Politique

Les conséquences de 10 années de corruption et de détournements systématiques des fonds publics commencent à se faire remarquer au-delà des frontières nationales. La semaine dernière, un reportage sur la RTS 1, chaine publique sénégalaise, a choqué et frappé les Nigériens dans leur fierté. Des centaines de compatriotes, hommes, femmes et enfants ont pris d’assaut les rues de Dakar. Leur «boulot», la mendicité. Dans le reportage, il est souligné que ces compatriotes disent avoir fui l’extrême pauvreté et la faim dans leur pays. Une image dégradante, choquante pour tout Nigérien, certes, mais non sans fondement. Depuis quelques années, les campagnes agricoles déficitaires, voire catastrophiques, se sont succédé, aggravant une insécurité alimentaire qui s’est installée dans l’agenda de la plupart des Nigériens pour cause de sécheresse cyclique. Cependant, la gouvernance qui a cours depuis près de 11 ans a davantage aggravé la situation, dépouillant les populations du minimum auquel elles sont en droit de s’attendre. La situation financière de l’État le leur autorisait lorsqu’en 2011, Issoufou Mahamadou a accédé au pouvoir. De l’uranium, du pétrole, du gaz, des fonds obtenus pour la réalisation du barrage de Kandagi, des réserves appréciables à la Bceao, tous les signaux étaient au vert et tous les observateurs s’accordaient à penser qu’il suffirait d’un minimum de gouvernance vertueuse pour le Niger pour décoller. Hélas, l’homme qui va être investi le 3 avril 2011, va incarner une gouvernance scabreuse, faite de corruption et de détournements des fonds publics, de trafics de drogue et d’armes, sur fond d’impunité pour les auteurs.

Les 1000 milliards d’Eximbank de Chine, dette contractée en gage de productions pétrolières de plusieurs années, les 200 milliards de l’uraniumgate, le tonneau des danaïdes à milliards de l’achat de l’avion présidentiel, les 15 000 tonnes de l’aide alimentaire pakistanaise, les milliards — Dieu seul combien exactement — destinés à l’armement des Forces armées nationales (Fan), tout y est passé. Pendant plus d’une décennie, le Niger a vécu au rythme des scandales financiers qui ont enrichi la clientèle politique tandis que l’État, qui croule sous la dette publique, a de plus en plus du mal à remplir ses obligations. Les secteurs sociaux de base (l’école, la santé, l’eau) sont délaissés, aggravant la pauvreté. Les familles, particulièrement en milieu rural, tirent le diable par la queue pour survivre. Cette année, bien avant la période soudure, connue pour être difficile pour les agriculteurs, le grain manque déjà cruellement. Les grandes villes, notamment Niamey, sont assiégées pratiquement par de nombreuses cohortes de talibés. La misère est visible pour qui sait la lire ou pour qui comprend. Elle transparaît surtout dans le regard, gêné de ces femmes et des hommes qui, manifestement, ne sont pas des mendiants ordinaires. Ils ont été jetés dans la rue par la faim et l’impossibilité de subvenir à leurs besoins autrement que de venir en ville.

L’État, dont les animateurs veulent, malgré tout, se donner bonne conscience, ont régulièrement procédé à des opérations de ventes de céréales à prix modérés. Mais cela ne profite qu’à ceux qui ont de l’argent pour s’acheter quelque chose. En campagne, généralement ce n’est pas le cas et l’opération tourne en fin de compte dans les centres urbains et péri-urbains. Ces opérations de vente de céréales à prix modérés sont généralement financées par les partenaires du Niger, notamment dans le cadre du CCA, une structure créée en vue d’assister le pays dans les situations d’insécurité alimentaire. C’est une excuse pour les autorités qui en ont fait leur ritournelle. Dès qu’elles ont l’occasion, elles évoquent l’assistance que l’État apporte aux populations en soulignant les tonnes de vivres (mil, sorgho, maïs) mises à disposition. Mais l’État n’a jamais fait la moindre enquête pour s’assurer que l’assistance en question profite réellement aux foyers démunis des campagnes. Pour le gouvernement nigérien, il s’agit avant tout d’une opération marketing destinée à soigner l’image de marque du régime.

Outre la corruption et les détournements des deniers publics qui ont gravement impacté sur les conditions de vie des populations nigériennes, il y a aussi l’insécurité dont des milliers de Nigériens ont payé le prix fort en l’espace de 10 années. Des régions entières, à l’est du pays (dans la région de Diffa à et à l’Ouest (Tillabéry), notamment, des milliers d’autres, les survivants à un massacre méthodiquement mené par des bandes armées sur lesquelles on s’interroge, ont dû quitter leurs terroirs naturels pour se réfugier plus à l’intérieur. Ils fuient face à l’incapacité de l’État à assurer leur sécurité et la défense de l’intégrité du territoire national. Aussi curieux que cela soit, ils fuient également parce que nombreux d’entre eux ont presque acquis la conviction que ceux qui les massacrent, emportent leurs troupeaux et incendient leurs greniers bénéficient de complicités avérées. Des populations ont à ce propos témoigné que leurs troupeaux ont été emportés par des hommes armés, pratiquement sous les yeux des forces de défense et de sécurité venus à leur secours mais à qui instruction leur airait été donnée de ne pas dépasser les limites de la localité attaquée. C’était le cas à Banibangou.

Sous Issoufou Mahamadou, la délinquance économique a atteint des proportions inimaginables, hypothéquant l’avenir de générations entières. L’insolite évènement mis en lumière par la télévision publique sénégalaise n’est pas le fait du hasard. C’est la conséquence d’une décennie entière dédiée aux détournements, à la spoliation, aux trafics d’armes et de drogue, etc., sur fond d’impunité et de politique antisociale.

Doudou Amadou

Lundi soir, dans un message très attendu par les Sénégalais et une partie de la Communauté internationale, le président sénégalais Macky Sall a annoncé sa décision de ne pas briguer un troisième mandat. Cette déclaration intervient après une série de manifestations qui ont entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et d'importants dégâts matériels. Néanmoins, cette décision est saluée car elle évite au pays de nouvelles manifestations violentes et leurs conséquences dévastatrices.

Maintenant que Macky Sall a pris la décision de ne pas se représenter, la question se pose de savoir s'il créera les conditions propices à une véritable alternance démocratique dans son pays. Cependant, plusieurs signes laissent planer des doutes quant à cette possibilité. En effet, le président sortant a montré une tendance à exclure de la course les potentiels candidats de l'opposition qui pourraient battre son candidat soutenu lors de la prochaine élection présidentielle.

Parmi ces candidats, on compte Karim Wade, le fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, Khalifa Sall, ancien maire de Dakar, ainsi qu'Ousmane Sonko, actuel maire de Ziguinchor. Chacun de ces opposants a eu des démêlés avec la justice sénégalaise sous le régime de Macky Sall. Bien que les charges retenues contre eux semblent relever de délits et de crimes ordinaires, de nombreux observateurs croient fermement que le pouvoir est impliqué dans les poursuites judiciaires à leur encontre. Le cas d'Ousmane Sonko est particulièrement complexe. Initialement poursuivi pour une accusation de viol d'une "masseuse professionnelle", il a finalement été condamné pour "corruption de la jeunesse" dans le même dossier.

Au vu de la situation actuelle au Sénégal, de nombreux analystes craignent que le président Macky Sall ne s'inspire de l'expérience de l'ancien président Mahamadou Issoufou. Confronté à l'impossibilité de prolonger son séjour au palais présidentiel après ses deux mandats constitutionnels, Issoufou a réussi à écarter de la course à sa succession le principal opposant capable de battre son candidat dans les urnes. Il a utilisé une affaire judiciaire liée au célèbre scandale de trafic de bébés pour éliminer Hama Amadou de la compétition.

Une fois cette étape franchie sans grande difficulté, les autres opposants ont naïvement pensé que l'éviction de Hama Amadou pourrait les avantager individuellement. Mais Mahamadou Issoufou a facilement réussi à faire élire son candidat et jouit depuis lors de tous les privilèges du pouvoir, au point que certains estiment qu'il détient véritablement les rênes du pays.

Au Sénégal, un scénario similaire pourrait se reproduire. Avec la probable disqualification d'Ousmane Sonko de la course à la prochaine présidentielle, les autres opposants pourraient penser qu'ils ont une chance de bénéficier des votes de ses partisans pour accéder au pouvoir. Macky Sall pourrait alors tirer profit de cette situation pour faire élire son candidat. De plus, avec une Communauté internationale qui semble moins préoccupée par la bonne organisation des élections en Afrique, même en cas de fraudes avérées, rien ne se passera. Il suffira au nouveau président élu de prêter allégeance aux grandes puissances occidentales qui ne poursuivent désormais que leurs propres intérêts.

Tout comme Mahamadou Issoufou, Macky Sall bénéficiera de toutes les garanties pour échapper à tout compte à rendre sur sa gestion et pour voyager aux quatre coins du monde afin d'assister à de grands sommets internationaux.

Le peuple sénégalais attend donc de voir si Macky Sall sera véritablement le garant d'une démocratie inclusive et d'une alternance politique réelle dans le pays. Les mois à venir diront si ces attentes seront satisfaites ou si les craintes des observateurs se confirmeront.

I.B

 

Après plusieurs mois de silence, les enseignants chercheurs du supérieur, à travers leur syndicat, le SNECS, observent depuis hier mardi 10 octobre, un arrêt de travail de 72 heures qui est reconductible en cas de non satisfaction. Une grève qui fait suite à un préavis de grève de 72 heures datant du 5 octobre 2017 et une rencontre infructueuse avec le ministre de l'Enseignement supérieur. Plusieurs points sont évoqués dans la plateforme revendicative du Syndicat national des enseignants et chercheurs du Supérieur dont, entre autres, le paiement des salaires (les enseignants chercheurs de l'université de Tillabéry ont deux mois d'arriérés de salaire, ceux de Zinder, Tahoua, Maradi et Niamey attendent leurs paies de septembre) et autres droits statutaires dans toutes les universités publiques du pays ou encore l'application des textes organiques des universités de Maradi, Tahoua et Zinder, adoptés en conseil des ministres du 20 juillet 2017. Ainsi, après les étudiants pour exiger le paiement de l'aide sociale et des bourses ainsi que de meilleures conditions d'études, ce sont leurs enseignants qui leur emboitent le pas pour revendiquer le paiement de leurs salaires. Cet arrêt de travail des enseignants n'est pas sans conséquences sur les activités académiques dans les différentes universités publiques du pays.

14 octobre 2017 
Source : Le Courrier 

En exil sanitaire en France depuis plus de deux années, Hama Amadou, l’Autorité morale du Lumana/ FA, partage désormais sa vie entre l’Hexagone et quelques pays de l’Afrique de l’Ouest. Vingt-sept mois plus tôt, il avait mis tout le paquet, déployé énormément d’énergie et de courage pour hisser le candidat du RDR Tchanji, Mahamane Ousmane, au second tour de l’élection présidentielle du 21 février 2021, après que la Cour Constitutionnelle eut invalidé sa candidature. Jamais, dans l’Histoire démocratique récente du Niger, un scrutin présidentiel n’avait été aussi serré, indécis. N’eussent été, sans doute, les résultats controversés de la région de Tahoua (Un million de voix pour le PNDS/ Tarayya), Mahamane Ousmane l’aurait remporté. En amont, l’Autorité morale du Lumana, en grand briscard de la politique nigérienne, avait mené une campagne électorale d’enfer sur l’ensemble des huit régions du Niger, animant des meetings populaires monumentaux, relayés par les réseaux sociaux de la place au cours desquels il avait déployé un tel talent oratoire en djerma, haoussa et français, nous rappelant sans doute aux grandes heures du Secrétaire Général du MNSD/ Nassara qui ferrailla avec les animateurs de l’Alliance des Forces du Changement (AFC). Au cours de la dernière campagne électorale pour les présidentielles, Hama Amadou ne s’était pas fixé des limites, en jouant vraiment le jeu, tout le jeu et le tout pour le tout, pour que l’alternance politique véritable tant désirée par l’écrasante majorité des citoyens nigériens devînt possible, réalité au Niger, afin de jeter aux oubliettes du passé le régime désastreux de la renaissance d’Issoufou Mahamadou. Il s’était même constitué prisonnier, en se rendant à la Police Judiciaire, suite à la sortie médiatique misérable du Ministre de l’Intérieur de l’époque, Alkache Alhada, qui se muait en procureur de la république pour lancer un mandat d’arrêt contre une personnalité politique de la dimension de Hama Amadou.

Mais, au finish, tout cela n’aura pas suffi et chacun connaît la suite des événements !

Après ce rappel liminaire pour situer les choses, revenons à présent à cette sortie médiatique de l’Autorité morale du Lumana/FA sur une télévision étrangère, en répondant à une question du journaliste qui lui demandait son appréciation de la présence militaire au Niger de certaines puissances occidentales. En effet, à travers cet entretien, l’on découvrait les états d’âme actuels de Hama Amadou qui pointait du doigt l’inertie des peuples face aux dictatures. Pour lui, les peuples ont certainement les dirigeants politiques qu’ils méritent. S’ils consentent au renoncement pour accepter leur destin tel quel, qui viendra alors lutter à leur place pour leur libération ? En revanche, s’ils estiment qu’il vaille se battre pour leur dignité, c’est leur choix libre, pour parler comme Jean-Paul Sartre. Le dirigeant politique n’est que le phare, la lanterne pour guider l’action populaire vers le succès. Il n’y aurait jamais eu de Révolution en France, en 1789, sans doute, si le peuple français de cette époque n’avait été animé de la volonté et de l’ambition de mettre fin au despotisme royal de Louis XVI. Ni Robespierre, ni Condorcet, ni Napoléon Bonaparte, ni Jean François Dugommier et autres grandes figures révolutionnaires françaises, n’auraient suffi à eux seuls pour mener cette aventure extraordinaire sans l’adhésion des couches populaires du pays. Hama Amadou, sans doute grand connaisseur des dynamiques politiques et sociales du monde, n’est pas un déçu de la politique, comme certains seraient tentés de le penser. Le personnage croit toujours à l’idéal politique, mais demeure dubitatif face au déclin progressif du militantisme politique véritable, c’est-à-dire la perte de la foi authentique dans les causes politiques. Malheureusement, lorsque l’achat des consciences, l’adhésion politique contre postes politiques supplantent le militantisme originel, celui qui est fondé sur la confiance que le militant témoigne à l’égard du dirigeant, alors, la politique passe à côté de son objet premier, à savoir servir l’intérêt général. Voilà, en fait, le dégoût actuel de Hama Amadou qui n’aurait jamais imaginé, un seul instant de sa vie, que son arrestation et son emprisonnement passeraient comme simple lettre à la poste. Tout près de chez nous, au Sénégal, regardez l’exemple de l’opposant politique, Ousmane Sonko, dont le procès a ébranlé le pays. Au Pakistan, l’arrestation récente de l’ancien Premier ministre, Imran Khan, avait déclenché des émeutes incontrôlables dans le pays, obligeant la Justice à déclarer cette arrestation irrégulière. Or, lorsque l’on regarde le cas de Sonko, l’on constate qu’il n’a même pas la dimension politique d’un Hama Amadou, et qu’il n’est, tout simplement, que le produit des maladresses politiques de Macky Sall.

Voilà d’où venait le spleen politique auquel l’Autorité morale du Lumana/ FA est en proie, ces derniers temps, ce fatalisme politique qui caractérise le militantisme d’aujourd’hui, et qui consisterait à tout attendre du leader politique pour faire du miracle ! On dit souvent que l’avenir appartient toujours aux gens qui se réveillent tôt le matin et qui s’interrogent sur quoi demain sera fait et se donnent les moyens d’apprivoiser ce lendemain avec assurance. La procrastination et les hésitations servent toujours les mentalités défaitistes. C’était ce cri du cœur que voulait exprimer, véritablement, Hama Amadou dans ce langage sibyllin, dans le but de fouetter l’ardeur militante des uns et des autres afin de briser les chaînes du fatalisme politique qui serait sur le point d’entamer l’esprit combatif des troupes lumanistes en particulier, des citoyens nigériens, en général.

Aliou Badara

Les Etats Unis mettent en garde leurs ressortissants au NigerLe département d'Etat américain a rendu public un communiqué, à travers lequel l’administration américaine averti les citoyens américains des risques de se déplacer au Niger en raison, "des activités terroristes, des enlèvements et de la haute criminalité". Un avertissement qui est intervenu quelques semaines après la mort de 4 militaires américains au cours d’une embuscade tendue par des éléments terroristes le 4 octobre dernier.

Selon le département d’Etat, les américains se trouvant dans la sous-région, doivent éviter tout voyage dans les régions nigériennes frontalières de la Libye, du Mali, du Nigeria et du Tchad à cause de "l'activité de divers groupes extrémistes", dont Al-Qaïda, l'Etat islamique (EI) et Boko Haram.

Ce communiqué tient lieu de mise en garde au vu de la menace terroriste de plus en plus persistante dans la sous-région. Aucun pays n’est épargné par les attaques des forces obscurantistes qui veulent semer la peur et le désordre dans le pays.

La récente attaque terroriste intervenue à Ayorou, et la riposte énergique et foudroyante des forces de défense et de sécurité, peut présager d’une opération que les groupes terroristes coalisés peuvent mener, pour venger leurs morts. La menace étant grave, et au-delà des zones frontalières citées par le communiqué du Département d’Etat, les lieux publics fréquentés par les européens en général, et les américains en particulier, doivent être surveillés par les services compétents. Il s’agit de certains restaurants et hôtels connus pour être beaucoup fréquentés par la clientèle occidentale. Les événements du restaurant Le Toulousain où deux jeunes français Antoine de Léocour et Vincent Délory, avaient été enlevés le 7 janvier 2011, sont encore dans les mémoires.

Garé

02 novembre 2017
Source : La Nation

La semaine dernière, suite à l’arrestation du président du FRDDR et la déclaration publiée par l’opposition politique pour exiger sa libération, l’actuel premier vice-président de l’Assemblée nationale Iro Sani s’est, en qualité de membre du comité exécutif national du PNDS-TARAYYA, répandu sur certains médias nationaux et internationaux pour s’attaquer à l’opposition, principalement à son chef de file Hama Amadou. Avec l’arrogance que tous ceux qui l’écoutent lui connaissent, l’homme a soutenu qu’eux les tenants du pouvoir sont courageux et forts et que les opposants ont peur d’eux. Il a même, de manière implicite, estimé que c’est eux qui ont obligé Hama Amadou à quitter le pays. A entendre M. Iro Sani, c’est comme si on était dans une scène de combat physique entre eux les tenants du pouvoir et les opposants et que les premiers ont réussi, par leur force physique, à dominer les seconds. C’est lamentable qu’à un tel niveau de responsabilité politique un homme public puisse raisonner comme l’a fait M. Iro Sani. Ce dernier pense-t-il que sans la force publique dont lui et ses camarades se servent, ils peuvent croiser les regards de certains nigériens jusqu’à prétendre leur faire peur ? Iro Sani pense-t-il que si c’est lui et ses camarades qui sortent affronter des militants de l’opposition, ces derniers auront si peur d’eux pour ne pas organiser des manifestations ?

Au Mali, l'année 2022 a commencé très mal pour le petit peuple; et tout indique qu'elle pourrait être l'année la plus éprouvante pour ce pays déjà très éprouvé. Les sanctions drastiques prises hier par les chefs d'Etat des pays membres de la CEDEAO et de l'UEMOA auront certainement des conséquences désastreuses; même si d'aucuns pensent qu'elles pourraient aussi ouvrir des perspectives nouvelles pour ce pays dont la souveraineté est mise à rudes épreuves.

A travers son communiqué officiel, largement relayé sur les réseaux sociaux, la junte militaire malienne, qui n'a rien fait pour éviter ces sanctions, s'est déclarée surprise par leur sévérité; et elle n'a pas tort, puisque ni les textes de la CEDEAO, ni ceux de l'UEMOA, ne prévoient des telles sanctions contre un pays membre. En juillet dernier, devant un Emmanuel Macron agacé par "la mollesse" des sanctions de la CEDEAO, le président nigérien l'avait reconnu dans des termes on ne peut plus clairs : "les mesures de fermeture des frontières et tout le reste...ça n'existe pas dans le traité de la CEDEAO".

En effet, il est important de souligner que la particularité des sanctions prises par la CEDEAO c'est qu'elles sont illégales au regard des textes communautaires; et vu sous cet angle, elles viennent conforter la junte malienne, ainsi que tous ceux qui la soutiennent, à l'idée que les chefs d'Etat ne sont pas plus soucieux de la légalité que les militaires qui veulent se maintenir au pouvoir pour les cinq (5) années à venir.

La particularité de ces sanctions c'est qu'elles interviennent également dans le sillage de la campagne que mène la France contre la junte malienne, coupable d'avoir introduit le loup russe, Wagner, dans la bergérie "françafricaine". En faisant allusion à l'arrivée au Mali de cette société privée de sécurité comme une menace, les chefs d'Etat de la CEDEAO, qui veulent surtout se présenter en défenseurs de la démocratie, se sont retrouvés drapés, sans le vouloir, du maillot de défenseurs des intérêts étrangers.

En tout cas, un fait mérite d'être souligné, c'est la participation de l'UEMOA à la prise de ces sanctions, les plus drastiques jamais prises contre un pays membre ; car, à la différence de la CEDEAO, qui est coutumière des interventions à caractère politique, l'UEMOA ne s'est jamais intéressée aux questions de démocratie. La participation de cette institution aux sanctions contre la junte malienne est une première; même si personne ne peut oublier qu'elle avait agi presque de la sorte contre le régime du président ivoirien Laurent Gbagbo.

Quoi qu'il en soit, il importe de ne pas perdre de vue que la principale victime dans cette histoire, c'est d'abord le peuple meurtri du Mali; c'est surtout lui qui va souffrir de ces sanctions prises par les chefs d'Etat, après avoir été spolié des fruits de sa lutte héroïque contre le régime pourri et honni de IBK. La junte militaire malienne, qui cherche à s'accrocher au pouvoir, n'en souffrira que peu; elle se sent déjà légitimée par l'indignation suscitée par la sévérité des sanctions, perçues par une large frange de l'opinion comme un clin des chefs d'Etat ouest-africains à Emmanuel Macron.

Au cours des prochains jours, les chefs d'Etat des pays membres de la CEDEAO et de l'UEMOA se rendront peut-être compte qu'à trop vouloir isoler la junte malienne, ils n'ont fait que lui donner les moyens de réduire au silence les vraies forces progressistes du Mali; car, dans l'ambiance actuelle, marquée surtout par la large condamnation de la politique des sanctions de la CEDEAO, il sera certainement difficile pour ces forces de se faire entendre. Elles risquent elles aussi, quelque soit par ailleurs la justesse de leurs critiques contre la volonté de la junte de se maintenir aux affaires, de se faire taxer d'alliés de l'impérialisme par ceux qui croient voir le visage de Sankara derrière celui de Assimi Goïta, et de Lumumba derrière celui de Choguel Maiga.

Par Moussa Tchangari 

Une mobilisation impressionnante a eu lieu le 30 août  au rond-point Escadrille de Niamey, où les membres de l'organisation "Femmes engagées pour la Sauvegarde de la Patrie" (FESP) ont organisé une journée de protestation baptisée "Casseroles." Cette manifestation massive visait à soutenir le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et à exiger le retrait immédiat des troupes militaires françaises du Niger.

Des femmes engagées venues de toute la ville de Niamey se sont rassemblées au rond-point Escadrille, où est stationnée une garnison de l'armée française. Armées d'ustensiles de cuisine tels que casseroles, marmites et spatules, elles ont créé une cacophonie assourdissante en tambourinant sur leurs récipients tout en scandant des slogans tels que "À bas la France et la CEDEAO" et "Vive le CNSP, vive le Niger."

Il convient de rappeler que depuis le 3 août dernier, les nouvelles autorités du Niger ont officiellement demandé le retrait des troupes françaises du territoire nigérien, et plus récemment, l'expulsion de l'ambassadeur de France au Niger. Cette manifestation de la FESP démontre clairement que l'appel à la souveraineté nationale résonne fortement parmi la population nigérienne, en particulier parmi les femmes engagées pour la sauvegarde de la patrie. Les implications politiques et diplomatiques de cette mobilisation restent à observer, mais il est indéniable que le CNSP reçoit un soutien massif de la population déterminée à voir le pays se libérer de toute ingérence étrangère.

Nigerdiaspora

Dans le cadre de la célébration de la journée nationale de la femme nigérienne, placée cette année sous le thème de «Renaissance Féminine au Niger: quelles stratégies pour un développement durable?», les femmes parlementaires, conduites par la 2ème Vice-présidente de l’Assemblée Nationale la députée Hadiza Seyni ont effectué, hier, un déplacement dans le village de Moli Sorkay Do à une quarantaine de kilomètres de Niamey dans le département de Kollo. Dans ce village qui était victime d’inondation à la dernière saison des pluies, les femmes députées ont fait un don de kits alimentaires composés de 80 sacs de riz, 80 sacs de sel et 80 cartons d’huile de cuisine. La cérémonie de remise s’est déroulée en présence du Préfet du département de Kollo, M. Morou Sadou, du chef du village et de plusieurs femmes du village.

Procédant à la remise de ce don, la 2ème Vice-présidente de l’Assemblée nationale a expliqué aux femmes, les raisons du choix de leur village qui selon elle, n’est pas fortuit. En effet, a-t-elle ajouté, dans les villes comme dans les campagnes, les femmes travaillent inlassablement et courageusement pour le maintien du foyer et l’éducation des enfants. «Cette année, nous avons décidé de venir chez vous, commémorer au village, la journée avec vous et profiter pour faire ce modeste don. Vous avez été l’année dernière victimes d’inondation. Dieu seul sait comment les femmes et les enfants ont souffert en cette période», a déclaré la députée Hadiza Seyni avant de revenir sur cette journée spéciale pour les femmes nigériennes et son importance.

La 2ème Vice présidente de l’Assemblée nationale a expliqué aux femmes de Moli Sorkay Do que, le 13 mai 1991, les femmes nigériennes avaient montré leur désapprobation face à une discrimination criarde à leur égard à la Commission Préparatoire de la Conférence Nationale Souveraine. «Aujourd’hui encore, dans les villes comme dans les campagnes, nous avons de braves femmes constituées en groupements et associations pour renforcer leur implication et leur participation dans les prises de décisions afin que notre pays se développe dans tous les domaines. Notre combat est noble, légitime démocratique et populaire. Ne baissons pas les bras  femmes nigériennes», a ajouté la députée Hadiza Seyni.

Après avoir réceptionné le don, des mains du préfet du département de Kollo, M. Morou Sadou, la présidente du groupement des femmes de Moli Sorkay Do, s’est exprimée au nom des femmes du village. Elle a réitéré toute sa reconnaissance pour ce geste combien important fait par les femmes députées du Niger. «Nous sommes très fières de ce don composé des produits de première nécessité. Les femmes parlementaires, nous ont honorées en choisissant notre village pour célébrer la fête de la femme nigérienne. Nous sommes reconnaissantes. Seulement, nous leur demandons de mener un plaidoyer pour que notre village trouve de l’eau potable et un dispensaire. Nous souffrons beaucoup du manque de ces deux infrastructures», a-t-elle dit.

Le village de Moli Sorkay Do, fau-il le rappeler, a connu une forte inondation ayant occasionné beaucoup de dégâts et plusieurs sinistrés. Les victimes d’inondations vivent toujours dans les hangars qui ont été érigés depuis le sinistre.

Par Seini Seydou Zakaria, Envoyé spécial (onep)

14 mai 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Pour la campagne de l’élection présidentielle, le candidat du PNDS, M. Bazoum Mohamed, a proposé aux Nigériens un programme  quinquennal (2021-2026),  dit de la ‘’Renaissance Acte 3’’, qui se veut une continuité des programmes ‘de la ‘’Renaissance Acte 1 et 2’’ du Président Issoufou Mahamadou. La mise en œuvre de cet ambitieux programme, qui a pour slogan « Consolider et Avancer »,  nécessite la colossale somme de 13. 800 milliards FCFA.

Comme l’avait expliqué le candidat lui-même, lors de la présentation de son programme de gouvernance, il s'agit de « consolider les acquis du travail accompli au cours de ces 10 années et d'avancer vers de nouveaux objectifs tels qu'ils découlent des enseignements critiques que nous avons retenus de notre expérience bien plus complexe que les idées aux moyens desquelles nous l'avions abordée ».

Les engagements du candidat Bazoum Mohamed portent essentiellement sur le renforcement de six (5) domaines de gouvernance, à savoir : la gouvernance sécuritaire, la gouvernance politique, la gouvernance juridique et judiciaire,  la gouvernance économique, la gouvernance administrative et la gouvernance locale. Pour chacun de ces domaines, le programme a fait un large éventail des défis avant d’en définir les perspectives la période 2021-2026 couvrant les cinq années du mandat du Président Bazoum Mohamed.

Il faut dire que tout au long de la campagne politique, le candidat Bazoum Mohamed a largement décliné les grandes orientations qu’il comptait, une fois élu, dans différents domaines de la vie socio-économique et culturelle du Niger. Mais les citoyens nigériens ont surtout retenu les engagements pris par le candidat du PNDS-Tarraya dans des secteurs aussi sensibles que ceux de la sécurité et de l’éducation où les défis sont de taille.

Ainsi, concernant la question de sécurité à laquelle le pays fait face depuis près de 10 ans,  les perspectives énoncées à travers le programme de gouvernance du nouveau Président de la République portent principalement sur le renforcement de l’implantation des forces de défense et de sécurité et le rehaussement des recrutements. Ainsi, comme le souligne le document, afin d’améliorer la transparence dans la gestion des ressources tout en garantissant la protection des données sensibles, un certain nombre de mesures sont envisagées. Elles portent précisément sur l’amélioration du cadre juridique des commandes des matériels et équipement militaires (passation des marchés, référentiel des prix, liste agréée de fournisseurs) ; la révision de la chaîne des dépenses et mettre en place un mécanisme de transparence et de redevabilité pour éviter la volatilité des ressources, etc.

Dans le cadre du renforcement de l’implantation des forces de Défense et de Sécurité, il est envisagé le rehaussement des recrutements pour atteindre des effectifs à même de permettre un redéploiement judicieux des personnels sur l’ensemble du territoire ; le maillage plus dense et harmonieux des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), afin d’assurer une délivrance optimale des services de sécurité ; et la construction d’infrastructures militaires et sécuritaires.

Les perspectives en matière de gouvernance sécuritaire incluent également une réelle ambition de renforcer les capacités opérationnelles et de renseignement des forces de défense et  de sécurité à travers le renforcement du commandement ; l’accroissement des effectifs ; l’intensification de la formation et de l’entraînement ; la formation de nombreux bataillons de forces spéciales ; l’équipement adéquat des forces, notamment en vecteur aérien, et le renforcement des capacités de renseignements.

Autre domaine épineux, celui de l’éducation. Dans ce secteur, le nouveau Président de la République a estimé que la performance dépend impérativement d’une reforme curriculaire complète qui prendrait en charge l’efficacité et l’efficience du système éducatif depuis le préscolaire jusqu’à l’enseignement supérieur et la recherche dans une vision holistique qui intègre le bilinguisme en vigueur au primaire. « Cette réforme permettra d’assurer une bonne scolarité aux jeunes en renforçant la formation initiale et continue tout en assurant les promotions de l’enseignement scientifique et la formation des formateurs par le développement des centres de formation adéquats», souligne le programme.

Notant que la gestion de l’école constitue la clé de voute du pilotage de tout le système, le programme indique que l’amélioration de la gouvernance du système éducatif doit se faire à travers l’instauration d’un contrat de performance aux structures de formation des enseignants et la prise en compte des notions de redevabilité et de responsabilité, la mise en place d’un Système d’Information et de Gestion de l’Education (SIGE) fonctionnel et le rehaussement relatif du budget de tout le secteur.

Les objectifs poursuivis à travers le programme ‘’Renaissance Acte 3’’ pour la performance du système éducatif réservent une place de choix à la scolarisation de la jeune fille conformément aux priorités de la Stratégie Nationale d’Accélération de l’Education et de la Formation des Filles et des Femmes (SNAEFFF). Ce programme, mise beaucoup sur la promotion de l’accès et le maintien scolaire des filles en milieu rural.

Au chapitre de la gouvernance administrative pour la période 2021-2026, les perspectives se déclinent sur trois axes. Pour le premier axe portant sur l’amélioration de l’efficacité de l’administration publique, les mesures visent à dématérialiser systématiquement les procédures de l’administration publique.

Pour le second axe qui porte sur la professionnalisation et la protection des ressources humaines de l’Etat, il s’agira de doter l’administration publique de compétences adéquates en matière de Gestion moderne des Ressources Humaines ; de promouvoir les valeurs d’éthique et de déontologie dans les services publics ; veiller à l’adéquation profil/poste/emploi dans les nominations aux postes techniques de l’administration publique et ses démembrements ; instituer un système public de récompenses des agents performants sur la base de critères objectifs ; créer une inspection pour l’évaluation et de sanctions des agents publics ; etc.

Et pour l’Axe 3 portant sur l’efficacité des entreprises publiques, il est envisagé, entre autres, de modifier la loi sur les entreprises publiques pour prendre en compte les catégories non prévues, mieux affirmer la mission de développement du pays et renforcer la redevabilité et le mécanisme de contrôle..

Au volet de la gouvernance politique, les perspectives  concernent la pérennisation et consolidation des acquis démocratiques par la consolidation des acquis en matière de démocratie et des libertés publiques ; la mise en place d’un mécanisme de renforcement de l’éthique et la déontologie des acteurs des médias ; la promotion d’une atmosphère saine et apaisée dans le débat public notamment par un dialogue permanent entre les partis politiques, les médias et la société civile, etc.

Pour une mise en confiance des citoyens par la promotion d’une vie politique apaisée, le programme prévoir d’améliorer le cadre de dialogue politique et ses mécanismes de fonctionnement en vue d’une meilleure performance ; d’instaurer un dialogue inclusif et dynamique sur le renforcement du système électoral conformément à l’évolution des attentes des citoyens, et de renforcer l’accès des citoyens à l’information publique.

Il est également prévu un certain nombre de mesures pour rapprocher les citoyens des institutions de la République, notamment par le renforcement des mécanismes de redevabilité, par l’élaboration, la publication et la vulgarisation des rapports annuels des institutions de la République.

Dans le domaine de la gouvernance juridique et judiciaire, plusieurs actions sont défiées pour atteindre l’objectif d’une Justice accessible, équitable, efficace. Il y a aussi un axe relatif à l’optimisation des instruments de lutte contre la corruption, à travers l’évaluation et le renforcement de la HALCIA pour la rendre plus apte à prévenir et à lutter contre la corruption et la concussion en particulier, et la poursuite de la revalorisation des inspections des services et la mise en place d’un cadre coordonné de leurs interventions.

En matière de gouvernance économiques et financières les mesures se traduiront par un renforcement du cadre macroéconomique et la transformation économique. L’objectif visé est de porter, à la fin du mandat en 2026, le taux de croissance annuel moyen à 8%, réduire la pauvreté de 40,3% en 2018 à 25% en 2025, et maintenir le taux d’inflation en deçà de 3% à travers la mise en œuvre des projets structurants.

Au volet politique budgétaire et financement de l’économie, il est prévu, entre autres mesures, de poursuivre une politique budgétaire prudente avec un déficit raisonnable compatible avec les besoins de la relance économique post-COVID; d’assurer l’atteinte des cibles du Pacte de Convergence notamment le déficit public à travers principalement deux leviers : une mobilisation des ressources internes plus fortes avec comme objectif de porter le taux de pression fiscal à 20% en 2025 ; et une allocation des ressources mettant l’accent sur la qualité et l’efficacité de la dépense publique, la création d’un espace budgétaire nécessaire au financement des besoins prioritaires et projets structurants. S’y ajoute la promotion du financement de l’économie avec un système bancaire plus large et plus favorable au financement du secteur privé local formel avec une dotation des ressources importantes au profit du Fonds d’appui au PME/PMI (FONAP) destiné à la bonification des taux d’intérêts bancaires et à la mise en place des garanties bancaires pour les PME/PMI.

D’autres mesures portant sur des réformes structurelles sont également énoncées à travers le programme de gouvernance du nouveau Président de la République.

Assane Soumana(onep)


06 avril 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Décidément, le président Mohamed Bazoum a du pain sur la planche, lui qui ambitionne d’instaurer au Niger une gouvernance politique vertueuse, exemplaire, fondée sur le strict respect des principes et règles de l’orthodoxie budgétaire. Cela se voit, depuis son arrivée à la présidence de la république, il aspire à gouverner dans cette direction salvatrice en faisant de la lutte contre la corruption et les deniers publics, ainsi que du rétablissement de la justice sociale, ses chantiers prioritaires pour les cinq (5) années à venir. On doit, d’ailleurs, la révélation de la fameuse affaire ‘’Ibou Karadjé’’ à cette volonté présidentielle de nettoyer les écuries d’Augias, c’est-à-dire toutes ces sales casseroles dont il a hérité de son mentor politique, Issoufou Mahamadou. En effet, s’il y avait une caractéristique marquant de façon singulière le règne d’Issoufou Mahamadou durant les deux (2) quinquennats de sa présidence, ce serait, incontestablement, la gestion paternaliste qu’il avait inaugurée au sommet de l’Etat en y installant un vaste réseau de prédation des ressources publiques par son clan politique en toute impunité. Ironie de l’histoire ou imposture politique, c’était ce même Issoufou Mahamadou qui ne cessait de s’égosiller dans les meetings populaires pour dénoncer la mal-gouvernance de la Cinquième République, par ce qu’il appelait, à l’époque ‘’les tankateferi’’ (révélations scandaleuses), qui étaient toutes ces mauvaises pratiques dans la gestion des deniers publics. Mais, une fois au pouvoir, il avait semblé oublier tout cela, en dirigeant un régime qui se caractérisait par une grande propension à l’affairisme débridé au sommet de l’Etat qui fut le fil rouge de sa présidence durant une décennie. Aujourd’hui, le président Bazoum hérite de tout ce lourd passif que son ancien mentor politique lui a légué, et sur lequel, la main sur le coeur, il a juré de dresser un inventaire ou de faire toute la lumière. Ces dossiers de gros scandales politico-financiers laissés par le règne sortant hanteront pendant longtemps la présidence de l’enfant de Tesker. Il s’agit d’abord du dossier du Ministère de la Défense Nationale (MDN), portant sur plusieurs milliards dissipés en marchés ou contrats publics dans des conditions irrégulières. Le rapport d’inspections diligentées à cet effet et les aveux privés accablants, sur Whats’App, du Ministre de la Défense de l’époque, professeur Issoufou Katambé, avaient fini de convaincre toute l’opinion publique nationale et internationale sur la gravité des faits. Cependant, à la surprise générale, le dossier avait été minutieusement mis dans les placards, et depuis, plus rien ! Auparavant, il y avait eu ‘’l’uranium gate’’, cette sordide histoire de 200 milliards issus de la vente d’une quantité du minerai d’Akokan par la SOPAMIN au profit de la présidence. Là encore, toute la lumière n’a jamais été faite sur cette scabreuse affaire. Pêle-mêle, on peut citer ‘’l’affaire AFRICARD’’, un sombre marché de facturation de téléphonie GSM attribué à des amis, (le Burkinabé Salifou Diallo et consorts), les affaires de Madame Béty Aïchatou Oumani à l’ARCEP, l’affaire Niger Poste, les DAT de trois (3) milliards et demi (Dépôt A Terme) de la SOPAMIN, et les suites de l’affaire Ibou Karadjé.

Comme on le voit, ce sont là quelques dossiers costauds de scandales politico-financiers qui risqueraient, si l’on n’y prenait garde, de plomber la présidence de Bazoum. Les Nigériens l’attendent de pied ferme sur ces dossiers pour se fixer sur sa capacité à aller jusqu’au bout de son engagement d’assainir et de moraliser la vie publique nigérienne. La tâche ne s’annonce pas comme une partie de plaisirs pour lui, car, il s’agirait de faire le procès des dix années d’un régime auquel lui-même avait participé, ainsi que son parti et quelques-uns de ses collaborateurs actuels. Toute la crédibilité ultérieure de son quinquennat dépendra largement de cette capacité à s’affranchir du joug de son ancien mentor politique dont il devra redresser, aujourd’hui, les torts en matière de gestion des deniers publics. Exercice sans doute périlleux, diriez-vous ! Car, comme l’enseigne un adage du terroir djerma, ‘’ on ne tresse pas sur un crâne truffé de poux’’ ! Autrement dit, comment, raisonnablement, le président Bazoum pourrait-il construire quelque chose de solide, de durable, en étant assis, lui-même sur les suites ou les décombres d’un régime pourri jusqu’à la moelle épinière ? Toute la problématique de la présidence Bazoum résiderait dans cette équation difficile à résoudre, à moins d’être un kamikaze politique ou de se faire hara-kiri ! Mais, pour la bonne cause nationale, même le sacrifice ultime ne sera jamais de trop !

SANDA

Suite à la publication, dans l’édition N° 709 du journal Le Courrier, de l’article intitulé : ’’ Des sales draps, le cas de Moctar Kassoum discuté en Conseil des ministres ‘’, le ministre de la formation professionnelle, connu pour sa duplicité et son implication dans des sales dossiers de présumé détournement des deniers publics, s’est permis d’étaler des menteries sur les réseaux sociaux pour tenter davantage d’affabuler ses militants qui croient encore en ses mensonges politiques et jeter le discrédit sur le journal. Les allégations mensongères étalées par Kassoum Moctar sur les réseaux sociaux dévoilent davantage ses mesquineries et autres indignités politiques qui ont poussé le Président de la République à dénoncer son comportement devant le Conseil des ministres du mercredi 27 avril 2022. Nous le réaffirmons, c’est en pleine réunion de Conseil des ministres qu’il a été humilié et remis à l’expression de sa simple valeur d’hypocrite politique. Sans quoi, Le Courrier est un grand journal qui s’intéresse peu à des énergumènes de la catégorie de Kassoum Moctar qui, visiblement, manquent d’imagination. En niant la réalité, il fait envoler le peu de respect que lui accordent ses collègues du gouvernement. Le cas de l’individu Kassoum Moctar est un cas qui mérite, à tous points de vue, d’être traité par la justice. Sa place n’est donc pas au gouvernement. Au risque de faire sombrer la formation professionnelle au Niger. Aujourd’hui, après cet épisode, le Président n’a plus le droit d’avoir confiance à un tel personnage. Continuer à le faire, c’est manquer de vision pour le pays et un manque de respect pour la République.

Ali Soumana

Maikoul-zodi.jpgBonsoir à tous,
Mesdames et Messieurs, chers amis de la presse, chers invités,
Je voudrais commencer par rendre grâce à Dieu avant de vous remercier d’avoir répondu à notre invitation.
Je voudrais remercier, de nous accueillir, les responsables de « Alternative Espace Citoyen » dans la salle Frantz Fanon » ce lieu hautement symbolique pour nous.
Nous sommes là, Mesdames et Messieurs, pour un point de presse sur notre lecture du processus électoral en cours dans notre pays.
Il consacre le lancement d’un mémorandum sur le processus électoral en cours au Niger ; mémorandum élaboré par la plate-forme Niger de « Tournons La Page ».
Mesdames et Messieurs les journalistes,
Au sortir de mes propos liminaires, je vais répondre à des questions ; des questions que vous n’avez pas posées.
- Qu’est qui fonde le point de presse sur le processus électoral et à cette période ?
- Qu’est qui nous donne légitimité à faire ce point de presse ?
Eh bien ! Ce point de presse, vous l’auriez peut-être noté, intervient quelques jours après la diffusion d’une nouvelle version du chronogramme électoral 2020-2021.
Il intervient aussi dans un contexte caractérisé par des spéculations, des échanges d’amabilités -pour ne pas dire de virulentes diatribes- à travers les médias, entre les grands pôles de la politique nationale que sont le Pouvoir et l’Opposition.
Voilà une situation qui n’a d’effet que de stresser les citoyens. Et nous voudrions d’ailleurs que la classe politique toute entière reconnaisse cette crise.
Aussi, Mesdames et messieurs, de nombreux hommes politiques africains ont soutenu qu’« On n'organise pas les élections pour les perdre ».
Voilà la traduction bien malheureuse de l'image des élections organisées de façon générale sur notre continent et singulièrement dans un pays comme le nôtre.

Les limites de l'imposture : Par BORY Seyni

C'est une bien vilaine histoire qui débordera, à n'en point douter, le cadre temporel des élections générales actuelles et verra s'agrandir le petit groupe de protagonistes aujourd'hui cause : plus de deux mois après le début du feuilleton judiciaire qui a entouré l'affaire, on n'est toujours pas fixé, au-delà de tout doute raisonnable, sur l'authenticité des documents attestant de la nationalité d'origine du candidat à la présidence de la République du Niger, Bazoum Mohamed, le "favori" des media publics français aux élections présidentielles dont il disputera le second tour le 21 février prochain avec l'ancien chef de l'Etat, Mahamane Ousmane.

Dans son arrêt N°12/CC/ME rendu le 17 décembre 2021, la Cour constitutionnelle du Niger a, en tout cas, clos le débat, estampillant le dossier du sceau de ce que les magistrats appellent dans leur jargon "l'autorité de la chose jugée". Traduit en langage ordinaire, cela veut dire que personne ne peut plus publiquement en discuter, sans prendre le risque de s'exposer à des poursuites judiciaires. Ce qui est dit et dit. Ainsi soit-il…

Amen !

Le fait est qu'aucun juge terrestre n'a, nulle part, encore acquis le pouvoir de mettre dans les fers l'esprit et la mémoire. On nous permettra donc, ici, de nous souvenir que M. Bazoum Mohamed a, dans un passé pas très lointain, déjà été mêlé à une histoire falsification de documents administratifs.

Peu après l'assassinat du colonel Mouammar Kadhafi en octobre 2011 en Libye, et la longue chasse à l'homme engagée contre ses serviteurs et proches (2012- 2013), de nombreux hauts fonctionnaires et cadres civils et militaires du régime déchu trouvent refuge au Niger. Parmi eux, deux coffres-forts ambulants, dont le propre fils du guide de la Révolution libyenne, Saadi Kadhafi, et un certain Béchir Saleh Béchir, directeur de cabinet et homme de confiance du leader assassiné dont il a par ailleurs été grand argentier pour avoir présidé aux destinées du Fonds libyen d'investissement, un fonds souverain évalué à quelque huit milliards de dollars.

Sous la houlette de son chef, Bazoum Mohamed, l'administration diplomatique du nouveau pouvoir fraîchement installé prend le dossier en charge et se met à la tâche. Le cas de Saadi Kadhafi et de ses compagnons d'infortune est rapidement traité sous le chapitre des droits de l'homme. Haut en verbe, le ministre de la Justice, Marou Amadou, précisera que les riches hôtes de marque libyens de Niamey le seront aussi longtemps qu'ils n'entreprendront pas d'activités politiques de nature à nuire à leur pays d'origine et tant que des garanties de sécurité ne leur seront pas assurées dans celui-ci.

Quelques mois plus tard, pourtant, les malheureux, dépouillés et ruinés, sont livrés pieds et poings liés à Tripoli, Niamey expliquant avoir drastiquement négocié les conditions humanitaires de cette opération qui a laissé pantoises les ONGs de défense des droits humains dans le monde entier. La presse spécialisée évoqua, un moment, de scandaleuses transactions financières, mais on n'en saura pas plus, même s'il se dit encore, dans certains milieux, qu'une plainte de Saadi Kadhafi est toujours dans le circuit contre les autorités de Niamey.

Tout aussi ténébreuse s'est révélée être la gestion du sort de Béchir Saleh Béchir, alors recherché par Interpol à la demande des autorités de son pays. Le 12 mars 2012, le célèbre fugitif, mué en Conseiller à la Présidence du Niger, reçoit un passeport diplomatique nigérien qui le fait naître en 1946, à Agadez, au Niger, alors même qu'il a vu le jour en cette année 1946 dans la localité de Traghan, dans la région de Mourzouk, en Libye… Ce document de voyage officiel lui permettra un moment de circuler de capitale en capitale dans une relative quiétude, avant de s'établir à Johannesburg, en Afrique du Sud. De mémoire de nigérien, personne, pas même le président Mahamadou Issoufou dont l'institution a été associée à cette forfaiture, n'a cherché à en connaître les tenants et aboutissants et encore moins à en inquiéter les auteurs.

Interpellé une fois par un journaliste sur le sujet, Bazoum Mohamed, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale, de l'Intégration africaine et des Nigériens de l'étranger déclare tantôt avoir été induit en erreur par ses services, tantôt avoir reçu … des instructions. L'affaire fit l'objet de quelques entrefilets dans les media, et on n'en parla plus.

En 1996, catégoriquement opposé à la candidature du général Ibrahim Baré Mainassara aux élections présidentielles consécutives à son coup d'Etat, M. Bazoum Mohamed effectue, au titre du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS), une série de missions à l'extérieur pour supplier les partenaires du Niger de … couper toute forme de soutiens au régime en gestation au pays. Au cours d'une conférence très médiatisée, il eut, en conclusion de son réquisitoire, ce propos pathétique qui doit encore bourdonner dans les oreilles des diplomates réunis pour la circonstance : "J'ai honte pour mon pays" !

Trois années plus tard, en 1999, le même homme salua "le putsch démocratique" qui venait de voir le président Baré Mainassara tomber sur le tarmac de l'escadrille de Niamey, déchiqueté sous les balles de sa propre garde prétorienne…

Plus récemment, en novembre 2020, lors de son passage dans le cadre d'une série de rencontres initiées fort intelligemment par les étudiants de l'Université de Niamey avec les candidats à l'élection présidentielle en cours, le potentiel futur magistrat suprême du Niger s'énerve à la seule évocation des détournements de dizaines de milliards de francs survenus au ministère de la Défense nationale et, complètement hors de lui, qualifie de "mensonges" les commentaires unanimement salués comme courageux faits quelques mois auparavant par un ancien collègue en charge du département sur le rapport officiel établi sur la question, le Pr Issoufou Katambé.

Devant cet auditoire de rêve, M. Bazoum Mohamed avait une occasion en or "d'avoir honte !" pour la gouvernance de son pays : il n'eut pas un mot de compassion ou d'empathie à l'égard des soldats morts sur le front de la lutte contre le terrorisme parce qu'équipés d'armes défectueuses du fait de la cupidité de bureaucrates et de leurs hommes de main.

Contre toute évidence, le dauphin du président Mahamadou Issoufou qui l'a d'abord proposé comme candidat,à son parti, le PNDS, avant de l'imposer comme présidentiable à l'ensemble du pays,nie tout en bloc. Par de-là le cercle des parents et proches du Pr Katambé, tous ceux qui ont mal à ce pays se sont sentis blessés par cette attitude déni.

Il faut dire qu'en dénonçant les truands en col blanc qui ont peuplé les couloirs de son ministère en particulier et de l'administration nigérienne en général tout au long des dix ans du si mal nommé régime de la "Renaissance", le Pr Issoufou Katambé a, son corps défendant, désigné un système de prédation, d'usurpation et d'imposture que Bazoum Mohamed entend "CONSOLIDER", selon les termes du slogan phare de sa campagne.

L'enjeu du second tour de l'élection présidentielle du 21 février prochain, qui prendra l'allure d'un véritable référendum "POUR" ou "CONTRE" Bazoum à mesure qu'approche l'échéance, est de savoir si l'électeur nigérien lui en donnera l'occasion.

Par BORY Seyni, Journaliste

 

La présence du président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, le général Tchiani, à la prestation de serment des membres de la la Commission de lutte contre la délinquance économique, financière et fiscal est, si besoin est, la preuve de l’engagement des nouvelle autorités nigériennes pour l’assainissement aussi bien économique que sociale. On se rappelle que les membres de cette Commission ont été nommés par décret du président du CNSP le premier novembre 2023. Les 35 personnalités nommées ont pour principale mission de recouvrer tous les biens illégallement acquis et ou détournés. Ce n’est pas la première fois qu’une telle commission est créée au Niger. Après tous les changements de régime, les nouvelles autorités installent des commissions pour fouiller les gestions des régimes déchus. Ce fut le cas en 1974 avec le régime du CMS. On se rappelle aussi de la Commission crimes et abus créée au cours de la Conférence nationale et celle de moralisation du général Djibo Salou. A l’épreuve des faits, rien n’a changé. Certains ont bénéficié de non lieu et leur biens restitués dès le retour au pouvoir du politique. En plus, les mêmes pratiques reprennent. C’est un éternel recommencement. Pour une fois et pour la dernière fois, il urge de trouver un mécanisme pour que les détournements des déniers publics, l’enrichissement illicite, les surfacturations et toutes les autres infractions soient à jamais impossible. Pour cela, il faut que les biens publics soient sacrés et inviolables. Renvoyés à leurs fonctions, les membres de la Commission doivent systématiquement débusquer tous les délinquants sans exclusive et remettre le pays dans ses droits, dans tous ses droits. Même s’ils ont la prérogative de transiger, ils doivent le faire en ayant en conscience les intérêts du pays et avoir surtout peur de Dieu. Si l’on sait que les biens publics ont été privatisés durant ces dix dernières années, il est impératif que tous les responsables de ce pillage rendent gorge. Il faut que la réédition des comptes soit complète. Les filets ne doivent laisser passer aucun poisson. Même pas les larves.

Cette Commission doit être l’exemple. Si tout est fait dans les règles de l’art, elle aura rendu service au pays. Mais cela ne saurait suffire. Comme le disent les commerçants Burkinabé, ‘’c’est bon mais c’est pas arrivé’’ ou comme les formateurs au centre d’instruction militare qui disent toujours aux recrues, quelques soient leurs efforts, ‘’ça commence à venir’’. Le CNSP doit créer les conditions de l’inviolabilité à jamais des biens publics. L’intérêt que porte le président du CNSP à la mission de la COLDEF, en président personnellement la prestation de serment des membres, est un motif d’espérance. Surtout si l’on sait que le général Tchiani a écouter les récriminations des Nigériens à propos de certains membres de la Commission. Il les a tout simplement remplacé.

Modibo

« Dans mon intervention de tout à l’heure, j’avais commencé par dire que notre débat d’aujourd’hui est celui du procès d’un système de gouvernance dont si une des caractéristiques consiste dans la place éminente qu’y occupent les affaires comme facteurs de stratégie politique, l’autre aspect réside dans la façon singulière dont il a perverti le régime semi présidentiel consacré par notre Constitution. En effet, depuis que ce régime a été conçu peu de temps après le retour du Général de Gaule au pouvoir en France en 1958, jamais nulle part un Premier ministre ne sera resté au pouvoir autant d’années que l’actuel Premier ministre du Niger. S’il a pu en être ainsi, c’est au prix d’une perversion à laquelle notre pays a payé un tribut élevé. Car chez nous, le responsable du groupe parlementaire MNSD-Nassara vient de nous en faire la preuve, le Premier ministre semble avoir pris en bail sa fonction pour toute la durée du double mandat du président de la République. Du coup le régime est privé de tous les mécanismes par lesquels il aurait pu transpirer et souffler. Dans le contexte des difficultés propres à la gestion d’un pays, surtout pauvre comme le nôtre, la fonction de Premier ministre expose à des défis impossibles. Il s’en suit en règle générale une usure rapide commandant des changements périodiques. Ce sont ces changements de chef de gouvernement scandant le mandat présidentiel qui suscitent périodiquement l’espoir, donnent l’entrain et l’enthousiasme indispensables pour faire face aux défis. Ce sont ces changements réguliers qui donnent cours aux innovations, aux remises en cause des pratiques routinières ainsi qu’aux inepties qui les caractérisent. Chez nous, le Premier ministre a fait deux paris difficilement supportables : le pari de l’éternité et celui de la stagnation.En accédant à sa fonction en janvier 2000, son regard s’est déjà immédiatement rivé sur les élections présidentielles de 2009. Il fallait qu’il s’en donnât pour cela les moyens. Aussi, inventa-t-il les LAPS et les PSOP, et et avec eux naquit la génération Zakey. Les finances publiques furent mises sous coupe réglée et des hommes d’affaires enrichis outrageusement, et à la vitesse de l’éclair, poussèrent comme des champignons à l’image de leurs bâtiments à étages dans les quartiers de Niamey. Pendant ce temps, l’école totalement abandonnée, n’en finit pas de mourir, les années universitaires sont blanches presque une année sur deux. Cette année, les écoles n’ont guère totalisé plus de quatre mois de cours. Les jeunes sont voués au chômage, et à une détresse indicible. La pauvreté s’accentue de plus en plus. L’économie moribonde n’attire aucun investisseur étranger. Même les commerçants chinois, si entreprenants et si tenaces, qui ont littéralement envahi tous les autres pays africains, n’ont rien pu trouver à faire au Niger. L’horizon s’assombrit chaque jour un peu plus. Le malaise a envahi toute la société. C’est sur fond d’un tableau si obscur qu’est intervenue l’affaire dite MEBA. Un petit espoir avait pointé à l’horizon. Les citoyens ont pensé enfin qu’il y aura la justice. Mais, voilà que la justice a été contrariée et escamotée. Il en est résulté un sentiment de profonde frustration et d’injustice. Et pour ne rien arranger à nos affaires, voici que la rébellion a repris dans la zone de l’Aïr. Notre pays est comme revenu à la case départ. Ce que je dis là indique qu’à l’évidence notre pays fait face à des problèmes sérieux.

Les nigériens sont fatigués. Ils ont envie ne serait- ce qu’un peu d’espoir. Aussi, nous sommes-nous proposés de leur en donner en déposant la présente motion de censure. Le Premier ministre, usé jusqu’à la corde ( ?) doit partir. Qu’aurait-il voulu au juste faire de plus, pour enfin envisager de s’en aller ? De quel bilan se prévaut-il pour prétendre continuer à rester ? Non, il est temps que le Premier ministre s’en aille. Son pari de rester Premier ministre en prenant l’Etat et le pays en otage, et en subordonnant absolument tout à son agenda personnel en vue des échéances de l’année 2009, est irraisonnée. C’est surtout un pari dangereux. Il faut que le chef du gouvernement consacre du temps au pays, plutôt qu’au GRGN, aux meetings, aux liasses de billets déversées sur les tam-tams.

Il est temps donc de permettre au président de la République de nommer un chef de gouvernement au sein de la majorité qui l’a porté au pouvoir en 2004. Le PNDS n’entend constituer aucune nouvelle majorité.Le PNDS entretient de rapports de loyauté à toute épreuve avec le Président Tandja Mamadou. Tout le monde en est témoin, toutes nos déclarations sont là pour le confirmer. Il n’y a pas lieu par conséquent aujourd’hui de vouloir faire peur à qui que ce soit. Nous n’avons aucun projet. Nous sommes des citoyens, députés en l’occurrence, qui avons déposé une motion de censure. Et la Constitution donne le pouvoir au président de la République de nommer son Premier ministre au sein de sa majorité qui renferme beaucoup de compétences qui ne sauraient se réduire au destin d’une seule personne.

Voilà pourquoi je demande aux députés du groupe parlementaire PNDSTarayya et apparentés, PNAAl Oumma et PPN-RDA, de voter oui pour la motion de censure, afin que l’espoir renaisse dans notre pays ».

Laboukoye 

Le ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection Sociale, Dr. Ibrah Boukary et celui de l’Urbanisme et du logement, M. Maizoumbou Laoual Amadou ont effectué hier matin une visite à Tillabéri. Le but de ce déplacement est d’une part de procéder au lancement de la mission de suivi des activités du ‘’Projet Emploi des Jeunes et Inclusion’’, financé par l’Etat et ses partenaires et d’autre part, installer officiellement la Commission Régionale d’Urbanisme et d’Habitat (CRUH) en vue de réussir le processus d’élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement et d’Urbanisme (SDAU) de la région de Tillabéri.

Au cours de cette cérémonie, les deux ministres, le Gouverneur de la région de Tillabéri, M. Arouna Yayé et le Maire de la commune urbaine de Tillabéri, M. Moussa Douma ont salué les efforts des autorités de la 7ème République notamment, SE. Mohamed BAZOUM, Président de la République, Chef de l’Etat et de SE. Ouhoumoudou Mahamadou, Premier ministre, Chef du Gouvernement. Ils ont magnifié les moyens consentis dans leurs domaines respectifs. Ainsi, le ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection Sociale, Dr. Ibrah Boukary a souligné que l’objet de sa mission à Tillabéri est de prendre connaissance des résultats enregistrés par le projet ‘’Emploi des Jeunes et Inclusion Productive’’après quatre (4) ans de mise en œuvre ; d’échanger avec les acteurs et les partenaires de mise en œuvre ; de s’enquérir des conditions dans lesquelles sont déployées les activités au niveau des différentes composantes ; de recueillir au besoin les témoignages des bénéficiaires ; de connaitre les difficultés rencontrées sur le terrain, etc.

Le ministre Ibrah Boukary a, à cette occasion rappelé que l’emploi des jeunes constitue aujourd’hui une priorité stratégique pour l’État du Niger car la jeunesse représente un énorme potentiel de croissance économique et de développement. «En effet, la promotion de l’emploi des jeunes a systématiquement été mise en avant dans différentes stratégies nationales notamment la Stratégie de Développement Durable et de Croissance Inclusive Niger 2035 », a-t-il précisé.

Le ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection Sociale estime que la question de l’emploi est donc, à la fois un enjeu et un défi pour le Niger, où le phénomène du chômage et ses corollaires constituent des préoccupations constantes. «Il importe de souligner, cependant, que si ce phénomène de chômage n’épargne aucune couche de la population, il affecte plus particulièrement une frange importante de la jeunesse et ce, malgré les efforts consentis par l’Etat dans le domaine. (…) C’est conscient de cette situation très préoccupante, qu’en plus des actions déployées dans le domaine de l’insertion professionnelle des jeunes, le Gouvernement, avec l’appui de la Banque Mondiale, a décidé de la conception et la mise en œuvre du projet PEJIP», a souligné le ministre de l’Emploi, du Travail et de la Protection Sociale.

Pour sa part, le ministre de l’Urbanisme et du Logement, M. Maizoumbou Laoual Amadou, a déclaré que dans la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement qui s’inscrit dans la concrétisation des engagements contenus dans le Programme de Renaissance Acte III, le Premier ministre a insisté sur la mise en œuvre des actions concrètes dans le sens de l’amélioration de la viabilité économique des communes, de la qualité de la gouvernance administrative et financière des entités décentralisées, la transparence et l’implication plus active des citoyens dans la conduite des affaires publiques.

Procédant à l’installation officielle de la CRUH, le ministre de l’Urbanisme et du Logement, M. Maizoumbou Laoual Amadou, a expliqué que l’implication des citoyens dans la conduite des affaires publiques et la synergie d’actions des différents acteurs urbains, passent nécessairement par l’installation des organes consultatifs en matière d’aménagement du territoire en général et d’urbanisme et d’habitat en particulier. C’est dans ce cadre, précise-t-il que la Commission Nationale d’Urbanisme et d’Habitat (CNUH) a été installée le 06 octobre 2021 par Son Excellence Monsieur Ouhoumoudou Mahamadou, Premier ministre, Chef du Gouvernement.

Après l’installation de cette commission régionale, il sera question de procéder à l’élaboration du Schéma Directeur d’Aménagement Urbaine pour la région. En effet, a ajouté M. Maizoumbou Laoual Amadou, le SDAU de Tillabéri doit permettre de créer une meilleure disposition, une meilleure répartition dans l’espace de ce qui constitue les éléments de fonctionnement de la ville et son hinterland afin de veiller au bien-être et à l’épanouissement de tous les habitants. «Pour ma part, j’ai procédé à l’installation des Commissions Régionales de Diffa, Maradi et Dosso en décembre 2021 puis celles de Tahoua et Zinder en septembre 2022. Aujourd’hui, l’honneur revient à la région de Tillabéri d’être dotée de cet organe consultatif nécessaire pour l’amélioration de la gouvernance foncière en milieu urbain. L’élaboration du SDAU de Tillabéri et sa mise en œuvre, ne seront réussies que s’il y a une implication de la population et une participation de tous les acteurs et de toute la population. J’invite donc toutes les couches socioprofessionnelles de la Commune Urbaine de Tillabéri à accompagner les autorités locales, le conseil municipal et le cabinet d’études dans le processus de son élaboration et à participer activement à sa mise en œuvre», a déclaré M. Maizoumbou Laoual Amadou avant de s’appesantir sur l’engagement de son département ministériel à se lancer, avec l’accompagnement des partenaires, dans un vaste programme d’élaboration des outils de planification urbaine, un programme qui consiste à doter tous les chefs-lieux des régions et des départements en outils de planification urbaine prévus par la législation en vigueur.

 Abdoul-Aziz Ibrahim ONEP Tillabéri

Source : http://lesahel.org/

 Après de cinq jours d’attente, les Nigériens ont finalement eu droit, le samedi 2 janvier, à la publication des résultats globaux provisoires du double scrutin présidentiel et législatif du 27 décembre. Il ressort des résultats proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) que c’est Bazoum Mohamed, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDSTARAYYA) qui arrive en tête parmi les candidats à l’élection présidentielle, avec un score de près de 40%. Aux législatives c’est aussi le PNDS-TARAYY qui se place en première ligne avec 80 sièges sur les 166 sièges pourvus en attendant les cinq de la diaspora qui n’a pas pu prendre part aux élections de cette année. A première vue et surtout pour les non avertis et une partie de la communauté internationale, le candidat Bazoum Mohamed et son parti le PNDS-TARAYYA sortent victorieux du scrutin présidentiel et législatif du 27 décembre. Mais il n’en est rien en réalité. Pour la présidentielle, il faut rappeler que le candidat du PNDS-TARAYYA a bénéficié du soutien de plus de quarante partis politiques, parmi lesquels certains ont parti à plusieurs élections présidentielles et sont bien implantés dans certaines régions du Niger. Quand on déduit l’apport de ces partis, on se rendra assurément compte que le PNDS-TARAYYA a nettement reculé par rapport à ses performances de ces dernières années dans une élection présidentielle. En plus du soutien de la quarantaine des partis politiques, le candidat Bazoum Mohamed a bénéficié de beaucoup d’autres avantages qu’aucun des autres candidats à l’élection présidentielle n’a eus. Avec sa position de candidat du principal parti au pouvoir, il a bénéficié de l’appui de l’appareil de l’Etat en entrant en campagne électorale plusieurs mois avant l’ouverture officielle de la campagne, au vu et au su de toutes les institutions chargées de veiller au respect de la loi électorale.

