Diriez-vous que le combat est gagné contre Boko Haram ? Mohamed Bazoum : "Il est pratiquement gagne. Nous avons eu beaucoup de succès. L'ennemi a été affaibli au Nigeria, au Cameroun, au Niger et au Tchad depuis longtemps. Il reste quelques capacités résiduelles de nuisance mais rien de comparable à ce qu'on voyait il y a quelques années. Rien de nature à remettre en cause la stabilité des pays voisins du Nigeria. Dans l'Etat de Borno, Boko Haram a encore quelques capacités mais elles ne sont pas importantes."
La frontière est-elle entièrement sécurisée entre le Niger et Nigeria ? Mohamed Bazoum : "Nous sommes présents dans la mesure des moyens que nous avons et dans la mesure du nombre de militaires que nous pouvons projeter. Au total, la frontière est assez bien gardée même s’il reste quelques interstices. Rarement, désormais, ils sont en mesure d’attaquer nos positions comme ils l’ont fait ce mois-ci (NDRL à Geskérou) et ils l’ont appris à leurs dépens. C’était leur dernier baroud d’honneur".
Première femme Officier au sein de la Garde Nationale du Niger, corps qu’elle a intégré en 2008, Capitaine Ramatou Abdoulaye Hamadou a largement contribué à démystifier les préjugés portés à l’encontre des femmes qui servent au sein des Forces de Défense et de Sécurité au Niger. Cette ancienne pensionnaire de la prestigieuse Ecole de Formation des Officiers des Forces Armées Nigériennes (EFOFAN) est aujourd’hui un modèle pour beaucoup de jeunes filles qui veulent s’engager et faire carrière sous le drapeau. Depuis 2016, elle occupe le poste de Chef division affaires administratives à la direction des ressources humaines (DRH) de la Garde Nationale du Niger.
Mon Capitaine, qu’est-ce qui vous a motivé à choisir de faire carrière au sein des FDS ?
Servir sous le drapeau a toujours été une passion pour moi. Depuis mon jeune âge, je suis fascinée par la rigueur, la discipline, la loyauté, le respect des autres, et surtout le dépassement de soi qui caractérisent les forces de défense et de sécurité. C’est donc normal que j’intègre les Forces de Défenses et de sécurité. Porter la tenue et servir mon pays est en quelque sorte un rêve que j’ai caressé et qui s’est réalisé pour moi.
En quoi consiste votre travail et quel impact a-t-il sur le travail des autres directions, services et unités ?
Mon travail consiste à gérer tout le personnel de la Garde Nationale du Niger. Ma Division est chargée de l’établissement des différents papiers administratifs, notamment les messages radios, les décisions ainsi que les arrêtés et décrets. J’assure aussi la liaison avec tous les services pour des questions relatives au personnel, l’établissement d’un contrôle nominatif annuel de l’ensemble du personnel de la Garde Nationale du Niger et la planification des affectations. La Direction des Ressources Humaines est en quelque sorte la direction centrale du corps dans le sens où elle définit des stratégies de gestion des ressources humaines qu’elle fera valider par le Haut-Commandant.
Avez-vous l’impression que vous devez travailler plus que vos collègues masculins pour prouver vos compétences afin de faire taire les préjugés qui sont fréquents dans les groupes mixtes ?
Non, pas vraiment ! Car, les nominations au poste se font en fonctions des profils, des carrières et des compétences. C’est juste que, quelques fois, on doit savoir s’imposer dans certaines situations qui sont heureusement rares. Etant donné que la femme est perçue comme faisant partie d’une couche vulnérable dans la société en général, elle se doit de fournir plus d’efforts pour pouvoir s’affirmer.
Est-il facile pour vous de concilier vie sociale et vie professionnelle ?
Certes, parfois c’est assez difficile de le faire, surtout quand on occupe certains postes de responsabilité. Il faut sortir très tôt de la maison et y rentrer tardivement. C’est assez compliqué. Et surtout que de fois, il peut y avoir des missions inopinées. Mais avec un conjoint compréhensif, c’est bien possible de concilier vie sociale et vie professionnelle. On doit faire beaucoup de concession pour y arriver.
Après tant d’années de vie professionnelle, quelles sont les difficultés auxquelles vous avez eu à faire face ?
D’abord, être Garde National exige énormément de discipline et de motivation. Entre autres, il y’a le respect de la hiérarchie. Donc, il faut savoir être très obéissant. Je n’ai pas personnellement eu à faire à des difficultés mais plutôt à une discrimination positive par rapport à l’emploi et les désignations des missions dynamiques. En dehors de cela, je suis utilisée comme les masculins pour le service Garnison, en l’occurrence les permanences.
Quelle est la réaction de vos collègues masculins, en particulier lorsqu’il vous arrive de donner des ordres ?
Dans le cadre du commandement, les ordres sont stricts et chaque subordonné est en obligation de les exécuter, conformément aux dispositions du Corps. Il y’a toujours des brebis galeuses qui essayent, quelques fois, de se dérober pour ne pas les exécuter car, pour eux, être commandé par une femme est un signe de faiblesse. Dans ces cas de figure, on applique le règlement de discipline générale pour sanctionner les récalcitrants.
Quel est votre message à l’endroit de vos collègues féminins qui se sous-estiment face à la pression des tâches dans un environnement largement dominé par les hommes ?
Nous, féminins, nous ne devons pas nous laisser marginaliser par les hommes sur le plan du travail. Nous sommes aussi capables d’occuper des postes de responsabilité que nos confrères masculins. Parmi nous, il y’en a qui sont physiquement et intellectuellement plus aptes que les masculins. Donc, nous ne devons pas nous décourager. Nous devons plutôt faire nos preuves afin d’être acceptées et prises au même pied d’égalité que nos confrères masculins. Nous devons nous battre pour l’égalité des chances au travail.
Partant de votre propre expérience, que diriez-vous aux jeunes filles qui rêvent de faire carrière sous le drapeau ?
Pour les jeunes filles qui rêvent de faire carrière sous le drapeau, je leur dirai de ne surtout pas hésiter à tenter de faire de leur rêve une réalité. Je dirai à mes chères sœurs qu’elles sont capables et de ne pas se laisser décourager par ce qu’elles entendent sur les contraintes de la formation militaire. C’est certes un peu difficile, mais quand on veut ou peut. Je les encourage vivement à déposer leurs candidatures partout où il le faut afin d’intégrer les différents corps pour servir notre pays. Je leur confirme que le service militaire est un excellent moyen d’apprentissage et de développement de nouvelles compétences.
Quel est votre combat actuel pour soutenir vos sœurs?
Le thème qui me tient à cœur est la professionnalisation des femmes des armées. La mise en œuvre d’un tel concept permettra d’accélérer la féminisation et l’orientation des femmes dans les différentes spécialités. Elle permettra aussi de bien structurer leur insertion dans ce secteur où les contraintes du métier sont particulièrement exigeantes mais surmontables.
Mon Colonel, le Gouvernement du Niger a adopté le 2 décembre 2021 en Conseil des Ministres, le document de Contribution Déterminée au niveau National (CDN) révisé. Quelle est la particularité de ce document par rapport au précédent ?
Je vous remercie de l’intérêt marqué par votre organe sur cette question combien importante de changement climatique. L’intérêt porté à ce document de Contribution s'inscrit dans la droite ligne des instruments de politiques multilatéraux auxquels le Niger est partie prenante. Je parle spécifiquement de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques et de l'Accord de Paris sur les changements climatiques que nous avions signés et ratifiés respectivement les 21 septembre et 22 avril 2016.
Cette nouvelle CDN s'aligne, au plan régional, sur l’option commune africaine de négociations sur le Climat et de financement de programmes transnationaux ; et au plan national, à la Stratégie de Développement Durable et de Croissance Inclusive (SDDCI, Niger-2035), le PDES-2022-2026 (en cours de formulation), l'Initiative 3N ainsi que les outils sectoriels relatifs à la gestion durable des ressources naturelles et l’accès aux services énergétiques modernes pour tous.
La CDN révisée, adoptée par le Gouvernement le 02 décembre passé, diffère de celle de première génération de 2015. Même si les secteurs prioritaires sont restés les mêmes, compte tenu des résultats de l'inventaire national des Gaz à Effet de Serre mis à jour en 2014 comme année de référence, ce nouveau document diffère du premier non seulement en termes d'ambition mais aussi sur le plan de la traçabilité des efforts du pays et du rapportage des actions prévues. C'est pourquoi, il est accompagné d'un système informatisé de suivi-évaluation pour les deux secteurs prioritaires Adaptation et Atténuation, d'un Plan de Partenariat et d'un Plan d'Investissements Climat. La nouvelle CDN a également pris en compte l’interrelation de plusieurs aspects avec le climat dont entre autres le genre et l’inclusion sociale, les emplois verts, la migration.
Quel est l’objectif principal du document révisé de Contribution Déterminée au niveau National (CDN) ?
Le Niger se fixe comme objectif principal de contribuer à la réduction des émissions globales des Gaz à Effet de Serre (objectif 2°C voire 1,5 o C à l’horizon 2050) tout en poursuivant son développement socioéconomique sobre en carbone et résilient aux effets néfastes de changements climatiques. En outre, la CDN sera mise en œuvre pour contribuer aux objectifs nationaux de développement à savoir : lutter contre la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des nigériens et des nigériennes, promouvoir la gestion durable des ressources naturelles et l’utilisation massive des Energies Renouvelables et renforcer la résilience des écosystèmes et des communautés.
{xtypo_quote}« Le Gouvernement fait de la CDN révisée, un instrument qui met le Niger en phase avec ses engagements internationaux sur le Climat »{/xtypo_quote}
Aussi, le Gouvernement fait de la CDN révisée, un instrument qui met le Niger en phase avec ses engagements internationaux sur le Climat notamment l’Accord de Paris et en même temps un outil qui facilite les négociations avec ses partenaires pour lutter contre le dérèglement climatique.
Mon Colonel, pouvez-vous expliquer le processus ayant conduit le Niger à l’élaboration de la CDN révisée ?
L’actualisation de la CDN du Niger a été possible grâce à un long processus intersectoriel entamé depuis 2019 avec l’accompagnement technique et financier des partenaires du pays, mobilisés en faveur du climat sous l’égide de la Banque Mondiale. A l’instar des autres parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, le pays a induit une dynamique interne de révision et de renforcement de cet outil essentiel de mise en œuvre de l’Accord de Paris sur le climat.
Le processus de révision de la CDN a été impulsé par le NDC Partnership, à travers son initiative dénommée « Climate Actions Enhancement Package » (CAEP) dont l’opérationnalisation a permis de boucler le cahier de charge de la révision et de soumettre le document de CDN révisée dans les meilleurs délais. C’est le lieu de remercier vivement tous les partenaires ayant été mobilisés dans le cadre de cette initiative, à savoir la Banque Mondiale, le PNUD, la FAO, l’IRENA, le Royaume de Belgique, l’AFD, le FENU, l’ONG Save The Children, l’OIM et le BIT.
Pour mener à bien cet exercice, la coordination des activités programmées a été confiée à la Direction du Renforcement de la Résilience et de l’Atténuation au Changement Climatique du Ministère de l’Environnement et de la Lutte Contre la Désertification (ME/LCD) par l’entremise du Comité National chargé de la révision et du renforcement de la CDN créé par Arrêté n°0155/ME/SU/DD/SG du 31 Août 2020.
L’approche méthodologique-pays fut basée sur la participation et l’inclusivité avec tous les acteurs (Administration, institutions de recherche et de formation, OSC, secteur privé, PTF). Tous les produits des différentes études thématiques livrés dans le cadre de la révision ont été validés par le Comité National au fur et à mesure de leur élaboration. Ce processus a été clôturé officiellement le mercredi 29 décembre 2021 et les prochaines étapes de mise en œuvre de la CDN lancées à cette même date.
Le fil conducteur du document révisé de la CDN repose sur l’adaptation et l’atténuation des effets du changement climatique à travers notamment AFAT (Agriculture, Foresterie et Autres Utilisations des Terres) et Energie. Est-ce que vous pouvez nous expliciter davantage le contenu de ces deux termes ?
La lutte contre les effets néfastes du changement climatique est essentiellement basée sur l’atténuation et l’adaptation. Les actions d’atténuation s’attaquent aux causes du phénomène par la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le renforcement de piégeage de gaz carbonique (puits carbone) alors que l’adaptation traite des conséquences du changement climatique en renforçant la résilience des communautés et des écosystèmes face aux effets néfastes. Il faut noter à ce sujet que notre pays priorise l’adaptation à co-bénéfices forts pour l’atténuation.
Plus que par le passé, le Niger subit de plein fouet les effets du changement climatique à travers la récurrente des inondations et les crises alimentaires et pastorales, comment la mise en œuvre de ce document qui se veut le principal outil de référence en la matière pourrait améliorer la résilience des populations ?
Il est indéniable que les principaux signes du réchauffement climatiques et risques associés sont les inondations, les sècheresses, les tempêtes de sable et/ou de poussière, les températures extrêmes, les vents violents, les attaques acridiennes, les épizooties, les feux de brousse et la résurgence des maladies climato-sensibles (paludisme, rougeole, méningite). C’est conscient de cette situation, qu’une étude a été réalisée dans le cadre de la CDN pour identifier les capacités institutionnelles ainsi que les facteurs de vulnérabilité des secteurs AFAT et Energie. Ce qui a permis à la nouvelle CDN d’identifier un certain nombre d’options qui concourent à renforcer la résilience des communautés et des écosystèmes pour faire ainsi face aux conséquences néfastes du dérèglement climatique.
Ainsi les options identifiées par le Niger sont entre autres : la promotion de l’Agriculture Intelligente face au Climat ; la valorisation des données météorologiques par les producteurs ; le développement de la gestion durable des terres et des eaux ; le renforcement de la gestion participative et numérisée des massifs forestiers ; l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan décennal de reboisement ; le développement de la Foresterie urbaine et périurbaine ; les subventions des kits d’utilisation des énergies fossiles et solaires ; le développement de Partenariat Public Privé (PPP) pour la mise en valeur des énergies nouvelles et renouvelables.
La mise en œuvre de ce document ne saurait se réaliser sans un financement conséquent, quelle est la stratégie du Niger pour mobiliser les fonds nécessaires au financement de la CDN pour la période 2021-2030 ?
Le besoin en financement pour la mise en œuvre de la CDN s’élève à un coût total de 9,9077 Milliards USD sur la période 2021-2030, soit 990,77 millions USD/an. Ce montant couvrira les deux volets de la CDN : Adaptation et Atténuation.
Les actions d’adaptation nécessiteront globalement 6,743 Milliards USD repartis en 36% pour le financement inconditionnel (2,4 Milliard USD) c’est-à-dire sur les efforts internes de l’Etat et 64% de financement conditionnel (soit 4,343 Milliard USD), qui doivent être mobilisés auprès des Partenaires Techniques et Financiers (PTF).
En ce qui concerne l’atténuation, le besoin en financement de ses actions s’élève à 3,1651 Milliards USD sur 10 ans (2021-2030). La part attendue de l’Etat est de 6,72%, soit 0,2127 Milliards USD. La part importante (93,28%%) c’est-à-dire 2,9524 Milliards USD est à mobiliser auprès des partenaires au développement et la Finance climatique internationale comme le Fonds Vert pour le Climat.
Pour mobiliser ces fonds, une stratégie de mobilisation a été élaborée pour assurer l’effectivité de la mise en œuvre de la CDN. Aussi, un Plan de Partenariat et un Plan d’investissement CDN sont en cours de finalisation avec l’accompagnement de la Banque Mondiale, chef de file des PTF de la révision de la CDN. La mobilisation des ressources financières devrait s’aligner au processus en cours de la formulation du PDES 2022-2026 pour lequel la CDN constitue un des programmes prioritaires.
Le Niger a certes une expérience dans le domaine du changement climatique pour avoir élaboré et mis en œuvre la précédente CDN. Cependant, l’environnement sécuritaire s’est fortement dégradé dans notre pays, est-ce que cet aspect a été pris en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre de la CDN révisée ?
En effet malgré les énormes efforts déployés par le Gouvernement et les partenaires du Niger, la question sécuritaire est toujours préoccupante. Elle constitue de ce fait un défi majeur de plus sur la mise en œuvre des actions de développement dont celles inscrites dans la CDN. En effet, la CDN renferme des options d’adaptation et d’atténuation, nécessaires permettant à notre pays de poursuivre son développement dans une perspective de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de façon résiliente aux effets néfastes du changement climatique. Ces options sont donc des orientations stratégiques pouvant être prises en compte dans la formulation des projets et programmes de développement. C’est justement au cours de la phase opérationnelle de formulation des projets de renforcement de la résilience que la question sécuritaire fera l’objet d’une attention toute particulière.
Monsieur le président, le Conseil Supérieur de la Communication est à la croisée des chemins à l’approche des élections générales de 2020 et 2021. Quelles sont les actions que vous avez entreprises dans le cadre de la préparation de ces grandes échéances électorales ?
Merci au journal Sahel Dimanche de me donner l’opportunité de parler des préparatifs des élections. Au niveau du CSC, nous sommes déjà en phase préparatoires des élections de 2020-2021. Dans cette optique nous avons élaboré un programme électoral qui vise à exécuter un certain nombre d’actions qui sont essentiellement pédagogiques, de formation, de sensibilisation, de formation des journalistes, de certains acteurs comme les partis politiques, pour que nous puissions aller vers des élections apaisées.
Dans cette dynamique d’actions, nous avons déjà édité un guide à l’attention des partis politiques. Nous avons déjà dans le cadre de la préparation de ces élections, préparé et adopté huit décisions relatives à l’accès des partis politiques, groupements de partis politiques et candidats aux médias publics et privés en période électorale. Ce guide vise à faciliter l’accès égal et équitable de tous les partis politiques, tous les groupements de partis politiques candidats aux médias publics et privés parce que la période électorale est sensible et doit être encadrée. Et dans tous les cas elle relève des prérogatives du Conseil Supérieur de la Communication, la régulation de la communication en période électorale. Nous avons d’abord avant d’adopter ces textes, rencontré les partis politiques, et les responsables des médias au mois de septembre dernier. Nous avons échangé avec eux. Nous avons fait un séminaire de renforcement des capacités avec l’appui de l’Union Européenne à travers le projet EISA. Donc grâce au projet EISA nous avons pu former et restituer ce document-là aux partis politiques. Dans la foulée nous avons prévu en même temps, de faire des actions de vulgarisation des mêmes textes à l’intérieur du pays notamment dans les chefs-lieux de régions dès le 16 novembre avec la région de Diffa, ensuite Zinder, puis Maradi.
Nous allons continuer les mêmes vulgarisations dans les autres chefs-lieux de région pour permettre d’abord à tous les partis politiques et leurs représentants, les représentants des associations, les ong qui sont actives dans l’organisation des élections pour qu’ils s’approprient ces outils, afin que le message soit bien compris. Et pour expliquer aux partis politiques qu’à partir de la campagne électorale, tous les messages qu’ils veulent diffuser dans le cadre de leur campagne doivent être centralisés et enregistrés par le CSC. C’est le CSC qui va enregistrer les messages et les faire diffuser par les médias publics et privés. Donc c’est dans cette dynamique que nous avons déjà organisé cette communication à l’endroit des partis politiques et des associations qui font la promotion du droit civique des citoyens qui est le droit de vote. Pour les journalistes et les responsables des médias, tant publics, privés, que communautaires, nous avons aussi prévu des actions de formation, de renforcement de capacités, des formations sur le pluralisme en période électorale, l’équilibre de l’information, le respect de l’éthique et de la déontologie , mais aussi les amener à être les meilleurs ambassadeurs de la paix pour ces élections. Parce que les médias sont les véritables vecteurs des messages de cohésion sociale, d’unité nationale. Pour éviter que les médias ne soient plus les vecteurs de ce genre de propos haineux, violents, nous voulons que les responsables des médias soient outillés.
Toujours, pour appuyer ces actions, nous sommes en train de renforcer notre système de monitoring parce que nous avons la capacité de suivre en temps réel tout ce qui sera diffusé sur les médias tant publics que privés, et sur les radios communautaires aussi à l’intérieur du pays. Nous sommes en train de bénéficier de l’appui de l’Union Européenne pour nous donner un dispositif supplémentaire de monitoring des médias. C’est l’occasion une fois de plus de remercier l’Union Européenne à travers le projet EISA dont nous sommes en train de finaliser le processus. Et en même temps nous sommes en train de mettre à jour notre ancien dispositif.
{xtypo_quote}«Dans le cadre des préparatifs des élections, nous avons adopté huit décisions relatives à l’accès des partis politiques, groupements de partis politiques et candidats aux médias publics et privés en période électorale »{/xtypo_quote}
Les organes de presse publique et privée ont une lourde partition à jouer pendant cette période pré-électorale et électorale. Pensez-vous qu’ils mesurent l’enjeu de leur travail pendant ces moments sensibles ?
Je sais que les médias, comme vous le dites, sont au cœur de ce processus. Et je suis convaincu qu’ils mesurent la portée et l’enjeu qu’il y a autour de ces élections à venir. Aussi bien pour les médias publics que privés, nous avons le projet de nous réunir, avec la Maison de la presse, les représentants des associations des promoteurs des médias privés et les médias publics, pour signer une charte de bonne conduite. Nous sommes déjà avancés là-dessus ; il reste juste à finaliser le document et le mettre à jour pour signer cette charte de bonne conduite. Si je me réfère au respect de l’éthique et de la déontologie, je pense qu’ils savent que c’est une période charnière où il faut faire attention à tous les messages qui seront susceptibles d’être diffusés. Dans tous les cas, le CSC dispose d’un pouvoir de sanction en cas de violation des principes basiques d’éthique et de déontologie. Parce qu’aucun organe ne se hasardera à faire la promotion de la violence et de la haine. Donc le CSC veillera à ce que les médias jouent pleinement leur rôle. Et on va leur apporter un appui. Quand il y aura des dérapages le CSC n’hésitera pas à sanctionner. Et vous savez qu’avec les nouvelles mesures conservatoires, en cas de messages haineux ou violents, on peut suspendre les radios ou les télévisions qui encouragent ce genre de messages. Je pense que nous avons suffisamment parlé avec eux, et ils savent que l’on peut le faire ; mais j’espère qu’on n’ira pas à cet extrémisme.
L’accès à la publicité politique pour les organes publics de presse et le souci de l’équité entre les différents partis politiques et les différents candidats est l‘une des questions que vous avez abordées lors de vos rencontres avec les acteurs politiques et les responsables des médias. Quel est le traitement que vous avez réservé à cette question ?
La préoccupation des médias était de savoir comment ils peuvent accéder à la publicité politique. Nous leur avons fait comprendre que la loi réglemente cet accès à travers le décret de 2017. Nous avons essayé de comprendre leur préoccupation puisque c’est une période qui peut leur permettre de renflouer leur comptabilité. Ce qui est logique et normal. Et de l’autre côté, c’est la seule période pendant laquelle les partis politiques peuvent être à l’aise dans leur communication. Donc nous avons échangé avec eux, et nous leur avons garanti que, comme à l’accoutumée, le CSC ne sera pas contre leur accès à cette publicité payante. Mais pour les médias privés, il faut qu’ils respectent l’équité. Il ne faut pas que les médias qui sont acquis pour l’opposition ou le pouvoir, s’affichent. Dans l’accès à tous les partis politiques, il faut qu’ils soient très regardants, équitables et justes. Ils ne doivent pas empêcher à certains partis politiques de diffuser leurs publicités politiques sur leurs médias. Cependant, ils ne doivent pas faire un traitement de faveur par rapport à leur sensibilité et leur obédience politique. Sur cela, on s’est très bien compris avec tous les responsables des médias.
Pour les médias publics, c’est justement là où on a eu quelques incompréhensions parce qu’aux élections antérieures, dans l’application de l’éthique et de la déontologie, on avait en son temps trouvé que les médias d’Etat, sont des EPA. Or, parmi ces médias l’ORTN et l’ONEP ne sont pas des EPA mais plutôt des EPIC. Donc de par leur statut juridique, ces deux organes ont la possibilité de faire de la publicité. Mais comme ce sont des organes de service public, il faut encadrer l’accès à cette publicité, contrairement aux médias privés.
La délibération qui avait un peu bloqué cette publicité sur les médias publics qui sont les organes les mieux outillés, il fallait donner la possibilité aux partis politiques, en dehors du temps gratuit qu’ils ont, d’avoir une petite marge supplémentaire pour faire la publicité payante. Donc pour éviter les conflits, on a revu la disposition de la délibération pour leur permettre d’avoir deux fois le temps au lieu d’une seule fois. Les partis politiques étaient les premiers à défendre cette thèse et c’était légitime parce qu’il faut leur permettre d’aller au-delà de la redevabilité ou assurer cette redevabilité envers leurs électeurs parce qu’il y a des partis qui ont une grande histoire politique.
Il faut leur donner le temps sur les médias publics d’assurer leur communication. Donc, puisque tout le monde a un temps gratuit, il faut aussi leur donner la possibilité d’avoir un temps payant. Mais le temps payant ne va pas être aussi illimité. Il doit être raisonnablement encadré. Eux aussi étaient tous satisfaits parce que ce que les gens oublient, c’est que ces organes d’Etat tournent avec des subventions de l’Etat mais ils ne sont pas pris en charge à 100% comme les EPA. Il faut que les textes du CSC qui s’appliquent aux médias publics respectent le caractère juridique de ces organes notamment l’ONEP et l’ORTN qui sont des EPIC.
Comme les organes de presse, le CSC sera très sollicité pendant cette période cruciale. Comment comptez-vous assurer une saine régulation des médias dans un pays aussi vaste?
Vous avez totalement raison. Parce que 1.267.000 km2 avec un peu moins de 300 radios communautaires et une bonne dizaine de télévisions et de nombreuses radios, ça ne sera pas facile. Mais comme je vous l’ai dit nous avons bénéficié de l’appui de l’Union Européenne pour mettre à jour notre système de monitoring acquis grâce à la coopération marocaine et d’autre part, il y a un nouveau dispositif plus performant à la pointe de la technologie qui sera installé pour nous permettre de suivre en temps réel tout ce qui se fait sur les médias notamment audiovisuels. Et nous sommes en train de former les techniciens en monitoring des médias. Il y a aussi un groupe de travail qui est mis en place et qui est composé de plusieurs commissions. C’est ce groupe de travail qui va recenser tous les messages des partis politiques, vérifier le contenu, les enregistrer en vue de les diffuser. Tous les agents du CSC, aussi bien les permanents les appelés du service civique national que les stagiaires, sont mobilisés pendant les 70 jours que vont durer les scrutins, et cela matin et soir pour que dès qu’il ya une sollicitation qu’on puisse y répondre.
Après bientôt trois années passées à la tête du CSC quel est votre sentiment sur la liberté de presse au Niger et surtout sur le respect de l’éthique et de la déontologie du métier par les organes de presse ?
La liberté de presse, malgré tout ce qui peut se dire se porte bien au Niger. Mais il faut la consolider. En trois ans, je peux dire qu’il ya eu moins d’atteinte à la liberté de la presse, et moins d’immixtion dans le domaine de la presse surtout privée par d’autres acteurs externes, en dehors de la question des impôts, qui était le premier problème qu’on avait trouvé. C’était une incompréhension, une méconnaissance des agents des impôts par rapport à la limite de leur compétence. Il ya de moins en moins d’atteinte à l’éthique et à la déontologie même s’il ya quand même quelques sanctions. Avec le système de monitoring et la commission de l’éthique et de la déontologie, que nous avons mis en place, nous suivons et nous sanctionnons, et nous rappelons les journalistes au respect de l’éthique et de la déontologie. Donc on est dans une dynamique de dialogue. C’est pour cela si vous avez constaté, que ce dernier temps il ya moins de problème avec les journalistes. Mais ce n’est pas parfait. Il ya des choses à améliorer. L’autre problème qu’on a eu c’est la répartition du fonds d’aide à la presse qui a fait des mécontents. Malheureusement on ne peut pas satisfaire tout le monde. On a mis des critères dans l’attribution de ce fonds. Nous allons voir ensemble ce qu’il faudrait encore corriger. Nous prions Dieu pour que cette subvention soit revue à la hausse parce qu’il ya beaucoup d’organes de presse privée qui en ont grandement besoin. D’autre part il faut déplorer le fait que la convention collective ne soit pas encore signée. C’est le problème qui me préoccupe personnellement en tant que président du CSC. Mais en dehors de cela je pense que la réorientation du fonds d’aide à la presse va permettre aux journalistes de bénéficier de formations diplômantes et de formations de renforcement de capacités. Aujourd’hui la loi a imposé qu’un certain pourcentage de ce fonds soit dédié à la formation des journalistes. Et nous sommes dans cette dynamique. Après la répartition pour les promoteurs, nous avons adopté le plan de formation, et bientôt les journalistes vont bénéficier de vingt formations diplomantes et qualifiantes pour leur permettre soit de se reconvertir, ou d’approfondir leurs connaissances en tant que journalistes. Ce qu’il faut aussi saluer, c’est que depuis deux ans, le CSC a pu adopter deux délibérations majeures. La première, c’est sur les redevances audio visuelles ; parce que vous savez que depuis près de 27 ans les organes de presse privée étrangers ne payaient pas de redevances. Cette année nous avons mobilisé environ 200 millions FCFA que les médias étrangers ont versé au Trésor national. Canal+ aussi a également versé ses redevances. Je pense que c’est une avancée majeure. Une autre avancée, c’est la délibération sur l’exception culturelle qui accompagne le programme de la renaissance, et qui doit contraindre les promoteurs de radio et de télévision à faire du contenu national. Parce que souvent quand vous regardez nos télévisions, ou quand vous écoutez nos radios, on a l’impression d’être en Côte d’ivoire, au Ghana ou au Nigeria. On est en train de les sensibiliser pour qu’ils fassent du contenu national. Et dans le cadre des formations du fonds d’aide à la presse, nous allons faire en sorte que les directeurs de programme soient bien outillés pour qu’avec de petits budgets qu’ils fassent des productions nationales cinématographiques. Pourquoi ne pas se mettre à deux ou trois organes pour financer une série nigérienne ? Il ya du chemin à faire. Mais nous voulons que les médias nigériens soient des médias autonomes, de vraies entreprises de presse. Et j’espère que vous nous aiderez à atteindre cet objectif.
Dans quel état d’esprit vous abordez le dernier tournant à quelques jours de l’événement ? Merci de cette opportunité que vous m’offrez pour parler de l’organisation. Je dois tout de suite rappeler que nous avons placé le programme Tahoua Sakola sous le triptyque ‘’Innovation, Dynamisme culturel et Coexistence pacifique’’. L’innovation, c’est d’abord par rapport aux infrastructures. Nous avons dit que nous allons réaliser des infrastructures modernes, durables et d’avenir. Et pour cela, nous avons fait appel à des entreprises qui ont les moyens et l’expertise nécessaires. Je pense que par rapport à cet objectif, les résultats sont là, probants. Nous nous sommes appliqués et les résultats sont très satisfaisants. Au sortir de l’événement, nous allons avoir des infrastructures durables et d’avenir.
Par rapport à l’extension de ce programme au niveau des départements, nous n’avons pas pu réaliser tout ce qu’on a programmé, mais il y a eu quelques réalisations qui sont en voie d’être exécutées. Ensuite, l’autre aspect du programme c’est la communication. Je pense que par rapport aux autres éditions, nous avons essayé de communiquer au maximum tant sur le plan national qu’international. Là aussi, nous devons être satisfaits des résultats obtenus. Par rapport aux entreprises qui nous ont accompagné dans ce programme, j’avais déjà pris l’engagement que toutes les entreprises et entrepreneurs qui vont participer à ces travaux vont être payés à la fin de ce programme et que nous ne laisserons pas des impayés. Je puis vous assurer que nous sommes sur la bonne voie. La preuve est que jusqu’à présent, vous n’avez pas entendu parler de conflits entre le Comité Tahoua Sakola et les entrepreneurs. Nous les payons au fur et à mesure. Donc, aucun problème ne se pose à ce niveau et c’est pourquoi il n’y a pas eu de retard dans l’exécution des tâches qui ont été confiées aux entreprises. Là aussi on peut être satisfait de ce qui a été fait.
Visiblement, vous êtes très optimiste monsieur le ministre ?
En effet, nous abordons le dernier tournant avec beaucoup d’optimisme parce que je l’avais dit au départ que toutes les entreprises devaient me remettre les clés des infrastructures au plus tard le 30 novembre. Et c’est ce qui est en train d’être fait aujourd’hui. Tout ce qui reste maintenant à Tahoua relève des dernières retouches, pour nettoyer ou pour installer les équipements, sinon le gros du travail est terminé. Et je pense que d’ici le 18 décembre, tout sera fin prêt pour recevoir les festivaliers.
Vous avez tantôt parlé d’infrastructures modernes et durables, pouvez-vous donner des indications sur les plus phares qui ont été réalisées à Tahoua ?
Une des infrastructures phares de la ville de Tahoua, c’est la voirie. Je vous le dit sans complexe que la voirie dont nous disposons aujourd’hui à Tahoua n’a rien à envier à celle que vous verrez ailleurs dans le monde. C’est une réussite pour laquelle je tiens à féliciter la société SATOM qui a eu à exécuter ces travaux. Il y a ensuite d’autres infrastructures telles que les villas ministérielles qui ont été construites grâce à l’appui des sociétés. Là aussi, nous avons sollicité des entreprises nigériennes et qui ont fait un très bon boulot. Il y a aussi des privés nigériens qui ont eu à construire des cités. Là aussi, tout est terminé et les travaux ont été très bien exécutés.
Monsieur le ministre, on a vu que dès le lancement des activités de votre comité, vous avez mené des offensives à l’endroit des partenaires tant nationaux qu’étrangers. Quels sont aujourd’hui les retombées de cette mobilisation ?
Vous m’offrez là l’occasion de remercier tous les partenaires intérieurs et extérieurs qui nous ont aidés. Sans être exhaustif, je citerai à titre indicatif la République populaire de Chine, l’Algérie, Veolia, l’AIMF. Les partenaires extérieurs qui nous ont aidés sont nombreux et je tiens à les remercier tous. Les retombées sont là. A titre d’exemple, nous avons signé une convention de près de 100 millions de FCFA avec Veolia dans le cadre de la salubrité de la ville de Tahoua. Avec l’AIMF, c’est une convention de 160 millions que nous avons signée pour l’aménagement de la mare de Babayé. Il y a ensuite des particuliers nigériens qui nous aidés dans l’équipement des villas que nous avons construites. En outre, tout ce qui est supports confectionnés à l’effigie Tahoua Sokola pour la fête a été pris en charge par la République populaire de Chine. L’Algérie nous a aidés dans le cadre de l’habillement des Forces de défense et de sécurité. C’est dire que nous avons eu des appuis importants venant des partenaires extérieurs.
Vous avez aussi touché les ressortissants de la région et les habitants de la Ville de Tahoua pour qu’ils s’approprient ce programme. Comment appréciez-vous l’apport des populations de Tahoua ?
Je ne cesserai jamais de féliciter et de remercier les populations de Tahoua parce que dès le départ, elles se sont approprié le programme. La preuve est qu’il y a eu des gens qui ont détruit, eux-mêmes, leurs propres biens pour dégager les voies et permettre l’exécution des travaux. Certains ont cassé leurs habitations, d’autres leurs boutiques et bien d’autres choses. Ils l’ont fait parce qu’ils sont convaincus par ce programme. Avec les réalisations qui ont été faites aujourd’hui à Tahoua, les populations ont la preuve qu’il fallait le faire. Quand vous circulez aujourd’hui dans la ville de Tahoua, vous entendrez ceux qui ont cassé leurs propres biens dire en Haoussa « komma da aka yi », autrement dit, il fallait le faire.
Pour aborder les festivités en tant que telles, peut-on s’attendre à des innovations ou tout au plus quelle sera la particularité de Tahoua Sakola 2017 ?
Comme lors des autres éditions, il y aura d’abord les activités sportives et culturelles. Mais il y aura aussi d’autres activités et en particulier un feu d’artifice.
En termes d’invités, quelles sont vos attentes ?
C’est sûr il y aura beaucoup d’invités, à commencer d’abord par nos voisins du Nigeria. Il y a probablement des Chefs d’Etat et nous avons invité beaucoup de gens à travers le monde. Nous espérons que tous ceux qui ont été invités viendront assister à ces festivités.
L’organisation d’un tel événement et la réalisation des infrastructures impliquent inévitablement un financement conséquent. Avez-vous rencontré des difficultés dans la mobilisation des fonds ?
Il faut dire qu’au début, on avait beaucoup d’inquiétudes par rapport au budget qui nous a été annoncé. Mais par la suite, l’Etat a fait de gros efforts pour nous aider dans la réalisation de toutes les infrastructures qui sont aujourd’hui à Tahoua. C’est pourquoi, nous tenons à remercier le gouvernement pour tous les efforts qui ont été faits pour nous aider à réaliser les infrastructures programmées. Et contrairement à ce qu’ont raconté certains médias, je tiens ici à préciser que nous n’avons eu aucun franc d’aucune banque. Il ne faut pas qu’on trompe les gens. C’est sur la base des contributions du budget national, celles des partenaires extérieurs et grâce à la participation des privés nigériens que nous avons fait toutes ces réalisations. Mais alors, là, je le précise encore, aucune banque ne nous a donné un seul franc.
Au bout de ce parcours, quel est le message que vous aimerez passer aux populations pour que la fête soit belle ?
Etant donné que les populations de Tahoua se sont déjà approprié le programme, je pense qu’il n’y a pas de message particulier à leur adresser pour sortir massivement accueillir les festivaliers qui vont arriver. Je pense que toutes les populations se sont mobilisées depuis que le programme a été annoncé. Je ne doute pas donc de la capacité des autorités locales de Tahoua pour maintenir cette mobilisation. C’est sûr les gens sortiront d’eux-mêmes, parce que c’est leur programme. C’est là l’importance de ce qui s’est passé à Tahoua. Et je tiens à dire que toutes les infrastructures que vous verrez à Tahoua ont leur financement ; je ne tiens pas à laisser des arriérés. Le problème financier ne se posera pas parce que l’argent est déjà prévu pour chaque infrastructure. A la fin de ce programme j’aurai payé tous les entrepreneurs ; il n’y aura pas de problèmes d’arriérés entre nous.
Monsieur le ministre, on parle d’invités de haut niveau à l’occasion de cet événement : pouvez-vous nous en parler brièvement ?
Je vais vous dire de qui il s’agit. En fait, nous attendons tous les Présidents du G5 Sahel. Il y a aussi les Présidents du Nigeria et de la Guinée qui ont été tous invités. Le Président Idriss Déby du Tchad, celui de la Mauritanie, le Président du Mali vont aussi venir. Je pense que tous ces Chefs d’Etat invités, sauf contretemps, vont venir. Il y aura aussi le gouverneur de la BCEAO qui va venir lancer les travaux de construction du siège de la BCEAO à Tahoua.
Il y avait des inquiétudes relativement à l’hébergement. Quelles sont les dispositions prises pour lever ces inquiétudes ?
Je puis vous garantir que toutes les dispositions ont été prises. C’est pourquoi nous avons prévu, dans le cadre de ce programme, une cité ministérielle. Et toutes les sociétés que nous avons sollicitées ont construit ces villas qu’on qualifie de ministérielles. Mais tous ces invités de marque pourront y être hébergés parce que ce sont des villas de grand standing. Tous les autres aspects ont aussi été pris en compte. Donc, il n’y a pas d’inquiétude à se faire.
Que représente l’accession du Niger au Conseil de Sécurité des Nations Unies ? La participation du Niger aux activités du Conseil de Sécurité en qualité de membre non-permanent fait de lui un membre de l'organe exécutif de l’Organisation des Nations Unies. Ainsi, il partage avec les autres membres du Conseil la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationale. C’est dire tout le symbole que revêt, pour le Niger, la qualité de membre du Conseil de Sécurité. Cela le distingue sur la scène diplomatique africaine et mondiale et, en même temps, l’investit de lourdes et exaltantes responsabilités.
Il convient de rappeler que depuis son accession à la souveraineté internationale, c’est la deuxième fois que le Niger siège au sein de cette auguste institution après son premier mandat qui remonte en 1980 et 1981. Siéger au Conseil de sécurité est un privilège exceptionnel qu’un tiers des 193 pays membres des Nations Unies (soit 62 pays) n’ont pas encore eu la chance de connaître. C’est aussi une question de responsabilité car cela implique des engagements importants pour les pays concernés, qui se doivent de déployer les moyens nécessaires, matériels et humains, pour répondre aux fortes attentes de la communauté internationale. Ce qui n’est pas négligeable au regard de la préparation et de l’engagement que requièrent les responsabilités de membre du Conseil de Sécurité,
Monsieur le président, un certain nombre de dossiers initiés par la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), défrayent actuellement la chronique. Il s’agit précisément du dossier sur les reversements de la douane et celui relatif à un marché attribué par la CAIMA. Pouvezvous nous éclairer sur le contenu de ces dossiers ?
Je voudrai de prime à bords saluer votre initiative, que je recommande d’ailleurs à tous les professionnels de medias, de venir vers nous pour s’informer sur nos activités, afin de satisfaire le droit du public à une information de qualité. Par rapport au dossier sur les reversements, il s’agit d’une mission tripartite, composée de la HALCIA, de l’Inspection d’Etat et de l’Inspection des finances. Cette mission a été mise en place sur la demande du Président de la République pour remettre l’Etat dans ses droits spoliés dans les domaines fiscal et douanier. Vous avez des personnes qui exercent des activités soumises au paiement d’impôts et taxes. Ces personnes font des déclarations pour payer moins d’impôts et taxes. Avec des experts des services de la Direction Générale des Impôts (DGI) et de l’administration des douanes, nous menons des investigations et effectuons des redressements fiscaux. Nous avons épinglé plusieurs sociétés qui s’adonnent à cette pratique qui tue l’économie de notre pays. Dans le domaine de la douane, on minore le dé douanement des marchandises ou des véhicules. Au lieu par exemple de payer la somme de 3.000.000 F CFA comme frais de douanes, on s’arrange avec la complicité de l’agent des douanes et du transitaire pour payer 800.000 F CFA ou moins. Quand au dossier CAIMA, il est pendant devant le cabinet du juge d’instruction du Pôle économique. La seule précision est qu’il n’y a eu aucune influence de qui que ça soit durant le dé roulement de l’enquête. Il s’agit des faits relayés par une presse de la place, et vu leur gravité, la HALCIA s’est autosaisie conformément à la loi n°2016 44 du 6 décembre 2016.
Entre autres attributions, la HALCIA a pour mission d’engager une lutte sans merci contre la corruption et les infractions assimilées. Peuton avoir une idée sur l’ampleur de vos activités et l’approche privilégiée pour mettre l’Etat du Niger dans ses droits ?
La HALCIA a deux missions : la prévention et la répression. Pour la prévention, notre objectif primordial est d’amener nos concitoyens à changer de comportement visàvis de la corruption. En refusant de corrompre pour obtenir un service dû, on combat la corruption et on peut amener l’autre à s’en dé partir. En dénonçant des cas de corruption aussi, on combat celle-ci. Pour la répression, nous disposons d’une cellule d’investigations animée par des OPJ et APJ, qui agissent conformément aux dispositions du code de procédure pénale.
Pour l’année 2018, nous allons beaucoup plus mener nos actions sur la prévention. Et face à ceux qui continueront à faire la sourde oreille, nous serons implacables. Nous avons les moyens sur le plan juridique
La lutte contre la corruption est une œuvre difficile et de longue haleine qui nécessite une volonté politique forte. Sachant que le Chef de l’Etat en a fait son cheval de bataille, peuton dire que la lutte contre la corruption est en bonne marche au Niger ? Le Chef de l’Etat a prouvé aux Nigériens et à la communauté internationale qu’il tient à éradiquer le fléau de la corruption dans notre pays. Après avoir créé la HALCIA, il l’a dotée de tous les instruments juridiques qui puissent lui permettre de mener à bien sa mission. Nous avons entre autres la loi N°2016 44 du 06 décembre 2016 portant création, missions, attributions, composition, organisation et fonctionnement de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées. L’avènement de cette loi renforce et donne les pouvoirs suivants à la HALCIA : l’auto saisine ; l’accès aux rapports d’inspection ou de contrôle ; les pouvoirs de police judiciaire ; l’identification, la localisation, la mise sous mains de justice des biens provenant de la corruption ; la levée de secret bancaire ; la saisie et mise sous scellés des pièces à conviction ; la transmission directe de rapports au Procureur de la République et l’ouverture d’une information judiciaire ; le fait de requérir l’interdiction de sortie du territoire de tout suspect et le retrait de ses documents de voyage ; l’adoption de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption par le conseil des ministres du 5 janvier 2018. C’est pour vous dire que la lutte contre la corruption est en marche.
Au delà de l’aspect répressif, la HALCIA a également comme mission de mener des actions de prévention. Quelles sont les actions de prévention que vous avez menées depuis la création de cette institution ? Dans le cadre de la prévention, plusieurs actions ont été entreprises concourant à améliorer la connaissance du phénomène de la corruption, à sensibiliser l’opinion publique et les acteurs spécifiques au sein de l’Etat. Ces actions portées par la HALCIA ont trait aux aspects suivants : les enquêtes nationales sur la perception de la corruption ; l’organisation de rencontres sectorielles avec divers acteurs au sein de la communauté nationale ; la conduite de plusieurs études thématiques ; le renforcement des capacités des acteurs, notamment les membres des organes administratifs de lutte contre la corruption, les acteurs judiciaires et les membres des organisations de la société civile , en vue de les amener à mieux prendre en charge le phénomène de la corruption ; l’organisation de caravanes de sensibilisation au niveau de tous les chefslieux des régions et de certains chefslieux de département, sous formes de journées d’information et de sensibilisation ; l’animation de conférences à l’endroit des organisations de jeunesse et des organisations des scolaires et étudiants sur des thématiques liées à la lutte contre la corruption, à l’éthique et au civisme ; l’organisation de conférences à l’endroit des populations sur le fondement religieux de la lutte contre la corruption.
Quelles sont vos appréciations sur le résultat des actions engagées au Niger en matière de lutte contre la corruption avec la création de la HALCIA ? Les résultats sont satisfaisants. La corruption est en régression si on s’en tient à l’indice de perception de la corruption de Transparency International, où notre classement s’est amélioré (de la 137e place qu’on occupait en 2011, le Niger est passé à la 101e place au classement de 2016), et l’espoir d’améliorer davantage ce score est permis. Seulement, comme vous l’avez souligné, la lutte contre la corruption est une œuvre difficile et de longue haleine. Pour gagner ce combat, il faut l’adhésion de tous les citoyens : la société civile, les syndicats, les partis politiques …
‘’ Les efforts déployés et les moyens consentis ont permis de hisser l’ARMP au rang des organes de régulation des marchés publics de référence dans la sous-région’’
Monsieur le Secrétaire Exécutif, presentez nous l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP), son rôle et ses missions ?
Je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez pour vous parler de l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) et aussi pour l’intérêt que vous accordez aux questions liées à la gestion de la commande publique.
L’ARMP est une autorité administrative indépendante, rattachée au Cabinet du Premier Ministre, dotée de deux organes que sont le Conseil National de Régulation (CNR) et le Secrétariat Exécutif (SE).
En ce qui concerne le Conseil National de Régulation, il est l'instance d'orientation et de décision de l'Agence. C’est un organe tripartite et paritaire comprenant des membres représentant l'administration publique (4 représentants), le secteur privé (4 représentants) et la société civile (4 représentants). Le Conseil comprend en son sein le Comité de Règlement des Différends et le Comité Ad' hoc d'arbitrage des litiges.
S’agissant du Secrétariat Exécutif, il est chargé de l’organisation, de l’animation, de la gestion des ressources humaines, matérielles et financières de l’Agence. Il est composé de quatre (4) Directions Techniques et huit (8) Secrétariats Régionaux.
Ceci dit, l’ARMP a pour principale mission d’assurer la régulation, le suivi et l'évaluation des marchés publics et des délégations de service public. A ce titre, elle est chargée de proposer des réformes de la réglementation en matière de marchés publics et des délégations de service public, d'assurer le traitement des plaintes des soumissionnaires et de conduire des audits.
Aussi, elle assure la formation des intervenants du système sur la réglementation et les procédures applicables aux marchés publics et aux délégations de service public ; elle prononce les exclusions temporaires de participation à la commande publique et contribue à l'information des intervenants.
Récemment, votre institution a procédé au lancement de son programme de formation au titre de l’année 2022. Quelles en sont les activités phares ?
Effectivement, l’ARMP a procédé au lancement officiel de ses activités de formation au titre de l’année 2022, le 02 février dernier à Dosso, sur la thématique de la gestion de la chaîne des dépenses budgétaires. Les magistrats du pôle judiciaire spécialisé en matière économique et financière ont constitué le groupe cible.
Il est important de rappeler que la formation est l’un des piliers principaux de notre mission et une grande part du budget lui est consacrée. Chaque année, nous organisons des sessions de formation au profit des acteurs intervenant dans le processus de passation et d’exécution des marchés publics. Cette année tout comme les années antérieures, nous allons poursuivre et intensifier les formations afin de renforcer les compétences des acteurs du système. Une place de choix sera réservée au secteur privé et à la société civile compte tenu du rôle important qu’ils jouent dans la bonne marche du système de la commande publique.
Hormis les activités courantes de formation et d’information, d’audit annuel des marchés publics, de traitement des litiges, l’ARMP a inscrit une activité phare dans son plan d’actions 2022, la conduite de l’évaluation du système national des marchés publics, sous le leadership du gouvernement.
Le non-respect des règles en matière de dépense publique et les cas de non-conformité à la règlementation sont-ils des problèmes auxquels vous êtes confrontés dans le cadre de la régulation des marchés publics ?
Evidemment, comme tous les organes de régulation, l’ARMP n’est pas épargnée des difficultés liées au manquement à la règlementation en la matière. La réglementation des marchés publics étant une dynamique, il est plausible de constater des défaillances nées souvent de la méconnaissance des textes.
Les cas de non-conformité sont relevés régulièrement à l’occasion des recours, des enquêtes, des conciliations ou des missions d’audit annuel commandé en vue d’apprécier le niveau du respect de la réglementation en matière de marchés publics au Niger.
Et à chaque fois, des mesures correctives sont prises à travers les décisions du Comité de Règlement des Différends, les rapports d’enquête et les suivis des recommandations des audits.
Le renforcement des capacités que j’évoquais tantôt permet de prévenir ces insuffisances et d’influer positivement sur la performance du système. Pour cela, l’ARMP initie également des sessions de formation sur des thématiques spécifiques au profit des acteurs du système des marchés publics.
Il est admis en effet, qu’une bonne formation des acteurs contribuerait significativement à pallier les imperfections constatées.
Il y a lieu de rappeler ici que l’ARMP veille au respect des principes de la commande publique à savoir l’économie et l'efficacité du processus d’acquisition ; le libre accès à la commande publique ; l'égalité de traitement des candidats ; la reconnaissance mutuelle ; la transparence des procédures à travers la rationalité, la modernité et la traçabilité. Ces principes ont pour objectif de rendre efficace le système national des marchés publics.
Chaque structure introduit régulièrement des réformes pour la bonne marche de ses activités. Au niveau de l’ARMP, quelles sont les innovations emblématiques ?
S’agissant des réformes, il est important de signaler que l’ARMP produit constamment des textes innovants afin de répondre aux exigences du moment. On peut citer, à titre illustratif, l’élaboration des guides et brochures et des documents types afin de faciliter à tous les acteurs, l’appropriation des dispositions règlementaires sur les marchés publics. Il est à relever aussi l’adoption récente du texte portant canevas des caractéristiques et spécifications techniques pour la passation des marchés de fourniture de matériels roulants et un autre texte relatif au matériel informatique.
Dans ce même cadre, il convient de mentionner également l’adoption de l’arrêté fixant les modalités de recours à l'accord-cadre dans les marchés publics et les délégations de service public ; celui portant archivage des documents relatifs à la passation et l’exécution des marchés publics et des délégations de service public et un autre portant approbation du Manuel de procédures adapté aux marchés des Etablissements Publics, Sociétés d'Etat, Sociétés d'Economie mixte et Sociétés à participation financière publique majoritaire.
Aussi, pour faciliter l’accès de l’usager au service public que délivre l’ARMP, des antennes ont été créées dans toutes les régions. Les bâtiments devant abriter les sièges de ces antennes sont totalement achevés et inaugurés pour certains et bien avancés en construction pour d’autres. Afin d’accroître davantage la proximité avec les acteurs régionaux, des actions sont en cours pour permettre la réalisation de certaines activités de l’Agence par visioconférence. Ce sont là quelques innovations majeures.
Grâce à l’appui constant du Gouvernement, force est de reconnaitre que la réglementation sur les marchés publics au Niger est conforme aux standards internationaux. C’est dire que les efforts déployés et les moyens consentis ont permis de hisser l’ARMP au rang des organes de régulation des marchés publics de référence dans la sous-région.
C’est assurément une fierté pour notre pays et cela nous donne, à juste titre, des raisons d’espérer quant au renforcement de la performance de notre système de la commande publique.
Quelle place occupe la communication dans vos activités ?
La communication est aujourd’hui un outil incontournable pour toute gestion de type moderne et l’ARMP ne l’a pas occulté. Ainsi, nous disposons de plusieurs canaux de communication appropriés à la nature de nos activités notamment d’un site web, d’une revue spécialisée des marchés publics qui paraît chaque semaine et très bientôt un numéro vert sera opérationnel donnant ainsi la possibilité de faire une dénonciation anonyme pour toutes les violations constatées dans le déroulement de la passation des marchés publics.
Notons que dans le cadre des campagnes de communication, un sketch publicitaire sur les recours dans le domaine des marchés publics a été réalisé et diffusé à travers plusieurs médias à large diffusion.
S’agissant de la visibilité de nos activités, il faut noter que l’ARMP dispose d’une stratégie de communication assortie d’un plan d’actions. Nous disposons également d’une charte graphique.
La grande innovation, c’est la dotation prochaine des secrétariats régionaux de l’ARMP en kit de visioconférence afin de permettre aux parties prenantes de participer directement aux sessions consacrées au traitement des litiges en marchés publics, à partir de leurs régions respectives. A travers ce dispositif de télétravail, c’est véritablement une nouvelle ère qui s’ouvre dans la relation de proximité entre l’ARMP et l’ensemble des acteurs de la commande publique.
« La France ne tient sa position de puissance mondiale que par la domination et l’influence qu’elle exerce sur nos pays qui lui permet un accès gratuit à nos ressources naturelles »
Le 1er septembre dernier vous avez organisé un sit-in au niveau du rond-point Escadrille, qui, il faut le rappeler, a drainé une foule importante. Parlez-nous de vos stratégies mises en place à cet effet ?
La lutte pour notre souveraineté, notre liberté et notre dignité a une portée nationale et doit par conséquent impliquer toutes les forces vives de la nation. C’est pourquoi, nous avons opté pour une approche inclusive et participative de toutes les différentes composantes de notre nation. De ce fait, le Cadre Unique d’Actions des Forces Vives du Changement – CUAFVC regroupe en son sein des leaders religieux, politiques, scolaires, de la société civile et des opérateurs économiques. Ainsi, lors de nos différents appels à manifestation, nous privilégions particulièrement une stratégie de proximité consistant à ce que chaque leader membre du cadre s’adresse particulièrement à une catégorie de citoyens chez qui il jouit d’une certaine notoriété.
Mais au-delà de toute considération, il est important de reconnaître que les événements du 26 juillet 2023 ont favorisé un élan patriotique au sein des populations qui nous facilite largement la mobilisation. En effet, l’avènement du CNSP au pouvoir est un ouf de soulagement pour l’écrasante majorité des Nigériens en témoigne les manifestations spontanées de soutien partout au Niger.
Votre cadre ne faiblit point en organisant des manifestations populaires par ci par là. Vous comptez appeler les populations à un sit-in géant le vendredi 15 juin. Comment se déroule les préparatifs pour ce grand rassemblement ?
La France, l’ennemi de notre souveraineté, de notre liberté et de notre dignité mène en ce moment et sur nos terres une lutte de survie. Aujourd’hui, ce n’est un secret pour personne que la France ne tient sa position de puissance mondiale que par la domination et l’influence qu’elle exerce sur nos pays qui lui permet un accès gratuit à nos ressources naturelles dont la plus stratégique est l’uranium. Et au vu de l’activisme des autorités françaises qui ont mis en contribution leurs réseaux d’influence pour punir le peuple nigérien à travers des sanctions illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et certaines organisations internationales, nous pouvons sans risque de nous tromper affirmer que la France cherche l’affrontement vaille que vaille. Nous à notre niveau, nous cherchons un règlement à l’amiable. Notre conviction est qu’à l’étape actuelle de notre lutte nous devons faire preuve davantage de détermination et de courage. C’est pourquoi, nous allons continuer à mobiliser les patriotes jusqu’au départ définitif de l’armée française du Niger mais même au-delà puisque la lutte pour notre souveraineté est un chantier majeur qui s’inscrit dans la durée.
Nous voudrions bien connaître cette structure qui est le Cadre Unique d’Action des Forces Vives du Changement (CUAFVC), présentez-nous cette organisation et dévoilez nous ses missions?
Le CUAFVC est né dans le but de créer une synergie d’action des Forces Vives du Changement qui luttent pour la souveraineté et le bien-être de notre peuple. Le cadre est en cours de formalisation et se structure autour des cinq organes suivants : La Conférence des leaders qui est l’organe suprême qui élabore et met en œuvre les plans stratégique et opérationnel. Elle regroupe tous les leaders des différents mouvements et organisations membres du cadre. Le Conseil d’orientation qui est le principal organe de conseil qui vient en appui à la conférence des leaders et des autres organes. Il regroupe en son sein des experts chevronnés sur les questions de souveraineté. Les Commissions techniques forment la cheville ouvrière du cadre dans l’exécution des plans d’actions ; les Organes de relais régionaux sont la continuité et représentent le cadre au niveau régional. Sans oublier le Think Tank qui a pour objectif de produire de l’intelligence stratégique afin d’éclairer nos décideurs publics et privés sur les questions d’intérêt géostratégique pour notre pays et notre région. Des savants reconnus par leurs pairs seront mis en contribution. Les impérialistes font de la réflexion stratégique et produisent de l’intelligence et donc ils ont une capacité d’anticipation et de l’avance sur nous. Pour preuve, déjà en ce moment ils sont en train de préparer les élites qui gouverneront nos pays dans les décennies à venir. Tous nos jeunes talentueux, les plus brillants sont cooptés et sont liés à ces chancelleries occidentales. Pendant longtemps, nous avons péché dans ce domaine, maintenant il urge de corriger cela.
On voit que toutes ces manifestations drainent un nombre important de citoyens, comment expliquez-vous cet engouement pour exiger le départ des troupes françaises au Niger ?
Devant la menace existentielle relative à la montée en puissance du terrorisme à laquelle les pays sahéliens, notamment le Burkina, le Mali et le Niger, font face depuis plus d’une décennie et qui a entraîné le déploiement sans précédent des forces armées étrangères dans la zone, les opinions publiques réclament davantage d’autonomie stratégique pour leur pays. Il vous souviendra qu’en mars 2011, dans le contexte des contestations populaires appelées « Printemps arabe », une coalition militaire emmenée par les USA, la France et le Royaume-Uni lança une offensive militaire en Libye qui a eu pour conséquence la mort du guide libyen Mouammar Kadhafi et la chute de son régime. Cette situation a entraîné par la suite l’effondrement de l’État libyen qui, à son tour, a occasionné, avec la libre circulation des armes de tout genre, l’accroissement exponentiel des menaces terroristes, insurrectionnelles et la criminalité transfrontalière au Sahel, particulièrement au Mali, au Burkina et au Niger.
Ces pays, n’étant pas préparés pour faire face à ces nouvelles menaces, ont appelé la communauté internationale à l’aide. C’est ainsi que la France est intervenue militairement d’abord au Mali avec la mission Serval qui a eu le mérite de stopper la marche des djihadistes sur Bamako. Depuis lors, la France y a maintenu une présence militaire très forte et l’a étendue au Niger et au Burkina. Les Nations Unies aussi ne sont pas en reste, elles ont déployé une mission de maintien de la paix dénommée MINUSMA qui s’est investie à travers des programmes de Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS). De plus, d’autres partenaires extérieurs non des moindres, notamment les USA, ont installé des bases militaires dans la zone, particulièrement au Niger. Cependant, malgré la présence militaire très forte des partenaires extérieurs occidentaux en général, la crise sécuritaire, qui au départ était localisée sur une portion du territoire malien, s’est aggravée en se métastasant, affectant ainsi leur voisinage immédiat. Avec la présence militaire de ces partenaires, le Burkina, le Mali et le Niger, ont perdu davantage leur capacité souveraine de prendre des initiatives pour ramener la paix, en témoigne le refus catégorique des autorités françaises lorsqu’il s’est agi pour les autorités en place à l’époque au Mali, de négocier avec certains groupes djihadistes. C’est pourquoi, de plus en plus les opinions publiques sahéliennes sont favorables au départ des troupes étrangères et au renforcement de l’autonomie stratégique de leur pays.
Nous avons vu la diaspora, les leaders religieux, les acteurs de la société civile adhérer tous à ce changement, dites-nous comment arrivez-vous à coordonner tout cela ?
Nous nous battons pour une bonne cause au bon moment. Et tous les Nigériens et au-delà tous les patriotes africains sont conscients des enjeux de cette lutte pour la souveraineté pleine et entière de notre peuple. S’agissant de la coordination de nos différents rassemblements, nous avons opté pour un leadership collectif qui place chacun de nous devant ses responsabilités.
Quel est le message fort que vous avez à l’endroit des nouvelles autorités pour mener à bien la transition ?
Nous les appelons à se concentrer prioritairement sur la construction de notre souveraineté et la bonne gouvernance. Cependant, pour que la souveraineté de notre peuple soit durable, il va falloir aller vers une fédération avec d’autres pays frères. Pour nous donc, le chantier majeur le plus stratégique c’est la création d’un Etat fédéral réunissant au départ le Burkina, la Guinée, le Mali et le Niger. C’est pourquoi, nous appelons les autorités des transitions du Burkina, du Ghana, du Mali et du Niger à se concentrer prioritairement sur la création d’un Etat fédéral et à entreprendre de toute urgence les chantiers majeurs et actions prioritaires notamment la création d’une armée fédérale constituée des membres des armées des États cités plus haut ; la création d’une monnaie commune ; la refonte ou réforme du système éducatif ; le développement des réseaux ferroviaires, routiers et d’une compagnie aérienne commune ; la communication et la sensibilisation des masses populaires sur la défense des intérêts supérieurs de nos États et sur les enjeux géopolitiques mondiaux.
La population est acquise à cette cause depuis le 26 juillet dernier, quel appel avez-vous à lancer pour maintenir cette mobilisation et cette pression jusqu’à la conquête d’une souveraineté nationale totale ?
Le temps est venu pour notre pays de se libérer définitivement du néocolonialisme français. Dieu tout puissant nous offre, aujourd’hui, une occasion exceptionnelle de retrouver notre souveraineté, notre liberté et notre dignité. Jamais nous n’avons été si proches de la victoire. En effet, les contextes national, régional et international nous sont exceptionnellement favorables. Sur le plan national, nous avons la chance d’avoir à la tête de notre pays des patriotes, des courageux et braves. Aussi, la gravité de la situation actuelle de notre pays a eu le mérite de nous unir. Et, lorsque notre peuple est uni nous sommes plus forts. C’est un atout majeur. Sur le plan régional également le Burkina, la Guinée et le Mali ont entamé le processus de libération définitive du joug du néocolonialisme français. Les patriotes aux commandes de ces Etats frères nous ont témoigné de leur solidarité agissante. Et le communiqué conjoint des gouvernements du Burkina et du Mali annonçant que « toute intervention militaire au Niger sera considérée comme une déclaration de guerre à leur encontre » illustre parfaitement cette solidarité. Sur le plan international, l’ordre mondial dominé par le camp occidental est en cours de mutation et tout indique qu’on va vers un monde multipolaire plus juste.
« Nous demandons à tous les Nigériens de s’approprier ces installations surtout le pipeline qui traverse 5 régions de notre territoire sur plus de 1200 km »
Le lancement de la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem est un moment historique pour le Niger qui sera désormais inscrit parmi les pays exportateurs du pétrole brut. Elle permettra à notre pays le Niger l’ouverture d’opportunités pour la création d’emploi à la jeunesse à travers des pôles d’activités économiques. Pour les communautés locales, la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem aura certainement des impacts comme la connexion en énergie électrique pour développer les activités socio-économiques ; la construction des centres de santé ; l’approvisionnement en eau potable ; la construction des classes en matériaux définitifs. Dans cette interview, le directeur général des Hydrocarbures revient sur la portée historique de cet événement majeur ainsi que ses répercussions sur le plan économique et social.
Monsieur le directeur général, dans quelques instants les autorités nigériennes vont lancer officiellement la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem, quelle signification revêt cet événement pour notre pays ?
En effet, je suis très fier de me tenir devant ce complexe gigantesque en compagnie des équipes avec lesquelles nous avons travaillé d’arrache-pied pendant trois (3) ans sinon plus, en collaboration avec nos partenaires de la CNPCNP pour faire naitre ce projet. C’est un projet gigantesque en ce sens qu’il est d’ailleurs le plus grand projet que nous réalisons au Niger. C’est un investissement de plus de six (6) milliards de dollars qui a généré des milliers d’emplois, d’où son impact sur le plan économique. C’est dire que l’événement est historique et je suis content que les autorités nigériennes puissent effectuer le déplacement de Koulélé pour l’inauguration officielle de la mise en production de la phase II du bloc d’Agadem, qui va désormais lancer notre pays sur une nouvelle aventure pétrolière. Le projet du boc d’Agadem a deux composantes majeures : la composante amont a consisté à forer et développer les différents puits qui vont assurer la production, réaliser les installations de surface et de production et la deuxième composante qu’est le pipeline dont le rôle principal est de transporter les quantités produites du pétrole brut d’Agadem au port de Semé (Benin). Ces deux travaux ont généré plus de 10.000 emplois (9.000 emplois sur la partie amont et 2.500 emplois sur la partie pipeline). Plus de 400 sociétés locales qui ont eu des contrats de sous-traitance pour un volume cumulé de plus de 700 millions de dollars.
La production du pétrole brut obéit à un processus de traitement pour s’assurer de la qualité du produit final, est-ce que toutes les étapes du processus sont scrupuleusement respectées afin que le pétrole brut nigérien soit compétitif sur le marché international ?
De 2008 à nos jours, le Niger a beaucoup appris de l’exploitation pétrolière. L’administration en charge du pétrole que nous représentons a beaucoup œuvré main dans la main avec nos partenaires pour que la qualité de la production et la qualité du produit soient assurées. Aujourd’hui, on peut dire sans hésitation au peuple nigérien que nous sommes en mesure de certifier que toutes les opérations réalisées sur les sites d’Agadem concourent à la préservation des intérêts de l’Etat du Niger. Nous donnons cette assurance parce que nous travaillons étroitement avec nos partenaires pour la qualité du travail accompli. Nous avons en permanence des agents sur le terrain, que ça soit en phase de construction ou en phase d’exploitation. A titre illustratif, sur le site de la station CPF de Koulélé, nous aurons en permanence sept (7) agents de l’Etat sur différents points stratégiques qui vont assurer les contrôles essentiels. Des inspecteurs pétroliers ont été formés par l’Etat. Ces inspecteurs ont été certifiés au plan international avec toutes les compétences pour superviser le processus de bout en bout. Actuellement, nous avons des opérations de métrologie qui sont en cours par l’Agence Nationale de Normalisation, de la Métrologie et de la Certification. Ce sont eux qui vont donner le quitus pour dire que les compteurs qui vont déterminer les quantités qui passent pour la commercialisation donnent les valeurs exactes. L’agence en a les compétences nécessaires pour la réalisation de travail. C’est dire que l’Etat sera le garant de toutes les opérations qui se font au niveau d’Agadem.
Sur les différents sites du bloc d’Agadem, les employés nigériens travaillent aux cotés des expatriés chinois de la société CNPCNP, quelles sont les dispositions qui ont été prises pour protéger l’emploi des Nigériens et améliorer leurs conditions de vie et de travail sur le terrain ?
Dans le cadre de la protection et de l’amélioration des conditions de vie des travailleurs sur les sites du bloc d’Agadem, plusieurs réformes ont été engagées depuis deux (2) ans. Vous pouvez d’ailleurs discuter avec les différents travailleurs de la CNPCNP pour en savoir plus. Nous sommes en train de travailler sur le transfert de compétences qui passe par la promotion des Nigériens. Ceux-ci ont de plus en plus des qualifications précises pour la protection de leur emploi. Il y’a des Nigériens dans cette phase II de la mise en production du bloc d’Agadem, qui vont être des superviseurs de site ; des supers intendants ; des responsables sur différents sites. Ce sont des discussions fermes que nous avons eu avec nos partenaires et nous avons pu obtenir cette implication des Nigériens. En ce qui concerne le coté recrutement, nous avons beaucoup amélioré le recrutement des Nigériens. A ce niveau, la plupart des opérateurs seront locaux et d’ici un (1) an, l’ensemble des opérateurs vont être Nigériens. Voilà entre autres des résultats tangibles auxquels nous sommes parvenus.
Comment se porte aujourd’hui le partenariat entre le Niger et la Chine par rapport à l’exploitation pétrolière ?
Ce partenariat est excellent. Aujourd’hui, la Chine est un partenaire privilégié pour le Niger dans le domaine de l’économie en général et dans le secteur pétrolier en particulier. La mise en production de la phase II vient consolider la phase I qui a démarré en 2011. Elle vient renforcer la position du Niger sur l’échiquier pétrolier international. Je tiens à dire que cette production qui passe à 110.000 barils par jour garantit à notre pays un niveau qui va au-delà de certains pays qui sont membres de l’Organisation des Pays Exportateurs du Pétrole (OPEP). Il faut que cela soit compris par les Nigériens. C’est un grand pas que nous faisons et nous avons d’autres projets qui seront développés avec notre partenaire chinois. Nous sommes confiants sur le fait que cette aventure ne fait que démarrer.
Lorsque le pétrole brut nigérien sera acheminé à travers le pipeline export jusqu’au port de Semé au Bénin, comment va s’effectuer la commercialisation ?
Je tiens à apporter cette nuance pour que les Nigériens comprennent le rôle de chacun. Nous sommes partenaires avec la CNPCNP avec laquelle nous travaillons sur ce projet. Mais c’est le Niger qui est producteur et qui a la propriété du pétrole brut. En effet, la société WAPCO à qui, l’Etat a confié à travers une autorisation de transport intérieur, la charge de construire et d’exploiter le pipeline n’est qu’un transporteur. Lorsque nous produisons, la société WAPCO va juste se charger de prendre le pétrole brut à partir de la station initiale de Koulélé pour l’amener à Semé au Bénin. Le travail de cette société est terminé à partir du port. C’est le Niger qui, étant producteur, va se charger de la gestion de la commercialisation du pétrole brut. A cet effet, il y a lieu de préciser que tous les mécanismes juridiques sont en train d’être gérés entre les trois parties. L’Etat du Niger connait ses quantités. Sur une production totale de 100.000 barils, nous avons les différentes taxes qui sont prélevées ; la part de notre participation dans le consortium. Ses quantités sont très bien connues et déterminées. Bref, tout le mécanisme de commercialisation est en train d’être déployé pour que l’Etat puisse tirer le maximum de bénéfice de cette commercialisation.
Quel message avez-vous à lancer à l’endroit de la population nigérienne à cette étape qui vient d’être franchie dans le domaine pétrolier ?
Le premier message adressé aux populations nigériennes, c’est d’être fières que nous puissions arriver à cette étape extrêmement importante dans l’histoire de l’exploitation pétrolière au Niger en dépit de toutes les contraintes auxquelles notre pays est exposé, particulièrement en cette période. Nous tenons par ailleurs à assurer les populations du Niger que toutes les dispositions sont prises par les autorités pour que cette ressource puisse profiter au maximum des Nigériens. C’est pourquoi, nous demandons à tous les Nigériens de s’approprier ces installations surtout le pipeline qui traverse notre territoire sur cinq (5) régions sur plus de 1200 km.
La Haute Autorité de lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA) est un organe permanent de lutte contre la corruption et les infractions assimilées créé par la loi n°2016-44 du 06 décembre 2016. Elle a pour mission la prévention et la répression des actes de corruption et infractions assimilées au Niger. Au titre de la prévention, la mission de la HALCIA consiste à travers des actions de formation, d’information et de sensibilisation, à promouvoir au sein des différents segments de l’Etat des comportements favorables à la lutte contre la corruption. Au plan de la répression, la HALCIA a pour mission de mener des investigations sur tous les faits de corruption et d’infractions assimilées sur l’ensemble du territoire national.
La HALCIA est de plus en plus sollicitée ces derniers temps dans le cadre de la lutte contre la corruption, les tricheries aux examens ainsi que d’autres infractions assimilées, que pouvez-vous dire à ce sujet ?
En effet, la HALCIA est de plus en plus dans la supervision des examens, concours et tests de recrutement. La HALCIA avait déjà mis en place par décision n°006 du 02 Juin 2021, un Comité de supervision des examens et concours qui est chargé d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie de supervision des examens et concours. En outre, les instructions données par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement aux différents responsables administratifs de l’Etat pour l’implication entière de la HALCA dans tout le processus d’organisation et de gestion des tests et concours de recrutement ont permis à la HALCIA de participer à la supervision de près d’une quarantaine de concours. Cette intervention a contribué à renforcer la crédibilité de ces opérations. Les constats faits lors du déroulement des tests et concours de recrutement varient d’un test à un autre. En termes d’infractions assimilées, de manière générale, les plus récurrentes par rapport aux concours et test de recrutement sont la fraude par voie électronique (l’utilisation du téléphone portable en salle) ; l’utilisation de documents non autorisés ; la tricherie sur des candidats ; la mauvaise gestion des fonds générés et/ou alloués pour l’organisation des concours.
