ce qui fait qu'en 2018, on est reparti avec un nouvel objectif mais toujours dans le même élan et dans le même sens. Et on a mis en place un nouveau comité, et je suis facilitateur du processus pour dire coordinateur du processus. J'ai coordonné ce processus jusqu'à avant-hier avec cet atelier de lancement de mis en œuvre. Voilà en résumé ce que je peux dire par rapport à cette étape du 9 dernier.

Concrètement quel est l’objectif du plan d’actions 2021-2025 élaboré à cet effet ?

On s’était dit qu’on va élaborer une politique mais si on n’a pas d’abord élaboré le plan d’actions de sa mise en œuvre, la politique elle va jusqu’en 2025. Au moins qu’on ait des actions prioritaires dans ce plan d’actions. Nous avons identifié les actions prioritaires que nous avons   planifiées et budgétisées. Le coût total de ce plan d’actions pour les 5 premières années est à peu près de 16 milliards F CFA. Mais c’est vraiment les actions prioritaires que nous pensons pouvoir mettre en œuvre dès cette année 2021 jusqu’en 2025.

Au Niger, l’accès aux ressources naturelles fait face encore à des défis liés notamment aux us et coutumes. Comment expliquez-vous cette situation, malgré l’élaboration de beaucoup de textes y afférents ?

Oui ! Ça c’est le diagnostic tel que nous l’avons même établi quand on fait l’étude bilan. Bien que nous avons ce code rural, il y’a un dispositif institutionnel et un dispositif juridique c’est-à-dire des textes. Malgré tout ça, nous avons encore des défis, encore des difficultés pour garantir, parce que le code ou bien la Gouvernance foncière doit garantir l’accès équitable à tous les nigériens aux ressources pour pouvoir produire. Pour produire, il faut accéder aux ressources ou accéder à la terre elle-même ou accéder à d’autres ressources comme le pâturage, comme les arbres et tout. Si tu n’accède pas à ces choses, tu ne peux pas produire ça veut dire que tu ne peux pas vivre. En somme, la grande difficulté et pour beaucoup de domaines au Niger, c’est l’application des textes. Nous avons d’énormes difficultés pour appliquer les textes. Les principes d’orientation ont pris soin d’avoir à leur sein un dispositif pour permettre l’application c’est ça qu’on appelle les commissions foncières. Mais malgré tout on a essayé de mettre en place ce dispositif institutionnel avec les commissions foncières au niveau du village qu’on appelle commission foncière de base, les commissions foncières au niveau des communes (les COFOCOM), les commissions foncières au niveau départemental (COFODEP), le secrétariat permanent régional au niveau des régions et le secrétariat permanent national du CNCR au niveau national. Les institutions sont là, mais pas à 100% parce qu’on n’a pas une bonne couverture en commission foncière de base. Les COFOCOM, les COFODEP SPR sont là, malgré tout, appliquer les textes est tout un problème. Les nigériens ne sont pas faciles à respecter la règle, même quand ce sont les populations qui les ont adoptées, ils ne sont pas toujours disponibles à les respecter. Je vais prendre un exemple : la communauté décide de matérialiser un couloir de passage pour résoudre les conflits entre agriculteurs et éleveurs, les éleveurs vont suivre le couloir de passage, ils ne vont pas rentrer dans les champs. Vous revenez dans un an ou deux ans, vous allez trouver que quelqu’un a cultivé dedans. Et il était là quand on a matérialisé ce couloir. C’est ça qui rend difficile l’accès aux ressources. C’est vrai que les us et coutumes sont là, mais les us et coutumes ne sont pas les seules raisons qui freinent l’accès. Les raisons qui freinent l’accès c’est plutôt le respect des règles.

Comment selon vous, la politique foncière peut permettre l’accès équitable à tous aux ressources naturelles au Niger ?

Effectivement ça c’est l’objectif, je dirais la vision même de cette politique. Si vous regardez la vision de la politique, on va vous dire qu’au Niger d’ici 2035 tous les nigériens accèdent équitablement à la terre sans distinction et qu’ils accèdent de manière rationnelle, c’est-à-dire des terres non dégradées et d’assurer le renouvèlement et la durabilité de leur exploitation. Egalement, ils accèdent en assurant que leur exploitation leur génère suffisamment de revenus pour améliorer leur condition de vie. C’est tous ces éléments-là qui constituent la politique. Accéder, exploiter durablement, tirer les meilleurs revenus, créer les conditions de stabilité de la paix. C’est ça la vision de la politique. Tout va ensemble. Mais pour y arriver il faut prévoir des mesures, parce que le document (la politique) elle-même c’est un ensemble de mesures qui  ont été proposées dans le cadre des échanges et les discussions pour justement en arriver là. Le document regroupe  ces mesures en 4 grands groupes. L’orientation numéro 1, elle doit permettre de renforcer le cadre institutionnel et juridique dont je vous ai parlé tantôt, notamment les commissions foncières. Il faut qu’elles soient en mesure de jouer leur rôle. L’orientation 2 c’est ce que nous appelons à garantir l’équité dans l’accès à la terre et aux ressources aux paysans, producteurs, éleveurs, pécheurs, etc. qu’on donne la garantie à chacun d’y accéder en fonction des us et coutumes, comme l’accès par héritage, par achat, etc. on règlemente toutes ces formes d’accès aux ressources. Mais au-delà d’accéder, il faut sécuriser. J’ai ma terre, j’ai un document, un titre qui dit qu’elle m’appartient, même demain personne ne viendra dire que non ce n’est pas pour toi.

La troisième orientation, c’est la question du domaine public et privé de l’Etat ou bien les domaines partagés. Beaucoup de domaines appartiennent à tout le monde et ces domaines sont exploités par tout le monde par exemple pour aller faire le pâturage, pour aller ramasser le bois, pour aller ramasser la paille, etc. ça c’est les domaines publics de l’Etat. Ces domaines publics de l’Etat, nous avons préconisé que l’Etat connaisse réellement son domaine. Parce que le problème qui se pose aujourd’hui ce que l’Etat ne connait pas son domaine. Il n’y a jamais eu d’inventeur pour dire voilà les domaines qui appartiennent à l’Etat et ceux qui appartiennent à l’individu. Ce qui fait que quand l’Etat a besoin de faire une réalisation physique quand bien même que c’est un domaine de l’Etat quelqu’un va dire que c’est pour lui. C’est en ce sens qu’on a demandé à l’Etat de faire un effort d’inventorier tout son domaine ça c’est le troisième axe, connaitre

exactement tout le domaine de l’Etat. Le quatrième et dernier axe est la question de la marchandisation de la terre. La terre est devenue de l’argent. Les riches l’achètent et ils les vendent aux pauvres. Ce qui se passe, ce que les pauvres n’ont plus de terre, ils n’ont même plus là où pouvoir cultiver pour nourrir leurs familles. Quand vous sortez de Niamey quel que soit l’axe que vous allez prendre vous allez voir dans un rayon de 30 km tout a été acheté par les riches. Et l’Etat n’a pas de réglementation pour empêcher ça. C’est de l’anarchie totale. Et la conséquence est qu’on a de plus en plus des paysans qui n’ont plus de terre. Et un paysan qui n’a pas de terre qu’est-ce qu’il va faire ? Il va venir en ville pour devenir clochard dans le bidonville. Ça c’est un grand danger. Nous, nous pensons que si l’Etat ne fait rien on ne pourra jamais lutter contre la pauvreté. L’Etat ne pourra jamais atteindre son objectif de faim zéro. Voilà les 4 grandes orientations que nous avons préconisées dans cette politique.

La mise en œuvre de cette politique concerne aussi les communautés. Comment comptez- vous œuvrer pour amener celles-ci à adhérer à cette politique quand on connait le poids des us et coutumes en la matière au Niger ?

J’aime bien cette question, parce que dans notre démarche on a l’habitude de le dire et on se vante de ça. C’est un produit qui est actuellement très apprécié au-delà de nos frontières. Depuis un an avant même que ça ne soit adopté, on a reçu des visites des autres pays, même tout à l’heure j’etais en communication avec mes collaborateurs du Tchad qui veulent bien s’inspirer de notre démarche parce que cette démarche a été bien participative, inclusive, etc. Les communautés dont vous parlez ont été impliquées dès le départ dans tous le processus à travers des ateliers, ce n’est pas moins de soixante ateliers qu’on a organisés dans le pays pour reccueillir leurs points de vue pour s’assurer que nous sommes entrés dans le sens qu’ils veulent. Ce n’est pas moins de trois caravanes de discussions qu’on a eu à faire dans toutes les régions du pays pour encore unir les populations, les communautés et avoir leur point de vue. Et ensuite ces communautés ont été représentées au niveau des états généraux, c’est pour dire qu’en terme de processus de démarche ça a été une démarche participative et inclusive et même itérative et on se félicite de ça. De la même façon qu’on considère que c’est eux qui ont conçu le document et on pense aussi qu’ils vont être disponibles pour mettre cela en œuvre, mais il faut qu’on les accompagne et c’est ce à quoi on va s’atteler bientôt. Ça fait partie des actions prioritaires du plan d’actions, aller vers les populations, les informer voilà ce que vous avez dit et on veut que ça soit ainsi, renforcer leur capacité. Donc nous entendons nous investir largement dans la formation de renforcement de capacité, la sensibilisation des acteurs ruraux pour qu’ils adhèrent totalement et qu’ils acceptent les règles, parce que les mesures c’est une chose, les  textes c’est autre chose. Il y a déjà les textes, mais il y aura des textes et il faut qu’au fur et à mesure que ces textes vont être élaborés que les communautés adhèrent à ces textes et qu’elles les respectent. Voilà un peu comment est ce qu’on entend réellement mettre en œuvre cette politique.

La mise en œuvre de cette politique demande aussi des efforts financiers importants. De quels moyens disposez-vous pour la mise en œuvre de la politique foncière au Niger ?

Les premiers moyens c’est d’abord les moyens de l’État. Quand un Etat comprend que son économie repose essentiellement sur le monde rural, il faut investir dans le développement rural. Ce Niger est un pays de développement, un pays dont l’économie, même si les gens l’ignorent, repose sur les productions agricoles et ces productions reposent elles aussi sur le capital productif qui est la terre et les ressources naturelles. Et si l’Etat ne fait aucun effort pour justement permettre une bonne gouvernance de ces deux choses, ça veut dire qu’il ne pourra jamais atteindre son objectif de développement agricole durable, il ne pourra jamais atteindre l’objectif de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Il faut que l’Etat finance la gouvernance foncière, c’est-à dire la politique foncière. Jusqu’à lors, je peux vous dire très sincèrement c’est insignifiant l’effort financier de l’Etat sur la gouvernance foncière. Mais très heureusement, l’Etat a beaucoup de partenaires techniques et financiers qui financent et accompagnent avec conviction la gouvernance foncière. Ces partenaires ont accompagné de bout en bout l’élaboration de la politique et ils sont prêts à accompagner l’Etat dans la mise en œuvre. On va organiser très bientôt une table ronde des partenaires techniques et financiers pour le financement justement de ce premier plan. Et déjà je peux vous dire qu’il y a beaucoup de partenaires qui attendent cette table ronde pour se prononcer.

Réalisée par Fatouma Idé et Abdoul Aziz Ibrahim

26 novembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Issoufou Issaka : " Quand le pouvoir use et abuse de la violation de la constitution et des lois pour embastiller les militants de l'opposition, les acteurs de la société civile et les journalistes, l'opposition inscrit ses actions dans la légalité. C'est peut-être cette posture qui fait dire à certains que l'opposition a démissionné. "Monsieur ISSOUFOU Issaka est actuellement président du groupe parlementaire ZamZam Lumana africa-Hankuri. Il fut ministre de l'Hydraulique et de l'Environnement sous le premier mandat du Président Issoufou pendant que son parti le MODEN FA était en alliance avec le PNDS-Tarayya. Issoufou Issaka fait partie de ceux qui n'ont pas hésité à suivre le mot d'ordre de leur parti pour quitter les délices du pouvoir en faisant le choix de la précarité de l'opposition. En fait, l'homme se veut un valeureux politicien. Il n'a pas choisi la politique pour des raisons alimentaires. Issaka, pour l'appeler par son prénom est un homme de conviction. Intellectuel de bonne facture, il est marié à une femme et père de trois charmants enfants, deux filles et un garçon. L'Ingénieur Général des Travaux Publics et Mines qu'il est titulaire d'un Bac Série C (mathématiques et sciences Physiques) obtenu au lycée Issa Korombé de Niamey en 1984. Il fut ses preuves à l'Ecole Polytechnique de Thiès au Sénégal et à l'Institut de Géophysique de l'Université de Lausanne en Suisse. Sur le plan politique, Issoufou Issaka est un libéral qui croit profondément aux vertus de la démocratie et les valeurs de la société Nigérienne. Il a débuté ses premiers pas en politique au sein du MNSD- NASSARA avant de regagner le MODEN-FA LUMANA AFRICA dont il a activement participé à la création. C'est donc cet homme que L'Eclosion a rencontré pour vous à la veille de la clôture de la session extraordinaire du parlement. De son emprisonnement à la veille des élections de 2016 à son élection à la présidence de son groupe parlementaire en passant par le vote du projet de loi portant Code électoral et les questions internes au MODEN FA Lumana africa, nous avons échangé à bâtons rompus avec Issoufou Issaka ....

En mission au Niger à la tête d’une délégation de parlementaires français, membres du groupe d’amitié parlementaire France-Niger, le député français Jacques Maire a bien voulu nous accorder un entretien sur la coopération parlementaire entre le France et le Niger ainsi que les questions de sécurité dans la zone des trois frontières. Dans l’interview qui suit, le président du groupe d’amitié parlementaire France-Niger, nous parle de l’importance de maintenir une approche cohérente à l’échelle de la région pour combattre le terrorisme.    

Monsieur le président du groupe d’amitié parlementaire France-Niger pouvez-vous, nous parler de la coopération bilatérale et parlementaire entre le France et le Niger ?

Vous savez, la relation entre le Niger est la France est extrêmement forte et excellente. Mais le contexte régional est très difficile. Ce qui est important, nous avons une analyse commune avec nos amis nigériens sur la lutte contre le terrorisme, les défis de sécurité, l’importance de garder une approche cohérente à l’échelle de la région. Cette dernière est là avec une très bonne articulation entre les forces armées nigériennes et françaises. Nous l’avons aussi en matière de développement. Il n’y a jamais eu autant d’actions de projets développés sur le territoire nigérien qu’en ce moment, malgré les conditions de financement difficiles. Il faut aujourd’hui se réinventer dans la coopération pour être présent sur les territoires qui sont parfois dans l’insécurité.

Notre coopération parlementaire date de très longtemps, mais elle a été très fortement renouvelée depuis notre élection en 2017. Nous avons souhaité intensifier les échanges. Durant les trois dernières années, nous avions eu un vide à cause de la covid-19 et un autre changement très important des députés nigériens avec les élections passées au Niger. Le Président de l’Assemblée nationale, M. Seini Oumarou, le président du groupe d’amitié parlementaire Niger-France, M. Kalla Ankouraou, et nous les députés français, nous avons vraiment souhaité relancer les groupes parlementaires d’amitié des deux pays. Notre arrivée au Niger est très importante en ces moments de fausses rumeurs et mauvaises interprétations florissantes partout. Nous avons montré que les députés de la majorité et de l’opposition peuvent s’entendre pour montrer qu’ils ne sont pas victimes de désinformation et qu’ils puissent aller ensemble expliquer ce que nous faisons aux populations pour le développement du pays. Par exemple notre visite à Maradi nous a conduite à Maradi pour voir les financements français à l’aide au développement. Nous allons rendre compte à l’Agence Française de Développement ce que nous avons vu et ce qu’il faut faire à l’avenir pour améliorer le bien-être de la population.  

Vous avez effectué des visites de terrains à Niamey par exemple à la base militaire de la force Barkhane qui intervient dans la zone des trois frontières, quelle remarque avez-vous faites à l’issue de la visite guidée, notamment à la coopération militaire ?

Nous avons marqué des points importants ces derniers mois dans l’antiterrorisme avec par exemple la capacité d’éliminer un grand nombre des éléments de l'État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui a été vraiment efficace. Tout de même l’insécurité continue, elle est insaisissable, mais nous pensons qu’il y a absolument des solutions qu’il faut éviter

On sait très bien que le problème de sécurité du Niger, ont leur origine notamment dans la zone de trois frontières.

Actuellement, la France ne peut pas du tout sortir du Sahel ; elle ne remet pas en cause Barkhane. Elle souhaite simplement une articulation encore plus forte avec les forces de sécurité locales pour que les populations comprennent qui fait quoi. Par exemple, je peux me résumer, les forces de sécurité du Niger sont en charge de l’ordre public et les forces internationales sont en lien avec l’armée nationale pour combattre le terrorisme international. Partout où, nous avons de la police, au Niger, l’Etat fonctionne et Barkhane n’a absolument pas vocation à être présent au Niger. La sécurité du Niger doit être l’affaire des Nigériens. Je suis d’accord à ce qu’a dit le Président Bazoum. En revanche, là où des actions sont menées par les terroristes de façon massive contre les forces de sécurité et là où, l’Etat n’est pas présent, en ce moment-là, Barkhane peut extrêmement être importante. L’armée nigérienne est plus efficace que quelques années, elle est mieux équipée avec plus de capacité d’action, même si la sécurité est un énorme problème notamment dans la région de Tillabéri. Mais quelque chose est claire, les forces nigériennes sont à l’origine des renseignements qui peuvent indiquer où sont les terroristes. Mais il leur manque de couverture aérienne, la capacité d’envoyer des frappes rapidement à une distance éloignée que la France peut apporter c’est ce qu’elle fait. De même la capacité pour les nigériens de voir leur armée plus efficace, plus entrainer et plus capable par exemple de coopérer sur un mode rapide avec les forces françaises prend du temps. Quand les députés nigériens sont venus avec nous à Barkhane, nous avons découvert qu’avec quelques avions et drones, les partenaires internationaux ne peuvent rien s’il n’y a pas les renseignements. Ces renseignements qui viennent des forces de sécurité nigériennes sont la clé du succès.

Vous aviez lancé en 2018 le comité interparlementaire G5 Sahel qui regroupe, les cinq pays parlementaires sahéliens travaillant depuis sa création dans une dynamique de contrôle de partenariat international dans la zone. En quoi, ce comité interparlementaire constitue un vrai élément de contrôle de l’efficacité de l’aide militaire et civile pour les populations ?

Nous avons lancé le Comité Interparlementaire G5 Sahel. L’idée est très simple, c’est de faire en sorte que les députés Sahéliens comme ceux de la France puissent contrôler l’activité des forces de sécurité internationales et les bailleurs de fonds. Aujourd’hui, la question de partenariats internationaux qu’il soit MINUSMA ou autres, c’est plutôt l’affaire de l’exécutif, mais les populations comprennent mal. Nous avons l’impression qu’elles n’ont pas accès à l’information. C’est pourquoi, les députés nigériens et français avec le président Ousseini Tinni, nous avions lancé le G5 Sahel. C’est un grand succès, il existe et mène des activités, mais c’est le début. Nous avons discuté de la question avec le CIP G5 Sahel, de mener rapidement des missions de contrôle conjointes sur le terrain, composés des députés français, nigériens et ceux du G5 Sahel pour savoir comment se fait l’utilisation de l’argent des bailleurs de fond sur le terrain.

Récemment, un convoi militaire de la force Barkhane a été bloqué au Burkina Faso puis au Niger où à Téra, les évènements ont été dramatiques avec la mort des manifestants. Pensez-vous qu’il y a eu un complot quelque part ?

Il faut savoir, qu’il y a régulièrement des convois qui ne sont pas d’armements. Ce sont essentiellement alimentaires, de logistiques, des pièces détachées, de haricots etc. il y avait eu des dizaines de convois qui n’ont jamais eu de problème. Pour la dernière fois, il y a eu des instrumentalisations. Je ne dis pas qu’il y a un complot international derrière, mais en revanche quand on a commencé à voir des manifestations certains ont voulu les attiser, notamment les russes qui voulaient encourager les manifestations. Maintenant, le sujet est revenu à son calme. Je regrette profondément les morts de Téra et qu’il ne soit plus reproduit. Tout de même, la responsabilité à ce sujet doit naturellement être regardée comme c’est fait aujourd’hui par le Niger où des conséquences politiques ont été tirées par le Président de la République du Niger. Je pense aussi qu’il y a une volonté d’aller à l’affrontement. A l’avenir, on doit tout gérer pour revenir au calme.