Ses meetings étaient régulièrement couverts par les médias publics qu’on avait l’impression un moment qu’il était l’unique candidat à l’élection présidentielle. Le candidat Bazoum Mohamed a aussi bénéficié de faramineux moyens financiers, dont les Nigériens connaitront peut-être un jour la provenance, qui ont servi à le rendre plus visible que la trentaine d’autres candidats à l’élection présidentielle. Rien qu’à Niamey, ses affiches et autres effigies de campagne qui jonchent les principales artères renseignent assez sur l’énormité de ses moyens financiers. L’autre avantage que le candidat Bazoum Mohamed a eu a été d’avoir comme directeur de campagne le propre fils du président sortant. Cela a sans doute eu une forte influence sur certains segments de la société nigérienne, notamment les institutions de la République et sans doute aussi la chefferie traditionnelle dont certains membres auraient pris une part active dans la mobilisation des électeurs au profit du «candidat du pouvoir » dans certaines contrées du Niger. Avec autant d’avantages, un autre candidat que Bazoum Mohamed allait l’emporter sans difficulté dès le premier tour. En refusant le fameux «coup K.O» à son candidat, les Nigériens ont sans doute exprimé leur rejet des dix de gouvernance du PNDS-TARAYYA.

Une gouvernance caractérisée par des détournements massifs des derniers publics, la violation des libertés individuelles et collectives, la destruction du tissu économique, l’arrogance et le mépris sous toutes leurs formes. A part les zones nomades et certaines localités de la région de Tahoua où le PNDSTARAYYA s’est arrangé à faire le plein de voix, avec des taux de participation de près de 100% et des votes favorables à près de 100% pour le seul parti, presque partout au Niger les électeurs ont démontré leur rejet des dix ans de gestion du pouvoir par le président Mahamadou Issoufou et ses camarades.

Hamidou Bello

Ils sont nombreux aujourd’hui les nigériens qui continuent à se poser des questions sur la personnalité de leur nouveau Président, Bazoum Mohamed. Chapitre N°1 ; il est relatif au vécu politique des nigériens, de l’avènement de la démocratie à nos jours. Pour rappel, c’est au prix du sang de trois étudiants sacrifiés lors des événements du 9 février 1990 que le multipartisme a été instauré dans le pays. C’était partie pour des aventures rocambolesques ponctuées par quatre ou cinq mouvements de militaires (y compris les complots avortés) qui ont fait irruption dans le processus démocratiques. Par au moins trois fois nettement avérées, le processus démocratique du Niger a été court-circuité par des coups d’état pour la plupart souhaités et attendus. L’expérience politique qui allait être la plus éloquente aux yeux des nigériens était celle de Tandja Mamadou. Malheureusement, presqu’au bout du tunnel, des esprits malveillants l’on induit en erreur, le poussant à faire un mauvais choix. Ce qui devait arriver, arriva. Après celle de Tandja, les nigériens ont vécu celle de Mahamadou Issoufou. Faudrait-il le rappeler, cette expérience reste la toute première où une transition démocratique a été enregistrée sans grands heurts dans le pays. Certes, jamais la vie n’a été si dure pour les nigériens que durant les dix années de gouvernance du Président Issoufou Mahamadou. Il y avait eu de grosses entrées d’argent dans le pays, mais les investissements étaient beaucoup plus orientés vers la logistique, au détriment des secteurs sociaux de base. C’est ainsi que de très grandes réalisations ont vu le jour dans le pays. Cependant, le commun des mortels a constamment végété dans le dénuement et la misère, sous un pouvoir d’une austérité maladive. Souvent on tapait même très fort sur la tête de l’enfant et on le muselait pour qu’il ne puisse pas pleurer ou se plaindre de quelque façon que ce soit. C’est cela qui a fait échec au pouvoir du Président Issoufou Mahamadou. Parallèlement, il s’est installée dans le pays une culture de saccage des biens publics sous fonds de détournements et de surfacturations monstres. En somme, on peut encore affirmer que les nigériens n’ont pas connu d’expérience démocratique digne de ce nom. Refermons donc ce chapitre sur le nigérien et la démocratie par cette constatation amère : le nigérien a soif de la démocratie ; il reste un être frustré quant aux deux avantages attendus de la démocratie : la liberté et la prospérité qu’elle génère.

Le chapitre N°2 se rattache au Niger, le pays même de tout est possible. Son histoire reste scotchée à celles des hommes qui y vivent. Ceci dit, tous les remous qui ont contribué à frustré le nigérien ont des conséquences immédiates sur la vie du pays, sur son évolution dans tous les secteurs. Principalement sur le plan démocratique, le Niger ressemble à une table-rase, sans aucune expérience viable à retenir. Seul aspect pérenne, c’est le classement de dernier pays de la planète auquel il reste assidu. Oui ! Ici c’est le pays qui est cité et c’est la seule chose de réellement palpable que l’on peut retenir. Pauvre Niger, la queue du sort sur l’échiquier mondial.

Voilà comment se présente le pays et les hommes qui y vivent. Chapitre N°3. C’est dans ce contexte tumultueux qu’intervient un homme que les nigériens n’ont jamais connu de façon sérieuse. Même les militants du PNDS ne peuvent pas attester de leur connaissance réelle de cet homme. Au fait, il n’intervenait le plus souvent que dans des cadres et des occasions de haute facture, des débats, des conférences ; bref, des circonstances qui échappent au contrôle et à la compréhension de la grande masse. Cet homme était réellement inconnu. Pour les opposants, c’était donc l’occasion de sauter sur des aspects saugrenus, comme les quelques circonstances où il s’emportait à travers des diatribes politiques. L’homme, enclin à la philosophie, avait souvent des écarts de langage liés non pas à un désir de blesser, mais à des interférences et des inflexions langagières très subtiles. Ainsi, on faisait comprendre aux nigériens que Bazoum parle mal ; il est arrogant et instable ; bref un homme qui ne saurait gouverner car, selon les dires des détracteurs, ils mélangeraient les nigériens à chacune de ses sorties. Telles sont les connaissances sommaires et erronées que plusieurs nigériens avaient de Bazoum. Et, ce sont ces appréhensions qui ont été savamment utilisées par les opposants pour lui pourrir sa campagne électorale. Surtout, on le provoquait allégrement, sachant bien que l’homme ne laisse pas passer les occasions de rendre les coups qu’on lui administrait ; juste pour en faire un bagarreur patenté et le discrédité.

Aujourd’hui, à l’épreuve des faits, les nigériens découvrent petit à petit la réalité de qui est leur président. Avec joie, le peuple nigérien s’aperçoit que cet homme est tout ce que l’on pense et que l’on raconte sur lui. De plus, il est en train de mettre en branle tous les anciens mécanismes mis en place pour escroquer et piller les ressources du pays. A travers ces actions, les nigériens frustrés par des années de malgouvernance se retrouvent à travers la gestion d’un homme qui à peine cent jours de gouvernance à son actif. On découvre avec joie que cet homme était ce qui manquait au Niger ; un homme capable de résister à des lobbys de magouille, de paternalisme, de clientélisme, de népotisme… de tout ce qui peut blesser les plus faibles. Tous ces frustrés, ces humiliés et ces hommes injustement frappés par la loi et les actes des plus forts, le président Bazoum reste un nouvel espoir auquel il faut s’accrocher résolument. N’en déplaise aux détracteurs et autres brebis galeuses. Et, cet homme va réussir, il va aller très loin par la volonté d’Allah.

Mallam

Le Gouverneur de la région de Zinder,M. Issa Moussa a donné, hier matin à 8 heures, le coup d’envoi des opérations de vote pour l’élection présidentielle 2ème tour  au niveau du bureau de vote N° 001 installé dans les locaux de la Maison de la Culture Abdoussalam Adam, en présence du Maire central de Zinder et du président de la CENI régionale, M. Chaibou Moussa.

D’après le président de la CENI régionale, les opérations de vote se déroulent bien au niveau des 55 Communes de la région de Zinder. «C’est un sentiment de satisfaction qui m’anime»,a fait remarquer M. Chaibou Moussa au regard de l’effectivité du démarrage des opérations.

L’ancien Président de la République, Mahamane Ousmane et candidat du RDR Tchandji a voté à Zinder. «Malgré les imperfections liées à l’organisation de ces différentes consultations, les Nigériens ont cherché à exercer leurs droits et leurs devoirs en se rendant aux urnes», a-t-il confié à sa sortie du bureau de vote. Ce qui est important à souligner, a-t-il insisté, c’est que le suffrage des citoyens doit être respecté. Il a lancé un appel aux responsables à tous les niveaux à faire en sorte que chacun apporte sa contribution pour que ces élections soient propres, correctes et que les citoyens se retrouvent dans les suffrages qu’ils ont exprimés.

La région de Zinder, rappelle-t-on, compte 5.258 bureaux de vote répartis au niveau de 55 Communes pour 1 million 516.603 électeurs.

 

SidoYacouba

22 février 2021
Source : http://www.lesahel.org/

 

 La pratique importée de bilan de 100 jours de gouvernance serait-elle une exception dans la situation du Niger depuis le 26 juillet 2023 ? Le gouvernement mis en place et ses premières manifestions d’actions permettent-ils d’apercevoir des prémisses d’un bateau sans risque d’échouer sur les quais de désillusions et de déceptions non méritées ? A-t-on réfléchi sur les critères de présélection et de sélection des futurs responsables des organes de transition ?

Les joutes constatées entre les acteurs de la société civile participent –elles de l’articulation de la vie démocratique sur son nouveau chantier ? La suspension formelle des activités des partis politiques se justifie-t-elle avec un état d’esprit de recul, de lucidité et d’indépendance ? Que nous faut-il pour rester dans la dynamique de Lomé Peace and Security Forum 2023 ?

C’est à ces questions et à bien d’autres que votre serviteur tentera d’apporter des réponses avec la clé désintéressée somme toute de distance. L’analyse sera développée en série d’articles successifs.

La température actuelle touche la mise en place d’une structure consultative prônée par le Chef de l’Etat afin de donner un contenu riche et diversifié à la transition politique au Niger depuis le 26 juillet 2023. A ce niveau, il est important de se pencher sur les critères de compétences  et d’aptitudes suivant les phases de présélection et de sélection de ses premiers responsables.

  1. De la phase de la présélection des premiers responsables de la structure consultative

De prime abord, il est naturel de lancer officiellement un appel à candidatures pour cette phase par le secrétariat du Conseil national pour la Sauvegarde de la Patrie mais dont le comité de présélection sera composé par neuf grands chefs autour de huit compétences et qualifications. Les services de la police et d’impôts seront chargés des vérifications préliminaires avec un droit de défense accordé à toutes les personnes candidates.

  1. De l’enquête de moralité et de patrimoine

Toute personne candidate doit faire l’objet d’une enquête de moralité renforcée par celle de son patrimoine.  A ce sujet, une attention sera accordée à la bonne conduite morale et sociale, au service militaire ou au service national civique et à la justification du patrimoine.

L’enquête de moralité et de patrimoine doit être indépendante et doit garantir un droit de défense à toute personne non retenue dans la phase de la présélection selon le mode du contradictoire et des preuves. Le service militaire ou civique national en tenant compte des exemptions légales doit être effectué correctement par toute personne candidate.

L’enquête sur le patrimoine de toute personne candidate doit être menée par les services compétents de la direction générale des impôts pour mieux apprécier la légalité des éléments constitutifs du patrimoine. Le respect des paiements d’impôts suivant les règles d’évaluation fiscale du patrimoine et des sources des revenus doit être vérifié en toute transparence. A ces deux préalables s’ajouteront la formation et l’expérience des personnes candidates.

   B La formation et l’expérience des personnes candidates

Un niveau supérieur de formation et une expérience professionnelle ou de corps d’au moins de vingt années seront complémentaires aux compétences et qualifications requises pour toute personne candidate à la phase de la présélection. La formation à jour sur des questions et enjeux liés de la participation patriotique à la construction collective avancée de l’Etat du Niger et de son peuple doit être une base d’évaluation.  L’expérience professionnelle ou de corps d’au moins vingt années permettra d’identifier les ressources humaines issues des générations de luttes syndicales et politiques des années 88/99 et d’avant. Les autres critères pourront être discutés et convenus par le secrétariat du CNSP et le comité de neuf grands chefs.

La phase de la présélection doit être sous la surveillance d’un comité composé de neuf grands chefs. 

  1. Le comité de neuf grands chefs

Le ballet des chefs religieux et coutumiers étrangers au lendemain de la prise des sanctions et mesures contre le Niger, son peuple et ses dirigeants par la Cedeao démontre l’absence d’une voix crédible et respectable à l’échelle nationale dans notre pays. Il est grand temps d’y remédier pour la réussite de la transition politique engagée. Le comité de neuf grands chefs doit émaner du socle religieux et coutumier dans un premier temps et dans le second du socle politique, juridique et diplomatique.

      II. Le socle religieux et coutumier

Il s’agira de faire place à deux hautes personnalités représentatives du poids islamique et chrétien du pays. Les diverses associations religieuses sont organisées et le mécanisme électif ou consensuel à leur sein permettra d’avoir les deux grands chefs. Les prières qui nous accompagnent sont une source inépuisable spirituelle et de résilience sur tous registres.

Il ressortira en outre du socle coutumier un grand chef selon  le mécanisme électif ou consensuel dont le représentant sera issu de la chefferie traditionnelle (des provinces[i], des sultanats, des cantons et groupements coutumiers.)  Le retour aux réalités traditionnelles positives justifie ce choix dont il convient d’apporter toute l’attention dans la gouvernance moderne. En réalité le statut d’auxiliaire de l’administration qui constitue le cadre d’action des chefs traditionnels doit être actualisé avec plus de renforcement de leurs pouvoirs dans la marche de la société au nouveau local, point de départ de toute décision ou initiative démocratique.

Il reste à aborder le socle politique, juridique et diplomatique.

      A. Le socle politique, juridique et diplomatique

La liste de neuf grands chefs sera complétée par le secrétaire du CNSP ;  le grand chancelier de l’Ordre national ;  un ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats titulaire d’au moins d’un master II recherche ou professionnel en droit ou équivalent ayant fait preuve du respect des règles d’éthique et déontologiques de sa profession ; du représentant des anciens ambassadeurs titulaire d’un diplôme supérieur en relations internationales, sciences politiques, sciences de l’administration ou de droit public international ayant fait preuve de la diplomatie de rupture dans sa carrière ; d’une représentante des associations féminines ayant occupé des hautes responsabilités dans la promotion et l’émancipation des femmes nigériennes et un représentant de la chambre de commerce ayant fait preuve de saine et appréciable gestion des questions de commerce interne et externe.[1]

Il est à remarquer l’absence de représentation des hautes juridictions et du gouvernement dans la composition du comité de neuf grands chefs. Pour le premier cas, c’est à cause de l’esprit partisan dominant l’actif des hautes juridictions et l’exigence de la neutralité décisionnelle à leur adresse. Il est à rappeler que les deux élections présidentielles de 1993 et de 2021 ont été validées sans respect de la réalité des urnes.

La légitimité fondée sur des décisions partisanes a coupé court aux mandats présidentiels des deux périodes.  Un ancien haut magistrat[ii] de son vivant avait déclaré que la proclamation des résultats issus de l’élection présidentielle de 1993 a été faite sans égard à la réalité des urnes, préférant l’approbation d’une vision restrictive de l’ordre public au détriment du droit applicable. Pour l’élection de 2021, je m’étais penché à son temps sur les arrêts de la Cour constitutionnelle dans une autre publication en métaphore « L’avenir a besoin de la Cour constitutionnelle au Niger »[iii] Pour le gouvernement, il s’agira d’éviter toute immixtion ou toute influence dans le choix à opérer dans la phase de la présélection.

La structure consultative aura entre autres charges des propositions sur l’organe exécutif de la transition. Il est sera tiré des conclusions pour un  remaniement gouvernemental à l’issue des travaux de la structure dédicacée.

La phase de la sélection sera accomplie par le mécanisme électif ou consensuel sur le principe de critique-autocritique et de la synthèse.  Le développement de cette phase ainsi que la suite des réponses aux questions préalablement posées seront à suivre dans la série d’articles.

Par Me Yahouza AMANI, Avocat à la Cour

[1] Soulignons qu’à l’exception des chefs coutumiers, la représentation est faite sans distinction de genre.

[i] Nous préférons le terme de province qu’aux réformes fantaisistes de la transition de Salou Djibo.

[ii]  Le regretté l’avait annoncé publiquement au cours d’une conférence sur le domaine universitaire de la rive droite.

[iii]  Site de la presse en ligne du Niger diaspora en date du 11 décembre 2020.

La déclaration finale de la première édition de Lomé Peace and Security  Forum sur les transitions politiques, dans les pays en crise en Afrique de l’Ouest et la gouvernance en Afrique  et le communiqué final de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine sur la situation de notre pays, publiés respectivement les  22 et 23 octobre 2023 renforcent la volonté populaire et politique du peuple nigérien et de ses dirigeants pour asseoir une transition politique de rupture.

C’est dans cette optique qu’il est important de continuer à dégager des pistes de réflexions sur les organes de la transition au Niger comme entamées dans la précédente publication parue sur le même site de Nigerdiaspora.

La phase de présélection par le comité de grands chefs doit aboutir à la sélection trois d’équipes composées chacune de quatre personnes candidates pour le présidium de la structure consultative à installer.

Le présidium peut être limité dans sa composition par un président, un secrétaire général et deux rapporteurs suivant le mécanisme électif ou consensuel basé sur le principe de la critique, de l’autocritique et de la synthèse par le corps des représentants de toutes les couches nationales.

  1. La sélection des membres du présidium par le corps des représentants

Il appartient aux équipes candidates de proposer chacune d’entre elles une note de breffage limitée à une quinzaine de pages. La synthèse générale des propositions issues des consultations locales ou des assises nationales déjà faites au préliminaire sera en autres la source de la note de breffage.

  • La synthèse des consultations locales

On sait que les nouvelles autorités avaient déjà posé les jalons de la phase préliminaire par l’organisation des consultations locales ou des assises nationales au niveau de chaque région du pays.

Les conclusions issues des différents travaux dans les huit régions du pays devraient être analysées, tamisées et faire l’objet d’une synthèse générale.

 Cette dernière doit en conséquence être validée collégialement par le secrétariat du CNSP et le gouvernement avec des enrichissements en tenant compte dans grandes orientations axées des réformes essentielles et indispensables. C’est cette synthèse générale sous forme de rapport pouvant être nommé d’avant-projet de nouveau pacte républicain qui servira à la réalisation de la note de breffage par chaque équipe candidate au présidium de la structure consultative à venir.

  • La Présentation des notes de breffage par chaque équipe candidate

La note de breffage à l’adresse du corps des représentants doit sur la base des besoins spécifiques du Niger faire des propositions des solutions dans les domaines (social, politique, culturel, économique, juridique, constitutionnel) avec des outils et des procédures appropriés.

Les propositions doivent être placées dans le contexte du point 32 de la déclaration finale de la première édition de Lomé Peace and Security Forum 2023[1] qui souligne leur importance dans les transitions politiques et de la gouvernance.

Il est à rappeler que les points 2 et suivants de la même déclaration trouvent les transitions politiques en Afrique comme des occasions de changements, de réformes audacieuses et de  transformations sociopolitiques profondes, plus inclusives et  participatives, d’où l’importance de leur prise en compte dans la note de breffage.

 C’est à cet effet que le corps des représentants va analyser, examiner et porter son choix sur la note de breffage présentée par l’équipe qualifiée tout au long du processus.

 Les impératifs de  renforcement des institutions et de traitement des causes profondes  de la crise tels souscrits dans la déclaration précitée doivent être des valeurs d’appréciation et de validation des différentes notes de breffage présentées par les équipes candidates au corps des représentants. Le processus du choix des membres pouvant constituer le présidium de la structure consultative à installer sera complété par soit un consensus du corps des représentants soit par un vote majoritaire. Après cette phase, vient celle de l’installation des membres du présidium et de la fixation de ses missions.

  • L’installation des membres du présidium et la fixation ses missions

L’installation des membres du présidium relève des services de protocole d’Etat mais il appartiendra au secrétariat du CNSP, au comité de neuf grands chefs et au gouvernement collégialement de fixer les missions du présidium à travers une synthèse globale de tout le processus les phases de la présélection et de la sélection.

  • L’installation des membres du présidium de la structure consultative

C’est un domaine qui ressort de la direction du protocole d’Etat en fonction des règles d’usage et diplomatiques. La question de la prestation du serment pour les membres du présidium doit être abordée différemment. En effet, le serment confessionnel entretenu par la classe politique semble inapproprié du fait non seulement qu’il constitue une personnalisation de l’exercice des pouvoirs par certains dirigeants mais aussi du fait de l’absence de sanction cohérente et de ses limites. L’admission du serment confessionnel justifiée par l’absence de confiance au sein de la classe politique nigérienne procède de ses faiblesses et de sa culture des conflits d’intérêts dans les rapports politiques. Une telle analyse a été menée dans une de mes publications antérieures. [2]

  • La fixation des missions du présidium

Diriger, orienter et synthétiser les débats, penser, identifier, proposer un modèle de société démocratique avec des structures fiables et des règles d’organisation et de fonctionnement des pouvoirs publics, poser les jalons de la constitution, du code électoral, des précis politiques, des réformes des systèmes administratif, comptable, financier et judiciaire,  revoir le cadre légal et réglementaire des forces de sécurité et de défense tant dans la formation, l’encadrement et les moyens humains et financiers, proposer un schéma évolutif d’exécution et indiquer les sources internes et externes de financement etc..,  peuvent être les missions à assigner au corps des représentants sous la direction du présidium suivant une participation active, inclusive, riche, diversifiée et patriotique.

Les points 2, 3, 4, 6 et 10 du communiqué adopté par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA), à sa 1180e réunion tenue le 23 octobre 2023[3] sont des repères d’une contribution à l’échelle africaine pour la réussite des transitions politiques en Afrique.

Le choix de la durée de trois années pour le cas du Niger me semble raisonnable pour pouvoir poser les jalons solides des réformes politiques, institutionnelles, économiques dans la prise en compte des principes cardinaux d’une société démocratique adaptée et évolutive.

Il ne sert à rien de se lier par des injonctions externes ou communautaires pour la durée de la transition au détriment de l’indépendance du pays et de ses intérêts dans le concert des nations.

La souveraineté du Niger doit s’affirmer dans les relations internationales notamment par des règles constitutionnelles assez rigides dans toute éventualité de renouement des accords de coopération bilatérale avec la France ou régionale avec certains pays membres de la CEDEAO. 

Le financement des formations politiques doit être rediscuté et le corps des représentants doit réfléchir sur un mécanisme efficace de lutte contre toute ingérence externe dans la gestion des affaires relevant de la sphère de la souveraineté du Niger.

La présente analyse semble assez résumée et ce choix est délibéré et se justifie par l’ouverture d’esprit qui doit caractériser le processus décisionnel des nouvelles autorités dans la gouvernance de la transition politique de rupture au Niger.

Par Me Yahouza AMANI

Avocat à la Cour

 

[1] https://icilome.com/2023/10/declaration-finale-de-la-premiere-edition-de-lome-peace-and-security-forum/

[2] Le Serment confessionnel imposé aux Juges nigériens ou la négation des principes fondamentaux de la République, in Revue du Syndicat Autonome des Magistrats du Niger, Juin Juillet 2005, p.1

[3] https://www.peaceau.org/fr/article/communique-de-la-1180eme-reunion-du-cps-tenue-le-23-octobre-2023-et-consacree-a-la-situation-en-republique-du-niger

 

Les partis politiques non affiliés sur la situation sociopolitique :  Brigi Rafini, désormais ‘’nu’’ et discréditéAyant longtemps caché son jeu en présentant au grand jour l’image débonnaire d’un homme politique respectueux des lois et soucieux d’une démocratie apaisée, juste et crédible, Brigi Rafini a fini par être découvert sous son vrai jour, «sans turban». Surpris dans un refus de s’incliner devant un arrêt de la Cour d’État, la plus haute juridiction de son pays en matière administrative, dans le contentieux avec Africard dont il est un des responsables majeurs, Brigi Rafini a perdu toute crédibilité aux yeux des Nigériens à force de ramer à contre-courant. Ainsi nie-t-il ouvertement la mise à mort de la démocratie alors qu’il a été incapable, au sein du CNDP [ndlr : Conseil national de dialogue politique] de préserver la tradition de dialogue politique qui a permis, durant des années, de policier les rapports entre les différents camps politiques. Face à ce constat d’échec et d’incapacité, les partis politiques non affiliés pour l’alternance démocratique (FPNAD) ne sont pas passés par quatre chemins pour exiger le départ, pur et simple de Brigi Rafini et son rejet systématique de toutes formes de modification des lois électorales au Niger sans la participation des autres couches sociopolitiques (Non affiliés, Opposition, société civile).

Lorsqu’on fait une analyse pertinente de la situation qui prévaut au Niger, on se rend compte que chaque jour qui passe marque la fin du système de la France-Afrique et de l’impérialisme dans le continent africain, plus particulièrement au sahel. La France a tant fait souffrir les peuples africains jusqu’à ce qu’elle les a poussé à la révolte et fait naitre en eux un sentiment antifrançais irréversible. C’est ce que nous nous vivons dans le sahel depuis maintenant trois ans environ.

Ainsi, après le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, c’est aujourd’hui le peuple nigérien qui dit non à l’impérialisme. Coup d’Etat sur Coup d’Etat, le peuple ouest africain veut sa souveraineté et cela est une réalité irréversible, la France n’y peut rien encore moins la CEDEAO. Il s’agit d’un éveil de conscience des peuples africains, soucieux de leur devenir et de leur avenir. Eh bien, il faudrait savoir cet éveil de conscience de la jeunesse africaine n’est pas fortuite, il est le résultat d’un certain nombre de comportements indécents venant du président français, Emmanuel Macron et certains de ses valets locaux. Tout d’abord, en suivant les discours de Macron sur la politique française en Afrique, on comprend que la France n’est pas en Afrique pour les africains mais pour défendre ses « intérêts » comme il le souligne dans ses sorties médiatiques.

Donc pour Macron la France n’est pas en Afrique pour faire le bien des africains. Certes la diplomatie est un domaine où chacun défend ses intérêts, mais il faudrait que ce soit en un partenariat ‘’gagnant gagnant ‘’. Ce qui n’est pas le cas de la France qui en plus de piller les ressources de l’Afrique, s’ingère dans leurs affaires internes jusqu’à imposer des dirigeants à des peuples qui ont eux aussi droit à la souveraineté au nom d’une prétendue démocratie. Une démocratie dans laquelle les droits de l’homme sont piétinés, les défenseurs de ces droits sont enfermés pour leur opinion et le peuple innocent martyrisé sans raison valable. La corruption et la mal gouvernance sont les traits incontestables de ses régimes imposés. Voilà pourquoi, les coups d’Etat sont plus appréciés en Afrique que les régimes issus des urnes. En outre, il y’a des propos indignes de la part d’un chef d’Etat que certains présidents africains se donne le luxe de tenir devant le monde entier lors de leur sortie médiatique. C’est le cas de l’ancien président Bazoum qui avait soutenu que les terroristes étaient plus « forts et plus aguerris » que son armée. Comment pensez-vous qu’un chef militaire, un officier supérieur apprendrait ces genres de propos d’un chef suprême des armées ? Il va sans doute se sentir humilié et insulté. Il s’agit là en effet d’une cotraitance de la sécurité du pays par ce qu’on croit que nos soldats ne peuvent pas faire l’affaire alors que ces derniers meurent chaque jour au front rien que pour la défense de la patrie. C’est révoltant venant d’un chef d’Etat. Pour toutes ces raisons, les peuples africains aspirent à un changement et les militaires les en ont donné l’opportunité de se faire entendre et de montrer leur râle-bol à la communauté internationale. Ce n’est donc pas un hasard que ces coups d’Etats suscitent beaucoup d’engouements dans la sous-région. La crédibilité autorités militaires au sahel démontre à quel point la démocratie a été un enfer pour ses peuples. Ainsi, toute personne qui essayerait de tenter quoi que ce soit à ces militaires, c’est le peuple qu’il croisera sur son chemin. Au Niger par exemple, aucun homme politique n’a pu mobiliser un public qui remplirait le stade général seyni Kountché mais les nouvelles autorités l’ont fait à seulement quelques jours de leur arrivée au pouvoir. Cela a été suivi d’importante manifestation de soutien à leur égard dans toutes les grandes villes du Niger et dans la diaspora.

Récemment, c’est la population de Bermo localité de Maradi qui a effectué une sortie massive pour exprimer son soutien au CNSP. La jeunesse de Bermo dit non aux bases militaires et pour exiger leur départ (voir la photo d’illustration).

Quel homme politique a-t-il réalisé un tel degré d’accompagnement du peuple ? De ce fait, il faudrait absolument que la CEDEAO et ces alliés reviennent à la raison avant qu’il ne soit tard. Cet air de la liberté de l’Afrique qui souffle ne peut être stoppé quel que soit les manoeuvres utilisées. Et tout celui qui essayerait une telle aventure finira par se mordre amèrement le doigt.

Garba.I.Zacari

Au nombre des décisions prises lors du Conseil des ministres d’hier, jeudi 14 octobre 2021, on peut retenir trois points forts qui méritent d’être soulignés au regard de leur importance. Il s’agit notamment des mesures relatives au secteur de l’Education Nationale, à la gouvernance diplomatique, ainsi qu’à l’appui que le gouvernement entend apporter aux producteurs agricoles affectés par les aléas de la campagne agricole.

Ainsi, au titre du Ministre de l’Education Nationale le Conseil, conformément aux engagements du Président de la République, SEM. Bazoum Mohamed, contenus dans le programme de Renaissance Acte 3, volet

« Développement du capital humain », ainsi que la volonté qu’il a hautement exprimée en faveur de la valorisation de la fonction enseignante par le biais de la professionnalisation du personnel et d’une offre de perspective de carrière aux enseignants, a pris des mesures à la hauteur des enjeux du moment.

A ce titre, le Conseil a décidé du recrutement direct de 334 enseignants scientifiques issus des établissements d’enseignement supérieur de formation initiale d’enseignants. « Ce recrutement vise à réduire le déficit criard en professeurs de mathématiques, de physique-chimie et de sciences de la vie et de la terre au niveau de l’enseignement secondaire », note le communiqué.

S’ajoute également une décision portant sur le recrutement de 2150 enseignants contractuels, « de profils conformes aux disciplines enseignées et jugés efficaces à l’issue de l’évaluation des enseignants du secondaire effectuée en novembre 2020 ». Ces derniers, précise-t-on, seront choisis selon les priorités du ministère de l’éducation nationale. Ce recrutement vise à promouvoir la qualité des enseignements/apprentissages et à implémenter la culture de l’évaluation.

De même le gouvernement a décidé de l’instauration d’un Service Civique National (SCN) obligatoire de deux (2) ans pour tous les diplômés de l’enseignement supérieur. Cette mesure vise, au-delà du développement du civisme des jeunes nigériens, à mettre à la disposition des ministères en charge de l’éducation des diplômés de haut niveau de compétences », souligne le communiqué.

Une autre mesure forte, c’est l’allocation de la plus grande proportion des Appelés du Service Civique National au secteur de l’éducation et de la formation. Cette mesure permettra de résorber le déficit d’enseignants dans tous les ordres et types d’enseignement, sachant qu’il s’agit de mettre à la disposition des écoles primaires et des établissements de l’enseignement secondaire général, technique et professionnel des diplômés de niveau supérieur après une formation pédagogique de quarante-cinq (45) jours.

A propos de la gouvernance diplomatique, le gouvernement, après avoir examiné la situation des attachés des ambassades, qui a fait ressortir une pléthore de postes (127 au total), dont certains ne se justifient pas et coûtent inutilement de lourdes incidences budgétaires à l’Etat, a décidé de la suppression d’un certain nombre de postes, dont ceux des attachés commerciaux, des attachés culturels et des attachés de de presse.

« Pour ce qui est des attachés des Ministères en charge de la Santé et de l’Enseignement Supérieur une rationalisation s’impose. Ainsi, le nombre des attachés médicaux est ramené de sept (7) à trois (3) et celui des attachés académiques de vingt (20) à huit (8) », précise le communiqué. La même source ajoute que la « situation des attachés des Ministères en charge de la Défense, de la Sécurité et du Ministère en charge des Finances fera l’objet d’une décision ultérieure ».

Pour ce qui est des mesures prises en faveur aux producteurs agricoles, elles sont fondées sur le constat qui fait ressortir que la campagne agricole qui vient de prendre fin n’a pas répondu aux attentes, avec une pluviométrie globalement déficitaire ; des perturbations dans les cycles des pluies dans certaines zones avec les ruptures prolongées au cours du mois de septembre ; et une situation phytosanitaire marquée par des infestations de plusieurs ravageurs mais dont l’ampleur des dégâts varie selon le ravageur, le type et le stade de culture. Les traitements ont contribué à atténuer l’ampleur de ces attaques, avec 78% des infestations traitées.

Estimant qu’une pré-évaluation sommaire des productions des céréales aboutirait à une baisse de près de 33% par rapport à la production de 2020, le gouvernement a jugé nécessaire d’envisager dans les plus brefs délais un certain nombre de mesures. Ces dernières portent sur le démarrage rapide des missions ministérielles de pré évaluation dans les régions en vue de suivre de plus près les zones et les ménages affectés, les types d’interventions ; la préparation de la campagne des cultures irriguées et de décrue qui est actuellement en cours et qui sera finalisée à l’issue des missions ministérielles, et l’appui aux producteurs affectés par des kits complets de production irriguée, en intrants et en équipements. De même il a été décidé de l’achat, par l’Etat et ses partenaires, du surplus de productions de céréales dans les zones de forte production pour la reconstitution du stock national de sécurité, ainsi que l’organisation de la commercialisation des produits des cultures de rente.

Par Assane Soumana

15 octobre 2021
Source : http://www.lesahel.org/

Issoufou Francois Hollande ElyseeJamais le Niger n’a connu un président de la République aussi attaché, pour ne pas dire, soumis à la France que le président Issoufou Mahamadou. Aucun président nigérien n’a autant visité la grande France que ce membre de l’Internationale socialiste. Actuellement il est dans la Métropole et ce, depuis samedi dernier.

Lorsqu’il y a, quelques années, à la suite d’un message à la Nation, nous avions titré: « à quelle Nation s’est adressé le président Issoufou », beaucoup nous en avait voulu à mort. Trouvant notre interrogation insensée voire même apatride. A l’épreuve des faits, l’histoire nous a donné raison. Quand Tandja Mamadou, alors président de la République avait exigé et obtenu du géant français du nucléaire AREVA, obligeant Nicolas Sarkozy à venir s’agenouiller à Niamey, les Nigériens avaient pensé que le top départ était donné pour des relations d’égal à égal entre leur pays et son ancien colonisateur. Mais aussitôt que le socialiste Issoufou prenait les rênes du pouvoir, les espoirs sont trahis, déçus. Ce fût d’abord, l’ensevelissement de la loi minière de 2006 au profit d’un accord de partenariat stratégique signé, non pas, entre le ministère des Mines et AREVA mais entre cette multinationale française et son ancien employé devenu Directeur de cabinet du chef de l’État Nigérien, Hassoumi Massoudou. C’était des années de lutte, de bras de fer et de courage politique du régime Tandja qui venait d’être enterré au seul profit d’AREVA et de sa France natale.

AEn marge des travaux du Forum de Paris sur la paix, le Président de la République, SEM. Issoufou Mahamadou, et ses homologues du Tchad, SE. Idriss Déby Itno, et de la République Démocratique du Congo, SE Félix Tshisekedi, étaient les invités de l’émission « Le débat africain » de RFI animéé Alain Foka, et qui a été diffusée hier mercredi. Au cours de ces échanges, les trois présidents ont notamment donné leurs points de vue et leurs propositions de solutions pour la sécurité et la paix en Afrique.

Dans leurs interventions, les Présidents Issoufou Mahamadou et Idriss Déby Itno ont clairement déploré un "manque de solidarité" de la communauté internationale face aux défis sécuritaires auxquels le Sahel est confronté. "Au niveau de la communauté internationale, on ne fait pas suffisamment pour marquer la solidarité avec les pays du Sahel et avec les pays du bassin du Lac Tchad", a déclaré SEM. Issoufou Mahamadou.

Aussi, a-t-il une fois de plus lancé un appel des pays de la région en vue de placer la force du G5 Sahel sous le chapitre 7 de la Charte des Nations unies, et pour que la Minusma au Mali puisse désormais avoir un mandat plus offensif. "Pour l'instant le mandat de la Minusma se limite au maintien de la paix. Or au nord-Mali il ne s'agit pas de maintenir la paix, il s'agit de faire la guerre contre le terrorisme!", a lancé le Chef de l’Etat.

Pour sa part, le président tchadien a estimé que « des amis, des donateurs, des partenaires techniques et financiers nous ont promis plus de 12 milliards de dollars pour développer cette zone sensible ‘(…). Nous avons fait nos projets mais jusqu'au jour où je parle, en ce qui concerne le Tchad, aucun de ces projets n'a été financé. On n'a pas les financements (...) qu'on nous donne cet argent", a-t-il dit.

Partage politique oblige, le Ministère des Mines avait échu aux partis politiques alliés, tout au long de des deux quinquennats d’Issoufou Mahamadou, en dépit de la convoitise du parti rose pour ce ministère hautement stratégique. Forcés, les Roses se résolurent, alors, à renoncer à ce ministère, mais, insidieusement, en le dépouillant de certains de ses volets importants, tels que l’Energie et le Pétrole, qui deviendront des ministères à part entière. Tout de même, le Ministère des Mines demeurait un ministère-clé dans les politiques publiques de développement, car les produits miniers représentent une part importante des exportations du Niger, ainsi que des ressources financières du pays.

Aujourd’hui, dans la troisième législature de la Septième République, le PNDS-Tarayya de Mohamed Bazoum a récupéré sa ‘’chose’’, en y plaçant une des fidèles parmi les fidèles d’Issoufou Mahamadou, l’ancienne Directrice-Adjointe du Cabinet du Président de la République, Ousseini Hadizatou Yacouba. Dès son atterrissage à ce ministère, Madame la Ministre avait une seule idée en tête : régler des comptes politiques au sein de ce ministère en procédant à des affectations purement fantaisistes, qui ne répondaient à aucun des critères techniques, de compétence ou encore de nécessités du service, tels que prévus par les textes régissant la Fonction publique. En effet, par décision n° 17/MM/SG/DRH du 16 août 2021, une vingtaine de cadres ont été affectés dans les différentes représentations régionales du Ministère des Mines. Les affectations, en soi, ne sont pas un problème, lorsqu’elles sont fondées sur les critères clairement définis par les textes encadrant la carrière des fonctionnaires. On sait d’ordinaire que ces critères tournent autour de la compétence de l’agent, de son expérience (ancienneté), des redéploiements ou encore des nécessités du service. En examinant de près ces affectations, aucun de ces critères ne semblait avancé pour justifier cette décision, dont la motivation serait à retrouver ailleurs. Il n’agirait ni plus ni moins, dans cette affaire, que d’une chasse aux sorcières contre des agents sur des bases subjectivistes que l’on avait pourtant pensées à jamais révolues dans ce Niger ‘’démocratique’’ ! Ni le critère de compétence, ni celui de l’expérience, n’ont présidé à la prise de cette décision, dans la mesure où, ces affectations ont touché des ingénieurs ayant été formés à coups de millions par l’Etat pour être des spécialistes afin de faire face aux grands enjeux de l’exploitation minière au Niger. Ni le critère d’ancienneté n’a prévalu dans la prise d’une telle décision,car, aussi bien d’anciens que de nouveaux cadres ont été concernés par ces mutations. Enfin, le critère de nécessité du service ne saurait justifier ces affectations purement arbitraires, puisque, le Ministère des mines envisageait déjà de procéder à un recrutement en vue de pallier le problème de sous-effectifs auquel se trouve confronté, depuis quelques années, ce ministère.

Pour cette funeste entreprise, Madame la Ministre aurait eu recours au service d’un de ses conseillers techniques, de la SGA dudit ministère et du Directeur des mines et carrières.

Comme on le voit, ces affectations de cadres ne reposaient sur aucun des critères évoqués tantôt, mais trouveraient leur justification dans des considérations d’un autre âge. C’est proprement scandaleux et regrettable que de telles visions des choses puissent avoir encore droit de cité dans ce Niger d’aujourd’hui !

Sanda

Les raisons de la colère de Bazoum contre Issoufou Katambé

Selon une source bien informée, après l’audit du ministère de la Défense, il a été demandé que le dossier soit classé sans suite. Le Professeur Issoufou Katambé, ministre en charge de la Défense nationale, s’est opposé et aurait même brandi sa démission éventuelle si cela advenait. Entre temps, Bazoum Mohamed aurait fait des pieds et des mains pour faire partir Katambé du gouvernement. Et selon notre source, le Pr Katambé aurait eu vent que le sieur Bazoum avait entrepris des démarches afin qu’il soit éjecté de son poste de ministre de la Défense.

Lors de l’annonce de la démission d’Ousmane Idi Ango du Pnds-Tarayya de la coordination de Malbaza, avec toute sa suite. On sait que l’autorisation du meeting que celui-ci voulait organiser avait été refusée quelques heures seulement après qu’elle ait été accordée. Sur ordre, parait- il, du ministère de l’Intérieur. En fin de compte, ce meeting a eu lieu et a drainé beaucoup de militants et sympathisants du Pnds, sur instruction, rapporte-t-on, du président de la coordination de la région de Tahoua qui n’est autre que le Pr Issoufou Katambé. Depuis lors, il parait que le courant ne passe plus entre les deux hommes. Voilà en gros quelques griefs parmi tant d’autres que le sieur Mohamed Bazoum a contre Issoufou Katambé et qui expliquent qu’il l’ait traité de menteur devant les étudiants. Pour rappel, les militants du Pnds de la Région de Tahoua sont nombreux à récuser la candidature de Bazoum Mohamed.

AY

http://www.nigerdiaspora.net/images/Gandou-ZakaraConf-Presse-.jpgElles sont contenues dans ce document, signé à Paris, au lendemain de la saisie du Mont Greboun, l'avion présidentiel, par Africard. Parti à Paris avec Saïdou Sidibé, ancien ministre des Finances aux fins de négocier un accord amiable avec Africard, Gandou Zakara, on le remarque, est au centre de bien des choses depuis que Brigi Rafini l'a instruit de retirer le dossier des mains de Abdou Labo. Alors que des fonds importants sont concernés par la saisie opérée, notamment la reconstruction de la route Tahoua-Arlit et la mise en valeur des vallées de l'Irhazer et de l'Aïr, Gandou Zakara et Saïdou Sidibé mettent leur priorité sur le Mont Greboun. Un choix qui en dit long sur les rapports qu'ils ont avec l'intérêt général.

Depuis le début de la contestation des résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle du 21 février dernier, on assiste à une pluie de déclarations de la part de certaines organisations internationales et nationales. A travers des déclarations, lesdites organisations condamnent les violences enregistrées au cours des manifestations et appellent les parties contestant les résultats des élections à se référer aux juridictions compétentes pour trancher les litiges électoraux, allusion faite ici à la Cour constitutionnelle. La question que bon nombre d’observateurs se posent est de savoir où étaient toutes ces organisations internationales et nationales depuis le début du processus électoral que tout le monde savait porteur des germes d’une crise post-électorale. En effet, pour en avoir été parties prenantes, certaines organisations internationales savaient mieux que quiconque que dès au départ le processus électoral était biaisé avec le refus de l’opposition de siéger au sein des différents organes chargés d’organiser les élections et la décision des tenants du pouvoir à poursuivre le processus avec uniquement les partis de la mouvance présidentielle. C’est depuis cette phase que ces organisations internationales devaient réagir pour amener le pouvoir à créer les conditions d’un processus électoral inclusif. Malheureusement et pour des raisons qu’elles seules connaissent, les organisations concernées ont choisi de fermer les yeux, donnant carte blanche à un pouvoir qui avait plus à gagner à tenir l’opposition à l’écart du processus électoral. Les mêmes organisations internationales pouvaient aussi réagir après certaines bavures constatées lors du premier tour de la présidentielle du 27 décembre afin de prévenir ce qui s’est passé au second tour. Là aussi, on a assisté à un silence troublant de la part de ces organisations internationales dont on peut légitimement s’interroger sur l’attachement aux valeurs de la démocratie et des droits de l’homme.

Sinon, comment des institutions aussi crédibles que les Nations unies, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’Union européenne, l’Union africaine et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) peuvent "convaincre" les Nigériens et le monde entier qu’elles n’ont pas vu venir la crise post-électorale en cours au Niger, avec toute la polémique qu’il y a eu autour du processus électoral ? Pourquoi ont-elles préféré attendre que la crise s’installe pour oser hausser le ton alors qu’elles avaient mille et un moyens de la prévenir, surtout au regard du contexte sécuritaire au Niger et dans la région du Sahel de manière générale ? Quel crédit peut-on désormais accorder à ces institutions quand elles clament à tout vent qu’elles oeuvrent pour la promotion de la démocratie et des droits de l’homme en Afrique et au sein de leurs pays membres ? Quel est l’intérêt pour les peuples africains que ces organisations continuent à financer, à coup de centaines de milliards, des élections dont les résultats sont presque connus d’avance, alors que cet argent peut être utilisé dans des secteurs sociaux de base comme la santé, l’éducation ou l’agriculture ? On peut aussi légitimement s’interroger sur les motivations réelles de toutes ces organisations nationales subitement devenues bavardes, alors même qu’elles ont observé un silence total lors que l’opposition contestait la manière dont le pouvoir voulait conduire le processus électoral.

Hamidou Bello

MCLe ministre délégué à l’Elevage, M. Mohamed Boucha a achevé Vendredi 22 novembre dernier sa mission de préévaluation de la campagne agro-sylvo-pastorale et hydraulique 2019 dans la région de Zinder. Durant six jours, il a sillonné les dix départements de la région de Zinder pour mesurer l’impact des résultats de la production agricole et échanger avec tous les acteurs intervenant dans la mise en oeuvre de l’Initiative 3N les ‘’Nigériens nourrissent les nigériens’’. A l’issue de cette mission, le ministre Boucha a tenu à Zinder, une réunion de synthèse en présence des autorités administratives et coutumières régionales, des cadres centraux et régionaux relevant de son département ministériel.

Les résultats provisoires de la campagne agricole sont globalement satisfaisants» a déclaré le Ministre délégué à l’Elevage qui indique par ailleurs qu’en dépit des contraintes pluviométriques et phytosanitaires, l’Etat et ses partenaires ont injecté près de 16 Milliards de FCFA dans les préparatifs de la campagne agricole mais aussi dans plusieurs secteurs se rapportant à l’Hydraulique, à l’Elevage, à la résilience notamment la vente à prix modéré et la distribution gratuite ciblée des vivres. « De plus, 1,7 milliards de FCFA ont été distribués aux populations sous forme de Cash For Work et 784 millions en transfert monétaire inconditionnel», a précisé la même source.

Cependant, il ressort des résultats provisoires que 794 villages sont déclarés déficitaires à plus de 50%, soit 24% des 3.378 villages agricoles de la région avec une population de 659.186 personnes. La production agricole est jugée bonne dans les départements de Dungass, Mirriah et Magaria ; elle est moyenne à Takeita, Kantché et passable à Tanout, Belbédji, Damagaram Takaya et Gouré. « La situation alimentaire est appréciable avec une bonne disponibilité des denrées et un approvisionnement régulier » a fait remarquer le Ministre Mohamed Boucha qui précise que le niveau actuel sont en baisse de 16% par rapport à 2018 du fait principalement de la fermeture de la frontière avec le Nigeria. L’embonpoint des animaux est acceptable et les termes de l’échange sont en faveur de l’éleveur.

Les sales draps de Christelle Jackou  Un récent audit de la banque mondiale, bailleur de fonds du projet d'autonomisation des femmes et dividende démographique (sweed ), a relevé des dé- penses inéligibles d'une soixantaine de millions de nos francs. C'est le résultat de la gestion de la ministre de la population, Mme Kaffa Christelle Jackou, et son directeur de cabinet au moment où il assurait l'intérim de la coordination du projet. C'est à dire avant le recrutement du coordonnateur actuel. Le rapport épingle aussi une dizaine de ministres dans cette gabegie. Non contente de la bonne gestion actuelle du projet par l'équipe en place, la ministre a cherché noise au coordonnateur en voulant lui denier toute signature, en décidant de le remplacer d'autorité par un intérimaire de son choix. Face au péril auquel est exposé le projet, le Premier ministre Brigi Rafini a décidé de ramener la tutelle administrative à la primature. Cela n'a pas été du goût de la ministre qui a brandi la menace de démission. Son père également, qui est ministre conseiller spécial à la présidence. Aux dernières nouvelles, la ministre faussement frondeuse, s'est ravisée pour revenir à des meilleurs sentiments. En attendant la sanction de ses patrons. D'autres irrégularités auraient été relevées. Vivement que ces ministresrépondent de leurs travers. Au nom de la bonne gouvernance prônée par le président Issoufou Mahamadou.

20 octobre 2017
Source : Le Républicain

Organisé par la Cellule d’Analyse des Politiques Publiques et d’Evaluation de l’Action Gouvernementale (CAPEG) avec l’appui de l’UNICEF, Dosso abrite depuis ce mardi 17 janvier 2023, un atelier régional d’appropriation du dispositif opérationnel pour apprécier la performance de l’action publique depuis le niveau local par les secrétaires généraux des gouvernorats et des préfectures de Dosso, Niamey et Tillabéry.

La cérémonie a été présidée par le gouverneur de la région de Dosso M. Albachir Aboubacar en présence des conseillers spéciaux du président de la république et du premier ministre, des secrétaires généraux du ministère de l’intérieur et de la décentralisation, de celui du plan et de l’aménagement du territoire et du développement communautaire, du coordonnateur du CAPEG et de nombreux invités.

Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre de l’action publique, des rapports sur la performance et le bilan des engagements du gouvernement sont élaborés sur la base des informations agrégées par les départements ministériels. Cependant, le caractère agrégé des informations contenues dans ces rapports rend difficile leur compréhension par la population au niveau local. Cela entrave alors le dialogue entre les autorités et la population relativement à la mise en œuvre de l’action publique.

Pour pallier cette insuffisance, le CAPEG a entrepris un processus pour mettre en place un dispositif de suivi de l’action publique depuis les communes, reposant sur des indicateurs simples et faciles à calculer. Cela permettrait de disposer d’une base de données dynamique et d’étendre les analyses de performance de l’action publique aux niveaux décentralisé et déconcentré. L’objectif du présent atelier est de contribuer à renforcer le mécanisme de redevabilité au niveau régional et local. Il s’agit de faire approprier le nouveau dispositif par les secrétaires généraux des gouvernorats, des conseils régionaux et des préfectures ainsi que les directeurs régionaux et départementaux en charge du développement communautaire.

Plusieurs interventions ont marqué la cérémonie d’ouverture du présent atelier. Le coordonnateur du CAPEG a fait une présentation de son institution. L’objectif final de cette rencontre a-t-il dit est de permettre d’avoir des informations sur la base des indicateurs simples, compréhensibles et faciles à constater à partir des communes. Le secrétaire général du ministère de l’intérieur et de la décentralisation a pour sa part noté que la redevabilité est l’obligation de rendre compte aux citoyens qui est à la fois électeur, contribuable et l’usager du service public.

Le secrétaire général du ministère du plan a pour sa part mis l’accent sur le dispositif de coordination de mise en œuvre et de suivi évaluation du PDES d’un coût de 19,427 milliards de francs CFA. Après la table ronde organisée à Paris qui a permis d’avoir une promesse de 29.520 milliards de francs CFA. Il s’agit maintenant de la mise en œuvre effective du PDES par la mobilisation de toutes les ressources. Le secrétaire général du ministère de l’aménagement du territoire et du développement communautaire a de son côté parlé des attributions de son ministère  

Prononçant son discours d’ouverture, le gouverneur de la région de Dosso M. Albachir Aboubacar a souligné que dans un système démocratique, la redevabilité est une valeur fondamentale. Elle traduit, a-t-il précisé, les capacités des responsables investis de la gestion publique, de rendre compte à leurs mandants des actions et interventions qu’ils réalisent. C’est pourquoi, a notifié le gouverneur, les  autorités accordent une importance de choix au renforcement de la culture de résultats en instituant le mécanisme de suivi de la performance de l’action gouvernementale. Cela a conduit à la création d’un certain nombre de structures dont la Cellule d’Analyse des Politiques Publiques et d’Evaluation de l’Action Gouvernementale (CAPEG).   

Tout au long de son intervention, le gouverneur de la région de Dosso s’est longuement appesanti sur les missions de la CAPEG. Cette cellule d’Analyse des Politiques Publiques et d’Evaluation de l’Action Gouvernementale s’est engagée dans la mise en place d’un dispositif de suivi de l’action publique à partir des communes; ce dispositif reposant sur des indicateurs simples et facilement calculables permettant de renforcer les mécanismes de redevabilité déjà existants et de faciliter la production et la remontée des informations.

La mise en place d'un tel dispositif, a dit en substance M. Albachir Aboubacar, cadre parfaitement avec les engagements du président de la république Mohamed Bazoum dans le programme de renaissance acte III et traduit dans la déclaration de politique générale du premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou. Le gouverneur de la région de Dosso a invité les participants à s’approprier les outils et mécanismes permettant d’améliorer le suivi des résultats et la promotion de la redevabilité à partir du niveau local et les a exhorté à porter une attention particulière aux différentes communications et de participer activement aux échanges afin que les objectifs assignés à la présente rencontre soient atteints.

Source : http://www.anp.ne/

Les turpitudes de Dahiru Mangal : Les comptes bancaires de l'homme d'affaires nigérian à Niamey, saisis

Dahiru Mangal, un hôte encombrant ? Certainement. D'après une source policière digne de foi, l'homme d'affaires nigérian actuellement empêtré dans un imbroglio financier qui est d'ailleurs à la base de son départ précipité de Niamey. Les faits reprochés à Mangal sont graves et portent sur des milliards de francs CFA. Sur les conseils avisés de ses avocats, une société de la place a d'ailleurs fait saisir les comptes bancaires de l'entremetteur politique nigérian. Et, aussitôt informé de ces représailles judiciaires contre lui, Dahiru Mangal a précipitamment quitté le Niger de peur de voir saisir l'aéronef à bord duquel il voyageait. Selon notre source, c'est sans crier gare qu'il a quitté Niamey. Sur fond d'échecs des démarches de lobbying entreprises auprès de certains leaders politiques.

À Niamey où il est venu parader, Mangal doit plus d'un milliard à Niger airways, la compagnie nationale de transport aérien créée pour faciliter le hadj aux pèlerins nigériens. Une dette qu'il n'est pas prêt d'honorer. Il doit également plus d'un milliard à des banques primaires de la place, sans compter quelques 600 millions qu'une société de la place attend toujours de recouvrer avec lui. Mangal prend son temps pour payer ses dettes et cela irrite au plus haut point ses créanciers.

Albadé Abouba, furieux contre Mangal après l'exploitation tendancieuse de la photo de leur rencontre

Tout est parti d'une photo montrant Albadé Abouba, le président du Mouvement patriotique pour la République (Mpr, Jamhuriya), en compagnie de Dahiru Mangal, le sulfureux homme d'affaires devenu persona non grata dans son propre pays. Une photo vulgarisée à dessein par l'hôte encombrant d'Albadé et qui n'a pas manqué de courroucer le président du Mpr Jamhuriya. Il a d'ailleurs, selon notre source, appelé Dahiru Mangal pour lui exprimer sa déception et sa colère quant à l'exploitation politicienne qui est faite de cette photo à laquelle il s'est prêté par simple courtoisie. Le mal est déjà fait. Dans le pays entier, la rumeur a couru que Mangal est arrivé à Niamey avec pour mission de démarcher certains leaders politiques, précisément Albadé Abouba et Seïni Oumarou. Selon la rumeur, l'homme d'affaires nigérian les aurait rencontrés et que les deux leaders politiques auraient déjà succombé aux sirènes de l'émissaire du pouvoir. Une insulte à l'honneur et à la dignité de Seïni et d'Albadé qui savent, mieux que ceux qui s'agitent, qui est Dahiru Mangal et quelle est sa situation actuelle.

Boukary Sani dit Zilly, l'homme de main de Dahiru Mangal à Niamey Banni de son pays, le Nigeria, Dahiru Mangal est un homme d'affaires pratiquement ruiné et porté à bout de bras par le régime de Niamey dont il est un proche ami. Poursuivi pour de nombreuses infractions, il s'est réfugié à Dubaï d'où il poursuit ses activités douteuses, avec comme hub principal la capitale nigérienne. Le transport des pèlerins est notamment sa chasse gardée et son homme de main sur place, Boukary Sani dit Zilly, est bien introduit dans les cercles du pouvoir dont il est un député au cours des deux législatures de la 7e République. Il n'a rien à envier à son mentor nigérian puisque son nom a été cité dans l'affaire du trafic des devises, en août 2015. Une somme astronomique de près de 10 milliards en devises étrangères (euros et livres sterling) saisie sur des commerçants par la douane nigérienne, à l'aéroport Diori Hamani de Niamey.

Ni Albadé ni Seïni n'a accordé la moindre attention à Mangal

Arrivé à Niamey en rescousse à la campagne de Bazoum Mohamed, en panne de soutiens pour le second tour de l'élection présidentielle, Dahiru Mangal a lamentablement échoué selon notre source. D'abord avec Albadé Abouba avec lequel il n'a eu aucun échange portant sur l'élection présidentielle. Pas la moindre allusion lors de leur rencontre. Mangal est reparti comme s'il était venu. Seul brouillard, la fameuse photo qui a servi à faire croire à l'opinion publique nationale que Dahiru Mangal a fait plier Albadé et Seïni pour le compte de Bazoum Mohamed. Ensuite avec le président du Mnsd Nassara, annoncé avoir eu un entretien de même nature avec l'homme d'affaires nigérian. L'intéressé a vite fait de couper court à la rumeur en démentant, par voie de communiqué signé d'un proche, toute rencontre avec l'hôte encombrant.

Laboukoye

Les vacances bruyantes du président Issoufou Mahamadou à Dan DadjiDepuis la semaine dernière, le président Issoufou Mahamadou se trouve en vacances dans son village natal de Dan Dadji (région de Tahoua), en compagnie de sa seconde épouse Dr Malika. Seulement et contrairement à celles de ses prédécesseurs, qui se faisaient dans la plus grande discrétion et à l’insu de la grande majorité des Nigériens, ces vacances du président Issoufou Mahamadou font l’objet d’une vertigineuse publicité. Dès son départ de Niamey, le président Issoufou Mahamadou a eu droit à un déploiement impressionnant des éléments de sa garde et de ceux des autres forces de dépense et de sécurité, de la présidence à l’aéroport international Diori Hamani, comme s’il partait à un voyage officiel. Mais si, cette fois-ci, il  s’est déplacé dans l’avion d’une compagnie privée, il a quand même été accueilli à Tahoua comme s’il effectuait une visite officielle. De l’aéroport de cette ville au siège du gouvernorat, c’était des milliers de personnes, sans doute mobilisées par les autorités locales, qui l’ont ovationné. Et toutes les scènes ont été abondamment couvertes et diffusées par les médias publics. Jusque-là on pouvait penser qu’il ne s’agit que du zèle de quelques fonctionnaires voulant plaire au président en vue soit de conserver les postes qu’ils occupent, soit d’avoir des promotions.

Plusieurs médias nigériens et même internationaux ont rapporté les propos tenus par l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Niger, M. Eric P. Whitaker, au sortir d’une audience avec le président nigérien Issoufou Mahamadou le 28 octobre dernier. Selon les médias qui relayé ses propos, le diplomate américain a dit avoir évoqué avec le président Issoufou Mahamadou des sujets relatifs à la tuerie des civils à Inatès, dans la région de Tillabéry, ainsi que du respect des libertés démocratiques et l’organisation des futures élections au Niger. Sans langue de bois, comme le veut une certaine hypocrisie diplomatique, l’ambassadeur américain a dit avoir demandé avec insistance au président Issoufou Mahamadou que sur la base du rapport dressé par la Commission nationale des droits humains (CNDH), une enquête soit menée et que tous les militaires accusés d’avoir perpétrée la tuerie des civils soient traduits devant la justice, au nom du principe universel du respect de la vie humaine.

Sur la question du respect des libertés démocratiques aussi, le diplomate américain n’est pas parti du dos de la cuillère pour demander au président Issoufou Mahamadou de faire respecter ces libertés par son régime. Il s’agit notamment des libertés d’expression,, de manifestation et de presse qui sont régulièrement bafouées par le pouvoir en place. Ainsi que l’a sans doute observé l’ambassadeur américain, depuis plusieurs années, il est presque devenu impossible pour les citoyens de manifester à Niamey contre une quelconque décision du régime du président Issoufou Mahamadou. A travers le président de la Délégation spéciale de Niamey qu’il a nommé pour agir comme il veut, ce pouvoir ne manque aucun prétexte pour interdire les manifestations. Depuis l’avènement de la démocratie au Niger, aucun pouvoir – même ceux des militaires issus des coups d’Etat – n’a autant attenté aux libertés démocratiques. Mais c’est sans doute sur l’organisation des futures élections que l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique au Niger a dit des vérités amères que les tenants du pouvoir n’aiment pas entendre. En effet, M. Eric P. Whitaker a indiqué que son pays tient à ce que ces élections soient des plus transparentes, libres et inclusives.

Ceux qui savent décoder le langage diplomatique savent que le diplomate américain est contre la manière dont le régime du président Issoufou Mahamadou veut organiser les prochaines élections, en contrôlant toutes les institutions chargées d’organiser ces élections et en écartant certains candidats que son candidat ne veut pas affronter. Avec cette sortie courageuse de l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique, les Nigériens ont des raisons d’espérer que pour les élections de 2020 et 2021, la communauté internationale ne va laisser le pouvoir du président Issoufou Mahamadou se comporter comme il l’a fait en 2016 dans l’indifférence totale de cette communauté internationale. Vivement que les diplomates des autres pays occidentaux, qui se disent attachés à la démocratie, emboitent le pas à leur homologue américain pour aider le Niger à reconquérir son espace démocratique de plus en plus morcelé par les socialistes.

DAN Madougou

Le président Bazoum Mohamed suit les pas de son prédécesseur, Mahamadou Issoufou, en ne reportant jamais ses déplacements à l'étranger, même en cas de difficultés ou d'urgences dans le pays. Tous deux ont une préférence pour les voyages à l'étranger pour assister à des conférences de haut niveau et à des sommets internationaux, qui ont parfois peu d'enjeux pour le pays. Ils effectuent même des voyages privés aux frais de l'État, pour oublier momentanément les problèmes graves du pays, notamment l'insécurité terroriste persistante qui endeuille le pays depuis plus de 7 ans.

Le président Bazoum a quitté Niamey pour Bruxelles, en Belgique, seulement 48 heures après la mort de 17 soldats dans une embuscade terroriste à Intagamey, dans le département de Banibangou. Cette attaque a également fait 13 blessés dans les rangs de l'armée et un nombre important de personnes portées disparues. Après Bruxelles, il s'est rendu à Paris pour rencontrer son homologue Macron et discuter de la gestion de la crise sécuritaire au Sahel. Ensuite, il s'est rendu à Addis-Abeba, en Éthiopie, pour participer au sommet de l'Union africaine (UA), puis à N'Djamena, au Tchad, pour assister à la rencontre du G5 Sahel. Cette étape de N'Djamena ne boucle pas la boucle.

Le président Bazoum s'est ensuite rendu à Libreville, au Gabon, pour une visite de travail, d'où il s'est ensuite rendu à Brazzaville, au Congo, chez Denis Sassou N'Guesso, qui n'était pas prévu dans l'agenda initial. Au total, le président Bazoum a visité six capitales européennes et africaines en l'espace d'une semaine, mais sans retombées concrètes pour le pays.

Ces rencontres d'échanges n'ont pas été sanctionnées par des accords d'investissements au profit du pays. Les contribuables nigériens ont donc dû supporter les coûts liés au transport (carburant, survol des espaces aériens, de stationnement et de conditionnement de l'avion) et à la prise en charge de la délégation présidentielle dans ces différentes capitales. Ce périple de Bazoum a certainement coûté une somme importante, qui aurait pu être utilisée pour des actions plus profitables au pays. Pour maquiller les choses, l'on annonce aux citoyens qu'il s'agit d'une visite sur invitation du président du pays hôte. Cette pratique de dilapidation déguisée des ressources financières du pays est courante dans nos pays africains.

Il est donc grand temps de mettre fin à cette pratique, en s'inspirant notamment de ce qui se passe dans les grandes démocraties occidentales où les visites des présidents à l'étranger sont planifiées dans l'année et les coûts sont calculés au centime près.
M. B

Issoufou NigerJe crois bien que vous n’avez plus rien d’autre à faire à la tête de l’État que de démissionner pour permettre au Niger de renouer avec les paradigmes de la République, de la démocratie et de la justice. En six ans de pilotage à vue, de cafouillage et de laisser-aller délibéré, sur fond de corruption, de trafics d’influence et de délits connexes, vous avez agenouillé le Niger. Aucun homme n’a autant échoué, à la tête de l’État, que vous. Vous avez échoué sur tous les plans, mais ce qui fait peur, ce sont ces perspectives encore plus sombres que vous promettez à vos compatriotes, pris au piège infernal du mensonge, de la corruption et du trafic d’influence.

 Lettre à SEM Issoufou Mahamadou, président de la République du Niger suite à son message à la Nation du 2 août 2020 : Sur l’organisation d’un débat démocratique par les partis politiquesM. le président de la République, Dans votre message à la Nation, délivré le 02 août 2020 à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance de notre pays, vous avez conseillé : «Je lance un appel aux partis politiques, ceux de la majorité comme ceux de l’opposition ainsi que les non affiliés, à privilégier les débats d’idées, les débats programme contre programme. Ça sera leur contribution à la modernisation de la vie politique dans notre pays...»

Je ne peux que me réjouir d’une telle offre, émanant de surcroit de l’opposant dynamique que vous avez été avant votre accession à la magistrature suprême en avril 2011.

Je salue donc cette offre, à laquelle j’apporte un soutien sans réserve, tout en espérant que vous la soutiendriez sur le plan administratif puisqu’elle vous impose le respect du droit à un accès équitable aux médias, en particulier d’Etat pour tous les partis politiques. En effet, de par leur capacité de couverture de l’intégralité du territoire national, ces médias permettront la participation de toutes les filles et tous les fils du pays, sans exclusive. Du reste, je rappellerais que dans son message à la nation livré à l’occasion du 60e anniversaire de la proclamation de l’indépendance,

l’opposition politique nigérienne, après avoir dénoncé les errements sur le plan de gouvernance économique et politique, a réclamé en vain cet accès équitable des partis politiques aux médias d’Etat.