{xtypo_quote}«La lenteur encore moins l’aboutissement des dossiers ne dépendent pas de la HALCIA mais de la justice (…) Après les investigations, la HALCIA transmet ses rapports au Procureur de la République»{/xtypo_quote}
Quels sont les dossiers les plus importants que la HALCIA a eu à gérer, ainsi que ceux qui sont actuellement en cours ?
Depuis sa création, la HALCIA a mené plusieurs actions d’investigation que nous ne pouvons citer ici et tous ces dossiers sont importants. Entre autres dossiers, la HALCIA a mené des opérations de contrôle des recettes fiscales, non fiscales et douanières ainsi que dans différents secteurs de l’administration centrale et déconcentrée. Cela a contribué à la mobilisation des ressources internes par des opérations de contrôle. Le contrôle a révélé plusieurs irrégularités. Des remboursements au profit de l’Etat ont été effectués et des pièces justificatives fournies. Ainsi, les différents rapports établis par nos services font ressortir d’importants manquements constitutifs d’infractions telles que le détournement de deniers publics ; l’abus de confiance ; le faux en écriture publique. La HALCIA est actuellement engagée sur plusieurs dossiers sans compter la supervision des concours et tests de recrutement et la gestion quotidienne des plaintes et dénonciations.
Le Président de la République Mohamed Bazoum a annoncé, le vendredi 17 décembre 2021, lors du message à la Nation, avoir donné plein pouvoir à la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), que vous dirigez. Que représente, pour vous, cette marque de confiance du premier magistrat du Niger ?
Nous remercions le Président de la République, Chef de l’Etat S.E.M Mohamed Bazoum pour la confiance qu’il a placée en nous. Cette marque de confiance traduit tout son engagement à lutter efficacement contre la corruption et les infractions assimilées au Niger.
Dans la matérialisation de cet engagement politique, la HALCIA fait partie des premières institutions à avoir été reçue par le Président de la République. A cette occasion des orientations claires ont été données par le Chef de l’Etat pour renforcer l’élan de lutte contre la corruption, en particulier la répression des faits et actes de corruption ainsi que dans le domaine de la prévention. D’ores et déjà, des réformes sont en vue. Pour cela, la révision de la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption s’impose, pour la mettre en conformité avec les nouvelles orientations du Gouvernement ainsi que sa dotation en moyens conséquents en plus de la poursuite de sa vulgarisation à tous les niveaux. Mais la lutte contre la corruption ne peut se faire sans moyens, c’est pourquoi nous saluons l’engagement pris par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement lors de la célébration de la Journée Internationale de Lutte contre la Corruption, celui de réactualiser la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption (SNLC). La lutte contre la corruption est une affaire de tous, pour cela, je demande le soutien de tous les citoyens pour un combat sans merci contre ce fléau qui entrave le développement économique et social de notre pays.
Depuis le 23 juillet 2021, vous avez été nommé, par Décret, du Président de la République, Président de la HALCIA. Quelles sont vos ambitions et perspectives pour mieux lutter contre la corruption au Niger ?
Mon ambition est de continuer la lutte que mes prédécesseurs ont engagée, en mettant l’accent sur les actes de corruption, en transmettant les résultats des enquêtes au Procureur du Tribunal de Grande Instance de Niamey et en renforçant la prévention des actes de corruption. Je préfère être jugé à l’œuvre.
Quand on parle de lutte contre la corruption, les gens ne voient que la répression. Quelles sont les actions que mènent la HALCIA dans le cadre de la lutte contre ce fléau ?
La lutte contre la corruption ne se résume pas à la répression. La HALCIA a une mission qui renferme non seulement le volet investigation, mais également un volet prévention par des actions de formation, d’information et de communication. Ces actions sont mises en œuvre en relation avec l’ensemble des structures à savoir l’administration publique, les organisations de la société civile, le secteur privé et les médias.
Depuis l’adoption de la Stratégie nationale de lutte contre la corruption, qu’est-ce qui a changé dans vos procédures de travail ?
Il faut d’abord souligner que la mise en œuvre de la stratégie a permis à la HALCIA de faire un audit sur son fonctionnement, ce qui a permis de relever des insuffisances. Les résultats ont permis à la HALCIA de disposer désormais d’un manuel de procédures administrative, financière et comptable, d’un manuel des procédures de réception, d’analyse, de traitement, de contrôle et du suivi des plaintes et dénonciations ainsi que d’un guide de référence de rédaction des rapports d’investigations.
La mise en œuvre de la SNLC a également permis à la HALCIA de renforcer ses ressources humaines par des mises à disposition. Des séances de renforcement de compétences sont également organisées par la HALCIA pour rendre son personnel plus performant dans ses investigations, ainsi des formations sur des thématiques ciblées ont eu lieu sur le contenu pénal de la corruption et des infractions assimilées, sur la passation de marché, sur les infractions fiscales et douanières, sur la fiscalité liée au dédouanement de marchandises etc.
En 2021, la HALCIA s’est impliquée dans le recouvrement de certains fonds qui reviennent à l’Etat mais qui ne sont pas versés par les acteurs concernés. Pouvez-vous expliquer à nos lecteurs, de quoi il s’agit et quels sont les principaux résultats réalisés dans ce domaine ?
La HALCIA a engagé avec l’appui de l’UE des actions de contrôle sur les opérations de mobilisation des ressources de l’Etat et d’investigations sur des infractions économiques et financières. Ces opérations sont les recettes non fiscales au niveau de 17 ministères, les recettes fiscales au niveau des recettes des impôts de Niamey, les opérations douanières, le contrôle des dépenses des structures déconcentrées des ministères de la Santé, de l’Hydraulique, de l’Intérieur, de l’Environnement et de l’Agriculture et enfin le contrôle des réalisations physiques des structures déconcentrées des ministères de la Santé, de l’Hydraulique, de l’Intérieur, de l’Environnement et de l’Agriculture.
A l’issue de toutes ces opérations, les constats ont relevé que des recettes sont engrangées mais dépensées en dehors des procédures légales. Les remboursements sont en cours pour rétablir l’Etat dans ses droits. En effet, plus de 234 milliards de francs CFA de droits n’ont pas été versés à l’État par des personnes physiques ou morales. Sur l’ensemble de ces opérations de contrôle, c’est un montant de plus de 11 milliards de FCFA qui a été recouvré par l’Etat avec l’appui de la HALCIA.
Malgré ces efforts, les citoyens et l’opinion, en général, s’impatientent de voir de ‘‘gros dossiers aboutir’’. Quelle explication pouvez-vous donner à cette relative lenteur dans le traitement des cas de corruption que vous avez établis?
Nous comprenons les sentiments légitimes des citoyens, mais la lenteur encore moins l’aboutissement de gros dossiers comme vous le dites ne dépendent pas de la HALCIA mais de la justice. C’est pourquoi à mon avis il est important pour les citoyens de connaitre les misions de la HALCIA qui sont la prévention et la répression des actes de corruption. Le traitement des cas de corruption relèvent de la justice. Après les investigations, la HALCIA transmet ses rapports au Procureur de la République et la loi fait obligation aux autorités judiciaires d’ouvrir une information devant un dossier de corruption traité par la HALCIA. Autrement dit le Procureur de la République ne peut juridiquement classer sans suite un dossier relatif aux infractions économiques et financières traité par la HALCIA.
M. le Président, quelles sont les missions dévolues au Conseil régional d’Agadez ?
Les missions dévolues aux collectivités territoriales en général et à la région d’Agadez en particulier découlent des dispositions de l’article 5 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en ces termes : ‘‘la commune et la région règlent par délibération les affaires relevant de leurs compétences’’. ‘‘Elles ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional. Elles concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, social et culturel ainsi qu’à la protection de l’environnement, à la mise en valeur des ressources naturelles et à l’amélioration du cadre de vie’’. Toutefois, ‘‘les collectivités territoriales exercent leurs compétences sous le contrôle de l’Etat, dans le respect des lois et règlements en vigueur ». En outre, elles « exercent leurs compétences dans le respect des sujétions imposées pour les besoins de la défense nationale’’. A cet égard, ‘‘l’Etat dispose, en tant que de besoin, des services des communes et régions, de leurs groupements et de leurs établissements publics’’. Par ailleurs, dans l’exercice de ces missions, ‘‘les actes pris par les autorités des collectivités territoriales sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif’’ d’une part et ‘‘sont susceptibles d’engager la responsabilité de la collectivité’’, d’autre part. L’article 104 du CGCT, consacré aux compétences générales de la région collectivité territoriale, dispose que «le Conseil régional règle par ses délibérations les affaires de la région, dans le respect des compétences des autres collectivités territoriales. A cet effet, il prend les mesures nécessaires pour promouvoir le développement économique, social, éducatif, sanitaire, scientifique, culturel et sportif de la région. Il peut, en outre, faire des propositions et émettre des avis sur toutes les questions d’intérêt régional relevant de la compétence de l’Etat ou de toute autre personne morale de droit public».
Parlez-nous du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales. Est-ce que tout se passe bien ?
En effet, c’est le Décret N°2016-075 /PRN/ MISP/D/ACR/ MEP/A/PLN/EC /MH/A/ MESU/DD/ MSP/ ME/F/ MEP/T/ MFP/RA, du 26 Janvier 2016, qui a précisé le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement. Disons-le directement, même si l’Etat fait des gros efforts pour nous accompagner, nous faisons face à de nombreuses contraintes liées au fonctionnement des Conseils Régionaux.
« Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population »
Quelles sont ces contraintes pour le Conseil régional d’Agadez ?
Pour celui d’Agadez, ces contraintes sont, entre autres: l’insuffisance des ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; les insuffisances liées au transfert de compétences et des ressources ; l’irrégularité dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale ; le faible niveau de mobilisation des ressources internes et externes par le Conseil Régional ; la faible rétrocession par l’Etat de certains impôts et taxes dus au Conseil Régional ; l’accaparement de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par les représentants de l’Etat et leurs démembrements tant au niveau national que régional et local ; la non prise en compte voire l’exclusion du Conseil Régional des procédures de signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) est un sérieux handicap pour nous; l’irrégularité de la tenue des sessions et des réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; l’inexistence d’un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation du plan et programmes du Conseil régional ; faible mise en œuvre du plan de communication du Conseil Régional ; les difficultés dans la coordination des interventions des partenaires techniques et financiers; l’insuffisance dans la maitrise par le personnel et les élus du Conseil régional, des compétences et missions à eux dévolues ; insuffisance dans la définition du cahier des charges du personnel ; insuffisance dans la gestion du matériel et de la logistique; insuffisance des ressources pour les divers cadres thématiques de concertation ; faible écoute à tous les niveaux des recommandations émises par le Conseil Régional ; faible consultation du Conseil Régional par les représentants de l’Etat sur les questions touchant à la vie de la région conformément à la loi ; insuffisance du partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées ; l’absence de certains outils de planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF).
La région d’Agadez est réputée être une région minière. Quel est l’apport de ce secteur au développement ?
La région d’Agadez renferme d’énormes potentialités minières et géologiques, dont la mise en valeur rationnelle pourrait constituer un atout important pour le développement durable du Niger en général et de la région en particulier. Les ressources minières sont légion dans la région comme l’uranium, l’or, le charbon minéral, le tungstène, le pétrole, l’étain, le cuivre, le sel, le natron, les pierres et métaux précieux et semi précieux notamment l’émeraude, la tourmaline, le grenat, l’agate, le béryl, la topaze, le vanadium, le wolfram ou wolframite, le zirconium, la barytine, l’améthyste, le colombo-tantalite, le tantale, le marbre, le quartz, etc. La production de l’uranium et du charbon est très forte, plaçant ainsi la région comme un des poumons industriels du Niger. Mais il faut citer comme difficultés liées à ce secteur la non maitrise par l’Etat et les collectivités territoriales du potentiel existant ; la méconnaissance du code minier par les populations; l’absence de transparence dans l’extraction, l’exploitation et l’exploration des sites miniers ; la non-implication des Collectivités dans la délivrance et la gestion des permis miniers ; le non-respect des lois et règlements par l’Etat et ses partenaires du sous-secteur minier ; la faible capacité de la population et des collectivités territoriales à exploiter de façon rationnelle les potentialités existantes ; la faible organisation des artisans miniers ; l’absence d’un laboratoire d’analyse ; l’absence d’un marché structuré national et sous régional ; la réduction des espaces pastoraux due à l’octroi de permis miniers ; la violation des espaces de réserves naturelles par les exploitations minières. Mais malgré tout, nous voulons relever les défis de créer les conditions de la promotion d’un développement économique et social inclusif à l’échelle de la région ; d’avoir une institution décentralisée fonctionnelle et performante; et de créer les conditions d’une meilleure application des dispositions de la décentralisation et de la déconcentration par tous les acteurs. Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population de la région mais aussi l’implication et l’alignement des partenaires dans la mise en œuvre du Plan de Développement Régional PDR.
Quelles sont alors pour vous les pistes de solutions pour gagner le pari du développement ?
Pour gagner ce pari du développement comme vous le dites, il faut que soient respectés les principes de redevabilité, de reddition des comptes, la promotion de la transparence et l’équité; renforcer les capacités du personnel et des élus du Conseil régional sur ses compétences et ses missions ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie régionale de mobilisation des ressources ; élaborer un manuel de procédure de gestion administrative et financière ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication. A notre humble avis, il faut doter l’institution en ressources humaines, matérielles, logistiques suffisantes; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité du transfert de compétences et des ressources; de respecter les échéances dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par le Conseil Régional. Il faut aussi réviser les dispositions de l’arrêté relatif à la signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) pour prendre en compte le Conseil régional dans sa compétence territoriale. Pour être en phase avec les textes, faire en sorte que se tiennent régulièrement les sessions et les réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; élaborer et présenter annuellement la situation socioéconomique de la région aux populations. Il nous faut voir comment concevoir et mettre en œuvre un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation des plans et programmes de la région; définir de façon claire le cahier de charges pour chaque poste de responsabilité du Conseil Régional, conformément au statut du personnel des Collectivités Territoriales ; de créer un mécanisme adéquat de gestion du matériel et de la logistique du Conseil Régional; appuyer les divers cadres thématiques de concertation en ressources humaines, matérielles et financières suffisantes. Développer le partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées. Et voir comment doter la région d’outils de Planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF). Voilà à mon avis quelques pistes de solutions pour parler véritablement de développement sur le plan régional.
Rien de grand ne peut se construire sans sécurité dit-on, qu’en est-il de la région d’Agadez ?
S’agissant de la paix et de la sécurité, elles constituent des préalables nécessaires à toute action de développement, à quelque échelle territoriale que ce soit. L’insécurité et l’absence de paix sont en effet des facteurs limitant toute action de développement.
Dans la région d’Agadez, des efforts remarquables et forts louables ont été fournis, aussi bien par l’Etat, les partenaires, que par les autorités régionales, départementales et locales, en vue de consolider la paix et de renforcer la stabilité sur toute l’étendue du territoire régional. Ces efforts ont été surtout renforcés du fait de la décentralisation qui a permis une responsabilisation des populations à travers la gestion par des élus locaux des entités décentralisées. Toutes les mesures ainsi prises doivent être poursuivies pour renforcer davantage le climat de quiétude sociale dans la région, malgré un environnement sahélo-saharien fortement perturbé.
D’aucuns indexent la migration comme un facteur d’insécurité ! Qu’en pensez-vous ?
Non, peut-être, juste relever que la migration mixte demeure une préoccupation importante dans le schéma de développement de la région. Elle concourt à la création des déséquilibres en matière de gestion et de planification tant des populations que des infrastructures et de l’accès aux services sociaux de base. Si elle a constitué ailleurs une source de progrès, dans le contexte d’Agadez elle génère plus de conséquences qu’elle n’offre d’opportunités. En effet, malgré les appuis de la coopération internationale, notamment de l’Union Européenne et les mesures règlementaires prises par l’Etat, la gestion des conséquences de la migration mixte reste une préoccupation majeure en dépit du caractère résilient de la région. S’agissant du phénomène migratoire, la région d’Agadez est devenue un corridor pour les candidats à la migration, ressortissants des régions ouest africaines et du centre désirant rejoindre l’Europe. A cette migration internationale de transit s’ajoutent diverses formes de migrations dont les plus importantes sont la migration circulaire, la migration interne, la transhumance, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Ceci pose des défis et enjeux à la fois aux administrations en charge de la gestion des flux migratoires et aux populations locales. Ces dernières en particulier sont appelées à partager les infrastructures de base avec les migrants, ce qui occasionne des pressions énormes sur les services et infrastructures dont le rythme de dégradation est accéléré avant le terme raisonnablement prévu. C’est pourquoi, ces mouvements migratoires doivent être largement maîtrisés et bien contrôlés. D’où sa justification dans la formulation de cet axe. Aussi, la question de la consolidation de la paix et la création des meilleures conditions de sécurité sont des défis majeurs dont la région fait face et qui constituent les conditions sine qua none pour l’amorce de tout développement. Compte tenu du contexte géopolitique actuel et des menaces sur la stabilité dans le sahel, la prise en compte de cette préoccupation en lien avec la gouvernance comme premier axe stratégique est justifiée.
M. le Président, quelles sont les missions dévolues au Conseil régional d’Agadez ?
Les missions dévolues aux collectivités territoriales en général et à la région d’Agadez en particulier découlent des dispositions de l’article 5 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) en ces termes : ‘‘la commune et la région règlent par délibération les affaires relevant de leurs compétences’’. ‘‘Elles ont pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional. Elles concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, social et culturel ainsi qu’à la protection de l’environnement, à la mise en valeur des ressources naturelles et à l’amélioration du cadre de vie’’. Toutefois, ‘‘les collectivités territoriales exercent leurs compétences sous le contrôle de l’Etat, dans le respect des lois et règlements en vigueur ». En outre, elles « exercent leurs compétences dans le respect des sujétions imposées pour les besoins de la défense nationale’’. A cet égard, ‘‘l’Etat dispose, en tant que de besoin, des services des communes et régions, de leurs groupements et de leurs établissements publics’’. Par ailleurs, dans l’exercice de ces missions, ‘‘les actes pris par les autorités des collectivités territoriales sont susceptibles de recours pour excès de pouvoir devant le juge administratif’’ d’une part et ‘‘sont susceptibles d’engager la responsabilité de la collectivité’’, d’autre part. L’article 104 du CGCT, consacré aux compétences générales de la région collectivité territoriale, dispose que «le Conseil régional règle par ses délibérations les affaires de la région, dans le respect des compétences des autres collectivités territoriales. A cet effet, il prend les mesures nécessaires pour promouvoir le développement économique, social, éducatif, sanitaire, scientifique, culturel et sportif de la région. Il peut, en outre, faire des propositions et émettre des avis sur toutes les questions d’intérêt régional relevant de la compétence de l’Etat ou de toute autre personne morale de droit public».
Parlez-nous du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales. Est-ce que tout se passe bien ?
En effet, c’est le Décret N°2016-075 /PRN/ MISP/D/ACR/ MEP/A/PLN/EC /MH/A/ MESU/DD/ MSP/ ME/F/ MEP/T/ MFP/RA, du 26 Janvier 2016, qui a précisé le transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux régions collectivités territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement. Disons-le directement, même si l’Etat fait des gros efforts pour nous accompagner, nous faisons face à de nombreuses contraintes liées au fonctionnement des Conseils Régionaux.
Quelles sont ces contraintes pour le Conseil régional d’Agadez ?
Pour celui d’Agadez, ces contraintes sont, entre autres: l’insuffisance des ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; les insuffisances liées au transfert de compétences et des ressources ; l’irrégularité dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale ; le faible niveau de mobilisation des ressources internes et externes par le Conseil Régional ; la faible rétrocession par l’Etat de certains impôts et taxes dus au Conseil Régional ; l’accaparement de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par les représentants de l’Etat et leurs démembrements tant au niveau national que régional et local ; la non prise en compte voire l’exclusion du Conseil Régional des procédures de signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) est un sérieux handicap pour nous; l’irrégularité de la tenue des sessions et des réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; l’inexistence d’un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation du plan et programmes du Conseil régional ; faible mise en œuvre du plan de communication du Conseil Régional ; les difficultés dans la coordination des interventions des partenaires techniques et financiers; l’insuffisance dans la maitrise par le personnel et les élus du Conseil régional, des compétences et missions à eux dévolues ; insuffisance dans la définition du cahier des charges du personnel ; insuffisance dans la gestion du matériel et de la logistique; insuffisance des ressources pour les divers cadres thématiques de concertation ; faible écoute à tous les niveaux des recommandations émises par le Conseil Régional ; faible consultation du Conseil Régional par les représentants de l’Etat sur les questions touchant à la vie de la région conformément à la loi ; insuffisance du partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées ; l’absence de certains outils de planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF).
La région d’Agadez est réputée être une région minière. Quel est l’apport de ce secteur au développement ?
La région d’Agadez renferme d’énormes potentialités minières et géologiques, dont la mise en valeur rationnelle pourrait constituer un atout important pour le développement durable du Niger en général et de la région en particulier. Les ressources minières sont légion dans la région comme l’uranium, l’or, le charbon minéral, le tungstène, le pétrole, l’étain, le cuivre, le sel, le natron, les pierres et métaux précieux et semi précieux notamment l’émeraude, la tourmaline, le grenat, l’agate, le béryl, la topaze, le vanadium, le wolfram ou wolframite, le zirconium, la barytine, l’améthyste, le colombo-tantalite, le tantale, le marbre, le quartz, etc. La production de l’uranium et du charbon est très forte, plaçant ainsi la région comme un des poumons industriels du Niger. Mais il faut citer comme difficultés liées à ce secteur la non maitrise par l’Etat et les collectivités territoriales du potentiel existant ; la méconnaissance du code minier par les populations; l’absence de transparence dans l’extraction, l’exploitation et l’exploration des sites miniers ; la non-implication des Collectivités dans la délivrance et la gestion des permis miniers ; le non-respect des lois et règlements par l’Etat et ses partenaires du sous-secteur minier ; la faible capacité de la population et des collectivités territoriales à exploiter de façon rationnelle les potentialités existantes ; la faible organisation des artisans miniers ; l’absence d’un laboratoire d’analyse ; l’absence d’un marché structuré national et sous régional ; la réduction des espaces pastoraux due à l’octroi de permis miniers ; la violation des espaces de réserves naturelles par les exploitations minières. Mais malgré tout, nous voulons relever les défis de créer les conditions de la promotion d’un développement économique et social inclusif à l’échelle de la région ; d’avoir une institution décentralisée fonctionnelle et performante; et de créer les conditions d’une meilleure application des dispositions de la décentralisation et de la déconcentration par tous les acteurs. Les enjeux ici sont pour nous la promotion d’un développement régional inclusif et équilibré pour la satisfaction des besoins de la population de la région mais aussi l’implication et l’alignement des partenaires dans la mise en œuvre du Plan de Développement Régional PDR.
Quelles sont alors pour vous les pistes de solutions pour gagner le pari du développement ?
Pour gagner ce pari du développement comme vous le dites, il faut que soient respectés les principes de redevabilité, de reddition des comptes, la promotion de la transparence et l’équité; renforcer les capacités du personnel et des élus du Conseil régional sur ses compétences et ses missions ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie régionale de mobilisation des ressources ; élaborer un manuel de procédure de gestion administrative et financière ; élaborer et mettre en œuvre une stratégie de communication. A notre humble avis, il faut doter l’institution en ressources humaines, matérielles, logistiques suffisantes; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité du transfert de compétences et des ressources; de respecter les échéances dans le versement de la dotation globale de fonctionnement et d’équipement à la région collectivité territoriale; assurer un plaidoyer auprès des Ministères Techniques pour l’effectivité de la maitrise d’ouvrage du développement régional et local par le Conseil Régional. Il faut aussi réviser les dispositions de l’arrêté relatif à la signature des protocoles de mise en exécution (PME) des programmes et projets, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) et Associations de Développement (AD) pour prendre en compte le Conseil régional dans sa compétence territoriale. Pour être en phase avec les textes, faire en sorte que se tiennent régulièrement les sessions et les réunions des commissions spécialisées du Conseil Régional; élaborer et présenter annuellement la situation socioéconomique de la région aux populations. Il nous faut voir comment concevoir et mettre en œuvre un dispositif adéquat de suivi et d’évaluation des plans et programmes de la région; définir de façon claire le cahier de charges pour chaque poste de responsabilité du Conseil Régional, conformément au statut du personnel des Collectivités Territoriales ; de créer un mécanisme adéquat de gestion du matériel et de la logistique du Conseil Régional; appuyer les divers cadres thématiques de concertation en ressources humaines, matérielles et financières suffisantes. Développer le partenariat avec les Communes, les Sociétés d’Etat publiques, parapubliques et privées. Et voir comment doter la région d’outils de Planification et d’Aménagement du Territoire tels que le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et le Schéma d’Aménagement Foncier (SAF). Voilà à mon avis quelques pistes de solutions pour parler véritablement de développement sur le plan régional.
Rien de grand ne peut se construire sans sécurité dit-on, qu’en est-il de la région d’Agadez ?
S’agissant de la paix et de la sécurité, elles constituent des préalables nécessaires à toute action de développement, à quelque échelle territoriale que ce soit. L’insécurité et l’absence de paix sont en effet des facteurs limitant toute action de développement.
Dans la région d’Agadez, des efforts remarquables et forts louables ont été fournis, aussi bien par l’Etat, les partenaires, que par les autorités régionales, départementales et locales, en vue de consolider la paix et de renforcer la stabilité sur toute l’étendue du territoire régional. Ces efforts ont été surtout renforcés du fait de la décentralisation qui a permis une responsabilisation des populations à travers la gestion par des élus locaux des entités décentralisées. Toutes les mesures ainsi prises doivent être poursuivies pour renforcer davantage le climat de quiétude sociale dans la région, malgré un environnement sahélo-saharien fortement perturbé.
D’aucuns indexent la migration comme un facteur d’insécurité ! Qu’en pensez-vous ?
Non, peut-être, juste relever que la migration mixte demeure une préoccupation importante dans le schéma de développement de la région. Elle concourt à la création des déséquilibres en matière de gestion et de planification tant des populations que des infrastructures et de l’accès aux services sociaux de base. Si elle a constitué ailleurs une source de progrès, dans le contexte d’Agadez elle génère plus de conséquences qu’elle n’offre d’opportunités. En effet, malgré les appuis de la coopération internationale, notamment de l’Union Européenne et les mesures règlementaires prises par l’Etat, la gestion des conséquences de la migration mixte reste une préoccupation majeure en dépit du caractère résilient de la région. S’agissant du phénomène migratoire, la région d’Agadez est devenue un corridor pour les candidats à la migration, ressortissants des régions ouest africaines et du centre désirant rejoindre l’Europe. A cette migration internationale de transit s’ajoutent diverses formes de migrations dont les plus importantes sont la migration circulaire, la migration interne, la transhumance, les réfugiés et les demandeurs d’asile. Ceci pose des défis et enjeux à la fois aux administrations en charge de la gestion des flux migratoires et aux populations locales. Ces dernières en particulier sont appelées à partager les infrastructures de base avec les migrants, ce qui occasionne des pressions énormes sur les services et infrastructures dont le rythme de dégradation est accéléré avant le terme raisonnablement prévu. C’est pourquoi, ces mouvements migratoires doivent être largement maîtrisés et bien contrôlés. D’où sa justification dans la formulation de cet axe. Aussi, la question de la consolidation de la paix et la création des meilleures conditions de sécurité sont des défis majeurs dont la région fait face et qui constituent les conditions sine qua none pour l’amorce de tout développement. Compte tenu du contexte géopolitique actuel et des menaces sur la stabilité dans le sahel, la prise en compte de cette préoccupation en lien avec la gouvernance comme premier axe stratégique est justifiée.
Monsieur le Président, la 42ème édition du Sabre National de Lutte Traditionnelle, se tient depuis vendredi dernier à Niamey, après un report dû à la COVID 19. Quelles sont vos impressions par rapport à la tenue de ce sport roi au Niger ?
Je remercie le Gouvernement pour avoir, d’abord, donné tous les moyens pour que la 42ème édition du Sabre National de la Lutte Traditionnelle puisse se tenir ici à Niamey, malgré deux contextes difficiles. Celui de la COVID 19, qui a occasionné le report de l’édition l’année dernière et celui de l’insécurité. Mais avec tout cela, le gouvernement a tenu à sa parole pour que ce sabre puisse avoir lieu ici à Niamey. Nous remercions infiniment le Président de la République, Chef de l’Etat, SE Mohamed Bazoum et son gouvernement pour avoir donné tous les moyens qu’il faut pour la tenue de cette 42ème édition.
Monsieur le Président, comme vous l’avez dit, cette édition se tient dans un contexte plein de défis pour notre pays, la COVID 19 dont le virus continu de circuler et l’insécurité liée au terrorisme. Quelles sont alors les dispositions prises afin d’assurer la sécurité des lutteurs et prévenir la contamination du coronavirus au sein de l’arène et dans les sites d’hébergement des différentes délégations ?
Vous savez bien que la sécurité est une affaire de l’Etat. Vous avez vu vous-mêmes les moyens matériels et humains que l’Etat a mobilisé dans ce sens pour assurer la sécurité des personnes et de leurs biens, au niveau de l’arène et sur les différents sites d’hébergement des délégations. L’Etat a pris toutes les dispositions pour mobiliser les Forces de Défense et de Sécurité pour assurer la sécurité et la protection et pour que les compétitions dans le cadre de ce sabre puisse se tenir dans la paix et la cohésion. Dieu merci, depuis
le début nous n’avons pas enregistré de problèmes et même au niveau des différentes délégations, nous n’avons enregistré aucun incident susceptible de perturber l’ordre et la sécurité des délégations. Tout se passe bien et je profite de cette opportunité que l’ONEP m’offre pour saluer et remercier toutes les Forces de Défense et de Sécurité pour leur engagement, leur disponibilité et pour le professionnalisme avec lequel ils assurent la sécurité de cette 42ème édition.
En ce qui concerne la COVID 19 aussi, les dispositions ont été prises. Nous avons des équipes permanentes qui distribuent des bavettes et qui administrent du gel pour désinfecter les mains. Nous profitons de cette occasion pour encore remercier tous les acteurs qui font ce travail et inviter le public à la prudence.
« Nous remercions le gouvernement pour avoir mobilisé tous les moyens pour la tenue de cette édition dans de très bonnes conditions, malgré un contexte sanitaire et sécuritaire difficile »
Du début jusqu’au 7ème jour des compétitions du sabre National, quelle appréciation faites-vous du déroulement de cette édition ?
Nous sommes très satisfaits du déroulement de ce sabre. Il y’a pas eu des problèmes. Nous sommes aujourd’hui à la 6ème journée et aucun impact de nature à perturber l’organisation et le déroulement de cette édition. Tous les acteurs travaillent dans l’accomplissement des missions qui leur ont été assignées. Donc à ce stade déjà, c’est un sentiment de joie et de satisfaction générale qui nous anime. C’est aussi pour vous dire que nous sommes très fiers de tout ce qui se passe et de tous ceux qui contribuent au bon déroulement de ce sabre.
Le public a pourtant suivi quelques comportements d’indiscipline et des réactions suite à des décisions arbitrales, quels commentaires cela inspire en vous ? Quelles sont les dispositions que la Fédération compte prendre pour prévenir ce genre de comportements à l’avenir ?
C’est des comportements que tous les acteurs de la lutte ont déploré. De toutes les façons, le code de la lutte en tant que tel a prévu toutes les sanctions qui doivent être infligées à n’importe quel acteur qui aura à poser des actes ou comportement de caractère disciplinaire ou autre. Et vous avez suivi avec nous tous ceux qui ont posé ces actes ont été sanctionnés conformément aux dispositions du code de la lutte. Nous sommes très contents de constater que tout est en ordre maintenant. Je saisis une fois de plus, cette opportunité que vous nous offrez pour inviter l’ensemble des acteurs à travailler dans le sens de renforcer la cohésion sociale, l’unité nationale et à la promotion de nos valeurs socioculturelles et traditionnelles que porte la lutte traditionnelle.
La lutte traditionnelle est considérée dans notre pays comme un élément très fort, dynamique et transversal entre le sport, la culture et nos traditions. Comment la fédération compte s’y prendre pour sauvegarder cet acquis et renforcer la promotion de toutes ces valeurs ?
C’est pour aller dans tous les sens avec tous les acteurs de la lutte pour promouvoir la lutte en tant que telle et ces lettres de noblesse. Après ce sabre, nous allons nous mettre au travail tous les acteurs pour organiser des tournois dans toutes les régions pour que nous puissions maintenir nos jeunes au pays et les priver d’exode. C’est aussi une occasion pour la fédération d’appuyer les ligues régionales à la promotion de ce sport à la base. Il faut que tous ensemble nous travaillions pour aller vers la professionnalisation de nos lutteurs. Si on crée des compétitions au plan national, cela permet au lutteur d’avoir des activités sur toute l’année. Ce qui leur permettra aussi d’avoir des compétitions et des entrainements. Ce travail que nous allons engager nous permettra une fois de plus de renforcer la position de la lutte comme sport roi dans notre pays.
Monsieur le Ministre, l’édition 2022 de la Cure Salée est prévue se tenir du 22 au 24 septembre prochain à Ingall dans la région d’Agadez. Où est ce que vous en êtes pour les préparatifs ?
Comme vous le savez, la Cure Salée, est une véritable vitrine des activités pastorales et culturelles des éleveurs de notre pays. Il faut aussi souligner que, cette importante rencontre annuelle du donner et du recevoir des éleveurs de notre pays, et de ceux des pays voisins (Mali, Algérie, Tchad, Nigeria, Libye) constitue l’évènement majeur du Secteur de l’Elevage et offre un cadre unique d’envergure pour renforcer les échanges et consolider la coopération entre les pays de l’espace Sahélo-Saharien.
Et pour revenir à votre question, notamment en ce qui concerne les préparatifs de l’édition 2022 de la Cure Salée, il faut dire que pour une réussite de la fête, mon département ministériel et les gouvernorats de régions de Tahoua et d’Agadez ont mis en place des comités d’organisation à tous les niveaux (national, régional, départemental et communal). Ces comités sont chargés chacun en ce qui lui concerne de veiller à la bonne organisation de la fête. Pour ce faire, un état de lieu du site abritant les manifestations de la cure salée a été fait lors d’une mission préparatoire dépêchée sur le terrain pour la circonstance. Actuellement, toutes les infrastructures au niveau du site sont en cours de réhabilitation.
Aussi, les différents comités d’organisation sont également à pied d’œuvre pour la mobilisation des moyens afin de donner un cachet particulier à l’évènement. Mon département ministériel a également engagé la communication sur l’évènement afin d’informer les différents acteurs de la tenue de la cure salée à partir du 22 septembre 2022 autour du thème : «sécurisation alimentaire du cheptel et cohésion sociale des pasteurs et agropasteurs».
Quelles sont les innovations apportées ou attentes lors de cette édition ?
Pour la présente édition de la cure salée, le Ministère ayant fait le point de l’édition passée, attend apporter des améliorations et innovations sur des aspects comme, la vaccination des animaux, la course de chameaux et des chevaux et les défilés âniers. oncernant, nos attentes au cours de cette édition, il faut dire qu’au-delà de la forte mobilisation des éleveurs attendue et souhaitée, il est attendu une forte implication de tous les acteurs pour la réussite de la manifestation afin de continuer à renforcer la consolidation de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays.
Parler de la Cure Salée c’est incontestablement de la santé animale. Comment se présente l’état général du cheptel nigérien actuellement ?
Il faut noter qu’au plan national, la situation sanitaire du cheptel est calme et est sous contrôle. Cependant, il faut toutefois signaler quelques foyers de Charbon bactéridien au niveau des régions de Niamey, Tillabéry et Tahoua et pasteurellose des Petits et Gros ruminants qui ont été rapidement pris en charge par les services vétérinaires. A l’occasion de la présente édition de la cure salée, une caravane zoo sanitaire de vaccination sera organisée et va démarrer avant le début de la cure salée. Elle permettra de déparasiter et de vacciner des animaux contre la PPCB et la PPR. L’objectif étant de pouvoir vacciner les animaux ayant échappé à la grande campagne de vaccination du cheptel.
Le Niger a enregistré au cours de la campagne pastorale 2021 un important déficit fourrager. Quel a été l’impact du déficit fourrager sur les éleveurs et comment cette épreuve a-t-il été surmontée par eux ?
La campagne pastorale 2021-2022 a enregistré un déficit fourrager global de plus de 15 millions de tonnes de Matière sèche, soit 46% des besoins du bétail séjournant sur le territoire national. A ce déficit, il faut ajouter des cas de feux de brousse et quelques apparitions de sautériaux, dévastant plusieurs hectares de pâturage. Plus de 1.460.000 éleveurs, répartis dans 22.188 ménages ont été concernés par ce déficit au plan national. Cette situation a engendré une descente précoce des éleveurs en zone agricole (situation pouvant créer des conflits entre agriculteurs et éleveurs) ; un mauvais état d’embonpoint ayant entraîné une détérioration progressive de la santé des animaux ; une baisse du prix des animaux compte tenu de leur état d’embonpoint, des cas de mortalité surtout chez les gros ruminants.
Face à cette situation, le Gouvernement a accompagné les éleveurs à travers la mise en place des quantités importantes d’aliments pour bétail. Aussi, toujours pour augmenter le disponible fourrager national, les points d’eau des zones pourvues de pâturages ont été réhabilités pour permettre aux animaux de profiter de ces pâturages. Les cultures fourragères dans les zones favorables ont été également promues et des actions de valorisation des résidus de récolte ont été entreprises à travers la mise en place des broyeurs de résidus de récolte. Des efforts de couverture sanitaire (campagnes de vaccination accompagnées de déparasitage systématique) et de sensibilisations préventives ont été également entrepris. Enfin, les éleveurs ont augmenté l’ampleur de leur mobilité interne au niveau des zones accessibles, fournies de pâturages.
Ces dernières années, l’élevage notamment transhumant fait face à de sérieux défis liés à l’insécurité dans le sahel : quelles initiatives prises par le Gouvernement pour aider le secteur à être résilient ?
Comme vous le savez, de façon conjoncturelle, notre pays se trouve depuis quelques années en plein cœur de la zone affectée par l’insécurité sévissant dans l’espace sahélo-saharien. Dans ce contexte, l’élevage transhumant s’est vu profondément affecter. Cependant, en matière de sécurisation du territoire, les capacités stratégiques et opérationnelles ont été renforcées. Ces efforts ont permis d’assurer la défense de l’intégrité du territoire, la sécurité publique et de préserver la cohésion sociale.
Particulièrement dans le domaine de sécurisation de la transhumance, le Gouvernement avec l’aide de ses partenaires, a entrepris des mesures parmi lesquelles, la création et l’animation de cadres de concertation entre les Etats aux niveaux régional et transfrontalier sur la transhumance apaisée et la mise en œuvre de projets transfrontaliers pour renforcer la résilience des éleveurs et faciliter la transhumance transfrontalière.
Quelles sont les attentes du Gouvernement vis-à vis de ce grand évènement qu’est la Cure Salée ?
Comme vous le savez, l’importance de la cure salée réside dans le brassage qu’elle occasionne entre les différents groupes ethniques. Et par la grande mobilisation humaine qu’elle engendre, elle renforce de ce fait la cohésion sociale entre pasteurs. Cette mobilisation sociale exceptionnelle cimente l’esprit de concorde et de solidarité qui a toujours prévalu au sein des communautés pastorales, depuis la nuit des temps.
Les attentes du Gouvernement vis-à-vis de la Cure Salée est qu’une dynamique nouvelle soit insufflée afin de faire de la Cure Salée non seulement un outil de consolidation et de la paix et de cohésion sociale, mais aussi, un évènement international de grande envergure à l’image des manifestations sous régionales telles que le FESPACO, le SIAO, etc.
M. le directeur général, pouvez-vous expliquer à nos lecteurs ce qu'est l'ANMC et quelles sont les principales missions qui lui sont assignées ?
L'Agence Nigérienne de Normalisation, de Métrologie et de Certification (ANMC) est un Etablissement Public à caractère Administratif, elle est créée par Décret N°2019-409/PRN/MI du 26 juillet 2019. Elle est placée sous la tutelle du Ministère en charge de l'Industrie. Nous sommes situés dans notre propre local au Village de la Francophonie de Niamey. Conformément à son décret de création, les missions assignées à l'ANMC sont : l'élaboration de normes ; le suivi des mesures ; le contrôle des instruments de mesure réglementés et l'évaluation de la conformité des produits. Il s'agit en détail de l'élaboration des normes qui consiste à coordonner les activités nationales d'élaboration des normes dans tous les secteurs (agroalimentaire, Environnement, Matériaux de construction, Hydrocarbure, Management de la Qualité, Chimique etc.) et d'assurer leur mise à disposition au public cible afin d'améliorer les conditions de vie et de travail de nos concitoyens. En ce sens, une norme est un document consensuel, issu des accords entre producteurs, utilisateurs et pouvoirs publics afin de simplifier, unifier ou spécifier un produit ou un service. Ainsi, en 2020 nous avons élaboré 17 normes nigériennes et cette année 21 normes sont en cours d'homologation et 58 qui vont faire objet d'élaboration cette année. Aujourd'hui nous disposons d'un répertoire de normes nigériennes (178). Toutes ces normes peuvent également être consultées dans notre Centre de Documentation Normatif. Aussi, nous sommes membres des organisations sous régionales et internationales de normalisation notamment de l'ISO, ARSO, SMIIC, ECOSHAM, PTB, et nous participons activement aux travaux de leurs Comités Techniques.
Pour ce qui est des mesures et le contrôle des instruments de mesure règlementés : ils consistent à utiliser nos outils étalons pour vérifier notamment la conformité des instruments de mesure utilisés dans les transactions commerciales tels que les sondes de température, bascules, balances etc. au niveau des centre de santé (thermomètre, balances, tensiomètre etc. Les pompes à essence, les volucompteurs chez les opérateurs économiques les balances, les bascules et les ponts bascules, les préemballés, notamment les sacs de riz, les sacs des ciments et les bouteilles de gaz et vérification et autres chez les opérateurs économiques. Nous sommes aussi en train de tout mettre en œuvre pour démarrer la vérification des compteurs d'eau et d'électricité.
Au fait, M. le directeur général, quel est l'intérêt de l'utilisation du logo de la marque de conformité chez les opérateurs économiques et aussi pour les consommateurs?
La marque Nigérienne de conformité est un atout majeur mis au service des entreprises. Elle apporte une preuve indiscutable aux consommateurs de la vérification régulière de la qualité intrinsèque du produit ou services mis à leur disposition, ceci permet de gagner leur confiance car le produit répond à leurs besoins et qu'il est conforme à des caractéristiques de sécurité qui ne présente aucun danger pour la santé humaine et pour l'environnement dans les conditions prévues pour son utilisation. L'évaluation de la conformité des produits consiste à mettre à la disposition des opérateurs économiques le droit d'usage du logo de la marque nigérienne de conformité. C'est un outil important pour les échanges commerciaux car il rassure le consommateur sur la qualité du produit qui est à sa disposition.
A qui précisément, le droit d'usage du logo de la marque nigérienne de conformité est-il attribué ?
L'utilisation du logo est attribuée aux produits et services qui ont fait objet de certification. C'est-à-dire : suite à la demande du client, des audits qualités sont réalisés sur le site de production et si nécessaire des analyses sont réalisées dans des laboratoires indépendants sur les échantillons des produits. Par la suite, des examens sont réalisés par un comité indépendant (comité d'impartialité) de certification pour vérifier la conformité du produit ou services aux règlements particuliers, référentiel de certification. Au cours de l'examen, le comité utilise, bien sûr, les rapports des audits et les résultats des analyses issues des laboratoires.
Quels sont les critères sur lesquelles l'Agence Nigérienne de Normalisation, de Métrologie et de Certification se base pour mettre à la disposition des opérateurs économiques le droit d'usage dudit logo?
Les critères utilisés par les experts de l'agence dépendent du type de produit mais ils sont tous issus des normes nationales, régionales et internationales. La réglementation nationale liée au produit ou services est aussi utilisée.
{xtypo_quote}« Le droit d'usage du logo de conformité est octroyé uniquement aux produits locaux et importés qui sont vérifiés conformes aux normes et règlements techniques en vigueur en République du Niger »{/xtypo_quote}
En dehors des 46 Unités de Transformation qui ont récemment eu leurs certificats de conformité, y a-t-il d'autres qui ont déjà reçu ces certificats ?
En effet, en 2020 qui est notre première année d'activités nous avons certifié 8 produits et en 2021 en dehors des 46 récents nous avons certifiés auparavant 6 produits qui ont rempli les critères
M. le Directeur général y-a-t-il des sanctions prévues par l'ANMC à l'encontre des unités de transformation qui ne respecteraient pas leurs engagements ?
Les produits certifiés font, régulièrement, l'objet de surveillance dans l'unité de production et sur le marché national. Cette surveillance permet de suivre la qualité du produit pendant la période de certification afin de s'assurer que le producteur continue de le fabriquer dans de bonnes conditions d'hygiène. En cas de non-respect des engagements il est prévu, le retrait du droit d'usage du logo de la marque et le consommateur peut vérifier sur notre site Web et autres revues la liste mise à jour des produits certifiés. Il est aussi à noter que des sanctions administratives sont prévues pour produits et services jugés nocifs aux consommateurs
Mme la présidente, l’ARCOP a organisé récemment une session de formation pour les gouverneurs et les secrétaires généraux sur la commande publique. Pourquoi cette formation maintenant ? Qu’est-ce que la commande publique et qui commande quoi à qui ?
Merci beaucoup. Avant de répondre à votre question, je vais expliquer un peu comment l’Autorité de la Commande Publique est organisée. D’abord, l’ARCOP est créée en Décembre 2022. Elle remplace l’ancienne ARMP, l’Agence de Régulation des Marchés Publics qui est devenue donc Autorité de Régulation de la Commande Publique. Cela pour se conformer aux directives de l’UEMOA parce que nous sommes dans un cadre harmonisé des finances publiques de l’UEMOA. Donc, l’ARCOP va en fait, répondre dans sa globalité à tout ce qui concerne les achats publics. Commande publique, achats publics, tout ce qui concerne des commandes de produits, les grands travaux, les constructions… En matière de commande publique, nous avons celui qui achète et celui qui vend. Tous sont des acteurs. Le secteur privé, c’est-à-dire les entrepreneurs, les commerçants, ce sont eux qui donnent des prestations à l’Etat. L’Etat qui commande à travers notamment les collectivités territoriales et tous les autres démembrements de l’Etat. Ce sont eux qui passent la commande.
A quel niveau intervient alors le rôle de l’ARCOP Mme la présidente ?
L’ARCOP s’intéresse à tous les acteurs. Et c’est l’ARCOP qui élabore les textes, tous les textes relatifs à la commande publique, tous les arrêtés, les seuils des marchés, comment il faut faire les DAO (Dossier d’Appel d’Offres), comment il faut faire les avis à manifestations d’intérêt…et les mettre à la disposition de tous les acteurs de la commande publique. Conformément à ces textes, il y a au niveau de chaque Ministère, avec la réforme, un directeur des marchés publics qui s’occupe de l’élaboration des dossiers pour le lancement des commandes.
Et si un marché ne respecte pas les textes élaborés par l’ARCOP, Mme la présidente?
En cas de non-respect des textes, il y a des sanctions. Je rappelle qu’au niveau de l’ARCOP, nous avons trois organes : la Direction générale qui élabore les textes et les met à la disposition du conseil qui va valider. Concernant l’application, nous avons un comité de règlement des différends qui est aussi un organe. Des fois, si les soumissionnaires ne sont pas contents de l’offre, ils font un recours au niveau de l’ARCOP. Mais avant de faire ce recours au niveau de l’ARCOP, ils font un recours au niveau de la personne responsable des marchés qui a fait la commande. Il écrit pour demander pourquoi son dossier a été rejeté. Il y a d’abord une première réponse que le soumissionnaire reçoit. S’il n’est pas satisfait de cette réponse, il va faire un recours au niveau du comité de règlement des différends qui va siéger pour voir d’abord la recevabilité, ensuite étudier dans le fond pourquoi, le Monsieur a fait un recours. Avant de statuer sur le fond, quand le dossier est recevable, automatiquement, on suspend la procédure de ce marché. Le marché est donc suspendu, quelle que soit sa nature. Il faut qu’on statue. Si le recours est fondé, on reprend la procédure. Si le recours n’est pas fondé, on libère la personne responsable pour continuer la procédure. C’est ainsi que les acteurs, les soumissionnaires déclarent leur non satisfaction, s’il y a un dysfonctionnement.
Justement Mme la présidente, avez-vous eu à gérer au niveau de l’ARCOP des cas de dysfonctionnement ?
Oui, plusieurs cas. Au niveau de l’ARCOP, deux fois par semaine, tous les mardis et tous les jeudis, nous avons des recours. Et il y a toujours des recours quand les gens ne sont pas satisfaits. Il y a aussi des dénonciations qui sont déposées à la Direction générale. Le Directeur général peut répondre ou bien, les gens font des recours. Nous avons même créé une ligne verte que les gens peuvent utiliser s’ils ne sont pas satisfaits. Comme vous voyez, l’ARCOP c’est un peu comme la justice. Mais les gens pensent que c’est elle qui donne les marchés, non, l’ARCOP c’est comme un juge. Quand les gens n’appliquent pas correctement les textes ou bien quand ils ne sont pas satisfaits par rapport à une offre, ils sont libres de faire des recours. C’est le Code des marchés qui le dit. Il décrit toute la procédure et le Code donne latitude à tous les soumissionnaires de déclarer s’ils ne sont pas satisfaits. L’ARCOP doit regarder en fonction de tout cela pour juger si le recours est fondé ou pas.
A la formation des gouverneurs et des secrétaires généraux, on a parlé d’une nouvelle réglementation en la matière. Pourquoi une nouvelle réglementation ? Est-ce que cela signifie que l’ancienne n’a pas du tout donné satisfaction ?
En fait ce n’est pas une nouvelle réglementation en tant que telle. Il y a une nouvelle organisation qui remplace l’ancienne structure, c’est presque le même travail. Seulement à la différence de l’autre, il y a deux organes et cette autorité a trois organes et que le Code qui réglemente le marché public a été revu. Il y a un nouveau code qu’il faut vulgariser parce qu’il y a eu des changements et des nouveaux textes ont été ajoutés à ce code. C’est pourquoi, il est tout à fait normal, dès qu’il y a un petit changement au niveau d’un texte, de le vulgariser pour que les gens puissent s’imprégner du contenu afin de pouvoir bien gérer les marchés publics dans le cadre de la bonne gouvernance.
Mme la présidente quels sont les autres problèmes liés à la commande publique au Niger ?
Il y a beaucoup de points qu’on peut énumérer à ce niveau. Mais pour l’instant, je vous ai parlé des missions de l’ARCOP qui sont de préparer les textes et surtout de former les acteurs de la commande publique qui sont notamment la société civile, le secteur privé sur comment gérer les marchés publics dans la bonne gouvernance. Si ces gens ne sont pas bien formés, on ne peut pas bien gérer la commande publique. Le marché public, c’est toute une procédure. Au tout début, il y a la passation des marchés. Normalement chaque année, au plus tard le 31 décembre, tous les ministères ont déjà la programmation de leurs marchés appelés PPM (Plan de passation des marchés). Et ce sont ces PPM qui sont diffusés en début de chaque année. Dès que la loi des finances est votée, ces plans de passation des marchés sont diffusés. Chaque mois, si vous prenez le journal à la dernière page, vous allez voir des additifs de plans de passation de marché, additif PPM… C’est au vu de cette programmation et en fonction aussi des libérations des crédits que le Ministère des Finances livre au niveau de chaque ministère qu’ils vont faire leur commande. Mais le problème, c’est que vous avez fait votre plan de passation, mais le premier trimestre, vous n’avez pas eu la libération des crédits, le deuxième trimestre aussi, vous n’avez pas eu la totalité. Donc cela veut dire qu’il y aura un problème dans le circuit de la passation des marchés jusqu’à l’attribution, jusqu’à l’exécution, jusqu’à la réception ou la livraison. C’est un circuit composé du plan de passation, de la procédure de passation, de l’attribution des marchés, du début des travaux, de la construction et de la livraison. Normalement, si c’est le cas de la construction, vous construisez et vous livrez. Mais si on ne vous paie pas, vous ne pouvez pas finir et livrer. Et le problème se trouve à ce niveau-là. Vous voyez maintenant avec le budget programme. Pour les investissements, si par exemple, on doit faire tel investissement sur trois ans et que cette année, on vous donne tel crédit, vous devrez tout faire pour consommer ce crédit sinon l’année prochaine ça va tomber à l’eau et il faut encore la deuxième tranche. La troisième année, la troisième tranche. Alors, vous n’avez pas fini la première année, vous partez en deuxième année, déjà l’autre tranche n’est pas achevée, vous partez en troisième année. Est-ce qu’on peut livrer ainsi une construction si c’est le cas.
Quel message avez-vous à adresser aux différents acteurs de la commande publique?
Je demande à toutes les personnes responsables des marchés publics de s’imprégner et de bien se former sur la procédure de passation et les différents textes. Il faut que les gens maitrisent le Code. Surtout que pour chaque code, quand on dit qu’il y a un texte de lois ou un décret, il y a toujours des textes d’application pour faciliter la tâche. S’il y a un problème, l’ARCOP est là. On peut toujours faire appel à elle. Il y a un service technique qui peut toujours aider les différents acteurs dans ce sens.
Mme la ministre, la Journée Internationale de la Femme est célébrée aujourd’hui 8 mars dans tous les pays du monde. Pouvez-vous nous faire un bref rappel historique des circonstances qui ont conduit à l’institution de cette journée ?
Merci de l’opportunité que votre journal me donne pour parler de cette importante journée que le Niger, à l’instar des autres pays de la Communauté Internationale, célèbre aujourd’hui 8 mars 2019. En effet, cette journée a été proclamée par l’Assemblée Générale des Nations Unies à l’occasion de la décennie de la femme en 1975 pour commémorer les marches historiques des femmes de 1907 et 1908 afin de revendiquer leurs droits au suffrage.
Quel est le thème retenu pour l’édition 2019 et qu’est ce qui justifie le choix de ce thème ?
L’édition 2019 a pour thème : «Promotion et Accès aux infrastructures durables au service de l’égalité de genre et de l’autonomisation des femmes et des filles ».
Il est tiré du thème prioritaire de la 63ème session de la Commission de la Condition de la Femme intitulé: « Les systèmes de protection sociale, l’accès aux services publics et les infrastructures durables au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles», prévu du 11 au 22 mars 2019 à New-York.
En effet, le choix de ce thème n’est pas fortuit car nous pouvons aisément affirmer qu’aujourd’hui, le développement durable d’un pays ne peut être effectif sans la promotion et l’accès aux infrastructures durables au service de l’égalité de genre et de l’autonomisation des couches représentant plus de la moitié de la population, que sont les femmes et les filles. Il s’agit d’attirer l’attention des autorités et des Partenaires au développement sur l’importance de l’accès des femmes et des filles aux infrastructures durables en vue de leurs capacités en entrepreneuriat et en leadership.
Mme la ministre, le Niger célèbre le 13 mai prochain, la journée nationale de la femme nigérienne, édition 2023, dans un contexte marqué par de multiples défis. Quels sont les progrès enregistrés par celle-ci dans le domaine de l’entreprenariat féminin où vous êtes aujourd’hui la première responsable ?
Avant de parler de l’entrepreneuriat féminin, je voudrais d’abord rappeler que la Journée Nationale de la Femme Nigérienne est le résultat de la lutte des femmes nigériennes qui se sont senties marginalisées lors des préparatifs de la Conférence Nationale Souveraine des forces vives de la Nation de 1991. Ce mouvement, à lui seul, montre à quel point les femmes étaient absentes des sphères de décision. Et comme l’adage le dit, «seule la lutte paie». Aujourd’hui, les lignes bougent car, la femme nigérienne est présente partout où le devoir appelle les citoyens. Et cela sur toutes les questions qui touchent au développement socio-économique et politique de notre pays. Nous pouvons dire que le mouvement de 1991 a libéré les femmes, a libéré leur énergie à tous les niveaux, que ce soit au plan politique ou au plan économique.
Partant de cet état de fait, l’entrepreneuriat féminin a pris de l’ampleur ces dernières années, particulièrement dans le domaine agro-alimentaire. Nous comptons aujourd’hui, plusieurs femmes promotrices et chefs d’entreprises industrielles. Les femmes sont également présentes dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, dans le secteur de l’habillement, ceux des cosmétiques, de la restauration, du tourisme, de l’agro-business. L’entrepreneuriat des femmes touche également les secteurs sociaux comme l’éducation, la santé. Je n’oublie pas le secteur du commerce où les femmes occupent une place de choix.
D’énormes progrès sont enregistrés, tant en milieu rural qu’au niveau des centres urbains. Aujourd’hui, il n’y a plus de domaine réservé. Les femmes sont présentes et très actives dans tous les secteurs d’activités. Elles opèrent individuellement ou en groupe sous différentes formes : groupements d’intérêt économique, coopératives, associations etc. Un regard rétrospectif dans le secteur de la transformation agro-alimentaire permet de constater une amélioration sensible dans la conduite des entreprises dirigées par les femmes, en ce qui concerne le management, les processus de production y compris les questions liées à la sécurité sanitaire des aliments, les emballages et bien d’autres aspects de la vie des entreprises. Je voudrais également souligner qu’en milieu urbain, une profonde mutation est observée dans l’entrepreneuriat féminin, celle qui consiste à mettre en place des entreprises formelles, durables et créatrices d’emplois en lieu et place d’activités génératrices de revenu dont l’objectif principal est de contribuer à l’autonomisation des femmes. Tout ceci est le fruit des efforts conjugués de l’Etat du Niger et de ses partenaires, qui ont su mettre en place les conditions et les instruments nécessaires en vue d’accompagner l’entrepreneuriat des femmes.
Ces dernières années, on constate un fort engouement des femmes dans l’entrepreneuriat. Est-ce qu’il existe un mécanisme de promotion ou une stratégie qui permet de favoriser l’entrepreneuriat féminin ?
L’entreprenariat des femmes est fortement soutenu par l’Etat du Niger et ses partenaires. Plusieurs services de l’Etat, des partenaires bilatéraux et multilatéraux et des ONG contribuent à améliorer le cadre d’exercice des femmes entrepreneures. Les interventions concernent le renforcement des capacités, la fourniture de matériels et d’équipements de production, les échanges d’expériences, etc. La Stratégie Nationale de Promotion d’Entrepreneuriat des Jeunes adoptée par le Gouvernement prend en compte la dimension femme entrepreneure. Par ailleurs, plusieurs projets et programmes sont mis en place par l’Etat en vue d’encourager l’entrepreneuriat des femmes tant en milieu urbain que dans le monde rural. De plus, le Gouvernement a mis en place une Stratégie Nationale de la Finance Inclusive en vue d’améliorer les conditions de vie des populations pauvres. Ceci permet aux femmes l’accès au financement de leurs projets à côté du dispositif traditionnel. Enfin, le programme de certification des produits et services mis en œuvre par l’Agence Nationale de Normalisation, de Métrologie et de Certification contribue fortement à la promotion des produits fabriqués par les femmes transformatrices.
Beaucoup de femmes entrepreneures au Niger excellent dans la transformation agro-alimentaire avec des outils et des techniques artisanales. Or notre pays a accueilli en novembre 2022 le sommet de l’Union Africaine sur l’Industrialisation économique en Afrique. Quelles sont les perspectives qui s’ouvrent pour ces nombreuses transformatrices en vue d’une modernisation de la filière ?
Effectivement, l’entrepreneuriat féminin est plus présent dans la transformation agro-alimentaire. Les activités de transformation concernent toutes les spéculations agricoles, les produits de l’élevage, de la pèche, de la forêt. Il nous est loisible d’affirmer que les produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques du Niger font l’objet de transformation et à des degrés différents. Toutefois, comme vous l’avez souligné, les équipements de production et les processus sont le plus souvent artisanaux et les actions à prédominance manuelles. Ceci fait que la qualité des produits ne pourrait pas être totalement garantie, même si par ailleurs, ces femmes maitrisent bien les processus de production.
{xtypo_quote}Plusieurs projets et programmes sont mis en place par l’Etat en vue d’encourager l’entrepreneuriat des femmes tant en milieu urbain que dans le monde rural. Mme Salamatou Gourouza Magagi.
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Lors de la Semaine de l’Industrialisation de l’Afrique en novembre 2022 ici même à Niamey, mon département ministériel avait organisé des activités parallèles. Et fort du souci de voir développé l’entrepreneuriat au Niger, nous avons retenu un panel sur le thème «Les PME dirigées par les jeunes et les femmes : moteur de l’industrialisation de l’Afrique». Parallèlement, un forum des femmes transformatrices a été organisé sous le haut patronage de la Première Dame Mme Khadijatou Bazoum. Il est entre autres ressorti du panel que les PME jouent un rôle indéniable dans l’économie des pays africains à travers l’industrialisation. Elles génèrent près de 80% des emplois des jeunes et des femmes mais sont confrontées à des difficultés. Pour faire face à ces entraves, les PME doivent bénéficier d’un accompagnement pour les aider à avoir une vision claire de leur ambition, de bien gérer leurs affaires et avoir des compétences nécessaires pour la levée des fonds. Il faut aussi un engagement fort et une collaboration de toutes les parties prenantes dont : les pouvoirs publics, le secteur privé, les structures de financement, les partenaires au développement, les organisations non-gouvernementales, les organisations de la société civile et les médias. Les interventions ont également fait ressortir que le renforcement des PME dirigées par les jeunes et les femmes est à même de soutenir la croissance inclusive du secteur, de permettre l’accès à l’information (connaissance du marché, éducation à la recherche des opportunités, formations spécifiques) et à un certain nombre d’outils.
Au sortir de cette semaine et à l’issue du Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine du 25 novembre 2022, des décisions importantes ont été prises. En ce qui puisse concerner les femmes entrepreneures, l’on peut noter la création des parcs industriels durables avec des espaces dédiés aux PMI (Petites et Moyennes Industries), comme moyen de surmonter les contraintes actuelles des infrastructures industrielles. Il a été également convenu de renforcer la mobilisation des ressources nationales pour assurer le financement durable de l’industrialisation de l’Afrique, d’allouer un minimum de 5 % du budget national au développement industriel et investir dans la fabrication et la transformation des produits agricoles. Il a été également décidé d’accélérer la finalisation des normes et directives pour le Label « Made in Africa » et de réserver au moins 10 % des marchés publics aux entreprises locales, afin de renforcer le développement du secteur privé et l’industrialisation.
L’accès au crédit bancaire surtout pour les femmes est souvent invoqué comme principal frein à l’entrepreneuriat féminin ; quelles sont les solutions envisageables par l’Etat pour surmonter cet obstacle et permettre l’émergence d’un écosystème financier favorable à l’entrepreneuriat féminin dans notre pays ?
Je ne pense pas que les difficultés d’accès au crédit bancaire constituent le principal frein à l’entreprenariat féminin. Il y a tant d’autres obstacles. S’agissant particulièrement des questions de financement, notre pays a enregistré des avancées notamment avec la création et l’opérationnalisation de l’Agence de Financement des PME/PMI. En plus, sous l’impulsion de l’UEMOA, un dispositif de financement des PME a été mis en place et associe les banques commerciales, les établissements financiers et les structures d’appui et d’accompagnement. Ce dispositif permet de faciliter l’accès des PME aux crédits bancaires avec la facilitation de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Par ailleurs, l’Etat a encouragé la mise en place des structures de micro-crédit sur l’ensemble du pays à travers la mise en œuvre de la Stratégie Nationale de la Finance Inclusive.
Outre l’accès au crédit, quels sont les autres freins à l’essor de l’entreprenariat féminin au Niger ?
En plus des difficultés des femmes à accéder aux crédits, il y a d’autres obstacles qui me paraissent importants. Je pourrais citer notamment : les pesanteurs socio-culturelles, l’accès restrictif au foncier, le manque de formation, l’accès au marché. Dans notre milieu, certains pensent que la femme ne doit pas être un acteur économique et que son rôle doit se limiter à s’occuper du foyer conjugal notamment les tâches domestiques, l’entretien et l’éducation des enfants. Dans certains cas, les femmes autorisées à exercer des activités économiques le font à l’avantage de leurs conjoints pour subvenir aux besoins essentiels de la famille. Les difficultés d’accès à la terre (on dit généralement que la terre appartient aux hommes) limitent également le rôle des femmes dans l’agro-business. En milieu urbain, les femmes entrepreneures ont des problèmes pour acquérir des sites de production, soit parce que les terrains coûtent excessivement cher, soit les frais de location sont exorbitants. Aussi, les femmes sont pleines d’initiatives, mais le plus souvent elles manquent de formations adéquates. Le renforcement de leurs capacités à gérer les entreprises est essentiel si tant est que leur participation à l’industrialisation du pays est recherchée. C’est aussi la voie pour accéder au marché avec l’appui des structures spécialisées de l’Etat.
L’entreprenariat est un domaine qui comporte beaucoup de risques et requiert un minimum de formation, quelles sont les actions entreprises par votre département ministériel pour encourager les femmes afin d’y faire carrière ?
Comme je venais de le dire, la formation est d’une très grande importance dans la vie des entreprises. Le Gouvernement est bien conscient de cela et c’est la raison pour laquelle il a mis en place des structures qui appuient au renforcement des capacités des entrepreneurs notamment des femmes. Tout ce qui est nécessaire à la bonne gestion des entreprises leur est transmis à travers l’organisation d’ateliers, de séminaires et de voyages d’étude. Tous les aspects qui touchent la vie des entreprises sont pris en compte dans les formations dispensées, à commencer par comment créer son entreprise, le leadership féminin, l’organisation du travail, les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication, le management de la qualité, les techniques de vente etc. Je voudrais assurer qu’au niveau de mon département ministériel, nous fournissons beaucoup de services aux entreprises notamment en matière de protection des droits de la propriété industrielle, de vulgarisation des technologies, d’élaboration des normes de certification des produits et des services d’accompagnement à la mise à niveau. Tout ceci concourt au renforcement des entreprises et à l’amélioration de leur compétitivité.
Monsieur le Directeur Général, lors du Conseil des ministres du 10 juillet dernier, le Haut-commissariat aux NTICs a été érigé en Agence Nationale pour la Société de l’Information (ANSI). Pouvez-vous nous donner les raisons de cette réorientation dans le domaine des NTICs au Niger?
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) jouent un rôle de plus en plus important dans la vie socio-économique, et particulièrement dans ceux en voie de développement comme le Niger. De plus, ils s’avèrent être un outil transversal qui touche toutes les couches de notre société. L’analyse profonde des défis de développement auxquels notre pays fait face, révèle que les TIC sont une composante incontournable dans l’atteinte de nos objectifs de développement durable.
Au vu de tous ces éléments, le Président de la République a estimé que le Niger devrait être résolument engage dans la révolution numérique, qui nous touche de plein fouet. Le Chef de l’état voudrait que nous nous servions de cette révolution pour moderniser notre économie, renforcer notre croissance, renfoncer notre sécurité, améliorer la gouvernance, et renforcer les programmes et secteurs prioritaires tels que les 3N, la Santé, l’Education et l’entrepreunariat des jeunes.
Il s’est naturellement avéré qu’une structure comme l’ANSI serait mieux habilitée que le Haut Commissariat a mener cette mission. De plus, vue son importance capitale, le Président de la République a tenu a personnellement suivre l’évolution de ce vaste chantier stratégique pour notre pays et sa population, surtout la jeunesse et le monde rural.
En marge du 30e sommet de l’Union africaine, Mahamadou Issoufou livre sa vision du développement et son approche pour vaincre les groupes djihadistes. Le président nigérien, Mahamadou Issoufou, pilote le dossier de la zone de libre-échange continentale pour le compte de l’Union africaine (UA). Il s’agit, selon lui, d’une nécessité et d’une étape « historique » vers une véritable intégration permettant, par une approche économique, de réduire la pauvreté et de lutter contre le terrorisme qui ravage la région. Désormais, à la tête du G5 Sahel, M. Issoufou livre en marge du 30e sommet de l’UA, à Addis-Abeba, sa vision du développement et son approche militaire, sociale et économique pour, pense-t-il, vaincre les groupes djihadistes.
Vous êtes en charge de la question du libre-échange au sein de l’Afrique. N’est-ce pas présomptueux notamment dans les régions sous la menace de groupes terroristes ? Mahamadou Issoufou. Au contraire. Que les frontières soient ouvertes ou fermées, le terrorisme passe. Le développement exige plus d’intégration et un marché continental qui soit libéralisé au sein d’un marché commun. Regardez la carte : l’Afrique a plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de frontières. Pourtant, le commerce intra-africain ne représente que 13 % des échanges continentaux. Car les infrastructures manquent, à commencer par les routes, et le trafic aérien est encore trop faible. Ce qui contraint l’Afrique à importer ses produits d’autres continents.
Pour revenir au terrorisme, ce manque d’intégration freine l’économie et renforce la pauvreté, de même que le chômage. Certains jeunes Africains n’ont plus d’autre choix que de fuir, au risque de mourir dans le désert ou en pleine mer. Le marché commun en Afrique peut permettre de sortir de cette situation. Mais, pour y arriver, il faut produire et lever tous ces obstacles qui entravent le commerce intra-africain.
Concrètement, que ressort-il de ce 30e sommet de l’UA à ce sujet ? L’accord relatif à la création d’une zone de libre-échange continentale (ZLEC) sera officiellement adopté à Kigali, le 21 mars. Il s’agit d’un ambitieux projet d’intégration, historique pour notre continent, qui va pouvoir progressivement sortir de la misère. Pour le moment, la plupart des 55 Etats de l’UA sont d’accord, avec des degrés d’ouverture différents selon les pays. Certains produits sensibles sont exclus, pour des raisons sécuritaires évidentes.
Pensez-vous réellement que certains pays, très sourcilleux sur leur souveraineté et le contrôle aux frontières, vont s’ouvrir, reconnaître le passeport africain et délivrer des visas à l’arrivée ? Chaque pays ne peut s’intégrer de la même manière. Nous devons faire évoluer ce contexte, œuvrer pour la réouverture de certaines frontières fermées depuis des décennies. Les blocs régionaux s’organisent aussi. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) doit avoir sa monnaie unique. A titre personnel, je suis venu à Addis-Abeba avec mon passeport africain délivré par l’UA et qui va se généraliser afin de faciliter la libre circulation des personnes.
{xtypo_quote}« Nous sommes des pays fragiles mais déterminés. Il serait préférable de placer notre force conjointe du G5 Sahel sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui autorise le recours à la force. Mais les Etats-Unis n’y sont pas favorables. »{/xtypo_quote}
En plein Niamey, les rails posés par le groupe Bolloré sont déjà endommagés et le projet de boucle ferroviaire qui devait relier Cotonou à Abidjan est au point mort. N’était-il pas l’un des projets phares d’intégration ouest-africaine ? Ça me fait mal de voir ça dans ma capitale. Les jonctions des rails posés au Niger ne sont pas faites avec les autres pays. Le projet est bloqué pour l’instant car la justice béninoise a donné raison à un acteur économique qui revendique les droits sur cette boucle ferroviaire.
En tant que nouveau président du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), comment comptez-vous rendre opérationnelle et efficace cette force régionale qui manque de financement ? C’est vrai que certains pays ne sont pas très favorables à nous financer. Nous avons des promesses de financement de la part de l’Union européenne, de la France, des Etats-Unis. Mais ce n’est pas suffisant. Nous ne désespérons pas. L’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis vont également apporter leur soutien. Nous allons continuer les plaidoyers pour convaincre les hésitants, ce qui peut prendre du temps. Mais le G5 Sahel n’a pas uniquement une dimension militaire. Là encore, la finalité est une intégration économique dans cette région sinistrée où l’on trouve des indices de développement parmi les plus faibles au monde. Le crime organisé s’est développé, se greffe parfois sur le terrorisme, et constitue lui aussi une menace sécuritaire et économique.
Cette force africaine ne risque-t-elle pas d’être isolée et donc incapable de remporter cette guerre ? Nous avons fini par adopter une stratégie purement africaine. Nous sommes des pays fragiles mais déterminés. Il serait préférable de placer notre force conjointe du G5 Sahel sous le chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui autorise le recours à la force. Mais les Etats-Unis n’y sont pas favorables. J’aurai également voulu que la force conjointe soit une brigade de la mission des Nations unies au Mali (Minusma) sur le modèle de la brigade mixte en République démocratique du Congo. Certains dispositifs me semblent inappropriés et je crois qu’on se trompe de combat lorsque l’ONU déploie au Mali des opérations de maintien de la paix, qui coûtent un milliard de dollars. Ce n’est pas de paix dont il s’agit mais d’une guerre contre les groupes terroristes qui menacent l’unité du Mali et ravagent le Sahel.
Qu’en est-il de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015 par des groupes du nord du Mali réticents à se désarmer, dont l’application semble tarder ? Il n’est pas caduc. Sa mise en œuvre est conditionnée à la défaite du terrorisme. D’autant que ces mouvements qui ont signé cet accord ont été, il n’y a pas si longtemps encore, avec les groupes terroristes. D’ailleurs, certains signataires ne savent pas qui sortira vainqueur de cette guerre et semblent encore hésitants à choisir leur camp.