Réalisée par Seini Seydou Zakaria

24 décembre 2021
Source : http://www.lesahel.org/ 

Monsieur le Ministre, le Niger comme les autres pays du Sahel fait face au choc provoqué par la Covid 19, à l’insécurité et aux perturbations de l’économie mondiale liée à guerre Russo-Ukrainienne. Comment se porte l’économie nigérienne dans ce contexte ?

Le Contexte socioéconomique mondiale, régional et national est marqué ces dernières années par plusieurs chocs sanitaires, sécuritaires, climatiques et économiques notamment avec la hausse des prix de certains produits comme les céréales, les engrais, les biens intermédiaires et les hydrocarbures.

Malgré la persistance de ces chocs exogènes, on peut souligner que l’économie nigérienne se porte bien et la dynamique de sa croissance s’est poursuivie au cours des deux premières années du mandat de SEM. Mohamed BAZOUM à la tête du pays.  En effet, de 3,6% en 2020 et après une légère décélération enregistrée en 2021 avec 1,4% de croissance, imputable aux mauvais résultats de la campagne agricole, l’économie nigérienne a rebondi en 2022 avec un taux de croissance réel de 11,5% du fait de la mise en œuvre des principales mesures de réformes et de politiques économiques portées par le Programme de Renaissance Acte 3, renforcées par la bonne tenue de la campagne agricole en 2022. Notre économie est actuellement l’une des plus dynamiques en Afrique et il n’est pas d’ailleurs exagéré d’étendre cet exploit à l’échelle mondiale, en attestent les classements et les analyses des institutions compétentes en la matière (CEA, Banque mondiale, FMI). Les mesures retenues dans le PDES 2022-2026 sont de nature à consolider cette dynamique et à la maintenir dans le temps en vue d’une réelle transformation structurelle de l’économie. 

En s’intéressant à la demande, il ressort que la dynamique de création de la richesse, en forte croissance, est portée par les investissements. En pourcentage du PIB, le taux d’investissement brut s’est établi à 31,7 % en 2020 ; 34,2% en 2021 et 33,5% en 2022. Ce taux est largement supérieur à la norme de 24% préconisée par la Banque Mondiale pour amorcer une croissance économique permettant d’améliorer le bien-être de la population et de réduire significativement la pauvreté. C’est une dynamique à saluer et à consolider.

S’agissant de l’inflation, malgré son acuité à travers le monde, au Niger les opérations de ventes à prix modérés des céréales, de distributions gratuites des vivres et de cash transferts entreprises par le Gouvernement ainsi que l’amélioration de l’offre des produits maraichers ont permis de contenir le coût de la vie. Ces actions ont contribué à maintenir, malgré l’ampleur du déficit céréalier de 2021 et la flambée persistante des prix des produits importés, un taux d’inflation au Niger (4,2%) largement inférieur à la moyenne enregistrée dans l’espace UEMOA (7,4%) en 2022. La crédibilité de notre politique budgétaire est également passée par là.

Le cadre budgétaire demeure relativement stable, malgré le niveau élevé des dépenses pour renforcer la résilience de l’économie et la sécurité qui ont porté le déficit à 6,8% en 2022, après 6,1% en 2021. Grâce à la politique d’endettement prudent, le ratio de l’encours de la dette par rapport au PIB (50,8% en 2021 et 52,2% en 2022) reste en dessous de la norme communautaire de 70%. Notre pays dispose ainsi d’une marge confortable en matière d’endettement.

Relativement à la mobilisation des ressources internes, 1837 milliards de FCFA de recettes ont été mobilisées sur la période 2021-2022, soit une progression annuelle moyenne de 5%.

S’agissant de la mobilisation des ressources extérieures, 70 accords de financement ont été signés totalisant un montant de 2641,1 milliards de FCFA et un montant de 1209,3 milliards de FCFA décaissé sur la période sous revue. La crédibilité du Niger et de sa gouvernance fait du pays le pôle d’attraction des bailleurs de fonds multilatéraux, bilatéraux et des investisseurs privés extérieurs.

Vous avez conduit avec succès la Table Ronde du financement et des investisseurs dans le cadre du Plan de Développement Economique et Social (PDES) 2022-2026 qui a eu lieu à Paris en décembre 2022, avec des engagements de près de 45 milliards d’Euros. Qu’est-ce qui, selon vous, a conduit les Partenaires Techniques et Financiers à adhérer massivement à ce Plan ?

Effectivement, le Gouvernement a organisé avec succès, les 5 et 6 décembre 2022, la Table Ronde des Investisseurs et des Partenaires au développement pour le financement du PDES 2022-2026. Cet évènement a vu la participation de 1 300 investisseurs et PTF de haut rang provenant de 23 pays et 40 Institutions internationales et Organismes de développement. Il a été enregistré des annonces et manifestations d’intérêt de 45 milliards d’Euros pour des besoins de 29,6 milliards d’euros, soit un taux de couverture de 152%.

Ce succès peut être attribué à plusieurs facteurs dont :

• le portage politique de l’évènement par le Président de la République en personne qui a invité les Présidents des Institutions Internationales de financement et qui ont répondu favorablement avec de très hauts niveaux de représentation ;

• la présidence effective de l’évènement par le Chef de l’Etat et la mobilisation de l’ensemble du Gouvernement et de nos Représentations diplomatiques à travers le monde;

• la pertinence des Orientations stratégiques définies par le Gouvernement, qui ont suscité l’adhésion des partenaires techniques et financiers institutionnels et privés au PDES 2022-2026 en tant que cadre de référence de leurs appuis à la politique économique, financière et sociale du Niger ;

• les acquis démocratiques de notre pays et les opportunités économiques évidentes constituent également un atout.

En outre, la réalisation des études de faisabilité de plusieurs projets structurants, qui est une innovation par rapport aux précédents PDES, a été fortement appréciée par les investisseurs et les partenaires. La réalisation et la présentation, avec l’accompagnement de la SFI et de la Banque Mondiale, d’un diagnostic stratégique du secteur privé nigérien, mettant en évidence les opportunités, les atouts et les contraintes ainsi que les réformes pertinentes programmées pour améliorer le climat des affaires ont également facilité la prise de décision de nos partenaires.

Il me plait de souligner ici, pour m’en réjouir, que le succès de cette Table ronde fait aujourd’hui du Niger une école, une référence en la matière. Plusieurs pays sont d’ailleurs intéressés par un partage d’expérience avec notre pays, en liaison avec nos principaux partenaires notamment la Banque mondiale et la SFI. Les sollicitations enregistrées dans ce sens, lors de mon récent séjour à Washington dans le cadre des Réunions de Printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI du 9 au 18 avril 2023 confirment ce leadership porté par SEM Bazoum Mohamed, Président de la République, Chef de l’Etat. Ce dernier est d’ailleurs très sollicité ces derniers temps pour porter le plaidoyer des pays bénéficiaires de l’IDA dans le cadre de sa prochaine reconstitution, dans le sillage de la réforme en cours de la Banque mondiale. C’est un motif de satisfaction et un honneur pour notre pays et sa diplomatie économique.

Monsieur le Ministre sur quoi s’articule ce programme et quels sont les impacts attendus après sa mise en œuvre ?

Le Plan de Développement Economique et Social 2022-2026, est la deuxième déclinaison quinquennale de la Stratégie de Développement Durable et de Croissance Inclusive (SDDCI) Niger-2035, après le PDES 2017-2021. A travers ce PDES, nous voulons apporter des réponses aux principaux défis identifiés pour maintenir une croissance moyenne de 9,3% sur la période 2022-2026 et accroitre de 7,7% le PIB par habitant. Le PDES 2022-2026 s’articule autour de 3 axes stratégiques, déclinés à travers 16 programmes. Il s’agit de :

• l’Axe n°1 : « Développement du capital humain, inclusion et solidarité » qui vise à agir sur la quantité et la qualité du capital humain, mais aussi à assurer équitablement sa pleine valorisation. Le développement du capital humain passera par l’éducation et la formation, la santé, l’accès à l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement, la protection sociale, l’emploi, le genre, la jeunesse, les sports et la culture, la recherche et l’innovation au service de la transformation structurelle de l’économie. Les 6 programmes dédiés à cet axe sont relatifs notamment à l’éducation et la formation (avec un accent particulier sur l’éducation de la jeune fille et son maintien à l’école), la santé, l’hydraulique, le genre et la jeunesse ;

• l’Axe n°2 : « Consolidation de la gouvernance, paix et sécurité » vise à garantir la paix, la sécurité, la justice et les droits humains d’une part et, d’autre part, à accroître l’efficacité des interventions de l’État et de ses partenaires, en vue d’impulser de nouvelles dynamiques économiques et sociales.  Cet axe a également 6 programmes relatifs à toutes les formes de gouvernance (économique, juridique et judiciaire, politique et administrative, sécuritaire, locale) et à la gestion de la migration ;

•  l’Axe n°3 : «Transformation structurelle de l’économie » est centré sur le développement d’un secteur privé dynamique et sur la modernisation du monde rural dont les orientations reposent essentiellement sur la Stratégie Nationale de Sécurité Alimentaire et de Développement Agricole Durable (I3N). Cet axe permet également d’influer positivement sur la dynamique structurelle de l’économie, à travers les secteurs qui regorgent de fortes potentialités durables pour le développement économique et social. Il prend en compte les conditions générales favorables au développement économique, social et culturel à travers la préservation et la gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles, ainsi que le renforcement des mesures d’adaptation aux effets négatifs du changement climatique afin d’assurer à long terme la sécurité alimentaire des populations et d’améliorer leur cadre de vie. Pour cet axe, 4 programmes ont été retenus. Ils sont relatifs au développement du secteur privé, la modernisation du monde rural et le développement de l’irrigation, la mise en place des pôles agro-industriels, l’exploitation des potentialités pétrolières et minières, l’environnement et le changement climatique.

En termes d’impacts de la mise en œuvre du PDES 2022-2026, il est attendu une croissance, forte, durable et inclusive de 9,3% en moyenne et un PIB par habitant de 7,7%. Cette croissance inclusive permettra la création d’emplois décents et l’existence d’une classe moyenne plus étoffée et dynamique. Finalement, il est attendu une amélioration des conditions de vie la population nigérienne dont le taux de pauvreté sera porté de 40,8% en 2019 à 35% en 2026.

Le début de la mise en œuvre du PDES 2022-2026 est très prometteur. Les engagements annoncés à Paris se concrétisent de plus en plus et la dynamique de développement du capital humain, cher au Président de la République, connait un début d’exécution remarquablement satisfaisant. Au fur et à mesure, les classes en paillotte (âgées de plus de 20 ans dans certains cas) cèdent la place aux classes en matériaux définitifs sur toute l’étendue du territoire. Des chantiers d’internats de jeunes filles poussent à un rythme accéléré. Le premier effort est porté par le budget national. C’est un fait. Mieux, en plus des contributions bilatérales au Fonds Commun, le nombre de dossiers de financement des infrastructures scolaires négociés, ficelés et bouclés avec nos partenaires traditionnels (principalement la Banque mondiale, la BADEA, la BID, la BAD, la BOAD, le Fonds Saoudien, le Fonds Koweitien, le Fonds de l’OPEP, etc.) permettra de porter à l’échelle ces premières réalisations qui font déjà la fierté des bénéficiaires jusqu’aux hameaux les plus reculés du pays. Sur ce registre, les années 2023 à 2025 marqueront particulièrement l’histoire du développement du Niger. Notre pays est tout simplement à un tournant.  

Concrètement au cours de l’année 2023 qu’est-ce qui est attendu de votre ministère en termes de résultats ?

La mobilisation des ressources extérieures, la formulation des projets et programmes de développement, leur suivi et évaluation font parties des principales attributions du Ministères du Plan. Au cours de l’année 2023, nous allons poursuivre la mobilisation des ressources extérieures afin que les annonces et manifestations d’intérêts faites à la Table Ronde de Paris soient effectivement concrétisées. A cet effet, en plus des 11 études de faisabilités réalisées, nous sommes dans le processus de réalisation de 20 autres au titre de l’année 2023. Avec les différents partenaires techniques et financiers nous avons engagé le processus de formulation de nouveaux projets et nous apporterons les soutiens nécessaires aux Ministères sectoriels et Institutions de la République dans ce sens.

Pour les projets en cours d’exécution, l’organisation actuelle de mon département ministériel permet de faire un suivi rapproché de leur mise en œuvre afin d’apprécier leur performance. C’est dans ce sens que le Gouvernement a adopté une grille harmonisée de rémunération et des critères d’évaluation du personnel des Unités de Gestion des Projets. Ainsi, à la fin de l’année, chaque agent de l’Unité de Gestion de chaque projet sera évalué sur la base de sa performance et de la performance du projet en ce qui concerne le Coordonnateur. Notre ambition est de de booster la consommation des crédits et la performance des projets pour les aligner à nos efforts de mobilisation des ressources extérieures.

Aussi, est-il important de rappeler que le Niger organise en 2023, le 5ème Recensement Général de la Population et de l’Habitat sous la Direction du Ministère du Plan à travers l’Institut National de la Statistique (INS). C’est une importante opération dont les résultats seront déterminants dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.

La forte croissance démographique et le système éducatif peu performant du Niger ont contrarié la mise en œuvre des précédents PDES. Comment comptez-vous vous y prendre pour éviter que ces deux facteurs n’anéantissent les efforts consentis ?

Les questions de démographie et d’éducation doivent être traitées de manière cohérente pour un développement harmonieux du Capital humain. Au Niger, le Développement du Capital humain est considéré comme la priorité des priorités. C’est pourquoi, le premier axe stratégique du PDES 2022-2026 est consacré à cette thématique. Les deux premiers programmes de cet axe : Programme 1 : « Amélioration de l’accès équitable à l’éducation et à une formation de qualité » et Programme 2 : « Amélioration de l’état sanitaire et nutritionnel de la population et des déterminants démographiques » ont été conçus en prenant en compte l’interrelation démographie et éducation.

Ainsi, au niveau du programme 1, un accent particulier est mis sur l’accès à l’éducation notamment pour les jeunes filles. Dans ce sens, l’ambition des plus Hautes Autorités du Pays porte sur la création d’internats dédiés aux filles et des collèges de proximité, en vue de promouvoir la scolarisation et le maintien de la jeune fille à l’école. Cette politique a un impact sur la démographie car les filles en cours de scolarisation ont moins de risque de se marier précocement et d’avoir une maternité précoce.

Au niveau du second programme, l’une des actions majeures porte sur l’amélioration de la santé de la reproduction et le renforcement de la disponibilité et de la capacité opérationnelle en planification familiale des formations sanitaires. A cet effet, en plus du renforcement des stratégies actuelles, les formations sanitaires et les sites de distribution à base communautaire seront régulièrement approvisionnés en intrants. Par ailleurs, il s’agira d’intensifier la mise en œuvre des actions ayant abouti à la baisse du mariage des enfants, mise en exergue par l’Enquête Nationale sur la fécondité (ENAFEME), notamment les programmes « Illimin», «Ecole des Maris» et «Ecole des Futurs Maris» qui ont contribué à cette avancée. La baisse des mariages des enfants est synonyme de baisse de maternité précoce et répétée et indirectement, une baisse de la demande supplémentaire des services de l’éducation. La création de l’Office National de la Population participe de cette dynamique.

On reproche souvent à notre administration une faible consommation de crédits. Avec les différents engagements pris par les partenaires techniques et financiers, c’est une moisson de plus de 152% du montant initialement prévu qui a été annoncée. Qu’est-ce que vous avez envisagé à ce niveau pour rendre l’administration nigérienne plus performante et efficace ?

Dans le contexte actuel où la crédibilité de notre pays se traduit par des volumes de financements concessionnels de plus en plus importants, le défi majeur demeure l’amélioration de la capacité d’absorption des ressources mobilisées aux fins du développement économique et social attendu par nos populations. Dans ce cadre, l’amélioration de la performance et de l’efficacité des investissements est une préoccupation constante du Gouvernement. A cette fin, comme indiqué à la question 4, le Gouvernement a instauré des contrats de performance pour tout le personnel des unités de gestion des projets et organise des revues annuelles conjointes de la performance des portefeuilles des Projets soutenus par les PTF de notre pays. Un dispositif interministériel de suivi des réformes est également institué.

La revue à mi-parcours prévue en 2024 permettra de rendre compte de l’état de mise en œuvre et de mettre à jour les prévisions économiques pour tenir compte des nouvelles opportunités économiques devant absorber toutes les ressources annoncées par les partenaires au développement.

Par ailleurs, le suivi et l’évaluation seront renforcés à travers la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de Suivi-Evaluation (SNISE), adoptée en janvier 2022. A cet égard, une plateforme informatique a été mise en place pour permettre de collecter et d’analyser, sur une base trimestrielle, les données et informations sur l’exécution des projets et programmes et des réformes.

Monsieur le Ministre, le Niger a reçu du 29 au 30 mars 2023, la visite du Président du Groupe de la Banque Mondiale M. David Malpass. Quels ont été les centres d’intérêts de cette visite et quelles retombées pour notre pays ?

Le Président du Groupe de la Banque mondiale, Monsieur David Malpass a effectué une visite dans notre pays du 29 au 31 mars 2023. Le Président du Groupe de la Banque mondiale a choisi notre pays pour prononcer son discours de positionnement en prélude aux réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI prévues du 10 au 14 avril 2023 à Washington. C’est la deuxième fois qu’un tel discours se prononce en Afrique, après le Soudan en 2018. Le choix de notre pays a été motivé, entre autres, par la qualité de sa gouvernance démocratique, les efforts fournis en matière de lutte contre l’insécurité et l’importance du portefeuille du Groupe de la Banque mondiale au Niger.

Les principaux centres d’intérêts de cette visite sont bien sûr les principaux messages passés lors de la cérémonie du discours de positionnement et des différents entretiens avec les plus Hautes Autorités de notre pays, notamment :

• la coopération entre le Niger et le Groupe de la Banque mondiale dont le portefeuille actif est composé de 35 projets pour un engagement global de de 4,68 milliards de dollars US. C’est l’un des portefeuilles les plus importants de la sous-région ouest-africaine après le Nigéria. Les trois secteurs de concentration dans les interventions de la Banque au Niger sont : l’énergie (25,25%), l’hydraulique (18,32%) et l’agriculture (10,52%) ;

• la mise en œuvre du plan d’actions élaboré le Gouvernement nigérien et la Banque mondiale pour améliorer la performance du portefeuille ;

• l’éducation avec la visite de l’Ecole Normale ;

• l’énergie avec la visite de la Centrale de Gorou Banda ;

• la réforme en cours de la Banque mondiale pour laquelle le Président Bazoum a fait un plaidoyer fort pour la prise en compte des attentes des pays africains en général ;

• le Changement Climatique et les enjeux énergétiques ;

• le secteur privé, la digitalisation, la sécurité alimentaire et les options de financement innovants.

En termes de retombées, plusieurs grandes opérations (d’un montant de 2121,6 milliards de FCFA) sont en cours de préparation et seront financées entre 2023 et 2025 par une partie des ressources annoncées par le Groupe de la Banque mondiale à la Table Ronde de Paris. Il s’agit, principalement : 

• du Financement additionnel au projet LIRE (pour adresser immédiatement le problème pressant de construction des infrastructures scolaires, des internats et le remplacement des classes en paillote) ;

• du Projet cultures irriguées et productions animales pour réduire considérablement la dépendance de notre agriculture à la pluviométrie et accroitre ainsi sa résilience ;

• du Projet Education des filles pour donner un coup d’accélérateur à la construction des internats et aux autres dimensions de l’éducation de la jeune fille ;

• du Projet interconnectivité Sud et corridor (RN1) qui ambitionne de rénover complétement la Route Nationale N°1 de Niamey à Diffa y compris la construction des routes secondaires et pistes rurales pour relier les zones de production à la RN1 ;

• des appuis budgétaires consistants dont la souplesse cadre bien avec nos besoins urgents de financement des priorités de sécurité et de résilience économique.