En conséquence, comme modeste contribution, j’accepte, hic et nunc, le défi de mener ce débat d’idées que toute la classe politique a toujours souhaité, et qui vient à point nommé.

J’accepte, à compter de l’heure qui suit la diffusion de ma présente lettre, un débat contradictoire dans le domaine de la gouvernance économique, politique et sociale sur les médias d’Etat, privés locaux et/ou internationaux avec la ou les personne (s) que votre mouvance aura désignée (s), dans le(s) média(s) de votre choix, en djerma, haoussa, français, anglais. L’opposition s’organisera, j’en sûr, pour mener à bien ce débat contradictoire sur les médias publics.

Veuillez agréer, Monsieur le président de la République, l’expression de ma déférence.

A Niamey, le 10 août 2020

Djibrilla Mainassara Baré
Candidat désigné par l’UDFP SAWABA à la présidentielle 2020

 

Lettre au “président de la République” Monsieur le “Président” Partez en sachant que si vous avez échoué dans votre mission, vous avez au moins, et ce n’est pas mince, la consolation d’avoir permis au Niger de réaliser sa toute première transition démocra

« Y en a de parler », comme dirait feu Maman Arrivé, notre regretté comédien. « Y en a de parler » et je me demande, bien, par quel bout commencer. Le Niger que vous laisserez est tellement malade, tant sur le plan de la gouvernance que sur le plan moral. Vous savez de quoi je parle et vos compatriotes, tôt ou tard, finiront par savoir, tout savoir. Ce jour-là, même ceux qui vous vouent un soutien aveugle, comprendront à quel point ils ont été abusés. J’excuse beaucoup d’entre eux parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’est le développement. Je les excuse parce qu’ils ne comprennent pas que construire un immeuble de 16 étages dont on n’a pas besoin dans les circonstances actuelles, est plus un acte d’enterrement que de renaissance. Que reprochez- vous au bâtiment actuel du ministère des Finances pour en construire un nouveau ? Je vous l’avais dit, ce n’est pas de tels projets qui vous feront de vous une référence, demain. Malheureusement, vous êtes en fin de course pour pouvoir vous remettre en cause, corriger les erreurs et redresser la barre. Vous avez commencé dans les erreurs, vous allez terminer dedans. À propos, j’ai appris que vous êtes parti à Kao, dans la région de Tahoua, pour poser la première pierre de la construction de la cimenterie de la localité. Lorsque je l’ai appris, je me suis dit que ce n’est pas possible que vous le fassiez, six ans après la première pierre que vous avez posée pour le même projet et toujours à Kao. C’était en 2014 que vous avez procédé à la pose de la première pierre de la construction de la cimenterie de Kao. Pourquoi vous sentezvous subitement en …de refaire la même cérémonie à cinq mois de votre sortie. Ah, vous intriguez, vraiment et je comprends fort bien ceux qui jouent.

Monsieur le ‘’Président’’,

Je vous disais tantôt que le jour où vos compatriotes comprendraient sur quel désastre vous êtes assis, les immeubles, hôtels et autres échangeurs seront les charges qui anéantiront votre image. Il n’y a rien de mieux pour rester en bonne place dans la mémoire de ses compatriotes que de travailler à l’amélioration de leurs conditions de vie. Bref, ma sentence est connue : vous serez logé à une enseigne peu flatteuse. Dans une poignée de mois, vous partirez. Et j’ai décidé, afin que vous partiez avec ce souvenir amer de ce que vos compatriotes pensent de votre gouvernance, vous rappeler quelques symboles forts de votre échec. Le premier, c’est l’école, cette vénérable vénérable institution qui a fait de vous ce que vous êtes et à l’endroit de laquelle vous avez fait les plus belles promesses. L’école nigérienne est malade, très malade. Vos décisions à l’emporte-pièce l’ont surtout clochardisée. À propos des 15 000 salles de classe en matériaux définitifs par an, j’ai démontré, très tôt, qu’il s’agit d’une pure chimère. Le calcul, simple, en donne la preuve. 15 000 salles de classe, ça 1250 par mois, 41 par jour. Or, réaliser une seule salle de classe par jour, y compris en version préfabriquée chinoise, est impossible. En matériaux définitifs, il faut sans doute disposer d’une baguette magique. J’ai été d’ailleurs heureux de constater que si vous n’avez pas requis mon conseil avant de le déclarer, la première fois, vous avez toutefois abandonné la ritournelle.

Toujours, à propos de l’école, vous avez sur les bras, presque 600 enseignants du secondaire affectés depuis septembre 2019 et qui enregistrent 12 mois d’arriérés de salaire. Pourquoi ne sont-ils pas payés ? Vous trouvez judicieux de construire un ministère des Finances, sur fonds propres, dites-vous, ce qui ne me convainc pas, alors que des fonctionnaires que vous vous êtes tant vanté de recruter ne sont pas payés depuis 12 mois ? Vous êtes-vous demandé avec quoi vivent-ils et font-ils vivre leurs familles ? Chacun de nous, ne l’oubliez pas, rêve d’offrir le meilleur aux siens.

Ces enseignants du secondaire ne sont pas un cas isolé. Des médecins, recrutés et affectés dans des postes reculés, en brousse, et qui sont dévoués à servir leur pays, sont dans une situation plus lamentable. Ils n’ont pas obtenu de numéros matricules. En langage clair, cela veut dire qu’ils n’ont aucun lien avec la Fonction publique qui les utilise. Ils ont été recrutés depuis le 18 juin 2020 et n’ont, à ce jour, ni matricule, ni salaire.

Monsieur le ‘’Président’’,

J’ai l’impression qu’en cette fin de mandat, le monde entier a décidé de lever, enfin, le voile sur ce qu’a été votre gouvernance au cours de ces dix années. Traitant de la famine dans le monde, l’International Food Policy Research Institute (IFPRI) vient de classer notre pays 104e sur 107 pays. Un rang qui ne nous surprend guère. Pendant 10 ans que vous avez régné sur le Niger, et malgré les immenses ressources dont vous avez disposé, notre pays a été régulièrement classé dernier au classement de l’Indice de développement humain par le Programme des Nations unies pour le développement. À ce rang qui renseigne sur la nature de votre bilan à la tête de l’État, il faut bien agréger le classement de l’Union économique et monétaire Ouest-africaine (Uemoa) qui, il y a à peine, deux mois, soulignait que, de tous les pays membres, le Niger est celui qu concentre le plus grand nombre de pauvres. 75,5% des Nigériens sont pauvres. C’est un autre camouflet. C’est la plus belle illustration que notre pays est éloigné du bilan insolite que vous brossez de vos dix ans. Avec ça, lorsqu’on continue de parler d’autre chose, c’est qu’il y a problème.

Malgré tout, vous avez trouvé le moyen d’investir, dites-vous, 25 milliards de francs CFA pour ériger un nouvel immeuble pour le ministère des Finances. 25 milliards, dans un pays, comme l’a si bien souligné Moussa Tchangari, où les enfants étudient sous des paillotes, dans beaucoup de cas, à même le sol, sans tables-bancs et exposés aux intempéries. Vous avez, je dois le reconnaître, des choix illogiques pour quelqu’un qui a tout eu pour réussir à l’école. Ce bâtiment dont vos partisans tirent une fierté béate, vous l’avez fait construire en 12 mois. Ce qui a conduit un de vos compatriotes à demander pourquoi on ne construit pas alors avec la même célérité et la même qualité nos écoles, universités et laboratoires de recherche ?

Monsieur le ‘’Président’’,

Vous allez bientôt partir, laissant à votre successeur un lourd tribut. Un endettement extraordinaire dont on s’interroge sur la destination des fonds, une école démantelée, un système de santé en lambeaux, une corruption endémique, le territoire nigérien comme plaque tournante des trafics de drogue et d’armes, l’impunité, la rupture d’égalité des Nigériens devant la loi, des lois partisanes, bref, vous laissez un Niger où tout est à reconstruire. Mais, de grâce, partez sans chercher midi à 14 heures ; partez sans chercher à imposer subtilement votre successeur car c’est au peuple de le désigner, pas vous ; partez en sachant que si vous avez échoué dans votre mission, vous avez au moins, et ce n’est pas mince, la consolation d’avoir permis au Niger de réaliser sa toute première transition démocratique. On est libre de semer ce qu’on veut, mais on est obligé de récolter ce qu’on a semé, dit-on. J’aime bien ce dicton pour ce qu’il renferme de sagesse. Le processus électoral actuel est une bombe à retardement pour le Niger. Songez-y et réagissez à temps pour éviter la déflagration.

Mallami Boucar

Lettre au “président de la République”  Monsieur le “Président” Si vous ne faites rien pour créer les conditions d’un processus électoral apaisé, vous n’aurez pas rendu service à la démocratie nigérienne, encore moins au peuple nigérien...Lettre au “président de la République”  Monsieur le “Président” Si vous ne faites rien pour créer les conditions d’un processus électoral apaisé, vous n’aurez pas rendu service à la démocratie nigérienne, encore moins au peuple nigérien déjà meurtri par tout ce qu’il a eu à subir au cours de votre gouvernance.

Votre candidat à l’élection présidentielle a repris sa campagne électorale, comme vous l’avez, vous-même, fait, marchant ainsi sur vos traces, pas à pas. Au mépris de la loi électorale dont il est le maître d’ouvrage, il bat campagne, dans le silence complice de Me Issaka Souna et de sa commission électorale, manifestement toute dévouée à votre candidat. Ayant vous-même violé la constitution à maintes reprises, notamment en désignant un candidat pour le Pnds, je comprends bien que votre poulain en fasse autant avec le code électoral, avec l’assurance que ni la commission électorale, ni une juridiction quelconque, encore moins vous, le premier garant du respect des lois, ne lèvera le petit doigt pour l’arrêter. Je comprends également, avec toutes ces affaires dans lesquelles le Niger a été spolié de ses ressources et de ses moyens sous votre gouvernance, que vous vous donniez la peine de faire en sorte que le pouvoir d’Etat, ce bouclier dont vous vous servez à bon escient pour éviter que vos compatriotes sachent le fond de tous ces dossiers malodorants, ne prenne une autre couleur que le rose.

Ce que je ne comprends pas, par contre, c’est qu’après la tragédie du ministère de la Défense nationale où il s’agit de vies d’hommes, vous voir dans cette posture de spectateur que l’on sait pleinement engagé, m’écoeure. J’ai honte de vous avoir servi. Jusqu’au bout, vous êtes resté dans cette logique insolite où vous avez privilégié l’enrichissement, du reste illicite dans bien des cas, d’individus au détriment de l’Etat, par ailleurs anéanti par des prêts parfois utilisés selon une fantaisie à laquelle on vous dit non étranger ? C’est le cas des routes bitumées dans le département d’Illéla au détriment de routes économiques telles que Dosso-Gaya et Tahoua-Arlit.

Et avec de l’eau, la fête va tourner au vinaigre. Vous avez sans doute écho de toutes les interpellations qui vous sont faites par rapport à l’impasse politico-électorale dans laquelle, par ce qu’on peut, à tout le moins qualifier de laxisme de votre part, notre Niger est plongé. L’impasse politico-électorale est visible pour tout celui qui sait ouvrir les yeux, regarder et voir. L’impasse politico-électorale, c’est ce cocktail explosif que vous avez préparé sans y mettre la main, méthodiquement, astucieusement, sans rien laisser paraître car protégé par l’obscurité qui couvre de son voile noir les actes d’un président de la République qui ne s’est pas pourtant gêné d’afficher son parti pris à la tête de l’État. C’est paradoxal, mais c’est comme ça. Ce cocktail politicoélectoral que vous avez cultivé et entretenu, je dois vous informer, est arrivé presque à maturation. J’ignore comment vous accueillez cela. En vous frottant les mains ou en vous demandant ce que tout cela va générer en fin de compte ? Moi, je m’interroge surtout sur ce que vous avez en tête pour avoir laissé pourrir une situation qui ne peut être que préjudiciable au Niger. Je m’interroge sur votre silence troublant face à tous ces périls que tout le monde voit venir et qui vous laisse de marbre. Je m’interroge sur vos desseins, vos motivations, pour rester si stoïque face à cette situation qui peut faire imploser le Niger et le conduire dans une crise sociopolitique profonde aux conséquences imprévisibles.

Monsieur le ‘’Président’’

Peut-être que vous auriez du mal à supporter de voir les images et les films des visites de proximité du leader du Moden Fa Lumana Africa et chef de file de l’opposition, Hama Amadou. C’est pourquoi, j’ai décidé de vous rapporter ce dont le Niger entier a été témoin à Téra et à Maradi. L’homme, il faut le reconnaître et le clamer, quitte à fâcher, est extrêmement populaire. Le monde gigantesque que ses visites dans ces deux localités ont mobilisé, sans un franc distribué, est un message aussi clair que catégorique. Vos compatriotes donneraient tout pour qu’il y ait alternance à la tête de l’Etat. Ils donneraient leurs biens, ils donneraient leurs libertés, ils donneraient bien que ce qui s’est passé en 2016 n’a rien d’élections démocratiques. C’est cette forfaiture, que j’a personnellement appelée hold-up électoral, qu’ils sont décidés à refuser, à combattre et à vaincre. Je ne vous vois aucune possibilité de victoires démocratiques au bout d’élections transparentes. Je vous apprends rien, vous le savez. Or, les voies projetées et que tout le monde entrevoit, entre autres, dans cet accord secret avec Gemalto, l’opérateur technique, que vous ne voulez pas faire connaître de vos compatriotes, dans cette commission électorale partisane et dans cette Cour constitutionnelle dont les membres inspirent légitimement la méfiance, sont dangereuses à suivre jusqu’au bout. Si vous persistez à aller jusqu’au bout de la logique dans laquelle on vous suppliait depuis de longs mois de sortir le Niger, ne vous dites pas surpris de l’abîme dans lequel vous conduisez notre pays.

Monsieur le ‘’Président’’

À moins que vous prêchiez le chaos politicoélectoral, ce qui n’est pas souhaitable, je plains votre situation. Je ne vous vois pas sortir grandi de ce cocktail explosif à plus d’un titre. Vous êtes pris en tenailles entre trois forces politiques qui s’excluent et vous n’avez pas beaucoup de temps pour régler l’équation qui se pose à vous. Entre Mohamed Bazoum du Pnds Tarayya et Djibo Salou de Pjd Doubara, on ne sait pas encore lequel obtiendra réellement votre soutien et lequel sera sacrifié. Il ne reste que deux mois pour que les choses soient claires pour les deux. Je constate que vous n’avez pas encore fini de trouver le bout de cette équation insoluble qu’un troisième «inconnu », Hama Amadou, s’y met, vous compliquant davantage l’équation. Hama Amadou, c’est certain, est là et il faut bien compter avec lui. Djibo Salou ne compte pas se laisser conter et Mohamed Bazoum estime tenir le bon bout pour vous donner la moindre occasion de vous défaire de son étreinte. J’espère que cette histoire de deal avec Djibo Salou n’est pas fondée et que l’histoire ne donnera pas raison à Hama Amadou.

Monsieur le ‘’Président’’

La fin de vos deux mandats s’annonce avec fracas. Je ne sais pas, mais que les élections que vous avez tant chantées aux quatre vents ne se dérouleront pas comme vous l’avez pensé et tracé. Avec des organes partisans pour les organiser, vous pouvez être certain que vos compatriotes, pour une fois, vont se révolter contre la volonté d’usurper, à nouveau, leurs suffrages. Nombre de vos compatriotes se demandent ce que vous nourrissez comme dessein. Ils s’interrogent surtout sur ce que vous voulez réellement. Vous ne semblez vouloir poser des actes lourds qui confirmeront ce fameux deal dont Hama Amadou a parlé. Vous n’êtes pas non plus engagé aux côtés de Mohamed Bazoum comme il faut s’y attendre et vous ne voulez pas de Hama Amadou, c’est connu. Je me dis que pour Bazoum, vous cherchez à gagner du temps, histoire de ne pas effaroucher Djibo Salou. De toute façon, à mon avis, le piège se referme sur vous, lentement mais sûrement. Ce piège ne vous laisse, de mon point de vue, aucune chance. L’équation que vous avez, par manoeuvres politiciennes, élaborée, est sans solution pour vous.

Monsieur le ‘’Président’’

Je vous ai suivi dans un discours abracadabrant adressé aux Nations Unies dans une visioconférence. Je vous ai entendu dire que le Niger, après dix ans de la gouvernance que vous lui avez fait subir, est un havre de paix dans lequel le pain ne serait plus un souci. Sauf votre respect, je dois vous dire que personne ne vous croit. Ceux à qui vous vous étiez adressé connaissent parfaitement l’état dans lequel vous avez plongé votre pays. Insécurité alimentaire, trafics de drogue, de devises et d’armes, corruption, népotisme, détournements des deniers et biens publics, instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de comptes politiques, parti pris du président de la République, primauté du parti sur le Niger, violations de la Constitution par le président de la République…Jamais, le Niger ‘a connu une gouvernance aussi sale, aussi peu recommandable. Votre unique chance, si je puis l’appeler ainsi, c’est que vous avez pu bénéficier de complicités extérieures en vue de camoufler au maximum les tares de votre gouvernance.

Monsieur le ‘’Président’’

Les Nigériens n’ont jamais été autant confrontés à l’insécurité alimentaire que votre gouvernance. Pire, sous votre gouvernance, une aide alimentaire quémandée au près du Pakistan et destinée aux populations éprouvées de Diffa a été détournée et vendue par certains de vos proches. Tous ces crimes que j’ai énumérés et qui sont loin d’être exhaustifs, ont été commis, sinon avec votre plein soutien, du moins avec votre bénédiction puisque les auteurs, connus de vous et parfois sous votre parapluie, bénéficient d’une totale impunité.

C’est à cause de ce que vous avez fait de notre pays en si peu de temps que vos compatriotes, à Niamey, à Diffa, à Tahoua, à Zinder, à Maradi, à Dosso, à Agadez et à Tillabéry, ont hâte de tourner votre page. C’est dans votre départ et l’impossibilité pour vous de continuer par personnes interposées, qu’ils fondent leur espoir pour leur pays de se recréer, de se réinventer et de se construire enfin. Je suis gêné de le dire, mais celui que j’ai servi durant des années, avec abnégation et amour pour mon pays, a échoué. Vous avez échoué et ce n’est pas, il faut l’admettre, manquer de respect à la haute fonction que vous exercez que de l’admettre et de le dire.

Monsieur le ‘’Président’’

Un pays, une nation, se construit dans la vérité, le travail, l’unité et les valeurs du peuple. Or, dès que vous avez pris les rênes de l’État, vous avez tout de suite pris le contrepied de tout ceci. Vous avez tourné le dos à la vérité, détruit les vertus du mérite par le travail, mis à rudes épreuves l’unité nationale, privilégié le Pnds Tarayya au détriment des questions de portée nationale. Vous avez, à vrai dire, construit votre échec en pensant que vous édifiez les fondements d’une gouvernance sans fin. Mohamed Bazoum, la réminiscence de cette gouvernance sans fin, a déjà échoué puisqu’il revendique tout ce qui a caractérisé votre gouvernance, c’est-à-dire l’insécurité alimentaire et le détournement de l’aide alimentaire, les trafics de drogue, de devises et d’armes, la corruption, le népotisme, les détournements des deniers et biens publics, l’instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de comptes politiques, le parti pris du président de la République, la primauté du parti sur le Niger, les violations de la Constitution par le président de la République, absolument tout.

Monsieur le ‘’Président’’

Le «dambou», selon toute vraisemblance, risque de prendre plutôt de l’eau que de l’huile : Et avec de l’eau, la fête va tourner au vinaigre.

Mallami Boucar

Lettre au “président de la République” : Monsieur le “Président”
Les Nigériens sont jaloux de leur souveraineté et ne sont pas prêts à accepter l’injustice jusqu’à un certain niveau

Lettre au “président de la République” Monsieur le “Président”
Les Nigériens sont jaloux de leur souveraineté et ne sont pas prêts à accepter l’injustice jusqu’à un certain niveau. Ils sont décidés à se battre pour vous imposer la voie de la justice et vous n’avez pas une autre alternative que de vous y conformer
Ce sont sans doute les toute dernières lettres que je vous écris. Le 27 décembre 2020, les urnes sonneront le glas de votre magistère, aux sons et aux couleurs de l’espoir d’un peuple qui a longtemps attendu l’occasion de vous voir partir. Vous l’avez si éprouvé, si méprisé qu’au fond, on peut estimer que l’échec retentissant, le revers, que votre parti politique, le Pnds Tarayya, vient de subir aux élections locales est le vôtre d’abord. Vous l’avez sans doute compris. C’est la première sanction que le peuple nigérien, mature, discipliné et responsable, a tenu à vous infliger. Dans moins de deux semaines, la coupe sera remplie, avec les législatives et le premier tour de l’élection présidentielle qui, j’en fais le pari, verront les Nigériens se mobiliser encore plus que lors des élections municipales et régionales. Leur impatience est si grande de mettre un terme à cette gouvernance scabreuse que vous avez inaugurée en avril 2011.

Monsieur le ‘’Président’’

J’ai appris que malgré le drame survenu à Toumour, à 75 kilomètres de Diffa, vous avez pris l’avion pour aller assister à la cérémonie d’investiture d’Alassane Dramane Ouattara. Ce sont tout de même 78 compatriotes qui ont trouvé la mort dans l’attaque sauvage de Toumour entièrement calcinée et saccagée et vous voir partir, avec un coeur si léger, pour honorer une cérémonie, a de quoi choquer. Certains de vos compatriotes l’ont signifié, mais il me semble qu’il n’y a rien, là, de quoi surprendre de votre part. Ce n’est pas la première fois que vous agissez ainsi, en vous contentant d’un communiqué pour exprimer votre peine et votre compassion. Ce qui vous émeut venant d’ailleurs en veut fait ni chaud ni froid lorsqu’il s’agit de votre peuple. Vous êtes si singulier à ce propos que ceux qui attendent un changement de paradigme de votre part à la veille de votre départ sont eux-mêmes d’une certaine singularité pour ne pas se rendre compte que vous allez probablement terminer sans jamais faire droit aux attentes du peuple nigérien.

Monsieur le ‘’Président’’

Le peuple nigérien pleure ses morts de Toumour comme il a pleuré ceux de Chinagoder, d’Inatès, de Karamga, d’Ayorou ou encore de Mangaïzé pour ne citer que ceux-là. Pendant ce temps, vous vous êtes fait plaisir en faisant plaisir à un autre chef d’État avec lequel vous prétendez ne rien partager en commun dans vos rapports avec la démocratie et les mandats présidentiels. Il y a toujours un intérêt à communiquer et votre dépladéplacement à Abidjan est un acte de communication majeur. Que cherchez-vous en préférant faire plaisir à Alassane Dramane Ouattara plutôt qu’en partageant le deuil de votre peuple ? N’est-ce pas vous-même qui avez décrété un deuil de trois jours après le drame de Toumour pour le violer ensuite ? C’est ça, le mépris dont vos compatriotes. On vous a bien vu honorer des décès de parents d’alliés de votre système de gouvernance. Si vous ne voyez pas de motif valable pour aller réconforter des compatriotes victimes d’agressions aussi barbares que ce qui s’est passé à Toumour, dans la nuit du 12 au 13 décembre 2020, c’est indiscutablement parce que vous ne vous sentez pas concerné. Vos dix années à la tête de l’État, dit un ami, sont une longue procession de morts qui ne vous ont nullement empêché de dormir. Vous aurez sans doute, après le 2 avril 2021, l’occasion de revoir ce film horrible qui a endeuillé tant de foyers nigériens. Toumour n’est, donc, pas une exception, elle est un chaînon de ce chapelet tragique qui a caractérisé votre gouvernance mais que vous ignorez royalement dans vos bilans à l’eau de rose.

Monsieur le ‘’Président’’

Le dimanche 13 décembre 2020, le peuple nigérien a voté. Il a voté dans le calme et la discipline pour élire ses représentants dans les conseils municipaux, régionaux et de ville. Il a promis de sanctionner sévèrement votre gouvernance et il l’a fait, dans les urnes et non pas dans la violence souhaitée, attendue et presque provoquée. C’est dans cette sanction sans ambiguïté que réside votre bilan. Le Pnds Tarayya, ce parti politique qui vous a porté au pouvoir et dont vous n’avez jamais cessé de vous réclamer, a échoué face au peuple souverain qui a librement refusé, dans une majorité écrasante, de faire à nouveau confiance à votre parti politique. Il a décidé, dans la paix et la quiétude sociale, dans le respect strict des suffrages sortis des urnes, de demander à vos partisans de débarrasser le plancher, d’aller se rhabiller aux vestiaires. La sanction est sévère et préfigure, vous vous en doutez, l’issue des élections législatives et présidentielle qui auront lieu dans une dizaine de jours. Le pouvoir du Pnds, selon toute vraisemblance, est à son terme et vous aurez sans doute l’intelligence de ne pas entraver, de quelque façon que ce soit, le cours inéluctable.

Le peuple nigérien vous a administré la preuve qu’il n’est pas ni amnésique ni irresponsable pour vous donner la chance de pérenniser plus longtemps cette gouvernance scabreuse que Bazoum promet de continuer. Est-il compréhensible pour Bazoum de perpétuer ce que les Nigériens ont vécu au cours de vos dix années de pouvoir ? Le trafic de drogue et d’armes, les détournements massifs des deniers et biens publics, la confiscation des libertés publiques, la rupture d’égalité des Nigériens devant la justice, le mépris de leurs attentes et aspirations, les violations continues de la Constitution, la caporalisation des instances chargées du processus électoral, les emprisonnements fantaisistes de citoyens qui dérangent, le massacre des populations civiles et militaires, l’enrichissement illicite de proches, la corruption, les fraudes aux concours, les détournements des aides alimentaires et budgets militaires, la prééminence de la famille présidentielle sur l’État, le hold-up électoral, etc. C’est ça que Bazoum, ce candidat aux pièces d’état-civil controversées, promet aux Nigériens de continuer. Y a-t-il plus grand mépris vis-à-vis d’un peuple ?

Monsieur le’’Président’’

Bazoum, vous le savez mieux que moi, n’a pas la qualité requise pour prétendre à la magistrature suprême. Vous avez vu le tollé général que cela a soulevé de vouloir imposer Bazoum comme candidat ? De la coalition Cap 20-21, les contestations ont gagné la société civile, puis Mahamane Hamissou du Pjd Hakika et aujourd’hui, Salou Djibo du Pjp Doubara et de l’Apr de Seïni Oumarou, sans compter la frange importante du Pnds opposée à toute candidature de ce bonhomme dont il est impossible, à l’heure actuelle, de statuer sur la véritable identité. Non seulement il a fait manifestement du faux, mais il ne s’appelle pas, selon de nombreux témoignages, Bazoum Mohamed mais plutôt Bazoum Salim.

La Cour constitutionnelle est empêtrée dans une situation sans autre issue que de dire le droit. Elle est déjà dans le collimateur des populations nigériennes et ce serait mettre leurs vies en danger que de persister dans cette logique insensée où le plus arriéré des villageois comprend fort bien ce qui se trame. Je n’ai jamais vu une Cour constitutionnelle autant décriée, autant traînée dans la boue et discréditée. Je n’ai jamais vu autant de jets de discrédit sur une Cour constitutionnelle. Vous l’avez compris, les Nigériens sont jaloux de leur souveraineté et ne sont pas prêts à accepter l’injustice jusqu’à un certain niveau. Ils sont décidés à se battre pour vous imposer la voie de la justice et vous n’avez pas une autre alternative que de vous y conformer.

Mallami Boucar

 

Lettre au “président de la République” : Monsieur le “Président” Sauf votre respect, votre bilan sera lourd à porter et vos compatriotes ne peuvent souhaiter qu’une seule chose : que votre successeur ne soit aucun de ceux sui sont dans les plis de votre cMonsieur le “Président” Sauf votre respect, votre bilan sera lourd à porter et vos compatriotes ne peuvent souhaiter qu’une seule chose : que votre successeur ne soit aucun de ceux sui sont dans les plis de votre coeur.  
Bien que vous ayez tout votre esprit caporalisé par cet assassinat barbare de six Français dans la commune rurale de Kouré, je me permettrai tout de même de vous parler de démocratie, de processus électoral, mais aussi d’institutions internationales telles que la Cedeao, l’Oif et l’Union africaine. Vous aurez sans doute remarqué que je n’ai pas fait mention de nos deux compatriotes qui ont été également assassinés en même temps que les six humanitaires français de l’ONG ACTED. C’est à dessein. Sachant que vous n’avez pas fait montre d’une si grande préoccupation, par le passé, devant les pires attaques meurtrières contre les Forces de défense et de sécurité nigériennes, je me suis dit qu’il n’est guère nécessaire, dans cette lettre qui vous est destinée, de faire cas des deux victimes nigériennes. Je me souviens encore de toutes ces attaques, à Karamga, à Bilbabirim, Gueskerou, à Ouallam, à Mangaïzé, à Inatès, Chinagoder, etc., où des soldats ont été pratiquement massacrés sans que vous daigniez annuler vos déplacements ou les écourter dans certains cas. Le cas le plus récent est celui d’Inatès qui vous a trouvé en Egypte, précisément à Assouan, dans le cadre de la conférence sur la paix, la sécurité et le développement. C’était en décembre 2019. Vous aviez quitté Niamey en début d’après-midi du mardi 10 décembre 2019 et la même nuit du 10 décembre, le poste militaire d’Inatès a été attaqué avec un bilan très lourd : 71 militaires tués selon le bilan officiel. Malgré la gravité de la situation, vous êtes resté à Assouan où vous avez eu le coeur de prendre sereinement part, le mercredi 11 décembre, à la cérémonie d’ouverture de la conférence ainsi qu’à un panel de haut niveau sur le thème « L’Afrique que nous voulons : pérenniser la paix, la sécurité et le développement ». Vous avez même eu un entretien avec le président égyptien, président en exercice de l’Union africaine. Ce n’est qu’après que vous avez regagné Niamey, sous la propagande que vous avez écourté votre séjour à Assouan pour revenir au pays.

Décidément, votre départ de la présidence se présente sous de mauvaises coutures. Des problèmes inextricables semblent vous empêcher de partir dans cette sérénité que vous avez tant souhaitée. Sérénité ? Ce bonheur, plutôt, que vous caressez de partir après avoir placé un homme de confiance qui vous veillera, par reconnaissance, sur vos arrières. Connaîtrez-vous jamais ce bonheur ? J’en doute face à l’accumulation des problèmes qui surgissent et qui trouvent leur origine dans la manière dont vous avez gouverné au cours de ces deux mandats consécutifs qui s’achèvent. Tout semble se compliquer pour vous, m’at- on dit. Je ne suis point surpris par une telle issue de votre magistère, tant j’ai connaissance des pratiques malsaines qui ont gangrené votre gouvernance. Je ne peux, ici, égrener l’interminable chapelet de vos choix et actes non recommandables, pour ne pas dire condamnables ; des faits qui ont pratiquement détruit toutes les valeurs, sociales et culturelles, politiques et démocratiques. Lorsqu’on examine soigneusement ce que vous avez été avant d’accéder à la magistrature suprême, on ne peut dire que vous avez rendu service à votre pays et à votre peuple. Pas plus que vous ne vous êtes rendu service. Outre l’échec incontestable aux plans économique, social et culturel de votre gouvernance, voilà que même le processus électoral devant consacrer votre sortie est un échec.

Il est bien vrai qu’en 2016 déjà, vous nous avez servi un vos crus en promettant des élections transparentes dont l’échec, aviezvous solennellement déclaré, serait votre échec personnel, pour, en fin de compte, nous gratifier de ce hold-up électoral qui va être inséparable de votre nom pour l’éternité de l’Histoire. Il est tout aussi vrai que depuis de longs mois, je voyais venir cet échec, tant vous avez obstinément refusé d’écouter la voix de votre peuple qui s’est éreinté à vous convaincre de vous investir, résolument et sincèrement, dans l’instauration d’un processus électoral consensuel. Vous avez même refusé de parrainer le dialogue national, une tentative ultime de rassembler les Nigériens autour de vous, dans une dynamique d’union sacrée pour des élections inclusives, justes et transparentes dans un esprit apaisé.

Ce refus, seuls les ingénus et les mauvaises fois invétérées le mettraient sur le compte de votre devoir de ne pas vous immiscer dans le jeu politique. Vous avez tant pris parti, tant étalé votre esprit partisan, sans vous préoccuper de vos obligations constitutionnelles, que ce serait improductif de vous cacher derrière un tel rempart. Sauf votre respect, vous n’avez rien à dire à ce propos. De mon point de vue, c’est toute cette volonté délibérée à vous manifester régulièrement, non pas comme le président de tous les Nigériens, mais comme celui d’un clan politique dont vous avez d’ailleurs protégé les membres contre la justice, qui vous empêche, aujourd’hui, de sortir par la grande porte.

Monsieur le ‘’Président’’

Il ne reste plus que quatre jours pour la tenue des élections locales que vous avez personnellement fixée pour le 13 décembre 2020, contrairement à la commission électorale qui a soutenu mordicus ne pas être en mesure de les organiser à cette date. Si je vous rappelle cette date, c’est parce qu’il y a un motif d’inquiétude. C’est seulement maintenant que les bulletins de vote sont en cours de production et selon des informations fiables dont j’ai pu disposer, les imprimeurs ne pourront pas livrer ces bulletins avant le 13 décembre. Le délai de six jours que la commission électorale leur a fixé n’est ni réaliste ni faisable. Les imprimeries les plus performantes de la place ont avoué l’impossibilité pour elles d’honorer le travail attendu dans un délai aussi réduit. Certaines ont d’ailleurs jeté l’éponge en rejetant l’offre qui leur a été faite. Ce qui accru la masse de travail attendue d’une imprimerie de la place qui a dû accepter, en plus de ceux de Dosso, Tahoua et Zinder, l’impression des bulletins de Niamey et de Maradi. C’est un échec retentissant ; un échec jamais connu dans l’histoire démocratique de ces 30 années post-conférence nationale. Cet échec, vous le savez, n’est pas uniquement celui d’Issaka Souna. C’est également le vôtre. C’est uniquement sous votre magistère qu’une telle situation insolite est arrivée. Même les régimes d’exception pour lesquelles vous avez peu de considération n’ont pas échoué à organiser les élections à date.

Monsieur le ‘’Président’’

Vous imaginez bien ce qu’un éventuel report de la tenue de ces élections suppose. Si nous restons dans l’ordre d’organisation de ces élections, il faut bien admettre que tout report des élections locales exigerait de repousser les dates des législatives et de la présidentielle. Une telle éventualité, non plus, n’a jamais eu lieu depuis les premières élections multipartistes au Niger.

À quatre jours de la date du 13 décembre, faut-il continuer à garder le silence ? Je crois qu’il vous revient, puisque c’est vous qui avez imposé à la commission électorale cette date pour la tenue des élections locales, d’aviser les Nigériens sur l’impossibilité d’organiser ces élections à cette date. Seulement, si vous le faites, vous devez également tirer toutes les conséquences politiques de cet échec.

Monsieur le ‘’Président’’

J’ai appris aussi que la fête tournante du 18 décembre 2020 n’aura plus lieu, cette année. Diffa devra attendre l’année prochaine, avec un autre président de la République que vous, pour accueillir la commémoration de la République. Un autre échec ! Un échec qui serait lié, paraît-il, à l’argent. Ah, l’argent ! Pourtant, vos partisans, regroupés autour de Bazoum, en dépensent tous les jours comme si l’on a affaire à des princes arabes du Golfe. D’où sortent-ils autant d’argent qui manque à la République, à l’État ? Lorsque j’ai appris la nouvelle, j’ai d’abord cru à une fausse information. Puis, j’ai constaté que des sources concordantes le corroborent. Ce n’est pas sérieux de faire ce croc-en-jambe à Diffa qui a tant besoin de cette fête pour se retrouver, croire en elle et bouter dehors du Niger la peur de vivre. Diffa ne mérite pas ces adieux moches de votre part. Mais, je sais bien que vous n’avez pas la tête à la fête.

Monsieur le ‘’Président’’

Je disais que décidément, votre départ de la présidence se présente sous de mauvaises coutures. L’affaire Bazoum, dont vous êtes à l’origine pour avoir imposé l’intéressé à votre parti, le Pnds Tarayya, a fini par empoisonner la vie nationale de la plus fatale des façons. Aujourd’hui, les juges sont pris entre le marteau et l’enclume. Ils doivent dire le droit et selon toute vraisemblance, votre poulain ne peut s’en sortir. Personne, à l’exception des Nigériens qui mettent en avant de sordides et mesquins intérêts égoïstes, ne lui voit une issue de sortie. Vous-même, vous savez que ses pièces d’état-civil sont plus que douteuses. Vouloir l’imposer alors que la Constitution l’élimine, c’est provoquer tout autre chose que des élections. Si, en plus de tous les échecs dont vous êtes parfaitement conscient, vous devez également laisser le Niger dans la chienlit, je ne sais pas quelle médaille on doit vous attribuer.

Mallami Boukar

 Lettre au “président de la République” : Monsieur le “Président” Un audit de fichier électoral, on le fait pour rassurer les parties prenantes. Or, ce que vous avez commandité est un conclave entre des membres liés par un même destin et des experts que vos compatriotes soupçonnent de tous les péchés d’Israël.

 Je ne sais plus par quel bout commencer, tant les évènements se succèdent, se chevauchent, s’empilent et se bousculent en fin de compte dans ma petite tête. Je retiens simplement que le Niger est profondément bouleversé par les inondations et les conséquences désastreuses sur des milliers de Nigériens dépouillés de tout, désemparés er désespérés. Tous les quartiers sans exception de l’arrondissement communal Niamey 5, Nguiguimi, Agadez, Ayorou et bien d’autres localités vivent des moments sans doute inoubliables, les eaux en furie leur ayant tout pris. Mais, on ne voit pas assez votre gouvernement qui a manifestement préféré chercher à camoufler ses échecs et ses défaillances dans une responsabilité diffuse et mal indiquée au regard de la gravité de la situation : la délégation spéciale de la ville de Niamey s’échine ainsi à apporter un minimum de réconfort aux familles sinistrées, mais il apparaît de toute évidence qu’elle n’est pas à la hauteur de la crise. Du reste, c’est une affaire nationale, une catastrophe qui doit mobiliser l’ensemble du gouvernement puisque tous les secteurs sociaux de base sont concernés. Le ministère de l’Enseignement primaire, le ministre de la Santé publique, le ministère de la famille et de la population, le ministère de l’Hydraulique, le ministère de l’Enseignement supérieur, etc. Le fait de mettre la Délégation spéciale dans l’oeil du cyclone, sans moyens apparents pour relever les défis multiples du moment, est une fuite de responsabilité que je considère grave.

Monsieur le “Président”

Vous avez donné des instructions, non pas à votre gouvernement, mais au délégué spécial de la ville de Niamey, comme si la question qui se pose est liée à un simple problème d’assainissement et de voirie. Autant par l’ampleur du désastre que par sa dissémination dans l’espace géographique nigérien, vous ne pouvez pas vous contenter de fourguer la patate chaude à la Délégation spéciale de la ville de Niamey. Et, que faits-vous, donc, des cas de Nguiguimi, d’Agadez, d’Ayorou, etc. ? Vous allez aussi donner des instructions aux mairies et délégations spéciales de ces localités pour juguler le fléau ? En fait, on ne sent pas une riposte appropriée et organisée de votre gouvernement. Votre visite sur les sites inondés de l’arrondissement communal Niamey 5 est, de mon point de vue, plus une opération de “com” que comme l’expression d’une volonté de prendre à bras le corps la tragédie qui frappe cette zone du Niger. La preuve, aussitôt après avoir instruit le délégué spécial, Mouctar Mamoudou, de prendre les dispositions nécessaires pour faire face à la situation, vous vous êtes tourné vers le sommet de la Cedeao que vous vous apprêtiez à accueillir. Comme toujours, vos compatriotes ont compris que vous avez préféré privilégier le prestige au don de soi.

J’ai bien suivi la visite du ministre de la Santé à l’hôpital national Amirou Boubacar Diallo et j’ai beaucoup apprécié. Seulement, n’ayant pas de moyen d’action, il ne peut que constater les dégâts et promettre. J’ai également suivi celle d’un de vos directeurs de Cabinet, votre fils Sani Issoufou dit Abba, qui dit avoir fait le déplacement conformément à vos instructions, mais à quoi tout ça rime en fin de compte. Qu’est-ce que cela a apporté aux sinistrés ? Pourquoi restez-vous sourd jusqu’à présent à tous ces appels qui vous convient à décaisser des fonds massifs et aides conséquentes aux familles sinistrées ? Pourquoi cet attentisme alors que la tragédie s’accentue ? Pourquoi ces actions approximatives, ce tâtonnement, alors que, pour des dépenses de prestige, vous n’avez pas hésité à faire saigner les caisses du Trésor public ? Vos compatriotes sont sidérés, à croire que vous allez finir comme vous avez commencé.

Monsieur le “Président”

Votre passage, hier matin, auprès des sinistrés de Saga, a mis un peu de baume au coeur à tous ceux qui ont tout perdu dans les inondations. « C’est bien, mais c’est pas arrivé », comme disent nos frères Togolais. Ce dont ils ont besoin, c’est la présence matérielle de l’Etat, sa solidarité agissante et sa protection en termes de logements d’appoint, d’aides alimentaires, de moustiquaires, d’habits, de couvertures, d’eau, etc. Il faut que vous gouvernement se magne et qu’il n’attende pas l’aide de la communauté internationale. C’est vrai que les sinistrés sont logés dans des écoles, mais dans un mois, c’est la rentrée scolaire. Qu’envisagez-vous de faire ? Il faut impérativement mettre un plan sérieux en oeuvre. En attendant que vous vous mettiez à la tâche, laissez-moi vous faire observer que si vous aviez investi dans le social, cette situation tragique aurait pu être évitée ou amoindrie. Ce n’est pas un reproche, c’est un constat, d’ailleurs partagé par la plupart de vos compatriotes.

Monsieur le “Président”

J’ai appris que, conformément à votre décision de faire auditer le fichier électoral, biométrique en principe, par l’Union africaine, la Cedeao et l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), que ledit audit a déjà démarré et qu’il ne regroupe que ceux qui l’ont élaboré et qui vous sont totalement acquis. Les représentants de l’opposition, qui ont pensé saisir l’opportunité de démontrer que c’est un fichier électoral truqué, n’ont pas eu cette belle occasion puisqu’ils ont été simplement interdits d’accès audit fichier électronique. C’est une signature, celle de l’aveu des soupçons longtemps entretenus par l’opposition. À qui voulez-vous finalement démontrer qu’il y a eu audit du fichier et qu’il est irréprochable ? Visiblement, l’opposition a eu raison de vous sur toute la ligne. Ce ne sont pas au terme d’élections que vous entendez transmettre le témoin à quelqu’un d’autre, mais par un jeu de passe-passe que je trouve personnellement vulgaire. Un audit de fichier électoral, on le fait pour rassurer les parties prenantes. Or, ce que vous avez commandité est un conclave entre des membres liés par un même destin et des experts que vos compatriotes soupçonnent de tous les péchés d’Israël.

Je crains fort que les Nigériens, pour cette fois, décident de ne pas se laisser faire. Des exemples qui les y invitent se passent tellement sous d’autres cieux, tout autour d’eux, qu’il y a de fortes chances que les pratiques électorales en cours ne suscitent la révolte chez vos compatriotes. Les Nigériens en ont ras-le-bol de votre gouvernance et vous le savez. N’en rajoutez pas, au risque de provoquer ce que vous ne saurez ni arrêter, ni régler au mieux. La crise électorale, je m’en doute, ne vous effraie pas. J’ignore pourquoi, d’ailleurs, puisque les crises similaires à celle qui profile à l’horizon, nul ne peut en connaître à l’avance la dimension, l’ampleur et les contours. Si, parce que chef de l’État, protégé par des soldats bien armés, vous voulez tout essayer, c’est que vous oubliez que, nous autres, vos conseillers et autres collaborateurs, sommes exposés aux périls en perspective. Il est bien vrai que personne ne sait qui est mieux protégé que l’autre. Mais, vous devez, dès à présent, vous ressaisir afin de mettre un terme à cette descente aux enfers. Certains disent que c’est prémédité, délibéré et assumé, au mépris des risques majeurs auxquels ce processus électoral truqué expose notre pays. Je commence à me demander s’ils n’ont pas de bonnes raisons de le dire.

Monsieur le “Président”

J’ai maintes fois attiré votre attention sur votre responsabilité. Je ne vous parlerai pas à nouveau de la violation des lois, marque déposée, dit-on dans certains milieux, de votre gouvernance. C’est au nom de cette marque déposée que personne ne vous dispute, que Mohamed Bazoum dit à qui veut l’entendre, que rien, ni personne, ne peut l’arrêter dans son périple électoral illégal. Il n’a sans doute pas idée ce dont Dieu est capable. Dans cette boutade de Mohamed Bazoum que des religieux considèrent volontiers comme un blasphème, j’ai cru entrevoir la conviction indécrottable de tous les existentialistes de la terre, ces hommes qui pensent qu’il n’y a de Dieu que ce qu’imaginent des ingénus.

Monsieur le “Président”

L’opposition politique rejette d’ores et déjà l’audit du fichier électoral mené sans la participation de ses représentants à un processus que la Ceni a pourtant dit vouloir inclusif. Elle dit rejeter l’audit ainsi que les résultats qui en découleront. Or, si elle rejette l’audit et ses résultats, cela suppose qu’elle rejette le fichier électoral. La conséquence que je crains est que l’opposition refuse la tenue d’élections qu’elle sait à l’avance truquées et qu’elle en demande le boycott actif à ses militants. C’est une crainte et il faut me croire, ça risque de barder pour le Niger dans ce cas de figure. Entre autres, vous avez bien vu ce que Mahamane Ousmane a soulevé comme monde à Zinder, à Magaria, bref dans son Damagaram natal. Vous connaissez la popularité de celui que vous avez dû emprisonner pour vous faire proclamer élu en 2016. Vous connaissez la force de frappe électorale d’un Ibrahim Yacoubou, notamment dans l’arewa. Si les leaders de l’opposition déclarent qu’ils n’acceptent pas ces élections telles qu’elles sont en train d’être organisées, et ils l’ont déjà fait savoir, il y a de gros nuages noirs sur la stabilité sociopolitique de notre pays. Quelque part, je dois l’avouer, je vous en veux dans la mesure où vous n’avez rien fait pour éviter que notre pays ne soit confronté à ces risques de crise électorale. Je n’ose pas dire, comme certains dans ce vaste pays, que c’est parce que vous comptez en tirer quelque dividende politique. Par contre, je ne peux que constater votre laisser-aller, attitude assimilable en droit à de la complicité passive. Que Dieu bénisse le Niger et son peuple !

Qu’Il le protège contre le mal des incrédules ! Qu’Il facilite toute entreprise de construction et d’unité des filles et des fils du Niger !

Mallami Boucar

On m’a rapporté que vous étiez, lundi matin, dans certains quartiers de la ville de Niamey, victimes d’inondations, notamment dans l’arrondissement communal Niamey 5 où l’étendue du désastre ne laisse aucune place au marketing politique. C’est bien que vous ayez fait ce déplacement pour constater, par vous-même, la tragédie dans laquelle baignent des Nigériens parce que votre gouvernement, pourtant averti depuis des mois sur les risques d’inondations, cette année, a dormi sur ses lauriers lorsqu’il s’agit du social. C’est bien que vous ayez fait ce déplacement car il vous aura, au moins, permis de voir, grandeur nature, l’échec patent de votre politique. Vous avez, en effet, pu prendre toute la mesure de la gouvernance antisociale que vous avez privilégiée, sur fond de dépenses de prestige, tels que ces ponts et échangeurs nullement prioritaires ou encore ces mesures fiscales qui ont contribué, depuis la loi de finances 2018, à paupériser le peuple nigérien. La preuve, depuis dix ans que vous êtes à la tête de l’Etat, le Niger, notre pays, est resté dernier dans le classement du Pnud en matière d’Indice de développement humain (IDH). Non seulement, vous n’avez pas pu matérialiser l’énorme potentiel financier dont vous avez hérité en mieux-être pour vos compatriotes, mais vous avez réussi la prouesse d’accentuer la pauvreté. Cela a été confirmé par une enquête récente de l’Uemoa dont vous ne pouvez pas douter et qui classe également notre pays au dernier rang des pays concentrant le plus grand nombre de pauvres : 75,5% de vos compatriotes sont pauvres alors que notre pays a trois fois, quatre fois, plus de ressources que des pays mieux classés.

Monsieur le “Président”

À Haronbanda, vous avez pu voir ce à quoi les fonds que vous avez investi dans des ponts et des échangeurs qui n’ont aucun caractère prioritaire au stade actuel du développement de Niamey, auraient pu servir. Or, la gouvernance, c’est d’abord une question de priorité, voire d’urgence.

À Haronbanda, vous avez pu évaluer à sa juste mesure l’étendue de vos erreurs de gouvernance. Vous en prenez la mesure alors qu’il ne vous reste plus que sept mois. Vous allez pour ainsi dire partir en laissant le peuple auquel vous avez juré de donner le meilleur, dans l’eau, l’insécurité, les détournements de deniers et biens publics, les trafics de drogue et d’armes.

Ces fonds que vous avez mis dans les ponts et échangeurs auraient pu servir à construire des digues étudiées pour la circonstance, des retenues d’eau que nous pourrions empoissonner, des haies de béton, etc. Je sais que dans nos rangs de conseillers, payés ou non, il y en a qui tendent à incriminer les populations victimes en soutenant qu’ils n’ont pas à s’installer là où ils sont, comme si l’on a toujours la possibilité d’avoir un logis là où l’on veut. La vérité est que vous n’avez pas travaillé à sécuriser votre peuple. Il n’y a pas qu’à Niamey où vous avez manqué de faire ce que vous avez à faire et pour lequel vous avez disposé de ressources plus-que suffisantes.

Monsieur le “Président”

On n’est pas dernier par hasard, comme on n’est pas premier par hasard. L’école est en faillite et l’on comprend à présent, avec la vente de l’école publique Terminus 2, les promesses sibyllines que vous avez faites, lors de votre investiture en avril 2011, à l’école nigérienne, l’ascenseur social que vous dites avoir fait de vous ce que vous êtes devenu. Pour vendre une école publique à un promoteur privé, il faut avoir un rapport tout autre que celui que vous dites en avoir avec l’école nigérienne. Belle reconnaissance ! Sous votre règne, le Niger a connu, vous devez l’accepter, un recul grave. Non seulement vous avez échoué à offrir à vos compatriotes le minimum autorisé par les ressources disponibles, mais vous avez pêché dans la politique sécuritaire. Et même lorsque l’occasion vous a été donnée de vous laver de tout soupçon dans l’affaire des fonds de l’armée, vous avez préféré louvoyer pour, finalement, imposer une démarche inappropriée à la procédure judiciaire.

Monsieur le “Président”

Je vous avais déjà dit que tout semble s’écrouler sous vos pieds. Regardez autour de vous dans quel état vous allez laisser le Niger : les secteurs sociaux de base sont malades, ce qui justifie le dernier rang du Niger dans toutes les enquêtes sérieuses (Pnud, Uemoa) ; la corruption est devenue endémique, voire, une méthode de gouvernance ; les fonds et biens publics sont détournés impunément, appauvrissant l’Etat au profit de certains individus qui ne se comptent plus autour de vous ; le trafic de drogue a si prospéré, car toléré, qu’il est devenu banal ; le banditisme armé et le terrorisme transfrontalier endeuillent quotidiennement des foyers nigériens ; l’Etat est spolié de ses biens, y compris des écoles à l’image de l’école Terminus 2, cédée à l’université suisse, … ; et à présent, les inondations qui détruisent tout. C’est le cas à Niamey et pas seulement à l’arrondissement communal Niamey 5, mais aussi à Agadez, notamment dans le village deTajajarat, à Nguiguimi, Ayorou, Téra, etc. Ah, J’allais oublier les routes ! Les deux plus grandes routes économiques du Niger, à savoir la route de l’uranium et celle qui relie Dosso à Gaya, sont toujours dans un état déplorable, occasionnant de très nombreux accidents de la route. En neuf ans, vous n’avez pas cru bon de vous décarcasser pour les refaire, mais vous avez trouvé les ressources financières, à crédit là aussi, pour construire des routes reliant des villages, notamment dans le département d’Illéla où vous êtes né.

Monsieur le “Président”

Pourquoi ne dites-vous pas à vos compatriotes la situation réelle du Niger en matière d’endettement ? Vous savez, il se raconte que vous avez tellement fait endetter l’Etat que le jour où ils apprendront ce réel, même ceux qui vous soutiennent vont regretter de l’avoir fait. Lorsque le voile noir sera levé sur la réalité sur le niveau de l’endettement actuel et l’hypothèque que vous faites ainsi peser sur les capacités d’investissement de l’Etat sur ressources propres, notamment pour les secteurs sociaux de base qui en ont tant besoin, il n’y aura plus que ceux qui ont détourné les milliards de la Défense, de la Soraz, l’aide alimentaire pakistanaise, etc., qui regretteront votre départ. À ce propos, j’ai vu que vous avez encore fait, le 27 août 2020, une levée de fonds sur le marché financier de l’Uemoa pour un montant de 27 500 000 000 FCFA que vous vous êtes engagé à rembourser le premier ouvré suivant la date d’échéance fixée au 26 août 2021 ; soit après votre départ. Les intérêts, indique-t-on, sont payables d’avance et précomptés sur la valeur nominale des bons qui est d’un million de FCFA. Mais, dans tout ça, j’ai relevé qu’il y a tout de même, dans cette situation d’incurie gouvernementale, des riches hommes qui continuent à faire confiance à un Etat dans lequel des individus détournent impunément des fonds publics destinés à la défense nationale. Sur ces 27 milliards et demi, sept (07) proviennent de Nigériens aisés. Je me suis dit que, soit, ils font partie des nouveaux riches partis de rien mais qui ont la couverture et le soutien nécessaire pour piller l’Etat, soit, ils sont inconséquents pour prêter à un Etat dont ils connaissent la réalité financière. Peut-être, comme l’avance un ami, les prêteurs sont aussi les obligés.

Monsieur le “Président”

Dans sept mois, un nouveau président vous succédera à la tête de l’Etat. Il aura beaucoup à faire pour redresser le Niger, tant votre magistère a mis en mal les valeurs de la République, de la société nigérienne, la démocratie et la justice. Ce sera un combat de titans, mais je ne désespère pas autant de mon peuple. Comme tant d’autres qui ont connu pire situation, je sais que le peuple nigérien est capable de panser ses plaies ; que les Nigériens sont en mesure de se serrer les coudes, de se donner la main pour se projeter dans l’avenir. Je sais que mon peuple, assoiffé d’unité et de justice, saura réinventer l’avenir en livrant une rude bataille contre les maux qui, sous votre gouvernance, ont ruiné les fondements de la République, de la démocratie et de la nation en construction.

Vous devez, dès à présent, le savoir. Tout sera à refaire après vous : les fondements de la République, de la démocratie, les lois, la justice surtout, absolument tout. Mais, mon réconfort pour le Niger, c’est que le boom du pétrole commencera véritablement après vous, juste après vous, ce qui sera une bouffée d’oxygène pour le nouveau pouvoir qui y puisera ainsi les ressources nécessaires pour faire face, en priorité, aux problèmes, multiples et complexes, qu’a généré votre gouvernance sur laquelle vous connaissez mon opinion.

À l’orée du changement qui s’annonce, je ne peux que formuler une prière, une seule : que Dieu veille sur le Niger et qu’il nous accorde des dirigeants plus soucieux du Niger et du bien-être de ses enfants !

Mallami Boucar

 

Lettre au “président de la République” Mallami Boucar Monsieur le “Président” Balayez chez vous d’abord et c’est urgent. Le danger contre la République, la démocratie et la justice, c’est la malgouvernance, pas l’armée. Occupez-vous à bien faire et vous verrez si l’Afrique ne dirait pas adieu aux coups d’Etat.

J’ai appris que vous avez finalement quitté Niamey pour un voyage au Ghana, précisément à Accra pour participer au tout premier sommet de la Cedeao, ère Nana- Akufo Ado. Une ère probablement différente de la votre, faite de rigidité et de rigorisme mal placés vis-à-vis de la junte militaire malienne dont l’acte n’est pas, vous le savez, plus antirépublicain que ce que vos compatriotes vivent sous votre gouvernance. Je ne sais pas combien de temps vous resterez à Accra, mais j’imagine que vous y êtes allé pour marteler encore vos positions, que vos compatriotes trouvent alambiquées, contre la junte militaire malienne et essayer, pour une ultime fois, d’influer sur le cours de l’histoire. J’imagine que votre déplacement en terre ghanéenne est pour vous une sorte de baroud d’honneur que vous entendez mener sans aucune perspective de victoire. La Cedeao doit revoir sa copie et essayer de sauver ce qui peut l’être de sa crédibilité. À partir du moment où vous n’avez pas été suivi dans l’exigence d’une réinstallation d’Ibrahim Boucbacar Keita au pouvoir, éventualité que l’intéressé lui-même a écartée en vous remerciant pour ce soutien, j’ai pensé personnellement que vous allez comprendre la musique et changer de pas de danse. Hélas, vous avez poursuivi dans la même lancée au point où vous avez réussi à braquer l’opinion nationale malienne contre vous, le chef de l’Etat nigérien qui est accusé de cherche à ramener le Mali dans une situation à laquelle les Maliens sont très heureux d’avoir mis un terme.

Monsieur le “Président”

Votre homologue du Ghana qui a pris le relais de vos mains a tout de suite montré qu’il n’est pas d’avis avec vous sur le Mali. Vous n’avez visiblement pas la même perception de la situation du Mali, encore moins la même approche. À votre dureté et votre rudesse, Nana-Akufo compte, selon toute vraisemblance, opposer une nouvelle façon de faire. Ibrahim Boubacar Keita, vous devez le comprendre, est désormais de l’histoire. Vouloir ressusciter le passé est un exercice utopique. Il faut plutôt envisager l’avenir sous les meilleurs auspices pour le Mali en mettant en avant les intérêts du peuple malien, pas d’un régime à jamais révolu.

Et comme, rendre les choses difficiles à la junte militaire malienne n’aura pas d’autre incidence que d’éprouver le peuple malien, il est sans doute réaliste et indiqué, si c’est l’intérêt du Mali qui est vraiment primordial, d’oublier définitivement Ibrahim Boubacar Keita et son système pour accompagner ce pays frère et ami dans sa quête pour une meilleure gouvernance. La même quête du peuple nigérien et pour la réalisation de laquelle, vous le savez, vos compatriotes donneraient tout.

Monsieur le “Président”

Laissez le Mali tranquille et occupez-vous du Niger, votre pays, qui se dirige, si nous ne faisons attention, vers des rivages encore plus critiques que ceux que le Mali a connus. Laissez le Mali tranquille et balayez plutôt à votre porte afin d’éviter à votre pays, le pire. Nous nous acheminons vers des élections dont le processus est biaisé, truqué sur toute la ligne avec des membres d’un parti politique, le Pnds, Tarayya, ainsi que des gens qui vous sont très proches à la commission électorale, à la Cour constitutionnelle, à la direction de l’informatique et du fichier électoral biométrique. Leur parti pris est incontestable et vous n’avez rien fait à ce jour pour faire en sorte que le Niger aille à des élections dont les conditions d’organisation et les structures chargées de cette mission sont acceptées par toutes les parties.

Le Niger va aller à des élections t le contrat avec l’opérateur chargé du fichier électoral biométrique reste secret à ce jour, car comportant probablement des aspects que vous ne voulez pas que vos compatriotes sachent. Ce contrat est pourtant payé par l’argent du contribuable nigérien. Sur ce sujet, également, vous n’avez rien fait pour le rendre public et apaiser les esprits quant au caractère irréprochable dudit contrat.

Le Niger va aller à des élections avec une loi électorale qui a été élaborée pour éliminer, précisément, le candidat que vous redoutez le plus, je veux parler du chef de file de l’opposition, Hama Amadou et vous savez bien que des partisans, à l’heure actuelle, il en compte des millions à travers tout le Niger. Ceux-là ne sont pas d’accord que leur candidat, celui en qui ils placent leur confiance, ne soit pas non-partant du fait du bon vouloir de gouvernants qui traînent avec eux les pires scandales de la gestion des affaires publiques mais qui veulent utiliser la loi pour continuer à se maintenir au pouvoir. Là, également, vous n’avez rien fait, absolument rien, pour éviter la germination d’un conflit électoral que tout le monde pressent.

Le Niger va aller à des élections que vous avez promises irréprochables pour une transition démocratique historique depuis plus d’un quart de siècle, mais vos actes ont méticuleusement construit et préparé tout autre chose.

Monsieur le “Président”

Vous avez beaucoup à balayer chez vous, pour être dans la position de faire des leçons à d’autres. Malheureusement, vous n’êtes pas seul. Il y a bien, dans cette aventure malienne où vous vous êtes lancé, Alpha Condé de Guinée et Alassane Dramane Ouattara de Côte d’Ivoire qui, eux, sont décidés carrément à postuler à un troisième mandat. Un mandat de trop, un mandat illégal rendu possible par des moyens frauduleux. Et pourtant, malgré le caractère flagrant de leurs actes, vous n’avez pas daigné, ne serait-ce que pour sauver la face, déclarer ouvertement que vos homologues guinéen et ivoirien ont posé, là, un acte qui discrédite votre organisation. Pour convaincre, il vous aurait fallu d’abord donner l’exemple, chez vous, et en tenant un langage de vérité face aux cas guinéen et ivoirien qui sont pire que des coups d’Etat militaire. Il n’y a pas, je le crois sincèrement, meilleur service à rendre à son peuple que de déposer par les armes un président qui n’hésite pas à violer les lois et règlements de son pays, à détourner l’argent public et à s’y rendre complice ou à faire changer de constitution pour se maintenir au pouvoir.

Monsieur le “Président”

Est-ce sérieux de réclamer des autres ce que vous ne faites pas chez vous ? J’ai eu vent de ce que vous avez, à nouveau, arrêté, à Accra. Vous avez, paraît-il, exiger une présidence civile, la libération sans condition des personnalités politiques détenues de manière extrajudiciaire et le retour à l’ordre constitutionnel. Est-ce vrai, ça ? Je m’interroge et vous interpelle parce que j’imagine mal que vous vous associez à de telles décisions, même si par ailleurs je vous sais dès le départ intraitable sur la question. Je trouve ça, tragique, que vous défendiez notamment l’exigence d’une libération sans condition des personnalités politiques détenues de manière extrajudiciaire. La junte militaire malienne ignore sans doute que des compatriotes, civils et militaires, croupissent dans les prisons nigériennes de façon extrajudiciaire. Elle ignore sans doute qu’un certain Bakary Saïdou est en prison depuis près de cinq ans sans jugement. Elle ignore sans doute que Bakary Saïdou est même innocenté par l’enquête de gendarmerie diligentée à la demande du procureur de la République et que tous les juges qui ont eu connaissance du dossier disent que Bakary Saïdou est un prisonnier politique.

La junte militaire ignore sans doute que des officiers militaires sont incarcérés depuis de longs mois sans que les intéressés sachent pour le moins du monde les griefs précis qui sont retenus contre eux par la justice.

Monsieur le “Président”

Balayez chez vous d’abord et c’est urgent. Le danger contre la République, la démocratie et la justice, c’est la malgouvernance, pas l’armée. Occupez-vous à bien faire et vous verrez si l’Afrique ne dirait pas adieu aux coups d’Etat.

Mallami Boucar

Lettre au “président de la République” Monsieur le “Président”  / Dans leur écrasante majorité, vos compatriotes rêvent de vivre votre départ : Ils le fêteront sans doute comme ils n’ont jamais célébré le départ d’un chef d’État auparavant

Encore une fois, je me permets de vous rapporter ce qui se dit à propos de vous et vos choix. Rassurez-vous, ce n’est pas pour vous parler de ces milliards investis, grâce à des prêts, dans la construction de bâtiments administratifs nullement nécessaires et d’hôtels de luxe dans un pays où l’école et la santé sont par terre et où l’accès à l’eau potable reste un défi immense. Il est bien vrai qu’il est surprenant de savoir que ces préférences saugrenues sont celles d’un cadre supérieur parmi les cadres, ingénieur des mines de son état ; un homme venu d’une localité reculée de la brousse de Tahoua et qui doit tout à l’école que ses prédécesseurs à la tête de l’État, plus avertis quant à ce qui fait l’avenir d’un pays, lui ont fournie, gratuitement, avec, en prime, une bourse d’études. Mais, bon, c’est une autre histoire.

Ce dont je voudrais vous parler, c’est d’abord de cette idée persistante qui taraude l’esprit de vos compatriotes depuis presque toujours. Une idée si forte dans le débat public qu’elle prend l’allure d’une conviction, partagée par un très grand nombre de vos compatriotes, y compris dans certains cercles qui, a priori, ne doivent pas être gagnés par la pandémie. Oui, c’est une véritable pandémie qui fait des ravages et vous devez le savoir. L’affaire Bazoum, vous le savez, s’envenime et il y a de gros risques d’implosion sociale de voir votre candidat briguer la magistrature suprême de notre pays. Bazoum, il faut le dire, est devenu le débat qui fait fureur dans les fadas, les familles, l’administration publique, etc. Il n’y a pas de doute, s’ils se gardent de le clamer pour ne pas s’exposer à un emprisonnement aussi bête qu’illégitime, vos compatriotes estiment toutefois que Bazoum, votre poulain, est pris dans la nasse. Qu’il se débatte ! Qu’il hurle ! Qu’il morde et qu’il griffe ! Il ne peut s’en sortir que si vous vous rendez complice d’une grave forfaiture. Ce n’est pas moi qui le pense et le dit, je ne fais que, par devoir, vous rapporter ce que mes grandes oreilles captent ici et là.