{xtypo_quote}« Je suis un peu désespéré [par la situation en Libye]. Le pays est trop divisé, tribalisé, avec des milices puissantes que je n’imagine pas accepter un désarmement. Il faut donc une force, dont j’ignore la nature, pour les combattre. »{/xtypo_quote}
Etes-vous favorable à une loi de réconciliation avec les mouvements du nord du Mali ou à une amnistie, comme vous l’avez accordée à certains repentis de Boko Haram ? C’est au Mali de décider. Au sein du G5 Sahel, notre priorité est de restaurer l’autorité de l’Etat malien sur son territoire et de faire que cet Etat reste laïc. Au Niger, nous privilégions des approches complémentaires et je crois qu’il faut promouvoir des négociations quand on le peut. Evidemment, certains mouvements sont exclus de cette approche. Notre programme de déradicalisation et de réinsertion de repentis de Boko Haram se poursuit. Nous avions lancé un appel à la reddition en décembre 2016 à ceux qui étaient disposés à déposer les armes, ce que nous n’avons pas encore fait au nord du pays.
Selon vous, la lutte contre Boko Haram peut-elle être menée à bien par la Force multinationale mixte (FMM), qui réunit les armées du bassin du lac Tchad ? Malgré quelques revers, la tendance est à l’affaiblissement de Boko Haram et la FMM opère bien sur un terrain difficile. La guerre ne peut être remportée seulement par les armes. La naissance de ce mouvement puise sa source dans la pauvreté et l’impact du changement climatique qui a provoqué la réduction de 90 % du niveau des eaux du lac Tchad et bouleversé l’économie locale. Nous avons un plan quinquennal de développement dans cette région et nous comptons, avec les autres pays du lac, exhumer un vieux projet : le transfert des eaux du fleuve Oubangui vers le lac Tchad via un canal créé pour l’occasion. Cela va coûter très cher mais c’est indispensable pour le développement de la région. Nous allons d’ailleurs en discuter fin février à Abuja, au Nigeria, lors d’une conférence organisée par l’Unesco et la Commission du bassin du lac Tchad.
Vous devez également contenir une menace qui vient de Libye. Comment envisagez-vous la gestion de cette crise ? Je suis un peu désespéré. Le pays est trop divisé, tribalisé, avec des milices puissantes que je n’imagine pas accepter un désarmement. Il faut donc une force, dont j’ignore la nature, pour les combattre. A cela s’ajoute le terrorisme. J’espère un miracle. On soutient la feuille de route des Nations unies. Mais ça n’avance pas assez vite. Il faut une Constitution et des élections. Pour le moment, les parties libyennes ne s’entendent pas. Or la solution doit venir des Libyens. Si on ne règle pas le problème de la Libye, on ne pourra pas ramener la paix dans le Sahel ni combattre le djihadisme et sa pensée qui se diffuse dans la région. Lire aussi : Niger : « Nos armées n’ont pas encore convaincu » dans la lutte contre les djihadistes
Comment le Niger fait-il face à la montée de l’islam radical parfois financé par des pays du Golfe ? L’influence de ces pays n’est pas à sous-estimer et il faut prévoir des digues. On vit une sorte de Moyen Âge de l’Islam, avec des réformes et des affrontements. Mais on en sortira tôt ou tard. Il faut mettre des garde-fous pour contenir la tendance à confessionnaliser la politique. Au Niger, certains revendiquent la charia et des groupes veulent créer des partis religieux. Encore une fois, le développement est crucial. Nous consacrons 25 % du budget de l’Etat à l’éducation. Nous avons également renforcé l’enseignement de l’histoire des religions à l’école, gratuite et obligatoire jusqu’à 16 ans, pour mieux contrer la radicalisation. Si on n’arrive pas à donner du travail à nos jeunes de moins de 25 ans, qui représentent 75 % de la population, alors nos digues pour contrer ces forces néfastes s’écrouleront. C’est une course contre la montre.
Propos recueillis par Ghalia Kadiri (Addis-Abeba, envoyée spéciale) et Joan Tilouine (Addis-Abeba, envoyé spécial)
Pr Oumarou NAREY, Premier Président de la Cour des comptes
M. le Premier Président, votre Institution a publié son Rapport Annuel de contrôle financier dans les institutions et services publics qui reçoivent les subventions de l’Etat. Dans ce Rapport qui a fait l’écho dans l’opinion nationale, plusieurs irrégularités et récidives ont été relevées. Pouvez-vous nous situer le contexte dans lequel la Cour des comptes élabore ce Rapport ?
Pour situer ce contexte, il convient tout d’abord de rappeler que le Rapport Général Public est élaboré conformément aux dispositions des articles 5 et 149 de la loi organique n° 2020-035 du 30 juillet 2020 déterminant les attributions, la composition, l’organisation et le fonctionnement de la Cour des comptes.
Ce Rapport traite des différentes observations faites à l’occasion des diverses vérifications effectuées pendant l’année précédente ainsi qu’à la gestion et aux résultats des entreprises contrôlées par la Cour. Ce Rapport est remis à leurs Excellences Messieurs le Président de la République, le Président de l’Assemblée Nationale et le Premier Ministre. Il est rendu public.
Ensuite, il faut rappeler que le Code de transparence des finances publiques de l’UEMOA transposé au Niger par la loi n° 2014-07 du 16 avril 2014, exige également de la Cour des comptes de : rendre publics tous les rapports qu’elle transmet au Parlement, au Gouvernement et à Son Excellence Monsieur le Président de la République ; publier ses décisions particulières sur son site web s’il en existe et dans au moins deux grands journaux nationaux de grande diffusion ; d’assurer un suivi de ses recommandations et de porter régulièrement à la connaissance du public les résultats de ce suivi.
Le Rapport Général Public est finalement un document qui permet à la Cour des comptes de suivre ses recommandations et de publier les résultats de ses activités de contrôle. C’est l’outil privilégié d’information des citoyens sur la gestion des finances publiques.
{xtypo_quote}« Le domaine de compétence de la Cour est très large (…). Mais les ressources humaines et financières mises à la disposition de la Cour des comptes sont très insuffisantes au regard de son vaste domaine d’intervention ».{/xtypo_quote}
M. le Premier Président, la principale préoccupation de l’opinion à chaque fois que de tels manquements sont mis en lumière, surtout par rapport à l’utilisation des finances publiques, c’est le manque de sanctions, les récidives ou encore la non application des recommandations de la Cour. Quelles sont les limites des pouvoirs de la Cour des comptes par rapport à ces cas ?
Les limites s’observent à un triple niveau de l’exercice par la Cour de sa compétence : La compétence juridictionnelle par laquelle elle juge les comptes des comptables principaux de l’Etat, des collectivités territoriales, des établissements publics appliquant les règles de la comptabilité publique. Cette compétence lui permet également de juger les comptes des comptables de fait et de sanctionner les fautes de gestion. Ainsi, la sanction de la Cour des comptes se matérialise par la mise en jeu de la responsabilité des comptables patentés et des comptables de fait ainsi que par l’amende infligée aux coupables de fautes de gestion ;
La compétence de contrôle par laquelle la Cour des comptes s’assure du bon emploi des fonds publics. Il s’agit d’un contrôle qui porte sur tous les aspects de la gestion des entités soumises aux contrôle de la Cour (Etat, collectivités territoriales, établissements publics quel que soit le régime juridique, entreprises publiques, sociétés d’Etat, etc.). Cette compétence permet également à la Cour de contrôler les comptes des partis politiques et les déclarations de biens des personnalités assujetties. Elle permet en outre à la Cour de donner un avis sur les rapports annuels de performance des administrations en charge des programmes, de certifier les comptes de l’Etat, de participer à l’évaluation des politiques publiques, d’auditer et de publier le rapport sur la situation globale des finances publiques, et en particulier la situation du budget de l’Etat et de son endettement, préparé par le Gouvernement dans les trois (3) mois suivant l’élection présidentielle. Par rapport à cette compétence, il y a lieu de noter que le législateur organique n’a pas donné un pouvoir de sanction à la Cour. Cette dernière agit en qualité d’auditeur auprès des entités assujetties, leur fait des recommandations pour leur permettre d’améliorer leur gestion en assurant un suivi desdites recommandations.
Par ailleurs, la Cour des comptes est habilitée à faire des référés aux Ministres concernés ou ceux de tutelle. L’innovation introduite par la nouvelle loi organique est que le Premier Président de la Cour peut porter à la connaissance de son Excellence Monsieur le Président de la République l’absence de réponses dans les délais impartis et lui signaler, le cas échéant, les questions pour lesquelles les différents référés n’ont pas reçu de suite satisfaisante.
La compétence consultative par laquelle la Cour assiste l’Assemblée Nationale en élaborant le rapport sur l’exécution de la loi des finances et la déclaration générale de conformité et en menant à sa demande toutes enquêtes et études se rapportant à l’exécution des recettes et des dépenses publiques. La Cour des comptes peut être consultée par le Gouvernement ou l’Assemblée Nationale sur des questions économiques, financières ou de gestion des services de l’État. A ce niveau également, la Cour des comptes ne dispose pas de pouvoirs coercitifs à l’encontre de ses assujettis.
Au total, des trois (3) compétences de la Cour des comptes, le législateur ne lui a conféré le pouvoir de sanctionner qu’en matière juridictionnelle. Pour les deux autres (compétence de contrôle et compétence consultative), elle ne peut que faire des suggestions pour améliorer la gestion ou émettre un avis sur telle ou telle question relevant de sa compétence.
M. le Premier Président, on constate que le travail que mène votre institution conformément à ses missions nécessite d’importants efforts, des besoins en ressources humaines et financières surtout. Est-ce que la Cour à les moyens qu’il lui faut ?
Le domaine de compétence de la Cour est très large car il couvre les comptes de tous les organismes du secteur public et, au-delà, les comptes des partis politiques, les déclarations des biens ainsi que ceux des organismes faisant appel à la générosité publique. Mais les ressources humaines et financières mises à la disposition de la Cour des comptes sont très insuffisantes au regard de son vaste domaine d’intervention.
M. le Premier Président, tout récemment la Cour a fait sa rentrée judiciaire 2020-2021 et lancé officiellement le plan stratégique 2020-2024. Quelles sont, de manière résumée, les objectifs de ces activités ?
La rentrée judiciaire effectuée par la Cour des comptes consiste, d’une part, à sacrifier à une tradition bien établie en milieu judiciaire et, d’autre part, à accueillir les nouveaux membres afin de partager avec eux la manière dont l’Institution a accompli et continuera d’accomplir son office. En effet, en tant que gardienne de la bonne utilisation des deniers publics, la Cour des comptes participe, au quotidien, à la consolidation de l’État de droit et de la démocratie.
Les objectifs poursuivis par la Cour à travers le plan stratégique 2020-2024 vise à améliorer la qualité des contrôles de la Cour des comptes ; améliorer la confiance des parties prenantes envers la Cour des comptes par l’appropriation de ses travaux ; faire de la Cour une Institution modèle intégrant la prise en compte du genre.
Quels sont les grands défis, les enjeux et les perspectives de votre Institution dans les années à venir ?
Le défis que la Cour des comptes doit relever sont notamment : la couverture de son champ de compétence au regard de la modicité de ses ressources humaines, matérielles, logistiques et financières ; le renforcement des relations avec les parties prenantes.
Les enjeux tournent autour de l’actualisation de certains outils de gouvernance (stratégie de communication, plan stratégique de gestion des ressources humaines, code de déontologie etc.) ; la mise en œuvre du plan stratégique 2020-2024 ; la mise en pratique de son autonomie financière.
Les perspectives sont les suivantes : le respect et l’application des dispositions de la nouvelle loi organique ainsi que la mise en œuvre des outils de gouvernance (plan stratégique 2020-2024, stratégie de mise en œuvre des normes internationales des Institutions supérieures de contrôle des finances, la stratégie d’implication des parties prenantes de la Cour etc.) offrent à la Cour l’espoir de réaliser avec succès ses missions.
Quelles sont les attentes vis-vis des pouvoirs publics et des acteurs concernés par le travail et les missions de votre institution ?
Les attentes de la Cour par rapport à ses parties prenantes sont nombreuses. Ainsi à l’égard du pouvoir législatif (Assemblée Nationale), les attentes de la Cour sont : exploiter les rapports de la Cour en vue d’assurer la mise en œuvre des recommandations dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale ; produire à la Cour les documents légalement requis (compte de gestion du Payeur de l’Assemblée Nationale par exemple).
Vis-à-vis du pouvoir exécutif (plus précisément du Gouvernement), les attentes de la Cour sont notamment : produire à la Cour les documents légalement requis et dans les délais fixés par les lois et règlements en vigueur ; mettre en œuvre les recommandations de la Cour ; créer un cadre de rencontres périodiques avec les ministères et surtout ceux qui fournissent les informations utiles au travail de la Cour, notamment les Ministères en charge des Finances et de l’Intérieur ; doter la Cour de ressources humaines, financières et matérielles suffisantes.
En ce qui concerne les entités soumises à son contrôle, la Cour attend d’elles : la production des documents légalement requis ; la mise en œuvre de ses recommandations ; l’application des règles de bonne gestion des finances publiques.
En outre, la Cour attend des médias (publics et privés) et des organisations de la société civile, une large diffusion du contenu de ses rapports, surtout le Rapport Général Public.
Enfin, la Cour attend des partenaires au développement de contribuer au financement de ses activités programmées dans son ambitieux plan stratégique 2020-2024.
Monsieur ISSOUFOU Issaka est actuellement président du groupe parlementaire ZamZam Lumana africa-Hankuri. Il fut ministre de l'Hydraulique et de l'Environnement sous le premier mandat du Président Issoufou pendant que son parti le MODEN FA était en alliance avec le PNDS-Tarayya. Issoufou Issaka fait partie de ceux qui n'ont pas hésité à suivre le mot d'ordre de leur parti pour quitter les délices du pouvoir en faisant le choix de la précarité de l'opposition. En fait, l'homme se veut un valeureux politicien. Il n'a pas choisi la politique pour des raisons alimentaires. Issaka, pour l'appeler par son prénom est un homme de conviction. Intellectuel de bonne facture, il est marié à une femme et père de trois charmants enfants, deux filles et un garçon. L'Ingénieur Général des Travaux Publics et Mines qu'il est titulaire d'un Bac Série C (mathématiques et sciences Physiques) obtenu au lycée Issa Korombé de Niamey en 1984. Il fut ses preuves à l'Ecole Polytechnique de Thiès au Sénégal et à l'Institut de Géophysique de l'Université de Lausanne en Suisse. Sur le plan politique, Issoufou Issaka est un libéral qui croit profondément aux vertus de la démocratie et les valeurs de la société Nigérienne. Il a débuté ses premiers pas en politique au sein du MNSD- NASSARA avant de regagner le MODEN-FA LUMANA AFRICA dont il a activement participé à la création. C'est donc cet homme que L'Eclosion a rencontré pour vous à la veille de la clôture de la session extraordinaire du parlement. De son emprisonnement à la veille des élections de 2016 à son élection à la présidence de son groupe parlementaire en passant par le vote du projet de loi portant Code électoral et les questions internes au MODEN FA Lumana africa, nous avons échangé à bâtons rompus avec Issoufou Issaka ....
On a l’impression dans cette interview, que le Président Bazoum Mohamed fait l’éloge de la France. C’est en tout cas ce que laisse croire ce passage dans lequel il dit que : «la situation dans la région de Ménaka s’est totalement dégradée depuis le départ de Barkhane. Depuis la fin du mois de mars, les terroristes ont conquis des territoires encore plus vastes. Ils ont tué plus de personnes et ont créé encore plus de tensions entre communautés comme cela ne s’est jamais passé. Les forces armées sont à Ménaka, elles y seraient avec leurs supplétifs russes, mais je constate que cela n’a pas empêché que la situation se dégrade davantage». ET comme quoi, dans le même passage l’on peut retenir que la présence des forces russes n’a pas empêché la situation sécuritaire de se dégrader. En plus, dire par ailleurs, que « la prise de Ménaka par les djihadistes est probable » serait une façon de donner d’avance la victoire aux djihadistes et même les encourager. Nous voyons bien que dans cette interview, le Président Bazoum s’est fait piégé par le journaliste à moins qu’il ait librement choisi d’avancer de tels propos. Si la seconde hypothèse est comme nous la pensons alors, Bazoum est allé loin cette fois-ci car, il ne lui appartient pas de se prononcer sur la situation sécuritaire d’un pays qui n’est pas le sien. Surtout en se laissant allé jusque dans un jeu de comparaison entre la France et la Russie. Bazoum doit de ce fait, éviter de se laisser entrainer dans des histoires qui pourraient lui couter cher. N’est-ce pas, de telles attitudes de la part de notre Chef d’Etat qui a suscité la maladresse du PM malien à son endroit ? Même si nous condamnons de tels propos à son égard, il faut reconnaitre que les autorités maliennes se sentent offensées par les nôtres car, elles trouvent que la France utiliserait des Chefs d’Etat africains pour mettre en déroute la junte qui lutte pour une la stabilité au Mali. C’est d’ailleurs pourquoi nous invitons notre Chef d’Etat à être plus prudent. Ne défendre Ni la France, Ni la Russie, mais plutôt défendre le Niger et rien que ses intérêts.
Dans une interview qu’il a accordée à nos confères du quotidien burkinabé Sidwaya, en marge du Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le 7 juillet 2019 à Niamey au Niger, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité Publique, de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses, M. Bazoum Mohamed, revient sur la situation sécuritaire de la sous-région et sa candidature à la présidence.
Comment se sent aujourd’hui un ministre de l’Intérieur après la tenue d’un sommet d’une grande envergure comme celui de la conférence des chefs d’Etat de l’Union africaine qui a rassemblé plus de 4 000 invités ?
Je me sens vraiment soulagé. Nous avons eu beaucoup d’appréhension au départ. Nous louons Dieu d’avoir fait en sorte que tout se soit merveilleusement bien passé. Nous avons mobilisé beaucoup de moyens et de forces. 12 000 personnes ont assuré la sécurité dans la ville de Niamey et ses alentours. Nous avons mis un dispositif concentrique autour de la ville et cela a donné ces résultats. Nous avons aussi eu la baraka de Dieu. Nous savons que ce n’est pas parce que nous avons déployé tant de forces que nous avons ce résultat. Il y a aussi une part de chance.
Vous êtes candidat du parti présidentiel et vous êtes membre du gouvernement. Comment arrivez-vous à concilier ces deux positions assez délicates?
Il est vrai que je suis candidat mais nous ne sommes pas en campagne électorale. Nous sommes loin d’y être. Comme vous pouvez le savoir éventuellement, l’agenda qui aura voulu que ma candidature soit déclarée en 2019, est un agenda auquel nous avons été imposés par le débat qui avait été enclenché sur les candidatures très tôt. Sinon, notre agenda normal prévoyait que nous investissions notre candidat à la fin du mois de mars de l’année 2020. Nous avons dû avancer ces dates d’une année malheureusement. Mais nous ne changeons rien dans la façon dont la personne désignée candidate à la présidence de la République doit se comporter. C’est-à-dire que je ne suis pas en train de faire campagne au-delà de ce que j’aurai eu à faire, être président du parti tout simplement. Tout ce que je fais pour le parti, je l’aurais fait même si je n’avais pas été déclaré candidat. Le moment de la campagne viendra et en ce moment, nous allons faire les choses telles qu’elles seront définies par les exigences de la campagne.
En marge du 12eme sommet de l’Union africaine, tenu le 7 juillet 2019 à Niamey au Niger, le ministre de la Défense nationale, Kalla Moutari, a accordé une interview à nos confrères du quotidien burkinabé ‘’Sidwaya’’. Dans cette interview, il revient, entre autres, sur les enjeux de cette rencontre et la situation sécuritaire dans la sous-région.
Aussi, dans le cadre des liens de partenariat qui lient les quotidiens de la sous-région regroupés au sein du Groupement des Editeurs de la Presse Publique de l’Afrique de l’Ouest (GEPPAO), nous avons le plaisir de vous faire lire l’interview publiée dans Sidwaya paru, hier, jeudi 11 juillet 2019.
L’organisation du sommet de l’UA en terre nigérienne était un grand défi à relever dans un contexte sécuritaire difficile. Comment vous vous y êtes pris?
Nous avons pris les dispositions sécuritaires qu’il fallait, mais nous étions stressés, parce que nous avons vécu un sommet de pression. Nous avons vérifié et revérifié les dispositions prises par les spécialistes. Les choses se sont passées sans aucun incident sécuritaire et les objectifs politiques du sommet ont été atteints. C’est avec plaisir, que nous recevons les messages de nos compatriotes, y compris de simples citoyens qui se félicitent de la réussite de cette rencontre sur le plan sécuritaire. Je remercie les Nigériens qui ont particulièrement collaboré à cette occasion, en se prêtant aux fouilles et contrôles sécuritaires.
Monsieur le Directeur, Comment se présente la situation pluviométrique dans notre pays ?
La situation pluviométrique est favorable cette année parce que nous avons des excédents pluviométriques sur l’ensemble du pays. Comparativement à l’année précédente, il est observé des précipitations excédentaires au niveau de tous nos relevés pluviométriques. Cet excédent est d’ailleurs même assez important, soit de l’ordre de 50 à 200 mm dans plusieurs localités du pays comme le Sud et le Sud-est du Manga, le Sud-ouest du Damagaram, le Nord Maradi, le Sud de l’Ader, le Nord Dosso, le Nord-Est et le Nord-Ouest Tillabéri. Dans toutes ces zones, nous avons des excédents qui sont de l’ordre de 50 à 200 mm par rapport à l’année dernière à la même période et à la même date. Nous avons les autres excédents également qui sont de l’ordre de 10 à 50 mm, sur toutes les régions nord Manga, Nord Tahoua, Sud Agadez, le centre de Tillabéri et au niveau de Dosso. Donc toutes ces zones sont excédentaires.
Cette situation est-elle comparable à celle de l’année dernière ?
On a essayé de regarder cette situation également par rapport à la moyenne. On fait toujours la moyenne de référence. Donc on a pris la référence de 1981 à 2010, c’est-à-dire sur 30 ans. C’est juste une moyenne arithmétique qui nous donne une indication. Ainsi par rapport à cette moyenne, on remarque quasiment sur l’ensemble de notre pays que nous assistons à un excédent pluviométrique. C’est donc la même situation que 2019, sinon un peu mieux que 2019 en termes d’excédents ou de quantité de pluies tombées. Nous avons quelques cas de déficits, notamment au Sud Dosso et dans le centre de Maradi. C’est une petite zone par rapport à la normale. A la date du 10 août 2020, nous avons enregistré déjà plus de 200 mm à Dolé. En effet, Il n’y a que très peu des zones où le cumul pluviométrique à la date de 10 août est encore déficitaire par rapport à l’année précédente. C’est juste une petite zone au Sud de Damagaram, une petite partie du Sud Maradi et Sud Dosso.
Dans quelles conditions la saison a-t-elle démarré cette année ?
Ce qu’il faut dire ici, c’est que nous disposons des données pratiquement sur l’ensemble de notre pays en termes de démarrage simulé. On utilise une formule appelée ‘’Sivakumar’’ dans tous les pays du Sahel. Par rapport aux dates simulées on a essayé de faire une carte de démarrage moyen. Ce qu’il faut comprendre, quand on parle de démarrage de la saison, cela ne veut pas dire que c’est en même temps que ça commence sur tout le pays. C’est comme la pluviométrie, elle commence au Sud pour remonter au Nord. Par exemple, si nous prenons la zone de Sud Dosso (Gaya et Dolé), le démarrage de la saison se situe entre le 15 et le 31 mai. Si on veut prendre Niamey et le centre des régions du fleuve, le démarrage de la saison se situe dans l’intervalle du 31 mai au15 juin. Ces dates donnent un intervalle moyen de démarrage de la saison des pluies. Quand on va plus à l’Est et au Nord Tillabéri, Nord Maradi, centre et Nord Zinder, le démarrage se situe entre le 15 et le 30 juin et vers Diffa, ce démarrage va du 30 juin au 15 juillet. La fin de la saison, c’est également la même chose, elle n’intervient pas en même temps.
On a essayé donc de regarder en fonction de la moyenne pour voir comment le démarrage s’est comporté. Pour l’essentiel on se situe dans le démarrage moyen en retard. Ainsi, sur la grande partie, on observe un démarrage normal. Toutefois, il y a aussi beaucoup de parties où ce démarrage était intervenu en retard. Il n’y a que dans les zones Nord-Est et le centre Tillabéri, au centre de l’Ader, le Sud de Damagaram, où nous avons des démarrages qui ont commencé un peu précocement.
Par rapport à l’année dernière nous avons également la même configuration. C’est un démarrage moyen en retard sur l’ensemble du pays. Mais il faut aussi regarder ce qui se passe de façon ponctuelle d’une année à une autre. On a essayé de faire une moyenne des neuf (9) dernières années au démarrage de la saison par rapport à la moyenne de 1981-2010. Cela va nous donner la tendance de ce qu’on a l’habitude de voir ces dernières années. Ainsi, on a constaté qu’à l’Est, la situation est en train d’être améliorée en termes de démarrage de la saison pluvieuse. C’est le cas des régions de Zinder et de Diffa où l’installation de la campagne s’effectue beaucoup plus précocement par rapport au Sud-Ouest du pays. Quand on prend par exemple le centre Tillabéri, Nord Dosso, le centre de l’Ader, vers Maradi et Niamey, c’est là où on a vraiment du retard dans le démarrage.
Qu’est-ce qui explique cela ?
Souvent on a des faux départs, c’est-à-dire on peut avoir des fortes précipitations en Avril ou en Mai et après on observe une pause de sécheresse qui fait que les producteurs sont obligés de ressemer. Autrement dit, les débuts sont beaucoup plus problématiques. Cette situation est certainement due au changement climatique.
Qu’est-ce qu’on peut retenir en termes de perspectives pluviométriques ?
En perspective, nous conseillons toujours aux producteurs de se référer d’abord à notre prévision saisonnière qu’on réalise chaque année au mois d’avril. Dans cette prévision saisonnière, nous avions dit qu’on va assister cette année à des pluies excédentaires. Dans le bulletin qui été publié à cet effet, nous avions précisé que pendant les mois des juillet et d’août on pourra assister à des très fortes pluies qui pourraient engendrer même des inondations. Aujourd’hui, le fleuve est complètement rempli au point où il constitue une préoccupation pour les riverains. Heureusement que l’Etat a pris des dispositions sur la base des informations qu’on avait données. La digue de protection a été rehaussée d’une quarantaine de centimètres. Le résultat de ce travail est aujourd’hui là. Le niveau du fleuve est de 634 cm. On a dépassé le seuil rouge qui est de 620 cm. Avec cette situation, on est en train d’aller vers le record de tout le temps qui était de 638 cm.
L’analyse qu’il faut faire à ce niveau du fleuve, c’est de rappeler que cette crue n’est pas la même avec celle qu’on a l’habitude de voir les mois de décembre et de Janvier. C’est une crue influencée par des fortes précipitations tombées aux alentours du fleuve, c’est-à-dire dans les régions de Tillabéry, au Burkina Faso, dans la région de Tahoua et même à Niamey. Ça fait des années que le fleuve n’a pas atteint ce niveau en juillet. Ça fait aussi longtemps qu’on n’a pas vu le fleuve atteindre ce niveau au mois d’août. Donc si les précipitations continuent à tomber, et c’est le même cas, la situation pourrait s’aggraver et peut être nous assisteront à un nouveau record du niveau du fleuve.
Avez-vous des conseils à donner aux riverains du fleuve au regard de cette situation ?
Il faut veiller à la protection civile à travers une vigilance accrue du niveau des eaux du fleuve. Ce travail technique est fort heureusement en train d’être mené au jour le jour par les services compétents de l’Etat. Au niveau de la Direction de la météorologie nationale, nous travaillons aussi à mettre à la disposition du public et des différentes structures, des avis et informations nécessaires pour que l’Etat arrive à réagir à temps pour prévenir et préserver les vies humaines et les biens des populations.
Le Canard en Furie : Le 1er février dernier, la Cour de Justice de la CEDEAO a tenu son audience à Abuja (Nigeria) sur le contentieux électoral opposant le président Mahamane Ousmane à son challenger Bazoum Mohamed déclaré vainqueur par la Cour constitutionnelle, à l’issue du 2e tour de l’élection présidentielle du 21 février 2021. Les débats ont eu lieu, le délibéré est fixé au 31 mai prochain. Avez-vous bon espoir en tant que soutien du candidat Mahamane Ousmane ?
Djibrilla Baré Maïnassara : En principe cette question devrait être directement adressée au principal concerné. Vous savez que la requête a été déposée au nom du candidat Mahamane Ousmane par son conseil. Mais néanmoins en tant que soutien du candidat au 2e tour, je vous dirai que quand on va à un procès, c’est toujours dans l’espoir de le remporter. Le contentieux porte sur la violation des droits de l’Homme et la discrimination constatés à l’occasion du processus électoral. Cela veut dire quoi ? Que le processus a été entaché d’irrégularités, de bout en bout, depuis la mise en place des organes chargés d’organiser les élections, jusqu’aux opérations de vote et la validation des résultats en passant par l’enrôlement des électeurs potentiels. Sur toute la ligne, le candidat Mahamane Ousmane s’est senti lésé et c’est pourquoi, au nom de la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la bonne Gouvernance et du Protocole additionnel A/SP1/12/01 de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, il a décidé de porter l’affaire devant la juridiction de l’espace communautaire. Et selon son Conseil, il a fourni des preuves à travers des procès-verbaux des votes, des audios, des vidéos, prouvant que le processus n’a été ni transparent, ni équitable. D’ailleurs le jury de la Cour de la CEDEAO avait fait le constat, dès l’entame de l’audience, que l’avocat qui devrait représenter l’Etat n’était ni présent à l’audience, ni représenté par un de ses pairs et même en ligne puisque l’audience était faite par visioconférence. Mais, comme je l’ai dit tantôt, votre question devrait être directement posée à l’intéressé lui-même et/ou à son conseil.
Le Canard en Furie : Vous également, vous aviez saisi la juridiction communautaire d’une plainte lors de la conduite du processus électoral. Où en sommes-nous par rapport à l’évolution du dossier ?
Djibrilla Baré Maïnassara : Me concernant personnellement, c’est une requête que j’ai introduite devant la cour de la CEDEAO par l’intermédiaire de mon conseil, à l’issue du 1er tour des présidentielles, le 18 février 2021, en tant que candidat. Elle fait suite à la requête déposée en commun par certains des candidats auprès de la Cour Constitutionnelle sur la régularité du dossier du candidat du parti au pouvoir, régularité du dossier je le précise bien ! La régularité du dossier parce que les pièces du dossier de chacun des candidats sont supposées être conformes aux normes pour être recevables et sans discrimination. Je le précise parce qu’il y a des amalgames qui sont souvent faits à dessein. Même dans le cadre d’un concours ordinaire de recrutement, on vérifie si les pièces versées au dossier sont conformes, sinon le dossier est systématiquement rejeté. Donc je suis serein par rapport à ce dossier puisque l’Etat qui avait 30 jours pour opposer des arguments à ma requête n’avait pas répondu. Tirez en les conclusions vous-même.
L’opposition ne bouge plus tellement pour montrer qu’elle existe encore depuis l’investiture du président Bazoum. Pourtant ce ne sont pas les occasions qui ont manqué pour lui permettre de donner de la voix. Les scandales financiers à répétition, la corruption, l’impunité, etc., se poursuivent. L’opposition reste muette.
Djibrilla Baré Maïnassara : Vous parlez de l’opposition politique n’est-ce pas ? Bon dans mon cas précis, je me sens obligé de vous préciser que je suis membre fondateur du RDP Jama’a. Mais que je suis dans un processus électoral, qui n’est pas encore bouclé à mon sens, tant que les verdicts de la Cour de justice de la CEDEAO ne seront pas connus. Je dis bien les verdicts puisqu’il y’a deux requêtes. Donc l’opposition dont vous parlez, estime avoir remporté le scrutin, du moins, le candidat Mahamane Ousmane estime avoir remporté le scrutin présidentiel, même si dans l’hémicycle son camp est minoritaire. Alors, à partir de cet instant, est ce que les autres partis qui l’ont accompagné peuvent lui dicter sa conduite pour lui faire rentrer dans ses droits ? Je ne le pense pas personnellement. Le président Ousmane a choisi la voie judiciaire, plus sage, même si, il faut l’avouer, la plupart de ses soutiens étaient pour la confrontation dans la rue. Mais ce que je puis vous dire d’ores et déjà est que ce silence de l’opposition procède également d’une stratégie murie. Il faut tirer des leçons des expériences de luttes passées. En matière politique, ce n’est pas forcément en allant dans la rue qu’on peut remporter la victoire politique, surtout si le rapport de force ne vous est pas favorable. En plus ne perdez pas de vue que des centaines de militants issus des rangs du principal parti de l’opposition sont en prison, dont son leader charismatique. La mouvance présidentielle est empêtrée dans ses propres contradictions. Ce n’est pas à l’opposition de lui donner les moyens de faire son unité. Cette stratégie du silence de l’opposition, est diversement appréciée, je le concède. Mais méfiez-vous ! Quand c’est calme, c’est comme un sable mouvant, ça suscite des inquiétudes dans le camp d’en face. L’opposition n’est pas muette comme vous semblez le croire. Elle a le droit avec elle, c’est pourquoi elle et sereine. Elle est toujours là, débout ! La panique vous savez dan quel camp elle et omniprésente. Sinon comment comprendre, que des prétendus démocrates qui ont bénéficié, par le passé, de tous les ressorts de la démocratie pour se hisser au pouvoir, refusent systématiquement les marches, des meetings des citoyens. Vous le savez, à lire le communique du porteparole des droit de l’homme qui était présent dans notre pays le mois dernier, les autorités se sont auto sabordées et délégitimées.
Le Niger a pris part, du 11 au 12 mars dernier, au Sommet de l’Alliance Solaire Internationale (ASI), tenue à New Delhi, capitale de l’Inde. Au cours de cette rencontre mondiale, le Président de la République Issoufou Mahamadou a réaffirmé la volonté de son Gouvernement à développer l’énergie solaire, notamment au profit des zones rurales du pays. Pour connaitre la voie que le Niger est sensé emprunter, mais surtout connaitre les potentialités que regorge ce pays sahélien dans ce sens, nous avons tendu notre micro à Albert Wright, l’un des plus grands experts du continent en la matière.
1) Bonjour Pr. Le Niger s'engage à developper l'énergie solaire surtout dans les zones rurales. Quelles sont les potentialités notre pays dans ce domaine?
Bonjour et merci pour cette opportunité que vous accordez pour nous prononcer sur ce sujet si important pour notre pays. Le Niger est très ensoleillé, mais on peut transformer cette fatalité en opportunité, autrement dit transformer cette chaleur en énergie. L’énergie, c’est aujourd’hui le moteur du développement humain à l’échelle internationale. Si nous avons aujourd’hui du soleil que nous pouvons transformer judicieusement, il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas nous développer. Et avec le travail qui a été déployé dans les laboratoires, depuis la réunion de Rome (Italie NDLR) en 1979, qu’on peut dire que la transformation de l’énergie solaire, ainsi son utilisation sont quasiment maitrisés. Il faut noter qu’il y a deux modes d’exploitation. On peut y aller soit avec les panneaux photovoltaïques, ou soit la conversion thermodynamique.
Quelle est l’implantation actuelle d’Orano au Niger ?
Parmi les trois gisements d’uranium découverts par Orano et l’État du Niger dans les années 1960 et 70 au nord du pays, Orano en assure l’extraction pour deux d’entre eux, de manière responsable, par le biais de deux compagnies minières : COMINAK et SOMAÏR. Les mines offrent au pays des avantages économiques et sociétaux importants, et améliorent le niveau de vie des populations locales. Le troisième gisement, Imouraren, n’est pas en phase de production car, à ce jour, il n’est pas économiquement viable. La production de la mine de COMINAK s’achèvera le 31 mars 2021, ses ressources s’étant épuisées, mais ce n’est pas la fin de l’histoire.
Quelles mesures ont été prises pour atténuer l’impact de la fermeture de COMINAK ?
Pour commencer, la mine est peut-être en train de fermer, mais les travaux de réaménagement du site se poursuivront pendant 10 ans et la surveillance de l’environnement pendant 10 ans de plus. L’objectif est de s’assurer que le site est sûr et non polluant. Nous sommes attachés au dialogue et à une communication permanente et transparente avec les parties prenantes, afin de soutenir la reconversion de nos salariés et prestataires, et d’agir en vue d’une transition sociale pérenne et à long terme, bénéfique à la population locale.
Quelles sont vos prévisions pour la durée de vie de la mine de SOMAÏR ?
SOMAÏR continue d’investir en vue de découvrir de nouvelles ressources en uranium et de prolonger la vie de la mine. Sur ce marché difficile, la mine doit être rentable. De nombreuses initiatives ont été lancées pour que l’exploitation de SOMAÏR se poursuive au-delà de 2035, notamment par des optimisations techniques et la numérisation. Elles contribueront à améliorer l’économie, la qualité et la sécurité des opérations. Nous sommes également très attentifs au rendement énergétique et à l’empreinte carbone de notre mine dans le cadre de notre engagement pour le climat. SOMAÏR est sur la bonne voie.
{xtypo_quote}Orano au Niger : un partenariat pérenne avec de nombreuses années devant lui{/xtypo_quote}
Est-ce que dans 15 ans Orano sera toujours en train de poursuivre ses opérations d’extraction au Niger ?
De même que nos projets à SOMAÏR, nous nous intéressons à Imouraren, qui contient une part importante des réserves de minerai d’Orano. La difficulté est l’économie de la mine dans le marché d’aujourd’hui. Nous sommes à la recherche de nouvelles méthodes d’extraction permettant de réduire les coûts et nous prévoyons des campagnes de forage dans certaines zones du gisement afin de tester la faisabilité des opérations. Notre objectif est de commencer l’extraction à Imouraren avant la fin des opérations à SOMAÏR.
Mine à ciel ouvert, SOMAÏR, @Maurice Ascani , @Orano
En-dehors de l’extraction, quelles sont les activités d’Orano au Niger ?
Notre partenariat avec le pays dépasse largement l’extraction. Nous intervenons pour améliorer l’éducation, la santé, l’accès à l’eau, les activités économiques, la culture et le sport. Par exemple, dans le cadre du projet agro-pastoral d’Irhazer de 11 milliards de CFA (17 millions €) qui vise à assurer une sécurité alimentaire durable, nous finançons le développement des systèmes d’irrigation en partenariat avec l’État du Niger.
Imouraren, @Maurice Ascani @Orano
{xtypo_quote}« Les mines offrent au pays des avantages économiques et sociétaux importants, et améliorent le niveau de vie des populations locales. »{/xtypo_quote}
Amadou Ousmane, auteur du livre ‘’ Propos d’Arbi’’ : ‘’Changeons les habitudes pour changer de comportement’’Monsieur Ousmane, vous venez de publier votre énième livre. Et vous l’avez titré : ‘’Propos Arbi’’... du nom d’une rubrique bien connue publiée dans les colonnes du quotidien national ‘’Le Sahel’’ dans les années ‘80. Ceux de nos lecteurs qui n’ont peut- être pas connu cette période-là voudraient bien savoir que contient cet ouvrage, et qui est Arbi ?
Commençons par Arbi…Arbi est un personnage fictif, un citoyen lambda qui s’était donné pour mission d’amener ses compatriotes à corriger certains de leurs comportements, pour ne garder que ce qu’il y a de meilleur en eux. Ainsi, tous les jours ouvrables, et pendant presque cinq ans, il publiait dans la Presse, un petit pamphlet critiquant, dénonçant ou encensant les petits faits de l’actualité du monde et des gens qui l’entourent. Et cela a duré environ- 5 ans.
Donnez-moi de bonnes raisons qui doivent inciter à lire votre livre…
Primo, le prix est très abordable (3.000 F).Secundo, cet ouvrage, même s’il n’est pas un livre d’histoire, contient assez d’éléments historiques sur la période considérée. Ensuite, sa lecture donne, aux jeunes surtout, l’occasion de développer leur sens critique de mieux connaitre les réalités de leur pays et d’aiguiser leur esprit patriotique. Pour toutes ces raisons, il peut être un excellent instrument de vulgarisation pour la reconversion des mentalités.
Quel bilan faites-vous de la présidence Issoufou Mahamadou
Si vous me demandez de faire le bilan du mandat de Issoufou Mahamadou, je vous confierais d’emblée que j’ai horreur de tirer sur des ambulances. Mon éducation me l’interdit. Et toutes les lois internationales sur les droits humains l’interdisent. Mais puisque vous insistez, je vous dirais simplement que le bilan du programme pompeusement appelé « renaissance » est très facile à tirer. Notre pays vient d’être reconfirmé dernier dans le classement de l’Indice du Développement Humain (IDH), c’est, pour la 6ème fois en 8 ans de régime du président Issoufou. C’est le plus grand drame que j’ai vécu en tant qu’Economiste et Banquier Central. Comment le président Issoufou, avec les meilleurs Economistes du Niger qui l’entourent et toutes ces richesses du sous-sol et les qualités reconnues de l’homme Nigérien, peut-il nous faire subir cet affront ? Je me pose encore la question.
En matière de gouvernance, notre pays, le Niger a été classé au 120 ème rang mondial en matière de démocratie et son régime a été classé comme autoritaire avec un indice de 3,33, loin derrière des pays de notre zone comme le Sénégal, le Bénin, la Cote d’ivoire et le Mali. Ce qui n’est pas étonnant, avec ces violations innombrables de la constitution, ces emprisonnements politiques et ces multiples entraves à la liberté de presse de même que celles de la liberté d’aller et venir à Niamey et dans certaines régions enregistrées tout au long des années de gouvernance depuis 2011.
Si vous vous insistez pour que je continue à tirer sur l’ambulance « renaissance » du président Issoufou, je vous rappellerais, que les ressources humaines sont les premières richesses d’un pays et de son propre aveu, fait dans son discours du 3 août dernier, l’intéressé a reconnu que « La qualité du système éducatif transparaît à travers les résultats de l’évaluation des apprenants en fin de cycle. Les résultats des examens du BEPC et du BAC qui viennent de se dérouler confirment la faiblesse de notre système éducatif. En effet les taux de réussite au BEPC et au BAC sont respectivement de 39,61% et 25,75%. Ces taux très faibles de réussite aux examens ne sont pas le seul fait des enseignants dont le niveau est souvent mis en cause. Ils sont surtout le résultat des perturbations multiples qui jalonnent l’année scolaire. » Quand le Ministre de l’Enseignement Primaire, Dr Daouda Marthé, a reconnu en 2016 que 60% des élèves du CP ne pouvaient lire que cinq (5) lettres de l’alphabet sur les 26, alors vous pouvez mesurer tout le drame que traverse l’école nigérienne.
Sans vouloir tirer davantage sur « l’ambulance renaissance », je dirais que la plus grande catastrophe c’est en matière d’infrastructures. Là je vous dirais que le président s’est totalement planté.
Madame la ministre, le monde entier a célébré, le 3 mai dernier, la Journée Internationale de la Liberté de la Presse. Quelle appréciation portez-vous sur l’état de la question au Niger ? La liberté de la presse est une réalité chez nous ici au Niger. Quoi qu’en disent certains, les journalistes sont libres de leurs opinions. Il suffit, pour s’en convaincre, de se référer au nombre impressionnant de journaux, radios et télévisions privés de la place, qui travaillent quotidiennement et en toute indépendance, dans la diversité des opinions. C’est cela le pluralisme, un des critères mis en avant par RSF, dans le classement annuel de 180 Etats.
Vous savez, à propos de ce classement justement, nous revenons de loin. Au début des années 2010, le Niger était classé 169ème. Aujourd’hui, nous sommes au 61ème rang. Vous vous rendez compte? Nous avons progressé de plus de 100 points! C’est tout simplement extraordinaire !
Au terme de sa visite de travail au Niger, Dr Isobel Coleman, Vice administratrice chargée des politiques et des programmes à l’USAID a accordé une interview à la presse, le 1er septembre dernier, dans laquelle elle a indiqué que l’USAID continue à appuyer le gouvernement afin d’accompagner le développement économique du pays. Dr Isobel Coleman a aussi souligné que la coopération avec le Niger est toujours dynamique. Elle a également réitéré l’engagement de l’USAID à poursuivre les efforts pour renforcer cette coopération qui date de 1961.
Parlez-nous du travail de l’USAID au Niger
C’est un plaisir de visiter le Niger. C’est ma première visite ici. C’est un pays merveilleux. Les autorités que j’ai eues à rencontrer m’ont réservé un accueil chaleureux. Je suis très contente de représenter l’USAID au Niger. Il est important de souligner que notre relation avec le Niger date de 1961. Jusqu’à nos jours, nous sommes le partenaire bilatéral le plus large. Suite au mémorandum signé lors de cette visite, nous espérons étendre cette relation pour les 5 prochaines années. Dans ce même cadre nous avons octroyé un financement de 500 millions de Dollars US et nous espérons continuer à travailler ensemble dans plusieurs secteurs dont l’agriculture, la bonne gouvernance, l’éducation, et aussi la question liée à la jeune fille. Nous reconnaissons ce partenariat avec le Niger et nous précisons également qu’il y a un financement supplémentaire de 58 millions de Dollars US et nous envisageons la poursuite et le renforcement de ce partenariat.
À l’issue de cette première visite au Niger, quelles sont vos impressions?
La visite que j’ai effectuée a été de courte durée. J’ai été dans la région de Maradi où j’ai pu rencontrer les autorités administratives à savoir le gouverneur et le maire. Nous avons effectué une visite sur un site de réaménagement de terres agricoles qui permet non seulement aux agriculteurs mais aussi aux animaux d’en profiter. J’ai également été à Kollo où j’ai rencontré le préfet et le maire. Nous avons tenu des réunions avec les dirigeants locaux ainsi que des responsables de la société civile. Ils travaillent tous ensemble dans le cadre de la bonne gouvernance, la redevabilité et la transparence et aussi sur l’inclusion dans le système de la gouvernance. J’ai échangé avec des responsables du gouvernement avec qui nous avons discuté des points très importants en matière de démocratie. J’ai rencontré des jeunes qui sont très motivés ayant des ambitions et des aspirations. Ils ont pu partager avec moi leurs rêves, leurs besoins de bénéficier des activités génératrices de revenus et aussi des opportunités de développer le marché de l’emploi. Ces jeunes sont prêts et actifs à partager les connaissances et les expériences acquises dans le cadre de la formation reçue pour faire face à la résilience et aux conflits ainsi que pour participer au développement économique de leur pays et en particulier des communautés dans lesquelles ils vivent.
Quel est l’état de la collaboration de l’USAID avec le Niger?
Cette collaboration est encore plus forte et profonde. Depuis plusieurs années nous travaillons ensemble à distance. Beaucoup de pays étaient impliqués mais cette fois-ci nous avons la volonté d’élargir et d’approfondir cette relation, raison pour laquelle, nous avons mis en place une mission complète au Niger pour continuer le travail commencé. Nous avons dans le même sens un financement de 100 mille dollars US par an et aussi un autre million de dollar par an destiné à l’aide humanitaire. Tout ceci va concerner les activités que nous allons mettre en œuvre au Niger. L’USAID travaille également pour promouvoir et développer certaines activités dans plusieurs secteurs. Nous travaillons et nous faisons en sorte que nos projets et programmes soient en conformité avec ce que fait le gouvernement nigérien. L’USAID travaille avec le MCA dans un volet qui cadre avec les priorités du gouvernement nigérien. Nous allons continuer cette collaboration et faire en sorte que le Niger puisse pleinement profiter de notre collaboration et mission.
Parlant de programmes et projets, quels sont les secteurs prioritaires de l’USAID au Niger?
Les secteurs dans lesquelles nous travaillons sont en conformité avec ce que fait le gouvernement. Nous faisons en sorte que ça puisse être profitable au Niger. Parmi ces secteurs nous avons l’agriculture, qui est l’un des secteurs les plus importants au Niger et ayant le plus de potentialités. Nous essayons d’apporter un soutien en termes de meilleures technologies et de formation. Nous travaillons également dans le secteur de la santé où nous avons 20 millions de dollars par an destinés à ce secteur. C’est aussi un secteur clé pour nous. Nous faisons en sorte que notre contribution soit présente dans la lutte contre le paludisme. Dans ce cadre, j’ai visité un hôpital à Maradi où j’ai rencontré des femmes qui sont actives dans des activités y compris l’accès à la nourriture, l’alimentation thérapeutique pour les enfants n’ayant pas les capacités de manger par eux-mêmes ; les soins prénatals et postnatals. Nous travaillons également dans le domaine de la gouvernance. J’ai eu à échanger avec les autorités locales et j’ai appris qu’ils reçoivent des formations de renforcement de capacités. Avec la décentralisation, cela va leur permettre de mieux équiper les services locaux afin de construire un climat de confiance entre eux et la communauté. Ce qui va favoriser la transparence et une bonne redevabilité dans le pays.
Quel soutient attendez-vous des dirigeants locaux pour la mise en œuvre efficace de vos programmes au Niger?
C’est une question très importante. Le travail que nous faisons est focalisé sur les efforts de l’État nigérien et aussi en fonction des besoins du peuple nigérien. Je peux dire que notre partenariat est encore plus fort. J’ai eu à échanger avec les maires et ils m’ont fait cas du travail qu’ils font avec la communauté ainsi que les responsables de la société civile. Au cours des échanges que j’ai eus avec le Président de la République, il a évoqué trois secteurs qui méritent notre attention à savoir le changement climatique, les conflits et aussi la question démographique. Le travail que nous faisons est focalisé en général sur les besoins du peuple nigérien et ceci pour lui permettre d’être plus résilient et de faire face aux difficultés et aux défias. Nous travaillons en fournissant des formations, en mettant en place des programmes qui vont permettre au peuple nigérien d’avoir plus d’activités génératrices de revenus, de diversifier leurs activités économiques. Nous les aidons également à faire des plaidoyers pour communiquer leurs besoins et aussi être en étroite collaboration transparente avec leur gouvernement. Nous travaillons pour faire en sorte que, le peuple nigérien puisse être plus fort, plus résilient.
Pouvez-vous nous parlez de l’engagement de l’USAID en Afrique sub-saharienne et plus largement de la stratégie des États-Unis envers l’Afrique sub-saharienne?
Nous travaillons dans 100 différents pays. La moitié des pays se trouve en Afrique. La stratégie que nous avons c’est la même que j’ai déjà mentionnée. C’est-à-dire, celle focalisée sur les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’économie et aussi des programmes destinés aux jeunes en essayant de voir comment leur créer des opportunités économiques qui peuvent leur permettre de générer de revenus. Nous avons également le MCA et le DCA qui travaillent et investissent en Afrique. Nous fournissons également des formations militaires. Donc le gouvernement américain essaie d’apporter son soutien également aux forces de défense et de sécurité et cette assistance a plusieurs faces. Le travail que nous faisons concerne également la démocratie. Nous veillons à ce qu’il ait une démocratie forte qui va être profitable aux communautés mais aussi qui va permettre aux pays de progresser.
M. Almoustapha Garba, Ministre de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine et du Développement DurableMonsieur le Ministre, notre pays célèbre le 03 Août 2018, le 58ème anniversaire de l’indépendance essentiellement marquée par les festivités de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA). Quelle sera la particularité de cette édition 2018 ?
Avant de répondre à votre question, permettez-moi de vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez pour m’adresser à mes compatriotes en vue de les entretenir dans le cadre de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA), Edition 2018.
Comme le suggère votre question, la 43ième Edition de la FNA se distingue des éditions précédentes à plusieurs égards. D’abord, en choisissant la Région de Maradi pour accueillir les cérémonies officielles nationales, nous respectons non seulement le caractère tournant de cette fête, mais aussi et surtout ce choix nous permet de nous souvenir du célèbre « Débat National sur la Lutte Contre la Désertification » tenu à Maradi du 21 au 28 mai 1984.
L’autre particularité de l’Edition 2018 de la FNA se trouve dans le choix du site de la Cérémonie Officielle Nationale des plantations. En effet, c’est le site de l’Hôpital de Référence de Maradi qui est retenu pour la circonstance. En 2015, nous avions retenu le site d’une institution du Savoir, en l’occurrence l’Université Abdou Moumouni de Niamey ; en 2016, une portion de la Ceinture Verte de Niamey a servi de cadre pour les Cérémonies Officielles Nationales de plantation et en 2017 ce fut le tour de la caserne de la Garde Nationale de Dosso. Cette année, nous avons estimé qu’il est bon de contribuer à l’embellissement d’une infrastructure sanitaire de référence.
Monsieur le Ministre, notre pays célèbre le 03 Août 2019 ; une commémoration essentiellement marquée par les festivités de la Fête Nationale de l’Arbre FNA. Quelle sera la particularité de cette édition 2019 de la FNA?
Dans le cadre de la célébration des festivités de la Fête Nationale de l’Arbre, nous poursuivons la décentralisation de l’organisation de l’évènement au niveau des régions. Cette année, c’est la Région de Tahoua qui a l’honneur d’accueillir le lancement officiel de la campagne nationale de reboisement. Les participants qui le souhaitent auront l’opportunité d’aller visiter à quelques encablures de la Ville de Tahoua, les bois villageois et les plantations d’alignement réalisés par le Président de la République chaque fois qu’il prenait ses congés annuels. Au titre des particularités, il faut aussi noter l’élargissement des prix à attribuer aux producteurs dans le cadre du concours national sur la lutte contre la désertification. Ainsi, nous passons de quatre prix attribués lors des précédentes éditions à cinq, pour un montant global de 10 millions de Fcfa.
Aussi, je porte à la connaissance de vos lecteurs que l’idée d’un trophée de la commune championne en matière de préservation de l’environnement est en réflexion et sera concrétisée au cours des prochaines éditions.
Je dois enfin souligner la participation annoncée de mon homologue du Burkina Faso à cette édition. C’est dire que la consécration du jour anniversaire de l’indépendance à la plantation est perçue au plan international comme une mesure incitative pour opérationnaliser la neutralité en matière de dégradation des terres.
Cette année le thème retenu pour la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre est « Plantons et entretenons les arbres pour un meilleur avenir » quels sont les éléments qui soutiennent la pertinence de ce thème ?
Nous sommes partis du constat que chaque fois que l’entretien des plantations est au rendez-vous, la réussite est assurée, permettant ainsi aux communautés locales de tirer meilleur profit des biens et services écosystémiques générés par les boisements. Je profite de cette occasion pour notifier à l’opinion nationale que les sites officiels de plantation des quatre dernières éditions de la FNA, ayant bénéficié de l’entretien nécessaire, présentent tous des résultats impressionnants, avec des taux de réussite supérieurs à 90%, sinon très proches de 100 %.
L’idée derrière ce thème est d’appeler tous les citoyens, tous les acteurs institutionnels, tous les corps organisés à l'effort de restauration/plantation et surtout à l'entretien et au respect des investissements réalisés. Il s’agit d’attirer l’attention de nos concitoyens sur l’importance de la protection et de l’entretien des réalisations physiques pour garantir la réussite des opérations de reboisement et de restauration des terres dégradées. Nous voudrons rappeler ainsi qu’œuvrer dans l’entretien et la protection des réalisations en matière de plantation et/ou de restauration des terres dégradées doit être perçue par toute la communauté nationale comme étant un des leviers essentiels sur lesquels il faut agir pour assurer un gain durable en biens et services écosystémiques au profit des générations présentes et celles à venir.
Dans cet entretien, le Gouverneur de Zinder, M. Issa Moussa, nous parle des impératifs du développement de la région, le programme de renaissance et les réalisations accomplies au profit des communautés de base au cours de la première année du deuxième mandat du Président de la République M. Issoufou Mahamadou.
Quelles sont, Monsieur le gouverneur, vos ambitions pour la région de Zinder ? Mes ambitions de développement se trouvent être celles-là qui sont déclinées par le Président de la République à travers le programme de renaissance dont l’objectif majeur gravite autour du bien-être de tous les Nigériens. Nous sommes en train de mettre en œuvre au niveau de la région des actions initiées par le gouvernement en veillant sur le suivi et le contrôle. Ces actions sont relatives à la promotion de l’agriculture quand on sait que 90 pour cent de la population s’adonnent à cette activité même si la production agricole n’arrive pas souvent à répondre aux attentes des producteurs. Pour relever ce défi lié à la satisfaction des besoins alimentaires des Nigériens, le Président de la république a opté pour une agriculture à deux bras : une agriculture pluviale et une agriculture basée sur les cultures irriguées.
De fait, pour aller de l’avant, nous avions au cours des trois dernières années procédé au recensement de tous les sites potentiellement aménageables à l’image de certains grands sites qui forcent l’admiration des visiteurs et des producteurs dont les sites de Falki, Toumbala et le barrage de Kassama où la surproduction peut être exportée. Pour appuyer ce secteur en vue de son émergence, la région de Zinder a bénéficié l’année dernière d’un investissement de quatre (4) Milliards 500 Millions qui ont servi à l’achat des intrants, matériels et équipements ; la formation du personnel d’encadrement et des producteurs et l’aménagement des sites irriguées.
Les pays du Sahel sont confrontés à beaucoup de défis communs non seulement en termes de développement mais aussi et surtout sur le plan sécuritaire. C’est ce qui justifie d’ailleurs la création de la Force conjointe du G5Sahel pour accompagner les efforts de dé veloppement entrepris dans les autres secteurs. Dans cet entretien, le ministre de la Défense nationale M. Kalla Moutari revient sur les motivations de la création de la Force conjointe, son mécanisme de financement et de fonctionnement, les résultats obtenus grâce à la mutualisation des moyens, l’aide des partenaires extérieurs y compris sur le plan militaire, etc
Monsieur le ministre, les pays du G5 Sahel ont mis en place une force conjointe ; qu’estce qui justifie la création d’une telle force et quelles sont les missions spécifiques qui lui sont assignées ?
La création de la Force du G5 Sahel est une initiative portée par le Pré sident de la République du Niger. Cette force est une sorte de duplication d’une autre initiative qui a été mise en œuvre dans le Bassin du Lac Tchad (la Force mixte multinationale) qui regroupe le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Cameroun et le Bénin. Nous avons vu les résultats concluants de cette force multinationale qui, a permis à nos Etats, de maîtriser la situation sécuritaire dans cet espace là. Nous avons tiré la leçon toute simple selon laquelle en mutualisant nos forces, les pays africains peuvent venir à bout de ces mouvements terroristes qui, eux aussi, ont des envergures internationales. Nous sommes convaincus qu’à l’échelle d’un Etat, on n’y arrivera pas. Mais s’il faut attendre que d’autres pays nous viennent en aide, c’est aussi nous exposer à ce que cette menace perdure. Voilà pourquoi nous nous sommes réunis pour mutualiser nos forces et combattre ce fléau (le terrorisme) sans qu’on se cloître. Nous sommes restés ouverts à la solidarité internationale. Ce qui ne nous a d’ailleurs pas manqué et n’a pas tardé à se manifester. Nous avons obtenu le soutien de l’Union Européenne, de la France qui est particulièrement engagée et qui porte avec nous ce projet ; il y a aussi les Etats Unis, l’Arabie Saoudite et d’autres pays encore qui sont venus donner un coup de pousse important à ce projet. Aujourd’hui, nous sommes particulièrement avancés.
Les travaux du réaménagement du site de la COMINAK, prévus dans le planning global pour une durée de 12 ans sont à 16 mois de mise en œuvre soit environs 10% de la durée prévisionnelle qui va jusqu’en 2032. Les activités sont suivies par une gouvernance multipartite mise en place entre les représentants de l’Etat, COMINAK et de la société civile pour garantir le bon déroulement du projet dont actuellement trois instances de suivi de l’exécution du projet existent. Dans l’interview qui suit, le Directeur Général de la COMINAK, nous fait l’état des lieux de l’avancement des travaux et nous parle du projet de reconversion économique qui est dans sa phase de structuration.
Monsieur le Directeur Général, l’exploitation de la mine souterraine d’Akouta est terminée depuis le 31 mars 2021. Après 16 mois d’intenses travaux de réaménagement du site, où en êtes-vous sur ce volet technique du projet ?
D’abord, merci pour cette opportunité que vous nous donnez d’apporter un éclairage pour cette nouvelle phase importante de la vie de COMINAK qu’est le Réaménagement du Site, communément appelé RdS, et structuré en 3 grands volets : technique & environnemental, social et sociétal. Le cycle minier est constitué des quatre grandes phases suivantes : la phase d’exploration/faisabilité, la phase de développement/ construction, la phase de production et celle de réaménagement/surveillance/reconversion du site. Le RdS de COMINAK s’inscrit donc dans la continuité de son cycle de vie. En même temps, c’est la 1ère fois qu’un site minier de cette importance est réaménagé au Niger et dans la sous-région.Rappelons que COMINAK fut la plus grande mine souterraine d’Uranium dans le monde, en Afrique.
Le RdS de COMINAK constitue donc un cas d’école unique y compris à l’international.
Sur le volet technique et environnemental, relativement au réaménagement des termes sources que sont les travaux miniers souterrains, l’usine et les autres installations de surface, la verse à résidus et les bassins d’eau chaude et effluents, des jalons importants ont été franchis.
«Notre objectif est d’agir pour une transition sociétale pérenne, durable et utile pour les populations»
Au niveau de la mine les travaux de bouchage des deux descenderies d’accès sont terminés et ceux du bouchage des gros trous (puits d’aération) le sont quasiment avec un taux de réalisation de l’ordre de 93%.
Les travaux de démantèlement de l’usine scindés en 3 lots avancent conformément au planning : le 1er lot constitué des ateliers Broyage/Attaque & Filtration minerai est entièrement terminé, le lot 2 est achevé à hauteur de 70%, le lot 3a (génie civil) est terminé et le lot 3b (génie civil) sera lancé en ce début août. Nous avons malheureusement déploré en début d’année un accident sur le lot 1 qui a coûté la vie à deux de nos sous-traitants et dont je m’incline devant leur mémoire.
En prélude à la démolition de certains bâtiments en zone industrielle, nous avons entamé leur désamiantage. Cette opération de désamiantage techniquement complexe et délicate, est menée par un groupement constitué d’une entreprise nigérienne et d’une entreprise française. Les agents de l’entreprise nigérienne ont bénéficié d’une formation qualifiante et de l’accompagnement de l’entreprise française. L’opération se déroule bien, dans le respect des meilleurs standards en la matière et avec un transfert de compétences réussi.
Les essais d’optimisation du recouvrement de la verse avec l’ultime planche d’essai se poursuivent et les essais concluants de comblement des bassins effluents font partie des avancées importantes.
Monsieur le Directeur Général, un comité multipartite a été mis en place entre la société, les représentants de l’Etat et de la société civile pour garantir le bon déroulement du projet. A cette date, est-ce que le contrôle du réaménagement n’a pas suscité d’inquiétudes de non-respect des engagements notamment le respect des normes environnementales ?
Effectivement, une gouvernance multipartite robuste et inclusive a été mise en place entre les représentants de l’Etat, COMINAK et de la société civile pour garantir le bon déroulement du projet. Actuellement, trois instances de suivi de l’exécution du projet existent : il y’a en central le comité national de suivi qui effectue 2 missions par an, au niveau local il y’a le comité local de suivi (présidé par le Préfet du département d’Arlit) qui effectue des missions chaque mois sur le site et la Direction Départementale des Mines d’Arlit qui effectue des visites d’inspection toutes les deux semaines.
Notre objectif en termes d’impact radiologique est de respecter la limite règlementaire pour les populations riveraines de maximum +1mSv par an de dose ajoutée par rapport au niveau d’exposition naturelle. Pour ce faire, nous surveillons l’air, l’eau, la chaine alimentaire et les sols via des prélèvements réguliers et des analyses indépendantes dont les résultats sont partagés. Ces résultats restent conformes avec même une amélioration.
Nous avons réalisé, dans le cadre du « Comité Plan Compteur » (regroupant de manière inclusive la Direction Départementale des Mines d’Arlit, la Mairie d’Arlit, la Société Civile et COMINAK), un contrôle radiologique de l’ensemble des habitations, rues et lieux publics de la ville d’Akokan. Les marquages identifiés sont pris en charge et en cours traitement pour un coût réel à date d’environ 80 millions de F CFA.
Cette surveillance environnementale sera poursuivie à la fin des travaux de réaménagement, pendant une période d’au moins 5 ans renouvelable, à l’issue de laquelle un bilan de ces résultats sera effectué et une décision prise par l’administration de fermeture définitive du site et de quitus.
Pour rappel, en 2019, le plan cadre de réaménagement du site qu’est l’APD (Avant-Projet Détaillé) a été audité, à la demande des actionnaires de COMINAK, par un expert indépendant, avant sa finalisation.
Pour confirmer le respect des normes de l’ICMM (International Council on Mining and Metals), une analyse des écarts entre le guide de réaménagement de l’ICMM réunissant les meilleures pratiques du secteur et le projet de réaménagement de COMINAK a été menée et a permis de définir des axes d’améliorations dans la mise en œuvre et le suivi du projet de réaménagement.
Nous savons bien que les travaux sont prévus pour durer 10 à 12 ans, soit entre 120 et 150 mois calendaires et comprennent le réaménagement de la mine. Pensez-vous qu’à l’allure des travaux, le délai sera respecté comme prévu ?
En effet, le 31 mars 2021, conformément à la décision prise en octobre 2019 par le Conseil d’Administration de COMINAK, le site a arrêté ses activités de production et donc entamé les activités de réaménagement du site pour une durée prévisionnelle de 10 à 12 ans avant l’étape de surveillance environnementale d’une durée de 5 ans renouvelables. L’Arrêté de fermeture de l’exploitation de la mine de COMINAK a été signé par le Ministre des Mines du Niger le 15 Octobre 2020. Conformément à nos engagements, les travaux de réaménagement ont démarré dès l’arrêt des activités de production. Aujourd’hui, nous sommes à 16 mois de mise en œuvre des activités de réaménagement soit environs 10% de la durée prévisionnelle du planning global qui va jusqu’en 2032.
En 2022, notre objectif, en termes de travaux techniques à réaliser, est de réaménager entièrement la mine souterraine, démanteler l’ensemble de l’Usine et une grande partie des autres installations de surface, poursuivre les tests de recouvrement des bassins effluents et finaliser tous les essais d’optimisation des travaux de réaménagement de la verse à résidus. Le planning évolue constamment, selon les contraintes opérationnelles ou financières et les choix stratégiques, mais notre chemin critique n’a à ce jour pas été impacté.
Je demeure confiant sur l’atteinte de cet objectif d’ici la fin d’année 2022.
Normalement vous devriez entamer le reprofilage de la verse à résidus ainsi que son recouvrement en juin 2022. Alors que ce lot verse reste le plus important en volume de travaux et du budget. Quant est-il de son avancement surtout que la surface est de 120 hectares et qu’elle doit être recouverte par des matériaux?
Les travaux de réaménagement de la verse à résidus ont le double objectif de garantir la sécurité/stabilité et la protection radiologique de la verse à résidus sur le long terme. Ils consistent en des travaux de reprofilage et de couverture multicouche constituée d’argilite et de grès. Le budget final à terminaison est estimé à environs 21 milliards F CFA soit plus de 40% du budget technique du projet.
En 2022, il s’agissait en fait de démarrer des travaux pilotes à petite échelle et en situation réelle avant les gros travaux a proprement parlé à partir de 2023 pour une durée prévisionnelle de 4 à 5 ans. Ces derniers travaux pilotes, sous forme de 6 planches d’essai et qui se dérouleront sur une surface d’environ 3% de la surface totale de la verse, démarreront en ce début août et doivent nous permettre, d’ici la fin d’année, d’avoir un retour d’expérience suffisant afin d’optimiser l’organisation ainsi que le budget final de la verse.
En fonction des résultats obtenus sur la réalisation des dernières planches d’essai, du type d’organisation à mettre en œuvre pour une meilleure maitrise sécurité et radioprotection, du processus décisionnel et des délais de mobilisation des prestataires, la meilleure fenêtre de lancement effectif des travaux de reprofilage/couverture de la verse à résidus sera définie,soit entre le 4ème trimestre 2022 au plutôt et le 1er semestre 2023 au plus tard.
Au moment de la fermeture de la COMINAK, l’effectif des agents était de 614 agents statutaires et environs 800 sous-traitants. Pouvez-vous nous faire le point des mesures d’accompagnement des travailleurs promises à la fermeture du site ?
Dans le cadre du volet social du RdS, notre objectif est de soutenir nos salariés et les sous-traitants dans le plan de reconversion à travers les engagements ci-après : conseiller chaque salarié dans une reconversion professionnelle, mettre en place les mesures d’accompagnement adaptées pour chaque salarié, accompagner les salariés et les sous-traitants dans des projets d’entreprenariat éligibles et viables puis assurer aux anciens salariés exposés aux rayonnements ionisants, un suivi médical post-professionnel gratuit dans le cadre de l’OSRA – Observatoire de la Santé de la Région d’Agadez.
Grâce au « Bureau de Reconversion » mis en place, le taux d’agents ayant bénéficié d’une solution de reclassement est à la date actuelle de 80% avec plus d’une centaine de nos collègues reclassés soit au sein des filiales d’Orano (Niger, France et Namibie) soit au sein d’autres entreprises au Niger et à l’international. Les formations en reconversion professionnelle ont permis à plus d’une centaine de nos collègues d’accéder à l’auto-entreprenariat. Dans le cadre des accords sociaux, l’assurance santé-CAREN sur 5 ans avec prise en charge médicale de l’agent et de ses ayant-droits est effective pour nos anciens collègues y ayant opté. Le suivi médical post-professionnel via l’OSRA se poursuit aussi. Concernant nos sous-traitants, plusieurs font partie des équipes de réaménagement et plus de 90% des heures travaillées le sont par les locaux.
Quel sera le sort des autres infrastructures de la COMINAK qui ne sont pas concernées par l’opération de démantèlement ? Comme l’hôpital, la cité etc.
Dans le cadre de la transition sociétale notre objectif est de : « agir pour une transition sociétale pérenne, durable et utile pour les populations ». Des engagements ont été pris par COMINAK s’agissant du transfert de certaines infrastructures. Il s’agit notammentdu transfert des réseaux électrique et eau potable de la cité minière à la NIGELEC et la SPEN/SEEN, le transfert des logements et lieux communs de la cité minière à l’Etat via le Ministère en charge de l’Urbanisme et du Logement.
Le transfert de l’hôpital de COMINAK à l’Etat via le Ministère de la Santé Publique sur une période de 3 à 5 ans est en cours, et un accompagnement est assuré pour une durée de 5 ans supplémentaires.
Toujours dans le cadre de la transition sociétale nous avons pris l’engagement d’accompagner le maintien et, si possible, le développement des activités de maraîchage sur la ville d’Akokan.
Nous avons mis à la disposition des maraichers, 5 de nos puits que nous avons équipés de champs solaires et construit, 5 bassins de rétention d’eau. Les travaux de raccordement sont en finalisation.
Tous ces transferts ont fait l’objet de conventions au cours de l’année 2021 et toutes ces conventions sont en phase de mise en œuvre.
Toujours dans le cadre des actions sociétales, il est question d’un projet de reconversion économique de près de 4 milliards F CFA du territoire d’Arlit-Iferouāne. Pouvez-vous nous en dire plus et où en êtes-vous de ce projet ?
A l’issue de l’étude d’impact sur la fermeture de COMINAK menée par le Comité d’Orientation, 5 filières économiques ont été identifiées : les travaux publics, le transport & la logistique, l’agro-alimentaire, la valorisation des ressources minérales, et l’artisanat/les commerces/autres activités.
Effectivement, dans le cadre de la transition sociétale suite à l’arrêt de ses activités de production, COMINAK a prévu un budget de 4 milliards de F CFA destiné à venir en appui de l’accompagnement dans la reconversion économique du territoire d’Arlit-Iferouāne. L’objectif est de financer des projets d’envergure et pérennes, permettant de créer des activités génératrices de revenus et un nombre significatif d’emplois dans les secteurs porteurs définis par les autorités et en lien avec les 5 filières identifiées.
Le projet de reconversion économique est dans sa phase de structuration. Un comité intercommunal autour du préfet d’Arlit, celui d’Iferouāne et des Maires des 5 communes qui constituent les deux départements y travaille avec l’appui d’un expert mis à disposition par COMINAK. Les sous-projets ont été identifiés et portent majoritairement sur le développement du potentiel agro-pastoral et industriel du territoire d’Arlit-Iferouāne. L’objectif est d’aboutir à leur lancement avant la fin de cette année 2022 pour une période de 4 à 5 ans maximum. Ce projet de reconversion économique s’inscrit dans la droite ligne de la création de pôles agro-industriels lancée par l’Etat.
Depuis un peu plus d’un an, le premier cas de coronavirus a été découvert au Niger. Cette pandémie a eu des sérieux impacts sur plusieurs secteurs socioéconomiques dans notre pays. Cependant les autorités nigériennes ont mis en œuvre de nombreuses mesures pour que l’impact de la Covid-19 soit amoindri et pour que les Nigériens souffrent moins de la pandémie qui fait des centaines de morts et des milliers de victimes sur le plan économique. Le Secrétaire Général de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Niger (CCIN), M. Maman Ousmane, nous parle de ces mesures prises par les Autorités de la 7ème République en général et par la CCIN, en particulier. Il nous propose aussi des solutions de sortie de crise.
Le 19 mai 2020, un Accord-cadre, en vue de mettre en place un mécanisme de financement d’un montant de 150 milliards de FCFA pour soutenir les entreprises affectées par la pandémie de COVID-19, a été signé par le ministre en charge des Finances. Pouvez-vous nous dire, quel a été l’impact d’un tel mécanisme de financement sur les entreprises bénéficiaires ?