Service Presse de la Présidence de la République

Source : http://www.lesahel.org

Bazoum Dans une interview qu’il a accordée à nos confères du quotidien burkinabé Sidwaya, en marge du Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le 7 juillet 2019 à Niamey au Niger, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses, M. Bazoum Mohamed, revient sur la situation sécuritaire de la sous-région et sa candidature à la présidence.

Comment se sent aujourd’hui un ministre de l’Intérieur après la tenue d’un sommet d’une grande envergure comme celui de la conférence des chefs d’Etat de l’Union africaine qui a rassemblé plus de 4 000 invités ?

Je me sens vraiment soulagé. Nous avons eu beaucoup d’appréhension au départ. Nous louons Dieu d’avoir fait en sorte que tout se soit merveilleusement bien passé. Nous avons mobilisé beaucoup de moyens et de forces. 12 000 personnes ont assuré la sécurité dans la ville de Niamey et ses alentours. Nous avons mis un dispositif concentrique autour de la ville et cela a donné ces résultats. Nous avons aussi eu la baraka de Dieu. Nous savons que ce n’est pas parce que nous avons déployé tant de forces que nous avons ce résultat. Il y a aussi une part de chance.

Vous êtes candidat du parti présidentiel et vous êtes membre du gouvernement. Comment arrivez-vous à concilier ces deux positions assez délicates?

Il est vrai que je suis candidat mais nous ne sommes pas en campagne électorale. Nous sommes loin d’y être. Comme vous pouvez le savoir éventuellement, l’agenda qui aura voulu que ma candidature soit déclarée en 2019, est un agenda auquel nous avons été imposés par le débat qui avait été enclenché sur les candidatures très tôt. Sinon, notre agenda normal prévoyait que nous investissions notre candidat à la fin du mois de mars de l’année 2020. Nous avons dû avancer ces dates d’une année malheureusement. Mais nous ne changeons rien dans la façon dont la personne désignée candidate à la présidence de la République doit se comporter. C’est-à-dire que je ne suis pas en train de faire campagne au-delà de ce que j’aurai eu à faire, être président du parti tout simplement. Tout ce que je fais pour le parti, je l’aurais fait même si je n’avais pas été déclaré candidat. Le moment de la campagne viendra et en ce moment, nous allons faire les choses telles qu’elles seront définies par les exigences de la campagne.

KEn marge du 12eme sommet de l’Union africaine, tenu le 7 juillet 2019 à Niamey au Niger, le ministre de la Défense nationale, Kalla Moutari, a accordé une interview à nos confrères du quotidien burkinabé ‘’Sidwaya’’. Dans cette interview, il revient, entre autres, sur les enjeux de cette rencontre et la situation sécuritaire dans la sous-région.

Aussi, dans le cadre des liens de partenariat qui lient les quotidiens de la sous-région regroupés au sein du Groupement des Editeurs de la Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest (GEPPAO), nous avons le plaisir de vous faire lire l’interview publiée dans Sidwaya paru, hier, jeudi 11 juillet 2019.

L’organisation du sommet de l’UA en terre nigérienne était un grand défi à relever dans un contexte sécuritaire difficile. Comment vous vous y êtes pris?  

Nous avons pris les dispositions sécuritaires qu’il fallait, mais nous étions stressés, parce que nous avons vécu un sommet de pression. Nous avons vérifié et revérifié les dispositions prises par les spécialistes. Les choses se sont passées sans aucun incident sécuritaire et les objectifs politiques du sommet ont été atteints. C’est avec plaisir, que nous recevons les messages de nos compatriotes, y compris de simples citoyens qui se félicitent de la réussite de cette rencontre sur le plan sécuritaire. Je remercie les Nigériens qui ont particulièrement collaboré à cette occasion, en se prêtant aux fouilles et contrôles sécuritaires.

 FInterview avec Directeur de la Météorologie Nationale : «Il n’y a que très peu des zones où le cumul pluviométrique à la date de 10 août est déficitaire par rapport à l’année dernière», a déclaré M. Katiellou Gaptia LawanMonsieur le Directeur, Comment se présente la situation pluviométrique dans notre pays ?

La situation pluviométrique est favorable cette année parce que nous avons des excédents pluviométriques sur l’ensemble du pays. Comparativement à l’année précédente, il est observé des précipitations excédentaires au niveau de tous nos relevés pluviométriques. Cet excédent est d’ailleurs même assez important, soit de l’ordre de 50 à 200 mm dans plusieurs localités du pays comme le Sud et le Sud-est du Manga, le Sud-ouest du Damagaram, le Nord Maradi, le Sud de l’Ader, le Nord Dosso, le Nord-Est et le Nord-Ouest Tillabéri. Dans toutes ces zones, nous avons des excédents qui sont de l’ordre de 50 à 200 mm par rapport à l’année dernière à la même période et à la même date. Nous avons les autres excédents également qui sont de l’ordre de 10 à 50 mm, sur toutes les régions nord Manga, Nord Tahoua, Sud Agadez, le centre de Tillabéri et au niveau de Dosso. Donc toutes ces zones sont excédentaires.

Cette situation est-elle comparable à celle de l’année dernière ?

On a essayé de regarder cette situation également par rapport à la moyenne. On fait toujours la moyenne de référence. Donc on a pris la référence de 1981 à 2010, c’est-à-dire sur 30 ans. C’est juste une moyenne arithmétique qui nous donne une indication. Ainsi par rapport à cette moyenne, on remarque quasiment sur l’ensemble de notre pays que nous assistons à un excédent pluviométrique. C’est donc la même situation que 2019, sinon un peu mieux que 2019 en termes d’excédents ou de quantité de pluies tombées. Nous avons quelques cas de déficits, notamment au Sud Dosso et dans le centre de Maradi. C’est une petite zone par rapport à la normale. A la date du 10 août 2020, nous avons enregistré déjà plus de 200 mm à Dolé. En effet, Il n’y a que très peu des zones où le cumul pluviométrique à la date de 10 août est encore déficitaire par rapport à l’année précédente. C’est juste une petite zone au Sud de Damagaram, une petite partie du Sud Maradi et Sud Dosso.

Dans quelles conditions la saison a-t-elle démarré cette année ?

Ce qu’il faut dire ici, c’est que nous disposons des données pratiquement sur l’ensemble de notre pays en termes de démarrage simulé. On utilise une formule appelée ‘’Sivakumar’’ dans tous les pays du Sahel. Par rapport aux dates simulées on a essayé de faire une carte de démarrage moyen. Ce qu’il faut comprendre, quand on parle de démarrage de la saison, cela  ne veut pas dire que c’est en même temps que ça commence sur tout le pays. C’est comme la pluviométrie, elle commence au Sud pour remonter au Nord. Par exemple, si nous prenons la zone de Sud Dosso (Gaya et Dolé), le démarrage de la saison se situe entre le 15 et le 31 mai. Si on veut prendre Niamey et le centre des régions du fleuve, le démarrage de la saison se situe dans l’intervalle du 31 mai au15 juin. Ces dates donnent un intervalle moyen de démarrage de la saison des pluies. Quand on va plus à l’Est et au Nord Tillabéri, Nord Maradi, centre et Nord Zinder, le démarrage se situe entre  le 15 et le 30 juin et vers Diffa, ce démarrage va du 30 juin au 15 juillet. La fin de la saison, c’est également la même chose, elle n’intervient pas en même temps.

On a essayé donc de regarder en fonction de la moyenne pour voir comment le démarrage s’est comporté. Pour l’essentiel on se situe dans le démarrage moyen en retard. Ainsi, sur la grande partie, on observe un démarrage normal. Toutefois, il y a aussi beaucoup de parties où ce démarrage était intervenu en retard. Il n’y a que dans les zones Nord-Est et le centre Tillabéri, au centre de l’Ader, le Sud de Damagaram, où nous avons des démarrages qui ont commencé un peu précocement.

Par rapport à l’année dernière nous avons également la même configuration. C’est un démarrage moyen en retard sur l’ensemble du pays. Mais il faut aussi regarder ce qui se passe de façon ponctuelle d’une année à une autre. On a essayé de faire une moyenne des neuf (9) dernières années au démarrage de la saison par rapport à la moyenne de 1981-2010. Cela va nous donner la tendance de ce qu’on a l’habitude de voir ces dernières années. Ainsi, on a constaté qu’à l’Est, la situation est en train d’être améliorée en termes de démarrage de la saison pluvieuse. C’est le cas des régions de Zinder et de Diffa où l’installation de la campagne s’effectue beaucoup plus précocement par rapport au Sud-Ouest du pays. Quand on prend par exemple le centre Tillabéri, Nord Dosso, le centre de l’Ader, vers Maradi et Niamey, c’est là où on a vraiment du retard dans le démarrage.

Qu’est-ce qui explique cela ?

Souvent on a des faux départs, c’est-à-dire on peut avoir des fortes précipitations en Avril ou en Mai et après on observe une pause de sécheresse qui fait que les producteurs sont obligés de ressemer. Autrement dit, les débuts sont beaucoup plus problématiques. Cette situation est certainement due au changement climatique.

Qu’est-ce qu’on peut retenir en termes de perspectives pluviométriques ?

En perspective, nous conseillons toujours aux producteurs de se référer d’abord à notre prévision saisonnière qu’on réalise chaque année au mois d’avril. Dans cette prévision saisonnière, nous avions dit qu’on va assister cette année à des pluies excédentaires. Dans le bulletin qui été publié à cet effet, nous avions précisé que pendant les mois des juillet et d’août on pourra assister à des très fortes pluies qui pourraient engendrer même des inondations. Aujourd’hui, le fleuve est complètement rempli au point où il constitue une préoccupation pour les riverains. Heureusement que l’Etat a pris des dispositions sur la base des informations qu’on avait données. La digue de protection a été rehaussée d’une quarantaine de centimètres. Le résultat de ce travail est aujourd’hui là. Le niveau du fleuve est de 634 cm. On a dépassé le seuil rouge qui est de 620 cm. Avec cette situation, on est en train d’aller vers le record de tout le temps qui était de 638 cm.

L’analyse qu’il faut faire à ce niveau du fleuve, c’est de rappeler que cette crue n’est pas la même avec celle qu’on a l’habitude de voir les mois de décembre et de Janvier. C’est une crue influencée par des fortes précipitations tombées aux alentours du fleuve, c’est-à-dire dans les régions de Tillabéry, au Burkina Faso, dans la région de Tahoua et même à Niamey. Ça fait des années que le fleuve n’a pas atteint ce niveau en juillet. Ça fait aussi longtemps qu’on n’a pas vu le fleuve atteindre ce niveau au mois d’août. Donc si les précipitations continuent à tomber, et c’est le même cas, la situation pourrait s’aggraver et peut être nous assisteront à un nouveau record du niveau du fleuve.

Avez-vous des conseils à donner aux riverains du fleuve au regard de cette situation ?

Il faut veiller à la protection civile à travers une vigilance accrue du niveau des eaux du fleuve. Ce travail technique est fort heureusement en train d’être mené au jour le jour par les services compétents de l’Etat. Au niveau de la Direction de la météorologie nationale, nous travaillons aussi à mettre à la disposition du public et des différentes structures, des avis et informations nécessaires pour que l’Etat arrive à réagir à temps pour prévenir et préserver les vies humaines et les biens des populations.

Propos recueillis par Ali Maman(onep)

19 août 2020
Source : http://www.lesahel.org/

Le Canard en Furie : Le 1er février dernier, la Cour de Justice de la CEDEAO a tenu son audience à Abuja (Nigeria) sur le contentieux électoral opposant le président Mahamane Ousmane à son challenger Bazoum Mohamed déclaré vainqueur par la Cour constitutionnelle, à l’issue du 2e tour de l’élection présidentielle du 21 février 2021. Les débats ont eu lieu, le délibéré est fixé au 31 mai prochain. Avez-vous bon espoir en tant que soutien du candidat Mahamane Ousmane ?

Djibrilla Baré Maïnassara : En principe cette question devrait être directement adressée au principal concerné. Vous savez que la requête a été déposée au nom du candidat Mahamane Ousmane par son conseil. Mais néanmoins en tant que soutien du candidat au 2e tour, je vous dirai que quand on va à un procès, c’est toujours dans l’espoir de le remporter. Le contentieux porte sur la violation des droits de l’Homme et la discrimination constatés à l’occasion du processus électoral. Cela veut dire quoi ? Que le processus a été entaché d’irrégularités, de bout en bout, depuis la mise en place des organes chargés d’organiser les élections, jusqu’aux opérations de vote et la validation des résultats en passant par l’enrôlement des électeurs potentiels. Sur toute la ligne, le candidat Mahamane Ousmane s’est senti lésé et c’est pourquoi, au nom de la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la bonne Gouvernance et du Protocole additionnel A/SP1/12/01 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, il a décidé de porter l’affaire devant la juridiction de l’espace communautaire. Et selon son Conseil, il a fourni des preuves à travers des procès-verbaux des votes, des audios, des vidéos, prouvant que le processus n’a été ni transparent, ni équitable. D’ailleurs le jury de la Cour de la CEDEAO avait fait le constat, dès l’entame de l’audience, que l’avocat qui devrait représenter l’Etat n’était ni présent à l’audience, ni représenté par un de ses pairs et même en ligne puisque l’audience était faite par visioconférence. Mais, comme je l’ai dit tantôt, votre question devrait être directement posée à l’intéressé lui-même et/ou à son conseil.

Le Canard en Furie : Vous également, vous aviez saisi la juridiction communautaire d’une plainte lors de la conduite du processus électoral. Où en sommes-nous par rapport à l’évolution du dossier ?

Djibrilla Baré Maïnassara : Me concernant personnellement, c’est une requête que j’ai introduite devant la cour de la CEDEAO par l’intermédiaire de mon conseil, à l’issue du 1er tour des présidentielles, le 18 février 2021, en tant que candidat. Elle fait suite à la requête déposée en commun par certains des candidats auprès de la Cour Constitutionnelle sur la régularité du dossier du candidat du parti au pouvoir, régularité du dossier je le précise bien ! La régularité du dossier parce que les pièces du dossier de chacun des candidats sont supposées être conformes aux normes pour être recevables et sans discrimination. Je le précise parce qu’il y a des amalgames qui sont souvent faits à dessein. Même dans le cadre d’un concours ordinaire de recrutement, on vérifie si les pièces versées au dossier sont conformes, sinon le dossier est systématiquement rejeté. Donc je suis serein par rapport à ce dossier puisque l’Etat qui avait 30 jours pour opposer des arguments à ma requête n’avait pas répondu. Tirez en les conclusions vous-même.

L’opposition ne bouge plus tellement pour montrer qu’elle existe encore depuis l’investiture du président Bazoum. Pourtant ce ne sont pas les occasions qui ont manqué pour lui permettre de donner de la voix. Les scandales financiers à répétition, la corruption, l’impunité, etc., se poursuivent. L’opposition reste muette.

Djibrilla Baré Maïnassara : Vous parlez de l’opposition politique n’est-ce pas ? Bon dans mon cas précis, je me sens obligé de vous préciser que je suis membre fondateur du RDP Jama’a. Mais que je suis dans un processus électoral, qui n’est pas encore bouclé à mon sens, tant que les verdicts de la Cour de justice de la CEDEAO ne seront pas connus. Je dis bien les verdicts puisqu’il y’a deux requêtes. Donc l’opposition dont vous parlez, estime avoir remporté le scrutin, du moins, le candidat Mahamane Ousmane estime avoir remporté le scrutin présidentiel, même si dans l’hémicycle son camp est minoritaire. Alors, à partir de cet instant, est ce que les autres partis qui l’ont accompagné peuvent lui dicter sa conduite pour lui faire rentrer dans ses droits ? Je ne le pense pas personnellement. Le président Ousmane a choisi la voie judiciaire, plus sage, même si, il faut l’avouer, la plupart de ses soutiens étaient pour la confrontation dans la rue. Mais ce que je puis vous dire d’ores et déjà est que ce silence de l’opposition procède également d’une stratégie murie. Il faut tirer des leçons des expériences de luttes passées. En matière politique, ce n’est pas forcément en allant dans la rue qu’on peut remporter la victoire politique, surtout si le rapport de force ne vous est pas favorable. En plus ne perdez pas de vue que des centaines de militants issus des rangs du principal parti de l’opposition sont en prison, dont son leader charismatique. La mouvance présidentielle est empêtrée dans ses propres contradictions. Ce n’est pas à l’opposition de lui donner les moyens de faire son unité. Cette stratégie du silence de l’opposition, est diversement appréciée, je le concède. Mais méfiez-vous ! Quand c’est calme, c’est comme un sable mouvant, ça suscite des inquiétudes dans le camp d’en face. L’opposition n’est pas muette comme vous semblez le croire. Elle a le droit avec elle, c’est pourquoi elle et sereine. Elle est toujours là, débout ! La panique vous savez dan quel camp elle et omniprésente. Sinon comment comprendre, que des prétendus démocrates qui ont bénéficié, par le passé, de tous les ressorts de la démocratie pour se hisser au pouvoir, refusent systématiquement les marches, des meetings des citoyens. Vous le savez, à lire le communique du porteparole des droit de l’homme qui était présent dans notre pays le mois dernier, les autorités se sont auto sabordées et délégitimées.

Tawèye

 

 Détenteur d’un Doctorat en Lettres, Arts et Communication avec la Mention, Littérature Africaine Contemporaine, Dr. Siddo Adamou est l’auteur du livre intitulé ‘’Droit de Veto’’. Le parcours de Dr Siddo Adamou va de l’enseignement au Collège en passant par le Lycée pour arriver à l’Université où il vient de commencer une carrière d’Enseignant-Chercheur au Département de Lettres, Arts et Communication à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Zinder. Ses travaux de recherche ont porté sur l’auteur nigérien Boubou Hama, une façon pour lui de promouvoir le travail exceptionnel de ce nigérien qui a fourni une masse critique sur l’Histoire des différentes sociétés nigériennes.

 

Vous venez de publier votre premier roman intitulé ‘‘Droit de Veto’’. Pourquoi ce titre pour le livre ?

"Droit de véto" est un roman qui retrace de manière assez palpable le quotidien de la jeunesse africaine. Il indique et touche de très près, leur lutte parfois à arme inégale contre la puissance de la tradition, les considérations socioculturelles d’un autre âge, la corruption des élites dirigeantes avec son corollaire, la gabegie, les passe-droits et ou le chômage des jeunes diplômés qui ne demandent simplement que de servir leurs pays. Ces situations constituent aujourd’hui les maîtres-mots de la gestion politique des pays africains.

‘‘Droit de Veto’’ est en effet, l’histoire d’une relation amoureuse comme on en rencontre partout dans nos sociétés. Il s’agit ici de la relation entre un jeune homme nommé Balo et sa petite amie Binta. Mais au bout du compte, les deux mères des deux protagonistes vont s’opposer de manière énergique à leur union. La mère de Balo s’est opposée à l’union de son fils à Binta à cause du caractère non national, (rire), on allait dire au fait que Binta est issue d’une origine "étrangère", elle ne voulait donc pas mêler son ‘’sang de noble’’ à un autre ‘’moins pur’’. Et de l’autre côté, la mère de Binta ne désire pas voir sa fille dans une union avec un homme à cause des antécédents dont sa grande sœur a été victime. Cette dernière a été trahie par son petit ami avec qui, ils ont organisé la dot, la "valise" et tous les accessoires du mariage. C’est cette opposition des deux mères des protagonistes que nous avons nommée ‘‘Droit de Veto’’.

Vous êtes présenté comme un des spécialistes du grand homme des lettres nigérien, que fut Boubou Hama. Pourquoi cette spécialisation ?

Notre travail en se portant sur l’œuvre de Boubou Hama vise deux objectifs :

Promouvoir le travail exceptionnel de ce Nigérien qui a fourni une masse critique sur l’histoire des différentes sociétés nigériennes (Haoussa, Peulh, Zarma-Songhoy, Touareg, etc.), une importante documentation sur les traditions orales nigériennes à savoir les contes, les légendes et les mythes et un travail minutieux en termes d’essais sur le destin du Nigérien et ou de l’Africain, une production romanesque assez riche sur l’imaginaire pour aider la mémoire africaine à se connaître ou tout au moins à se redécouvrir.