Monsieur le ‘’Président’’

Vs compatriotes ont, je vous le susurrais tantôt, une conviction. Leur conviction, c’est que Bazoum, dont le nom de famille est en vérité Salim et non Mohamed, verra bientôt son sort scellé. On ne peut, dit-on, cacher le soleil avec la paume de la main. Bazoum est empêtré dans un imbroglio de faux et le mieux, pour vous et pour tout le monde, c’est de le laisser face à la justice, sans interférence quelconque tendant à corroborer la validité du faux. Le 3 décembre 2020, ce mauvais feuilleton doit s’arrêter. Bazoum, en principe, ne devrait jamais s’aventurer dans cette course au fauteuil présidentiel. Tout, dans cette affaire, est contre lui. Les documents, les témoignages, etc. Et l’opinion nationale en plein le coeur de voir avec quelle facilité, le faux est en train de conduire notre pays vers des rivages dangereux. La Cour constitutionnelle a beau sortir un arrêt sur l’affaire, je ne suis pas certain que cela ait changé la position de vos compatriotes sur les documents d’état-civil de Bazoum. C’est pour vous dire que Bazoum est devenue une grosse arête de poisson dans votre gorge, bien calée. Si vous tentez de l’avaler, elle vous endommagera tout le tube digestif. Si vous essayez de la faire sortir, les dommages seront encore plus grands.

Monsieur le ‘’Président’’

Malgré tout, à mon humble avis, il vaut mieux la faire sortir, cette arête. Cela vous permettra d’atténuer certains ressentiments. On dit le général Djibo Salou très amer. Votre soutien à Bazoum, exprimé sans ambiguïté, lui a visiblement enlevé le goût du combat politique. Il est si discret dans cette chamaillerie politique qu’on ne le prendrait pas pour un candidat à l’élection présidentielle. Avec quoi compte-t-il conquérir le fauteuil présidentiel ? Je comprends fort bien son amertume. Que Bazoum ait vos faveurs et votre soutien ne peut être que blessant pour cet homme qui a déposé la vareuse militaire pour s’engager en politique. Malheureusement pour lui, le retour d’ascenseur auquel il pensait être en droit de s’attendre n’a pas eu lieu. Je comprends également votre embarras. Ayant été accusé d’avoir signé un deal avec le tombeur de Mamadou Tanja en 2010, vous êtes désormais tenu à l’oeil et chacun, au Niger et à l’extérieur, s’attend à voir si ce n’est pas la raison qui tant motivé Djibo Salou à quitter l’armée pour s’engager en politique. Je puis vous informer que vos compatriotes n’ont pas baissé la garde. Ils sont d’ailleurs nombreux à pressentir un schéma propice à la matérialisation du fameux deal. Mais, personnellement, je ne vois pas comment l’élimination de Bazoum, que je considère juste et fondée, pourrait profiter à Djibo Salou. Ce dernier est arrivé en retard, avec des armes non suffisamment affûtées, pour pouvoir se faire une place au soleil.

Monsieur le ‘’Président’’

De toute évidence, le Niger, se dirige vers un conflit électoral et/ou postélectoral des plus dangereux. Le climat politique, de plus en plus délétère, ne trompe pas. Il y a des risques sérieux que vous êtes seul à ne pas percevoir ou plutôt, pour rester prosaïque, que vous êtes seul à négliger. Vous avez été si absent lorsqu’il s’agit de questions déterminantes pour notre pays que nous nous trouvons, aujourd’hui, dans une sorte de cul de sac. La paix sociale est en danger du fait du processus électoral que vous avez voulu calquer à votre volonté. Vous avez si pesé, dans le mauvais sens, sur ce processus électoral que des compatriotes vous soupçonnent d’avoir enfoui, dans chacun de vos choix, quelque cadeau empoisonné. Je ne leur donne pas totalement tort. Je m’interroge effectivement sur ce que demain nous réserve. Vous êtes si insaisissable que l’on se perd en conjectures. Et je présume que, jusqu’à votre dernière heure à la tête de l’État, vous allez faire baver vos compatriotes qui, dans leur écrasante majorité, rêvent de vivre votre départ. Ils le fêteront sans doute comme ils n’ont jamais célébré le départ d’un chef d’État auparavant.

Mallami Boucar

 

Nous sommes à moins de deux mois du premier tour de l’élection présidentielle qui va consacrer votre départ du Palais présidentiel et rien n’est sûr, dans ce pays. Vos compatriotes, plus que jamais remontés contre votre vous et votre gouvernance qui ne saurait être un modèle, je le leur ai concédé, attendent anxieusement cette date du 27 décembre pour vous bouter, disent-ils, hors du Palais présidentiel. Ils semblent très déterminés et c’est cette tendance, m’a-ton dit, qui se matérialise dans la mobilisation que vous constatez ou dont vous avez certainement écho à propos des visites de terrain de Hama Amadou, le chef de file de l’opposition et probable gagnant de l’élection présidentielle prochaine. Ah, j’ai vraiment tremblé en voyant Hama Amadou à Téra, à Dosso, à Maradi, à Zinder et Agadez. Partout, c’est un raz de marée et selon de nombreux observateurs étrangers, il n’y a pas de doute, les Nigériens tiennent là celui à qui ils vont accorder leurs faveurs dans les urnes. Mohamed Bazoum, je dois le reconnaître et vous le dire humblement, ne fait pas le poids face à Hama Amadou. Il ne lui arrive même pas à la cheville et vous le savez.

Monsieur le ‘’Président’’,

Ayant décidé de vous parler, cette semaine, de cette dynamique nationale autour de Hama Amadou, je ne saurais vous cacher le fol enthousiasme, l’euphorie et la liesse populaire remarquable à chacun de ses déplacements à l’intérieur du pays. La lecture de ce mariage entre Hama Amadou et le peuple nigérien coule de source. D’une part, c’est la rencontre entre un homme et son peuple qui croit en lui et qu est prêt à lu accorder ses suffrages pour gouverner le Niger, avec tout ce que cela représente en termes d’espoir pour l’économie, l’école nigérienne, la santé, l’eau potable, l’agriculture, la justice, la sécurité, toutes autant d’aspects auxquels vous n’avez pas accordé l’attention nécessaire. D’autre part, c’est le rejet total de votre gouvernance et des perspectives sombres qu’elle présente à vos compatriotes avec cette histoire de continuité claironnée par Mohamed Bazoum. Face à des adversaires ben en jambes, qui savent ce que vous avez fait de ce pays en dix ans, j’ai été obligé de faire profil bas et de ravaler mes arguments qu’ils disent désuets et insultants pour le peuple nigérien. Vous savez, j’ai ressentie la plus grande honte de ma vie en essayant d’aligner, comme vous l’avez si bien fait lors de l’inauguration du nouvel immeuble des Finances, les réalisations que vous avez faites.

Monsieur le ‘’Président’’,

Savez-vous qu’il m’a été rétorqué que vous êtes un président sans vision pour le Niger et que le plus beau service que vos compatriotes pourraient se rendre est sans doute de mettre un terme à votre gouvernance ? A mon cors défendant, lorsqu’il m’a été aligné, face à votre chapelet de réalisations, la réalité financière et économique dans laquelle baigne l’État, avec un encours de la dette inquiétant, la mainmise des réseaux sur le Niger, la corruption endémique, les détournements dont vous êtes parfaitement au courant et dont vous couvrez les auteurs, la santé, dont la marchandisation est galopante, le trafic de drogue, l’agriculture, réduite à un simple slogan (Les Nigériens nourrissent les Nigériens), l’école, l’ascenseur social que vous avez emprunté mais que vous avez mis sur cales, etc., j’ai baissé la tête. On ne peut être partisan de votre affaire sans avoir honte de ce bilan.

Monsieur le ‘’Président’’,

J’ai appris beaucoup des tournées de l’homme que vous donnerez tout pour recaler. S’il n’est pas d’ores et déjà l’élu du peuple nigérien, Hama Amadou est tout de même un candidat en qui le peuple nigérien croit. Ne gâchez pas cette si belle rencontre démocratique en essayant des choses vilaines. Vous savez, aussi curieux que cela paraisse, malgré vos déclarations multiples, vos compatriotes ne vous croient pas, ne croient pas en votre parole. Faites en sorte que l’histoire ne leur donne pas raison. Vous n’avez, dois-je vous le ressasser, ni le droit ni le devoir de choisir votre successeur. Vous n’avez pas non plus l’apanage de trafiquer, de manoeuvrer en coulisses, en somme, d’agir dans le sens d’influer sur le cours du processus démocratique. Vos compatriotes, tels qu’ils sont mobilisés autour du chef de file de l’opposition, n’accepteront aucune dérive. Non seulement, ils n’accepteront pas que vous restiez un jour de plus au-delà du terme légal de votre mandat, mais ils refuseront également que l’État et ses pouvoirs soient utilisés pour faire passer un candidat qui n’a aucun mérite.

Monsieur le ‘’Président’’,

Faites attention à votre sortie. Elle est liée autant à votre respect de l’article 47, alinéa 2 de la Constitution qu’à la stricte neutralité que vous observerez dans la conduite du processus électoral. Dans le premier cas, « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ou proroger le mandat pour quelque motif que ce soit ». Vous ne saurez, par conséquent, dépasser la date du 2 avril, si je ne m’abuse, sans passer le témoin à votre successeur. Moins formel mais catégorique toutefois, vous ne saurez vouloir imposer, de quelque façon que ce soit, un président pour le Niger. Faites, donc, attention aux manipulations politiciennes, elles ne sont pas toujours porteuses d’heurs.

Monsieur le ‘’Président’’,

À l’orée de votre départ de la présidence, j’ai appris que vous avez, enfin, daigné accorder votre attention pour des projets que vous avez négligés, d’autres disent « méprisés », alors qu’ils constituent ce qui aurait être votre préoccupation. Les routes dégradées de Doutchi-Konni, Dosso-Gaya et Tahoua-Arlit. A cinq mois de votre départ, c’est là un coup d’annonce qui ne trompe pas. Un ami, très futé, je l’avoue, m’a dit que, soit, nous avons affaire à une musique du genre Tanja Mamadou ; soit, vous comptez récolter les fruits de la réalisation de ces routes en procédant au lancement des travaux. Pour la première hypothèse, je l’ai systématiquement écartée, même s’il m’a sorti du chapeau la cinglant réponse de votre homologue guinéen, Alpha Condé : « l’histoire jugera », m’a-t-il dit froidement. Dans la seconde hypothèse, l’effet d’annonce ne suffit guère pour se faire attribuer la paternité d’un projet. Votre successeur peut bien organiser une autre cérémonie de lancement et vous jeter dans les oubliettes. Vous vous en êtes pris si tard que ces cérémonies de lancement font rire vos compatriotes.

Monsieur le ‘’Président’’,

Il est mi-nuit et mes paupières commencent à s’alourdir. Je vais arrêter cette lettre et aller me coucher, car demain est un autre jour. Le temps, c’est l’immensité, c’est l’insondable, c’est Dieu. J’espère que Demain sera meilleur pour notre pays et que le processus électoral sera remis sur les rails, dans des conditions d’égale confiance des acteurs politiques en la commission électorale, en la Cour constitutionnelle, recomposées dans un climat de consensus politique.

Mallami Boucar

Je ne sais si je fais un cauchemar ou si c’est la réalité ? On parle beaucoup, ces temps-ci, de prix Mo Ibrahim et la rumeur publique propage le bruit que c’est vous qui l’avez gagné, au terme de 10 années d’une gouvernance exceptionnelle. Je croyais sincèrement que c’était une mauvaise blague qui était faite et que, s’il est indiscutable que vous avez mal gouverné à tous points de vue pour rêver de ce prix, il n’y a pas, toutefois, lieu de laisser faire ces mauvais plaisantins. Je me disais que cette mauvaise blague devait être le fait des militants de Lumana, ce parti que vos partisans traitent de satanique. Et voilà que, alors que mon doute est pleinement justifié, j’ai dû accepter, à mon corps défendant, la véracité de la rumeur. La raison ? Certains médias internationaux connus pour leur parti pris dans la situation sociopolitique du Niger le martèlent si bien que j’ai fini par savoir qu’il ne s’agit point d’un cauchemar. Ainsi, donc, malgré vos très mauvaises notes par ceux qui sont les mieux placés pour apprécier votre travail à la tête de l’Etat, vous avez gagné la plus haute distinction dont un chef d’Etat africain oserait rêver. Aussi, pour ne pas faire preuve de mauvaise foi, je fais fi de ma surprise en commençant cette lettre par vous présenter mes félicitations pour ce prix Mo Ibrahim que vous venez d’obtenir. Ah, ces toubabs, que ne peuvent-ils envisager lorsqu’ils sont décidés à faire passer le noir pour du blanc ? Je vous en félicite, non pas parce que je crois en un quelconque mérite de votre part, mais par courtoisie. Car, c’est si gênant de l’entendre, à plus forte raison le dire. A vrai dire, j’ai beau être votre serviteur, je n’en suis pas fier.

Monsieur le “Président”

J’ai essayé de comprendre, mais je n’y suis pas parvenu. Est-il possible, dans une classe, de faire passer l’un des plus mauvais élèves pour le meilleur ? Pour vous en parler, j’ai d’abord lu et relu les critères d’attribution de ce prix et je n’ai pas vu un seul qui vous a valu cette récompense qui, au-delà de la rente financière, est censée conférer à son récipiendaire respect et reconnaissance de ses contemporains sur des questions aussi sensibles comme la justice, les secteurs sociaux de base, la démocratie, etc. Pour mériter ce prix, ai-je lu, il faut avoir réalisé quelque chose de positif dans les quatre grandes thématiques que sont la sécurité et l’état de droit, la participation et les droits humains, le développement économique durable et enfin le développement humain. Concernant par exemple la sécurité, entre autre indicateurs, il y a l’indépendance de la justice, la lutte contre la corruption, les conflits armés internes ou les troubles sociaux. Quant au développement humain, il y a la qualité des services sociaux de base, notamment la qualité du système éducatif, l’accès au réseau sanitaire, la transparence des entreprises publiques, etc.

C’est en prenant connaissance de ces critères que j’ai compris le haut-le-coeur de nos compatriotes. Ils ne comprennent pas que vous, avec ce bilan choquant de ces 10 années de pouvoir, puissiez prétendre à un tel prix. C’est extraordinaire ! Ni sur le plan de la sécurité, ni sur celui des droits humains, encore moins à propos de la justice et des services sociaux de base, vous avez, il faut le reconnaître et l’avouer, des résultats catastrophiques. La démocratie ? Elle n’a jamais été aussi malade que sous votre magistère. Il semble qu’ailleurs que dans votre pays, on vous reconnaît plutôt le mérite d’avoir résisté à la tentation de modifier la constitution et de vous maintenir au pouvoir à travers un troisième mandat. Ah ! Dieu seul sait ce qu’il y a dans les plis du coeur des hommes. Mais ce tracslà, François Soudan vient de l’extirper de nos têtes en mettant les points sur les i. « Si Issoufou avait essayé de changer la constitution, il y aurait eu un coup d’Etat le lendemain », a déclaré le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Jeune Afrique. Etant de ceux qui ont magnifié cette gouvernance catastrophique les Nigériens ne sont pas prêts d’oublier, je me dis que François Soudan sait de quoi il parle. Cette vérité, c’est en attendant que vous tourniez le dos au pouvoir. Les pires révélations sont à venir.

Monsieur le “Président”

Je ne peux vous parler de ce prix Mo Ibrahim sans laisser, pour l’histoire, trace de l’excellent texte que Moussa Tchangari d’Alternative espace citoyens a publié à ce propos. Voici ce qu’il a écrit. Il l’a intitulé la médaille de sortie du président et j’ai cru avoir lu « la médaille de Meka ». Lisez plutôt, ça vous servira La médaille de sortie du président

À quelques jours de son départ de la présidence du Niger, le président Issoufou vient de décrocher le prestigieux Prix Mo Ibrahim ; devenant ainsi le sixième membre du très select cercle d’anciens chefs d’États récipiendaires de ce prix en jachère depuis 2017. Le prix Mo Ibrahim, du nom du célèbre philanthrope anglosoudanais qui a fait fortune dans le secteur des télécommunications, a été créé pour récompenser « un leadership d’exception » et encourager « une nouvelle génération à s’engager dans ce défi crucial ». La fondation Mo Ibrahim, qui a décidé de l’attribuer exclusivement à des chefs d’États et de gouvernement, a également mis en place un indice d’évaluation de la gouvernance en Afrique, basé sur 95 indicateurs portant sur quatre (4) grands domaines d’intérêt : (i) sécurité et état de droit ; (ii) participation et droits de l’homme ; (iii) développement économique durable ; et (iv) développement humain Selon le communiqué de presse de la fondation, publié ce 8 mars à Londres et à Dakar, le président Issoufou a été récompensé pour avoir « fait preuve d’un leadership exceptionnel et de respect pour la démocratie face à un cumul de défis sans précédent ». Le communiqué de presse note également que le comité du Prix, qui est présidé par M. Festus Mogae, ancien Chef d’État du Bostwana, a porté son choix sur le président Issoufou en estimant que ce dernier « a conforté la croissance économique au bénéfice de ses concitoyens, fait preuve d’un engagement indéfectible en faveur de la stabilité régionale et défendu sans relâche le respect de la règle constitutionnelle et démocratique».

L’ancien président Botswanais, qui ne connait certainement pas le Niger, a déclaré également que le président Issoufou « a tenu ses engagements auprès du peuple nigérien et leur a ouvert la voie d’un avenir meilleur », précisant que « le nombre de Nigériens vivant sous le seuil de pauvreté est tombé à 40 %, contre 48 % il y a dix ans ».

Après l’annonce de cette consécration, nombre de citoyens nigériens, qui redoutent aujourd’hui des nouvelles violences post-électorales, après celles qui ont marqué la proclamation des résultats provisoires du second tour de l’élection présidentielle, ont réalisé combien le fossé est grand entre ce qu’ils pensent eux de la gestion de leur pays par le président Issoufou, et ce qu’en pensent certains acteurs internationaux ; car, comme le dit ce jeune étudiant avec lequel nous avons échangé sur le sujet, l’attribution de ce prix à un chef d’État encore en fonction, dont le pays, miné par une corruption endémique, est régulièrement classé, depuis dix (10) ans, au dernier rang de l’indice du développement humain, est la preuve que les gémissements du petit peuple n’ont pas retenti dans la salle de délibération. La fondation Mo Ibrahim, prenant le contrepied du PNUD, affirme que le Niger a progressé non seulement dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la protection sociale et de l’environnement, mais aussi dans celui du renforcement des opportunités socio-économiques pour les femmes.

Au cours des dix (10) dernières années, il est pourtant de notoriété publique que le président Issoufou n’a tenu aucun des engagements chiffrés qu’il a pris lors de son discours d’accession au pouvoir en avril 2011. Les données tirées des documents budgétaires de l’État sont éloquentes à plus d’un titre : entre 2011 et 2020, malgré la hausse remarquable des ressources du budget général de l’État, qui sont passées de 1 006,65 milliards FCFA en 2011 à 2 514,40 milliards FCFA en 2020, le secteur de la santé, qui devrait recevoir au moins 10% des ressources du budget, n’a jamais reçu plus de 6% sur toute la période ; et celui de l’éducation, qui devrait recevoir au moins 25% des ressources du budget de l’État, n’a jamais franchi la barre de 17% (la part du secteur dans la loi de finances pour l’exercice 2021 n’atteint pas 13%). La situation dans ce dernier secteur est particulièrement préoccupante, ainsi que le soulignent les chiffres du bureau de l’UNICEF au Niger : 1 sur 2 enfants âgés de 7 à 16 ans ne sont pas scolarisés, moins de 6 sur 10 élèves de l’enseignement primaire accèdent au secondaire, et seulement 2 sur 10 élèves achèvent le cycle secondaire.

Sur la base de ces seuls chiffres, il est permis d’affirmer que le bilan social des dix (10) années de présidence de Issoufou Mahamadou est loin d’être reluisant ; et ce, sans même évoquer les statistiques macabres de l’insécurité alimentaire qui affecte, chaque année, près de deux millions de personnes. Le bilan de l’heureux récipiendaire du prix Mo Ibrahim n’est pas seulement médiocre en matière sociale ; il l’est également en matière de respect des droits et libertés, quotidiennement bafoués. La situation dans ce domaine reste marquée par des violations massives droits humains : déplacement forcé des populations, exécutions sommaires et tortures perpétrées par des éléments des forces régulières, interdictions régulières et répression de manifestations de la société civile, arrestations arbitraires d’opposants et acteurs de la société civile, restriction de la liberté de circulation des personnes, destruction des moyens d’existence des populations, etc.

Ces dernières années, le régime du président Issoufou s’est illustré également par l’adoption de textes de loi susceptibles de porter atteinte à l’exercice de la liberté d’expression et d’opinion : c’est le cas de la loi N°2019-33 du 03 juillet 2019 portant répression de la cybercriminalité au Niger, qui a été utilisée déjà pour emprisonner plusieurs personnes coupables d’avoir exprimé des opinions critiques; et c’est le cas également de la loi sur l’interception des communications électroniques adoptée en mai 2020, qui ouvre la voie à des intrusions dans la vie privée des personnes et à une surveillance étroite des communications des opposants et acteurs de la société civile. En avril prochain, si rien ne vient d’ailleurs contrarier son plan de transmission pacifique du pouvoir, le président Issoufou laissera à son successeur un pays profondément divisé et en proie à l’insécurité ; et contrairement à ce qu’affirme l’éminent président du Comité du Prix Mo Ibrahim, qui pronostique pour le Niger un avenir meilleur, les observateurs avisés de la scène politique sont conscients que la crise post-électorale en cours pourrait ouvrir la voie à une véritable tragédie dans le pays. L’heureux récipiendaire est, sans doute, lui-même conscient de la gravité de la situation actuelle ; et il sait aussi que cette médaille de sortie, tout comme toutes celles qu’il a amassées au cours de ses dix (10) ans de pouvoir, ne fera que conforter chez nombre de Nigériens l’image d’un président acquis aux intérêts étrangers et salué comme tel par ce qu’on appelle communément la communauté internationale.

Monsieur le “Président”

Permettez-moi de prier pour mn pays et mon peuple afin qu’il ne connaisse plus cette gouvernance que vous avez incarnée jusqu’au bout. Heureusement, disent vos compatriotes, que vous n’êtes ni le premier, en 1960, ni parmi les premiers qui ont eu à bâtir le socle sur lequel vous avez gouverné.

Mallami Boucar

Lettre au “président de la République” Monsieur le “Président” : Lorsque, dans un pays, des personnes impliquées ou citées dans du trafic de drogue sont plus libres, plus tranquilles que des opposants politiques, des journalistes ou des acteurs de la ...

Les choses semblent se gâter de plus en plus pour vous et je ne sais que faire face aux railleries de ceux qui, depuis des années, n’arrêtent pas de me dire que je pers mon temps, on énergie et mon intelligence à vous servir de conseil ; ceux qui, sans vergogne, me disent ouvertement que tout finit par se savoir et que nous sommes visiblement au début de la fin de l’histoire. J’ai beau leur expliquer que, conseiller véridique, juste et honnête, je n’ai pas la réputation d’avoir été toujours tendre avec vous et c’est pourquoi je ne figure pas sur la tablette dorée où vous écrivez les noms de vos conseillers préférés, ils n’arrêtent pas de m’accabler d’avoir pris un mauvais parti, celui d’un homme qui, disent-ils, a tout ruiné du Niger. L’assassinat de nos deux compatriotes et de six humanitaires français, à Kouré, le dimanche 9 août 2020, est un évènement dont je n’ai point voulu vous parler, tant je sais à quel point vous êtes tracassé. J’ai d’ailleurs appris que vous êtes toujours à Niamey et que vos vacances annuelles risquent fort d’être, sinon compromises, du moins écourtées parce que vos hôtes français sont toujours là, en train de chercher des réponses aux interrogations légitimes qu’ils se posent sur les motivations de l’acte, à qui cela profite-t-il et pourquoi aujourd’hui, à quelques trois mois, à peine, des élections locales. Je vais vous dire tout ce que j’ai appris.

Monsieur le “Président”

Vous savez, à Niamey, les gens spéculent tellement sur l’évènement de Kouré qu’on se demande si les enquêteurs français ne seraient pas mieux inspirés en se contentant de les écouter et de procéder à des recoupements. On entend tout. D’abord, vos compatriotes sont nombreux à penser que l’Etat français, c’est insensé mais c’est ce qui se raconte, serait capable de faire tuer ces humanitaires français pour crédibiliser l’hypothèse d’une insécurité généralisée au Niger ; une situation qui, dit-on, serait invoquée pour hypothéquer la tenue des élections à date. Raison d’Etat, prétendent-ils, pour laquelle la France serait capable de faire tuer ses ressortissants pour justifier une plus grande mainmise sur le territoire nigérien. J’ai un ami qui a bien fait prévaloir le fait que face à vous, la France n’a pas besoin d’user de moyens aussi extrêmes, que vous lui avez déjà tout cédé et que, de toute façon, pour quelque attente que ce soit, le Président Emmanuel Macron n’aurait qu’à claquer le petit doigt, mais ils sont restés intraitables. Pour eux, le fait que le Quai d’Orsay se soit précipité pour propager une carte du Niger coloriée totalement en rouge est la preuve que c’est même pipe, même tabac. D’autres, non moins catégoriques, n’hésitent pas à soutenir, sans arguments, là aussi, que vous auriez tous les problèmes du monde car les toubabs soupçonneraient un coup fourré et c’est ce qui justifierait ce propos diffusé en boucle durant des jours par les chaînes françaises et selon lequel, « de source judiciaire, l’attaque de Kouré était un acte prémédité pour viser des occidentaux ». Pour ce second courant, composé pour l’essentiel, de détracteurs, je dois le confesser, vous seriez dans le pétrin, les enquêteurs français ayant relevé, disent-ils, des indices troublants, comme s’ils ont pris part aux investigations menées par les limiers français. Pour eux, Paris ne serait pas du tout contente et le fait de colorier la carte du Niger en rouge est la première expression de cette colère.

Monsieur le “Président”

De tout ce qui se raconte, une seule chose m’a troublé, déstabilisé dans ma défense. Est-il vrai que, un mois avant les évènements de Kouré, le peloton spécial de défense de la garde forestière a quitté les lieux sur instruction de la hiérarchie ? Ah, si vous savez ce qui se raconte ! Ils prétendent que c’est un peloton qui a bénéficié de la même formation que la force spéciale de l’armée et qui est en mesure de faire face à n’importe quelle situation du genre. Si leur assertion est fondée, je dois reconnaître qu’il y a de quoi être interloqué.

Monsieur le “Président”

J’étais en train d’écrire cette lettre et mon idée centrale était de vous parler de cette affaire de Boubé Style féroce qui revient en force à la une de l’actualité politique avec l’audience que vous avez accordée au chef de la police nigériane. Mais, puisque c’est l’actualité qui commande, je laisse cette histoire de Boubé Style féroce pour vous interroger sur ce qui se passe au Mali voisin. Je sais à quel point vous avez mal et à quel point vous redoutiez cet épilogue de la crise malienne. Vous avez, je l’ai constaté, pris les choses en main, mais vous avez, je l’avoue, pêché dans votre approche et votre discours. Dès que j’ai écouté vos premières réactions, j’ai conclu que vous allez droit dans le mur. Non seulement, la nature de votre gouvernance ne milite pas en votre faveur, mais vous avez enfourché un mauvais cheval. Vous devez le savoir, pour négocier, notamment une sortie de crise politique, il faut être soi-même clean en matière de gouvernance. Un Nana Okufo du Ghana peut le faire et le réussir dans le respect et la considération des parties prenantes. Un Mahamadou Buhari peut également réussir une telle mission et la Cedeao aurait dû procéder à un casting réaliste des chefs d’Etat ayant une chance de se faire entendre en parlant de respect de constitution et de légalité.

Monsieur le “Président”

Ce qui se passe au Mali est la résultante de la mauvaise gouvernance, de dérives autoritaires, de gestion patrimoniale de l’Etat, de primauté de trafics divers, y compris celui de la drogue qui écume le Mali et le Niger en particulier, etc. Vous le savez mieux que moi d’ailleurs puisque, depuis plus de quatre ans, Bakary Saïdou, l’ancien président du groupe parlementaire du Moden Fa Lumana Africa, est incarcéré, sans jugemnet et sans aucune base légale. Il n’y a aucun juge en mesure de le condamner sur la base du dossier incriminé. Tous ceux qui ont eu connaissance du dossier disent qu’il est totalement vide et que Bakary est un prisonnier politique. Il n’y a pas, d’ailleurs que Bakary qui ait payé cher de sa liberté parce qu’il est un opposant politique sous votre magistère. Avez-vous idée du nombre de vos compatriotes qui ont fait la prison sur des bases farfelues ? Avez-vous idée de la façon dont vous avez gouverné le Niger ? Avez-vous idée de la façon dont vous avez géré les ressources du Niger, principalement le pétrole ?

Monsieur le “Président”

Lorsque, dans un pays, des personnes impliquées ou citées dans du trafic de drogue sont plus libres, plus tranquilles que des opposants politiques, des journalistes ou des acteurs de la société civile, il ne faut pas s’étonner que le résultat final soit moche. Ce qui s’est passé au Mali n’est pas si extraordinaire à comprendre. La Cedeao, que vous présidez depuis quelques mois, s’est plantée comme d’habitude en défendant les positions des chefs d’Etat. C’est pourquoi d’ailleurs, nombre de ressortissants des Etats membres n’hésitent pas à la cataloguer de syndicat des chefs d’Etat. Comment voulez-vous que la Cedeao soit crédible lorsque vous avez, en son sein, des chefs d’Etat qui violent la constitution de leur pays ? Comment voulez-vous qu’elle soit respectée alors qu’elle est dirigée par des chefs d’Etat qui sont prêts à tout pour rester au pouvoir ou pour le gagner ?

Monsieur le “Président”

Je sais que les choses s’enchaînent et qu’elles ne sont pas de votre goût. Mais je vous demanderais de faire preuve, encore une fois, de clairvoyance, de perspicacité afin que le Niger ne connaisse pas la même expérience. Agissez, car vous en avez le pouvoir et la possibilité, pour faire en sorte que le processus électoral soit clean, c’est-à-dire qu’il soit organisé sur la base d’un code électoral consensuel, une Commission électorale nationale consensuelle et une Cour constitutionnelle consensuelle. C’est la clé de l’avenir. Autrement, il n’existe pas.

Mallami Boucar

Lettre au “président de la République” Monsieur le “Président” : Si, malgré la sortie de ce livre blanc de l’opposition, Un Issaka Souna ne démissionne pas, il n’est sans doute pas au service du Niger, mais d’un clan politique. Il en est de même de tous ceux qui ont été épinglés dans ce livre Pendant que vous jouez au médiateur au Mali, chez vous, la crise électorale prend de l’ampleur. Et c’est fort à-propos que l’opposition, qui a rendu public un ouvrage appelé « Livre Blanc sur le processus électoral 2020-2021 » vous demande humblement de balayer d’abord devant votre porte avant de vous préoccuper de la devanture des autres. C’est vrai que vous n’avez pas su donner l’exemple chez vous en matière de dialogue et de respect des lois, bref en termes de gouvernance. Le processus électoral, en particulier, est dans un tourbillon d’incertitudes parce que vous n’avez su ou voulu instaurer un dialogue susceptible de désamorcer les tensions perceptibles depuis longtemps et qui se cristallisent à mesure que les échéances électorales approchent.

Dans ce Livre blanc, l’opposition nigérienne vous a épinglé comme étant le principal responsable de la situation qui prévaut au plan politique. Vous avez refusé de parrainer le dialogue national et l’opinion internationale, en particulier les partenaires du Niger en matière électorale, savent désormais ce qui est caché derrière les images policées de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), de la direction de l’informatique et du fichier électoral biométrique (Difeb) ainsi que de la Cour constitutionnelle. Tout est sous contrôle du Pnds Tarayya, votre parti politique, celui pour lequel vous vous êtes permis, en violation de votre serment et de la Constitution, de désigner un candidat à l’élection présidentielle. Les révélations de l’opposition politique à travers ce livre blanc mettent de l’eau au moulin de tous ceux qui vous ont très tôt accusé d’être l’alpha et l’oméga de la crise. Vous avez refusé de parrainer ce dialogue tant souhaité de vos compatriotes, il n’est permis à personne de douter de votre de vos desseins. Le Livre blanc enlève tout crédit au processus électoral et particulièrement à ceux qui l’animent. Si, malgré la sortie de ce livre blanc de l’opposition, Un Issaka Souna ne démissionne pas, il n’est sans doute pas au service du Niger, mais d’un clan politique. Il en est de même de tous ceux qui ont été épinglés dans ce livre.

Lettre au “président de la République” Monsieur le “Président” « Il n’y a pas de doute que le prix Mo Ibrahim vous sera, un jour, retiré. Exactement comme ces sportifs qui se font doper pour gagner des titres et récompenses mais qui les perdent inéluctablement lorsque le pot aux roses est découvert ». J’avais fait le pari, pour vous avoir vu agir et parler depuis 10 ans, que vous occuperez sans aucun doute une petite place, une toute petite place dans un coin des plus sombres de l’histoire de la gouvernance au Niger. Mon pari, je le maintiens, malgré cet air de succès fabriqué et chantonné par des voix bruyantes qui le font à dessein mais qui savent que, de ce qu’ils prétendent à la réalité, il y a la mer à boire. Je maintiens mon pari, car je sais ce qu’il y a en dessous de cette couche opaque qui couvre les profondes et douloureuses réalités de notre pays, de notre peuple. Je maintiens ce pari car je suis convaincu que nos compatriotes et le monde extérieur, peut-être ébloui par le tintamarre de ces médias internationaux qui trouvent certainement leurs comptes dans ce jeu de rôles pénible et coûteux pour notre pays, découvriront, un jour, les tristes réalités de votre gouvernance. Aussi bien au plan financier que sécuritaire, social et culturel, ils sauront la vérité, amère, que 10 ans de saupoudrages, de colmatages et de bricolages ont permis de maquiller, de dédramatiser au point où le trafic de drogue, les détournements des deniers publics, les violations répétées des lois, les chapelets de morts, entre autres, auxquels vous nous avez habitués sont présentés par certains compatriotes comme relevant de la normalité.

Monsieur le “Président”

Mon pari est simple. Mais un ami est encore plus strict. Selon, il n’y a pas de doute que le prix Mo Ibrahim vous sera, un jour, retiré. Exactement comme ces sportifs qui se font doper pour gagner des titres et récompenses mais qui les perdent inéluctablement lorsque le pot aux roses est découvert.

Des cas existent dans le sport de haut niveau et selon mon ami, vous serez probablement le premier sur la liste au plan politique. C’est si facile de manipuler les individus et les groupes lorsqu’on est au pouvoir, a déclaré le président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. Cependant, une fois qu’on le quitte, les échafaudages s’écroulent comme un château de cartes. On découvrira alors les ramifications et les implications de tant de fléaux que nous vivons particulièrement depuis que vous êtes au pouvoir. Dès lors que les rentes qui servent à entretenir la servilité de tant de personnes et d’agences, les louanges mensongères vont s’estomper. Monsieur le “Président” J’ai constaté qu’en cette fin de mandat, vous ne perdez plus une minute. Vous courez dans tous les sens comme si vous menez une course contre la montre. Le temps, lui, est incorruptible pour s’arrêter parce que quelqu’un voudrait le voir s’estomper. Ni votre argent, ni votre pouvoir, ne suffit à le faire plier à votre volonté. Il passe, imperturbable, avec son lot d’évènements prescrits sur la tablette divine. Face au temps, nous mesurons toute notre impuissance. Je rappelle ce mot plein de sagesse de Cheikh Hamidou Kane dans l’aventure ambiguë : « 4l’homme n’est qu’une misérable petite moisissure de la terre ». Mais l’orgueil humain rend l’homme arrogant et irraisonnable au point d’oublier qu’il est un simple mortel. C’est cette leçon de vie qui vous a manqué tout au long de ces 10 années au cours desquelles vous avez fait les choses comme vous l’entendez et non comme vous le commande la Constitution de notre pays.

Monsieur le “Président”

Ce sont des dizaines de nos compatriotes qui ont été massacrés, ces derniers temps, dans une insouciance totale de votre part. Je ne suis ni surpris , ni choqué. Je constate simplement que vous êtes en train de terminer comme vous avez commencé, c’est-à-dire sur une note de déception, de désolation pour le peuple nigérien qui n’a eu, en fin de compte, de votre part, que ruines, sang et larmes. Il vous reste à peine une semaine à la tête de l’Etat et je voudrais, avec votre aimable attention, réitérer mon jugement : votre gouvernance a été une calamité pour le Niger et l’Histoire dira, si oui ou non, j’ai été juste ou sévère. C’est la toute dernière lettre que je vous adresse en tant que chef de l’Etat et ma peine est pour le Niger. J’ai tout fait pour vous servir mon pays en vous éclairant sur bien des choses, en apportant mes conseils et mes préconisations. Mais, j’ai aussi critiqué, parfois avec sévérité et c’est dans l’ordre normal des choses. « Le fameux devoir d’ingratitude » ou encore le dicton « qui aime bien châtie bien ». En vous servant, c’est mon pays que je servais. Que vous ayez royalement ignoré mes services et prestations, c’est une chose et je le comprends fort bien. On m’a dit que vous n’aimez pas beaucoup les critiques et la contradiction. Eh bien, aujourd’hui, c’est bientôt l’épilogue. Vous aurez probablement l’occasion de revoir le film de nos rapports singuliers. Le Niger, vous le laissez dans une situation catastrophique à tous points de vue.

Monsieur le “Président”

Vous comprenez sans, en votre âme et conscience, que je ne vous fasse pas d’éloges. Je ne peux vous en faire. J’aurai bien voulu le faire, mais l’état dans lequel vous laissez le Niger, m’en dissuade. J’aime si bien mon pays pour le trahir. Adieu, monsieur le “Président”. Que Dieu bénisse le Niger et le préserve des périls qui le guettent !

Que Dieu aide le peuple nigérien dans son juste combat pour sa souveraineté, la restauration de la démocratie et de la justice !

Que Dieu punisse tous ceux qui ont trahi ce pays, de quelque façon que ce soit !

Mallami Boucar

 

Lettre au “président de la République” Monsieur le “Président” Vous êtes, certes, le chef de l’État, mais demain ne vous appartient pas

J’ai appris que vous avez réussi à gagner votre premier pari, aller vers l’organisation d’élections inclusives mais sans Hama Amadou, et transparentes avec un fichier électoral truqué, une commission électorale aux ordres et une Cour constitutionnelle dont je n’oserais pas relever le discrédit au risque de me retrouver en prison. Je n’oserais pas le dire, mais je tiens à vous informer qu’un peu partout, ils sont diabolisés et invectivés. C’est si grave ce que j’ai entendu ici et là que je me suis dit que ces juges ont attiré sur eux les foudres d’un peuple qui a compris, depuis bien longtemps, où risque de le mener cette fin de règne que je vois personnellement chargée de tumultes. La disqualification du chef de file de l’opposition, Hama Amadou, Un Nigérien né au Niger, de parents nigériens ne peut que choquer ce peuple qui a montré toute sa détermination à faire de Hama Amadou, son prochain président de la République. Cela est d’autant plus choquant, et je le comprends, qu’un certain Bazoum a réussi, lui, son test. Ah, ce Bazoum, tout de même !

Monsieur le ‘’Président’’

J’ai suivi tout le débat autour de la légalité de la candidature de Bazoum et je dois reconnaître qu’avec cet acte de naissance et ce certificat de nationalité, votre candidat n’a pas la qualité requise pour briguer la magistrature suprême. D’abord, il n’a pas cette nationalité d’origine exigée par la Constitution, car n’étant pas né de mère et/ ou de père nigérien. Il n’est pas non plus né au Niger comme celui dot il a été l’artisan de l’exil forcé, le journaliste Baba Alpha. En outre, ses actes d’état-civil sont manifestement des faux. Le nom dont il est porteur n’est pas celui de son père, mais plutôt celui de son frère aîné, un goumier de la coloniale qui a pris sa retraite en 1984, année où Bazoum a obtenu son diplôme d’études approfondies (DEA). Celle qui a été présentée, dans les mêmes actes d’étatcivil, comme étant sa mère est en réalité sa belle-soeur, l’épouse de feu Mohamed. C’est l’acte de naissance de cette bonne dame, nigérienne née de parents nigériens, qui a servi à octroyer à Bazoum, un acte de naissance en tant que Nigérien né d’une mère, virtuelle bien entendu, puis, dès le lendemain, un certificat de nationalité sur lequel il lui est conféré une nationalité usurpée. Bazoum, dont le père s’appelle en réalité Salim, n’est pas naturalisé Nigérien, il a usurpé une identité et une nationalité qui ne sont pas les siennes.

Monsieur le ‘’Président’’

Savez-vous que sur la base de la date de naissance indiquée pour la belle-soeur/mère de Bazoum, qu’il est invraisemblable que Hadiza, l’épouse du frère aîné de Bazoum, soit la mère de ce dernier ? Hadiza est née en 1944 et ce n’est guère faux. En la faisant passer pour la mère de Bazoum qui est le cadet et 7e enfant de Ndilila, sa mère véritable, on veut faire croire aux Nigériens que Hadiza n’a pratiquement que huit ans ou neuf ans, dans le meilleur des cas, lorsqu’elle a mis Bazoum au monde. L’affaire est cousue de fil blanc pour ne pas s’en rendre compte. Mais, comme il y a l’article 137 du code électoral, vos compatriotes disent ne pas désespérer de vous voir remettre les pendules à l’heure. Vous allez le faire, n’est-ce pas ? N’est-ce pas vous, et personne d’autre, qui a fait de Bazoum Salim, le candidat du Pnds Tarayya ? C’est votre poulain et vous devez comprendre qu’il est un candidat hors série. Je comprends, aujourd’hui, pourquoi ses compagnons du Pnds sont nombreux à refuser sa candidature. Je comprends mieux, pourquoi ils redoutent la candidature de Bazoum. Ce qui est certain, c’est que le statut véritable de Bazoum est connu de très nombreux ténors du Pnds, dont vous, selon toute probabilité.

Monsieur le ‘’Président’’

Savez-vous d’ailleurs ce que disent vos compatriotes à ce propos ? Pour eux, vous avez imposé la candidature en sachant qu’il ne répond pas aux exigences de la loi fondamentale et qu’en tout état de cause, ses actes d’état-civil sont faux. Bazoum est désormais candidat à une élection présidentielle il n’ a pas qualité à prendre part. Malgré tout, certains de vos compatriotes que vous allez faire en sorte qu’il soit par la suite éliminé de la course et pour eux, c’est cela, le sens et l’utilité de l’article 137 du code électoral qui autorise un parti politique ou un groupement de partis politiques à remplacer un candidat déclaré inéligible par la Cour constitutionnelle en pleine campagne électorale. Ah, notre compatriote n’a pas vraisemblablement imaginé tout du Gondwana. Cet article 137, c’est tout de même insolite. Si cet accident de parcours arrive à Bazoum, il y a forcément un 3e larron qui sortira du bois et que vous allez instruire les barons du Pnds d’envoyer le dossier certainement apprêté à l’heure actuelle.

Monsieur le ‘’Président’’

Il n’y a pas que ça que disent vos compatriotes. Le retour en force du Covid 19 dans les statistiques du ministère de la Santé publique, les récents appels à la vigilance et à la fermeté lancés à l’endroit des forces de sécurité, notamment aux barrières et aux bases sont considérés comme des alibis qui vont être utilisés en temps opportun pour expliquer qu’il est impossible, dans un tel contexte de montée en puissance de l’insécurité et du Covid 19 de tenir les élections à date. Certains avancent qu’il y aurait même un comité qui a déjà travaillé sur une proposition de décalage des dates retenues et que bientôt, les Nigériens seraient édifiés sur tout ce montage éhonté. Quoi qu’il en soit, vous n’êtes pas en train de rendre service au Niger que vous allez quitter dans une crise profonde. Outre le fait que vous avez soutenu jusqu’au bout un processus électoral partisan, source de division et de déchirements, vous allez aussi installer, pratiquement, un homme qui ne doit pas être candidat à l’élection présidentielle pour les raisons que vous connaissez et que je vous ai rapportées dans cette lettre. J’ignore ce que vous cherchez pour ce pays. Oui, je me demande vraiment ce que vous nourrissez pour ce pays pour le conduire dans une si grande impasse. Vous êtes, certes, le chef de l’État, mais demain ne vous appartient pas. Il n’y a plus lieu de vous appeler à la raison et de vous demander de corriger le tir, car il est déjà tard pour la tenue, à date, des élections. Pour les municipales et régionales, il ne reste plus que qu’une vingtaine de jours.

Mallami Boucar

 

J’ai appris avec quelle intelligence la junte militaire malienne a finalement déjoué votre intransigeance d’avoir une personnalité civile à la tête de la transition. À malin, malin et demi, dit-on. Je comprends que vous puissiez être furieux en comprenant ce subterfuge qui ne vous laisse, hélas, aucune parade. Je considère, et tout le monde en convient, que vous allez désormais coller la paix à la junte militaire et au peuple du Mali afin qu’ensemble, les filles et les fils de ce pays frère et ami mettent ensemble, leur intelligence et leurs efforts, à reconstruire leur pays, en posant les jalons d’une autre gouvernance que celle, désastreuse d’Ibrahim Boubacar Keita. Avec votre permission, j’enlève le chapeau au colonel Assimi Goïta et à ses frères d’armes en déjouant votre intolérance aveugle. J’imagine que vous n’avez pas prévu cette possibilité imparable qui est offerte à la junte militaire. Bref, j’espère que vous allez souffrir, cette fois-ci, que l’embargo soit levé. Ba Ndao, ce colonel-major à la retraite, répoond parfaitement à votre exigence, mais il reste, bien entendu, militaire dans l’âme.

Monsieur le “Président”

Parlons plutôt de notre pays où, vous le savez, les choses semblent s’accélérer, même si certains de vos compatriotes estiment que vous continuez à vous assoupir alors que vous êtes de plus en plus interpellé sur le processus électoral. En attendant que je rappelle, à nouveau, à votre bon souvenir les graves échéances vers lesquelles nous nous acheminons, je voudrais vous féliciter d’avoir enfin trouvé le sommeil avec cette sombre histoire de tuerie de huit personnes, dont six humanitaires français, à Kouré. Mes félicitations, car j’ai appris que finalement, le groupe Etat islamique a revendiqué les faits. C’est curieux que cela ait pris tant de temps, mais l’essentiel est que les Français devraient, en principe, regarder ailleurs que vers Niamey où, selon des informations de police, les ...envoyés à Niamey pour enquêter ont la certitude que les tueurs seraient venus plutôt de Niamey que de l’extérieur. Je me suis dit : « qu’est-ce qu’ils veulent ainsi insinuer, ces Français ? ». Mais, bon, puisqu’ils ont désormais des pistes sérieuses et qu’elles mènent vers des individus qui ont de belles raisons, paraît- il, d’en vouloir aux Français. Barka, vraiment ! Car, comme je l’ai appris dans la région de Tahoua où j’étais, il y a quelques jours, c’est cette sale affaire qui vous a gâché vos vacances annuelles. Vous n’avez pas pu aller à Dandadji où, pourtant, tout a été préparé et mis en place, y compris la garde présidentielle, pour vous accueillir. Ah, ces Français, ils savent tout de même être chiants lorsqu’ils le décident. À présent qu’ils savent vers où scruter, je présume que vous allez pouvoir rattraper ces vacances perdues, ne serait-ce qu’en faisant un aller- retour Niamey-Dandadji-Niamey en trois jours.

Monsieur le “Président”

La deuxième chose dont je tiens à vous parler, c’est cette autre sale affaire qui vous étouffe au plus haut point et qui semble rebondir, avec plein de détails aussi originaux que bouleversants. Je veux précisément parler du scandale des détournements des fonds de l’armée qui revient à la Une des sujets qui font le débat public, dans notre pays. J’ai ainsi appris, entre autres, qu’à propos des fusils AK47, des sources crédibles, sans doute au courant des moindres détails de ce sale dossier, indiquent que dès le départ, le fournisseur savait que c’est un vieux stock qui lui a été présenté, mais qu’il a fait fi de ça pour livrer des fusils défectueux à l’ramée nigérienne. Le comble de l’ignominie, c’est que ce sont ces fusils qui ont été peints et exhibés lors du défilé militaire marquant la fête tournante du 18 décembre, à Tillabéry, en 2019. Ça fait froid dans le dos, n’est-ce pas, de découvrir que des Nigériens aient pu décider de fournir à des soldats nigériens en contexte de guerre, des fusils défectueux et que cela ait été fait, au nez et à la barbe, d’officiers supérieurs de l’armée.

Monsieur le “Président”

J’ai également appris que le général Boulama Issa, à l’époque chef d’Etat-major de l’armée de l’air, a signé à la place du ministre de la Défense nationale des “end users”, ces documents officiels par lesquels un Etat déclare être le destinataire final d’une commande d’armements. Pourtant, il n’y aurait nulle part trace des armes sur lesquelles portent ces “end users”. Je profite de l’occasion pour vous dire que la solution pour laquelle vous avez optée, dans cette affaire qui nuit gravement et à tous points de vue, aux intérêts du Niger, ne rend service ni à l’Etat, ni aux mis en cause. Pour moi, c’est comme si vous les avez mis en sursis et que leur semblant d’impunité dans cette affaire ne durera que la fin de votre séjour à la tête de l’Etat. La justice, qui va sans aucun doute recouvrer sa liberté après vous, se fera le devoir de ses réconcilier avec le peuple nigérien en déterrant ce dossier et à demander des comptes à tous ceux qui y sont cités. Vous leur avez octroyé une couverture bien épaisse, mais cela ne leur empêchera de grelotter aux grands froids.

Monsieur le “Président”

J’ai envisagé, au début de cette lettre, de vous parler du processus électoral puisque j’ai eu l’occasion d’écouter quelques bribes de la conférence de presse animée par Hama Amadou, le chef de file de l’opposition. J’ai été édifié, au moins, sur une certitude. Si les conditions actuelles d’organisation des élections sont maintenues, malgré les périls graves auxquels elles exposent notre pays, la paix sociale et la stabilité seront compromises. J’ai surtout lu le propos synthétique et fidèle de l’état d’esprit qui prévaut chez les Nigériens et que Hama Amadou a explicité de long en large. Bana Ibrahim, ce brave garçon dont on ne peut douter de l’intelligence et de l’amour qu’il porte pour son pays, a écrit ceci que j’ai tenu à vous rapporter. « Si votre volonté est d’utiliser les institutions de la République pour tenter d’empêcher la candidature de votre adversaire et imposer celle d’un Nigérien téléporté, employer les moyens de l’Etat pour battre campagne et acheter les consciences ; utiliser la Ceni pour confisquer le suffrage du peuple ; vous appuyer sur la Cour constitutionnelle pour valider la fraude électorale, alors, oui, ce qui s’est passé au Mali se passera aussi, ici, ce n’est pas une menace, c’est une promesse ». Voilà, si j’ai tenu à vous rapporter ce propos, c’est pour déclencher en vous le sursaut nécessaire afin que vous compreniez dans quelle direction vous menez notre pays. Demain, vous ne prétendrez pas que vous ne saviez pas que la Ceni, la Cour constitutionnelle et leurs appendices sont loin, très loj , de garantir des élections apaisées et démocratiques. Ce qui me déconcerte, c’est que vous restez de marbre malgré les menaces que cela fait peser sur la paix sociale et la stabilité politique du Niger. Ne vous laissez pas ronger par l’orgueil, encore moins par des desseins tordus qui n’ont aucune chance de prospérer. Vous savez, vos compatriotes sont tolérants, mais de là à sacrifier leur amour de la vérité et de la justice, il y a un abîme que vous ne devez pas essayer d’enjamber.

Mallami Boucar

 

eJe ne sais par quel bout entamer cette missive, tant je suis encore sous l’émotion ; l’émotion suscitée par ce que j’ai vu à l’occasion du retour de Hama Amadou au bercail. Bien que les circonstances soient doublement douloureuses, elles ont néanmoins rendu possibles ces retrouvailles de la grande famille politique nigérienne que nos compatriotes appelaient de tous leurs vœux.

Ayant suivi le défilé des hommes politiques de tous bords politiques à la résidence de Hama Amadou, j’ai eu nettement l’impression que le…que j’ai vu transcende les limites du deuil et de la présentation de condoléances. J’ai eu l’impression, et je souhaite, pour le Niger et son peuple, ne pas me tromper, que ce deuil a été l’occasion pour la classe politique nigérienne de montrer un tout autre visage que celui de la vaine confrontation autour de questions qui doivent faire l’objet de consensus national. Leaders politiques de la majorité, de l’opposition et des partis nonaffiliés, acteurs de la société civile et de syndicalistes, sportifs, scolaires, hommes d’affaires, tout le Niger, peut-on dire, s’est retrouvé autour de Hama Amadou. Comme tant d’autres compatriotes, au Niger et dans le reste du monde, j’ai hautement apprécié cette capacité de la classe politique à se surpasser lorsque l’enjeu le commande. Bien entendu, je me suis interrogé sur les raisons qui peuvent justifier que la même classe politique ne puisse pas faire autant face à l’intérêt général. Comment, pour vous interpeller, ne pouvez-vous pas donner le déclic nécessaire à la décrispation de la vie politique nationale ? Sachez qu’à travers cette communion générale autour de Hama Amadou, c’est vous, intuitue personae, qui êtes interpelé en tant que garant de l’unité nationale, détenteur du pouvoir de donner corps et âme à cette belle dynamique nationale.

 J’ai appris que, aussitôt revenu au pays, vous avez été de nouveau sollicité en Arabie Saoudite, précisément à Riyad. De Riyad, on vous attendait avec impatience à Abu Dhabi, dans la capitale des Emirats arabes Unis. Et comme vous ne pouvez pas honoré toutes les grandes rencontres auxquelles vous êtes convié sans cesse, vous avez dû émousser l’ardeur de tous ceux qui ne voudraient pas vous voir rentrer de sitôt dans votre pays. Vous avez donc dû décevoir tous ceux qui, aux quatre coins du monde, vous réclamaient pour des interventions de grande facture, étant entendu que le pays aussi vous réclamait. Et comme, votre agenda de ces misérables petits mois qu’il vous reste à la présidence risque d’être davantage marqué par des inaugurations et pauses de première pierre multiples, j’ai appris que vous n’avez perdu une seconde en atterrissant directement à Tahoua. A Konni où vous deviez séjourner pour quelques heures, le temps d’inaugurer des aménagements hydro-agricoles réhabilités dans le cadre du Millemium Challenge Account (MCC), vous devez revenir à Niamey, juste pour deux jours ou trois avant de vous envoler, à nouveau, vers Paris. Vous aurez, donc, le temps de lire ma correspondance de cette semaine.

Monsieur le Président

Vos compatriotes, vous devez le savoir, ont salué et applaudi la reprise du dialogue politique en vue de créer les conditions d’élections inclusives, apaisées et transparentes. Je puis vous dire que dans cette disposition d’esprit qui confirme la réputation de notre peuple, épris de paix et de quiétude sociale, il n’y a ni aucune distinction possible. Tous sont unanimes à aller au dialogue afin de bâtir quelque chose de consensuel, c’est-à-dire les fondements d’élections dont les résultats seront acceptés de tous. La volonté de dialoguer est, donc, partagée et les acteurs politiques, selon des échos que j’ai personnellement reçus, ont à l’unanimité signé pour cette démarche de concertation et d’entente cordiale autour du code électoral, de la commission électorale ainsi que de toutes les institutions chargées d’une mission quelconque dans le pilotage du processus électoral. Il ne manque, à ce chorus, que votre voix. Chef d’orchestre clamant aux quatre coins du monde que vous allez partir à la fin de ce second et dernier mandat, personne ne comprendrait que vous refusiez de prêter votre voix à cette belle dynamique qui doit, en principe, vous ragaillardir davantage.

SEM-Issoufou-Mahamadou-7-novembre-2019.jpgJ’ai appris que vous êtes parti loin, très loin du Niger, précisément au Japon, pour honorer la cérémonie d’intronisation du nouvel empereur nippon, le 126e Naruhito. Vous y resterez du 20 au 23 octobre 2019 ; Du Japon, vous allez, paraît-il, continuer votre périple jusqu’en Russie, à Sotchi précisément, où vous prendrez part, du 23 au 26 octobre, à la première édition du sommet Russie-Afrique Cela vous prendra au total une dizaine de jours d’absence du territoire national. Auparavant, dans le cadre de la conférence sur les ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, vous étiez d’abord en France, précisément à Lyon, puis en Grèce, à Rhodes, dans le cadre du dialogue des civilisations. Cela vous a pris huit jours d’absence du Niger, soit du 5 au 13 octobre 2019. J’espère que cette fin de mandat ne sera pas davantage consacrée aux réunions internationales, partout où elles se passent, au détriment des questions nationales auxquelles il urge de trouver des solutions appropriées. J’espère également que votre déplacement en Russie n’a rien à voir avec une éventuelle installation de troupes russes au Niger. Vous savez, des sources le chuchotent. Sachez simplement que, quoi que vous fassiez, ce que vous êtes parti faire en Russie, au-delà du sommet Russie-Afrique, se saurait. Et de grâce, ne compliquez la situation de ce pays qui vous a tout donné.

Monsieur le “Président”

Pendant que vous volez de continent en continent et que Mohamed Bazoum, en particulier, passe son temps à se promener, dans une campagne électorale anticipée et indécente, en violation du code électoral qui est pourtant son bébé, le Niger vit des situations catastrophiques, dans l’insouciance générale de ceux que vous avez laissés à la maison. Avez-vous vraiment une idée de ce qui se passe chez vous pour vous autoriser ces absences prolongées à l’extérieur ? Savez-vous qu’à l’Est comme à l’Ouest du pays, les choses vont de mal en pis ? Savez-vous, aujourd’hui, que de nombreuses écoles sont en train d’être. brûlées dans la région de Tillabéry, hypothéquant à la fois l’exercice d’un droit fondamental de l’enfant, celui à l’éducation, et les activités de la Ceni, notamment l’enrôlement biométrique des électeurs ? Dans la région de Diffa, le maire de Kabelewa et son épouse ont tous deux été enlevés, dans l’indifférence de votre gouvernement qui s’est complu dans un silence méprisant. En outre, les eaux de la Komadougou Yobé ont connu un débordement exceptionnel, cette année, causant de graves inondations qui ont affecté quelques 23 000 foyers qui sont obligés de quitter leurs sites d’habitation et 130 000 sinistrés. On compte de nombreuses rizières sous les eaux ainsi que de sérieux problèmes d’alimentation en eau potable.

Lettre au “président de la République”: Monsieur le “Président” Je ne voudrais pas faire dans le genre oiseau de mauvais augure, mais ça m’a tout l’air que ça va barder

Si je n’étais pas aussi engagé que je le suis face aux problèmes de mon pays, j’aurai sans doute abandonné le combat depuis si longtemps. De nombreux compatriotes, outrés, disent-ils par votre gouvernance et la situation dans laquelle vous risquez de laisser notre pays, m’interpellent régulièrement. Ils se demandent pourquoi je ne me lasse pas de vous écrire, de vous interpeller, de vous conseiller, bref, de chercher à appeler à la raison quelqu’un qui semble sourd et muet. Je réponds, de façon imperturbable, qu’il s’agit, pour ma part, de rester engagé aux côtés de mon peuple afin de partager ses douleurs, ses peines, ses déceptions, ses petits bonheurs, ses espoirs et de travailler à créer les conditions d’une prise de conscience de l’élite dirigeante. Car, à bien des égards, on constate que le pouvoir, parfois, crée un vide autour d’un chef, l’isole et le place dans une sorte de bulle qui lui donne, malheureusement, l’impression d’être immortel et infaillible. Car, le pouvoir use et fait prendre pour celui qui l’exerce trop longtemps, ses illusions pour la réalité. Et, lorsque vous vous faites entourer d’une cour de laudateurs prêts à vous applaudir et à clamer un frac succès là où il faut plutôt pleurer et baisser la tête, à tête de vous dire que c’est l’échec total, vous êtes bon pour le ;;;.

Monsieur le ‘’Président’’

C’est vous dire qu’en cette fin de second et dernier mandat à la tête de l’État, vous êtes loin d’être le seul à vous morfondre sur votre sort. Vous allez partir, avec des remords et des regrets, mais nous autres, nous restons avec l’amertume d’avoir échoué à vous mettre dans la voie du peuple. J’ai échoué, je l’avoue, dans cette mission louable. Cependant, je ne me plains pas du tout. Je considère que je me suis acquitté d’une mission, de toute façon, ingrate, mais l’histoire retiendra qu’on ne vous a pas lâché tout seul, sans faisceau pour vous guider dans ce labyrinthe de l’exercice du pouvoir. Je ne plains pas du tout car j’ai été régulièrement présent, anticipant sur la survenance de certains problèmes pour vous suggérer une conduite, un discours. Dans le pire des cas, je me suis exprimé sur les grands évènements et faits qui ont marqué votre magistère et je n’ai point été avare de conseils pour vous éviter ce fossé qui caractérise les dictateurs, ces chefs d’État qui savent qu’ils ne doivent pas leur pouvoir à leurs peuples et qui font tout pour leur faire payer le prix fort. En l’espèce, vous n’êtes pas allé du dos de la cuillère. Ah ! Je me souviens de ces lois de finance qui ont fait la part belle à des sociétés internationales qui font dans le profit et compliqué l’existence de vos compatriotes avec des taxes et impôts nouveaux.

Je me souviens de ces détournements, par milliards, qui vous laissent pantois, lorsque vous ne décidez pas carrément de faire écran aux auteurs afin de les mettre à l’abri de la justice, et donc, de la prison.

Je me souviens de ces trafics, dont le plus douloureux, celui de drogue, vous a laissé presque indifférent, malgré l’extrême conséquence sur la sécurité du Niger, la drogue étant la source de financement du terrorisme qui a fait tant de morts et de dégâts matériels, sans compter la tragédie humaine des déplacements de nombreux compatriotes qui ont dû se résoudre à quitter leurs terres pour se réfugier ailleurs.

Je me souviens de ce scandale du ministère de la Défense nationale, un scandale sans pareil, au regard de la triple tragédie financière, matérielle et humaine qu’il implique, et que vous avez réussi, par des subterfuges, à ranger dans la vaste poubelle des dossiers qui étrangleront, un jour, vos proches.

Je me souviens de ces arrestations arbitraires d’hommes politiques, de journalistes, d’acteurs de la société civile qui ont pour unique tort de ne pas être d’accord et de le clamer. Je pleure encore le sort de Bakary Saïdou, cet homme encore maintenu en prison depuis plus de quatre ans, alors que rien ne justifie son incarcération.

Monsieur le ‘’Président’’

Vous allez bientôt partir. Et probablement, comme tous ceux qui sont partis dans des conditions pareilles à la vôtre, vous allez comprendre l’ampleur des préjudices que vous avez faits au peuple nigérien. La gestion du pétrole, la remise en cause des accords miniers, l’uraniumgate, l’achat scabreux de l’avion présidentiel, les permis miniers, la rupture d’égalité des Nigériens devant la loi, les violations de la constitution, l’exacerbation de la corruption, des trafics d’influence, les fraudes aux concours d’entrée à la Fonction publique, la cohésion sociale et politique, etc. Tout vous repassera comme un film.

En attendant, les élections pointent à l’horizon pour ne pas dire qu’elles sont déjà là. Dans une douzaine de jours, les Nigériens doivent aller aux urnes. Cependant, l’état des préparatifs, la qualité douteuse des cartes électorales, laissent penser que les élections locales vont être un fiasco total. Je doute fort, au rythme des préparatifs, que la commission électorale puisse arriver à placer tout le matériel électoral à temps dans les 25 798 bureaux de vote éparpillés sur un territoire aussi vaste que le Niger. Hier, lundi 1er décembre encore, la commission électorale rappelait aux partis, groupements de partis et candidats indépendants qu’ils doivent impérativement déposer les signes distinctifs sous lesquels ils comptent faire leur campagne électorale. A-t-on déjà procédé au tirage au sort pour conférer un emplacement à chaque parti, groupement de partis ou candidat indépendant sur le bulletin unique ? Ou bien, c’est la Ceni qui distribue les emplacements comme elle l’entend ? C’est un autre abus, si tel est le cas. En principe, pour les élections locales, ce tirage au sort doit être fait par commune puisqu’on n’a pas forcément la même configuration du combat électoral d’une commune à une autre.

Monsieur le ‘’Président’’

Je ne voudrais pas faire dans le genre oiseau de mauvais augure, mais ça m’a tout l’air que ça va barder. Ces élections seront tout sauf des élections. Déjà, je vois des cartes électorales qui affichent des données surprenantes, voire insultantes pour les détenteurs. Un homme, avec une photo d’une femme et une date de naissance qui lui donne à peine trois ans, sinon quelques semaines. Un ami, plein d’esprit, m’a dit que de toute façon, les résultats, prêts à être proclamés, sont déjà stockés quelque part et que c’est cela qui expliquer l’effronterie de certaines personnes.

Monsieur le ‘’Président’’

Je vous souhaite de très bons préparatifs de départ.

Mallami Boucar

 

Discours-Issoufou-sommet-extraordinaire-cedeao-sur-le-terrorisme.jpgImage d’illustration (SEM Issoufou Mahamadou, lors du sommet extraordinaire de la CEDEAO sur le terrorisme) Vous allez bientôt partir et vos compatriotes constatent que vous avez repris votre vieille trompette. La même que vous avez embouchée avec Boko Haram et qui a fini par conduire la secte terroriste à faire de notre pays une de ses cibles privilégiées. En déclarant que « le Niger sera le tombeau de Boko Haram », j’avais déjà relevé que les Nigériens ne se reconnaissent pas dans cette flamme guerrière que vous entretenez. « La paix que nous voulons, nous la voulons aussi pour le reste du monde », a déclaré feu Seyni Kountché. Notre pays, jusqu’à ce que vous en preniez les rênes, n’a jamais dérogé à cette philosophie et sa diplomatie a rigoureusement observé cette doctrine.

Monsieur le ‘’Président”,

Votre déclaration sur le statut de Kidal, que je considère comme tapageuse et diplomatiquement incorrecte, ne m’inspire pas confiance. Je ne suis pas le seul, de nombreux compatriotes estiment que cette subite protestation d’une situation dont vous avez parfaitement connaissance de longue date, cache mal quelque chose. Ils s’interrogent sérieusement sur cette déclaration que vous avez faite dans Jeune Afrique et que vous reprenez de plus belle, à Bamako, comme pour dire que vous assumez pleinement le courage de vos opinions. Opinions ? Non, puisque vous dites avoir la preuve de la connivence entre des groupes terroristes et des mouvements maliens signataires des accords d’Alger. Je ne peux que vous croire, étant entendu que dans les récentes enquêtes publiées par un journal de la Place, vos compatriotes ont découvert que la complicité que vous dénoncez n’existe pas qu’entre mouvements signataires des accords d’Alger et groupes terroristes. Elle existe aussi, hélas, depuis des années entre des trafiquants de drogue et des agents de l’Etat nigérien dont la mission est d’assurer la sécurité du Niger. Quelle sécurité pouvez-vous assuré lorsque des agents commis à la sécurité de notre pays travaillent pour le compte de narcotrafiquants dont les magnats semblent en territoire conquis à Niamey ? N’est-ce pas eux, les premiers, et de loin, les plus puissants complices des terroristes ?