Avant de répondre à votre question, je souhaiterais rappeler le contexte. Depuis que la pandémie de la Covid-19 a été déclarée comme étant objet de préoccupation sanitaire au niveau mondial, les Organisations internationales, en charge de la question sanitaire, ont suggéré un certain nombre de dispositions à prendre, au niveau des différents pays, pouvant permettre d’atténuer l'impact de ladite pandémie. Certes ces mesures pouvaient amoindrir les risques de la propagation du virus de la Covid-19, mais elles ont aussi d'autres conséquences sur le rythme et le niveau de la production dans plusieurs secteurs. Ce qui a bien entendu ralentit toutes les activités économiques et le Niger n'était pas épargné. Face à cette situation, la Chambre de Commerce et d'Industrie du Niger, (CCIN), a très rapidement réagi en commanditant une étude pour analyser l'impact de cette pandémie sur les différents outils de production, aussi bien au sein des entreprises qu'au niveau des industries mais aussi dans les commerces généraux. Cette étude à fait ressortir, en termes de pourcentage, le niveau d'impact, secteur par secteur. Après la validation de cette étude, nous l’avons solennellement transmise aux pouvoirs publics, pour envisager des mesures à prendre pour atténuer l'impact, sinon relever certaines entreprises qui étaient au bord du gouffre, suite à la pandémie. C'est dans cette logique que les pouvoirs publics, ont répondu à cette étude et à cet appel pour proposer une ligne de crédit pour les entreprises, les industries et les commerces généraux, qui remplissent un certain nombre de critères, avec des taux d’intérêts négociés, ainsi que des facilités d'accès aux financements auprès de l'ensemble des banques présentes sur le territoire national. Ce processus a été installé à travers l'Accord cadre, que vous avez évoqué, qui engageait les pouvoirs publics avec l'Association des Professionnels des Banques et des Etablissements financiers. La CCIN a pris part à la signature dudit accord. Le ministre des Finances a, alors mis en place un comité chargé d'analyser, d'accepter ou de rejeter les dossiers, en fonctions des critères retenus et préétablis. Après plus de 7 mois de travaux, le comité a permis le déblocage de fonds de plus de 10 milliards FCFA, en faveur des différentes entreprises de tous les secteurs ayant satisfaits aux critères retenus. Certes, 10 milliards FCFA, par rapport à 150 milliards FCFA, ce n'est pas beaucoup. Mais en tenant compte des critères sélectifs fixés, auxquels beaucoup de nos opérateurs économiques, entreprises et industries ne satisfaisaient pas et donc se trouvaient être du coup mis à côté. C'est d'ailleurs, ayant constaté cet état de fait, au niveau de la Chambre de Commerce, que nous avons mené une autre réflexion, visant à se pencher sur 80% de ceux qui sont dans l'informel et qui sont quand même impactés par les effets de la pandémie de la Covid-19. C'est ainsi, qu'un groupe de professionnels et les opérationnels du secteur dit de l'informel a été mis en place pour proposer des alternatives aux pouvoirs publics, avec des approches différentes, pour qu'on s'occupe de ce pan d'informels qui représente 80% de nos activités économiques. Ces propositions ont été faites, à travers un document- dont nous attendons l’examen par les pouvoirs publics- pour voir dans quelles conditions, on pouvait répondre à d'autres requêtes, pour que les deux segments, formel et informel, bénéficient des appuis, pouvant permettre de booster l'ensemble de notre économie. Il faut dire que la mise en place de cette ligne de crédit, au bénéfice des acteurs économiques, est pertinente. Elle le sera davantage, si on trouvait, le moyen d'intéresser aussi ceux de l'informel, qui ont une grande part dans notre système économique.
Ce financement annoncé de 150 milliards de FCFA, est-il effectif ?
Personnellement, je peux dire qu'il est effectif, dès lors qu'il y a un accord cadre, qui lie nos pouvoirs publics à l'Association des Professionnels des Banques. Donc sur le plan technique et Institutionnel, on peut dire que les fonds sont disponibles. Les critères exigés, que je nommerais des critères citoyens, demandent aux entreprises, industries et opérateurs économiques qu'ils apportent une contribution réelle, vérifiable, dans la création des richesses dans notre pays, à travers notamment la création d'emplois, le paiement des impôts, tout ce qui procède d'une certaine traçabilité. Malheureusement, ceux qui satisfassent à ces conditions ne sont pas nombreux dans notre pays comme dans d'autres pays de la sous-région. C'est ce qui a limité l'accès à ces crédits et facilités. En amont, il faut dire que ce sont des lignes de crédits qui ont été négociées avec des banques, auxquelles il a été demandé de procéder à des analyses classiques, pour voir la capacité du bénéficiaire à pouvoir rembourser les prêts contractés, à des taux réduits. Car si la banque n'a pas toutes les certitudes que le promoteur n'est pas à mesure de rembourser le prêt, évidemment qu'elle n'y accéderait pas. Je pense que c'est le seul critère de sélection qui a fait que beaucoup n'ont pas pu accéder à ces crédits. Alors nous avons proposé, au niveau de la CCIN une autre alternative en faveur de ceux qui sont dans l'informel, même si à la Chambre de Commerce nous n'avons pas pour vocation d'encourager les promoteurs d'aller vers l'informel, loin s'en faut, car l'une de nos vocations c'est justement de faire en sorte d’amener l’informel vers le formel. Ce qui nous importe, c’est comment on va parvenir, de façon traçable, à la création des richesses dans notre pays. Cependant, face à la réalité, qu'est celle de la pandémie, qui n'a pas choisi ses cibles et qui a eu des impacts aussi bien sur les formels que sur les informels, alors, par devoir de défense de tous ces secteurs, nous faisons en sorte que tous ces appuis bénéficient à tous les impactés, pour leur permettre de sortir la tête de l'eau, quitte à envisager, par la suite des mesures plus coercitives, mais pour l'instant, c'est les opérations de sauvetage qui importent, pour la plupart de nos unités.
Dites-nous comment la gestion a été faite ?
Par rapport à la gestion des fonds, il y a eu la mise en place d'une structure institutionnelle. Il s'agit du comité au sein duquel se trouvent les différentes banques, la Chambre de Commerce, certains Ministères clés, le Patronat. Tout cela, c’est pour que chaque dossier déposé, initialement auprès des banques, soit analysé, afin de voir s'il est bien ficelé et acceptable pour qu’il soit transmis, par la suite, au niveau dudit comité. Ce dernier vérifie pour savoir si le dépositaire a réellement été impacté par la pandémie de la Covid-19. Une fois que c'est établi qu'effectivement il l'a été, dans ses activités, alors on lui donne l'aval pour qu'il puisse accéder au prêt. Ces trois derniers mois, nous avons constaté un regain d’enthousiasme et d’intérêt par rapport à cette ligne de crédit. En effet, de nombreux et importants prêts ont été consentis par les banques sur la base des procédures que je viens de décliner. L'opération se poursuit, même si elle devait prendre fin le 30 novembre, car elle a une durée de trois mois. Cependant, l'assurance nous a été donnée que cette opération de facilitation de crédits peut se poursuivre. Notre souci au niveau de la CCIN c'est de voir comment gérer le côté informel, avec un mécanisme réfléchi, consensuel, car ce secteur représente une très grande part dans notre économie.
Par ailleurs, d’autres mesures, d’ordre fiscal, ont été déjà prises par le gouvernement, visant à préserver le tissu économique du Niger contre cette crise de COVID-19. Quels en sont les résultats ?
La nouvelle loi de finance a introduit un certain nombre de réformes, qui envisagent de booster les activités économiques dans notre pays. Nous osons espérer que toutes les conditions seront remplies pour que ces mesures puissent, à l'avenir, permettre à nos unités économiques de pouvoir évoluer avec moins de contraintes. Cependant, en lien avec la Covid-19, je dois préciser que l'une des réformes que nous pouvons considérer comme pouvant soulager les impacts négatifs de la pandémie, c'est la réduction du taux de la TVA, concernant le secteur touristique seulement. Mais nous continuons a espéré, car au niveau de la CCIN, nous avons une tradition de dialogue avec les pouvoirs publics (Ministère des Finances, Direction Générale des Impôts, Direction Générale des Douanes), sur des thématiques, des préoccupations, qui freinent les activités des opérateurs. Je pense que dans ce cadre nous parviendrons à trouver, au cours de l'année 2021, des possibilités qui vont permettre à tous nos opérateurs impactés par la pandémie de la Covid-19, de trouver quelques réponses fiscales ou de tout autre ordre, pouvant leur permettre de relancer leurs activités, afin de mieux participer à la création de la richesse dans notre pays.
Où en est-t-on par rapport au dialogue social entre le gouvernement et les opérateurs économiques, dans la gestion de la Covid-19 ?
En effet, l'un des avantages de cette situation, ce qu'elle nous a permis de créer toutes les conditions d'échanges avec les pouvoirs publics. Dans la sous-région, la CCIN est l'une des premières chambres à avoir réagi avec une étude d'impact sur les effets de la Covid-19 sur ses opérateurs économiques. Aussitôt, nous avons solennellement transmis les résultats de cette étude aux Pouvoirs publics, comme contribution, sur l'impact de cette pandémie sur les opérateurs économiques, ainsi que les dispositions à prendre pour les accompagner et atténuer les effets. Sinon de manière classique, nous avons toujours eu des cadres d'échanges, notamment dans le processus d'élaboration des Lois de finances. En effet, la CCIN a toujours été conviée pour examiner des nouvelles mesures et de faire des propositions, allant dans le sens de renforcer la capacité de mobilisation des ressources par l'Etat. Certes concernant le dialogue, on peut faire mieux. En effet, avec l'existence de certains cadres de concertation, prévus à cet effet, les plus hautes autorités réunissent les acteurs du secteur privé pour s'informer de ce qui se passe sur le terrain, par rapport à leurs activités, les opportunités, les contraintes mais aussi voir comment l'Etat pouvait les appuyer. C'est dire que le dialogue entre la Chambre de Commerce, qui est la structure faîtière de l'ensemble du secteur privé et les pouvoirs publics, constitue un des outils de gouvernance que nous utilisons, à toutes les occasions, pour une bonne marche de nos activités et pour promouvoir l'économie nationale.
M. le ministre, notre pays vient d’accueillir, du 20 au 25 novembre dernier, la célébration de la Semaine africaine de l’industrialisation suivie de la tenue de deux sommets des Chefs d’Etat de l’UA ainsi qu’une série d’événements parallèles. Qu’est-ce qui justifie, selon vous, cette marque de confiance à l’égard du Niger pour accueillir ces grands évènements continentaux ?
Je pense que le déclic est parti du sommet de l’UA tenu en 2019. Dans le cadre de l’organisation de ce sommet, le Niger s’est doté d’importantes infrastructures pour l’accueil de conférences et d’autres évènements internationaux. On peut citer entre autres, l’Aéroport International Diori Hamani de Niamey qui a été complément rénové. Il y’a eu la construction de la voie Express qui lie l’Aéroport au centre-ville de Niamey et facilite la mobilité pour les usagers. Il y’a eu la construction des hôtels de grands standing dont trois de 5 étoiles. Il y’ a eu aussi la construction des villas présidentielles avec la cité de l’UA et des appartements. Bref, on a renforcé nos capacités d’hébergement dans la ville de Niamey. Le Palais des Congrès de Niamey a également été rénové et nous avons construit le Centrer International de Conférences Mahatma Ghandi.
Mais, est ce que La construction des infrastructures à elle seule suffit à justifier cet état de fait ?
En effet, au-delà du renforcement de nos capacités, nous avons également adapté nos infrastructures aux exigences de standards internationaux pour les évènements d’envergure. Je pense que tout est parti de là. Notre pays s’est doté d’infrastructures qui lui permettent d’accueillir de grands évènements internationaux. Nous avons également acquis un savoir faire avec la formation de milliers d’agents dans le domaine de la sécurité, du protocole, de la communication, de la santé, etc. Et puis les autorités ont eu l’ingénieuse idée de créer l’ANEC qui est une structure dédiée à la promotion de la destination du Niger et la coordination des événements internationaux. La mise en place de l’ANEC est une idée originale qu’on ne trouve pas dans la plupart des pays. Avec l’ANEC, les organisateurs ont un seul interlocuteur qui est l’ANEC. Ce qui facilite pour eux toute l’organisation. Ils n’ont pas besoin d’aller voir différents intervenants. C’est une sorte de guichet unique qui a été créé. Il y’a eu également avec l’ANEC une grande offensive de promotion de la destination du Niger. Il faut également ajouter à cela le leadership de nos plus hautes autorités qui font que le Niger est devenu aujourd’hui une référence dans la sous-région sur le plan stabilité politique, sécuritaire mais également une référence en termes de respect qu’inspirent ses leaders dans la sous-région. Tout ça a fait en sorte qu’aujourd’hui les gens pensent qu’ils ont tout ce qu’il faut pour venir organiser leurs évènements à Niamey.
Aussitôt après la fin des deux sommets le Président de la République vous a reçu, vous ANEC et les autres membres du Comité d’organisation. Qu’est ce qu’on peut retenir substantiellement des échanges que vous avez eus?
En février 2021 lorsque le Président de la République a manifesté l’intérêt du Niger à accueillir le sommet sur l’Industrialisation (et cela a été acceptée par ses paires), il s’est automatiquement intéressé aux dispositifs à mettre en place pour qu’il ait une bonne organisation de ce sommet. Régulièrement nous avons eu l’occasion de lui faire le point de l’avancement de la préparation. Quelques jours avant la tenue du sommet, le Président de la République a rencontré l’ensemble des acteurs concernés par la question de l’organisation. Je voulais parler des ministères, du gouvernorat, du Conseil de Ville de Niamey, de l’Agence pour la Modernisation des Villes et de l’ANEC pour pourvoir faire le point sur les derniers préparatifs. Le Chef de l’Etat a manifesté un intérêt pour le suivi des évènements. C’est donc tout naturel qu’à la fin des événements qu’il invite les mêmes acteurs cette fois ci élargis aux différents présidents de comités mis en place pour faire le point sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. Le Président de la République a marqué sa satisfaction par rapport à l’organisation de ce sommet. Ça a été une réussite reconnue aussi bien par les participants mais également par tous les Nigériens qui avaient pris part aux différents événements qui se sont tenus. Le Chef de l’Etat a donc tenu à féliciter l’ANEC pour le travail qui a été abattu, le professionnalisme dont elle a fait preuve. Ces félicitations sont également allées aux différents ministères, services, structures et les présidents de comités pour leur engagement qui a permis la réussite du sommet. Le Président a également donné des orientations par rapport aux insuffisances pour des dispositions à prendre à l’avenir pour que nous puissions mieux organiser encore davantage nos évènements.
Justement, M. le ministre qu’est ce qui a mal fonctionné, je vais dire les insuffisances et quelles sont les idées fortes de la réussite de ces événements?
Je pense que comme vous l’avez dit globalement, le sommet de l’Union Africaine s’est très bien passé dans l’ensemble et comme je l’ai dit, il ne peut pas y avoir un évènement d’une telle envergure sans qu’il n’y ait de petits dysfonctionnements sur lesquels nous allons travailler. Et puisque le Niger s’est engagé dans l’économie des conférences, nous devons beaucoup travailler aujourd’hui à véritablement mettre en place un dispositif de prise en charge totale de ces questions. Par exemple, une des recommandations qui a été faite c’est de mettre en place une structure en termes de protocole et une autre structure sur la sécurité qui sont spécialisées dans la gestion des évènements internationaux de haut niveau parce que la gestion d’un sommet des Chefs d’Etat ou des hautes personnalités est différente d’une activité normale. Beaucoup de pays ont aujourd’hui des structures de sécurité ou de protocole spécialisées dans la gestion de ces genres d’évènements. Je pense que ce sont des choses sur lesquelles nous devons travailler davantage afin de les améliorer. Nous devons également prendre des dispositions pour que la mise en place des dispositifs soit alignée aux standards internationaux sur lesquelles nous travaillons beaucoup.
En termes de participation, (nombres de personnalités présentes, participants, nombre de pays et d’institutions présents, événements parallèles, etc.), quelles sont les principaux éléments qu’il faut retenir?
Le sommet de Niamey a enregistré la participation de la quasi-totalité des pays membres de l’Union Africaine, à l’exception des pays qui sont sous sanction de l’Union Africaine et qui ne participent pas aux activités de l’UA.
Nous avons enregistré une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement et des Vices présidents pour ce sommet. Selon les enregistrements que nous avons eus, plus de 3000 participants ont été enregistrés et nous avons eu 43 évènements parallèles pour lesquels plus de 1500 personnes se sont inscrites. Nous avions également l’exposition des femmes transformatrices pour laquelle 21 pays étaient présents et selon les statistiques données par les organisateurs 7000 visiteurs ont été enregistrés pour ces évènements. Nous avions également une quarantaine de partenaires, organisations internationales qui étaient à Niamey. Le sommet de Niamey est parti au-delà des attentes parce que dans ce mois de novembre, il y’a eu deux évènements internationaux des Chefs d’Etat notamment la COP 27 en Egypte qui avait mobilisé des chefs d’Etat et le sommet des chefs d’Etats de l’OIF qui s’est tenu en Tunisie qui a aussi regroupé des chefs d’Etat. C’est dire le sommet de Niamey était le troisième évènement dans ce même mois. Mais en dépit de cela nous avons eu une participation très satisfaisante et cela prouve une fois de plus l’intérêt que les gens accordent au Niger et également le respect et la considération que les gens ont pour les plus hautes autorités.
On se rappelle qu’en janvier 2020 quand l’ANEC a été créée cela procédait d’une réelle volonté politique de faire du Niger un hub de rencontres internationales. Est-ce qu’on est en train de gagner ce pari de faire du Niger, un pays de grande destination
L’ANEC a été créée le 10 Janvier 2020, au lendemain de la tenue du sommet des Chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine. Il y avait donc la nécessité de pérenniser les acquis de la conférence de l’Union Africaine (UA). On avait construit des infrastructures, on avait acquis un savoir faire et il fallait pérenniser ces acquis là. On s’est rendu compte qu’également à la faveur des fêtes tournantes du 18 décembre, nous avons doté les chefs lieux des régions d’importantes infrastructures d’accueils et d’événements. Donc il faut rentabiliser tout ces investissements qui ont été faits mais également comme je l’ai dit, il faut pérenniser les acquis. Et une des voies pour pouvoir pérenniser ces acquis, c’est de faire en sorte qu’il y ait beaucoup d’événements internationaux dans notre pays. Grâce aux événements, nous pourrons avoir un nombre important de visiteurs dans notre pays. Et le fait d’avoir beaucoup d’événements internationaux pour nous, donne deux opportunités au pays. La première, c’est améliorer la visibilité du Niger sur la scène africaine et internationale. Et cette amélioration de la visibilité, va également permettre de pouvoir dissiper certains préjugés que les gens ont sur le Niger. En effet, on est considéré comme un des pays, les plus pauvres sur l’indice de développement humain. On pense que le Niger est un pays dans un environnement d’insécurité, où on pense qu’il fait très chaud. Et aujourd’hui avec la mendicité, c’est une autre image négative que les gens ont du Niger. Mais lorsque les gens viennent au pays, ils découvrent qu’en réalité, ce sont des préjugés.
Malgré l’environnement d’insécurité, Niamey et même les principales villes du Niger sont aujourd’hui parmi les villes où les taux de calamités sont les moins élevés au monde. Aussi, le Niger est souvent confondu au Nigéria. Mais grâce aux grands événements que nous enregistrons des milliers de personnes arrivent dans notre pays dont pour certains, c’est la première fois. Et ca nous permet aujourd’hui d’améliorer notre visibilité et de pouvoir dissiper ces préjugés là.
Deuxième élément pour nous, c’est que, c’est une source d’emploi et de revenu pour le pays. Chaque personne qui vient à Niamey, dépense en moyenne entre 100.000f à 150.000f par jour dans l’hébergement, la restauration, les souvenirs, etc. Bref, ca fait partie de l’économie du pays parce que les statistiques ont montré qu’un emploi sur onze (11) dans le monde aujourd’hui est créé du fait des activités liées à l’économie des conférences et au tourisme. Et aujourd’hui, on le sent au niveau du pays.
Donc, l’ANEC a été créée pour pouvoir faire en sorte qu’on ait la promotion du Niger, la visibilité et pour également créer des emplois. Mais pour que cela continue, il faut que les événements que nous organisons soit des événements alignés aux standards internationaux et c’est pour ca qu’une des missions de l’ANEC c’est de coordonner les événements qui se passent au niveau du pays en collaboration avec toutes les structures publiques et privées concernées de manière à nous assurer que tous les événements qui se tiennent au Niger sont organisés conformément aux standard internationaux. Et un troisième rôle que l’ANEC doit jouer, c’est également faire la promotion du secteur privé. Il faut que nous ayons un secteur privé fort, avoir des agences événementielles dans tous les domaines pour qu’elles puissent prendre le relais. C’est à tous ces acteurs d’organiser des événements. Le rôle de l’ANEC, c’est de faire la coordination et de s’assurer que tout soit conforme aux standards internationaux.
Monsieur le ministre, vous avez parlé de l’économie des conférences, quelles sont, aujourd’hui, puisse que c’est des opportunités qui sont autour l’organisation des conférences, les principaux partenaires de l’ANEC ? Comment se traduisent vos partenariats ?
Le rôle de l’ANEC, c’est de coordonner l’organisation des évènements au Niger. Elle n’est pas seule. Elle le fait avec les structures étatiques et privées concernées. Nous faisons ainsi appel au ministère en charge des Affaires Etrangères pour assurer le protocole et les aspects diplomatiques ; nous faisons appel au ministère en charge de l’Intérieur pour assurer la sécurité de l’événement ; nous faisons appel au ministère en charge de la Santé publique pour assurer la couverture médicale des évènements ; nous faisons appel au COGE pour l’animation et la mobilisation ; nous faisons appel au ministère chargé du Tourisme. Bref nous faisons appel à tous les acteurs concernés, la RTN, l’ONEP, toutes les structures de médias publiques et privés. Nous avons un fichier par rapports aux partenaires comme les hôtels, les agences de location des voitures, les agences de communication. Aujourd’hui, vous voyez tout l’engouement que tout cela suscite.
Je me rappelle bien, certains de vos collègues avaient annoncé que le Niger avait dépensé 450 milliards de FCFA pour organiser le Sommet de l’Union Africaine de 2019. Je profite de l’occasion pour préciser que les 450 milliards ont été investis essentiellement par le secteur privé. L’Etat n’a pas mis un seul franc dans la construction des infrastructures en 2019 qu’ils soient l’Aéroport International Diori Hamani, les hôtels, le Centre International des Conférences Mahatma Ghandi, les villas présidentielles. Cela été fait par les privés ou avec les partenaires qui ont investi. Beaucoup ont pensé que c’était un luxe pour le Niger d’avoir un nouvel Aéroport, des hôtels etc.,. Aujourd’hui, tout le monde en tire profit. Tout le monde est fier de voir ce qui se passe dans le pays. Le regard des autres a changé à propos du pays. Notre fierté s’est renforcée par rapport à cela. Aujourd’hui, Niamey n’est plus considéré comme un village mais comme une ville moderne qui répond aux exigences de nos visiteurs.
Je pense qu’avec les partenaires tout se passe dans les bonnes conditions. Nous sommes ouverts et disponibles et nous collaborons avec tout le monde. Chaque fois que nous avons un évènement de grande envergure nous mettons en place des comités, des structures qui ont participé à l’organisation du sommet de l’UA de 2019. Et l’expérience acquise le prouve. Nous avons organisé un double sommet de l’UA pour lequel nous n’avons fait appel à aucune structure étrangère. En 2019 on a fait appel à une agence évènementielle à l’internationale qui nous a coûté des centaines de millions. Nous avons fait venir des gens de la Turquie, de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal, du Maroc. Cette fois ci, tout a été organisé par les Nigériens. Nous renforçons nos capacités aujourd’hui, nous avons acquis des expériences et c’est quelque chose qui ne fait que renforcer et améliorer les perspectives de notre pays.
Monsieur le ministre à vous écouter, les actions de l’ANEC s’inscrivent dans une philosophie d’entreprendre des actions par des Nigériens et pour des nigériens. Cela devient une affaire qui engage aussi le public. Quel est le comportemment attendu du Nigérien pour qu’on dnne une belle image du Niger ?
Je pense que c’est dans notre nature. La chaleur humaine n’a jamais fait défaut à l’occasion des évènements internationaux au Niger. Les Nigériens se sont toujours mobilisés pour pouvoir réserver un accueil exceptionnel aux hôtes venus pour le sommet ou de simples touristes qui viennent nous visiter. Nous sommes considérés comme un peuple accueillant et chaleureux. Les Nigériens sont impliqués. Nous avons vu en 2019, des bonnes volontés qui ont donné leur maison pour héberger nos invités et même pour ce sommet nous avons eu des bonnes volontés qui ont mis des voitures à la disposition de l’ANEC, pour travailler de manière bénévole. Nous avons eu une centaine de jeunes bénévoles engagés avec nous pendant deux ou trois semaines pour pouvoir organiser cet évènement. Nous avons fait appel aux fonctionnaires de l’Etat qui nous ont aidés, sans aucune rémunération ou contrat, juste pour aider surtout que nous avons compris l’intérêt qu’on peut avoir à bien organiser cet évènement. Tout le monde gagne. Des centaines ou des milliers d’emplois ont été créés. Les gens ont amélioré leurs chiffres d’affaire pays à l’occasion des différents évènements internationaux, des nouvelles agences de communications évènementielles sont en train de voir le jour, les hôtels se construisent. Nous avons beaucoup de demandes de projets de construction d’hôtels de grand standing à Niamey.
Le Niger est devenu une destination, quelles sont les perspectives à court terme pour l’ANEC en d’autres évènements ?
Ce qui est d’abord intéressant, c’est la forte volonté des plus hautes autorités du pays. Le président de la République s’est engagé dans son programme de renaissance acte 3, à améliorer la visibilité du Niger pour en faire une destination préférée pour l’organisation des conférences internationales. C’est un acte fort que le président a pris, et cet acte s’est rapidement matérialisé. Le gouvernement a été mis en place en avril, au mois de juin déjà, il ya eu un séminaire gouvernemental qui a été présidé par le Premier ministre avec l’ensemble des membres du gouvernement présents à cette occasion pour expliquer le dispositif qui est mis en place pour le développement de l’économie des conférences et ce qui est attendu de chacun d’eux pour la pérennisation de ce dispositif.
Il y a eu par la suite une note circulaire qui a été envoyée à l’ensemble des différents ministères, institutions et démembrements de l’Etat pour leur rappeler le dispositif qui a été mis en place. Par la suite, il y a eu aussi une rencontre avec l’ensemble des ministères et institutions de la république pour les sensibiliser, leur expliquer le dispositif. Il a aussi été mené des campagnes intenses sur le plan diplomatique. Et le Président de la république en personne négocie des événements pour le Niger, et pratiquement chaque fois que le président se déplace pour un grand évènement international, il y’a une mission de l’ANEC qui est avec lui pour aller négocier des évènements internationaux et les ramener au niveau du pays. C’est dire qu’il a une implication forte du président de la république par rapport à ça.
Il y a eu également des fonds conséquents mis à la disposition à l’ANEC pour organiser des évènements. Donc, il y a cette volonté politique et un engagement total. Aujourd’hui nous sommes sollicités, tous les Ministères ont compris qu’il faut associer l’ANEC. Nous sommes à la limite débordés par rapport à cela. Notre objectif en 2022, c’est d’avoir une quarantaine d’évènement, nous sommes presque à une cinquantaine d’évènements aujourd’hui. Dans ce mois de décembre, nous avons une dizaine d’évènements qui sont programmés dont les plus importants en termes de participants sont la conférence des barreaux francophones du monde qui se tiendra à Niamey, suivie juste de la rencontre des ministres en charge de l’éducation des pays du Sahel organisée avec le Comité Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel (CILSS), la réunion annuelle du partenariat Ougadougou 2022, la 2ème édition des Awards des rires africains que notre compatriote Mamane le Goundouanais organise, la 5ème session des ministres de la Justice de l’OHADA et le Congrès de la jeunesse panafricaine. Cela est un signe fort.
Entre octobre et décembre on a eu pratiquement une vingtaine d’évènements internationaux. Durant le sommet qui vient de se passer, on a enregistré 43 évènements parallèles. Outre les deux sommets des Chefs d’Etat, il y a eu deux panels des Premières dames, les expositions et la semaine africaine de l’industrialisation. En février prochain, nous avons deux grands évènement d’envergure internationale à savoir le Forum des investisseurs Union Européenne-Niger, le forum régional africain du développement durable que le Niger organise avec les Nations Unies auquel 4000 invités sont prévus. Les acteurs ont compris que grâce aux dispositifs qui ont été pris avec la création de l’ANEC, nos évènements sont organisés dans les meilleures conditions. Je sais qu’à l’occasion des grands évènements souvent la population se plaint des perturbations en termes de mobilité dans la ville. Cela fait partie malheureusement du décor. Même les grandes villes comme New-York ne sont pas épargnées lors des Assemblées annuelles de l’ONU, c’est pratiquement des quartiers entiers qui sont bloqués pas des ruelles. Pratiquement c’est tout le centre autour de l’ONU qui est complément bloqué. Je pense que nos concitoyens ont commencé à intégrer cela en faisant preuve de patience. Je les invite encore à continuer à accompagner cette dynamique du Président de la République pour que les évènements se passent encore normalement. C’est dans l’intérêt de notre pays. Aujourd’hui, l’économie des conférences fait vivre les services. En effet, 70% du PIB des pays développés est lié aux services. Ce n’est pas l’industrialisation, c’est plutôt les services. Nous avons des grands pays en Afrique et dans le monde qui vivent de cela.
Quelles sont les perspectives pour l’ANEC ?
Nous avons comme souhait de continuer à faire des évènements internationaux et mettre en place des standards de qualité des plus élevés en matière d’organisation. A chaque fois nous tirons des conclusions et voir ce qui a marché et on essaie de renforcer cela la prochaine fois par des améliorations. Nous devons continuez à faire profiter les opérateurs économiques nigériens de cette dynamique. En moyen et court termes, nous envisageons de décentraliser les évènements pour les faire à l’intérieur du pays. Il y’a deux festivals notamment celui de l’Aïr, où nous enregistrons beaucoup de participants internationaux. Nous devons pouvoir organiser des événements à Dosso, à Maradi, à Tahoua, à Diffa qui ont des infrastructures qui peuvent accueillir des évènements. Et, une des conditions à améliorer ce sont les dessertes aériennes. Il faut juste que le Ministre de l’Intérieur et le Ministre des Transports travaillent sur ce point. Il faut aussi faire profiter les artistes, les artisans de notre pays de cette manne que génère l’économie des conférences. Nous devons travailler à améliorer nos capacités en termes de communication notamment dans le domaine de l’internet. Tous les acteurs sont mobilisés derrière le Chef de l’état pour faire davantage de notre pays un hub en matière de conférence, des évènements internationaux.
Monsieur le Directeur Général, votre service, le Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment, constitue un dispositif en matière de contrôle de la qualité des infrastructures mais aussi pour la sécurité et la durabilité de celles-ci. Pouvez-vous succinctement présenter à nos lecteurs ce service ainsi que ses activités
Je vous remercie tout d’abord de m’avoir donné l’opportunité de parler du Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment ; le LNTP/B qui existe depuis 1971 au sein du Ministère des Travaux Publics du Transport et de l’Urbanisme à l’époque. Il a été érigé en Direction Nationale en 1983 et suite à des réformes soutenues par l’Union Européenne et la Banque Mondiale en 2002, le Laboratoire a été restructuré et érigé en Société Anonyme d’Economie Mixte (SAEM ) dont l’Etat est actionnaire majoritaire avec 92% des actions et les 8% des actions sont destinées au personnel. La société est dirigée par un Conseil d’Administration et placée sous tutelle du Ministère de l’Equipement. L’une des missions essentielles du LNTP/B, est de donner son avis sur la qualité des matériaux employés, sur leur mise en œuvre, le mode d’emploi de ces matériaux et les caractéristiques des sols pouvant conditionner la stabilité et la bonne tenue des ouvrages. En termes d’activité, le LNTP/B est chargé de l’étude et du contrôle de qualité des matériaux ou produits entrant dans la construction de bâtiments, des routes, des aérodromes, des ouvrages d’arts etc. il assure aussi l’étude de reconnaissance des sites de projet ; de comportement des sols ; de l’expertise des dégradations causées sur les infrastructures ; de l’expertise technique et l’évaluation des bâtiments et ouvrages et enfin de la recherche fondamentale et appliquée devant aboutir à la normalisation et la certification de tout produit BTP.
« Le LNTP/B est chargé de l’étude et du contrôle de qualité des matériaux ou produits entrant dans la construction de bâtiments, des routes, des aérodromes, des ouvrages d’arts», déclare M. Soli Ousseini
Monsieur le Directeur pouvez-vous nous parler de l’importance de ce laboratoire pour notre pays
Le Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment , de par sa mission ; joue un rôle très important dans la réalisation de l’important programme d’infrastructures de Génie Civil des plus hautes Autorités de ce pays. En effet, le LNTP/B assure les prestations géotechniques en phases des études, des travaux et de l’exploitation des infrastructures après leur mise en service. Or, la géotechnique est incontournable et indispensable pour la réalisation des projets d’infrastructures susmentionnés. A travers donc la géotechnique, le LNTP/B participe au relèvement du défis complexe du choix et de réalisation des infrastructures fiables, de qualité, et durables. Ce faisant il constitue une des voies incontournables qui mènent au développement durable du pays.
Quels sont les résultats, les succès ou les expériences enregistrées par le Laboratoire depuis sa création
Avec ses cinquante ans d’existence le LNTP/B a assuré l’essentiel des prestations géotechniques relatives aux études et au contrôle des différents projets financés par les différents Bailleurs de Fonds et l’Etat du Niger, avec des résultats satisfaisants au fil des ans, aussi bien dans les domaines routiers, du bâtiment, des aéroports et des ouvrages d’art. En effet, le LNTP/B reste et demeure un modèle et une référence sur le plan national et même international. Certaines distinctions comme le trophée D’or 2020 attribué au LNTP/B par l’Agence Nigérienne d’Information sur le Développement au Niger et la désignation du LNTP/B au niveau international pour organiser la 11eme édition des Journées Africaines de Géotechniques (JAG2019) qui a regroupé plusieurs laboratoires des pays membres de l’ALBTP et CTGA , et organisations internationales de mécanique des sols, sont des gages de succès du LNTP/B.
Au regard de vos missions et de l’environnement exigeant sur la qualité des services, est-ce que vous avez les moyens de satisfaire toutes les demandes qui vous sont adressées ?
Effectivement les activités du laboratoire dont nous avons évoquées au début de cet entretien exigent non seulement du matériel technique important, diversifié et performant mais aussi la disponibilité d’un personnel suffisant et expérimenté. Actuellement le Laboratoire dispose du matériel technique essentiel qui permet jusque-là d’assurer les prestations géotechniques demandées par nos clients Ce matériel est acquis grâce à l’investissement propre du Laboratoire et l’accompagnement de notre ministère de tutelle, c’est à dire le Ministère de l’Equipement à travers la mise à disposition du matériel labo en fin de chantier. Mais compte tenu de l’environnement économique favorable aux investissements dans notre pays, depuis bientôt une dizaine d’années, à travers la concrétisation des réalisations de l’ambitieux programme d’infrastructures du Gouvernement, il est impératif et urgent pour le Laboratoire d’acquérir le matériel moderne de dernière génération. Or le Laboratoire fonctionne uniquement sur ses ressources propres et ne bénéficie d’aucune subvention de l’Etat actionnaire majoritaire du point de vue des investissements. C’est pourquoi l’acquisition du nouveau matériel est une condition favorable à l’effectivité des missions du Laboratoire. En ce qui concerne le personnel, le départ à la retraite des agents disposant de larges expériences, constitue un handicap pour le Laboratoire à satisfaire toutes les demandes de mise à disposition du personnel sur les chantiers. Néanmoins, les instructions budgétaires sont faites suivant le plan de recrutement de la société pour permettre de satisfaire à ces demandes.
Quelles sont vos attentes en vue de faire du Laboratoire un outil de référence au plan national et international ?
Le LNTP/B s’est engagé depuis 2015 au processus de la démarche qualité avec une politique qualité basée sur une définition claire des objectifs à atteindre. La démarche qualité permet à terme au Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment d’obtenir la certification ISO 9001 et l’accréditation ISO 17025 qui sont des normes internationales permettant d’affirmer que le LNTP/B est moderne. Le processus est long et complexe avec des exigences d’acquisition de matériels modernes et des réformes profondes d’organisation. C’est pourquoi malgré l’insuffisance de ressources financières disponibles, le Laboratoire National des Travaux Publics et du Bâtiment a priorisé l’acquisition, en 2019 , d’un matériel performant de forage qui a contribué à augmenter substantiellement les recettes. Au cours de sa visite au Laboratoire, le nouveau Ministre de l’Equipement, M. Hamadou Adamou Souley a été édifié sur la pertinence de notre démarche qualité et nous a encouragé et a promis d’explorer toutes les voies possibles afin que l’Etat puisse accompagner davantage le LNTP/B dans son processus de modernisation.
Donc notre plus grande attente c’est de bénéficier d’une subvention de l’Etat en faveur des investissements pour l’acquisition de matériels techniques modernes de dernière génération. Enfin je profite de cet entretien pour lancer un appel pressant à la population afin qu’elle profite de cet outil de souveraineté nationale qu’est le LNTP/B pour éviter de construire en faisant fi des études des sols au préalable garantissant la bonne tenue et la stabilité des bâtiments évitant ainsi les accidents inutiles, dommageables aux usagers.
Dans cet Entretien, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, revient notamment sur la question des migrants, la crise libyenne et la répression de manifestations au Niger.
Pour le président du Niger Mahamadou Issoufou, le dernier drame en Méditerranée, où plusieurs dizaines de migrants ont péri "nous interpelle tous". Il appelle ainsi l’Europe à tenir ses engagements avec l’Afrique en matière migratoire, malgré la montée du populisme, en Italie et ailleurs.
Le président demande également à la communauté internationale de tenir les promesses de financement de la force G5 Sahel, expliquant que seule l’Arabie saoudite a pour le moment décaissé l’argent promis lors d’une conférence de donateurs en début d’année, et qu'il faut absolument pérenniser le financement de l'opération.
Sur la Libye, Mahamadou Issoufou affirme que la décision prise à la conférence de Paris de tenir des élections le 10 décembre 2018 est "un pari" dont il espère que les forces libyennes seront à la hauteur.
Et surtout, il affirme par ailleurs que deux travailleurs humanitaires enlevés au Niger, l’Américain Jeffery Woodke (en octobre 2016) et l’Allemand Jorg Lange (en avril 2018) sont en vie et que des négociations sont en cours pour leur libération.
Madame la Ministre, les femmes Nigériennes célèbrent ce 13 Mai leur journée Nationale à travers plusieurs manifestations, quels sont les résultats majeurs enregistrés en matière de promotion de la femme depuis l’institutionnalisation de cette journée au Niger ?
Depuis l’institutionnalisation de la journée au Niger, des résultats majeurs ont été enregistrés en matière de promotion de la femme. Il s’agit notamment :
Des efforts fournis par l’Etat en vue d’abroger les dispositions discriminatoires à l’égard des femmes contenues dans certains textes de lois. C’est le cas de la loi n° 2014-60 du 5 novembre 2014 portant modification de l’Ordonnance n° 84-33 du 23 août 1984 portant code de la nationalité nigérienne qui reconnait désormais à la femme nigérienne le droit de transmettre sa nationalité à son époux étranger. Aussi plusieurs textes nationaux et internationaux en faveur des droits des femmes ont été adoptés ;
Accès au service de soins ;
L’amélioration sensible de la représentation des femmes aux instances de prise de décision. A titre illustratif, nous sommes parties d’une (1) femme députée en 1999 à 50 femmes députées en 2020 ;
Amélioration du cadre organisationnel des femmes ;
Augmentation du nombre de femmes entrepreneures, etc.
L’autonomisation des femmes reste une préoccupation importante au Niger où malgré les actions entreprises, le taux de pauvreté des femmes est élevé. Comment expliquer cela ?
Au Niger, le niveau de pauvreté particulièrement élevé touche prioritairement les ménages les plus vulnérables, dont ceux dirigés par des femmes. Les études récentes, situent à 45 ,1% la proportion de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté au Niger en 2014, contre 63 % en 1993. (Source INS NIGER2015). Malgré cette baisse sensible, la pauvreté affecte encore plus les femmes au Niger avec 70% en 2014 contre 73% en 2000.
Cette situation est due au fait que souvent, les femmes accèdent au statut de chef de ménage après une rupture qui rend le foyer instable (veuvage, divorce, absence de l’homme…) et qui la prive de l’homme, principal pourvoyeur de ressources. Il faut aussi souligner que les femmes ont moins accès aux moyens de production et à la terre, ce qui peut les rendre encore plus vulnérables à l’insécurité alimentaire si d’ores et déjà, leur foyer est déstabilisé.
Madame la Ministre, les femmes rurales sont les plus touchées par la pauvreté. Qu’est-ce que votre Ministère compte entreprendre pour faire de l’autonomisation de la femme une réalité dans les zones rurales au Niger ?
Pour parvenir à l’égalité de Genre et autonomiser toutes les filles et femmes du Niger, le Gouvernement du Niger, à travers mon Département Ministériel, a élaboré une Stratégie Nationale d’Autonomisation Economique des femmes et des filles. La mise en œuvre de cette Stratégie Nationale met un accent particulier sur :
L’accès et le contrôle des moyens de production (terre, capital, intrants, technologie, temps) ;
L’accès à l’information et aux formations « Le savoir est égal à pouvoir ». En effet, les femmes ayant moins l’accès à l´information sur les filières, le marché, les services et aux formations techniques et en gestion, ont moins de chance pour développer leurs Activités Génératrices de Revenus ou entreprises.
L’accès au marché de travail formel et informel qui vise à satisfaire le manque de compétences et d’expérience professionnelle, l’insuffisance de l’offre de formation et la faiblesse du dispositif d’apprentissage, le manque d’opportunités de stages et d’emploi dans les secteurs publics et privés, le manque de réseaux de contacts pour connaître les opportunités d’emplois.
L’accroissement de la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes ;
L’écart Fille-Garçon se réduit de plus en plus ;
L’amélioration de la représentativité des femmes aux instances de prises de décisions du niveau local jusqu’au niveau national à travers le renforcement de leurs capacités en leadership, en genre aux techniques de communication, de plaidoyer et du lobbying ;
Le renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles des structures Gouvernementales et non Gouvernementales chargées de la promotion de la femme et du genre.
Madame la Ministre la situation de la femme n’est guère reluisante dans le domaine de l’éducation. En tant que nouvelle Ministre de la Promotion de la Femme, quelles sont les stratégies que vous comptez mettre en œuvre pour faire évoluer la scolarisation de la jeune fille au Niger ?
Mon département ministériel contribue déjà à la promotion de la scolarisation de la jeune fille au Niger à travers l’allègement des tâches domestiques, la mise en œuvre de l’Initiative adolescentes « Illimin » qui a pour but de réduire le taux de mariage des enfants et de retarder les grossesses précoces. Ainsi 661 filles sont retournées à l’école ; 4 392 filles formées en électricité, réparation moto, cellulaires, installation panneaux solaires, plomberies, mécanique rurale, photographie et animation radio.
Ces actions seront poursuivies et je mènerai également des actions de plaidoyer en faveur de la promotion de la scolarisation de la jeune fille.
Madame la Ministre, la loi sur le quota qui a permis à une catégorie de Femmes Nigériennes d’accéder à des postes de prises de discisions semble souffrir aujourd’hui de non application effective. Comment expliquez-vous cette situation ?
Pour améliorer le niveau de la représentation des femmes aux instances de prise de décision, le Niger a adopté la loi n° 2000-008 instituant le système de quota dans les fonctions électives et nominatives en rehaussant le pourcentage aux postes électifs de 10% à 15% en 2014.
Le Niger s’est doté d’une loi le 7 juin 2000 avec comme principal objectif l’institution d’un système de quota à titre transitoire dans les fonctions électives (10%), au Gouvernement et dans l’Administration de l’Etat (25%), avec un décret d’application en 2001.
Cette loi a connu deux (2) révisions à la hausse en 2014 pour les postes électifs passant de 10% à 15% et en décembre 2019 de 15% à 25% pour les postes électifs et de 25% à 30% pour les postes nominatifs.
Aujourd’hui, nous avons une cinquantaine de femmes à l’Assemblée Nationale et le processus vient juste d’être entamé et se poursuit.
Madame la ministre, les Nigériens attendent avec impatience la mise en exploitation de la centrale thermique de Gorou Banda, qui sera inaugurée ce 02 avril. Qu’est ce qui va changer sur le plan de la fourniture de l’énergie électrique avec la mise en marche de cette centrale thermique.
Comme vous le savez, la Centrale électrique que SEM. le Président de la République, Elhadji Issoufou Mahamadou, inaugure ce 02 avril 2017, va permettre de disposer, à terme, d’une puissance de 100 MW, dont la première phase offre déjà 80 MW. Avant la Centrale électrique de Gorou Banda, l’offre disponible pour alimenter Tillabéry, Niamey et leurs environs tournait autour de 100 MW, toutes sources confondues, y compris l’apport de l’importation du NIGERIA. En termes de capacité, vous mesurez aisément l’apport de cette centrale.
Madame la Ministre, notre pays célébre le 03 Août 2022, date anniversaire de la Proclamation de l’indépendance du Niger, la 47ème édition de la Fête Nationale de l’Arbre (FNA). Quelle sera la particularité de cette édition 2022 dont le lancement officiel des activités commémoratives se déroulera à Tillabéri?
Je voudrais, tout d’abord, commencer par rendre grâce au Tout Puissant, le Clément, le Miséricordieux pour nous avoir permis de commémorer le 62ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance de notre pays, anniversaire consacré, vous le savez, depuis Juillet 1975 à la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre.
Dans le cadre des festivités prévues au titre de cette édition, nous poursuivons résolument la décentralisation de l’organisation de l’évènement région par région de notre pays ; et partant, l’accompagnement du Programme d’embellissement de nos capitales régionales.
Cette année, c’est la région de Tillabéri, capitale du Fleuve, bénéficiaire du «Programme Tillabéri Tchandalo», qui aura l’honneur d’accueillir la 47ème édition de la Fête Nationale de l’Arbre, qui consacre le lancement officiel de campagne nationale de reboisement placé sous le Haut Patronage de Son Excellence Monsieur MOUHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat.
Pour répondre à votre question, l’Edition 2022 de la Fête Nationale de l’Arbre est marquée par plusieurs innovations que vos lecteurs auront tout loisir de découvrir au fur et à mesure du déroulement des activités programmées. Je voudrais à titre d’exemples en citer juste quelques-unes:
– Une des spécificités porte sur le Concours national sur la lutte contre la désertification. Cette année les prix sont attribués par catégories de promoteurs d’actions de lutte contre la désertificateurs à savoir : les promoteurs privés ou individuels, les organisations communautaires, les collectivités territoriales, et enfin les autres acteurs qui regroupent les services publics, les écoles, les centres de santé, les lieux de culte, les casernes militaires, etc.
– Une autre spécificité que je souhaite partager avec vos lecteurs réside dans le choix des espèces forestières qui seront plantées. Il s’agit essentiellement d’espèces locales qui sont en voie de disparition. L’idée ici est de disposer dans un proche avenir d’arbres semenciers issus de ces espèces menacées de disparition, en vue de leur réintroduction. Il s’agit aussi de constituer une sorte d’arboretum régional qui contribuera utilement à l’éducation environnementale des jeunes.
– Il faudrait également noter en termes de spécificité, qu’en plus du camp de la Gendarmerie nationale où se déroulera la cérémonie officielle de plantation, plusieurs autres sites notamment ceux des Sapeurs-pompiers, et du Bureau de la Brigade de Douane DE Tillabéri feront l’objet de plantation.
– En outre, nous avons renouer avec la distribution gratuite de plants forestiers et fruitiers aux populations locales pour leur permettre de planter des arbres dans leurs concessions ou exploitations agricoles. En somme, le 3 Août 2022, c’est toute la ville de Tillabéri et ses environs qui seront transformés en chantiers de reboisement.
– Pour terminer sur les particularités de cette Edition, je vais citer aussi la forte mobilisation des jeunes à travers les scouts de l’environnement. Un camp de jeunes de scouts de l’environnement de plusieurs nationalités sera installé à Tillabéri pour poursuivre les opérations de plantation dans le cadre de la Grande Muraille Verte.
Cette année le thème retenu pour la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre est « Lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau : une voie pour le relèvement et la résilience des communautés locales ». Qu’est-ce qui justifie le choix de ce thème, et comment se traduit la relation entre le phénomène de l’ensablement des cours d’eau et le niveau de résilience des communautés ?
Comme vous le savez, les actions du gouvernement en général et singulièrement celles de mon département ministériel, s’appuient sur les documents cadre d’orientation et de planification stratégiques nationaux dont : le Programme de la Renaissance acte III, la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement, le Plan de Développement Economique et Social, la Politique Nationale en matière d’Environnement et de Développement Durable, la Contribution Déterminée au niveau Nationale, le Plan d’actions 2021-2025 de l’Initiative 3 N, le Cadre Stratégique de Gestion Durable des Terres etc.
Dans pratiquement tous les documents que je viens de citer il ressort, en termes de diagnostic que les cours et plans d’eau de notre pays sont menacés par l’ensablement réduisant ainsi les possibilités de leur mise en valeur par les différents usagers. De manière spécifique, il ne vous échappera sans doute pas que le Programme de la Renaissance acte III «consolider et avancer», au sujet de la diplomatie environnementale, a mis l’accent sur le désensablement des cours et plans d’eau.
En luttant contre ce phénomène à travers des travaux à haute intensité de main d’œuvre, rémunérés en cash, nous créerons des opportunités de génération de revenus supplémentaires aux communautés locales. Il sera ainsi possible de développer de nombreuses activités agrosylvopastorales et halieutiques intenses et diversifiées, du fait que ces écosystèmes aquatiques renferment d’énormes potentialités susceptibles de booster le développement des cultures alimentaires et fourragères ainsi que de rentes, à travers l’irrigation et l’aquaculture.
Pour y parvenir, il faudra en amont notamment, restaurer les terres dégradées, lutter contre l’ensablement et le déboisement anarchique des plateaux et bassins versants qui alimentent ces cours et plans d’eau. L’exploitation des arbres et des forêts pour les besoins de bois de service et d’énergie pour être durable, doit s’inscrire dans le cadre d’un aménagement agrosylvopastoral. Particulièrement en ce qui concerne le bois de cuisson, nous encourageons nos concitoyens à utiliser les énergies alternatives et les équipements permettant de faire des économies de temps de travail, de bois et de ressources financières.
Parmi les techniques que nous encourageons pour lutter contre l’ensablement figure la fixation des dunes au moyen d’ensemencement de graminées pérennes et des plantations.
Nous préconisons également le traitement mécanique et biologique des koris et des ravins. En somme, il s’agira, de mon point de vue, de traiter le mal à sa racine par un reboisement massif des zones de départ et de traversée du sable charrié par les eaux de pluie et le vent.
Madame la Ministre, désensabler les cours et les plans d’eau, c’est entre autres, maitriser les effets de l’écoulement des énormes volumes d’eau charriés par les affluents et des autres cours de ruissellement. Quelles sont les actions entreprises dans ce volet ?
La lutte contre l’ensablement, ne se limite pas seulement au désensablement assimilé au curage, dragage qui sont en fait des actions curatives, on le sait, très coûteuses. Ainsi que je le disais plus haut, nous préconisons de traiter le mal à sa racine ; autrement dit, il faut mener en amont des activités de nature à atténuer les apports de sable dans les plans et cours d’eau.
C’est tout un ensemble d’opérations de protection et de sécurisation, dans la plupart des cas à titre préventif, incluant le traitement des bassins versants à travers les techniques de Conservation des Eaux des Sols et de Défense et Restauration des Sols (CES/DRS), la fixation des dunes, les plantations de protection, la Régénération Naturelle Assistée.
Sous l’impulsion du Gouvernement, plusieurs partenaires tant bilatéraux que multilatéraux, à travers des projets et programmes de développement, se sont mobilisés aux côtés de l’Etat pour faire face au phénomène d’ensablement des écosystèmes aquatiques et terrestres.
C’est le lieu de les remercier et les inviter à un engagement plus accru et des investissements conséquents pour inverser la tendance. Mon intime conviction est que la préservation de ces écosystèmes est assurément une des voies pour aller vers la sécurité alimentaire et nutritionnelle durables.
Parlant de cours d’eau, nous pensons tout d’abord au fleuve Niger dont le lit s’amenuise au fil des années du fait justement du phénomène de l’ensablement. Qu’en est-il des vastes actions de désensablement du fleuve entreprises, il y a quelques années, à travers le Programme de Lutte Contre l’Ensablement dans le Bassin du Fleuve Niger (PLCE) ?
Vous faites bien de rappeler que notre pays dispose d’une solide expérience en matière de prévention et de lutte contre l’ensablement des cours et plans d’eau, à travers notamment la mise en œuvre du Programme de Lutte Contre l’Ensablement dans le Bassin du Fleuve Niger (PLCE). Ce projet a fait des réalisations considérables, du reste visibles aujourd’hui, en matière de fixation des dunes et de traitement des bassins versants.
Les résultats obtenus par ce projet ont d’ailleurs permis de négocier et obtenir une phase de poursuite et d’extension à travers le Programme Intégré de Développement et d’Adaptation au Changement Climatique (PIDACC/BN) qui intervient dans plusieurs pays du Bassin du Niger ; et dont l’objectif est de contribuer à l’amélioration de la résilience des populations et des écosystèmes dudit bassin, par une gestion durable des ressources naturelles.
Au Niger, en plus de la Région de Tillabéri, la zone du PIDACC a été étendue aux régions de Dosso et de Tahoua.
En dehors du PLCE et du PIDACC, il y’a lieu de noter, entre autres partenaires, le Programme Kandagi de Régénération des Ecosystèmes qui déploient beaucoup d’efforts en matière de traitement des bassins versants et de lutte contre l’ensablement du fleuve Niger.
En matière de lutte contre l’ensablement j’aimerais aussi citer, l’exemple du Projet Lutte Contre l’Ensablement des Cuvettes Oasiennes et le Projet de Gestion Durable des Terres qui ont engrangé des résultats satisfaisants dans les régions de Diffa et de Zinder.
A propos toujours du désensablement du fleuve Niger, la réalisation d’un tel projet présente d’énormes avantages pour notre pays, aussi bien sur le domaine de l’environnement que dans celui des transports où on peut espérer un grand apport dans le développement des transports fluviaux. Finalement, qu’est-ce qui entrave ce projet ?
Il s’agit d’une préoccupation majeure à laquelle le Gouvernement apporte des réponses appropriées. Au demeurant, je voudrais relever que la mise en œuvre du Programme Kandagi de régénération des écosystèmes, dont le barrage est une composante, contribuera significativement à diminuer les apports de sable dans le fleuve Niger.
Le gouvernement en général, et les ministères sectoriels concernés en particulier, ont pris plusieurs initiatives pour mobiliser les partenaires autour de cette préoccupation.
Le Niger fait partie des pays qui tirent d’énormes ressources de l’exploitation des eaux du bassin du Lac Tchad. Malheureusement, ce cours d’eau est gravement menacé du fait des actions anthropiques et des effets du changement climatique. Comment comptez vous assurer la préservation de cet écosystème ?
Effectivement, le lac Tchad, ce plan d’eau que nous avons en partage avec les pays de la CBLT est très menacé, en témoigne la réduction de sa superficie qui est passée de 25 000 km2 en 1970 à 14 800 km2 en 2013 selon des sources crédibles. Concernant ce plan d’eau, en plus de l’ensablement, il nous est revenu que son envahissement par Prosopis juliflora et Prosopis chilensis est une autre préoccupation des communautés locales.
Cette situation préoccupe tous les pays partageant ce patrimoine commun. Au Niger, dans le cadre de la préservation de cet écosystème d’importance, plusieurs programmes et projets sont mis en œuvre, au nombre desquels :
• le projet de la gestion durable des terres Diffa/Zinder qui mène des vastes actions de lutte contre l’ensablement (PGDT/Da/Zr);
• le programme de renforcement de la résilience dans la région du Lac Tchad ;
• le programme de renforcement des écosystèmes dans le bassin du lac Tchad ; etc.
Madame la Ministre, étant désormais établi qu’investir dans l’environnement, (donc la préservation les cours et les plans d’eau), c’est investir dans le développement des communautés locales, quel appel lanceriez-vous ici, à l’endroit des autorités, des partenaires au développement et aux communautés elles-mêmes ?
Les problèmes environnementaux sont énormes, divers et variés et se posent à l’échelle planétaire. Les effets de changement climatique, y compris la sécheresse et la désertification avec leur cortège d’érosions hydrique et éolienne et la dégradation des terres, illustrent à plus d’un titre l’énormité et l’ampleur des problèmes.
Nous ne pouvons pas, j’allais dire nous ne devons pas, regarder impuissant ces cours d’eau disparaitre au fur et à mesure. Les générations à venir nous en voudrions, si cela devait être le cas. Il nous faut agir vite et bien pour préserver ces écosystèmes aquatiques, sources de vie.
Aussi, il va sans dire qu’il s’impose une meilleure prise de conscience et une prise d’action à tous les niveaux ; car de la survie de nos écosystèmes dépend celle de l’être humain tout court. Tel est l’appel que je lance à l’endroit de tous les acteurs de développement.
Tout d’abord, Mme la Coordinatrice, pouvez-vous nous faire une présentation du Programme du Millénium Challenge, ses objectifs et ses populations cibles ? Le Programme Compact est un accord de don du Gouvernement des Etats Unis d’Amérique en faveur des pays en développement qui ont fait des efforts remarquables en matière de gouvernance politique, de lutte contre la corruption et en matière d’investissement humain.
L’objectif principal du programme est d’accroître les revenus ruraux grâce à l’amélioration de la productivité agricole et animale et l’augmentation des ventes des produits agricoles et pastoraux. Ceci va être favorisé par l’accès considérable au marché à travers la réhabilitation de routes.
Le Programme Compact Niger a comme groupe cible les agriculteurs, les éleveurs, les coopératives, les groupements des producteurs ruraux et de femmes organisés sur les sites de production, soit environ 3.500.000 personnes dans les régions de Dosso, Maradi, Tahoua et Tillabéry.
Madame la Coordinatrice, le premier Conseil d’Administration du Millennium Challenge Account-Niger (MCA-Niger), a eu lieu du 27 au 28 avril 2017 à Niamey. Quelles sont les grandes orientations issues de ce Conseil d’Administration ? Permettez-moi d’abord de rappeler à vos lecteurs que la tenue de cette 1ère session du Conseil d’Administration du MCA-Niger répond à une obligation institutionnelle de son mode de fonctionnement prévu dans le Règlement Intérieur.
« Tant que le transfert des compétences et des ressources financières et humaines n’est pas opérationnel, la décentralisation sera en difficulté dans sa mise en œuvre » Monsieur Mohamed Anacko, président du Conseil Régional d’Agadez .
Monsieur le président, la région d’Agadez s’est dotée d’un nouveau Plan de Développement Régional (PDR) pour la période 2022-2026 sur la base duquel, le Conseil Régional a organisé une table ronde pour la mobilisation des partenaires en vue du financement dudit plan. Quels sont les axes stratégiques contenu dans cet important document de politique régionale ?
Permettez-moi tout d’abord de féliciter et encourager votre organe de presse pour cette initiative qui consiste à donner de la visibilité aux actions pertinentes entreprises au niveau des régions de notre pays.
Il me plait aussi de rappeler que la région d’Agadez est à sa deuxième génération de Plan de développement régional, le précèdent PDR ayant couvert la période 2016-2020. Ceci témoigne de la volonté de notre pays de renouer avec l’exercice de planification à tous les niveaux. Le présent PDR est arrimé aux politiques et stratégies publiques nationales telles que formulées dans le PDES 2022-2026. Il tient compte des leçons apprises au cours de la mise en œuvre et de l’évaluation finale du PDR 2016-2020. A l’issue du bilan diagnostic régional, pour les cinq (5) prochaines années, la région d’Agadez articulera ses actions à travers les axes stratégiques du PDES-PDR 2022-2026 ci-après : Axe stratégique 1 : Développement du capital humain, inclusion et solidarité ; Axe stratégique 2 : Consolidation de la gouvernance, paix et sécurité ; Axe stratégique 3 : Transformation structurelle de l’économie.
Il y’a lieu de rappeler à vos lecteurs aussi que la vision de la région se fonde sur l’espoir de faire, à l’horizon 2035, de la « Région d’Agadez, un carrefour attractif, paisible, prospère, solidaire, bien gouverné dans un espace sain et sécurisé, à forte croissance économique et sociale, inclusive et durable ».
Quelles sont succinctement, les principales conclusions de cette table ronde ?
Il y’a lieu d’abord de se féliciter de la bonne tenue de cette table ronde qui a connu une mobilisation exceptionnelle à travers la participation de plusieurs membres du gouvernement, des députés nationaux, de l’ensemble des maires de notre région, les ambassadeurs de l’Union Européenne et celui de France, des chefs des agences de coopération des pays européens et du Système des Nations Unies, du secteur privé, la société civile etc. Je profite de votre journal pour remercier tous ceux qui ont fait le déplacement pour nous soutenir dans cet exercice, mais également tous les partenaires qui nous ont accompagnés dans l’organisation financière et matérielle de cet évènement.
Les principales conclusions qu’il faut retenir c’est la volonté de l’Etat et des partenaires d’accompagner la région dans sa marche vers le développement et la prise en charge des défis qui se posent à elles. Nous avions recueilli plusieurs annonces dont celles de la Délégation de l’Union Européenne, de la coopération Française, de la Coopération allemande, de la Banque Mondiale, du Système des Nations Unies et de certaines ONG à accompagner la région dans le financement de cet important outil stratégique de développement. Nous sommes présentement en train de faire le suivi de ces annonces pour les concrétiser en actes sur le terrain à l’horizon temporel 2026.
Quels sont les défis auxquels la région est confrontée et vos priorités dans la mise en œuvre de ce PDR ?
Le défi majeur de développement du pays en général et de la région d’Agadez en particulier reste et demeure l’instauration de la bonne gouvernance de tous les secteurs dans une dynamique de conjugaison d’efforts, de complémentarité et de synergie entre la déconcentration et la décentralisation en vue d’assurer la délivrance des services sociaux de base de qualité aux populations, de maintenir la paix et la stabilité gages d’un développement régional, local et communautaire harmonieux dans l’équité.
Le développement de la région d’Agadez est largement soumis à trois (3) contraintes majeures qui sont la mauvaise gouvernance qui englobe les préoccupations sécuritaires et migratoires ; l’austérité environnementale couplée au phénomène du changement et de la variabilité climatiques accentuant les crises et catastrophes et limitant les productions agro-sylvo-pastorales et enfin l’insuffisance de la promotion du capital humain. Aussi, vous comprendrez que la région d’Agadez, en plus des défis communs, qu’elle partage avec les autres régions, cette région dis-je, gère également la délicate question des flux migratoires mixtes.
Nos priorités dans la mise en œuvre du PDR 2022-2026 demeurent la mise en valeur de nos énormes potentialités agricoles et pastorales à travers des actions structurantes à même de booster l’économie régionale et nationale dans un objectif d’atteinte de l’autosuffisance alimentaire. La seconde priorité reste et demeure la valorisation du capital humain sans lequel aucun développement n’est possible à travers un accès aux services sociaux de base notamment l’eau, la santé, des meilleures conditions de vie, ainsi que l’épineuse question de l’éducation particulièrement celle en milieu nomade quand on se réfère aux spécificités de notre région. La création des opportunités d’emploi aux jeunes et aux femmes à travers la promotion du secteur privé constitue également l’une de nos priorités majeures quand on connait l’extrême jeunesse de la population de la région, cette frange ayant une nette prédominance sur les autres composantes de la société. Par exemple, en 2018, la frange dont l’âge est inférieur à 15 ans est de 46,5% des effectifs démographiques, alors qu’à l’inverse, celle dont l’âge est de 65 ans et plus n’excède pas plus de 2,3%.
Enfin, vous conviendrez avec nous que tous ces défis ne sauraient être relevés que dans un environnement de stabilité, de paix et sécurité, ainsi qu’une gestion concertée des flux migratoires mixtes.
La région d’Agadez est un excellent pôle touristique au Niger avec d’importants sites dont le désert du Ténéré, qui attend encore le retour du rallye Paris-Dakar. Quelle est l’ambition du Conseil Régional dans la relance de ce secteur pourvoyeur d’emploi ?
Comme vous l’avez si bien dit, la région d’Agadez a été une destination touristique privilégiée pour les opérateurs du domaine du tourisme. En effet, le patrimoine touristique dont dispose la région, conjugué aux activités culturelles, artistiques et artisanales, font de la région d’Agadez une zone d’attraction touristique par excellence qui contribue de façon incontestable à l’économie régionale. Malheureusement, cet important pan de notre économie a connu un point d’arrêt suite à l’instabilité qui s’est installée dans notre espace sahélo-saharien.
Néanmoins, le conseil régional en relation avec les professionnels du secteur poursuit son plaidoyer pour un retour progressif des touristes dans notre région. Cela a abouti récemment au déclassement de la ville d’Agadez de « zone rouge » par nos partenaires français, ce qui est encourageant et à saluer. Nous encourageons également la création de circuits sécurisées dans certaines zones notamment dans les oasis de l’Aïr et les dunes de sable à la bordure du Ténéré. Cela peut s’envisager à travers la création par exemple d’une ‘’Police touristique’’ pour sécuriser ces axes. Le conseil régional d’Agadez a également développé en 2018 une stratégie dite de l’éco-tourisme comme facteur de développement durable et de résilience au changement climatique dans la région d’Agadez, tout en faisant la promotion d’un tourisme interne pour que les Nigériens visitent leur propre pays. En conclusion, sans envisager un retour proche du Paris-Dakar dans la région, le Conseil régional mène un plaidoyer fort auprès de l’Etat et des partenaires pour un retour progressif du tourisme dans un environnement sécurisé et apte à offrir aux visiteurs les merveilles de notre patrimoine touristique.
Les collectivités territoriales sont des outils importants et les portes d’entrée de tout investissement en matière de développement local. Après plusieurs décennies d’expérience de la décentralisation au Niger qu’est-ce qui, selon vous, reste à faire ou qu’est-ce qui n’a pas marché pour atteindre l’effectivité de la décentralisation au Niger ?
Il me plait d’abord de rappeler que la Constitution de la République du Niger en son article 164 définit les principes sur lesquels repose notre administration territoriale, notamment celui de la décentralisation et la déconcentration. L’Ordonnance N° 2010-54 du 17 septembre 2010 portant Code Général des Collectivités Territoriales de la République du Niger définit également en son art 5 les missions des collectivités territoriales qui sont la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel d’intérêt communal et régional.
Comme vous l’avez souligné dans votre question, les collectivités territoriales sont donc les porteurs des questions de développement à l’échelle régionale et communale, sous l’accompagnement et l’encadrement des représentants de l’Etat. Grâce à la volonté politique de tous les régimes qui se sont succédé dans notre pays, beaucoup d’efforts et d’avancées sont à noter depuis l’installation des premiers conseils communaux en 2004 et régionaux en 2011 pour rendre effective la décentralisation. On peut noter la tenue régulière (autant que le permet le contexte de notre pays) des élections locales pour le renouvellement des organes délibérants et exécutifs des collectivités. L’adoption par le gouvernement et les différents ministères sectoriels en 2016 et 2017 des décrets et cahiers des charges portant transfert des compétences et ressources de l’Etat aux Collectivités Territoriales dans les domaines de l’Education, de la Santé, de l’Hydraulique et de l’Environnement constitue aussi une avancée réelle dans la mise en œuvre de cette réforme.
Néanmoins, des difficultés persistent encore pour l’effectivité de ce processus de décentralisation, notamment à travers la lenteur dans la mise en œuvre de certaines réformes comme celle liée à l’opérationnalisation sur le terrain du transfert des compétences et des ressources de l’Etat aux collectivités territoriales dans les secteurs ayant fait l’objet de transfert. La décentralisation financière constitue également un autre goulot d’étranglement à l’effectivité de la décentralisation en ce sens que les CT demeurent encore dépendantes des appuis de l’Etat, particulièrement les conseils régionaux, appuis qui restent aléatoires au vu des énormes défis auxquels fait face l’Etat, mais également de l’étroitesse voire la vétusté de l’assiette fiscale des CT.
Le respect du principe de la maitrise d’ouvrage par tous les acteurs constitue également l’un des points de blocage de l’ancrage de la décentralisation. Cela se manifeste par le non-respect par certains acteurs des priorités inscrites dans les outils de planification des CT, un montage institutionnel des programmes/projets qui ne respecte pas le rôle des CT dans le portage des actions de développement etc. Il est à noter aussi la faible performance de certaines structures en charge de l’accompagnement des CT notamment l’ANFICT, le CFGCT, la DGCT etc…
En somme, je dirais que tant que la maitrise d’ouvrage des CT sur les actions de développement n’est pas respectée, tant que le transfert des compétences n’est pas opérationnel, tant que les ressources humaines et financières ne sont pas mises à la disposition des CT, tant que la fonction publique territoriale n’est pas mise en route et enfin tant que les services techniques ne se mettent pas à la disposition des CT conformément à la loi, la décentralisation sera en difficulté dans sa mise en œuvre. Enfin, je tiens à préciser que la décentralisation est un long processus qui nécessite du temps, d’engagement politique fort et la volonté de tous les acteurs pour espérer son effectivité sur le terrain.
Mme Kelli Mamadou, ingénieure de l’Ecole centrale de Marseille et titulaire d’un doctorat, et fondatrice de E-SIMSKelli Mamadou, ingénieure de l’Ecole centrale de Marseille et titulaire d’un doctorat, est la fondatrice de E-SIMS, une start-up basée en Martinique qui permet de délivrer de l’énergie renouvelable en continu. Kelli Mamadou, fondatrice de la start-up E-SIMS. E-sims.fr
C’est lors de son enfance au Niger que Kelli Mamadou réalise « à quel point le manque d’accès à l’électricité peut empêcher le développement économique et social ». Au cours de ses études d’ingénieure en classes préparatoires en Martinique puis à l’Ecole centrale de Marseille, Kelli Mamadou se passionne donc pour l’énergie solaire et le stockage d’électricité. « Dès que j’ai commencé à avoir le bagage technique, l’intérêt d’explorer le champ des énergies locales durables est vite arrivé », explique la trentenaire, titulaire d’une thèse de doctorat de l’université de Grenoble, rattachée à l’Institut national de l’énergie solaire.
En 2015, Kelli Mamadou fonde E-SIMS, start-up « incubée » par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives. Basée en Martinique, E-SIMS propose un logiciel qui permet de délivrer de l’énergie renouvelable en continu, en pilotant à chaque seconde des systèmes de stockage d’électricité. Si la jeune société travaille pour des producteurs d’électricité et des gestionnaires de réseaux, Kelli Mamadou souhaite élargir son activité auprès des bailleurs sociaux et des collectivités.
Excellence Monsieur le Président, le 02 avril prochain marquera l’anniversaire de l’investiture du Président de la République pour son second mandat à la tête du Niger. Quelles ont été les principales priorités de l’Assemblée nationale durant la première année de cette législature placée sous votre conduite ?
L’Assemblée Nationale a d’abord eu à cœur de s’installer dans la plénitude de tous ses organes et instances. Les députés ont pu bénéficier de toutes les informations dont ils ont besoin pour conduire sereinement leur mission de législateurs. Ensuite, évaluant la situation de l’institution dans tous ses aspects, le Bureau a lancé un ambitieux programme de modernisation, avec pour objectif l’amélioration de la qualité du travail parlementaire. S’agissant de ce programme, notre vision est de permettre à notre institution de rejoindre les standards internationaux en matière de gestion du travail législatif, avec pour ambition le renforcement de sa crédibilité et l’amélioration de sa proximité avec le citoyen de base.
Le tribunal de Nanterre a rendu sa décision le 14 mars dernier dans l’affaire qui oppose l’Etat du Niger à Africard. Quelle lecture vous inspire ladite décision ?Merci. Par rapport à cette décision, il faut retenir tout d’abord que c’est une décision avant dire droit, c’est-à-dire un jugement accessoire qui se rapporte à une question qui se rattache à la conduite du procès, mais qui n’est pas le procès proprement dit. En d’autres termes, c’est une décision qui ne vide pas le fond du dossier, qui ne tranche pas le litige de fond soumis au juge.
De quoi s’agit-il ? Il vous souviendra que suite au litige qui oppose l’Etat du Niger à la société Africard, cette dernière a opéré plusieurs saisies sur les biens et avoirs du Niger notamment en France, dont entre autres les créances que détient l’Etat du Niger entre les mains du groupe Areva. La décision en question se rapporte essentiellement à ces créances saisies entre les mains d’AREVA.
Monsieur le Directeur, à l’instar des autres pays du monde, le Niger est touché par la Covid 19. Quels sont les effets de cette pandémie sur les services de la planification familiale au Niger ?
Merci Madame, permettez-moi de remercier également le Sahel Dimanche pour ses activités de sensibilisation du public dans le domaine de la santé en général et la santé de la reproduction en particulier.
En effet, la covid 19 a impacté le système de santé y compris le service de la planification familiale tout comme dans d’autres pays. Il y a eu quelques perturbations. Comme vous le savez il y a eu, dans le cadre de la gestion de crise liée à la pandémie des mesures de restriction des services, une réorientation de certains agents dans la prise en charge, une réduction du paquet d’activités à offrir et même les horaires dans les services. Aussi, « l’infodémie » (flux important d’informations diverses) qui a suivie et surtout les infox à travers les réseaux sociaux ont freiné un moment la fréquentation de certains services de santé souvent par peur d’être contaminé.