Notre intérêt s’est d’autant plus affirmé lorsque nous nous sommes intéressés à la philosophie de Boubou Hama axée essentiellement sur l’humain. En effet, Boubou Hama a pour objectif dans son œuvre de promouvoir, l’idéologie de l’humanisme. Pour Boubou Hama, tout doit se faire pour et par l’Homme et non cette condition à travers laquelle, tout l’écrase. Pour lui, aucun développement n’est possible, s’il ne prend en compte la dimension humaine.

Vous avez traité, dans votre roman des questions d’actualité brûlantes de votre pays, du continent africain et du monde. Parlez-nous de ces questions.

Nous sommes dans un monde où personne ne peut espérer vivre de manière isolée. C’est cette mondialisation qui nous a poussé à nous intéresser à la question africaine et ou mondiale qui va au-delà du simple espace nigérien, qui est juste un enclos colonial tracé d’ailleurs à la règle à la Conférence Berlin en 1884 par les puissances coloniales. Il s’agit cependant pour nous de traiter d’une mondialisation à visage humain où effectivement, l’Homme occupe toute sa place et son rôle en tant que maître et acteur de son développement et la prospérité de toutes les espèces.

Vous êtes aussi dans les luttes panafricaines en tant que Secrétaire à la communication de la Ligue Panafricaine LPU UMOJA. Selon vous, que faudrait-il pour promouvoir l'unité africaine ?

Pour rappel, la LPU UMOJA est une structure dont l’objectif est de promouvoir la solidarité et la prospérité entre les peuples d’Afrique, ceux du continent comme les Noirs de la Diaspora qui se retrouvent à travers le monde selon les contingences de l’Histoire. L’UMOJA-NGUYU désigne effectivement en Lingala, une langue du Congo, «L’Union fait la force». C’est cette unité africaine que nous avons voulue défendre en nous engageant dans cette structure qui fait de plus en plus la fierté de la jeunesse africaine. Nous sommes en train de nous battre afin de voir l’Union Africaine adopter au moins une ou deux des langues africaines majoritairement parlées en Afrique, je veux parler ici par exemple du Swahili pour l’Afrique de l’Est et du Haoussa pour celle de l’Ouest. Nous espérons que cela constitue une des voies à travers laquelle, nous pouvons amorcer réellement notre unité et affirmer notre indépendance. 

Que pensez-vous de la Littérature nigérienne et Africaine ?

La littérature nigérienne malgré les aléas liés à la production, fait amende honorable. Elle subsiste en dépit de toutes les difficultés liées à sa condition. Il n’existe en effet, aucune chaine du livre au Niger, un public peu motivé pour la lecture et encore moins d’achat des œuvres. Au Niger comme dira Adamou Idé dans une interview sur Bonférey TV "Les gens préfèrent parfois s’acheter un tas de viande que de s’offrir un livre". J’ai donc conscience que le challenge est très fort et l’entreprise d’adopter une carrière d’écrivain est assez risquée au Niger. Je ne doute point cependant de la capacité des Nigériens à se surpasser et à aimer une fois leur littérature. En tout cas, en ce qui me concerne, ils me l’ont prouvé en se donnant le plaisir et en me faisant surtout l’honneur d’acheter mon roman. Je leur dis simplement merci du fond du cœur et leur avoue encore toute ma gratitude. Pour la littérature africaine, elle continue de faire son aventure et je pense que le meilleur reste encore à venir.

Votre livre coûte combien et où est-il disponible ?

Nous avons fait un prix moyen, en tout cas, il nous semble à la portée de la bourse moyenne des lecteurs. Le prix du roman était fixé à 3.000 F CFA. Il faut dire que pour le moment, le livre est en rupture de stock. Mais, nous sommes déjà assez avancés en collaboration avec l’Editeur afin de relancer une nouvelle commande d’ici la fin du mois de Septembre 2021. Je suis convaincu au vu de l’accueil réservé par le public à «Droit de véto», cela augure une belle aventure et je ne fais que rendre grâce à Allah. Je profite de votre micro pour adresser toute ma gratitude à l’ONEP qui n’a jamais hésité à nous accompagner dans cette aventure. 

Abdoul-Aziz Ibrahim(onep)

11 août  2021
Source : http://www.lesahel.org/

En visite au Niger dans le cadre de la tournée annuelle qu’il effectue dans les huit (8) pays de l’UEMOA, le directeur général de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières BRVM a bien voulu se prêter à nos questions afin d’éclairer la lanterne des populations sur l’institution qu’il dirige. Dans cet entretien, M Edoh Kossi Amenounve parle de la BRVM, de sa mission, sa vocation mais aussi des opportunités d’affaires et d’investissement qu’elle offre aux populations de l’espace communautaire. Il revient également sur l’émission de l’emprunt obligataire réalisée par le Niger.

Monsieur de directeur général, voudriez-vous nous dire ce qu’est la Bourse Régionale des Valeurs mobilières (BRVM)?

Comme son nom l’indique, la BRVM, c’est la bourse régionale des valeurs mobilières de l’UEMOA. C’est la bourse commune aux huit (8) pays qui a pour vocation de favoriser la mobilisation des ressources, à long terme, pour un meilleur financement des économies de notre Union. La bourse met donc en relation les épargnants et les Etats ou les entreprises pour que les épargnants qui sont en excédant de ressources puissent donner ces ressources-là aux Etats ou aux entreprises pour pouvoir  investir et créer de la richesse dans une économie. La BRVM a été créée pour cela et elle est en même temps le lieu de cotation des titres qui sont émis par les Etats ou les entreprises, que ça soit les obligations ou les actions pour permettre aux investisseurs d’échanger ces titres-là entre eux, pour avoir une certaine liquidité sur les titres émis. Bref, la BRVM est un instrument de financement, à long terme, complémentaire au financement bancaire.

Dans quel cadre êtes-vous venu au Niger?

Le Niger est partie intégrante de la BRVM et chaque année, j’effectue une visite-pays dans les différents pays de notre Union pour rencontrer les autorités, les investisseurs institutionnels, les émetteurs actuels ou potentiels, les représentants du secteur privé pour parler de la bourse. Et bien évidemment échanger avec tous ces acteurs-là de l’évolution du marché, de notre vision, notre stratégie et de recueillir leurs préoccupations de manière à pouvoir ajuster nos actions de développement en conséquence. C’est la visite-pays que je fais au Niger aujourd’hui et donc ça me donne l’opportunité de rencontrer toutes ces autorités, institutions et personnalités que j’ai citées ci-haut.

Votre visite coïncide avec l’émission de l’emprunt obligataire du trésor public que le Niger a lancée et qui a connu un réel succès. Qu’avez-vous à nous dire par rapport à cette opération ?

Effectivement, c’est une coïncidence mais c’est en même temps une opportunité de cette émission importante qui a été un franc succès au regard des chiffres qui nous ont été communiqués par la Société de Gestion et d’Intermédiation (la SGI). On est à plus de 100% de souscription. Aujourd’hui, c’est 165 milliards F CFA qui sont retenus au titre de cet emprunt. C’est le 4ème emprunt de l’Etat du Niger qui est parti avec 40 Milliards, 60 milliards, 110 milliards et maintenant 165 milliards. Je pense que cet emprunt montre l’engagement de l’Etat du Niger à solliciter le marché financier régional pour financer ses actions de développement. Mais cet emprunt montre surtout la confiance des investisseurs dans l’économie nigérienne et dans les actions du gouvernement nigérien. Parce que l’accueil massif et rapide que les investisseurs ont réservé à cet emprunt dans toute la sous-région témoigne vraiment de la qualité de la signature de l’Etat du Niger et de la foi de ces investisseurs dans le développement économique du Niger. Pour moi, c’est un signal extrêmement important et extrêmement fort. Je voudrais saisir l’occasion pour féliciter la SGI du Niger qui a organisé et placé cette opération ainsi que toutes les SGI qui ont participé à son succès. C’est de ces nouvelles-là dont nous avons besoin dans notre marché pour pouvoir sensibiliser davantage les émetteurs, les investisseurs au rôle important que joue la bourse dans le développement économique de nos pays.

L’une des missions de la BRVM est la promotion de l’actionnariat populaire. Comment appréciez-vous l’actionnariat au Niger ?

Aujourd’hui, le Niger n’a qu’une seule société cotée, la BOA Niger. C’est cette société uniquement qui a pu ouvrir  son capital aux Nigériens mais aussi aux citoyens régionaux. C’est déjà un bon début. Par ailleurs, à travers la SGI, il y a des Nigériens (personnes physiques et morales) qui achètent des actions des autres sociétés cotées dans notre sous-région. Mais nous devons travailler encore durement pour que l’actionnariat populaire se développe davantage au Niger parce que pour nous cet actionnariat développe un sentiment d’appartenance des personnes physiques à leur économie en étant actionnaires des sociétés qui produisent et créent de la richesse. L’actionnariat populaire permet aussi un meilleur partage de richesse dans l’économie puisque toutes ces personnes bénéficient des fruits de la richesse notamment à travers les dividendes qui leur sont payés chaque année. Pour nous à la BRVM, l’actionnariat populaire est un instrument de la démocratie économique et financière, c’est un instrument important de développement économique et nous devons déployer nos meilleurs efforts pour que cet actionnariat populaire se développe. Nous avons rencontré les autorités sur le sujet, partagé nos idées et avons reçu un écho favorable pour le travail commun à faire afin de développer davantage l’actionnariat populaire au Niger. J’ai rencontré le président du CESOC. L’actionnariat populaire est un des sujets que nous avons abordés et c’est un sujet qui est favorablement accueilli, puisque l’une des missions du conseil c’est aussi de travailler à ce que l’économique rejaillisse sur le social et que cela contribue au bien-être des populations. L’actionnariat populaire va dans ce sens-là. Etant donné que le CESOC est une représentation assez large de tous les acteurs économiques du pays, une telle idée portée par ce conseil pourrait être mieux partagée et déboucher sur des propositions au gouvernement ou à l’Assemblée nationale, s’il y a des textes ou des lois à prendre. Je crois que le CESOC est mieux indiqué pour porter ce genre d’idée et nous allons travailler avec le conseil pour vulgariser l’idée et travailler techniquement pour préparer les éventuels actes qui peuvent encadrer cet actionnariat et sensibiliser les autorités pour qu’elles puissent nous accompagner.

Qu’est-ce qui entrave selon vous la cotation des sociétés nigériennes à la BRVM et que faut-il faire pour renverser la donne ?

Je dois d’abord préciser que l’alimentation d’une bourse se fait de trois sortes : les privatisations, les admissions volontaires et la sortie des fonds de Private Equity. Donc, pour pouvoir avoir plus de sociétés nigériennes cotées à la BRVM, il faut que certaines de ces sociétés soient issues des privatisations, d’autres viennent volontaires comme le cas de la BOA Niger ou d’autres viennent par le canal de la sortie de Private Equity. Nous allons travailler sur ces trois axes-là avec tous les acteurs sous l’éclairage des autorités nigériennes de manière à avoir, dans les prochaines années, certaines sociétés nigériennes candidates à une admission à la BRVM.

Qu’avez-vous  à dire aux Nigériens sur l’actionnariat, le marché financier en général?

Je dirais que la bourse est un formidable instrument de démocratie financière et économique. La bourse permet aux populations d’être parties prenantes à la gestion de leurs entreprises, des actifs de leurs économies. Je pense que dans cette phase de développement que le Niger a amorcée, accompagner les actions du gouvernement, de la possibilité a été donnée aux populations à travers l’actionnariat populaire d’avoir d’autres sources de revenu en dehors de leurs activités traditionnelles. Cela va forcément augmenter  les revenus  et permettre de consommer davantage pour pouvoir effectivement booster le développement économique au Niger. C’est pour ce complément de revenu qu’apporte l’actionnariat populaire aux Nigériens que nous souhaitons le développer au Niger. Je voudrais sensibiliser et encourager les populations nigériennes à s’intéresser à la bourse, à s’intéresser à l’achat d’actions sur le marché financier. Les SGI dont la SGI Niger sont les intermédiaires agréés pour aider les candidats à avoir des actions dans les entreprises cotées en bourses. Les SGI vont les accompagner, conseiller et agir pour leur compte et leur mettre en place un portefeuille de titres en vue de leur permettre de générer des revenus complémentaires. 

Certaines personnes pensent qu’il faut avoir beaucoup d’argent pour prendre une action, pour être actionnaire et rechignent à s’y essayer. Que leur répondez-vous ?

Alors là, pas du tout ! Quand vous regardez le prix des actions à la BRVM, il y a des actions qui coûtent moins de 1000 F CFA. Cela veut dire que même avec 100.000 F ou même 10.000 F CFA, on peut acheter quelques actions. On n’a pas besoin d’être millionnaire ou milliardaire, on a juste besoin d’une petite épargne pour commencer. Le plus important, c’est de rentrer dans une dynamique d’épargne progressive et de long terme, de manière à ce que les revenus générés sur cette épargne-là permettent de faire face à des dépenses planifiées dans le futur. Et,  c’est ça en fait la logique qu’il faut suivre. Donc, la bourse, ce n’est pas une affaire des riches, des millionnaires ou milliardaires. C’est une affaire nous concernant, nous tous.

Interview réalisée par Zabeirou Moussa(onep)

25 août 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Interview avec le Pr Albert Wright : « Le niger est très ensoleillé, mais « le niger est très ensoleillé, mais on peut on peut on peut transformer cette f transformer cette fatalité en opportunité » en opportunité » déclare le scientifique nigérienLe Niger a pris part, du 11 au 12 mars dernier, au Sommet de l’Alliance Solaire Internationale (ASI), tenue à New Delhi, capitale de l’Inde. Au cours de cette rencontre mondiale, le Président de la République Issoufou Mahamadou a réaffirmé la volonté de son Gouvernement à développer l’énergie solaire, notamment au profit des zones rurales du pays. Pour connaitre la voie que le Niger est sensé emprunter, mais surtout connaitre les potentialités que regorge ce pays sahélien dans ce sens, nous avons tendu notre micro à Albert Wright, l’un des plus grands experts du continent en la matière.

1) Bonjour Pr. Le Niger s'engage à developper l'énergie solaire surtout dans les zones rurales. Quelles sont les potentialités notre pays dans ce domaine?

Bonjour et merci pour cette opportunité que vous accordez pour nous prononcer sur ce sujet si important pour notre pays. Le Niger est très ensoleillé, mais on peut transformer cette fatalité en opportunité, autrement dit transformer cette chaleur en énergie. L’énergie, c’est aujourd’hui le moteur du développement humain à l’échelle internationale. Si nous avons aujourd’hui du soleil que nous pouvons transformer judicieusement, il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas nous développer. Et avec le travail qui a été déployé dans les laboratoires, depuis la réunion de Rome (Italie NDLR) en 1979, qu’on peut dire que la transformation de l’énergie solaire, ainsi son utilisation sont quasiment maitrisés. Il faut noter qu’il y a deux modes d’exploitation. On peut y aller soit avec les panneaux photovoltaïques, ou soit la conversion thermodynamique.

Pascal Bastien, Représentant d’Orano au Niger

 

Quelle est l’implantation actuelle d’Orano au Niger ?

Parmi les trois gisements d’uranium découverts par Orano et l’État du Niger dans les années 1960 et 70 au nord du pays, Orano en assure l’extraction pour deux d’entre eux, de manière responsable, par le biais de deux compagnies minières : COMINAK et SOMAÏR. Les mines offrent au pays des avantages économiques et sociétaux importants, et améliorent le niveau de vie des populations locales. Le troisième gisement, Imouraren, n’est pas en phase de production car, à ce jour, il n’est pas économiquement viable. La production de la mine de COMINAK s’achèvera le 31 mars 2021, ses ressources s’étant épuisées, mais ce n’est pas la fin de l’histoire.

Quelles mesures ont été prises pour atténuer l’impact de la fermeture de COMINAK ?

Pour commencer, la mine est peut-être en train de fermer, mais les travaux de réaménagement du site se poursuivront pendant 10 ans et la surveillance de l’environnement pendant 10 ans de plus. L’objectif est de s’assurer que le site est sûr et non polluant. Nous sommes attachés au dialogue et à une communication permanente et transparente avec les parties prenantes, afin de soutenir la reconversion de nos salariés et prestataires, et d’agir en vue d’une transition sociale pérenne et à long terme, bénéfique à la population locale.

Quelles sont vos prévisions pour la durée de vie de la mine de SOMAÏR ?

SOMAÏR continue d’investir en vue de découvrir de nouvelles ressources en uranium et de prolonger la vie de la mine. Sur ce marché difficile, la mine doit être rentable. De nombreuses initiatives ont été lancées pour que l’exploitation de SOMAÏR se poursuive au-delà de 2035, notamment par des optimisations techniques et la numérisation. Elles contribueront à améliorer l’économie, la qualité et la sécurité des opérations. Nous sommes également très attentifs au rendement énergétique et à l’empreinte carbone de notre mine dans le cadre de notre engagement pour le climat. SOMAÏR est sur la bonne voie.

{xtypo_quote}Orano au Niger : un partenariat pérenne avec de nombreuses années devant lui{/xtypo_quote}

COMINAK – mine souterraine – @Maurice Ascani @Orano

Est-ce que dans 15 ans Orano sera toujours en train de poursuivre ses opérations d’extraction au Niger ?

De même que nos projets à SOMAÏR, nous nous intéressons à Imouraren, qui contient une part importante des réserves de minerai d’Orano. La difficulté est l’économie de la mine dans le marché d’aujourd’hui. Nous sommes à la recherche de nouvelles méthodes d’extraction permettant de réduire les coûts et nous prévoyons des campagnes de forage dans certaines zones du gisement afin de tester la faisabilité des opérations. Notre objectif est de commencer l’extraction à Imouraren avant la fin des opérations à SOMAÏR.

Mine à ciel ouvert, SOMAÏR, @Maurice Ascani , @Orano

En-dehors de l’extraction, quelles sont les activités d’Orano au Niger ?

Notre partenariat avec le pays dépasse largement l’extraction. Nous intervenons pour améliorer l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, les activités économiques, la culture et le sport. Par exemple, dans le cadre du projet agro-pastoral d’Irhazer de 11 milliards de CFA (17 millions €) qui vise à assurer une sécurité alimentaire durable, nous finançons le développement des systèmes d’irrigation en partenariat avec l’État du Niger.

Imouraren, @Maurice Ascani @Orano

{xtypo_quote}« Les mines offrent au pays des avantages économiques et sociétaux importants, et améliorent le niveau de vie des populations locales. »{/xtypo_quote}

 

Projet Irhazer, @Maurice Ascani @Orano 

Interview réalisée par Jeune Afrique 
22 février 2021 
Source :  https://www.jeuneafrique.com/brandcontent/1116929/orano-au-niger-

Des centaines de milliers de personnes sont portées disparues chaque année dans le monde. Le 30 août est la journée internationale qui leur est consacrée pour commémorer leur mémoire. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) plaide pour une prise en charge plus efficace et plus large des besoins des familles de personnes portées disparues par suite d’un conflit armé, d’une catastrophe naturelle ou de la migration.

Nous recevons à cette occasion François Moreillon, le Chef de la délégation du CICR au Niger, l’une des principales institutions approchées par les familles des disparus.  Il nous explique l’importance de cette journée internationale et les activités du CICR au Niger en matière de plaidoyer pour la prévention des disparitions ainsi que le travail de rétablissement de liens familiaux menés en collaboration avec la Croix-Rouge Nigérienne. 

 M. le Chef de la délégation, en quoi la journée internationale des personnes disparues est si importante à commémorer ?

Tout d’abord, je vous remercie pour l’opportunité que vous m’offrez de m’adresser à vos lecteurs. La journée internationale des personnes disparues est importante, car elle permet à ceux qui ne connaissent pas la douleur que représente la disparition d’un être cher dans de telles circonstances d’être mieux informés à ce sujet, de faire preuve d’empathie en sortant un instant de son quotidien. Cela est bien sûr valable pour celles et ceux qui ont la chance de ne pas vivre dans la guerre ou la violence. Pour ces derniers, la disparition d’un être cher fait malheureusement partie de leur quotidien, de leur voisinage immédiat, c’est une réalité qu’on ne peut éviter. Cette journée vise également à faire appel à la conscience collective, aux responsabilités des politiques, à leur sens moral, à une nécessité impérieuse d’agir.