{xtypo_quote}Si vous trouvez inadmissible que Kidal soit le nid de groupes terroristes, ne trouvez-vous pas qu’il est encore plus inadmissible que des agents de sécurité de l’Etat nigérien soient impliqués dans le trafic de drogue qui finance le terrorisme ?{/xtypo_quote}

Lettre au Président B. Mohamed : Monsieur le Président si la France prétend être là pour accompagner le Niger, le soutenir et apporter son expertise, ses armes et ses hommes dans la lutte contre le terrorisme, elle doit admettre que nous le fassions de concert avec le Mali frère et voisin avec lequel nous partageons bien plus qu’un simple tracé de frontière.

J’ai appris à quel point les discours désobligeants de vos hôtes militaires français – j’allais être tenté de dire “hôtes incongrus” — vous ont affligés. Je comprends fort bien ce chagrin car vous voulez à la fois sortir votre peuple de cette situation d’insécurité et garder vos amis français. Votre préoccupation, malheureusement, réunit deux intérêts que vous souhaiteriez, autant que possible, concilier mais qui, dans la logique française qui prévaut actuellement, s’excluent catégoriquement. Vos amis français, en vérité, ne comprennent pas et n’admettent pas, croyez-moi, qu’un chef d’État d’une ancienne colonie de la France veuille mettre en avant les intérêts de son pays. Leurs discours, toujours empreints de paternalisme et de condescendance, traduisent leurs pensées véritables, leurs intentions et la nature des rapports qu’ils croient devoir régir nos relations. Ne l’acceptez pas. Si, pour des raisons qui vous sont propres, vous avez des relations privilégiées avec les autorités françaises au point de parler et de prendre des positions alignées sur leurs desideratas, la visite du chef d’Etat-major des armées du Niger, le général Salifou Modi, est pour vos compatriotes un signe probant que vous en souffrez terriblement. Cette visite, attendue et saluée par vos compatriotes de tous bords politiques, est plus qu’un signe de votre volonté de changer de paradigmes en matière de sécurité. C’est une signature, une belle signature de ce que vous endurez dans cette coopération militaire encombrante et sans lendemain avec des pays qui, dans le meilleur des cas, sont là, les bras croisés et armes aux pieds, à regarder nous faire massacrer au quotidien. Je dis bien dans le meilleur des cas, car j’ai mon opinion personnelle et elle n’est pas certainement pour plaire à vos amis qui, au lieu de se remettre humblement en cause, cherchent des explications et des justifications alambiquées à leurs propres turpitudes.

Monsieur le Président,

Vos amis ne changeront pas et ce n’est pas parce que, jusqu’au sommet de l’État, il est établi que leur présence militaire ne nous est d’aucun intérêt qu’ils vont se résoudre à changer et à accepter de traiter avec nous d’égal à égal dans une coopération gagnantgagnant. Vous avez lucidement et courageusement posé un acte qui vous honore en envoyant le général Modi prendre langue avec l’armée malienne soeur. Si la France prétend être là pour accompagner le Niger, le soutenir et apporter son expertise, ses armes et ses hommes dans la lutte contre le terrorisme, elle doit admettre que nous le fassions de concert avec le Mali frère et voisin avec lequel nous partageons bien plus qu’un simple tracé de frontière.

La France n’a pas à considérer notre amitié comme une faiblesse à prendre de nouvelles directions pour le salut de notre peuple, de sa sécurité et de sa défense, source de paix et de développement. Elle n’a pas à nous manquer de respecter au point de penser que ces révoltes sourdes au sein des populations, des villes comme des campagnes, à l’encontre de cette coopération “unijambiste” et unidirectionnelle. Vos amis ne comprennent pas, car ils ne connaissent pas assez bien le niveau de maturation de notre peuple qui, malgré l’analphabétisme, a compris bien des choses dans les relations qui nous lient en général avec l’Occident. Pourtant, ils doivent comprendre en ouvrant les yeux, cela leur permettra de voir mieux que par le passé. Ils doivent également tendre l’oreille afin d’écouter et d’entendre mieux ces voix de la colère qui sonnent le glas de gouvernants qui écoutent plus et mieux d’autres voix que celle du peuple.

S’ils avaient un tant soit peu le sens de la compréhension mutuelle, ils n’auraient pas envoyé ces officiers d’armée auprès du président de la République que vous êtes. Que veulent-ils ? Que vous sacrifiez votre peuple sur l’autel de leurs intérêts aveugles et de leurs politiques machiavéliques ? Votre option de vous ouvrir au Mali est une sage décision, car vous avez écouté la voix de votre peuple, pas celle de la perdition qu’on veut vous inspirer. Vous avez une si grande culture générale et savez bien que l’Histoire du monde recèle d’exemples qui montrent qu’il n’y a nul avenir pour ceux qui trompent et trahissent leur peuple. Malgré votre vaste culture, je vous suggérerais de lire ou de relire l’Histoire secrète de la guerre du Golfe. Cet ouvrage vous permettra de sortir de la glace dans laquelle on veut vous enfermer et de solidifier la position courageuse que vous avez prise à travers cette visite du chef d’Etat-major des armées. Vos compatriotes, je puis vous l’assurer, ont hautement apprécié cet acte politique qui parle plus que tout. Bref, c’est pour vous dire que vous êtes sur la bonne voie et le Niger tout entier, à l’exclusion bien sûr de ceux qui privilégient la danse du ventre, vous en saura gré de poursuivre la dynamique ainsi entamée.

Monsieur le Président,

L’amitié est-elle synonyme de reniement de soi et de ses valeurs ? Je ne le pense pas. Ce pays est le nôtre et votre génération, bien plus que celle qui vous précède, n’a aucune excuse pour un échec. Vous avez été formé à grands frais par l’État, vous avez un bagage intellectuel digne d’intérêt et vous comprenez parfaitement, bien avant d’arriver à la tête de l’État, les enjeux et défis auxquels nous sommes confrontés. Si vous refusez d’agir dans le sens des intérêts de votre peuple, c’est parce que vous avez décidé de vous débiner face à une problématique plus que claire : c’est le Niger qui compte. Agissez pour rendre service à ce peuple qui vous a tout fourni et qui, au regard de tous les discours que vous avez tenus, hier et aujourd’hui, méritent que vous lui retourniez l’ascenseur. En un mot comme en mille, votre devoir, l’unique, est de faire preuve d’ingratitude vis-à-vis de ceux qui vous ont aidé uniquement ne pensant pouvoir vous instrumentaliser. Je ne peux pas comprendre et admettre la politique militaire française chez nous, pas plus que je ne comprends pas l’utilité de toute présence militaire étrangère sur notre sol. Si des individus ont pris de l’argent pour autoriser l’installation des armées étrangères sur notre sol, il est grand temps d’y mettre un terme. La souveraineté ne se sous-traite pas. Nous pouvons être pauvres, oui. Nous pouvons également nous révéler incapables de défendre cette souveraineté qui nous est chère, c’est possible. Cependant, nous n’aurons pas la vilenie d’avoir les meilleures armées sur nos terres et de nous faire massacrer par des criminels sortis, chaque fois, on ne sait d’où.

Si, comme vous le dites et comme l’a témoigné de la plus belle manière l’autre, votre prédécesseur, ceux qui nous attaquent viennent du Mali, quelle idée plus lumineuse pouvez-vous avoir en décidant de dynamiser la coopération militaire avec ce pays frère et voisin ? En mutualisant leurs informations, leurs ressources et leurs moyens, nos armées, auxquelles se joindront probablement celle du Burkina Faso, pourront à terme créer les conditions d’une politique sécuritaire raisonnable, appropriée et fructueuse pour nos peuples. En tout état de cause, songez au syndrome du ver dans le fruit, ne cédez pas au chantage, soyez partisan de cette sentence de Martin Luther King : « un homme meurt lorsqu’il refuse de défendre ce qui est juste. Un homme meurt lorsqu’il refuse de se battre pour la justice. Un homme meurt lorsqu’il refuse de prendre position pour ce qui est vrai ». Vous connaissez mieux que moi ce qui se passe, la tragédie que vit notre peuple du seul fait de la volonté d’individus sans foi ni loi ; vous connaissez surtout ce qui s’est passé à Karamga, à Inatès par deux fois, à Chinegoder et récemment à Intagamey. Prenez vos responsabilités de chef suprême des armées et déterminez- vous pour la sécurité et la défense du Niger et de son peuple. Pas pour faire plaisir à un tierspays.

Mallami Boucar

 

Je vous avais prévenu mais vous n’avez pas écouté. Je vous avais prévenu que vous risquez, si vous suivez la voie de votre prédécesseur, de ne plus être audible, voire d’être détesté. Eh bien, vous avez passé la première case, je veux dire que vous n’êtes plus audible. Vous avez commis tant d’impairs et baigné dans une si grande mare de contradictions que plus personne ne peut vous entendre. Ne vous fatiguez plus à parler parce que ce n’est plus nécessaire. Vos compatriotes attendent de vous des actes, et pas de ces actes calculés qui ne vous apportent rien d’autre qu’une réputation de comédien tragique. Vous êtes en train de tomber dans le piège infernal qui s’est enfermé sur l’autre. On ne peut pas gagner en restant empêtré dans des incohérences extraordinaires tel que vous l’êtes actuellement. C’est dommage pour vous car vos compatriotes ont bien voulu vous accorder le bénéfice du doute. Certains vous ont même accordé le bon dieu sans confession. Je ne voudrais pas dire vertement que vous avez déçu, mais il faut bien admettre que vos actes ne sont pas à la hauteur des maux auxquels vous avez juré d’apporter des solutions. La déception de vos compatriotes est d’autant plus grande que vous avez affiché de si belles intentions, au diapason des attentes et des aspirations.

Monsieur le “Président”

Après la décennie de misères, de larmes et de sang que votre prédécesseur leur a fait subir, il est tout à fait naturel que vos compatriotes rêvent de changements après votre discours d’investiture. Cela peut faire rire de voir un Nigérien croire que vous pouvez mettre un terme à cette ère de misères, de larmes et de sang pour la simple raison que vous êtes sorti du même moule que votre prédécesseur. Mais, que voulez-vous, l’espoir, c’est la foi et le peuple nigérien est un peuple de foi. Vous auriez pu lui donner raison de croire en vous en prenant résolument le parti du Niger et non de clans politiques. Je vous l’avais dit et répété, votre destin est entre vos mains. Il vous suffit de placer les intérêts du Niger et de son peuple audessus de tout. Or, vous n’avez pas su le faire dans la lutte contre la corruption. Les grands bandits qui ont saigné le Niger en envoyant ses soldats au massacre tandis qu’ils faisaient main basse sur les ressources publiques (budgétaires et autres) destinées à l’équipement des Forces armées nationales (Fan) courent toujours, libres de toute poursuite depuis que, sous votre bienveillance, l’État dont vous êtes la première incarnation, a décidé de renoncer à se constituer partie civile. En votre qualité de président de la République, chef de l’État, président du Haut conseil de la magistrature, il est évident que vous êtes tenu pour premier responsable de cette mascarade judiciaire.

Je reconnais que vous êtes un homme de parole puisqu’en tout état de cause, la décision de l’État de renoncer à toute poursuite judiciaire dans l’affaire des fonds de l’armée équivaut de vider le dossier de toute quintessence. Cela correspond exactement à votre opinion sur l’affaire, telle que vous l’avez exprimée devant les étudiants à la Place AB de l’université de Niamey lors des audiences ouvertes avec les potentiels candidats à l’élection présidentielle. Souvenez-vous, vous avez pratiquement traité votre collègue et camarde de parti, Issoufou Katambé, d’être un menteur pour avoir révélé, malencontreusement il est vrai, que les auteurs, co-auteurs et complices de l’affaire du ministère de la Défense méritent le poteau. Pour restituer votre propos tel que vous l’avez tenu, vous aviez déclaré à l’époque déjà, que le sieur Katambé n’a pas dit la vérité.

Cette vérité que vous prétendez n’avoir pas été dite par le Pr Katambé, la vôtre, les Nigériens l’ont connue à travers la décision de l’État de renoncer à poursuivre. Du jamais vu ! C’est d’abord en priorité cette façon dont vous avez vidé le dossier du ministère de la Défense nationale qui vous enlève tout crédit dans le discours sur la lutte contre la corruption.

Monsieur le “Président”

En plus de cette dichotomie entre vos discours et vos actes sur la lutte contre la corruption, votre politique sécuritaire vous met dans une position délicate. Lorsqu’on vous entend parler, lorsqu’on entend parler votre ministre des Affaires étrangères, particulièrement lorsqu’il s’agit de parler des sujets de préoccupation des autorités françaises, on vous assimilerait aisément à des supplétifs du gouvernement français. Vos compatriotes vous trouvent si prompte à vous attaquer à des pays voisins et frères, je veux parler précisément du Mali et du Burkina Faso, avec une telle virulence qu’on pourrait penser que le Niger est en conflit contre ces pays. Votre ministre des Affaires étrangères est allé jusqu’à qualifier le nationalisme des autorités maliennes de “frelaté”, ce qui est diplomatiquement incorrect. En tenant compte de nos relations séculaires avec le Mali, on peut estimer que ce propos de Hassoumi Massoudou n’est pas qu’irrévérencieux, il est scandaleux et contreproductif pour le Niger.

Vous, vous faites partie des chefs d’Etat de la Cedeao qui étaient contre la levée des sanctions contre le Mali. Pourquoi ? N’est-ce pas une motivation aux relents français ? En tout cas, le Niger ne gagne rien dans la persistance de sanctions économiques contre le Mali. Au contraire, nous en subissons le contre- coup, même si vous ne pouvez pas le ressentir.

En agissant ainsi à l’encontre du Mali, puis du Burkina Faso, le monde entier a compris et c’est bien dommage pour les Nigériens qui subissent la conséquence de cette politique contreproductive pour le Niger. Moi, je me sens si gêné, si petit en entendant des gens dire, un peu partout sur le continent dans le monde, que les autorités nigériennes sont si pitoyables face aux journalistes français devant lesquels vous faites preuve d’une verve inhabituelle lorsqu’il s’agit de défendre ce qui s’apparente aux intérêts de la France. Vous trouvez tant d’explications et de justifications qui sont à la limite saugrenues pour soutenir la présence militaire française au Niger. Pourtant, cette présence militaire n’est pas qu’inutile, elle est nuisible pour le Niger. Telle est l’opinion dominante de vos compatriotes. Il vous revient d’en donner une suite ou de persister dans la voie, lugubre, de votre prédécesseur.

Mallami Boucar

 Il semble que vous êtes toujours à Tesker et que vos vacances semblent s’éterniser. Vos vacances ne sont-elles pas de deux semaines ? Vous êtes arrivé à Zinder depuis le 13 août et c’est presque la fin du mois, aujourd’hui. Cela fait, donc, 17 jours que vous avez officiellement cessé vos fonctions. Pendant, ce temps, l’autre, aussi, a pris ses vacances “présidentielles” et est arrivé à Tahoua le 27 août. Je pensais qu’à cette date, vous seriez rentré à Niamey. En fin de compte, personne n’est là puisque, je l’ai appris, votre Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, n’est pas à Niamey, non plus. Le bateau est désormais sans commandant et il vogue au gré du hasard des vents. Nul ne sait où il finira par arrimer. Que se passe-t-il, donc, pour que vous restiez si longtemps à Tesker ? Vous savez, le pays entier bruit de folles spéculations. Depuis Dandadji où il se trouve, j’ai appris le retour, dans la vie du parti, de l’ancien président. Une annonce faite par un de ses lieutenants qui a averti sur ce qui attend tous ceux qui s’aventureraient de se mettre en travers de son chemin. Cela, je le lui concède, n’est pas de bon augure, ni pour vous, ni pour le pays. D’abord, et je suis au regret de vous faire observer que l’annonce de ce retour d’Issoufou dans la vie du parti n’est pas pour les partis politiques d’opposition. Ça l’est encore moins pour les partis alliés au Pnds Tarayya dans la gestion du pouvoir. Cet avertissement est pour vous et tous ceux qui, au sein du Pnds, ont cru pouvoir s’offrir des permissions au point de convoiter le fruit défendu. Cet avertissement vous est destiné et vous connaissant si perspicace, je sais que vous l’avez compris et saisi la portée du message.

La reprise en main des affaires du parti par Issoufou Mahamadou sera un coup dur pour vous. Il s’arrangera à placer quelqu’un à la tête du parti qui prendra des orientations qui ne vous conviennent pas. Soit, vous acceptez de marcher comme une marionnette, soit le parti vous écrase. Je plains sincèrement votre statut et votre position actuelle, car être président de la République et manquer du minimum pour gouverner comme on le conçoit est une prison. Vous avez théoriquement un pouvoir dont vous ne jouissez pas. Issoufou Mahamadou, en fin de compte, ne vous laisse rien. Pas même la possibilité de faire semblant. Il vous a propulsé là où vous êtes en vous maintenant mains et pieds liés, sans possibilité de marcher à votre rythme, encore moins de suivre la voie que vous trouvez convenable.

J’ai récemment participé à un groupe de discussion sur les rapports que vous entretenez avec votre prédécesseur. Certains estiment que vous vous plaisez bien dans votre rôle et que, sauf mauvaise foi, personne ne peut soutenir qu’il ne s’agissait pas d’autre chose que de fairevaloir. Ce qu’ils appellent chez nous kama-mini. Pour moi, bien e=évidemment, ce sont des détracteurs qui ne vous reconnaissent pas le moindre crédit et qui pensent que vous n’existerez pas en dehors d’Issoufou. D’autres, en revanche, soutiennent que vous avez bien une marge de manoeuvre face à Issoufou, mais que vous auriez peur d’agir dans la limite des pouvoirs qui vous sont dévolus. Peur de quoi ? Je ne saurais le dire. Cependant, j’ai consulté un de vos partisans qui prétend que vous avez de très belles intentions pour le Niger et que ce que vous avez déclaré vouloir faire n’est pas la résultante d’une volonté de tromper. Pour lui, il faut vous laisser le temps de trouver les moyens de surmonter les obstacles ou de les contourner avant de vous condamner.

Monsieur le “Président”

Vous êtes sans doute curieux de connaître l’opinion de votre conseiller informel. Eh bien, je pense que vous n’avez pas d’argument de taille pour expliquer et justifier votre inertie face à l’intrusion bruyante de votre prédécesseur dans la conduite des affaires publiques. Il est bien vrai qu’il a rendu un service immense. Mais, n’avez-vous pas autant, sinon plus avant qu’il n’accède au pouvoir ? Qui, sinon vous, paraît-il, l’a introduit dans certains salons feutrés et antichambres d’hommes puissants de l’époque ? Salif Diallo, entre autres, n’était-il pas votre ami de fac avant que Issoufou ne fasse sa connaissance et profite de ses relations et de sa position dans le régime de Blaise Compaoré ? La gratitude est une valeur. Mais elle ne peut justifier la cruelle atrophie dans laquelle vous vous êtes englué. Si, comme certains le prétendent, vous vous sentez bien dans ce rôle de président-figurant, je trouve qu’il est bon que vous sondiez sérieusement l’histoire de vos rapports en dehors de toute flagornerie politicienne. Faites une analyse lucide sur les conditions, exécrables, je dois le dire, dans lesquelles vous êtes. Pour moi, vous ne gouvernez pas, vous gardez la maison en vous obligeant à ne toucher à quoi que ce soit.

Monsieur le “Président”

Ne vous offusquez pas de mes jugements qui ne sont, en grande partie, que ceux que vos compatriotes pensent de vous. Je ne fais que tendre l’oreille pour rapporter quelques bribes, dans le secret espoir que cela vous servirait à vous ressaisir. Vous savez, le courage, ce n’est pas ne pas avoir peur, mais plutôt d’être capable de dominer la peur et d’agir à sa convenance. Cahin-caha, on vous tire sur ce chemin escarpé où, sauf miracle, vous allez dans le mur.

Je dois vous dire une chose. Si votre prédécesseur s’accroche tant aux leviers du pouvoir et ne veut pas vous lâcher les basques afin que vous travailliez à votre guise, c’est parce qu’il sait qu’il a échoué. Cet échec le poursuit et malgré la belle histoire qu’on essaie de lui construire, de l’extérieur du Niger, il n’est pas en phase avec sa conscience. Vous êtes destiné à échouer, lamentablement et plus encore que votre prédécesseur. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est à tous points de vue le message sibyllin que laissent entendre les actes de votre prédécesseur. À moins, toutefois, que vous fassiez mentir les pronostics qui vous considèrent comme un clone d’Issoufou, fait par Issoufou et qui ne peut rien faire en dehors d’Issoufou

Mallami Boukar

Les massacres de nos compatriotes survenus à Banibangou, où 69 d’entre eux ont été tués dans des conditions qui vous interpellent plus que jamais, et dans l’Anzourou où les positions des forces de défense et de sécurité (Fds) ont été attaquées, occasionnant 14 morts, sont, certes, révoltants, mais surtout accablants pour vous. Vous avez fait, encore une fois, le déplacement de l’Anzourou, et je vous en félicite sincèrement en tant que citoyen de ce pays. Un citoyen qui a été témoin de la gouvernance exécrable de l’autre et qui sait que, en pareilles circonstances, il aurait affiché une indifférence totale à ce double drame, sinon du mépris, en prenant l’avion pour d’autres horizons. Bref, vous voir retourner dans l’Anzourou et partager la peine et le deuil de vos compatriotes est réconfortant à plus d’un titre. Cependant, il faut admettre que si le soutien moral aux populations est important, il ne saurait être apprécié que si l’État assume pleinement sa mission de sécurité des personnes et de leurs biens sur toute l’étendue du territoire national. Vous êtes déjà allé dans l’Anzourou et vous y avez invité les populations ayant déserté leurs localités à retourner chez eux, avec la promesse ferme qu’elles seraient désormais en sécurité. Ce qui s’est passé le …2021 est un cinglant démenti à votre discours et cela, bien évidemment, écorne votre image. Ce n’est sans doute pas encore le discrédit, mais il vous faudra faire attention car c’est déjà la pente raide. Pour ne pas dégringoler, vous devez rapidement prendre le taureau par les cornes, étant entendu qu’un troisième séjour pour des discours similaires, me paraîtrait particulièrement décevant ; pour ne pas dire insultant.

Monsieur le Président,

Autant j’ai apprécié votre second déplacement dans l’Anzourou, autant je me sens en devoir de vous dire que, comme un compatriote a su bien le dire, la guerre ne se gagne pas avec des discours. La guerre se gagne avec les moyens de guerre et la détermination de ne pas courber l’échine. Votre discours, autant que vos actes, doit être désormais centré sur l’armement des Forces armées nigériennes. La carte du discours, vous l’avez suffisamment jouée pour ne pas perdre en la rabattant. Vous devez particulièrement vous rendre à l’évidence qu’il ne s’agit plus de terrorisme, mais d’actes de guerre portés contre le Niger et que la guerre est un défi qu’un peuple digne relève, quitte à périr. Et sauf votre respect, je dois aussi relever qu’il ne s’agit pas en priorité de doubler, de tripler ou même de quintupler les effectifs de l’armée, de la Gendarmerie, de la Police et de la Garde, mais bien d’équiper adéquatement et de former rapidement les effectifs actuels.

Si, pour des raisons qui vous sont propres, vous privilégiez l’accroissement des effectifs des Forces de défense et de sécurité, sachez que vous ne faites pas autre chose que de fournir de la chair à canon à ceux qui nous tuent. Pour faire face à un ennemi, il faut s’armer comme il faut. Vous ne pouvez pas continuer à envoyer des soldats au sol sans aucune protection aérienne. Les missions de reconnaissance et d’éclairage, autant que celles dévolues à la surveillance et au ratissage, sont certainement assimilées à un sacrifice de soldats dès lors qu’ils sont appelés à le faire sans une couverture aérienne.

Monsieur le Président,

Je ne suis pas un soldat de métier et ignore ce que les officiers avec lesquels vous discutez tout le temps vous disent, notamment dans le cadre du conseil de sécurité que vous avez, mille fois, convoqué et dirigé, sans résultat probant sur le terrain. Soi, ils vous mentent, soit ils n’ont pas le courage de vous dire ce qu’il faut réellement faire, de peur de finir comme tant d’autres officiers de valeur écartés de leur mission régalienne de défense du pays. Une autre hypothèse existe et elle est sans doute la plus probable dans la mesure où mes oreilles de maure ont capté quelques confidences affligeantes pour notre. J’ai ainsi appris que des chefs militaires qui sont les plus proches des théâtres d’opération, qui doivent piloter, organiser et coordonner les activités sur le terrain du combat, seraient dépouillés de leurs pleines prérogatives. Les instructions ne proviennent plus du pôle de commandement immédiat, même en cas de situation urgente, mais plutôt de personnalités militaires éloignées de la zone pour appréhender correctement les mesures à prendre. Lorsque des civils s’y mêlent, bonjour les dégâts. Souvenez-vous d’une de ces attaques contre l’Anzourou où les populations ont regardé des hommes armés, une poignée, partir avec leurs troupeaux, sous les yeux des soldats arrivés sur les lieux mais interdits, sur instruction de la hiérarchie militaire, de dépasser les confins de la localité. C’est quelle drôle de guerre, ça ? Je suis à peu près certain que vous avez eu connaissance de situations dans lesquelles des personnalités civiles se sont autorisées à donner des instructions à des officiers sur le terrain, au nom de prétendues attributions. Vous êtes le chef suprême des armées, mais est-ce que cela vous autorise à jouer au chef militaire, sur le terrain ? N’assumez-vous pas vos fonctions de chef suprême des armées par dérogation ? Le maniement des armes, la gestion de la guerre et de tout conflit similaire, restent l’affaire de l’armée. Mais, l’armée n’existe pas seulement par les effectifs, elle existe et s’affirme surtout par l’armement.

Monsieur le Président,

Dans cette guerre qui nous a été imposée et que nous n’avons d’autre choix que de la mener, vous n’avez pas une minute à perdre. L’acquisition rapide de moyens aériens, notamment des hélicoptères de combat et des drones de reconnaissance et de surveillance, s’impose. La guerre n’attend pas et celui qui vous fait la guerre n’attend pas. Au contraire, il vous tue, vous massacre, brûle et saccage vos maisons, exactement comme l’Allemagne l’a fait de la France en 1940. Certains de vos compatriotes vous ont interpellé pour un discours à la nation et je crois, en toute honnêteté, que vous devez le faire. Pas pour ressasser les vieilles promesses, mais pour informer que dans tel délai, relativement court, sinon immédiat, l’armée sera dotée de moyens aériens, en quantité et en qualité, pour assurer, non seulement le contrôle et la surveillance du territoire, notamment dans les zones à risques, mais également la sécurité des personnes et de leurs biens.

L’armée française, je le répète après vous, n’a pas été efficace. Je n’irais pas jusqu’à l’accabler de connivence, mais vos compatriotes le pensent sérieusement. Je ne franchirais pas le rubicond, quoi qu’un ami officier de politique m’a dit que tant que l’armée française est au Niger, la paix dans la région de Tillabéry sera hypothéquée. Vous comprenez sans doute le message. Essayez de vous départir de votre discours habituel et procédez à une analyse lucide et objective de la présence militaire française au Niger, vous trouverez alors d’excellentes raisons de mettre un terme à cette coopération militaire parfaitement inutile. Les missions de reconnaissance et de surveillance aérienne ne sont pas hors de portée de l’armée nigérienne si tant est qu’elle dispose des moyens nécessaires. Il n’y a rien de sorcier dans ce que vous prétendez être du mérite de l’armée française. Equipez l’armée nigérienne de drones et autres hélicoptères de combat et vous verrez que vous nous avez fait perdre du temps, mais surtout des hommes pour quelque chose que nous pouvons faire par nous-mêmes. À toutes fins utiles, je voudrais vous informer qu’un jeune Nigérien fabrique des drones de reconnaissance. Il peut être utile pour l’armée.

Monsieur le Président,

Demandez à l’armée française de partir. Elle ne sert à rien pour le Niger.

Mallami Boucar

J’ai appris que vous étiez à Glasgow, en Écosse, dans le cadre de la Conférence internationale sur les changements climatiques. Mais j’ai constaté que l’autre aussi y était, même si sa présence était virtuelle. Il a même obtenu l’insigne privilège de faire une adresse en visioconférence avec d’autres éminents participants. Le connaissant avec ses tendances à ne voir que lui, à la fin, il va finir par vous étouffer. J’ignore comment il a fait pour se faire inviter à cette conférence de Glasgow, mais ça risque d’être de plus en plus difficile pour vous. Bientôt, c’est à Niamey qu’il va vous disputer les choses et son séjour de Tahoua, en août 2021, est révélateur de cette menace à peine contenue. Les mots, assez flatteurs, ne peuvent pas faire occulter une colère.

Ce bicéphalisme qui ne dit pas son nom et qui est fortement entretenu de l’extérieur est assez malsain et je crois que vous serez très mal inspiré de continuer à le tolérer. L’autre a empoisonné la vie de ses compatriotes et ce serait bien dommage que vous vous prêtez à son jeu en lui laissant les coudées franches pour faire comme bon lui semble, avec en sus les moyens et les attributs de l’État. Vous connaissant avec votre langage cru, vous aurez dénoncé une totale irresponsabilité de la part du président de la République qui se laisse ainsi instrumentaliser. Vous aurez relevé que le Niger a deux présidents et que, sans aucun doute, celui qu’on a croit être parti est plus président que celui qui est là. Vous aurez dit que c’est inadmissible et que ce n’est pas la faute de celui qui est parti, mais bien celle, pathétique, de celui qui est là et qui est incapable de s’assumer. En un mot, vous aurez déclaré que celui qui est là est manifestement incapable d’assumer les hautes charges qui sont les siennes. C’est assez grave pour ne pas vous contraindre à une introspection Faites-le et vous sortirez peut-être guéri de vos phobies. Lorsqu’on est président de la République, on ne marche plus avec la peur au ventre. Souvenez- vous du Président Diori Hamani face aux deux délégations québécoise et canadienne. Obligez les autres à vous respecter.

Monsieur le Président,

Vous avez laissé entendre à Jeune Afrique, dans l’interview que vous avez accordée à François Soudan, que l’unique différence, si différence il y a entre votre prédécesseur et vous, c’est certainement dans le style, soit la façon de faire. Je ne partage pas cet avis qui, je m’en doute, est mis sur le compte de la civilité et de la convenance politique. Vous savez parfaitement que cette différence de style, votre prédécesseur en a ras le bol. Mieux, je ne vous ferais pas la mauvaise grâce de ne pas souligner qu’il n’y a rien de plus faux que ça et vous le savez. À moins que vous soyez en train de tromper vos compatriotes.

Monsieur le Président,

Si vous convenez qu’il n’y a qu’une simple différence de style entre l’autre et vous, c’est admettre que vous êtes également partisan de la corruption contre laquelle vous prétendez lutter, aujourd’hui. En acceptant d’être aligné dans le même registre que l’autre, ce que certains de vos compatriotes trouvent sincère de votre part, vous revendiquez absolument un bilan que vous savez pourtant tragique. La preuve, vous avez fait supprimer un projet cher à votre prédécesseur, le quatrième échangeur prévu au Rond-point des armées. Je sais que vous ne l’avez pas décidé uniquement pour le besoin de vous opposer à l’autre. Dans cet acte, salué par de très nombreux compatriotes, vous avez remis en cause une pratique malsaine dont vous connaissez mieux que quiconque les motivations et les contours. Vous savez d’où ça vient, qui est derrière et ce qui fait courir ce dernier.

C’est vous dire qu’en assumant ces propos publics, vous vous complaisez dans une contradiction qui ne vous honore pas. D’une part, vous martelez être résolu à mener la lutte contre la corruption et vous voulez vous assimiler à l’autre dont la gouvernance incarne ce fléau, d’autre part. Vous devez choisir clairement une option et éviter de baigner dans un flou artistique visant un savant équilibrisme.

Monsieur le Président,

Il semble que vous avez instruit les gouverneurs de mettre tout en oeuvre en vue de mettre un terme à la fraude des hydrocarbures. C’est vrai, la fraude des hydrocarbures a particulièrement pris de l’ampleur depuis 2011 et je serais certainement hypocrite si je ne précisais pas que cela est imputable à la gouvernance scabreuse de votre prédécesseur. Une gouvernance faite de corruption, de détournements, de concussion qui a ruiné le Niger et face à laquelle, je dois vous le dire, vous tergiversez. Je vous l’avais dit, non seulement vous avez déclaré la guerre, mais il n’y a pas mille façons de lutter contre la corruption. Vous ne pouvez pas ménager la chèvre et le chou en même temps. Soit, vous vous engagez à faire du bien pour le Niger, soit vous choisissez le parti des délinquants économiques. J’étais allé plus loin dans l’analyse en vous indiquant que, s’il vous semble plus facile de faire preuve d’ingratitude vis-àvis de votre pays plutôt que de le faire envers un homme, alors votre choix est clair, n’hésitez pas à l’assumer. En un mot, si vous préférez trahir votre pays plutôt qu’un homme, alors, continuez à tergiverser, à faire semblant et à parler sans rien faire. La fraude des hydrocarbures, vous le savez, n’est que la manifestation de la corruption que votre prédécesseur a instituée en mode de gouvernance. Ce n’est pas autre chose. Je ne réfute pas le fait que la fraude de l’essence en provenance du Nigeria est aussi vieille que le temps. Cependant, la fraude a, aujourd’hui, gangrené tout le pays. Tous ceux qui ont une parcelle de pouvoir leur permettant de se livrer impunément à cette activité illégale le font sans sourciller : politiques, hommes d’affaires, porteurs de tenue, le Niger, sous l’autre, a été une anarchie organisée. Vous héritez, donc, d’un Niger vandalisé où détenir une fraction de pouvoir est synonyme sauf-conduit pour faire ce que l’on veut. L‘autre a détruit ce pays et vous ne direz sans doute pas le contraire. Votre tâche est immense mais elle est relativement facile, à condition que vous ayez réellement à coeur de rendre à l’État ce que des individus lui ont pris.

Monsieur le Président,

Vous avez certainement souvenance du séjour, dans notre pays, de Christine Lagarde, à l’époque directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi). C’était juste au début de l’exploitation du pétrole. Une décennie après les sages conseils de Christine Lagarde, vous avez tout gâché. Je dis vous parce que vous êtes nécessairement comptable de la gestion de l’autre dont vous connaissez la préoccupation essentielle en la matière. C’est pourquoi d’ailleurs je n’ai pas hésité à reprendre le cours de cette au président de la République que vous êtes. C’est lorsque les bonnes actions viennent de quelqu’un de l’intérieur que l’on mesure sa portée et la sincérité de celui qui en est porteur. Vous êtes de l’intérieur et je ne puis qu’apprécier votre volonté de changer les choses. Cependant, je dois vous faire remarquer que vous n’avez aucun intérêt à jouer aux équilibristes. Ressaisissez-vous pendant qu’il est temps.

Mallami Boucar

Depuis le départ de l’autre, celui qui détestait pratiquement tout ce qui était cher aux yeux de ses compatriotes, tout ce qui pouvait leur donner le sourire, j’ai décidé de ranger ma plume et mon encrier, histoire de fermer cette décennie maudite et de ne plus avoir à parler, à écrire, à un homme qui tirait manifestement du bonheur dans le malheur d’un peuple, son peuple, qu’il a juré, la main droite sur le Saint Coran, de servir. Mais, après mûres réflexions, je me suis résolu à la reprise de ces insolites relations entre le président de la République et moi, un maure au service du roi. La raison essentielle réside, vous vous en doutez, dans la différence que de nombreux compatriotes ont perçue entre l’autre et vous. L’autre avait choisi le champagne pour quelques-uns et rien pour les autres, avec un esprit sectaire jamais connu chez un président dans l’histoire de notre pays. Quoi que quelque peu titubants, vos premiers pas recèlent quelques indices encourageants qui motivent à croire que le Niger peut être sorti de la profonde torpeur dans laquelle l’autre l’a plongé. Je ne vous conterai ni qui est l’autre, ni ce qu’il a fait comme mal à notre pays. Vous en savez certainement plus et pire que moi. Si j’ai repris le fil de ces correspondances, c’est pour servir au mieux les intérêts de mon pays en me faisant le conseiller volontaire de celui qui préside aux destinées de notre peuple. Vous méritez, au regard de vos intentions vis-à-vis du peuple nigérien que vous aimez sans aucun doute mieux que l’autre, qu’on vous informe de façon objective, qu’on vous accompagne et qu’on vous soutienne dans tout ce que vous aurez à entreprendre de bien pour le Niger.

Monsieur le Président,

Avant d’être président de la République, vous êtes d’abord un philosophe. Vous savez, donc, que nous sommes tous appelés à mourir et que savoir cela ne nous empêche pas, ne doit pas nous empêcher, d’agir. Car, qui n’agit pas n’avance pas. Le 2 avril 2021, lorsque vous avez déclaré solennellement que vous mènerez une lutte sans merci contre la corruption, je dois vous dire que très peu de vos compatriotes n’ont pas affiché sur leurs visages un sourire moqueur. Ils ne croyaient pas en la sincérité de votre déclaration ; ils ne pouvaient pas y croire, l’autre ayant passé 10 ans à entretenir cette corruption en assurant, en sus, l’impunité totale pour les auteurs. Je ne sais pas combien a-t-il gagné dans ce jeu malsain qui a ruiné le Niger. Cependant, il est certain que sa politique, totalement antipatriotique, a dépouillé l’État pour enrichir des individus, devenus aujourd’hui plus puissants du point de vue financier que l’État central. Vous avez déclaré que : je cite « Le défi de la gouvernance est d’autant plus grand chez nous que prévaut une mentalité pas toujours en harmonie avec les valeurs de l’Etat de droit et ses exigences relatives à la primauté de la loi ainsi qu’à l’égalité de tous les citoyens. Sans verser dans une certaine anthropologie philosophique, mon propos consiste à relever que dans notre société, nous avons tendance, pour diverses raisons, à nous accommoder même des comportements qui s’écartent des normes définies par nos lois et nos règlements. Or, il est temps que nous nous ressaisissions et que nous fassions preuve de rigueur. C’est pourquoi, je voudrais dire clairement ici que quiconque a une responsabilité dans l’administration publique répondra désormais tout seul et entièrement de ses actes. Son parti politique, sa base, sa famille, sa communauté, ne lui seront d’aucun secours au cas où son comportement devrait commander une mesure coercitive à son encontre ». On ne peut être plus clair. Mais un mot me gêne considérablement. Qu’entendez-vous par « désormais » ? Est-ce pour vous une façon de faire le trait sur la gabegie qui a eu cours pendant 10 ans ? Si tel est le cas, je ne suis pas sûr d’avoir la même compréhension de la lutte contre la corruption dans un pays qui est pratiquement à genoux du fait de ce fléau. C’est pourquoi, d’ailleurs, vos compatriotes ne savent plus s’ils doivent continuer à vous accorder le bénéfice du doute ou s’ils doivent se résoudre à admettre que, entre l’autre et vous, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Moi, je dois simplement attirer votre attention sur le choix obligé que vous avez à faire. Soit, vous décidez de faire exactement comme l’autre en remettant en cause tout ce que vous avez commencé ; soit, vous vous résolvez à faire les choses tel que vous l’avez promis. Il n’y a pas de choix intermédiaire qui vous autoriserait à faire semblant tout en tirant les marrons du feu sans vous brûler. Vous devez rapidement vous résoudre à un choix. Faire comme l’autre est assurément plus facile, mais il est si lâche d’utiliser les pouvoirs et les moyens concédés par le peuple pour brimer ce même peuple. Oser changer de paradigmes comme vous l’avez laissé entrevoir jusqu’ici dans vos discours, vos styles et vos démarches, exigerait de vous beaucoup de courage, de fermeté et de don de soi. Êtes-vous vraiment prêt à assumer ce choix ?

Monsieur le Président,

Ce choix, vous le savez, vous conduit inéluctablement à faire payer aux apparatchiks du parti dont vous n’avez pas encore démissionné officiellement de la présidence, en tout cas, pas à la connaissance générale, pour le mal considérable qu’ils ont fait au peuple nigérien. Je vais être bref et clair : vous avez le choix, entre, rendre justice au peuple nigérien ou protéger ceux qui ont tout pris à ce pays ? Dans cette première lettre qui se veut une sorte de lettre de créance à vous présenter, j’ai le droit et même le devoir de vous dire que notre pays, notre peuple, n’a qu’un problème : le banditisme d’État qui l’a pris en otage et vous êtes mieux placé et plus édifié pour savoir que c’est un euphémisme de le dire. En votre qualité de président de la République, chef de l’État, vous n’avez pas deux, trois voies, pour rendre justice à ce peuple qu’en joignant l’acte à la parole dans votre intention de n’accepter aucun compromis vis-à-vis de ceux qui ont mis le grappin sur les deniers et biens publics. Tout atermoiement, vous devez le savoir, sera assimilé à une volonté de duper et vous n’avez pas tout le temps pour convaincre. Le compteur est déjà très avancé pour ne pas que vous mettiez plein gaz dans la lutte contre la corruption.

Monsieur le Président,

Je crois bien et vous en convenez certainement avec moi, que ce serait pour vous un gâchis considérable de plier l’échine avant même d’avoir commencé. L’échec, c’est surtout de ne pas essayer et dans ce combat contre la corruption, je me demande si vous avez conscience de ce formidable soutien populaire. Je me demande si ceux qui n’ont aucune chance de se tirer d’affaire n’ont pas réussi, en agitant plein d’épouvantes à vos yeux, à vous dégonfler, à vous faire mordre la poussière avant même d’entrer dans l’arène. Souvenez-vous du sketch publicitaire de Nourou Ouallam sur le lait en sachet Laban ? Le bluff ! Vous êtes un homme de culture et vous savez que la grandeur pour un homme d’État, un gouvernant, se trouve dans ce que vous faites de bien à votre peuple, pas en faisant ce que l’autre a passé une décennie entière à faire et à entretenir. Tout ce qu’il vous faut, c’est du courage et une volonté ferme de faire mentir les pronostics, de faire la preuve que le plus patriotique n’est pas forcément celui a une nationalité d’origine. C’est une question d’attachement à un pays, à un peuple pour lequel l’on veut le meilleur. Faites arrêter ceux qui ont détourné les milliards de l’État et vous verrez si vous n’aurez pas fini d’avec un second mandat avant même d’avoir terminé le premier. Ne vous trompez pas de combat ou vous aurez trahi encore plus que l’autre. Et vous le savez mieux que moi, les malfaiteurs gagnent des batailles, mais la justice finit toujours par gagner la guerre.

Votre dévoué serviteur,

Mallami Boucar

Depuis le départ de l’autre, celui qui détestait pratiquement tout ce qui était cher aux yeux de ses compatriotes, tout ce qui pouvait leur donner le sourire, j’ai décidé de ranger ma plume et mon encrier, histoire de fermer cette décennie maudite et de ne plus avoir à parler, à écrire, à un homme qui tirait manifestement du bonheur dans le malheur d’un peuple, son peuple, qu’il a juré, la main droite sur le Saint Coran, de servir. Mais, après mûres réflexions, je me suis résolu à la reprise de ces insolites relations entre le président de la République et moi, un maure au service du roi. La raison essentielle réside, vous vous en doutez, dans la différence que de nombreux compatriotes ont perçue entre l’autre et vous. L’autre avait choisi le champagne pour quelques-uns et rien pour les autres, avec un esprit sectaire jamais connu chez un président dans l’histoire de notre pays. Quoi que quelque peu titubants, vos premiers pas recèlent quelques indices encourageants qui motivent à croire que le Niger peut être sorti de la profonde torpeur dans laquelle l’autre l’a plongé. Je ne vous conterai ni qui est l’autre, ni ce qu’il a fait comme mal à notre pays. Vous en savez certainement plus et pire que moi. Si j’ai repris le fil de ces correspondances, c’est pour servir au mieux les intérêts de mon pays en me faisant le conseiller volontaire de celui qui préside aux destinées de notre peuple. Vous méritez, au regard de vos intentions vis-à-vis du peuple nigérien que vous aimez sans aucun doute mieux que l’autre, qu’on vous informe de façon objective, qu’on vous accompagne et qu’on vous soutienne dans tout ce que vous aurez à entreprendre de bien pour le Niger.

Monsieur le Président,

Avant d’être président de la République, vous êtes d’abord un philosophe. Vous savez, donc, que nous sommes tous appelés à mourir et que savoir cela ne nous empêche pas, ne doit pas nous empêcher, d’agir. Car, qui n’agit pas n’avance pas. Le 2 avril 2021, lorsque vous avez déclaré solen nellement que vous mènerez une lutte sans merci contre la corruption, je dois vous dire que très peu de vos compatriotes n’ont pas affiché sur leurs visages un sourire moqueur. Ils ne croyaient pas en la sincérité de votre déclaration ; ils ne pouvaient pas y croire, l’autre ayant passé 10 ans à entretenir cette corruption en assurant, en sus, l’impunité totale pour les auteurs. Je ne sais pas combien a-t-il gagné dans ce jeu malsain qui a ruiné le Niger. Cependant, il est certain que sa politique, totalement antipatriotique, a dépouillé l’État pour enrichir des individus, devenus aujourd’hui plus puissants du point de vue financier que l’État central.

Vous avez déclaré que : je cite « Le défi de la gouvernance est d’autant plus grand chez nous que prévaut une mentalité pas toujours en harmonie avec les valeurs de l’Etat de droit et ses exigences relatives à la primauté de la loi ainsi qu’à l’égalité de tous les citoyens. Sans verser dans une certaine anthropologie philosophique, mon propos consiste à relever que dans notre société, nous avons tendance, pour diverses raisons, à nous accommoder même des comportements qui s’écartent des normes définies par nos lois et nos règlements. Or, il est temps que nous nous ressaisissions et que nous fassions preuve de rigueur. C’est pourquoi, je voudrais dire clairement ici que quiconque a une responsabilité dans l’administration publique répondra désormais tout seul et entièrement de ses actes. Son parti politique, sa base, sa famille, sa communauté, ne lui seront d’aucun secours au cas où son comportement devrait commander une mesure coercitive à son encontre ». On ne peut être plus clair. Mais un mot me gêne considérablement. Qu’entendez-vous par « désormais » ? Est-ce pour vous une façon de faire le trait sur la gabegie qui a eu cours pendant 10 ans ? Si tel est le cas, je ne suis pas sûr d’avoir la même compréhension de la lutte contre la corruption dans un pays qui est pratiquement à genoux du fait de ce fléau. C’est pourquoi, d’ailleurs, vos compatriotes ne savent plus s’ils doivent continuer à vous accorder le bénéfice du doute ou s’ils doivent se résoudre à admettre que, entre l’autre et vous, c’est bonnet blanc, blanc bonnet. Moi, je dois simplement attirer votre attention sur le choix obligé que vous avez à faire. Soit, vous décidez de faire exactement comme l’autre en remettant en cause tout ce que vous avez commencé ; soit, vous vous résolvez à faire les choses tel que vous l’avez promis. Il n’y a pas de choix intermédiaire qui vous autoriserait à faire semblant tout en tirant les marrons du feu sans vous brûler. Vous devez rapidement vous résoudre à un choix. Faire comme l’autre est assurément plus facile, mais il est si lâche d’utiliser les pouvoirs et les moyens concédés par le peuple pour brimer ce même peuple. Oser changer de paradigmes comme vous l’avez laissé entrevoir jusqu’ici dans vos discours, vos styles et vos démarches, exigerait de vous beaucoup de courage, de fermeté et de don de soi. Êtes-vous vraiment prêt à assumer ce choix ?

Monsieur le Président,

Ce choix, vous le savez, vous conduit inéluctablement à faire payer aux apparatchiks du parti dont vous n’avez pas encore démissionné officiellement de la présidence, en tout cas, pas à la connaissance générale, pour le mal considérable qu’ils ont fait au peuple nigérien. Je vais être bref et clair : vous avez le choix, entre, rendre justice au peuple nigérien ou protéger ceux qui ont tout pris à ce pays ? Dans cette première lettre qui se veut une sorte de lettre de créance à vous présenter, j’ai le droit et même le devoir de vous dire que notre pays, notre peuple, n’a qu’un problème : le banditisme d’État qui l’a pris en otage et vous êtes mieux placé et plus édifié pour savoir que c’est un euphémisme de le dire. En votre qualité de président de la République, chef de l’État, vous n’avez pas deux, trois voies, pour rendre justice à ce peuple qu’en joignant l’acte à la parole dans votre intention de n’accepter aucun compromis vis-à-vis de ceux qui ont mis le grappin sur les deniers et biens publics. Tout atermoiement, vous devez le savoir, sera assimilé à une volonté de duper et vous n’avez pas tout le temps pour convaincre. Le compteur est déjà très avancé pour ne pas que vous mettiez plein gaz dans la lutte contre la corruption.

Monsieur le Président,

Je crois bien et vous en convenez certainement avec moi, que ce serait pour vous un gâchis considérable de plier l’échine avant même d’avoir commencé. L’échec, c’est surtout de ne pas essayer et dans ce combat contre la corruption, je me demande si vous avez conscience de ce formidable soutien populaire. Je me demande si ceux qui n’ont aucune chance de se tirer d’affaire n’ont pas réussi, en agitant plein d’épouvantes à vos yeux, à vous dégonfler, à vous faire mordre la poussière avant même d’entrer dans l’arène. Souvenez-vous du sketch publicitaire de Nourou Ouallam sur le lait en sachet Laban ? Le bluff ! Vous êtes un homme de culture et vous savez que la grandeur pour un homme d’État, un gouvernant, se trouve dans ce que vous faites de bien à votre peuple, pas en faisant ce que l’autre a passé une décennie entière à faire et à entretenir. Tout ce qu’il vous faut, c’est du courage et une volonté ferme de faire mentir les pronostics, de faire la preuve que le plus patriotique n’est pas forcément celui a une nationalité d’origine. C’est une question d’attachement à un pays, à un peuple pour lequel l’on veut le meilleur. Faites arrêter ceux qui ont détourné les milliards de l’État et vous verrez si vous n’aurez pas fini d’avec un second mandat avant même d’avoir terminé le premier. Ne vous trompez pas de combat ou vous aurez trahi encore plus que l’autre. Et vous le savez mieux que moi, les malfaiteurs gagnent des batailles, mais la justice finit toujours par gagner la guerre.

Votre dévoué serviteur,
Mallami Boucar

 J’ai suivi, par la voix des médias et des réseaux sociaux le 8e congrès ordinaire du Pnds Tarayya dont, enfin, vous avez dû céder, cette fois de façon formelle, la présidence du Comité exécutif national à Pierre Foumakoye Gado qui assurait déjà votre intérim à ce poste depuis de longs mois. Je dois vous avouer également que j’ai tendu mes longues oreilles et j’i compris que ce congrès sonne le glas de l’illusion que certains, à l’intérieurmême du Pnds Tarayya, ont entretenue sur un Bazoum Mohamed épris de souveraineté pour le Niger et déterminé à mettre un terme à la politique de l’autre, votre prédécesseur. Celle belle illusion, qui a fait rêver tant vos compatriotes, tant ils espéraient vous voir dans des habits hauts de gamme. Mais vous avez préféré ces vieux habits roses délavés et hors de mesure pour vous, le président de la République, tel que la Constitution en a prescrit le profil, les missions, les responsabilités et les devoirs. Soient-ils ceux qu’on vous a obligé à porter pour arriver là où vous êtes et le rester, je dois vous dire, encore une fois, que ces habits roses délavés ne vous conviennent pas. Vous les avez portés assez de temps pour ne pas les ranger dans vos armoires au bénéfice de ceux, plus magnifiques et valorisants, auxquels vous obligent vos fonctions de président de la République. Avec ce 8e congrès qui vous fragilise davantage dans vos velléités d’émancipation vis-à-vis de votre bienfaiteur, je me suis dit que vous êtes désormais condamné à faire pire que votre prédécesseur pour espérer rentrer à nouveau dans ses bonnes grâces. Vous êtes, comme on dit, sur la sellette et pour nombre de vos compatriotes, votre sort est scellé. Vous ne serez pas, disent- ils, le prochain candidat du Pnds Tarayya dans la course au fauteuil présidentiel. Pour autant, ils soutiennent que vous n’avez pas à vous plaindre, ayant été ce que vous avez, vous-même, dit n’avoir pas rêvé.

Vous savez, les Nigériens sont indécrottables. Ils ressassent l’occasion cette histoire de pièces d’état-civil qui a empoisonné votre vie lors de la dernière campagne présidentielle. D’aucuns estiment que n’eût été l’absence de ces valeurs-clés de notre société chez certains de vos alliés actuels, vous ne seriez sans doute jamais président de la République. Dans certains milieux, on parle même de reniement et de corruption, ce que, bien évidemment, j’ai réfuté avec vigueur, non sans avoir fait sourire mes vis-à-vis. J’ai beau expliqué que sans valeurs morales, l’homme politique est un monstre pour son pays et son peuple. Si vous aviez corrompu qui que ce soit pour bénéficier de soutiens politiques quelconques, dans un contexte où vous avez été contesté dans ce que vous avez de plus cher dans la course au palais présidentiel, ce n’est pas d’abord vous qu’il faut plaindre, ce sont ceux qui ont été corrompus.

Monsieur le “Président”

Votre parti est arrivé au pouvoir en avril 2011. Le Niger entier a connaissance de ce qu’a été les deux mandats de l’autre, en termes de scandales financiers, de violations constitutionnelles, de pertes en vies humaines, de confiscations de libertés publiques, d’arrestations d’opposants politiques, d’acteurs de la société civile et de journalistes, de dégringolade des secteurs sociaux de base, de politique antisociale, de corruption et de détournements des deniers et biens publics, d’impunité pour des terroristes, etc. Personne, y compris jusqu’au fin fond des brousses, n’ignorait la nature de votre régime et la gouvernance scabreuse qu’il a incarné. C’est pourtant au nom de tout ce mal fait au Niger et à son peuple que vous vous avez été adoubé par votre parti pour succéder à l’autre. Vous avez même poussé le rubicond jusqu’à insulter le peuple nigérien en proposant de vous faire élire sous le slogan « consolidons et avançons ».

Malgré tout, vous n’avez pas eu de mal à vous aliéner le soutien de certains leaders politiques qui ont alors placé l’intérêt général au rang de leurs derniers soucis. Vous n’avez, certes, pas un beau rôle, loin s’en faut. Cependant, comme le juge qui frappe plus sévèrement le receleur que le voleur, je serais tenté de coller une sanction plus sévère à ceux que vous avez pu embarquer dans votre affaire, ceux qui ont fait droit à vos arguments en ignorant royalement le cri de détresse du peuple nigérien.

Aujourd’hui, tout est derrière nous, non pas parce que nos compatriotes ont oublié, mais parce que le vin est tiré, il faut le boire. Dans les débats qui ont faits autour de ce 8e congrès du Pnds Tarayya, on vous présente comme une sorte d’otage qui a les mains et les pieds liés ; un otage qui a finalement admis et accepté sa condition. J’ai beau expliqué que vous êtes, l’autre et vous, complices jusque dans les gestes, ils ne veulent rien comprendre. Pourtant, depuis ce congrès, il n’y a plus à douter de votre complicité dans la gouvernance en cours. Le maintien prison des prisonniers politiques, l’insécurité qui persiste, les détournements et la corruption face auxquels vous avez déclaré forfait, etc., par rapport à tout, absolument tout, vous partagez la même vision et les mêmes objectifs. Depuis votre déclaration à propos de vos rapports avec votre prédécesseur, confirmés par ailleurs par l’autre lors du récent congrès du Pnds Tarayya, aucun Nigérien ne doit plus vous attribuer ce que vous ne méritez pas.

Monsieur le “Président”

Le gros nuage que vous avez su entretenir, un moment, sur vos desseins réels pour le Niger et son peuple est à présent dissipé. Plus aucun compatriote ne sera abusé par vos discours que certains disent insipides. Ne vous fatiguez pas à chercher à rouler vos compatriotes dans la farine, c’est inutile. Sortez du bois, comme on dit et assumez-vous ouvertement comme l’autre le faisait.

Toute chose, en dehors du pouvoir divin, a une fin. Encore une fois, comme je le rappelais à l’autre de temps à autre, je voudrais vous dire que « l’homme n’est qu’une misérable petite moisissure de la terre » et qu’il devient effectivement misérable lorsqu’il lui arrive de se prendre pour ce qu’il n’est pas. Le pouvoir d’Etat, de mon point de vue, n’est rien d’autre que de la servitude à l’endroit de son peuple. Lorsqu’on homme politique s’enrichisse au détriment de son peuple en le dépouillant, en l’appauvrissant pour le rendre misérable, Il n’est pas moins détestable que ces criminels qui le massacre pour s’arroger ses terres.

Monsieur le “Président” Demain appartient à Dieu. C’est autant vrai pour ceux qui s’en remettent à Dieu que pour ceux qui pensent être dotés de pouvoir pour tout faire selon leurs attentes et à leur guise. Moi, j’ai foi en Dieu et je sais que les épreuves n’ont jamais anéanti totalement un peuple. Les voies du Seigneur sont impénétrables. Que Dieu bénisse le Niger et son peuple !

Mallami Boucar

Vous avez sans doute eu connaissance de la façon peu élégante, pour ne pas parler de hold-up électoral, par laquelle le sieur… a été porté à la tête de la chefferie de Boboye et bien entendu vous avez laissé faire, dans le strict respect des moeurs du régime que vous incarnez. Pendant des jours, une partie, celle que l’on dit d’ailleurs sans rapport direct depuis plus 100 ans avec ladite chefferie, a fait transporter jusqu’à Niamey une centaine de chefs de villages, les deux tiers du collège électoral, et les a séquestrés dans une maison jusqu’au jour de l’élection, sans aucun contact avec le monde extérieur puisque leurs téléphones ont été confisqués. Ils sont restés à Niamey, sous le contrôle exclusif de leurs maîtres jusqu’au 10 septembre où ils ont été à nouveau pris dans des bus pour être convoyés directement au lieu du vote. C’est de notoriété publique puisque l’information a fait le buzz sur les réseaux et certains journaux de la place en ont parlé. Malgré tout, votre gouvernement est resté de marbre, faisant ainsi fi de ses propres instructions contenues dans un message-radio du ministre de l’Intérieur, Hamadou Adamou Souley, daté 22 avril 2022. Dans ce message-radio, votre ministre a notamment souligné que « certains candidats aux élections des chefs traditionnels rassemblent, internent et cachent des électeurs (chefs de village, de tribus et de quartiers), les rendant ainsi inaccessibles aux autres candidats » et que « tout candidat contrevenant sera poursuivi en justice autant que tout électeur contrevenant se verra traduit devant la commission de discipline en vue de sa destitution ». C’est exactement ce qui s’est passé à Boboye et vous le savez.

Cette façon de gérer les affaires publiques est une grave atteinte à la cohésion sociale. Je vous le rapporte cependant, non pas pour que vous voir adhérer au respect du choix libre et volontaire des citoyens nigériens de Boboye , mais pour honorer l’Histoire. Je déplore simplement les conséquences sociales fâcheuses que de tels actes vont avoir sur la vie de nos communautés, déjà fragiles pour mille et une raisons.

Monsieur le “Président”

Je note, avec de nombreux autres compatriotes, que Boboye, malheureusement, n’est pas un cas unique. Un peu partout au Niger, votre régime a galvaudé la loi, instrumentalisé la chefferie traditionnelle et installé à la tête, avec des moyens contestables, des hommes qui vous doivent leur “élection”. Je ne m’en étonne pas, car on ne peut demander à un corbeau de roucouler. Il ne peut que coasser. La loi du plus fort n’est pas, vous devez le savoir pour avoir fait l’opposition, la voie de la sagesse pour vous. Il faut savoir qu’il y a toujours plus fort que soi et que la force, en tout état de cause, n’est pas une donnée permanente pour s’en prévaloir. Tous ceux qui ont misé là-dessus l’ont appris à leurs dépens. C’est pourquoi j’adhère à vos velléités de décrisper le climat politique national, convaincu que vous en sortirez gagnant. Il ne s’agit du sort de personnes individuelles, mais de celui du Niger qui reste au-dessus de tout et de tous. De ce sort dépend du nôtre, je veux dire du vôtre, du mien et de tous les Nigériens. Je vous encourage à oser dans ce sens et à garder à l’esprit que l’homme n’a qu’une vie. Que vous preniez des risques ou pas, vous allez mourir. Dès lors, pourquoi choisir de mourir dans l’avanie, le déshonneur et l’indignité ? Vous êtes suffisamment cultivé pour savoir que l’islam, votre religion, ne prône pas la division, la haine et la mauvaise gouvernance. Que Omar Ibn El Khatab, dont l’autre, votre prédécesseur, a profané la mémoire et tout ce qu’il a promu au nom d’Allah, n’a jamais cautionné de ses collaborateurs, ni l’injustice ni la prédation des ressources communautaires. Telle est la voie d’Allah dont vous vous réclamez. Votre devoir est, donc, de suivre la voix de votre peuple et vous l’avez clairement entendue pour vous tromper là-dessus.

Monsieur le “Président”

J’ai appris que vous avez réussi à réunir autour de la table du Conseil national de dialogue politique (Cndp) la classe politique tout entière, c’est-à-dire dans toutes ses composantes. Je vous en félicité sincèrement et vous encourage à aller dans ce sens. On ne gouverne pas un pays en divisant, on le détruit. Si je suis une voix non visible mais qui compte, je vous conseillerais volontiers de libérer les prisonniers politiques et de remplir les prisons de ceux qui ont détourné les deniers publics. Vous êtes le chef de l’État, c’est à vous de dessiner les courbes et de redéfinir, s’il le faut, les contours à suivre. C’est à ça qu’on reconnaît les vrais leaders. Votre mission est de sortir le Niger de l’abîme dans lequel l’a précipité l’autre, pas de l’enfoncer. Vous avez certainement eu plus d’informations que nous-autres sur le séjour de l’autre à Tahoua. C’est un coup de bluff, c’est certain, en vue d’émousser vos ardeurs dans les choix que vous avez faits. Cependant, puisqu’il a annoncé les couleurs en faisant savoir son retour dans l’arène politique, il ne tient qu’à vous de le laisser faire ou de l’arrêter net dans ses intentions que vous connaissez parfaitement. Le congrès de votre parti, prévu, paraît-il, pour décembre 2022, est un rendez-vous où votre sort, mais aussi celui du Niger, va se jouer. C’est tragique peut-être pour vous, mais c’est comme ça, votre sort et celui du Niger sont intimement liés. Vous êtes par conséquent condamné à jouer à fond la carte du Niger. C’est cette carte qui vous grandirait et qui vous garantirait une place dans l’Histoire de notre peuple.

Monsieur le “Président”

J’ai l’habitude de dire à l’autre que c’est à lui de choisir la porte par laquelle il veut entrer dans l’Histoire. Je ne parle pas bien sûr de celle qui est bâtie sur des mensonges et qui, vous le savez, ne résistera pas à la vérité des faits. Je ne parle pas non plus de celle, étroite et égoïste, agitée par une fraction du peuple, trompée et manipulée. Je parle de celle qui ne souffre d’aucune contestation, car forgée par les faits unanimement reconnus. L’autre n’a pas écouté et il s’est planté. Ce ne sont pas les fortunes accumulées sur le dos du peuple nigérien qui y changeront quelque chose. L’Histoire, un jour, sera écrite et vous verrez que sa place ne sera pas enviable. Aujourd’hui, c’est à vous qu’il revient de choisir. Malgré vos erreurs du passé, vos discours violents et vos actes qui ont mis en mal la démocratie, la justice, la gouvernance d’une façon générale, vous pouvez faire amende honorable en changeant de fusil d’épaule. Vous avez ls pouvoir pour le faire. Arrêtez, donc, d’invoquer des obstacles qui ne figurent nulle part dans la Constitution dont vous tirez vos pouvoirs.

Mallami Boucar

 Vous avez dû remarquer que je vous concède volontiers le titre de président, sans anicroches, malgré la controverse liée à votre candidature, puis à votre élection à la tête de l’État. Ce n’est pas comme avec l’autre qui n’a rien de républicain et de national. Il avait une politique sectaire et ne respectait pas les principes chers à la République. Vous êtes naturellement différent avec l’autre et vos premiers pas autorisent un sérieux espoir de voir le Niger migrer rapidement vers le respect des principes républicains et la consolidation de l’unité nationale. Je sais que ce n’est si facile de se défaire d’une sangsue dans un marécage. Votre mission est délicate, mais avec un peu de cran et de perspicacité, vous la réussirez. Votre mission est délicate parc qu’il vous faut aller vite pour ne pas décevoir l’espoir que vous avez laissé entrevoir depuis cinq mois tout en sachant où vous mettez les pieds, car vous marchez sur des oeufs. La lutte contre la corruption que vous vous êtes engagé à mener sans faiblesse n’est pas, vous le savez, du goût de l’autre. Si vous voulez engranger des victoires et remettre l’État dans ses droits, sachez que vous n’avez pas le droit de tergiverser, de louvoyer. On n’hésite pas sur le champ de guerre. Et la guerre, vous l’avez déjà déclarée. Or, une fois que la guerre est déclarée, les réflexions se font à la vitesse des évènements qui s’enchainent et les décisions se prennent aussitôt. Dans le cas d’espèce, je considère que votre discours d’investiture et particulièrement ce que vous avez déclaré à propos de la lutte contre la corruption a été le fruit d’une réflexion approfondie, l’aboutissement d’une analyse de la situation socioéconomique de notre pays. Je présume que vous savez parfaitement à quoi vous avez décidé de vous attaquer. Généralement, ceux qui sont impliqués dans la corruption ne sont pas des garçons de choeur. Ils n’hésiteront pas à sévir, y compris contre vous.