Cependant nous avons aussi beaucoup appris de la covid 19 : nous avons travaillé avec les technologies de l’information et de communication pour assurer les services essentiels de la santé de la reproduction dont la planification familiale (webinaire, vidéoconférence, formation en ligne, à travers la plateforme whatsapp, les messages de sensibilisation à travers la téléphonie mobile, communication de masse à travers les radios communautaires….).
Du 19 mars 2020 (date d’enregistrement du premier cas au Niger) à aujourd’hui, quelle est la situation de la demande PF au Niger ?
Au cours de cette année 2020 globalement la demande de services de planification familiale n’a pas baissé comme on s’attendait avec les projections sur la base des leçons tirées de l’épidémie du virus Ebola et la modélisation, bien au contraire elle a augmenté. Nous avons eu plus de 20 000 nouvelles utilisatrices des services de planification familiale par rapport à 2019 année sans covid 19 (A titre illustratif, 470 943 nouvelles utilisatrices ont été enregistrées dans nos services en 2019 contre 491 595 nouvelles utilisatrices en 2020 malgré qu’on n’a pas fini la saisie des données dans notre plateforme de gestion des données).
{xtypo_quote} « Il est indispensable de protéger l’accès aux services de planification familiale même en situation de crise humanitaire que nous vivons actuellement »{/xtypo_quote}
La crainte d’être contaminé n’est pas encore écartée chez beaucoup de nigériens. Quelles sont les mesures que vous avez prises pour permettre à vos services de continuer à bien fonctionner pendant cette période de covid?
Le Ministère de la Santé Publique a défini ce qu’on appelle les services essentiels qui ont la priorité dans les dispositions prises pour garantir la continuité des services et a procédé à des réorientations stratégiques pour que la population retire un maximum de bénéfices des ressources de plus en plus limitées. Parmi les services dits essentiels il y a, entre autres, les services de santé de la reproduction y compris la planification familiale qui constitue pour les femmes un soin de santé de base essentiel et une priorité pour l’Etat.
Il est donc indispensable de protéger l’accès aux services de planification familiale même en situation de crise humanitaire que nous vivons actuellement. C’est ainsi que nous avons élaboré un plan de continuité de service de planification familiale dans le contexte de covid 19 avec des actions pratiques innovantes.
Bien évidemment Il y a le respect des mesures édictées par le gouvernement dans le cadre de la prévention et du contrôle de cette pandémie. Ce sont les mesures d’hygiène, le dispositif de lavage des mains, le gel hydroalcoolique, les gestes barrières, les équipements de protection individuelle (bavette, gant, blouse, tablier) la distanciation, les séances de désinfection des services de santé et la disponibilisation des autres matériels de prise en charge.
Tout ceci a permis de rassurer la population et de maintenir et même améliorer la fréquentation de nos services essentiels.
Monsieur le Directeur, l’achat des produits contraceptifs est l’œuvre de l’Etat et de ses partenaires. La lutte contre la Covid qui est aujourd’hui une priorité n’a-t-elle pas eu des impacts sur ce aspect important ?
Vous avez raison Madame, la covid 19 n’est pas encore derrière nous, au contraire nous vivons actuellement la deuxième vague qui pour l’instant est plus meurtrière puisque nous avons déjà le nombre de cas qui est pratiquement multiplié par 3 et le nombre de décès par 2.
Effectivement, il y a cette préoccupation majeure des plus hautes autorités pour contrôler cette maladie et un plan d’action a été élaboré à cet effet avec un budget conséquent financé grâce à la collaboration Etat et partenaires techniques et financiers. Cependant, je puis vous dire que malgré tous les défis en lien avec l’insécurité, les inondations et la covid 19 l’Etat a débloqué 198 millions pour l’achat de produits contraceptifs et les partenaires l’ont accompagné dans l’approvisionnement régulier des intrants pour la planification familiale. Je peux le dire nous n’avons pas connu cette année de difficultés dans la disponibilité des produits contraceptifs dans notre pays.
Est-ce que vos services sont aujourd’hui en mesure de satisfaire toutes les demandes en produits contraceptifs ? N’y a-t-il pas un risque de rupture ?
Le Niger est l’un des pays de la communauté de pratique de la planification dans le cadre du partenariat de Ouagadougou qui n’a pas connu de rupture en produits contraceptifs grâce à l’analyse continue et la visibilité de notre pipeline mais aussi le suivi de notre plan d’approvisionnement par notre équipe. J’ajoute que grâce à l’efficacité dans la gestion de notre chaine d’approvisionnement nous n’avons connu aucune rupture au niveau Pays. Nous venons de terminer la quantification (du 17 au 23 décembre 2020) des besoins nationaux en produits contraceptifs et je puis vous dire que nous avons un stock pour tous les 9 produits dont le plus faible est de 2 mois sans compter les produits déjà arrivés non encore réceptionnés et les commandes qui sont en cours de livraison dans le pipeline. Nous avons déjà couvert les besoins nationaux en produits contraceptifs pour l’année 2021 qui vient de commencer. Rassurez-vous, nous avons pris toutes les dispositions idoines pour éviter une rupture.
Monsieur le Directeur, la faiblesse du budget alloué à la PF au Niger a pourtant fait couler beaucoup de salive. Est-ce que cela peut expliquer le fait que pays n’a pas pu atteindre les 50% de taux de prévalence contraceptive prévu pour 2020 ?
C’est vrai que le budget alloué à la santé en général est en deçà de nos attentes et la part de la planification familiale l’est encore moins. En effet, les défis sécuritaires ont impacté beaucoup dans le financement des ministères sectoriels dont celui de la santé. Il faut dire aussi que le budget prévu pour financer le plan PF 2013-2020 n’a pas connu une mobilisation de ressources conséquentes surtout les deux premières années y compris par les partenaires techniques et financiers. Pour atteindre les objectifs, il faut une mobilisation des ressources conséquentes et une bonne coordination. Cependant il faut préciser que l’objectif de 50% a aussi été très ambitieux. Je voudrais noter que nous sommes actuellement en train d’évaluer le plan PF et nous avons enregistré quand bien même des progrès puisque nous étions à un taux de 12% de prévalence contraceptive de méthodes modernes selon l’EDS de 2012 contre 20,1% en 2020 selon les projections de Track 20. Nous avons tiré assez de leçons et je pense que nous allons être plus efficaces dans la mise en œuvre du nouveau plan PF 2021-2025 qui est en cours d’élaboration.
Comment comptez-vous relever ce défi et hisser le Niger au rang des pays du Partenariat de Ouagadougou qui ont beaucoup évolué dans ce domaine ?
Effectivement il y a des défis mais nous avons déjà décliné nos priorités en termes de perspectives. Nous nous sommes attelés dès notre prise de service à l’élaboration des documents normatifs et textes règlementaires pour rendre favorable l’environnement.
Pour relever les défis actuels nous allons mettre en œuvre nos priorités qui sont le passage à grande échelle de la délégation des tâches, de la planification familiale du post-partum, l’augmentation de la demande à travers la communication, la prise en compte des besoins spécifiques des jeunes, la consolidation des pratiques à haut impact comme le tutorat et les cliniques mobiles et l’assurance du produit jusqu’au dernier kilomètre c’est-à-dire jusqu’au niveau communautaire.
«Ma conviction profonde est que la lutte traditionnelle, cadre de brassage par excellence des Nigériens (…) doit être préservée et perpétuée au fil des générations»
Monsieur le Gouverneur, la région d’Agadez accueille la 44ème édition du Sabre National de lutte traditionnelle sous le thème de « la Sauvegarde de la Patrie ». Quelles sont vos principales attentes ?
S’agissant de la 44ème édition du Sabre National, nous avons très tôt mis en place une commission régionale qui s’attèle sans relâche à l’organisation des préparatifs pour l’accueil des différentes délégations régionales. Comme vous le savez, cette édition est placée sous le thème de la sauvegarde de la patrie et à ce titre, elle constitue une édition spéciale qui doit refléter les aspirations profondes et les idéaux du CNSP comme l’unité nationale et la cohésion sociale. Au demeurant, le secteur du sport qui est un puissant facteur d’intégration nationale, de rapprochement et de compréhension entre les populations, constitue donc un levier important de cohésion sociale, indispensable au développement socio-économique et culturel de notre pays. Il n’est aujourd’hui, un secret pour personne, que la lutte traditionnelle reste et demeure le Sport-phare au Niger, qui mobilise les populations rurales et urbaines, et raffermit les liens d’amitié, de solidarité et d’entraide. Cela constitue un acquis fondamental et indéniable à sauvegarder et à renforcer davantage. Ma conviction profonde est que la lutte traditionnelle, cadre de brassage par excellence des Nigériens, cadre idéal de renforcement de l’unité nationale et de la cohésion sociale, doit être préservée et perpétuée au fil des générations. Nous prions Allah le Tout Puissant pour que cette manifestation soit une réussite totale et que le fairplay prévale tout au long des compétitions.
Le CNSP a abrogé la loi 036-2015, qui était la principale revendication des populations de la région d’Agadez. Avez-vous un message particulier à l’endroit de la population dans la perspective de la reprise des activités de transport et de convoyage des voyageurs ?
L’abrogation de la loi 036-2015 a été vécue comme une sorte de délivrance pour l’ensemble de la population d’Agadez. En effet, cette loi a essentiellement criminalisé du jour au lendemain le transport des migrants de la ville d’Agadez vers les pays du Nord, et beaucoup de concitoyens se sont retrouvés en prison avec des familles meurtries et une économie locale en perte de vitesse. Avec la perspective de reprise des activités de transport, il est très important qu’elles puissent être mieux encadrées et mieux contrôlées afin d’éviter certains drames que nous avons connu par le passé au cours de la traversée du désert du Ténéré. A cet égard, les services spécialisés des Forces de Défense et de Sécurité et les services communaux ont été instruits afin de veiller à ce que les véhicules de transport soient en règle et que des autogares bien spécifiés soient dédiés à ce type de transport. Au nom de cette laborieuse population de la Région d’Agadez, c’est le lieu de remercier Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, qui a pris la décision salutaire d’abroger cette loi, qui était inhumaine, scélérate, injuste, et qui était en contradiction avec le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des biens.
Mon Général, quelle appréciation faites-vous aujourd’hui de l’environnement sécuritaire de la région quelques mois après votre prise de fonction ?
L’environnement sécuritaire de la région d’Agadez demeure calme mais extrêmement volatile. La partie septentrionale de notre pays reste caractérisée par la menace des groupes armés non étatiques (GANE) animés souvent par des milices venant de certains pays frontaliers de la Région vers les zones d’orpaillage. A cela s’ajoute la menace des groupes armés terroristes (GAT) et des groupes criminels organisés (GCO) qui s’adonnent aux trafics divers (armes, drogues, cigarettes, êtres humains…) et le banditisme armé résiduel bien qu’en baisse, qui sévit encore sur certains axes de communication. Face à cette situation, les Forces de Défense et de Sécurité travaillent sans relâche pour assurer l’intégrité du territoire national et sécuriser les populations et leurs biens.
Nous suivons donc de près l’évolution de cette situation sécuritaire et il convient de remercier les plus hautes autorités nigériennes avec à leur tête Son Excellence Monsieur le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Son Excellence Monsieur Ali Mahaman Lamine Zeine, Premier Ministre, ainsi que toute la hiérarchie militaire pour l’ensemble des efforts qu’ils ne cessent de consentir en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail des Forces de Défense et de Sécurité. C’est également le lieu et l’occasion pour moi d’encourager nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité pour leur abnégation et leur sens élevé du devoir. Que le sacrifice ultime de ceux qui sont tombés pour la défense de la patrie et dont nous saluons la mémoire, ne reste pas vain et puisse nous inspirer pour l’accomplissement des idéaux du CNSP et l’aboutissement d’un Niger uni, prospère, indépendant et souverain.
Mon Général, vous avez eu beaucoup de rencontres de prise de contact avec les responsables des différents services pour évoquer le fonctionnement des services publics et vous avez initié des visites terrain pour échanger directement avec les agents. Que peut-on retenir à cet effet ?
S’agissant des services déconcentrés de l’Etat au niveau de la région d’Agadez, force est de constater malheureusement une insuffisance notoire de cadres et de personnels auxiliaires dans la plupart des directions régionales. Ce constat amer est essentiellement dû au fait que certains agents affectés par le passé n’ont jamais rejoint leurs postes ou se sont fait réaffecter en bénéficiant de certaines complaisances et d’autre part, certains agents de l’Etat atteints par la limite d’âge et ayant fait valoir leurs droits à la retraite, n’ont tout simplement pas été remplacés. Cette situation qui handicape beaucoup le fonctionnement régulier des services publics doit être revue et corrigée dans les meilleurs délais possibles. A cette insuffisance en personnel s’ajoutent également certaines difficultés liées à l’insuffisance de moyens logistiques essentiellement en capacités de transport et les problèmes liés au manque d’infrastructures pour certaines entités administratives.
Au-delà de tous ces aspects, nous avons également constaté et déploré l’absence totale de certains services de l’Etat comme celui des Impôts ou de la Justice pour ne citer que ceux-là, au niveau de certains départements comme Aderbissinat et Ingall. Il s’avère impératif que ces services puissent être rapprochés des contribuables et des justiciables. Par ailleurs, le découpage administratif de la Région doit être revu et corrigé. À titre d’exemple, nous pouvons citer le cas de la commune urbaine d’Agadez, chef-lieu de la Région, qui relève du département de Tchirozérine au lieu d’être un département à part entière avec plusieurs communes, compte tenu de l’importance croissante de sa population.
Malgré tout, les différents responsables en fonction s’acquittent honorablement de leurs missions régaliennes avec abnégation et professionnalisme. Nous tenons donc à les encourager et nous travaillons en étroite collaboration avec les différentes administrations centrales en vue de répondre à toutes ces difficultés, notamment en ce qui concerne le manque de personnel.
A votre arrivée, le secteur de l’or était mal organisé, l’Etat perdait beaucoup d’argent mais aujourd’hui ce secteur est l’un des plus contributeurs à la mobilisation des ressources financières de la région. Quel message particulier vous souhaitez adresser à tous les acteurs de ce secteur ?
De notre point de vue, le secteur de l’or est un secteur très porteur qui est en mesure d’apporter une contribution appréciable au développement économique et social de notre région, et au-delà de l’économie nigérienne, sous réserve bien entendu, de bénéficier d’un minimum d’encadrement et d’assistance de la part des différentes structures concernées. L’organisation de ce secteur permettra aux différents acteurs exerçant dans le domaine de l’orpaillage de se mettre en règle vis-à-vis des textes de l’Etat, et plus précisément vis-à-vis des lois et règlements régissant et encadrant le secteur de l’orpaillage en s’acquittant notamment du payement des droits, taxes et redevances vis-à-vis de l’Etat. Cette réorganisation permettra également d’accompagner et de faciliter le travail des différentes structures de l’Etat notamment des douanes, des mines, des impôts et de l’environnement entre autres, à s’acquitter convenablement de leurs missions régaliennes.
C’est dans ce sens que nous avions initié dès notre prise de fonction, des rencontres d’échanges et des visites sur le terrain pour sensibiliser les acteurs mais aussi pour les informer sur leurs obligations vis-à-vis de l’Etat. Aujourd’hui, d’après les informations qui nous sont remontées, notamment les différents rapports de la Direction Régionale des Mines, les recettes se sont nettement améliorées ces 5 derniers mois et nous allons continuer ce travail. Le montant global recouvré sur les taxes et les redevances avec l’arrivée du CNSP au pouvoir est quatre fois de plus important que celui recouvré antérieurement, malgré que certaines sociétés font leur versement directement au niveau central. A cela je salue le climat de confiance renoué entre les services de l’Etat et les sociétés d’orpaillage.
Monsieur le Gouverneur, vous avez entamé des missions de travail dans les départements d’Arlit, de Tchirozérine et d’Aderbissinat. Qu’est-ce qui a retenu votre attention au cours de ces contacts avec les populations ?
Ces missions en profondeur dans les départements avaient pour objectif principal d’aller au contact des populations et des différentes couches socioprofessionnelles afin de nous enquérir de leurs conditions de vie et d’être à l’écoute de leurs préoccupations. Ces missions nous ont permis également de constater de visu les conditions de travail des services de l’Etat au niveau départemental ainsi que le fonctionnement des collectivités territoriales et des services communaux. Cela nous a permis de mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir et des actions à planifier à court, moyen et long termes avec en priorité les services sociaux de base tels que l’accès à l’eau, à la santé et à l’éducation.
Nous avions saisi également l’opportunité de ces différentes rencontres pour entretenir la population rurale sur les questions d’actualité. Ces déplacements ont permis à la population de se rendre compte véritablement des changements intervenus dans le pays et d’exprimer leur soutien au CNSP. Nous avons également invité la population à s’unir derrière les Forces de Défense et de Sécurité et à leur apporter tout le soutien nécessaire. C’est l’occasion pour moi, au nom de Son Excellence le Général de Brigade Abdourahamane Tiani, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef de l’Etat, de saluer la forte mobilisation et le soutien de toutes ces populations aux FDS.
Chose promise, chose due. La population de la commune Urbaine de Tessaoua voit aujourd’hui la concrétisation d’une promesse qui lui a été faite par le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, celle de la concrétisation du «Programme Tessaoua Walkiya ». Dans cet entretien, le maire de la Commune Urbaine de Tessaoua nous parle du contenu de ce programme et des actions déjà en cours.
Monsieur le maire, votre commune connait aujourd’hui l’exécution du programme «Tessaoua Walkiya». Dans quel contexte est né ce programme et quel est son contenu ?
Effectivement nous sommes sur le programme Tessaoua Walkiya, une promesse du Président de la République, Chef de l’Etat SEM Issoufou Mahamadou.
En effet, à l’occasion de sa visite à Tessaoua le 16 janvier 2016, il a été émerveillé par l’accueil qui lui a été réservé. Sur place, il a indiqué que comme Tessaoua est une grande ville ancienne, il souhaiterait faire quelque chose de nouveau à l’image des grandes villes de notre pays qui reçoivent des investissements. Entendre par là, le renouvellement ou la création des infrastructures socio-économiques. C’est ainsi que ce programme a été dénommé «Tessaoua Walkiya». Aujourd’hui cette promesse est en train d’être tenue. Un comité chargé de définir les contours de ce programme a été mis en place et j’ai été désigné Président de ce comité.
Nous sommes parvenus à proposer beaucoup de choses notamment, la réalisation des forages pour renforcer le château d’eau, le bitumage des rues, des lotissements pour doter les services de l’Etat de locaux, l’aménagement des mares (Tessaoua en compte 23). Ces marres selon les saisons hivernales, débordent souvent pour inonder les maisons, mais elles constituent aussi de véritables réservoirs de moustiques qui envahissent la ville et provoquent des pic de paludisme. Il y a maintenant deux (2) mois, une équipe s’est installée pour effectuer les travaux de bitumage des rues sur 6 km, construire des caniveaux pour l’écoulement des eaux de ruissellement et l’aménagement des mares, voir le remblayage de certaines. Ces travaux se feront progressivement. Vous savez, nous nourrissons l’ambition qu’un jour Tessaoua sera un chef lieu de Région, et c’est pourquoi nous avons demandé au Ministèe de l’Habitat et de l’Urbanisme de nous donner l’autorisation de procéder à un nouveau lotissement, ce qui fut fait. Les services qui n’ont pas de local ont chacun trouvé un terrain.
Monsieur le Ministre, notre pays célèbre le 03 Août 2020 la fête de l’indépendance ou Fête Nationale de l’Arbre FNA. Sachant que cette édition se présente dans un contexte de crispation inhérente à la crise sanitaire mondiale liée à la pandémie de la Covid-19, n’est-ce pas un défi que de réussir son organisation ?
Je voudrai tout d’abord commencer par rendre grâce au Tout puissant, le Clément, le Miséricordieux pour nous avoir permis de commémorer le 60ième anniversaire de l’Indépendance de notre pays, anniversaire consacré depuis 45 ans à la célébration de la Fête Nationale de l’Arbre.
Effectivement, l’édition 2020 de la FNA, se déroule dans un contexte où la Covid-19 a bouleversé les habitudes socio-économiques, professionnelles et culturelles des populations.
Mais au Niger comme vous pouvez le constater, du fait des mesures adéquates prises par le Gouvernement, des progrès significatifs vers un contrôle de la situation sont observés. Cependant, le virus étant toujours en circulation, organiser les festivités marquant la Fête Nationale de l’Arbre reste effectivement un défi.
C’est pourquoi, plusieurs dispositions sanitaires sont prises dans le cadre de l’organisation de cet évènement. Ainsi, pour prendre en compte cette situation sanitaire dans l’organisation de cette fête, une sous-commission santé a été mise en place au sein du Comité d’Organisation. De même, l’organisation veillera au respect de toutes les mesures édictées par le Gouvernement notamment, la distanciation, le lavage des mains, l’usage du gel hydro alcoolique et le port de bavettes au niveau des lieux où se dérouleront les évènements entrant dans la célébration de cette Fête.
Quelles sont les dispositions prises par votre département ministériel pour une meilleure gestion des espaces publics et privés ?
Merci beaucoup pour l’opportunité que vous me donnez pour parler des sujets très importants pour la vie de la nation. Au niveau de la gestion des domaines publics et privés de l’Etat, vous savez, il y a eu beaucoup de dérapages. Il y a eu des espaces qui ont été morcelés ; il ya eu des espaces qui ont été vendus ; des espaces qui ont été illégalement occupés. Pour tout cela, nous avons vite fait de faire adopter une loi qui fixe les principes fondamentaux de l’urbanisme et de l’aménagement urbain. C’est la loi 2017-20 du 12 avril 2017. Cette loi contient tout l’arsenal pour protéger le domaine public et le domaine privé de l’Etat. Par la suite, nous avons fait adopter un décret d’application, et d’autres décrets suivront pour mettre en œuvre ladite loi.
Actuellement, nous sommes en train de tout faire pour éviter que dorénavant quelqu’un vienne occuper illégalement un domaine public. Nous collaborons étroitement avec les autorités de la ville de Niamey et suivons ce qui se passe à l’intérieur. A un certain moment chacun agissait de son côté, le ministère en charge de l’urbanisme d’un côté, la ville de Niamey et les municipalités de l’autre; il n’y avait pas eu suffisamment de coordination. Maintenant, nous avons institué des rencontres régulières pour mieux gérer les domaines publics et privés de l’Etat. Nous avons diffusé des communiqués au niveau de la télévision, de la radio et de la presse écrite pour aviser tout celui qui occupe illégalement un domaine public de l’Etat, ne peut prétendre à aucun titre ; tout autre titre en sa possession est de nul effet. Il ne peut pas en jouir. Il se trouve même qu’il y a des petits malins qui s’amusent à donner des détentions coutumières sur les domaines publics et privés de l’Etat.
En ce qui concerne le domaine privé de l’Etat, les citoyens oublient souvent que l’Etat peut aussi être propriétaire d’un domaine à titre privé qu’il peut vendre pour des activités commerciales, ou pour d’autres types d’activités, industrielles par exemple. Comme l’Etat détient des titres fonciers qui sont souvent très vieux, on oublie même que ces titres fonciers existent. Or imaginez, quand vous avez un titre foncier, votre gardien ou quelqu’un d’autre voit que le terrain est en jachère, il donne une détention coutumière à une autre personne et vend le terrain. Donc c’est carrément du vol. Ceux qui sont fautifs doivent savoir que quelque soit ce qu’ils ont construit sur un domaine public ou privé de l’Etat, nous allons le détruire. Nous allons le détruire parce que l’Etat a aussi des droits.
Dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique, le Premier ministre Brigi Rafini a répondu à une question sur l’amélioration du climat des affaires. Brigi Rafini disait ceci : «La corruption est un réel problème au Niger. Il n’y a que la société qui puisse vraiment juguler ce fléau ». La question que nous posons au Premier ministre est la suivante : de quelle société parle-t-il ?
Est-ce que vous avez réellement vos pieds sur cette terre nigérienne ? Sinon comment comprendre qu’un Premier ministre ne sache pas ce qui se passe dans son pays ? Combien de fois la société nigérienne a été interdite par le ministère de l’Intérieur de son propre gouvernement de manifester leur ras-le bol pour dénoncer la corruption, le vol, le pillage et la mauvaise gouvernance du régime en place ? Aujourd’hui combien d’acteurs de la société civile, de l’opposition politique, de journalistes sont en prison ? Parce qu’ils ont tout simplement dénoncé la mal gouvernance de son gouvernement. Tout récemment un activiste de la société civile Gamatié Mahamadou et un militant de l’opposition Ibrahim Bana sont jetés en prison. Le jeudi 29 juin 2017 un confrère de la presse privée en occurrence Ali Soumana du journal ‘’Le Courrier’’ interpellé et gardé à vue à la Police Judiciaire où même les visites lui sont interdites, on dirait le terroriste le plus recherché sur cette terre. Son domicile et ses bureaux ont fait l’objet de perquisitions ce samedi 1er juillet 2017 dans la matinée.
Monsieur le Préfet, la région de Diffa va accueillir les manifestations commémoratives de la fête tournante du 18 décembre 2020, quel est le niveau d’implication de votre entité administrative dans la réussite de cet événement d’envergure nationale ?
Le programme de modernisation des villes concernent les Chefs-lieux des Régions, il se trouve que le siège du département de Diffa est dans le chef-lieu de région. Ce qui veut dire que notre implication dans ce processus de la modernisation de la ville de Diffa sous le vocable de Diffa N’glaa est extrêmement importante. Nous sommes impliqués jusqu’au cou dans l’organisation de cet événement national. Je suis le président de la commission Fantasia. En effet, la fantasia est un aspect culturel de la région de Diffa. Et au-delà de la commission Fantasia, il y a une coordination de toutes les commissions pour que le travail soit collégial.
Quelles sont les principales réalisations enregistrées au niveau de votre entité administrative dans le cadre de la mise en œuvre du programme de renaissance du Niger ?
Dans le programme de renaissance, il ne s’agit pas de voir seulement des réalisations physiques. Il y a des réalisations comme le changement de comportement au niveau de la société qui puisse amener les communautés à être des actrices du développement dans la région ou le département dans lequel les individus se retrouvent. S’agissant des réalisations physiques, elles ont touché les domaines de l’éducation, de la santé ; des infrastructures ; de l’hydraulique ; l’environnement. Et le comble des réalisations, c’est la fête tournante Diffa N’glaa qui vient avec son lot des réalisations d’infrastructures modernes pour changer complètement le visage de la capitale du Manga. Sur le plan sécuritaire, on peut noter que la modernisation de l’Armée à travers le recrutement massif des soldats pour faire face à la situation sécuritaire qui nous a été imposée par la secte terroriste Boko Haram. Les efforts consentis par le gouvernement dans le domaine militaire ont permis à Diffa de rester en paix.
La région de Diffa est confrontée depuis 2015, à l’insécurité née des exactions de la nébuleuse secte terroriste Boko Haram, comment se présente la carte sécuritaire de votre département ?
Dans le département de Diffa, nous avons deux types d’insécurité : la menace liée à la nébuleuse secte terroriste de Boko Haram et l’insécurité créée par les communautés elles-mêmes à travers leur secteur de travail. Nous gérons des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs. Mais depuis un an et demi, l’insécurité connait une accalmie dans le département de Diffa. Certes, il y a des cas d’insécurité résiduels. L’Etat continue de déployer sur les fronts les Forces de Défense et de Sécurité pour assurer la sécurité aux populations et le vivre ensemble. Aujourd’hui, la preuve de l’accalmie sur le front sécuritaire, c’est la fréquence des redditions. Et l’Etat a mis en œuvre un programme pour l’insertion au sein de la société de tous ceux qui ont voulu calmement et paisiblement déposer les armes et revenir pour qu’ensemble nous puissions construire la Nation. A cet effet, un centre de reddition de repentis de Boko Haram a été créé à Goudoumaria. Ce centre est fonctionnel. Il a formé déjà 180 ex-combattants de Boko Haram. Ces derniers sont reversés dans la société pour qu’ils puissent être resocialisés et reprendre leurs activités économiques qu’ils connaissaient avant Boko Haram.
Pour rendre la guerre plus difficile et complexe à nos Forces de Défense et de Sécurité, le groupe terroriste Boko Haram recrutait à l’époque, beaucoup de jeunes dans les différentes localités de la région de Diffa, quelles ont été les stratégies mises en œuvre au plan régional pour ralentir ce phénomène périlleux ou l’éradiquer totalement de la Région?
Dans la vie, nul n’est mobilisable en dehors de ses intérêts. Dans sa stratégie de recrutement, Boko Haram a fait comprendre à la jeunesse qu’elle a de l’avenir en l’aidant à combattre les symboles de l’Etat. L’Etat de son côté devrait aussi prendre les taureaux par les cornes pour montrer à cette communauté que l’avenir de ses enfants n’est nullement dans cette aventure. L’Etat a mis en place un système communautaire d’explication et de sensibilisation qui a commencé avec les chefs traditionnels et les familles. Il fallait déconstruire les discours véhiculés par Boko Haram. Il faut que les idées développées par Boko Haram soient balayées par des arguments forts. Le développement doit se faire avec la communauté et non contre elle. Pour ce faire, l’Etat a créé des partenariats avec les communautés et partenaires au développement pour accélérer le retour de la paix. C’est une grande stratégie de communication que l’Etat a développée pour détruire la stratégie de communication de Boko Haram. Au début, la secte terroriste Boko Haram recrutait ses combattants avec une moto et 500.000 nairas. Le jeune qui a accepté cette offre empoisonnée va faire son business de « Kabou-kabou ». La contrepartie de l’offre, c’est qu’il doit donner régulièrement des informations à Boko Haram. Lorsque l’Etat a compris cela, il a interdit la circulation des motos. Cette interdiction a freiné un peu cette volonté des jeunes d’acquérir une moto dans la mesure qu’elle ne circule pas dans toute la région de Diffa. En créant le centre des repentis, les objectifs de l’Etat étaient clairs. Il faut former ces jeunes sur un certain nombre de métiers qui leur permettront de se prendre en charge dans la vie quotidienne à travers un accompagnement au démarrage. L’Etat et ses partenaires ont multiplié leurs efforts pour que dans l’insécurité, la région de Diffa se développe à travers la réalisation de plusieurs infrastructures touchant la sécurité alimentaire ; la santé ; l’éducation ; l’hydraulique etc. tout le monde est unanime que la lutte contre Boko Haram n’est pas que militaire seulement dans la mesure où l’ennemi est diffus dans la société. Il faut donc l’implication de l’ensemble de la communauté pour que la lutte soit efficace. C’est ce que l’Etat est en train de mettre œuvre sur le terrain.
L’économie régionale est complètement exsangue avec l’insécurité qui sévit dans la région de Diffa, quelles sont les stratégies de relance des activités économiques dans votre entité administrative ?
Certes la région a été fortement secouée par l’insécurité, mais l’économie reste résiliente. La marche de l’économie a été freinée avec les abords de la Koumadougou qui ne sont plus exploitables. L’on ne peut pas atteindre l’autosuffisance alimentaire sans l’agriculture. Malheureusement, les champs se trouvant sur les abords de la Komadougou et au-delà sont inexploitables en raison de l’insécurité et les inondations. L’élevage en tant que maillon de production des devises a aussi pris un coup dur dans la même foulée. C’est dire que l’économie a été d’une façon ou d’une autre impactée par cette situation sécuritaire. La route N’guigmi jusqu’à la frontière du Tchad a été suspendue à cause de l’insécurité. Lorsque cette route pouvait faciliter les échanges commerciaux. En Août 2020, il y a presque 28 villages du département de Diffa en l’occurrence les villages de la commune rurale de Gueskerou qui se sont déplacés complètement du fait de l’insécurité et ceci après avoir ensemencé leurs champs. Ils sont au total 1542 ménages qui ont quitté en bloc dans les 28 villages. Ce déplacement a eu des conséquences sérieuses sur les systèmes sociaux de base tels que l’éducation ; la santé ; l’hydraulique etc. A ces déplacés, viennent s’ajouter les réfugiés venant du Nigeria. C’est dire que l’économie du département de Diffa a été touchée. L’agriculture et l’élevage qui doivent se faire au bord de la Komadougou et un peu en amont de cette ressource en eau ne sont plus possibles. Il y a certes une relance économique qui est observée petit à petit à travers le soutien accru aux populations. Il faut que celles-ci se réinstallent dans leur communauté et retrouver leur espace de production qu’elles connaissaient. Nous sommes en train de mettre sur pied des petits projets de relèvement de ces populations.
La campagne agro-sylvo-pastorale écoulée, a été marquée, cette année, par des fortes précipitations dans quasiment toutes les régions du Niger avec son corollaire des inondations, quelle évaluation peut-on faire de cette campagne tant du point de vue céréalier, fourrager que de la gestion même des inondations ?
Il a certes plu dans toutes les régions du Niger. Je vous disais qu’en août 2020, nous avons déjà 28 villages qui se sont déplacés à cause de la dégradation de la sécurité dans la commune rurale de Gueskerou. Ces villages sont déficitaires parce qu’ils n’ont pas eu à cultiver leurs champs. Mieux, dans cette commune, nous avons dénombré 58 villages déficitaires. Rien que la commune rurale de Gueskerou, l’évaluation a fait ressortir 50.039 habitants en insécurité alimentaire. La commune urbaine de Diffa qui a accueilli les 28 villages de Gueskerou se retrouve aussi avec 14 villages et quartiers qui sont déficitaires, soit 68.612 habitants. Lorsque vous prenez la commune rurale de Chétimari, on a enregistré 81villages déficitaires. Ici, la cause principale de la mauvaise campagne agricole, c’est le lessivage des terres et les ennemis des cultures. Dans cette commune, il y a à peu prés 56.773 habitants en insécurité alimentaire. L’eau de la pluie ne nous a pas fait tellement des dégâts, mais la crue de Komadougou a fait en sorte que des villages se trouvent complètement déplacés. En 2019, il y avait eu des villages qui s’étaient déplacés. La crue de la Komadougou en 2020 a fait déplacer le restant des villages qui n’ont pas quitté en 2019. Les inondations de 2020 ont fait quitter plusieurs villages comme Limram ; Malamboirdi ; Dabago Djadji et Dabago Kadayé.
Monsieur le Préfet, quelles sont les principales réalisations enregistrées au niveau de votre entité administrative dans le cadre de la mise en œuvre du programme de renaissance du Niger ?
Comme tous les départements de notre pays, Mainé-soroa a également bénécifié de beaucoup d’investissements. Pour les citer pêle-mêle, le premier qui me vient à l’esprit, c’est l’investissement fait dans le domaine de l’hydraulique. En effet, les conditions d’accès à l’eau potable dans le département ont été nettement améliorées, que ce soit en ville ou en milieu rural. Avant Mainé-soroa ne connaissait pas ce qu’on appelle les forages pastoraux. Mais avec le programme de renaissance, les deux communes pastorales, à savoir : Flatari et N’Guelbeli, ont toutes bénéficié de ce type de forages. Les forages sont actuellement opérationnels avec des châteaux de grande capacité. Ce qui permet d’abreuver aisément les animaux.
Il y’a eu également des infrastructures scolaires, sanitaires et plein d’autres investissements pratiquement annuels. Des actions de soutien aux populations vulnérables avec la politique de vente à prix modéré de céréales. L’une des réalisations phares, c’est la route Mainé-Gaïdam dont les travaux ont débuté. Souvenez-vous que nous ne sommes pas loin de la frontière avec le Nigéria où est dirigée une grande partie de l’économie du département. La construction de cette route va vraiment booster l’économie du département de Mainé-soroa en particulier et celle de la région de Diffa en général.
La région de Diffa est confrontée depuis 2015 à l’insécurité née des exactions de la secte terroriste Boko Haram, comment se présente la situation sécuritaire de votre département ?
Ces derniers temps, ou disons ces derniers mois, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée. Elle est actuellement calme. Il y’a un an environ, certaines zones étaient classées zones rouges où les populations n’y allaient pas et que nous mêmes les autorités évitions d’y aller. Ca ne fait pas longtemps j’étais au bord de la Komadougou pour constater les dégâts causés par les inondations. Et à propos de la sécurité, nous pouvons dire que la situation est stable. Ici, elle se limitait d’ailleurs à quelques cas de vols. Des individus armés arrivaient parfois à intercepter des paisibles gens pour commettre leur forfait. Je profite de vos colonnes pour rendre un hommage mérité aux forces de défense et de sécurité de notre pays qui veillent, à travers notamment des patrouilles nuits et jours, sur la sécurité des populations.
Est-ce à dire que l’état d’urgence peut être levé bientôt?
Ce sont des dispositions qui concernent toute la région. C’aurait été que ce n’était pas généralisé, peut être que le préfet de Mainé-soroa en déciderait, mais l’Etat d’urgence est décidé au niveau central par le gouvernement. Toutefois nous avons l’espoir qu’avec le temps, la vie reprendra son cours normal dans toute la région. Pour le moment, il n’est pas prudent d’envisager la levée de l’état d’urgence.
Pour rendre la guerre plus difficile et complexe à nos Forces de Défense et de Sécurité, le groupe terroriste Boko Haram recrutait à l’époque beaucoup de jeunes dans les différentes localités de région de Diffa, quelles ont été les stratégies mises en œuvre au plan régional pour ralentir ce phénomène périlleux et l’éradiquer totalement de la Région?
La croissance rapide de la population a fait en sorte que les jeunes ne sont pas tous scolarisés, d’autres ne travaillent pas. Et lorsqu’ils sont désœuvrés, ils sont forcement vulnérables. L’accent a été mis particulièrement sur la formation de ces jeunes aux métiers, dans les centres de formation aux métiers que l’Etat a créés dans toutes les communes. Après l’apprentissage, les jeunes sont accompagnés pour lancer leurs activités. Ensuite, il y’a l’aspect sensibilisation qui a réduit leur départ.
Qu’en est-il de la réinsertion sociale de ceux qui reviennent, les repentis ?
Ils sont tous formés à des métiers, comme je l’ai tantôt souligné, au niveau du centre des repentis de Goudoumaria. Que ce soit en menuiserie bois et métallique, en couture, en plomberie, en mécanique, en électricité etc. Et chacun en sort avec un kit pour pouvoir exercer son métier. C’est tout cela qui fait qu’aujourd’hui les jeunes ne partent pas vers la secte.
L’économie régionale est complètement exsangue avec l’insécurité qui sévit dans la région, quelles sont les stratégies de relance des activités économiques dans votre entité administrative ?
Comme je le disais tantôt, ici notre économie est dirigée vers le Nigéria. A partir du moment où la secte terroriste de Boko-haram sévit aussi de l’autre côté, le blocage des activités déjà existante a été accentué encore par la pandémie du COVID-19. Les problèmes se sont multipliés. L’Etat s’est focalisé sur une zone agricole, dans le cadre de l’initiative 3N (les Nigériens nourrissent les Nigériens), tout le long de la Komadougou qui est vraiment une terre fertile, en mettant l’accent sur la productivité des cuvettes. Et la construction de la route Mainé-Gaidam va faciliter les échanges avec le Nigéria.
L’une des conséquences de l’insécurité dans la région de Diffa, c’est aussi le déplacement des populations vers les zones plus paisibles comme le département de Mainé-soroa. Comment les réfugiés sont-ils pris en charge ici ?
Le département de Mainé-soroa a commencé à accueillir des réfugiés bien avant les premières attaques de Boko-haram sur le sol nigérien. Je suis venu ici en 2013 et j’en ai trouvé déjà. Dans la ville de Mainé, ils ont un quartier spécial. En 2016, c’était toute la population de Gaidam, la plus grande ville nigériane frontalière proche, qui était venue à l’intérieur de la ville de Mainé, après une attaque de Boko-haram. Dieu merci, les choses se sont bien passées, ils ont pu regagner leur ville. Vous avez aussi vu, en venant de Diffa à l’entrée de la ville, des centaines de familles de Toumour, de Bosso et de Kablewa ont trouvé refuge ici. Mais depuis toujours, l’Etat et ces partenaires dont le HCR et tous les organismes du Système des Nations Unies n’ont jamais cessé de prendre leurs responsabilités en main. Les réfugiés sont assistés en abris, en soins de santé, en vivre, et ils sont nombreux tout au long de la RN1 entre Diffa et Mainé-soroa.
La campagne agro-sylvo-pastorale a été marquée cette année par des fortes précipitations dans quasiment toutes les régions du Niger avec son corollaire d’inondations, quelle évaluation peut-on faire de cette campagne tant du point de vue céréalier et fourrager que de la gestion même des inondations ?
Effectivement, cette année, la pluviométrie a été exceptionnelle. La production agricole a été de façon globale satisfaisante. Il y’a, certes, quelques villages agricoles qui ont été déficitaires du fait surtout des attaques de chenilles et autres ennemis de culture. La partie nord du département est quasi-désertique, certaines zones ne produisent pas. Quand nous prenons les communes de Flatari et N’Guelbeli qui ont d’énormes potentiels de pastoralisme, il a été produit assez de fourrage à même de permettre aux animaux d’atteindre sans difficulté la prochaine saison pluvieuse.
L’inondation a touché beaucoup de périmètres irrigués. Les populations ont perdu des productions de riz et d’oignon etc. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour leur venir en aide. Nous sommes en train de voir aussi comment créer les conditions pour que la prochaine saison culturale soit une réussite pour les paysans.
Le Sahel, du fait d’une insécurité grandissante, presque non maîtrisable par ses nouvelles complexités y compris par les forces d’occupation, souffre le martyr depuis des années avec des peuples éprouvées, des armées exténuées, des espaces désertés tragiquement silencieux, des économies étranglées, une école en pleine perdition dans de larges contrées vivant sous les affres de l’insécurité. La présence militaire étrangère ne change rien à la situation et c’est presque impuissants que les peuples assistent à la dégradation continue de la situation. Une telle situation, comme il fallait s’y attendre, a remis à la table la nécessité de ces alliances militaires infructueuses, souvent suspectes. Le format opportuniste de G5-Sahel créé pour capter au nom de la guerre des fonds, dès le départ, avait fait douter beaucoup d’observateurs quant à ce qui aura réellement motivé l’initiative. Au Niger, on doit vite s’en rendre compte quand, profitant de la guerre qui justifie des investissements colossaux en faveur des armées, des hommes s’en servent à détourner des budgets alloués à l’armée pour s’enrichir, montrant par de tels prévarications que l’insécurité compte moins que leur confort. D’ailleurs, alors que le G5-Sahel, officiellement se créait avec la Mauritanie, ce pays n’a montré que peu d’intérêt à ce cadre de lutte contre le terrorisme, car plus concentrée à protéger ses frontières pour éviter quelques excursions dans son territoire, choix pertinent, responsable et réaliste car à la fin, l’on se rend compte que c’est le pays le moins touché par le terrorisme.
Cela fait souvent plus de neuf ans que des pays se battent contre le phénomène sans en arriver à bout. Et si l’on est arrivé à un tel niveau d’insécurité avec l’étendue dans laquelle sévit le terrorisme c’est que ceux qui ont en charge la gestion des Etats n’ont aucune capacité – et peutêtre aussi aucune volonté – à combattre le mal, à l’endiguer pour définitivement ramener la paix dans les pays de la zone touchée. Aussi, au lieu de la manne attendue par des pouvoirs voraces, les Etats, découvrent vite la supercherie notamment avec une Europe qui envoie de grosses structures budgétivores comme EUCAP-SAHEL qui permettent à des ressortissants de la communauté envoyés chez nous pour combattre le phénomène, à récupérer une part importante des fonds que l’UE prétend mettre à disposition dans le cadre de la lutte globale contre le terrorisme, ne serait-ce que par leurs prise en charge, leur vie luxueuse, leurs salaires énormes. Le G5-Sahel n’arrive donc pas à convaincre et les peuples en doutent depuis des années pour ne plus compter sur ce regroupement artificiel pour croire qu’on puisse arriver avec un tel instrument à bout de l’insécurité.
Une annonce qui met à mal la cohésion au sein du G5-Sahel Dans son isolement, le Mali, a fini par claquer la porte, refusant de siéger au sein du G5-Sahel dont on lui refuse la présidence rotative au prétexte que le pays ne serait pas en conformité avec les règles pour y aspirer à le diriger alors même qu’un pays comme le Tchad où gouverne un putschiste pouvait en assurer la direction. L’annonce fut fracassante et depuis, le G5-Sahel perdit de sa force apparente, de sa cohésion déjà trop fragile. Dans son émiettement, comment peuton continuer à croire à cette structure qui peine depuis des années à convaincre de sa pertinence autant que de son utilité ? Les maliens n’ont-ils pas raison de se défaire d’une chose qui ne peut montrer son utilité ? C’est dans ce déchirement qu’une autre donne de la voix, annonçant même la mort du G5- Sahel
Bazoum, fossoyeur du G5-Sahel… ?
Dans une interview donnée au journal français, La Croix, le président nigérien, sur le seul fait que le Mali ait annoncé son retrait du G5-Sahel, pouvait aller à la déduction hâtive par laquelle, il voit une «mort» certaine de la structure sous-régionale. Qu’est-ce qui peut d’ailleurs fonder un tel argumentaire ? Que le seul Mali en sorte pourrait-il justifier que le G5 meurt, et qu’un autre, de son propre chef, l’enterre ? Ou bien faut-il croire que le G5-Sahel se créait plus pour autre chose que pour la sécurité au Sahel, toute chose que pourraient avoir compris les autorités maliennes pour décider de s’en distancer ? La question est opportune car, personne n’a pu voir la raison qui puisse valablement démontrer l’affirmation d’un président qui, si tant est qu’il pouvait avoir une telle compréhension du problème, n’aurait pas raison à s’en prendre trop à ce pays et à ses autorités, et à se faire l’un des procureurs les plus intraitables d’un pays voisin dont il a plus intérêt à être solidaire de la situation pour l’aider à s’en sortir plutôt qu’à le combattre dans la situation inconfortable qu’il traverse. Cette perception nigérienne du problème ne fait d’ailleurs pas l’unanimité car, il n’a pas fallu trop longtemps pour entendre un autre pays – le Tchad – se prononcer sur la prophétie de Bazoum Mohamed, avec des autorités de haut niveau du pays d’Idriss Déby qui se rendaient à Bamako pour exprimer au Mali leur amitié et leur solidarité, se désolidarisant des propos du président nigérien qui risque ainsi de s’isoler au sahel relativement au problème malien quand lui pouvait demeurer inflexible, sans doute pour plaire à une France qui est pourtant en train de revoir ses positions et sa politique à l’égard du Mali. Tant il est vrai qu’ils sont très nombreux dans la sous-région à ne plus avoir cette attitude rigide vis-à-vis du Mali. On a même entendu le président togolais offrir ses bons offices pour rapprocher la CEDEAO du Mali, comprenant mieux que le Mali, dans ce contexte, ait plus besoin d’autre chose que de ces sévérités que lui commandent un autre dont elle est devenue l’instrument. Qui parle d’ailleurs trop du Mali si ce ne sont les autorités nigériennes qui n’ont cette attitude désobligeante que par précaution pour elles-mêmes. Il profitait des colonnes de La Croix pour s’attaquer encore aux autorités de la transition malienne sans qu’il n’y ait de cohérence dans ses analyses. Pourquoi le retrait du Mali pouvait-il conduire à la «mort» du G5-Sahel ?
Mais plus que sur un tel aspect, c’est sur un autre que sa parole pourrait inquiéter ses alliés occidentaux qu’il appelle à combattre sérieusement tout en n’ayant pas peur de mourir pour nous comme si, ainsi qu’on peut l’entendre dans les non-dits de sa communication, que les forces étrangères éviteraient de se battre franchement par peur de se faire tuer pour nous alors que leur engagement ne devrait pas aller à consentir un tel sacrifice pour des gens qui pouvaient ne pas mériter un tel sacrifice de leur part. Tant les propos du président nigérien sont faits de doute quant à l’engagement des occidentaux dans cette guerre au point de croire, qu’il pourrait aussi aller à l’option extrémiste malienne si jamais il arrive qu’il se rende compte que l’engagement européen n’est pas effectif, du moins sincère pour consentir pour nous le sacrifice ultime. En tout cas, il est donné à croire que Bazoum Mohamed, en tenant de tels propos, prendrait des distances, commençant aussi à douter ainsi qu’il l’a toujours pensé et il l’avait dit, souvenons-nous, devant Emmanuel Macron en France, quand au début de son entrée en fonction, il lui disait que notre sécurité est de notre responsabilité exclusive et ce, avant que, convaincu par un autre – suivez mon regard – il ne renonce à ses convictions pour faire l’apologie de la coopération militaire avec l’Europe et tenir à l’occasion des propos qui avaient choqué l’opinion, demandant à refusant, par un regard étriqué, à refuser au, nom de la souveraineté clamée, les routes construites par l’UE.
Depuis cette interview, la France pourrait se méfier d’un président devenu imprévisible, soufflant presque le chaud et le froid, pour ne pas trop saisir ses positions et savoir mieux le gérer.
Le Tchad ne croit donc pas à la mort annoncée du G5-Sahel et nourrit l’espoir que pour autant le Mali n’est pas perdu ni pour la CEDEAO encore moins pour le G5- Sahel pour peu que l’on sache parler au Mali et l’écouter. C’est d’ailleurs avec un tel esprit que la délégation tchadienne se rendait à Bamako, avec un esprit plus fraternel, non avec cet esprit belliqueux qu’ont les autorités nigériennes, chaque fois qu’elles doivent parler de ce pays et de ses choix souverains.
D’ailleurs, si tant est que Bazoum Mohamed et ceux qui pensent comme lui pour croire que le G5- Sahel est une nécessité, pourquoi, à défaut du Mali qui s’en écarte, ne peut-on pas redessiner la carte pour réduire ce regroupement à un G4 pour faire regretter alors au Mali son choix quand ce G4 aura mieux réussi que sa soeur aînée ?
Le Niger ne peut pas se rendre compte à quel point le Mali est loin dans ses choix pour ne plus compter sur une France avec laquelle il s’est stratégiquement éloigné pour se rapprocher d’autres et notamment de la Russie dont l’amitié agace une France qui ne supporte pas de la voir dans ses platebandes pour lui ravir des espaces naguère sous son contrôle.
Juste après la délégation tchadienne, l’on apprend qu’une délégation mauritanienne est attendue dans le pays Choguel Kocala Maïga pour raffermir des relations quand la CEDEAO embourbée dans ses extrémismes, ne sait plus comment se sortir de «son affaire» alors qu’elle est lasse d’attendre l’effondrement attendu d’un Mali qui tient bon, sachant qu’il y a toujours un prix à payer pour ses choix et qu’il avait à s’assumer et à tenir stoïquement, pour la victoire si proche. Comme quoi le Mali reste fréquentable et malgré l’activisme de la France et de la CEDEAO, il n’est pas pour autant isolé.
D’ailleurs, même Issoufou Mahamadou qui était l’ardent défenseur de ce G5-Sahel n’en était que très déçu au point de demander, sans succès, qu’il soit placé, sous le chapitre 7 des Nations Unies. Mais, alors, pourquoi contrarier le Mali dans ses rêves, dans ses choix souverains ? Si tant est que le président nigérien est convaincu de la nécessité du G5-Sahel, lorsque le Mali s’en retire de manière souveraine plutôt que d’y voir sa mort, il pourrait mieux convaincre ceux qui y restent, autour d’un G4 Sahel. Mais qui peut-il convaincre quand tout le monde doute, y compris certains partenaires qui hésitent à s’y engager redoutant certainement d’autres fiascos inévitables quand les acteurs engagés peuvent ne pas être animés par les mêmes ambitions ?
A des moments de l’histoire, les peuples ont à faire des choix difficiles.
«L’ANIE ambitionne donc de développer les capacités institutionnelles et individuelles en intelligence économique et de promouvoir un environnement favorable aux métiers d’intelligence économique au Niger», déclare M Boulamine Moustapha
Le Concept d’Intelligence Economique est certes nouveau au Niger. Mais au fil des années, il apparait clairement que ce concept est devenu de plus en plus incontournable pour les entreprises tout comme les administrations publiques qui veulent comprendre la marche du monde. Mais, peu de gens s’intéressent aux études visant à approfondir les connaissances dans ce domaine pourtant extrêmement important, dans un monde en perpétuel mutation où les entreprises et les institutions publiques ont besoin de toutes les informations liées à la sécurité de leurs produits à travers une veille stratégique de toutes les menaces et les opportunités qui s’offrent à elles afin de prendre les décisions qui s’imposent au moment opportun. M. Boulamine Moustapha est l’un des rares Nigériens ayant tenté l’aventure d’approfondir ses connaissances en Intelligence Economique. Economiste, et diplômé de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, M. Boulamine est aujourd’hui un expert dans ce domaine après avoir suivi plusieurs formations à l’international, notamment à l’école nationale d’administration en France sur l’intelligence économique, à l’école nationale d’administration publique au Canada sur l’évaluation du développement, à V.V Giri national labour institute en Inde sur le leadership et à Academy International for Business Officials en Chine sur l’économie circulaire. Par ailleurs, il a aussi travaillé pour le compte des institutions internationales comme la coopération allemande (GIZ) et nationales comme le ministère du Plan avant de créer l’Association Nigérienne d’Intelligence Economique (ANIE). M. Boulamine parle dans cette interview de la pertinence d’une telle association dans un Niger en quête de son développement socio-économique.
Monsieur Boulamine Moustapha, l’Intelligence Economique est un domaine nouveau au Niger, que renferme ce concept ? Et quelle est son utilité pour les administrations publiques et les entreprises privées de notre pays ?
« Mon espoir c’est de voir la nouvelle voie que nous nous sommes tracée nous conduire, avec ou sans la levée de l’embargo, à répondre aux attentes du peuple nigérien, l’espoir de vivre en paix et dans la prospérité »
Monsieur le Président de la République vos prises de paroles sont rares, certains estiment même que le CNSP et le gouvernement doivent communiquer davantage. Que répondez-vous à tous ceux qui soutiennent cette idée ?
Merci de l’opportunité que vous nous offrez pour nous adresser une fois de plus à nos compatriotes, au-delà de nos compatriotes aux peuples du Sahel, d’Afrique et du Monde. Permettez-moi d’avoir une pensée pieuse pour les martyrs civils et militaires du terrorisme dans notre sous-région, d’avoir également une pensée particulière envers les veuves et les orphelins, envers l’ensemble des peuples du Sahel qui souffrent le martyre depuis plus de dix ans, en particulier le peuple nigérien qui supporte non seulement les affres du terrorisme, mais aussi les affres d’un terrorisme étatique à travers l’embargo et les sanctions injustes à lui imposées. ‘’Que Dieu soubanahou wata Allah couvre de sa rahama’’ tous nos martyrs.
Pour répondre à votre question, la communication est l’art de transmettre un message. Les canaux à travers lesquels certains nous attendent ou attendent de recevoir nos messages ne sont pas ceux- là mêmes que nous utilisons. Mais la communication, elle est stratifiée. Trop de communications tue la communication, a-t-on coutume de dire. Mais, c’est pour cela qu’un Etat est organisé pour utiliser tous les vecteurs en vue de transmettre un message au peuple souverain, et ces vecteurs sont utilisés par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Nous ne passons pas certainement à longueur de journées à la télé ou à la radio, mais si c’était le cas on n’aurait pas pu exercer. C’est pourquoi nous sommes justement interpellés. Nous passons par plusieurs canaux, à commencer par le niveau local à travers les prêches qui transmettent des messages aux fidèles que ça soit dans les mosquées, dans les églises, à travers les chefs traditionnels lors des grands événements qui transmettent également les messages aux populations, à travers les interventions des ministres qui composent le gouvernement de transition, à travers le Premier ministre qui a intervenu à maintes reprises, à travers certaines interventions des membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Je crois que nous communiquons, c’est le moyen à travers lequel nous communiquons qui, peut-être, ne répond pas aux attentes des gens. Mais pour nous le plus important est que le peuple nigérien soit édifié de ce que nous faisons. Je crois que nous parvenons à le faire à travers tous ces vecteurs que je viens de citer.
Monsieur le Président, quatre mois après l’avènement du CNSP au pouvoir, les Nigériens attendent toujours vos orientations stratégiques, votre programme de gouvernement pour une vision d’ensemble sur toutes les questions d’intérêt national sur l’économie, le social et le politique, qu’en est-il exactement ?
Je suis surpris d’entendre cette question. Quand nous avons intervenu, nous avons dit notre premier souci qui est le souci sécuritaire, donc l’organisation de la défense. Effectivement nous avons réussi à réorganiser notre système de défense et à créer des structures dans le domaine de la lutte anti-terroriste, et ces structures donnent des résultats même si nous ne sortons pas souvent pour le dire, mais nous obtenons des résultats. Certes, il faut comprendre que c’est une situation qui a duré plus de dix ans, mais en quatre mois ce que nous avons obtenu comme résultat nous permet d’espérer que ce premier domaine qui est le domaine de la défense et le domaine sécuritaire à travers les actions sur le terrain, les actions diplomatiques qui nous permettrons de renouveler nos domaines de coopération avec certains pays qui nous accompagnerons dans le sens de prendre en main notre destin dans le domaine de la sécurité.
Je crois qu’à l’origine du terrorisme sur notre territoire, je citerai notamment la France. Vous ne pouvez pas combattre un incendie avec de l’essence. Et pour nous l’incendie, terrorisme tire son essence du soutien que la France lui apporte. Nous avons pu dénoncer les accords de coopération en matière de défense. C’est un grand pas, un pas sur une situation qui était là depuis plus 50 ans, nous sommes parvenus à le faire, Dieu merci. L’ambassadeur de France qui a voulu, au mépris des règles des relations diplomatiques, sous-estimer et mépriser les autorités nigériennes, a quitté notre territoire. Ce sont également des actions concrètes que nous avons posées dans le domaine du rétablissement de l’ordre sécuritaire. Dans le domaine économique, malgré l’embargo qu’aucun autre pays au monde n’a vécu, nous sommes parvenus, Dieu merci, à assurer le ravitaillement régulier du pays. Et ce ravitaillement régulier à travers un corridor sécurisé, nécessite une grande mobilisation des Forces de Défense et de Sécurité.
Nous avons réussi, toujours dans le domaine économique, à travers la bonne gouvernance, à instaurer un climat de confiance. Tous les Nigériens étaient unanimes sur la nécessité de rendre ce qu’on a soutiré des caisses de l’Etat et par rapport à cela nous avons pris des mesures pour mettre en place la Commission de Luttes contre les Infractions Economique, Financières et Fiscales (COLDEFF) qui est une réalité aujourd’hui, et qui va s’atteler en tout cas à ramener, au profit du peuple nigérien, tout ce qui a été spolié. C’est également, je crois, une démarche à saluer. Nous avons d’autres perspectives notamment dans le domaine alimentaire, voir comment, et déjà il y a un budget qui est prévu à cet effet, assurer le minimum dans le domaine alimentaire. Ce sont des grandes actions qui concernent des axes bien définis que peut-être les gens n’ont pas encore compris, mais ce sont des actions concrètes dans les domaines de la défense, de la bonne gouvernance, dans le domaine économique, et certainement politique avec d’autres actions que je ne citerai pas et qui sont en perspectives.
Monsieur le Président justement à quel niveau se trouve l’organisation du dialogue national inclusif nigérien qui a été annoncé depuis quelques semaines ?
C’est plutôt depuis quelques mois, le dialogue a été annoncé exactement au mois de Septembre, mais nous sommes des militaires, nous sommes prévoyants et nous prévoyons l’imprévu. Au moment où nous avons voulu initier le dialogue national inclusif, nous étions confrontés à une menace évidente qui est l’hostilité de la France qui avait sur notre territoire, on parle de 1.500 hommes, mais c’était plus de 2.000 hommes. Face à cette hostilité, organiser un dialogue national alors que 1.500 hommes sont sur la base aérienne de Niamey, serait un risque. Nous avons certes entendu les gens sortir dire que nous avons reporté le dialogue national, on ne sait même si c’est un dialogue sincère ou s’il aura lieu. Voilà une des raisons pour lesquelles nous n’avons pas organisé comme nous l’avons initialement voulu en Septembre. En plus de cette menace de la présence des troupes françaises sur notre territoire, où c’était un impératif pour nous qu’ils quittent notre territoire.
Malgré l’hostilité ouverte des autorités françaises, nous avons pu faire partir cette troupe. A l’étape d’aujourd’hui, il reste une centaine et ils vont partir. En plus de cela, vous savez que le Niger, même si c’est de façon télécommandée, faisait face dans la même période à une menace d’agression de la CEDEAO. Est-ce qu’il est rationnel pour nous qui sommes des militaires d’organiser un dialogue national en ce moment précis avec toutes ces menaces sans oublier les menaces terroristes qui bénéficiait bien du soutien de leurs sponsors. Toutes ces raisons, même si nous ne sommes pas sortis pour le dire ouvertement au peuple nigérien pour des raisons stratégiques, nous ont poussé à sursoir à ce grand rendez-vous à Niamey. Voilà les raisons pour lesquelles le dialogue national inclusif n’a pas eu lieu comme annoncé il y a de cela trois ou quatre mois, mais c’est une certitude que ce dialogue aura lieu et vous aurez l’occasion bientôt de connaitre les dates exactes retenues pour le dialogue national inclusif.
Monsieur le président, selon les informations à notre possession, la campagne agro-sylvo-pastorale n’a pas véritablement répondu aux attentes de nos populations. Quelles sont les solutions envisagées par le gouvernement pour faire face à cette situation ?
Effectivement la campagne agro-pastorale a été déficitaire à des proportions différentes. Pour ce qui est du domaine de la production agricole, elle est déficitaire à 39 %. Ce n’est pas aussi alarmant que nous le pensons. Sur 13.468 villages, 5343 villages sont déficitaires. Mais, même si c’est 10% des villages qui sont déficitaires, c’est une inquiétude pour nous. Pour ce qui est du domaine pastoral, nous avons un déficit de 53 % ; un besoin de plus de 18 millions de tonnes de matière sèche, donc c’est énorme comme déficit pour un pays dont l’économie repose notamment sur l’agriculture, mais surtout l’élevage.
Par rapport à ces inquiétudes nous avons initié des démarches qui consisteront à nous assurer les 840.000 tonnes de céréales dont les 5343 villages ont besoin et en termes de matière sèche c’est plus de 18 millions de tonnes. Et cela sera compensé par la mise en place des aliments bétail en quantité assez importante et l’approvisionnement des magasins OPVN en céréales diverses. C’est un souci, mais des dispositions sont prises, des fonds sont prévus pour cela et, In Sha’a Allah, nous traverserons cette épreuve de plus.
Monsieur le président cette autre question, est la vie chère que vivent les Nigériens dans leur chair suite aux sanctions inhumaines que la CEDEAO a imposé à notre peuple. Quelles sont les mesures prises par le gouvernement pour y faire face ?
Effectivement le peuple nigérien vit dans sa chair les affres de la vie chère. Mais ces affres de la vie chère se sont accentuées avec l’embargo qui a été mis sur notre pays. Avant l’embargo, c’est une crise mondiale que tous les pays connaissaient. Et toutes les denrées ont connu une hausse spectaculaire. C’était la survie. C’est à cette survie que s’est ajoutée pour le peuple nigérien l’embargo sauvage qui a rendu la vie des nigériens plus difficile. Mais nous ne restons pas les bras croisés, nous ne restons pas là à nous lamenter. Face à l’épreuve, il faut être imaginatif, il faut prendre des initiatives et ces initiatives se traduisent entre autres par la multiplication du partenariat dans le domaine diplomatique avec des pays qui sont sincères avec le Niger, même si nous ne sommes pas naïfs, nous connaissons que les relations internationales c’est des relations d’intérêts. Mais nous sauvegardons les intérêts du peuple nigérien, les partenaires sauvegardent leurs intérêts. Pour nous, le plus important c’est le peuple nigérien, comment à travers nos relations diplomatiques sécuriser des corridors, obtenir un accompagnement alimentaire dans le respect de la dignité.
Pour ce qui est des solutions au niveau local, nous avons multiplié la recherche de corridors pour assurer un ravitaillement dans des conditions sécurisées au peuple nigérien. Ces corridors que nous avons eu à prospecter sont le corridor du Burkina Faso, le corridor de la Guinée Conakry, le corridor de l’Algérie, et le corridor de la Libye. Sur certains corridors nous sommes très avancés et vous le remarquez avec le système de protection et d’escorte que nous avons mis en place. Avec ce système nous arrivons à maintenir une cadence régulière permettant d’approvisionner les marchés, non seulement de Niamey, mais aussi ceux de l’intérieur du pays. À titre de rappel, depuis le 28 novembre des camions sont en train de rentrer par un corridor ami. Et de façon ininterrompue plus de 4000 camions sont rentrés du 28 novembre à la date d’hier (9 décembre). C’est un effort colossal qui exige la mobilisation des forces importantes et nous allons le faire de façon soutenue pour que la vie chère liée à l’embargo soit atténuée. Il restera évidemment la vie chère liée à l’environnement économique mondial et ça certainement avec le temps d’autres solutions seront trouvées.
Monsieur le Président, vous avez procédé à l’installation de la CoLDEFF il y a quelques jours. Quelles sont les assurances et les garanties que la CoLDEFF ne sera pas comme toutes les institutions similaires dédiées à ce type de mission lors des transitions passées et qui ont eu somme toute des résultats mitigés ? Est-ce que cette fois la CoLDEFF aura véritablement les moyens de sa politique et quelles sont les garanties pour son indépendance et la réussite de sa mission ?
La commission de lutte contre la Délinquance Economique Financière et Fiscale (CoLDEFF) est l’émanation d’une volonté populaire. Je ne répondrai pas des résultats que les autres commissions ont eu à des périodes bien précises puisque je ne peux pas savoir ou imaginer le soutien dont elles ont bénéficié, ni des critères sur lesquels les personnes qui les ont composées ont été retenues. Pour ce qui est de la ColDEFF c’est une volonté populaire que les Nigériens ont manifestée. Face à cette volonté de justice et de voir que les biens de l’Etat soient considérés par tout responsable comme des biens sacrés, des biens communs, nous avons défini des critères des membres de la CoLDEFF. Parmi ces critères nous avons retenus d’abord l’intégrité. En plus de l’intégrité, nous avons retenu l’engagement, le dévouement à la cause nationale et enfin l’esprit de l’intérêt national, puisque tout ce que nous ferons sans cet esprit d’intérêt national, nous n’aurons jamais de résultats probants. Labou Sanni no ! Zantchan Kassa ne !
Plus de 10 millions de nigériens, certainement, remplissent ces conditions. Mais nous ne pouvons pas réunir une commission de milliers de Nigériens à plus forte raison de millions de Nigériens. C’est pour cela que nous avons trié après avoir constitué des CV des membres candidats à ces postes. Et si vous vous rappelez lors de mon intervention en langues nationales j’avais appelé les Nigériens à nous accompagner dans les choix des personnes qui vont animer cette commission. Dès l’annonce de la première liste ou du projet de liste des voix se sont élevées pour dire que l’enquête n’a pas été fructueuse. Il y a des personnes qui sont suspectées d’avoir posé des actes. Mais une suspicion reste une suspicion. Malgré tout, notre objectif étant de créer l’harmonie et la cohésion autour de la CoLDEFF nous avons remplacé ces personnes suspectées. Et nous sommes parvenus à avoir une liste qui fait le consensus, je ne dirai pas qui fait l’unanimité, puisqu’aucun domaine ne pourra faire l’unanimité. Cette liste de 35 membres avec un bureau va bénéficier de notre soutien total. C’est une garantie supplémentaire pour la réussite de la CoLDEFF. Ni les membres du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, ni les membres du Gouvernement, ni moi-même, n’allons interférer dans les décisions que la CoLDEFF aura à prendre.
Au contraire la CoLDEFF trouvera auprès de toutes ces structures un soutien indéfectible. Que tous ceux qui ont spolié les biens de l’Etat répondent de leurs actes. Zantchan Kassa ne, ce n’est pas une chasse aux sorcières. Il faut que le Nigérien apprenne et intégrer que le poste de responsabilité n’est pas synonyme de confusion avec le trésor national, la caisse de l’Etat. Les biens de l’Etat doivent être sacrés. Tout ce qui est à l’Etat et dont on vous a confié la responsabilité, la gestion doit être sacrée. Nous voulons que cela soit ancré dans l’esprit de tous les responsables qui sont actuellement en poste dans ce régime de transition. Et la CoLDEFF, comme je l’ai dit, aura certainement le soutien total de toutes les autorités. Elle aura l’accompagnement matériel et financier, mais à la mesure de nos possibilités puisque, comme vous le savez, notre pays, nous l’avons dit, traverse des moments difficiles. Les salaires il faut aller à 35, 40, de fois 45 jours pour finir. Mais Dieu merci, même si c’est après 45 jours jusqu’ici nous avons pu payer les salaires. Donc, la CoLDEFF doit s’inscrire dans cette logique : les moyens ne sont pas en abondance, mais les moyens nécessaires à son fonctionnement, ainsi que le soutien, ne lui feront pas défaut.
Monsieur le Président, personne ne sera épargné ?
Tout celui qui, de façon avérée, aura pillé les biens de l’Etat, aura détourné les biens de l’État, répondra à la CoLDEFF. Et la CoLDEFF a tout notre soutien. Je dis bien tout notre soutien puisqu’elle ne répond que du président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie. Elle aura tout notre soutien, c’est un serment, pour accomplir sa mission, restituer ce qui a été subtilisé à l’Etat. Nous ne ferons pas la chasse aux sorcières, la CoLDEFF ne fera pas la chasse aux sorcières, et c’est pourquoi nous inviterons tous les Nigériens qui ont des faits, je ne dirai pas des questions de personnes, mais qui ont des faits, qu’ils les soumettent à la CoLDEFF. Elle leur réservera le traitement approprié jusqu’à aboutissement. C’est une certitude, c’est une garantie, aucune personne dont la responsabilité sera avérée n’échappera au traitement que la CoLDEFF réservera au dossier la concernant.
Monsieur le Président, il y a aussi une question d’actualité qui intéresse les Nigériens : les nominations aux emplois supérieurs de l’Etat. Quelle réaction cela suscite chez vous ?
C’est comme la COLDEFF dont nous venons de parler. Nul n’est parfait et aucun acte ne sera parfait. C’est à nous de découvrir les imperfections et dans l’ordre approcher les responsables des actes posés pour porter les amendements. Les affectations sont une des prérogatives d’un gouvernement, d’un Etat. Ces affectations répondent à un certain nombre de critères ; des critères de compétences, d’intégrité et surtout des critères de haute compréhension de l’intérêt national. Quel que soit le poste que vous allez occuper, c’est l’intérêt national qui doit être la première priorité. Certes dans les affectations, il se peut que nous ayons affecté ou eu à affecter des personnes, peut-être, qui ne font pas l’unanimité. Mais donnez le temps au temps et jugez les gens en fonction des actes qu’ils posent. Les gens ont des problèmes de personne. Or c’est l’intérêt national qui nous a conduit à dire que ce que les gens ont eu à poser comme acte jusqu’au 26 juillet ne va pas dans le sens de l’intérêt national et que si nous restons les bras croisés, il n’y aura plus de Nation à défendre, à plus forte un Nigérien. Donc, il faut que les Nigériens, de la même façon que nous sommes sortis librement pour mettre fin à la dérive, qu’ils nous ont soutenu, qu’ils nous soutiennent dans toutes les désignations que nous aurons à faire. Et comme je l’ai dit, s’il y a des propositions, des recommandations. Mais, il faut que ça se fasse dans les règles de l’art. Un Etat fonctionne en fonction des règles, selon des règles connues des citoyens. Observons ces règles, donnons un délai de grâce à ces personnes pour en tirer les conclusions. C’est tout ce que je peux dire par rapport à ce domaine d’affectation ou d’occupation des postes qui font souvent l’objet de bruits. Malheureusement, les bruits sont souvent exagérés quand j’entends certains dire : non un tel ne mérite pas, si on ne le dégage pas, nous allons en guerre contre le CNSP. Or, certaines fonctions sont définies par des textes de loi qui disent quelles conditions remplir pour occuper tel poste et que certains compatriotes disent certaines choses sur la loi, je suis au regret d’entendre des propos comme ça. Nous sommes dans un Etat qui respecte les règles. S’il y a lieu d’agir pour que le respect des règles soit observé, alors nous agirons.
Excellence, l’exploitation du pétrole nigérien suscite une série de questions sur lesquelles nos compatriotes attendent de l’Etat des éléments de réponse. D’abord quels sont les principaux gisements que nous avons au Niger ?
Effectivement le domaine pétrolier, si vous vous rappelez, est un vieux domaine. Les premières prospections ont commencé déjà avant l’indépendance, dans les années 1959. Elles se sont poursuivies après les indépendances. A un certain moment, elles se sont arrêtées. Parce que notre pays n’a pas pu résoudre le problème de prospection, de recherche. Nous attendons toujours que des compagnies étrangères viennent prospecter, faire des recherches sur notre territoire. Alors que nous avons la capacité et les moyens de faire ces recherches nous-mêmes en nous organisant. Donc, à un certain moment, les recherches et les prospections se sont arrêtées. Il a fallu attendre l’arrivée de feu son Excellence Tandja Mamadou, que son âme repose en paix, pour relancer et de façon dynamique et irréversible l’exploitation. Je ne dirais même pas d’exploration mais d’exploitation. Nous avons quatre blocs. Il y a le bloc Agadem I et chinoise, où la CNPC a investi 540 milliards F CFA. Ces 540 milliards F CFA n’était pas un fonds au-dessus de la capacité de l’Etat nigérien. Ça veut dire que cette raffinerie aurait pu être nigérienne. Mais le Président Tandja Mamadou, que son âme repose en paix, a montré que c’est possible au moment où les gens pensaient que c’était une mer d’eau souterraine, plutôt que du pétrole. Il a cru au rêve, il a pu construire le premier pipeline de 462,5 km au Niger, il a fait construire la raffinerie, dont il a fait une condition pour tout contrat avec l’Etat du Niger. Dieu merci, cette raffinerie a été mise en exploitation depuis le 28 novembre 2011. Tandja avait déjà quitté le pouvoir. C’est pour dire que les Chefs d’Etat, leur devoir, leur responsabilité, c’est vis-à-vis du peuple. Aujourd’hui, ceux qui bénéficient des retombées de cette raffinerie, ce n’est ni Tandja, ni la famille de Tandja, c’est le peuple nigérien. Si les choses avaient été faites dans les règles, mais ça c’est un autre débat.