Le 21 décembre 2010, représente à ce titre l’une de ces journées où le monde décide de faire front : l'Assemblée Générale des Nations Unies adopte la résolution 65/209 dans laquelle elle se dit « profondément préoccupée par la multiplication dans diverses régions du monde des disparitions forcées ou involontaires», et « décide de proclamer le 30 août Journée internationale des victimes de disparition forcée, qui est célébrée à partir de 2011 ». D’autres initiatives ont vu le jour depuis lors, mais le chemin à parcourir reste long et nécessite que l’on adresse avec le plus haut degré d’exigence les causes profondes de la disparition que sont les guerres, les inégalités sociales grandissantes, le changement climatique, pour n’en mentionner que certaines. 

Dans le cas du CICR, il dispose d'un mandat permanent en vertu du droit international pour mener une action impartiale d'assistance aux victimes des conflits. Parmi ses principaux objectifs figurent la prévention des disparitions, le rétablissement des contacts entre les membres des familles et l'établissement du sort des personnes dont les familles sont sans nouvelles.

Au niveau conceptuel, les personnes disparues sont les personnes dont les familles sont sans nouvelles d'elles et/ou qui sont portées disparues, en raison d'un conflit armé, d'une catastrophe naturelle, de la migration ou de toute autre situation pouvant nécessiter l'intervention d'une autorité nationale compétente.

Le CICR commémore la journée internationale des disparus au Niger chaque année depuis 2015.  Cette année, nous voulons consacrer la Journée Internationale des Disparus à comprendre ce que vit chacune de ces familles de disparus. Parce que la tragédie individuelle de chaque famille est une blessure ouverte pour toute la communauté et peut se traduire par un défi énorme pour le pays.

Le CICR a engagé des recherches sur des personnes disparues dans plus de 70 pays et territoires dans le monde. Chaque « demande de recherches » représente une famille confrontée à l'angoisse et à l'incertitude suite à la disparition d'un proche qu'elle cherche désespérément. Le droit de connaître le sort d'un proche disparu s'inscrit dans le Droit International Humanitaire et les droits de l'Homme. Le CICR et les Sociétés Nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s'efforcent dans le cadre de leur mission à atténuer le poids des disparitions pour les familles et à mettre fin au silence obsédant qui les entoure. 

Des milliers de personnes sont toujours dans l’attente de nouvelles ou à la recherche de leurs proches disparus. Quelle est la portée de cette journée notamment pour les familles de personnes disparues ?

La Journée internationale des personnes disparues nous rappelle que derrière chaque personne disparue, une famille est incessamment à sa recherche. L’incertitude générée par le manque d’information sur le sort d’un proche disparu est source de douleur et d’angoisse pour les familles. Notre sensibilisation sur cette problématique, se veut accessible à toute la société nigérienne pour lutter contre la stigmatisation de ces familles et de mieux répondre aux besoins des familles de disparus.

Adresser la question des personnes disparues contribue au processus de paix et de réconciliation. Le temps ne guérit pas les blessures des familles des personnes disparues, seules les réponses le font. La recherche active d'êtres chers disparus peut se poursuivre pendant des années, des décennies. C’est pourquoi le CICR travaille avec les autorités nationales pour renforcer les capacités de réponse en matière de recherche des disparus et de gestion des dépouilles mortelles. Celles-ci ont comme ultime objectif l’identification des personnes tuées lors des combats ou lors des mésaventures migratoires, ainsi que la clarification du sort de la personne portée disparue auprès des familles. Nos efforts se présentent sous forme de formations dispensées par notre expert en médecine légale. Cette semaine nous avons organisé une formation pour des formateurs sur la gestion des dépouilles mortelles avec la participation du ministère de la défense, du ministère de la santé et de la Police nationale. 

M. le Chef de la délégation, généralement ce qui importe pour les familles, c’est de savoir ce qu’il est advenu de son proche bien aimé (e).

En effet, le doute est un mal qui vous ronge de l’intérieur, qui vous empêche de faire votre deuil, de retrouver la quiétude d’une certitude. Malheureusement en l’absence de mesures propres à limiter le risque de disparitions ou à faciliter les recherches, le risque de rester sans réponse est grand. Je me souviens à ce titre avoir eu la lourde tâche d’annoncer à des familles la mort de leur proche disparu (d’un frère, d’un enfant, d’une mère) et dans ces rares occasions, alors que je craignais la peine dont j’allais être la cause, je ne trouvais que reconnaissance, une reconnaissance infinie, bouleversante. A présent, ils savaient !  

En 2020, le CICR a localisé près de 9'500 personnes dans le monde.  Ces cas ont été résolus par le CICR, les Sociétés nationales et, dans certains cas, les familles elles-mêmes. Les familles ont cependant d’autres besoins qui vont au-delà de cette première préoccupation.

Les besoins énormes qui ont été recensés sont d’ordre psychologique. Cela peut aller de l’isolement émotionnel aux tensions entre membres d’une même famille ou d’une même communauté, en passant par le sentiment de culpabilité, la colère, la dépression ou divers autres traumatismes. Les familles de personnes disparues sont souvent en proie à l’incertitude. La plupart des sociétés disposent de rituels religieux ou culturels qui leur permettent de surmonter la mort, mais il y a bien peu de chose pour aider les familles des personnes disparues.  Les familles ont le droit de savoir ce qu’il est arrivé à leurs proches disparus et il tient de la responsabilité des gouvernements de les y aider.

Mais d’autres besoins subsistent, il arrive en outre que les besoins aient trait à des questions d’ordre juridique liées au statut non défini de la personne disparue, et relatives par exemple à l’héritage, à la propriété ou à l’état civil. Il peut aussi s’agir de problèmes à caractère financier dus aux coûts occasionnés par les recherches d’un proche disparu ou à l’entretien des membres de la famille, si la personne disparue était son principal soutien.

Les familles victimes de disparition éprouvent aussi des situations de détresse et de difficultés. Pouvez-vous nous en lister quelques-unes ?

Grâce à notre rapport sur les besoins des familles victimes de la disparition de leur proche, nous avons observé trois situations de détresse et de difficultés principales chez ces familles. La première tient des difficultés psychologiques et psychosociales qui se manifestent sous forme d’angoisse et tristesse permanentes. La deuxième est le besoin pressant d’entamer des recherches pour savoir ce qu’il est advenu de leur proche abruptement disparu, lorsque cela leur est possible.  La troisième tient de l’impact économique lié à la disparition elle-même et ses conséquences qui suscitent une baisse des revenus voire son arrêt. Les coûts supportés pour effectuer les recherches et les déplacements exacerbent encore d’avantage une situation déjà difficile.

Qu’est-ce qu’il est encore possible de faire pour contribuer à alléger de telles situations visiblement éprouvantes pour les familles ?

Il est de la responsabilité des autorités nationales d’envisager la mise en place d’un mécanisme national de recherche des personnes disparues. Ce mécanisme aura comme mandat l’enregistrement et la centralisation des informations relatives aux personnes disparues et leurs familles. Ceci s’inscrit dans le cadre des obligations prévues par le droit international, visant à clarifier le sort des personnes portées disparues en raison d'un conflit armé et le lieu où elles se trouvent. 

 Quel est le point de la situation sur le continent et au Niger en particulier ?

Selon les conclusions d'un récent rapport publié par l’Institut d’Etudes et de Sécurité (ISS) et le CICR, la disparition de personnes reste l’une des conséquences humanitaires les plus graves et les plus dommageables des conflits armés, d’autres situations de violence et de la migration, et ce parmi les plus persistantes sur le continent Africain.

En 2020, le CICR, en collaboration avec les Sociétés Nationales de la Croix-Rouge du Croissant-Rouge de différents pays africains, a enregistré plus de 10'000 nouveaux cas de disparition, portant le nombre total de personnes disparues à 48'000, seulement en Afrique. Au cours de la même période, plus de 4'300 personnes disparues ont été localisées. En outre, près de 1'800 enfants africains ont été enregistrés comme enfants non accompagnés dont près de 800 ont été réunis avec leur famille. Ces chiffres ne représentent qu'une fraction d'une tragédie humanitaire plus vaste et non suffisamment documentée.

De plus, l’on constate qu’au cours de la dernière décennie la situation n’a cessé de se dégrader en raison des conflits armés, de la violence et de la migration.

S’agissant du cas spécifique du Niger, il importe de souligner que les deux conflits armés sur la bande transfrontalière du Niger et les flux migratoires traversant le pays sont les deux principaux facteurs contribuant à la disparition des personnes. A la date d’aujourd’hui, le CICR avec le soutien de la Croix-Rouge Nigérienne (CRN) a enregistré 1.536 cas de disparition. Toutefois, ensemble avec la CRN, notre programme de Rétablissement de Liens Familiaux a pu aider à résoudre 47% des cas de disparitions et apporter des réponses aux familles sur le sort de leur(s) être(s) cher(s). C’est le lieu selon moi de saluer, le travail phénoménal réalisé par le réseau des volontaires de la CRN très engagés dans la collecte et le référencement des cas à nos équipes. Cette synergie d’action reste aussi importante pour la recherche des 469 personnes portées disparues toujours dans le radar de notre Mouvement au Niger. 

En collaboration avec le CICR, la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (CADHP) a adopté la résolution sur les migrants disparus en Afrique. Serait-ce une lueur d’espoir pour leurs familles ?

Vous faites bien de mentionner cet important travail réussi par ces deux institutions.  Le CICR se réjouit de toute initiative tendant à protéger les civils et les personnes les plus vulnérables des aléas des conflits et de la migration. Je salue l’adoption de cette résolution par la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples qui vient donner un exemple novateur aux pays touchés par le phénomène des disparitions. C’est le lieu de s’en féliciter en ce sens que la nécessité d'apporter une réponse efficace à cette tragédie a été reconnue par les États et les institutions africaines. Il est à cet égard essentiel que les États redoublent d'efforts pour prévenir la séparation ou la disparition des migrants et apporter, le cas échéant, un soutien à leurs familles.  Cela ne peut toutefois se faire qu'avec une volonté politique et une collaboration qui va au-delà des frontières administratives. L'échange d'informations en vue de clarifier le sort des migrants disparus et le lieu où ils se trouvent peut atténuer les souffrances de nombreuses personnes.

 M. le Chef de la délégation, quelles sont les actions nécessaires devant aider à prévenir la disparation de personnes dans les situations de conflit armé et migration ?

Des efforts continus sont nécessaires pour prévenir les disparitions, rechercher les personnes disparues et fournir des informations sur leur sort et leur localisation à leurs familles. Il s'agit notamment de prévenir la rupture des liens familiaux, de rétablir les liens entre les membres de familles séparées et de gérer de manière appropriée les dépouilles mortelles.

Les familles doivent se trouver au centre des efforts déployés pour adresser la question des personnes disparues. Leur droit et leur besoin de connaître le sort de leurs proches et l'endroit où ils se trouvent doit être au cœur des processus de recherche. Les autorités doivent soutenir les familles, répondre à leurs besoins et veiller à ce que les cadres institutionnels et juridiques permettent une évaluation et une réponse individualisées.

27 août 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Amadou Ousmane Propos d ArbiAmadou Ousmane, auteur du livre ‘’ Propos d’Arbi’’ : ‘’Changeons les habitudes pour changer de comportement’’Monsieur Ousmane, vous venez de publier votre énième livre. Et vous l’avez titré : ‘’Propos Arbi’’... du nom d’une rubrique bien connue publiée dans les colonnes du quotidien national ‘’Le Sahel’’ dans les années ‘80. Ceux de nos lecteurs qui n’ont peut- être pas connu cette période-là voudraient bien savoir que contient cet ouvrage, et qui est Arbi ?

Commençons par Arbi…Arbi est un personnage fictif, un citoyen lambda qui s’était donné pour mission d’amener ses compatriotes à corriger certains de leurs comportements, pour ne garder que ce qu’il y a de meilleur en eux. Ainsi, tous les jours ouvrables, et pendant presque cinq ans, il publiait dans la Presse, un petit pamphlet critiquant, dénonçant ou encensant les petits faits de l’actualité du monde et des gens qui l’entourent. Et cela a duré environ- 5 ans.

Donnez-moi de bonnes raisons qui doivent inciter à lire votre livre…

Primo, le prix est très abordable (3.000 F).Secundo, cet ouvrage, même s’il n’est pas un livre d’histoire, contient assez d’éléments historiques sur la période considérée. Ensuite, sa lecture donne, aux jeunes surtout, l’occasion de développer leur sens critique de mieux connaitre les réalités de leur pays et d’aiguiser leur esprit patriotique. Pour toutes ces raisons, il peut être un excellent instrument de vulgarisation pour la reconversion des mentalités.

Interview de Djibril Baré : « Moi j’ai un programme ambitieux …et Incha Allah je serais candidat en 2021 ! » Quel bilan faites-vous de la présidence Issoufou Mahamadou

Si vous me demandez de faire le bilan du mandat de Issoufou Mahamadou, je vous confierais d’emblée que j’ai horreur de tirer sur des ambulances. Mon éducation me l’interdit. Et toutes les lois internationales sur les droits humains l’interdisent. Mais puisque vous insistez, je vous dirais simplement que le bilan du programme pompeusement appelé « renaissance » est très facile à tirer. Notre pays vient d’être reconfirmé dernier dans le classement de l’Indice du Développement Humain (IDH), c’est, pour la 6ème fois en 8 ans de régime du président Issoufou. C’est le plus grand drame que j’ai vécu en tant qu’Economiste et Banquier Central. Comment le président Issoufou, avec les meilleurs Economistes du Niger qui l’entourent et toutes ces richesses du sous-sol et les qualités reconnues de l’homme Nigérien, peut-il nous faire subir cet affront ? Je me pose encore la question.

En matière de gouvernance, notre pays, le Niger a été classé au 120 ème rang mondial en matière de démocratie et son régime a été classé comme autoritaire avec un indice de 3,33, loin derrière des pays de notre zone comme le Sénégal, le Bénin, la Cote d’ivoire et le Mali. Ce qui n’est pas étonnant, avec ces violations innombrables de la constitution, ces emprisonnements politiques et ces multiples entraves à la liberté de presse de même que celles de la liberté d’aller et venir à Niamey et dans certaines régions enregistrées tout au long des années de gouvernance depuis 2011.

Si vous vous insistez pour que je continue à tirer sur l’ambulance « renaissance » du président Issoufou, je vous rappellerais, que les ressources humaines sont les premières richesses d’un pays et de son propre aveu, fait dans son discours du 3 août dernier, l’intéressé a reconnu que « La qualité du système éducatif transparaît à travers les résultats de l’évaluation des apprenants en fin de cycle. Les résultats des examens du BEPC et du BAC qui viennent de se dérouler confirment la faiblesse de notre système éducatif. En effet les taux de réussite au BEPC et au BAC sont respectivement de 39,61% et 25,75%. Ces taux très faibles de réussite aux examens ne sont pas le seul fait des enseignants dont le niveau est souvent mis en cause. Ils sont surtout le résultat des perturbations multiples qui jalonnent l’année scolaire. » Quand le Ministre de l’Enseignement Primaire, Dr Daouda Marthé, a reconnu en 2016 que 60% des élèves du CP ne pouvaient lire que cinq (5) lettres de l’alphabet sur les 26, alors vous pouvez mesurer tout le drame que traverse l’école nigérienne.

Sans vouloir tirer davantage sur « l’ambulance renaissance », je dirais que la plus grande catastrophe c’est en matière d’infrastructures. Là je vous dirais que le président s’est totalement planté.

Cette année encore, le paludisme fait beaucoup de victimes au Niger : quel est le nombre de victimes ?
En effet, de la Semaine 1 à la Semaine 40 de cette année , il a été notifié dans les formations sanitaires publiques et privées 2 433 846 cas présumés dont 1 777 075 cas ont été confirmés. A la même période en 2016, il a été enregistré 2 048 009 cas présumés dont 1 125 918 cas confirmés. En ce qui concerne les décès, nous avons enregistré une diminution en 2017 par rapport à 2016. En effet, en 2017, il a été notifié 2186 décès contre 2374 en 2016 à la même période.

En ce qui concerne l’augmentation du nombre des cas de paludisme observée, cela se justifie par la pluviométrie précoce et abondante que nous avons enregistrée cette année dans notre pays, les efforts de sensibilisation du personnel de santé à l’endroit des populations pour un recours précoce aux soins, la disponibilité des intrants antipaludiques aussi bien dans les formations sanitaires qu’au niveau communautaire, la disponibilité des moyens de diagnostic de paludisme (le taux de confirmation est passé de 76% en 2016 à 91% en 2017 ) ainsi que l’extension des prestations au niveau communautaire à travers les relais communautaires pour la prise en charge intégrée des maladies de l’enfant (Paludisme, Pneumonie et Diarrhée, dépistage de la malnutrition) aux enfants de moins de 5 ans vivant à plus de 5 km d’une formation sanitaire et les activités de prévention et de promotion de la lutte contre la maladie dans un rayon de 5 km des formations sanitaires.

Quelles sont les mesures préventives et curatives que vous avez prises pour contrecarrer la propagation de cette maladie ?
Depuis 2014, nous avons entrepris une campagne de distribution de moustiquaires dans les régions de notre pays. Ces moustiquaires sont sensées protéger nos populations pendant 3 ans. Grâce à l’effort de l’Etat et ses partenaires, nous avons eu à distribuer en 3 ans plus de 13 millions de Moustiquaires Imprégnées d’insecticides à longue Durée d’Action (MILDA).

HassanM. Hassan Idrissa, préfet du département d’AyorouM. le préfet pouvez-vous nous faire succinctement la présentation de votre entité administrative ?

Erigé en 2011 en département, Ayorou est composé de deux (2) communes à savoir la commune d’Ayorou et celle d’Inatès. La population du département est estimée en 2018 à 71.425 habitants dont 35.955 femmes soit 50.34% selon les projections de l’institut National de la statistique (INS). Notre département est limité au nord par la République du Mali, au sud par la commune rurale d’Anzourou et celle de Dessa, à l’ouest par les communes rurales de Gorouol (département de Tera) et de Babkilaré (département de Bankilaré) et à l’est par la commune rurale de Tondikiwindi (departement de Ouallam). Six (6) langues nationales sont couramment parlées dans le département d’Ayorou. Il s’agit du Zarma songhai, du Tamashek, du Peulh, du Haoussa, du Gourmantché et de l’Arabe. Ces différentes communautés vivent en parfaite cohésion. L’agriculture, l’élevage, la pêche et le commerce constituent les principales activités pratiquées par les populations du département.

Quelles relations entretenez-vous Mr le préfet avec les localités frontalières du Mali ?

Nos relations avec les localités frontalières du Mali sont au beau fixe. Ce sont des relations de travail et d’amitié. A cet effet plusieurs rencontres de travail se sont effectuées tantôt à Ayorou tantôt à Watagouna ou à Labezanga (Mali). Ce sont aussi des relations de partage d’information qui lient nos pays le Mali et le Niger dans le cadre de la gestion de l’insécurité tout au long de nos frontières.

Bachir Harouna HAMBALI 01L’honorable Bachir HambaliHonorable, vous venez d’être élu vice-président de l’Association des Chefs Traditionnels de la Région de Dosso. Que représente pour vous ce témoignage de confiance ? Je rends grâce à Allah, le Clément, le Tout Miséricordieux, qui dans sa bonté et sa générosité, m’a hissé vice-président de l’Association des Chefs Traditionnels de la Région de Dosso. Comme vous savez, par essence, les chefs traditionnels sont les dépositaires de la tradition, gardiens de nos us et coutumes, vecteurs de cohésion sociale. Aussi, les chefs traditionnels incarnent la sagesse. Toutes ces valeurs, mon défunt père me les a enseignées.

C’est pourquoi, le dimanche 1er avril, quand j’ai porté ma candidature, le consensus a prévalu et j’ai été élu brillamment, à l’unanimité de mes pairs. C’est une grande marque de confiance, je mesure le poids de la responsabilité et l’ampleur de la tâche qui m’incombe. Et par la grâce d’Allah, je mettrai tout en œuvre pour relever les défis et porter haut le flambeau de l’Association des Chefs Traditionnels au niveau de la région de Dosso.