Certains, je ne sais pour quelle motivation, estiment que vous rusez et qu’au fond, vous êtes, sinon complice pour pouvoir entreprendre quoi que ce soit contre les figures de proue de ce fléau, du moins incapable de mener la lutte contre la corruption. Vous le savez pour l’avoir expliqué de long en large dans les colonnes du Sahel dimanche, tout se tient : corruption-trafic de drogue-terrorisme, la quadrature du cercle infernal qui nous enlève, depuis si longtemps, des vies humaines par centaines et qui menacent en définitive l’existence-même de notre pays dans ses frontières connues. Moi, j’ai perçu chez vous, dans ce contexte politique qui ne milite pas forcément pour vous, une lueur de sincérité et de volonté pour remettre les pendules à l’heure. Cela, je l’ai perçu sur la question de la lutte contre la corruption, tout comme je l’ai relevé dans la guerre contre les forces armées terroristes. Vos déplacements à Diffa et à Tillabéry traduisent sans aucun doute une volonté de rupture d’avec ce qui a prévalu durant 10 ans, sous l’autre. Vos engagements pris devant l’armée, je l’ai appris, sont en train de prendre forme, donnant ainsi naissance à l’union sacrée et à la concordance des vues qui ont terriblement manqué avec votre prédécesseur, plus attaché à des choses tordues qu’à servir son pays.

Monsieur le Président,

Je le répète, vous êtes sur la bonne voie. Mais il faut faire très attention à vos arrières. N’oubliez jamais, pour quelque raison que ce soit, que votre lutte contre la corruption, tout autant que votre politique sécuritaire ou encore votre respect des libertés publiques, n’est pas du goût de l’autre. Et lorsque j’ai appris que vous avez la ferme intention d’élargir de prison tous les prisonniers politiques afin de créer la détente et les retrouvailles politiques nécessaires à un nouvel ordre démocratique respectueux des lois et règlements de la République, je me suis dit que vous êtes certainement dans la bonne voie. C’est une parenthèse malheureuse qu’il faut fermer pour ne pas commettre l’erreur monumentale de l’autre qui a cru que, pour s’élever et avancer, il lui faut piétiner, écraser les autres et ruiner le pays. Vous le savez bien, ce n’est pas ça, le leadership.

Je sais, pour avoir échangé avec des gens qui vous sont proches, que votre profond désir est de gouverner autrement que l’autre et que vous avez bel et bien l’intention de faire libérer tous les prisonniers politiques. Vous le permettraient-ils seulement ? Je ne crois pas. Je veux dire qu’ils verraient ça d’un très mauvais oeil et vous feraient une vilaine “guerre”. Si vous allez jusqu’au bout de votre logique en procédant à la libération des détenus politiques, vous allez sans doute réussir le formidable pari de réconcilier les Nigériens avec euxmêmes, de briser le carcan dans lequel l’autre les a enfermés. Si vous maintenez cette situation qui est antérieure à votre accession au pouvoir, ne soyez pas surpris de constater le traitement peu amène que vous réserveront vos compatriotes.

N’oubliez pas non plus que pour votre camp politique, vous n’avez pas le droit de vous émanciper de l’autre. Si vous libérez les prisonniers politiques, ce qui vous apportera tout ce que à quoi l’autre n’a pu accéder avec le peuple nigérien, sachez que la guerre, votre propre camp politique vous la livrera sans faiblesse. Vous aurez tort dans ce cas, parce qu’à la tête de l’État, de minimiser les capacités de nuisance de ceux qui, je l’ai appris, vous vouent déjà aux gémonies. Notre pays, il faut vous en souvenir, ne peut continuer dans cette politique sectaire et votre engagement, s’il est tenu, sera certainement inscrit en lettres d’or dans l’Histoire politique de ce pays.

Monsieur le Président,

J’ai eu écho de votre réunion sur la gouvernance économique et la lutte contre la corruption et je dois vous avouer que je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Car, à moins que vous n’ayez décidé d’absoudre ceux qui sont cités dans les dossiers que vous connaissez, vous ne pouvez convaincre vos compatriotes sur votre bonne foi. Vous ne pouvez pas, à moins de vouloir amuser la galerie, faire la lutte contre la corruption avec des individus qui sont cités dans certains dossiers. Sauf votre respect, je me vois dans l’obligation de vous dire que l’équilibrisme est un bien mauvais jeu dans tout ce qui est lié à la justice. Ne tergiversez pas, agissez. Ne vous méprenez surtout pas sur le compte de l’autre.

De quelque façon que ce soit, votre succès est le piment dans ses yeux. Or, j’ai remarqué que, vos déplacements à Diffa, dans l’Anzourou, votre lutte contre la corruption ainsi que la manifestation pacifique à Tillabéry pour le retour à la paix et à la sécurité sont autant de succès qui ont dû crever les yeux à l’autre. Prenez des résolutions fermes et avancez selon votre conscience. Seul le peuple peut vous juger.

Mallami Boucar.

Lettre au président de la République (BM) Monsieur le Président Soyez comme ces Français qui, sous la houlette du Général De Gaule, ont demandé, en 1966, aux forces armées américaines de partir de France où elles étaient stationnées depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

J’ai appris que vous étiez en Turquie, en visite de travail et que la question essentielle qui vous y a conduit est liée à la recherche de moyens de guerre modernes de qualité pour les Forces armées nigériennes. Je vous en félicite et vous encourage à aller vite dans cette voie qui, quoi que disent certains, est le pré requis d’une armée que l’on veut forte et efficace. Cela, bien entendu, ne suffit pas et chacun de nous le perçoit aisément. Cependant, c’est une condition à remplir et l’on ne peut que vous soutenir, vous accompagner dans cette voie pleine de mérites. J’ai entendu des critiques acerbes contre vous à ce propos, mais je puis vous dire qu’elles résultent d’un malentendu consécutif de la politique sécuritaire et des pratiques qui ont prévalu jusqu’ici. Votre démarche, je le comprends, doit être entendue comme l’expression d’une volonté, la vôtre, de changer de registre par rapport à l’autre, votre prédécesseur. Aucun Nigérien peut être contre une initiative visant à doter les Forces armées nationales de matériels et d’équipements militaires modernes et de qualité. Je vous encourage dans cette voie et vous demanderai par ailleurs de solliciter de vos partenaires turcs de raccourcir au maximum les délais de livraison des drones de surveillance, hélicoptères de combat, avions de chasse, véhicules blindés, systèmes de radar, de reconnaissance, missiles et rockets que vous entendez acquérir pour les Forces armées nigériennes.

Je puis également vous dire que ceux qui ont formulé des critiques à votre encontre dans le cadre de cette visite en Turquie ne contestent pas fondamentalement l’idée que le chef suprême des armées ait décidé l’acquisition d’armements modernes de qualité. Ils doutent plutôt de la sincérité du projet, de la solidité de votre volonté à aller jusqu’au bout de cette logique qui présente un avantage essentiel, celui de rétablir la toute puissance de l’État dans un domaine où l’immixtion d’intermédiaires non étatiques conduit à la catastrophe. Si des compatriotes ont émis des doutes quant à la sincérité de votre projet, c’est parce qu’on a vu faire marche-arrière sur d’autres questions où vous avez pourtant martelé votre volonté d’aller jusqu’au bout. Dès lors, le risque de vous voir embourbé dans une situation similaire comme celle de la lutte contre la corruption est vivace dans les esprits. Et puis, entre nous, c’est bien sous votre magistère que le dossier des fonds de l’armée détournés a connu le fâcheux épilogue matérialisé par un désistement de l’État à se constituer partie civile. Or, vous connaissez bien l’extrême gravité de ce dossier et les tortuosités imaginées pour le vider de son essence au bénéfice des mis en cause. Il est bien vrai qu’en termes de logique, un tel épilogue n’était pas si surprenant sous votre gouvernance puisque, face aux étudiants de l’université Abdou Moumouni de Niamey, vous aviez déclaré, en tant que candidat à l’élection présidentielle (déjà !) que l’ancien ministre de la Défense nationale, Issoufou Katambé, qui ne trouvait aucune excuse possible aux auteurs et complices de l’affaire, n’avait pas dit la vérité. Et qui ne dit pas la vérité ne peut que mentir.

Monsieur le “Président”

Vous comprenez sans doute que vos compatriotes doutent quelque peu de votre affaire. Chat échaudé craint l’eau froide, dit-on. Ils ont peur de vous voir dans un faire semblant, ce qui encore plus préjudiciable que l’absence de volonté. Le faire-semblant, c’est la crainte de ceux qui ont critiqué avec véhémence votre mission en Turquie dans cette perspective redoutable : aller en Turquie, faire le plein de bruits là-dessus, c’està- dire en mettre plein les yeux et les oreilles aux Nigériens et puis, plus rien. Pour vous résumer la situation, vos compatriotes approuvent votre démarche, mais émettent des doutes et des réserves. Ceux-là préfèrent attendre de voir pour juger. En revanche, moi, je vous accorde le bénéfice du doute, étant entendu que si vous avez fait le déplacement de Turquie uniquement pour amuser la galerie, on ne manquera pas de le savoir bientôt. Pour le moment, et sur la base des informations dont je dispose, vous êtes en droit d’attendre de vos compatriotes le soutien nécessaire.

Mon avis est que vous méritez sur ce sujet un soutien des plus fermes et je voudrais bien saisir l’opportunité de cette lettre pour dire que vous avez déjà assez à faire pour y arriver. Je sais, par expérience, qu’il y a des forces centrifuges qui ne sont pas d’accord avec vous sur l’option turque et que, si vous êtes sincère, il vous a fallu leur livrer un combat acharné. Peut-être que vous n’avez encore remporté que la première manche et que vos adversaires attendent d’avoir une opportunité pour prendre leur revanche. Je connais assez bien leur hostilité à la voie tracée. Si vous êtes véridique, ils ne peuvent vous laisser agir à votre guise que lorsqu’ils ne peuvent plus rien entreprendre pour l’empêcher. J’espère, pour le Niger, que ceux qui ne croient pas en votre sincérité sur ce registre précis seront obligés, dans quelque temps, de reconnaître leur erreur d’appréciation.

Monsieur le “Président”,

On ne joue pas avec le feu. La sécurité et la défense du Niger n’ont pas de prix. Vous avez bien vu que face à la crise russo-ukrainienne, que les Européens songent désormais à une politique autonome de défense. Pourquoi devonsnous, nous autres, sous-traiter notre défense ? Pourquoi est-ce à la France ou à une autre puissance militaire, d’assurer notre sécurité ? L’assistance militaire étrangère, vous avez pu le vérifier au regard de l’expérience ukrainienne, ne sert pas à grand-chose. Elle ne sert que les intérêts de l’armée occupante.

La cohabitation entre armée nationale et armées étrangères n’est jamais facile, pour ne pas dire préjudiciable à la première. Les armées étrangères, au Niger, ne servent que les intérêts de leurs pays. Elles ne nous servent à rien et vous le savez mieux que moi. Doter les Forces armées nationales de moyens modernes est, certes, un mérite essentiel. Mais, ce n’est pas tout. Car, encore faut-il qu’elles disposent d’une liberté de mouvement totale sur le territoire national, un contrôle sans limites sur les 1 267 000 km2 de superficie et une capacité de manoeuvres militaires appropriées. Un Etat ne peut pas exister dans un autre État. Prenez vos responsabilités de chef suprême des armées et assumez-vous en renvoyant toutes les forces militaires étrangères chez elles. Encore une fois, elles ne nous servent à rien, pratiquement.

Monsieur le “Président”

Soyez comme ces Français qui, sous la houlette du Général De Gaule, ont demandé, en 1966, aux forces armées américaines de partir de France où elles étaient stationnées depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Souvenez- vous surtout que lorsque Washington demanda la faveur de rester encore deux années supplémentaires, Paris a catégoriquement rejeté la requête des Etats- Unis d’Amérique. Pourquoi devons- nous, nous, maintenir la présence de forces militaires étrangères qui ne nous servent strictement à rien ? Pourquoi devonsnous persister dans cette voie suicidaire alors que l’expérience des autres est suffisamment édifiante pour tomber dans les mêmes travers ? Si vous êtes en mesure de croire en des terroristes au point de les élargir de prison au nom de la paix, vous devez croire en l’armée nigérienne, le premier garant de la paix au Niger.

Mallami Boucar

La crise russo-occidentale, vous le savez, est une affaire complexe et dangereuse puisque, désormais, la paix mondiale ne tient plus qu’à un fil. Vous le savez aussi, sans doute, cette guerre qui est en train de détruire l’Ukraine, est la conséquence de l’intolérance des occidentaux, toujours préoccupés de mentir et de tromper sur l’origine et les causes réelles des conflits armés dans le monde. La guerre en Ukraine n’échappe pas à cette volonté de domination occidentale à tout prix ; un Occident sans aucun repère moral que rien n’arrête. Un Occident qui fabrique, à tous les coups, des mensonges éhontés pour s’offrir des alibis politiques et instrumentaliser leurs opinions publiques. Tout est bon dans cette logique : ils ont menti à propos de L’Irak, ils ont menti à propos du Gautemala, ils ont menti au sujet de la Lybie, ils ont menti partout et ils continuent de mentir sur les réalités de la guerre en Ukraine. Seulement, la Russie n’est ni la Lybie, ni l’Irak.

Si je vous en parle, ce n’est pas pour vous faire l’histoire des guerres meurtrières menées par les Occidentaux sur la base de mensonges fabriqués à dessein, uniquement guidés par la volonté de régenter le monde aux fins d’en contrôler les ressources. Si je vous en parle, c’est parce que je vois de grandes similitudes entre ce qui se passe en Ukraine et ce que nous subissons au Sahel, pour ne pas dire le Niger, notre pays. Bien entendu, comparaison n’est pas raison mais c’est bien las, au moins pour les motivations qui fondent la présence militaire des armées étrangères sur notre sol. Vous le savez d’évidence, vous le savez par l’information, vous le savez par les faits et les actes, ni l’armée française, ni l’armée américaine ou italienne, n’est sur notre sol pour nous aider dans la lutte contre le terrorisme. Elles ont toutes des motivations qui ne concordent pas avec nos intérêts. La France, pour parler précisément de ce pays qui semble s’agiter beaucoup dans l’affaire ukrainienne, est au Mali actuellement contre la volonté de l’État malien qui lui a demandé de partir sans délai. Elle refuse de partir sans délai et le dit sans gêne, trouvant sans doute la demande des autorités maliennes trop osée.

Dans ce refus de la France de quitter le Mali sans délai, il y a nécessairement la volonté du plus fort qui s’exprime. Cette position, malheureusement pour le Niger, vous la soutenez, votre ministre des Affaires étrangères ayant clairement déclaré, à paris, que le retrait de l’armée française du Mali se fera avec raison, sans précipitation et suivant un agenda qu’il plaira à la France d’établir. Faites le parallèle et vous comprendrez pourquoi ceux qui vous ont précédé à la tête de l’Etat, je ne parle pas de l’autre, ont observé une stricte neutralité dans les grands conflits entretenus par l’Occident. Le Mali demande que la France quitte son territoire, mais la France refuse de se plier à la volonté des autorités maliennes. D’ailleurs, la France est là sans aucun mandat véritable, la demande d’assistance aérienne demandée par feu Ibrahim Boubacar Keita, en 2012, n’étant nullement synonyme de présence militaire terrestre. Non seulement, elle est intervenue au sol, mais elle a établi une frontière que les Forces armées maliennes n’ont pas le droit de dépasser, entretenant ainsi, en toute connaissance, une vaste zone dédiée aux bandits armés, terroristes et trafiquants de drogue.

L’autre, que vous avez remplacé, l’a clairement déclaré, une des rares fois où il a été pris de lucidité par rapport au danger que représente la politique française pour notre pays. Il l’a dit et vous le savez autant que lui, Kidal est le sanctuaire des terroristes au Sahel. Pourtant, vous avez continué à soutenir la France dans ce qu’elle fait et les Nigériens s’interrogent bien sur la motivation d’un tel soutien. Qu’est-ce que vous y gagnez puisque le Niger, lui, n’en récolte que larmes et sang ?

Monsieur le “Président”

Je vous parlais des similitudes relevées entre ce que fait actuellement la Russie en Ukraine et ce que fait la France, en particulier, sur nos sols. Encore une fois, je ne parle pas de la forme, je parle du fond. N’est-ce pas l’armée française qui, avec une facilité déconcertante, a tiré à balles réelles sur de jeunes manifestants qui bloquaient son convoi à Téra, tuant trois d’entre eux et blessé plusieurs autres ? Vous allez sans doute leur trouver des excuses. Je vous rappelle qu’en France, pendant plus d’un an de manifestations publiques des Gilets jaunes, bloquant jusqu’à la circulation publique dans certains cas, il n’y a pas eu un seul coup de feu.

Vous avez annoncé que vous exigez de la France une enquête en vue de déterminer les responsabilités et de châtier les auteurs. Où en êtes-vous avec cette affaire ? Ou bien vous l’avez aussi enterrée, tel que l’a voulu et fait la France qui vous a répondu par la voix la plus officielle que, non seulement tout est clair, mais que l’armée française a agi de façon adéquate en évitant un drame. Oui, pour la France, tuer trois Nigériens, ce n’est pas un drame. Moi, dès le départ, je savais que vous ne pourriez rien exiger de la France et que votre propos, c’était pour amuser la galerie. N’est-ce pas pour la forme que vous avez annoncé avoir exigé de la France une enquête ? En tout état de cause, vous ne pouvez et ne devez attendre de la France qui est au centre du drame, survenu en territoire nigérien, une enquête pour déterminer les circonstances et situer les responsabilités. Les circonstances, disent les experts, sont largement déterminées et les auteurs du drame, parfaitement connus.

Monsieur le “Président”

La France et la Russie mènent les mêmes combats et je serai même tenté, sans toutefois cautionner la guerre, que la France, qui a spolié les peuples africains de leurs ressources sur la base d’accords léonins, a fait pire que la France. Le néocolonialisme n’est-il pas un crime ? Vous avez condamné ce que fait la Russie en Ukraine, mais vous soutenez curieusement ce que la France dans votre propre pays. Je puis vous assurer que vos compatriotes sont en rupture totale avec vous par rapport à la présence des forces militaires étrangères, particulièrement le redéploiement de la force Barkhane dont l’installation au Niger fera de notre pays une zone d’occupation française avec des milliers de soldats. Votre intention de mettre la question en discussion à l’Assemblée nationale est un subterfuge et je crois que vous pourriez nous en épargner dès lors que vous avez pris la décision avant d’y penser. C’est la preuve que le parlement n’a pas un autre mot à dire que ce que vous voulez.

Mallami Boucar

 

Monsieur le Président Yvan Colona, le leader séparatiste corse, vient de mourir, victime d’une agression alors qu’il était en détention. Pourtant, personne ne vous a entendu dire qu’il pourrait avoir été assassiné pour son combat.

En toute honnêteté et sauf votre respect, je ne vous croyais pas capable d’une telle compassion devant la mort et/ou certaines conditions affligeantes pour l’homme. « … », avez-vous twitté, oubliant certainement ce que vous aviez déclaré dans une interview au lendemain de l’assassinat du Président Ibrahim Maïnassara Baré, le 9 avril 1999. « En avril 1999, alors que le Niger entier était encore sous le choc, vous ne vous étiez pas du tout gêné en affirmant que « Je ne crois pas vous révéler un secret en vous disant que la disparition de la quatrième République dont nous avons toujours récusé la légitimité ne nous cause aucun regret ». Et vous aviez ajouté que « Il n’y aurait donc aucun sens que lorsque des militaires viennent rendre possibles toutes les exigences, en vue d’un nouvel ordre démocratique pour notre pays, que nous le combattions ». A l’époque, nombre de Nigériens qui n’étaient pas forcément d’accord avec le général-président, avaient été choqués par la froideur de votre propos. Je ne parlerais pas d’indécence, mais je crois savoir que c’est tout de même trop fort d’avoir une réaction aussi délirante face à la mort. Il n’y a plus de combat après la mort. Tous les morts se valent.

Vous avez également oublié, et mon devoir est de vous le rappeler, les conditions d’injustice dans lesquelles vous avez maintenu des opposants politiques et des acteurs de la société civile en prison, dans certains cas, durant des années. Ne l’oubliez pas, personne ne connaît le terme de sa vie, pas plus, d’ailleurs, que celui des autres. L’honorable Bakary Saïdou, ancien président du groupe parlementaire du Moden Fa Lumana Africa, a été détenu pendant cinq ans sans jugement. Où étiez-vous pendant qu’il croupissait en prison ? Ne saviez-vous pas qu’il aurait pu mourir en prison ? Soumaïla Boubé Maïga dont la mort, dans une clinique de Bamako, vous a choqué, est, lui, accusé d’avoir détourné des milliards destinés à l’armement des Forces armées maliennes. De quoi sont accusés les opposants politiques et acteurs de la société civile que vous gardez à la prison de haute sécurité de Koutoukalé ? Le colonel Soumana Zanguina, un excellent officier des Forces armées nigériennes, n’est-il pas mort alors qu’il était en détention ? Combien de prisonniers d’opinion gardez-vous en prison, actuellement ?

Monsieur le “Président” Je crois que vous en faites, vraiment, trop en ce qui concerne le Mali. De toute l’Afrique, vous êtes les seules autorités à avoir avancé que le défunt Soumaïlou Boubé Maïga a été assassiné. Vos compatriotes, qui savent l’animosité particulière que vous nourrissez vis-à-vis des autorités de la Transition malienne, vous soupçonnent d’être dans une croisade contre elles et que vous agissez ainsi dans le sillage de l’Elysée. Sur quoi vous fondez- vous pour savoir qu’il a été assassiné ?

Vos compatriotes vous soupçonnent, je ne vous le cache pas, d’être instrumentalisés par les autorités françaises qui vous font porter des discours qu’elles seraient davantage à l’aise de défendre et de soutenir pour discréditer les autorités maliennes. Votre position dans cette affaire est si virulente que vous m’enlevez tout moyen de défense. Car, à supposer que vous n’êtes pas d’intelligence avec la France dans le dossier malien, il est si peu probable que vous faites ce que vous faites au nom de la démocratie, de la liberté et des droits humains. En tout cas, à l’extérieur, vous êtes mal vu et votre action vis-à-vis du Mali paraît une action par procuration de Paris. Vous devez vous amender. Savez-vous ce qu’une certaine Nathalie Yamb a écrit sur vous à la suite de vos propos sur la mort de Soumaïlou Boubé Maïga ? Ah, cette dame, j’ai bien envie de lui régler son compte pour vous avoir traité de serf au service de la France. Si elle était de nationalité nigérienne, je vous conseillerais vivement de la faire rapatrier, menottes aux poignets, pour la faire goûter aux affres de la prison de haute sécurité de Koutoukalé. L’Occident, à qui vous avez tout donné au Niger, ne vous refuserait pas une telle faveur.

Monsieur le “Président”

À peine vous avez tenu ces propos désobligeants vis-à-vis des autorités de la Transition malienne, Yvan Colona, le leader séparatiste corse, vient de mourir, victime d’une agression alors qu’il était en détention. Pourtant, personne ne vous a entendu dire qu’il pourrait avoir été assassiné pour son combat. Ce ne sont pas les raisons qui manquent et les autorités françaises pourraient bien l’avoir fait assassiner pour émousser le mouvement corse. Ce ne serait pas la première fois. En Nouvelle Calédonie, Jean- Marie Tjibaou, le leader indépendantiste kanak, a été sauvagement assassiné par la France le 4 mai 1989. Un autre cas, votre vieil ami burkinabè, feu Salif Diallo, a été retrouvé mort dans sa chambre d’hôtel parisien. Personne, malgré vos solides relations, ne vous a entendu soupçonner un assassinat, tant à l’encore des autorités de la France, pays dans lequel il a été retrouvé mort alors qu’il s’apprêtait à vous rejoindre à Niamey, que vis-à-vis des dirigeants de son pays, le Burkina Faso où il était soupçonné de vouloir organiser une révolution de palais pour prendre le pouvoir.

Monsieur le “Président”

Vous souvenez-vous que le colonel Soumana Zanguina a tiré sa révérence au Centre hospitalier de Lamordé, alors qu’il était en détention ? Avait-il été assassiné ? Les raisons de sa détention pourraient le laisser penser. Pourtant, personne ne vous a accusés de l’avoir assassiné. Le Niger, je me fais l’obligation de vous le rappeler, encore une fois, n’a pas les mêmes intérêts que la France. Vous devez, particulièrement sur les affaires africaines, faire preuve de retenue et de réalisme. Vous avez tant de chose à vous reprocher que vous feriez mieux de faire votre propre introspection. Je sais que vous êtes pleinement conscient de tout ce que vous commettez comme impairs mais que cela ne vous fait ni chaud ni froid. Je n’oublie pas, en tout état de cause, que vous avez déclaré que « plus comploteur que vous, on meurt » et que, de ce point de vue, il n’y a pas à croire que vous agissez dans l’ignorance. Vous savez ce que vous faites, ai-je dit à quelqu’un qui m’a interpellé à ce propos. Vous avez fait un choix de gouvernance, advienne que pourra. Demain, certainement, l’Histoire retiendra ce que vous avez été pour ce pays. Ce jour-là, le Niger et le Mali se retrouveront, peut-être avec la facilitation de cette même France pour qui vous êtes prêts à tout sacrifier. Souvenez-vous des mots du Général De Gaule : « La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts à défendre ». Et demandez autour de vous ceux qui connaissent quelque chose aux tactiques de jeu en football. Un joueur peut-être déterminant aujourd’hui dans le système de jeu adopté par l’entraineur et complètement inutile, demain, parce que le système dans lequel il a une place n’est plus de rigueur.

Mallami Boucar

 

 Selon des informations que j’ai pu glaner ici et là, vous êtes toujours quelque part, dans le monde, en dehors du Niger depuis votre départ de Niamey pour l’Assemblée générale des Nations-Unies à laquelle, j’en ai des échos, vous avez effectivement pris part. Votre agenda, je l’ai également relevé, n’a pas été de tout repos. Vous avez notamment eu une séance de travail avec le Secrétaire d’État américain, Antony Blinken, et vous avez pris part à la cérémonie d’ouverture du sommet de haut niveau sur la transformation de l’éducation. Je n’ai pas connaissance de votre retour au pays, mais j’imagine que vous ne ferez pas comme l’autre qui se baladait, sans souci, même lorsque le Niger était endeuillé par des attaques terroristes particulièrement meurtrières. Vous êtes si loin de Niamey, mais j’imagine que, où que vous soyez et quoi que vous fassiez, vous avez écho de ce qui se passe au pays. De toute façon, vous n’êtes pas le seul absent du territoire national et pratiquement pour les mêmes motifs. L’autre, aussi, je veux dire votre prédécesseur, était également à New York dans la même période, pour prendre part, avons-nous appris, à la deuxième réunion de la commission mondiale sur la réduction des risques climatiques liés au dépassement. Comme toujours, il se retrouve, comme par hasard, là où vous allez, donnant vaguement l’impression que vous vous êtes réparti les tâches et les responsabilités au sommet de l’État.

Les propos, fort évocateurs, de l’ancien gouverneur de Maradi, Zakari Oumarou, à Tahoua lors des vacances annuelles ou rentrée politique de votre prédécesseur, sont de nature à susciter des réflexions quant à la nature du pouvoir d’État que vous exercez. Il est indiscutable que c’est vous qui avez prêté serment, la main droite sur le Saint Coran. Cependant, des amis prétendent que lorsqu’ils ont entendu Zakari Oumarou menacer de la pire malédiction quiconque oserait trahir Dan Illéla, ils ont frissonné. S’agirait-il, se sontils interrogés, d’un autre deal dont les Nigériens n’ont pas encore connaissance ? Pour moi, et certainement pour de très nombreux compatriotes, c’est à vous que ce message énigmatique est destiné, pas à quelqu’un d’autre. J’ai bien envie de vous demander de quoi parle Zakari Oumarou, mais je sais que vous resterez muet comme une carpe. Autant, vous ne décoderez jamais ce message, autant ceux qui vous l’ont transmis ne le feraient pas. C’est une chance pour vous, une immense chance. Car, c’est un atout dont l’autre ne pourrait pas user, autant dire une force morte dont il ne tirera que remord, chagrin et affliction qui le rendraient malade.

Monsieur le “Président”

Si ce deal que de brillants esprits ont cru avoir décelé dans les propos de Zakari Oumarou existent, faites comme s’il n’existe pas. Il n’engagerait que celui qui a cru pouvoir vous prendre en otage avec ça afin de continuer à faire du Niger ce qu’il veut. Quoi qu’il en soit, soyez sûr d’une chose, les Nigériens vous préfèrent dix fois à l’autre, car entrevoyant avec vous la “lumière”. Ce n’est pas de la naïveté que d’y croire, c’est du réalisme, au regard des faits et des évènements. Le problème est que les 10 années de votre prédécesseur ont si traumatisé vos compatriotes qu’ils sont pressés – c’est justifié, de voir des changements majeurs intervenir dans la gouvernance du pays. Vous le savez, car ayant été au coeur de la machine infernale qui a broyé, détruit et ruiné le Niger sur tous les plans. Votre mérite, et c’en est un grand, c’est de reconnaître que la corruption a ruiné ce pays. Vous avez pris l’engagement de lutter contre le fléau, mais vous n’avez encore rien fait, impuissant que vous êtes face aux ténors du réseau. Je ne vous épargne de rien, je ne dédouane pas parce que vous avez tenu un discours. Un discours, lorsqu’il n’est pas suivi d’actes qui corroborent son contenu, n’a aucune espèce d’importance. En un mot, je ne vous acquitte pas, n’étant pas juge. Toutefois, je suis un citoyen et en tant que tel, mes connaissances, quoique limitées, me permettent de savoir que, généralement et partout ailleurs, les hommes qui font amende honorable, demandent rémission de leurs “péchés” de gouvernants et qui composent pour mettre un terme à un fléau comme la corruption et les délits assimilés, sont accueillis en héros.

Votre arme fatale, c’est justement la lutte contre la corruption. Elle est à la fois légitime et légale et les résultats qu’elle génère sont de nature à vous conférer l’image et la juste perception qui transparaissent dans votre discours d’investiture. Je veux dire que je prends le risque, face à l’Histoire, de croire que ce que vous avez déclaré dans votre discours d’investiture est ce que vous voulez réellement faire. Donnez-vous les moyens de le faire et vous serez, non seulement quitte avec votre conscience, mais vous serez aussi le président que vous entendez être.

Monsieur le “Président”

Vous savez, ils sont nombreux dans l’Histoire, les chefs d’État, rois ou empereurs dans le monde, à avoir été contestés, soit pour une question de légitimité, soit pour la légalité du mode par lequel ils ont accédé au pouvoir, mais qui ont fini par gagner la sympathie et le soutien de leurs concitoyens. Soyez des rangs de ces admirables personnages à qui leurs concitoyens reconnaissent, pour l’éternité, d’avoir travaillé pour l’intérêt général, pour leurs peuples. Je préfère, moi, continuer à espérer de vous voir prendre résolument la voie que souhaite le peuple nigérien que d’être un spectateur engagé face à ce que l’autre se pérapre. Desmond Tutu, une personnalité- clé de la lutte contre l’apartheid, en Afrique du Sud, a tranché le débat : « Si tu es neutre en situation d’oppression, alors tu as choisi d’être du côté de l’oppresseur ». J’ai choisi de parier gros, mais de façon tout à fait lucide et réaliste. Pour tout dire, je préfère rêver de liberté, de justice et de gouvernance politique apaisée que d’imaginer, un seul instant, ce que l’ancien gouverneur de Maradi, Zakari Oumarou, a laissé profiler à l’horizon. Pour moi comme pour des millions de compatriotes, l’autre, c’est un cauchemar à oublier, pas à ressusciter. La relance du Conseil national de dialogue politique (Cndp), la tenue, pour la première fois, d’une manifestation publique au Niger depuis si longtemps, la création, quoi qu’informelle, du mouvement Mousac-Hamzari, sont autant d’actes encourageants qui me font croire que mon pari, je vais le gagner. Le Niger est un trésor pour nous tous et nous devons le préserver pour toujours. Permettezmoi de vous dire, quelles que soient par ailleurs les raisons et les motivations de cette détente politico-sociale, que vous tenez désormais le bon bout. Le Niger, j’en suis convaincu, sortira gagnant de des épreuves présentes.

Monsieur le “Président”

Je vais vous quitter sur ces lignes, non sans vous dire que le mouvement Mousac-Hamzari fait beaucoup jaser. C’est LE sujet de causerie, un peut partout. À votre retour, au pays, je ne sais pas quand, vous allez trouver un peuple qui a commencé sa catharsis avec la marche, suivie de meeting du dimanche 18 septembre 2022. La liberté est fondamentale pour un peuple. En laissant vos compatriotes jouir des libertés publiques consacrées par la Constitution, vous faites d’une pierre, deux coups. Outre que vous creusez davantage l’écart avec l’autre, vous dégoupillez en même temps la bombe qu’il ne faut pas laisser exploser. Bref, vous êtes, sûrement mais lentement, en train d’”enterrer” l’autre et je vous y encourage en prenant des mesures hardies, comme cela s’est fait en Mauritanie et je ne sais où, encore. Bon séjour, monsieur le “Président”.

Mallami Boucar

Vous comprenez sans doute que votre conseiller soit affligé par ce débat d’état-civil qui vous a tant empoisonné la vie, bien avant que vous soyez là où vous êtes, aujourd’hui. Je ne suis pas le concerné, mais en faisant preuve d’un minimum d’empathie, chaque Nigérien peut se faire une idée de votre souffrance. C’est comme l’histoire d’un joueur de football professionnel qui est accusé de jouer pour le compte d’une équipe dont il n’a pas la licence homologuée par la fédération. Je ne sais pas, mon exemple peut être mal choisi. Cependant, je suis affligé de constater que le débat, nigéro-nigérien, a été porté sur la place mondiale par la voix du Premier ministre par intérim malien, Abdoulaye Maïga, un militaire de métier. C’est un coup dur pour un président, j’en conviens. Les contestations de l’authenticité de votre état-civil sont si lointaines que les Nigériens eux-mêmes ont cru la page définitivement tournée. Et voilà que l’affaire refait surface, à la tribune des Nations unies, portée par les autorités militaires maliennes. L’émotion suscitée par le discours du général Abdoulaye Maïga est grande et je comprends que de chauds partisans s’y laissent emporter, avec la folle envie d’en découdre avec nos frères et soeurs du Mali.

Vous êtes mieux placé que quiconque pour savoir qu’il n’y a pas de place à l’excès dans cette affaire. Nous sommes les plus grands perdants si nous décidons d’en faire un bras de fer. Les autorités maliennes, je le présume, ont bien plus que ce qu’elles ont dit à la tribune des Nations Unies. Je vous conseille volontiers de faire le mort et d’instruire autour de vous pour qu’il en soit ainsi. Je ne crois pas d’ailleurs en la sincérité de certaines voix si tonitruantes qu’elles donnent l’impression de chercher à attiser le feu, à l’entretenir pour des desseins inavoués. L’Egypte a bien été gouvernée par Mehemet Ali, un Turc et/ou un Albanais et il a bien plus mérité que beaucoup d’Egyptiens de souche puisqu’il est considéré comme le père de l’Egypte moderne. Ne vous laissez pas induire en erreur par ceux qui, derrière ce que Hassoumi Massoudou appelle « un patriotisme frelaté », veulent engager le Niger sur un sentier dangereux. J’ai entendu que vous avez déjà fait prendre une mesure douanière visant la suspension de la délivrance desautorisations de transit de produits pétroliers sur le Mali, non destinés à la Minusma accordées aux usagers ». La mesure va plus loin puisqu’elle précise que « l’utilisation des autorisations déjà délivrées pour accomplir les formalités de transit de produits pétroliers non destinés à la Minusma est suspendue ».

Monsieur le “Président” Si la mesure est authentiquement de la direction générale des douanes, je dois me faire le devoir de vous faire observer que vous allez plutôt loin. C’est une escalade dangereuse et vous commettrez sans doute une erreur monumentale que d’engager le Niger dans cette voie. Notre pays n’a pas besoin de ça, il a besoin de se concentrer sur ses propres problèmes et ce n’est pas moi qui les expliquerai. Lorsque vous avez prêté serment, vous en avez amplement parlé et je n’en rajouterai pas, ici. Soyez lucide, ne laissez ni la colère ni les grenouillages des laudateurs vous dicter une conduite dans cette affaire. Ce n’est pas une excuse à l’endroit des autorités maliennes, mais il faut admettre qu’elles ont répliqué à tant d’attaques venant de nous. Nous les avons si bousculées, insultées, traînées dans la boue que nous n’avons pas de raison d’être surpris, voire choqués, qu’elles réagissent comme elles l’ont fait. Vous vous souvenez que votre ministre des Affaires étrangères a qualifié le sentiment qu’elles ont de plus cher, le patriotisme, de « frelaté » ? Vousmême, vous n’avez jamais été tendre avec les autorités maliennes qui vous ont régulièrement écouté tenir des discours dits de vérité et de sincérité mais qui ne sont pas moins outrageants à leur encontre. Ces autorités maliennes ont beau être des militaires qui ont perpétré un putsch pour arriver au pouvoir, il reste que nous n’avons le droit de pousser si loin le bouchon. Je comprends bien que le coup d’État a été perpétré contre un ami du club, Ibrahim Boubacar Keïta. Mais, de là à s’engager dans un combat que je trouve insensé, il y a sans doute un pas que nous ne devons pas franchir. Combien de coups d’État y a-til eu chez nous ? Certains, pour ne pas dire celui De Djibo Salou, en 2010 et celui qui a été consécutif à l’assassinat du président Ibrahim Maïnassara Baré, en 1999, vous a même profité. A propos de celui d’avril 1999, je me souviens d’ailleurs de vos propos crus, recueillis par un journal de la place à qui vous avez confié qu’il n’y a aucune raison à regretter ce qui s’est passé du moment où cela permet la restauration de la démocratie pour laquelle vous vous battiez. Ah, l’Histoire ! Pourquoi sommes-nous les plus extrémistes dans cette affaire du Mali ? Le combat de qui faisons-nous pour nous mettre en mal avec ce pays frère et ami avec lequel le Niger partage bien plus que des frontières ? J’ai été particulièrement affligé d’apprendre que vous faisiez partie des chefs d’État de la Cedeao qui étaient contre la levée des sanctions contre le Mali. C’est si incompréhensible pour moi. Avons-nous un différend avec le Mali pour nous conduire comme de pires ennemis ?

Monsieur le “Président” J’ai appris, et j’espère que c’est faux, que vous avez, à nouveau, rappelé l’ambassadeur de notre pays au pays. Pourquoi, donc, gardons-nous tout un contingent armé au Mali. Pour qui sommes-nous là-bas. En 2013, je me souviens, c’était bien pour le Mali, ses intérêts et son intégrité territoriale que vous avez mis en avant pour envoyer un contingent militaire nigérien dans ce pays frère et ami.

Je vous le disais à l’entame de cette lettre, n’écoutez pas la voix des “vat- en-guerre” , vous êtes l’unique perdant de ce débat malsain. Il n’y a pas un autre, croyez-moi. Ce débat ne pouvait d’ailleurs mal tomber pour vous. Dans un contexte politique interne où l’on vous dit à couteaux tirés avec l’autre, décidé à reprendre la totalité du contrôle des manettes du pouvoir, et vous savez mieux que moi, pourquoi et pour qui, vous devez réduire au maximum les fronts. Cela vous permettra de vous concentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire le Niger, qui attend de vous et de votre gouvernement un sursaut supplémentaire afin d’apporter aux réels problèmes, des solutions appropriées. Le Mali ne fait pas partie de ces problèmes, n’en faites pas un. Plutôt vous laissez passer le vent de ce discours et des propos qui vous ont écorché, mieux vous allez le surmonter. C’est un conseil sincère.

Monsieur le “Président” La France, je suppose, est plus qu’heureuse de vous voir vous braquer totalement contre le Mali au point de prendre, de façon tout à fait isolée, des sanctions visant à étouffer ce pays frère. Cela ne sert pas les intérêts du Niger. De mon point de vue, c’est une décision insensée puisqu’il s’agit d’un couteau à double tranchant. Je dois vous apprendre que suite à la note de service de la direction générale des douanes, les ressortissants maliens d’Ansongo, au Mali, ont décidé de saisir tous les véhicules contenant du carburant en provenance du Niger et destinés à la Minusma afin de le distribuer gratuitement à la population civile d’Ansongo et de la région de Gao. Pire, les organisations de la société civile d’Ansongo disent attendre des autorités maliennes une réplique appropriée en décidant de « bloquer les produits vivriers algériens qui transitent par la région de Gao pour le Niger, dans les plus brefs délais ». Y avez-vous pensé ? Si, comme beaucoup de nos compatriotes le disent, vous faites tout ce que vous faites à l’encontre du Mali pour servir la France, c’est vraiment dommage, car j’en ai personnellement honte, en tant que citoyen nigérien. J’ai honte surtout de constater que des autorités nigériennes, en l’an 2000, ont concédé à la France ce que Diori Hamani n’a pas accepté en 1967, déjà, avec la guerre du Biafra. En accueillant les forces militaires françaises sur notre sol alors qu’elles ont été chassées du Mali, vous avez commis une grave erreur que l’Histoire, pas celle frelatée avec laquelle l’on s’accorde de beaux rôles, mais celle qui va être écrite par les historiens, va se charger d’établir. C’est l’Histoire du Sahel ensanglanté et endeuillé par des forces armées obscures dont nos compatriotes, comme les citoyens maliens et burkinabè, ont une idée claire. C’est l’Histoire de l’Afrique tout simplement qui se bat pour sa liberté et son intégrité, en un mot pour cesser d’être ce que l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Abdoulaye Wade, Cheikh Tidiane Gadio, a appelé le continent « des riches les plus pauvres du monde et les pauvres les plus riches du monde ». C’est à vous de choisir dans quel camp vous allez être. Une chose est certaine, les peuples nigérien et malien partagent la même vision, épouse le même combat et nourrit les mêmes espoirs, ceux d’États souverains qui décident souverainement de leur destin.

Mallami Boucar

Sauf votre respect, je crois n’avoir aucun besoin de vous dire que vous avez commis des bourdes monumentales puisque, ailleurs, là où il sied de vous le faire savoir, une voix autorisée par le pouvoir inédit qu’il incarne dans votre système vous l’a dit vertement. Selon ce que mes oreilles de maure ont pu capter, votre interlocuteur était en boule contre vous et vous aussi, vous n’avez guère apprécié ses “remontrances”. Il vous reprochait notamment d’avoir trop parlé au point d’avoir révélé des choses que vous devriez garder secrètes. Personnellement, je ne lui donne pas tort, même si, par ailleurs, je ne pouvais pas savoir ce qu’il y avait derrière le peu que vous avez mis sur la place publique. Assurément, lui, il le savait et c’était à juste titre s’il vous faisait le reproche d’avoir trop claqué la langue.

Ce n’était pas, vous le savez de toute évidence, la violation du principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs qu’il vous reprochait, mais l’étalage de certaines relations que Mahmoud Salah, que vous connaissez si bien, a qualifiées d’incestueuses. Sur toute la ligne, votre interlocuteur avait raison, même si la fierté de président de la République qui vous animait avait pris le dessus. Les réactions successives des ministres de votre gouvernement le prouvent amplement. D’abord, celle du ministre de l’Agriculture, porteparole de votre gouvernement, qui avait tenté d’expliquer que ce n’était pas vous qui avait décidé de la libération des terroristes, mais bien le juge. Un exercice périlleux pour Abdoulkadri Tidjani et certainement inutile puisque ce que vous aviez dit lors de la conférence des cadres du 25 février 2022 était clair et vérifiable. Ensuite, celle du sieur Salissou Mahamadou Habi, un conseiller spécial auprès de vous, dit-il, qui s’est embrouillé dans un argumentaire dont il doit être, lui-même, en train de rire. Tous deux, j’imagine, comme d’autres qui sont dans les starting-blocks, ont essayé de vous tirer d’affaire, de corriger la bourde constatée. Seulement, la goutte d’eau qui tombe au sol est irrécupérable.

Monsieur le “Président”

Ce qui est dit est dit, n’en rajoutez pas en permettant à des pseudo-conseillers de prétendre récupérer la goutte d’eau tombée au sol. Vous avez tenu des propos extrêmement graves pour un président de la République. Contrairement à ceux qui ont quelque intérêt à vous trouver des excuses, voire, des mérites dans cet exercice qui s’est révélé contre-productif, je puis vous dire que libérer des terroristes qui ont massacré des Nigériens, civils et militaires, pillé, incendié et emporté du bétail, ou même les faire libérer par le juge, est un acte qui viole la constitution que vous avez juré, la main sur le Saint Coran, comme vous l’avez rappelé, de respecter et de faire respecter. Que vous ayez décidé de les libérer parce que vous pensez avoir les pouvoirs de le faire ou que vous ayez intercédé dans ce sens, le résultat est le même. Pire, il s’agit de terroristes, pas de rebelles. La nuance est de rigueur. Ce sont, donc, des individus qui sèment la mort et la désolation et la plupart, pour vous prendre au mot, ne sont même pas Nigériens, ils viennent d’ailleurs pour s’attaquer à notre pays, le déstabiliser, troubler la quiétude sociale, massacrer ses populations, incendier leurs greniers, emporter leurs troupeaux, etc. Vous avez dit les avoir libérés et reçus immédiatement à la présidence de la République, après leur avoir parlé le langage qu’ils comprennent. De quel langage s’agit-il ? Qui vous a initié à ce langage que comprennent les terroristes pour que vous ayez pu vous faire comprendre au point d’obtenir une accalmie dans la zone nord de Tillabéry ? En parlant d’ailleurs d’accalmie, je dois vous faire observer que pas plus tard le 20 février 2022, quelques 18 compatriotes ayant quitté Taroum à destination de Tizegorou, ont été massacrés et le camion qui les transportait, incendié.

Monsieur le “Président”

J’ai tant de questions à vous poser. Ces questions, bien évidemment, n’émanent pas de moi, mais de compatriotes qui ont pensé que mon rôle de conseiller peut leur permettre de faire parvenir leurs interrogations jusqu’à vous. Alors, je m’incline humblement devant cette mission, avec la fierté de rendre service à mon pays en servant de courroie de transmission entre le peuple et le chef de l’Etat que vous êtes. Entre autres questions, vos compatriotes se demandent par qui et pour quel intérêt vous êtes entré en contact avec les chefs terroristes que vous évoquez ? Le plus grave n’est pas d’avoir libéré ou fait libérer des terroristes, soit-il au nom de la paix. Quelle paix pouvez-vous construire avec des terroristes ? Un terroriste, c’est un homme sans foi, ni loi. Qui sont ces émissaires que vous dites avoir dans toute la zone et dont l’intermédiation ne met guère le Niger à l’abri d’attaques terroristes ? Ah, ces questions, je le sais, n’auront pas de réponses, tant vous avez eu le temps de vous entendre parler et d’évaluer la gravité des propos tenus.

Monsieur le “Président”

Permettez-moi, néanmoins, de vous demander comment vous définirez un président d’une République démocratique qui ne se gêne pas de libérer ou de faire libérer des terroristes mais qui garde en prison des hommes politiques et des acteurs de la société civile ? Moi, je suis dépassé, mais je mets vos propos sur le compte de la langue qui a devancé l’esprit, sans intention quelconque de lâcher ce qui est sorti. Ce sont des aveux graves et je crois que, après de tels propos, personne ne soutiendra qu’il n’y a pas de prisonniers politiques au Niger. Ces prisonniers politiques, généralement incarcérés pour des opinions politiques ou des déclarations jugées attentatoires à la sécurité de l’Etat, ont manifestement, dans votre logique, moins de mérite que les terroristes. Les considérez-vous comme pires que les terroristes pour les maintenir en prison alors que vous avez oeuvré à élargir ces derniers ? C’est un traitement de faveur que vous avez accordé à des terroristes et pour le moment, vos compatriotes doutent profondément de la motivation que vous avez avancée. Le militantisme pour la paix autorise-t-il ce que vous avez fait ? Sous quelles conditions vous avez libéré ou fait libérer ces terroristes ? Le Niger, malheureusement, continue de compter ses morts et je me demande bien, en fin de compte, si vos émissaires, si nombreux dans la zone, ditesvous, servent à quelque chose pour notre peuple. En attendant que vous les chargiez de rappeler aux terroristes libérés leurs engagements, moi, je vais prier pour le Niger et son peuple.

Mallami Boucar

J’ai eu tort de penser que vous avez à coeur de faire mentir les pronostics, tant défavorables pour vous, et que les générations montantes et futures apprendraient, de votre expérience, que l’attachement à un pays ne se mesure pas uniquement à l’aune d’actes d’état-civil.

J’ai vraisemblablement eu tort d’avoir misé sur vous, vos desseins et vos capacités à rebondir, un jour, comme un président de la République jouissant et appliquant, selon son libre arbitre, les pleins pouvoirs qui lui sont conférés.

J’ai eu tort d’avoir cru que vous voulez instaurer une nouvelle gouvernance selon des paradigmes totalement contraires à ceux que l’autre a fait prévaloir afin d’inverser la tendance des pratiques suicidaires et criminelles qui, depuis une décennie entière, ont été érigées en mode de gouvernance.

J’ai certainement eu tort d’avoir pensé que vous avez réellement la volonté de vous attaquer à la corruption, comme vous l’avez si bien expliqué et soutenu lors de votre discours d’investiture, le 2 avril 2021 et que vous allez effectivement débarrasser le Niger de cette pègre qui s’est si bien illustrée dans l’affaire du ministère de la Défense nationale, entre autres.

J’ai eu tort d’avoir imaginé que vous seriez capable de vous émanciper de l’autre, avec tout ce que cela suppose comme espoir pour un tout peuple, dépouillé de ses richesses, de ses ressources, mais également de ses libertés et de sa souveraineté.

J’ai eu tort de croire en votre volonté de donner une chance à ce pays, tant meurtri par des pratiques malsaines dont vous appréhendez mieux que quiconque les conséquences sur le présent et l’avenir de ce pays.

J’ai enfin eu tort de penser que vous avez à coeur de faire mentir les pronostics, tant défavorables pour vous, et que les générations montantes et futures apprendraient, de votre expérience, que l’attachement à un pays ne se mesure pas uniquement à l’aune d’actes d’état-civil.

Monsieur le “Président”

J’ai eu tort sur toute la ligne. Je voulais tant servir, aveuglé par mon désir immense d’apporter, comme on dit, ma petite pierre à l’édifice. J’ai tant mal de savoir que mon pays, en général, n’est évoqué que pour rappeler que nous sommes derniers ; les derniers dans le classement de l’IDH (Indice de développement humain) du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), précisément dans des domaine où vous (vous, du Pnds Tarayya) vous étiez proclamés champions sans égal et au cours d’une décennie où les ressources, financières notamment, ont été immenses.

J’ai écouté votre ministre des Affaires étrangères qualifier le patriotisme des autorités militaires de la Transition malienne de frelaté, j’ai bien eu envie de pleurer de dépit pour mon pays, englué dans les turpitudes d’une gouvernance au service d’intérêts qui sont loin d’être les nôtres. Ah, que c’est si vrai, l’adage de chez nous qui dit que l’on ne sent jamais l’odeur nauséabonde de ses aisselles. Entendre Hassoumi Massoudou parler de patriotisme frelaté à propos d’hommes qui se battent pour arracher l’intégrité et la souveraineté de leur pays provoque pratiquement un infarctus pour ceux qui savent comment le Niger est gouverné depuis une décennie.

Monsieur le “Président”

Vous conviendrez sans doute avec moi que le patriotisme frelaté, c’est plus chez ceux qui composent avec l’étranger pour gruger leurs peuples que chez ceux qui sont résolus à défendre la souveraineté de leur pays. Oubliez tout esprit partisan et méditez profondément ce propos que j’emprunte volontiers à un certain Bonkano, plein de discernement. Voici ce qu’il a dit :

Le patriotisme frelaté ? Nous, on connaît, au Niger. Laissez les Maliens tranquilles. Eux, au moins, ils osent, se battent, pour restaurer l’intégrité de leur territoire et la souveraineté nationale. C’est toujours comme ça, ce sont ceux qui sont les plus “sales” qui sont promptes à pointer les autres du doigt. Faisons un peu la leçon à Hassoumi Massoudou et à ses camarades.

Le patriotisme frelaté, c’est d’avoir créé un compte bancaire à BNP Paribas au nom de la Sopamin et d’avoir fait virer, à partir dudit compte, 200 milliards de francs CFA dans un compte logé à Dubaï, au profit d’une société appartenant, entre autres, à un escroc international. Le patriotisme frelaté, c’est d’avoir acheté pour le compte du président de la République du Niger (par vos soins) un avion d’occasion qui a près de 16 ans de vols commerciaux — Imaginez le nombre de vols — à un prix plus élevé que celui du neuf, à crédit en sus alors que, outre les multiples inscriptions budgétaires, vous avez également pris d’Areva (un cadeau) …d’euros pour le même motif.

Le patriotisme frelaté, c’est d’avoir accepté ce cadeau, pas d’un Etat, mais d’une société privée afin de doter la présidence nigérienne d’un nouvel avion alors qu’il s’agit là d’une charge de souveraineté nationale et que le geste d’Areva, actuelle Orano, peut être parfaitement assimilé à de la corruption.

Le patriotisme frelaté, c’est d’avoir ces comportements belliqueux visà- vis du Mali, pays frère et voisin du Niger avec lequel nous partageons bien plus qu’une frontière, au nom de normes et de valeurs que vous ne portez pas et dont vous êtes très éloignés.

Le patriotisme frelaté, c’est cette attitude singulière que vous avez visà- vis du Mali et de ses autorités, une attitude de fermeté, voire d’agressivité et de violences verbales dignes d’une haine viscérale que rien d’autre ne justifie en dehors de la volonté de servir la France et ses intérêts.

Le patriotisme frelaté, c’est que vous partiez à Paris, pour vous en donner à coeur-joie pour mitrailler Assimi Goïta et tous les patriotes maliens sur fond de contrevérités et de désinformation médiatique sur la réalité qui prévaut au Mali. Une réalité qui ne souffre d’une confusion possible et qui établit clairement l’emphase, la parfaite convergence de vues entre les militaires au pouvoir et les populations maliennes.

Le patriotisme frelaté, c’est d’avoir détruit en une décennie ce qui a été construit depuis Diiori, consolidé par Kountché et âprement défendu par les autres. À croire que vous avez marchandé la cession d’une partie de la souveraineté nationale à la France, quitte à celle-ci de l’opérationnaliser selon ses moyens, ses stratégies et son mode opératoire.

Le patriotisme frelaté, c’est d’avoir détourné, en contexte de guerre, des milliards destinés à équiper les forces armées nationales (Fan), occasionnant des centaines de morts civiles et militaires, sans compter les centaines d’écoles fermées, les milliers de citoyens nigériens qui ont déserté leurs terroirs naturels sous les massacres et exactions de terroristes sur lesquels, d’ailleurs, il y a plein d’interrogations.

Monsieur le “Président”

Notre pays, le Niger, est à la croisée des chemins et vous devez rapidement prendre une résolution. Vous devez vous déterminer face à des choix qui s’excluent. Je puis toutefois vous dire que c’est plutôt facile, à condition que le Niger soit votre unique préoccupation. Il s’agit de choisir entre deux Niger : le premier, que vous connaissez bien puisqu’il a cours depuis près de 11 ans et que vous en avez un vécu personnel et le second, que vos compatriotes appellent de tous leurs voeux et que vous avez promis dans votre discours d’investiture du 2 avril 2021. En un mot comme en mille, vous avez à choisir entre un Niger miné par les détournements massifs des deniers publics, la corruption, les trafics de drogue et d’armes, la rupture d’égalité des Nigériens devant la justice, les emprisonnements sur des bases politiques et/ou d’opinion, l’impunité, les compromissions graves contraires aux intérêts du Niger et de son peuple…, ou un Niger où prévaudront la justice, l’égalité des Nigériens devant la loi, une lutte implacable contre la corruption, le trafic d’armes et de drogue, les libertés publiques ainsi que l’intégrité du territoire et la souveraineté nationale. Le choix, comme je le soulignais tantôt, n’est pas si difficile si vous avez réellement la conviction qu’il faut se battre pour un autre Niger que celui que l’autre vous a légué. Que vous n’y soyez pas étranger ne peut constituer un frein si vous êtes animé par la volonté de servir le peuple nigérien, conformément à votre serment. Le Niger qu’il faut bannir est un Niger que vous connaissez si bien. Or, pour être en mesure d’abattre un monstre, il faut le connaître dans ses forces et ses faiblesses. Vous connaissez le monstre qu’il faut abattre et je ne vous apprendrais pas comment vous devez vous y prendre pour y arriver. Cependant, je voudrais tout de même vous rappeler cette belle interview que vous avez accordée à Sahel Dimanche et dans laquelle, ministre de l’Intérieur à l’époque, vous avez expliqué, de fond en comble, les routes du trafic de drogue, le mode opératoire des trafiquants de drogue qui, aviez-vous rappelé, financent le terrorisme au Sahel.

Je ne donnerai pas tant de détails sur ce Niger que vous connaissez mieux que moi. Vous avez, donc, l’arme fatale pour tuer le monstre. C’est à vous d’en décider. La responsabilité ne se partage pas et vous le savez. Depuis le 2 avril 2021, vous êtes président de la République du Niger.

Mallami Boucar

Lettre au président de la République (BM) : Monsieur le Président, je dois m’incliner devant les faits, têtus, qui vous accablent et reconnaître que vous ne serez sans doute jamais le héros attendu de la lutte contre la corruption.

Le dimanche 9 janvier 2022, à Accra, vous avez, de concert avec d’autres chefs d’État, décidé d’étouffer le Mali. Venant de chefs d’État africains, souvent frontaliers du Mali et partageant les mêmes réalités et les mêmes défis, sécuritaires et économiques, je ne comprends pas les visées des décisions que vous avez prises. Pour le compte de qui et pourquoi avez-vous pris cette panoplie de mesures à l’encontre du peuple malien ?

Est-ce pour la démocratie que vous le faites ? J’en doute fort puisque vous savez mieux que moi comment les élections, levier de la démocratie par l’alternance au pouvoir qu’elles permettent, sont loin, très loin, d’être exemplaires. Votre cas, tout comme celui d’un Alassance Dramane Ouattara, n’est pas si exemplaire pour exiger des autorités maliennes ce que vous n’avez su justifier.

Est-ce pour le respect des valeurs de la République ? Laquelle ? Pas celle, en tout cas, qui distingue et traite les citoyens selon la règle de l’appartenance politique et qui fait barrage à la justice comme cela se passe, chez nous, depuis plus d’une décennie.

Au nom de quel principe et de quelles valeurs avez-vous décidé d’étouffer le Mali ? J’ai, en vain, cherché à comprendre vos motivations. Je me suis finalement résolu à écouter et à prendre en compte l’avis d’un ami qui m’a demandé de ne pas chercher midi à 14 heures. Il m’a expliqué que vous n’avez fait que porter la voix et la position de la France à l’encontre du Mali. Pour lui, les chefs d’État réunis à Accra n’ont été que des porteurs de voix de la France qui agissent par procuration pour la France. Vos propos du 9 septembre 2021, rappelés à l’occasion, le prouvent amplement. Voici ce que vous avez déclaré : «...Les mesures de fermeture des frontières et tout le reste…, ça n’existe pas dans le traité de la Cedeao. Voilà pourquoi nous, Niger, nous n’avons pas préconisé cela…Et nous avons pris les mesures de sanctions prévues par la Cedeao. Nous ne sommes pas allés au-delà… ».

Si l’on y sent le chaud et le froid, on relève également une gêne immense. Vos propos, mi-figue, mi-raisin, indiquent clairement que l’on vous a imposé ces mesures innommables. C’est comme si l’on vous a demandé de vous poignarder ou plutôt de poignarder vos pays et vos peuples.

Monsieur le Président,

Derrière ces propos, j’ai décelé un drame intérieur qui vous ronge. Vous n’avez ni les moyens de vos desseins politiques, ni le courage de vos opinions et de vos positions. Cela s’est déjà vérifié sur la question de la lutte contre la corruption ou encore sur d’autres questions politiques majeures dont j’ai eu connaissance. Aujourd’hui, et à la lumière de ce sommet des chefs d’État de l’Uemoa et de la Cedeao, deux institutions sous régionales que de très nombreux africains considèrent comme des instruments de la France,

Monsieur le Président,

Je me suis imposé un pari que je viens de perdre et j’ai tenu, par honnêteté intellectuelle, à vous le dire tout de suite. MiMisant sur vos discours enchanteurs sur la lutte contre la corruption, J’ai pensé que je pourrais, malgré tout ce qui a entouré votre arrivée au pouvoir, utiliser à votre égard le mot président sans être obligé de lui faire porter ces malheureuses accolades dont j’ai affublé l’autre pendant des années et qui s’apparent, du point de vue de l’esprit, à des chaînes ou à des menottes. Je constate amèrement que le dicton selon lequel on ne fait pas du neuf avec du vieux est une vérité absolue. Il faut dire telles qu’elles se présentent et arrêter de spéculer sur un défi que vous ne pouvez pas manifestement relever. La lutte contre la corruption est, à l’épreuve des faits, trop large pour vos épaules que je m’interdirai volontiers de qualifier de frêles. Seulement, je dois m’incliner devant les faits, têtus, qui vous accablent et reconnaître que vous ne serez sans doute jamais le héros attendu de la lutte contre la corruption.

Le décret modifiant le régime applicable aux anciens présidents de la République, que vous avez si facilement signé le 7 octobre 2021, est la preuve que vous rêvez d’une mission qui est nettement audessus de vos moyens et de vos capacités d’action. Ce décret, vous le savez mieux que moi, est une loi taillée sur mesure pour l’autre et sans vous offenser le moins du monde, ce texte a donné de vous une image dégradante. C’est comme si vous vous êtes enlevé quelque chose de votre intégrité de président de la République, chef de l’État. Vous vous êtes, comme on dit dans le jargon médical, mutilé au point où personne ne vous reconnaît sous les traits du 2 avril 2021.

Monsieur le Président,

Croyez-moi, ce n’est pas de gaieté de coeur que j’ai décidé de vous accrocher désormais ces malheureuses accolades. Mais vous ne me donnez pas le choix. Vous avez si vite échoué sur des questions extrêmement sensibles pour vos compatriotes. Non seulement vous n’avez pas pu épingler à votre tableau de chasse la moindre affaire de corruption, mais le scandale-phare de votre régime, les détournements, sur plusieurs années, des fonds destinés à armer les Forces armées nigériennes a été étouffé. Le fait est d’ailleurs moins grave que la main qui l’a porté. Pour paraphraser l’autre, vous avez poignardé l’État dans le dos et on ne peut perpétrer un tel acte sans être, sinon complice, du moins indulgent, visà- vis de ceux qui sont mis en cause dans le scandale du ministère de la Défense nationale. Vous avez pourtant clamé, haut et fort, que les auteurs et complices répondront de leurs actes devant la justice. Vous l’avez fait à Niamey, vous l’avez fait en dehors du Niger, notamment sur les antennes de la BBC.

Je voudrais, à la lumière de ce que vous venez de cautionner à propos du scandale du ministère de la Défense, et ces avantages taillés sur mesure pour votre prédécesseur, vous demander humblement de vous interdire de parler de lutte contre la corruption. Ce n’est plus la peine. Personne ne vous croit plus.

Mallami Boukar

 

Monsieur le Président, Je me suis imposé un pari que je viens de perdre et j’ai tenu, par honnêteté intellectuelle, à vous le dire tout de suite. Misant sur vos discours enchanteurs sur la lutte contre la corruption, J’ai pensé que je pourrais, malgré tout ce qui a entouré votre arrivée au pouvoir, utiliser à votre égard le mot président sans être obligé de lui faire porter ces malheureuses accolades dont j’ai affublé l’autre pendant des années et qui s’apparent, du point de vue de l’esprit, à des chaînes ou à des menottes. Je constate amèrement que le dicton selon lequel on ne fait pas du neuf avec du vieux est une vérité absolue. Il faut dire telles qu’elles se présentent et arrêter de spéculer sur un défi que vous ne pouvez pas manifestement relever. La lutte contre la corruption est, à l’épreuve des faits, trop large pour vos épaules que je m’interdirai volontiers de qualifier de frêles. Seulement, je dois m’incliner devant les faits, têtus, qui vous accablent et reconnaître que vous ne serez sans doute jamais le héros attendu de la lutte contre la corruption. Le décret modifiant le régime applicable aux anciens présidents de la République, que vous avez si facilement signé le 7 octobre 2021, est la preuve que vous rêvez d’une mission qui est nettement au-dessus de vos moyens et de vos capacités d’action. Ce décret, vous le savez mieux que moi, est une loi taillée sur mesure pour l’autre et sans vous offenser le moins du monde, ce texte a donné de vous une image dégradante. C’est comme si vous vous êtes enlevé quelque chose de votre intégrité de président de la République, chef de l’État. Vous vous êtes, comme on dit dans le jargon médical, mutilé au point où personne ne vous reconnaît sous les traits du 2 avril 2021.

Monsieur le Président,

Croyez-moi, ce n’est pas de gaieté de coeur que j’ai décidé de vous accrocher désormais ces malheureuses accolades. Mais vous ne me donnez pas le choix. Vous avez si vite échoué sur des questions extrêmement sensibles pour vos compatriotes. Non seulement vous n’avez pas pu épingler à votre tableau de chasse la moindre affaire de corruption, mais le scandale-phare de votre régime, les détournements, sur plusieurs années, des fonds destinés à armer les Forces armées nigériennes a été étouffé. Le fait est d’ailleurs moins grave que la main qui l’a porté. Pour paraphraser l’autre, vous avez poignardé l’État dans le dos et on ne peut perpétrer un tel acte sans être, sinon complice, du moins indulgent, vis-à-vis de ceux qui sont mis en cause dans le scandale du ministère de la Défense nationale. Vous avez pourtant clamé, haut et fort, que les auteurs et complices répondront de leurs actes devant la justice. Vous l’avez fait à Niamey, vous l’avez fait en dehors du Niger, notamment sur les antennes de la BBC.

Je voudrais, à la lumière de ce que vous venez de cautionner à propos du scandale du ministère de la Défense, et ces avantages taillés sur mesure pour votre prédécesseur, vous demander humblement de vous interdire de parler de lutte contre la corruption. Ce n’est plus la peine. Personne ne vous croit plus.

Mallami Boucar

 

 

Je vais vous le dire clairement : vous avez énormément déçu. Vous avez déçu, en peu de temps et face à la toute première véritable épreuve. Ce que vous êtes est apparu au grand jour, au grand dam de tous ceux qui, par vos premiers discours et vos promesses d’une gouvernance meilleure, faites devant de nombreux acteurs sociopolitiques que vous avez reçus, à votre initiative. Ces compatriotes, et plein d’autres éparpillés sur cette vaste étendue de territoire dont on essaie de nous voler ou plutôt de nous arracher de force une partie que l’on dit très riche en métaux précieux et pétrole. Vous avez profondément déçu l’espoir que vous avez fait naître chez ceux de vos compatriotes qui ont bien voulu vous faire confiance, tant vous avez séduit par ce style de gouvernance qui tranche nettement avec les pratiques malsaines de l’autre, je veux dire votre prédécesseur. Vous avez déçu car vous avez promis et la parole, dans notre société, lie énormément celui qui l’avance.