En dehors de la raffinerie Agadem phase II, c’est le pipeline de Koulele jusqu’aux rives de l’océan Atlantique à 1 950 kilomètres. Ce pipeline, à l’instar de la raffinerie et du pipeline de la raffinerie, a été effectivement réalisé, une fois de plus, sur un crédit, mais un crédit contracté par une compagnie chinoise qui a investi dans la réalisation de ce pipeline, 1 440 milliards de francs CFA. Le Niger aurait pu lever ce fonds sur le marché international si nous avons ou si nous avions une compagnie qui faisait la recherche et la prospection. Puisque ce sont les découvertes et les quantités découvertes qui permettront de contracter le crédit puisque c’est une garantie à laquelle les bailleurs de fonds ne peuvent opposer un refus. Mais, soit ! le pipeline est aujourd’hui une réalité, il a été lancé le 1er novembre de cette même année et sa production est de 90.000 barils par jour. Sur ces quatre-vingt-dix mille barils jour, j’entends souvent des calculateurs, des scientifiques nigériens, des mathématiciens dire que nous multiplions quatre-vingt-dix mille barils par soixante-dix-sept dollars le prix d’un baril. Un baril équivaut à 159 litres à peu près et nous avons les recettes journalières du Niger. Ce n’est pas vrai ! Sur les quatre-vingt-dix mille barils par jour, la part du Niger est de 25,4%. C’est sur la base de ces 25,4 % que vous aurez la part exacte par jour du Niger. Et multiplier cette partie par le cours du baril, vous aurez la part du Niger par jour, et ça dans les meilleures des conditions. Actuellement, le baril est en hausse. Nous espérons beaucoup parce que la production a déjà été achevée. Le transport est en cours jusqu’à l’océan Atlantique. Effectivement quand cette phase de remplissage des cuves dans l’Océan Atlantique sera achevée, en janvier prochain probablement, nous pouvons espérer les premières sorties des barils du brut nigérien qu’on a communément appelé le Melec.
Mais notre volonté n’est pas de commercialiser que du brut. Nous voulons aller vers le raffinage. Nous avons assez chanté que le Niger a été spolié depuis plus de soixante ans parce que tout ce que nous produisons est exporté de manière brute. Le Niger ne bénéficie pratiquement pas des ressources de son sous-sol parce que le Niger n’a pas initié une politique qui lui permette de maîtriser l’exploitation de ses ressources. Nous voulons aller vers une raffinerie qui va transformer le brut nigérien sur le sol nigérien et, In Sha’a Allah, nous le ferons avec des partenaires, pas des gens qui sont là pour nous exploiter. Cela pour que le partenariat gagnant-gagnant soit enfin une réalité, pour que le pétrole brut nigérien soit raffiné sur place en d’autres produits qui sont actuellement recherchés notamment le jet, l’essence que la raffinerie de Zinder (la SORAZ) ne produit pas à suffisance. Actuellement c’est un tiers de la production des 20.000 barils qui est transformé en essence, les deux tiers sont transformés en gasoil. Donc nous pouvons ravitailler les pays de la sous-région en jet pour les avions. Nous avons des pays qui, malgré l’embargo, continuent à coopérer avec nous et c’est l’occasion de les remercier, notamment le Mali et le Burkina Faso vers lesquels nous pouvons exporter le pétrole raffiné, que ce soit du gasoil, du super, du jet, du pétrole lampant ou du gaz selon la demande ou les demandes qu’ils feront. Mais, il faut que les Nigériens comprennent que dans le pipeline, sur les 90.000 barils, le Niger a 25 %. Si mes calculs sont exacts, ça fait 22 860 barils jour. C’est donc ça qu’il faut multiplier par le cours du baril. Un baril, ce n’est pas 200 litres, c’est 158,98 litres, à peu près 159 litres. Que les mathématiciens fassent le bon calcul et jugent en fonction du résultat de leurs calculs.
Monsieur le Président, vous avez récemment effectué une visite d’amitié et de travail au Mali et au Burkina Faso. Quel sens donnez-vous à cette visite dans ces deux pays ?
Pour nous le Burkina Faso et le Mali, ce ne sont plus des pays lointains. C’est l’espace de l’Alliance des États du Sahel. Et pour nous il est naturel de nous déplacer à Bamako, comme à Ouagadougou, dans l’esprit de l’Alliance des Etats du Sahel. Mais les raisons fondamentales qui m’ont conduit à initier ces déplacements sont de deux ordres. La première raison, c’est pour remercier les autorités de ces deux Etats de l’Alliance des Etats du Sahel, leurs gouvernements et leurs peuples pour le soutien indéfectible qu’ils ont apporté au peuple nigérien dans l’épreuve qui nous a été imposée par la CEDEAO. Comme vous le savez, le 30 juillet 2023, quatre jours après notre intervention, la CEDEAO s’est réunie à Abuja pour décider non seulement de l’embargo, mais comme si le désastre de l’embargo ne suffisait pas, déclarer également vouloir constituer une force militaire pour attaquer les Nigériens qui ont osé demander que la souveraineté de leur pays soit respectée. Face à cette menace d’embargo et d’agression militaire, le Mali et le Burkina Faso ont fait une déclaration conjointe, le lendemain du 31 juillet, pour d’abord s’opposer à cet embargo illégal et inhumain, mais aussi affirmer leur solidarité avec l’État du Niger et les autorités nigériennes, pour faire face à toute agression militaire aux côtés du Niger. Cette déclaration, comme je l’ai dit, a radouci beaucoup d’ardeur, a tempéré beaucoup d’ardeur. A côté de cette déclaration conjointe du Mali et du Burkina Faso, il y a l’engagement et la détermination du peuple nigérien qui s’est levé dès la déclaration de cette volonté de nous agresser pour dire non à l’embargo, et dire non à toute velléité d’agression. Je lui rends hommage, le remercie et l’encourage à continuer car le combat n’est pas fini. Je comprends que « Laabou Sanni No ! ». Mais des changements de régimes, des transitions, se sont succédés au Niger ; Ces transitions n’ont pas bénéficié du soutien populaire du peuple du Niger, ceux des États du Sahel, d’Afrique, et même du monde. C’est une raison de plus pour féliciter le peuple nigérien.
La deuxième raison de mon déplacement dans la même lancée de la déclaration conjointe du 31 juillet, c’est que le 16 septembre vous vous rappelez, nous avons signé la création de l’Alliance des États du Sahel. Cette alliance a pour objectif-puisque c’était le souci immédiat le domaine sécuritaire- le domaine de la défense. Dieu merci, nous avons mis nos moyens en commun et nous obtenons des résultats dans le domaine de la défense, de la sécurité, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Parce que nous savons, nous sommes convaincus, et nous avons des preuves que ce terrorisme est un terrorisme importé. Quelles que soient par ailleurs les raisons que les gens ont voulu faire avaler aux Nigériens et aux États du Sahel, ce terrorisme est un terrorisme sponsorisé. Nous avons pu nous débarrasser de certains sponsors, et si vous le constatez au Niger, au Mali et au Burkina Faso, des résultats palpables sont obtenus dans le domaine de la lutte anti-terroriste.
Mais ceux qui sont armés ne sont pas les seuls terroristes. Nous avons le terrorisme des États de la CEDEAO qui ne font pas moins que ce que les terroristes font. Combien de Nigériens sont morts sur les lits d’hôpital parce qu’on manque de produits pharmaceutiques ; combien de Nigériens meurent sur leur lit d’hôpital parce que nous sommes privés de l’électricité qui est pourtant un partenariat entre deux entreprises privées. Donc quel est le sens du mot terrorisme quand on ignore que priver un pays du minimum en termes de produits pharmaceutiques, de produits alimentaires, pour obtenir un accord ou pour contraindre le pays à faire des concessions politiques ; c’est la même définition du terrorisme. C’est quoi le terrorisme ? C’est l’utilisation de la violence contre des personnes innocentes pour les contraindre afin d’obtenir des concessions politiques.
Et c’est ce que ces États de la CEDEAO font contre le Niger ; c’est ce que ce terrorisme sponsorisé fait contre les peuples des États du Sahel. Donc il était temps pour nous d’aller dans ces pays pour affirmer notre volonté. En plus du domaine sécuritaire, notre alliance doit évoluer dans le domaine politique et dans le domaine monétaire. Puisque cette alliance a, in fine, pour objectif de créer les conditions de prospérité pour nos peuples, pour les peuples du Sahel. Et c’est là, le deuxième motif de mon déplacement. Il s’agit aussi de renforcer en troisième ressort les relations diplomatiques. Là où nous n’avons qu’un Consulat, l’ériger en Ambassade. Donc voilà de façon synthétique les trois ou quatre domaines : la défense, l’économie, la diplomatie et le domaine socio-économique et monétaire. Si aujourd’hui nous faisons face à des pressions sauvages, c’est parce que peut être nous sommes restés très longtemps passifs dans certains domaines ; nous n’avons pas su nous assumer et assumer notre souveraineté à travers des décisions fortes. Ce sont ces décisions que j’étais parti demander aux chefs d’État ; de mettre nos efforts en commun pour avoir ce courage de libérer définitivement l’espace sahélien, l’espace des États du Sahel.
Justement, par rapport à la question de la monnaie, peut-on espérer avoir notre monnaie prochainement ?
Je ne me prononcerai pas. Je préfère laisser l’opportunité de la déclaration aux spécialistes. Je l’ai dit, l’État est stratifié, et chaque niveau à des domaines de compétence, et au moment opportun, ces domaines de compétence, ces experts, se prononceront.
Ce jour 10 décembre 2023, les Chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO se sont réunis à Abuja. Entre autres sujets importants, ils ont échangé sur la situation au Niger. Êtes-vous optimiste quant à l’issue de cette rencontre ?
Pour moi c’est l’intérêt national qui est au-dessus de toute considération. Nous avons demandé beaucoup de sacrifice au peuple nigérien. Le peuple nigérien bénéficiant des soutiens des pays frères et amis a supporté l’insupportable. Il est resté digne quatre mois durant, quatre mois de privation malgré nos efforts multiples pour alléger cette souffrance. Mais le peuple nigérien est resté debout, malgré cet embargo qui touche tous les domaines. Je l’avais dit l’embargo que notre pays a connu n’a jamais été expérimenté nulle part ailleurs. Certains se sont amusés à établir un tableau. Consultez ce tableau et vous comprendrez l’intention machiavélique qui a conduit à cet embargo contre l’État du Niger. Mais passer par des actes terroristes pour contraindre le peuple nigérien à céder c’est sous-estimer, c’est méconnaitre l’histoire. Le peuple nigérien est un peuple de guerriers ; nous sommes héritiers et dépositaires de ce que nos dignes prédécesseurs nous ont légués : la résilience dans l’épreuve ; la cohésion dans l’épreuve. Certes les temps ont changé, les hommes ont changé, les capacités ont changé. Mais malgré ces changements le Nigérien reste résilient. Mais ce n’est pas pour autant que nous allons demander au peuple, exiger au peuple de continuer à souffrir de cette situation. Mon espoir, c’est que l’embargo soit certes levé, mais mon espoir c’est aussi de voir la nouvelle voie que nous nous sommes tracée nous conduire avec ou sans la levée de l’embargo, à répondre à l’espoir du peuple nigérien, l’espoir de vivre en paix et dans la prospérité. Et je reste convaincu que ce nouveau partenariat que nous sommes en train de mettre en place avec de nouveaux partenaires, avec des partenaires qui comprennent la situation de l’État du Niger, qui comprennent les raisons de notre intervention, qui comprennent le caractère vital de notre intervention pour notre pays. J’ose espérer que dans un très proche avenir que ces partenaires nous accompagnent à rétablir l’équilibre. Et In Cha Allah, avec ou sans levée de l’embargo, ou des sanctions, et malgré la menace de reconduire l’agression le peuple nigérien sera debout dans le domaine que nous aurons choisi à travers ce nouveau partenariat que nous voudrons pour le bien de notre pays. On nous a assez muselés. Il faut que tout un chacun comprenne qu’il y va de l’intérêt de notre pays, intérêt qui a été spolié pendant plus de cent ans. Quand on parle de soixante ans, soixante-cinq ans, c’est se limiter aux indépendances. Le Niger a été spolié avant les indépendances, le Niger a continué à être spolié après les indépendances. Il est facile de constater le degré de spoliation dont nous avons été victimes à travers les accords que nous avons progressivement dénoncés, et que nous continuerons In Cha Allah à dénoncer pour le bien de notre peuple. Et cela, que personne n’en doute. Nous allons poser des actes dans les jours, les mois à venir In Cha Allah, qui affirmeront davantage la souveraineté de notre pays et la prospérité retrouvée.
Monsieur le président, pour finir cet entretien quel sera votre mot de la fin ?
Je tiens tout d’abord à dire une fois de plus mon admiration pour le peuple nigérien qui est resté debout. Je tiens aussi à dire mon admiration pour les forces de défense et de sécurité qui sont restées debout malgré les moyens limités, allant jusqu’au sacrifice ultime pour préserver notre pays. Merci à l’ensemble des pays qui ont compris le sens de notre démarche. Cette démarche de souveraineté. ‘’Laabu sanni no’’, ‘’Zance kasa ne’’ comme le disent nos compatriotes. Nous sommes là pour l’intérêt national et nous défendrons l’intérêt national quel qu’en soit le prix. Je saisis également cette occasion pour dire que le peuple nigérien, à travers ses autorités, a supporté l’insupportable à travers des accords qui ont entravé notre développement. Nous allons mettre tous les moyens qu’il faut pour les reprendre un à un pour le seul intérêt du Niger et de ses populations. C’est un serment et c’est une promesse. Quels que soient les sacrifices, tous les accords qui ont empêché à notre pays et à notre peuple de bénéficier ou de rentrer en possession de ce qui leur revient de droit, tous ces accords seront remis sur la table et renégocié. Il sera avec les mêmes partenariats mais dans un esprit de l’intérêt national et de celui de l’investisseur si le partenaire l’accepte. Ou ils seront rejetés si le partenaire estime qu’il ne peut satisfaire aux nouvelles conditions que nous allons exiger.
N’est-ce pas aberrant de découvrir que le Niger, pays classé toujours dernier de la planète, que ce pays renonce aux taxes et autres droits vis-à-vis des entreprises françaises qui exercent au Niger sous le fallacieux prétexte et accord que les entreprises nigériennes qui seront installées en France bénéficieront du même traitement. Est-ce qu’on a même des vendeurs à la sauvette qui exercent en France ! ça fait plus de 60 ans que cette situation perdure. C’est pourquoi quand j’entends des concitoyens dire que des actes n’ont pas été posés, je me dis que nous avons besoin de mieux connaître notre pays.
N’est-il pas tout aussi aberrant à l’état actuel, que ce soit le Niger qui paie les taxes aéroportuaires et douanières au profit des forces qui sont sur notre territoire ? c’est des milliards que l’Etat du Niger paie à Summa et à l’ANAC (Agence nigérienne de l’avion civile). Allez-y demander ce que nous devons payer. Là aussi, c’est une promesse, nous n’allons pas payer ces taxes. Que les Français qui doivent payer paient. Nous avons dénoncé l’accord. A partir de cet instant nous ne payerons plus rien au profit d’aucune force présente sur notre territoire national. C’est le summum de l’immoralité que ça soit le pauvre qui paie les charges du riche. Ne trouvez-vous pas cela aberrant ? Et comment nos dirigeant ont-ils accepté de tels accords ? La raison ne peut permettre de comprendre cet état de fait. Ce sont là des domaines sur lesquels nous allons revenir incha Allah. Il y’aura tant d’autres domaines. Les jours à venir seront édifiants pour nos concitoyens. Mais d’ores et déjà, les actes que nous avons posés ont remis en cause des situations qui ont duré 50 voire 60 ans et que tous les régimes qui se sont succédés n’ont pas osé attaquer. Nous les attaquerons et les remettrons en cause. C’est un serment. Les premiers actes que nous avons posés sont de nature à prouver que ce que nous disons, ce n’est pas juste de la communication. C’est une détermination, un serment et un engagement irréversible à protéger incha Allah les intérêts de notre pays et du peuple nigérien.
Monsieur le Président du conseil régional de Zinder voulez-vous bien nous parler du fonctionnement du conseil que vous dirigez ?
Pour vous faire de la genèse, je rappellerais que la région de Zinder a été érigée en collectivité territoriale à partir des élections de 2011. Elle fait donc partie de sept (7) régions à avoir eu ce statut et à être insérées dans l’architecture institutionnelle de la République. Avec une superficie de plus de 155.000 km2 presque la superficie du Sénégal et une population estimée autour de 4millions d’habitants si on fait la projection à partir du RGP/H de 2012, la région de Zinder est l’une des plus grandes entités régionales. Pour parler du conseil régional, il faut tout de suite préciser qu’il est à la fois un organe délibérant et exécutant c’est- de développement économique régional le PDER 20162020 touchant tous les secteurs de développement et plus particulièrement les secteurs économiques, sociaux et culturels. Nous sommes actuellement en train d’élaborer le schéma d’aménagement foncier. A côté de tout cela le PDER prévoit des plans d’actions et d’investissement annuels ainsi que le budget annuel que nous élaborons. Nous venons juste de tenir, le 16 décembre passé, notre session budgétaire pour l’année 2018. Voilà pour ainsi résumer comment la planification de notre action de développement est faite. à-dire jouant le rôle du législatif et de l’exécutif de la région. Nous avons donc un organe délibérant composé de 41 conseillers élus auxquels s’ajoutent huit (8) représentants de la chefferie traditionnelle et les 33 députés élus dans la circonscription régionale de Zinder, étant entendu que ce sont les conseillers élus qui ont droit de vote. Ensuite, à côté de cet organe nous avons l’exécutif du conseil qui, lui, est composé du président du conseil régional, assisté des deux vice présidents. Nous tenons des sessions ordinaires, en principe quatre, au cours de chaque année et deux sessions extraordinaires au moins. C’est les sessions qui décident du budget, qui instruisent l’exécutif de conduire la mission de développement incombant au conseil régional.
Le Président du CSC, Dr Sani KabirDu 30 juillet au 7 août derniers, le président du Conseil supérieur de la Communication (CSC) Dr Sani Kabir a effectué des missions dans les régions de Dosso, de Maradi, de Zinder et de Tahoua. Dans les différents Chefs-lieux des régions, Dr Kabir s’est notamment entretenu avec des journalistes, des autorités administratives et coutumières, des responsables des Forces de défense et de sécurité, des hommes politiques et des membres de la société civile. Le président du CSC a, au cours de cette mission de vulgarisation des textes et du rôle du CSC, échangé au total avec près de 200 journalistes, 60 acteurs politiques et de la société civile, des FDS, en vue du renforcement de capacités en matière des textes juridiques sur la communication au Niger. Il nous livre, dans cet entretien, l’essentiel des différents échanges qu’il a eu avec ces différentes couches socio-professionnelles, à l’intérieur du pays.
Monsieur le président du CSC, du 30 juillet au 7 août derniers, vous avez effectué une mission qui vous a amené dans certaines régions de notre pays. Peut-on connaître les objectifs de cette 1ère mission que vous venez de faire ?
Je remercie l’ONEP pour cette occasion qu’il me donne pour faire, en quelque sorte, le bilan de cette première série de missions que, ma délégation et moi venons de mener à l’intérieur du pays. En effet, aux dates que vous venez d’évoquer nous avons visité quatre des huit Chefs-lieux de région que compte notre pays, à savoir Dosso, Maradi, Zinder et Tahoua. Ces visites rentrent dans le cadre de la vulgarisation des nouveaux textes du CSC, notamment la nouvelle ordonnance portant Organisation, Attributions et Fonctionnement du CSC, ainsi que la loi portant sur la publicité. Il est essentiel, pour nous, de porter à la connaissance du public ces nouveaux textes mais aussi, en tant que nouveaux membres de ladite institution, de rencontrer les acteurs des médias et nos relais régionaux. Nous les avons tous rencontrés, nous avons écouté leurs préoccupations, pour éventuellement y apporter les réponses appropriés, nous leurs avons aussi présenté le rôle et les objectifs du CSC. C’était donc des rencontres de contact et de vulgarisation que nous avons initiée dans ces régions.
Le gouvernement vient d’adopter le Rapport de suivi de l’action gouvernementale au titre du 1er semestre 2022. Un Rapport qui fait ressortir les performances réalisées et les défis qui restent à relever. Dans cette interview exclusive accordée à la Radio Télévision du Niger (RTN), l’Office National d’Edition et de Presse (ONEP) et Niger Inter, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, SEM. Ouhoumoudou Mahamadou, évoque les principaux aspects de ce Rapport. Le cadre macroéconomique, la lutte contre la corruption, la situation sécuritaire, la question éducative, la hausse des prix du gasoil, la reprise du dialogue avec tous les acteurs politiques ainsi qu’avec les partenaires, tels sont entre autres sujets traités dans cet entretien.
Monsieur le Premier, le gouvernement vient d’adopter le Rapport de suivi de l’action gouvernementale au titre du 1er semestre 2022. Quelles sont les performances à retenir de ce Rapport ?
Comme vous le savez, l’action gouvernementale au cours de ce semestre a évolué dans un contexte particulièrement difficile. D’accord nous avions enregistré une année 2021 déficitaire. Nous venons de sortir d’une crise sanitaire qui a affecté l’ensemble des pays du monde et nous sommes également confrontés à une crise internationale liée aux conflits entre la Russie et l’Ukraine. En plus de cela, vous savez aussi que nous évoluons dans la situation d’insécurité qui caractérise la région du Sahel. C’est donc dans ce contexte que l’action gouvernementale s’est déroulée au cours de ce premier semestre 2022. Malgré cela, les résultats appréciables ont été atteints. Et en termes de résultat, nous avons atteint 45% de nos objectifs.
Les crises géopolitiques constituent un élément important du contexte actuel. Quelles sont, monsieur le Premier ministre, les mesures prises par le gouvernement pour s’adapter à ce contexte et ensuite assurer la stabilité du cadre macroéconomique du pays ?
Dans des situations de ce genre, évidemment tous les gouvernements du monde, parce que c’est une crise mondiale, essayent dans la mesure du possible de stabiliser le cadre macroéconomique. Et c’est ce que nous avons fait au Niger. D’abord, pour que la crise ne se traduise pas par une forte détérioration du pouvoir d’achat, nous avons essayé de lutter contre l’inflation à travers les ventes à prix modéré de céréales et aussi à travers les négociations que nous avons eues avec les opérateurs économiques pour que certains produits soient détaxés. C’est le cas par exemple de l’huile alimentaire qui est un produit de grande consommation, de la farine de blé et du sucre. Donc, suite à la détaxation de ces produits, suite également aux actions massives de vente à prix modéré des céréales que le gouvernement a engagé, nous nous sommes retrouvés avec un taux d’inflation relativement faible comparé aux autres pays de la sous-région.
Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement a initié des réformes pour améliorer la mobilisation des ressources internes. Pensez-vous que ces réformes ont porté leurs fruits et répondu à vos attentes ?
En ce qui concerne la mobilisation des ressources, les actions menées par le gouvernement concernent d’abord l’efficacité des services fiscaux, ensuite la lutte contre la fraude et contre le déversement mais également la lutte contre l’incivisme fiscal. Vous avez certainement tous attendu les réformes qui ont été introduites à la Direction Générale des Impôts, notamment l’introduction de la facture certifiée et celle du système informatisé de suivi des contribuables.
488 milliards FCFA de recettes fiscales internes mobilisées au 1er semestre 2022
Ces mesures ont porté leurs fruits et grâce aux efforts faits au cours de ce semestre, nous avons pu atteindre 42% de nos objectifs en matière de recettes pour le semestre. Ce chiffre de 42% est très appréciable, parce que dans les années précédentes, les réalisations tournaient autour de 35, 36 %. Ce qui se traduit, en termes de volume, par le recouvrement de 488 milliards FCFA, de recette fiscale interne lors dudit semestre.
Monsieur le Premier ministre, dans le domaine de la lutte contre la corruption, le défi est toujours énorme et l’opinion ne perçoit pas de réels progrès malgré les efforts de votre gouvernement. Qu’est ce qui plombe la lutte contre la corruption et l’impunité au Niger ?
Le Président de la République a réaffirmé dans son discours d’investiture que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées constitue une grande priorité de son mandat. Il en est de même pour ce qui concerne le gouvernement dans la Déclaration de Politique Générale. C’est pourquoi, le Niger s’est doté de plusieurs organes de contrôle et de lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et les autres infractions. Ainsi, nous avons la Cour des Comptes, la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HALCIA), la CENTIF, qui lutte contre le blanchiment d’argent, l’Inspection Générale d’Etat, les Inspections des finances et les Inspections des services, l’Agence Judiciaire de l’Etat. Tous ces organes concourent à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées.
Malheureusement, au niveau du public, on ne voit que l’aspect judiciaire, alors que la lutte contre la corruption et les infractions assimilées est une lutte multiforme. Elle comporte plusieurs aspects. Le premier aspect, c’est d’abord le cadre législatif et règlementaire, le deuxième aspect, c’est la sensibilisation et la formation des acteurs, le troisième est relatif au contrôle, en vue de détecter des fraudes et des infractions concernées et enfin le quatrième aspect est judiciaire.
Et, c’est sur cet aspect que les citoyens attendent le gouvernement. Que répondez-vous à ceux qui s’impatientent de voir certains dossiers rapidement traités ?
On a l’impression qu’on ne se focalise que sur l’aspect judiciaire, or vous savez que la justice est comme l’armée, c’est une grande muette. La justice ne parle pas. Les dossiers sont pendants à la justice mais les magistrats font leur travail et ils ne sont pas obligés de communiquer sur les dossiers qu’ils gèrent. En ce qui concerne le cadre législatif et réglementaire, le Niger est en avance sur beaucoup de pays, en matière de mise en place de ce cadre. Nous avons transposé tous les textes de l’UEMOA et de la CEDEAO, en ce qui concerne la lutte contre la corruption. Nous avons également transposé tous les textes de l’Union africaine, dans ce domaine-là. Nous avons aussi ratifié plusieurs conventions internationales dans ce domaine. Nous élaborons un rapport annuel à toutes ces Instances par rapport à ce cadre règlementaire. Concernant la sensibilisation, les organes que j’évoquais tantôt, ont tous des plans d’actions financés par le gouvernement et les partenaires.
Dans ces plans d’actions, la sensibilisation constitue un volet essentiel. Les informations régulières diffusées, d’ailleurs par vos organes, relatent l’organisation de plusieurs séminaires organisés par la HALCIA, la CENTIF, l’Agence de Régulation des Marchés Publics, pour justement former les acteurs et les sensibiliser sur la corruption et sur les infractions assimilées. En ce qui concerne les actions de détection des fraudes, nous conduisons beaucoup de missions d’inspection, au niveau des différents Ministères et des différentes entités qui reçoivent l’argent public. Ces missions permettent de mettre le doigt sur ce qu’il ne faut pas faire. C’est-à-dire qu’elles ont un double objectif. Le premier est pédagogique, c’est de détecter s’il y a des possibilités ouvertes de corruption ou de détournement. Ce qui conduit à la reforme de nos textes. En effet, pas plus tard qu’aujourd’hui, nous venons de réviser notre code des marchés, et cela, compte tenu des observations qui avaient été formulées par les précédentes missions de la Cour des Comptes et des différentes inspections des services.
En plus, lorsque les rapports sont élaborés, ils sont transmis à l’Agence Judiciaire de l’Etat (AJE), qui mène d’importantes actions de recouvrement, lorsqu’elle voit que l’argent public a été mal dépensé ou dépensé à des fins personnelles. Ensuite, les dossiers sont également transmis à la justice, sur lesquels, comme je disais, elle n’a nul besoin de communiquer, malgré le travail efficace qu’elle mène. Donc, c’est pour dire que c’est juste une affaire de perception. Les gens veulent le spectacle, malheureusement avec la justice, on n’a pas cette possibilité d’assister à ce spectacle, consistant à dire qu’on a arrêté x ou y, ou bien qu’il y a tel ou tel dossier en instruction.
«L’objectif de la lutte contre la corruption, ce n’est pas qu’il ait le maximum d’arrestations, mais plutôt qu’il ait le moins de cas possibles»
Car, justement la justice fait attention à la présomption d’innocence. Je peux vous réaffirmer que le Président de la République et le gouvernement sont fortement engagés dans la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Du reste, l’objectif de cette lutte, ce n’est pas qu’il ait le maximum d’arrestations, c’est le fait qu’il ait le moins de cas possibles. Aujourd’hui, on sent l’effet des actions qui sont menés dans ce combat contre la corruption et d’autres infractions assimilées. Prenez juste le cas des examens et des concours, on n’entend plus parler de fraude aux examens, ni de concours annulés, encore moins des épreuves de Bac ou de Brevet sur lesquelles on est obligé de revenir et cela parce que des dispositions ont été prises pour que la HALCIA suivent, pas à pas, l’évolution de ces dossiers, de la préparation jusqu’à l’exécution. Aujourd’hui, nous sommes très satisfaits des résultats qui sont donnés, particulièrement, dans le domaine de l’éducation.
Dans le domaine de la sécurité on constate une accalmie par rapport aux récurrentes attaques perpétrées par les groupes armés terroristes. Qu’est-ce qui explique cet état de fait ? Quelles sont les actions majeures du gouvernement qui ont permis de consolider les efforts en matière de paix et de sécurité ?
La question de la paix et de la sécurité est une question extrêmement fondamentale pour le gouvernement. Par ce que, s’il n y a pas de paix, s’il n y a pas de sécurité, il n’y a pas d’État. Notre objectif, c’est justement de construire un État démocratique mais un État fort et stable. Donc, l’objectif général de l’action gouvernementale dans le domaine de la paix et de sécurité, c’est d’abord de protéger nos frontières, de faire en sorte qu’il ne puisse pas avoir un pan du territoire national qui ne soit contrôlé par l’État. Et aujourd’hui, il est unanime de reconnaître que cet objectif est relativement atteint, à part les actions qui se passent à nos frontières et elles sont nombreuses en provenance des pays voisins, c’est notamment le cas pour ce qui concerne la zone du Lac-Tchad avec les activistes de Boko Haram, le Nord du Nigeria avec les bandits armés qui opèrent dans la région de Maradi, l’Ouest avec ce que nous connaissons avec comme phénomènes de l’EIGS et également d’Al-Quaida dans le grand Sahara. Mais nous faisons en sorte que toutes ces actions qui se déroulent au niveau de nos frontières, ne puissent pas rentrer à l’intérieur du pays.
Pour faire la guerre, il faut une armée de professionnels; aussi nous avons mis l’accent sur la formation de forces spéciales
Alors comment on est arrivé à juguler tout cela ? Nous nous sommes dit que pour faire la guerre, il nous faut une armée, et une armée de professionnels. Donc nous avons mis l’accent sur la formation de forces spéciales. Plusieurs unités de forces spéciales ont été formées grâce à la coopération internationale. Ensuite, au-delà, de la formation, il faut que ces forces spéciales soient équipées. Là également nous avons mis un accent sur l’équipement de nos forces de défense et de sécurité. En plus de l’équipement et de la formation, nous avons mis également l’accent sur les patrouilles pour que, à l’intérieur du pays et un peu partout qu’on sente la présence de l’État. Il est essentiel que dans quelque coin du pays que ça soit, qu’on sente la présence de l’État et c’est pour ça que pour nous le retour des populations dans leurs villages et dans leurs zones d’origine est une nécessité et nous mettons l’accent là-dessus. À chaque fois quand nous avons des populations qui fuient pour revenir dans les villes ou dans les grands centres, nous mettons l’accent sur la sécurisation de leurs zones afin de leur permettre d’y retourner. C’est ce qui s’est passé pour l’Anzourou, c’est ce qui s’est passé dans la zone du Lac-Tchad, dans la région de Diffa et c’est ce que nous faisons actuellement dans la zone de Téra. Donc il n’y a pas de miracle pour pouvoir réussir cette mission.
C’est d’abord l’anticipation, la préparation de nos hommes en effectifs, en armes et également en formation. En plus de ça, nous avons pris l’initiative de mutualiser nos forces avec les pays voisins. Si vous suivez l’actualité, vous verrez que dans la région du Lac-Tchad nous opérons en commun avec le Nigeria. Et également dans la région Ouest nous opérons aussi en commun avec le Burkina-Faso. Au-delà de la coopération avec les pays voisins, la coopération avec les pays amis sur le plan international nous a permis de former et d’équiper un grand nombre de nos forces spéciales. C’est notamment sans que je les cite de manière exhaustive, l’Allemagne, les États-Unis, la Belgique, l’Espagne, la France, etc.
Et pour anticiper toujours dans le sens de que je viens de dire, nous avons obtenu de l’Assemblée Nationale la possibilité que lorsqu’il parait nécessaire de recourir à l’appui d’une force étrangère qu’on puisse avoir cet appui dans le cadre des accords de coopération. Évidement ceci se déroule sous le commandement de nos forces armées, cela parce que nous voulons éviter qu’il y ait des éléments d’une puissance étrangère qui opèrent comme des électrons libres. Ils vont opérer à notre demande, de la façon dont nous le voulons et sous le commandement de nos chefs d’unités. Donc dans ce cadre, nous collaborons avec les pays amis dans le partage des informations parce qu’il est essentiel pour une force armée. Nous collaborons beaucoup aussi avec ces éléments dans le domaine de la couverture aérienne lorsque nous sommes en opération.
Monsieur le Premier ministre, l’autre question importante pour le gouvernement et pour les populations en général c’est l’éducation, qui on le sait, traverse des moments difficiles. Est-ce -qu’on peut dire aujourd’hui qu’il y a des progrès dans ce domaine? Est- ce- qu’il y a de réels espoirs pour le redressement de ce secteur?
Je rappelle que dans son discours d’investiture, le Président de la République avait affirmé qu’il fera de l’éducation une priorité au même titre que la sécurité. Dans ma Déclaration de Politique Général j’avais dit que l’axe ‘’Capital Humain’’ est un axe prioritaire pour lequel le gouvernement mettra beaucoup de moyens et portera une grande attention. Aujourd’hui quelles sont les problèmes de notre éducation ? Nous avons une insuffisance en infrastructure, nous avons une baisse de niveau et nous avons également un taux de rétention très faible. Et c’est l’ensemble de ces problèmes que nous sommes en train d’attaquer. En ce qui concerne les infrastructures, nous avons pris l’engagement que nous allons finir avec les classes en paillotte qui sont évaluées à plus de 30.000. Un programme sera mis en œuvre pour pouvoir mettre fin à ces classes en paillotte. D’ores et déjà, dès l’année 2022, plusieurs marchés sont en train d’être signés pour pouvoir commencer les constructions et remplacer ces classes-paillottes. Ce programme va continuer sur les années à venir.
En ce qui concerne la qualité, nous nous sommes dit que le premier élément de la qualité de l’enseignement, c’est l’enseignant lui-même. Si l’enseignent n’est pas de bonne qualité, il ne peut pas assurer un enseignement de qualité. Dans ce sens, nous avons pris la décision de relever le niveau d’entrée dans les écoles normales. Désormais l’entrée dans les écoles normales se fait avec le baccalauréat pour la formation des instituteurs. En plus de ça, nous avons mis l’accent sur le recyclage et la formation des enseignants qui sont actuellement en service.
«Plus de 3.000 enseignants permanents ont été recrutés en 2022 et le processus va se poursuivre»
A cela s’ajoute la fidélisation de l’enseignant, en faisant en sorte que la carrière d’enseignant soit attractive. Et pour que la carrière soit attractive, il faut que progressivement on mette fin à la contractualisation en recrutant des enseignants des enseignants permanents. D’ores et déjà, au cours de l’année 2022, plus de 3.000 enseignants ont été recrutés comme enseignants permanents et le processus va se poursuivre.
En ce qui concerne toujours l’amélioration de la qualité de l’enseignement et la rétention à l’école, nous avions un gros problème avec la scolarité des jeunes filles qui abandonnent l’école très tôt. L’une des raisons c’est l’absence de tuteur lorsqu’elles quittent leurs familles en ce qui concerne les collèges ruraux pour aller en ville ou dans les gros villages où se trouve l’établissement scolaire. Dans ce sens nous avons initié la politique d’internat pour les jeunes filles. Déjà un certains nombres d’internats pilotes sont ouverts. Vous avez vu celui de Kellé, celui de Moujia, pour ne citer que ces deux. Au cours de l›année 2023, beaucoup d’autres internats vont être ouverts puisque nous avons lancé un appel à la communauté internationale et d’ores et déjà il est annoncé le financement d’une centaine d’internats dans les collèges ruraux pour les jeunes filles. De cette manière nous allons améliorer le taux de rétention des jeunes filles à l’école ; retarder leur âge de mariage et éviter les grossesses précoces. Par la même occasion nous faisons d’une pierre deux coups. En effet, cette politique nous permettra d’agir sur la démographie dans notre pays qui connaît un taux de croissance qui est considéré comme l’un des plus élevés du monde du fait avec aussi un taux de fécondité tout aussi élevé. Voilà un peu ce que nous faisons en ce qui concerne l’éducation. Bien entendu à cela s’ajoute l’accent particulier pour l’enseignement supérieur pour lequel nous donnons les moyens nécessaires. Nous envisageons la construction des amphithéâtres et les infrastructures qu’il faut. D’ores et déjà, nous avons pris la décision d’augmenter le nombre d’enseignants en recrutant plus de 170 nouveaux enseignants chercheurs dans le secteur de l’enseignement supérieur.
Monsieur le Premier ministre, le 1er semestre de l’année 2022 a vu ce qu’on a appelé la crise de gasoil. Certains pensent que le gouvernement n’a pas fait montre de prévoyance du moment où le Niger est un pays producteur du pétrole et que l’augmentation des prix décidée par le gouvernement n’est pas justifiée. Aujourd’hui peut-on dire que cette parenthèse est définitivement fermée et que les objectifs visés sont atteints ?
L’augmentation des prix des produits pétroliers est un phénomène mondial, il ne concerne pas que le Niger. C’est un phénomène mondial qui a deux origines. La première origine, c’est la guerre entre la Russie et l’Ukraine. La Russie étant un grand producteur et exportateur des produits pétroliers. Et donc avec l’embargo que les pays européens ont mis sur la Russie, cela s’est évidemment traduit par une réduction des quantités qui sont mises en vente sur le marché et par conséquent l’augmentation des prix. L’autre aspect aussi, c’est la hausse du dollar.
Aujourd’hui à l’heure que je vous parle, le dollar est 700 FCFA alors qu’il était autour de 600 FCFA il y a quelques mois. Donc, de façon mécanique déjà, il y a l’augmentation des prix des produits pétroliers. La conséquence pour ce qui concerne le Niger, c’est que nous sommes victimes de la fraude et de l’exportation frauduleuse de nos produits en direction des pays voisins au moment où nos prix ne sont pas augmentés. Lorsque le litre du gaz oïl est à 450FCFA au Niger et à 700F au Nigéria, évidement avec plus 1500 km de frontière, vous pouvez imaginer ce qui peut arriver. Donc cette différence des prix pratiqués au Niger et dans les pays voisins a entrainé des sorties massives des produits pétroliers de notre pays vers les autres pays.
Nous avons essayé à travers les services douaniers, à travers la police, la gendarmerie et autres structures de contrôle de juguler cette fraude, cela n’a pas été possible. Cela s’est traduit par des pénuries parce que d’un seul coup l’augmentation de la consommation interne du Niger est devenue faramineuse. En un rien de temps on a doublé les quantités qu’on consommait et on se demandait comment ça se fait ? La raison fondamentale, c’est cette sortie frauduleuse des carburants. Nous avons essayé comme je l’ai dit de contrôler par tous les moyens mais vous connaissez comment sont les circuits informels. Et on est arrivé dans une situation où nous manquons du gaz oïl. Nous avons même interdit l’exportation officielle du gaz oïl vers les pays voisins pour pouvoir alimenter notre marché mais cela n’a pas suffi. On s’est trouvé dans des situations des pénuries et des ruptures des stocks.
La seule solution était de relever le prix du gaz oïl pour être au moins au même niveau que un ou deux pays voisins notamment le bénin et le Burkina Faso. Cela a été très positif. D’abord cela nous permis de protéger notre marché, nous avons réussi à juguler les ruptures des stocks, à augmenter notre stock de sécurité qui, au départ, était à peine de cinq jours. Maintenant nous sommes à, au moins, à trente jours. Nous avions dans notre calendrier l’arrêt programmé de la SORAZ pour entretien. Mais si nous n’avons pas de stocks comment est-ce que nous allons faire lorsque SORAZ va s’arrêter pour deux mois ? En plus de notre stock, nous avons, avec les économies qui ont été réalisées, la possibilité d’importer encore du gaz oïl pour pouvoir gérer la situation lorsque la SORAZ sera à l’arrêt.
L’augmentation du prix du gaz oïl a eu une autre conséquence positive, c’est celle de pouvoir assurer la production de l’énergie électrique. En nous n’aurions pas u maintenir le prix du kilowatt si la Centrale de Gourou Banda et celle de Goudel, fonctionnaient avec un gaz oïl au prix du marché. Nous sommes obligés de subventionner le gaz oïl pour qu’on puisse stabiliser le prix de l’électricité. Vous avez vu que malgré tout ce qu’il y a eu comme crise, il n’y a pas d’augmentation du prix d’électricité au Niger. Cela est lié aux efforts que nous avons faits dans ce domaine. Indépendamment de cela, nous avons le gaz qui est aujourd’hui entré dans les habitudes domestiques de nos consommateurs et la production du gaz par la SORAZ est même devenue insuffisante. Nous sommes obligés d’importer pour pouvoir faire le complément. Or, lorsque vous importez le gaz, vous l’importez 1070FCFA le kilo et on le revend aux distributeurs à 120 FCFA le kilo. Donc imaginez le volume de subvention qu’il faut. Si nous n’avions pas une marge qui nous permette de subventionner le gaz, comment nous allons faire ? Donc, les économies réalisées sur le gaz oïl nous permettent d’assurer les importations lorsque la SORAZ sera à l’arrêt, de continuer à subventionner le gaz dont les prix sont actuellement extrêmement élevés et également de sécuriser le marché national en assurant un approvisionnement régulier et en évitant les pénuries.
Du reste lorsque nous avions engagé les concertations avec les différents acteurs économiques concernés, les transporteurs et autres consommateurs nous ont dit que leur priorité, c’est que on évite les pénuries. Ce n’est n’est pas le prix. Ce qui est juste puisqu’il s’agit du transport international. En effet, lorsqu’ils vont à Cotonou, à Lomé ou à Abidjan, ils achètent le gaz oïl à un prix élevé. Donc le fait qu’ils arrivent au Niger et qu’ils l’achète au même prix qu’au Bénin, en Côte d’Ivoire ou au Ghana, cela ne doit pas induire une augmentation des prix des marchandises qu’ils transportent puisque ils ont déjà internalisé l’augmentation du prix du gasoil qui est devenue internationale.
« La hausse du prix du gaz oïl a été très bénéfique (…). Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir avoir un stock de sécurité»
Par contre, lorsqu’il y a pénurie, et même si le prix n’est pas augmenté officiellement, sur le marché noir il va augmenter. Donc les transporteurs seraient obligés de s’approvisionner au marché noir où le prix peut effectivement être supérieur même à l’augmentation de 130FCFA que nous avions annoncée.
Nous avons aussi pris les dispositions pour que le prix de l’essence ne change pas. Là vous pouvez constater que dans tous les pays de la sous- régions, à part le Nigéria, le prix a augmenté. Au Nigeria, le prix de l’essence est plus compétitif que celui de tous les autres pays parce que nous tenons à assurer la sécurité de nos consommateurs et parce que nous savons que ce qui intéresse le plus grand nombre de nos consommateurs, c’est le prix de l’essence plus que le prix du gasoil. Cela a été très bénéfique et cela a été très bien géré. Aujourd’hui, nous sommes fiers de pouvoir avoir un stock de sécurité de gasoil.
Monsieur le Premier ministre, vous avez annoncé, le 28 septembre dernier, lors des journées du Conseil national de la recherche agronomique (CNRA), que la campagne s’annonce prometteuse. Quelles ont été les mesures prises par le gouvernement pour aboutir à ces résultats qui s’annoncent bien? Et en votre qualité de président du CNRA qu’est-ce que le gouvernement est en train de faire pour moderniser l’agriculture?
Vous vous rappelez que nous sortions d’une campagne agricole (2020-2021) fortement déficitaire avec un déficit annoncé qui tournait autour de 40%. Face donc à cette situation, nous avions essayé d’aider nos producteurs dans le cadre de la campagne 2022 à travers notamment le Plan de soutien adopté par le gouvernement. Cet appui vise premièrement à permettre aux producteurs d’avoir les semences appropriées. Deuxièmement, il s’agit de leur permettre, en cas d’attaques d’ennemis de cultures, de sauver leurs productions parce que nous avons un stock de produits phytosanitaires. Ensuite, il fallait leur permettre d’avoir l’accès aux engrais lorsqu’ils ont besoin d’amender leur sol.
Toutes ces mesures ont été prises par anticipation, c’est à dire bien avant le démarrage de la campagne. Et aujourd’hui, tout le monde est unanime pour dire que la préparation de cette campagne est l’une des meilleures que notre pays ait réalisée parce que les semences et les produits phytosanitaires ont été mis en place à temps. Et avec la libéralisation du marché de l’engrais, le produit était disponible à temps.
Mais, il faut savoir comment sortir de cette situation de dépendance de la pluviométrie. Et nous avons une politique agricole qui s’appelle l’Initiative 3N dont le premier objectif est, au moins, de permettre à ce que les Nigériens nourrissent les Nigériens. Mais notre objectif va même au-delà, nous voulons même nourrir les non Nigériens. Et pour y parvenir, il faut moderniser notre agriculture. Cette modernisation passe d’abord par la modernisation des techniques agricoles notamment la maîtrise de l’eau. Ainsi au lieu de compter sur les pluies qui sont souvent aléatoires, nous voulons encourager les producteurs à faire une agriculture domestiquée et d’année en année nous allons augmenter le nombre de barrages, de seuils d’épandage et celui de périmètres irrigués.
«Le Niger sera au rendez-vous de la ZLECAf et qu’il pourra lui-même exporter des produits agricoles»
A cela s’ajoute l’incitation à une culture mécanisée et à l’amélioration des espèces végétales. C’est dans ce sens que ce que nous faisons avec les chercheurs est fondamental. Nous avons des recherches sur plusieurs variétés de cultures tant pour les céréales que pour les cultures de rente comme l’oignon, le niébé. Les chercheurs sont à pied d’œuvre pour nous trouver des variétés qui résistent à la sécheresse et des variétés plus productives. Les résultats qui nous ont été présentés à l’occasion de ces journées de la recherche agronomique sont assez impressionnants. Donc avec la mise en œuvre de l’Initiative 3N nous sommes sûrs que le Niger sera au rendez-vous de la ZLECAf et qu’il pourra lui-même exporter des produits agricoles.
L’axe 7 de la Déclaration de Politique Générale du gouvernement (PDG) traite notamment de la solidarité nationale. Et ces derniers temps, les populations ont fait face à divers chocs (climatique, sécuritaire, humanitaire, etc); Quelles sont les réponses apportées par le gouvernement pour atténuer l’impact de ces chocs et aider les populations à se relever?
Lorsqu’on a annoncé un déficit de 40% de la production agricole de l’année dernière avec une estimation de deux millions et demi de personnes en situation de vulnérabilité extrême et plus de quatre millions en situation de vulnérabilité modéré, tout le monde se posait la question de savoir comment est-ce que nous pouvons faire face à cette situation. Donc immédiatement dès le mois de novembre 2021, nous avons mis en place un plan urgence estimé à 160 milliards de FCFA qui a été suivi d’un plan de soutien dès le mois de mars estimé à 280 milliards de FCFA. A travers ce plan de soutien et ce plan urgence allié au plan d’action d’aide humanitaire de nos partenaires, nous avons pu faire face à la situation. Qu’est-ce que nous avons entrepris comme action ?
Premièrement, nous avons lancé les ventes à prix modérés dès le mois de février et elles ont été régulières jusqu’au mois de septembre. Au total, c’est 110.000 tonnes de céréales que nous avons vendu à prix modéré. Ce qui a permis de casser les prix et d’assurer l’approvisionnement des marchés. Il n’y a eu aucune pénurie, aucune rupture de stocks sur l’ensemble de la période. Deuxièmement, nous avons initié les distributions gratuites et ciblées dans les zones où l’approvisionnement est difficile, où les populations sont extrêmement vulnérables et où elles n’ont pas les moyens de pouvoir s’acheter les produits. Ensuite, nous avions ce que nous appelons les distributions de cash transfert que nous faisons à travers un projet appelé ‘’Filets sociaux’’. Dans le cadre de cette distribution de cash transfert où on cible les familles les plus vulnérables à l’intérieur des villages, nous avons distribué au moins 7 milliards de Franc CFA. A cela s’ajoutent les ventes à prix modérés d’aliments de bétail. Là également, c’est 80.000 tonnes d’aliments bétail qui ont été mises sur le marché pour permettre aux populations de sauver leur cheptel parce que le déficit fourrager annoncé était extrêmement important. Compte tenu de toutes ces mesures, nous avons réussi là où tout le monde pensait que ça aller être la catastrophe. L’axe 7 dont vous parlez a été celui qui a fait le plus de réussite au cours de ce semestre parce que le taux de réalisation dépasse les 60% comparé aux autres secteurs où on tourne de 30% ou 40.
Sur le plan de la gouvernance politique, la reprise du dialogue entre les différents acteurs politiques, lors de la récente réunion du Conseil National du Dialogue Politique (CNDP) a été unanimement saluée. Etes-vous satisfait de ces retrouvailles et des échanges qui en ont découlé ? Quelle suite le gouvernement entend donner à cette dynamique de dialogue avec l’opposition politique ?
Le dialogue politique a été annoncé au nombre des priorités par le Président de la République dans son discours d’investiture, et également dans ma Déclaration de Politique Générale. Nous voulons améliorer le dialogue politique de manière générale. Notre objectif est de faire de notre pays un Etat démocratique, stable et fort ; fort parce que les acteurs s’entendent bien, parce que l’Etat est en mesure d’assurer la sécurité, et parce que toutes les institutions démocratiques fonctionnent normalement. Dans ce sens, c’est une grande priorité pour nous. En 2021, nous n’avions pas pu réunir l’organe de dialogue politique qu’on appelle le CNDP (Conseil Nationale du Diadoque Politique) parce que, comme vous le savez, nous avions des actions judiciaires en cours où certains candidats contestaient la victoire du Président de la République. Aussi, nous avons dit que nous n’allons pas convoquer une réunion du CNDP où certains acteurs vont dire qu’il y a un problème quant à définir qui est l’opposition et qui est la majorité.
Et lorsque tous ces cas ont été épuisés, nous avons estimé que maintenant que la situation est normalisée, nous pouvons donc convoquer le Conseil National du Diadoque Politique, et c’est ce que nous avons fait. A travers la convocation de ce conseil de dialogue politique, nous voulons amener les acteurs à regarder dans le même sens sur les questions essentielles qui concernent la vie de notre nation. Au cours de cette première réunion, nous avons abordé deux sujets importants. Le premier point concerne l’élection des Nigériens de la diaspora afin de compléter le processus électoral qui a été engagé, en faisant en sorte que les députés de la diaspora puissent être aussi élus avec l’accord et le consensus de tous afin de ne pas déboucher à des élections contestables. Le deuxième point porte sur la question de la sécurité qui est un aspect fondamental pour notre pays. Nous ne pouvons pas accepter qu’on joue avec la sécurité ; ce n’est pas un thème pour lequel, parce qu’on est de l’opposition, on peut faire du marchandage ou du populisme. Aujourd’hui, tout le monde doit soutenir nos forces de défense et de sécurité, et le gouvernement dans le combat qu’il mène pour que tous les Nigériens puissent vivre en sécurité et dans la paix. Cette réunion du CNDP a permis de déboucher à une déclaration dans ce sens-là.
Le dialogue politique, c’est un aspect important dans la marche de la démocratie.
La normalisation des rapports avec l’opposition ne s’arrête pas seulement au Conseil National du Diadoque Politique. Nous avons une loi qui définit le statut de l’opposition, et cette loi avait prévu qu’il ait un leader de l’opposition qui est le responsable du parti ayant le plus grand nombre de députés de l’opposition. Nous avons tenu à ce que cette loi soit appliquée correctement, et dans ce sens un leader de l’opposition politique a été nommé. Et lorsque nous avons constaté que cette loi accusait quelques insuffisances, sachant qu’il ne suffit pas de nommer le chef de file de l’opposition, il faut aussi lui donner des moyens d’action, nous avons alors apporté des correctifs pour qu’il puisse disposer d’un cabinet et d’un budget lui permettant de fonctionner normalement.
Aujourd’hui, ce leader de l’opposition est reçu par le Président de la République et par le Premier ministre ; il a la possibilité de venir vers des institutions étatiques, soumettre les préoccupations de l’opposition par rapport à la marche de l’Etat. Donc, pour nous, c’est fondamental et nous allons continuer dans ce sens, car le dialogue politique, c’est un aspect important dans la marche de la démocratie.
On observe également une accalmie sur le front social. Quel est le secret de cette stabilité sociale retrouvée, et comment se présentent vos rapports avec les partenaires sociaux ?
Il faut dire que, de la même façon que nous voulons un dialogue permanant et franc avec l’opposition, nous voulons aussi instaurer un dialogue permanant et franc avec les structures syndicales. Le Président de la République, lui-même, a donné le ton de cette volonté de dialogue en recevant directement les représentants des structures syndicales, et il les a rassurés de sa disponibilité à régler tous les problèmes à travers le dialogue. Nous avons au niveau de l’Etat un certain nombre d’organes de dialogue dont le Conseil national du travail, le Conseil national du dialogue social, le Comité interministériel de négociation qui examine le cahier des doléances que les travailleurs annoncent chaque fête du 1er Mai, et nous avons fait en sorte que tous ces organes fonctionnent normalement.
Nous nous inscrivons dans une perspective de dialogue permanent…
Le conseil national du travail est présidé par le ministre en charge de la question, nous avons tenu des réunions régulières et tous les points inscrits à l’ordre du jour de ce conseil font l’objet d’un suivi et d’un traitement diligent. De même, lorsqu’il apparait nécessaire que les structures syndicales soient reçues par rapport à des préoccupations qu’elles ont avec leurs responsables, nous sommes tout à fait ouvert à les recevoir, et très souvent on arrive à des très bonnes conclusions à travers le dialogue.
Donc, ainsi que je l’ai dit, nous nous inscrivons dans une perspective de dialogue permanent. Nous avons un pays fragile, un pays qui a besoin que tout le monde se mette au travail. Vous avez vu que par le passé, quand on parlait d’indice de développement humain, on dit toujours que le Niger est le dernier ; aujourd’hui, nous avons fait d’énormes progrès et nous sommes en train d’avancer. Nous ne sommes plus le dernier, ni l’avant dernier, nous avons un rang supérieur qui va d’ailleurs s’améliorer car l’un des points qui nous handicapaient était l’éducation, et avec les actions que nous sommes en train d’engager dans ce domaine le rang du Niger va davantage s’améliorer en matière d’indice de développement humain. Et par rapport à cela nous avons besoin de la paix, en termes de sécurité, de dialogue avec la classe politique et avec les syndicats, pour que tout le monde se mette au travail.
Quelles sont les réformes engagées par l’Etat pour faire de la CARENI une institution au service des retraités régis par le statut général de la Fonction Publique?
La création de la Caisse Autonome des Retraites du Niger en 2012 par la loi constitue en elle-même une réforme qui vise à améliorer les conditions de vie et de prise en charge des retraités. La notion de l’autonomie, s’entend ici la sécurisation du Fonds National de Retraite (FNR). C’est pourquoi, le Niger est membre fondateur de la Conférence Interafricaine des Prévoyances Sociales (CIPRES). Ainsi, en matière du paiement de la retraite, ce sont les travailleurs jeunes qui paient pour les anciens. La seconde reforme réside dans la question d’assouplissement des procédures dans le traitement des dossiers. Par le passé, lorsqu’un agent de la Fonction Publique part à la retraite, celui-ci peut aller jusqu’à un an avant de commencer à bénéficier de sa pension. A ce niveau, il faut préciser que les choses ont connu évolution substantielle pour réduire ce délai. C’est pour dire que n’eut été la réforme actuelle, le délai de traitement d’un dossier peut prendre six (6) mois. Aujourd’hui, ce délai est passé de six (6) mois à 12 jours. Ce gain en temps est lié à l’amélioration des textes en la matière. En effet, la révision des textes a permis le transfert de compétences détenues par le Ministère de la Fonction Publique à la CARENI. Cette dernière a désormais la responsabilité de traiter les dossiers, de les liquider et de générer un livret de paiement qui, jusqu’en 2021 était encore sous la responsabilité de la Direction Générale de Contrôle de Marchés Publics du Ministère des Finances. Cela veut dire que le responsable de la CARENI a comme mission de concéder techniquement, mais n’ordonnait pas le paiement. A partir de 2021, cette prérogative a été déléguée au Directeur Général de la CARENI qui, avec l’accompagnement du contrôleur affecté à la CARENI, signe l’ensemble des documents qui concernent la liquidation et l’attribution d’une pension. Cela a permis aussi de créer cette forme de traçabilité, de visibilité autour des questions de pension et d’avoir un seul et unique répondant. Il y a aussi l’adaptation des documents concernant la CARENI qui, jusqu’en 2021 n’étaient que Fonds National de Retraite (FNR) alors que la Caisse Autonome existait. C’est ainsi qu’à partir de cette date, on a adapté toute la documentation de pensions au principe qui consacre la loi 2012 créant la CARENI, y compris le logo et toutes les questions administratives.
La troisième réforme fondamentale est liée à la maitrise de l’effectif des pensionnés. Ce travail a débuté depuis 2021 dans la mesure où il fallait qu’on maitrise l’effectif pour pouvoir se projeter. Vous ne pouvez pas faire de la prévoyance sociale lorsque vous ne maitrisez pas les acteurs pour qui vous êtes en train de travailler. A cet effet, nous avons engagé un processus avec l’accompagnement bienveillant du Ministère des Finances pour que nous puissions maitriser la base des données par rapport aux retraites y compris les retraités de réversion qui sont les plus importants. Ce qui nous a amené progressivement à mettre la main sur la maitrise de l’effectif qui fait appel aussi aux moyens. A partir de 2022, l’Etat du Niger a décidé de mensualiser les pensions comme réforme d’envergure. La date initiale pour le paiement mensuel des pensions était le mois de janvier 2023. C’était l’objectif de l’Etat. Mais chemin faisant, il est apparu un problème de conformité de texte notamment le décret 61/50 qui date de 1961. Il fallait harmoniser ce texte au regard de la volonté politique de l’Etat de créer les conditions permettant aux retraités d’avoir un revenu mensuel. C’est ainsi qu’un comité a été mis en place par le ministre des Finances, dont nous sommes membre. Le travail du comité a abouti à l’adoption d’un nouveau décret portant organisation du régime de retraite au Niger qui, à son article 42 consacre la mensualisation des pensions. Quant à son article 56, il fait de la CARENI, la responsable morale de la gestion du Fonds National de Retraite. Avec l’adoption de ce décret, il n’y plus rien qui pouvait arrêter le processus de la mensualisation des pensions qui, vise véritablement l’amélioration des conditions de vie des retraités et sortir ceux-ci des griffes, à la fois des usuriers, mais aussi de cette vulnérabilité ambiante. Lorsqu’il faut attendre trois (3) mois avant de toucher sa pension, il est clair qu’on est à la merci des contingences. Or si la pension est mensualisée, c’est un ouf de soulagement pour le retraité même si par ailleurs il y a la réduction de revenu. Cependant, le rythme d’accès au revenu reste le même ; ce qui permet de faciliter la vie et réduire la vulnérabilité. En outre le paiement des pensions par trimestre est assez déplorable lorsqu’on regarde comment cela se passe. Il y a des usagers qui n’envoient leurs livrets qu’au moment du renouvellement, c’est-à-dire cinq (5) ans après. Cela veut dire que les livrets sont dans les mains des usuriers. L’Etat a très bien réfléchi en décidant de mettre fin à cette cacophonie. Le processus permettant de démarrer la mensualisation a débuté le 20 janvier 2023. Ce processus d’enregistrement de tous les dossiers s’est achevé en l’espace de deux mois. Je peux dire que la reforme suit son cours. Bien évidemment, cette mensualisation prendra son envol à partir de ce mois déjà. Mais, il sera véritablement plus visible à partir des mois de juillet-Août 2023.
Une autre réforme non des moindre est la bancarisation du paiement des pensions. Le paiement au billetage donne droit à beaucoup d’abus et demande beaucoup de moyens. Rien que la capitale Niamey, vous avez 20.000 pensionnés à payer sur lesquels il n’y a que 7000 dont les pensions sont logées dans des banques. 13.000 pensionnés sont à payer au billetage et chacun veut être le premier à toucher son argent. Du coup, il n’y a pas d’organisation possible. Voilà pourquoi, nous avons privilégié la bancarisation. En effet, l’échelle de bancarisation est de 30.000 FCFA, cela veut dire que toutes les pensions supérieures ou égales à 30.000 FCFA vont en banque. Ceux qui ont déjà un compte, verront leur pension virée dans la banque où ils sont domiciliés. Par contre ceux qui n’ont pas de compte seront versés à la SONIBANK à partir du mois de juillet 2023. Cette banque dispose d’une carte GAB qui leur donne accès à leur ressource. L’autre volet du processus lié à la bancarisation est de créer et développer un système de convention avec les agences de transfert d’argent afin que tous ceux qui ont une pension inférieure à 30.000 FCFA puissent être pris en charge.
L’objectif est de dématérialiser de façon générale la question des pensions. Pour matérialiser cette réforme, nous avons mis en place un logiciel ou une plateforme qui permet d’éliminer les doublons. Ainsi, sur une prévision de 42.000 retraités, nous n’avons en réalité que 34.000 enregistrés dans la base des données. La finalité du processus est d’informatiser tout le système et nous serons présents sur l’ensemble des régions du Niger. Nous avons le temps de nous organiser parce qu’il n’y aura pas de retraités l’année prochaine pour que cette informatisation soit effective. Nous allons créer les conditions pour que lorsque quelqu’un veut liquider son dossier de pension, il n’aura pas besoin de se déplacer.
Relativement au processus de traitement des dossiers qui est passé de six (6) mois à 12 jours, décrivez-nous les étapes à suivre ?
Pour traiter un dossier de pension, il faut que la personne dépose un dossier à la CARENI. Ce dossier comprend outre les actes d’état civil, l’ensemble des documents qui ont géré la carrière de la personne en question. Avant, il n’y avait pas de numéro de contact de telle sorte que lorsqu’il y a une insuffisance, il est difficile de traiter le dossier. Pour des cas pareils, le dossier est systématiquement transféré au Ministère des Finances jusqu’à la régularisation de la pièce manquante. Maintenant, si ce sont des actes simples qu’on peut trouver à la Fonction Publique, nous les cherchons pour faire avancer le dossier. Pour éviter tous ces problèmes qui sont récurrents, nous avons instauré depuis 2021 que seuls les dossiers au complet soient pris. Parmi les actes à fournir à la CARENI, il y a ce qu’on appelle l’attestation de solde parce qu’il se pourrait que lors de la retraite, il y a eu retard de la fiche de mise à la retraite. La solde ne peut couper le pensionné que lorsqu’elle rentre en possession de ces documents administratifs. Il est facile de trouver des gens qui sont partis à la retraite, mais qui, ont ‘’du trop perçu’’ sur salaire. C’est pourquoi, il nous faut l’attestation de solde pour que nous soyons sûrs que la personne n’a pas pris l’argent de l’Etat. La pension a quelque chose de particulier : elle est incessible et insaisissable sauf en cas de dette envers la République.
Le système de pension au Niger est un système contributif. Quand la personne ne contribue pas, elle ne peut pas en bénéficier. Toute poche non payée, est une poche non prise en compte. Une fois que nous avons l’attestation du FNR est là, le traitement du dossier ne prend que 72 heures pour avoir le livret de pension.
Et quand est-il de la maitrise des effectifs selon les types de retraites ?
A la date d’aujourd’hui, Nous avons 21.363 pensions d’ancienneté, y compris les nouvelles pensions, c’est-à-dire celles de l’année 2022. Les pensions d’invalidité sont au nombre de 445 ; les pensions de réversion sont au nombre de 14.150 ; les pensions de gratification sont estimées à 12 et les pensions de correction au nombre de 18. Le total des nouvelles pensions est de 1457 auxquelles il faut ajouter 134 nouvelles pensions de réversion ; 23 nouvelles pensions liées à l’invalidité. Quant à l’incidence financière en cours de traitement, elle s’élève à plus de trois (3) milliards par mois. La particularité de la pension, c’est qu’elle marche en dent de scie ; elle peut diminuer, tout comme elle peut augmenter. Sinon par vocation, une pension est appelée à diminuer parce que les indemnités qu’on perçoit pour les enfants diminuent au fur et à mesure que ceux-ci deviennent majeurs. Il y a les pensions qui sont éteintes parce que la personne qui décède n’a aucun enfant mineur. Par ailleurs, il est important de savoir que la masse de pension est de 20% de la masse salariale dont 6 % pour l’agent et 14% pour l’Etat qui est employeur.
Quelles sont les perspectives de la CARENI ?
Avant que je ne parle des perspectives, je tiens à dire que nous sommes en train de générer la prise en charge des pensions du mois de juin. Elle a une importance capitale pour nous et une valeur morale importante aussi. Le mois de juin, c’est la période où nous avons promis que les pensions 2023 seront traitées et payées en même temps que les anciennes pensions sur l’ensemble du territoire national. Nous avons reçu une contingence majeure pour traiter la reprise des documents et faire face à la mensualisation engagée. Traditionnellement on commence à sortir les nouvelles pensions entre le 15 et le 22 mai de chaque année, parce que nous enregistrons les dossiers à partir du 10 au 15 février. Donc cette année, c’est à partir du 15 février qu’on a commencé à prendre réellement les pensions pour ceux qui ont déposé avant. Mais le plus gros nombre, c’est à partir du 15 février. Donc, nous sommes en train de nous activer pour honorer cet engagement de débuter le paiement des nouvelles pensions au plus tard le vendredi, en même temps que les anciennes in chaa Allah. Et nous sommes en train de générer les états de paiement pour que le virement puisse s’effectuer au plus tard le vendredi 23 juin. Donc, il n’y a pas d’ambiguïté à ce niveau-là et il n’y a pas de problème, ni de tension de trésorerie, ni de problème administratif. Tous ceux dont les pensions ne seront pas payées, cela veut dire que leurs dossiers ont des problèmes. Sachez que ces personnes ont été appelées individuellement, et je tiens à le dire, pour leur dire la nature du problème de leurs dossiers. Donc, ceux qui ont fourni l’effort d’agir sur les difficultés de leurs dossiers sont traités. Je pense qu’il y a 914 qui seront payés sur les 1457. Ceux qui sont dans le circuit de validation et qui ont eu leur attestation de solde le vendredi passé, ils sont 244 et ils s’ajouteront au 914. Ce qui fera 1158. Le reste, c’est ceux qui ont le problème du FNR. On a affiché leur liste pour qu’ils viennent s’occuper de leurs dossiers. Le problème qui se pose, c’est que tant qu’on n’a pas ça, le contrôleur ne peut pas signer. Nous avons 298 pensions de réversion qui vont s’ajouter aux autres susdits et qui vont être payées. C’est dire que nous sommes à plus de 95% des dossiers traités finis et qui vont être payés en même temps que les autres pensions à partir très probablement de ce vendredi-là. Nous avons reçu la consigne pour que le paiement commence cette semaine. Et nous sommes prêts pour ça. Donc sans ambigüité, je dis que les pensions 2023 seront payées en même temps que les anciennes à partir du vendredi In Chaa Allah.
En termes de perspectives, nous avons la chance que les nouveaux textes de la fonction publique en voie d’être promulgués nous donnent la rallonge de deux ans. Ça veut dire que dans les deux prochaines années, il n’y aura pas de retraites. Nous aurons beaucoup de réversions, de réformes parce que dans ces pensions d’ancienneté, on trouve des pensions de réformes des personnes qui sont tombées sur le champ d’honneur. Leurs pensions seront reversées à leurs parents, pour ceux qui n’ont pas d’enfants ou d’épouse. Une autre perspective, c’est que nous allons vers la dématérialisation de l’ensemble du processus, vers l’informatisation du système de retraite pour non seulement alléger le processus mais aussi pour nous conformer au principe de la CIPRES. Actuellement, c’est un livret qu’on donne aux usagers, que le pensionné traine toute sa vie. Franchement, il faut qu’on sorte de ça, qu’on soit dans la modernité et qu’on s’adapte au contexte sous régional. Notre ambition est d’arriver à avoir un système de paiement direct des pensions qui n’a pas besoin de passer par des protocoles ennuyeux. Ce qui implique un renforcement des capacités des agents afin de nous permettre de nous adapter à ce nouveau contexte-là.
Le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), Chef de l’Etat, le Général de Brigade Abdourahamane Tiani a accordé, le samedi 30 septembre dernier, une interview exclusive à la Radio Télévision du Niger (RTN). A travers cette interview en langues nationales (Haoussa et Djerma), le Président du CNSP a, dans un langage franc, abordé tous les contours de la situation sociopolitique du pays. Des raisons du coup d’Etat du 26 juillet à la rentrée scolaire, en passant par la coopération avec la France, la création de l’Alliance des Etats du Sahel, les sanctions de la CEDEAO, la cherté de la vie, la lutte contre l’impunité, la transition politique et la campagne agricole, le Général Abdourahamane Tiani a répondu sans tabous aux questions de nos confrères.
A l’entame de cette interview, le président du CNSP, Chef de l’Etat a présenté, au nom du CNSP, du gouvernement de transition et du peuple nigérien, ses condoléances aux parents, veuves et orphelins des victimes civiles et militaires du terrorisme. Le Chef de l’Etat a ensuite exprimé ses remerciements aux populations nigériennes pour leur mobilisation déterminée dans le combat pour la souveraineté et le respect de la dignité du peuple nigérien. Le Général Abdourahamane Tiani a également salué le soutien sincère et indéfectible des pays amis comme le Mali et le Burkina Faso ainsi que des autres peuples frères africains y compris ceux du Nigéria, du Bénin, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal qui ne sont pas nécessairement en phase avec leurs dirigeants.
Sur les raisons du putsch
Parmi, les multiples raisons qui expliquent le coup d’Etat du 26 juillet 2023, le président du CNSP a insisté sur deux d’entre elles à savoir la détérioration de la situation sécuritaire et la mauvaise gouvernance. En effet, le Chef de l’Etat a souligné que sur le plan de la lutte contre le terrorisme, l’option prise par le pays est loin d’être la bonne tandis que sur le plan de la gouvernance, les ressources du pays sont accaparées par un groupuscule d’individus usant de la corruption, de népotisme et de détournement massif de deniers publics, le tout couvert par une impunité institutionnalisée. « Les autorités d’alors en étaient conscientes mais faisaient semblant de ne rien voir. Nous étions obligés de prendre nos responsabilités face à l’issue incertaine dans laquelle le pays est engagé », a déclaré le Général de brigade Abdourahamane Tiani.
Sur les accords de défense et la coopération avec la France
Le Chef de l’Etat est revenu sur le début du stationnement des militaires français au Niger qui, a commencé en 2010 à la suite de la prise d’otage français au bar ‘’Le Toulousain’’, puis celle des travailleurs d’Areva à Arlit sous la transition militaire de l’époque. Mais l’implantation des bases militaires françaises en tant que telle a commencé avec les autorités élues à partir de 2011. Depuis lors, la France clame partout qu’elle est là pour nous aider à lutter contre le terrorisme. « Mais si c’était réellement le cas, on serait arrivé au bout du terrorisme. Malheureusement, le phénomène ne fait que se répandre dans nos pays », a déclaré le Chef de l’Etat, déplorant les nombreuses morts de civils et militaires. « Nous en tant que militaires, nous avons alerté, nous avons conseillé, mais on ne nous a pas écoutés. On ne peut pas fermer les yeux sur cette situation », a relevé le Général Tiani ajoutant que le Niger ne peut pas arriver au bout du terrorisme s’il n’y a pas une synergie d’actions avec ses voisins, confrontés aux mêmes défis à savoir le Mali et le Burkina Faso. Malheureusement a-t-il précisé, les autorités déchues ont systématiquement refusé de coopérer avec ces pays frères.
C’est pourquoi, le CNSP a décidé de revoir la stratégie de lutte contre ce fléau en décidant de coopérer étroitement avec les pays sus cités. Malheureusement ceux qui ont empêché cette coopération entre le Mali, le Burkina et le Niger manipulent actuellement la CEDEAO menaçant le Niger d’une agression. « Actuellement, nos forces de défense et de sécurité sont sur plusieurs fronts parce qu’il nous faut faire face à la menace de la CEDEAO, lutter contre le terrorisme, protéger les institutions de l’Etat, sécuriser les frontières, assurer la sécurité intérieure et sécuriser nos ressources naturelles. N’eut été cette démultiplication des fronts, le terrorisme serait relégué dans l’histoire au Niger. C’est une situation sciemment créée, mais le Niger s’en sortira. Nos forces de défense et de sécurité sont à la hauteur des défis », assure le Chef de l’Etat.