Sani Hadiza Koubra Abdoulaye liberte presseMadame la ministre, le monde entier a célébré, le 3 mai dernier, la Journée Internationale de la Liberté de la Presse. Quelle appréciation portez-vous sur l’état de la question au Niger ?
La liberté de la presse est une réalité chez nous ici au Niger. Quoi qu’en disent certains, les journalistes sont libres de leurs opinions. Il suffit, pour s’en convaincre, de se référer au nombre impressionnant de journaux, radios et télévisions privés de la place, qui travaillent quotidiennement et en toute indépendance, dans la diversité des opinions. C’est cela le pluralisme, un des critères mis en avant par RSF, dans le classement annuel de 180 Etats.

Vous savez, à propos de ce classement justement, nous revenons de loin. Au début des années 2010, le Niger était classé 169ème. Aujourd’hui, nous sommes au 61ème rang. Vous vous rendez compte? Nous avons progressé de plus de 100 points! C’est tout simplement extraordinaire !

Au terme de sa visite de travail au Niger, Dr Isobel Coleman, Vice administratrice chargée des politiques et des programmes à l’USAID a accordé une interview à la presse, le 1er septembre dernier, dans laquelle elle a indiqué que l’USAID continue à appuyer le gouvernement afin d’accompagner le développement économique du pays. Dr Isobel Coleman a aussi souligné que la coopération avec le Niger est toujours dynamique. Elle a également réitéré l’engagement de l’USAID à poursuivre les efforts pour renforcer cette coopération qui date de 1961.

Parlez-nous du travail de l’USAID au Niger

C’est un plaisir de visiter le Niger. C’est ma première visite ici. C’est un pays merveilleux. Les autorités que j’ai eues à rencontrer m’ont réservé un accueil chaleureux. Je suis très contente de représenter l’USAID au Niger. Il est important de souligner que notre relation avec le Niger date de 1961. Jusqu’à nos jours, nous sommes le partenaire bilatéral le plus large. Suite au mémorandum signé lors de cette visite, nous  espérons étendre cette relation pour les 5 prochaines années. Dans ce même cadre nous avons octroyé un financement de 500 millions de Dollars US et nous espérons continuer à travailler ensemble dans plusieurs secteurs dont l’agriculture, la bonne gouvernance, l’éducation, et aussi la question liée à la jeune fille. Nous reconnaissons ce partenariat avec le Niger et nous précisons également qu’il y a un financement supplémentaire de 58 millions de Dollars US et nous envisageons la poursuite et le renforcement de ce partenariat.

À l’issue de cette première visite au Niger, quelles sont vos impressions?

La visite que j’ai effectuée a été de courte durée. J’ai été dans la région de Maradi où j’ai pu rencontrer les autorités administratives à savoir le gouverneur et le maire. Nous avons effectué une visite sur un site de réaménagement de terres agricoles qui permet non seulement aux agriculteurs mais aussi aux animaux d’en profiter. J’ai également été à Kollo où j’ai rencontré le préfet et le maire. Nous avons tenu des réunions avec les dirigeants locaux ainsi que des responsables de la société civile. Ils travaillent tous ensemble dans le cadre de la bonne gouvernance, la redevabilité et la transparence et aussi sur l’inclusion dans le système de la gouvernance. J’ai échangé avec des responsables du gouvernement avec qui nous avons discuté des points très importants en matière de démocratie. J’ai rencontré des jeunes qui sont très motivés ayant des ambitions et des aspirations. Ils ont pu partager avec moi leurs rêves, leurs besoins de bénéficier des activités génératrices de revenus et aussi des opportunités de développer le marché de l’emploi. Ces jeunes sont prêts et actifs à partager les connaissances et les expériences acquises dans le cadre de la formation reçue pour faire face à la résilience et aux conflits ainsi que pour participer au développement économique de leur pays et en particulier des communautés dans lesquelles ils vivent.

Quel est l’état de la collaboration de l’USAID avec le Niger?

Cette collaboration est encore plus forte et profonde. Depuis plusieurs années nous travaillons ensemble à distance. Beaucoup de pays étaient impliqués mais cette fois-ci nous avons la volonté d’élargir et d’approfondir cette relation, raison pour laquelle, nous avons mis en place une mission complète au Niger pour continuer le travail commencé. Nous avons dans le même sens un financement de 100 mille dollars US par an et aussi un autre million de dollar par an destiné à l’aide humanitaire. Tout ceci va concerner les activités que nous allons mettre en œuvre au Niger. L’USAID travaille également pour promouvoir et développer certaines activités dans plusieurs secteurs. Nous travaillons et nous faisons en sorte que nos projets et programmes soient en conformité avec ce que fait le gouvernement nigérien. L’USAID travaille avec le MCA dans un volet qui cadre avec les priorités du gouvernement nigérien. Nous allons continuer cette collaboration et faire en sorte que le Niger puisse pleinement profiter de notre collaboration et mission.

Parlant de programmes et projets, quels sont les secteurs prioritaires de l’USAID au Niger?

Les secteurs dans lesquelles nous travaillons sont en conformité avec ce que fait le gouvernement. Nous faisons en sorte que ça puisse être profitable au Niger. Parmi ces secteurs nous avons l’agriculture, qui est l’un des secteurs les plus importants au Niger et ayant le plus de potentialités. Nous essayons d’apporter un soutien en termes de meilleures technologies et de formation. Nous travaillons également dans le secteur de la santé où nous avons 20 millions de dollars par an destinés à ce secteur. C’est aussi un secteur clé pour nous. Nous faisons en sorte que notre contribution soit présente dans la lutte contre le paludisme. Dans ce cadre, j’ai visité un hôpital à Maradi où j’ai rencontré des femmes qui sont actives dans des activités y compris l’accès à la nourriture, l’alimentation thérapeutique pour les enfants n’ayant pas les capacités de manger par eux-mêmes ; les soins prénatals et postnatals. Nous travaillons également dans le domaine de la gouvernance. J’ai eu à échanger avec les autorités locales et j’ai appris qu’ils reçoivent des formations de renforcement de capacités. Avec la décentralisation, cela va leur permettre de mieux équiper les services locaux afin de construire un climat de confiance entre eux et la communauté. Ce qui va favoriser la transparence et une bonne redevabilité dans le pays.

Quel soutient attendez-vous des dirigeants locaux pour la mise en œuvre efficace de vos programmes au Niger?

C’est une question très importante. Le travail que nous faisons est focalisé sur les efforts de l’État nigérien et aussi en fonction des besoins du peuple nigérien. Je peux dire que notre partenariat est encore plus fort. J’ai eu à échanger avec les maires et ils m’ont fait cas du travail qu’ils font avec la communauté ainsi que les responsables de la société civile. Au cours des échanges que j’ai eus avec le Président de la République, il a évoqué trois secteurs qui méritent notre attention à savoir le changement climatique, les conflits et aussi la question démographique. Le travail que nous faisons est focalisé en général sur les besoins du peuple nigérien et ceci pour lui permettre d’être plus résilient et de faire face aux difficultés et aux défias. Nous travaillons en fournissant des formations, en mettant en place des programmes qui vont permettre au peuple nigérien d’avoir plus d’activités génératrices de revenus, de diversifier leurs activités économiques. Nous les aidons également à faire des plaidoyers pour communiquer leurs besoins et aussi être en étroite collaboration transparente avec leur gouvernement. Nous travaillons pour faire en sorte que, le peuple nigérien puisse être plus fort, plus résilient.

Pouvez-vous nous parlez de l’engagement de l’USAID en Afrique sub-saharienne et plus largement de la stratégie des États-Unis envers l’Afrique sub-saharienne?

Nous travaillons dans 100 différents pays. La moitié des pays se trouve en Afrique. La stratégie que nous avons c’est la même que j’ai déjà mentionnée. C’est-à-dire, celle focalisée sur les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’économie et aussi des programmes destinés aux jeunes en essayant de voir comment leur créer des opportunités économiques qui peuvent leur permettre de générer de revenus. Nous avons également le MCA et le DCA qui travaillent et investissent en Afrique. Nous fournissons également des formations militaires. Donc le gouvernement américain essaie d’apporter son soutien également aux forces de défense et de sécurité et cette assistance a plusieurs faces. Le travail que nous faisons concerne également la démocratie. Nous veillons à ce qu’il ait une démocratie forte qui va être profitable aux communautés mais aussi qui va permettre aux pays de progresser.

Propos recueillis par Oumar Issoufou(onep)

Source : http://www.lesahel.org

 

Albade Abouba Interview Cilss Le Niger accueille les assises des instances du CILSS dont la Confé­rence des Chefs d’Etat, quel est le sentiment qui vous anime à la veille de la Conférence des Chefs d’Etat des pays membres du CILSS ?

Effectivement notre pays a l’honneur d’accueillir cette semaine les Assises du Comité inter­États de lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS). Dans la mémoire collective des nigériens, le CILSS nous renvoie aux grandes sé­ cheresses des années 1968, 1973 particulièrement.

Depuis sa création le 12 septembre 1973, le CILSS a beaucoup contribué à mobiliser nos populations sahéliennes et la communauté internationale autour des problèmes du SAHEL notamment la fragilité de notre écosystème, à la faiblesse de nos productions et aux risques liés aux catastrophes naturelles ­ (Sécheresse, famine, etc.) mais surtout sur la nécessité de mettre en œuvre des programmes intégrés dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’hydraulique, de l’environnement, de l’énergie à travers des projets structurants.

C’est donc d’une véritable prise de conscience qu’il s’agit, afin de mieux appréhender notre propre développement dans le cadre intégrateur de notre espace, le SAHEL.

Les assises sont programmées ainsi qu’il suit : d’abord la réunion des experts du 2 au 4 février pour préparer les dossiers à examiner par la réunion des Ministres du CILSS ; tenue de la 53ème session ordinaire du Conseil des Ministres le 5 février ; et enfin la Conférence des Chefs d’Etats des pays membres le 7 février. Le sentiment qui nous anime aujourd’hui est celui d’une grande fierté de voir notre Pays réussir coup sur coup l’organisation de deux (2) grands évènements : la Confé­rence des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etats membres du CILSS précédée comme vous l’avez vue, du Sommet du G5­Sahel le 6 février. Cela prouve la confiance que le Président de la République Son Excellence Monsieur ISSOUFOU MAHAMADOU inspire au plan international ainsi que la vitalité de la diplomatie qu’il a instauré dans sa vision désormais très partagée par tous les Partenaires de notre Pays.

Almoustapha Garba Fete Nationale de l arbre 2018 M. Almoustapha Garba, Ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement DurableMonsieur le Ministre, notre pays célèbre le 03 Août 2018, le 58ème anniversaire de l’indépendance essentiellement marquée par les festivités de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA). Quelle sera la particularité de cette édition 2018 ?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi de vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez pour m’adresser à mes compatriotes en vue de les entretenir dans le cadre de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA), Edition 2018.

Comme le suggère votre question, la 43ième Edition de la FNA se distingue des éditions précédentes à plusieurs égards. D’abord, en choisissant la Région de Maradi pour accueillir les cérémonies officielles nationales, nous respectons non seulement le caractère tournant de cette fête, mais aussi et surtout ce choix nous permet de nous souvenir du célèbre « Débat National sur la Lutte Contre la Désertification » tenu à Maradi du 21 au 28 mai 1984.

L’autre particularité de l’Edition 2018 de la FNA se trouve dans le choix du site de la Cérémonie Officielle Nationale des plantations. En effet, c’est le site de l’Hôpital de Référence de Maradi qui est retenu pour la circonstance. En 2015, nous avions retenu le site d’une institution du Savoir, en l’occurrence l’Université Abdou Moumouni de Niamey ; en 2016, une portion de la Ceinture Verte de Niamey a servi de cadre pour les Cérémonies Officielles Nationales de plantation et en 2017 ce fut le tour de la caserne de la Garde Nationale de Dosso. Cette année, nous avons estimé qu’il est bon de contribuer à l’embellissement d’une infrastructure sanitaire de référence.  

Interview de M. Almoustapha Garba, Ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement Durable : «Agissons ensemble, en peuple responsable, dans la perspective de permettre aux générations futures de disposer d’un environnement plus productif»Monsieur le Ministre, notre pays célèbre le 03 Août 2019 ; une commémoration essentiellement marquée par les festivités de la Fête Nationale de l’Arbre FNA. Quelle sera la particularité de cette édition 2019 de la FNA?

Dans le cadre de la célébration des festivités de la Fête Nationale de l’Arbre, nous poursuivons la décentralisation de l’organisation de l’évènement au niveau des régions. Cette année, c’est la Région de Tahoua qui a l’honneur d’accueillir le lancement officiel de la campagne nationale de reboisement. Les participants qui le souhaitent auront l’opportunité d’aller visiter à quelques encablures de la Ville de Tahoua, les bois villageois et les plantations d’alignement réalisés par le Président de la République chaque fois qu’il prenait ses congés annuels. Au titre des particularités, il faut aussi noter l’élargissement des prix à attribuer aux producteurs dans le cadre du concours national sur la lutte contre la désertification. Ainsi, nous passons de quatre prix attribués lors des précédentes éditions à cinq, pour un montant global de 10 millions de Fcfa.

Aussi, je porte à la connaissance de vos lecteurs que l’idée d’un trophée de la commune championne en matière de préservation de l’environnement est en réflexion et sera concrétisée au cours des prochaines éditions.

Je dois enfin souligner la participation annoncée de mon homologue du Burkina Faso à cette édition. C’est dire que la consécration du jour anniversaire de l’indépendance à la plantation est perçue au plan international comme une mesure incitative pour opérationnaliser la neutralité en matière de dégradation des terres.

Cette année le thème retenu pour la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre est « Plantons et entretenons les arbres pour un meilleur avenir » quels sont les éléments qui soutiennent la pertinence de ce thème ?

Nous sommes partis du constat que chaque fois que l’entretien des plantations est au rendez-vous, la réussite est assurée, permettant ainsi aux communautés locales de tirer meilleur profit des biens et services écosystémiques générés par les boisements. Je profite de cette occasion pour notifier à l’opinion nationale que les sites officiels de plantation des quatre dernières éditions de la FNA, ayant bénéficié de l’entretien nécessaire, présentent tous des résultats impressionnants, avec des taux de réussite supérieurs à 90%, sinon très proches de 100 %.

L’idée derrière ce thème est d’appeler tous les citoyens, tous les acteurs institutionnels, tous les corps organisés à l'effort de restauration/plantation et surtout à l'entretien et au respect des investissements réalisés. Il s’agit d’attirer l’attention de nos concitoyens sur l’importance de la protection et de l’entretien des réalisations physiques pour garantir la réussite des opérations de reboisement et de restauration des terres dégradées. Nous voudrons rappeler ainsi qu’œuvrer dans l’entretien et la protection des réalisations en matière de plantation et/ou de restauration des terres dégradées doit être perçue par toute la communauté nationale comme étant un des leviers essentiels sur lesquels il faut agir pour assurer un gain durable en biens et services écosystémiques au profit des générations présentes et celles à venir.

Interview de M. Assane D. N’Diaye, Directeur Général des impôts « Sans impôt, il n’y a pas d’administration, ni d’Etat»Bonjour M. Le DG. Vous venez de procéder au lancement officiel de cinq nouveaux centres des impôts dans la ville de Niamey. Qu’est-ce qui justifie la création de ces centres aujourd’hui ?

Assane D. N’Diaye : L’ouverture de ces nouveaux centres vise deux objectifs majeurs. Il s’agit dans un premier temps de rapprocher les services des impôts des contribuables, et, dans un deuxième temps, de renforcer la segmentation des contribuables. Pour ce qui est du premier objectif, à savoir rapprocher les services des impôts des contribuables, il s’agit de faire en sorte que l’accomplissement des obligations déclaratives et des paiements par les contribuables soient facilités, afin qu’ils puissent être à jour par rapport à ce qui est attendu d’eux en termes de contribution aux recettes publiques. Toujours autour de cette idée, il s‘agit d’améliorer les relations à l’usager, parce que pour exiger quelque chose d’un contribuable, il faut le mettre dans les conditions de pouvoir accomplir ces obligations- là. Pour ce qui est du renforcement de la segmentation des contribuables, il s’agit d’une politique d’administration de l’impôt qui consiste à prendre en compte la nature des contribuables en les catégorisant suivant leurs tailles, en grandes entreprises, moyennes entreprises et en petites et micro-entreprises. Donc, il s’agit en cela, d’offrir des services dédiés, en tenant compte des caractéristiques de chaque entreprise pour que les prestations de l’administration soient à l’aune des attentes des contribuables que nous appelons désormais usagers.

Il s’agit donc de cinq nouveaux centres qui sont créés et qui sont d’ores et déjà opérationnels. Quelles sont les remontées en termes d’appréciation et de fréquentation des usagers aussi bien que des populations de façon générale ?

Les échos que nous avons enregistrés sont très favorables. Il y a eu d’abord la curiosité, notamment pour des gens qui n’ont jamais été en contact avec un service des impôts de voir un tel service s’implanter à côté d’eux. Donc, c’était d’abord la curiosité et la surprise. Mais au-delà, il faut dire que globalement la création de ces nouveaux centres a été très bien appréciée par les populations, parce que je suppose qu’un contribuable qui veut s’acquitter de sa vignette et qui n’a que le goudron à traverser pour le faire, est nettement mieux à l’aise que s’il devait aller chercher cette vignette dans un service des impôts situé à mille lieux de son domicile. Donc d’une manière générale, la création de ces centres a été très bien appréciée et c’est exactement ce que nous attendions, c’est-à-dire une bonne cohabitation, une bonne perception de l’image et du rôle des impôts. Nous ne sommes pas dans des relations antagoniques avec les populations, mais plutôt dans un esprit de partenariat. Nous sommes là pour aider les contribuables à accomplir leurs obligations.

M. Le DG, dans la même dynamique, nous avons assisté à une autre nouveauté, il s’agit de la Direction régionale des impôts de Niamey, qui est désormais scindée en deux : la Direction régionale des impôts Niamey Nord et la Direction régionale des impôts Niamey Sud. Pourquoi une telle déconcentration, s’il faut l’appeler ainsi ?

Ici, il s’agit vraiment d’innover en la matière. Comme vous le savez, la Direction régionale des impôts de Niamey a été installée en 1996. Aujourd’hui, beaucoup de temps est passé, il faut donc avancer. Une seule Direction régionale ne peut pas couvrir tout le territoire de la communauté urbaine de Niamey et donc, nous avons estimé qu’il était plus efficient de créer deux Directions, avec une ligne de démarcation, qui va de la route de Tillabéry à la route de Filingué. Cela participe d’une bonne administration de l’impôt et nous pensons que de par cette organisation, on pourra mieux appréhender le potentiel fiscal qui existe, mais aussi, encore une fois, mieux offrir nos services aux contribuables. Ainsi, la Direction régionale des impôts de Niamey Sud, va gérer tout le territoire qui se trouve au sud de cette ligne-là, et la Direction régionale des impôts de Niamey Nord va s’occuper de l’autre côté du territoire de la ville de Niamey. Donc, il s’agit essentiellement, comme je l’ai dit, d’opérer une déconcentration de nos services, en responsabilisant d’autres agents, pour que chacun donne du sien pour l’atteinte des objectifs que nous nous sommes assignés.

M. Le DG, en procédant au lancement officiel de ces nouveaux centres, le ministre des Finances Hassoumi Massoudou, a profité pour visiter un certain nombre de ces centres. Il a également profité de l’occasion pour lancer un appel aux usagers pour s’acquitter de leurs obligations. En tant que Directeur général des impôts, quel appel avez-vous aussi à lancer et quelles sont vos attentes à l’endroit des citoyens ?

Je pense que le ministre des Finances, en lançant cet appel, a tout dit. Il faut que les Nigériens accomplissent leurs obligations déclaratives et leurs obligations de paiement. L’impôt est au centre de tout. Sans impôt, il n’y a pas d’administration, sans impôt il n’y a pas d’Etat. Donc il faut que chacun paye ses impôts pour qu’on puisse mobiliser les ressources nécessaires pour que l’Etat puisse bien fonctionner, pour que l’Etat puisse investir, pour que l’Etat puisse construire tous ces biens d’équipements collectifs que nous observons!C’est à travers le payement de l’impôt que l’Etat peut mobiliser les moyens qui vont lui permettre d’accomplir toutes ces œuvres-là. L’impôt, c’est également l’expression de la solidarité nationale, la marque de civisme et de nationalisme, parce qu’on ne peut pas être dans une collectivité nationale et refuser l’impôt. Cela est carrément antinomique de l’idée même de nationalisme. Donc, il faut absolument que chacun paye ses impôts. Nous encourageons les contribuables à payer leurs impôts, mais également nous mettons en œuvre une politique qui va consister à les intégrer progressivement dans le système pour que chacun comprenne ses obligations afin de les accomplir de la manière la plus aisée possible.