La colonne française qui a tiré à balles réelles sur les manifestants civils nigériens à Téra n’a de respect pour aucune vie nigérienne. Elle a tiré à balles réelles sur des populations civiles nigériennes que vous avez juré, la main sur le Coran, de défendre et de protéger, en tous lieux et en toutes circonstances. Ce sont une vingtaine de vos compatriotes qui ont été froidement visés par des balles assassines d’un pays que vous considérez ami du Niger. A ce jour, quatre de ces compatriotes sont morts, dont deux sur le coup. 18 ont été blessés par ces balles, dont 11 grièvement. C’est parmi eux que deux ont finalement rendu l’âme.

Monsieur le Président,

Votre responsabilité est directement engagée. La veille ou l’avant-veille exactement, vous avez claqué la langue pour magnifier et louer cet ami français qui serait là, presque à titre humanitaire, pour nous aider à vaincre l’ennemi qui veut manifestement remettre en cause l’intégrité territoriale de notre pays. Vous l’avez fait avec un tel zèle que j’ai cru avoir affaire à un diplomate français faisant un plaidoyer pour son pays. Vous l’avez si bien fait que le ministre des Affaires étrangères français, Jean Yves Ledrian et Emmanuel Macron ont dû sabler le champagne, persuadés qu’ils ne pourraient pas eux-mêmes défendre les intérêts français avec tant de verve, tant d’enthousiasme et tant de conviction. J’en ai été scandalisé, comme tous les Nigériens qui vous ont suivi faire ce bel plaidoyer pour la France, au détriment, bien sûr, de votre pays dont la richesse la plus convoitée par la France, l’uranium, ne représente plus grand-chose pour votre client, pour parler comme les avocats.

Dans ce drame qui endeuille le Niger, il est choquant de constater que vous avez manifestement cautionné, admis et accepté cette tuerie française. C’est le plus bel exemple de soumission à la France qu’un chef d’Etat nigérien pourrait afficher et vous l’avez fait sans état d’âme. Exactement comme vos amis français qui ont tiré sur nos frères. La contradiction entre ce que vous avez dit publiquement, 48 heures auparavant à propos de vos relations avec de la France, et cette absence que vous avez opposez suite à cet évènement tragique de Téra est flagrante.

Votre absence est d’autant plus choquante pour vos compatriotes que vous avez clamé haut et fort, 48 heures avant le drame, que vous n’êtes pas soumis à la France. En tuant des Nigériens, sur le sol nigérien, la France n’a pas fait autre chose que de vous démentir ; montrer à quel point vous êtes un soumis qui est prêt à la servir, soit-il au prix des vies de ses compatriotes.

Monsieur le Président,

Arrivez-vous, vraiment, à dormir après cette douche froide que la France vous a imposée ? Arrivez-vous à trouver le sommeil après ce cinglant démenti de ce que, vous, le président de la République du Niger, professez et tambourinez, 48 heures avant que vos amis français ne vous fassent taire, en posant un acte aussi grave, sur le sol nigérien et vis-à-vis des Nigériens ? La palme, c’est que malgré le communiqué officiel de celui qui est désormais l’ancien ministre de l’Intérieur, Alkache Alhada, la France rejette la responsabilité des tirs à balles réelles sur la Gendarmerie nationale. Or, les douilles ramassées sur place indiquent bien que les tirs viennent bien des forces françaises ; à moins, toutefois, que les gendarmes nigériens aient emprunté leurs armes. Ce n’est pas ça, le problème puisque, tout concorde à soutenir que c’est bien l’armée française qui a tué vos compatriotes.

Le problème, c’est que vous n’avez toujours pas cru protester par lettre officielle et demander, sinon réparation, du moins excuses publiques de la part de la France. Le fait est pourtant assimilé à un acte de guerre, selon les spécialistes. Selon toute vraisemblance, c’est ce ridicule jeu de chaises musicales que vous comptez opposer à cette tuerie de vos compatriotes par la France. Que-ce que ça signifie ?

Au minimum, même lorsqu’on est si soumis, on limoge le ministre fautif, ne serait-ce que pour faire semblant. Non seulement, vous n’avez rien demandé à la France, en termes d’explications, mais vous êtes incapable de sanctionner, à la hauteur des faits incriminés, le premier responsable du gouvernement. Je considère, personnellement, que vous êtes doublement soumis : à la France bien entendu, mais également à une autre force, endogène, cette fois.

Monsieur le Président,

J’ai essayé, au-delà de la passion et de l’interprétation facile des faits, de me faire une opinion juste du drame de Téra. Un fait, tangible est là : c’est la France qui a tiré sur vos compatriotes et tué certains.  Mais ? pourquoi l’armée française a-t-elle tiré, à balles réelles, sur les Nigériens aussi facilement alors qu’elle restée bloquée à Kaya, au Burkina Faso pendant cinq jours ? J’ai essayé de comprendre et votre jeu de chaises musicales semble fournir l’étincelle qu’il faut pour appréhender, peut-être, les enjeux véritables de ce qui s’est passé à Téra.

Je me suis dit que si vous vous êtes contenté de changer de place à Alkache Alhada, l’auteur du communiqué officiel incriminant l’armée française, c’est que vous n’avez pas objectivement les moyens de le renvoyer purement et simplement du gouvernement. Et si vous ne l’admettez plus à la tête du ministère de l’Intérieur, c’est sûrement parce qu’il ne vous inspire plus confiance et que, en l’occurrence, vous lui reprochez sans doute l’accusation portée contre la France dans le drame de Téra. J’en suis arrivé à m’interroger sur ce qui a pu vous motiver à faire remplacer Alkahce Alhada que l’on dit très proche de l’autre, par un de vos fidèles lieutenants. Le communiqué d’Alkache Alhada serait-il inspiré ailleurs et par des motivations insoupçonnées ?

Monsieur le Président,

En toute honnêteté, mon esprit a vagabondé vers les hypothèses les plus folles. Je vous laisse le soin d’y faire face puisque vous êtes seul à connaître le drame intérieur qui vous déchire. Mais, quoi qu’il en soit, je garde l’œil, persuadé que Téra aura une suite. Que Dieu garde le Niger ! Quant à vous, je vous souhaite de faire la paix avec votre conscience en regardant la France telle qu’elle est pour le Niger, pas pour vous.

Mallami Boucar

Lettre au président de la République (BM)  Monsieur le Président, la France est là pour ses intérêts propres et ceux de son peuple à qui elle veut donner le meilleur, quitte à passer sur les corps des 22 millions de Nigériens, de 19 millions de Maliens, de 21 millions de Burkinabè et que sais-je encore.

Ainsi, vous avez donné l’autorisation aux autorités françaises de redéployer les effectifs et matériels militaires de la force française Barkhane au Niger. Ce n’est vous qui l’avez annoncé mais plutôt le président français, Emmanuel Macron. Votre faite est double, voire triple. D’abord, vous violez la Constitution que vous avez juré, la main sur le Saint Coran, de respecter et de faire respecter, en autorisant, comme s’il s’agissait de votre compte bancaire, de faire installer Barkhane sur le territoire nigérien, sans vous référer à l’Assemblée nationale que la loi fondamentale vous fait obligation de consulter. Ensuite, vous prenez fait et cause pour la France contre le Mali, le pays frère et voisin avec lequel le Niger partage bien plus qu’une frontière. Par cette prise de position indécente et improductive pour le peuple nigérien, vous mettez en mal nos relations séculaires de fraternité avec nos frères maliens et portez un rude coup à nos relations diplomatiques jamais obscurcies avant vous. Quand je parle de vous, j’indexe bien évidemment l’autre à qui vous avez succédé et vous-même. Enfin, « least, but not last », comme disent les Anglais, vous mettez davantage le Niger et les Nigériens en danger en délocalisant chez nous le problème malien, en nous faisant porter un fardeau diabolique dont le Mali a réussi à se défaire après des années de coup de poignard dans le dos.

Je ne me demande pas trop ce que vous gagnez à prendre fait et cause pour la France, un pays dont les motivations et les objectifs sont désormais clairement connus de tout le monde, y compris ses partenaires européens qui montrent de plus en plus de réticence à la suivre dans sa croisade néocolonialiste. Je m’interroge simplement ce que nous avons pu commettre comme péché pour être punis de la sorte. Car, c’est une punition divine d’avoir des dirigeants à la tête de l’État qui rament à contre-courant des aspirations populaires et dont les pleurs, plaintes et complaintes ne font qu’alimenter la ferveur à persister dans les actes impopulaires. J’avoue que je ne comprends cette forme patriotisme qui pousse un gouvernant à faire plaisir et à servir précisément un pays que les populations perçoivent nettement comme la source et l’instigateur de leurs problèmes.

Monsieur le “Président”

La France, votre France, n’a pas convaincu. Elle est d’ailleurs de le faire. Au contraire, elle s’enfonce dans les contradictions flagrantes, montrant au fur et à mesure qu’elle n’est chez nous, ni pour lutter contre le terrorisme, ni pour nous aider à quoi que ce soit. Vous le savez bien trop d’ailleurs. La France est là pour ses intérêts propres et ceux de son peuple à qui elle veut donner le meilleur, quitte à passer sur les corps des 22 millions de Nigériens, de 19 millions de Maliens, de 21 millions de Burkinabè et que sais-je encore. La preuve, malgré la clarté de la décision des autorités de la transition malienne, la France entend rester au Mali, dit-elle, pour assurer la protection des effectifs militaires de la Minusma. D’où et de qui tient-elle ce mandat sorti de ses manches ? Curieusement, en Afrique, vous êtes les seuls à comprendre et même à soutenir ouvertement et avec beaucoup de verve, la France et ses desseins. Les Nigériens, que vous avez juré de servir, ne se reconnaissent pas dans votre façon de vouloir le servir. Ils ne se reconnaissent pas dans ce soutien aveugle et certainement pas désintéressé que vous apportez à France dans sa croisade contre le Mali. Contre le Mali ? Contre le Niger, je dirais, car détruire le Mali, c’est étrangler le Niger. Ah, l’Afrique ! Quand, donc, pourrons-nous avoir des dirigeants qui pensent d’abord Afrique avant de penser France ? Et dire que ce sont ceux qui ont prétendu, il y a quelques décennies, être plus patriotes que ceux qui étaient à la tête de nos Etats qui sont aujourd’hui les serviteurs zélés d’une France qui n’a aucun respect pour nos peuples. Je me souviens encore de vos envolées lyriques à la Conférence nationale. Ça doit être certainement dur pour vous de regarder dans le rétroviseur, de se mirer et de se demander si c’est vraiment soi que l’on voit, dans ces postures affligeantes. J’ai beau chercher à comprendre comment vous gérez tout cela, je n’y arrive pas. Vous connaissez mieux votre parcours, votre idéologie, vos prétentions politiques ainsi que tout ce que vous avez promis à ce peuple nigérien pour en arriver là vous êtes, en totale contradiction avec ce même peuple.

Monsieur le “Président”

Lorsque je songe à votre aventure à la tête de l’État, je veux, l’autre, vous et tous les camarades qui sont certainement passés à côté de la plaque, pour le plus grand malheur des Nigériens, je ne peux m’empêcher de penser que le Niger vit sans doute la période la plus obscure de son histoire. Jamais notre pays n’a été aussi maltraité par ses dirigeants, soumis à toutes les affres possibles et voué à des intérêts inavouables. Le redéploiement de la force française Barkhane au Niger est une très mauvaise chose pour notre pays. Vous le savez de toute évidence. Déjà, le nombre de réfugiés ne fait qu’accroître dans des localités comme Ayerou. Les populations fuient massivement les zones affectées, étant convaincue que la présence de Barkhane va nécessairement s’accompagner d’une agglutination de forces militaires obscures. La France, c’est notre problème, ce n’est pas la solution.

Monsieur le “Président”

Qui sont ces gens-là qui, en avril 1972, ont accueilli le président français, Georges Pompidou, avec des tomates pourries ? La France, ce n’est pas le Niger et le Niger, ce n’est pas la France. La France n’a pas les mêmes intérêts que le Niger et le Niger n’a pas les mêmes intérêts que la France. C’est ce principe fondamental que vous semblez méconnaître pour ne pas dire que vous méprisez. Le jour où vous ferez la différence, vous allez alors faire la rencontre de votre peuple. Autrement, c’est l’Elysée qui continuera à vous applaudir et à oeuvrer afin que des décorations, des médailles et des prix vous soient offerts. Ne soyez, donc, pas choqués d’entendre des compatriotes dire que vous travaillez pour la France et non pour le Niger.

Mallami Boukar

Cela fait deux semaines que j’ai repris ma lettre au président de la République et ma motivation est claire : vous éviter de tomber dans les travers et les dérives de l’autre, bourré de méchanceté gratuite à l’endroit de son peuple. Ces travers et ces dérives, vous le savez mieux que moi, relevaient plus d’un choix délibéré que d’erreur commise de bonne foi. Et à moins que vous poursuiviez la destruction du Niger, tel que l’autre s’y était employé pendant une décennie entière, vous ne pouvez pas, vous ne devez pas, faire comme lui qui a fait prospérer et ériger la corruption en mode de gouvernance, protéger et promouvoir ses auteurs, ériger la rupture d’égalité des citoyens devant la loi en règle de justice, etc.

Je ne suis point inquiet par rapport à votre détermination à changer de paradigmes dans la gouvernance, aussi bien politique qu’économique et sociale. Cependant, vous devez savoir que l’autre ne vous laissera pas faire et j’ai bien peur qu’il ne multiplie, ces derniers temps, les actes de sabotage subtils, histoire de vous lier à vie à ses casseroles. C’est une perspective dont j’ai déjà perçu plein de manifestations et j’ai tenu à les partager avec vous. Je pourrais être dans l’erreur. Mais, c’est le risque à prendre lorsqu’on assume des responsabilités comme les miennes. Seuls ceux qui n’agissent pas ne commettent jamais d’erreur.

Mon rôle est de vous apporter ma contribution bénévole à la réalisation des desseins que vous avez déclinés le 2 avril 2021, notamment dans le cadre de la lutte contre la corruption. Pour y arriver, je ne peux pas ne pas lire les évènements, les analyser et les interpréter. Je vais, donc, vous donner ma lecture de certains évènements qui semblent s’enchaîner.

Monsieur le Président,

Je vais être tranchant et ne croyez pas à une impertinence de la part de votre serviteur. Etes-vous vraiment le maître à bord ou un simple docker à bord du bateau ? Ma question n’est pas aussi saugrenue. Depuis quelque temps, j’ai l’impression que certains membres de votre gouvernement dansent à une musique qui n’est pas la vôtre, du moins, pas celle que vous avez fait entendre le 2 avril 2021.

C’est d’abord Hassoumi Massoudou qui danse sur la radio française à une musique macabre qui nous avait écorché les oreilles tant de fois sous l’autre. Jeter le discrédit sur les autorités d’un pays africain frère, soientelles issues d’un coup d’État militaire, n’est pas dans les cordes diplomatiques nigériennes. C’est un cru de l’autre. Je n’oublie pas bien sûr que vous avez servi, durant les 10 années de l’autre, ce dessein qui n’honore pas le Niger. Mais, j’ai le devoir de vous juger sur des faits et actes posés en tant que chef d’État, aux commandes du Niger. C’est pourquoi je vous fais grâce de tout ce que vous avez pu dire et/ou faire lorsque vous étiez membre du gouvernement de l’autre.

Après Hassoumi, c’est ensuite, je ne sais plus qui d’autre, qui décide, dans les méandres du pouvoir, de faire procéder au transfèrement d’Ibou Karadjé dans une totale illégalité, histoire de montrer à nos compatriotes que rien, absolument rien, n’a changé dans la gouvernance et que ce sont eux qui décident, jusqu’à preuve du contraire, qui doit aller en prison. Ce sont des pratiques contraires aux valeurs que vous avez déclinées lors de votre investiture. Les ressusciter vise un double objectif : semer le doute dans l’esprit des citoyens et vous porter l’estocade dans ce que vous envisagez de meilleur pour le Niger, c’est-à-dire la lutte contre la corruption.

Monsieur le Président,

Vous êtes enseignant de formation et de carrière et vous savez que la répétition est pédagogique. C’est pourquoi je ne crois pas perdre mon temps à vous rappeler, chaque semaine, quelques bribes de vos engagements du 2 avril 2021. Ce jourlà, vous avez déclaré que, je cite : « …la meilleure façon de lutter contre la corruption est de sévir contre ceux qui s’en rendent coupables. Mon credo sera de miser principalement sur la pédagogie de l’exemple en ne tolérant d’aucune façon le principe de l’impunité … ». Ce transfèrement est dirigé contre vous en priorité et Ibou Karadjé n’est qu’une victime collatérale. Après le transfèrement d’Ibou Karadjé, comme un enchaînement pensé et réfléchi, c’est au tour de votre Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou, de faire une sortie médiatique au cours de laquelle il s’est épanché sur l’affaire Ibou Karadjé dont il reste un protagoniste de première importance. À ce sujet, également, il s’agit, de mon point de vue, de marteler aux Nigériens que les moeurs du régime sont, malgré vos belles promesses, intactes. Le propos d’Ouhoumoudou ne dit pas autre chose que ceci : « nous sommes la justice et cela n’a jamais été aussi vrai qu’aujourd’hui ». C’est un message aux Nigériens, mais c’est aussi un avertissement pour vous. C’est choquant de l’admettre, mais c’est la réalité. Vous êtes le chef de l’État pour ignorer l’identité de celui qui a ordonné le transfèrement d’Ibou Karadjé. Vous n’ignorez pas non plus les raisons et les motivations liées au transfèrement d’Ibou Karadjé. Eh bien, tout semble venir du même cercle, celui des intouchables.

Ouhoumoudou Mahamadou, visiblement, s’est affranchi de tout devoir de rectitude et de subordination visà- vis de vous pour tenir un discours qui, je le sais, n’est pas de vous. Comment peut-il oser aller sur Télé Sahel pour donner de prétendues conclusions sur une affaire judiciaire dans laquelle il est un des protagonistes ? Je pourrais me tromper, mais j’ai l’impression qu’il joue une tout autre partition que la vôtre.

Monsieur le Président,

L’enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions et l’autre nous a amplement donné des raisons suffisantes de le croire. C’est cette expérience douloureuse qui explique que vos compatriotes soient encore réticents à manifester leur enthousiasme et leur soutien ferme à votre politique. Vous comprenez sans doute cette prudence de vos compatriotes, tellement pressés de voir la fin de la corruption et de l’impunité dans leur pays qu’ils oublient la rudesse de la mission, noble, que vous vous êtes engagé à remplir pour le bien de votre pays. C’est un sacerdoce que vous avez librement accepté de porter et le peuple nigérien vous en saurait gré. Si vous êtes sincère dans ce dessein, et je le crois personnellement, que Dieu vous aide à anéantir toute force qui s’y opposerait. Le Niger a besoin d’un sursaut patriotique et il certain que vous incarnez, aujourd’hui, ce sursaut patriotique.

Monsieur le Président,

Cette lettre, vous le savez, est ouverte à la lecture de vos compatriotes et certains prendraient sans doute mes propos pour de viles flatteries. Non seulement je n’en ai pas l’habitude, mais je suis sincère. C’est au nom de cet espoir de justice que vous incarnez que j’ai fait table rase de tout ce que vous avez pu faire et dire et qui avait donné de vous l’image d’un faucon du régime. Est-il plus heureux de constater que ce faucon est au fond une colombe qui a dû s’affubler de plumes convenables dans son milieu pour se confondre dans la masse et paraître comme un faucon ? Votre histoire est assez intéressante pour ne pas la conter.

Votre histoire, c’est celle d’un fils du pays qui a patiemment attendu d’être là où il peut changer les choses pour se révéler le héros d’une gouvernance nouvelle. N’en déplaise aux adeptes du “tout, tout de suite ou rien”, Vous avez un grand mérite, celui d’avoir courageusement décidé de faire de la lutte contre la corruption votre cheval de bataille. Vous avez d’autant plus du mérite que vous êtes issu de ce milieu que vous connaissez mieux que quiconque et dont vous connaissez les pratiques et les desseins. Votre mérite est grand, car vous connaissez mieux que quiconque jusqu’où peuvent aller ceux qui sont farouchement opposés à votre combat pour le Niger et son peuple.

Monsieur le Président,

Je vous l’avais dit, la semaine passée et vous devez sans doute me croire. Ne prenez pas à la légère les avertissements qui vous sont lancés. On ne va à la guerre comme dans une boîte de nuit. Le berger peut-il dormir alors que le loup est dans la bergerie ?

Votre dévoué serviteur,
Mallami Boucar.

J’ai suivi, réécouté et lu intégralement votre message à la nation et je suis scandalisé de vous entendre dire que vous allez faire faire une enquête en vue de déterminer l’identité de ceux qui ont organisé la manifestation de Téra. Je suis scandalisé d’autant plus que vous semblez souffler le chaud et le froid sur une question qui n’admet aucune tergiversation, aucun atermoiement. En votre âme et conscience, vous savez de toute évidence qu’il n’y a aucun doute possible sur la responsabilité de l’armée française dans la tuerie de Téra. Comment pouvez-vous demander des comptes à la France et chercher en même temps des responsabilités parmi les vôtres ? Soit, ce sont les soldats qui ont tiré à balles réelles et tué nos compatriotes, de jeunes enfants, et vous vous en tenez à cela ; soit, ce ne sont pas eux et vous cherchez les coupables ailleurs. Mais, don Allah da Annabi, quittez cette posture d’équilibrisme mal inspiré qui ne vous honore pas et qui n’honore pas le Niger et son peuple.

Vous avez bien vu avec quel mépris la ministre française des Armées, Françoise Parly, vous a répondu. « Il y a eu déjà une enquête interne qui a montré que face à des manifestations d’une grande violence, les soldats ont fait preuve de la maîtrise nécessaire et ont eu la réaction adéquate ». Auparavant, la même dame a indiqué que n’eut été le professionnalisme des militaires français, ça aurait été le drame. Ah, c’est vraiment dommage d’avoir un ami qui n’a aucune espèce de considération et de respect pour vous, y compris après avoir tiré et tué certains des vôtres.

Face à ce qui s’est passé à Téra le 27 novembre 2021, le moins pour vous, c’était d’exiger de la France des excuses publiques et réparations à l’endroit des victimes. Cela, bien évidemment, ne compensera jamais la perte du Niger et des parents directs des victimes, mais ça permettra, non seulement d’atténuer la douleur, mais aussi de remplir vos compatriotes de fierté ; celle d’avoir, en fin de compte, un chef d’Etat qui ne tremble pas devant la France pour défendre son pays et son peuple.

Vous le savez sans doute pour avoir été, dans le passé, un inspirateur de première classe de ces idées contre l’Occident et l’impérialisme qui va avec, souvent, les chefs d’Etat africains, du moins ceux de ce qu’on appelle le précarré français, sont surnommés « sous-préfets locaux de la France ». Eh bien, ne soyez pas un sous-préfet local de la France, soyez pour le Niger ce que vous avez solennellement promis d’être le 2 avril 2021.

Monsieur le Président,

Je vous ai également entendu reprendre ; à quelque détail près, les propos de l’autre à propos la lecture que l’on pourrait avoir de la présence militaire étrangère au Niger en affirmant que ceux qui sont contre la coopération militaire avec des pays étrangers sont des alliés objectifs des terroristes qui ; eux, ont intérêt à ce que notre armée soit faible. C’est bien dommage pour le Niger. Personne ; à ma connaissance, ne s’est manifestée contre la coopération militaire avec, notamment, les pays occidentaux. Ce que vos compatriotes fustigent et condamnent, c’est, d’une part l’illégalité dans laquelle vous avez fait installer ces forces militaires étrangères et l’inutilité de cette présence alors qu’elles ne nous servent pas à grand-chose.

Personne, du moins, parmi vos compatriotes, n’a soutenu que, dans cette guerre dont nous ne connaissons pas nos véritables ennemis, le Niger se suffit. Nous avons besoin des autres, mais pas dans ce format inopérant où notre unique bilan, c’est des morts, des blessés et des enlevés à n’en plus finir. Est-ce que, pour former nos soldats à des méthodes de guérilla qui n’ont d‘ailleurs pas rendu les puissances occidentales plus efficientes sur les nombreux théâtres de guerre où ils se sont déployés, a-t-on besoin de l’armada militaire qu’un pays comme la France fait venir dans nos pays ?

La vérité, c’est que ces armées étrangères doivent se remettre en cause ou quitter notre pays. Le drame de Téra prouve, au besoin, que l’armée française en l’occurrence, est prête à tout pour poursuivre et atteindre ses objectifs. On ne tire pas sur des amis.

Monsieur le Président,

Nous venons, par une superbe fête à Diffa, le 18 décembre 2021, de célébrer le 63 anniversaire de la République. Je voudrais à ce propos vous rappeler que la République, c’est un comportement, ce ne sont pas de vains discours d’idéalisme et de promesses éloignés de la réalité. Vous avez, malheureusement, des prisonniers politiques et d’opinion, vous avez la rupture d’égalité des citoyens devant la loi et vous avez surtout, véritable serpent de mer qui ruine tout, une corruption endémique dont vous connaissez parfaitement les grands maîtres puisqu’ils sont parvenus à se construire une fortune immense en quelques années. Ces compatriotes, vous les connaissez puisque certains vous côtoient. D’autres sont éloignés de vous mais vous les connaissez tout de même puisqu’ils sont épinglés dans des rapports de l’Inspection générale d’Etat et la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Halcia).

Je vous ai bien entendu parler de quelques 11 milliards qui auraient été recouvrés grâce à la collaboration entre la Halcia et les services des impôts au titre du rétablissement des irrégularités pour l’année 2021. C’est bien, mais c’est pas arrivé, comme diraient nos frères togolais. Vous parklez également d’enquêtes non encore achevées et je me suis demandé s’il ne s’agit pas plutôt pour vous de ruser. La ruse n’est point indiquée en pareilles circonstances. Il s’agit de faire ce que vous vous êtes engagé à faire ou de ne plus parler de corruption et d’impunité, car ça devient déjà lassa nt et ennuyant de vous entendre parler de ces fléaux sans même un début d’actions.

Entre nous, monsieur le Président, on ne conseille pas sans mettre l’autre en position d’apprentissage, soit par rapport à quelque chose qu’il ignore ou ne maîtrise pas ; soit sur des questions dont il n’est pas suffisamment informé. C’est dans cette logique que je voudrais vous rapporter ce que vos compatriotes disent et soutiennent par ailleurs avec force arguments. Est-ce vrai, monsieur le Président, que votre tendance est de passer l’éponge sur les actes de corruption avérés au cours des 10 années de pouvoir de l’autre ? Si, telle est votre intention, et tout tend à le soutenir puisque même l’affaire Ibou Karadjé a fait flop, c’est que vous avez décidé d‘amuser la galerie, pas plus. En huit mois d’exercice du pouvoir, vous n’avez toujours pas la moindre affaire à votre compteur alors qu’il s’agit bien de votre …principal.

Monsieur le Président,

Est-vrai aussi que certaines personnalités de l’Etat, et pas des moindres, ont refusé toute idée d’audit d’entités qui sont sous leur responsabilité et se sont même payé le luxe de chasser manu militari les inspecteurs chargés de cette mission ? J’ai eu l’information et je puis vous dire que si c’est avéré, c’est très grave pour l’autorité que vous représentez. Quelle lutte contre la corruption vous entendez mener si certains de vos collaborateurs peuvent remettre en cause ce que vous avez décidé ? Vous êtes un philosophe de formation, je vous invite à cogiter sur la question. Cela vous permettra de vous remettre en cause ou, au moins, de savoir qui vous êtes réellement et quelles sont vos limites, je veux dire dans le système qui gouverne le Niger depuis près de 11 ans, aujourd’hui. Posez-vous surtout la question de savoir si vos compatriotes sont satisfaits de votre façon de gouverner, cela vous permettra de faire progresser le Niger, pas de le faire stagner ou pire, de le faire reculer comme l’autre pendant 10 ans.

Mallami Boucar

 

 

Monsieur le Président,

Où sont-ils ces drones que l’on dit avoir été réceptionnés récemment ? J’espère qu’ils n’ont pas été simplement parqués quelque part, tels des ornements qui doivent servir au décor et non aux forces armées nigériennes.
Je me demande parfois si vous avez la moindre idée de l’état du pays à la tête duquel vous êtes depuis bientôt 15 mois. Quoi que conseiller informel, je me sens en devoir, comme vous avez pu le constater, de m’offrir des libertés, voire des permissions, pour vous rapporter les choses telles qu’elles sont, telles se présentent, sans fioritures. Mon pays, je dirais d’emblée, souffre de l’amnésie de ses dirigeants ou du refus de s’attaquer aux véritables défis de l’heure. Ces défis, vous les connaissez mieux que moi, étant du système qui, en une décennie, a agenouillé le Niger au profit d’une clientèle politique, devenue riche et orgueilleuse grâce à des pratiques qui ont valu à notre peuple misères, tragédies et morts en cascades. Ces défis, vous les connaissez mieux que moi puisque le 2 avril 2021, ils ont constitué l’essentiel de votre discours d’investiture, un engagement solennel, malheureusement, vous n’avez pas pu encore tenir et que vous ne tiendrez sans doute jamais. Le noeud gordien des problèmes auxquels notre pays est confronté est que vous avez sous-traité la sécurité du Niger avec des pays étrangers, particulièrement la France alors que, et vous le savez de toute évidence, les deux pays ont souvent des intérêts divergents, pour ne pas dire carrément opposés. La sécurité de notre peuple, hypothéquée depuis quelque temps, est un domaine déterminant dans lequel il y a tant à vous reprocher. Lorsque vous prenez la défense de la France en vous opposant de façon si outrancière à la position dominante du peuple nigérien, vous donnez l’impression d’être, hélas, ceux qui tirent les dividendes de ce partenariat dont le Niger n’enregistre que morts et désolations.

Monsieur le “Président”

Avez-vous connaissance du nombre de Nigériens de la région de Tillabéry qui ont, à la suite de ceux de Diffa, quitté leurs villages sous les exactions et les tueries des ennemis du Niger ? Ce sont, selon OCHA, 16 193 personnes, soit 2 602 ménages, qui ont été forcées de quitter leurs villages, rien qu’à Torodi et Makolondi et 672 écoles fermées à ce jour pour 62 610 élèves qui ont arrêté d’aller à l’école. Le jeudi 9 juin 2022, vous avez, à nouveau, fait à ces populations des promesses mirobolantes de retour dans leurs villages. À ce jour, rien n’a été entrepris de sérieux qui puisse les rassurer de s’y aventurer. Vous donnez ainsi raison à ceux qui ont immédiatement rétorqué que vous êtes en train de les conduire à l’abattoir. Moi, je constate simplement que, par-delà l’absence d’une suite attendue à votre déclaration, que les armes que vous avez déclaré avoir commandées tardent à venir, comme s’il n’y a aucune urgence à le faire. Il y a quelques semaines, j’ai appris, à partir des réseaux sociaux, que six des drones que vous avez commandés sont arrivés à Niamey, réceptionnés en bonne et due forme. Où sont-ils ces drones que l’on dit avoir été réceptionnés récemment ? Où sont-ils, ces avions et ces engins blindés, ces équipements militaires que vous avez tant vantés en vous affichant dans toutes les maisons de fabrication turques ? J’espère qu’ils n’ont pas été simplement parqués quelque part, tels des ornements qui doivent servir au décor et non aux forces armées nigériennes.

J’espère qu’il ne s’agit pas, comme le soutiennent certaines voix, d’une filouterie politique visant de simples effets d’éclat. J’espère surtout que, comme dans la lutte contre la corruption, vous n’avez pas été confronté à des obstacles de la même nature que ceux que vous avez évoqués avec les leaders des organisations de la société civile lors de votre seconde rencontre. Si d’aventure, on vous a convaincu ou contraint d’abandonner ce projet et que vous y avez accédé, je préfère ne pas dire ce que je pense. C’est si grave et vous imaginez ce que je peux ressentir, moi, un Nigérien jaloux de la souveraineté de son pays, de la sécurité et de la liberté de son peuple. Aucun sacrifice n’est de trop pour mettre ce peuple à l’abri de ce qu’il subit actuellement.

Monsieur le “Président”

Vous savez, la corruption et les détournements des deniers publics, je le pense, s’expliquent en grande partie par les rapports confus que vous entretenez avec la France. Partout, en Afrique, les dirigeants nigériens sont doigtés comme étant des hommes serviles qui ne tiennent même plus compte des intérêts de leur pays, se rangeant systématiquement derrière la France et sa politique indéfendable dans notre pays. Tous les témoignages des populations concordent à dire que l’armée française ne joue pas franc jeu avec nous. Vous le savez autant que moi, pour vos compatriotes, c’est la France qui se trouve derrière ce qui se passe, aussi bien dans notre pays qu’au Mali et dans tout le Sahel. C’est une conviction que vous ne pouvez leur enlever que le jour où ce pays se décidera à changer de paradigmes et à démontrer, par des preuves tangibles incontestables, que son armée sert à la préservation de la sécurité des Nigériens et non à la dégradation de celle-ci.

La France, vous l’avez-vous même laissé entendre, est loin d’avoir convaincu qu’elle n’a rien à voir avec ces terroristes qui sont financés, armés et probablement encadrés et renseignés par des forces militaires obscures et ennemies au Niger. Vous devez travailler à amener la France à revoir sa copie et à cesser de faire croire que c’est la Russie qui mène et commandite une campagne de dénigrement contre elle au Sahel. C’est déjà une insulte à notre intelligence en entretenant le fait que nous sommes incapables de comprendre les choses par nous-mêmes et que, si nous réagissons ainsi vis à vi de la France, c’est forcément parce qu’il y a une main étrangère derrière.

Monsieur le “Président”

Ce sont ces rapports tronqués entre la France et notre pays qui ont corrompu la gouvernance, aussi bien sur le plan politique qu’en matière de gestion financière. Tous les travers, c’est mon avis personnel, que l’on a connus dans ce pays depuis 11 ans trouvent leur source dans ces rapports plus que biscornus. Vous rendrez grandement service au Niger en ouvrant les yeux à vos partenaires français. Le Niger ne trouve pas son compte dans cette coopération et c’est tout à fait justifié que les populations nigériennes parlent de forces d’occupation.

Vous avez le devoir de parler à coeur ouvert avec le Président français, Emmanuel Macron, qui doit venir en septembre prochain au Niger. Vous devez porter la voix de votre peuple. Nous avons enregistré trop de morts et sommes en train de perdre le contrôle de pans entiers du territoire national. Quand est-ce que vous jugerez impératif de mettre la France au pied du mur ? Le sentiment antifrançais dont parlent les autorités françaises n’est pas né au hasard ; encore moins par des manipulations d’un autre pays qui lui serait hostile. Il est la résultante de la politique française, antinomique des intérêts de notre pays. Il est la résultante du refus obstiné de la France de se remettre en cause, en s’accrochant à des accords néocolonialistes qui spolient notre pays depuis des décennies. La France a tort, mais la France joue à la politique de l’autruche en refusant de relever la tête et de regarder, froidement, la réalité.

Mallami Boucar

Monsieur le Président, Si vous avez pensé qu’il faut autant de moyens militaires pour vous prémunir contre un attentat ou une attaque terroriste, vous devez être assez magnanime pour mettre vos compatriotes dans les mêmes conditions de sécurité. 

Le vendredi 3 juin 2022, votre déplacement à Makalondi, dans le département de Torodi durement frappé par le terrorisme, sous haute protection sécuritaire, n’a pas eu, je puis vous assurer, l’effet escompté. Vous étiez parti pour rassurer les populations et certains de vos partisans ont même parlé d’appel de Makalondi en faisant allusion à ce discours moralisateur que vous ressassez à l’endroit de criminels sans foi ni loi qui massacrent les Nigériens et qui brûlent le Niger ; un discours que je considère personnellement comme inapproprié, voire suranné — certains disent qu’il est insensé — et dont vous continuez à user alors que les terroristes, eux, tuent et sèment la désolation. Bien sûr qu’ils n’entendent pas vos appels et que vous devez sans doute le savoir. Autant gratter la guitare pour un âne, comme on dit, chez nous.

Un terroriste, c’est uniquement la voix des armes qu’il entend et comprend, pas un prêche. Si vous l’ignoriez, vous avez eu, au moins, le temps, depuis la libération des chefs terroristes que vous avez décidée, que votre devoir est de protéger le Niger et les Nigériens, pas de gratter la guitare à des ânes. Votre déplacement à Makalondi, je vous le soulignais tantôt, n’a pas eu les effets escomptés. Pour cause, vous avez donné aux populations hôtes et à tout le Niger que lorsqu’il s’agit de vous, vous prenez, sans tergiverser, les mesures de sécurité adéquates. C’est le message que votre acte a laissé derrière vous. Combien d’éléments de défense et de sécurité ont été déployés dans la zone ? Certains parlent de 500. Combien d’engins blindés, de véhicules montés de pièces d’artillerie ont mis à contribution ? Pour votre déplacement, il y avait même des hélicoptères dans les airs, durant des heures interminables, prêts à brûler toute menace terrestre. Pour vous-même, vous n’avez, donc, pas lésiné sur les moyens en vous rendant dans cette zone dangereuse. C’est dire que vous avez pleinement conscience des dangers quotidiens auxquels sont confrontés les populations locales qui ne plus se rendre dans leurs villages avec l’assurance d’y arriver en vie ; qui ne peuvent plus travailler leurs champs, c’est-à-dire les bêcher, les sarcler, les semer et les labourer. Qu’est-ce qui leur reste ? Rien du tout et vous portez sur vos épaules, une grande partie de la responsabilité, sinon l’intégralité.

Monsieur le “Président”,

Votre séjour à Makalondi est assez riche d’enseignements. Pour vous protéger, vos services ont déployé des moyens colossaux et on n’a pas connaissance de la moindre menace pendant que vous y étiez. Puis, vous êtes reparti à Niamey, dans votre forteresse, laissant derrière ce foyer de drames quotidiens où des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont dû quitter leurs villages sous la menace terroriste. En tant que président de la République, chef suprême des armées, vous avez manqué à votre devoir de les mettre à l’abri du danger terroriste. Pire, vous n’avez pas pu préserver ces villages, vidés finalement de leurs populations. Je voudrais bien vous demander comment vous appellerez un tel manquement, je veux dire un chef de l’Etat qui n’arrive pas à assurer la sécurité de ses compatriotes.

Monsieur le “Président”,

Il faut vouloir pour l’autre ce que vous voulez pour vous-même. D’abord parce que toutes les vies se valent. Ensuite parce que, rappelez-vous, « nous ne sommes que de misérables petites moisissures de la terre ». Le pouvoir corrompt, certes, au point que certains perdent la tête et oublient qu’ils n’ont qu’une vie. Si vous avez pensé qu’il faut autant de moyens militaires pour vous prémunir contre un attentat ou une attaque terroriste, vous devez être assez magnanime pour mettre vos compatriotes dans les mêmes conditions de sécurité.

Je vous en conjure, quel que soit par ailleurs celui qui a inspiré cette décision sordide de livrer davantage les populations à la vindicte des terroristes, agissez pour restaurer ces postes de police supprimés et donnez des instructions pour qu’il en soit créés d’autres, dans les zones les plus affectées. Ne vous en tenez pas à ça, faites également en sorte que ces postes de contrôle soient créés en fonction des axes de convergence vers les villages ; qu’ils soient équipés d’armements appropriés et dotés de personnels militaires suffisants. Que Dieu, dans sa miséricorde infinie, vous inspire dans cette voie !

Monsieur le “Président”,

Si j’insiste sur cette requête, c’est parce que j’ai appris que la mesure n’était pas inspirée de vous et cela vous a énormément gêné. Vous êtes le chef de l’Etat, vous devez corrigez cette mesure qui, je le répète, ne peut que faire l’affaire des terroristes et de leurs réseaux d’approvisionnements. Agissez de façon prompte, vous éviterez de laisser jeter les populations nigériennes en pâture aux terroristes. Je parle, certes, sans mandat, mais a-t-on vraiment besoin de mandat pour chercher le bien pour les autres ? Si, du point de vue politique, on peut vous jeter la pierre, personne, en revanche, ne peut contester votre humanisme. Au nom de cette valeur que nous partageons, je vous prie de multiplier les check-points dans la région de Tillabéry, particulièrement dans le département de Torodi, devenu la zone la plus exposée au terrorisme. N’échouez pas sur tous les plans, c’est ce que l’autre cherche. La sécurité, en particulier, est devenue la première préoccupation de nos compatriotes. Si vous n’êtes pas en mesure de leur rendre justice en menant la lutte promise contre le terrorisme, mettez-les en sécurité et vous aurez tout gagné.

Mallami Boucar

Je ne doute point de votre foi en votre pays ainsi que de vos desseins de lutter contre la corruption et les infractions assimilées. Je ne doute pas non plus, contrairement à ceux qui vous prennent pour un farceur, de votre volonté à redonner aux Forces armées nigériennes (FAN) la confiance et les équipements militaires indispensables à cette guerre qui nous a été imposée pour des objectifs maléfiques de partition de notre pays. En un mot, je crois en votre combat. Cependant, je me sens en devoir de vous dire un certain nombre de choses auxquelles vous devez absolument souscrire si vous êtes sincère avec vous-même et avec le Niger.

Pour commencer, je voudrais rappeler à votre bon souvenir deux maximes que vous connaissez si bien. D’abord, que « le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore » ; ensuite, qu’il n’y a pas de petite querelle. La première est du nigérian Wolé Soyinka, prix Nobel de littérature et la seconde est du sage et intarissable Amadou Hampâté Ba. Votre situation n’est pas que le reflet de l’une de ces deux maximes, mais bien les deux à la fois. Wolé Soyinka, comme Amadou Hampâté Ba, vous aurait certainement appris les leçons de leurs paroles, profondes et pertinentes. L’un et l’autre vous auraient appris que vous ne pourriez pas être dans une situation sans y être ; que la tergiversation va vous nuire en fin de compte.

N’étant qu’un talibé qui n’a pas oublié ce qu’il a lu quelque part, je vais essayer de vous dire ce que ces deux monuments de la littérature africaine auraient pu vous enseigner pour vous permettre de mieux vous en sortir.

« Le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore ». C’est la traduction d’une sagesse populaire que l’on peut vérifier. Un tigre ne dit pas à sa proie qu’il est un tigre et qu’il va le dévorer.

À peine, la proie a juste le temps de le constater avant d’être dévoré. Or, il se trouve que vous avez solennellement déclaré que vous allez menerune lutte sans merci contre la corruption et les infractions assimilées. Vous l’avez déclaré le 2 avril 2021, lors de votre investiture. Puis, on ne sait plus combien de fois vous l’avez répété sans qu’un seul acte majeur soit venu confirmer que vous n’êtes pas en train d’amuser la galerie. Vous l’avez dit et répété alors que vous n’en avez pas besoin. Seuls les audits et les poursuites judiciaires consécutives des personnes mises en cause militent en faveur de la crédibilité de ce discours suranné. Je vous conseillerais volontiers de ne plus faire le moindre commentaire sur cette lutte contre la corruption, mais d’agir en multipliant les audits dans les sociétés, les programmes et projets. Instruisez et mettez-vous à l’écart des poursuites judiciaires. Laissez la justice faire son boulot, cela permettra à ce pays, qui a tant souffert, d’être débarrassé de certaines sangsues.

Monsieur le Président,

J’ai d’ailleurs appris que des audits sont en cours, mais que de graves entraves à l’exercice des missions de certains inspecteurs ont été relevées. Vous ne pouvez pas tolérer de tels faits. Sachez toujours que, quoi qu’il se passe, vos compatriotes seront informés de ce qui se passe, ce qui se dit, de ceux qui s’e sont opposés à vos instructions, de ceux qui vous ont bravé et qui vous ont, tout président que vous êtes, fait mordre la poussière. Soit, vous vous imposez comme tel, soit, on vous fait passer pour un faire-valoir qui serait juste là pour ouvrir les chrysanthèmes. Vous ne pouvez, donc, pas laisser passer de tels actes qui tendent à vous ridiculiser et à vous banaliser.

Si vous croyez sincèrement à ce que vous vous êtes engagé à faire pour le bien de ce pays et de ce peuple dont une bonne partie, retenez-le, a fait table rase de ses préférences politiques pour donner une chance de réalisation à vos desseins, vous devez non seulement arrêter de parler pour agir, mais également sanctionner, de la plus belle manière, tous actes de rébellion, d’où qu’ils viennent. Si vous acceptez qu’on vous contrarie à ce point, même si cela a été fait entre quatre murs, soyez sûr qu’un jour, on vous fera subir pire et publiquement. La fonction présidentielle n’est pas un jeu pour que vous vous laissiez banaliser à ce point. Sortez l’”épée” et “écourtez” les têtes qui dépassent. Dans le respect des lois et règlements, bien sûr.

Monsieur le Président,

Vous m’avez sans doute compris. Tout comme vous avez probablement compris de quoi je parle, de qui je parle. Encore une fois, « le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore ». Soyez alerte et vous sortirez vainqueur de ce combat dont vous connaissez sans doute l’âpreté. Ne commettez pas l’erreur monumentale de penser que vous êtes à une station qui vous permet de faire et de défaire. Entre nous, vous savez d’ailleurs qu’il n’y a rien de plus faux que cela. Si vous commettez l’erreur de penser que vous finirez par avoir votre proie à l’usure, vous risquez de devenir la proie de la proie que vous avez prise en chasse.

En guise de conclusion à ce premier point, je vous dirais simplement que votre leitmotiv doit être de travailler, pas de parler ; d’agir, pas de discourir. Souvenez-vous que pour avancer, il faut agir. En vous donnant les moyens de votre politique, la constitution vous ôte en même temps toute circonstance atténuante face à un échec. Bien que des compatriotes prétendent que vous êtes condamné à l’échec, je pense que tout dépend de ce que vous voulez pour le Niger. En un mot, votre proie, ce n’est pas le Niger, ce sont les prédateurs qui l’ont ruiné.

Monsieur le Président,

« Il n’y a pas de petite querelle », a dit Amadou Hampâté Ba. Votre responsabilité, c’est d’y croire. Je vous l’avais déjà dit, on ne déclare pas la guerre pour aller dormir. Or, la guerre, vous l’avez déclarée à ceux qui ont fait main basse sur les ressources publiques tout en enfonçant l’État dans un engrenage d’endettement inconsidéré. Dans cette “guerre” que vous avez déclarée en toute lucidité et responsabilité, il ne vous sera accordé aucune concession jusqu’à ce que vous gagniez ou que vous abdiquiez. Je veux dire que vous serez combattu à la mesure de ce que vous avez enclenché. Si vous giflez quelqu’un, attendez-vous qu’il vous rende la pareille ou même qu’il vous donne un coup de poing, sinon un coup de gourdin pour vous assommer. « Il n’y a pas de petite querelle », vous aurait sans doute rappelé Amadou Hampâté Ba.

En enclenchant cette guerre contre la corruption, vous savez à quoi vous avez touché. On peut ou on ne peut pas. Quand on peut, on ne tergiverse pas, on ne joue pas au chat et à la souris. Quand on ne peut pas, il n’y a pas de gêne à reconnaître qu’on boxe avec plus fort que soi. L’abdication est une possibilité qui est toujours offerte à un combattant. Cela lui évite d’être massacré et dans la guerre, je veux dire la vraie guerre, les conventions internationales protègent ceux qui se rendent, mains en l’air. Si vous ne pouvez pas poursuivre ce que vous avez commencé, soyez rassuré que le peuple le comprendra très vite et vous perdrez alors le capital d’estime et de considération que vous avez pu vous construire en peu de temps.

Monsieur le Président,

J’ai remarqué que vous avez d’ailleurs réussi à embarquer dans votre combat des noms illustres du combat pour une meilleure gouvernance, pour un meilleur Niger. Ce sont des soutiens d’une extrême importance et il serait bien dommage de les perdre. Si vous vous sentez bien dans votre peau et dans votre tête, eh bien, c’est grâce à cette dynamique populaire que vous avez su créer autour de vous, à ce nouvel espoir pour une gouvernance vertueuse. Ne vous y trompez pas : « on peut tromper tout un peuple pendant une partie du temps ; une partie du peuple pendant tout le temps mais jamais tout un peuple pendant tout le temps. En tout état de cause, rappelez-vous toujours ces deux maximes : « il n’y a pas de petite querelle » et « le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore »

Mallami Boukar

Je ne doute point de votre foi en votre pays ainsi que de vos desseins de lutter contre la corruption et les infractions assimilées. Je ne doute pas non plus, contrairement à ceux qui vous prennent pour un farceur, de votre volonté à redonner aux Forces armées nigériennes (FAN) la confiance et les équipements militaires indispensables à cette guerre qui nous a été imposée pour des objectifs maléfiques de partition de notre pays. En un mot, je crois en votre combat. Cependant, je me sens en devoir de vous dire un certain nombre de choses auxquelles vous devez absolument souscrire si vous êtes sincère avec vous-même et avec le Niger.

Pour commencer, je voudrais rappeler à votre bon souvenir deux maximes que vous connaissez si bien. D’abord, que « le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore » ; ensuite, qu’il n’y a pas de petite querelle. La première est du nigérian Wolé Soyinka, prix Nobel de littérature et la seconde est du sage et intarissable Amadou Hampâté Ba. Votre situation n’est pas que le reflet de l’une de ces deux maximes, mais bien les deux à la fois. Wolé Soyinka, comme Amadou Hampâté Ba, vous aurait certainement appris les leçons de leurs paroles, profondes et pertinentes. L’un et l’autre vous auraient appris que vous ne pourriez pas être dans une situation sans y être ; que la tergiversation va vous nuire en fin de compte.

N’étant qu’un talibé qui n’a pas oublié ce qu’il a lu quelque part, je vais essayer de vous dire ce que ces deux monuments de la littérature africaine auraient pu vous enseigner pour vous permettre de mieux vous en sortir.

« Le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore ». C’est la traduction d’une sagesse populaire que l’on peut vérifier. Un tigre ne dit pas à sa proie qu’il est un tigre et qu’il va le dévorer.

À peine, la proie a juste le temps de le constater avant d’être dévoré. Or, il se trouve que vous avez solennellement déclaré que vous allez me mener une lutte sans merci contre la corruption et les infractions assimilées. Vous l’avez déclaré le 2 avril 2021, lors de votre investiture. Puis, on ne sait plus combien de fois vous l’avez répété sans qu’un seul acte majeur soit venu confirmer que vous n’êtes pas en train d’amuser la galerie. Vous l’avez dit et répété alors que vous n’en avez pas besoin. Seuls les audits et les poursuites judiciaires consécutives des personnes mises en cause militent en faveur de la crédibilité de ce discours suranné. Je vous conseillerais volontiers de ne plus faire le moindre commentaire sur cette lutte contre la corruption, mais d’agir en multipliant les audits dans les sociétés, les programmes et projets. Instruisez et mettez-vous à l’écart des poursuites judiciaires. Laissez la justice faire son boulot, cela permettra à ce pays, qui a tant souffert, d’être débarrassé de certaines sangsues.

Monsieur le Président,

J’ai d’ailleurs appris que des audits sont en cours, mais que de graves entraves à l’exercice des missions de certains inspecteurs ont été relevées. Vous ne pouvez pas tolérer de tels faits. Sachez toujours que, quoi qu’il se passe, vos compatriotes seront informés de ce qui se passe, ce qui se dit, de ceux qui s’e sont opposés à vos instructions, de ceux qui vous ont bravé et qui vous ont, tout président que vous êtes, fait mordre la poussière. Soit, vous vous imposez comme tel, soit, on vous fait passer pour un faire-valoir qui serait juste là pour ouvrir les chrysanthèmes. Vous ne pouvez, donc, pas laisser passer de tels actes qui tendent à vous ridiculiser et à vous banaliser.

Si vous croyez sincèrement à ce que vous vous êtes engagé à faire pour le bien de ce pays et de ce peuple dont une bonne partie, retenezle, a fait table rase de ses préférences politiques pour donner une chance de réalisation à vos desseins, vous devez non seulement arrêter de parler pour agir, mais également sanctionner, de la plus belle manière, tous actes de rébellion, d’où qu’ils viennent. Si vous acceptez qu’on vous contrarie à ce point, même si cela a été fait entre quatre murs, soyez sûr qu’un jour, on vous fera subir pire et publiquement. La fonction présidentielle n’est pas un jeu pour que vous vous laissiez banaliser à ce point. Sortez l’”épée” et “écourtez” les têtes qui dépassent. Dans le respect des lois et règlements, bien sûr.

Monsieur le Président,

Vous m’avez sans doute compris. Tout comme vous avez probablement compris de quoi je parle, de qui je parle. Encore une fois, « le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore ». Soyez alerte et vous sortirez vainqueur de ce combat dont vous connaissez sans doute l’âpreté. Ne commettez pas l’erreur monumentale de penser que vous êtes à une station qui vous permet de faire et de défaire. Entre nous, vous savez d’ailleurs qu’il n’y a rien de plus faux que cela. Si vous commettez l’erreur de penser que vous finirez par avoir votre proie à l’usure, vous risquez de devenir la proie de la proie que vous avez prise en chasse. En guise de conclusion à ce premier point, je vous dirais simplement que votre leitmotiv doit être de travailler, pas de parler ; d’agir, pas de discourir. Souvenez-vous que pour avancer, il faut agir. En vous donnant les moyens de votre politique, la constitution vous ôte en même temps toute circonstance atténuante face à un échec. Bien que des compatriotes prétendent que vous êtes condamné à l’échec, je pense que tout dépend de ce que vous voulez pour le Niger. En un mot, votre proie, ce n’est pas le Niger, ce sont les prédateurs qui l’ont ruiné.

Monsieur le Président,

« Il n’y a pas de petite querelle », a dit Amadou Hampâté Ba. Votre responsabilité, c’est d’y croire. Je vous l’avais déjà dit, on ne déclare pas la guerre pour aller dormir. Or, la guerre, vous l’avez déclarée à ceux qui ont fait main basse sur les ressources publiques tout en enfonçant l’État dans un engrenage d’endettement inconsidéré. Dans cette “guerre” que vous avez déclarée en toute lucidité et responsabilité, il ne vous sera accordé aucune concession jusqu’à ce que vous gagniez ou que vous abdiquiez. Je veux dire que vous serez combattu à la mesure de ce que vous avez enclenché. Si vous giflez quelqu’un, attendez-vous qu’il vous rende la pareille ou même qu’il vous donne un coup de poing, sinon un coup de gourdin pour vous assommer. « Il n’y a pas de petite querelle », vous aurait sans doute rappelé Amadou Hampâté Ba.

En enclenchant cette guerre contre la corruption, vous savez à quoi vous avez touché. On peut ou on ne peut pas. Quand on peut, on ne tergiverse pas, on ne joue pas au chat et à la souris. Quand on ne peut pas, il n’y a pas de gêne à reconnaître qu’on boxe avec plus fort que soi. L’abdication est une possibilité qui est toujours offerte à un combattant. Cela lui évite d’être massacré et dans la guerre, je veux dire la vraie guerre, les conventions internationales protègent ceux qui se rendent, mains en l’air. Si vous ne pouvez pas poursuivre ce que vous avez commencé, soyez rassuré que le peuple le comprendra très vite et vous perdrez alors le capital d’estime et de considération que vous avez pu vous construire en peu de temps.

Monsieur le Président,

J’ai remarqué que vous avez d’ailleurs réussi à embarquer dans votre combat des noms illustres du combat pour une meilleure gouvernance, pour un meilleur Niger. Ce sont des soutiens d’une extrême importance et il serait bien dommage de les perdre. Si vous vous sentez bien dans votre peau et dans votre tête, eh bien, c’est grâce à cette dynamique populaire que vous avez su créer autour de vous, à ce nouvel espoir pour une gouvernance vertueuse. Ne vous y trompez pas : « on peut tromper tout un peuple pendant une partie du temps ; une partie du peuple pendant tout le temps mais jamais tout un peuple pendant tout le temps. En tout état de cause, rappelez-vous toujours ces deux maximes : « il n’y a pas de petite querelle » et « le tigre ne proclame pas sa “tigritude”, il se jette sur sa proie et la dévore »

Mallami Boucar

Aujourd'hui, le Niger, notre pays, fêtera le 63e anniversaire de la République. Une République que vous n’avez jamais arrêté de chanter et de louer, même dans les pires moments de corruption, de déni de droit et de rupture d’égalité des Nigériens devant la loi. A l’occasion de ce 18 décembre qui pointe à l’horizon, vous allez à nouveau et comme toujours louer les vertus de la démocratie, de l’Etat de droit, de la justice, bref de la bonne gouvernance. J’espère que vous ne ferez pas comme l’autre qui chantait régulièrement les mérites d’un pays qui n’était pas le sien et qui prenait un malin plaisir à dire exactement tout le contraire de ce qu’il faisait et de ce qu’il était pour le Niger. J’espère que vous aurez l’honnêteté de brosser un tableau juste de l’état de la nation et que vous éviterez de brocarder votre pays, de le stigmatiser et de le minimiser face à d’autres pays. Un chef d’Etat doit se conduire vis-à-vis de son pays comme un enfant vis-à-vis de son père parmi tant d’autres. Son père a beau être un cordonnier parmi les plus riches et les plus puissants de ce monde, l’enfant ne verra et n’adoubera que son père qui est forcément le meilleur pour lui.

Monsieur le Président,

Le 63e anniversaire de la République intervient, m’a-t-on dit, dans un contexte politique dont vous n’êtes pas particulièrement fier. La situation des prisonniers politiques, la lutte contre la corruption qui a rapidement connu un flop, l’interdiction systématique des manifestations publiques, la présence illégale et contestée de bases militaires étrangères sur notre sol sont autant de sujets, je l’admets, qui sont de nature à ramollir l’ardeur d’un chef d’Etat qui dit être soucieux de remplir convenablement sa mission et de marquer l’histoire.

Votre speech ne sera pas des plus aisés. Vous avez à dire exactement tout ce qui fait le Niger d’aujourd’hui. Je n’occulte pas les petits pas que vous avez osés avant que quelque force ne vous réduise au silence. Ah, je vous avais personnellement cru capable de rompre avec les pratiques de l’autre et d’engager le Niger dans une nouvelle dynamique. J’avais cru que vous seriez capable de démentir les pronostics et de devenir, malgré tout ce qui a entouré votre arrivée à la tête du pays, un chef d’Etat qui inscrira son nom en bonne place, à côté de ceux qui sont valeureux et qui ont rendu service au peuple nigérien. Bien qu’appartenant à la même famille politique que l’autre, j’avais pensé, pendant un bon bout de temps, que vous avez la volonté de vous écarter de tout ce qu’il incarne. Pour le bien du Niger et de son peuple qui ont tant souffert de ses pratiques, comme s’il était investi de la mission de détruire ce pays et ces valeurs. Hélas, j’ai été obligé de m’incliner devant ceux qui, au nom de tout ce que vous avez été, ont parié que vous ne pourriez pas être autre chose pour le Niger que ce que l’autre a été. J’invoque vos nouvelles fonctions ? Ils rétorquent que l’autre, qui a été si méchant avec le Niger, avait les mêmes fonctions. Bref, le doute s’installe dans mon esprit quant à vos desseins réels pour le Niger.

Monsieur le Président,

La République, c’est d’abord la liberté : liberté d’expression, liberté de manifestation publique, liberté d’aller et de venir sur toute l’étendue du territoire national, liberté de pensée, etc.

La République, c’est l’Etat de droit, c’est-à-dire avant tout une justice égale pour tous, une justice qui garantit à tous la présomption d’innocence et qui, par l’équilibre qu’elle fournit à la société, autorise et favorise la confiance des citoyens en leur système judiciaire.

La République, c’est, pour me résumer, le gouvernement du peuple pour le peuple et par le peuple, dit-on. En termes clairs, ce qui est fait pour le peuple mais sans le peuple est fait contre le peuple.

Si j’ai évoqué ces aspects, de façon superficielle, je l’admets, c’est pour attirer votre attention sur l’écart, et dans certains cas, le fossé, qui sépare les principes auxquels vous avez souscrit et au nom desquels vous êtes aujourd’hui à la tête de l’Etat, et les faits. Les faits d’un gouvernement que vous présidez et qui s’accommodent de prisonniers politiques, qui refusent au peuple et aux structures organisées le droit aux manifestations publiques. Un gouvernement qui ne garantit pas l’égalité des Nigériens devant la loi et qui, malgré vos déclarations publiques et vos engagements, pris devant les organisations de la société civile, notamment, n’a encore enregistré aucun résultat tangible dans la lutte contre la corruption.

Vous souvenez-vous, c’est ce combat que vous avez solennellement déclaré, lors de votre investiture, le 2 avril 2021, vouloir mener sans faiblesse afin de restituer au Niger, les moyens de son développement et du bien-être de ses populations. À ce jour, et à quatre jours de votre premier message à la nation au nom de la République, vous n’avez rien à présenter à ce sujet à vos compatriotes. En revanche, sur la question de la lutte contre le terrorisme et l’armement des Forces armées nationales, vous allez sans doute reparler des promesses de commandes de drones et véhicules blindés. Une belle option que j’encourage personnellement, à condition toutefois que cela ne reste pas au stade d’intentions stériles.

Toujours sur cette question de lutte contre le terrorisme, de grâce, ne commettez pas l’erreur de louer à nouveau la présence militaire étrangère, particulièrement française. Ce serait, à l’endroit du peuple nigérien, une insulte après le drame que nous avons subi à Téra. Si vous le faites quand-même, vous ne seriez pas si différent de l’autre aux plans humain et patriote. Marquez votre différence avec l’autre, livrez un message responsable, juste et équilibré en vous focalisant sur les conditions de vie de vos compatriotes, ce qu’ils endurent et ce qu’ils souhaitent. Telle est la clé de la gouvernance. Toute autre piste vous perdra, inéluctablement, comme l’autre.

Mallami Boucar

 Le jeudi 11 août 2022, vous avez, comme de tradition, présidé la réunion hebdomadaire des ministres. Au cours de cette réunion, vous a procédé à des nominations dans la haute sphère de l’administration publique. Et parmi les personnes nommées à de hauts postes de responsabilités figure madame Takoubakoye Aminata Boureima qui n’est autre que l’épouse de votre directeur de Cabinet adjoint, Dani Takoubakoye. Selon le communiqué de la réunion des ministres, elle est nommée directrice générale de l’Institut national des statistiques (Ins), un poste qu’elle a manifestement convoité et qu’elle a finalement obtenu. C’est tout de même l’épouse de votre directeur de Cabinet et il lui fallait montrer ses muscles à celui qui a provoqué son courroux. Ce poste l’ancien ministre de Djibo Salou, sous la transition de 1999, voulait de toute évidence faire comprendre à celui qui a osé lui demander des comptes en tant qu’agent de la Fonction publique que la loi et les règlements, ce sont eux et non quelqu’un d’autre.

En remplaçant le sieur Idrissa Alichina Kourgueni, la dame Takoubakoye Aminata Boureima a voulu ainsi faire payer son culot à quelqu’un qui ne semble pas avoir compris sous quel Niger il vit ; quelqu’un qui ignore encore qu’il y a deux catégories de Nigériens, ceux qui sont sous astreinte de la loi et ceux qui peuvent voler, violer, tuer, détourner des milliards, en toute impunité.

L’acte par lequel vous avez remplacé le sieur Idrissa Alichina Kourgueni par l’épouse de votre directeur de Cabinet n’est pas un fait banal. Il traduit la nature du régime que vous incarnez, la primauté de la force sur le droit, l’expression d’un pouvoir dont les tenants sont au-dessus de la loi et ne tolèrent pas qu’on leur demande des comptes. Il n’y a d’ailleurs rien de surprenant dans cette façon de faire. Votre régime est coutumier du fait. Vous avez toujours assimilé le droit à la loi du plus fort. Idrissa Alichina Kourgueni, votre victime du jour, n’a fait pourtant qu’appliquer les textes de la Fonction publique. C’est au nom de ses prérogatives administratives et en vertu du statut général de la Fonction publique nigérienne, qu’il a interpellé un de ses agents en abandon de poste depuis de longs mois.

Monsieur le “Président”

J’ai appris que vous avez pris des vacances, et vous et tous les membres de votre gouvernement. On m’a dit que vous seriez déjà à Tesker et que tout ce que compte le Niger est localisé vers la région de Zinder, en pleine ébullition. J’ai appris que vous aurez, au cours de ces vacances que je ne trouve pas méritées, des consultations politiques de grande importance et que l’issue de vos concertations avec vos interlocuteurs pourraient changer bien de choses dans la gouvernance globale du Niger. C’est l’unique point positif que je trouve à ces vacances du prince. Tout jeune, j’ai appris que les vacances se méritent et qu’elles sont accordées, certes, de droit, mais en contrepartie d’un travail reconnu. Le Niger était malade, il est devenu encore plus malade, aujourd’hui. Vous n’avez pas, en 15 mois, apporté le moindre début de solution aux maux qui assaillent le Niger. Tout se complique davantage et vous-même subissez le cours des évènements, à plus forte raison vos compatriotes. C’est dommage ! De ce point de vue, vos vacances sont inopportunes et vous avez certainement raté le coche en les prenant à un moment où le Niger se trouve dans mille problèmes et que les citoyens semblent livrés à euxmêmes. Vous auriez vous refuser ces vacances qui vont d’ailleurs vous stresser davantage et peut-être amplifier et compliquer vos problèmes.

Il est bien vrai que vous êtes déjà à carreau, complètement groggy face aux coups de boutoir de gens dont vous ne devriez pas attendre grand-chose et que vous avez grandement besoin de repos. Le stress, les pressions, les contradictions flagrantes dans lesquelles vous avez évolué, le sentiment d’être impuissant qui vous ronge alors que vous savez ce que vous avez à faire pour remettre les pendules à l’heure, sont autant de raisons qui militent pour un temps de méditation, un temps de remise en cause et d’introspection indispensable.

Vous connaissez mon patriotisme débridé. C’est la raison pour laquelle je ne me lasse pas d’en appeler à votre conscience. Le Niger a tant souffert et quoi que vous pensez, vous êtes à une station où vous pouvez faire beaucoup pour votre pays. Parfois, seule la peur et l’angoisse morbide nous empêchent d’agir. Or, celui qui n’agit pas en vue de matérialiser les changements auxquels il aspire est déjà mort.