Le président du CNSP dit n’avoir aucun doute que les forces militaires françaises. « De la même façon qu’un Nigérien ne peut pas rester sur le territoire français sans l’accord des autorités françaises, les militaires français vont quitter le Niger. Ils disent que nous ne sommes pas élus, c’est vrai. Mais nous sommes nigériens et le Niger c’est la terre de nos ancêtres. Nous ne connaissons pas un autre pays que le Niger », a déclaré le Général Abdourahamane Tiani. Le Chef de l’Etat a tenu à rappeler que les temps ont changé. Le Niger a changé. « Nous ne sommes pas les dirigeants qu’ils connaissaient, qu’on intimidait. Du reste, c’est le peuple nigérien qui a exigé le départ des français. Nous avons également le soutien des peuples frères africains et de tous les peuples épris de justice. Les militaires français quitteront le Niger, c’est une question de temps », a-t-il insisté.
Pour ce qui est de la suite de la coopération avec la France, le Chef de l’Etat a été clair. « C’est à la France de choisir ce qui l’arrange. Pour notre part, il faut que tout le monde le sache : les richesses du Niger appartiennent au Niger. Ces richesses doivent bénéficier d’abord aux Nigériens. Nous avons aujourd’hui des partenaires qui sont prêts à travailler avec nous pour valoriser ces ressources dans un partenariat respectueux de notre souveraineté et plus bénéfiques aux Nigériens. Nous n’avons pas besoin de quémander. Il n’est plus question que des gens viennent exploiter nos ressources et nous qualifient en même temps de ‘’pays le plus pauvre’’. Le temps des mascarades est terminé. C’est aux Nigériens de décider ce qui peut être fait et comment il doit l’être. Notre souveraineté et notre dignité ne sont pas négociables », a prévenu le Général de brigade Abdourahamane Tiani.
De la création de l’Alliance des Etats du Sahel (AES)
La création de l’AES vient selon le président du CNSP corriger une anomalie dans la stratégie de lutte contre le terrorisme. « On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre le terrorisme lorsque nos trois pays qui partagent une même frontière et les mêmes défis ne travaillent pas ensemble », a déclaré le Chef de l’Etat. A travers l’AES, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont ainsi décidé de mettre leurs moyens, leurs intelligences en commun pour faire face à ce fléau. Mais l’AES n’a pas que des objectifs sécuritaires. « C’est une alliance pour l’exploitation et la valorisation de nos ressources afin d’impulser un développement intégré profitable à nos populations », a précisé le Général Tiani.
Quid des sanctions de la CEDEAO ?
Le président du CNSP s’est dit affligé de voir une organisation sensée promouvoir la solidarité être instrumentalisée pour punir des peuples. Il a rappelé le caractère illégitime, illégal et inhumain des sanctions infligées au peuple nigérien. « Nulle part dans les textes de la CEDEAO, il n’est prévu ce genre de sanction. Lorsqu’il y a un problème dans un pays, la CEDEAO est tenue d’écouter d’abord et de chercher à le résoudre par le dialogue. Il y a eu le coup d’Etat le 26 juillet et le 30 juillet, elle a pris les sanctions les plus extrêmes. Si la CEDEAO pouvait nous priver d’oxygène, elle l’aurait fait parce qu’elle est poussée à agir de la sorte. Fort heureusement, le peuple nigérien est resté soudé et tous les peuples frères nous ont exprimé leur solidarité y compris dans les pays où les dirigeants ont décidé de répondre aux injonctions venues d’ailleurs », a rappelé le Général Abdourahamane Tiani.
Le Chef de l’Etat dit avoir notifié ceci un jour à une délégation de la CEDEAO. « Regardez bien ce qui se passe entre la Russie et l’Ukraine. Bien que ces deux pays soient en guerre ouverte, la Russie n’a pas coupé le gaz à l’Europe et l’Ukraine n’a pas bloqué les gazoducs russes qui traversent son territoire. Ici, le Nigeria nous a coupé l’électricité. Pourtant, nous ne sommes pas en guerre contre ce pays. Nous savons que c’est la France qui pousse certains de nos voisins à agir de la sorte. Mais, Dieu est avec nous. Et nous ne remettons pas en cause notre histoire, notre fraternité. La preuve est que les populations nigérianes et béninoises prient au même titre que les Nigériens pour la paix au Niger », a relevé le Chef de l’Etat.
Conscient des impacts de ces sanctions, le président du CNSP a réitéré la reconnaissance du peuple nigérien au Mali et au Burkina qui ont décidé de faciliter l’approvisionnement du Niger via leurs corridors.
Sur la cherté de la vie
Face à la hausse des prix de certaines denrées sans raisons valables, le Chef de l’Etat s’est dit surpris et même gêné de constater que certains opérateurs économiques ajoutent aux effets des sanctions de la CEDEAO. En effet, a-t-il rappelé, suite auxdites sanctions, les autorités ont échangé avec les opérateurs économiques sur l’approvisionnement du pays. C’est ainsi que des escortes militaires sont mises à la disposition des importateurs pour sécuriser de concert avec le Burkina, l’acheminement des denrées alimentaires de Dori (au Burkina Faso) jusqu’à Niamey. « Aucun importateur n’a payé un seul franc. Ce sont les moyens de l’armée que l’Etat met à leur disposition. La seule contrepartie sur laquelle ils se sont engagés consiste à maintenir un niveau de prix raisonnable. Il est dommage de constater aujourd’hui que des commerçants nigériens sont à la base de cette flambée des prix », a déploré le président du CNSP rappelant que le Mali et le Burkina Faso avaient connu la même situation. « Ils ont réussi à surmonter cette situation parce que certains de leurs opérateurs économiques ont même accepté de vendre les denrées à perte pour aider les populations et les autorités. Il faut que nos opérateurs économiques sachent que l’Etat a le devoir et le droit de protéger les citoyens. Nous allons suivre toutes les voies légales pour le faire », a prévenu le Général Abdourahamane Tiani.
Sur la justice et la transition
Le président du CNSP a relevé que la mal gouvernance et la corruption est un constat unanime. « Chacun vit cette situation dans sa chaire et ceux qui étaient censés arrêter cet état de fait n’y ont rien fait », a-t-il souligné. D’où l’un des engagements forts du CNSP de mettre un frein à cette pratique. « C’est pourquoi, nous avons mis en place la COLDEFF. Cette structure aura pour mission de remettre l’Etat dans ses droits. Ceux qui se sont illégalement appropriés des biens publics et dont la justice va l’établir comme tel, vont les restituer », a expliqué le Chef de l’Etat qui dit attendre l’aide des citoyens en vue d’avoir des personnes crédibles pour faire ce travail. Nous allons donner carte blanche à la justice. Personne ne va intervenir en faveur de X ou de Y. Nous ne protégerons personne », a annoncé le Général Abdourahamane Tiani.
Pour le Chef de l’Etat, le temps de cette transition doit aussi être mis à profit pour refonder notre pratique de la démocratie. « Jusqu’alors, les populations n’ont de voix que pendant les élections. Ce qui fait qu’une fois élus, les dirigeants se prennent pour des pharaons et ne font qu’à leurs têtes. Ils se croient tout permis. Pourtant la démocratie n’est pas étrangère à nos traditions. Dans nos sociétés, les sages se retrouvaient sous l’arbre à palabre pour discuter et décider de ce qui est bien pour la communauté. Aujourd’hui la démocratie est réduite à sa plus simple expression, c’est-à-dire les élections. C’est pourquoi, il faut mettre des garde-fous nécessaires pour que les dirigeants élus ne se croient pas tout permis y compris ce qui ne va pas dans le sens des intérêts vitaux du pays et de son peuple », a estimé le Général Abdourahamane Tiani.
C’est pour aller dans cette direction que le CNSP et le gouvernement de transition ont décidé de l’organisation des consultations nationales. « Désormais la voix de chaque citoyen doit être prise en compte, depuis les hameaux et villages jusqu’à la capitale en passant par les communes, les départements et les régions », a-t-il expliqué. Le gouvernement travaille à définir les modalités de ces assises qui, a-t-il assuré, ne seront pas longues. Elles ne seront pas non plus une occasion de joutes oratoires.
Campagne agricole et rentrée scolaire
D’après le Chef de l’Etat, la campagne agricole s’annonce prometteuse même si ce n’est pas à 100%. Le Général Abdourahamane Tiani a évoqué les missions effectuées par le ministre de l’Agriculture et de l’Elevage. Il a parlé d’un taux satisfaisant à 70%. Et c’est pour combler les 30% que le gouvernement a très tôt décidé de lancer la campagne des cultures irriguées 2023-2024. Le président du CNSP a par ailleurs ajouté que le Stock National de sécurité sera renforcé en vue d’assurer la disponibilité des denrées alimentaires et mettre les populations à l’abri des pénuries tout en maintenant des niveaux de prix abordables.
Sur la question de l’éducation, le président du CNSP a rappelé que les Universités publiques ont déjà repris les cours depuis une quinzaine de jours d’une part. D’autre part, les autres cycles reprendront ce 2 octobre. « Toutes les dispositions ont été prises à cet effet. Les fournitures scolaires essentielles sont disponibles. Devant la renonciation de certains opérateurs économiques adjudicataires de marchés de fournitures et les effets des sanctions, nous avons dû suivre notre voie pour avoir ces fournitures. Si nous sommes dirigeants aujourd’hui, c’est grâce à l’école publique. C’est pourquoi nous avons le devoir de tout faire pour que les enfants nigériens prennent le chemin de l’école dans les conditions idoines. C’est pourquoi, les fournitures les plus nécessaires ont été acheminées par des vols spéciaux. Le reste, plus de 1060 tonnes seront acheminées par camions », a expliqué le Chef de l’Etat ajoutant que le gouvernement a également procédé au paiement des pécules des contractuels qui constituent le gros des effectifs des enseignants.
La suite du combat
A l’étape actuelle de cette lutte du peuple nigérien pour la souveraineté et la dignité, le président du CNSP s’est réjoui de constater le fort sentiment patriotique qui anime tous les Nigériens sans distinctions aucune. Cela s’est traduit par la mobilisation constante, le soutien indéfectible au CNSP et aux FDS, les prières et invocations pour la paix et la stabilité du Niger. « Je suis vraiment heureux de constater que les Nigériens regardent désormais dans la même direction, avec le même objectif : le Niger d’abord », a souligné le Général Abdourahamane Tiani.
Cependant, le chef de l’Etat a précisé que la guerre n’est pas finie. « Nous commençons à gagner des batailles. Il faut que nous préservions notre unité. Les Nigériens doivent garder à l’esprit que c’est à nous de travailler pour redorer l’image de notre pays. Personne ne le fera à notre place. Et au regard du contexte actuel, nous devons rester vigilants. Nos ennemis ont semé les germes d’un fléau. Nous devons resserrer nos rang et travailler pour relever les défis qui se posent devant nous » a-t-il conclu.
Depuis le 26 juillet, le Niger vit une période de transition avec l’avènement du CNSP. Quel regard portez-vous sur cette transition et quelle réflexion vous inspire la gestion actuelle du pays, et certains comportements observés par certains pays ?
Vous savez depuis la veille du 26 juillet j’avais fait un « post » dans lequel j’attirais l’attention de la classe politique sur la situation délétère que traversait le pays. On sentait qu’il y a un malaise qui existait entre les différents membres de l’alliance au pouvoir en ce temps-là. J’avais lancé un appel pour qu’il y ait une solution. Les gens ont mal compris, je n’ai pas été compris. Curieusement, deux jours après, il y a eu le coup d’Etat. Les gens pensaient même que j’étais dans le secret du coup intervenu. Non, pas du tout, c’est que j’analysais les comportements des uns et des autres. Certainement que les militaires ont anticipé pour éviter au pays d’être dans l’abime. C’est ce que j’ai compris et c’est comme ça que j’interprète les évènements du 26 juillet. Le climat était délétère et les gens étaient fatigués. Il y avait beaucoup de problèmes économiques, au niveau même de l’alliance, les gens ne s’entendaient pas. Les militaires ont décidé de prendre le pouvoir et ils ont créé le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie. J’ai suivi les cinq coups d’Etat de 1974 à aujourd’hui qui se sont succédé. Mais je n’ai pas vu un coup d’Etat qui a suscité l’engouement du peuple comme ce coup d’Etat. C’est pourquoi, il m’arrive de dire à certains militaires lorsque je discute avec eux qu’ils doivent grandir car, ils ne peuvent gouverner avec la rue, même si la rue les a soutenus. Et qu’ils doivent répondre aux attentes légitimes. C’est le seul reproche que je fais à cette gestion. Sinon, le travail que les militaires sont en train de faire me parait sur la bonne voie.
Mais pourquoi avec ce coup d’Etat, il y a quelques difficultés, contrairement aux autres coups d’Etat qui ont eu lieu dans ce pays ?
C’est parce que la France a une tradition d’avoir sa main dans les coups d’Etat. Des cinq (5) coups d’Etat intervenus au Niger, la France avait sa main dans les quatre. Elle contrôlait tout ce qui se passait. Elle n’a jamais dit qu’elle ne reconnaissait pas les différentes autorités issues de ces coups d’Etat. Elle les a même toujours appuyées. Mais avec le régime actuel, elle n’est pas d’accord, tout simplement parce qu’elle ne maitrise pas ce qui se passe. Elle ne sait comment ça s’est produit et elle pense que c’est la Russie qui est derrière tout ça. Avec l’ancien régime déchu, la France a beaucoup de projets, dont on ignore le dessein, qu’elle exécute et que les militaires sont venus arrêter net. C’est pour cela que la France a entrepris un lobbying à l’Union Africaine, à l’Union Européenne, à la CEDEAO et à l’UEMOA devenues des caisses de résonnance pour déstabiliser le régime militaire. La CEDEAO a même donné un ultimatum de 48h pour rétablir le président déchu, sinon ils allaient certainement avec militairement intervenir. Malheureusement pour eux, les peuples de la sous-région n’étaient pas d’accord. Sur les sanctions prises par la CEDEAO, vous avez vu que les sénateurs et les députés nigérians étaient les premiers à freiner Tinubu. J’ai eu un coup de téléphone où on me disait que les dignitaires et les populations du Nord, eux, sont même en train de vouloir briser la barrière. Dans leur esprit les sanctions sont devenues comme du banditisme d’Etat, puisque la fermeture des frontières n’est dans aucun texte de la communauté. Ils ont fondé beaucoup d’espoir sur le sommet des Chefs d’Etat que les sanctions allaient être levées. Sur ce sommet, la lecture que j’ai faite est que la position des Américains a plus prévalu que celle des français portéé par Alassane Ouattara, Macky Sall, Patrice Talon et Tinubu qui, dans leur esprit, pensent qu’il ne faut pas reconnaitre le coup d’Etat, tant que Bazoum n’est pas libéré. Et vous avez remarqué qu’ils n’étaient pas au sommet. La secrétaire d’Etat adjointe était là-bas et elle a fait un lobbying pour qu’on reconnaisse le coup d’Etat mais qu’on négocie la durée de la transition. Je suppose que les « quatre envoyés de la France » ont compris que ce qu’ils veulent ne va pas marcher. La France tient coûte que coûte à écourter cette transition-là.
Le Niger a signé la Charte du Liptako Gourma créant l’Alliance des Etats du Sahel, quels impacts cela peut-il avoir dans la sous-région ?
Les trois pays ont créé l’Alliance des Etats du Sahel, AES. Dans mon entendement, l’esprit de l’alliance, c’est pour mutualiser leurs moyens, leurs efforts pour lutter efficacement contre les bandits armés, les terroristes et les narcotrafiquants. L’objectif, c’était cela. Quand on regarde bien, depuis qu’ils ont créé cette alliance, ça donne des résultats. On sent qu’il y a une amélioration de la situation sécuritaire. A la dernière conférence des ministres des membres de l’alliance, ils ont décidé que l’alliance s’occupe des aspects économiques, financiers et monétaires. Ils ont même décidé de la création d’une banque d’investissement, de créer un comité qui va s’occuper du processus de la création de la monnaie commune des Etats du Sahel. Dans leur communiqué final, les ministres et les experts ont souhaité que cette alliance soit transformée en confédération des Etats avec pour objectif d’être érigée en une fédération des Etats du Sahel. Donc on sent qu’il y a du sérieux par rapport aux autres institutions sous-régionales d’intégration économique et monétaire. Pourquoi je dis qu’il y a du sérieux ? Il y a cette idée qu’il faut que l’alliance soit financée par leurs moyens propres, ils ont exclu les subventions des pays occidentaux ou d’autres pays étrangers. Ils ont remarqué qu’avec les subventions, les bailleurs de fonds leur imposent les conduites à tenir. Je crois que ça va marcher à partir du moment où ils ont décidé de financer eux-mêmes. Ils n’ont pas droit à l’erreur dans cette alliance-là.
Que pensez-vous de l’idée de création de la monnaie commune de l’AES tant souhaitée par une bonne partie de l’opinion nationale de ces trois pays ?
Les pays de l’alliance devraient aller, suivre dans leur lancée, ignorer la CEDEAO et l’UEMOA et créer leur propre monnaie. Avec la monnaie, vous verrez que le développement économique et social sera évident, une réalité. Avec le système du Franc CFA, on ne peut pas se développer puisque c’est la France qui a créé le CFA depuis 1945 quand elle voulait intégrer le FMI. Elle a créé cette monnaie, elle a inventé cette convention en 1945. Et cette convention prend fin en 2020. C’est pour ça les 15 Chefs d’Etat ont créé l’ECO original, pas l’ECO piraté de Ouattara, en 2019 à Abuja. La mise en œuvre était prévue en 2020. Malheureusement le COVID 19 est venue stopper tout. Vous vous rappelez, Ouattara s’est soustrait de la réunion pour aller à Abidjan rencontrer Macron et dire que l’UEMOA a décidé de créer une monnaie qu’on appelle ECO et que désormais le CFA s’appelle ECO. C’est tout ce qu’ils ont dit. La France et ses acolytes veulent nous imposer de poursuivre dans la même lancée et malheureusement, nos chefs d’Etats n’ont pas eu ce courage de dire non. Les autres chefs d’Etat ont dit non quand ils ont vu le bricolage. Depuis lors, le projet est foiré alors que c’est un projet qui était prometteur. C’était depuis 1981-82 que des experts africains travaillaient sur le projet. Il y a même eu des experts qu’on a assassinés dans un accident d’avion provoqué à cause de ces réflexions sur le CFA. Moi, je pense qu’avec l’AES et avec sa monnaie qu’elle veut créer, ce n’est plus comme avant où on peut nous imposer notre conduite, puisque le monde est devenu multipolaire. Ce n’est plus le temps où c’est la France et les Etats Unis qui imposent. Les pays du BRICS sont en train de se battre contre l’hégémonie de l’euro et du dollar. Donc la bataille va nous aider. On peut profiter de cette opportunité pour créer notre monnaie et pouvoir exporter et recevoir l’argent sans passer par la banque de France. Les pays de l’AES sont les plus riches en ressources de la CEDEAO, or, uranium, pétrole, le lithium etc… Quand on va les extraire, on peut demander aux pays partenaires de nous payer dans notre propre monnaie. Et notre monnaie sera forte. Prenez l’exemple de la Russie avec la guerre en Ukraine. Quand les pays européens ont imposé l’embargo à la Russie, ils ont épargné certains aspects. Chez nous, nos dirigeants ferment toutes les frontières et étouffent le peuple d’un pays voisin. En Russie, le paiement se fait en rouble. La France a décidé de déstabiliser nos pays. Donc on ne peut pas logiquement laisser sa monnaie entre les mains d’un ennemi. On ne peut pas rester dans une monnaie qui leur appartient. Bientôt nous aurons l’argent du pétrole du pipeline ; mais si on ne fait rien, c’est le même circuit du trésor de France que l’argent suivra. Et, la France prend en réalité 65%, même si on parle de 50% de nos recettes. Et cela depuis plus de soixante ans. Si le gouvernement ne prend pas une décision pour éviter ça, pour moi, c’est comme s’il n’y a pas eu coup d’Etat. Sur le plan économique, c’est toujours la France qui va continuer à nous piller. Le franc CFA, certains économistes l’appellent « monnaie de singe » puisqu’elle n’a pas cours en France. Pourtant, c’est là-bas qu’elle est frappée. La BCEAO, pour moi, elle est juste un guichet du trésor français. Puisqu’elle ne participe pas à la réunion annuelle des banques centrales en Suisse. La BCEAO est représentée par la France, le gouverneur de la BCEAO n’ose pas aller. Comment au 21ème siècle, on peut rester comme ça ! Dans presque tous les pays, c’est presque la même position. Moi, j’ai toujours défendu la position qu’il faut créer notre monnaie car, s’il n’y a pas la monnaie, c’est comme si le travail est fait à moitié. On doit avoir notre souveraineté monétaire car, tant qu’on ne l’a pas, la France va continuer à nous gruger.
Quelles peuvent être les conséquences de la dénonciation d’accords de défense avec la France ?
Je pense que les conséquences, nous sommes en train de les voir et même de les vivre. L’une des conséquences est qu’ils ont ramassé leurs bagages, ils sont en train de partir. Mais pour moi, la conséquence notoire est que la dénonciation d’accord nous a permis de nous rapprocher du Mali et du Burkina. La France a empêché pendant l’ancien régime qu’on puisse approcher ces pays frères pour mutualiser nos efforts et combattre le terrorisme. Au plan sécuritaire les résultats sont tangibles. Maintenant qu’ils sont partis, vous avez vu le résultat au Mali. C’est que Kidal a été reprise par les forces armées des trois pays. En réalité, nos militaires et ceux du Burkina Faso ont participé aux combats. C’est l’une des conséquences de cette action de dénonciation. C’est-à-dire que les terroristes sont mis en difficultés partout maintenant. C’est prouvé par nos militaires et même en France il y a des voix qui s’élèvent contre la France qui arme ces bandits-là et les finance depuis Chamalières. D’après les militaires, quand on tue ou prend des terroristes et qu’on fouille les poches, ce sont des billets de FCA craquants qu’ils ont.
M. l'ambassadeur, vous représentez l'Etat du Niger dans un vaste pays comme la Chine. Quelle appréciation faites-vous de la coopération sino nigérienne? Tout d'abord je voudrai remercier les autorités de notre pays pour la confiance placée en ma modeste personne pour diriger notre mission diplomatique en République Populaire de Chine. Je remercie également l'ONEP pour l'opportunité que vous m'offrez afin de m'exprimer dans les colonnes de votre journal sur les relations diplomatiques entre notre pays et la République Populaire de Chine. Vous savez, les relations entre le Niger et la République Populaire de Chine sont des relations très anciennes.
Mme la directrice générale, depuis plus de dix ans, le Niger a créé l’Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire, pourquoi la création d’une telle structure ?
Merci de me donner l’occasion de parler de l’Agence Nationale d’Assistance Juridique et Judiciaire afin d’édifier nos compatriotes sur les raisons qui ont amené les autorités à la créer. En effet, au niger, toutes les études menées dans le cadre de la politique sectorielle du Ministère de la Justice ont permis de mettre en exergue le fait que l’accès à la justice était non équitable et non universel. Les principales causes relevées sont l’inadaptation du cadre juridique, l’éloignement des juriductions vis-à-vis des justiciables, le langage trop technique utilisé par les acteurs judiciaires, le coût des procédures, l’analphabétisme des populations, la concentration des avocats dans quelques centres urbains, la non mise en place des fonds prévus pour l’aide judiciaire.
Ainsi, dans le cadre de la réforme de son système judiciaire et en vue de renforcer la démocratie et l’Etat de droit, le Niger a adopté la loi n°2011-42 du 14 décembre 2011 fixant les règles applicables à l’Assistance Juridique et Judiciaire. Aussi, c’est dans cette dynamique et sur la base d’une étude menée sur l’accès à la Justice que fut créé par la même loi, un établissement public à caractère administratif dénommé Agence Nationale de l’Assistance Juridique et Judiciaire (ANAJJ).
Comment fonctionne l’agence?
L’ANAJJ a son siège à Niamey et dispose d’un organe délibérant (le Conseil d’Administration) et d’un organe exécutif (la Direction Générale) et des bureaux locaux qui sont au nombre de dix auprès des Tribunaux de Grande Instance (TGI) à savoir Agadez, Arlit, Diffa, Dosso, Konni, Maradi, Niamey, Tahoua, Tillabéry et Zinder qu’on appelle BAJJ (bureaux locaux d’assistance juridique et judiciaire).
Comment les citoyens peuvent bénéficier des prestations de l’ANAJJ?
Les citoyens peuvent bénéficier des prestation de l’ANAJJ en adressant leur demande à ces bureaux qui sont à Niamey et dans les autres TGI de l’intérieur. Pour rappel le bureau local est composé du président du TGI qui est le président du BAJJ, du greffier en chef qui en est le secrétaire, d’un représentant du ministère de la population, d’un représentant des associations de défense des droits de l’homme et d’un représentant des avocats ou des DCO(Défenseur Commis d’Office).
Les personnes détenues peuvent adresser leur demande par le biais du chef d’établissement pénitentaire pour bénéficier de l’assistance de l’agence.
Dans quels cas les citoyens peuvent-ils saisir l’ANAJJ ?
L’ANAJJ peut être saisie pour des besoins d’assistance juridique ou judiciaire par toute personne vivant sur le territoire de la République du Niger.
L’assistance juridique consiste en un ensemble de prestations destinées à améliorer la compréhension du droit, de la justice et de ses institutions, à prévenir les conflits et favoriser le règlement des différends. Elle est accessible à tous, sans distinction de nationalité, de sexe, d’âge ou de toute autre considération (riche ou pauvre). Elle est gratuite et applicable à tous les domaines du droit et peut être sollicitée en dehors de toute procédure judiciaire ou administrative.
L’assistance judiciaire, quant à elle, consiste en un ensemble de prestations apportées au cours d’une procédure judiciaire au profit de certaines catégories de personnes vulnérables ou de celles qui ne disposent pas de revenus nécessaires pour faire face aux frais d’un procès. Elle est applicable en toutes matières.
L’assistance judiciaire comporte donc l’assistance dans le cadre d’un procès y compris la défense par un avocat professionnel ou par un DCO et la prise en charge des frais afférents à la procédure.
L’assistance judiciaire s’étend aux différents stades de la procédure à savoir la première instance, l’appel et la cassation.
A vous comprendre Mme, c’est comme si les personnes de nationalité étrangère vivant au Niger peuvent aussi bénéficier de l’assistance de l’ANAJJ.
Oui, bien sûr. La loi ne fait pas de distinction dans la fourniture de l’assistance.
Est-ce que l’ANAJJ peut prendre l’initiative d’assister les personnes en cas de litige?
A ce niveau il faut nuancer. L’ANAJJ peut prendre l’initiative de fournir l’assistance juridique à travers des séances de sensibilisation, des journées portes ouvertes ou même des atelies de formation sur des thématiques bien précises.
Cependant, en cas de litige, l’ANAJJ doit être saisie pour fournir l’assistance judiciaire.
Lorsqu’un litige est porté devant les juridictions, l’Agence fournit-elle gratuitement de l’assistance aux citoyens qui n’ont pas les moyens ?
Oui, elle le fait selon les conditions définies par la loi.
Il faut distinguer deux (2) catégories d’assistances judiciaires à savoir l’Assistance Judiciaire sous condition d’indigence et l’Assistance Judiciaire d’Office.
L’assistance judiciaire sous condition d’indigence est gratuite. Elle est accordée à toute personne reconnue indigente, c’est-à-dire toute personne dont les moyens matériels et financiers sont insuffisants et ne lui permettent pas de faire face aux frais occasionnés par un procès.
L’Assistance Judiciaire peut être demandée au cours de l’instance. Elle est verbale ou écrite.
L’assistance judiciaire d’office est accordée sans exigence de production de preuve à certaines catégories de personnes considérées vulnérables.
Je précise qu’à ce niveau il s’agit des mineurs poursuivis pour crime, délit ou contravention ; des mineurs victimes devant une juridiction répressive, des personnes handicapées prévenues ou parties civiles incapables de se défendre du fait de leur handicap ; des personnes accusées comparaissant devant une cour d’assises à présent chambre criminelle.
Elle est également fournie aux femmes victimes de violences visées aux chapitres II, III, VI, VIII du titre III du code pénal (CBV) et autres crimes et délits volontaires, meurtres et autres crimes capitaux, attentat à la liberté individuelle, esclavage, violation de domicile et attentats aux mœurs et aux femmes sollicitant le paiement d’une pension alimentaire, la liquidation d’une succession ou la garde d’enfant.
Que peut-on retenir en termes de réalisations de l’agence?
Depuis sa création, l’ANAJJ a, à son actif, plusieurs réalisations. A titre d’exemple, de 2018 à 2022, 59 791 personnes ont bénéficié de l’assistance juridique et 6668 sont bénéficiaires de l’assistance judiciaire à travers nos bureaux locaux d’assistance juridique et judiciaire. En outre, plus de trente cinq (35) ateliers de formation ont été organisés et ont concerné deux mille cinq cent (2500) personnes composées des magistrats, des avocats, des défenseurs commis d’office, des acteurs des médias et des acteurs de la société civile.
Pour ses activités de sensibilisation, l’ANAJJ est appuyée par les animateurs des cliniques juridiques dans le cadre du Programme Spotlight. Ce programme est le fruit d’un partenariat entre l’Union Européenne et les Nations Unies, mis en œuvre conjointement avec le Gouvernement du Niger. Il contribue à l’élimination des violences sexuelles basées sur le genre, des pratiques néfastes et des obstacles à l’accès aux droits à la santé sexuelle et reproductive. Il couvre 300 villages des quatre (4) régions d’intervention que sont Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Pour la période de 2021 à 2022, 168 075 personnes ont été sensibilisées en matière de Violence Basée sur le Genre (VBG).
L’ANAJJ est une jeune structure qui contribue énormément à l’effectivité de la jouissance de l’Etat de Droit au Niger, quels sont les défis dans l’accomplissement de sa mission et quelles sont les perspectives?
Comme difficultés et défis, nous pouvons relever l’insuffisance des ressources. Les allocations budgétaires au profit de l’ANAJJ restent en deçà des objectifs à atteindre. En effet, non seulement les montants ne sont pas toujours suffisants et en plus les 50% de ces montants sont systématiquement reversés au barreau. Ce qui handicape sérieusement l’exécution de certaines activités et qui explique que l’ANAJJ n’est présente que dans les dix TGI. Un autre souci, c’est la non fourniture de l’assistance judiciaire aux bénéficiaires dans les régions du Niger autres que Niamey par les avocats professionnels. En plus lorsque vous regardez le profil des DCO qui font du bénévolat, ils ne sont pas des juristes.
Comme perspective, je peux relever que l’ANAJJ dispose d’un plan d’actions 2023-2027 constitué de trois axes stratégiques. L’axe stratégique 1 est relatif à la redynamisation de l’Agence et partenariat, le second axe stratégique met l’accent sur l’amélioration des conditions d’offre et de demande de l’assistance juridique. Quant au 3ème axe stratégique, il porte sur l’amélioration des conditions d’offre et de jouissance de l’assistance judiciaire.
Ce plan d’actions s’appuie sur un buidget d’’un montant global de 5 485 900 000 FCA. Sa mise en œuvre contribuera à l’effectivité de l’accès à la justice de la population de notre pays.
Mme la Directrice générale, on constate que le travail est titanesque, les besoins sont énormes, est-ce que l’agence reçoit l’appui des partenaires ?
Oui, l’ANAJJ bénéficie de l’appui des partenaires techniques et financiers au titre desquels nous avons le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’International Developement Law Organization (IDLO), l’Association du Barreau Américain, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), le Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Eucap sahel.
Ces partenaires, en plus de l’appui en matériel de bureau et matériel informatique, interviennent aussi bien sur le volet assistance juridique que judiciaire.
Sur le volet assistance juridique, ces partenaires soutiennent les formations des acteurs, la tenue des séances de sensibilisation, le recrutement des coordonnateurs des cliniques juridiques et des parajuristes communautaires, l’organisation des journées porte-ouvertes etc.
Pour ce qui est de l’assistance judiciaire, certains partenaires dont IDLO principalement, appuient l’organisation et la prise en charge des dossiers lors des sessions des chambres criminelles, la prise en charge de certains frais de justice, le paiement des prestations des avocats ou défenseurs commis d’office et l’assistance aux victimes.
Il est à noter que l’appui des partenaires contribue fortement à l’atteinte des objectifs de l’agence.
Monsieur le président, la Commission Nationale des Droits Humains que vous dirigez depuis une année vient de réussir brillamment son examen de ré-accréditation à Genève. Quel est le sentiment qui vous anime à l’issue de ce succès ?
Je suis animé par un sentiment de fierté et de grande satisfaction suite à la ré-accréditation de notre Institution au Statut « A » de l’Alliance Mondiale des Institutions Nationales des Droits Humains (GANHRI), à l’issue de l’examen d’évaluation passé le 06 octobre 2022 à Genève et dont les résultats nous sont parvenus le 11 octobre 2022 après les délibérations du jury. En effet, réussir, en un an de fonction, à conserver à la CNDH-NIGER ce statut tant convoité par les Intitulions Nationales des Droits de l’Homme (INDH) du monde entier était un défi majeur à relever. Cela est d’autant plus vrai que le statut « A » représente le plus haut niveau de crédibilité auquel aspire toute Institution de défense, de promotion et de protection des droits de l’homme. C’est une reconnaissance à l’échelle mondiale.
Notre succès à cet important examen est le couronnement d’intenses actions menées un (01) an durant par l’équipe en place à la Commission. Pour atteindre cet objectif nous avons travaillé en synergie avec les partenaires techniques et financiers, les organisations de la société civile et l’Etat.
Nous avons eu ce succès à un moment où une alternance démocratique est intervenue en 2021 au niveau de la Commission qui a vu le renouvellement de sept (07) Commissaires sur neuf (09) et la totalité des membres du Bureau Exécutif. Il a fallu à la nouvelle équipe que je dirige, de déployer beaucoup d’efforts pour capitaliser les acquis de l’équipe précédente qui a obtenu ce Statut « A » en 2017 assorti de six (06) recommandations. Il nous appartenait de faire suivre d’effets ces recommandations au nom de la continuité de service, tout en évitant, à travers de bonnes pratiques, de provoquer de nouvelles.
Dieu merci, à l’issue de l’examen de cette année nous avons réussi à faire lever quatre (04) des six (06) recommandations en obtenant la ré-accréditation au Statut « A » avec deux (02) seulement. Cela s’explique par le fait qu’aucune œuvre humaine n’étant parfaite, quelle que soit la qualité d’un dossier, son examen est susceptible de donner lieu à des observations.
Ce succès est l’œuvre de l’ensemble des Commissaires aux Droits Humains et du personnel administratif et technique de la CNDH qui se sont mobilisés comme un seul homme pour aboutir à ce résultat. Cet échange me donne l’occasion de remercier sincèrement toutes les parties prenantes pour cette belle victoire qui, au-delà de la Commission, honore le Niger tout entier. C’est en effet l’Etat du Niger qui est honoré à travers le maintien de ce statut. Avec cette décision, l’Alliance Mondiale « GANHRI » reconnait que le Niger fait partie des Etats qui sont soucieux de la promotion et de la protection des droits humains sur leurs territoires, œuvrant pour la jouissance effective de ces droits pour tous les citoyens.
C’est le lieu pour moi de saluer les appuis importants de l’Etat dont les efforts au profit de la Commission, ont contribué à obtenir cette victoire. A cet égard, c’est avec un réel plaisir que je rends un hommage mérité aux hautes autorités de la République particulièrement à Son Excellence Monsieur le Président de la République qui a toujours eu une oreille attentive vis-à-vis des préoccupations de la Commission qu’il a tenu constamment à accompagner dans l’accomplissement de ses missions au service des citoyens. J’associe à cet hommage les organisations de la société civile nigérienne ainsi que tous nos partenaires techniques et financiers dont les actions à nos côtés ont largement contribué à ce succès. Aux usagers de nos services, je leur dis merci de continuer à nous faire confiance car, leurs saisines et le traitement de leurs dossiers contribuent au rayonnement de la Commission.
L’examen de ré-accréditation au statut A est un examen difficile pour les Institutions des Droits Humains. Qu’est-ce qui fonde votre maintien à ce prestigieux statut au bout d’un an d’exercice de votre bureau?
C’est vrai que l’examen d’accréditation au Statut « A » de la GANHRI est particulièrement difficile pour les INDHs. Beaucoup d’INDHs des pays européens n’ont pas de Statut « A ». En Afrique très peu d’INDHs ont réussi l’examen d’admission à ce Statut. Cet exploit, après un (01) an à la tête de la CNDH, est dû au travail ardu accompli, pour la cause des droits humains, par l’équipe soudée constituée par le collège des Commissaires, les cadres et le personnel administratif et technique de la Commission. Au-delà de la consolidation des acquis de l’équipe à laquelle nous avons succédé qui a géré la Commission huit (08) ans durant en deux mandats, nous avons, dès notre installation le 11 octobre 2021 œuvré à exécuter immédiatement notre programme d’actions avec une vision prospective dans le respect de nos textes tout en privilégiant les bonnes pratiques de gestion qui nous ont valu la confiance de tous nos partenaires et de l’Etat. Avec peu de moyens gérés de manière rationnelle et transparente nous avons pu remplir notre cahier de charges à la satisfaction de nos concitoyens. Actuellement un audit organisationnel est en cours à la Commission dans le but d’engager des réformes de fond de nos procédures, nos pratiques quotidiennes, nos méthodes de travail et nos textes qui ont besoin de toilettage après dix ans de mise en œuvre. Toutes ces initiatives et actions salvatrices menées de manière inclusive avec rigueur et détermination ont, en si peu de temps, accru la notoriété et la crédibilité de la CNDH fondant ainsi le maintien mérité de ce prestigieux Statut « A ». Dans cette posture, la Commission est désormais revigorée et plus en mesure de prendre en charge convenablement les légitimes préoccupations de nos concitoyens en matière de jouissance effective de leurs droits et libertés consacrés par la Constitution et les instruments juridiques internationaux ratifiés par le Niger.
La défense et la protection des droits humains est une immense tâche dans un pays aussi grand que le Niger. Comment votre institution travaille-t-elle dans l’accomplissement de cette mission ?
L’immensité du territoire national n’est nullement un obstacle à l’exécution du mandat de la Commission qui a le devoir de réserver un traitement équitable à tous les citoyens d’Ayorou à N’Gourti et de Madarounfa à Madama pourvu que nous ayons les moyens de nos actions au service de la population. Pour ce faire, nous sommes entrain de créer les conditions de mobilisation davantage de moyens matériels et humains devant nous permettre d’atteindre les nobles objectifs de la Commission. Effectivement la défense, la promotion et la protection des droits humains dans un pays ayant une superficie de 1 267 000 Km² est un grand défi, surtout quand il fait partie des pays les moins avancés du monde et est confronté à l’insécurité due aux agissements des groupes terroristes qui sèment la terreur dans plusieurs régions. Cependant, comme notre mission constitutionnelle est la défense, la promotion et la protection des droits humains, nous ne saurons baisser les bras malgré les faibles moyens dont nous disposons. C’est ainsi que, pour être plus proche des citoyens qui n’ont pas les moyens de se déplacer jusqu’à notre siège à Niamey, nous avons mis en place cinq (05) antennes régionales et deux (02) points focaux qui sont quotidiennement à leur écoute.
En plus, comme les violations des droits humains se font le plus souvent loin des grandes villes, nous organisons des missions d’investigation sur le terrain jusque dans les zones les plus difficiles d’accès pour écouter les victimes et les témoins. En outre la CNDH effectue périodiquement des missions de monitoring c’est-à-dire de suivi et d’observation des lieux de privation de liberté dans toutes les régions. Elle organise également le monitoring des procès criminels pour s’assurer que les normes d’un procès équitable sont respectées. Ces différentes missions sur le terrain se font non seulement avec les moyens que l’Etat met à notre disposition, mais aussi grâce au soutien des partenaires techniques et financiers de la Commission.
Monsieur le président notre pays subit depuis quelques années des attaques terroristes sur certaines de ses frontières, avec souvent une persécution des populations civiles par les groupes armés. Comment dans un tel contexte assurer la jouissance des droits humains de ces personnes meurtries ?
C’est vrai que depuis quelques années, notre pays fait face aux attaques des groupes terroristes particulièrement dans certaines zones frontalières. Malgré cette situation d’insécurité la CNDH reste résiliente et continue à assurer ses fonctions de promotion et de protection des droits humains partout au Niger, y compris dans les zones affectées par les attaques des groupes terroristes. Nous arrivons à accéder à ces localités grâce à l’appui des forces de défense et de sécurité qui nous escortent chaque fois que de besoin.
Ainsi, en mai 2022, la CNDH a organisé en partenariat avec l’Institut Danois des Droits de l’Homme (IDDH), une étude sur l’impact de l’insécurité sur la santé et l’éducation dans les régions de Diffa, Tahoua et Tillabéry. Du 25 au 29 mai 2022, la CNDH a organisé en partenariat avec ABA-ROLI (financement USAID) une mission d’investigation dans les régions de Tillabéry, Tahoua et Diffa sur l’impact de l’insécurité sur le droit à la vie et l’accès à la Justice. Du 1er au 07 juin 2022, la CNDH a effectué une mission d’investigation sur l’effectivité de la jouissance par les populations déplacées internes (DPI) des départements de Torodi, Téra et Gothèye sur leurs droits fondamentaux. Cette mission a été réalisée en partenariat avec le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme des Nations-Unies (HCDH).
Monsieur le Président avez-vous un message particulier à l’endroit de vos concitoyens ?
J’en appelle à mes concitoyens d’avoir foi en la démocratie qui, dans tous les pays du monde est une conquête permanente. Au Niger, la vie politique et sociale se démocratise de plus en plus au point où pour la première fois dans l’histoire de notre pays, un Président civil démocratiquement élu a succédé en 2021 à un autre sur fond de passation pacifique du pouvoir d’Etat. Il nous appartient tous d’œuvrer à consolider les fondements du système démocratique qui, en dépit de son imperfection inhérente à toute œuvre humaine est meilleur à l’Etat de non-droit en ce qu’il est le seul susceptible de garantir aux citoyens la jouissance effective de leurs droits et libertés.
La Commission Nationale des Droits Humains ainsi que toutes les Institutions de la République sont des structures citoyennes au service de toute la population et à ce titre nos concitoyens doivent s’abstenir de les fragiliser par des actes d’intoxication et de désinformation car, seules des Institutions fortes sont en mesure de répondre aux légitimes aspirations des populations à la paix, à la sécurité et à la stabilité indispensables au bien être tant individuel que collectif. A titre illustratif je peux vous relater un cas parmi tant d’autres, relatif à l’actualité ambiante. En effet, le vendredi 07 octobre 2022 j’ai été réveillé vers 03 heures du matin par un message d’un citoyen me transmettant une lettre manuscrite relatant la situation critique d’un Officier de l’armée détenu gravement malade en état de détresse humaine.
J’ai immédiatement réagi en demandant de faire signer la lettre et la faire enregistrer à la Commission où en dépit de la descente du service, s’agissant d’un vendredi, elle a été traitée avec la saisine d’urgence des services compétents de la CNDH chargés de la mise en œuvre des actions à accomplir. Dès la reprise de service, le lundi une mission de la CNDH a été dépêchée au chevet du détenu concerné avec lequel elle s’est entretenue dans la salle de l’infirmerie de la prison où il est gardé. Dans la même veine, son médecin a été rencontré et un rapport circonstancié a été établi et soumis à l’appréciation de l’ensemble des Commissaires aux Droits Humains qui l’on approuvé. Immédiatement, l’autorité de tutelle des établissements pénitentiaires a été saisie par lettre N°418/CNDH/SG du 12 octobre 2022 adressée au Ministre de la Justice, Garde des Sceaux que j’ai aussitôt rencontré à ce sujet.
Présentement l’intéressé est pris en charge dans un établissement de soins adapté à son état. Malgré toutes ces prévenances et diligences, des individus mal intentionnés aux desseins inavoués dans une manœuvre malsaine de manipulation de l’opinion continuent d’inonder les réseaux sociaux de fausses informations tendant à dénigrer des Institutions de la République particulièrement la CNDH à tort accusée de léthargie voire d’inertie dans le traitement de ce dossier. A tous ceux qui me pressaient de leur répondre sur la toile j’ai expliqué que les Institutions n’ont pas vocation à traiter leurs dossiers à travers les réseaux sociaux, c’est pourquoi nous avons plutôt organisé un point de presse le jeudi 13 octobre 2022 à notre siège au cours duquel nous avons sacrifié au devoir de redevabilité consistant à rendre compte officiellement de notre action particulièrement sur ce dossier qui suscite tant d’émoi et de passion. Nous devons nous réjouir que le contexte politique actuel de notre pays soit favorable à l’accomplissement de la mission de la CNDH. En effet, les nouvelles autorités politiques montrent leur volonté de faire de la jouissance des droits humains par tous les citoyens une réalité dans notre pays. A cet égard, il convient de rappeler que le Niger a ratifié toutes les conventions et les traités internationaux relatifs aux droits humains.
Il faut également noter que la CNDH du Niger s’est fait distinguer de 2017 à nos jours par son expertise, son indépendance et son engagement à œuvrer dans la promotion et la protection des droits humains aussi bien au niveau national qu’international.
Au niveau national plusieurs actions phares ont permis à la Commission de mériter la confiance de beaucoup d’acteurs. Il s’agit notamment des partenaires techniques et financiers dont le nombre s’accroît de plus en plus et les organisations de la société civile avec lesquelles nous envisageons de créer un cadre de concertation qui va nous permettre de réunir nos atouts respectifs pour l’effectivité du respect des droits de l’homme au Niger.
Dans le cadre de la mise en œuvre de son mandat de promotion des droits humains, la CNDH a mené une série d’actions de sensibilisation et de formation de différents acteurs et cela a permis de préserver la cohésion sociale. Elle a effectué dans le cadre de son mandat de protection des visites aux détenus civils et militaires accusés de tentative de coup d’Etat militaire pour vérifier leurs conditions de détention. La CNDH a par ailleurs dénoncé dans ses rapports les violations des droits humains reprochés aux groupes armées non étatiques et même aux forces armées régulières engagées dans les opérations militaires. Au niveau international la CNDH du Niger est membre de plusieurs organisations régionales et/ou internationales de promotion et de protection des droits de l’homme. Jusqu’à une date récente elle a présidé certaines organisations (Association Francophone des Commissions Nationales des Droits Humains, Réseau des INDH du G5 Sahel). Elle a aussi accompagné plusieurs autres INDH par son expertise à savoir le Mali, le Burkina Faso, le Rwanda, le Togo, la Guinée et la Centrafrique. Tous ces efforts ont renforcé la crédibilité de la CNDH et lui ont valu l’attribution du mandat du Mécanisme National de Prévention de la Torture (MNP) suivant la loi 2020-02 du 06 mai 2020.
Monsieur Moussa Ousmane, le Gouverneur de la région de Dosso,Conflits sociaux dans la région de Dosso : la situation est calme En dépit de maints efforts fournis par les autorités au niveau régional et national en matière de prévention et gestion des conflits sociaux, la région de Dosso, zone par vocation agropastoral, reste marquée par ce phénomène qui a causé d’importantes pertes en vie humaine et de dégâts matériel dans cette région qui, à un moment de son parcours détenait le triste record national. Ces conflits qui éclatent généralement entre éleveurs et agriculteurs ou entre agriculteurs, surgissent à des moments bien donnés de l’année notamment en début de saison agricole, en milieu de saison et enfin de saison.Mais depuis un certain temps, l’on assiste à un semblant d’accalmie malgré quelques cas isolés qui se terminent sans trop de dégâts. Pour en savoir plus sur les mesures de prévention prises au niveau régional, nous avons rencontré le gouverneur de la région de Dosso, Monsieur Moussa Ousmane, qui a bien voulu répondre à nos questions.
T-Info : Monsieur le gouverneur, il n’est un secret pour personne que votre région est réputée comme zone de conflits pourquoi cela ?
Moussa Ousmane : je vous remercie infiniment de m’avoir donné cette opportunité pour parler de ce phénomène qui constitue un véritable frein à notre développement car vous le savez autant que moi que sanspaix, il n’y pas de progrès. Pour répondre à votre question, il faut d’abord évoquer de l’origine de ces conflits. Vous n’êtes pas sans savoir que la région de Dosso est une zone à vocation agropastoral et que tous ces conflits ont pour dénominateur commun soit la gestion des espaces cultivables, ou encore les éternelles incompréhensions entre éleveurs et agricultures. D’autre part la région dispose d’une grande zone de transhumance où à des moments précis de la saison hivernale, les éleveurs du nord descendent vers le sud en quête de pâturage soit vers le Nigeria ou bien le Bénin.Ces descentes d’animaux ne sont pas sans conséquences surtout que bon nombre de ces éleveurs ignorent souvent les limites des couloirs de passages. Cette zone de transhumance qui s’étend au-delà de nos frontières nous amène des foisà gérer des situations avec nos voisins du Bénin. C’est ainsi que souvent ces conflits éclatent entre ressortissants de nos deux pays. A ce titre il m’est opportun de rappeler que le 1er octobre 2018 dernier, Dosso la capitale régionale a abrité une rencontre entre experts du Niger, du Bénin et du Nigéria en vue de faire des propositions afin de mieux gérer d’éventuelles situations de ce genre.
Monsieur le Ministre, le Niger a accueilli du 16 au 18 septembre dernier, le 1er Forum des investisseurs pakistanais. Quelle leçon peut-on tirer de cette rencontre et quel appel avez-vous à lancer à d’autres pays pour qu’ils s’inscrivent dans cette dynamique ?
Je vous remercie de cette occasion que vous me donnez pour faire le point sur la toute nouvelle approche que nous sommes en train de développer afin de faire de notre pays une destination attrayante notamment de l’Investissement Direct Etranger (IDE). C’est dans cette dynamique que nous avons organisé du 16 au 18 septembre 2021 le premier forum des investisseurs au Niger avec comme pays invité, la République Islamique du Pakistan.
Ce sont 87 hommes d’affaires pakistanais intervenant dans divers secteurs industriels qui ont bien voulu participer à ce forum au Niger. C’est pour la première fois qu’un tel nombre d’investisseurs se déplacent pour faire une mission de prospection d’investissements hors du Pakistan.
Ceci est le signe que le Niger, eu égard aux réformes engagées ces dernières années visant la mise en place d’un environnement favorable à la promotion et au développement du secteur privé, est devenue une destination d’investissements avec laquelle il faut désormais composer.
Notre ambition est d’amener les investisseurs notamment issus des pays avec lesquels le Niger entretient de bonnes relations économiques, à découvrir nos potentialités industrielles et à y investir dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant avec nos opérateurs économiques, ce qui permettra de renforcer notre tissu industriel et de créer des emplois massifs. A cet égard, je voudrais lancer un appel à tous les autres pays d’accepter nos invitations aux prochains fora qui seront organisés afin d’accueillir et orienter leurs investisseurs vers des secteurs productifs intéressant notamment le développement de nos chaines de valeur agro-sylvo-pastorales et halieutiques qui recèlent d’importantes opportunités d’investissements rentables.
Ces investissements, que nous appelons de tous nos vœux, doivent s’inscrire dans la volonté de répondre à deux problématiques majeures de l’économie du Niger : la réduction des importations par l’encouragement des investisseurs à identifier et opérer dans les secteurs et les branches d’activités qui impactent négativement la balance commerciale mais qui ont un effet significatif sur le PIB ; la création d’emplois décents et durables pour la population surtout les jeunes et les femmes.
Le Niger a adopté depuis quelques années, des réformes pour faciliter les investissements. Concrètement qu’est-ce qui a été fait pour attirer les investisseurs et promouvoir le secteur privé ?
Effectivement, depuis quelques années, le Niger a initié beaucoup de réformes pour améliorer le climat des affaires. Ces mesures ont été d’ordre législatif comme l’adoption de la loi sur le Partenariat Public-Privé (PPP), la loi sur le Code des Investissements, le Small Business Act, la mise en place d’un Bureau d’Information sur le Crédit (BIC) et d’autres facilités d’accès au financement ; la simplification des procédures de paiement des Impôts ; la modernisation des procédures douanières et l’installation du tribunal de commerce de Niamey. L’adhésion à l’Agence Multilatérale des Garanties des Investissements (MIGA) et à l’Africa Trade Insurance qui sont aussi de nature à rassurer les investisseurs.
Nous sommes également en train de créer les conditions de l’émergence des cadres de dialogue public-public et public-privé nécessaires pour accompagner un développement harmonieux du secteur privé. Dans cette optique, nous avons eu à organiser des rencontres avec les opérateurs privés et les administrations en charge de la promotion du secteur privé pour mieux appréhender leurs préoccupations et ensemble apporter les solutions les plus appropriées.
L’économie mondiale, plus précisément les échanges commerciaux ont été impactés ces dernières années par la pandémie de la COVID-19, Comment se présente la situation au Niger ?
La COVID a eu au Niger comme partout ailleurs des répercussions négatives sur les activités économiques notamment sur certains secteurs clefs comme la restauration, l’hôtellerie, le transport, le secteur manufacturier avec le renchérissement du coût des facteurs notamment le transport. Cependant la situation au Niger n’est pas autant dramatique au regard des mesures d’accompagnement prises par le gouvernement en concertation avec les acteurs du secteur privé. Nous constatons une reprise progressive et quasi normale des activités dans les secteurs avec le respect des mesures barrières. Nous travaillons davantage à faire des interventions ciblées pour prendre en compte les spécificités sectorielles.
Qu’est-ce que l’Etat du Niger a fait pour accompagner les opérateurs économiques pour surmonter le choc de la pandémie ?
La pandémie de la Covid-19 a affecté beaucoup d’entreprises et à divers degrés. Afin de permettre aux entreprises d’absorber les chocs subis, le Gouvernement a mis en place un Fonds d’Appui à l’Innovation et au soutien des entreprises dans le contexte de la covid 19. Même si ce fonds n’a été sollicité par les entreprises qu’à hauteur de 15% pour plusieurs raisons, il a permis à celles qui y ont accédé d’amortir certains effets négatifs occasionnés.
La cherté des produits de première nécessité est déplorée par des consommateurs, comment comptez atténuer la souffrance des populations et rendre les produits accessibles à tous ?
Effectivement, ces derniers temps, nous constatons une augmentation des prix au niveau de certains produits sur l’ensemble du territoire national.
Cette hausse concerne deux (2) catégories de produits : les produits manufacturés importés de l’extérieur de notre zone tels que le lait, le sucre, le thé, l’huile et le riz ; les produits provenant de la sous-région tels que les céréales et les produits de cru. Pour les premiers produits cités, la hausse est certainement due à l’envolée des frais maritimes liée à la COVID 19, car ces frais se sont vus multipliés par 3.
Pour les autres produits provenant de la sous-région tels que les céréales et les produits de cru, la hausse des prix découle de la raréfaction de ces produits causée par certaines mesures d’interdiction de sortie érigées par certains pays voisins. Ces interdictions de sortie portent sur les céréales notamment.
Pour parer à cette situation de hausse des prix des produits de première nécessité, le Gouvernement entend poursuivre la distribution gratuite et la vente à prix modérés.
Pour rappel, cette année, le gouvernement a prévu au titre de deux opérations précitées d’injecter, à l’endroit des populations, 76 600 tonnes de céréales.
L’entrepreneuriat des jeunes est au cœur du programme de la renaissance. Votre département ministériel a-t-il des programmes spécifiques permettant d’accompagner les jeunes ? Si oui lesquels ?
Oui, il y a la Stratégie nationale de promotion de l’entrepreneuriat des Jeunes au Niger, adoptée en 2019, qui vise à favoriser l'accès des jeunes des deux sexes à des opportunités de création d'entreprises et d'emplois indépendants, décents, durables et de qualité. Cette Stratégie Nationale de Promotion de l’Entrepreneuriat des Jeunes est assortie d’un premier plan d’actions et de financement quinquennaux 2022-2026, d’un mécanisme de mise en œuvre et d’un dispositif de suivi-évaluation. Il faut noter également que, dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, un Réseau dynamique des Structures d’Accompagnement des jeunes entrepreneurs a été mis en place. Aussi, des Centres Agripreneuriat, des Business Promotion Center (BPC) et des Incubateurs seront créés pour l’accompagnement des jeunes dans les différentes filières des chaines de valeur porteuses. Une Charte Nationale des PME sera bientôt adoptée afin de mieux soutenir et accompagner les jeunes dans le cadre du développement de leurs entreprises./.
Dans cette interview accordée au journal Le Souffle Maradi, Ibrahim Yacouba se lâche. Il répond sans complexe à des questions aussi gênantes sur ses ambitions personnelles, « la distance » qui le sépare de ses militants, jusqu’aux moqueries des adversaires politiques.
Bonjour monsieur le président, en parlant du 2e anniversaire de votre parti à Dosso le 31 décembre dernier, les commentateurs ont été unanimes : Vous avez réussi une « démonstration de force »… Etait-ce déjà votre objectif ? Non, non ! Loin de là. On avait des objectifs assez modestes pour ce deuxième anniversaire. On voulait juste célébrer un évènement heureux à notre manière. Donc on n’était pas parti à Dosso pour impressionner qui que ça soit…Vous savez, en toute occasion et de tout temps, nous avons considéré l’humilité comme une valeur essentielle, à titre individuel ou collectif. Tout de même, là ça a été très impressionnant…On a vu les images à la télé et sur les réseaux sociaux ! Oui, en effet et très franchement les militants du MPN ont été exemplaires. J’ai tout aussi été surpris qu’émerveillé par un tel degré de mobilisation. C’est un signe incontestable de développement prodigieux de notre parti. Je salue au passage tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à la réussite de cet évènement. Je dis Merci aux jeunes et aux femmes qui ont fait de ce parti ce qu’il est aujourd’hui. Je salue aussi nos amis et camarades du PUND Salama et du RSV Ni’ima qui viennent de décider de former, avec nous, un seul et même parti, et cela en toute responsabilité et en toute conscience. {xtypo_quote}« … Il est très tôt pour parler de 2021… » Ibrahim Yacouba, Président du MPN KIISHIN KASSA{/xtypo_quote} C’est une grande fierté pour nous de réussir cette fusion. Accueillir en son sein l’intégralité, non pas d’une, mais de plusieurs formations politiques, est incontestablement un indicateur de performance ; Au demeurant, je reste convaincu que c’est un moyen de renforcer la démocratie dans notre pays. Vous conviendrez avec moi et là je sais que les observateurs avertis de la situation politique nigérienne savent que le ralliement de ces Partis au MPN est tout un symbole ; ils ont tous un fonds politique indélébile sur la scène politique nationale. Le RSV est porteur d’une thématique de préoccupation et de portée mondiale (l’écologie) et dont la constance dans le combat national est irréfutable. Les dernières mesures prises par le Conseil des Ministres relativement à la protection de la ceinture verte en témoignent, si besoin en est, du pragmatisme et du bien-fondé de ce combat. Quant au PUND SALAMA, c’est quand même le premier Parti extra parlementaire avec deux listes régionales validées pendant les élections de 2016. Au MPN, nous avons une profonde considération pour ces deux partis et tous leurs militants, et je vous assure que nous ferons tout pour que ce nouveau parti soit une valeur ajoutée pour la démocratie et le progrès dans notre pays. J’ose espérer que notre parti continuera à jouer ce rôle de creuset où d’autres formations politiques viendront fusionner ou s’allier avec nous pour renforcer cet engagement que nous avons en commun, celui de construire autrement un Niger émergent. En tout cas nous restons ouverts à toutes et à tous…
… Justement quelle évaluation faites-vous aujourd’hui de l’évolution de votre parti deux ans après ? Je peux vous dire, avec toute la retenue possible, que le MPN Kiishin Kassa est un parti qui est droit dans ses bottes, concentré sur ses objectifs et qui s’est donné pour mission de contribuer activement à l’avènement d’un Niger plus patriotique et inclusif, première étape à nos yeux pour un développement endogène de notre pays…Mais pour reprendre une analyse que j’ai entendue sur les médias, je dirais que le MPN KIISHIN KASSA , de part l’image qu’il a donné de lui-même à Dosso, a montré qu’il a atteint un certain niveau dont nous pouvons être fiers. Rappelez-vous quand même que notre place de 5e aux présidentielles et 6e aux législatives, toutes ces performances, ont été réalisées en seulement 57 jours. Je dis bien 57 jours et dans des conditions d’adversité particulièrement fortes en son temps. Cela suffit amplement comme instrument d’évaluation. Nous sommes, certes dans la phase de l’implantation véritable de nos structures mais en termes de présence sur le terrain je puis vous assurer en l’espace de ces deux années, il n’y a pas une localité de notre pays y compris à l’extérieur où notre Parti n’est pas présent. Les dernières élections générales en ont fait la parfaite illustration. Dans n’importe quelle contrée du Niger ou dans n’importe quel pays étranger, il s’est trouvé des nigériennes et des nigériens pour voter MPN. Nous sommes tout aussi conscient que faire grandir le parti est non seulement titanesque, mais aussi parsemé de plein d’obstacles, mais rien ,absolument rien n’est impossible quand on y croit et quand on s’y engage. C’est mon état d’esprit et c’est surtout, celui de chacune et chacun des militants du MPN. Il y a un immense travail à faire et nous connaissons parfaitement nos forces et nos faiblesses. Nous connaissons nos actions prioritaires à réaliser .et nous les aborderons avec sérénité et courage. C’est pour cela que nous nous attelons à mieux structurer cette présence à travers des bureaux effectifs partout au Niger.
A présent que vous aviez démontré vos « gros muscles », j’ai envie de vous demander « c’est quoi le projet, pour 2021 notamment » ? (Rires), nous ne sommes pas dans un scénario de « course », de « bagarre « ou de « boxe » politique ou il serait nécessaire d’exhiber de « gros muscles ». Nous ne sommes ni présomptueux, ni prétentieux. Nous sommes nous MPN dans la phase de construction et nous restons, comme je l’ai dit plus haut, concentrés essentiellement sur cette tâche. Vous comprenez alors qu’il est très tôt pour parler de 2021 à l’instant. Le MPN KIISHIN KASSA est un parti membre de la majorité parlementaire qui soutient activement le Président Issoufou Mahamadou dans la mise en œuvre de son Programme. Nous l’avons clairement rappelé lors de notre anniversaire.
Ministre des Affaires étrangères, vous êtes souvent absent du pays et donc loin de votre base. Comment gérez-vous cette distance ? Ne me dites surtout pas que la fonction de Ministre des Affaires Etrangères est incompatible avec la présidence d’un parti politique ! (sourire). C’est vrai que ministre des affaires étrangères, c’est du « boulot à plein temps », comme on dit. Ma « disponibilité physique » est en effet moindre vis-à-vis des militants de notre parti, ils le savent et ils l’assument parfaitement. Pour ma part, C’est une mission, au service de l’Etat que je me dois d’assumer en y consacrant tout mon temps et toute mon énergie. Je m’y attelle depuis que le Président Issoufou m’a fait l’honneur de me nommer à ce poste. Mais aujourd’hui avec tous les moyens de communication dont nous disposons, toute cette distance que vous évoquez est plus ou moins atténuée et je suis autant que cela est possible, en contact avec eux… En outre, le Parti dispose d’un organe dirigeant assez structuré et présent sur le terrain et qui assure le contact permanent avec les militants. Faites un tour au niveau de notre siège national ou de nos sièges régionaux et vous vous rendrez compte du climat d’animation permanente que nous y avons su instauré. Beaucoup d’ailleurs nous reproche d’être en « campagne permanente » parce qu’ils sont habitués à la fermeture des bureaux et sièges des partis politiques immédiatement après les élections jusqu’aux échéances suivantes. Nous, nous avons une autre façon de concevoir et de faire la politique et surtout de considérer les militants avec des contacts que nous maintenons réguliers et permanents. C’est de la même manière que nous opérons dans les villages…
Question un peu espiègle : Votre parti arbore les couleurs rouge et jaune et cela donne l’occasion à vos adversaires de vous traiter de « parti arome maggi ». Quel effet ça vous fait cette comparaison ? Cela fait plutôt sourire, non ! Mais figurez-vous, cela ne m’intéresse pas outre mesure. Il y a en effet des gens qui prennent un malin plaisir à vouloir discréditer notre parti en le qualifiant de « cube maggi ». Ce sont les mêmes qui sont gênés par notre présence ou par notre développement, ils devront bien s’y faire et s’armer plus lourdement parce que le MPN est là, et bien présent au Niger. Et pour très longtemps inchallah. Cela dit, on ne peut pas empêcher aux gens d’exprimer leur opinion sur leur perception des couleurs de notre parti. C’est leur liberté. Mais, Si l’on veut associer une marque ou un sobriquet à n’importe quelle couleur de partis qui existent au Niger, on peut le faire aisément .Mais cela me parait tout simplement dérisoire et un peu puéril non ? Ce qui compte c’est quel est notre projet et qu’est-ce que nous représentons en seulement quelques jours d’existence. Et pour cela vous avez les résultats de chaque parti sur le site de la CENI. Sinon ces couleurs ont une signification particulière pour nous les militants du MPN KIISHIN KASSA . D’abord elles sont extraites des couleurs panafricanistes (rouge, jaune et vert), pour vous dire notre ferme attachement à l’unité voire à l’unification africaine. Mieux les couleurs jaune et rouge, outre qu’elles sont représentatives de notre environnement physique, traduisent pour nous, notre engagement à braver toutes les adversités pour construire un Niger uni et stable aux prochaines générations. Par ailleurs, au regard de nos textes statutaires, ces couleurs ont une interprétation politique progressiste. Le jaune symbolise la dignité, la beauté et la lumière qui guide tandis que le rouge traduit la détermination dans la lutte pour la justice, Le combat pour la liberté le sens du travail bien fait et le progrès.
Un mot quand même pour 2021 ? Qu’Allah fasse que le Niger soit en paix et prospère et qu’il nous prête longue vie à tous !
Propos recueillis et transcrits par El Kaougé Mahamane Lawaly
L’honorable Amirou Dr Harouna BEMBELLO a été intronisé le samedi 19 janvier 2019 à Yatakala dans le département de Téra. La cérémonie d’intronisation a eu lieu en présence des membres du gouvernement, des députés nationaux, des représentants de la chefferie traditionnelle ainsi que de nombreuses personnalités parmi lesquelles le Président de la Commission de l’UEMOA, notre compatriote, Monsieur Abdallah Boureima. Outre la population qui s’est massivement mobilisée pour la circonstance, l’on notait la présence du Gouverneur de la région de Tillabéri, le Préfet du département de Téra, les élus locaux et les autorités coutumières.
L’intronisation qui s’est déroulée dans la quiétude totale consacre ainsi l’installation officielle du 17ème chef du canton du Gorouol succédant ainsi à l’honorable Amirou Boureima Djibrilla rappelé à Dieu en février 2013.
L’élection en juillet 2017 de l’Honorable Dr Harouna BEMBELLO a été entérinée par l’Arrêté N° 000612 du Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique de la Décentralisation et des Affaires Coutumières et Religieuses du 5 septembre 2017. Descendant d’Elhaj Foni, Dr Harouna BEMBELLO est née en 1932 à Yatakala. Ancien élève de la prestigieuse école normale de Katibougou du Mali et de l’école normale William Ponty du Sénégal, il est titulaire d’un baccalauréat en science expérimentale. Il devint Docteur vétérinaire en 1960 après des études à l’école nationale vétérinaire de Toulouse en France. Sa carrière professionnelle est étoffée de succès. Ancien ministre du Développement et de la Coopération, Dr Harouna BEMBELLO occupa plusieurs postes de responsabilité dans le domaine de ’élevage. Il fut Directeur National du service de l’Elevage et des Industries animales. Il occupa également le poste de Vice-président de la Banque ouest africaine de développement (BOAD). A la tête de la Commission Nationale du Dialogue Social entre 2002 et 2012, il demeure depuis 1997 au poste de Président de SOS international Niger. Le Canton dont il a la charge et qui a pour chef lieu Yatakala, est situé dans la partie Nord du département de Téra. Il est limité au Nord par le Mali, à l’Ouest par le Burkina Faso, au Sud par le canton de Téra et de Kokorou et à l’Est par les cantons d’Ayorou et de Dessa. Sa population repartie dans 26 villages administratifs et 11 tribus est estimé à 88 533 habitants. Elle est composée de Songhay, de Touareg, de Peuls et de Haoussas qui vivent en parfaite entente. Les activités économiques du canton sont l’agriculture, l’élevage, le commerce, l’artisanat, la pêche, les mines et le transport, entre autres.
La Ville de Téra, cette Cité Songhay , capitale du Canton avait accueilli du monde venu des quatre coins du pays pour assister à l'intronisation du 14è Chef du Canton,C'est en présence des autorités du pays, coutumières et religieuses , des populations ainsi que de nombreux amis que fut intronisé l'Honorable Chef de Canton de Téra Hamidou NIANDOU .
Le nouveau Chef de Canton hérite d'une entité qui est viable et qui est bien connue pour sa contribution dans le développement de la Région de Tillabéri et du pays Carrefour de tant de races et d'ethnies nigériennes Téra est un Canton où se croisent toutes les sensibilités qui ont permis un brassage et un métissage fécond dans un pays où toutes les religions se côtoient . Notons que Téra est à la limite de Dori cette ville du Burkina Faso sise à une centaine de kms et qui jadis appartenait au Territoire du Niger avant 1932 et qui verra également la ville de Fada N'Gourma être rattachée à la Haute Volta actuel Burkina Que de liens historiques et culturels qui lient ces deux pays , depuis la nuit des temps . Rappelons que sur les 14 Chefs de Canton qui ont régné sur Téra un Peul Sergent HASSANE MOUSSA POULO DIALLO du Village de Diagourou avait occupé le fauteuil pendant 33 ans Ancien combattant et grand blessé de la première guerre mondiale, Sergent Poulo avait effectivement été nommé le 2 Février 1919 . II décéda le Vendredi 2 Novembre 1951 à l 'Hôpital Jules BREVIER du nom du Gouverneur français qui l 'avait construit et qui est aujourd'hui notre Hôpital National de Niamey . Voilà pour ce qui est de l historique de cet hôpital qui est devenu notre patrimoine national depuis l 'indépendance de notre pays.Pour la petite histoire , j'ai écrit un livre sur le Canton, sur la Chefferie Traditionnelle et également sur mon père qui fut Chef de Canton de Téra où nous avons vu le jour vécu et grandi Ce livre dédié à notre Ville de Téra et que j'ai remis officiellement à notre nouveau Chef de Canton, s'intitule L'itinéraire d'un ancien Combattant Diagourou, Verdun , Téra édité à Paris à l Harmattan et vendu à Niamey à la librairie La farandole au quartier Terminus à Bonne lecture .
Docteur Gourouza Marou, Maître de conférences en Chimie et enseignant chercheur à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université, Abdou Moumouni Dioffo de Niamey vient d’inventer une sonde piézométrique pour le suivi des niveaux d’eau. En plus des mesures piézométriques, le nouveau dispositif inventé au Niger permet de déterminer la conductivité du milieu aqueux. « L’appareil que nous venons de mettre au point est une sonde piézométrique qui permet de déterminer la conductivité du milieu, le degré de minéralisation de l’eau et sa correspondance aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé définies pour sa pureté. Cette technologie détermine également la quantité d’ions ; les cations et les anions. Il est accroché à notre sonde, un ruban gradué pouvant déterminer la profondeur du puits. Une fois que la sonde touche l’eau en profondeur, un son est émis et un signal lumineux indiquera que la sonde aura atteint la surface de la nappe», a-t-il expliqué.
Réunis à Baden-Baden vendredi et samedi, les ministres des Finances du G20, que l'Allemagne préside pour un an, ont accueilli plusieurs de leurs homologues africains. L'occasion pour l'Allemagne de mettre sur les rails son Compact for Africa, un programme de promotion de l'investissement privé en Afrique.
« Révolutionnaire ». C’est par ces mots, rapportés par l’AFP, qu’Amadou Bâ a qualifié la place de l’Afrique dans la dernière réunion des ministres des Finances du G20. Le ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal faisait partie des cinq pays africains (avec la Côte d’Ivoire, le Maroc, le Rwanda et la Tunisie) à avoir été conviés par leurs homologues des 19 économies − auxquelles s’ajoutent des représentants de l’Union européenne − qui représentent 80% du PIB mondial.
Passée l'euphorie de l'afro-optimisme, certains investisseurs internationaux renouent avec la frilosité à l'égard d'un continent dit «à risque». Pourtant, l'Afrique regorge d'opportunités aux rendements inégalés, à condition d'être attentif aux fondamentaux et de s'allier à des partenaires de qualité.
La demande en capitaux pour des projets « de qualité » en Afrique est largement supérieure à l'offre. Mieux, le continent fait office de champion en matière de TRI (taux de rendement interne) des projets avec des chiffres qui peuvent atteindre les 30%. Un constat partagé par les plus éminents spécialistes de la finance mondiale, et qui tranche avec ce qui a cours partout ailleurs. Pourtant, moins de 1 % des flux du Private Equity concernent le continent noir. C'est dire que si l'engouement des investisseurs pour les opportunités d'affaires africaines est indéniable, il reste encore embryonnaire.
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SE. Mohamed Bazoum est arrivé hier après-midi à Abuja, la capitale de la République Fédérale du Nigeria où, il prendra part ce lundi à l’investiture du Président élu de ce pays voisin et frère, SE. Bola Asiwaju Ahmed Adekunle Tinubu. SE. Tinubu succède à compter de ce lundi 29 mai 2023 à SE. Muhammadu Buhari, qui a présidé aux destinées du Nigeria durant deux mandats, entamés en 2015.