La Direction générale des impôts est donc en pleine réorganisation, en pleine modernisation, avec une autre innovation qu’on appelle le Système informatisé de suivi des impôts et des contribuables (SISIC), entre autres. Comment entrevoyez-vous la Direction générale des impôts à court, moyen et long termes ?

En réalité, nous avons le fort soutien de notre hiérarchie. Le ministre des Finances nous a encouragés à faire des réformes et ces réformes se situent d’abord dans les textes. Il faut donc revoir les textes qui instituent les impôts dans le sens de l’efficience et de l’efficacité. Il faut que lorsqu’un texte prévoit le paiement d’un impôt, qu’il n’y ait pas de lacunes à l’intérieur de ce texte, permettant à certains d’échapper à leurs obligations. Il faut rendre plus aisé l’accomplissement des obligations, mais également rendre l’impôt inéluctable : Celui qui doit payer, doit payer. Donc, la réforme est dans les procédures. Vous avez parlé de SISIC .C’est là une véritable révolution dans nos procédures. Le SISIC est actuellement en train de s’installer à la Direction des Grandes Entreprises, mais il va être installé dans tous nos services progressivement. Et à terme, en tout cas d’ici le mois de juillet, nous pensons être de plain-pied dans les télé-procédures, c’est-à-dire que le contribuable n’aura plus besoin de se présenter aux guichets des impôts pour déclarer ou pour payer, il pourra le faire de son bureau ou de son domicile. Et je pense que c’est une innovation majeure dans le sens de la facilitation de l’accomplissement des obligations.

La réforme se fait également au niveau organisationnel. Et ce qui se passe aujourd’hui, au niveau de la Direction régionale des impôts de Niamey, est un des signes de la marque de cette modernisation et de cette organisation que nous voulons apporter. Ça ne se limite pas qu’à Niamey, ça va couvrir les grandes agglomérations de l’intérieur du pays. Le tout étant que sur l’ensemble du territoire national, que la qualité des services soit la même, mais que, également, la surveillance de l’accomplissement des obligations déclaratives soit la même. Donc, nous avons la vision que d’ici 2019, de grandes réformes seront entreprises dans le sens de l’accomplissement, le bon accomplissement des obligations, mais également dans le sens d’une meilleure collecte de l’impôt par la facilitation de l’accomplissement des obligations déclaratives et de paiements. Propos recueillis par

G. Harouna

27 mai 2018
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le Ministre, un colloque sur la renaissance culturelle se tient depuis hier à Niamey. Quel est l’objet principal de cette rencontre?

Merci de l’occasion que vous me donnez de parler de cette importante rencontre qui est une étape décisive du processus d’élaboration participative de notre document de programme. Il vous souviendra que ce document constitué de deux parties : le diagnostic et la feuille de route en deux Programmes a fait l’objet de partage en régions, dans les réseaux sociaux et auprès de la représentation nationale.

Le colloque est une rencontre des experts sur le document issu de ces consultations populaires en vue de sa validation par des sociologues, des économistes, ders juristes, des psychologues, des historiens, des démographes, des philosophes, des anthropologues. Il nous permettra, à terme, d’enrichir le document sur les aspects relatifs à la conceptualisation de la Renaissance Culturelle, à l’analyse des déterminants des comportements actuels des nigériens, à la définition des indicateurs de mesure du changement des comportements et à la priorisation des actions à mener.

Monsieur le ministre, après les assises sur la Renaissance Culturelle organisées dans les huit régions du Niger, le travail de conceptualisation, un inventaire des valeurs à promouvoir et des contre-valeurs à combattre, n’est-il pas temps de parler plutôt d’actions ou de mise en œuvre des programmes ?

Boureima Sadou 01Le département d’Illéla est situé dans la partie sudouest de la région de Tahoua. Il couvre une superficie de 3986 Km2. Il est limité au Nord par le département de Tahoua ; au Nord­ est par celui de Keita ; à l’Est par Bouza ; au Sud par le département de Konni et a l’Ouest par le département de Bagaroua. La ville d’Illéla, chef­lieu du département est distante de 63 km de la ville de Tahoua et de 523 km de Niamey, la capitale du Niger. Avec l’avènement de la décentralisation, le département est subdivisé en trois communes dont une commune urbaine Illéla et deux communes rurales à savoir Badaguichiri et Tajaé. Le département compte 153 villages administratifs repartis dans les communes comme suit : 74 pour Illéla ; 52 pour Badaguichiri et 27 pour Tajaé.

Quelles sont les potentialités dont regorge votre dé­ partement ?

En termes de potentialités dont dispose le département d’Illéla, on peut parler de la vallée de Badaguichiri. Cette vallée est très importante dans la mesure où elle est propice aux activités de cultures irriguées et pluviales. C’est ainsi que dans le cadre de l’initiative 3N, elle a fait l’objet de beaucoup attentions avec notamment la réalisation des seuils d’épandage pour retenir l’eau. La vallée de Badaguichiri est une richesse inestimable en termes de contribution à l’atteinte des objectifs de l’initiative 3N.

De manière générale, le Niger dispose d’énormes potentialités qui ne demandent qu’à être exploitées, existe t­il dans votre département des potentialités qui sont encore inexploitées ?

Dans le cadre de l’accroissement de la production agricole, on peut dire qu’au niveau de la vallée de Badaguichiri, il y a encore des terres qui ne sont pas exploitées. Nous savons que ces terres peuvent considérablement accroitre la production si elles sont mises en valeur. C’est dire que des efforts restent à faire pour l’exploitation complète de la vallée. Une fois qu’elle est bien exploitée, je pense qu’elle va contribuer énormément à la sécurité alimentaire. Cette dernière est extrêmement importante pour les autorités de la 7ème République. Le Chef de l’Etat a pris l’engagement, dès son arrivée à la magistrature suprême de notre pays, que la sécheresse ne soit plus synonyme de famine.

Interview de M. Issa Moussa, Gouverneur de la Région de Zinder : « Je suis totalement satisfait des travaux exécutés ; nous tiendrons le délai tel qu'il a été prévu, et la fête sera très belle » Monsieur le Gouverneur, Zinder accueille cette année la fête tournante du 18 décembre avec en toile de fond l'exécution du programme « Zinder Saboua ». Quel sentiment vous anime à la veille de la tenue de ce grand événement national et comment le préparez-vous?
Je vous remercie de m'avoir donné la parole pour me prononcer sur ce que nous sommes en train de faire dans le cadre de l'organisation de la fête tournante que nous avons appelée Zinder Saboua et qui coïncide avec le 60ème anniversaire de la Proclamation de la République du Niger. Le sentiment qui m'anime, c'est vraiment un sentiment de joie, de fierté, par rapport à tout ce qu'on est en train de faire dans notre région. Vous savez que la fête tournante a été instituée avec deux objectifs.
Le premier objectif c'est de faire en sorte que les capitales régionales soient des capitales où il fait bon vivre, et qu'elles soient attrayantes ; mais également booster le développement économique de la région. Et par rapport à tout cela, l'évolution actuelle de tous les chantiers qui sont en cours, je suis totalement satisfait et nous tiendrons le délai tel qu'il a été prévu, et la fête sera très belle.
Pour ce qui concerne la préparation, il faut dire que depuis que notre région a été désignée pour abriter cette édition, nous nous sommes organisés. C'est d'abord des réunions avec l'ensemble des couches socioprofessionnelles pour leur faire comprendre l'enjeu. Cette fête comme je venais de le dire, la région de Zinder, et particulièrement sa capitale, la ville de Zinder, non seulement va recevoir des investissements, des réalisations, mais également nous aurons, au moment de la fête, à accueillir des personnalités. Donc dans le cadre de ces deux objectifs, nous nous sommes organisés.
Nous avons demandé, à tous les ressortissants de la région qu'ils soient ici dans la région, ou qu'ils soient ailleurs dans la diaspora, de contribuer et d'appuyer, et de donner leur assentiment par rapport à la démarche et à la dynamique. Donc c'est ainsi que nous avons vraiment préparé l'opinion par rapport à toutes ces questions, notamment l'entretien des infrastructures qui vont nous être réalisées, mais également l'accueil des personnalités qui vont venir pour la fête. Sur ce point, nous avons fait beaucoup de choses, et l'état d'esprit est très bon.

Issa Moussa Gov ZinderDans cet entretien, le Gouverneur de Zinder, M. Issa Moussa, nous parle des impératifs du développement de la région, le programme de renaissance et les réalisations accomplies au profit des communautés de base au cours de la première année du deuxième mandat du Président de la République M. Issoufou Mahamadou.

Quelles sont, Monsieur le gouverneur, vos ambitions pour la région de Zinder ?
Mes ambitions de développement se trouvent être celles-là qui sont déclinées par le Président de la République à travers le programme de renaissance dont l’objectif majeur gravite autour du bien-être de tous les Nigériens. Nous sommes en train de mettre en œuvre au niveau de la région des actions initiées par le gouvernement en veillant sur le suivi et le contrôle. Ces actions sont relatives à la promotion de l’agriculture quand on sait que 90 pour cent de la population s’adonnent à cette activité même si la production agricole n’arrive pas souvent à répondre aux attentes des producteurs. Pour relever ce défi lié à la satisfaction des besoins alimentaires des Nigériens, le Président de la république a opté pour une agriculture à deux bras : une agriculture pluviale et une agriculture basée sur les cultures irriguées.

De fait, pour aller de l’avant, nous avions au cours des trois dernières années procédé au recensement de tous les sites potentiellement aménageables à l’image de certains grands sites qui forcent l’admiration des visiteurs et des producteurs dont les sites de Falki, Toumbala et le barrage de Kassama où la surproduction peut être exportée. Pour appuyer ce secteur en vue de son émergence, la région de Zinder a bénéficié l’année dernière d’un investissement de quatre (4) Milliards 500 Millions qui ont servi à l’achat des intrants, matériels et équipements ; la formation du personnel d’encadrement et des producteurs et l’aménagement des sites irriguées.

Interview de M. Kalla Moutari, ministre de la Défense Nationale «Nous avons tiré la leçon toute simple selon laquelle en mutualisant leurs forces, les pays africains peuvent venir à bout de ces mouvements terroristes» Les pays du Sahel sont confrontés à beaucoup de défis communs non seulement en termes de développement mais aussi et surtout sur le plan sécuritaire. C’est ce qui justifie d’ailleurs la création de la Force conjointe du G5­Sahel pour accompagner les efforts de dé­ veloppement entrepris dans les autres secteurs. Dans cet entretien, le ministre de la Défense nationale M. Kalla Moutari revient sur les motivations de la création de la Force conjointe, son mécanisme de financement et de fonctionnement, les résultats obtenus grâce à la mutualisation des moyens, l’aide des partenaires extérieurs y compris sur le plan militaire, etc

Monsieur le ministre, les pays du G5 Sahel ont mis en place une force conjointe ; qu’est­ce qui justifie la création d’une telle force et quelles sont les missions spécifiques qui lui sont assignées ?

La création de la Force du G5 Sahel est une initiative portée par le Pré­ sident de la République du Niger. Cette force est une sorte de duplication d’une autre initiative qui a été mise en œuvre dans le Bassin du Lac Tchad (la Force mixte multinationale) qui regroupe le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Bénin. Nous avons vu les résultats concluants de cette force multinationale qui, a permis à nos Etats, de maîtriser la situation sécuritaire dans cet espace là. Nous avons tiré la leçon toute simple selon laquelle en mutualisant nos forces, les pays africains peuvent venir à bout de ces mouvements terroristes qui, eux aussi, ont des envergures internationales. Nous sommes convaincus qu’à l’échelle d’un Etat, on n’y arrivera pas. Mais s’il faut attendre que d’autres pays nous viennent en aide, c’est aussi nous exposer à ce que cette menace perdure. Voilà pourquoi nous nous sommes réunis pour mutualiser nos forces et combattre ce fléau (le terrorisme) sans qu’on se cloître. Nous sommes restés ouverts à la solidarité internationale. Ce qui ne nous a d’ailleurs pas manqué et n’a pas tardé à se manifester. Nous avons obtenu le soutien de l’Union Européenne, de la France qui est particulièrement engagée et qui porte avec nous ce projet ; il y a aussi les Etats Unis, l’Arabie Saoudite et d’autres pays encore qui sont venus donner un coup de pousse important à ce projet. Aujourd’hui, nous sommes particulièrement avancés.

Monsieur le Directeur, quelles sont les missions assignées à votre institution ?

Merci bien de l’opportunité que vous nous donnez et qu’on saisit avec beaucoup de plaisir pour présenter la structure que nous avons en charge de gérer, la Caisse Autonome de Retraite du Niger (CARENI).

En réponse à votre question, il faut retenir qu’au terme de ses statuts, la Caisse Autonome de Retraites du Niger (CARENI) a comme missions principales de liquider, concéder et payer les pensions attribuées en application aux dispositions législatives et règlementaires relatives au Régime Général de Retraites des fonctionnaires de l’Etat de la République du Niger. Ce tel que défini par la loi 2007-26 de 23 Juillet 2007 portant statut Général de la Fonction Publique de l’Etat ; le Décret 2008-244 du 31 Juillet 2008 portant modalité de son application ; le Décret 61-050 de 25 mars 1961 portant organisation du régime des statuts des retraites et les statuts autonomes, ainsi qu’aux fonctionnaires des administrations publiques de l’Etat, à l’exception du personnel non détaché des établissements publics  à caractère industriel ou commercial, des Offices, des Sociétés d’Etat ou d’Economie Mixte. Voilà en résumé ce qui est la mission de la CARENI.

Quand vous faites le parallèle, vous allez voir que la CARENI prend quelque part des attributions qui, jadis, étaient celles du ministère de la fonction publique en matière de la gestion des retraites et aussi celles du ministère des finances. Donc, voilà un peu comment la CARENI se trouve en lien avec sa situation.

 {xtypo_quote} « Du point de vue dynamique institutionnelle, nous sommes sur la bonne voie pour nous permettre une prise en charge effective des questions de la mensualisation des pensions si une fois elle est actée au niveau des ressources »{/xtypo_quote}

Monsieur le Directeur Général, le gouvernement vient d’apporter une nouvelle touche au mode de paiement des pensions pour les retraités. Quelles en sont les motivations et les avantages selon vous ?

C’est une bonne décision politique. C’est une très bonne décision du point de vue stratégique dans la gestion des questions des pensions et des retraites et dans l’accompagnement des retraités. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? Je pense qu’il faut mettre cela à l’actif de la volonté du gouvernement à améliorer les conditions de vie et d’existence des agents admis à faire valoir leur droit à la retraite et de leur ayant cause. Cette motivation fait suite, il faut le reconnaitre, à la demande aussi des centrales syndicales et les associations de retraités, certains en tout cas, pour que la pension soit mensualisée comme dans certains pays de la sous-région. Cela a besoin de beaucoup de décisions institutionnelles. L’engagement du Gouvernement à créer même la CARENI est dans la droite ligne de la recherche d’amélioration de conditions de prise en charge des questions de retraites au Niger. Mensualiser, c’est une seconde étape qui vient confirmer cet engagement. Il ne faut pas oublier que les retraités ce sont des personnes qui ont donné tout pour la République. Donc à partir de ce moment, vouloir mensualiser leur pension est un engagement important.

Les avantages sont de plusieurs ordres. Vous avez d’abord un avantage social qui repositionne l’agent qui a fait valoir droit à ces retraites, sa valeur de quelqu’un qui a donné à l’Etat ce qu’il pouvait. Donc, il n’y aura pas de rupture dans le paiement de ces retraites, étant entendu que c’est exonérer des taxes. Jadis, quand on dit que la pension est trimestrielle, l’agent perd en crédibilité vis-à-vis de ces créanciers. Automatiquement, on dit qu’il ne peut payer que dans les trois mois, il ne peut qu’honorer ses engagements que dans les trois mois. Ce qui fait qu’il perd en crédibilité communautairement parlant, il perd en statut social, parce qu’on pense qu’il est vulnérable. Et même dans les systèmes bancaires, c’est comme si c’est une faveur qu’on lui fait si on l’accepte à être client qui doit transférer sa pension au niveau des systèmes bancaires. Donc du point de vue de statut social, on perd beaucoup.

Alors en mensualisant, on crée les conditions de manque de rupture. Cela veut dire que, en mensualisant, progressivement, on sera dans un système de solde. Parce que si c’est la CARENI qui doit payer la pension, cela va être comme un système de solde, parce que cela va être véritablement informatisé pour prendre cela en charge en collaboration avec les banques.  Donc, l’agent qui est parti à la retraite ne sentira pas la rupture et ne perd pas en crédibilité dans sa communauté, il garde sa personnalité, c’est-à-dire, cela crée les liens de confiance entre les institutions bancaires et les agents ayant fait valoir leur droit à la retraite. Donc vraiment, du point de vue social, du point de vue communautaire et du point de vue technique, cela a des avantages qui permettent à la personne de se sentir toujours en crédibilité. Surtout qu’au fond, un fonctionnaire ne perd qu’en moyenne 15 à 20% de son salaire initial. Donc, il n’est pas aussi vulnérable que cela parce qu’il est habitué à vivre avec son salaire à lui. Parce qu’il l’a de façon régulière et mensuel. Il ne sent pas la rupture parce qu’il a déjà modelé sa vie en fonction de son revenu. Et s’il ne perd que 20% du même revenu, je pense qu’il ne sentira pas qu’il a perdu les 20%, parce qu’il va continuer à percevoir sa pension chaque mois. La preuve quand quelqu’un prend un crédit bancaire, il paie des traites qui sont des diminutions dans son salaire, mais il ne le sent pas parce qu’il a modelé sa vie en fonction de ce qu’il a comme revenu. Donc, je trouve ça une bonne chose pour les retraités.

Quand est-ce que ce mode de paiement sera opérationnalisé au niveau de la CARENI surtout sur  l’ensemble du pays ?

Le plus difficile, c’est de prendre la décision politique. Maintenant, on a cet acquis, on a cet engagement politique de vouloir mensualiser les pensions. Comme vous, nous avons deux systèmes de gestion des retraites au Niger, la CARENI qui a charge de tout ce qui est public et la CNSS qui gère les questions privées, liées à la convention collective interprofessionnelle. La CNSS est une structure autonome et anciennement autonome dans la gestion des ressources des cotisations des agents du secteur dont elle a la charge. La CARENI est une émanation des services de pensions de l’Etat, qui a la responsabilité, à laquelle il faut transférer le Fonds National des Retraites. Ce transfert n’est pas encore effectif du ministère des finances vers la CARENI. Du point de vue des textes, il reste une étape, c’est celle de prendre le décret portant régime des retraites au Niger, qui est normalement dans les circuits du gouvernement. Une fois que ce décret est pris, les étapes vont être très simplifiées, parce que c’est ce décret qui consacre le prélèvement physique et le transfert physique des ressources du ministère des finances à la CARENI. Du point de vue de la mensualisation, l’étape suivante après les textes, c’est la décision budgétaire. Parce que le Fonds National des Retraites étant logé en tant que ressource au niveau du ministère des finances, il faut quelque part une modification de la loi des finances pour prendre en charge l’allocation conséquente permettant au ministère des finances la libération mensuelle des ressources qui seront allouées à la prise en charge des pensions et pour qu’elles soient mensuelles. Je pense personnellement que c’est des étapes qui vont être bouclées d’ici la fin de l’année 2021.

Cette opération nécessite des ressources et moyens conséquents ; Monsieur le Directeur, avez-vous ceux dont vous avez besoin pour l’opérationnalisation de cet engagement du Gouvernement ?