Monsieur le “Président”

Votre séjour à Tesker ne sera pas de tout repos, je le sais. Vous avez surtout à vous battre contre vous-même pour trouver les ressources nécessaires à l’intrépidité du leader qui veut s’affirmer. Vous devez gagner ce combat ou vous avouer définitivement vaincu. Vous le savez pour l’avoir appris avant moi, mourir pour une bonne cause est loin d’être une défaite. La défaite, c’est courber l’échine, honteusement, face aux épreuves et aux devoirs. La sagesse populaire à la sève de laquelle j’ai été nourri nous a tant farci le crâne avec ce précepte que je refuse de croire que vous ne relèverez pas le défi qu’on vous pose. Vous êtes le chef de l’Etat, le président de la République qui avez juré, la main sur le Saint Coran, de servir loyalement le Niger. Vous devez vous assumer comme tel. Sachez, en tout état de cause, que vous n’avez ni le droit de vous plaindre ni celui de justifier votre inertie face aux évènements. J’ai l’habitude de dire à votre prédécesseur que c’est à celui de choisir par quelle porte il voudrait entrer dans l’Histoire. Pas bien sûr celle qu’on essaie de lui concocter depuis l’extérieur, mais qui sera écrite par les Nigériens qui savent quel mal il leur a fait.

Vous êtes, aujourd’hui, à la croisée des chemins. C’est à vous de choisir la place que vous voulez occuper dans les coeurs de vos compatriotes, autrement dit dans l’Histoire de votre pays. La voie que l’autre a suivie mène tout droit au purgatoire et vous le savez. Ne commettez pas l’erreur d’emprunter la même voie. Une dernière chose, soyez ingrat vis-à-vis des hommes, préservez les intérêts de votre pays, de votre peuple.

Mallami Boucar

 

 J’ai appris la nouvelle du rappel à Dieu de Sanoussi Tamabari Jackou et j’imagine votre profonde affliction. Je m’incline devant la volonté du Tout Puissant et prie pour le repos de l’âme de l’illustre disparu. Que Dieu, dans sa miséricorde infinie, lui accorde le pardon. Sanoussi Tambari Jackou était un brillant esprit et il faut sans doute être de mauvaise foi pour contester son intelligence. C’est tout autant faire preuve de mauvaise foi que de le couvrir uniquement d’éloges parce qu’il a tiré sa révérence. J’ai l’habitude de rappeler, à votre prédécesseur et à vousmême que nous ne sommes que de « misérables petites moisissures de la terre » et que, quoi que nous fassions, nous finirions sous terre. La leçon est là, comme hier, comme toujours, même si certains d’entre nous sont si incrédules qu’ils se prennent pour Dieu sur terre. Le pouvoir d’Etat en particulier corrompt et souvent, malheureusement, il nous enivre au point d’oublier cette belle leçon de Cheikh Hamidou Kane. La mort, pour être plus prosaïque, est l’acte suprême par lequel Dieu nous inculque l’humilité, la justice, l’intégrité, bref, les valeurs humaines qui fondent l’humanité. Lorsqu’un homme ne se remet pas en cause devant la mort, lorsqu’il ne s’amende pas devant la toute puissance de son Créateur, c’est qu’il ne croit pas en Dieu.

Monsieur le “Président”,

Pour qui connaît un tant soit peu ce que le défunt représentait pour vous-même et pour le pouvoir en place, il serait aisé de comprendre que ce n’est pas si facile d’encaisser un tel coup. Seulement, face à la mort, nous n’avons pas d’autre choix que de nous incliner. J’imagine votre douleur, car je sais que vous venez de perdre un être cher, un ami, un frère, un compagnon de lutte politique et un farouche partisan. Sanoussi Tambari Jackou s’en est allé à jamais et je regrette pour l’homme, que ce soit dans un contexte qui ne cadre pas tout à fait avec le rêve, fabuleux, du Niger que lui, vous et d’autres ont vendu aux Nigériens dans les années 90. En effet, L’homme s’en est allé dans un contexte politico-social chargé d’incertitudes pour le Niger. Il s’en est allé à un moment critique où des zones entières du territoire national sont infréquentables du fait des terroristes qui y exercent contrôle et autorité. Il s’en est allé alors que le Niger est fortement endetté, les secteurs sociaux de base en déliquescence, les libertés publiques confisquées, la démocratie dévoyée, les ressources dilapidées, la corruption et les détournements des deniers publics institutionnalisés, le trafic de drogue et d’armes en en forte croissance, bref, il s’en est allé sous un Niger des plus cauchemardesques pour un homme qui a été à l’avant-garde du Niger de la Conférence nationale souveraine.

Monsieur le “Président”,

Malgré les circonstances douloureuses que vous traversez, je ne puis m’empêcher de vous parler du Niger. Vous comprendrez sans doute, le pays étant au-dessus des hommes. La situation nationale ne nous offre pas d’ailleurs la possibilité d’éluder les questions de l’heure. La première, c’est la visite impromptue que les ministres de la Défense nationale et des Affaires étrangères français ont effectué au Niger, le 14 juillet 2022. Lorsque je l’ai appris, je me suis demandé ce qui pouvait motiver ces deux personnalités centrales françaises à quitter Paris, un 14 juillet, pour venir chez nous. Quelle est l’urgence qui pourrait justifier que le ministre de la Défense, en particulier, vienne au Niger le jour de la commémoration de la fête nationale française ? Pourquoi cette visite ne devrait-elle pas attendre le lendemain du 14 juillet ? Pourquoi pas avant *$le 14 juillet ?

L’Elysée, le Quai d’Orsay et les ministres missionnaires, eux, connaissent le motifs, sans doute urgents et graves, qui les ont fait quitter la France, unn14 juillet, pour venir et se payer le luxe d’aller visiter des projets financés par la France. Ils occupent déjà militairement notre espace et en si grande masse au point où le Niger se confond à un département français outre-Atlantique.

Monsieur le “Président”,

J’ai appris le message officiel dont étaient porteurs les deux ministres français et je n’ai pas pu m’empêcher de sourire. Je sais qu’il n’en est rien. Le prêt de 50 millions d’euros et les 20 millions d’euros ne sont, je le crois, que de la poudre aux yeux. J’espère, au passage, que ces millions d’euros ne vont pas atterrir dans des comptes bancaires privés plutôt que dans les caisses de l’Etat. Je sais qu’il y en qui se frottent déjà les mains, attendant que cet argent soit dans l’obole de l’Etat pour y soutirer leurs parts. Mais, soyez sûr d’une chose, dans la vie d’un pays, le curseur bouge toujours.

Mallami Boucar

 

Je vous ai parlé, la semaine dernière, de la situation sécuritaire et de la problématique unique à laquelle nous sommes confrontés, celle de savoir pour qui roulent, en définitive, nos partenaires militaires qui laissent faire tant de massacres, tant de tueries et de désolations humaines ? La France, d’abord, les États Unis, en suite, puis tous les autres, à savoir l’Allemagne, l’Italie, doivent impérativement être sommés de justifier leur présence sur notre sol. Ces pays, vous le savez, ont toujours vu la coopération avec des pays comme les nôtres dans un sens unique, celui de leurs seuls intérêts. Il faut l’avouer, vous avez prêté le flanc à cette coopération qui gruge notre pays, exposant son peuple à la misère et à la vindicte assassine de terroristes dont vos compatriotes, vous le savez également, ont fini, depuis longtemps, de s’interroger sur leur résilience, leur armement, leur financement, leur détermination et leur motivation. S’ils ne sont pas derrière ces terroristes qui tuent et chassent de leurs terres de paisibles citoyens nigériens, à quoi nous servent-ils à partir du moment où leur technologie militaire si pointue, leurs yeux si perspicaces et à circonférence étendue, ne voient rien lorsque ce sont des populations nigériennes qui sont traquées, persécutées et massacrées. S’ils n’y sont pour rien, on doit toutefois admettre que, non seulement ça les amuse de voir le Niger déstabilisé et vidé de ses hommes, particulièrement dans certaines zones, mais qu’ils ont surtout un intérêt dans ce projet macabre.

Je sais que vous ne le dites pas, vous le savez et le croyez aussi. Ces pays-là ne nous servent à rien. Leur présence sur notre sol est un marché de dupes sans lendemain. Ne jouez pas à ce jeu stupide de Zelensky, le président ukrainien, qui semble agir, non pas dans l’intérêt du peuple ukrainien, mais selon des injonctions extérieures. L’Ukraine sera reconstruite, dit-il. Et les personnes tuées ? Comment peut-on parler de reconstruction alors que des hommes sont en train d’être tués et que des millions d’autres sont condamnés à l’exil ? Le Niger n’est pas logé sous une autre enseigne que celle-ci. Ses enfants sont en train d’être massacrés, des milliers d’autres sont chassés de leurs terres, sous le regard indifférent de ceux dont vous louez curieusement la coopération. C’est quel genre de coopération, ça ? Hier, encore, je vous ai entendu rendre hommage à la coopération allemande en prétendant qu’elle doit être un modèle pour les autres partenaires. Ah, j’ignorais que l’Allemagne faisait plus et mieux que les autres au point de recommander aux autres, forcément l’Italie, la France et les États Unis notamment, de faire comme elle. C’est peut-être bien, mais ce n’est pas arrivé, comme disent nos frères béninois et togolais. En quoi la coopération militaire allemande est-elle exemplaire ? Ou bien, est-il juste question de flatter sans y croire ?

Monsieur le “Président”

J’ai appris que les premiers drones acquis auprès de la Turquie sont arrivés à Niamey. Je vous en félicite sincèrement, en espérant qu’il ne s’agirait pas de les parquer quelque part comme des objets de musée. Ce sont des moyens de guerre qui doivent servir à faire la différence sur le terrain et vous ne devez pas perdre la moindre minute pour les rendre opérationnels. Sachez, en tout état de cause, que l’on ne peut gagner le beurre et l’argent du beurre.

Monsieur le “Président”

Tout comme l’autre, vous vous affichez, malgré votre serment, comme un partisan politique et cela, vous le savez, n’est pas favorable à l’émergence d’un climat social et politique rassurant. Vous êtes le président de la magistrature, garant de l’unité nationale et vous vous laissez aller à de petitesses politiques en jouant vousmême le conciliateur dans une affaire d’enlèvement et d’agression physique. En organisant, autour de vous, une rencontre de conciliation entre Elhadj Amani, victime d’enlèvement et d’agression physique qui aurait pu tourner au drame, le commanditaire présumé de son enlèvement, Elhadj Maïnassara en présence du procureur de la République aux fins de voir l’extinction de la plainte, vous avez triplement pêché. Premièrement, vous avez violé votre serment en vous rendant coupable de parti pris dans une affaire de justice. Deuxièmement, vous avez violé la Constitution, entre autres, en ses articles 116 « Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif » et 46 « Le Président de la République est le Chef de l’État. Il incarne l’unité nationale. Le Président de la République est audessus des partis politiques ». Troisièmement, vous avez soustrait à la justice des individus passibles de sanctions pénales. Voici ce qu’en dit l’article 14 de la Constitution que vous avez juré de respecter et de faire respecter : « Nul ne sera soumis à la torture, à l’esclavage ni à des sévices ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Tout individu, tout agent de l’État, qui se rendrait coupable d’actes de torture, de sévices ou traitements cruels, inhumains ou dégradants dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions, soit de sa propre initiative, soit sur instructions, sera puni conformément à la loi ». Si vous-même, le magistrat suprême, vous agissez de la sorte en montrant clairement votre préférence politique, sachez que vos compatriotes vous considèrent également comme un chef partisan qui travaille pour un clan et non pour le Niger. C’est une logique implacable que vous connaissez et ce ne sont pas des discours ressassés à dessein qui vont y changer quelque chose. Vos actes parlent si fort que l’on n’entend pas ce que vous vous exténuez à faire entendre.

Monsieur le “Président”

Vous comprenez sans doute, lorsqu’un chef d’État en arrive à ce point, qu’il soit taxé de chef de clan. Vous avez donné la preuve, irréfutable, que c’est vous la justice au Niger et quiconque veut se tirer d’affaire judiciaire doit taper à votre porte, pas ailleurs. Ça ne surprend pas, je constate et attire votre attention sur les dérives, de plus en plus prononcées chez vous. Hier, on apprenait que vous faisiez sortir qui vous vouliez et quand vous vouliez de prison, y compris des chefs terroristes. Aujourd’hui, vous officiez des rencontres de conciliation entre parties en justice. J’ai bien peur que vous ne fassiez carrément comme Moussa Dadis Camara, l’ancien président guinéen, qui présidait des audiences au palais présidentiel ; des audiences au cours desquelles il a défait des procès qui datent de 25, voire 30 ans et plus. Le risque est grand de vous voir multiplier de tels travers, sachant qu’à ce jour, vous demeurez toujours président d’un parti politique, en l’occurrence le Pnds Tarayya. C’est une autre violation de la Constitution dont vous vous rendez coupable, étant entendu que vous avez l’obligation d’y démissionner sans délai dès lors que vous avez été investi président de la République. Vous êtes donc, à la fois président de tous les Nigériens et président des militants du Pnds Tarayya, chose antinomique que vous défend formellement la loi fondamentale. La loi a-t-elle vraiment une signification pour vous ? Ah, que si ! J’oubliais que d’autres Nigériens, non membres du Pnds Tarayya et à qui il est reproché, parfois, des fautes 10 fois moins graves que dans le cas qui vous a récemment amené à jouer les bons offices, paient le prix fort de leur liberté.

Monsieur le “Président”

Vous dirigez, vous ne gouvernez pas. Car, on ne gouverne pas son peuple dans l’injustice, le parti pris et l’insécurité permanente. C’est dire que vous devez redresser la barre dès à présent au risque de dégringoler avec ces blocs de pierre auxquels vous vous accrochez, exactement comme l’autre l’a fait, dans l’illusion d’un destin fabriqué mais sans fondement aucun. Ça n’a pas de lendemain, croyez-moi.

Mallami Boukar

Vous êtes sans doute meilleur que l’autre, mais vous n’êtes pas, non plus, à la hauteur de la tâche. Le Niger, sous votre gouvernance, s’embourbe, sans aucune possibilité d’avancer. Depuis plus de 11 longues années, vous nourrissez le peuple nigérien de discours creux et sans lendemain. Le développement est fortement hypothéqué et cela se vérifie aisément à l’aune de l’état des secteurs sociaux de base, notamment l’école, la santé et l’hydraulique. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est vous qui en avez fait l’aveu, le 10 novembre 2022, à l’ouverture de la rentrée judiciaire, au centre Mahamat Ghandi de Niamey. Devant les magistrats réunis à l’occasion, vous avez laissé entendre que « Sans confiance entre les justiciables et le service public de la justice, il n’y a pas de justice ; sans justice, il n’y a pas d’État de droit et sans État de droit, il n’y aura point de développement ». Or, vous le savez mieux que moi, il n’y a pas de confiance entre les justiciables et le service public de la justice, car vous avez fait la primauté à une justice à géométrie variable. Vous reconnaissez, donc, implicitement, que vous tournez en rond, sans autre possibilité que d’agiter des vessies pour des lanternes. C’est un aveu digne d’intérêt que vous avez fait lors de ces assises judiciaires. Or, vous êtes le président du Haut conseil de la magistrature, celui qui donne des instructions au ministre de la Justice qui instruit à son tour les juges du Parquet, à commencer par le procureur de la République.

Permettez-moi de rappeler à votre bon souvenir les dispositions de la loi n° 2018-36 du 24 mai 2018 portant statut de la magistrature, notamment celles de l’article 59. Voici ce que dit : « Les magistrats sont notés ainsi qu’il suit : a) les premiers présidents de la Cour de cassation, du Conseil d’État et de la Cour des comptes par le président du Conseil supérieur de la magistrature ; b) les présidents de chambres de la Cour de cassation, du Conseil d’État et de la Cour des comptes par les présidents des juridictions dont ils relèvent ; c) les procureurs généraux près la Cour de cassation et la Cour des comptes par le ministre de la Justice ; d) les magistrats du siège des Cours d’appel, des tribunaux et juridictions qui leur sont rattachées, par le président de la cour de cassation, du Conseil d’État ou de la Cour des comptes selon le cas au vu des appréciations et notations des présidents des Cours d’appel et des tribunaux dont ils relèvent ; e) les magistrats du ministère public de la Cour de cassation, de la Cour des comptes, des Cours d’appel et des autres juridictions par le ministre de la Justice, au vu des appréciations et notations formulées par les procureurs généraux et les procureurs de la République dont ils relèvent ; f) les magistrats de l’administration centrale du ministère de la Justice, par le ministre de la Justice ; g) les magistrats placés en position de détachement par l’autorité auprès de laquelle ils sont détachés. Toutefois sont dispensés de cette notation, les magistrats mis en position de détachement pour occuper des emplois laissés à la discrétion du gouvernement et des autres hautes autorités politiques de l’État ».

Monsieur le “Président”,

En résumé, vous êtes le chef suprême de cette justice que vos compatriotes récusent, essentiellement, parce qu’elle n’est pas équitable et que vous-même, vous prétendez ne pas être conforme à vos attentes. Pour tout dire, vous incarnez une justice des plus forts du moment et vous vous y plaisez fort bien puisque vous ne faites rien pour la changer. Une justice des plus forts, c’est l’injustice et je me rappelle que ce n’est pas, loin s’en faut, en déphasage avec votre vision de la justice. Vous étiez sans doute loin d’imaginer que vous seriez un jour à la place que vous occupez aujourd’hui lorsque vous marteliez que la justice est le reflet du rapport des forces du moment.

Voici ce que votre conception de la justice donne : il y a ceux qui sont condamnés, souvent sans aucun jugement et sans alibi solide, maintenus en prison dans des conditions qui frisent une volonté de les voir mourir à petit feu et il y a ceux qui sont exonérés de tout alors qu’ils ont posé des actes de nature criminelle et ne sauraient, dans un Etat de droit digne du nom, échapper à la réclusion criminelle devant une Cour d’assises. Je peux vous citer des exemples où vous avez failli en tant que chef de la magistrature et président de la République qui a pris l’engagement solennel de garantir une justice de qualité, efficace, plus équitable et plus accessible. Il y en a tellement que vous m’accorderez certainement le bénéfice de me taire là-dessous pour ne pas trop vous tourmenter avec ces échecs conscients, inexcusables mais pleinement assumés parce que, soit l’on est impuissant à changer le cours des choses, soit parce que l’on est complice de l’état des choses.

Monsieur le “Président”,

On vous dit dix fois plus “humain” que votre prédécesseur, ce que j’admets volontiers au regard de certains actes. Cependant, je ne comprends pas cette absence de constance dans vos actes, au point où j’ai été obligé de croire en la véracité du jugement d’un ami, assez perspicace, je dois l’avouer. « Bazoum Mohamed n’est ni différent de son prédécesseur ni acquis à un humanisme de bon aloi. Il fait tout par ruse et par calcul », a-t-il dit, s’appuyant sur deux faits qu’il dit être l’expression d’une duplicité. D’abord, l’affaire Boureima Moumouni dit Tchanga, l’ancien chef d’Etat-major des armées nigériennes, qui a bénéficié d’une liberté provisoire par décision de justice le …2022, mais qui a été maintenu dans les liens de la détention par opposition du Parquet à sa mise en liberté. Or, le Parquet, c’est le ministre de la Justice et le ministre de la Justice, c’est le président du Haut conseil de la magistrature qui n’est autre que vous-même. On le sait, ni le procureur de la République ni le ministre de la Justice ne peuvent, dans l’architecture judiciaire actuelle, s’aventurer à prendre une telle initiative De la même façon qu’ils ne peuvent s’autoriser à engager des poursuites contre certains individus qui ont pourtant commis les pires crimes. La preuve, les auteurs des crimes abominables commis au ministère de la Défense nationale n’ont pas, à ce jour, fait un seul jour de prison.

Aucun. Au terme de l’article 39 du code de procédure pénale donne au procureur de la République, la compétence de recevoir les plaintes et les dénonciations et d’apprécier la suite à leur donner. Malgré cette disposition légale, le procureur de la République n’a pas donné une suite attendue à la plainte avec constitution de partie déposée par les organisations de la société civile, relativement au scandale de l’uraniumgate. Non seulement une caution e 20 millions leur a été exigée comme condition à l’examen de sa plainte, mais le compte bancaire qu’elles ont créé à cet effet à Ecobank-Niger a été fermé quelques jours après son ouverture parce que, selon la banque, il serait contraire à la loi sur le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

Monsieur le “Président”, La justice au Niger, jusqu’à preuve du contraire, c’est vous et personne d’autre. Elle est le reflet de votre vision, de vos aspirations et de vos attentes. Dans l’affaire Boureima Moumouni dit Tchanga, c’est comme si vous avez repris de la main gauche ce que vous avez donné de la main droite. Soit, vous redressez la barre alors qu’il est encore temps, ce qui est nature à ouvrir les perspectives de développement figées et bloquées, soit vous continuez à vous accommoder de cette situation et dans ce cas, je conseillerais volontiers de ne plus parler de justice…mais également de développement.

Mallami Boucar

J’ignorais que vous prépariez une table ronde des investisseurs, J’ai eu cependant l’information que vous étiez attendu, le 5 décembre, à Paris (France). Bref, j’ai suivi votre allocution d’ouverture de ladite table ronde et je dois avouer que ma surprise est totale de vous entendre proclamer, avec une si grande certitude, des choses et des concepts dont vos compatriotes ont oublié, depuis plus d’une décennie, jusqu’au sens. Avec votre permission, je commencerai par l’unique vérité que j’ai relevée dans ce discours qui a dû faire sourire nombre de partenaires qui savent parfaitement comment le Niger est gouverné depuis près de 11 ans ; ceux qui connaissent, pour les avoir pratiqués et évalués, les responsables de cette gouvernance que vous semblez si flatter. « Notre peuple, avez-vous déclaré si courageux et si résilient, mérite bien de tels résultats » en parlant de modernisation de l’économie nationale, du développement du capital humain, de la consolidation de la gouvernance, de la paix et de la sécurité. C’est une vérité absolue à laquelle j’adhère totalement, sans être toutefois d’accord avec vous quant à votre volonté et vos capacités réelles à faire face, avec efficacité, à vos responsabilités. Je veux dire que vous savez bien que le contexte de corruption, de détournements de deniers et biens publics, de trafics en tous genres, le tout baignant dans une impunité totale des auteurs, ne peut favoriser ce que vous projetez si bien dans votre discours.

Comme moi, comme tous vos compatriotes, Vous savez ; que vous êtes très éloigné de ces perspectives, pour ne pas dire que vous en êtes aussi éloigné que les deux faces d’une même pièce de monnaie. Vous savez autant que moi, sinon plus que moi, que le Niger est malade, très malade, de la corruption, des détournements de deniers publics, de trafics en tous genres, de l’injustice et de l’impunité et qu’en dehors d’un changement de paradigmes auquel vous vous êtes essayé brièvement, il n’y a guère de salut pour le peuple nigérien. Ah, j’ai souri lorsque je vous ai entendu dire que « la mise en oeuvre du Plan de développement économique et social (Pdes) a été un succès ». Vous savez bien que ce n’est pas le cas. Il y a deux semaines, je vous avais rappelé que dans Monsieur le Président,On ne peut pas déployer tant d’énergie, tant d’ingéniosité et de tant de courage dans la violation des lois et penser convaincre en parlant de justice et les droits de l’homme votre pays, depuis le début de mai 2022, ce sont 16 193 personnes, soit 2 602 ménages, qui ont été forcées de se déplacer dans les communes de Torodi et de Makalondi ; qu’en août 2022, 77 919 enfants, dont 38 394 filles ont été affectés par la fermeture de leurs écoles pour cause d’insécurité ; que ce nombre d’élèves concerne 890 écoles, dont 855 écoles du primaire et 35 du secondaire ; que le pourcentage des écoles forcées de fermer a augmenté de 17% entre mai et août et que ce phénomène touche les enfants de 17 départements éparpillés dans quatre régions ; que, bien entendu, cela va durablement affecter l’économie nationale, sans compter les conséquences sociales et culturelles désastreuses ; que les besoins sont énormes dans les secteurs de l’eau, de la sécurité alimentaire, de la santé, de la protection, des abris et de l’éducation ; qu’enfin, 552,6 millions de dollars sont nécessaires pour financer le plan humanitaire 2022. Ce n’est, vous le savez, qu’une infime fenêtre du vilain tableau de la gouvernance que vous incarnez. Le tableau serait-il aussi noir si le Pdes 2017-2022 était un succès ?

Monsieur le “Président”,

Ce que je considère comme une opération de com de votre part ne peut d’ailleurs porter des fruits dans la mesure où ceux à qui vous parlez sont parfaitement édifiés sur la situation réelle de notre pays, du climat des affaires et des opportunités réelles dont vous parlez. Le slogan « Niger, Terre d’accueil et d’opportunités » avec lequel vous pensez accrocher vos interlocuteurs et susciter leur intérêt n’est pas réaliste dans son second volet. Les opportunités d’affaire ne peuvent coexister et prospérer dans un contexte dominé par la corruption, les trafics divers et l’impunité, y compris pour des personnes qui doivent être poursuivies pour haute trahison. Le détournement des fonds destinés à équiper les Forces armées nigériennes (Fan) et l’impunité garantie aux auteurs, co-auteurs et complices enlève tout crédit à votre discours. On ne peut pas déployer tant d’énergie, tant d’ingéniosité et de tant de courage dans la violation des lois et penser convaincre en parlant de justice et les droits de l’homme.

« La croissance, avez-vous déclaré, sera durable et inclusive afin qu’elle profite à toutes les couches socioéconomiques, notamment les plus défavorisées » ; que votre ambition est de ramener le taux de pauvreté de 43% en 2022 à 35,4% en 2026 ; que pour ce faire, le Gouvernement mettra en oeuvre plusieurs stratégies visant la transformation structurelle de notre économie. C’est si séduisant. Seulement, comme vous le faites depuis 11 interminables années, derrière les mots, les discours, les promesses et les engagements, il y a toute une tragédie.

Monsieur le “Président”,

Savez-vous que l’amélioration du climat des affaires est impossible dans un pays miné par la corruption ? Savez-vous également que les services sociaux de base, notamment l’éducation, la santé et l’eau sont en souffrance malgré le Pdes 2017- 2022 dont vous flattez les résultats ? Savezvous que des milliers de classe, malgré le Pdes, sont en paillottes, y compris à Niamey, dans la capitale et que des milliers d’élèves — ceux qui ont la chance d’aller à l’école — sont assis à même le sol ? Savez-vous que, malgré les énormes ressources que le Niger a engrangées sous votre régime, qu’il y a des localités qui n’ont accès à l’eau potable ? Savezvous que, dans les hôpitaux nigériens, l’on achète jusqu’aux gants et aux sparadraps pour espérer le moindre soin ? Savez-vous que les que les 10, 28 milliards d’euros correspondant à 6 735 158 140 084,00 FCFA pour lesquels vous cherchez des investisseurs étrangers peuvent être mobilisés rien qu’en livrant une lutte sérieuse contre la corruption ? Savez-vous que rien qu’avec le scandale des d’Eximbank de Chine, ce sont 1000 milliards de francs CFA qui se sont évaporés dans la nature ? Je ne suis pas choqué par ce décalage, j’allais dire ce fossé, entre le discours et la réalité, poignante, que vos compatriotes subissent depuis plus d’une décennie. Je pleure simplement ce Niger, mon pays, si fier, que vous avez “défiguré” avec une gouvernance sans âme, faite de déni de justice, de corruption et de trafics divers. Ce Niger que vous brossez dans vos discours, ce n’est pas celui que nous connaissons. Ma prière, c’est de voir ce Niger advenir.

Mallami Boucar

Cette fois-ci, je crois qu’il n’y a plus de possibilité à faire prévaloir le doute, c’est bien l’armée française qui a tiré à balles réelles sur les populations nigériennes, à Téra. La vérité vient d’abord de Paris, la capitale française d’où le journal Libération a titré que « les cartouches récoltées après la tuerie de Téra (mort de 3 Nigériens) sont de calibre OTAN » et n’appartiennent donc pas aux gendarmes nigériens ». Un autre a bien écrit, à la Une : « À Téra, l’armée française ouvre le feu ». Dès lors, je ne comprends plus pourquoi vous avez sanctionné le ministre Alkache Alhada, ministre de l’Intérieur en poste au moment des faits et le commandant de la Gendarmerie nationale, le général Salifou Wakasso, dont les éléments, une quarantaine, ont escorté le convoi militaire français. Je me demande, en fin de compte, ce que vous avez cherché dans ces limogeages qui ne se justifient que par une volonté tenace à défendre une certaine France immaculée qui n’aurait d’autre objectif que de nous aider dans la lutte contre la corruption. Auriez-vous sanctionné injustement Alkache Alhada et Salifou Wakasso ? L’auriez-vous fait pour satisfaire la thèse française selon laquelle ce ne sont pas les soldats français qui ont tiré sur les populations nigériennes ? L’auriez-vous fait pour faciliter aux autorités françaises la défense de la thèse selon laquelle ce sont les gendarmes nigériens qui ont tiré à balles réelles sur leurs concitoyens ? Bref, je suis sidéré que les Français eux-mêmes doigtent les militaires français mais qu’au Niger vous sanctionniez un ministre et un général de Gendarmerie au lendemain des faits incriminés.

Monsieur le Président,

Cette façon de faire vous semble-t-elle être un acte patriote ? J’en doute personnellement. Du côté du Burkina Faso, les choses se passent à l’inverse de ce qui se passe chez nous. J’ai appris que le jeune enfant – il a 14 ans et s’appelle Aliou Sawadogo – qui a descendu un drone de surveillance français a eu tous les honneurs dans son pays. Il a été célébré comme un héros national et selon des informations qui sont devenues virales sur les réseaux sociaux, l’Etat burkinabè lui a offert le cadeau de ses rêves en l’incorporant dans une école militaire. Au Niger, vous avez plutôt sanctionné le ministre de l’Intérieur pour avoir fait publié un communiqué indiquant que c’est l’armée française qui a tiré à balles réelles sur les populations ainsi que le Haut commandant de la Gendarmerie nationale qui a escorté l’armée française en territoire nigérien. Ce n’est pas beau du tout.

Malgré tous ces actes anachroniques, je maintiens que, entre l’autre et vous, le fossé est immense. C’est, je dirais, la nuit et le jour. Je ne partage pas votre volonté et vos actes tendant à satisfaire les lubies des autorités françaises. Je les condamne d’ailleurs avec la plus grande fermeté, mais j’ai tout de même essayé d’en comprendre les tenants et les aboutissants, comme dirait l’autre. C’est vrai que vous êtes pratiquement pris entre le marteau et l’enclume, ne sachant finalement quoi faire face à des choix qui s’excluent catégoriquement. Vous ne pouvez pas vouloir servir le Niger et la France en même temps. Et vous ne pouvez pas non plus vouloir du rassemblement de vos concitoyens tout en pratiquant la continuité, cette hideuse continuité dont vous connaissez, mieux que moi, les conséquences sur ce pays, son unité, sa cohésion, la démocratie, etc.

La continuité, vous savez sans doute mieux que moi les conséquences désastreuses pour le Niger pour avoir inspiré, dès vos 100 premiers jours au pouvoir, l’idée de « Rassembler pour avancer » au lieu de l’anachronique « Consolider pour avancer ». en homme averti, vous avez compris qu’il n’y a, pour le Niger, aucune avancée possible dans la consolidation de ce que notre pays a subi sous le joug de l’autre. Vous avez su désamorcer la bombe en décrispant quelque peu le climat social et politique avec un style qui n’a rien à voir avec les méthodes de l’autre. Cependant, je dois vous faire remarquer votre plaidoyer pour la France et celui qui a passé son temps à servir les intérêts français a noirci votre tableau. Est-ce votre choix que vous affichez ainsi ? Le peuple nigérien, vous devez le savoir, n’a plus confiance en son partenaire français et il a d’excellentes raisons de se méfier de cet ami qui veut être à la fois ami à notre pays et ami des maîtres de Kidal, la localité qui, selon les propres confessions de l’autre, abrite tous les trafiquants et terroristes du Sahel. Or, Kidal est sous la protection de l’armée française. Peut-on être à la fois ami au Niger et ami aux terroristes qui endeuillent le Niger ?

Monsieur le Président,

Quel est l’intérêt de la présence des forces militaires étrangères sur le sol nigérien ? J’ai remarqué que des cohortes entières d’hommes armés dits terroristes traversent les frontières nigériennes, en centaines, sur des motos et des véhicules, tuent, incendient et emportent des dizaines de têtes de bétail parfois. Sou l’œil impuissant de populations doublement meurtries. À Téra, en moins de temps qu’il ne faut, l’armée française a rapidement fait décoller un avion pour aller asperger les populations de gaz lacrymogène. À quoi nous servent véritablement ces bases militaires étrangères ?

En attendant que vous songiez à vous décider à les bouter dehors pour travailler avec les pays qui acceptent un partenariat gagnant-gagnant, je voudrais vous présenter mes encouragements personnels à persévérer dans la voie dans laquelle le président du MPR Jamhuriya, Albadé Abouba, vous appelle avec insistance. Je sais que vous appréhendez le sujet avec beaucoup d’appréhensions et à présent que votre alibi est tombé, Albadé Abouba, qui le fait certainement de tout cœur pour son pays, ne va pas lever le pied de l’accélérateur. Au contraire, il va continuer de plus belle son combat, somme toute, noble et bénéfique pour le Niger. Vous êtes, donc, au pied du mur et comme on dit, c’est à l’œuvre que l’on reconnaît les bons artisans.

Pour ma part, je voudrais vous dire que vous n’avez pas mieux à faire que cela, l’acte étant de nature à compenser votre récente sortie médiatique sur la présence militaire française au Niger. Mieux, il vous permettra d’engranger un gain politique incommensurable, car le Niger, pour l’Histoire, vous en saura gré.

Monsieur le Président,

Ne gâchez pas ses belles tendances que vous avez dessinées et qui ont suscité l’espoir de tout un peuple. La lutte contre la corruption et le terrorisme sont assurément deux axes de travail qui sont de nature à vous valoir la reconnaissance éternelle du peuple nigérien. Mais, à condition que vous vous y mettiez sérieusement. Si vous voulez faire la lutte contre la corruption et que vous voulez, en toute occasion qui vous est offerte, rendre hommage à l’autre alors que vous savez ce que je sais, il y a manifestement problème. Personne, pas même le plus imbécile de nos compatriotes, ne vous comprendrait. Sachez séparer le bon grain de l’ivraie et dites-vous bien que parler trop sans agir détruit un chef d’Etat.

Mallami Boucar

J’ai appris que vous avez réussi le pari de dompter celui que vous avez chassé du Pnds Tarayya comme un malpropre en août 2019. Ibrahim Yacoubou, pour ne pas le nommer, a fait des pieds et des mains pour retrouver les ors du pouvoir par l’intermédiation d’Albadé Abouba, le président du Mpr Jamhuriya. Je comprends dès lors pourquoi vous avez peu de respect pour les autres. Lorsque vous les avez en dessous de vos chaussures, vous ne pouvez que les piétiner. Ibrahim Yacoubou, malgré toutes les avanies subies, est retourné sur ses pas, docilement, comme un animal dompté qui ne sait faire que ce qu’on lui a appris. Qu’importe la porte d’entrée qu’il a choisi d’emprunter du moment où toutes conduisent dans l’enfer qu’il a lui-même régulièrement décrit, rejeté et contesté. Au nom, disait- il, des intérêts supérieurs du Niger et de son peuple, grugé et trompé par des marchands d’illusions, disait-il. N’est-ce pas grave pour un si jeune leader politique ? Que dire, donc, de son si prometteur parti politique qu’il sacrifie ainsi sur l’autel d’intérêts qui, en tout état de cause, ne concordent pas avec ceux du Niger et de son peuple. On ne devient pas roi en jouant aux clowns et la voie qu’Ibrahim Yacoubou a choisi d’emprunter n’est pas celle de l’avenir, c’est celle d’une vie politique sans lendemain. Bref, vous avez réussi à démontrer que derrière l’image, il n’y a parfois que ruine et désastre.

Si je parle ainsi d’Ibrahim Yacoubou, ce n’est pas pour le brocarder, mais pour magnifier votre coup, nécessairement fatal, que vous venez d’asséner à celui qui a sans doute oublié le sursaut populaire, dans l’Arewa, qui l’a remis en selle et sauvé du gouffre politique dans lequel vous l’avez précipité. Je vous enlève mon chapeau, même si, vous le savez, je ne peux que condamner de tels actes. Vous mettez une si grande énergie à vous servir que le Niger, dans tout ça, est oublié. « C’est nous, on mange », sans état d’âme et autre souci que de continuer à gouverner.

Si je vous condamne au plus haut point pour l’usage de certaines pratiques dont la fin, malheureusement pour le Niger, n’est pas pour demain avec vous, je condamne encore fermement ceux qui sont prétendent se battre pur un idéal pour le Niger mais qui, à la moindre alerte du ventre, cherchent les moyens de se faire une place au gouvernement. On ne construit pas un pays avec de tels hommes. Certains vous accusent d’avoir fait un hold-up électoral comme l’autre, mais les responsables de ce hold-up sont d’abord ceux qui cautionnent l’injustice, l’usage d’armes à feu dans le processus électoral, la corruption et les détournements des deniers publics ; ceux-là qui vous ont voué aux gémonies et qui ont accepté de vous porter au pouvoir moyennant des subsides d’argents et des strapontins pour leurs partisans.

Monsieur le “Président”

Permettez que je parle d’autre chose. Le vendredi 8 avril 2022, Cissé Ibrahima Ousmane, l’ancien ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Niger au Tchad jusqu’au 26 février 2022, date de la fin de sa mission, a été interpellé au petit matin par la gendarmerie nationale. En fin de journée, après quelques heures d’audition, il a été placé en mandat dépôt à la maison d’arrêt de Birni Ngaouré. Cissé Ousmane n’était pas qu’un ancien diplomate au service de son pays chez les Deby, il était également ancien directeur général de la police nationale et ancien ministre de l’Intérieur, entre autres. Bon ? je ne vous conterai pas qui est Cissé Ibrahima Ousmane. Cependant, vous me concéderez certainement l’indulgence de vous rappeler qu’il faisait partie de ceux qui vous avaient faits rois. Très proche de Djibo Salou qui vous avait fait tant de bien en mettant en place un gouvernement presque exclusivement coloré de rose, Cissé Ibrahima Ousmane s’était senti trahi au terme de la Transition militaire 2010. Il s’attendait à faire tasartché en figurant dans le premier gouvernement de l’autre, votre prédécesseur ; ce qui ne serait, in fine, qu’un juste retour de l’ascenseur. Il l’avait d’ailleurs laissé entendre à un ami en lui indiquant, sur fond de menace, qu’il le retrouverait encore sur ce même fauteuil [celui de ministre de l’Intérieur] au lendemain de la Transition militaire. Cissé Ibrahima Ousmane était, donc, un des vôtres, ceux-là qui avaient choisi, les yeux fermés, de créer les conditions pour votre arrivée au pouvoir, après l’échec de la tentative de 1999 avec feu Daouda Malam Wanké. Connaissant la configuration de l’équipe gouvernementale de 2010, j’imagine que Cissé Ibrahima Ousmane n’a pas été placé au ministère de l’Intérieur au hasard. C’est certainement parce qu’il inspirait totalement confiance dans ce qui était en perspective. Rassurez-vous, je ne tente nullement de lui trouver des excuses. Au contraire, c’est pour souligner que l’homme qui est aujourd’hui “neutralisé” était un membre du système et que l’épilogue actuel de vos rapports relève des cas d’affaire de famille. Je ne m’y mêle pas. Permettez- moi toutefois de vous dire que vos compatriotes doutent énormément de la justesse de l’arrestation de Cissé Ibrahima Ousmane. Ils se demandent si Cissé ne ferait pas l’objet d’un règlement de comptes. Ils ont deux raisons essentielles qui militent pour eux. La première, c’est que Cissé, frustré après la formation du tout premier gouvernement de votre prédécesseur, en 2011, a rencontré certaines personnalités politiques et comme c’est quelqu’un qui est réputé ne pas avoir sa langue dans sa poche, a notamment révélé qu’il y a un deal entre l’autre et le soldat Djibo Salou. Est-ce la suite logique de cette histoire, une sorte de revanche retardée ?

Monsieur le “Président”

Le Niger, vous le savez, est confronté à des crises multiples. Rien que l’insécurité alimentaire touche plus de huit millions de nos compatriotes. À cela s’ajoute le terrorisme qui a déjà tué des milliers de nos compatriotes et auquel vous peinez à trouver une solution, l’école va très mal, la santé est hypothétique, l’eau potable reste encore un projet, y compris à Niamey. Comment pouvez-vous privilégier la création d’un Sénat pour y loger un homme ? Si vous utilisez ces efforts à la reconstruction du Niger, ne serait-ce qu’en vous consacrant à ce que vous avez promis le 2 avril 2021, le pays se porterait mieux et vous n’aurez sans doute pas besoin de faire ce qui est en cours avez Albadé Abouba et Ibrahim Yacoubou.

Mallami Boucar

La crise russo-occidentale, vous le savez, est une affaire complexe et dangereuse puisque, désormais, la paix mondiale ne tient plus qu’à un fil. Vous le savez aussi, sans doute, cette guerre qui est en train de détruire l’Ukraine, est la conséquence de l’intolérance des occidentaux, toujours préoccupés de mentir et de tromper sur l’origine et les causes réelles des conflits armés dans le monde. La guerre en Ukraine n’échappe pas à cette volonté de domination occidentale à tout prix ; un Occident sans aucun repère moral que rien n’arrête. Un Occident qui fabrique, à tous les coups, des mensonges éhontés pour s’offrir des alibis politiques et instrumentaliser leurs opinions publiques. Tout est bon dans cette logique : ils ont menti à propos de L’Irak, ils ont menti à propos du Gautemala, ils ont menti au sujet de la Lybie, ils ont menti partout et ils continuent de mentir sur les réalités de la guerre en Ukraine. Seulement, la Russie n’est ni la Lybie, ni l’Irak.

Si je vous en parle, ce n’est pas pour vous faire l’histoire des guerres meurtrières menées par les Occidentaux sur la base de mensonges fabriqués à dessein, uniquement guidés par la volonté de régenter le monde aux fins d’en contrôler les ressources. Si je vous en parle, c’est parce que je vois de grandes similitudes entre ce qui se passe en Ukraine et ce que nous subissons au Sahel, pour ne pas dire le Niger, notre pays. Bien entendu, comparaison n’est pas raison mais c’est bien las, au moins pour les motivations qui fondent la présence militaire des armées étrangères sur notre sol. Vous le savez d’évidence, vous le savez par l’information, vous le savez par les faits et les actes, ni l’armée française, ni l’armée américaine ou italienne, n’est sur notre sol pour nous aider dans la lutte contre le terrorisme. Elles ont toutes des motivations qui ne concordent pas avec nos intérêts. La France, pour parler précisément de ce pays qui semble s’agiter beaucoup dans l’affaire ukrainienne, est au Mali actuellement contre la volonté de l’État malien qui lui a demandé de partir sans délai. Elle refuse de partir sans délai et le dit sans gêne, trouvant sans doute la demande des autorités maliennes trop osée.

Dans ce refus de la France de quitter le Mali sans délai, il y a nécessairement la volonté du plus fort qui s’exprime. Cette position, malheureusement pour le Niger, vous la soutenez, votre ministre des Affaires étrangères ayant clairement déclaré, à paris, que le retrait de l’armée française du Mali se fera avec raison, sans précipitation et suivant un agenda qu’il plaira à la France d’établir. Faites le parallèle et vous comprendrez pourquoi ceux qui vous ont précédé à la tête de l’Etat, je ne parle pas de l’autre, ont observé une stricte neutralité dans les grands conflits entretenus par l’Occident. Le Mali demande que la France quitte son territoire, mais la France refuse de se plier à la volonté des autorités maliennes. D’ailleurs, la France est là sans aucun mandat véritable, la demande d’assistance aérienne demandée par feu Ibrahim Boubacar Keita, en 2012, n’étant nullement synonyme de présence militaire terrestre. Non seulement, elle est intervenue au sol, mais elle a établi une frontière que les Forces armées maliennes n’ont pas le droit de dépasser, entretenant ainsi, en toute connaissance, une vaste zone dédiée aux bandits armés, terroristes et trafiquants de drogue.

L’autre, que vous avez remplacé, l’a clairement déclaré, une des rares fois où il a été pris de lucidité par rapport au danger que représente la politique française pour notre pays. Il l’a dit et vous le savez autant que lui, Kidal est le sanctuaire des terroristes au Sahel. Pourtant, vous avez continué à soutenir la France dans ce qu’elle fait et les Nigériens s’interrogent bien sur la motivation d’un tel soutien. Qu’est-ce que vous y gagnez puisque le Niger, lui, n’en récolte que larmes et sang ?

Monsieur le “Président”

Je vous parlais des similitudes relevées entre ce que fait actuellement la Russie en Ukraine et ce que fait la France, en particulier, sur nos sols. Encore une fois, je ne parle pas de la forme, je parle du fond. N’est-ce pas l’armée française qui, avec une facilité déconcertante, a tiré à balles réelles sur de jeunes manifestants qui bloquaient son convoi à Téra, tuant trois d’entre eux et blessé plusieurs autres ? Vous allez sans doute leur trouver des excuses. Je vous rappelle qu’en France, pendant plus d’un an de manifestations publiques des Gilets jaunes, bloquant jusqu’à la circulation publique dans certains cas, il n’y a pas eu un seul coup de feu.

Vous avez annoncé que vous exigez de la France une enquête en vue de déterminer les responsabilités et de châtier les auteurs. Où en êtes-vous avec cette affaire ? Ou bien vous l’avez aussi enterrée, tel que l’a voulu et fait la France qui vous a répondu par la voix la plus officielle que, non seulement tout est clair, mais que l’armée française a agi de façon adéquate en évitant un drame. Oui, pour la France, tuer trois Nigériens, ce n’est pas un drame. Moi, dès le départ, je savais que vous ne pourriez rien exiger de la France et que votre propos, c’était pour amuser la galerie. N’est-ce pas pour la forme que vous avez annoncé avoir exigé de la France une enquête ? En tout état de cause, vous ne pouvez et ne devez attendre de la France qui est au centre du drame, survenu en territoire nigérien, une enquête pour déterminer les circonstances et situer les responsabilités. Les circonstances, disent les experts, sont largement déterminées et les auteurs du drame, parfaitement connus.

Monsieur le “Président”

La France et la Russie mènent les mêmes combats et je serai même tenté, sans toutefois cautionner la guerre, que la France, qui a spolié les peuples africains de leurs ressources sur la base d’accords léonins, a fait pire que la France. Le néocolonialisme n’est-il pas un crime ? Vous avez condamné ce que fait la Russie en Ukraine, mais vous soutenez curieusement ce que la France dans votre propre pays. Je puis vous assurer que vos compatriotes sont en rupture totale avec vous par rapport à la présence des forces militaires étrangères, particulièrement le redéploiement de la force Barkhane dont l’installation au Niger fera de notre pays une zone d’occupation française avec des milliers de soldats. Votre intention de mettre la question en discussion à l’Assemblée nationale est un subterfuge et je crois que vous pourriez nous en épargner dès lors que vous avez pris la décision avant d’y penser. C’est la preuve que le parlement n’a pas un autre mot à dire que ce que vous voulez.

Mallami Boucar

Monsieur le Président, Avons-nous un contentieux avec le Mali ? Avons-nous un contentieux avec la Fédération de Russie ? Ou bien prenons-nous fait et cause pour une partie dont il n’y a pas lieu de citer le nom ?

Est-ce, donc, vrai qu’un avion militaire russe a été interdit de survoler l’espace aérien nigérien pour aller au Mali et qu’il a été, finalement, contraint de passer par l’Algérie ? J’ai bien vu la note d’information, mais je n’y croyais pas. Est-ce bien du Niger, de mon Niger, ce pays si respectueux des principes de bon voisinage et profondément attaché à ses relations séculaires avec ses voisins immédiats dont il s’agit ? Je ne reconnais plus mon pays. Déjà, du point de vue de l’intérieur, tout, absolument tout, a été si bouleversé que nos compatriotes continuent à penser qu’il s’agit d’un mauvais rêve, un cauchemar qui n’en finit pas. Moi, je n’en suis réellement surpris, tant votre position personnelle est si tranchée qu’on pourrait aisément l’assimiler à celle d’un Jean-Yves Ledrian ou une Françoise Parly, respectivement ministres des Affaires étrangères et des Armées français. Vous êtes si dur avec les frères maliens à qui vous devez reconnaître, en tout état de cause, la souveraineté nationale et un minimum de droit pour ceux qui le gouvernent de choisir la voie à suivre pour les Maliens. Qu’ils soient militaires issus de coup d’Etat ou hommes politiques arrivés au pouvoir par des élections, il n’y a pas de raison d’avoir les positions que vous avez vis-à-vis du Mali. Car, ce qui touche au Mali touche forcément au Niger. Et puis, entre nous, monsieur le Président, vous avez bien donné, depuis presque 11 ans, aujourd’hui, au Niger, des orientations que les Nigériens contestent et combattent avec véhémence et que seule l’usurpation des droits constitutionnels à la manifestation vous permet d’étouffer les mécontentements populaires.<p>
Vous le savez mieux que moi, « il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice ». Or, vous le savez parfaitement, c’est le cas du Niger depuis 11 ans. Grâce à des lois taillées sur mesure, faites à la têt du client, vous avez pu asseoir un pouvoir issu de hold-up électoraux et vous avez pu faire taire la plupart des voix discordantes qui vous dérangent. Avez-vous, monsieur le Président, une idée du nombre de vos compatriotes qui ont été interpellés et/ou embastillés et jetés en prison pour leurs opinions, leurs positions ou leur engagement politique ? Certes, la loi, c’est la loi et personne, en principe, ne doit se sentir investi d’une immunité vis-à-vis de la justice. Or, là également, vous le savez mieux que moi, de nombreux compatriotes ont connu les affres de la police judiciaire et/ou de la prison pour des raisons liées à la primauté de la force qui prime sur celle du droit tandis que d’autres font du trafic de drogue, d’armes, violent allègrement les lois de la République, s’attaquent délibérément aux fondements de la cohésion sociale et de l’unité nationale, détournent des milliards,…dans une impunité totale qui, en principe, vous enlève tout droit de parler de certaines questions.


Monsieur le Président,
La situation de notre pays, depuis près de 11 ans, ne nous permet pas, ne vous permet pas de critiquer un autre pays sur les questions liées à la République, à la démocratie et aux droits humains et le secrétaire aux droits humains des Nations Unies, Clément Voule, qui a séjourné dans notre pays du 6 au 16 décembre 2021, l’a clairement fait ressortir dans un communiqué de presse rendu public. Nous devons, nous autres Nigériens, faire profil bas lorsqu’on parle de certains sujets et surtout que ce qui ruine, aujourd’hui le Mali en termes d’intégrité territoriale, n’est pas si loin de nos portes. Notre devoir en tant que Nigériens, je le pensais, c’est de rester solidaires de nos frères maliens quoi qu’il en soit. Nos destins, en tant qu’États souverains dans leurs frontières originelles, sont intimement liés.


Lorsque j’ai appris que le Niger a refusé le survol de son territoire, du côté d’Agadez, à un avion militaire russe qui va au Mali, je me suis demandé si notre pays agissait ainsi à l’encontre du Mali ou de la Fédération russe ? Est-ce le Niger, mon pays, qui a contraint l’avion russe à changer de trajectoire ou c’est plutôt le fait de ces forces militaires étrangères installées sur le sol nigérien et qui se comportent en territoire conquis au point de tirer, à balles réelles, sur des compatriotes manifestants ? Avons-nous un contentieux avec le Mali ? Avons-nous un contentieux avec la Fédération de Russie ? Ou bien prenons-nous fait et cause pour une partie dont il n’y a pas lieu de citer le nom ?

Je suis réellement désorienté, pour ne pas dire couvert de honte de voir mon pays prendre des positions aussi tranchées sur des questions qui, dans le pire des cas, doivent requérir de notre part une totale équidistance. Avez eu l’occasion de parcourir quelques lignes de l’excellente thèse de doctorat de Mamoudou Djibo ? Invitez-le à vous en procurer une synthèse sur la diplomatie nigérienne depuis 1960, particulièrement vis-à-vis de pays belligérants ou à contentieux quelconque. Vous serez assez édifié pour ne pas rectifier votre ligne de conduite et celle de l’État vis-à-vis du Mali.


Monsieur le Président,
Vous connaissez assez bien sans doute la position courageuse, pleine de dignité et d’honneur, que le Président Diori Hamani a eue face à la France qui avait, déjà, essayé de désintégrer le Nigeria avec la guerre du Biafra en soutenant, en finançant et en armant ouvertement le chef sécessionniste biafrais Odumegwu Ojukwu. Lors de cette guerre du Biafra, le Président Diori a pris fait et cause pour le Nigeria fédéral alors que l’ancienne puissance coloniale et certains pays africains du précarré français en Afrique étaient ouvertement engagés aux côtés de la sécession biafraise.

Où se situe la différence qualitative ? C’est que Diori Hamani avait une très forte personnalité, savait se faire respecter et faire respecter son pays et son peuple. Nonobstant son obédience francophile, son amitié avec le célèbre Jacques Foccart et sa proximité ¯ certains parleraient volontiers d’assujettissement à son frère ivoirien ¯ avec son contemporain et non moins chef d’État Houphouët Boigny, le Président Diori ne s’est pas toujours, systématiquement, aligné sur la position française face à des situations pourtant cruciales. Je me demandais ce que serait la position du Niger si c’était aujourd’hui.

 Monsieur le Président,
À propos de vos rapports en tant que gouvernants nigériens, je m’interroge sincèrement sur les motivations et les desseins, tant ils sont en net décalage avec les attentes et les aspirations du peuple nigérien. Je pose la question de savoir si la France pour un pays, un peuple, ou si elle est pour des hommes. En attendant d’obtenir une réponse à cette interrogation qui n’est pas exclusivement mienne, je voudrais vous inviter, en restant dans le sillage de chefs d’État tels que Diori Hamani et Seyni Kountché, à méditer sur les rapports entre la fidélité qu’on vous reconnaît vis-à-vis de la France et la loyauté que vous devez à votre pays et à votre peuple. Laquelle doit primer et laquelle prime chez vous ? En tout état de cause, je suis peiné d’entendre parler de la fidélité du président nigérien vis à-vis d’un autre pays. J’en suis d’autant plus peiné que l’évocation de cette fidélité est assimilée à un dévouement aveugle qui vous réduit presque à un sous-préfet local de ce pays. Si cela est faux, et je le crois, croyezmoi, c’est que vous avez un discours mi-figue, mi-raisin lorsqu’il s’agit de la France et personne, pas même les autorités françaises, je suppose, ne comprend réellement ce que vous voulez et où vous allez.

Mallami Boucar

 

J’ai appris que vous êtes finalement revenu de vos vacances annuelles et que vous êtes plus préoccupé que jamais. Vous envisagerez un remaniement de votre gouvernement, mais on m’a dit que vous n’y arrivez pas, pris en tenaille entre les exigences de ceux qui vous considèrent comme leur …et les desiderata de vos alliés politiques qui seraient déjà en grogne pour avoir été trahis dans leurs attentes. J’ai tendu mes grandes oreilles là où il faut et j’ai appris que vous exigeriez de vos alliés politiques ce que vous ne seriez pas capable d’imposer à votre parti politique. Seïni Oumarou et Albadé Abouba ainsi que leurs états-majors ne seraient pas particulièrement satisfaits de leur collaboration. J’ai ouie dire que vous auriez demandé à vos alliés politiques de faire de nouvelles propositions de nomination au gouvernement alors que vous ne l’auriez pas exigé du Pnds Tarayya qui, du reste, échapperait à votre contrôle. Ce serait exclusivement la chasse gardée de votre prédécesseur à qui la plupart des membres du comité exécutif obéiraient sans rechigner. Les raisons du mécontentement de vos alliés politiques ne se limitent pas à ça. La grogne autour d’eux est de plus en plus bruyante. Face à la justice, ils n’ont pas, soutient-on, les mêmes chances. Face aux mêmes délits et/ou crimes, les militants du Pnds bénéficient systématiquement d’une impunité totale alors ceux des partis alliés paient au prix fort de leur liberté, servant au régime de souffre-douleur ou de trophées à brandir pour justifier l’existence d’une justice égale pour tous. Le cas de Hama Zada, l’ancien ministre de la communication, est un cas d’école dans cette pratique odieuse que vos alliés, curieusement, n’ont jamais eu le courage de dénoncer. Lorsqu’un cadre est limogé pour un acte de mauvaise gestion, il est, dans la plupart des cas, remplacé par un militant du Pnds, ce qui fait qu’à terme, on vous dit reprendre progressivement de la main gauche ce que vous avez donné de la main droite.

Monsieur le “Président”

Vos alliés politiques sont complètement perdus. Ils ne comprennent pas ce que vous faites ; ils ont perdu toute boussole au point où ils ne savent pas à qui se référer, entre vous et votre prédécesseur. Croyez-moi, vos alliés politiques vivent dans un doute indicible par rapport à votre capacité à vous imposer en tant que vecteur central et principal du pouvoir. Dans leurs cercles, il est régulièrement soutenu qu’ils sont ballotés entre deux pôles du pouvoir qui se tiraillent. J’ai du mal à rapporter tout ce qui se dit à ce propos, mais mon devoir est de vous dire ce que mes longues oreilles ont pu capter. Sans, donc, vous importuner, encore moins vous offenser, je me vois dans l’obligation de vous dire que votre réputation est largement entamée. Que cela se passe avec votre entier consentement ou par la volonté exclusive de votre prédécesseur de vous maintenir dans les fers de la dépendance, le résultat est le même : vos compatriotes, particulièrement dans les milieux de vos alliés politiques, considèrent que vous gouvernez par procuration et que les grandes décisions sont prises ailleurs.

Vos vacances présidentielles, couplées à celles de votre prédécesseur qui a tenu à aller, lui aussi, dans son village natal au cours de la même période d’août, ont définitivement mis tout le monde d’accord sur une chose : vous avez beau être le président du Pnds Tarayya et président de la République, vous boxez dans une catégorie moindre que celle de l’autre. Que cherche-t-il à faire savoir, sinon que c’était lui, hier et c’est toujours lui, aujourd’hui. Demain ? Il appartient à Dieu.

Monsieur le “Président”

Le Niger a trop de cette gouvernance scabreuse que vous êtes en train de perpétuer, après avoir promis un changement radical. La corruption, les trafics de drogue et d’armes, les détournements de deniers publics, les passedroits et la justice à double vitesse, le terrorisme qui sévit, à croire que ses auteurs bénéficient de très grandes complicités, on ne peut souhaiter ou réserver pire sort à son ennemi. Moi, je suis confus. Si je refuse d’admettre que vous avez déjà échoué avant de commencer, je reconnais toutefois qu’il n’y a pas grand-chose à attendre de vous. Car, à la tête de l’Etat, il n’y a pas de demimesure qui tienne, on est le président de la République ou on ne l’est pas. Si vous ne pouvez pas décider des orientations à donner à la marche de l’Etat et à la gouvernance, d’une façon générale, il faut forcément chercher le chef de l’Etat ailleurs.

C’est à cet exercice que vous avez contraint vos compatriotes, adversaires politiques comme partisans. Même si, par ailleurs, c’est un pacte qui vous lie et qui fait de vous ce qui n’est pas honorable pour un chef d’Etat, je dois reconnaître que l’autre ne vous a pas laissé la marge de manoeuvre nécessaire pour vous sentir dans votre rôle et pouvoir convaincre vos interlocuteurs sur le fait que c’est bien vous, le chef de l’Etat. En reconnaissant, devant les leaders de la société civile, l’existence d’obstacles qui entravent la lutte contre la corruption, vous n’avez pas fait que reconnaître votre faiblesse et votre impuissance, vous avez également orienté vos interlocuteurs vers le véritable pôle du pouvoir.

Monsieur le “Président”

J’ignore si vous pourriez vous ressaisir afin de redresser la barre. Pour dire vrai, j’en doute fort, tant il est vrai que c’est visiblement à présent que les choses sérieuses commencent. J’imagine que vous avez eu les échos de Tahoua et Dandadji. La chanson d’accueil de votre prédécesseur tout comme les discours et les vidéos font quelque peu froid dans le dos. Je n’ai pas la prétention d’être dans le secret de ceux qui ont inspiré ces chefs-d’oeuvre de guerre, mais je sais que c’est vous, le premier visé. On n’a pas besoin d’être un sorcier pour le comprendre. Cependant, ce que j’ai du mal à cerner, c’est la raison d’une telle agressivité contre vous, étant entendu que vous si courbé l’échine devant l’autre au point qu’on pense que vous n’existez pas en dehors de lui. Alors ?

Mallami Boucar

Celui dont vous êtes resté insensible aux cris de détresse est enfin, je vous lapprends, mort le vendredi 25 novembre 2022, là où il a été conduit et laissé à son sort . Le capitaine Issa Amadou Kountché, que vous avez fait arrêter en 2015 pour une tentative de coup d’Etat, avez-vous fait savoir, fait désormais partie des victimes expiatoires de votre régime, mort dans des conditions qui frisent l’assassinat. Je suis choqué par cette absence d’humanisme dont vous avez fait montre en restant froids et insensibles à tant d’appels de détresse à son propos, tant de supplications pour son évacuation urgente. Je suis choqué car je ne pensais pas que vous ayez pu être aussi sensible au cas Soumeylou Boubé Maïga, l’ancien Premier ministre malien décédé en détention, et rester insensible au cas d’un officier nigérien, quelle que soit par ailleurs la faute qu’il a pu commettre. Vous souvenez-vous de ce que vous avez publié sur votre page Twitter au lendemain de la disparition de feu Soumeylou Boubé ? Voici ce que vous avez publié et qui, ma foi, vous lacère aujourd’hui comme une lame de rasoir : « « Je viens d’apprendre avec consternation la mort de Soumeylou Boubeye Maiga, ancien Premier ministre malien. Sa mort en prison rappelle celle du Président Modibo Keita en 1977. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère ». Vous êtes le chef suprême des armées du Niger et je ne m’attendais pas à moins que ça pour le capitaine Issa Amadou Kountché : « Je viens d’apprendre avec consternation la mort du capitaine Issa Amadou Kountché, officier des Forces armées nigériennes arrêté pour tentative de coup d’Etat en 2015. Sa mort en prison rappelle celle de tant d’autres soldats envoyés au front sans le minimum pour se défendre et défendre la patrie, souvent avec des armes et des munitions défectueuses parce que les fonds devant servir à les équiper sont détournés par des individus sans foi ni loi qui sont restés à ce jour impunis. Je pensais que de tels assassinats relevaient d’une autre ère ». Je rigole, car je sais qu’on ne peut partie et juge.

Monsieur le “Président”

De tels assassinats ne relèvent guère d’une autre ère, encore moins que du Mali ou d’ailleurs. Ils sont légion aussi chez nous. Le capitaine Issa Amadou a été laissé à son sort, que dis-je, condamné à mourir à petit feu, parce que votre pouvoir a refusé catégoriquement d’autoriser son évacuation sanitaire ailleurs pour recevoir les soins adéquats requis par son état de santé. Certes, c’est un prisonnier, mais c’est un être humain et le droit humanitaire vous condamne pour non-assistance à personne en danger. Je me fais l’obligation de vous rappeler qu’à la fin du premier semestre de 2020, le capitaine Issa Amadou Kountché bénéficiait, par décret présidentiel, d’une remise grâcieuse de peine pour son âge. Curieusement, alors que la levée d’écrou était signée et que sa famille pensait qu’il sortirait de prison, des instructions furent données pour surseoir à sa libération. 48 heures après, soit le lundi suivant le premier décret qui le libérait, un autre décret fut signé pour modifier le critère d’âge et le maintenir en prison. Vous avez, donc, fait fi de tout, son âge et son état de santé, deux critères qui le prédisposaient à une grâce présidentielle, pour que le capitaine Issa Amadou Kountché garde prison. Pire, vous avez poussé les choses plus loin, trop loin, tels des Pol pot, en refusant jusqu’à la la proposition de la famille de supporter les charges afférentes à l’évacuation et à ses soins.

Monsieur le “Président”

J’ai la nette impression que vous aussi, comme l’autre, vous n’avez pas compris que nous ne sommes que de misérables petites moisissures de la terre et que la toute puissance dont nous nous prévalons en situation de pouvoir peut s’envoler du jour au lendemain, d’un instant à l’autre. Souvenez-vous du sort de tant de chefs d’Etat qui se sont montrés si vaniteux, si méchants et si insensibles aux douleurs des autres. Souvenez- vous que seul Dieu est puissant et qu’au nom de la mort à laquelle toute âme goûtera, nous devons faire preuve d’humilité et de condescendance, particulièrement lorsque nous sommes puissants et/ou riches. Il y a trois décennies, vous n’aviez pratiquement rien, vous étiez de l’autre côté de la barrière, vous battant pour un mieux-être pour vous, pour nous, pour tous les Nigériens. Aujourd’hui, vous avez tout eu, y compris l’argent qui vous faisait défaut et le pouvoir d’État. Seulement, vous avez changé de dogme, devenant un autre homme, quelqu’un pour qui l’on fait ce que l’on veut lorsqu’on a le rapport des forces en sa faveur.

Avec la mort du capitaine Issa Amadou Kouncthé, tout ce que vous essayez de construire tombe à l’eau. L’image que vous vous échinez laborieusement à construire est déjà par terre, complètement compromise par vos tâtonnements, vos atermoiements et vos indécisions. Je ne parle pas encore des graves contradictions dans lesquelles vous baignez continuellement.

En toute sincérité, vous avez failli, dans ce dossier comme dans tant d’autres sur lesquels vos compatriotes vous attendaient. Un de mes amis m’a d’ailleurs expliqué que tout ce qui vous préoccupe, c’est de trouver les voies et moyens de conserver le pouvoir audelà de ce mandat ; une perspective que vous savez fortement hypothétique, sinon déjà compromise par qui vous savez, au nom d’un projet révoltant. Pourquoi ne vous battez- vous pour des choses qui valent la peine puisque, selon mon ami, c’est déjà plié au sein du Pnds Tarayya et vous le savez de toute évidence. Vous excuserez volontiers l’audace de votre conseiller informel en vous apprenant que selon mon ami, votre avenir est derrière vous au Pnds Tarayya. En attendant l’épilogue de cette affaire, sachez que toute âme goûtera à la mort et que personne ne sait à l’avance comment il quitterait.

Mallami Boucar