SE. Ahmed B. Tinubu, 71 ans a été élu à la présidence du Nigeria en février dernier sous la bannière de l’All Progressives Congress (APC).
Plusieurs autres dirigeants africains sont arrivés à Abuja pour cet événement majeur, qui a lieu tous les quatre ans. Le Président Mohamed Bazoum est accompagné à cette cérémonie d’investiture d’une importante délégation composée du Général Oumara MAI MANGA, Grand Chancelier des Ordres Nationaux ; M. Hassoumi MASSOUDOU, ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération ; M. Mahamane Sani MAHAMADOU, ministre du Pétrole ; M. Youssouf Mohamed ELMOUCTAR, Ministre Délégué auprès du Ministre d’Etat aux Affaires Etrangères et de la Coopération, chargé de l’Intégration Africaine ; M. Ibrahim SANI ABANI, Directeur de Cabinet du Président de la République ; M. Alat MOGASKIA, ambassadeur du Niger auprès de la République Fédérale du Nigeria. Onep
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, a participé, hier lundi 14 décembre 2020, à Abidjan, à la cérémonie officielle d’investiture du Président de la République réélu de Côte d’Ivoire, SEM Alassane Ouattara. Réélu le 31 octobre 2020, au premier tour de l’élection présidentielle avec 94,27% de voix, SEM Alassane Ouattara a prêté serment sur la constitution, une innovation pour la première fois de l’histoire de la Côte d’Ivoire.
La cérémonie s’est déroulée au Palais Présidentiel, en présence notamment de 13 Chefs d’Etat africains, des représentants de plusieurs présidents dont celui de la France et des responsables des organisations régionales et internationales.
Outre SEM Issoufou Mahamadou, on note ainsi la présence à cette cérémonie des Présidents du Bénin, du Burkina Faso et de la République du Congo, de la Présidente de la République Fédérale d’Ethiopie, des Présidents du Ghana, de la Guinée Bissau et du Libéria, du Président de la Transition et Chef d’Etat du Mali, des Présidents de la République Islamique de Mauritanie, de la Sierra Léone, du Sénégal et du Togo.
Après la prestation de serment devant la Cour Constitutionnelle, la Grande Chancelière de l’Ordre National a remis au Président de la République le Grand Collier de l’Ordre, ce qui le reconduit comme Chef souverain et Grand Maître des Ordres.
Auparavant, lors de l’audience du Conseil Constitutionnel, le Président de cette institution, M. Mamadou Koné a prononcé une allocution tandis que le Secrétaire Général de la Cour a procédé à la lecture de la décision de proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle, et du procès-verbal de la prestation de serment du Président de la République de Côte d’Ivoire.
S’adressant à l’assistance, le Président Alassane Ouattara a tenu à exprimer ses « sincères remerciements aux Chefs d’Etat des pays frères » qui ont effectué le déplacement pour participer à cette cérémonie d’investiture. Il leur a témoigné sa «profonde gratitude» pour leur présence à Abidjan « malgré les fortes contraintes» de leurs emplois de temps respectifs. «Votre présence est le témoignage de votre amitié, de votre fraternité et de votre solidarité avec le peuple de Côte d’Ivoire », a-t-il dit à l’endroit de ses pairs.
Dans son discours, le Président ivoirien a évoqué les nombreux défis (humanitaire, économique, sécuritaire, institutionnel etc.) auquel est confronté son pays et indiqué les priorités de son gouvernement au cours de son nouveau mandat. « Nous devons travailler sans relâche, dans le respect de la constitution, des lois de la République ainsi que dans le respect de nos instituions dans l’intérêt de nos compatriotes qui aspirent à vivre en paix », a-t-il déclaré.
Le Président ivoirien a de ce fait renouvelé son ambition de construire avec tous ses compatriotes sans exclusive, «une Côte d’Ivoire plus solidaire pour un avenir meilleur pour tous les ivoiriens».
La cérémonie s’est achevée par les honneurs militaires qui ont été rendus au Président élu sur l’esplanade du Palais. Il faut noter que le Président de la République de Côte d’Ivoire a offert un déjeuner à ses invités, notamment les Chefs d’Etat.
Le Président Issoufou Mahamadou a été accueilli à son arrivée à l’Aéroport International d’Abidjan, au pied de la passerelle de l’avion présidentiel, par le Premier Ministre ivoirien, SEM Hamed Bakayoko, et salué par les représentants de la communauté nigérienne vivant en Côte d’Ivoire.
Le Chef de l’Etat, qui a regagné Niamey le même jour en début de soirée, était accompagné, dans ce déplacement, de M. Foumakoye Gado, Ministre d’Etat, Directeur de Cabinet par intérim du Président de la République et M. Mamadou Diop, Ministre des Finances.
Le Président du Ghana, SEM. Nana Akufo-Addo, qui a remporté, dès le premier tour le scrutin présidentiel du 7 décembre dernier avec 51,3% des voix, a entamé, hier jeudi 07 janvier 2021, un deuxième mandat de quatre ans. En effet, le Président réélu de la République et le Vice-président élu, Alhaji Dr. Mahamadu Bawumia, ont prêté serment devant le 8ème Parlement de la 4ème République du Ghana, lors d’une cérémonie officielle d’investiture.
C’était en présence notamment de dix Chefs d’Etat africains parmi lesquels le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou. Les présidents du Congo, du Togo, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Sénégal, du Faso, du Liberia, de la Sierra Leone et de la Guinée Bissau ont également pris part à cette investiture.
L’Angola a été représenté par le Vice-président de la République et le Mali, par le Vice-président de la Transition. De nombreux pays dont la France ont été représentés par leurs Ministres des Affaires Etrangères.
Les Présidents de la Commission de l’Union Africaine, de la CEDEAO ainsi que le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) ont également assisté à cette cérémonie.
Après avoir prêté serment et reçu les insignes de la République, le Président réélu à la tête du Ghana a, dans un discours officiel, vivement remercié les Chefs d’Etat africains et tous ses invités venus des quatre coins du monde se joindre aux ghanéens à l’occasion de cette investiture. Il s’est notamment réjoui de leur présence à Accra qui témoigne de leur solidarité et leur fraternité à l’endroit du peuple du Ghana.
Après avoir évoqué les principales préoccupations de son pays, le Président ghanéen a affirmé qu’il mettra l’accent, au cours de son nouveau mandat, sur la promotion de la justice sociale, l’économie, l’emploi (surtout pour les jeunes), l’éducation (à tous les enfants du Ghana), la santé, le développement du secteur rural ….
SEM Nana Akufo Addo a assuré ses compatriotes de sa détermination à œuvrer sans relâche pour la prospérité, le bien-être et le développement du Ghana. Il les a cependant appelés à s’unir pour créer, ensemble, une nation libre, démocratique et en paix.
Le Chef de l’Etat qui était accompagné, dans ce déplacement, de M. Foumakoye Gado, Ministre d’Etat, Directeur de Cabinet par intérim du Président de la République, a regagné Niamey le même jour en début de soirée.
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, a pris part, hier lundi 28 décembre 2020, au Palais des Sports de Ouaga 2000, à la cérémonie officielle d’investiture du Président réélu de la République du Faso, SEM Roch Marc Christian Kaboré.
Elu dès le premier tour de l’élection présidentielle du 22 novembre 2020 avec 57,74% des voix, pour un nouveau mandat de cinq ans, SEM Roch Marc Christian Kaboré a prêté serment lors d’une audience solennelle devant le Conseil Constitutionnel avant de recevoir les insignes de Grand Maître des Ordres Nationaux du Faso.
Outre SEM Issoufou Mahamadou, neuf présidents africains ont pris part à cette cérémonie de prestation de serment : il s’agit des Chefs d’Etat de Côte d’Ivoire, du Ghana, de la Guinée, de la Guinée Bissau, du Liberia, de la République Islamique de Mauritanie, du Sénégal, du Tchad et du Togo. Le Premier Ministre du Mali, représentant le Président de la Transition, les représentants de plusieurs chefs d’Etat africains, les présidents de la Commission de l’Union Africaine, de la CEDEAO et de l’UEMOA ainsi que le représentant du Secrétaire Général de l’ONU ont également assisté à cette cérémonie.
Dans un discours officiel, le Président du Faso a adressé «ses sincères remerciements» à ses illustres invités notamment les Chefs d’Etat qui ont honoré de leur présence cette investiture». Il a aussi salué, au nom du peuple burkinabé, la «présence amicale et fraternelle» de «ces éminentes personnalités nationales et étrangères venues des quatre coins de la planète pour être témoin de ce moment historique», soulignant que leur présence «honore le peuple burkinabé».
Après avoir évoqué «les défis sécuritaires, sanitaires et sociaux sans précédent» auxquels est confronté son pays, SEM Roch Marc Christian Kaboré a assuré ses compatriotes de sa volonté et sa détermination à œuvrer pour le développement social, économique et culturel du Burkina Faso.
Ce nouveau quinquennat s’annonce avec pleins de défis et d’espoirs «pour la construction de notre pays et la satisfaction des aspirations légitimes de notre peuple», a-t-il déclaré. De ce fait, le Chef de l’Etat burkinabé s’est engagé à rester «attentif à l’ensemble des préoccupations de notre peuple surtout en ce qui concerne la réconciliation nationale, la paix et la sécurité, gages de toute action de développement».
La poursuite de la lutte contre la corruption, les passe-droits, la justice équitable pour tous les Burkinabé et la bonne gouvernance sont également au centre de ses préoccupations.
Rappelant les principaux objectifs de son quinquennat, SEM Roch Marc Christian Kaboré a invité les Burkinabé sans exclusive, «à l’ardeur au travail, à la défense de l’intérêt supérieur de la nation qui a besoin de l’union sacrée de ses fils et de ses filles pour son développement et pour tenir son rang dans le concert des nations.»
A noter que le Président Issoufou Mahamadou a été accueilli, à son arrivée à l’Aéroport International de Ouagadougou, au pied de la passerelle de l’avion présidentiel, par le Premier Ministre du Faso, SEM Christophe Marie Joseph Dabiré.
Le Chef de l’Etat qui a regagné Niamey, hier en fin d’après-midi, était accompagné, dans ce déplacement, de M. Foumakoye Gado, ministre d’Etat, Directeur de Cabinet par intérim du Président de la République.
Le Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, est arrivé jeudi après-midi, 17 août 2017, à Kigali, au Rwanda, où il prend part ce matin, à la cérémonie officielle d’investiture du Président élu, SEM Paul Kagamé.
Le Président en exercice, SEM Paul Kagamé, a remporté 98,79% des voix, avec plus de 6,6 millions de voix, selon les résultats finaux de l'élection présidentielle, publiés par la Commission électorale nationale rwandaise (NEC).
Le Président Issoufou Mahamadou, peu après son arrivée dans la capitale rwandaise, a accordé une audience à un groupe de quatre Nigériens, sur un total de dix de nos compatriotes y travaillant dans des organisations régionales et internationales.
Général Mahamadou Abou Tarka, Président de la Haute autorité de Consolidation de la PaixLe général Mahamadou Abou Tarka est un homme de dialogue. Ce qui le prédispose à l’exercice de ses responsabilités actuelles qui consistent à faire de la prévention des conflits. Mais cet intellectuel qui avait un moment donné envisagé de faire carrière dans l’enseignement est également reconnu pour son franc parler.
Au détour d’un entretien sur les attributions de l’organisme qu’il dirige, nous avons abordé la question controversée de la présence des « bases militaires étrangères dans notre pays ». Edifiant !
LA HAUTE AURORITE DE CONSOLIDATION DE LA PAIX
La Haute Autorité de Consolidation de la Paix, sans tambour ni trompette (c’est le lieu de le dire) est en train d’abattre un travail considérable de consolidation de la paix dont le commun des Nigériens n’est pas généralement conscient. Son existence explique pour beaucoup la paix qui règne à l’intérieur de nos frontières et le fait que le front intérieur est solide, que le Niger ne connaît pas de conflit interne susceptible d’être instrumentalisé par les terroristes. Pour le Général Abou Tarka, la recette est simple ; « Nous nous efforçons d’appliquer les leçons apprises au cours du règlement du conflit avec la rébellion ! »
Les grands axes du travail de la HACP s’inspire des accords de paix de 1995, que les gouvernements successifs du Niger ont mis en œuvre de bonne foi.
On dit souvent que la valeur n'attend pas le nombre des années. La trentaine à peine entamée, notre jeune compatriote Cissé Ibrahim, fils d'un célèbre avocat de la place, qui s'est fait un nom dans la communauté scientifique des Etats Unis, enseigne aujourd'hui dans la plus prestigieuse école d'ingénieurs de ce pays, le Massachussetts Institute of Technologie (MIT) de Boston où il dirige par ailleurs un laboratoire qui combine à la fois les recherches en physique et en chimie moléculaire. Itinéraire d'un jeune prodige…
Bonjour Pr Cissé Ibrahim, vous êtes Professeur de physique, Directeur de recherches du laboratoire a votre au Massachussetts Institute of Technologie aux USA. Il est rare de voir un nigérien arriver à une telle position dans les universités américaines. Quel est le parcours qui vous a amené à cette place ?
Je dirais que c'est un parcours que certains qualifieront d'atypique. J'ai fais mes études primaires et secondaires au Niger. J'ai été admis à l'examen du BEPC dès la 4ieme et ensuite le Baccalaureat dés la 1ere année au Lycée Soni Ali Ber. Je suis ensuite parti aux Etats Unis aux frais de ma famille où j'ai poursuivi mes études en Caroline du Nord jusqu'au Bachelor de physique. Mais pendant que je préparais ce diplôme j'ai entrepris des projets de recherches en collaboration avec des chercheurs de l'université de Princeton. Ces recherches nous ont permis de découvrir comment est ce que la géométrie des objets nous informera sur la densité d'entassement aléatoire. Plus terre à terre, imaginons une boite contenant des bonbons ovales, comme les bonbons M&M®, qui sont orientés de manière aléatoire. On essaye de prédire de la géométrie de chaque bonbon, quel volume occuperaient ces bonbons entassés ? C'est assez amusant n'est ce pas, mais c'est en réalité un problème de mathématique assez difficile. Qu'il a été possible à la suite de recherches théoriques et expérimentales qui ont pris des centaines d'années. Les travaux avec mes collaborateurs de Princeton ont permis de résoudre ce problème. C'était ma première découverte scientifique, que nous avions publié en 2004 dans " Science Magazine ".
Après je suis allé faire mon doctorat en physique à l'université d'Illinois dont le campus principal est à Urbana et Champaign. Dans mes travaux de doctorat je me suis intéressé au contact entre des molécules biologique. A travers ces recherches nous sommes demandé comment détecter des molécules uniques, tout sachant que les interactions entre des biomolécules uniques sont très transitoires? La plupart du temps quand on fait de la biochimie ou de la biophysique, on met des milliards de molécules en solution pour en étudier l'effet moyen. Mais aujourd'hui avec des méthodes de microscopie très avancées nous arrivons à étudier le comportement de la molécule unique. Chaque molécule qu'on présume être identique à une autre molécule produit des effets aléatoires qui peuvent avoir des retombées importantes dans le processus biophysique ainsi que dans la cellule. J'ai conduit ces travaux avec mon Directeur de thèse, le Professeur Taekjip Haà, à travers d'abord le développement de ces méthodes de microscopie qui consiste à effectuer des manipulations pour purifier les molécules biologiques tout en observant comment cela marche dans les tubes d'essais.
Après mon doctorat j'ai pensé que probablement si j'apprenais à faire des manipulations directement dans la cellule vivante je pourrais amener nos méthodes de microscopie sur les interactions transitoires en molécules uniques directement dans la cellule vivante.
En 2010, avec une bourse de l'Union EuroEuropéenne pour la biologie moléculaire (EMBO) et une bourse en physique de la Fondation Pierre Gilles de Gennes en France, j'ai continué, pour 3 ans, mes études à l'Ecole Normale Supérieure de Paris. Après il a fallu revenir aux Etats Unis pour des entretiens en vue de l'obtention d'un poste de Professorat. C'est ainsi que j'ai accepté à Boston le poste du Massachussetts Institute of Technologie (MIT) dans le Département de physique. J'ai créé mon propre laboratoire où depuis nous développons ces méthodes microscopiques très poussées pour regarder les comportements biomoléculaires avec des résolutions spectaculaires et directement dans des cellules vivantes.
Nous avons découvert récemment que dans le processus d'information encodée dans l'ADN en double hélices, comment cette information se décline d'ADN en ARN. Nous savions qu'une machine moléculaire appelée l'ARN polymérase entreprend un processus de liaison avec l'ADN et cette polymérase déplace sur l'ADN un peu comme le train va sur les rails, en déroulant la lecture des séries de lettres A,G,T,C (Adénine, Guanine, Thymine, Cytosine) qui sont les constituants des informations de notre patrimoine génétique. Mon laboratoire a découvert que ce processus de transcription de l'ADN à l'ARN, que nous connaissons même à travers des livres spécialisés, avait cependant une phase d'agrégation qui comportait quelques secondes et la durée de cette phase d'agrégation corrèle directement avec le taux ARN qui est un produit/décodé. C'est là-dessus que nous avons focalisés nos recherches ces dernier temps-ci, car savoir comment la cellule contre le taux de production de l'ARN c'est savoir ce qui fait la différence entre une cellule normale et par exemple une cellule cancéreuse; c'est un processus très important dans la génétique cellulaire mais qui n'est pas encore bien compris.
C'est vous qui dirigez en personne ce laboratoire de recherches et vous avez des étudiants de quels niveaux universitaires ?
Nous avons des étudiants qui font leur thèse en physique, ceux qui ont fini leur thèse mais qui sont en post doctorat et même ceux qui ont fini leurs études ailleurs et qui viennent dans le laboratoire pour parfaire leur niveau de recherches. Il m'arrive aussi, comme c'était mon cas, de prendre des jeunes étudiants de niveau Bachelor pour les initier aux travaux de recherches; l'initiation des jeunes aux recherches scientifiques c'est quelque chose auquel je tiens beaucoup !
Vous êtes dans un domaine de recherche très pointu qui touche à la physique et la biologie moléculaire. A quelle application de la vie courante tout cela peut déboucher ?
Nous opérons dans un domaine de recherches fondamentales en apportant du nouveau savoir sur des processus clés dans les régulations cellulaires. Notre motivation première c'est d'abord de comprendre comment fonctionne la nature, de découvrir et d'éclairer des importants mécanismes cachés que jusqu'à présent personne ne comprend pas exactement. Et les applications des résultats de nos recherches peuvent être dans des domaines auxquels nous n'avons jamais pensés.
Nous savons par exemple que les informations génétiques qu'on reçoit d'une manière héréditaire de nos parents sont contenues dans l'ADN et peuvent être transcrites et nous pensons maitriser mieux aujourd'hui ce mécanisme de décodage. Mais cependant il ya des maladies et des affections dites génétiques qu'on ne comprend toujours pas et que des recherches plus approfondies dans ce domaine permettront un jour de mieux comprendre et de guérir ou éviter. Cependant notre objectif à travers nos recherches n'est pas de résoudre des problèmes de santé mais de mieux comprendre ce qui se passe dans la cellule humaine en nous disant que la somme de savoir que nous découvrons dans ce domaine de recherches aura des retombées dans beaucoup de domaines. Il faut tout de même souligner que moi je suis physicien de formation, pas biologiste a la base, et pas chimiste non plus. Mais les découvertes que nous faisons nous permettra de collaborer avec des médecins, et peut être dans un future proche avec des compagnies pharmaceutiques qui développent des médicaments sur les problèmes médicaux liés aux processus cellulaires que nous étudions en détails dans le laboratoire.
Notre pays le Niger et peut être même beaucoup de pays africains ne possèdent pas de structures pointues de recherches dans les branches des sciences fondamentales. Peut il avoir un lien entre ce que vous faites aux Etats Unis et les Universités de votre pays ou de votre continent d'origine l'Afrique. Les résultats de vos recherches sont ils exportables ou avoir des retombées dans nos pays ?
L'élément principal de notre travail c'est la curiosité, la curiosité scientifique. Cette curiosité existe aussi en Amérique que sur tous les continents y compris en Afrique. C'est souvent à tort qu'on complique la question du savoir et de sa recherche. Par exemple notre système éducatif ici au Niger est très adéquat et nos jeunes sont scientifiquement talentueux. Jusqu'au niveau Baccalauréat j'étais le résultat de ce système éducatif. A l'extérieur j'ai découvert un autre monde mais j'ai pu relever le défi dans le domaine de savoir hors du Niger et j'ai tiré mon épingle du jeu. Notre système académique est simplement perfectible surtout au niveau universitaire mais aussi il faut encourager les jeunes à poursuivre vaille que vaille les études et la recherche universitaire ; c'est comme cela que des potentiels et des talents peuvent s'éclore et se développer.
Maintenant, est ce que ce que nous faisons comme recherches aux Etats Unis peuvent bénéficier au Niger ou à l'Afrique. Comme je l'ai expliqué nos recherches sont des recherches de base qui peuvent avoir des implications dans d'autres domaines de la vie et des retombées auxquelles on y a pas pensées et cela dans n'importe quel pays ou sur n'importe quel continent.
Pour ce qui est de l'exploitabilité de ce que nous faisons aux MIT, nous avons une initiative MIT Arica (http://misti.mit.edu/mit-africa-initiative) qui amène nous étudiants faire des projets en Afrique. Pour mon laboratoire, et je dirais au MIT en général, nous avons plus tendance a nous intéresser aux problèmes qui demandent des approches la fois inédites, ou elles n'existent pas exactement de solutions ailleurs, mais aussi dont nos talents spécifiques contribueront a l'innovation que ce soit technologique ou dans les découvertes.
Mais cependant dans n'importe quelle structure de recherche et dans n'importe quel pays y compris ici en Afrique les chercheurs peuvent faire preuve faire de la création, avec la ténacité et aboutir à des choses extraordinaires ; pourvu qu'ils aient les moyens et l'encouragement nécessaires. Ceci dit mon appel à l'endroit des jeunes de mon pays est de les encourager à mettre toute la persévérance à l'acquisition du savoir et des connaissances en sciences c'est la meilleure voie, je pense, pour développer notre pays et notre continent.
Invité Afrique - Hassoumi Massaoudou: au Mali, pour la Cédéao, «les élections sont notre priorité»
« Si les militaires maliens ne rendent pas le pouvoir en février prochain, les sanctions internationales contre Bamako seront sévères », annonce le ministre des Affaires étrangères du Niger, Hassoumi Massaoudou, à l'issue du sommet extraordinaire de la Cédéao qui s'est tenu jeudi 16 septembre à Accra. Le chef de la diplomatie du Niger dénonce aussi avec force tout projet de faire venir des mercenaires russes au Mali. Au micro de Christophe Boisbouvier, le ministre nigérien s'exprime en premier lieu sur la mort du chef du groupe terroriste EIGS, annoncée jeudi par le président français.
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RFI : Comment réagissez-vous à l’annonce de la mort d’Adnan Abou Walid al-Sahraoui?
Hassoumi Massaoudou : Nous sommes bien sûr contents, nous sommes satisfaits de cette annonce, parce que cela va désorganiser l’EIGS, Daesh, dans cette région-là. Cela va l’affaiblir considérablement. C’est une grande victoire, c’est très important, ce qui s’est passé. Et c’est le début de la fin pour l’EIGS. Donc, il y a lieu de saluer les forces armées françaises et de voir les effets importants du sommet de Pau, parce que c’est au sommet de Pau qu’il a été décidé de concentrer les efforts sur cette zone, sur l’EIGS et je crois que les résultats sont plus que satisfaisants. C’est un grand criminel qui est mort et c’est une grande joie pour nous. Et je pense qu’il y a lieu de saluer la coopération entre nos forces et les forces françaises. C’est avec soulagement que nous accueillons sa mort.
Est-ce que le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), le groupe armé de Iyad Ag Ghali pourrait en profiter?
Je pense que, quand l’un est affaibli, ce n’est pas évident que ce soit le renforcement de l’autre. Dans un premier temps, je ne sais pas, mais il se peut que le GSIM puisse considérer qu’un de ses adversaires est mort. Mais de toute façon, il y a un continuum entre les deux : l’affaiblissement de l’un ne renforce pas l’autre. Ce n’est pas des vases communicants.
À l’issue de ce sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), quelles sont les décisions?
Les décisions, c’est la volonté réaffirmée et encore renforcée de la Cédéao de lutter contre ces prises de pouvoir de manière non-constitutionelle, par la force, notamment en Guinée. On demande une transition très courte et la libération immédiate d’Alpha Condé. Donc, on renforce les décisions qui ont été prises. En ce qui concerne le Mali, il y a un renforcement de la volonté de mettre ces militaires-là au ban de la société. Nous considérons que l’évolution actuelle de la situation au Mali ne préjuge rien de bon, parce qu’ils marquent leur volonté, lorsqu’ils disent que les élections ne sont pas leur priorité. Pour la Cédéao, et cela a été réaffirmé : les élections, c’est notre priorité. En février 2022, les élections doivent avoir lieu, sinon nous allons associer l’ensemble de la communauté internationale aux sanctions contre les militaires maliens. Donc, nous exigeons une feuille de route claire pour qu’on aille aux élections. Deuxièmement, nous n’acceptons pas que, dans notre sous-région, des mercenaires viennent s’impliquer, viennent dégrader davantage encore la situation sécuritaire. Donc, par conséquent, la Cédéao condamne cette velléité de vouloir signer un accord avec cette société Wagner de mercenaires russes. Cela est très clair. Donc, là aussi, on tire la sonnette d’alarme. Nous ne pouvons pas accepter que les militaires maliens nous amènent un autre élément hétérogène constitué de mercenaires étrangers dans notre zone. Donc, la Cédéao tient à ce que des mercenaires russes ne soient pas dans notre région pour dégrader davantage la situation sécuritaire.
Est-ce que l’arrivée d’un groupe militaire Wagner au Mali pourrait remettre en cause la Coalition du G5 Sahel?
Mais certainement. Puisque nous n’acceptons pas la présence de ces gens-là. Et les militaires maliens doivent renoncer sans délai, si cela s’avère, à ce type d’accord, parce que nous n’accepterons pas que des irréguliers étrangers, des mercenaires viennent dans notre sous-région pour davantage dégrader la situation sécuritaire qui est déjà assez grave.
Les autorités de la transition malienne affirment qu’il faut organiser des assises nationales avant d’aller aux élections ?
Non, non… Justement, nous n’acceptons pas. La Cédéao refuse tout autre agenda qui ne soit pas l’organisation des élections pour la fin février 2022. Donc, c’est très clair, tout autre agenda de diversion, parce qu’il s’agit pour nous d’une diversion, et en cela, nous pensons la même chose que la plupart des forces politiques du Mali, nous n’acceptons pas de diversion pour détourner les objectifs qui sont bien assignés à cette transition : la fin des élections à fin février. C’est très clair. Cette diversion ne sera pas acceptée.
Et sur la Guinée. Toujours pas de sanctions économiques. Vous restez sur une position a minimum, juste la suspension…
Elle n’est pas seulement a minimum, elle est juste une transition très courte de six mois. Sinon, nous allons associer, aussi bien pour la Guinée que pour le Mali, toute la communauté internationale et les bailleurs de fonds multilatéraux, les organisations de l’Union européenne, la Banque mondiale, le FMI [Fonds monétaire international], nous allons associer toute la communauté internationale pour qu’elle s’associe à des sanctions sévères contre les contrevenants, contre la volonté de se maintenir au pouvoir, qu’il s’agisse de la Guinée ou qu’il s’agisse du Mali. Donc, cette fois-ci, c’est cela le message, il est beaucoup plus fort. Ensuite, il y a une troisième décision importante, c’est que ce sommet de la Cédéao a décidé de revisiter l’acte additionnel sur la bonne gouvernance de la Cédéao pour prendre en compte toutes ces autres formes de prise de pouvoir, de maintien au pouvoir de manière anticonstitutionnelle.
Et si Alpha Condé est libéré. Dans quel pays d’accueil pourrait-il se retrouver?
Je n‘en sais rien. Il y a plein de pays qui sont prêts à l’accueillir. Il y a déjà beaucoup de pays qui ont déjà annoncé qu’ils sont prêts à l’accueillir. La question n’est pas celle-là. La question, c’est qu’il soit immédiatement libéré et je pense qu’il n’y aura pas de problème pour l’accueillir. Tous les pays sont prêts pour l’accueillir a priori.
RFI: Est-ce que vous êtes d’accord avec ceux qui disent que le franc CFA empêche le développement et l’industrialisation des pays africains qui utilisent cette monnaie?
Hassoumi Massoudou: Ma réponse est simple. Il suffit de comparer deux pays, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui sont des pays comparables géographiquement, comparables en termes de population, comparables en termes de ressources naturelles. Je ne pense pas que l’on puisse dire que la Côte d’Ivoire est moins industrialisée que le Ghana. Voilà la réponse. Je ne pense pas qu’il y ait cette relation automatique entre le franc CFA et la désindustrialisation. La Côte d’Ivoire est tout aussi industrialisée, au moins tout autant que le Ghana.
Est-ce que le franc CFA, accroché à l’euro, n’est pas une monnaie surévaluée, qui handicape les exportations et qui avantage les importations?
Le franc CFA a une qualité essentielle liée surtout à la gestion par la Banque centrale [BCEAO - Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest] c’est la stabilité, c’est la protection du pouvoir d’achat des populations. En ce qui concerne le lien avec l’euro, je voudrais juste rappeler que ce n’est pas un cas particulier. Il y a plus de trente pays africains qui ont des arrangements monétaires du type du franc CFA, donc ce n’est pas quelque chose d’exceptionnel. L’essentiel, c’est la politique monétaire mise en œuvre. Et nous avons une politique monétaire qui a l’avantage de protéger le pouvoir d’achat de nos populations et qui ne va pas contre la croissance, qui attire les investisseurs et qui permet d’avoir des politiques budgétaires, qui permettent de créer les conditions de l’industrialisation et du développement. Dans le temps long, je ne pense pas que les pays de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine], par exemple, soient plus en retard que les pays hors CFA. Donc ce type de comparaison n’a de pertinence que du point de vue émotif. Sincèrement, ce rappel du lien colonial, je ne pense pas que le franc CFA d’aujourd’hui soit comparable à un franc colonial. C’est un choix tout à fait souverain, qui peut changer, d’ailleurs, qui peut évoluer et qui continuera à évoluer.
Au Niger, l'opposition se prépare à la présidentielle de 2021. Le député Soumana Sanda explique ce que fera le Moden Lumana si son leader, Hama Amadou, est empêché d'être candidat.
RFI: Le week-end dernier, votre congrès a désigné Hama Amadou candidat de votre parti en 2021. Mais depuis sa condamnation à un an de prison pour « bébés importés », Hama Amadou n’est-il pas inéligible ?
Soumana Sanda: Je pense que le fondement de cette sordide affaire étant politique, son traitement également le sera. Je pense aussi que notre chère Nation a d’autres chats à fouetter. Elle a d’énormes défis à relever, notamment sur le plan sécuritaire, pour s’offrir le luxe d’une crise sur le plan électoral. Oui, je pense que Hama Amadou sera au rendez-vous de 2021.
Dans une interview à Rfi et France 24, il y a un mois, le président Issoufou affirme que les règles d’inéligibilité sont fixées par le code électoral et que la règle qui empêche Hama Amadou d’être candidat a été adoptée par Hama Amadou lui-même quand il était Premier ministre...
Voyez-vous, nous avons cessé - au niveau du Moden Fa Lumana Africa - de faire de la polémique autour de cette question. Dès le départ, nous avons dit à qui voulait nous entendre que cette question n’était pas judiciaire ou juridique ; elle était politique. Il s’agit donc d’une action politique qui amènera Hama Amadou à être candidat aux élections de 2021.
Malgré le code électoral qui l’en empêche actuellement ?
Le code électoral ne l’empêche pas formellement. Je rappelle que le code électoral, sciemment révisé pour tenir compte de la condamnation de Hama Amadou, n’est pas le seul moyen pour permettre l’éligibilité d’un candidat mais tout un ensemble d’actions et également une procédure qui, aujourd’hui, je le rappelle, est encore pendante devant les juridictions, au-delà du Niger. Donc, c’est un feuilleton qui n’est pas terminé en ce sens que nous ne pouvons pas, aujourd’hui, dire qu’au Niger, du fait du code électoral actuel, Hama Amadou ne peut pas être candidat.
Je rappelle aussi que le code électoral a toujours été le fruit d’un consensus intégral dans notre pays. Il a déjà été révisé à deux reprises. Je ne désespère pas qu’une troisième révision vienne à être opérée, si jamais toute la classe politique était d’accord pour aller vers un consensus.
Vous refusez de siéger à la Commission électorale et vous contestez le code électoral adopté il y a deux mois par le Parlement. Si ce code n’est pas modifié, est-ce que vous irez quand même à la présidentielle de 2021 ?
Nous avons bon espoir que ce code sera modifié car c’est un processus qui a toujours prévalu dans le cadre de l’organisation des élections au Niger, à savoir le consensus. Aujourd’hui, notre pays, avec tout ce que nous connaissons comme difficultés sur le plan sécuritaire et comme difficultés tout court, ne peut pas s’offrir le luxe de créer d’autres situations qui pourraient nous amener dans le précipice. Donc, vraiment, j’ai bon espoir que le code électoral sera révisé, que tout le monde mettra balle à terre et que nous puissions aller vers des élections inclusives, transparentes et régulières.
Imaginons alors que vous ne boycottez pas le scrutin mais la candidature de Hama Amadou est quand même invalidée. Qu’est-ce que vous faites, à ce moment-là ?
Nous aviserons le moment venu mais pour l’heure, je vous dis que la question étant politique, nous allons mener toutes les actions politiques nécessaires, dans la légalité, afin qu’Hama Amadou puisse être candidat. Vous savez, Hama Amadou jouit incontestablement d’un fort soutien de la population nigérienne à travers notre vaste pays. Il n’y a aucune raison qu’il soit absent en 2021.
Mais faut-il envisager un candidat de remplacement, au cas où ?
Nous avons un seul plan, le plan A, avec Hama Amadou et c’est pour cela que nous allons continuer à nous battre.
Et si par nécessité il faut envisager un plan B ?
Le seul plan auquel nous pensons, que nous avons conçu, c’est le plan A avec Hama Amadou.
Pas de plan B ?
Il n’y a pas de plan B. Le seul plan est A et c’est avec Hama Amadou.
Mahamadou Issoufou affirme qu’avec la prochaine présidentielle aura lieu la première transition pacifique au Niger, depuis 1960. Est-ce que ce n’est pas un fait dont vous prenez acte, vous aussi ?
Mais nous attendons de voir. Il reste encore dix-sept mois. C’est au bout de ces dix-sept mois, une fois que le processus électoral est engagé où toutes les bonnes pratiques sont mises en place et respectées, que nous, les Nigériens, allons effectivement nous dire « enfin, il y a eu une transition démocratique pacifique » mais en attendant, nous veillons au grain. Nous allons observer la situation pour que toutes les bonnes options soient sur la table. Je pense que nous pouvons effectivement nous acheminer vers cet état de fait.
Vous acheminer vers des batailles, à la loyale, face au candidat du PNDS, Mohamed Bazoum ?
Absolument. Je pense qu’aujourd’hui les Nigériens ont soif d’élections loyales, d’élections libres, d’élections inclusives. Si toutes ces conditions sont réunies, c’est ensemble que nous irons à ces élections et le meilleur gagnera qui, je l’espère, sera de notre camp.
Et qui sera, vous l’espérez, Hama Amadou ?
Bien sûr… qui sera Hama Amadou.
Ou un autre candidat éventuel de votre parti Modem FA Lumana ?
Pour cela, je vous ai dit qu’il n’y a pas de plan B. Le candidat, ce sera donc Hama Amadou et c’est lui que nous espérons voir à la tête du pays, au lendemain des élections de 2021.
Le général Abdallah Wafy est le représentant du Niger auprès des Nations unies. MONUSCOAlors que les chefs d'Etat continuent de défiler à la tribune des Nations unies, la question du terrorisme dans le Sahel et de la situation au Mali va faire l'objet d'une réunion ad hoc ce mercredi 26 septembre à New York. Il y a sept mois, une conférence des donateurs de Bruxelles promettait 414 millions d'euros pour financer une force anti-terroriste formée par le Mali, le Niger, le Tchad, la Mauritanie et le Burkina Faso. Depuis, non seulement l'argent arrive au compte-goutte, les opérations tardent à commencer mais le quartier général de cette force a même été attaqué en juin. Pour en parler, Sonia Rolley reçoit le général Abdallah Wafy, le représentant du Niger, pays qui préside le G5 Sahel cette année, auprès des Nations unies.
RFI : Quelles sont les difficultés pour mettre en place cette force du G5 Sahel?
Abdallah Wafy : La principale difficulté est d’ordre financier. Parce que nous avons déjà mobilisé des hommes et les états-majors, général et opérationnel, sont déjà en place, mais du point de vue logistique et financier nous avons de grosses difficultés. Nous avons bouclé le financement lors de la conférence de Bruxelles, mais les fonds tardent à être décaissés.
Si les fonds n’arrivent pas, qu’est-ce qui peut se passer?
Pour nous, ce n’est pas une option. Nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à déployer nos forces. Parce qu’il s’agit quand même de la question de la protection de nos populations, de l’intégrité de nos frontières, et donc pour nous, c’est une question cruciale fondamentale.
M. Mohamed Saidil Moctar, Ministre Conseiller Spécial du Président de la République et Directeur Général de l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019Monsieur le Directeur Général, en créant l’Agence que vous dirigez, quelles sont les missions que le gouvernement du Niger lui a assignées? Il faut tout d’abord rappeller que les Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine ont choisi le Niger pour abriter en 2019, la 33eSession de la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine à Niamey. C’est non seulement un signe fort de la vitalité de notre diplomatie mais aussi et surtout une grande opportunité pour notre pays de se hisser au rang des pays en mesure d’organiser de grands évènements.
Donc, pour une meilleure préparation et organisation de cette conférence, il a été jugé opportun, par les plus hautes autorités du pays, de créer une structure dédiée exclusivement à la préparation et à l’organisation de l’événement, avec une autonomie administrative et financière, rattachée à la Présidence de la République. C’est ainsi qu’a vu le jour, par décret présidentiel, le 26 janvier 2016, l’Agence Nationale pour l’Organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019, en abrégé « Agence UA Niger 2019 » dont la mission est d’assurer la préparation, l’organisation et la coordination des activités liées à la tenue de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019. Plus spécifiquement, il s’agit pour nous d’assurer, pour le compte de l’Etat, les fonctions de maître d’ouvrage délégué et d’agence d’exécution pour toutes les infrastructures entrant dans le cadre de l’organisation de la Conférence de l’Union Africaine, Niger 2019. Nous avons aussi pour mission de suivre la réalisation et la mise à niveau des infrastructures nécessaires à la tenue de la Conférence dans les délais requis.
L’Agence a également comme mission de susciter, encourager et soutenir les initiatives privées pouvant contribuer à la réussite de la tenue de la Conférence.
M. Habou Boukari, Directeur National des Archives Monsieur le Directeur national, le Niger dispose depuis des décennies d’un service dénommé Archives Nationales, quelles sont concrètement les missions et attributions de cette structure qui constitue quand même la mémoire de notre pays ? Aux termes de l’article 10 de l’arrêté n° 260/PM/SGG du 17 Octobre 2011, la Direction des Archives Nationales est chargée de l’identification, de la collecte, du classement et de la conservation des documents de toute nature des différentes Administrations de l’Etat ainsi que ceux de tous les Etablissements Publics de l’Etat ; la communication des documents conformément à la législation archivistique en vigueur ; la gestion d’un centre de documentation ouvert au public ; la gestion de la régie du dépôt légal ; la réception sous forme de dons ou de dépôts des archives des institutions ou personnes privées ; l’application des règles de gestion et de conservation des archives des services publics sur l’ensemble du territoire national ; la valorisation des fonds d’archives conservés dans les dépôts publics.
L’histoire des archives au Niger a connu une évolution au fil des années : pouvez-vous nous retracer le processus de son ancrage dans l’administration nigérienne ? Avant d’aborder la question de l’évolution ou de l’ancrage de la fonction « archives » dans l’administration nigérienne, il est nécessaire de rappeler la raison du prestige des archives. En effet, la gestion des archives a été prise en compte suite aux assises de l’Assemblée Nationale Française du 19 Novembre 1907 au cours desquelles Monsieur Louis PUECH dénonçait la situation en ces termes : « … il ne me semble pas qu’il y ait beaucoup d’originaux dans les dossiers des colonies. Les originaux sont pris d’une sorte de danse de Saint-Guy ; ils traversent l’océan avec une inexplicable facilité et circulent partout ailleurs que dans les endroits où on devrait les tenir… ». Pour donner suite à cette interpellation, le ministre des Colonies de l’AOF a instruit, par circulaire du 21 Décembre 1907, les Gouverneurs de ces colonies au sujet de la surveillance à exercer sur les archives des différents services afin de remédier une situation aussi préjudiciable aux intérêts administratifs qu’à la bonne marche des services publics.
Ainsi, le 13 Janvier 1908, une circulaire du Gouverneur Général de l’AOF par intérim a été adressée aux Gouverneurs des Colonies avec l’annotation : « … à transmettre aux colonies par lettre les invitant à organiser la conservation des archives, et à leurs gouvernements, et dans les services, et plus particulièrement encore dans les cercles… ». A partir de ces instructions, l’administration coloniale a lancé la création des Services d’Archives dans toutes les colonies. Le repère chronologique ci-après retrace les grandes dates de la vie des archives : Arrêté n° 960 du 1er Juillet 1913, portant création d’un dépôt d’Archives au chef-lieu de chacune des colonies de l’Afrique Occidentale Française (AOF). Le volet « archives » est rattaché au Cabinet du Lieutenant Gouverneur. La Circulaire du Gouvernement Général de l’AOF en date du 4 Juillet 1913, en s’adressant au Gouverneur du Territoire Militaire du Niger, disait ceci : « … je ne puis songer à créer, au chef-lieu de votre commandement, un bureau d’Archives autonome comme dans les autres colonies, mais je désire que vous vous inspiriez, dans la mesure du possible, de la nouvelle réglementation pour la constitution de vos Archives… ». L’Arrêté n° 22 du 10 Février 1924, constituant les services de la colonie du Niger : pour la première fois, les Archives sont apparues dans l’organigramme des services du Cabinet du Lieutenant Gouverneur du Niger sous la dénomination «… Archives, Classement des archives et publications officielles… ». Le Service des Archives est donc rattaché à la deuxième section du Cabinet du Lieutenant Gouverneur. Par ailleurs, la décision n° 129 du 14 Mars 1928, portant nomination de Monsieur TOBY, administrateur adjoint de 1ère classe des colonies, en qualité de Chef de Cabinet du Lieutenant Gouverneur du Niger. En outre, il est chargé des fonctions de Secrétaire-archiviste du Conseil de Contentieux et du Conseil d’Administration ; classement des archives et publications officielles, du répertoire des textes officiels, de la bibliothèque administrative, de la centralisation et du classement des publications de toute nature, des recherches bibliographiques et de la garde du timbre. Arrêté du 20 Juin 1930 rattachant à l’Inspection Générale de l’Enseignement le volet « archives historiques » résultant de la collecte des documents d’intérêt administratif et historique. Il y a aussi la circulaire n° 150/AI du Gouverneur par intérim du Niger en date du 27 Juillet 1938 ; l’extrait ci-après de cette circulaire illustre parfaitement l’intérêt et l’ancrage de la fonction « archives » dans l’administration nigérienne : « il n’échappera à personne que la période de la conquête et de la grande guerre est, pour l’histoire du Niger français, d’une importance capitale. Dans chaque Poste ou ancien Poste de brousse, dans chaque Service militaire, administratif, judiciaire ou technique se trouvent des documents illustrant l’histoire de ces 20 années de gloire et d’efforts français. Ces témoignages sans utilisation immédiate dorment relégués, faute de place, dans le fond de vieilles armoires où le temps et les termites se conjuguent pour les faire disparaître. Il a donc été établi à Niamey un Dépôt et un Service d’Archives qui centralisera, classera et conservera tous les documents versés par les Cercles conformément aux prescriptions de la circulaire générale du 2 Juillet 1913 toujours en vigueur. »
A tous ceux que nous venons de citer viennent s’ajouter d’autres arrêtés : il s’agit de l’Arrêté Général n° 2781/IFAN du 3 Août 1943 rattachant les Archives et Bibliothèques aux centres locaux de l’IFAN ; arrêté local n° 122/APA du 21 Octobre 1943 rattachant les Archives du Niger à l’IFAN de Niamey ; arrêté n° 0722/APA du 21 octobre 1944 rattachant les Archives et Bibliothèques au Centre Local de l’IFAN ; arrêté général n° 5065/IFAN du 9 Juillet 1953, portant règlement général des archives de l’AOF. Il stipule à son article 1er : « … un dépôt d’Archives est établi au Gouvernement Général à Dakar et au chef-lieu de chacun des territoires de l’AOF… ». Le décret n° 60-105/PCM du 31 mai 1960, portant organisation du Secrétariat Général du Gouvernement. Il faut noter que ce texte ne mentionne nulle part le Service des Archives. Décret n° 74-248/PCMS/SGG du 17 septembre 1974, portant organisation du Secrétariat Général du Gouvernement dont relève le Service des Archives Nationales, décret n° 88-190/PCMS/SGG du 11 mai 1988, portant réorganisation du Secrétariat Général du Gouvernement et érigeant le Service des Archives en Direction des Archives Nationales.
De 1913 à nos jours, la tutelle administrative des Archives a été successivement exercée par le Cabinet du Lieutenant gouverneur, l’Inspection Générale de l’Enseignement, l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN), la Présidence de la République et le Cabinet du Premier Ministre.
Il se pose aujourd’hui dans plusieurs services de l’administration nigérienne un réel problème d’entretien des archives : selon vous, qu’est-ce qui explique cette mauvaise gestion de notre histoire ? La mauvaise gestion des archives dans l’administration publique nigérienne se situe à plusieurs niveaux. Au niveau architectural, la plupart des Services d’Archives ne disposent pas d’un local approprié pour les Archives. Au niveau des ressources humaines, près de 80 % des Services d’Archives sont dirigés par des responsables non professionnels du domaine des Sciences de l’Information Documentaire (Archivistes, Bibliothécaires et Documentalistes). Il faut aussi souligner l’attentisme, l’inactivisme et le manque d’offensive de certains professionnels des archives. Au niveau des ressources financières, les Services des Archives sont les parents pauvres de l’administration (budget très insignifiant voire inexistant pour d’autres unités documentaires). Au niveau du matériel et équipement technique, rares sont les Services d’Archives publiques dotés de matériel et équipement technique propres au domaine des archives. Au niveau de la corporation, je veux parler de l’Association Nigérienne des Spécialistes de l’Information Documentaire (ASNID), elle brille par son inactivisme et un silence coupable vis-à-vis de ses membres. Pourtant, cette association a le devoir d’assurer la promotion et la valorisation de la profession.
Dans un monde où les pays sont en compétition, la connaissance et la maîtrise du passé d’un pays sont capitales : est-ce qu’il existe au Niger une politique nationale en matière d’archives ? Si oui, pouvez-vous nous l’expliquez ? En tant que telle, la politique nationale en matière d’archives n’existe pas. Néanmoins, la question des archives est toujours prise en compte dans les actions du Gouvernement de la République du Niger. Pour preuve, tous les départements ministériels ont été dotés des Services d’Archives et de Documentation. A cela s’ajoutent les Services d’Archives Régionales et Départementales. Entre autres efforts, sur le plan national, des études ont été menées afin de dégager une politique nationale en matière de la documentation administrative. A titre d’exemple, nous pouvons citer : ARES, Florance - Développement des archives nigériennes. - Niamey : PNUD, 1991. – 39 P. GUERTIN, Hélène. - Les archives publiques courantes en Afrique Occidentale Française (AOF) : cas du Niger. – Québec : Université de Montréal, 1994. – 11 P. LEGER, Denis, GARBA, Issaka. - La situation de la documentation administrative : Etude diagnostique dans l’administration centrale. Niamey : BOM, 199O. – 61 P. NIGER. Cabinet du Premier Ministre. Etude préparatoire à l’élaboration d’une politique nationale de développement des Archives, Bibliothèques et des Centres de Documentation. – Niamey : BOM, 1990. 25 P NIGER. Cabinet du Premier Ministre. – Les résultats des travaux du séminaire sur la formation d’une politique nationale d’information documentaire au Niger.
Niamey : BOM, 1992. – 115 P.
Aussi, le Niger dispose d’un arsenal de textes législatifs et réglementaires en matière de documentation, notamment : Loi n°97-021 du 30 juin 1997 sur les archives ; loi n°97-022 du 30 juin 1997 relative à la protection, la conservation et la mise en valeur du patrimoine culturel national ; décret n° 98-91/PRN/SGG du 6 avril 1998, portant modalités d’application de la loi n° 97-021 du 30 juin 197 sur les archives ; ordonnance n° 2010-35 du 4 juin 2010, portant régime de la liberté de presse (art. 9 relatif au dépôt légal des publications périodiques) ; ordonnance n° 2011-22 du 23 février 2011, portant Charte d’Accès à l’Information Publique et aux Documents Administratifs ; loi n°2017-28 du 3 mai 2017 relative à la protection des données à caractère personnel, etc.
Récemment, le ministère des Finances a organisé un atelier de validation de sa politique d’archivage qui s’inscrit dans une stratégie globale de communication. Quelle est la pertinence d’un tel document ? Le document en question est une feuille de route sectorielle en matière de la gestion des archives. Il détermine de manière claire la procédure à suivre par les services producteurs des documents et les archivistes en matière de la gestion des documents (collecte, traitement, conservation, communication et la valorisation des archives). C’est une initiative louable dont les autres ministères doivent s’inspirer. Ce qui permettra à la fin d’élaborer une politique nationale d’archives digne de ce nom.
Quelles sont les perspectives en matière d’archives pour un pays comme le nôtre qui est en train de tracer sa trajectoire de développement économique, culturel et social ? Les perspectives sont prometteuses vu l’engagement de l’Etat dans sa politique de dotation du pays en infrastructures d’archives. En plus des directions régionales, toutes opérationnelles, des services départementaux sont aussi créés et attendent actuellement d’être installés. Ils sont créés à partir des anciens arrondissements et postes administratifs érigés en départements qui sont aujourd’hui au nombre de 63. Ces anciens arrondissements et postes administratifs érigés en départements se trouvent dans les régions d’Agadez, Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Il faut compter également avec la détermination des responsables des Archives Régionales qui mettent des bouchées doubles pour sauver le maximum possible d’archives historiques. Cependant, il reste beaucoup à faire, car seules trois directions sur les huit disposent de leurs propres bâtiments. A cela s’ajoute le cas des Service d’Archives Départementales.
M. Amadou Harouna, Directeur général de l’Agence du Barrage KandadjiMonsieur le Directeur Général, le programme Kandadji semble enfin avoir trouvé le partenaire idéal avec la présélection d’une société de droit chinois pour la construction du barrage hydro électrique de Kandadji, un ouvrage tant attendu par les Nigériens depuis des décennies. Quelle est l’entreprise ? Et pouvez-vous bien nous faire la genèse du processus ?
Merci de l’opportunité que vous m’offrez pour parler du Programme Kandadji dans les colonnes du journal Sahel Dimanche. Concernant le processus d’acquisition pour la construction du barrage, je dois souligner qu’il s’agit d’une procédure classique. En effet, suite à une revue de l’Avant-Projet Détaillé (APD) initial du barrage, un nouveau dossier de pré-qualification a été lancé et cela a permis de retenir une liste de sept (7) entreprises sur les dix-huit candidats à la pré-qualification. A la date limite de remise des offres, la Commission Ad ‘hoc d’adjudication a réceptionné et ouvert quatre (4)offres.
A l’issue de l’évaluation des offres, l’Entreprise China Gezhouba Group Company Ltd (CGGC) a été retenue comme adjudicataire provisoire avec un montant de cent cinquante milliards huit cent quatre-vingt-dix-sept millions deux cent vingt mille cent soixante-onze virgule soixante-cinq (150 897 220 171, 65) F CFA HT.
Les Partenaires Techniques et Financiers ont donné leurs avis de non objection sur l’adjudication proposée et le Contrôleur des marchés publics et des engagements financiers a donné pour sa part son avis de conformité. Les résultats de l’évaluation des offres ont été publiés dans le Sahel-Dimanche du 25/05/2018. Une communication y relative a été faite au Conseil des Ministres du 06/07/2018.
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«Les travaux démarreront effectivement au plus tard en novembre 2018»
M. Wargo Boubacar, Secrétaire Permanent du Haut conseil pour l’investissement au Niger : “Le Niger est une terre d’opportunités et une destination privillégiée pour les investisseurs”Monsieur le secrétaire permanent, pouvez-vous nous présenter cette structure dont vous avez la charge ?
Le Haut Conseil pour l’Investissement au Niger (HCIN) est une structure créée et placée sous l’autorité directe du Président de la République et a pour rôle d’être la plateforme de dialogue public-privé en vue d’impulser les actions ayant pour finalité de promouvoir et d’assainir l’environnement des affaires et de définir les priorités du secteur privé. A ce titre, il est chargé de : fixer les orientations liées à la mise en oeuvre de la politique d’investissement privé ; suivre l’exécution de la stratégie nationale de la promotion des investissements privés ; prescrire toutes mesures nécessaires aux évolutions constatées en matière d’investissement privé et susciter les mesures incitatives cohérentes pour les investissements privés et s’assurer de leur exécution.
Quel est concrètement le travail du secrétariat permanent du Haut Conseil pour l’Investissement au Niger?
Le Secrétariat Permanent est le bras technique et administratif du Haut Conseil pour l’Investissement au Niger. Il a pour mission de : préparer les réunions, assister les départements du HCIN et assurer l’interface avec les partenaires publics et privés dans la mise en œuvre des recommandations ; dresser régulièrement un diagnostic approfondi de l’environnement des affaires dans tous ses aspects et formuler des propositions opérationnelles ; accompagner, au plan technique et financier, les administrations concernées par les réformes ; accompagner, au plan politique et administratif la réalisation des investissements, notamment ceux qui ont de volume important en termes de caractère stratégique ; faire le suivi personnalisé de l’évolution des idées et projets d’investissements ainsi que des investissements en cours ou réalisés ; suivre les engagements pris par les partenaires et les investisseurs étrangers lors des grandes rencontres internationales ; suivre tous les rapports, indices et plan d’actions visant l’amélioration du climat des affaires ; élaborer et mettre en œuvre un plan de communication efficace qui contribue à une large diffusion des acquis du Niger en matière d’amélioration du climat des affaires et qui fait la promotion de l’image de marque du Niger auprès des investisseurs ; appuyer les administrations publiques et les investisseurs privés dans les différentes étapes de préparation, d’évaluation technique et financière, d’approbation, d’attribution et de négociation des contrats de partenariat public privé ; assurer le suivi opérationnel des investissements privés au Niger ; préparer un rapport semestriel à présenter lors des sessions du Conseil et préparer un rapport mensuel à adresser au Président du Comité Interministériel.
Monsieur le Directeur Général, cette année, la campagne agricole a débuté précocement dans plusieurs localités de notre pays. De façon globale, comment se présente la situation de cette campagne ?
Les premières pluies utiles ont été enregistrées au cours de la deuxième décade de mai dans plusieurs localités du pays; ces précipitations ont permis le démarrage des semis partiels de mil dans les régions de Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder. Au 10 juin 2018, 5.725 villages agricoles ont effectué des semis effectifs de mil et de sorgho soit 46 % des 12.464 villages agricoles. Ce taux est équivalent à celui de l'année passée à la même période. Le stade de développement du mil et du sorgho reste largement dominé par la levée, néanmoins le stade de levée avancée est observé pour le mil au niveau de certaines localités des régions de Dosso, Maradi, Tahoua, Tillabéry et Zinder.
Par rapport à la situation phytosanitaire aucune menace majeure n'a été signalée sur les cultures. Cependant, des attaques de rongeurs de faible ampleur ont été signalées sur le niébé à la levée à Golom et Hardo Salé dans le département de Gazaoua. Les mesures de contrôle sont d'ores et déjà prises. Des poches de sécheresse observées ont entrainé des pertes de semis au niveau de 15 villages de Maradi, 22 villages de la commune de Kalfou (région de Tahoua) et 18 villages du département de Doungass (région de Zinder). Ailleurs, ce sont les vents chauds qui ralentissent la croissance des jeunes plants.
De façon globale, la campagne se déroule normalement sur toute la zone agricole du Niger. Sur la base des prévisions saisonnières des services spécialisés en la matière, la campagne d'hivernage 2018-2019 s'annonce sous des bons auspices car les cumuls pluviométriques seront excédentaires à normaux sur les régions de Tillabéry, Niamey, Dosso, Tahoua et Maradi et normaux a excédentaires sur les régions de Zinder et Diffa. Tout laisse aussi à croire que la saison va débuter normalement dans la zone agricole.
Les péripéties de début de campagne avec des poches de sécheresse pourraient être enregistrées à une échelle peu importante. La fin de la saison sera tardive dans toute la bande agricole et des dates de début de saison en majorité équivalentes à la normale sont prévues dans la zone agricole. Des séquences sèches de durées longues à normales pourraient être observées en début de saison.
Depuis sa création, le CNESS est très actif sur la scène nationale et internationale, au regard des défis et enjeux sécuritaires auxquels il fait face. Après l’organisation d’un récent colloque sur la cybersécurité, vous comptez organiser du 6 au 8 décembre un forum national sur la sécurité et la défense. Pourquoi ce forum, quelle est sa pertinence ?
Je vous remercie de m’avoir donné l’occasion de m’exprimer sur le CNESS et les activités qu’il réalise depuis sa création. En effet, le Centre National d’Études Stratégiques et de Sécurité (CNESS) se veut un cadre permanent de réflexion, d’analyse et de production autonome de connaissances sur les enjeux sécuritaires et stratégiques au plan national et international. Cela dit, le forum national se tient en prélude à l’élaboration de la politique nationale de sécurité et de défense (PNSD). Cette importante rencontre se veut un cadre d’échanges d’informations et d’expériences sur les questions sécuritaires au Niger. C’est aussi une opportunité pour le CNESS de recueillir les perceptions et les attentes des populations en matière de sécurité.
Par ailleurs, créer un cadre de dialogue national inclusif sur la sécurité et la défense regroupant les Officiers supérieurs des FDS, les hauts fonctionnaires de l’administration publique, les universitaires, les acteurs de la société civile, justifie à mon avis la pertinence de ce forum. Également, une telle initiative aura le mérite de contribuer à l’amélioration des relations entre la Nation et ses Forces de Défense et de Sécurité.
Pour finir de répondre à votre question, je dirais que les échanges entre populations et experts de la sécurité permettront sans nul doute d’aboutir à des conclusions consensuelles sur les valeurs fondamentales de la délivrance et du contrôle de la sécurité par l’État.
C’est au CNESS qu’il revient d’élaborer cette politique ?
Je rappelle que le Centre National d’Études Stratégiques et de Sécurité (CNESS) est un organe d’anticipation et de veille stratégique qui rassemble au moins trois types d’expériences : l’Administration, l’Armée et l’Université. Il a pour mission de mener, en relation avec les services et institutions concernés, des analyses et des études prospectives permanentes sur des enjeux stratégiques et sécuritaires de la vie nationale et internationale. Les activités du CNESS sont guidées par un plan d’orientation stratégique (2017-2019) qui s’articule autour de trois axes stratégiques : le développement institutionnel et la mobilisation des ressources (1), le développement des Études et de la Recherche (2), le développement de la Formation (3).
Aussi, les nouvelles formes de conflictualité et l’hybridité des menaces sécuritaires nous imposent des réponses plus efficaces et adaptées au contexte géopolitique régional et international, et qui tiennent compte des dimensions politiques, économiques et socioculturelles de notre pays. C’est ce qui justifie la décision des plus hautes autorités politiques de doter le Niger d’une Politique Nationale de Sécurité et de Défense (PNSD). Cette tâche a été confiée au CNESS qui a mis en œuvre un programme conformément aux dispositions de l’axe stratégique N° 2. L’exécution de cette tâche se fera en partenariat avec les institutions et structures de l’État dédiées à cette mission.
Cette Politique Nationale de Sécurité et de Défense cherchera donc à définir le cadre politico-militaire dans lequel les acteurs de la défense et de la sécurité́ puiseront les instruments de parade aux risques et menaces jugés attentatoires à la sécurité́ des personnes et de leurs biens, sur l’ensemble du territoire national. Elle fixera également des priorités et des objectifs aux stratégies nationales sectorielles concourant à la sécurisation de la Nation.
Quel autre rôle le CNESS compte-t-il jouer dans le cadre de la promotion de la paix et la sécurité ?
Le CNESS contribue à la promotion de la paix et de la sécurité à travers des programmes et des actions soutenus par le plan d’orientation stratégique. Ainsi, nous distinguons trois types d’activités que le CNESS est en mesure de mener seul ou en partenariat avec d’autres institutions de l’État ou des partenaires extérieurs.
Primo, le CNESS a initié des programmes d’études et de recherches dans le domaine sécuritaire ; ces programmes ont pour finalité de proposer des documents de politique publique en la matière. Je peux citer le Programme politique nationale de sécurité et de défense, le Programme de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent ainsi que la mise en place d’un observatoire national des risques sécuritaires.
Secundo, dans le cadre du programme développement de la formation, le CNESS a organisé plusieurs séminaires et colloques, qui visent à renforcer les capacités des hauts fonctionnaires de l’État (civils et militaires) et des acteurs de la société civile intéressés par les questions de sécurité. Les thèmes de ces conférences portent sur les clefs de compréhension des enjeux sécuritaires du Niger, sur les questions sécuritaires et géopolitiques régionales et internationales, et sur la culture de l’esprit de défense. Ces activités vont se poursuivre et s’intensifier.
Tertio, au regard de sa vocation de centre de recherche et d’outil d’aide à la décision, le CNESS inscrit ses activités dans la rédaction de notes d’analyse et de résultats de sondage, la publication d’œuvres scientifiques (bulletins, revues), l’exécution de toute tâche à lui confiée par le gouvernement ou par toute autre structure dans le cadre d’un accord de partenariat.
Avez-vous les ressources nécessaires pour la réalisation de ces programmes ?
Au plan financier, les ressources du CNESS sont constituées de crédits alloués par l’État, de produits de prestations diverses (contrat, vente de publications), d’appuis des partenaires techniques et financiers, et de dons et legs légalement autorisés. Les crédits alloués par l’État sont inscrits chaque année dans la loi de finances au titre de la Présidence de la République.
S’agissant des ressources humaines, outre les membres du Conseil d’orientation et du Conseil scientifique, le fonctionnement du CNESS est assuré par le directeur, le directeur adjoint, les chefs de programme et le personnel d’appui technique et administratif. Ce personnel est le fruit d’un redéploiement de cadres de l’administration publique. Les recrutements externes ne seront possibles qu’à partir de l’année fiscale 2018.
Aujourd’hui, le CNESS est en phase de montée en puissance en ce qui concerne le personnel, les moyens matériels et les activités. À défaut de financement conséquent, le Centre ne pouvait s’appuyer que sur les ressources humaines de l’administration publique, ainsi que sur les ressources allouées par les partenaires techniques et financiers, dans le cadre de l’organisation d’une activité (forum, colloque).
En dépit de ces insuffisances, le CNESS a pu mener plusieurs activités et participer à des colloques au Niger et à l’étranger. Ces efforts sont à mettre à l’actif d’une équipe jeune, dynamique et professionnelle, appuyée par des partenaires confiants en l’avenir de cette institution.
Sur un tout autre registre, quelle est votre appréciation de la situation sécuritaire actuelle au nord Tillabéry, notamment sur les multiples attaques terroristes qui occasionnent des pertes au sein de nos FDS ?
La situation sécuritaire actuelle de la région de Tillabéry n’est pas dissociable de celle de l’espace sahélo-saharien, en particulier celle du Nord malien. Lesdifférentes opérations de Serval, de la force Barkhane et de la force onusienne ont réduit les capacités de nuisance des groupes terroristes en les coupant de leurs zones de ravitaillement et en leur portant des coups mortels à l’occasion.
Dans ces conditions, les groupes djihadistes se rabattent souvent sur des localités nigériennes pour s’approvisionner en matériels de guerre et parfois en vivres. Malheureusement, ces attaques nous occasionnent des pertes en vie humaine. Face à cette situation, des opérations sont menées par nos FDS pour neutraliser et éradiquer ces groupes djihadistes. Ce qu’il faut retenir, c’est surtout l’abnégation et l’esprit de sacrifice qui caractérisent nos Forces de défense et de sécurité et nous ne pouvons que saluer l’engagement de nos hommes sur les différents théâtres d’opération. En effet, ces hommes en armes assurent au quotidien la sécurité des personnes et de leurs biens, sur l’ensemble du territoire national. Cette présence militaire dans les différentes localités de la région de Tillabéry permet également de contrer certaines velléités annexionnistes des terroristes.
Grâce aux efforts de l’État, appuyé par les partenaires de la coopération militaire, nos FDS restent maîtres du terrain, conservent leur liberté d’action, et parviennent souvent à mettre en déroute les forces ennemies. Le caractère asymétrique des attaques terroristes complique davantage les réponses sécuritaires des FDS ; pour y remédier, la formation et l’entraînement des militaires ont été réaménagés pour prendre en compte les dimensions de la guerre irrégulière.
Comme vous le savez, les perspectives sécuritaires de la région de Tillabéry préoccupent les plus hautes autorités de la République. C’est ce qui justifie leur engagement sur tous les fronts diplomatiques pour finaliser l’opérationnalisation de la Force Conjointe du G5 Sahel. Il faut saluer à cet égard l’efficacité de la force mixte multinationale (FMM) de la CBLT qui s’active à éradiquer le groupe terroriste Boko Haram du Bassin du Lac Tchad.
Cependant, l’effort ne doit pas être seulement militaire, il doit être aussi économique et social. En mettant en œuvre la stratégie pour le développement et la sécurité, les plus hautes autorités du pays ont bien conscience que la paix, la sécurité et le développement sont liés.
Pour éradiquer définitivement le terrorisme et la criminalité transnationale, il faut également placer le citoyen au cœur de la politique de sécurité. Il faut faire en sorte que nos populations se sentent concernées par la sécurité, elles en sont les principaux acteurs et leur adhésion à la cause sécuritaire est vitale.
Malgré la présence de la force Barkhane et d’Africom, les attaques continuent et les assaillants arrivent à disparaître dans la nature. Finalement, des Nigériens se posent des questions sur l’utilité réelle de forces étrangères chez nous. Quel est votre avis sur ce sujet ?
Il faut savoir que dans cette guerre contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, le Niger n’est pas seul et ne restera pas seul. En effet, les défis sécuritaires sont nombreux et complexes et nécessitent la conjugaison de plusieurs efforts pour y faire face. Compte tenu de sa position stratégique au sahel et aussi des résultats obtenus dans cette guerre asymétrique, le Niger demeure un pivot stratégique et un partenaire privilégié des puissances étrangères. Aussi, notre pays, à travers des accords de coopération militaire, bénéficie d’appuis logistiques et opérationnels ainsi que de la formation. D’autres domaines tels que le renseignement sont également concernés dans les efforts de mutualisation.
Il faut retenir qu’à ce stade, les puissances étrangères sont d’une grande utilité pour le Niger, et au-delà pour tous les pays Sahélo-Sahariens. Dans ces moments difficiles pour nos armées, la mutualisation des moyens demeure un impératif de succès contre ces forces du mal. Cela n’exclut pas bien sûr de développer progressivement nos propres capacités dans tous les domaines de la sécurité afin de ne pas rester dans la dépendance vis-à-vis de ces puissances.
Quel est votre mot de la fin ?
Je voudrais rappeler que le premier forum sur la sécurité et la défense organisé par le CNESS, du 6 au 8 décembre à Niamey, est une opportunité pour les participants d’échanger sans tabou sur les questions sécuritaires du Niger. Nous attendons de tous des contributions pertinentes qui nous permettraient de mieux fixer les contours de notre politique nationale de sécurité et de défense, qui sera formelle et évolutive et renforcera les liens Armée-Nation.
Le 1er octobre prochain, les élèves des écoles primaires vont reprendre le chemin de l'école. Cette rentrée scolaire 2018-2019 s'annonce sous des auspices des réformes initiées par les Autorités de la 7ème République. Le ministre de l'Enseignement primaire, de l'Alphabétisation, de la Promotion des langues nationales et de l'Education Civique, M. Douada Mamadou Marthé, a apporté des précisions sur ces réformes.
Monsieur le ministre, la rentrée scolaire 2018-2019 c'est dans quelques jours. Peut-on savoir les dispositions prises, sur le plan national, par votre Ministère pour une bonne rentrée scolaire? Des dispositions sont prises, d'abord par l'envoi des fournitures scolaires au niveau de toutes les régions. Nous avons aussi procédé aux affectations inter-régionales des enseignants. Nous avons également pris d'autres décisions pour que des nouvelles inspections soient créées, c'est une centaine d'inspections qui ont été créées, dans le cadre du transfert des compétences et de la décentralisation, où il a été prévu une inspection par commune, en respectant les dispositions qui exigent un minimum de trente (30) écoles et entre 50 à 60 enseignants, pour créer une inspection. Ainsi, c'est pour dire que nous sommes à pied d'œuvre pour que la rentrée scolaire se fasse sans difficultés. Dans ce cadre, j'ai rencontré, ici à Niamey tous les Directeurs régionaux de l'éducation, auxquels j'ai confié un certain nombre de tâches à exécuter avant la rentrée. Nous avons aussi envoyé des missions mixtes, composées des agents du Ministère de l'Enseignement primaire, des associations actives dans le secteur de l'Education, des syndicats, dans toutes les régions du Niger. J'ai aussi personnellement rencontré tout ce beau monde pour lui dire comment la rentrée va se faire. Je puis vous assurer qu'actuellement tous les maires ont la liste exacte des écoles qui sont sous leurs responsabilités. Tous les inspecteurs ont aussi la même liste, ils ont aussi la liste de tous les enseignants contractuels, qu'ils ont trouvés. Donc la première des choses, il faut un contact imminent et immédiat entre les maires et les inspecteurs pour mettre en place un cadre harmonieux de travail. Ainsi, j'ai demandé et je le réitère ici à l'endroit de tous les inspecteurs de l'éducation qu'ils prennent attache avec les maires pour se comprendre et pour voir comment leurs relations, leur travail et particulièrement comment cette rentrée scolaire se feront avec beaucoup plus d'harmonie.
Le Médiateur de la République, Me Ali Sirfi MaïgaMonsieur le Médiateur, votre institution créée, il ya quelques années seulement au Niger, travaille aujourd’hui avec plusieurs secteurs de la vie socioéconomique de notre pays. Pouvez-vous nous expliquez le rôle exact et les attributions du Médiateur de la République au Niger ?
Merci une fois de plus pour l’opportunité que nous offre votre Hebdomadaire pour informer d’avantage l’opinion sur la mission combien exaltante du Médiateur de la République. Instituée, pour la première fois en 1990 puis dissoute en 1991 à la faveur de la Conférence Nationale Souveraine, elle a été réhabilitée par la loi N° 2008-36 du 10 juillet 2008 sous la 5ème République avec la nomination de M. Mamane Oumarou en qualité de Médiateur de la République. Inscrite dans la Constitution de la 6ème République, elle a été dissoute à nouveau, à la suite du coup d’Etat militaire du 18 février 2010, pour être restaurée par la loi n° 2011-18 du 08 Aout 2011 instituant un Médiateur de la République, modifiée et complétée par la loi n° 2013-30 du 17 juin 2013.
De par ce texte, le Médiateur de la République est une autorité administrative indépendante intervenant dans le règlement des litiges entre l'administration et les administrés de l'exécution de ses missions de service public qui consistent à : assurer la médiation institutionnelle pour réparer les torts commis aux citoyens et les réconcilier avec l'administration ; assurer la veille démocratique pour la construction d’un Etat de droit; défendre les droits des citoyens ; promouvoir la stabilité sociale et la paix; contribuer à la modernisation de l'Etat ; défendre les droits des enfants et des personnes vulnérables, et défendre le droit d’accès des citoyens à l’information publique.
Le Médiateur de la République peut s’autosaisir des situations dont il a connaissance et qui relèvent de sa compétence, chaque fois qu’il a des motifs raisonnables de croire qu’une personne ou un groupe de personnes a été, anormalement, lésé ou peut vraisemblablement l’être par acte ou omission d’un organisme public.
Monsieur le président du Comité Technique National TNT, le Conseil des Ministres tenu vendredi dernier a entendu une Communication conjointe de Monsieur le Ministre de la Communication, M. Habi Mahamadou Salissou et de son homologue en charge de l’Economie Numérique, M. Sani Maigochi, sur le processus de basculement vers la TNT. Où en est-on aujourd’hui?
Merci. Disons que le processus a bien avancé, particulièrement ces derniers mois, et on tend vers son parachèvement. A cet égard, le dernier conseil des ministres a pris des mesures portant affectation de ressources du Fonds d’investissement pour le développement de la TNT.
Plus concrètement, par rapport au centre principal Multiplex de Niamey, sis au PK5, tous les équipements sont installés et sont opérationnels. Quant aux sites de l’intérieur du pays, ils sont également installés et quasiment tous fonctionnels.
En ce qui concerne la formation, volet important en matière de technologie de pointe, la première phase de la série de formations prévues sur ces nouveaux équipements sophistiqués, vient de s’achever et le personnel technique de l’ORTN ainsi formé est à présent outillé pour prendre en charge la gestion des équipements. Il convient de saluer la volonté et l’engagement du personnel formé à s’approprier cette nouvelle technologie. Le Comité technique pour le numérique encourage l’ORTN à poursuivre sur cette voie comme ce fut le cas avec l’analogique.