Vous savez, en matière de pilotage de ces genres d’organisations, le plus important, c’est la décision institutionnelle. Il faut qu’il y’ait des décisions institutionnelles ! Une fois que ces décisions sont actées, les ressources viennent automatiquement. Actuellement, les pensions sont payées sur l’ensemble du territoire comme d’habitude. Elles sont payées au niveau des trésoreries régionales, des trésoreries des départements et des services des pensions au niveau de Niamey. Donc, du point de vue du paiement, le mécanisme existe. Maintenant, dans la problématique de transition pour la mensualisation, les textes de loi qui créent la CARENI disent qu’il y’a la possibilité de la mise à disposition du même personnel à la CARENI jusqu’à ce que l’institution puisse disposer des compétences propres et/ou que les mêmes compétences puissent se déclarer en besoin de détachement et mises à la disposition de la CARENI. Donc, du point de vue du mécanisme et des ressources, au fond, tout y est. Maintenant, le transfert est une question d’organisation, parce que si les questions législatives et réglementaires sont réglées, la problématique des ressources est une question mineure par rapport à la mise en œuvre. C’est dans le même processus que nous sommes dans la problématique de la création des directions régionales au niveau de l’ensemble des régions du Niger et progressivement des directions au niveau des départements. Donc, du point de vue dynamique institutionnelle, nous sommes sur la bonne voie pour nous permettre une prise en charge effective des questions de la mensualisation des pensions  si une fois elle est actée au niveau des ressources.

Monsieur le Directeur, avez-vous d’autres aspects à  évoquer  relativement à la gestion des dossiers des retraités par la CARENI ?

Ce que je souhaiterais dire autour de ces questions concerne la problématique de l’informatisation que nous avons engagée au niveau de la CARENI. Il faut reconnaitre que les reformes sont  nombreuses et du point du vue de la documentation et du point de vue des mécanismes de prise en charge aujourd’hui des questions des pensions. Nous sommes partis de trois mois pour gérer un dossier de pension à aujourd’hui au maximum une semaine ou dix jours. C’est pour que  véritablement, si un dossier de pension est réellement dans les normes, nous est transmis au complet, le traitement de ce dossier, c’est trois jours. Donc, c’est dire quand même que des avancées sont faites à ce niveau-là mais qu’on ne sent pas. Je fais un appel pour que les responsable des ressources humaines des institutions affiliées, notamment les ministères, prennent les dispositions pour que les dossiers particulièrement les questions administratives soient mieux gérées. Parce que ce qui fatigue les retraités, ce n’est pas la CARENI c’est souvent le manque des pièces  notamment les avancements des agents. Ces documents d’avancements très souvent fatiguent les retraités, ce n’est pas la CARENI. Ces dossiers, ces papiers fatiguent les retraités et ils font six mois, huit mois sans les avoir et ils disent qu’ils sont venus à la CARERNI et on n’a pas pris le dossier. Alors qu’on ne peut pas le liquider si ces pièces manquent. Jadis, la transmission est faite officiellement par les ministères, aujourd’hui les personnes concernées s’impliquent elles-mêmes leurs dossiers. Mais, ils ont du mal à trouver ces papiers d’avancements, donc ce n’est pas la faute de la CARENI, c’est la faute à ces ministères en charge de ces agents qui n’archivent pas correctement, ce n’est pas une accusation, juste qu’il ne leur facilite pas la tâche pour avoir ces données. Donc j’en appelle à la responsabilité des responsables des ressources humaines au niveau des ministères pour que ces documents, si nécessaire qu’ils rendent ampliataire la CARENI des documents ; cela permettra d’anticiper et de nous permettre de constituer une base de données nous permettant véritablement d’aider au mieux les retraités à faire face à ces questions. La seconde complication que nous avons, c’est la gestion des détachés. Vous avez des personnalités qui sont en détachement et ne sont pas informées sur véritablement le mécanisme de la gestion de leur carrière et du coup c’est quand ils vont à la retraite, qu’ils se rendent compte des problèmes administratifs dans la gestion de leur dossier. Et tous cela, on l’impute à la CARENI, alors qu’elle n’a rien à voir avec ça. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour écrire à ces institutions afin qu’elles puissent garantir ce suivi.  Sinon, à la CARENI, le traitement d’un dossier complet c’est trois jours. Aujourd’hui, nous signons en premier et en dernier ressort les livrets. Nous avons des livrets à l’effigie de la CARENI, nous les autorisons, nous les signons, ce n’est plus le long processus habituel. Quand les livrets quittent la CARENI, ils seront utilisables déjà. A partir du mois prochain, nous amortissons la véritable informatisation de traitement des dossiers, c’est-à-dire que ,si la CARENI a le dossier dans les normes et à temps jusqu’au paiement, ça ne doit pas excéder 5 jours. Voilà, là où nous en sommes et j’aimerai vraiment attirer l’attention de nos concitoyens par rapport au suivi de leur carrière. Si  on ne suit pas sa carrière, on se vulnérabilise soit même et on expose ses ayant droit, voilà pourquoi j’attire l’attention des agents et des DRH pour un bon suivi de ces questions.

Réalisée par Alil Maman(onep)

25 juin 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Monsieur le président, tout récemment, le Président de la République a effectué une visite de travail à Diffa. Vous y étiez aussi pour accueillir le Chef de l’Etat. Quel sens donnez-vous ce déplacement du Chef de l’Etat ?

Effectivement, nous avons jugé opportun, au niveau du Conseil Economique, Social et Culturel (CESOC), de nous rendre à Diffa à l’occasion de cette visite historique du Président de la République dans cette région minée par l’insécurité depuis des années. Aussi, cette mission est d’une grande portée sur le plan social. Je peux vous dire à présent notre entière satisfaction au regard de ce que cette mission du Président de la République a représenté pour ces populations. Celles-ci se sentent aujourd’hui rassurées et même fières de ses dirigeants. En effet, cette initiative du Président de la République, au-delà de son caractère ambitieux est une marque de sympathie envers une population vivant pendant six ans dans la terreur de Boko Haram. Le Président de République s’est rendu au plus près de cette population en détresse et qui se trouve dans une zone d’insécurité. Soit dit en passant, à Baroua, il était à trois kilomètres des bases terroristes. Il faut être animé d’une grande conviction pour braver un tel danger et rester pendant trois jours dans la zone à recevoir les représentants des populations. C’est très noble et très sage. Cette mission a été une expérience et surtout un déclic pour nous. Notre ambition est désormais de participer activement à cette œuvre de renaissance pour toutes ces populations contraintes à être des refugiées dans leur propre pays à cause d’une guerre qui nous est imposée. Et cela, que ce soit à Diffa, Tillabéri, Tahoua ou dans d’autres régions au besoin.

Quel pourrait être l’apport de votre institution dans la poursuite de cette nouvelle dynamique insufflée par le Chef de l’Etat ?

Comme vous le savez, le CESOC est une chambre consultative qui rassemble toutes les forces vives de la nation. A ce titre nous avons la possibilité de nous autosaisir de toutes les questions d’ordre économique social et culturel excepté la loi des finances et faire au président de la république des recommandations utiles pour l’efficacité de son action. C’est ce que nous entendons faire à l’avenir. En accompagnant le Chef de l’Etat dans ses déplacements à l’intérieur du pays, nous épinglons à chaud, au passage, les préoccupations et les attentes de nos populations et avoir de la matière pour nos experts et nos commissions qui mènent des réflexions à ce sujet.

Le Président de la République vient dépasser le cap symbolique de ses cent premiers jours à la tête du pays. Quelles sont vos appréciations sur le chemin parcouru durant ces 100 jours ?

Vous savez, c’est une tradition pour un Chef d’Etat de faire le point après cent jours d’exercice de ces hautes fonctions. Il est évident que cent jours c’est dérisoire dans la vie d’une Nation mais les premiers pas donnent une idée de la dynamique impulsée par la personnalité. Pour le cas spécifique de SEM.Bazoum Mohamed, sur le plan social on ne peut que saluer vivement cette dynamique de retour de déplacés dans leur territoire d’attache. Ce qui, fondamentalement, n’a pas de prix. Il y a également cette humilité qui le caractérise dans l’exercice de cette fonction. Sur le plan économique, on retiendra entre autres la compression des charges publiques par la suppression de certains postes dans l’appareil de l’Etat ainsi que sa volonté affichée de poursuivre la lutte contre l’impunité dans notre pays.

Votre mot de la fin, Monsieur le Président ?

D’abord par rapport au retour des populations déplacées pour cause de l’insécurité, en tant que président du Conseil Economique Social et Culturel, nous saluons vivement cette initiative du Président de la République qui a permis à des milliers de familles déplacées de retrouver leur dignité et une vie plus décente, et tourner enfin cette page sombre de leur vie de déplacées. Ensuite par rapport aux cent jours de son mandat, je profite pour le féliciter et l’encourager pour toutes ces initiatives qui concourent sans nul doute à la consolidation d’une bonne gouvernance et au développement économique et social de notre pays. Ceci est d’autant plus possible que le Niger est en train de devenir un exportateur non moins important du pétrole brut et que des potentialités énormes attendent seulement leur mise en valeur sur le plan agricole et minier.

Réalisée par Seini Seydou Zakaria(onep)

12 juillet  2021
Source : http://www.lesahel.org/

Depuis un peu plus d’un an, le premier cas de coronavirus a été découvert au Niger. Cette pandémie a eu des sérieux impacts sur plusieurs secteurs socioéconomiques dans notre pays. Cependant les autorités nigériennes ont mis en œuvre de nombreuses mesures pour que l’impact de la Covid-19 soit amoindri et pour que les Nigériens souffrent moins de la pandémie qui fait des centaines de morts et des milliers de victimes sur le plan économique. Le Secrétaire Général de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Niger (CCIN), M. Maman Ousmane, nous parle de ces mesures prises par les Autorités de la 7ème République en général et par la CCIN, en particulier. Il nous propose aussi des solutions de sortie de crise.

Le 19 mai 2020, un Accord-cadre, en vue de mettre en place un mécanisme de financement d’un montant de 150 milliards de FCFA pour soutenir les entreprises affectées par la pandémie de COVID-19, a été signé par le ministre en charge des Finances. Pouvez-vous nous dire, quel a été l’impact d’un tel mécanisme de financement sur les entreprises bénéficiaires ?

Avant de répondre à votre question, je souhaiterais rappeler le contexte. Depuis que la pandémie de la Covid-19 a été déclarée comme étant objet de préoccupation sanitaire au niveau mondial, les Organisations internationales, en charge de la question sanitaire, ont suggéré un certain nombre de dispositions à prendre, au niveau des différents pays, pouvant permettre d’atténuer l'impact de ladite pandémie. Certes ces mesures pouvaient amoindrir les risques de la propagation du virus de la Covid-19, mais elles ont aussi d'autres conséquences sur le rythme et le niveau de la production dans plusieurs secteurs. Ce qui a bien entendu ralentit toutes les activités économiques et le Niger n'était pas épargné. Face à cette situation, la Chambre de Commerce et d'Industrie du Niger, (CCIN), a très rapidement réagi en commanditant une étude pour analyser l'impact de cette pandémie sur les différents outils de production, aussi bien au sein des entreprises qu'au niveau des industries mais aussi dans les commerces généraux. Cette étude à fait ressortir, en termes de pourcentage, le niveau d'impact, secteur par secteur. Après la validation de cette étude, nous l’avons solennellement transmise aux pouvoirs publics, pour envisager des mesures à prendre pour atténuer l'impact, sinon relever certaines entreprises qui étaient au bord du gouffre, suite à la pandémie. C'est dans cette logique que les pouvoirs publics, ont répondu à cette étude et à cet appel pour proposer une ligne de crédit pour les entreprises, les industries et les commerces généraux, qui remplissent un certain nombre de critères, avec des taux d’intérêts négociés, ainsi que des facilités d'accès aux financements auprès de l'ensemble des banques présentes sur le territoire national. Ce processus a été installé à travers l'Accord cadre, que vous avez évoqué, qui engageait les pouvoirs publics avec l'Association des Professionnels des Banques et des Etablissements financiers. La CCIN a pris part à la signature dudit accord. Le ministre des Finances a, alors mis en place un comité chargé d'analyser, d'accepter ou de rejeter les dossiers, en fonctions des critères retenus et préétablis. Après plus de 7 mois de travaux, le comité a permis le déblocage de fonds de plus de 10 milliards FCFA, en faveur des différentes entreprises de tous les secteurs ayant satisfaits aux critères retenus. Certes, 10 milliards FCFA, par rapport à 150 milliards FCFA, ce n'est pas beaucoup. Mais en tenant compte des critères sélectifs fixés, auxquels beaucoup de nos opérateurs économiques, entreprises et industries ne satisfaisaient pas et donc se trouvaient être du coup mis à côté. C'est d'ailleurs, ayant constaté cet état de fait, au niveau de la Chambre de Commerce, que nous avons mené une autre réflexion, visant à se pencher sur 80% de ceux qui sont dans l'informel et qui sont quand même impactés par les effets de la pandémie de la Covid-19. C'est ainsi, qu'un groupe de professionnels et les opérationnels du secteur dit de l'informel a été mis en place pour proposer des alternatives aux pouvoirs publics, avec des approches différentes, pour qu'on s'occupe de ce pan d'informels qui représente 80% de nos activités économiques. Ces propositions ont été faites, à travers un document- dont nous attendons l’examen par les pouvoirs publics- pour voir dans quelles conditions, on pouvait répondre à d'autres requêtes, pour que les deux segments, formel et informel, bénéficient des appuis, pouvant permettre de booster l'ensemble de notre économie. Il faut dire que la mise en place de cette ligne de crédit, au bénéfice des acteurs économiques, est pertinente. Elle le sera davantage, si on trouvait, le moyen d'intéresser aussi ceux de l'informel, qui ont une grande part dans notre système économique.

Ce financement annoncé de 150 milliards de FCFA, est-il effectif ?

Personnellement, je peux dire qu'il est effectif, dès lors qu'il y a un accord cadre, qui lie nos pouvoirs publics à l'Association des Professionnels des Banques. Donc sur le plan technique et Institutionnel, on peut dire que les fonds sont disponibles. Les critères exigés, que je nommerais des critères citoyens, demandent aux entreprises, industries et opérateurs économiques qu'ils apportent une contribution réelle, vérifiable, dans la création des richesses dans notre pays, à travers notamment la création d'emplois, le paiement des impôts, tout ce qui procède d'une certaine traçabilité. Malheureusement, ceux qui satisfassent à ces conditions ne sont pas nombreux dans notre pays comme dans d'autres pays de la sous-région. C'est ce qui a limité l'accès à ces crédits et facilités. En amont, il faut dire que ce sont des lignes de crédits qui ont été négociées avec des banques, auxquelles il a été demandé de procéder à des analyses classiques, pour voir la capacité du bénéficiaire à pouvoir rembourser les prêts contractés, à des taux réduits. Car si la banque n'a pas toutes les certitudes que le promoteur n'est pas à mesure de rembourser le prêt, évidemment qu'elle n'y accéderait pas. Je pense que c'est le seul critère de sélection qui a fait que beaucoup n'ont pas pu accéder à ces crédits. Alors nous avons proposé, au niveau de la CCIN une autre alternative en faveur de ceux qui sont dans l'informel, même si à la Chambre de Commerce nous n'avons pas pour vocation d'encourager les promoteurs d'aller vers l'informel, loin s'en faut, car l'une de nos vocations c'est justement de faire en sorte d’amener l’informel vers le formel. Ce qui nous importe, c’est comment on va parvenir, de façon traçable, à la création des richesses dans notre pays. Cependant, face à la réalité, qu'est celle de la pandémie, qui n'a pas choisi ses cibles et qui a eu des impacts aussi bien sur les formels que sur les informels, alors, par devoir de défense de tous ces secteurs, nous faisons en sorte que tous ces appuis bénéficient à tous les impactés, pour leur permettre de sortir la tête de l'eau, quitte à envisager, par la suite des mesures plus coercitives, mais pour l'instant, c'est les opérations de sauvetage qui importent, pour la plupart de nos unités.

Dites-nous comment la gestion a été faite ?

Par rapport à la gestion des fonds, il y a eu la mise en place d'une structure institutionnelle. Il s'agit du comité au sein duquel se trouvent les différentes banques, la Chambre de Commerce, certains Ministères clés, le Patronat. Tout cela, c’est pour que chaque dossier déposé, initialement auprès des banques, soit analysé, afin de voir s'il est bien ficelé et acceptable pour qu’il soit transmis, par la suite, au niveau dudit comité. Ce dernier vérifie pour savoir si le dépositaire a réellement été impacté par la pandémie de la Covid-19. Une fois que c'est établi qu'effectivement il l'a été, dans ses activités, alors on lui donne l'aval pour qu'il puisse accéder au prêt. Ces trois derniers mois, nous avons constaté un regain d’enthousiasme et d’intérêt par rapport à cette ligne de crédit. En effet, de nombreux et importants prêts ont été consentis par les banques sur la base des procédures que je viens de décliner. L'opération se poursuit, même si elle devait prendre fin le 30 novembre, car elle a une durée de trois mois. Cependant, l'assurance nous a été donnée que cette opération de facilitation de crédits peut se poursuivre. Notre souci au niveau de la CCIN c'est de voir comment gérer le côté informel, avec un mécanisme réfléchi, consensuel, car ce secteur représente une très grande part dans notre économie.

Par ailleurs, d’autres mesures, d’ordre fiscal, ont été déjà prises par le gouvernement, visant à préserver le tissu économique du Niger contre cette crise de COVID-19. Quels en sont les résultats ?

La nouvelle loi de finance a introduit un certain nombre de réformes, qui envisagent de booster les activités économiques dans notre pays. Nous osons espérer que toutes les conditions seront remplies pour que ces mesures puissent, à l'avenir, permettre à nos unités économiques de pouvoir évoluer avec moins de contraintes. Cependant, en lien avec la Covid-19, je dois préciser que l'une des réformes que nous pouvons considérer comme pouvant soulager les impacts négatifs de la pandémie, c'est la réduction du taux de la TVA, concernant le secteur touristique seulement. Mais nous continuons a espéré, car au niveau de la CCIN, nous avons une tradition de dialogue avec les pouvoirs publics (Ministère des Finances, Direction Générale des Impôts, Direction Générale des Douanes), sur des thématiques, des préoccupations, qui freinent les activités des opérateurs. Je pense que dans ce cadre nous parviendrons à trouver, au cours de l'année 2021, des possibilités qui vont permettre à tous nos opérateurs impactés par la pandémie de la Covid-19, de trouver quelques réponses fiscales ou de tout autre ordre, pouvant leur permettre de relancer leurs activités, afin de mieux participer à la création de la richesse dans notre pays.

Où en est-t-on par rapport au dialogue social entre le gouvernement et les opérateurs économiques, dans la gestion de la Covid-19 ?

En effet, l'un des avantages de cette situation, ce qu'elle nous a permis de créer toutes les conditions d'échanges avec les pouvoirs publics. Dans la sous-région, la CCIN est l'une des premières chambres à avoir réagi avec une étude d'impact sur les effets de la Covid-19 sur ses opérateurs économiques. Aussitôt, nous avons solennellement transmis les résultats de cette étude aux Pouvoirs publics, comme contribution, sur l'impact de cette pandémie sur les opérateurs économiques, ainsi que les dispositions à prendre pour les accompagner et atténuer les effets. Sinon de manière classique, nous avons toujours eu des cadres d'échanges, notamment dans le processus d'élaboration des Lois de finances. En effet, la CCIN a toujours été conviée pour examiner des nouvelles mesures et de faire des propositions, allant dans le sens de renforcer la capacité de mobilisation des ressources par l'Etat. Certes concernant le dialogue, on peut faire mieux. En effet, avec l'existence de certains cadres de concertation, prévus à cet effet, les plus hautes autorités réunissent les acteurs du secteur privé pour s'informer de ce qui se passe sur le terrain, par rapport à leurs activités, les opportunités, les contraintes mais aussi voir comment l'Etat pouvait les appuyer. C'est dire que le dialogue entre la Chambre de Commerce, qui est la structure faîtière de l'ensemble du secteur privé et les pouvoirs publics, constitue un des outils de gouvernance que nous utilisons, à toutes les occasions, pour une bonne marche de nos activités et pour promouvoir l'économie nationale.

Réalisée par Mahamadou Diallo

16 avril 2021
Source : http://www.lesahel.org/